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Revue de · du SIDA. Méthode : Il s’agissait d’une étude rétrospective sur une période d’activité de 3 ans des cas de péricardites aiguës colligés à partir des registres

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Revue dePneumologie Tropicale

1RevPneumol Trop 2017 ; 27

SOMMAIRE

Titre Page

1- Place de la tuberculose dans les péricardites aiguës en milieuhospitalier GabonaisKombila U D…………...………………………………...………..…..…… 3

2- Particularités radiologiques de la tuberculose pulmonaire àmicroscopie positive à la clinique de pneumologique du centrehospitalier national universitaire de FANN (CHNUF), Dakar(Sénégal)Kombila U D…………………………………………………...................... 9

3- Les manifestations respiratoires du lupus érythémateux systémique àOuagadougouBoncoungou K….…………………………………………………….……. 16

4- Profil épidémiologique et résultats audiométriques des patients suivispour tuberculose multi résistante à AbidjanNasser D ….……………………………………………….……………….... 20

5- L’échec au traitement antituberculeux de catégorie 1 : un facteurprédictif de tuberculose multirésistanteAnon J-C………………………………………………………………….... 24

6- Facteurs inhérents à l'observance du traitement antituberculeux aucentre Antituberculeux de BrazzavilleOkemba F ....................................................................................................... 29

7- Exanthème maculo-papuleux (EMP) secondaire à la prise desantituberculeuxOuattara K…………………………..………………………..…….……… 34

8- Enquête autour d’un cas de tuberculose pulmonaire bacillifère chezune patiente vivant en communautéBADOUMG……………………………………….…………………..…... 38

9- La coqueluche, une cause de toux persistante à ne pas méconnaîtreAde S……………...…………………………………………………….…… 42

10- Rhabdomyolyse associée à l’asthme aigue grave évènement rareTouré M K…………...………………………………………………………

11- Dépistage de la tuberculose chez les sujets contacts des cas deTuberculose Pulmonaire à bacilloscopie positive au Centre AntiTuberculeux de Référence de la Carrière à Conakry»Diallo B D …………………………………………………………………...

12- La tuberculose multirésistante chez le personnel de santé en Guinée :A propos de neuf casDiallo B D …………………………………………………………………...

47

50

57

Président : Trésorier :DOMOUA K. S. M. (Côte d’Ivoire) BAKAYOKO A. S. (Côte d’Ivoire)Vice-président Trésorier AdjointOUEDRAOGO M. (Burkina-Faso) BROU GODE C.V. (Côte d’Ivoire)Secrétaire Général : Membre d’honneurKOUASSI B. A. (Côte d’Ivoire) O. TIDJANI (Togo)

M. GNINANFON (Bénin)Secrétaire Général Adjoint O. SOW (Guinée)DAIX A. T. (Côte d’Ivoire) E. AKA-DANGUY (Côte d’Ivoire)A. HANE (Sénégal)

Bureau de la SAPLE

DIRECTEUR DE PUBLICATIONAka-Danguy E. (Côte d’Ivoire)

COMITE DE REDACTION

Rédacteur en chef :

Yacouba T. (Mali)

Rédacteurs adjoints :

Ouédraogo M. (Burkina-Faso)Sokpo H. (Togo)Kuaban C. (Cameroun)N’gom A. K. S. (Côte d’Ivoire)

COMITE SCIENTIFIQUE ET DELECTURE

Gninanfon M. (Bénin)Tidjani O. (Togo)Hane A. A. (Sénégal)Sow O. (Guinée)Domoua K. (Côte d’Ivoire)Coulibaly G. (Côte d’Ivoire)Ba M. (Sénégal)Sanogo-N’dhatz M. (Côte d’Ivoire)Achi V. Côte d’Ivoire)Kéita Ba (Mali)Daix T. Côte d’Ivoire)Mboussa J. (Congo)Yapi A. Côte d’Ivoire)Boguikouma J. B. (Gabon)Tanauh Y. R. Côte d’Ivoire)N’diaye M. (Sénégal)Napo-Koura (Togo)Anagonou S. (Bénin)Kane El H. M. (Mauritanie)Dah C. (Côte d’Ivoire)Kéita K. Côte d’Ivoire)Kouassi B. Côte d’Ivoire)

MEMBRES HONORAIRES

Coulibaly N. (Côte d’Ivoire)Sangaré S. (Mali)Kane A. (Sénégal)Amédomé A. (Togo)Fadiga D. Côte d’Ivoire)Tiendrébéogo H. (Burkina-Faso)

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2RevPneumol Trop 2017 ; 27

RECOMMANDATIONS AUX AUTEURS

La Revue de Pneumologie Tropicale publie, des articlesoriginaux, des éditoriaux, des revues générales et misesau point, des cas cliniques, des lettres à l'éditeur, descomptes rendus de société savante, des analyses delivre, des recommandations pratiques.

I- Conditions générales de publication1°) Les articles n'engagent que la responsabilité de leursauteurs. Les manuscrits des articles originaux ne doiventavoir fait l'objet d'aucune publication antérieure ni êtreen cours de publication dans une autre revue.2°) chaque manuscrit soumis sera examiné par le comitéde rédaction et par 2 experts du comité de lecture defaçon anonyme.3°) Les manuscrits doivent être envoyés par mail à larédaction sur l’Email suivant :[email protected]

II- Présentation du manuscrit1°) La première page du manuscrit Elle doit, quelle quesoit la rubrique proposée, comporter le titre de l'articleen français et en anglais (moins de 12 mots), les initialesdes prénoms et les noms des auteurs, la dénomination del'institution dans laquelle le travail a été effectué,l'adresse complète (numéro de téléphone, Fax, boitepostale, E-mail) où doit être envoyée la correspondance.2°) La deuxième page est réservée au résumé,les articlesoriginaux, les communications, les revues générales, lescas cliniques et les mémoires doivent être accompagnésd'un résumé en français et en anglais, suivi de 3 à 4mots-clés. Le résumé (moins de 250 mots) doit figurersur une page à part du reste du manuscrit et ne doitcomporter ni abréviations, ni références. Pour lesarticles originaux, il doit préciser les objectifs, laméthodologie, les résultats et la conclusion.3°) L’iconographie est indiquée sur une feuille séparéedu texte. Les tableaux ne doivent pas excéder lenombre de 6 et sont numérotés en chiffre romain dansleur ordre de citation dans le texte, avec le titre en haut.Les tableaux ne doivent pas être tramés. Les figures(schémas, diagrammes, photos, radiographies…), nedoivent pas dépasser le nombre de 4 et sont numérotéesen chiffre arabe, et annotées en bas.4°) Les éditoriaux sont généralement sollicités par laRédaction ; les manuscrits n'excèdent pas 4 pages(références non comprises mais limitées à 10).5°) Les articles originaux ne doivent pas dépasser 12pages (références non comprises). Ils doiventnécessairement comporter une introduction précisantclairement le but de l'étude un chapitre "matériel etméthode" suivi des résultats, une discussion et uneconclusion.6°) Les revues générales peuvent être sollicitées par laRédaction ; le manuscrit ne doit pas dépasser 13 pages ;les références peuvent être exhaustives.7°) Les lettres et correspondancesà la Rédaction sontencouragées. Le manuscrit est limités à 40 lignes, lenombre de référencés à 5.

8°) Les cas Cliniques rapportent des observationsprivilégiées soit par leur aspect dictatique, soit par leurrareté. La présentation générale doit suivre le mêmeplan que celui d'un article original, mais la longueurtotale ne doit pas dépasser 4 pages. Le nombre defigures et de tableaux doit donc être en proportion. Lasection observation remplace les sections matériels,méthodes et résultats. Le nombre de références doit êtreréduit à 10.9°) Les remerciements sont placés à la fin du texte,avant les références bibliographiques.10°) Les références sont celles citées dans labibliographie et sont numérotées selon l’ordred’apparition dans le texte, en chiffre arabe. Les numérossont séparés par des virgules, s’il s’agit de référencesnon consécutives, exemple : [3, 5, 9]. Les référencesconsécutives sont séparées par un trait, exemple : [3-7].Les références ne concernent que les travaux publiés (ycompris les résumés) ou sous presse. Lescommunications personnelles ou les données nonpubliées ne figurent pas dans la liste des références maissont mentionnées entre parenthèses dans le texte. Lesthèses ne figurent pas dans la liste des références. Lestitres des journaux sont abrégés selon l’« USNationalLibrary ofMedicine » (chaque année dans lenuméro de janvier de l’index Medicus). Les référencessont présentées strictement selon les indicationssuivantes : les articles d’un périodique : le nom des auteurs, le

titre de l’article, le nom du périodique, année volume,1ère et dernière page. Exemple : Vergier B, Rivel J,De Mascarel A, VIital A. Les lymphomes malins nonhodgkiniens primitifs du système nerveux central.Analyse anatomo-clinique de 35 cas. Ann Pathol1990 ; 10: 268-74.

Supplément d’un périodique : idem ci-dessus etajouter : suppl. suivi de la référence.

Livre : Nom des auteurs, titre nom du livre, Editeur,Année. Exemple : Talbot IC, Prince AB. Biopsypathology in colorectal disease. London: Chapmanand Hall, 1987.

Chapitre d’un livre : Nom des auteurs du chapitre, sontitre In : nom des auteurs du livre, son titre, Editeur,Année. Exemple :Rolfes DB. Fibrolamellar carcinomaof the liver. In: Okuda K, Ishak K.G, eds. Neoplasmsof the liver. Tokyo: Springer-verlag, 1987.

Publication des comptes rendus de congrès : Nom desauteurs, titre. In : Nom du Congrès, Année, Pages.

III- En cas d'acceptation du manuscritUne épreuve est envoyée à l'auteur. Elle doit êtrecorrigée et renvoyée dans un bref délai. Un délai plusimportant aura pour conséquence un retard depublication. Les modifications des épreuves doivent êtrestrictement limitées aux erreurs typographiques. Nota –Bene : Pour chaque article accepté, l’(es) auteur(s)devra (ont) s’acquitter des frais de publication dans larevue.

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3RevPneumol Trop 2017 ; 27 : 3-8

Place de la tuberculose dans les péricardites aiguës en milieu hospitalier Gabonais

[Tuberculosis and effusive pericarditidisin African hospital, Libreville]

UD Kombila1*, E Ecke Nzengue2, A Kinga2, JR Mackanga1, D Mounguengui3, FBR Mbaye4, J Iba Ba1,JB Boguikouma1

1- Service de Médecine Interne Centre Hospitalier Universitaire de Libreville (CHUL), Libreville (Gabon)2- Service de Cardiologie Centre Hospitalier Universitaire de Libreville (CHUL), Libreville (Gabon)3- Service de Médecine Polyvalente Hôpital d’Instructions des Armées Omar Bongo Ondimba (HIAOBO)4- Service de Pneumologie Centre Hospitalier National Universitaire de FANN (CHNUF), Dakar (Sénégal)

RESUMEIntroduction : La péricardite tuberculeuse estrarement décrite au Gabon. L’objectif était dedécrire à travers les aspects cliniques, électro-cardiographiques, et écho-cardiographiques, laplace actuelle de la tuberculose au sein despéricardites aiguës dans le contexte de pandémiedu SIDA. Méthode : Il s’agissait d’une étuderétrospective sur une période d’activité de 3 ansdes cas de péricardites aiguës colligés à partir desregistres et des dossiers du service de cardiologiedu centre hospitalier universitaire de Libreville(CHUL). Résultats : 80 dossiers répondaient auxcritères d’éligibilité. La fréquence hospitalière dela péricardite tuberculeuse était de 5,1%. L’âgemoyen était de 34 (±14,5) ans. 37,5% étaient deshommes (p<0,48). La séroprévalence du VIH despatients atteints des péricardites tuberculeusesétait de 13,3%. La fièvre a été objectivée dans75% des cas, accompagnée des autres signesd’imprégnation tuberculeuse dans 86,6% des cas.Les troubles diffus de la repolarisation étaientprésents dans 57,8% des cas. L’épanchementpéricardique était visualisé à l’écho-cardiographique dans 60% des cas avec présencede dépôts de fibrine dans 100% des cas.L’évolution sous traitement antituberculeux a étémarqué par 25% de perdus de vus, 8,3%d’interruption thérapeutique, 3,7% de décès.Conclusion : La péricardite tuberculeuse toucheavec prédilection les sujets jeunes et de sexeféminin. La présentation clinique, électro-cardiographique et écho-cardiographique est peuspécifique. Le traitement ne doit souffrir d’aucunretard.

Mots clé : Péricardite aiguë – Péricarditetuberculeuse – échocardiographie trans-thoracique – Electrocardiogramme – Libreville.

ABSTRACTIntroduction: Tuberculosis is still a public healthproblem, its pericardial location is rarelydescribed in Gabon. The objective was todescribe the clinical, electrocardiographic, andechocardiographic characteristics of tuberculouspericarditis in the context of the AIDS pandemic.Method: This is a cross sectional study of a 3-year period of acute pericarditis cases collectedfrom the records of the cardiology department ofthe University Hospital Center of Libreville(CHU). Results: 80 files met the eligibilitycriteria. The hospital frequency of tuberculouspericarditis was 5.1%. The mean age was 34 (±14.5) years. 37.5% were men (p<0.48). The rateof HIV was 13.3%. Fever was observed in 75%of the patients, with other signs of tuberculous in86.6% of patients. Diffuse repolarizationdisorders were found in 57.8% patients. Thepericardial effusion was visualized in cardiacecho in 60% of the cases. The evolution undertreatment tuberculosis was marked by 25% of lostof follow up, 8.3% of interruption therapeutic.Conclusion: tuberculous pericarditis affectsmainly the female subjects. Clinical,electrocardiographic and echocardiographicpresentation was not specific and the treatmentshould not be delayed.

Keywords: Pericarditis effusion – Pericarditistuberculosis - Echocardiography -Electrocardiography – Libreville.

Auteur correspondant : Ulrich Davy Kombila, [email protected]

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INTRODUCTIONLa tuberculose touche près de 10 millions depersonnes et fait plus de 1,5 millions de morts paran dans le monde, particulièrement en Afriquesubsaharienne et en Asie où elle est endémique[1]. Il s’agit de la deuxième cause de décès parmaladies infectieuses après l’infection par le virusde l’immunodéficience humaine [2]. Latuberculose pulmonaire est la forme clinique laplus fréquente et la source essentielle decontagion. A partir du poumon, le bacille peutdiffuser dans l’organisme via les voies sanguineset lymphatiques, et causer d’autres atteintes ditesextra-pulmonaires [3], dont les atteintespéricardiques représentent 1 à 2% des infectionstuberculeuses [4 - 6]. Le terme péricarditedésigne l’inflammation des feuillets du péricardequi sont le siège de remaniements inflammatoires,avec afflux de polynucléaires neutrophiles et delymphocytes, associé à des dépôts de fibrine et desécrétion liquidienne par la séreuse [4]. Lediagnostic des péricardites aiguës est cependantentravé par la multiplicité des causes. Mais latuberculeuse est la cause la plus commune despéricardites en Afrique et dans les pays où latuberculose est un véritable problème de santépublique [6,7] ou chez les patientsimmunodéprimés [7]. La hantise du médecinpraticien est de méconnaitre une péricarditetuberculeuse eu égard au risque évolutif qui s’yattache. Le taux de mortalité pouvant atteindre26,5% en rapport avec la constriction aiguë ouchronique [8]. Le but de ce travail était de décrire,à travers une stratégie de recherche clinique,électro-cardiographique, radiologique et écho-cardiographique, la place actuelle de latuberculose au sein des péricardites aiguës dans lecontexte de la pandémie du VIH/SIDA.

METHODESIl s’agissait d’une étude rétrospective, portant surles pleurésies liquidiennes colligées sur unepériode d’activité allant du 1er Janvier 2014 au 31Décembre 2016 à partir des dossiers et desregistres du service de cardiologie du Centrehospitalier Universitaire de Libreville (CHUL).Les variables d’intérêts étaient l’âge, le sexe, lesdonnées cliniques, para-cliniques (électro-cardiographiques, radiographiques et écho-cardiographiques trans-thoraciques). Les donnéesélectro-cardiographiques analysées ont éténotamment le sous-décalage du segment PQ, lemicro-voltage et les troubles de la repolarisation.Sur l’échocardiographie trans-thoracique (ETT),l’épanchement péricardique était jugé minimequand le décollement télédiastolique entre lepéricarde viscéral et pariétal était inférieur à 10

mm, modéré entre 10 et 20 mm, et abondantquand la largeur dépassait 20 mm [9, 10].L’origine tuberculeuse de la péricardite était jugéprobable sur un faisceau d’arguments associantde façon variable la notion de contagetuberculeux, le début insidieux, la fièvre au longcours, les lésions évolutives d’une tuberculosepulmonaire et l’évolution clinique et radiologiquefavorable sous traitement antituberculeux [8, 11].La péricardite liée au VIH a été évoquée devantl’absence d’arguments en faveur d’une autreétiologie spécifique chez un patient diagnostiquépositif pour le VIH [8]. Hors contexte d’infectionpar VIH et en l’absence d’arguments évocateursde tuberculose, l’évolution favorable sous anti-inflammatoire (AINS) faisait retenir l’origineidiopathique de la péricardite [8].Analyse des données : La saisie et l’analyse desdonnées ont été effectuées grâce au logiciel Epiinfo version 3.5.1. Les variables quantitativesétaient résumés par les statistiques usuelles(moyenne, écart type, médiane et intervalleinterquartile à 25 - 75%) et celles qualitatives parles proportions en pourcentage rapportées sur letotal 48 péricardites tuberculeuses. Lacomparaison des variables qualitatives a étérendue possible grâce au test de Chi2, corrigéselon le test de Yates ou de Fisher Exact enfonction des effectifs de sous groupe.

RESULTATSDurant la période d’étude 945 patients ont étéhospitalisés dans le service de cardiologie. Aprèsapplication des critères d’éligibilité, 80 dossiersont été retenus, portant la fréquence hospitalièrede la péricardite aiguë à 8,4% au service decardiologie du CHUL entre les années 2014 et2016. Parmi ces patients, la péricarditetuberculeuse à été retenue chez 48 patients, ce quireprésente 60% des péricardites, soit unefréquence hospitalière des péricarditestuberculeuses de 5,1%. La moyenne d’âgés étaitde 31(±11,8) ans avec des extrêmes de 12 à 57ans. 37,5% étaient des hommes avec un sex ratiode 0,6. On notait les antécédents de tuberculosepulmonaire chez huit patients (10%). Le taux deréalisation du test du VIH était de 88,3% au coursdes péricardites et seul le VIH profil 1 étaitretrouvé avec une séroprévalence de 13,3% despéricardites tuberculeuses. La séroprévalencechez les femmes au cours des péricardites aiguësétait de 80%. Le délai de consultation était dedeux mois avec des extrêmes de 15 jours et 5mois. La fièvre a été objectivée chez 75% despatients, accompagnée des autres signesd’imprégnation tuberculeuse chez 86,6% despatients. La douleur thoracique était présente dans

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57,4% des cas, le plus souvent inspiratoire etrétro-sternale associée à une toux sèche chroniquedans 73,9% des cas. L’électrocardiogramme étaitnormal chez 3 patients (50,0%).

L’intradermoréaction à la tuberculine réaliséedans 68 cas (85%) était positive dans 91,7% descas (Tableau I).

Tableau I : Répartition des patients en fonction des signes fonctionnels, physiques, radiographiques,électro-cardiographiques et écho-cardiographiques (n=80).

Table I: Distribution of patients according to the functional, physical, radiographic,electrocardiographic and echocardiographic signs (n=80)

PéricarditespTuberculeuses Non tuberculeuses

Effectifs n (%) Effectifs n (%)Notion de contage tuberculeux 9 (81,8) 2 (18,2) 0,18Dyspnée 33 (68,7) 15 (31,3) 0,34Douleurs thoraciques 31 (57,4) 23 (42,6) 0,62Toux sèche 17 (73,9) 6 (26,1) 0,13Signes d’imprégnations 13 (86,7) 2 (13,3) 0,03Fièvre 36 (75,0) 12 (25,0) 0,001Frottement péricardique 17 (68,0) 8 (32,0) 0,46Assourdissement des BDC 17 (70,8) 7 (29,2) 0,22Epanchement pleural 22 (84,6) 4 (15,4) 0,003Cardiomégalie 44 (62,9) 26 (37,1) 0,18Anomalies parenchymateuses 18 (78,3) 5 (21,7) 0,04TDR* 26 (57,8) 19 (42,2) 1,0Micro-voltage 17 (62,9) 10 (37,1) 0,63ECG** normal 3 (50,0) 3 (50,0) 0,68Epanchement péricardique 45 (60,0) 30 (40,0) 1,0Minime abondance 11 (44,0) 14 (56,0) 0,08Moyenne abondance 19 (67,9) 9 (32,1) 0,34Grande abondance 15 (68,2) 7 (31,8) 0,44Dépôt de fibrine 13 (100) 0 (0,0) 0,001Compressive des cavités droites 11 (68,7) 5 (31,2) 0,57CRP (positive) 37 (68,8) 16 (30,2) 0,16IDRt*** 11 (91,7) 1 (8,3) 0,01

*TDR = Troubles diffuse de la repolarization, **ECG = Electrocardiogramme, ***IDRt =Intradermoréaction

La CRP était positive dans 68,8% des cas avecune valeur médiane de 31,8 mg/l [18 – 81,5](valeur normale inférieure à 5 mg/l) et unintervalle interquartile (IIQ) à 63,5. Seuls 39patients (92,8%) avaient réalisé une bacilloscopie.Elle était négative dans 94,8% des cas.L’épanchement péricardique était visualisé àl’écho-cardiographique dans 60,0% des cas. Ilétait de faible abondance ou minime dans 44,0%des cas, de moyenne abondance dans 67,9% descas et de grande abondance dans 68,2% des cas.L’épanchement péricardique était compressif surles cavités cardiaques droites dans 68,7% des cas.L’aspect écho-cardiographique de dépôt defibrine a été observé chez tous les patients atteintsde péricardite tuberculeuse. Un épanchementpleural concomitant à l’épanchement péricardiquea été objectivé dans 84,6% des cas (Tableau II).

Tableau II : Répartition des patients selon lesétiologies des péricardites aiguës (n=80)

Table II: Distribution of patients according toetiology of acute pericarditis

Effectifs n(%) IC95%

Tuberculeuse 48 (60%) 48,4% – 70,8%Idiopathique 18 (22,5%) 13,9% – 33,2%Bactérienne 3 (3,7%) 0,7% – 10,5%Néoplasique 1 (1,3%) 0,3% – 6,7%Urémique 1 (1,3%) 0,3% – 6,7%Rhumatismale 2 (2,5%) 0,3% – 8,7%Lupique 1 (1,3%) 0,3% – 6,7%VIH* 6 (7,5%) 2,8% – 15,6%

VIH = Virus de l’Immunodéficience Humaine

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La ponction pleurale faite, ramenait un liquidepleural, exsudatif lymphocytaire dans tous lescas. Tous les 48 patients atteints de péricarditetuberculeuse ont reçu, un traitementantituberculeux selon le protocole national encours à savoir deux mois de phase intensive àbase de RHEZ (Rifampicine, Isoniazide,Ethambutol, Pyrazinamide) et quatre mois dephase de consolidation à base de RH(2RHEZ/4RH). Ce traitement a été associé dans89,6% des cas à une corticothérapie à dosedégressive sur 2 à 3 mois à raison 1 mg/kgd’équivalent prednisone. L’évolution à courtterme a été satisfaisante avec régression dessignes généraux et fonctionnels. L’évolution àlong terme a été marquée par 25% de perdus devue, 8,3% d’interruption volontaire de traitement.66,7% des patients avaient terminé le traitementantituberculeux et les échocardiographies decontrôle réalisées avaient objectivé une quasi-disparition du liquide d’épanchementpéricardique et une disparition des manifestationscliniques. Les autres étiologies étaient :idiopathique (22,5%), bactérienne (3,7%),rhumatismale (2,5%) et liée au VIH (7,5%)(Tableau I). Nous avons enregistré trois décès(3,7%) en cours d’hospitalisation, parmi lesquelsdeux patients avaient une péricarditetuberculeuse. Les causes de décès étaient latamponnade (un cas), et l’altération profonde del’état général sur terrain de rétro-virose en rupturede traitement antirétroviral (deux cas).

