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RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
S e p t e m b r e 2 0 1 3 | N u m é r o 9
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Production végétale Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures Page 368
Production végétale Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse Page 394
Eclairage Série ProfiCrops: La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs
envers les produits suisses Page 402
Changements à la Haute école des sciences agrono-miques, forestières et alimentaires HAFL: un bâti-ment neuf, une nouvelle direction et une nouvelle régie (la HES bernoise). (Photo: HAFL)
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;
Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00
Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
367 Editorial
Production végétale
368 Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures Patrik Mouron et al.
Production végétale
376 Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre Stève Breitenmoser et Robert Baur
Production végétale
384 Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices
Claude-Alain Gebhard et al.
Production végétale
394 Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse
Ulrich Schaller et al.
Eclairage – Série ProfiCrops
402 La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses
Anna Crole-Rees, Martina Spörri, Johannes
Rösti et Christine Brugger
Eclairage
406 Culture du colza: des scientifiques de quatre continents font le point à Changins
Didier Pellet et Alice Baux
408 Portrait
409 Actualités
411 Manifestations
SommaireSeptembre 2013 | Numéro 9
Editorial
367Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 367, 2013
Axer la formation et la recherche sur la pratique
Chère lectrice, cher lecteur,
L’agriculture suisse est confrontée à des défis multiples et toujours plus nom-
breux. Seuls de bons spécialistes et des approches innovantes permettront
d’y faire face et de saisir de nouvelles chances. La Haute école des sciences
agronomiques, forestières et alimentaires HAFL compte, avec sa nouvelle
direction et en tant que département de la HES bernoise, continuer à appor-
ter sa contribution dans ce domaine. Notre institution propose des études de
bachelor basées sur des connaissances scientifiques et ancrées dans la pra-
tique; dans le master, elle forme des experts qualifiés, possédant de hautes
compétences méthodologiques, pour toute la filière agricole suisse. Des
compétences très recherchées sur le marché du travail, ainsi que le confirme
l’étude portant sur le secteur agroalimentaire publiée en juin 2013.
La formation dans une HES doit toutefois être liée à la recherche. A l’ori-
gine, c’est la raison qui nous a poussés à instituer nos activités de recherche.
Entre-temps, ces dernières sont devenues partie intégrante de notre mandat
de prestations. Elles comptent désormais au rang des «affaires courantes» et
constituent depuis longtemps un domaine à part entière. Nous privilégions
des approches innovantes pour traiter les sujets actuels du monde pratique
et développer des solutions porteuses d’avenir. Les petits projets sont gérés
au sein de l’école; pour les projets plus importants, la coopération avec
d’autres instituts est recherchée.
Les conditions générales applicables aux HES précisent que la recherche
doit y être financée par des tiers, car les fonds publics sont presque exclusi-
vement octroyés pour l’acquisition et le développement des compétences.
Nous sommes donc axés sur les besoins de la pratique tout en accordant une
importance particulière au transfert des connaissances – ce qui correspond
aussi à notre mandat en tant que HES.
Un autre point important à nos yeux est l’orientation stratégique de la
recherche. Nous travaillons actuellement à définir nos futures activités, dans
le but de continuer à les consolider et de mieux les profiler.
Les grands défis qui se posent dans le secteur requièrent des solutions. La
HAFL, en tant que partenaire de confiance, est prête à apporter sa contribu-
tion dans ce domaine; une contribution qui se traduit par une formation,
une formation continue et des activités de recherche axées sur la pratique.
Magdalena Schindler, directrice de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL
368 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
Lorsqu’un traitement contre le doryphore ou les criocères des céréales s’avère nécessaire dans les cultures conventionnelles, c’est en appli-quant Audienz (spinosad) que l’impact sur la durabilité est le moins important en termes de préservation des auxiliaires, de risque écolo-gique et de rentabilité. (Photos: ART, Gabriela Brändle)
I n t r o d u c t i o n
Les prestations écologiques requises (PER) supposent des
restrictions dans l’application d’insecticides dans les
cultures de céréales et de pommes de terre selon l’an-
nexe 6, chiffre 6.2 de l’Ordonnance sur les paiements
directs (RS 910.13). Les insecticides peu sélectifs suscep-
tibles de perturber l’effet régulateur des auxiliaires ne
peuvent être utilisés qu’après l'octroi d’une autorisation
spéciale délivrée par le service phytosanitaire cantonal
compétent. Cette règle PER est remise en question par
les agricultrices et les agriculteurs et par les organes
d’exécution proprement dits. Les agriculteurs consi-
dèrent la demande d’une autorisation spéciale comme
une entrave administrative et déplorent que les produits
nécessitant une autorisation spéciale soient plus actifs et
soient également moins chers que les produits appli-
cables sans autorisation. Quant aux organes d’exécution
proprement dits, ils souhaiteraient réduire le coût des
autorisations spéciales. C’est pourquoi, dans le cadre de
la politique agricole 2014−2017, l’OFAG souhaiterait
revoir les règles PER remises en question et si nécessaire
les adapter. Afin d’effectuer cet examen sur des bases
scientifiques actuelles, en 2012, l’OFAG a chargé
Agroscope d’effectuer l’étude présentée ici. Un groupe
d’experts a été formé pour l’étude, comprenant des
scientifiques, mais aussi des spécialistes cantonaux de la
protection des plantes et des agriculteurs.
M é t h o d e
Déroulement de l’évaluation de l’impact sur la durabilité
L’impact sur la durabilité a été évalué selon le schéma de
la méthode «SustainOS». Cette méthode a été dévelop-
pée entre 2008−2010 dans le cadre du projet UE ENDURE
(http://www.endure-network.eu/), afin de comparer les
stratégies de protection des plantes dans les cultures
fruitières et testée dans cinq pays européens (Naef et al.
2011; Mouron et al. 2012).
Paramètres contextuels et paramètres-cibles
La description du système pour les céréales et les pommes
de terre a été effectuée sur une parcelle modèle d’un
hectare pendant une année, sachant que les valeurs (p.
Patrik Mouron1, Chiara Calabrese1, Stève Breitenmoser2, Simon Spycher3 et Robert Baur3
1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon 1, 8356 Ettenhausen, Suisse2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1, Suisse3Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse
Renseignements: Patrik Mouron, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 72 23
Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures | Production végétale
369
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
Dans le cadre des prestations écologiques
requises (PER), l’utilisation d‘insecticides
homologués dans les cultures de céréales et
de pommes de terre en Suisse requiert des
autorisations spéciales lorsque les produits
sont considérés comme peu respectueux des
auxiliaires. Pour évaluer l’effet de cette
directive PER, une variante de référence
appliquant la directive a été comparée à
d’autres variantes avec insecticides. L’impact
sur la durabilité a également été évalué, à
l’aide de la méthode SustainOS. Celle-ci
prend en compte non seulement la préserva-
tion des auxiliaires, mais aussi les risques
écotoxicologiques et la rentabilité. Les
résultats montrent que, pour lutter contre les
criocères des céréales, une application unique
d’Audienz (spinosad) améliorerait significati-
vement la durabilité par rapport aux insecti-
cides de référence (Nomolt [téflubenzuron]
+ Biscaya [thiaclopride]). Dans le cas du dory-
phore par contre, où Audienz est considéré
comme la référence, aucune alternative n’a
pu être trouvée pour améliorer la durabilité.
L’étude montre également que les variantes
utilisant Novodor (Bacillus thuringiensis)
préservent certes les auxiliaires, mais
impliquent un risque accru pour les récoltes
et des coûts plus élevés. Par conséquent, on
peut recommander de ne pas modifier la
directive PER pour le doryphore et de
l’adapter pour les criocères des céréales.
ex. pour les quantités de récolte) sont basées sur la
moyenne annuelle et qu’elles sont, de l’avis des experts,
représentatives de la Suisse. Toutes les activités ont été
définies, du travail du sol jusqu’à la récolte. L’étude
repose sur l’hypothèse que les seuils de tolérance étaient
dépassés pour les criocères des céréales (Oulema spp.) et
pour le doryphore (Leptinotarsa decemlineata [Say
1824]) et les pucerons (différentes espèces) dans les
cultures de pommes de terre. Concernant les maladies
fongiques, on suppose une pression moyenne dans les
deux cultures. Les principaux paramètres-cibles étaient
que les récoltes soient acceptées à la livraison, et que les
bonnes pratiques de gestion des résistances soient res-
pectées.
Variantes de protection des plantes
Compte tenu des paramètres contextuels et des para-
mètres-cibles fixés, le groupe d’experts a défini des plans
de protection des plantes adaptés à la pratique. Pour le
choix des insecticides, trois variantes de base ont été
définies par rapport au respect des auxiliaires:
Variantes A: Sans restrictions. C’est-à-dire que tous les
insecticides autorisés en 2012 peuvent être employés
sans autorisation spéciale.
Variantes B: Restrictive. Seuls peuvent être utilisés les
insecticides qui n’avaient pas besoin d’une autorisation
pour les PER en 2012.
Variantes C: Autorisations spéciales comme en 2012. les
autorisations spéciales sont acceptées lorsque le seuil de
tolérance est dépassé et que l’application d’inhibiteurs
de mue n’est plus suffisamment efficace contre les larves
des criocères des céréales et du doryphore.
Le tableau 1 récapitule toutes les variantes de protection
des plantes définies par le groupe d’experts. Seule l’ap-
plication des insecticides est modulée. Concernant les
fongicides, les herbicides et les régulateurs de croissance,
les mêmes hypothèses sont posées pour toutes les
variantes d’une même culture. Comme les insecticides
sont souvent épandus mélangés à un fongicide, le
nombre de trajets est souvent inférieur au nombre de
produits phytosanitaires épandus.