DISCUSSIONLa fréquence hospitalière des péricarditestuberculeuses était de 5,1%. Elle est le reflet desdonnées de la littérature qui varient de 2,0% à11,3% selon les pays [11, 12]. Les manifestationscliniques habituelles et les anomalies électriquesdes péricardites aiguës sont bien connues, mais letableau initiale peut être très atypique [13]. Ladémarche étiologique devant apporter la preuvede l’infection tuberculeuse, particulièrement dansla péricardite n’est pas aisée [9, 14] : l’examendirect est rarement positif dans le liquidepéricardique, car il s’agit en général d’un liquideà prédominance lymphocytaire pauci-bacillaire, etl’histopathologie peut s’avérer non conclusive[15]. Le diagnostic de péricardite tuberculeuse estcertain si on isole le bacille de Koch dans leliquide ou la biopsie péricardique [15, 16]. Ainsi,on considère le diagnostic de péricarditetuberculeuse comme probable, avec indicationd’un traitement antituberculeux [5], si unépanchement péricardique inexpliqué est mis enévidence dans un contexte de tuberculoseévolutive ; si le traitement antituberculeux

d’épreuve s’avère efficace, comme c’était le casdans notre série. Nous n’avons pas eu recours auxexamens invasifs. Il ne faut pas hésiter à débuterune quadrithérapie antituberculeuse si le contexteclinique suggère fortement ce diagnostic, car toutdélai dans l’initiation du traitement peut avoir unimpact important sur la mortalité [6, 15]. L’âgemoyen de nos patients était de 34 (±14,5) ans. Lapéricardite tuberculeuse touche avec prédilectionles sujets jeunes de moins de 40 ans [17]. Laprédominance féminine a été signalée dans lalittérature par Pio M. et al. [11]. Ce qui confortenos résultats, qui mettent en évidence uneprédominance féminine. La forte prévalence duVIH chez les femmes dans notre série pourraitexpliquer ce résultat. Chez les patients infectéspar le VIH et avec une péricardite aiguë, latuberculose est l’étiologie la plus fréquemmentretrouvée dans les pays en voie de développement[8, 9, 16]. L’atteinte péricardique est en généralsecondaire à une diffusion lymphatique à partirdes adénopathiespéri-bronchiques, péri-trachéalesou médiastinales. Une diffusion hématogène àpartir d’un autre site est également possible alorsque l’atteinte péricardique par contiguïté à partird’un foyer pulmonaire est exceptionnelle [9].Bien que la plupart des programmes nationaux delutte contre la tuberculose accorde uneimportance particulière à l’identification et autraitement des cas à bacilloscopie positive, laconnaissance et le traitement des cas detuberculose extra-pulmonaire sont des notionsimportantes à saisir. Même si l’indication d’unecorticothérapie orale reste discutée [5, 6, 16],89,6% de nos patients ont reçu unecorticothérapie orale. L’adjonction descorticostéroïdes pourrait réduire l’inflammation,la morbidité et la mortalité [6, 8, 15]. Nous avonsenregistré 25% des perdus de vue et 8,3% avaientinterrompu volontairement le traitementantituberculeux. Les abandons de traitement sontdus aux défaillances du programme tuberculosequi, en particulier, ne peut contrôler le coût tropélevé des médicaments [18] (Toung MveM.2010). Au Gabon, les performances duProgramme national de lutte contre la tuberculosesont faibles, en raison de la non-application de lastratégie DOTS (DirectlyObservedTreatment ofShort Course), aggravé par la paupérisation despopulations [18]. L’abandon du traitementantituberculeux et les arrêts intempestifs vontfaire émerger la grande problématique de lapolychimiorésistance de souches deMycobacteriumtuberculosis [18, 19], dont les casont déjà été prouvé dans plusieurs études auGabon [20, 21]. D’autre part l’interruption detraitement d’antituberculeux peut avoir un impact

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négatif sur l’évolution de la péricardite, dont lesrisques évolutifs sont la survenue des récurrencesmultiples, la survenue d’une péricarditechronique constrictive [22]. 89,9% des patientsavaient une CRP positive. La positivité de la CRPest lié à la fois au processus inflammatoireintrinsèque de la péricardite et à l’étiologie sous-jacente. Il est important de souligner que lesmarqueurs de l’inflammation comme la CRP nesont pas indispensables au diagnostic [7]. Enfincette étude présente certaines limites liées aucaractère rétrospectif qui ne permet pasl’exhaustivité des informations recueillies. Entreautre limite importante, 25% des patients ont étéperdus de vue et 8,3% ont interrompu leurtraitement, rendant difficile l’interprétationpronostique des données cliniques et para-cliniques de ces patients.

CONCLUSIONLe diagnostic de péricardite tuberculeuse doit êtresystématiquement recherché en présence d’unépanchement péricardique liquidien en zoned’endémie tuberculeuse. Elle est l’apanage dusujet jeune de sexe féminin dans les régions deforte prévalence VIH. La mise en route dutraitement antituberculeux seul gaged’amélioration pronostic ne doit souffrir d’aucunretard.

CONFLITS D’INTERETSLes auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêts.

CONTRIBUTIONS DES AUTEURSTous les auteurs ont contribué à ce travail. Ils ontlu et approuvé la version finale du manuscrit.

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Particularités radiologiques de la tuberculose pulmonaire à microscopie positive à laclinique de pneumologique du centre hospitalier national universitaire de FANN

(CHNUF), Dakar (Sénégal)

[Radiological features of pulmonary tuberculosis with positive microscopy]

U.D. Kombila1, 2, Y. Dia Kane2, FBR Mbaye2, N.F. Diouf2, W. Ka2, N.O. Touré2

1- Service de Médecine Interne, Centre Hospitalier Universitaire de Libreville (CHUL), Libreville (Gabon)2- Clinique de Pneumologie, Centre Hospitalier National Universitaire de FANN (CHNUF), Dakar (Sénégal)

RESUMEObjectif : Déterminer les différents aspectsradiologiques de la tuberculose pulmonaire àmicroscopie positive dans le but de promouvoirun diagnostic précoce.Méthodologie : Etuderétrospective, des clichés radiologiques despatients atteints d’une tuberculose pulmonaire àmicroscopie positive sur une période d’activité de4 mois.Résultats :Soixante-six dossiers ont étéinclus dans notre étude, composé de 81,8% deshommes. La moyenne d’âge de la populationd’étude était de 37,5 ± 14,9 ans. Pour 22,7% descas, il s’agissait d’un second épisode detuberculose. Plus du tiers (34,8%) des patients denotre étude déclarait fumer régulièrement avecune consommation moyenne de tabac de 17PA(±15,3). Nous avons retrouvé une fréquenceélevée (26,1%) des rechutes tuberculeuses chezles patients fumeurs versus non-fumeurs (20,9)(p<0,426). La sérologie rétrovirale profil 1, étaitpositive dans 7,6% des cas. Les différenteslésions parenchymateuses analysées, étaientvariables et dominées par les infiltrats (84,8%),suivi du syndrome alvéolaire (68,2%). Ellesétaient extensives (71,2%) et bilatérales (45,5%)Ces anomalies radiologiques survenaient dans unpeu plus de la moitié (52,2%) des cas chez despatients dénutrie (IMC < 16,5 kg/m2).Conclusion : Les lésions radiographiques de latuberculose pulmonaire sont multiples, variableset aspécifiques. A travers cette étude, nouspréconisons en zone d’endémie tuberculeused’orienter la démarche étiologique vers larecherche d’une tuberculose pulmonaire devantdes images radiologiques infiltratives associéesou non à des lésions cavitaires chez un patientjeune, dénutrie et à fortiori fumeur.

Mots clé : Tuberculose pulmonaire – Anomaliesradiologiques – Radiographiethoracique – Dakar

ABSTRACTObjective: To determine the various radiologicalaspects of pulmonary tuberculosis with positivemicroscopy to promote early diagnosis.Methodology: Retrospective, descriptive study ofradiological abnormalities of patients withpositive microscopy pulmonary tuberculosis overa period of 4 months.Results: Sixty-six cases were included in ourstudy, consisting of 81.8% of men. The mean ageof the study population was 37.5 ± 14.9 years.Tuberculosis relapse was present in 22.7% ofcases. More than one-third (34.8%) of our cohortreported active smoking with an average tobaccoconsumption of 17PA (SD±15.3). We found agreater active smoking (26.1%) in patients with ahistory of tuberculosis versus patients withoutsmoking (20.9%). HIV profile 1serology waspositive in 7.6% of cases. The various lesionsanalyzed were parenchymal, variable, associatedinfiltrates lesions (84.8%), followed by alveolarsyndrome (68.2%). They were extensive (71.2%)and bilateral (45.5%). These radiologicalabnormalities occurred in slightly more than half(52.2%) of cases in undernourished patients (BMI<16.5 kg/m2).Conclusion: Radiographic lesions of pulmonarytuberculosis are multiple, variable and nonspecific. Through this study, we advocate intuberculosis endemic areas to orient theetiological approach towards the search forpulmonary tuberculosis before radiologicalinfiltrative abnormalities associated or not withcavity lesions in undernourished patient.

Keywords: Pulmonary tuberculosis – Chest X rayabnormalities – Chest-X-ray – Dakar

Auteur correspondant : Ulrich Davy Kombila, [email protected]

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INTRODUCTION

La tuberculose pulmonaire est une cause majeurede morbi-mortalité dans le monde. Elle estresponsable du plus grand nombre de décèscausés par un agent infectieux [1], et sévit sousun mode endémique dans les pays endéveloppement. Au Sénégal, la tuberculose resteune préoccupation majeure des autoritéssanitaires. Selon l’OMS [2], le Sénégal en 2015avait déclaré 13.599 cas de tuberculose avec 84%des cas confirmé bactériologiquement parmi lescas pulmonaires. La radiographie thoracique restel’imagerie de première intention. Lesmanifestations radiologiques de la tuberculosepeuvent varier selon des facteurs liés à l’hôte,mais dans la plupart des cas elles sontsuffisamment caractéristiques pour suggérer lediagnostic. Bien que la TDM soit généralementrequise pour détecter les lésions de petites taillesinvisibles sur les radiographies standards, préciserles aspects équivoques ou analyser lescomplications [3], elle n’est pas toujours d’accèsfacile dans les pays à ressources limitées .Laconfrontation radio-clinique reste la démarchediagnostic habituelle, mais sa confirmation nepeut être que bactériologique et/ou histologiquesans que cette dernière ne soit spécifique [4].C’est pourquoi il nous est apparu opportun deréaliser ce travail dont le but était de déterminerles différents aspects radiologiques de latuberculose pulmonaire à microscopie positiveafin de contribuer à l’amélioration de sa prise encharge précoce.

PATIENTS ET METHODESCadre d’étudeCette étude a eu pour cadre d’étude le service depneumologie du centre hospitalier nationaluniversitaire de FANN (CHNUF).

Type de l’étudeIl s’agit d’une étude rétrospective, descriptive desdossiers de patients hospitalisés durant la périoded’activité du service allant du 15 Novembre 2015au 15 Mars 2016, soit 4 mois. La taille del’échantillon a été l’effectif des patientsrépondant aux critères d’inclusion, hospitalisésdurant la période de l’étude, soit un effectif de 66patients.

Critères d’inclusionNous avons inclus les dossiers des maladeshospitalisés, d’âge supérieur à 15 ans présentantune tuberculose pulmonaire bacillifère et uneradiographie de thorax de face interprétable sansdifférence entre les nouveaux cas et les rechutes.

Critères de non inclusionNous n’avons pas inclus tous les dossiers despatients qui présentaient

un examen des crachats (BAAR) positif,dont la radiographie thoracique de face n’apas été retrouvée dans le dossier

une tuberculose à microscopie négative(TPM-)

une tuberculose extra-pulmonaire

Définitions opérationnelles Tuberculose pulmonaire à microscopie

positive (TPM+)Elle est définie par la présence des bacilles acido-alcoolo-résistants (BAAR) dans

au moins deux échantillons de crachats ou un échantillon des crachats en présence des

signes cliniques et une radiographiepulmonaire compatible évocatrices detuberculose pulmonaire ou

un échantillon des crachats et une culturepositive.

Cette définition est issue des définitionsopérationnelles de l’Organisation mondiale de laSanté (OMS) et de l’Union international contre latuberculose et les maladies respiratoires(UICTMR) [5] et reprise par le ProgrammeNational de lutte contre la tuberculose (PNT) auSénégal. Nouveau cas [5] : il s’agit d’un patient qui

n’a jamais été traité pour une tuberculose ouqui a pris des médicaments contre latuberculose pendant moins d’un mois avecexamen de crachats positif.

Rechutes [5] : il s’agit d’un patient qui a déjàété traité pour tuberculose, a été déclaré« guéri » ou « traitement terminé », revientavec une tuberculose confirméebactériologiquement (par frottis ou culture).

Analyse des lésions anatomoradiologiques duthoraxPour l’analyse des lésions anatomoradiologiques,nous avons procédé de la manière suivante. Ladistance séparant la coupole diaphragmatique del’apex a été divisé en trois tiers. Le tiers supérieurest situé au-dessus du 2e arc costal antérieur, letiers moyen est située entre les 2e et 4e arcscostaux antérieurs et le tiers inférieur entre le 4e

arc costal antérieur et le diaphragme. Les lésionspulmonaires ont été considérées commeextensives lorsqu’elles intéressaient au moins les2/3 d’un hémithorax et non extensives quand ellesn’excédaient pas le 1/3 de l’hémithorax concerné.Les lésions étaient considérées comme associéeslorsqu’en plus des lésions parenchymateuses onnotait des adénopathies médiastinales, des

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épanchements pleuraux (quelque soit la nature).La radiographie thoracique de face est un examenquasi-obligatoire à l’admission du malade dans leservice. Toutes les radiographies sont luesquotidiennement à l’admission des malades lorsdes staffs journaliers du service en présence del’équipe médicale sous la supervision du chef deservice.Collecte des donnéesLa collecte des données s’est faite sur une fiched’enquête standardisée à partir des dossiers desmalades ayant été hospitalisés dans le service depneumologie durant la période d’étude. Tous lesdossiers des malades hospitalisés sont archivésavec un diagnostic de sortie. L’archivage dudossier du patient tuberculeux à sa sortie consisteà consigner les éléments suivants dans le dossier :numéro de dossier, l’âge du patient (ou la date denaissance), le sexe, le lieu de résidence, lalocalisation de la tuberculose (pulmonaire ouextra-pulmonaire) et le forme bactériologique dela tuberculose (microscopie positive ou négative),l’épisode de la tuberculose (nouveau cas ourechute de la tuberculose).Les variables d’intérêt étaient

les données démographiques (âge, sexe, lieude résidence)

les données socio-économiques (revenuemensuel, profession, niveau d’instruction)

le délai de prise en charge le tabagisme (âge de début, quantité de tabac

consommée en paquet/année), les antécédents (facteurs de comorbidité) les caractéristiques radiologiques (type de

lésions anatomoradiographiques, siège de latuberculose, degré d’extension, lésionsassociées). Les lésions radiologiques ont étéclassées en, infiltrats, cavernes, opacitésalvéolo-interstitielles.

Analyse statistiqueLes données ont été saisies à l’aide du logicielMicrosoft Excel 2007 et elles ont été analyséesgrâce au logiciel Epi info 7 (version 7.2.0.1.). Al’aide de ce dernier, nous avons réalisé uneanalyse description simple des différentesvariables à étudiées, puis une analyse utilisant letest du Chi2 ou le test exact de Fisher au seuil designification de 5% lorsque cela était nécessaire.Les variables quantitatives sont représentées avecleur moyenne ± écart type (ET) pour les variablescontinues après vérifications de leur distributionnormale, sinon leur médiane avec leur 25e et 75e

percentile. Les variables qualitatives sontprésentées avec leurs effectifs et pourcentages.

RESULTATSRésultats généraux (Tableau I)Durant la période d’étude il avait été hospitalisé217 patients, et 66 d’entre eux avaient développésune tuberculose pulmonaire à microscopiepositive, soit une fréquence hospitalière desTPM+ de 30,4%. La population de l’étude étaitconstituée de 81,8% (n=54) des hommes et 18,2%(n=12) des femmes, soit un sex ratio de 4,5.L’âge médian des patients était de 33 ans [27 – 48ans], (moyenne d’âge : 37,5 ± 14,9 ans). Latranche d’âge la plus atteinte était celle de 15 à 34ans représentant 41,1% de notre effectif. Près dutiers (43,9%) des patients exerçaient dans lesecteur informel et un peu plus de la moitié(59,1%) de la population de l’étude vivait endessous du seuil de pauvreté attesté par un revenuou un salaire qui était en dessous du salaireminimum interprofessionnel garanti (SMIG). Lanotion de tabagisme actif était retrouvée chez34,8% des patients. La majorité (86,4%) despatients provenait de Dakar (43,9%) et de sabanlieue (42,4%).

Tableau I : Caractéristiquessociodémographiques des patients de l'étude

Fréquence(n=66)

Pourcentage(%)

Age (ans)15 – 24 11 16,625 – 34 27 41,135 – 44 7 10,645 – 54 13 19,755 – 64 4 6,0≥ 65 4 6,0

SexeHommes 54 81,2Femmes 12 18,2

ProfessionEtudiant/Elève 6 9,1Retraité 5 7,6Salarié 8 12,1Sans profession 18 27,3Secteur informel 29 43,9

Situation tabagiqueFumeurs actuels 23 34,8

Non-fumeurs 43 65,2Situation maritale

Célibataire 32 48,5Marié 32 48,5divorcé 2 3,0Veuve (fe) 0 0,0

Revenu < SMIG*Oui 39 59,1Non 27 40,9

*SMIG = Salaire Minimum Interprofessionnel Garantiqui est de 48000 F CFA (74€ ou 77$) au Sénégal(N.O. Touré, 2011 (6)

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AntécédentsL’anamnèse avait retrouvé les antécédents detuberculose dans 22,7% des cas. Les rechutestuberculeuses étaient plus fréquentes (26,1%)chez les patients fumeurs versus les patients non-fumeurs (20,9%), sans différence statistiquementsignificative (OR= 1,3 IC95% [0,4 – 4,3] ;p=0,426). Parmi les 66 patients, 34,8%déclaraient fumer régulièrement, au moment deleur hospitalisation, et tous étaient de sexemasculin avec une consommation moyenne de 17PA (±15,3). La moyenne d’âge du début dutabagisme était 18,9 (±5,7) ans. Près de la moitié(47,8%) des patients consommaient entre 1 et 10PA. La proportion des patients qui fumait entre11 et 20 PA et plus de 20 PA était respectivementde 26,1% chacun. La consommation desubstances psycho-actives chez patients fumeurstelles que le chanvre indien était retrouvée chez15,2% des cas et l’alcool dans 12,2% des cas. Laprésence des comorbidités était notée dans 15,2%des cas et était essentiellement représentée par leVIH1 (7,6%). Le diabète était représenté dans6,1% des cas dont 4,5% de type 1 et 1,6% de type

2. Le portage de l’AgHBs était retrouvé chez unseul patient. Seul un patient avait présentél’association de plusieurs comorbidités (AgHBspositif, VIH1 positif).

Données cliniquesLe délai médian de prise en charge était de 60jours [30 – 180 jours] (moyenne = 111,8 ± 108,6jours). Les trois quart de la population d’étudeavaient consulté 180 jours après le début de lasymptomatologie, soit 6 mois. Ce délai médian deprise en charge, était plus important chez lesfemmes que chez les hommes respectivement :135 jours [60 – 165 jours] (moyenne : 155 ±135,8 jours) contre 60 jours [30 – 180 jours](moyenne : 102,2 ± 100,5 jours) sans différencestatistiquement significative entre les deux genres(p=0,10).L’index de masse corporelle (IMC)n’était disponible que pour 46 patients. Lamoyenne de l’IMC était de 17,3 ± 3,3 kg/m2. Lamajorité (52,2%) des patients était en état dedénutrition jugé par un IMC < 16,5 kg/m2

(tableau II).

Tableau II : Fréquence de l'IMC par classe de la population de l'étude (n = 46)

Fréquence (n) Pourcentage (%)

Classe d’IMC (kg/m2) Interprétation

< 16,5 24 52,2 Dénutrition16,5 – 18,5 6 13,0 Amaigrissement18,5 – 25 15 32,6 Poids normal25 – 30 1 2,2 Surpoids> 30 0 0,0 ObésitéTotal 46 100

IMC = Index de Masse Corporelle

Données biologiquesQuarante-neuf patients avaient réalisés unhémogramme, dont les résultats de la formuleleucocytaire était : hyperleucocytose (28,6%),leucopénie (6,1%), lymphopénie (81,6%). Le tauxmoyen d’hémoglobine était de 11,2 g/dl (±. Uneanémie microcytaire hypochrome était retrouvéedans 63,3% des cas.

Anomalies anatomoradiographiquesLes lésions radiologiques étaient à prédominancebilatérale (45,5%) et extensives (71,2%). Lesinfiltrats étaient les lésions élémentairesradiologiques les plus représentatives dans 84,8%des cas (tableau III).

Tableau III : Fréquence des lésionsanatomoradiologiques à laradiographie standard de face

Fréquence(N)

Pourcentage(%)

Siège des lésions (n=66)Bilatérale 30 45,5

Hémithorax droit 20 30,3Hémithorax gauche 16 14,2Anomalies radiologiques

Cavernes 39 59,1Infiltrats 56 84,8

Sd. alvéolaire 46 68,2Lésions associées

ADP médiastinales 4 6,1Pleurésies 6 9,1

Sd. = syndrome ; ADP = Adénopathie(s)

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Les anomalies radiologiques caractéristiquesétaient par ordre de fréquence : la lobitesupérieure excavée (7,6%) (Figure 1),

Figure 1 : Radiographie thoracique de face :lobite supérieure droite poly-excavée dépassée enhomolatérale et controlatérale (opacitésinfiltratives et micronodulaire hilo-axillairegauche)

L’aspect de poumon détruit (4,5%) (Figure 2),siégeant dans la majorité des cas à gauche, lamiliaire bronchogène (3,0%) et le pyothorax àdroite, associé à une atteinte parenchymateuse(3,0%).

Figure 2 : Radiographie thoracique de face aspectdu poumon gauche détruit. Hémithorax droit :évidement (pneumatocel) du 1/3 supérieur associéà des opacités hétérogènes d’âges différentsrétractiles intéressant les 2/3 inférieurs avecdéformation du hile et de la courbure de lacoupole diaphragmatique

On avait également noté une miliaire hématogène(1,5%) et une greffe aspergillaire (1,5%) (Figure3) Lorsque les lésions étaient unilatérales, ellesintéressaient plus souvent le 1/3 supérieur.

Figure 3 : Scanner thoracique en coupe axialeparenchymateuse montrant une hyperdensité enforme de casque Gaulois au sein d’unehypodensité grossièrement arrondie à paroisépaisses siégeant au lobe supérieur droitévocatrice d’une greffe aspergillaire. Lésionsassociées : bulles d’emphysèmes sous pleuralebilatérale.

DISCUSSIONNous avons été confrontés à certaines difficultésinhérentes aux études rétrospectives. Il s’agitprincipalement de certaines informationsmanquantes dans les dossiers. Nonobstant cesécueils, notre étude a retrouvé une fréquencehospitalière de la tuberculose à microscopiepositive de 30,4% de l’ensemble des patientshospitalisés. La moyenne d’âge de la populationd’étude était de 37,5 ± 14,9 Ces résultats sontsuperposables aux données retrouvées dans lalittérature [7 – 10]. Ce qui vient appuyerl’assertion selon laquelle la tuberculose est uneaffection qui touche avec prédilection les jeunes[11] en pleine activité avec des répercussionssocioéconomiques préjudiciables. Nous avonsretrouvé un délai de prise en charge long enmoyenne 111,8 ± 108,6 jours. Ce constat n’estpas particulier au Sénégal. Des travaux faits danscertains pays ont abouti à la même observation [9,12, 13]. Ce délai de prise en charge longconditionne l’évolution et le pronostic latuberculose [9]. Ce qui pourraitincontestablement expliquer non seulementl’importance des lésions extensives (71,2%) etbilatérales (45,5%), mais également leretentissement sur l’état général, car 52,2% despatients de l’étude avaient une dénutrition. Lesrechutes tuberculeuses étaient plus fréquentes(26,1%) chez les fumeurs bien qu’étant nonstatistiquement significative. Ce résultat estconcordant avec les résultats des autres étudesretrouvées dans la littérature [14, 15]. Celapourrait s’expliquer par l’immunodépression deslymphocytes pulmonaires, la diminution del’activité phagocytaire, de la bactéricide desmacrophages alvéolaires et de la libération desTNF-α, IL-1, - 6, - 8, et 12 induits par la fumée de

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tabac [15 – 17] qui pourraient favorisés laréactivation du bacille de Koch (BK) resterquiescent dans les macrophages alvéolaires etfavoriser ainsi une rechute tuberculeuse. L’aspectde poumon détruit (4,5%) avait été retrouvé ducôté gauche dans la majorité des cas dans notreétude. La prédominance du côté gauche à étédécrit par plusieurs auteurs [18 – 19]. Celapourrait s’expliquer par le fait que la bronchesouche gauche est considérablement plus longueet plus étroite que la bronche souche droite et larégion péri-bronchique gauche est limitée par laproximité de l’aorte. A cet effet, cette bronche estplus sujette à un mauvais drainage et à unecompression extrinsèque par des adénopathiesadjacentes d’où la vulnérabilité du poumongauche à la chronicité des infections [18]. Enprésence d’une caverne, le diagnosticbactériologique de tuberculose est aisé, l’étude del’expectoration étant positive dans 98 % des cas àl’examen direct [20]. Plus de la moitié (59,1%)des patients de notre étude avait des lésionscavitaires associées à la présence de bacillesacido-alcoolo-résistants (BAAR). La lobitesupérieure excavée représentait 7,6% des lésionsdans notre étude. En effet, le siège de prédilectionde la tuberculose pulmonaire est le segmentpostérieur d’un des lobes supérieurs ou lesegment apical du lobe inférieur. C’est dans cessegments supérieurs que la pression partielle enoxygène est la plus élevée. Car, ces zones ne sontque très peu perfusées chez un homme au reposen position debout, alors que la ventilation y resteimportante. Un rapport ventilation-perfusion trèsélevé explique que l’air alvéolaire soit très richeen oxygène et pauvre en gaz carbonique [21].L’oxygène est indispensable au développementdu bacille tuberculeux, germe à croissance lenteaérobie strict. La tuberculose pulmonaire surlésions séquellaires de tuberculose n’ont pas étéen reste (4,5%). En l’absence de résultats descrachats, qui confortent le diagnostic detuberculose, ces lésions sont complexes, difficilesd’interprétation en particulier lorsqu’elles sontétendues, requiert souvent la tomodensitométrie(TDM) du thorax pour détecter les aspectséquivoques et analyser les complications [21].Elle a prouvé son efficacité dans l’évaluation dela tuberculose [21].

CONCLUSIONLe cliché radiologique occupe une placeprépondérante dans le diagnostic de latuberculose pulmonaire, surtout dans les pays endéveloppement. Les lésions radiologiques de latuberculose pulmonaire sont multiples, et pour laplupart aspécifiques. Dans les pays à forte

prévalence tuberculeuse, nous préconisons chezun sujet jeune à fortiori fumeur, d’orienter ladémarche étiologique vers la tuberculosepulmonaire devant les images radiologiquesinfiltratives associées ou non à des lésionscavitaires afin de raccourcir les délais diagnostic.

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Les manifestations respiratoires du lupus érythémateux systémique à Ouagadougou

[Respiratory manifestations of systemic lupus erythematosus in Ouagadougou]

K. Boncoungou1 ; G. Ouedraogo1 ; A.R Ouedraogo1; G. Badoum1 ; M Maiga ; B Kambou2 ; S Maiga1 ;J. Ouedraogo1; E. Kunakey1; M. Ouédraogo1

1- Service de pneumologie du Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo, (Ouagadougou, BurkinaFaso)

2- Service de Radiologie Hôpital de district de Bogodogo, (Ouagadougou, Burkina Faso)

RESUMEIntroduction : Le lupus érythémateuxsystémique (LES) est l’affection auto-immune oùl’atteinte pulmonaire est retrouvée fréquemment.Notre objectif est de déterminer lesmanifestations respiratoires chez les patientssouffrant de lupus.Méthodologie : Il s’est agid’une étude transversale à visée descriptive etanalytique qui s’est déroulée sur une période desix mois du 1er janvier au 30 Juin 2016. Elle aconcerné les patients atteints de lupus, reçu auCHU-YO et disposant d’une radiographiethoracique de face et d’une spirométrie. Lesdonnées ont été collectées à l’aide d’unquestionnaire anonyme.Résultats : Notre étudenous a permis d’enregistrer 13 cas de LES toutesdes femmes avec un âge moyen de 39,61. La touxa été notée chez 46,15% des patientes, la douleurthoracique chez 30,77% et la dyspnée chez23,08%. Un syndrome de condensation a été notéchez 23,08% des patientes. 69,23% des maladesavaient des anomalies radiographiques à typed’opacités interstitielles bilatérales et un casd’opacité pleurale liquidienne. Un troubleventilatoire restrictif a été noté chez 76,92% despatientes. La durée d’évolution de la maladiesupérieure à trois (03) ans et les anomalies à laspirométrie étaient des facteurs associés auxanomalies radiographiques. Conclusion : Lelupus est une maladie du sujet jeune de sexeféminin. Les manifestations respiratoires sontnon spécifiques. Toutefois, le suivi des patientsatteints de connectivites doit prendre en compteune prise en charge en pneumologie car l’atteinterespiratoire fréquente et constitue un tournantdans l’évolution des connectivites.

Mots clés : Lupus-Manifestationspleuropulmonaires- Ouagadougou

ABSTRACTIntroduction: Systemic lupus erythematosus(SLE) is the autoimmune disease wherepulmonary involvement is found frequently. Ourgoal is to determine respiratory manifestations inpatients with lupus.Methods: This was adescriptive and analytical cross-sectional studythat took place over a six-month period fromJanuary 1 to June 30, 2016. It concerned patientswith lupus, received at CHU-YO and with frontalchest x-ray and spirometry.The data was collectedusing an anonymous questionnaire.Results: Our study allowed us to record 13 casesof SLE all women with an average age of 39.61.Cough was noted in 46.15% of patients, chestpain in 30.77% and dyspnea in 23.08%.Condensation syndrome was noted in 23.08% ofpatients. 69.23% of patients had radiographicabnormalities with bilateral interstitial opacitiesand one case of pleural opacity with fluid. Arestrictive ventilatory disorder was noted in76.92% of the patients. The duration of diseaseprogression greater than three (03) years and theabnormalities in spirometry were factorsassociated with radiographicabnormalities.Conclusion: Lupus is a disease ofthe young female subject. Respiratorymanifestations are nonspecific. However, thefollow-up of patients with connective tissuediseases must take into account management ofpneumology because of frequent respiratoryinvolvement and constitutes a turning point in theevolution of connectivities.

Keywords: Lupus-Pleuropulmonarymanifestations-Africa

Auteur correspondant : Docteur Boncoungou Kadiatou, [email protected]

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INTRODUCTIONLe lupus érythémateux systémique (LES) est uneaffection auto-immune où l’atteinte respiratoireest fréquente. Sa prévalence est de 15 à 40%selon les séries, touchant plus volontiers leshommes que les femmes. Cette atteinte estassociée à une mortalité plus importante et estdominée par la pneumopathie infectieuse.Tous lescompartiments, interstitiel, pleural, vasculairesont susceptibles d’être le siège d’uneinflammation, parfois associée à des phénomènesde thrombose [1,2]. Cependant l’atteinterespiratoire est moins connue que les atteintescutanées, articulaires et rénales, bien qu’elle aitété décrite par Osler dès 1904 [3]. Son diagnosticpeut être difficile en raison de son éventail deprésentation car tous les éléments anatomiquesthoraciques peuvent être affectés. Le diagnosticrepose sur l’analyse de l’imagerie, del’exploration fonctionnelle respiratoire, du lavagealvéolaire et plus rarement sur l’anatomiepathologique. Le diagnostic étiologique doit sefaire avec les éventuelles étiologies infectieuseset médicamenteuses chez ces patientsimmunodéficients. La responsabilité propre duLupus érythémateux systémique dans lesmanifestations pulmonaires ne doit être envisagéequ’après élimination formelle d’une pathologieinfectieuse ou iatrogène [4]. En Afrique noire, endehors des manifestations articulaires et cutanéestrès symptomatiques, les atteintespleuropulmonaires du LES sont sousdiagnostiquées, parfois diagnostiquéestardivement. En effet, compte tenu de la pauvretéde nos populations, associée à la sous-estimationvoire la méconnaissance des praticiens sur leLES, la réalisation systématique d’examensparacliniques indispensables au diagnosticprécoce des affections pleuropulmonaires du LESreste inaccessible. Aussi, peu d’études se sontconsacrées au LES encore moins auxmanifestations pleuro-pulmonaires [5-6].L’objectif de ce travail a été de déterminer lescaractéristiques épidémiologiques et cliniques desatteintes pleuro-pulmonaires au cours du LESchez les patients atteints de lupus consultant dansles services de pneumologie, de de dermatologieet de rhumatologie du Centre HospitalierUniversitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO).

METHODOLOGIEIl s’est agi d’une étude transversale à viséedescriptive et analytique qui s’est déroulée surune période de six mois allant du 1er janvier au 30Juin 2016. L’étude a concerné les patients atteintsde lupus vus en consultation externe et/ouhospitalisés dans les services de pneumologie, de

dermatologie et de rhumatologie du CentreHospitalier Universitaire YalgadoOUEDRAOGO (CHU-YO).Ont été inclus dansl’étude tous les patients avec un diagnostic delupus répondant aux critères de l’AmericanCollege of Rheumatology (ACR), ayant acceptéde participer à l’étude et ayant réalisé uneradiographie thoracique de face et unespirométrie. Les données ont été collectées àl’aide d’un questionnaire anonyme portant sur lesdonnées épidémiologique, clinique, paracliniqueet thérapeutique. Le diagnostic d’atteintepulmonaire a été posé sur des argumentscliniques, radiologiques et spirométriques.

RESULTATSNotre étude nous a permis d’enregistrer 13 cas deLES, toutes des femmes avec un âge moyen de39,61 +- 15,68. 92,30% des patientes avaient unbon état général avec 76,92% de femmes ensurpoids. Dans les antécédents nous avons noté 5cas de fausses couches et 3 cas d’antécédentsfamiliaux d’asthme.La toux a été notée chez46,15% des patientes, la douleur thoracique chez30,77% et la dyspnée chez 23,08% (Tableau I).L’examen physique était anormal chez 23,08%caractérisé par un syndrome de condensationassocié à un syndrome d’épanchement pleuralliquidien chez une patiente.

Tableau I : Répartition des patients en fonctiondes signes cliniques

Signes Effectifs(pourcentage%)

Signes respiratoires-Toux 6 (46,15)-Douleurs thoraciques 4 (30,77)-Dyspnée 3 (23,08)

Autres signes cliniques-Signes cutanés 11 (84,62)-Atteintes rhumatologiques 4 (30,77)- Epigastralgies 2 (15,38)- Signes neurologiques 1 (7,69)

Signes généraux-Surpoids 10 (76,92)-Asthénie 3 (38,46)-Altération de l’état général 1 (7,69)

69,23% des patientes avaient des anomaliesradiographiques à type d’opacitésinterstitielles bilatérales et un cas d’opacitépleurale liquidienne. Un trouble ventilatoiresurtout restrictif a été noté chez 76,92% despatientes (Tableau II).

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Tableau II : Répartition de la maladie lupique enfonction des signes paracliniques

Signes paracliniquesEffectifs

(pourcentage %)N=13

Radiographie thoracique face- Normale 4 (30,77)- Anormale 9 (69,23)

Syndrome bronchique 3 (23,08) Syndrome alvéolo-

interstitiel6 (46,15)

Syndrome pleural 1 (7,69) Cardiomégalie 9 (69,23)

Spirométrie- Normale 3 (23,08)- Troubles ventilatoires (TV) 10 (76,92)

TVObstructif 3 (30) TVRestrictif 5 (50) TVMixte 2 (20)

La durée d’évolution de la maladie supérieure àtrois (03) ans et les anomalies spirométriquesétaient des facteurs associés aux anomaliesradiographiques. Aucun cas d’HTAP n’a étéenregistré.

DISCUSSIONLe choix de notre étude dans ces services duCHU-YO se justifie par le fait que la plupart despatients atteints de connectivites sont référésprincipalement dans les services de rhumatologieet de dermatologie en rapport avec les premierssignes de la maladie. Les atteintespleuropulmonaires surviennent au cours del’évolution et les malades sont référés ou reçus enconsultation dans le service de pneumologie. Acet effet, nos résultats ne sauraient de ce fait êtregénéralisés à l’ensemble de la population duCHU-YO car des patients atteints deconnectivites peuvent être retrouvés dans d’autresservices (neurologie, cardiologie, néphrologie,pédiatrie) du CHU-YO.Notre étude a connu aussi d’autres limitesnotamment la taille de notre échantillon etl’absence de certains examens complémentairecomme la TDM thoracique, la fibroscopiebronchique, la biopsie pleurale ou la mesure desvolumes pulmonaires non mobilisables qui n’ontpas pu être réalisés par la plupart des patients, parmanque de moyens financiers ou l’ absence deplateau technique. Néanmoins nos résultats ont puêtre comparés à ceux de la littérature.Le lupus est une des connectivites les plusfréquemment rencontrée chez la femme en âge deprocréer et renforce l’hypothèse du rôle deshormones féminines telles les œstrogènes dansleur survenue.Toutefois le lupus occasionne des

atteintes vasculaires placentaires pouvant affecterle développement de la grossesse. Il peut êtreresponsable d’une interruption spontanée degrossesse ou être une indication de césariennesurtout lors d’une poussée lupique mettant en jeule pronostic fœtal ou maternel [5]. Le taux decésarienne au cours du lupus se situe auxalentours de 35-40%. Aussi il existerait unesusceptibilité familiale comme noté dans notresérie avec des antécédents familiaux de lupus. Lasymptomatologie fonctionnelle dominante a été latoux rencontrée chez 46,15 des patientes avec uneconservation de l’état général. Bien que nonspécifique la toux chronique et la dyspnée sontles maîtres symptômes retrouvés dans la plupartdes séries [6]. Cette symptomatologie estrévélatrice d’une atteinte pleurale,parenchymateuse, des voies aériennes supérieuresou d’une atteinte vasculaire. La plèvre est plussouvent atteinte dans le LES que dans les autrescollagénoses.Elle touche 45 à 60 % des patientsau cours de l’évolution de leur maladie [7] etjusqu’à 93 % dans une série autopsique [8]. Enadéquation avec notre étude qui n’a enregistréqu’un cas de pleurésie l’atteinte pleurale est plusfréquente chez les hommes que chez les femmeset dans la population noire [3]. L’atteinte pleuralelupique peut être asymptomatique. Elle seprésente le plus souvent par des douleursthoraciques, une toux sèche, de la fièvre et unedyspnée survenant dans le cadre d’une pousséeévolutive.L’épanchement peut être uni- oubilatéral, sans prédilection pour un côté, le plussouvent peu ou moyennement abondant, pouvantêtre récidivant. Parfois il s’agit d’une pleurite «sèche ». Même si notre étude ne l’a pas rapportéune atteinte péricardique est fréquemmentassociée et doit être recherchée.Le liquide pleuralest typiquement un exsudat citrin ou séro-hématique, stérile, de formule cytologiquevariable avec une prédominance depolynucléaires neutrophiles ou de lymphocytes.L’exploration immunologique du liquide a seslimites. L’histologie pleurale est aspécifique Elleretrouve une infiltration lymphoplasmocytaire,rarement une vascularite et des dépôts decomplexe immuns circulants (CIC). Elle permetsurtout d’éliminer d’autres causes, en particulierla tuberculose ou la carcinose pleurale.L’atteintepulmonaire infiltrantest rarement sévèrecliniquement au cours du lupus contrairement àce qui est observé dans d’autres connectivites. Dureste les pneumopathies infiltrantes diffuses(PID) des connectivites présentent unesymptomatologie fruste évoluant à bas bruit, àtype de dyspnée plus marqué à l’effort dans leurphase initiale. Elle constitue un facteur de

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mauvais pronostic, d’où l’importance de lesrechercher systématiquement et précocement. Laradiographie et la tomodensitométrie du thoraxmettent en évidence des infiltrats interstitiels dontla topographie varie au cours du temps. Lesinfiltrats de nature infectieuse sont de loin lesplus fréquents au cours du LES. La nature lupiquedes lésions pulmonaires (20 % des cas) ne doitdonc être admise qu'avec circonspection etlorsque les tests microbiologiques sont négatifs.La radiographie thoracique de face était anormalechez 69,23% des patientes. Cette fréquenceélevée des anomalies radiographiques au coursdes connectivites est retrouvée dans près de 90%selon la littérature [9]. Les infiltrats lupiquesrégressent en général rapidement grâce auxcorticoïdes, mais on peut craindre dans certainscas l'évolution vers une fibrose interstitielle (5 %des cas) et l'insuffisance respiratoire chroniquesqui ne seront plus sensibles à la corticothérapie.La présence de signes fonctionnels respiratoiresdans notre étude constituait des facteursfavorisant les anomalies spirométriques. Letrouble ventilatoire restrictif a été noté chez76,92% des patientes. Selon la littérature lesépreuves fonctionnelles respiratoires montrenthabituellement un syndrome restrictif et unediminution de la capacité de transfert de l'oxydede carbone qui s'aggravent au fil du temps.L’altération de la fonction respiratoireconstituerait un facteur de sévérité de la maladieet de mauvais pronostic [10, 11].Si aucun casd’HTAP n’a été enregistré au cours de notreétude il faut noter que le LES représente laseconde cause des HTAP des connectivites, aprèsla sclérodermie [12].

CONCLUSIONLe lupus est surtout une maladie du sujet jeune desexe féminin. Les manifestations respiratoiressont non spécifiques mais constituent une causeimportante de morbidité et de mortalité.Toutefois, le suivi des patients atteints de lupusdoit prendre en compte une consultation enpneumologie car l’atteinte du système respiratoireconstitue un tournant péjoratif dans l’évolutionde la maladie.

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20RevPneumol Trop 2017 ; 27 : 20-23

Profil épidémiologique et résultats audiométriques des patients suivis pour tuberculosemulti résistante à Abidjan

[Epidemiological profile and audiometric results of patients monitored for multi resistanttuberculosis in Abidjan]

D Nasser, V Koffi-Aka, N Yavo-Dosso, NMA Mobio, A Yotio

Service ORL du CHU de Treichville

RESUMEIntroduction : Le suivi thérapeutique de latuberculose multi-résistante inclut un bilanaudiologique. Ce travail rend compte de cetteprise en charge dans un service ORLd’Abidjan.Objectifs :Décrire le profilépidémiologique des patients suivis pourtuberculose multi résistante et interpréter lesrésultats de leurs examens audiométriques.Patients et méthodes : Il s’agit d’une étuderétrospective, descriptive réalisée dans le serviced’ORL-CCF du CHU de Treichville. Elle couvrela période du 1er janvier 2006 au 31 décembre2016. Ont été inclus dans l’étude, tous les patientsayant réalisé une audiométrie tonale liminairedans le cadre d’un suivi de tuberculose multirésistante. Les caractéristiques socio-démographiques et les résultats audiométriquesselon la classification du Bureau Internationald’Audiophonolgie ont été étudiés. Résultats : Oncomptait 21 hommes et 6 femmes ; la sex-ratioétait de 3,5. Leur moyenne d’âge était de 37ansavec des extrêmes de 9 et 67 ans. L’audition étaitanormale dans 88% des cas dominée par lasurdité de perception (77,8%). La perte auditiveétait légère ou modérée chez 62,9% des patientset potentiellement grave dans 37,1% des cas. Lasurdité de perception était bilatérale dans 74,1%des cas.Conclusion : Conformément à lalittérature, la tuberculose multi résistante aconcerné les adultes de sexe masculin, à niveausocio-économique modéré. Ils souffraient enmajorité de surdité de perception bilatérale. Ledegré de gravité de la perte auditive montrel’intérêt d’établir un protocole de suivicompatible à nos réalités

Mots clés : Tuberculose multi résistante -Audiométrie - Surdité de perception.

SUMMARYIntroduction: Therapeutic monitoring ofmultidrug-resistant tuberculosis includes anaudiological assessment. This study reports onthis special assessment in an ENT service inAbidjan.Objectives: Describe theepidemiological profile of patients monitored formultiresistant tuberculosis and interpret theiraudiometric examination’s results. Patients andmethods: It was a retrospective, descriptive studycarried out in the ENT- Facial and MaxillarySurgery department Treichville’s UniversityHospital, covering the period from January 1,2006 to December 31, 2016. Were included in thestudy all patients who underwent preliminarytonal audiometry as part of multidrug-resistanttuberculosis (TB) follow-up. The socio-demographic characteristics and the audiometricresults according to the classification of theInternational Office of Audiophonology werestudied.Results: There were 21 men and 6women; the sex ratio was 3.5. The mean age was37 years with extremes of 9 and 67 years.Hearing was abnormal in 88.9%, cases dominatedby deafness of perception (77.8%). Hearing losswas mild or moderate in 62.9% of patients andpotentially severe in 37.1% of patients.Perceptual deafness was bilateral in 74.1% ofcases.Conclusion: According to the literature,multi-resistant tuberculosis (MDR-TB) has beenreported for male adults with moderate socio-economic levels. Most of them suffered fromdeafness of bilateral perception. The degree ofseverity of hearing impairment shows theimportance of establishing a protocol of follow-up compatible with our realities

Keywords: Multiresistant Tuberculosis -Audiometry - Perceptual Deafness

Auteur correspondant : Dorian Nasser, [email protected]

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21RevPneumol Trop 2017 ; 27 : 20-23

INTRODUCTIONLa tuberculose multi-résistante est la forme detuberculose due à des souches deMycobacteriumtuberculosis de résistanceconfirmée par des tests de sensibilité àl'isoniazide et à la rifampicine [1. Elle toucheenviron 480000 sujets dans le monde ; ceux-cirestent, cependant, peu correctement traités[1,2.La prévalence de la résistance auxantituberculeux en Côte d’Ivoire était estimée à2,5% en 2006 [3.Le traitement de la tuberculosemulti résistante varie selon les pays ; en Côted’Ivoire, il associe les antituberculeux depremière ligne àla streptomycine [4.L’ototoxicitéliée aux aminoglycosides rend nécessaire un suiviaudiométrique systématique, standardisé etrigoureux [5. Ce travail vise à étudier le profilépidémiologique de ces patients adressés dans leservice d’ORL du CHU de Treichville et àinterpréter les résultats de leurs examensaudiométriques.

METHODOLOGIEIl s’agit une étude descriptive et rétrospectiveréalisée dans l’unité des explorationsfonctionnelles auditives du service d’ORL duCHU de Treichville. Elle couvre la période du 1er

janvier 2006 au 31 décembre 2016. A partir duregistre des comptes rendus des explorationsfonctionnelles auditives, les dossiers des patientsadressés dans le cadre d’un suivi pour tuberculosemulti résistante (TB-MR) ont été colligés.L’audiométrie tonale liminaire a été le seulexamen réalisé à l’aide d’un audiomètre de typeDANAC 31 computerized 2 chaudiometer.L’audiométriste ainsi que le malade portaient uncache nez tout au long de leur présence dans lasalle d’examen. Aucun autre patient en dehors decette indication n’est admis la journée entière encas de réception pour exploration pourtuberculose multi résistante. En fin d’examen, lasalle restait ouverte en guise d’aération. Lesinformations d’ordre épidémiologiqueconcernaient l’âge, le sexe, la profession, lacommune de provenance du patient. Laqualification du prescripteur de l’examenaudiométrique a été également relevée. Lesrésultats audiométriques quant à eux, ont étéétudiés selon la classification du Bureauinternational d’Audio Phonologie (BIAP).

RESULTATSDurant la période d’étude, 5011 examens ont étépratiqués ; 27 (0,54%) concernaient un bilan desuivi de TB-MR. Il s’agissait de 21 hommes(77,8%) et 6 femmes (22,2%) soit une sex-ratiode 3,5. L’âge moyen était de 37 ans avec des

extrêmes de 9 et 67 ans (∑= 1,357) ; les tranchesd’âge sont précisées dans le tableau I.

Tableau I : Tranches d’âges des patients

Effectifs(n)

Pourcentage(%)

1-10 ans 1 3,7

11-20 ans 1 3,7

21-40 ans 18 66,6

41-60 ans 5 18,5

> 60 ans 2 7,4

Les élèves et étudiants représentaient 29,6% descas comme le montre la figure 1.

Figure 1 : Profession des patients

Douze patients (44,44%) provenaient de la zoned’Abidjan sud et 5 (18,51%) des autrescommunes ; dans 37,03% (n=10), la provenancen’était pas précisée. Les demandes d’explorationémanaient de médecins pneumologues dans 25cas (92,59%) et dans 2 cas (7,40%) d’infirmiersdiplômés d’état en pneumologie. Les résultatsaudiométriques étaient normaux dans 3 cas(11,1%) et pathologiques dans 24 cas (88,9%).Les résultats audiométriques normauxconcernaient 3 sujets de sexe masculin, âgés deplus de 16 ans. Quant aux les résultatspathologiques, ils concernaient 18 sujets de sexemasculin (66,7%) et 6 de sexe féminin (22,3%). Ils’agissait de 21 cas (77,8%) de surdité deperception et un cas respectif de surdité detransmission bilatérale, de surdité mixte et decophose. La surdité de perception était bilatéralechez 20 patients (74,1%) et unilatéralegauche chez un patient. Le degré de perte auditiveen fonction de la tranche d’âge est rapporté dansle tableau II.

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22RevPneumol Trop 2017 ; 27 : 20-23

Tableau II : Perte auditive selon la tranche d’âge

Enfants[0-15[

Adultes[16-60 [

> à 60ans

Perte légère 0 13 0

Perte modérée 1 3 0

Perte grave 1 4 2

DISCUSSION Caractéristiques épidémiologiquesLa population de notre étude est dominée par lesadultes jeunes de 37 ans de moyenne d’âge, enmajorité de sexe masculin ; elle correspond auprofil habituellement décrit dans la littérature[6-9].Il s’agit de patients les plus économiquementproductifs et rencontrés dans divers secteursd’activités. Les conditions socio professionnellesdéfavorables augmenteraient le risque de contageet la propagation de la tuberculose [6.Lesdifférents secteurs d’activités étaientsensiblement représentés dans des proportionssuperposables d’environ 25%. Le faible niveaud’instruction des personnes secteurs contribueraità la mauvaise observance du traitement quiimpose des directives bien précises[6].

Résultats des explorations auditivesL’audiogramme était normal dans 11% des cas. Ils’agit probablement de patients en début detraitement, étant donné que la perte auditivedébuterait cinq jours après le démarrage dutraitement par les aminoglycosides [10. Oncomprend alors que 88% des patients de notreétude aient une audition pathologique. Noschiffres sont par contre supérieurs à ceux de lalittérature qui rapportent destaux de perte auditivevariant entre 6 et 18% chez les patients traitéspour tuberculose multi résistante [11-13.Lemode de recrutement des patients explique enpartie ces différences. La surdité de perceptionbilatérale a été sans surprise le type prédominant ;cela est dû au fait que la toxicité cochléaireconduit à une surdité de perception profonde,irréversible et inappareillable [10. L’atteintevestibulaire quant à elle est réversible et secaractérise par des vertiges, une ataxie et unnystagmus [17.En l’absence d’informationantérieure, le lien de causalité entre le traitementantituberculeux et l’apparition des troublesauditifs est difficile à confirmer. Toutefois,lapossibilitéde toxicité auditive augmentant pourles durées de traitement supérieures à 5-7 jours,même chez le sujet sainpermettentd’incriminerletraitementantituberculeux [14, 15, 18]. Une audiométrie initialepré thérapeutique de référence devrait être

systématique pour faciliter l’évaluation desmodifications en cours de traitement[5.Lebilanaudiométrique detelspatientsàrisquedevrait être réalisé au moins 1 fois par mois[16,17. Idéalement, le dosage plasmatique bihebdomadaire de la concentration résiduelle desaminoglycosides (Cmin) devrait être réalisé 72haprès initiation du traitement. Une concentrationrésiduelle supérieure à 2,5 mg/l impliquerait uneréadaptation du traitement afin de réduire leretentissement sur l’audition soit par espacementdes prises soit par utilisation des nouvellesfamilles d’antituberculeux tels que lesfluoroquinolones, les oxazolidinones, lessulfamides, les bêta-lactamines, la clofazimine, ladiarylquinoline, la nitroimidazo-oxazine et lanitro-dihydroimidazooxazole [19, 20. Parailleurs, les résultats denotreétudemontrent queles explorations auditives réalisées chez cespatients ont été incomplètes ; ces insuffisancesrelèvent des limites du plateau technique et denos conditions d’exercice. L’audiométrietonaleliminaire ne saurait constituer le seulexamen d’exploration ; elle devrait êtrecomplétée par des tests plus objectifs etperformants. Dans les cas de surdité deperception, la précision de l’origine endo ouretrocochléaire de l’atteinte et la recherche de ladiscrimination sont nécessaires [21].Cesinformations auraient été obtenues par laréalisation complémentaire d’une audiométrievocale, d’une impédancemétrie ou des potentielsévoqués auditifs. Ces examens étant possiblesdans certaines structures privées à Abidjan, lesmalades pourraient y être secondairementorientés.

CONCLUSIONLe profil épidémiologique des patients de notreétude est identique à celui de la littérature,représenté par les adultes de sexe masculin, àniveau socio-économique modéré. L’étude desrésultats de l’audiométrie tonale liminaire amontré des cas de surdité potentiellement grave.Les résultats de cette étude indiquent l’intérêtd’établir un protocole de suivi compatible à nosréalités.

Remerciements à Madame SoumbaSamakéCisséresponsable de l’unité des explorations fonctionnellesauditives du CHU de Treichville et à Madame LeProfesseur Alimata Sandia Bakayoko du service dePPH du CHU de Treichville pour leur contribution.

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tuberculose multi résistante (tuberculose-MR)et comment la combattre? © 2017

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23RevPneumol Trop 2017 ; 27 : 20-23

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24RevPneumol Trop 2017 ; 27 : 24-28

L’échec au traitement antituberculeux de catégorie 1 : un facteur prédictif de tuberculosemultirésistante

[Failure in TB treatment category 1: a predictive factor for multidrug-resistanttuberculosis]

Anon J.C, Koné Z, Djè-Bi H, Yéo L, Toh-Bi Y, Achi H.V, N’DhatzSanogo M.

Service de pneumologie – CHU Bouaké – Côte d’Ivoire

RESUMEIntroduction : Pour comprendre les taux élevésdes échecs au traitement antituberculeux, il nousait paru nécessaire d’analyser les caractéristiquesépidémiologiques, cliniques et bactériologiquesdes échecs au traitement antituberculeuxstandard.Méthodologie : Il s’agissait d’une étudeprospective et descriptive menée au centreantituberculeux de Bouaké, avec la collaborationde l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire (IPCI). Ellea colligé 31 malades tuberculeux en situationd’échec au traitement antituberculeux standard(2RHZE/4RH), sur une période de 12 mois, allantde janvier à décembre 2013.Résultats : Cette étude a concerné 20 hommes(64,5%) et 11 femmes (35,5%), ayant un âgemoyen estimé à 35 ± 10 ans. Ces maladesvivaient dans des conditions socio-économiquesdéfavorables (80,6%) et étaient co-infectés par leVIH dans 16,1% des cas. Un quart des maladesavait une mauvaise observance au traitementantituberculeux de catégorie 1. L’analysebactériologique des expectorations a permisd’isoler Mycobacteriumtuberculosis chez tous lesmalades. Deux tiers des souches isolées ont étéconfirmées multi-résistantes.Conclusion : L’échec du traitementantituberculeux de catégorie 1 est lié aux écartsthérapeutiques, au sein d’une populationdéfavorisée. Cette situation constitue un facteurmajeur d’évolution vers la tuberculose multi-résistante.

Mots clés : tuberculose - échec thérapeutique -tuberculose multirésistante

SUMMARYIntroduction: To understand the high rates of TBtreatment failures, it appeared necessary toanalyze epidemiological, clinical andbacteriological characteristics of failures in thestandard anti-tuberculous treatment.Methods: This was a prospective and descriptivestudy conducted at the Bouaké anti-tuberculosiscenter, in collaboration with the Pasteur Instituteof Côte d'Ivoire (IPCI). It collected 31tuberculosis patients who failed in standard anti-tuberculosis treatment (2RHZE / 4RH) over a 12-month period from January to December 2013.Results: This study involved 20 men (64.5%) and11 women (35.5%), with an estimated mean ageof 35 ± 10 years. These patients lived inunfavorable socio-economic conditions (80.6%)and were co-infected with HIV in 16.1% of cases.A quarter of the patients had poor adherence toTB treatment. Bacteriological analysis of thesputum resulted in the isolation ofMycobacterium tuberculosis in all patients. Two-thirds of the isolated strains were confirmed to bemulti-resistant.Conclusion: The failure of anti-tuberculoustreatment in category 1 is related to therapeuticgaps within a disadvantaged population. Thissituation is a major factor of evolution to multi-resistant tuberculosis.

Keywords: tuberculosis - therapeutic failure -pharmaco-resistance

Auteur correspondant : Jean-Claude Anon, [email protected]

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25RevPneumol Trop 2017 ; 27 : 24-28

INTRODUCTIONL’échec au traitement antituberculeux se définitpar des frottis de crachats positifs après 5 mois ouplus de traitement [1]. Il résulte, généralement,d’un usage inapproprié des médicamentsantituberculeux. Ce qui constitue un risque pourla santé publique par le développement de latuberculose pharmaco-résistante [2]. Selon lerapport 2010 de l’OMS, la prévalence mondialede l’échec du traitement antituberculeuxreprésentait 2% pour les nouveaux cas detuberculose pulmonaire à microscopie positive(TPM+) et atteignait 4% pour les cas retraités[3].En 2011, la Côte d’Ivoire a notifié 2%d’échec parmi les nouveaux cas, contre 9% chezles cas de retraitement [4 ; 5]. Ces taux restentrelativement plus élevés pour la région sanitairede Bouaké. En 2012, le centre antituberculeux deBouaké a estimé la proportion des échecs autraitement antituberculeux à 3% chez lesnouveaux cas et à 12% chez les anciens cas [6].C’est ce constat alarmant, adoubé par l’absencede données locales sur la résistance auxantituberculeux, qui a motivé la présente étude,dont l’objectif est de décrire les caractéristiquesépidémiologiques, cliniques et bactériologiquesdes échecs du traitement antituberculeux standardau centre antituberculeux de Bouaké.

METHODOLOGIEType et cadre d’étudeNous avons mené une étude prospective etdescriptive au centre antituberculeux de Bouaké.Le centre antituberculeux (CAT) de Bouaké estun service de référence secondaire, chargé de lalutte antituberculeuse dans la région sanitaire deGbêkê-Hambol, au centre-nord de la Côted’Ivoire. Sa principale mission consistait àdépister et à traiter les malades tuberculeux dedeux régions sanitaires (le Gbêkê et le Hambol).Le CAT de Bouaké est doté d’un laboratoireéquipé pour le dépistage microscopique de latuberculose. Ce laboratoire régional est supervisépar un laboratoire central de référence nationale.Il s’agit de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire(IPCI), sise à Abidjan au Sud de la Côte d’Ivoire.Dans la présente étude, la collaboration de l’IPCIa permis l’identification des mycobactéries d’unepart et la réalisation des tests de pharmaco-sensibilité d’autre part.

Population et période d’étudeLa population cible était l’ensemble des maladestuberculeux en situation d’échec au traitementantituberculeux standard (2RHZE/4RH), dépistésau centre antituberculeux de Bouaké, sansdistinction de sexe, de race ni de religion. Ainsi,tous les malades consentants et âgés de 15 ans aumoins ont été retenus pour l’étude. Par contre,nous avons rejeté les dossiers inexploitables, necontenant aucun résultat bactériologique. Ce quinous a permis de colliger 31 malades sur unepériode de 12 mois, allant de janvier à décembre2013.

Recueil et analyse des donnéesLes données ont été recueillies à partir d’unefiche d’enquête anonyme et informatisable. Nousavons consulté le registre de déclaration de latuberculose et les dossiers médicaux des malades.Tous les malades tuberculeux en situationd’échec au traitement de catégorie 1 dépistés auCAT de Bouaké ont été convoqués dans le but deprélever des crachats pour la culture et lemycobiogramme. Les crachats recueillis sontconservés au congélateur à -4°C, pendant quatresemaines au maximum et sans interruption de lachaine de froid. Ces crachats sont, ensuite,transportés à l’IPCI dans une glacièreréfrigérante. La culture et les tests de pharmaco-sensibilité y sont réalisés par les techniquesclassiques. Enfin, les résultats de la culture et destests de pharmaco-sensibilité nous sontcommuniqués dans un délai moyen de sixsemaines.Un traitement informatique des donnéesrecueillies a été réalisé à partir des logicielssuivants : Epi-info pour les analyses statistiques,Excel pour les graphiques et Word pour lestraitements de textes.

RESULTATSCaractéristiques sociodémographiques de lapopulationLe tableau I résume les caractéristiquessociodémographiques de la population étudiée.Sur un effectif de 31 patients, nous avonsdénombré 20 hommes (64,5%) et 11 femmes(35,5%). La majorité des patients ont entre 25 et44 ans (64,5%), avec un âge moyen estimé à 35 ±10 ans. Ces patients ont un niveau d’instructioninférieur ou égal au primaire dans 77,4% des cas.Ils résident en zone urbaine (83,9%) et exercentau mieux le métier d’artisan informel (80,6%).

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26RevPneumol Trop 2017 ; 27 : 24-28

Tableau I : caractéristiquessociodémographiques des maladestuberculeux en échec thérapeutique

Effectif Pourcentage

Sexe N = 31Féminin 11 35,5%Masculin 20 64,5%Tranches d’âge N = 3115-24 ans 6 19,4%25-34 ans 8 25,8%35-44 ans 12 38,7%45-54 ans 4 12,9%55 ans et plus 1 3,2%Niveaud’instruction N = 31

Illettré 12 38,7%Primaire 12 38,7%Secondaire 6 19,4%Supérieur 1 3,2%

Zone de résidence N = 31Urbaine 26 83,9%Rurale 5 16,1%Classesocioprofessionnelle

N = 31

Artisan 12 38,7%Sans emploi 8 25,8%Femme au foyer 5 16,1%Salarie 4 12,9%Elève et étudiant 2 6,5%

Facteurs cliniques associés à l’échec autraitement antituberculeuxLes facteurs cliniques de l’échec au traitementantituberculeux sont illustrés par la figure 1.Nous notons la malnutrition (77,4%), le recoursaux thérapeutiques traditionnelles (25,8%), lesécarts thérapeutiques (22,6%), l’infection par leVIH (16,1%) et le séjour dans des camps deretraite spirituelle (9,7%).

Aspects bactériologiques de l’échec autraitement antituberculeuxSelon le tableau II, l’analyse des suivisbactériologiques révèle que 18 patients (58,1%)avaient encore une bacilloscopie positive à la finde la phase intensive du traitementantituberculeux. Les échecs au traitementantituberculeux de catégorie I ont été dépistés au5e mois (83,9%) et au 6e mois (16,1%). Plusieursprocédés bactériologiques ont été utilisés pourl’identification des germes. Ce sont la culture surmilieu de Löwenstein Jensen, la réaction depolymérisation en chaîne et le Xpert-TB.L’identification des germes a été contributivedans 87,1% des cas. Nous avons noté 3 cas deculture négative et 1 cas de culture contaminée.Les germes isolés appartenaient tous à l’espèceM. tuberculosis. Les tests de pharmaco-sensibilitéavaient confirmé certaines souches multi-résistantes (63,0%). Seulement, un quart desbacilles tuberculeux isolés était sensible auxantituberculeux de première ligne.

Tableau II : aspects bactériologiques del’échec au traitement antituberculeux

DISCUSSIONLa tuberculose en situation d’échecthérapeutique, admet une prédominancemasculine et touchent les tranches d’âge de 25 à44 ans [7 - 9]. Ces adultes jeunes, de sexemasculin, sont les plus économiquementproductifs. Ils résident préférentiellement en zoneurbaine (84%) et travaillent dans différents

Effectif Pourcentage

Frottis des crachatsau cours du régime 1

N = 31

Positif à M0 31 100%Positif à M2 18 58,1%Positif à M5 26 83,9%Positif à M6 5 16,1%

Identification desgermes

N = 31

Contributive 27 87,1%Non contributive 4 12,9%

Germe isolé N = 27

M. tuberculosis 27 100%Test de pharmaco-sensibilité N = 27

Souche multi-résistante (MDR)

17 63,0%

Souche résistante à larifampicine (RR)

3 11,1%

Souche pharmaco-sensible

7 25,9%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Malnutrition

Thérapeutique…

Inobservance…

Infection VIH

Retraite spirituelle

Figure 1 : Facteurs cliniques associés àl'échec du traitement antituberculeux

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secteurs d’activités [9 ; 10]. Ce sont pour laplupart de petits artisans du secteur informel(38,7%) qui vivent dans des conditions socio-professionnelles précaires, pouvant favoriser ladissémination de la maladie tuberculeuse etl’inobservance du traitement antituberculeux. Lerisque est, particulièrement, plus inquiétant dansles milieux où le niveau d’instruction est très bas.L’analphabétisme constitue, ainsi, un obstaclelinguistique majeur à la communication pour unchangement de comportement. Quoique la languefrançaise soit officiellement reconnue comme unelangue nationale en Côte d’Ivoire, près du tiers(29%) des malades, encore analphabète, éprouvede véritables difficultés pour assimiler lesmessages de l’éducation sanitaire délivré enfrançais. Le recours aux agents communautaires,bien formés, imprégnés des réalités socio-culturelles de la population et disposant demoyens adéquats, serait un atout précieux pourredynamiser et améliorer la qualité de l’éducationsanitaire, en vue d’une prise en charge efficientede la tuberculose.Au plan clinique, la dégradationde l’état nutritionnel des patients représente leprincipal facteur associé à l’échec thérapeutique.Directement liée à l’anorexie chronique de lamaladie tuberculeuse, cette malnutrition (77,4%)peut également s’expliquer par les insuffisancesalimentaires d’une population défavorisée ou parles troubles de l’absorption alimentaire en rapportavec les effets indésirables digestifs desmédicaments antituberculeux [11- 18]. Ainsi, lestroubles nutritionnels, le recours auxthérapeutiques traditionnelles (25,8%) et le séjourdans des camps de retraites spirituelles (9,7%)peuvent occasionner des irrégularitésthérapeutiques, pouvant aller jusqu’à l’abandondu traitement antituberculeux [13 ; 14].L’inobservance thérapeutique fera, à son tour, lelit de la tuberculose pharmaco-résistante, enpassant par des échecs répétés du traitementantituberculeux [19 ; 20]. Quant à l’infectionVIH, sa prévalence chez les malades tuberculeuxen situation d’échec thérapeutique est de 16,1%.Ce taux est nettement inférieur au 26-40%rapporté et retrouvé dans toutes les formes detuberculose. L’infection VIH semble donc n’avoiraucun impact délétère sur l’évolution de latuberculose en situation d’échec thérapeutique[21]. Toutefois, la cumulation des effetsindésirables de la bithérapie (antituberculeuse etantirétrovirale) serait un facteur de mauvaiseobservance thérapeutique [16 ; 18].En ce quiconcerne les données bactériologiques, l’échec autraitement antituberculeux de catégorie 1 estsuspecté par la positivité des frottis au 2e mois(58,1%) et confirmé au 5e mois (83,9%). Il

constitue une indication pour la prescription de laculture et du mycobiogramme. L’identification dugerme a été contributive dans 87,1% des cas. Lesgermes isolés étaient essentiellementMycobacteriumtuberculosis. Ce qui confirme laprépondérance et l’ubiquité de cette espèce,considérée comme le principal agent pathogènede la tuberculose humaine. Par ailleurs, nossouches ont été testées multi-résistantes dans 63%des cas. Cela corrobore l’assertion selon laquellel’échec au traitement antituberculeux constitue unfacteur prédictif avéré de développement de latuberculose pharmaco-résistante [10 ; 20]. Dèslors, la problématique du retraitementantituberculeux (2RHZES/1RHZE/5RHE), suite àun échec du régime antituberculeux standard,requière une analyse minutieuse [22].

CONCLUSIONL’échec du traitement antituberculeux decatégorie 1 est généralement lié aux écartsthérapeutiques, au sein d’une populationdéfavorisée. Il constitue un facteur majeurd’évolution vers la tuberculose multi-résistante.Des mesures idoines doivent donc être prises àtous les niveaux de la lutte antituberculeuse pouréviter l’échec du traitement antituberculeux et lafabrication humaine de la tuberculose multi-résistante.

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Facteurs inhérents à l'observance du traitement antituberculeux au centre Antituberculeux de Brazzaville

[Factors inherent in adherence to antituberculosis treatment in the Brazzaville Antituberculosis Center]

F. H. OKEMBA-OKOMBI 1,2,3, B.R. OSSIBI-IBARA2,4, M. ILLOYE-AYET5, R G BOPAKA1, E.L.P BEMBA1,2, K.B.OSSALE-ABACKA1, K.S ADJOH6

1- Service de pneumologie CHU de Brazzaville2- Faculté des sciences de la santé. Département de medecine.Université Marien NGOUABI3- Programme National de lutte contre la Tuberculose. Congo4- Service des maladies infectieuses CHU de Brazzaville. Congo5- Centre Antituberculeux de Brazzaville. Congo6- Service de Pneumo-phtisiologie. CHU Sylvanus OLYMPIO

RESUMEINTRODUCTION :La tuberculose demeure un problèmemajeur de santé publique avec une incidence élevée en Afriquesubsaharienne (300p 100000 habitants).Au Congo, malgrél’existence d’un traitement efficace, gratuit et de courte durée,son incidence et sa prévalence reste néanmoins élevées(382p100000 habitants et 462p100000habitants) [1].L’efficacitédu traitement antituberculeux dans nos pays à faible revenu estinfluencée par un certain nombre de facteurs qui compromettentun bon taux de succès thérapeutique.OBJECTIF : Décrire lesfacteurs inhérents à l’observance du traitement antituberculeuxau Centre Antituberculeux de Brazzaville. METHODE : Il s’estagi d’une étude descriptive, transversale et analytique des casnotifiés au 4e trimestre de l’année 2013 concernant tous les castuberculeux nouveaux cas quelque soit la forme, d’âge supérieurà 15 ans, mis sous traitement courant la période de l’étude.Lesdonnées ont été recueillies à l’aide d’une fiche d’enquête préétablie et analysées à l’aide du logiciel EPI info 3.5.1 etrecherchés par analyse bi variée et en régression logistique. Lavaleur de P<0,05 est considérée commesignificative.RESULTATS : Sur 225 patients enregistréspendant la période d’étude,127 ont été éligibles.L’âge moyen despatients était de 38 ans avec des extrêmes allant de 16 ans à 78ans.Les hommes constituaient 60,63% (77) contre 39,37%(50)pour les femmes.Les mariés représentaient 56 cas,86 cas de notreéchantillon avaient un niveau d’étude secondaire, la bonneperception de la tuberculose a été retrouvée chez 98 cas quiavaient un niveau économique bas. La bonne relation entre lesoigné et le soignant était bonne 89cas, 40 patients déclaraientêtre assez éloigné du centre antituberculeux par rapport à leurlieu d’habitation, contre 87 des cas qui avaient une bonneaccessibilité géographique. Quatre-vingt (85) patients déclaraientavoir un nombre élevé de comprimés à avaler chaque matin, 105cas déclaraient avoir pris régulièrement les antituberculeux, et 50cas n’avaient pas respecté les rendez-vous pour les contrôle del’examen direct à la recherche des bacilles acido- alcoolrésistants.L’observance du traitement était notée chez 100patients soit 78,7%.Elle n’était pas influencé par l’âge, le sexe,et la situation matrimoniale (P>0,05), mais est statistiquementinfluencée par le niveau d’instruction, la profession pourvoyeusede revenue, la perception de la maladie, le nombre de compriméà avaler, la stigmatisation, la relation entre le soignant et lesoigné et l’accessibilité géographique du patient par rapport aucentre antituberculeux.CONCLUSION : le bas niveaud’instruction, la profession sans revenu, la mauvaise perceptionde la tuberculose, le nombre excessif de comprimé à avaler, lastigmatisation, la mauvaise relation entre le soignant et le soignéet l’accessibilité géographique constituent des facteurs inhérentsà une bonne observance thérapeutique chez les patientstuberculeux suivis au centre antituberculeux de Brazzaville.

Mots Clés : Facteurs, Observance, Traitement Antituberculeux,centre antituberculeux, Brazzaville

SUMMARYINTRODUCTION: Tuberculosis remains a major publichealth problem with a high incidence in sub-Saharan Africa(300p 100 000 inhabitants). In Congo, despite the existence ofan effective, free and short-term treatment, its incidence andprevalence remain (382p100000 inhabitants and462p100000habitants). [1] The effectiveness of TB treatmentin our low-income countries is influenced by a number offactors that compromise a successful therapeutic successrate.OBJECTIVE: To describe the factors inherent inadherence to TB treatment at the Brazzaville AntituberculosisCenter. METHOD: This was a descriptive, cross-sectionaland analytical study of the cases notified in the 4th quarter of2013 concerning all tuberculosis cases new cases regardlessof the form, of age over 15 years, put under treatment Currentperiod of the study.The data were collected using a pre-established survey form and analyzed using EPI info 3.5.1software and searched by bi-varied analysis and logisticregression. The value of P <0.05 is consideredsignificant.RESULTS: Of 225 patients enrolled during thestudy period, 127 were eligible.The average age of patientswas 38 years with extremes ranging from 16 years to 78years.Males accounted for 60.63% (77) compared with39.37% (50) for women.The bride and groom accounted for56 cases, 86 of our sample had secondary education, and thegood perception of tuberculosis was found in 98 cases withlow economic status. The good relationship between thecaregiver and the caregiver was good, with 40 patientsreporting that they were quite far from the tuberculosis centercompared to their place of residence, compared to 87 caseswith good geographical accessibility. Eighty-eight (85)patients reported high swallowing tablets each morning, 105reported regular anti-tuberculosis drugs, and 50 had not metthe appointments for direct review Resistant acid-alcoholbacilli.Treatment adherence was observed in 100 patients, ie78.7%. She was not influenced by age, sex, and marital status(P> 0.05), but was statistically influenced by level dPerception of disease, number of tablets to be swallowed,stigma, the relationship between the caregiver and thecaregiver, and the geographic accessibility of the patient tothe tuberculosis center.CONCLUSION: Low educationalattainment, low income, poor perception of tuberculosis,excessive swallowing, stigma, poor relationship betweencaregiver and caregiver, and geographic accessibility areinherent factors to a good therapeutic compliance intuberculosis patients followed in the Brazzavilleantituberculosis center.

Key Words: Factors, Observance, AntituberculousTreatment, Tuberculosis Center, Brazzaville

Auteur du correspondant : Franck Okemba, [email protected]

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INTRODUCTIONLa tuberculose demeure un problème majeur desanté publique avec une incidence élevée enAfrique subsaharienne (300p 100000 habitants).Au Congo, malgré l’existence d’un traitementefficace, gratuit et de courte durée, son incidenceet sa prévalence reste néanmoins élevées(382p100000 habitants et 462p100000habitants)[1].L’efficacité du traitement antituberculeuxdans nos pays à faible revenu est influencée parun certain nombre de facteurs qui compromettentun bon taux de succèsthérapeutique.L’observance du traitementantituberculeux est un élément majeur ducontrôle efficace de la maladie.les déterminantsliés à l’observance thérapeutiques peuvent êtreliés au traitement prescrit, à l’organisation dusystème de soins, la qualité, de la relationsoignant-soigné et la distance du centre de suivipar rapport au lieu d’habitation du patient [2].En2015, pour une file active de 10194 patients, letaux de succès thérapeutique était de 70,2%, leséchecs, les perdus de vue et les décèsreprésentaient respectivement 0,9%,14% et 1,4%[3].Une analyse doit être faite afin d’identifier lesfacteurs qui ont concouru à impacter sur cesindicateurs pour que le Programme national delutte contre la tuberculose puisse définir lesbonnes mesures d’une observance thérapeutique,avec les facteurs qui lui sont associés et que lecentre antituberculeux de Brazzaville, l’un desgrands maillons de la lutte antituberculeuse auCongo puisse améliorer la qualité de prise encharge des patients tuberculeux.C’est ainsi que laprésente étude vise à identifier, apprécier etanalyser les facteurs inhérents à l’observance dutraitement antituberculeux au CAT deBrazzaville.

CADRE ET METHODEL’étude s’est déroulée au Centre Antituberculeuxde Brazzaville qui est l’un des plus grand centrede dépistage et de traitement des patientstuberculeux au Congo. Il s’est agi d’une étudedescriptive, transversale et analytique des casnotifiés au 4e trimestre de l’année 2013. Lescritères de sélection étaient les suivants : êtretuberculeux quel que soit la forme, être âgé deplus de 15 ans, mis sous traitement courant lapériode de l’étude. Le questionnaire a été adresséà tous les nouveaux cas inscrits pendant lapériode de l’étude.Le patient a été observantlorsque celui-ci a été mis sous traitement pendantla période de l’étude, se présentant régulièrementau CAT, consommant régulièrement lescomprimés antituberculeux tels que prescrit parles prestataires de soins, et ayant eu un

comportement thérapeutique propice à saguérison. Ces facteurs ont été analysés par unlogiciel EPI info 3.5.1 et recherchés par analysebi variée et en régression logistique. La valeur deP<0,05 est considérée comme significative.

RESULTATSCaractéristiques de la population de l’étudeSur 225 patients enregistrés pendant la périoded’étude,127 ont été éligibles.L’âge moyen despatients était de 38 ans avec des extrêmes allantde 16 ans à 78 ans.Les hommes constituaient60,63% (77) contre 39,37%(50) pour lesfemmes.Les mariés représentaient 56 cas ,86 casde notre échantillon avaient un niveau d’étudesecondaire, la bonne perception de latuberculose a été retrouvée chez 98 cas quiavaient un niveau économique bas.110 patientsont déclaré avoir eu un bon soutien de la part deleur parent. Ce soutien était d’ordre financier(67%) et le soutien psychologique (23%). 45patients déclaraient être stigmatisé dans leurentourage immédiat. (Tableau 1).

Tableau 1 : Répartition des cas selon lescaractéristiques socio démographiques,économiques et culturelles

Variables N(effectif)=127

Pourcentage(%)

Age (an)16-60 ans 95 74,80>60 ans 32 25,20SexeMasculin 77 66,63Féminin 50 39,37Situation matrimonialeMarié(e) 56 44,10Célibataire 32 25,20Divorcé(e) 29 22,83Veuf (Ve) 10 07,87Niveau d’instructionPrimaire 31 24,41Secondaire 86 67,72supérieur 08 06,30Non scolarisé 02 01,57ProfessionFonctionnaire 09 07,10Elève 26 20,47Etudiant 38 29,92Vendeur (se) 15 11, 81Ménagère 10 07,87Autres 29 22,83Perception de la tuberculoseBonne 98 77,17mauvaise 29 22,83

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Facteurs liés à l’observance, au système desanté et au traitementLa bonne relation entre le soigné et le soignantétait bonne 89cas, 40 patients déclaraient êtreassez éloigné du CAT par rapport à leur lieud’habitation, contre 87 des cas qui avaient unebonne accessibilité géographique. Quatre-vingt(85) patients déclaraient avoir un nombre élevé de

comprimés à avaler chaque matin, 105 casdéclaraient avoir pris régulièrement lesantituberculeux, et 50 cas n’avaient pas respectéles rendez-vous pour les contrôle de l’examendirect à la recherche des bacilles acido-alcoolrésistants.L’observance du traitement était notéechez 100 patients soit 78,7% de l’effectif total.

Analyse des facteurs lies a l’observance du traitement

Tableau 2 : Facteurs liés à l’observance et OR

VariablesN=127

Observance OR IC à 95% P

Age (années) 15-60>60

7255

1,281

0,38-3,68 0,55

Sexe MasculinFéminin

6562

0,951

0,29-1,28 0,19

Situation matrimonialex Marié(e)Non marié

5671

1,611

0,75-3,47 0,18

Niveau d’instructionx ScolariséNon scolarisé

12502

3,951

1,03-15,16

0

Professionx Avec revenuSans revenu

9136

3,621

1,45-8,81 0

Perception de la tuberculose Bonnemauvaise

9829

7,81

3,27-18,72

0

Nombre de comprimé àavaler

ExcessifRaisonnable

8542

2,471

1,15-4,03 0

Stigmatisation Non Stigmatiséstigmatisé

8245

3,621

1,45-8,81 0

Relation soignant-soigné BonneMauvaise

8938

5,041

2,13-12,04

0

Lieu d’habitation parrapport au CAT(Accessibilité géographique)

FacileDifficile

8740

7,81

3,27-18,72

0

X=Variable condensée en deux entités.

L’observance du traitement antituberculeux n’estpas influencé par l’âge, le sexe, et la situationmatrimoniale (P>0,05), mais est statistiquementinfluencée par le niveau d’instruction, laprofession pourvoyeuse de revenue, la perceptionde la maladie, le nombre de comprimé à avaler, lastigmatisation, la relation entre le soignant et lesoigné et l’accessibilité géographique du patientpar rapport au CAT.

DISCUSSIONLimite de l’étudeLa qualité de la prise en charge faite au CAT deBrazzaville, ne reflète pas forcement l’image dela qualité de la prise en charge qui est faite dansd’autres centres de prise en charge des patients

tuberculeux à Brazzaville.Le taux de participationà l’étude (56 ,44%) bien que acceptable ne reflètepas dans l’ensemble le niveau d’observancethérapeutique et des facteurs inhérents y relatifsdans ce centre.Mais le fait que ce centre dépisteplus du tiers des patients tuberculeux renseignéspar le programme national de lutte contre latuberculose du pays, on peut considéreracceptable ces résultats.

Caractéristiques de la population de l’étudeL’âge moyen de nos patients était de 38 ans avecdes extrêmes allant de 16 ans à 78 ans.Leshommes constituaient 60,63% (77) contre39,37%(50) pour les femmes. Ce qui reflète bienles données du PNLT car la tuberculose sévit pluschez les patients jeunes actifs dont l’âge estcompris entre 24-54 ans avec un pic chez les 24-

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34 ans en faveur des hommes [2].Les mariésreprésentaient 56 cas.Quatre-vingt-six (67,72%)cas de notre échantillon avaient un niveau d’étudesecondaire et la bonne perception de latuberculose a été retrouvée chez 98 (77,17%) casqui avaient un niveau économique bas.Ainsi,l’âge, le sexe et la situation matrimonialen’influençaient pas l’observance du traitement.Nos résultats sont similaires à ceux de Magalie etAll au CANADA [4].

Facteurs inhérents au patientLa proportion d’observance au traitementantituberculeux au CAT de Brazzaville était de78,7%, taux proche de celui d’AGUEH et All àCOME au BENIN : 70,9% [5], mais supérieur àceux de LIAM et All en MALAISI : 67,8% [6] etBAM et All au NEPAL : 61% [7]. Ces variationss’expliquent par rapport à la méthodologie de cesdifférentes études, la nôtre a été descriptive ettransversale alors que celle de AGUEH et LIAMrétrospectives expliquant quelques biais desélection.Il sied également de noter qu’au CATde Brazzaville le DOTS n’est pas appliqué tel quedéfini où tous les jours, le patient tuberculeux seprésente au centre de prise en charge et prenantson médicament sous la supervision de l’agent desanté ou le relais communautaire.

Facteurs associés à l’observance du traitementantituberculeuxDans notre étude 110 des patients (86,61%)déclaraient avoir un soutien d’ordre financier etpsychologique de la part de leur famille.Cela a été noté également par OUENDO et All[8] dans une étude sur les tuberculeux au BENINcomme quoi le soutien familial constituait un desdéterminants de l’observance au traitementantituberculeux. Ainsi, dans notre étude, le bonniveau d’instruction, la profession pourvoyeusede revenu, la bonne perception de la tuberculoseet la stigmatisation influençaientconsidérablement l’observance du traitementantituberculeux (p=0000). Ce constat a été faitpar OUENDO en 2003, en notant que l’une desraisons d’abandon du traitement auprès despatients perdu de vue était la marginalisation despatients par leurs proches [8]. C’est pourquoi,avoir un proche comme ressource constitue undéterminant qui puisse stimuler au mieuxfavoriser l’adhésion au traitement donc del’observance ; Ce qui sous-entend quel’information sur la maladie doit être relayéedavantage auprès des proches du patient.Lastigmatisation a été donc associée de manièresignificative à l’observance. Nos patientsstigmatisés avaient plus de 3 fois le risque de nepas bien observer le traitement.Cette constatation

a été faite également par COMOLET et All [9]qui révélaient que la honte vis-à-vis des prochessuscitée par la tuberculose amenait les patients àinterrompe leur traitement pour ne pas êtrestigmatisé.

Facteurs associés au traitementLe nombre excessif de comprimé à avalerinfluençait significativement l’observance dutraitement antituberculeux (p=0,000).Notrerésultat est contraire à ceux de KEKE et All [10]qui ne trouvaient pas d’association significativeentre l’opinion sur les médicaments etl’évolution favorable du traitementantituberculeux. Cet état de fait était lié à lapetite taille de l’échantillon.Facteurs liés au système de santeDans notre étude, la qualité de la relation entre lesoignant et le soigné était bonne dans 89 cas soit70,1% des cas et influençait significativementl’observance au traitement antituberculeux.Lebon accueil, l’écoute ont servi à créer un bonclimat d’entente entre le soignant et le soigné.COMOLET et All [9] ont montré que les facteursle plus souvent liés à l’abandon du traitementantituberculeux étaient surtout des facteursrendant compte de la qualité de communicationentre les patients et les soignants. Ce qui sous-entend qu’il faut prôner l’écoute et le dialogueentre le patient et le prestataire de soins afin deprésager d’une bonne observancethérapeutique.Aussi, l’accessibilité géographiqueinfluençait significativement l’observance dutraitement antituberculeux.Quatre-vingt-sept denos patients soit 68,50 % de notre effectifsavaient une bonne accessibilité géographique,leur habitat était proche du CAT.Ainsi, laproportion de nos patients observant avaient unebonne accessibilité géographique et cetteassociation était fortement significative(P=0,000).Au BURKINA FASO, SANOU et All[11] avaient montré le lien entre la distancegéographique que le patient devrait parcourirentre son domicile et le centre de santéconsécutif à une meilleure observancethérapeutique surtout dans les zones rurales.C’estpourquoi, il parait opportun partant de ce constatque le CAT de Brazzaville soit désengorgé depatients de telle sorte que les patients éloignés duCAT soit pris en charge dans les centres dedépistage et de traitement des patientstuberculeux les plus proches de leur lieud’habitation.

CONCLUSIONEn définitif, il apparait que l’observance dutraitement antituberculeux au Centre

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33RevPneumol Trop 2017 ; 27 : 29-33

Antituberculeux de Brazzaville est acceptable àhauteur de 70,1%.le bas niveau d’instruction, laprofession sans revenu, la mauvaise perception dela tuberculose, le nombre excessif de comprimé àavaler, la stigmatisation, la mauvaise relationentre le soignant et le soigné et l’accessibilitégéographique constituent des facteurs inhérents àune bonne observance thérapeutique chez lespatients tuberculeux suivis au CAT deBrazzaville. L’appui des relais communautairedans la sensibilisation des patients sur la maladiedevient une impérative de même ladécentralisation de la prise en charge des patientstuberculeux dans les centres de dépistage et detraitement périphériques.Le renforcement descapacités en matière de prise en charge despatients tuberculeux auprès des prestatairesimpliqués dans la lutte antituberculeuse enparticulier au CAT de Brazzaville et en généraldans tous les 42 centres de dépistage et detraitement du pays constitue un maillon fort pourle programme national de lutte contre latuberculose du pays d’obtenir une meilleureproportion d’observance thérapeutique impactantsur la réduction du taux de perdu de vue et d’unmeilleur succès thérapeutique.

Absence de conflits d’intérêtREFERENCES1-Rapport mondial sur la tuberculose 2015.profildu Congo2-EDGINTON M, SEKATANE C, GOLDSTEINC. Les croyances des patients influences t-ellesla lutte antituberculeuse ? Une étude dans undistrict rural d’Afrique du sud. Int J Tuberc LungDis 2002 ; 6(12) :1075-10853-Rapport technique du Programme National delutte contre la Tuberculose -Congo .20154- MAGALIE C, PAUL B, SLOBODAN D,KATE C. Facteurs associés à la non observance

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Exanthème maculo-papuleux (EMP) secondaire à la prise des antituberculeux

[Maculopapular Exanthema (MPE) secondary to taking anti-TB drugs]

K Ouattara1, D Soumaré1, T Kanouté1, Y Kamian,DKoné, O Yossi, AP Dakouo, S Bamba, FB Sanogo, LCoulibaly , A Dicko2 , S Berthé2, A Fofana3 ; O Faye2,Y Toloba1, S Diallo1.

1- Service de pneumophtisiologie, CHU de Point-G, Bamako-Mali2- Service de dermatologie, CNAM, Bamako-Mali3- Service ORL, CHR de Ségou, Mali

RESUMELes réactions cutanées d’hypersensibilitémédicamenteuses au antituberculeux sontfréquentes, parfois grave conduisant àl’interruption ou au changement thérapeutique.L’exanthème maculo-papuleux (EMP) est unetoxidermie simple, érythémateuse pouvant avoirun mécanisme immuno-allergique ou non. Nousrapportons un cas d’EMP lié aux antituberculeux.Observation : Patient de 58 ans tabagique à120PA, aux antécédents de tuberculosepulmonaire. Il consulte pour éruption maculopapuleuse du visage, du tronc et des cuisses sansatteinte des muqueuses ou systémiques, survenantau 2e mois du traitement à base de Rifampicine,Isoniazide, Ethambutol, Pyrazinamide etStreptomycine pour rechute de tuberculosepulmonaire commune.Le diagnostic est porté surl’aspect de lésions, leur chronologie d’apparition,leur disparition à l’arrêt du traitement ainsi queleur réapparition au test de provocation oral(TPO) surtout à l’Ethambutol et au Pyrazinamide.Conclusion : La survenue d’un EMP au coursd’un traitement anti tuberculeux impose unedémarche diagnostique minutieuse. En cas demécanisme immuno allergique une accoutumanceaux molécules incriminées permet de garantirl’efficacité et la tolérance du traitement.

Mots clés : exanthème, tuberculose,médicaments

SUMMARYThe most frequent hypersensitivity reaction toantituberculosis drugs is cutaneous. They aresometimes severe, resulting in discontinuation orchange in the treatment regimen. Themaculopapular exanthema (EMP) is a simple,erythematuoustoxidermia which may or may nothave an immuno-allergic mechanism. We reporthere a case of EMP-related to antituberculosisdrugs.Observation: A 58-year-old patient with ahistory of pulmonary tuberculosis was seen in thedepartement of pneumonology at the Universityteaching hospital of Point g for a maculo-papulareruption of his face, trunk and his thighs withoutmucosal or systemic involvement. These lesions,occurred in the 2nd month of treatment withRifampicin, Isoniazid, Ethambutol, Pyrazinamideand Streptomycin for relapse of commonpulmonary tuberculosis.The diagnosis was basedon the aspects of the cutaneous lesions, and thechronology of their onset along the fact theydisappeared at the interuption of the treatmentand reappeared with the oral intake of Ethambutoland Pyrazinamide.Conclusion: The occurrence ofan EMP during an anti-tuberculosis treatmentrequires a careful diagnostic approach. In the caseof an immuno-allergic mechanism,desensitization to responsible medicines ensuresthe efficacy and tolerance of the treatment.

Key word: exanthema, tuberculosis, drug

Auteur correspondant : Khadidia Ouattara, [email protected]

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INTRODUCTIONLes complications cutanées au cours dutraitement antituberculeux sont le plus souventbanales à type d’éruption érythémateuseprurigineuse limitée transitoire et spontanémentrésolutive [1]. Tous les antituberculeux peuventinduire des réactions cutanées banales ainsi qued’autres plus graves sous forme d’hypersensibilitémédicamenteuse (HSM) allergique ou nonallergique [2] dans le cadre d’une toxidermie.L’exanthème maculo-papuleux (EMP) est unetoxidermie simple érythémateuse [3]. L’objectifde toute prise en charge thérapeutique est depermettre la meilleure tolérance et observance dutraitement. Nous rapportons un cas d’EMP aucours d’une chimiothérapie antituberculeuse.OBSERVATIONUn homme de 58 ans, aux antécédents dethoracotomie droite non documentée et detuberculose pulmonaire à microscopie positivetraitée déclarée guéri en 1998, intoxicationtabagique à 120 PA non sévrée. Il n’a pas denotion d’atopie personnelle ou familiale.Mis soustraitement antituberculeux pour tuberculosepulmonaire commune confirmée par labacilloscopie couplée au gèneXpert qui n’a pasobjectivé de résistance à la rifampicine. Il a étémis sous le protocole de retraitement en vigueurau Mali fait de 2 mois de Rifampicine(R) 10mg/kg/j, Isoniazide (H) 5mg/kg/j, Pyrazinamide(Z) 25mg/kg/j, Ethambutol (E) 15mg/kg/j,streptomycine (S) 15mg/kg/jour enintramusculaire ; suivie de 1 mois de RHZE puis5 mois de RHE. [4].Au 32ème jour du traitementsoit en phase intensive de retraitement(R150H75Z400E275 x 4cp + S1g pour 64kg), ilprésente une éruption cutanée érythémateusemaculo-papuleuse généralisée, prurigineuse EVA7, associée à un œdème du visage sans atteintedes muqueuses (figure 1).

Figure 1 : Eruption cutanée érythémateuse maculo-papuleuse généralisée, prurigineuse EVA 7

L'examen clinique n'a retrouvé nihépatosplénomégalie, ni adénopathiepériphérique, ni œdème pharyngée ou deperturbation hémodynamique. Le bilanbiologique a noté une thrombopénie à 117/m3

sans signes hémorragiques, une absenced’éosinophilie, CRP à 38mg/l et des IgE totales à4800 KUI/L. Les sérologies de l’hépatite C, B etVIH sont revenues négatives. Devant lessymptômes le traitement antituberculeux a étéarrêté, et le patient a été mis sous traitementantihistaminique et corticothérapie orale. Laradiographie thoracique était superposable à cellede début de traitement et l’échographieabdominale sans anomalies. Après 4 semaines desuspension, l’évolution a été marquée par ladisparition complète des lésions cutanées et del’œdème ainsi que du prurit.Quelques jours aprèsla disparition des lésions cutanées, uneaccoutumance lente semi-séparée auxantibacillaires a été démarrée après l’accord dupatient et sous surveillance médicale.Nous avonsréalisé le test de réintroduction oral en milieuhospitalier pour l’association Rifampicine +Isoniazide (RH), puis le Streptomycine,l’Ethambutol et le pirazynamide.L’administrationde ¼ de cp de Pirazynamide 400, n’entrainaitaucune manifestation clinique mais celled’Ethambutol 400 soit 100 mg a été marquée parl’apparition d’un œdème avec érythème localiséau visage, sans atteinte des muqueuses nimanifestations systémiques. L’administration de125mg de Streptomycine ne s’accompagned’aucune réaction.Devant la difficulté à réaliserun test de provocation Oral (TPO) au RH, uneréintroduction de ce traitement a été démarréeprogressivement sous surveillance médicale(tableau I).

Tableau I : Protocol d’accoutumance au RH (75mg d’isoniazide et 150 mg de Rifampicine)

Heure etjour

Doseadministrée

Dosecumulée

Réactionsobservées

J000 :00 ¼ cp ¼00 :30 ¼ cp ½01 : 30 ½ cp 1 cp03 :30 3/4 cp 1 cp+3/4 Prurit EVA 307 : 30 1cp 2cp+ ¾13 :00 1 cp et 1/4 4 cp

J124 :00 4 cp 4 cp aucune

L’augmentation des doses par palier était suiviede la surveillance des paramètres ci-après :anomalies auscultatoires, modification du débitExpiratoire de Pointe (DEP), Tension artérielle,saturation en oxygène, température.Pour

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l’Ethambutol et le Pyrazinamide nous avonsdébuté par ¼ de cp au-dessous du 10e de la dose àJ1, dose augmentée par pallier de ¼ cp tous les 3jours pour atteindre la dose adaptée au poids dupatient pour chaque molécule.L’accoutumance aupyrazinamide était marquée par la survenue deprurit associé à un érythème du torse avec discretœdème isolé du visage à la dose de 400 mg.Devant l’absence de fièvre et de modification desparamètres cliniques un traitement aveccorticoïde injectable, antihistaminique et unretour à la dose antérieure (300mg) a été initiéeet maintenu pendant 6 jours avec reprise duprotocole sans autre incidents.Pour l’Ethambutol,l’atteinte progressive de la dose réactive à J1 c’estpassée sans incident avec maintien de cettedernière pendant 3 jours puis augmentation selonle protocole sans autre manifestationd’hypersensibilité. La réintroduction destreptomycine en doublant la dose antérieurchaque jours jusqu’à la dose de 1g n’a été suivied’aucune réaction.Pour le RH l’accoutumanceétait marquée par la survenue de prurit à la dosede 1cp¾ n’empêchant pas la poursuite duprotocole et traité par antihistaminique.Letraitement a été poursuivi et le patient n’aprésenté aucune autre réaction cutanée à ce jour ;les contrôles bacilloscopiques sont revenusnégatifs.

DISCUSSIONLa tuberculose demeure un problème de santépublique dans le monde, son traitement biencodifié peut être emmaillé de complications [1,3]. La survenue de ces complications surtoutimmuno-allergiques (5%) posant un réelproblème de prise en charge thérapeutique surtoutdepuis l’avènement de la multi résistance [1, 4,5,6].Les toxidermies représentent 10 à 25% deshospitalisations dues aux effets indésirables desmédicaments [7]. Elles sont fréquentes chez lesfemmes et les sujets âgés poly-médicamentés. Lesmanifestations cliniques multiples et variéesmettent en jeu des mécanismes immuno-allergiques ou non [8,9]. La peau est l’organe leplus fréquemment atteint lors de l’allergiemédicamenteuse réalisant des toxidermies àexpressions cliniques multiples et variées [5,9].Les manifestations cliniques varient selon lemécanisme pathogénique (immuno-allergique ounon). Le médicament responsable, la maladietraitée et l’état immunitaire du sujet interagissentdans la réaction allergique. Les réactions maculo-papuleuses (réponse T), les urticaires etangioedème (IgEmediée) sont les réactionsallergiques les plus fréquentes aux antibiotiques[5].Les complications immuno-allergiques du

traitement de la tuberculose sont favorisées parl’administration parentérale, intermittente ourépétée, le terrain immunodéprimé, le sexeféminin, l’âge (adulte âgé), la prise demédicaments co-prescrits [7,2]. Dans notreobservation le patient recevait 4 cp pour 64 kgselon les recommandations du ProgrammeNational de Lutte contre la Tuberculose (PNLT)du Mali [4], compte tenue de l’absenced’insuffisance rénale le surdosage était peuprobable. Aucun autre facteur de risques suscitén’étaient retrouvés, l’éruption maculo-papuleuseprurigineuse survenue à la quatrième semaine detraitement, sa chronologie de disparition à l’arrêtdu traitement et de réapparition évoque unehypersensibilité médicamenteuse non immédiate[2]. Dans ce contexte clinique d’éruption maculo-papuleuse acquise et en l’absence de toute autreétiologie retrouvée, un syndromed’hypersensibilité médicamenteuse avec atteintemultiorganique (DRESS) doit être recherché dufait de sa gravité et de sa mortalité élevée. Il peutse traduire par un œdème du visage et des lésionsmaculopapuleuses, cependant l’atteinte desjambes, les anomalies leucocytaires et l’atteintesystémique n’ont pas été retrouvé dans notreobservation.Tous les antituberculeux peuvent êtreresponsable de réactions immuno-allergiques nonimmédiates, pour lesquelles desintradermoréactions (IDR) et ou patchs test auxmédicaments incriminés devraient être pratiqués.Bakayoko et col [10] ont rapporté un cas detoxidermie médicamenteuse sous sa formed’érythème pigmenté fixe au cours du traitementanti tuberculeux ; la molécule responsable étaitl’éthambutol. Devant la forte suspicion clinique,l’impossibilité de réalisation de tests cutanée(absence de forme injectable) et l’enjeuthérapeutique, nous avons procédé à uneréintroduction lente après régression dessymptômes et test de provocation.Lesantituberculeux les plus rapportés par lalittérature sont par ordre de fréquence H, R et Z.[4] Le test de provocation à l’Ethambutole, et aupyrazinamide sont revenus positif, cela a étéretrouvé dans d’autre observation [8] avec undélai d’apparition d’une toxidermie généralisée(21 et 23 jours) plus précoce que dans notrecas.Les manifestations d’HSM sontimprévisibles, soudaine et indépendantes de ladose, entrainant l’arrêt de un ou plusieursmédicaments, compromettant la guérison. [6] Ladésensibilisation est défini comme l’inductiond’un état de tolérance temporaire envers unesubstance responsable d’HSM, elle est prise encompte quand le traitement est indispensable, enl’absence d’alternative ou si l’utilisation de

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substitue est une perte de chance pour le sujet.Elle est indiqué pour les réactions sévère auxantituberculeux [2].En pratique on débute par lesmédicaments les plus actifs (H) puis (R) enl’absence de réaction ainsi de suite [7]. Lasurvenu de prurit léger lors de l’accoutumance àH et R n’a pas permis d’identifier la moléculeresponsable sachant qu’il sont responsablerespectivement de 2% et 1,4% d’éruptionurticariennes et érythémateuses [7]. Le test deprovocation négatif ne prédit pas la bonnetolérance ultérieure d’un médicament [2] commeobservé avec les manifestations cliniques encours d’accoutumance au pyrazinamide. Lasérologie VIH était négative chez notre patient.Cependant les cas de toxidermie aux antistuberculeux rapportés sont fréquemment associésà la coïnfection TB/VIH [11,12, 13]. Il n’existepas de protocole standard d’accoutumance auxantituberculeux [14], dans notre cas il a duré 30jours, selon la littérature l’accoutumance est plusou moins long avec un taux de réussite de 75%pour l’isoniazide et 82% pour la rifampicine [7].

CONCLUSIONLes réactions d’hypersensibilité médicamenteusedemeurent imprévisibles, pouvant être plus oumoins grave. L’accoutumance auxantituberculeux est une nécessité dans des zonesd’endémie tuberculeuse afin de proposer untraitement adapté et toléré par les patients. Ildevient alors nécessaire d’établir des fiches depharmacovigilance afin de dépister, classer etsurveiller les effets adverses du traitement. Lafinalité étant un traitement accepté par le patientpour réduire les risque de perdus de vue pourcause d’effets secondaires mais aussi l’émergencede résistance.

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Enquête autour d’un cas de tuberculose pulmonaire bacillifère chez une patiente vivanten communauté

G Badoum1, K Boncoungou1, G Ouédraogo1, A R Ouédraogo1, D Zida1, G Bougma1, M Ouédraogo1

1- Centre Hospitalier Universitaire Yalgado OUEDRAOGO, Ouagadougou – Burkina Faso

RESUMEIntroduction : La tuberculose reste de nos joursun problème de santé publique dans nos pays envoie de développement. Sa prévalence est plusélevée en situations de promiscuité.Observation : Patiente de 70 ans, sansantécédent pathologique particulier, pensionnaireen communauté. Elle a été hospitalisée du25/02/17 au 01/03/17 dans le service dePneumologie du CHU-YO pour toux chroniquefébrile avec un état général stade II PS/OMS, unedyspnée stade III mMRC. La bacilloscopiedescrachats s’est révélée positive. La radiographiethoracique a objectivé une pneumopathiealvéolaire bilatérale, massive au champpulmonaire gauche. Les mesures d’isolementrespiratoire ont été respectées et la patiente abénéficié d’un traitement standard de latuberculose maladie conformément auxrecommandations du Programme National delutte contre la Tuberculose (PNT). Sur un total de235 sujets contacts, 153 (65,10%) ont bénéficiédu bilanparaclinique. Quatre (04) cas (2,61%) detuberculose pulmonaire bactériologiquementconfirmée ont été retrouvés. On dénombrait 64radiographies thoraciques anormales dont 10suspectes de tuberculose (15,62%). La sérologierétrovirale était positive chez une pensionnaire.L’intra dermo réaction à la tuberculine ainsi quele XpertMTB/Rif n’ont pu être réalisés.Conclusion : L’enquête autour d’un cas engagela responsabilité médicale du personnel soignantvis-à-vis de l’entourage du patient et nécessite desdirectives bien codifiées. De nombreusesdifficultés sont apparues au cours de notreenquêtepar manque de moyen financierd’où lanécessité d’une contextualisation de cesdirectives.visvis de

Mots clés : tuberculose ; investigation ; cascontact

SUMMARYIntroduction: Tuberculosis is a public healthproblem in developing countries. Tuberculosisprevalence is higher in promiscuity situation.Observation: 70 year old patient, withoutpathological history, resident in community. Shewas hospitalized from 25/02/17 to 01/03/17 inCHU-YO Pneumology department for febrilechronic cough, WHO performans status was stageII and dyspnea was mMRC stage III. The sputumwas positive. Chest X-ray showed massivebilateral pulmonary pneumopathy in the leftpulmonary field. Medical staff taked respiratoryisolation measures and the patient receivedstandard tuberculosis treatment according to therecommendations of the National TuberculosisProgram (NTP). Among 235 contacts case, 153(65.10%) realisedparaclinical assessment. Wefound four (04) cases with pulmonarytuberculosis (2.61%). 64 Chest X-ray wasabnormal and among theses cases 10 suspectedtuberculosis (15.62%) was detected. HIV test waspositive for 1 contact case. Tuberculin skin testand Xpert MTB/Rif was not realized.Conclusion: Investigating contacts of personswith infectious tuberculosis is the medicalresponsibility, we need to follow investigatingguidelines. Many difficulties emerged during ourinvestigation caused by lack of funding. It isnecessary to establish national directives.

Key words: tuberculosis; investigating; contactcase

Auteur correspondant: Gisèle Badoum, [email protected]

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INTRODUCTIONDécouverte depuis l’antiquité, la tuberculose restede nos jours un problème de santé publique dansles pays en développement. Chaque année, cetteaffection fait de nombreuses victimes au sein dela population. Au Burkina Faso, la prévalence dela tuberculose est de 30,7 cas pour 100000habitants [1].Du fait de son mode detransmission, sa prévalence se retrouve plusélevée en situations de promiscuité. En effet latuberculose est considérée comme une « maladiesociale » car elle se propage préférentiellementdans les communautés défavorisées et lesindividus désocialisés [2]. La promiscuité ainsique la durée de l’exposition augmentent le risquede contamination et le risque de développer unetuberculose [3]. Au plan épidémiologique il existedeux profils : une forme endémique (dont le tauxd’incidence varie selon le niveau d’accès auxsoins, de nutrition et d’hygiène des populations)et une forme épidémique, au sein de populations àrisque (immunodéprimés, prisonniers, sujetsplacés en institution). La connaissance des risquesépidémiologiques de la transmission de cettemaladie à travers une investigation est une étape

importante dans la Lutte antituberculeuse, nousrapportons une enquête menée autour d’un cas detuberculose pulmonaire bacillifère.

OBSERVATIONO.N. est une patiente de 70 ans, fileuse de coton,mère de quatre enfants, sans antécédentsmédicaux pathologiques connus. Elleest pensionnaire dans un centre abritant despersonnes âgées rejetées par leur milieu social.O.N. a été hospitalisée du 25/02/17 au 01/03/17dans le service de Pneumologie pour touxchronique associée à une altération de l’étatgénéral, une hyperthermie non chiffrée, unedyspnée stade III mMRC. La bacilloscopiefortement positive a révélé la présence de BacilleAcido-Alcoolo Résistant dans les crachats(tuberculose pulmonaire bactériologiquementconfirmée). Le GenXpert a permis de confirmerle diagnostic de tuberculose en identifiant lecomplexe mycobactériumtuberculosis sensible àla rifampicine. La radiographie thoraciqueréalisée (figure 1) a objectivé une pneumopathiealvéolaire bilatérale, massive du champpulmonaire gauche.

Figure 1 : Radiographie thoracique montrant une pneumopathie alvéolaire bilatérale, massive du champpulmonaire gauche

Au regard du risque de contagiosité que présentaitcette patiente vivant en institution il a donc éténécessaire de mener une investigation autour dece cas. Les mesures d’isolement respiratoiredevant un cas de tuberculose bacillifère ont étérespectées et la patiente a bénéficié d’untraitement standard de la tuberculose maladieconformément aux recommandations duProgramme National de lutte contre laTuberculose (PNT). Cette pensionnaire vit encommunauté dans un centre d’accueil depuisenviron 10 ans dans des conditions socio-économiques peu favorable. Ce centre accueilledes femmes qui ont été accusées de sorcellerie etexclues de leurs familles et de leurs villages. Ilabrite à ce jour 224 pensionnaires tous exclus de

leur société pour diverses raisons sociales. Lepersonnel administratif compte une responsabledu centre, un adjoint et une assistante. Il estappuyé par deux infirmiers, un attaché enpsychiatrie, une technicienne de surface ainsi quequatre agents de sécurité. Les objectifs del’enquête ont été de :- dépister et traiter précocement les cas de

tuberculose maladie parmi les pensionnairesafin de rompre la chaine de transmission.

- identifier des lésions radiologiques suspectesde tuberculose.

- rechercher des comorbidités notamment uneinfection à VIH.

Une équipe conjointe du PNT, du Districtsanitaire de Kossodo (aire sanitaire du cas index)

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et du service de Pneumologie du CHU-YO aparticipé l’enquête. Le classement des personnesdans les catégories «contact étroit», «contactrégulier» et «contact occasionnel» a été réaliséselon la proximité des personnes avec le casindex, la notion de confinement et la durée decontact. Le cas index était en contact étroit(risque élevé) avec les autres pensionnaires et encontact occasionnel (risque occasionnel) avec lepersonnel administratif et d’appui .En effet, le casindex partageait son dortoir avec 8 autrespensionnaires dans une salle confinée d’environ25m2 (figure 2a).

Figure 2 a : Illustration du dortoir despensionnaires

Le cas index participait également au repascommunautaire et à des séances de causerie avecle personnel administratif et d’appui sous unhangar aéré (figure 2b).

Figure 2 b : Hangar des pensionnaires

Au total, la stratégie d’investigation a ciblé lespensionnaires, le personnel administratif et lepersonnel d’appui. Elle a consisté d’abord àeffectuer une visite des lieux, à établir la liste dessujets contacts puis à effectuer une consultationmédicale au sein de la population contact. A ceteffet un bilan paraclinique a été réalisé chez lessujets contacts : bacilloscopie dans les crachats,

radiographie thoracique (face/profil) et lasérologie VIH. L’intra dermo- réaction à latuberculine et le XpertMTB/Rif n’ont pas pu êtreréalisés.Sur 235 sujets contacts recensés, 153 avaient uncontact avéré et ontpu réaliser le bilanparaclinique (65,10%). Cinq (05) cas detuberculose pulmonaire bactériologiquementconfirmé ont été retrouvés chez les contactsavérés (3,27 %). On dénombrait 64 radiographiesthoraciques anormales dont 10 présentaient deslésions suspectes de tuberculose. La sérologieVIH était positive chez une (01) pensionnaire.Les 05 cas de tuberculose ont été mis soustraitement antituberculeux, le sujet présentant unesérologie VIH a bénéficié d’un traitementantirétroviral.Chez tous les cas contacts avérés une évaluationclinique a été faite trois mois aprèsl’investigation. Pour la surveillance de ces cas il aété établit un plan de surveillance clinique basésur l’interrogatoire régulier des sujets contact.

COMMENTAIREUne standardisation des procédures est nécessairelors d’une investigation autour d’un cas detuberculose afin d’améliorer le dépistage et lesuivi des sujets contacts. Les éléments àrechercher doivent être déterminés, la définitiondes sujets contacts (durée et fréquence descontacts) formalisée. Une stratégie de dépistagedoit être développée et un suivi des sujetscontacts réalisé avec l’ensemble des partenairesau sein d’une équipe d’investigation.Conformément aux recommandationsinternationales, le principe du dépistage a été faiten cercles concentriques autour du cas [4,5]. Ledépistage devant être d’abord entrepris dans lacatégorie des personnes ayant un contact étroit(premier cercle : risque maximal) avec lemalade.La décision d’étendre le dépistage auxcontacts réguliers mais moins étroit puisoccasionnels (deuxième et troisième cercle) doitêtre prise en fonction du nombre d’infectionsrécentes trouvées dans la catégorie des personnesen contact étroit et de la présence de personnesparticulièrement vulnérables dans les autrescatégories. Les moyens disponibles pour cetteinvestigation étant limités, nous n’avons retenusque les cas contacts avérés. Ainsi nous avons puidentifier 153 sujets contacts avérés ayantbénéficié du bilan paraclinique (65,10%). Latuberculose pulmonaire bactériologiquementconfirmé a été retrouvée dans 3,27 % des cas. Cesrésultats sont en conformité avec la valeur deréférence (supérieure à 1%) de pourcentage detuberculoses maladie dépistées parmi les sujets

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contact investigués [5].Il en est de même dansl’étude multicentrique de Yun [6] qui retrouve,pour 381 sujets contact investigués 1,6 % de casde tuberculose maladie. Curtis [7] rapporte untaux de 70% d'infection tuberculeuse latente(ITL) parmi 257 sujets contact investigués dans lecontexte d'une épidémie dans un foyerd'hébergement à New York après une expositiontrès prolongée au cas index. Chez les personnesen situation de précarité, la réalisation d’uneenquête classique est souvent difficile à réaliser etpeut être peu efficiente, en raison de difficultés àidentifier les sujets contact, à réaliser le dépistagedes ITL et du risque d’interruption de traitement.Il est donc proposé de développer la réalisation dedépistage à l’aide de l’imagerie thoracique dansdes lieux où sont identifiées des personnesparticulièrement exposées à la tuberculose.Plusieurs études en France et dans d’autres paysont montré l’intérêt de ce type de dépistageradiologique [8,9].Cela est d’autant plusintéressant que la radiographie thoracique permetun dépistage précoce ; met en valeur les lésionsinfra cliniques et apprécie leur importance pourune prise en charge adéquate. Dans notre cas ,10sujets contacts avaient une radiographiethoracique suspecte de tuberculose et ont faitl’objet d’une surveillance active par lesinvestigateurs. En outre le suivi de tous les sujetscontacts avérés a été assuré par les mêmesacteurs.Nous avons suivi les recommandations del’OMS pour la prise en charge des sujets contactsqui consiste en une mise sous traitement des casconfirmés tuberculeux [4]. Chez tous les cascontacts avérés une évaluation clinique a été faiteau troisième mois, aucun de ces sujets neprésentaient de signes de tuberculosemaladie.Cependant ces 3 mois de surveillancesont insuffisants pour écarter la survenue d’unetuberculose maladie chez les sujets contact. C’estainsi qu’un plan de surveillance a été élaboréavec la contribution de l’infirmier de lacommunauté qui est proche des cas contacts etqui est plus apte à conduire ces interrogatoires. Lasurveillance de ces cas nécessite un suivi pendant24 mois [4] ; cette durée est difficile à respecterdans notre contexte où les patients ont une grandemobilité d’où pas d’adresse précise. Fortheureusement dans notre cas ce suivi pourraprobablement être respecté du fait que nos cascontacts vivent en communauté ; pour cesderniers cette communauté est devenue leur« famille ».

CONCLUSIONL’investigation autour d’un cas index detuberculose permet le dépistage et la prise encharge précoce des cas de tuberculose maladierompant ainsi la chaine de transmission. Ellepermet également le dépistage et la surveillancede lésions radiographiques suspectes ainsi que ladécouverte fortuite de certaines comorbidités. Lapratique d’une enquête adaptée au contexte doitdonc être systématique devant une tuberculosecontagieuse surtout au sein des populations oùrègne la promiscuité.

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La coqueluche, une cause de toux persistante à ne pas méconnaître

[Whooping cough, one cause of persistent cough not to forget]

Ade S1,2,3, Fanou L4,Flatin MC1,3, Bigot C5Attinssounon AC1,3, Adovoekpe M1Dovonou AC1,3, AlassaniA3, Adè G5.

1- Faculté de Médecine, Université de Parakou, Parakou, Bénin2- Union Internationale contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires, Paris, France3- Centre Hospitalier Universitaire et Départemental du Borgou/Alibori, Parakou, Bénin4- Hôpital d’Instruction des Armées, Camp Guezo, Cotonou, Bénin5- Faculté des Sciences de la Santé, Université d’Abomey-Calavi, Cotonou, Bénin

RESUMELa coqueluche est une maladie infectieuse,très contagieuse due à Bordetellapertussis,qui sévit surtout chez les nourrissons. Elle estplus souvent méconnue lorsqu’elle survientchez les adultes, et est à l’origine de touxpersistante. Nous rapportons ici l’observationd’un adulte âgé de 64 ans,immunocompétent, qui a présenté une touxasphyxiante, et chez qui le diagnostic decoqueluche a été posé par la mise en évidencede l’ADN du germe par PCR en temps réel,dans les prélèvements d’aspirations naso-pharyngées. L’évolution fut lentementfavorable sous macrolides, associée à desséances de kinésithérapie respiratoire.Il faut penser à la coqueluche devant une touxpersistante même chez l’adulte !

Mots clés : coqueluche, toux persistante,sous-diagnostic

ABSTRACTWhooping cough is an infectious and highlycontagious disease, due to Bordetellapertussis, which is more prevalent amonginfants. The disease is more oftenmisdiagnosed in adults, and is the cause ofpersistent cough. We are reporting theobservation of a 64-years-oldimmunocompetent adult, who presented withcough and asphyxia. The diagnosis ofwhooping cough was confirmed with PCR ofnasopharyngeal aspirations. After macrolidesadministration, condition recovery wasprogressively favourable.Whooping cough should be considered andinvestigated in case of persistence of thecough, even in adults!

Key words: Whooping cough, persistentcough, under-diagnosis

Auteur correspondant : Serge Ade, [email protected]

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INTRODUCTIONLa toux persistante est un motif fréquent deconsultation, dont la recherche étiologique peutparfois se révéler laborieuse, en absence d’unedémarche diagnostique rigoureuse [1]. Parmi lesnombreuses causes de toux persistante, lacoqueluche, autrefois fréquente, devenue par lasuite plus rare avec la vaccination, connait depuisquelques années un regain d’intérêts [2,3]. Lamaladie sévissant plus chez le nourrisson connucomme un terrain de prédilection, elle est plusrarement évoquée devant une toux persistantechez l’adulte. Nous rapportons ici l’observationd’un adulte chez qui l’affection fut récemmentdiagnostiquée.

OBSERVATIONMonsieur AR, âgé de 64 ans, est médecin enservice dans un centre de dépistage et detraitement de la tuberculose. Il avait consulté pourune toux. Dans ses antécédents, on notait unehypertension artérielle bien équilibrée par uneprise quotidienne d’amlodipine 5mg et delosartan 50 mg et deux épisodes de lithiasesrénales. Il n’est pas asthmatique et ne fume pas. Iln’avait pas eu de vaccination anticoquelucheusedans l’enfance. Du fait de sa profession, il a uncontage tuberculeux régulier. Le déparasitageétait récent. Il avait présenté le 11 novembre 2016un syndrome grippal avec fièvre, rhinorrhée,éternuement, arthralgies. La toux initialementsèche, quinteuse, était devenue grasse avec desexpectorations claires et s’était accentuée au fildes jours. Après une semaine, et à la faveur d’uncontact avec l’air froid, il eut un épisode de touxquinteuse particulièrement intense, asphyxiante,avec plusieurs secousses subintrantes,accompagnée de sueurs. Il avait émis à la fin desexpectorations muqueuses abondantes,visqueuses. Un pareil épisode, mais de moindreintensité, était encore survenu au réveil. Dans lasuite, il eut plusieurs épisodes de toux, exacerbésla nuit, le réveillant. Elle était devenue rauqueavec une aphonie. A l’examen, Mr AR avait unbon état général, était apyrétique. L’indice demasse corporelle était calculé à 30 Kg/m².L’examen des poumons a noté quelques râlesbronchiques, sans foyer de condensationparenchymateuse. L’examen oto-rhino-laryngologique retrouvait une inflammation du

pharynx. Le diagnostic de coqueluche fut évoqué.Des aspirations naso-pharyngées furent réaliséesdans une polyclinique privée et le prélèvementenvoyé à l’extérieur du pays, faute de plateautechnique adéquat. La Polymerase ChainReaction (PCR) en temps réel, a révélé l’ADN deBordetellapertussis. Le patient fut mis sousClarithromycine 500 mg deux fois par jourpendant 10 jours, associée à des séances dekinésithérapie respiratoire de désencombrementbronchique. L’évolution sous traitement futtrainante. Les quintes de toux avaient persistépendant plusieurs semaines, survenantspontanément ou déclenchées par l’élocution oula déglutition du bol alimentaire. Elles ramenaientdifficilement des expectorations abondantes,visqueuses. Il n’y avait plus d’asphyxie. Vus lapersistance de la toux et le contage tuberculeux,l’examen direct des crachats à la recherche desbacilles acido-alcoolo-résistants (BAAR) puis leXpert MTB/RIF furent demandés et avaientpermis d’éliminer une tuberculose. Laradiographie pulmonaire était normale. Le bilandu terrain n’avait révélé aucune tare à l’origined’une immunodépression ; en particulier lasérologie VIH était négative, la glycémie normaleà 0,97 g/l, et l’hémogramme sans particularité. Latoux s’était progressivement amendée et a disparuvers la 10ème semaine après le déclenchement dela maladie. Après le diagnostic, le patient fut isoléet son entourage immédiat mis sousclarithromycine.

COMMENTAIRELa coqueluche est une toxi-infectionessentiellement causée par Bordetellapertussis(ou bacille de Bordet et Gengou) qui estendémique dans tous les pays [4,5]. Le réservoirest l’homme malade. La maladie est trèscontagieuse, avec un taux d’attaque pouvantatteindre 90% [4]. La transmission interhumainedu germe est aérienne à partir des gouttelettesémises lors de la toux ou des éternuements. Elleest maximale pendant la phase catarrhale, peutpersister à la phase d’état (jusqu’à 3 semaines),mais est presque nulle en cas de traitementantibiotique efficace. La coqueluche reste unproblème de santé publique malgré des niveauxélevés de couverture vaccinale, particulièrementchez les jeunes nourrissons de moins 6 mois.

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Selon l’Organisation Mondiale de la Santé(OMS) en 2015, 142.512 cas ont été rapportés. En2008, le nombre estimé de décès était 89000 cas[6]. Des cycles épidémiques sont observés tousles 3 à 4 ans, malgré une forte couverturevaccinale [4]. L’introduction d’une vaccinationefficace était associée à une diminutionconsidérable des cas de coqueluche. Mais cesdernières années, une augmentation de ces caschez les adolescents et les adultes jeunes futremarquée, notamment dans les pays développésqui assurait la prévention de la maladie avec unvaccin acellulaire [3,4,7]. Malheureusement,hormis quelques travaux rapportés en provenancede pays comme le Nigéria, la Gambie, la Zambie,la littérature noire africaine reste modeste [8-10] ;et pourtant, l’Afrique subsaharienne est la partiedu globe où la maladie serait des plus prévalentesselon les estimations de l’OMS [3]. La bactériecontinue de circuler, car ni le vaccin, ni lamaladie ne confèrent une immunité définitive. Lapathogénicité du germe est causée par la sécrétionde toxines telles que la toxine pertussique dontl’action se prolonge sur plusieurs semaines. Sur leplan clinique, la maladie évolue en huit semainesen moyenne à partir du contage. C’est la « touxdes cent jours ». Après une incubation de 10 jours(extrême 9-20 jours), l’invasion est marquée parune toux sèche, de plus en plus tenace: c’est laphase catarrhale qui dure 1 à 2 semaines. Suit lapériode d’état (ou phase des quintes), d’une duréemoyenne de quatre semaines, caractérisée par desquintes de toux très caractéristiques, cyanosantes,émétisantes, à prédominance nocturne, avecparfois une reprise inspiratoire difficile rappelantle « chant du coq ». Elles durent en moyenne 2 à3 minutes et se terminent par l’expulsion d’uneexpectoration épaisse et glaireuse, non purulente.Elles sont souvent déclenchées par l’examen de labouche, l’alimentation ou le bruit de la toux d’unepersonne voisine. L’examen physique met enévidence tout au plus quelques râles bronchiques.Enfin s’installe une toux irritative séquellaireinvalidante qui peut durer plusieurs semainesavant de disparaître : c’est la phase deconvalescence [2-5,7,11]. Sur le planparaclinique, la radiographie du thorax estnormale dans les formes non compliquées,montrant tout au plus une surchargepéribronchique. L’hémogramme peut aider au

diagnostic en mettant en évidence unehyperleucocytose avec une lymphocytosesupérieure à 10.000/mm3. Le diagnostic estconfirmé par amplification génique (PCR entemps réel) sur des prélèvements nasopharyngéseffectués dans les 3 premières semaines dessymptômes. Il n’y a pas de réaction croisée avecles autres bactéries et virus du tractus respiratoire.Cependant, des réactions croisées avec d’autresespèces du genre ont été décrites. La culture a unebonne spécificité mais une sensibilité moyenne,particulièrement chez les adolescents et lesadultes. Les résultats sont disponibles en 7 joursen moyenne. Elle est peu pratiquée en routine. Lasérologie de la coqueluche, à la recherched’anticorps antitoxine pertussique, peut aider audiagnostic rétrospectif. Elle nécessite deuxéchantillons de sérum : le premier pendant laphase catarrhale aiguë (sérum de phase aiguë) etle second, environ 1 mois après, pendant la phasede convalescence (sérum de convalescent).L’interprétation peut être difficile, surtoutpendant la première année suivant la vaccinationet aussi en cas de contact antérieur. Il est demoins en moins recommandé [3,4,11]. Lenourrisson est une cible privilégiée et redoutée dela maladie. Sur ce terrain, un tableau atypiquepeut se manifester sous forme de « simples » touxprolongées, d’accès d’éternuements ou encored’apnées transitoires, mais les vomissements sontla règle. Tout nourrisson coquelucheux âgé demoins de trois mois doit être hospitalisé.Lorsqu’il survient chez l’adulte, il s’agit souventde personnes non ou anciennement vaccinées etinfectées par Bordetellapertussis. En l’absence derappels, l’immunité contre la maladie estprogressivement perdue. Chez l’adulte, le tableauclinique est plus souvent atypique, se manifestanttrès souvent par des toux brèves, non quinteuses,répétitives. Selon l’OMS et le « Centers forDiseases Control and Prevention », le diagnosticdoit être suspecté chez tout patient toussantdepuis deux semaines avec l’une descaractéristiques suivantes : toux paroxystique, ouavec reprise inspiratoire, ou accompagnée devomissements [11]. La maladie n’est pas absentedans cette couche de la population. Le caractèresouvent atypique du tableau clinique, l’absencede plateau technique peuvent être à l’origine dusous-diagnostic de la maladie. Chez notre patient,

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le caractère asphyxiant des quintes de toux nous apermis d’émettre assez rapidement cettehypothèse. Concernant les formes graves etcomplications de la maladie, elles sont plusfréquentes chez les jeunes nourrissons, les enfantsdénutris ou déjà porteurs de tares respiratoires(mucoviscidose, dilatations des bronches) oucardiaques. La coqueluche « maligne » semanifeste par des quintes de toux épuisantes, desapnées, une adynamie, une bradycardie, dessyncopes, des troubles de la vigilance. Lescomplications mécaniques sont en rapport avec latoux : hernie ombilicale, prolapsus rectal dunourrisson, hémorragie conjonctivale, hématomesintracérébraux. Les complications broncho-pulmonaires sont liées soit à une surinfection pardes bactéries pyogènes, soit à une disséminationde l’infection donnant la pneumocoqueluche.Classiquement, elle n’est pas fébrile.L’hémogramme caractéristique de la maladien’est pas modifié. La toux est tantôt sèche tantôtproductive, plus fréquente. La dyspnée persisteentre les accès. Le cliché pulmonaire montre desopacités hilo-phréniques en bande, en triangle,des atélectasies, quelquefois une réactionpleurale. Chez notre patient, la toux avait persistédans l’évolution. Mais l’absence de signescliniques évidents de surinfection et la normalitédu cliché thoracique n’étaient pas en faveur deces complications. Compte tenu du contagetuberculeux, la recherche du bacille de Koch fut àjuste titre, effectuée de principe. Il en est demême de la sérologie VIH. Des complicationsoto-rhino-laryngologiques à type d’otite ou delaryngite ont été décrites. La dysphonie présentéepar notre patient est en faveur d’une complicationlaryngée. Enfin, la coqueluche peut entrainer descomplications neurologiques (encéphalopathiecoquelucheuse aiguë) avec des troubles de lavigilance, des convulsions, des déficits ont aussiété décrites [11]. Le traitement de la coquelucherepose sur les macrolides (ou le cotrimoxazole encas d’intolérance) [11]. La vaccination est lameilleure arme préventive contre la maladie,particulièrement dans ses formes sévères. Le butdes programmes est de vacciner au moins 90%des nourrissons. Deux types de vaccins sontvalidés par l’OMS: le vaccin à germes entiers etle vaccin acellulaire. Ils sont efficaces et ontenregistré d’excellents résultats en matière

d’innocuité. Ils peuvent être administrés enprimovaccination chez le nourrisson. Trois dosessont recommandées à 6 semaines, 10-14 semaineset 14-18 semaines de vie, en respectant unintervalle de 4-8 semaines entre les doses. En casde rappels chez les adolescents et les adultes, seulle vaccin acellulaire, doté d’une moindreréactogénicité, est recommandé. En cas devaccination pour les adultes, la priorité devraitêtre accordée aux femmes enceintes et aux agentsde santé, particulièrement ceux qui sont encontact direct avec les femmes enceintes et lesnourrissons [4]. La deuxième mesure préventiveest l’isolement du patient de son entourage nonvacciné mais aussi des nourrissons. La périoded’éviction est d’un mois à partir du début desquintes, 5 jours en cas de traitement par lesmacrolides. Parallèlement, une enquête doit êtreeffectuée dans l’entourage du patient ; et certainssujets contacts non malades doivent traités parune antibioprophylaxie. Il s’agit surtout despersonnes fortement exposées, fragiles(nourrissons non vaccinés, femmes enceintes).L’antibioprophylaxie est débutée le plus tôtpossible, et au maximum, 21 jours après lecontact avec le cas index en période decontagiosité. L’enquête dans l’entouragerecherche par la même occasion les cassecondaires et les contaminateurs [11]. Cesprécautions furent mises en œuvre chez notrepatient et à ce jour, aucun autre cas n’est survenudans l’entourage.

CONCLUSIONLa coqueluche est une cause possible de touxpersistante, à laquelle on pense peu chez l’adulte.Cette étiologie doit faire partie des hypothèsesdiagnostiques devant toute toux qui se prolongeau-delà de deux semaines.

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47RevPneumol Trop 2017 ; 27 : 47-49

Rhabdomyolyse associée à l’asthme aigue grave évènement rare

[Rhabdomyolysis associated with severe acute asthma rare event]

Touré MK1, Koné J1, Coulibaly M1, Beye S.A2, Ckechna H3, Toloba Y4, Doumbia D5, Django MD6,Coulibaly Y5.

1- Département d’anesthésie réanimation et des urgences du CHU-Mère enfant le Luxembourg de Bamako (Mali).2- Centre hospitalier régional NianankoroFomba de Ségou (Mali).3- Hôpital militaire de Meknès (Maroc).4- Service de pneumophtisiologie du CHU-Point G Bamako (Mali).5- Département d’anesthésie réanimation et des urgences du CHU Point Bamako (Mali).6- Département d’anesthésie réanimation et des urgences du CHU Gabriel Touré Bamako Mali.

RESUMENous rapportons deux cas et hospitalisés enréanimation pour d’asthme aigue gravecompliqués de rhabdomyolyse de survenuerapide, il s’agit deux patients connusasthmatiques sous salbutamol spray commetraitement habituel. Leur prise en charge enréanimation a consisté à l’association corticoïde,nébulisation et salbutamol par voie intraveineuse.Un patient a été mis sous ventilationmécaniqueaprès échec de la nébulisation.L’intubation a été réalisée sous mono dose decurare.Le diagnostic de rhabdomyolyse a étéretenu sur critère biologique à partir d’un taux decréatine phosphokinase supérieur à plus de cinqfois la normale (critère retenu à partir desdonnées de la littérature) associé à unemyoglobunurie. Aucun foyer infectieux n’a étéassocié sur la radiographie pulmonaire des deuxpatients.Il s’agit d’une entité nosologique quipose un problème d’imputabilité auxthérapeutiques utilisées dans la prise en charge del’asthme aigu grave. L’alcalinisation, associéeaux mesures de réanimation ont permis unemeilleure prise en charge. Nous avons écarté dansnotre cas, la responsabilité de la théophylline, detrouble métabolique (l’hypokaliémie) et del’infection et, aussi, le curare n’ayant été utiliséqu’en mono dose à l’intubation trachéale. Nousretentons enfin l’hypothèse hypoxie - acidose -exercice intense des muscles respiratoires,comme facteurs incriminés dans la survenue de larhabdomyolyse chez nos patients.

Mots clés : asthme, aigue, grave, rhabdomyolyse.

SUMMARYWe report two cases and hospitalized in intensivecare for severe acute asthma complicatedrhabdomyolysis of rapid onset, there are twopatients with known asthma under salbutamolspray as usual treatment. Their management inintensive care consisted of corticosteroidcombination, nebulization and salbutamolintravenously. A patient was put on mechanicalventilation after failure of nebulization.Intubation was performed under single dose ofcurare. The diagnosis of rhabdomyolysis wasbased on a biological criterion based on a creatinephosphokinase level greater than five timesnormal (a criterion based on data from theliterature) associated with myoglobururia. Noinfectious focus was associated on the chest x-rayof both patients. It is a nosological entity thatposes a problem of accountability to thetherapeutics used in the management of severeacute asthma. Alkalization, combined withresuscitation measures, allowed for bettermanagement. In our case, we have ruled out theresponsibility for theophylline, metabolic disorder(hypokalemia), and infection, and curare has onlybeen used in single doses for tracheal intubation.Finally, we reiterate the assumption hypoxia -acidosis - intense exercise of the respiratorymuscles, as incriminated factors in the occurrenceof rhabdomyolysis in our patients.

Key words: asthma, acute, severe,rhabdomyolysis.

Auteur correspondant : Dr Mamadou Karim Touré, [email protected].

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INTRODUCTIONLa survenue d’une rhabdomyolyse au cours del’asthme aigu grave n’est pas un faitrégulièrement rapporté dans la littérature.L’association rhabdomyolyse et asthme aigugrave (AAG) a été décrite pour la première foispar Chug et al en 1978 [1,2]. Le diagnostic derhabdomyolyse a été retenu sur critère biologiqueà partir d’un taux de créatine phosphokinasesupérieur à plus de cinq fois la normale (critèreretenu à partir des données de la littérature)associé à une myoglobunurie. Il s’agit d’uneentité nosologique qui pose un problèmed’imputabilité aux thérapeutiques utilisées dans laprise en charge de l’asthme aigu grave.Nousrapportons deux cas de rhabdomyolyse portantsur des malades hospitalisés en réanimation pourasthme aigu grave (AAG).

OBSERVATION 1MB, homme de 65 ans aux antécédents de diabèteet de l’hypertension artérielle équilibrés,asthmatique depuis 25 ans sous salbutamol.Admis en réanimation pour détresse respiratoire.Le diagnostic de l’asthme aigue grave a été retenudevant le tableau clinique fait d’agitation avecdifficulté de la parole, d’hypersudation, debradypnée expiratoire (10 cycles par minute)avec une saturation périphérique à oxygène à88% à l’air ambiant. L’auscultation pulmonairetrouve de râles sibilants dans les deux champs.L’auscultation cardiaque trouve une tachycardierégulière à 121 battements par minute, uneturgescence des veines jugulaires droites, une TAinitiale à 175/112 mmHg. Devant l’échec de lanébulisation le patient a été intubé et mis sousventilation mécanique à H6 de sonadmission.L’induction d’intubation a été assuréepar lepropofol, fentanyl et rocuronium.L’entretien de la sédation a été assuré parkétamine (0,1- 2 mg/kg/h) et fentanyl (1-3µg/kg/h) à la seringue électrique, la durée de laventilation artificielle a été de 96 Heures. Letraitement de fond de l’asthme à consister à lamise en route d’une perfusion du salbutamol (1- 5mg/h) à la seringue électrique et duméthylprednisolone 120mg/jour. Sur laradiographie pulmonaire, ontrouve une image depoumons emphysémateux sans foyer infectieuxassocié. Les suites immédiates ce se sont

compliquées par la survenue d’urines brunates àJ+1.La biologie réalisée rapporte : une créatininémie à 168,8µmol/l le 1er jour et

198 µmol/l le 2ème jour pour revenir à lanorme à98,6 µmol/l et 74,4 µmol/l le 4ème etle 7ème jour.

Le dosage de CPK réalisé devant laconstatation d’aspect brunâtre des urinesmontrait une cinétique destaux à : 3738 UI/l àJ1, 988 UI/l à J2 et 396 UI/l à J4 sousalcalisation, l’ionogramme sanguin étaitcorrect, à la NFS on trouve unehyperleucocytose 12000 éléments /mm3.

OBSERVATION 2PatienteAS âgée de 39 ans asthmatique connuedepuis la petite enfance, sous ventolline. Admiseen réanimation pour asthme aigue grave. Lafamille rapporte la notion de crises récurrentesdepuis 02 mois. L’examen à l’admission trouveune patiente orthopneique, agitée. Elle saturait à92% sous oxygène à haute concentration.L’auscultation cardio-pulmonaire trouve de râlessibilants diffus avec des râles crépitants aux deuxbases pulmonaires, elle était tachycarde avec uneTA à 146/ 96 mmHg au dépends d’unetachycardie à 112 battements/min: Laradiographie pulmonaire standard n’a objectivéaucun foyer infectieux. Le traitement de fond del’asthme a consisté initialement à unenébulisation par salbutamol associé au sulfate deMagnésium et au bromure d’ipratropium, leméthylprednisolone a la dose de 120 mg/jour aété instauré. Devant la non amélioration clinique,elle a été mise sous salbutamol en perfusioncontinue (1- 5 mg/h). L’évolution a été marquepar l’apparition des urines très foncées, motivantla demande de CPK en complément du bilanbiologique, avec une cinétique des taux sousalcalinisation à 3568 UI/l à J1, 4237 UI/l à J2 et347 UI/l à J4, l’ionogramme sanguin ainsi que lacréatinémie étaient corrects.

DISCUSSIONLa littérature rapporte que la survenue de larhabdomyolyse au cours de l’asthme aigu gravepeut être d’étiologies multiplesà savoir :l’intoxication à la théophylline, l’hypokaliémiefréquente par cause d’utilisation de β mimétiques,ou à l’infection par la Legionellapneumophila et

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Mycoplasmapneumoniae. Les étiologies les plusadmises de la rhabdomyolyse sontrespectivement : la myopathie des curares et descorticoïdes, l’hypoxie, l’acidose et l’exerciceintense des muscles respiratoires [1,2,3]. Lespremières observations de myopathie aiguë ontété décrites chez l'asthmatique après utilisation detrès fortes posologies d'hydrocortisone pourasthme aigu grave [4]. Il s'agit dans cette forme,d'un tableau de myopathie globale très sévèreavec une rhabdomyolyse patente traduite par uneélévation majeure des CPK et une myoglobinurie.L'EMG peut être normal ou montrer despotentiels moteurs polyphasiques et de faibleamplitude [5]. La survenue de cette myopathieparait très significativement favorisée parl'association corticothérapie-curarisation.Lesdose habituellement de l’hémisuccinated'hydrocortisone incriminée dans de la survenuede rhabdomyolyse étaient supérieure à250mg/jour sur une durée de plus d’une semaine[3]. Bien que i l’implication des corticoïdes nepeut être écartée dans notre cas, cependant il fautnoter que les doses utilisées deméthylprednisolone étaient faibles et à courtedurée, aussi il faut noter l’apparition des signescliniques et biologique de la rhabdomyolyse , quiétaient précoces chez les patients ( J+1 del’admission). Nous avons écarté dans notre cas,la responsabilité de la théophylline, de troublemétabolique (l’hypokaliémie) et de l’infection et,aussi, le curare n’ayant été utilisé qu’en monodose à l’intubation trachéale. Nous retentonsenfin l’hypothèse hypoxie - acidose - exerciceintense des muscles respiratoires, comme facteursincriminés dans la survenue de la rhabdomyolysechez nos patients.

CONCLUSIONLa rhabdomyolyse au cours de l’asthme aiguegrave est une complication rare, mais sonéventualité doit rester présente à l’esprit, elle peutengager le pronostic vital et fonctionnel. Lerecours à l’alcalinisation associée aux mesures deréanimation sont des éléments de base,indispensables pour une meilleure prise encharge.

REFERENCE1- A.Awab, M. Alilou, R.Elmoussaoui,

A.ElHijri, A.Azzouzi. Rhabdomyolyse aiguëau cours de l’asthme aigu grave.Réanimation chirurgicale del’hopitalavicènne de Rabat. 2008 ElsevierMasson SAS.

2- KS.Chugh, PC. Singhal, GK.Khatri.Rhabdomyolysis and renal failurefollowing status asthmaticus.Chest. 1978Jun;73: 879-80.

3- SA. Barrett, S. Mourani, CA. Villareal, JM.Gonzales, Zimmerman. Rhabdomyolysisassociated with status asthmaticus. Crit CareMed. 1993; 21: 151-3.

4- Williams TJ, O'Hehir RE, Czarny D, HorneM, Bowes G : Acute myopathy in severeacute asthma treated with intravenouslyadministered corticosteroids. Am RevRespirDis 1988; 137: 460-3.

5- Hanson P, Dive A, Brucher JM, Bisteau M,Dangoisse M, Deltombe T : Acutecorticosteroidmyopathy in intensive carepatients. Muscle Nerve 1997; 20: 1371-80.

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Dépistage de la tuberculose chez les sujets contacts des cas de Tuberculose Pulmonaire àbacilloscopie positive au Centre Anti Tuberculeux de Référence de la Carrière à Conakry»

[Tuberculosis screening in contacts of Smear-positive pulmonary tuberculosis cases at theAnti Tuberculosis Reference Center in Conakry]

Diallo. O H (1), Diallo. B D (1) Diallo I T(1), Camara. A (2), Bah B (1, 3), Touré D (1), Camara M H(1), Camara

L M(1), Sow O Y (1)

1- Service de Pneumologie, Hôpital Ignace Deen, CHU de Conakry,2- Département de Santé Publique Université de Conakry3- Centre Antituberculeux de Référence de la Carrière à Conakry

RESUMEEn Guinée la prise en charge des sujets contactsn’est pas optimale, très peu d’entre eux sontdépistés ; chez les enfants âgés de moins de 05ans, une chimioprohylaxie à l’isoniazide estsystématique après élimination d’une TBmaladie. Objectif : Décrire les résultats dudépistage de la TB chez les sujets contacts des casde TPM+ au CATR de la carrière. Méthodes : LeCATR de la carrière nous a servi de cadre. Ils’agissait d’une étude rétrospective descriptived’une durée de 4 ans (1er/01/ 2011- 31 /12/ 2014).Ont été inclus tous les sujets contacts des cas deTPM+ enregistrés au CATR de la carrière.Résultats : De 2011 -2014 : 5003 tuberculeux ontété enregistré au CATR de carrière, parmi eux1540 TPM+ et 1806 sujets contacts déclarés. Surles 1806 sujets contacts 54,6% étaient dépistéspositifs à la TB et 45,4% négatifs. L’âge moyendes sujets positifs était de 26,00±14,63 et 631(64,4%) avaient un diamètre d’induration entre10 et 14 mm et 351 (35,6 %) ≥15mm. Lafréquence de la TB latente était de 52,9% et cellede la TB maladie 1,7%. Cependant les 31patients qui présentaient une TB maladie 10avaient un âge ≤ 5 ans, 4 un âge entre 6 et 14 ans,17 un âge ≥ 15 ans. Seulement 04 patients avaientune TB bactériologiquement confirmé et 3 unecoïnfection TB/VIH. Conclusion : Le risque decontamination de la TB chez les sujets contactsreste élevé et intéresse même les enfants de plusde 5 ans. A cause des limites de cette étude nousn’avons pu déterminer les facteurs capablesd’augmenter le risque de survenu de la TB.Mots clés : TB, PITL, PITP, Conakry

ABSTRACTIn Guinea the management of contacts is notoptimal, very few of them are detected; Forchildren with less than 05 years old, isoniazidchemoprophylaxis is systematic after eliminationof TB disease. Goal: Describe the results of TBscreening for TPM+ contacts at the CART of thecareer. Methods: The CATR of the career servedus as a frame. This was a descriptive retrospectivestudy lasting 4 years (01/01 / 2011- 31/12/2014).All contacts with TPM+ recorded at the CATR ofthe career have been included. Results: From2011 -2014: 5003 TB patients were registered atthe career CATR, among them 1540 TPM+ and1806 reported contacts. Among the 1,806contacts 54.6% were positive for TB and 45.4%negative. The average age of the positive subjectswas 26.00 ± 14.63 and 631 (64.4%) had aninduration diameter of between 10 and 14 mmand 351 (35.6%) ≥15 mm. The latent TB was52.9% and TB disease 1.7%. However, amongthe 31 patients who had TB disease, 10 had anage ≤ 5 years, 4 an age between 6 and 14 years,17 an age ≥ 15 years. Only 04 patients hadbacteriologically confirmed TB and 3 TB / HIVco-infection. Conclusion: The risk of TBinfection among contacts remains high and is ofinterest even to children over 5 years of age.Because of the limitations of this study, we wereunable to determine the factors that couldincrease the risk of TB.

Key words: TB, PITL, PITP, Conakry

Auteur correspondant : Boubacar Djelo Diallo, [email protected]

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INTRODUCTIONLa tuberculose (TB) est l’une des plus sérieusesmenaces sanitaires mondiales avec deux millionsde décès et plus de huit millions de nouveaux caspar an [1]. Selon le Rapport 2017 del’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en2016, on estime à 10,4 millions le nombre denouveaux cas de tuberculose dans le monde, dont10% de personnes vivant avec le VIH ; selon lesestimations, 1,7 millions de personnes sontmortes de TB, dont presque 400 000 personnesco-infectées par le VIH. Cela représente unebaisse de 4% par rapport à 2015.[2]. Undiagnostic précoce, rapide et précis est essentielsur le plan individuel en vue d’une prise encharge correcte du patient, mais aussi sur le plancollectif pour permettre l’interruption de la chainede transmission [3]. La mortalité et la morbiditéimportantes observées dans les pays endéveloppement, s’expliquent en partie par unefréquence élevée de la coïnfection par le VIH [4].La TB est considéré comme une « maladiesociale » car elle se propage préférentiellementchez les communautés défavorisées et lesindividus désocialisés. Elle toucheessentiellement les populations urbaines, lespersonnes âgées, les sujets en situation deprécarité et les migrants [5] . La promiscuité ainsique la durée de l’exposition augmente le risquede développer une TB ; ainsi, le risque decontamination est plus important lorsquel’exposition a lieu au sein du cercle familial [5].Dans les pays développés, grâce à une politiquede prévention structurée, associant vaccinationpar le bacille de Calmette et Guérin (BCG),réseaux de surveillance et chimiothérapieantituberculeuse, l’incidence de la maladie afortement diminué à partir des années 50.Cependant, elle a augmenté au début des annéesquatre-vingt lors de l’explosion de l’infection parle VIH, atteignant une phase de plateau au milieudes années quatre-vingt-dix [6]. En 2014, laprévalence de la TB en Guinée était de 253 /100.000 habitants répartis en 61,4% de cas de TBpulmonaire à microscopie positive (TPM+) ;14,3% de cas de TB pulmonaire à microscopienégative (TPM0) et 24,3% de cas extrapulmonaires (TEP). Parmi eux 25% étaient VIHpositifs[4]. En 2014 seulement 2% des enfantscontacts des cas TPM+ et 5,8% de toutes lesformes de TB ont été notifié [7]. Chez les enfantsâgés de moins de 05 ans, une chimioprohylaxie àl’isoniazide est systématique après l’éliminationd’une TB maladie. En Guinée la prise en chargedes sujets contacts n’est pas optimale, très peud’entre eux en sont dépistés. La radiographie duthorax et l’IDR ne sont pas systématiques, ces

examens sont demandés au cas par cas par lemédecin. L’objectif de cette étude était de décrirele résultat du dépistage de la TB chez les sujetscontacts des cas de TPM+ au CATR de Conakry.

MATERIEL ET METHODESCadre et type d’étudeIl s’agit d’une étude de cohorte rétrospectiveeffectuée de janvier 2013 à décembre 2016, auCentre Antituberculeux de Référence (CATR) dela Carrière, c’est une unité du service depneumophtisiologie du CHU de Conakry. Cetteunité assure le suivi ambulatoire des patientstuberculeux et est responsable de la prise encharge d'environ 30% des cas de TB dans le pays.

Population et recrutement des patients de l'étudeL’étude a concerné l’ensemble des sujets ayant euun contact avec une personne atteinte detuberculose pulmonaire bactériologiquementconfirmé quelques soit l’âge, le sexe et laprovenance. Chez lesquels un interrogatoireminutieux, un examen clinique complet et desexamens complémentaires (radiographiethoracique, IDR) ont été réalisés. En cas desuspicion de tuberculose maladie, d’autresexamens complémentaires ont été réalisés : unexamen bactériologique dans l’expectoration et/ou le liquide de prélèvement gastrique et unesérologie rétrovirale au VIH. En Guinée, ledépistage de la tuberculose chez les sujetscontacts n’est pas systématique. Il est réaliséseulement chez les enfants âgés de moins de 5ans, sur la base des lignes directrices duProgramme national de la tuberculose [8].

Collecte de donnéesLes sujets contacts identifiés ont été enregistrés,interviewés pour obtenir les informationssociodémographiques, la présence de signed’imprégnation tuberculeuse. Ils ont bénéficiéd’un examen clinique complet à la recherche d’unfoyer pulmonaire ou extra pulmonaire de latuberculose. Puis une radiographie thoracique deface a été réalisée à la recherche de lésionssuspectes de tuberculose et une Intra DermoRéaction à la tuberculine(IDR) pour rechercherune probable infection tuberculeuse latente. Lessujets ayants présenté des signes d’imprégnationtuberculeuse, un examen clinique anormal et uneradiographie suspecte de tuberculose ontbénéficié d’un examen bactériologique dansl’expectoration et /ou le liquide de prélèvementgastrique pour la recherche du bacille koch et unesérologie rétrovirale au VIH à la recherche d’unecoïnfection TB/VIH. Le registre des sujetscontacts, les dossiers des malades, le registre desIDR à la tuberculine et le registre d’examen direct

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du laboratoire du CATR ont servis pour lacollecte des données sociodémographiques,cliniques et para clinique.Cette étude a eu l’accord du comité Nationaled’Ethique de Recherche en Santé de Guinée, pourassurer la confidentialité, un numérod'identification été attribué à chaque patientinclus dans l'étude.

Définition des termes et des variablesLes caractéristiques sociodémographiquesétudiées comprenaient l'âge, le sexe, la résidenceet la notion de contage tuberculeux. Les sujetscontacts ont été répartis en deux catégories, lesproches et les occasionnels, suivant la duréed’exposition déterminée. Ils sont dits contactproche si le contact ≥ 4 heures par semaine, avecune personne atteinte de TB pulmonairebactériologiquement confirmée et contactoccasionnel si le contact < 4 heures / semaine,avec une personne atteinte de tuberculosepulmonaire bactériologiquement confirmée. Danscette étude les sujets contacts ont été répartis endeux groupes : les sujets contacts dépistéspositifs pour l’ensemble des sujets contacts ayantune IDR positive et sujets contacts dépistésnégatifs concernent ceux ayant une IDR négative.Les variables cliniques étaient constituées soitpar la présence de signe d'imprégnationtuberculeuse: fièvre, sueur nocturne,amaigrissement, anorexie associés à des signesfonctionnels respiratoires (Toux ≥ de deuxsemaines, douleur thoracique, hémoptysie,dyspnée..) et /ou l’absence de signed'imprégnation tuberculeuse. Le diagnostic finala permis de répartir les sujets contacts en sujetssains, PITL et TB maladie. La primo infectionlatente ou tuberculose infection (PITL) estl’ensemble des sujets dont le diamètred’induration est ≥ à 10 mm, en l’absence decicatrice vaccinale et de signes cliniques et/ouradiologiques évocateurs d’une tuberculose. Laprimo-infection tuberculeuse patente(PITP) estl’ensemble des sujets contacts présentant dessignes d’imprégnation tuberculeuse (fièvreasthénie, amaigrissement sueur nocturne anorexieassociés à des signes fonctionnels respiratoires) etune radiographie thoracique suspecte de TB.Les sujets sains : regroupent les sujets contactsn’appartenant à aucun des deux groupesprécédents. Les variables para cliniques étaientla radiographie du thorax normal et radiographiesuspecte de TB : caractérisée par des lésions deTB (infiltrat apical, nodules ; réticulo nodules,atteintes pleurales ou des adénopathiesmédiatisnales…). L’IDR (Intradermoréaction à latuberculine) positive pour un diamètred’induration ≥ 10 mm indépendamment de la

vaccination au BCG, la sérologie rétroviraleVIH et les données bactériologiques desexpectorations bronchiques ou du liquided’aspiration gastrique.

Analyse des donnéesLes données ont été saisies avec le logiciel EpiData et analysées à l'aide de SPSS 21.0. Toutesles variables continues ont été décrites en utilisantles moyennes et les écarts-types tandis que lesvariables catégorielles ont été décrites au moyendes chiffres et proportions (%).

RESULTATSUn total de 1806 sujets contacts répondant auxcritères d’inclusions ont été enrôlés dans laprésente étude. Ces patients étaientmajoritairement des femmes (52,8%) et âgés de26 ans en moyenne. Le tableau 1 présente lescaractéristiques sociodémographiques des sujetsde l’étude.

Tableau 1 : Répartition des sujets contactsdes cas de TPM+ au CATR de la carrière de2011 à 2014 selon les caractéristiquessociodémographiques

VariablesEffectifs(n=986)

% Ic95%

Ages (ans)≤ 5 40 4,1 [2,9 ; 5,4]6-14 76 7,7 [6,0 ; 9,4]15-24 321 32,6 [29,4 ; 35,4]25-34 235 23,8 [21,3 ; 26,4]≥ 35 314 31,8 [28,9 ; 34,8]Moyenne :26,00±

14,63 ans

SexeMasculin 485 47,2 [44,0 ; 50,2]Féminin 521 52,8 [49,8 ; 56,0]RésidenceKaloum 14 1,4 [0,7 ; 2,3]Dixinn 108 11,0 [9,1 ; 12,9]Matam 230 23,3 [20,6 ; 25,8]Matoto 235 23,8 [21,2 ; 26,5]Ratoma 377 38,2 [35,1 ; 41,6]Hors deConakry

22 2,2 [1,3 ; 3,2]

Au sein de ces sujets contacts, 986(54,6%)présentaient une TB avec des fréquencesrespectives de 52,9% pour la tuberculose latente,de 1,7% pour la tuberculose patente (Tableau 2).Les signes d’imprégnations tuberculeuses étaientabsents chez 1753 (97,1%) et présent chez53(2,9%). La radiographie du thorax normalechez 1759(97,4%) et anormale chez 47(2,6%).

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Tableau III : Répartition des sujets contacts dépistés au CATR de la carrière de 2011-2014

Tuberculose Effectif %IC95%

Borne < Borne >Positive 986 54,6 52,4 57,1

PITL 955 52,9 50,6 55,1

PITP 31 1,7 1,2 2,3

Négative 820 45,4 43,2 47,6

Total 1806 100,0

L’IDR était positif chez 986 avec une moyennede 13,55 mm±2,9, parmi eux 631(64,4%) avaientun diamètre d’induration compris entre 10-14 mmet 351(34,6%) dont le diamètre est ≥ 15mm(Tableau 3).

Tableau IV : Répartition des sujets contacts descas de TPM+ au CATR de la carrière de 2011 à2014 dépistés positifs selon le diamètred'induration

Diamètred'induration(mm)

Effectif % IC95%

10 à 14 631 64,4 [61,5 ; 67,4]

≥ 15 351 35,6 [32,6 ; 38,5]

Total 986 100,0

Moyenne : 13,55 mm±2,9

Trente un patients ont développé une tuberculosemaladie, la recherche du Bacille de Koch àl’examen direct s’est révélée positive chez 4patients et la sérologie rétrovirale au VIH positivechez 3 patients. Les caractéristiques des patientsqui ont développés une tuberculose maladie sontnotifiées dans le tableau IV.

Tableau V : Caractéristiques des sujets contacts des cas de TPM+ au CATR de la carrière de2011à2014 ayant développé une TB maladie

Diagnostic Age (année) Sexe IDR en mm Radio du thorax SRV

≤5 6-14 ≥15 M F 10-14 ≥15

TB Pulmonaire2 1 3 3 3 6 - Infiltrat SD1 Négative

- - 1 1 - 1 -Nodulesbilatérales.

Positive

TBGanglionnaire

3 2 3 3 5 6 2 Normale Négative5 - - 1 4 2 3 EM2 Négative

TB Pleurale- - 9 5 4 3 6 EPD3 Négative- 1 1 - 2 2 - EPD3 Positive

Total 10 4 17 13 18 20 11

1Sommet droit | 2Elargissement médiatisnal | 3Epanchement pleural droitParmi les 31 patients 04 avaient une TB bactériologiquement confirmé

Au terme de cette étude nous avons retrouvé 820(45,4%) de sujet sains, 955(52,9%) de cas dePITL et 31(1,7%) de TB maladie.

DISCUSSIONLa présente étude réalisée dans le CATR deConakry, a permis d’obtenir les résultats dudépistage de la tuberculose chez les sujets

contacts des cas de tuberculeuse bactériologiqueconfirmée. Dans cette étude, 54,6% présentaientune tuberculose et des fréquences respectives de52,9% pour la tuberculose latente, de 1,7% pourla tuberculose patente. Nos résultats montrent despourcentages élevés de PITL supérieurs à ceuxrapportés par Berraies en Tunisie (31,3%) chezles enfants contacts de parents tuberculeux[9] et

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Amangaret coll. [10] ( 2.6%) de PITL. La PITtraduit le premier contact de l’organisme avec leBK et c’est de loin la forme la plus fréquente dela TB dont 10 % évoluent vers la PITpatente[11]. L’analyse de la situationépidémiologique confirme, qu’avec une incidenceannuelle de plus 8 millions, la TB est loin d’êtreune « maladie du passé » [1]. La PIT n’est pasune priorité pour les programmes de lutteantituberculeuse, vu son caractère paucibacillaire, mais reste un indicateur du niveau decontrôle de la maladie tuberculeuse. Le dépistagede la TB à un stade précoce de la maladiereprésente un moyen efficace de lutteantituberculeuse. Nos résultats ont montré unpourcentage de la TBM inférieur à celui rapportédans la littérature ; Fox et coll. ont rapporté uneprévalence de la TB maladie à 10 % chez lesenfants de 5 ans(ou moins), 8,4% chez les enfantsde 5 à14 ans et de 3,2% chez les enfants de 15 ans(ou plus) pour les pays à faible (ou moyen)revenu. Pour les pays à revenu élevé, ces chiffressont respectivement de 4,7%, 2,9% et 2,3%[12].Le risque de la réactivation de la TB pour unepersonne ayant une ITL documentée est estimé à5-15%, et la majorité des sujets vont développerla maladie dans les 5 premières années aprèsl’infection initiale [5]. Cependant, la probabilitéde progression de l’ITL à la tuberculose activedépend de bactéries, de l’hôte et des facteursenvironnementaux. La majorité des patientsétaient asymptomatiques, seulement 2.9% avaientdes signes d’imprégnation tuberculeuse. Dans lalittérature il est décrit que la grande majorité despersonnes infectées ne présentent aucun signe (ousymptôme) de la maladie tuberculeuse et ne sontpas contagieux, mais ils sont à risque dedévelopper une TB active et de devenircontagieux[4]. L’ensemble des patients ontbénéficiés d’une radiographie thoracique de face,elle est incontournable, car elle permet desuspecter le diagnostic et de suivre le patient. Ellemontre souvent des anomalies même en l’absencedes signes cliniques. Elle a une sensibilité de 95à 100 % lorsque l’examen microscopique estpositif, et de 50 à 70 % en cas de bacilloscopienégative [13] .Dans cette étude elle était anormalechez 2,6% des cas. Parmi les contacts positifs,631 (64,4%) avaient un diamètre d’indurationentre 10 et 14 mm, 351 (35,6%) avaient undiamètre d’induration supérieur ou égal à 15 mm.Nos résultats sont supérieurs à ceux trouvés parBerraies A qui ont trouvé respectivement 30,1%(10-14 mm)et 12% (15 mm ou plus) [9] . Cettedifférence de pourcentage s’explique par le faitqu’au cours de notre tous les sujets avaient uneIDR positive (10 mm et plus) avec une moyenne

de 13,55±2,9mm. Ce taux de positivité de l’IDRau cours de notre étude montre l’intérêt de lasystématisation de l’IDR chez toutes lespersonnes contactes des cas de TBbacteriologiquement confirmée car elle restel’examen de référence pour le diagnostic del’infection tuberculeuse latente dans les pays àressources limitées. Parmi les 31 patients quiprésentaient une tuberculose maladie 10 avait unâge de 5 ans et moins, 4 avaient l’âge comprisentre 6 et 14 ans et 17 avaient un âge de 15 ans etplus. Ceci montre que la survenue d’unetuberculose à la suite d’un contage ne doit pasêtre sous-estimée. La recherche du bacille dekoch (BK) à l’examen direct avait été réaliséechez les patients qui ont développé la TB maladieet s’est révélée positive chez 4 patients. Lanégativité de la bacilloscopie n’exclut pas une TBmais devrait faire recours à d’autres examens telsque la culture qui reste le gold standard pour lediagnostic de la TB et le gene-Xpert MTB/RIF.Dans cette étude nous n’avons pas réalisé deculture, ni de gene-Xpert MTB/RIF. Laréalisation de culture n’est pas systématique pourl’ensemble des échantillons, mais réservée pourles cas suspects de TB résistante, sous traitementde seconde ligne et les projets de recherche. Legne-Xpert MTB/RIF n’est disponible en Guinéeque depuis 2012 et le pays est confronté à desruptures de cartouche ce qui limite la réalisationde cet examen aux patients fortement suspects deTB résistante[7]. La sérologie rétrovirale a étérecherchée chez 31 patients dont 3 patientsavaient une sérologie positive soit une fréquencede 9,7% parmi les 31 patients qui présentaientune tuberculose toute forme confondue. Uneétude réalisée à Conakry [14] a révélé que 16,8%des patients tuberculeux étaient co-infectés par leVIH. Ce résultat est différent de celui trouvé parAmangar Net coll.[10]qui rapportaient unesérologie VIH faite dans 26 % des cas est revenuenégative. La distribution de la tuberculose selonl’âge était plus marquée dans 2 tranches d’âge.Tout d’abord entre 15-24 et chez les 35 ans ouplus. Ces âges dans nos sociétés sont ceux qu’onenvoie à l’assistance des autres (surtout lesmalades) pour les premiers (15-24 ans) en raisonde leur agilité. Le second groupe d’âge (35 ans ouplus) offrirait l’hospitalité, l’exposant à unenotion de de promiscuité favorable à lacontamination tuberculeuse. Gendrel D et coll.[15] en France ont souligné que le risque dedévelopper une TB maladie à partir d’un contagetuberculeux important varie grandement avecl’âge ; habituellement estimé à 45 % avant 1 an, à25 % entre 1 et 5 ans et à 15 % chez l’adolescentcontre 5 à 11 % chez l’adulte. Donc un diagnostic

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précoce de la TB est essentiel sur le planindividuel en vue d’une prise en charge correctedu patient, mais aussi sur le plan collectif pourpermettre l’interruption de la chaine detransmission. Les femmes viennent en tête dans lavariable genre, cependant les proportions sontsensiblement égales dans les 2 groupes. Lagrande fréquence des femmes serait due à un faitdémographique ou social. D’un point de vuesocial, la femme est cette mère qui est à la foisproche de ses enfants comme dans les soins ducorps surtout en cas de maladie, ce qui pourraitexpliquer cette fréquence élevée de femmes dansnos résultats. Du côté démographique, le sexeféminin est le plus représenté en Guinée (EDSGuinée). Ce grand nombre de patients enprovenant de la commune de Ratoma, pourraitêtre lié à un effet de répartition démographique,car Ratoma est de loin la commune la pluspeuplée de la ville de Conakry. A la fin de l’étude45,4% étaient sains, 52,9% avaient une primo-infection tuberculeuse latente et 1,7% avaient unetuberculose maladie. La notion de contageoccupe une place importante dans le diagnostic dela PITL et de la TBM dans les pays à ressourceslimitées. Une étude menée en Tunisie [8]sur ledépistage de la TB chez les enfants contacts deparents tuberculeux montre qu’avec 83 enfantscontacts, 31,3 % des enfants ont développé unePITL, 10,8 % avaient une TB maladie et 57,8 %ont été considérés sains. Toutefois, il est essentielde mener des études plus approfondies sur ledépistage de la tuberculose et les facteurs derisque de survenu d’une PITL et/ ou TB maladie.Le protocole de cette étude devra êtremulticentrique intégrant toute la Guinée et avecun échantillon plus important. La présente étudeest la première à notre connaissance à explorer ledépistage de la tuberculose chez les sujetscontacts des cas de tuberculose en Guinée. Lesrésultats de cette étude permettront de mobiliserles décideurs, les cliniciens, les chercheurs et lescommunautés pour une meilleure prise en chargedes sujets contacts de tuberculose en Guinée.Cette étude présente quelques limites. En effetelle n’a pas pris en compte certaines variables(liens de parenté, degré d’exposition del’entourage et durée moyenne d’exposition)En conclusion, cette étude a montré que le risquede contamination des sujets contacts des patientstuberculeux bacillifères dans notre pays est élevéet intéresse même les enfants de plus de 5 ans. Acause des limites de cette étude nous n’avons pudéterminer les facteurs capables d’augmenter lerisque d’infection latente et/ou de progressionvers la maladie

REMERCIEMENTCette étude a été réalisée dans le cadred’obtention du diplôme de spécialiste enPneumologie. Nous remercions le personnel duCATR de Conakry pour leur soutien lors de lacollecte des données. Notre Chère Maitre ladirectrice du DES et tout le personnel du servicede Pneumologie du CHU de Conakry.

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La tuberculose multirésistante chez le personnel de santé en Guinée : A propos de neuf cas.Service de Pneumo-Phtisiologie Hôpital National Ignace Deen

[Multidrug-Resistant Tuberculosis Among Health Personnel in Guinea: About Nine Cases]

Diallo B D1, Yessoufou MI1 Diallo, O H1 Bah B3 Touré D3, Camara M H3, Barry AO3 Diallo TH3, CondéMoussa2, Camara L M1, Sow O Y1

1- Faculté de Médecine Université Gamal Abdel de Conakry2- Laboratoire National de Référence des Mycobactéries de Conakry3- CHU de Conakry, Hôpital National Ignace Deen

RESUMEIntroduction : La tuberculose multirésistante estune infection par une souche deMycobacteriumtuberculosis résistante au moins àl'isoniazide et à la rifampicine [1], sa survenue chezle personnel de santé pose toute la problématique ducontrôle de l’infection tuberculeuse en milieux desoins. Patients et Méthodes : Une étuderétrospective de type descriptif de 8 ans (du 1er

janvier 2008 au 31 mars 2016) a été conduite auLNR des mycobactéries de Conakry. Tous les cas deTB-MR diagnostiqués chez le personnel de santé ontété colligés et analysés. Résultats : Durant lapériode d’étude, neuf agents de santé ont présentéune tuberculose multirésistante (TB-MR) ; 02médecins ; 02 internes ; 02 étudiants ; un infirmier,un biologiste et un agent administratif. Un seulprovenait du service de pneumo phtisiologie. Ils’agissait de 02 femmes et 07 hommes avec un âgemédian de 30 ans. Parmi eux, 7 patients avaient unantécédent de tuberculose et 2 présentaient unerésistance primaire. Parmi ces agents de santé 06présentaient une résistance à l’ensemble desantituberculeux de première ligne contre 02 cas derésistance à la rifampicine et à l’isoniazide seuls etun cas de résistance à la rifampicine (test XpertMTB-RIF). Un seul était VIH positif. Pourl’ensemble des 9 cas de TB-MR enregistrés 8 ontreçu le traitement antituberculeux de deuxième ligne,un a refusé le traitement. Pour les 08 patients traitésdes informations ont été obtenues : 3 guérisons, 2perdu de vue et 3 encore sous traitement. La majoritédes patients ont arrêté le travail : 7 cas tandis que 2ont continué leur activité professionnelle. Le motifd’arrêt était majoritairement lié aux mesures decontrôle de l’infection (5) puis dans 3 cas à cause dela gravité de l’état clinique. Conclusion: La TB-MRchez le personnel de santé est une situation grave, depar le risque de transmission de la maladie entresagents de santé et entre soignants et patients. Il estindispensable de renforcer les mesures de luttecontre l’infection tuberculeuse en milieu de soins etde faire bénéficier au personnel chargé de la prise encharge des patients tuberculeux d’un suivi médicalrégulier.

Mots clés : TB-MR, personnel de santé, Guinée.

ABSTRACTIntroduction: Multidrug-resistant tuberculosis is aninfection with a strain of Mycobacteriumtuberculosis resistant to at least isoniazid andrifampicin [1], its occurrence in health personnelraises the whole problem of controlling tuberculosisinfection in health care settings. Patients andMethods: A retrospective study of the descriptivetype of 8 years (from January 1, 2008 to March 31,2016) was conducted at the LNR of Conakrymycobacteria. All cases of MDR-TB diagnosed inhealth personnel were collected and analyzed.Results: During the study period, nine healthworkers presented with multidrug-resistanttuberculosis (MDR-TB); 02 doctors; 02 internal; 02students; a nurse, a biologist and an administrativeofficer. Only one came from the pneumophtisiologyservice. It was 02 women and 07 men with a medianage of 30 years. Among them, 7 patients had ahistory of tuberculosis and 2 had primary resistance.Among these health workers, 06 had resistance to allfirst-line anti-TB drugs, compared to only two casesof resistance to rifampicin and isoniazid alone andone case of resistance to rifampicin (Xpert MTB-RIFtest). Only one was HIV positive. For all 9 registeredMDR-TB cases 8 received second-line TB treatment,one refused treatment. For the 08 patients treatedinformation was obtained: 3 cures, 2 lost sight of and3 still under treatment. The majority of patientsstopped work: 7 cases while 2 continued theirprofessional activity. The reason for stopping wasmainly related to infection control measures (5) andin 3 cases because of the severity of the clinicalcondition. Conclusion: MDR-TB among healthpersonnel is a serious situation, due to the risk oftransmission of the disease between health workersand between caregivers and patients. It is essential toreinforce measures to combat tuberculosis infectionin health care settings and to ensure that thepersonnel responsible for the care of tuberculosispatients receive regular medical monitoring.

Key words: MDR-TB, health personnel, Guinea.

Auteur correspondant : Boubacar Djelo Diallo, [email protected]

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INTRODUCTIONLa tuberculose multirésistante est une infectionpar une souche de Mycobacteriumtuberculosisrésistante au moins à l'isoniazide et à larifampicine [1]. La tuberculose représente unvéritable problème de santé publique. Selon lerapport mondial de l’OMS sur la surveillance2014, cette affection est présente dans toutes lesrégions du monde et est estimée à 450 000 cas surun total de 8,6 millions de cas de tuberculose. Saprévalence varie selon les régions, de 0 à 15 %.Les proportions les plus élevées s’observent enEurope de l’Est, en Asie Centrale, en Inde et danscertaines provinces de Chine [2]. Chez lesnouveaux patients, sa prévalence moyenne est de3,6 % alors que chez les patients déjà traités, elles’élève à 20 % [3]. En Afrique, 13.531 cas de TB-MR ont été notifiés selon le rapport mondial 2014de l'OMS. Cette maladie a été rapportée par tousles pays de la région africaine en 2013,principalement dans les pays de l’Afrique australeet de l’est. L’Afrique de l’ouest et l’Afriquecentrale étant en Afrique les deux régions qui ontle plus faible taux de notification de la TB-MR[4]. Des études menées en Afrique et dansd’autres parties du monde ont démontré que lepersonnel hospitalier court un risque plusimportant d’infection par le M. tuberculosis et demaladie tuberculeuse que la populationgénérale[5] . En Côte d’Ivoire sur une période de8ans (janvier 2005 à décembre 2012) 4 cas deTB-MR ont été recensés chez le personnel desanté[6]. En Guinée, de 2008 à 2013, 443 cas deTB-MR ont été enregistréset la prise en chargede cette affection à l’image de beaucoup de paysen voie de développement reste encore peuefficiente[7]. La TB-MR survenant chez lepersonnel de santé soulève ainsi non seulement laquestion de la prise en charge du personnelmalade lui-même mais aussi celle de latransmission nosocomiale de l’infection [9, 10].Sa gestion pose le problème de contrôle del'infection notamment en milieu de soins. Lesmesures pratiques essentielles pour la préventionde la tuberculose en milieu de soins que sont : lediagnostic précoce, l’isolement (présomptif sinécessaire), le traitement des cas de tuberculose,la surveillance du personnel et le suivi despersonnes exposées ne sont pas toujoursappliquées dans les structures de santé du pays.L’objectif général de cette étude était de rapporternotre expérience sur la tuberculose multirésistantechez le personnel de santé en décrivant lescaractéristiques épidémiologique, clinique,paraclinique et thérapeutique de la tuberculosemultirésistante chez le personnel de santé.

PATIENTS ET METHODESIl s’agissait d’une étude rétrospective de typedescriptif de 8 ans (du 1er janvier 2008 au 31 mars2016). Le service de pneumophtisiologie del’hôpital national Ignace Deen ; les centresantituberculeux de la carrière et de tombolia ontservi de cadre à la réalisation de cette étude. Ontété inclus dans notre étude tous les dossierscomplets du personnel de santé diagnostiquéspour TBMR. L’inclusion a été réaliséeindépendamment du sexe, de l’âge, et de laprovenance du patient. Nous n’avons pas inclus,les dossiers incomplets du personnel de santédiagnostiqués pour TB-MR. Pour la collecte nousavons procédé comme suit : L’identification des cas de TBMR à partir

des résultats de culture et des tests XpertMTB/RIF, puis vérification de laconcordance des informations obtenues aveccelles des fiches de culture du LNR.

Le croisement des informations obtenuesavec celles du registre de la tuberculosemultirésistante pour vérification etcomplément des renseignements.

L’identification des patients TBMR ayantreçu un traitement spécifique à partir desregistres de traitement des TBMR.

Les données cliniques à partir des dossiersdes malades.

La recherche active de tous les cas de TBMRdont les informations d'identification ne figuraientpas dans le registre de traitement. Cette recherches’est réalisée en procédant à des appelstéléphoniques. La collecte de ces données apermis d’identifier les variables préconisées parl’OMS [11] :Les variables sociodémographiques : l’âge, lesexe, la profession, l’adresse du domicile, lenuméro de téléphone. Les variables bactériologiques: méthodes

diagnostiques utilisées (Löwenstein- Jensenou test Xpert MTB / RIF)

Les variables concernant les antécédents despatients: nouveau cas, ancien cas

Les variables concernant le motif d’arrêt dutraitement : la guérison, la fin du traitement,l’échec thérapeutique, le décès, la situationinconnue, le patient sous traitement.

Les données ont été analysées avec le logiciel EPIinfo version 7. L’anonymat a été respecté tout aulong de l’étude.

RESULTATSSur un effectif de 269 patients TBMR traité àConakry 9 étaient des personnels de santé. Aunombre desquels il y avait 2 médecins ; 2 internesen médecine ; 2 étudiantes ; 1 infirmier; 1

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biologiste et 1 personnel administratif (TableauVI), 1 seul provenait du service de

pneumophtisiologie.

Tableau VII : Récapitulatif des caractéristiques sociodémographiques des neuf personnels de santéatteints de TB-MR

1 25 Masculin Biologiste Conakry Célibataire2 30 Masculin Interne Conakry Célibataire3 77 Masculin Personnel administratif Conakry Mariée4 30 Masculin Interne Conakry Célibataire5 54 Masculin Infirmier Conakry Mariée6 28 Féminine Etudiante Kindia Célibataire7 29 Féminine Etudiante Conakry Mariée8 61 Masculin Médecin Dubreka Célibataire9 31 Masculin Médecin Conakry Célibataire

Age médian : 30 ans Minimum= 25 ans Maximum= 77 ans Sex-ratio=3,5

De plus la majorité avait un antécédent detuberculose soit 7 patients (CATEGORIE 2) et 2présentaient une résistance primaire(CATEGORIE 1). Les symptômes trouvés sontceux de la tuberculose à savoir : l’asthénie,l’anorexie, l’amaigrissement, la toux,l’hyperthermie, la dyspnée, les douleursthoraciques, l’hypersudation nocturne et un seulcas d’hémoptysie. Concernant le profil de larésistance 6 présentaient une résistance àl’ensemble des antituberculeux de premièreligne ; 1 était résistant à la rifampicine. En outre ily a avait 1 cas de résistance à SRH et 1 cas derésistance à RHE. Les lésions radiologiquesretrouvées étaient : les cavernes plus des infiltratsnodulaires chez 5 de nos patients ; 1 cas depleurésie ; 1 cas d’opacités alvéolaires et desinfiltrats nodulaires chez 2 patients. Parmi les 9patients 1 seul était immunocompétent. Pour les9 agents de santé tuberculeux mulltirésistant 1avait son bilan prétherapeutique en cours lors dela réalisation de cette étude et les 8 autres ont ététraités. Le schéma standard a été utilisé, à savoir6Km(Cm)-Ofx(Lfx)-Eto(Pto)-Cs-Z et 18Z-Ofx(Lfx)-Eto(Pto)-Cs. Pour les 8 patientstraités : 3 ont été déclarés guéri ; 3 étaient encours de traitement et 2 étaient perdu de vue. Enrevanche, quant à l’impact sur l’activitésocioprofessionnelle 7 ont arrêté le travail et 2 ontcontinué. Le motif d’arrêt était en majorité pourdes mesures de prévention et contrôle del’infection (soit 5 patients) et pour la gravité del’état clinique (soit 2 patients). La durée d’arrêtdu travail était supérieure à 3 mois chez 6 patientset inférieur à 3 moi pour 1 patients.

DISCUSSIONLes conséquences de la survenue d’unetuberculose chez un personnel de santé etparticulièrement de la TB-MR peuvent être

graves : il existe un risque accru de transmissionaux autres patients et des autres soignantspouvant être à l’origine de vraies épidémiesnosocomiales [10]. Il est donc indispensable derenforcer les mesures de prévention et contrôle del’infection en milieu de soins. Cette étudepermettra d’alerter le personnel médical sur lesrisques liés à cette affection et surtout de rappelerle besoin de renforcement des mesures decontrôle de l’infection dans les structures de soinsdu pays. Durant la période d’étude, nous avonscolligé neuf cas (09) de TB-MR survenus chezdes agents de santé. Il s’agissait d’adulte jeune(25 à 34 ans) de sexe masculin en majorité. Cetteprédominance masculine est retrouvée dans laplupart des travaux [12-14].Des résultatssimilaires étaient rapportés à Bobo-Dioulasso parOuedraogo SMetcoll. en 2014 montrent uneprédominance de la même tranche d’âge (48,7%)dans la population générale des patientsatteintdetuberculose multirésistante[15]. Le nombre élevédes patients en Categorie 2 s’expliquerait par lamauvaise gestion de la tuberculosepharmacosensible qui reste un facteurdéterminant dans la genèse de la tuberculosemultirésistante. Des observations similaires sontfaites ailleurs en Afrique [16,17]. Les symptômesrapportés correspondent à la classique descriptionde la TB-MR retrouvés dans la littérature [18]. Leprofil de la résistance aux antituberculeux depremière ligne n’était pas particulièrementdifférent des autres malades TB-MR, un seul despatients n’avait que le résultat du test XpertMTB/Rif et le reste des tests de sensibilité était encours. Nos résultats sont différents de ceux deBERDOUS T. et coll.[19] à Alger en 2014 quiont rapporté 77 cas de pharmaco-résistance dansla population générale dont tous étaient des TB-MR avec les profils de résistance SRH (70,12%)

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suivi de celui de RH (19,48%) les plusreprésentatifs. Le fait que les cavernes soient lesplus rencontrés s’explique par le fait qu’ils sontdes facteurs de risque de tuberculosemultirésistante car elles sont très riches enbacilles et plus le nombre de bacilles estimportant, plus il y a des risques qu’il y ait desmutants résistants. Le faible taux deséropositivité pour le VIH parmi les maladesatteints de TB-MR est retrouvé dans les étudesantérieures ivoiriennes [20] et béninoises [21]. Lefaible effectif de guérison dans notre étudesuggère des efforts à fournir dans lutteantituberculeuse et ces efforts doivent passer parla construction d’un grand centre de prise encharge des patients tuberculeux multi-résistants.Par ailleurs 2 patients ont continué leur activitésocioprofessionnelle d’où l’intérêt d’être encoopération avec la médecine du travail afind’extraire au plus vite ces personnels de leurservice de travail.

CONCLUSIONIl ressort de cette étude que la tuberculosemultirésistante chez le personnel de santé enGUINEE est une situation grave car elle peutentrainer des conséquences dramatiques pouvantêtre à l’origine d’épidémie nosocomialeslesquelles peuvent s’étendre au-delà du cadrehospitalier. Des efforts doivent être fournis parl’ensemble des acteurs de la lutte antituberculeuseà commencer par l’application effective desmesures de prévention et contrôle de l’infection etaussi l’implication des services d’hygiènehospitalière et de médecine du travail pour lasurveillance du personnel.

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