La combinaison utilisée comme référence est celle
appliquée le plus fréquemment selon le groupe d’ex-
perts.
Méthodes d’analyse quantitatives
La méthode et les résultats de l’analyse de préservation
des auxiliaires (Coccinellidae, Chrysopidae, Syrphidae et
hyménoptères parasitoïdes) font l’objet d’un autre
article dans ce numéro de Recherche Agronomique
Suisse (Breitenmoser et Baur 2013).
L’analyse du risque écologique pour les organismes
vivant dans l’eau et le sol a été réalisée à l’aide du
modèle «Synops» développé à l’Institut Julius-Kühn
(Gutsche et Strassemeyer 2007). La simulation prend en
compte les poissons, les invertébrés aquatiques, les
plantes aquatiques, les algues et les vers de terre. Pour
le calcul des risques, la toxicité (Toxicity) du principe
actif pour ces groupes d’organismes est mise en rela-
tion avec sa concentration (Exposure). Cette méthode
permet d’obtenir le rapport Exposure-Toxicity-Ratio
(ETR) comme mesure du risque, sachant que: ETR =
Exposure / Toxicity.
Pour l’analyse économique, un calcul des coûts com-
plets a été effectué pour chaque variante de protection
des plantes. Le calcul des coûts complets oppose les
prestations, composées des recettes et des paiements
directs, aux coûts de production totaux, eux-mêmes
Production végétale | Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures
370 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
composés des coûts spécifiques et des coûts de structure,
afin de déterminer les bénéfices ou les pertes. Si par
exemple, le seuil de rentabilité est juste atteint, cela
signifie que les coûts de production totaux sont cou-
verts, y compris le salaire horaire pris comme hypothèse,
soit CHF 28.−/h (Gazzarin 2011). De même, un revenu du
travail calculé supérieur à CHF 28.–/h, signifie qu’un
bénéfice a été réalisé. Les coûts totaux de protection des
plantes comprennent outre le coût des produits, le coût
du travail, des machines et des bâtiments (Gazzarin
2011), ce qui explique que le nombre des passages influe
considérablement sur le niveau des coûts.
Evaluation de l’impact sur la durabilité
La figure 1c-e présente l’arbre d’évaluation tel qu’il a été
utilisé dans cette étude. Les attributs ont été sélection-
nés selon la méthode SustainOS et classés par ordre hié-
rarchique. Les attributs de base (en gris) se réfèrent aux
résultats des analyses quantitatives. Seul l’attribut de
base «risque de récolte» repose sur une estimation du
groupe d’experts. Dans notre étude, aucune analyse de
cycle de vie n’a été effectuée car les variantes se diffé-
rencient peu les unes des autres en termes d’énergie et
de consommation des ressources. Les attributs écolo-
giques sont représentés du côté gauche de l’arbre d’éva-
luation (en bleu) et les attributs économiques du côté
droit (en rouge). Tous les attributs de l’arbre d’évalua-
tion ont été pondérés de la même manière, à l’exception
du risque chronique (pondération de 67 %) et du risque
aigu (pondération de 33 %). Le risque chronique s’est vu
accorder plus de poids, car dans la pratique des cultures
de céréales et de pommes de terre, les concentrations
élevées nécessaires pour obtenir des effets aigus sont
plus rares que les concentrations généralement basses
liées aux risques chroniques potentiels.
Pour intégrer les résultats quantitatifs des analyses
dans les attributs de base évalués, cinq catégories d’éva-
luation ont été définies par rapport à la variante de réfé-
rence (VR): 1 = bien plus mauvaise que VR; 2 = plus mau-
vaise que VR; 3 = semblable à VR; 4 = meilleure que VR;
5 = bien meilleure que VR.
Comme les résultats de l’analyse de préservation des
auxiliaires et des risques écologiques étaient disponibles
pour cinq catégories d’évaluation, il allait de soi de les
attribuer aux catégories relatives de durabilité. Les attri-
buts de base de la durabilité économique (coûts de pro-
Céréales
VarianteInsecticide
(nom commercial)
Quantité de prin-cipe actif (subs-
tance active g/ha)
Coûts de pro-duits (CHF/ha)
Risque de récolte par rapport aux
insecticides (variabilité)
Fongicides/ Herbi-cides/Régulateurs
de croissance (nombre)
Mélanges de réservoir
(nombre)
Total des passages (nombre)
A1 Biscaya* 58 33 +/- 5 % 2/ 1/ 1 1 4
B1 Nomolt et Audienz* 60 et 48 78 et 62 +/- 7 % 2/ 1/ 1 1 5
B2 Audienz* 48 62 +/- 7 % 2/ 1/ 1 1 4
C1 Référence Nomolt et Biscaya* 60 et 58 78 et 33 +/- 5 % 2/ 1/ 1 1 4
Pommes de terre
A1 Karate* et Biscaya* 8 et 48 18 et 33 +/- 15 % 13/ 2/ 0 3 14
A2 Biscaya* (2x) 48 (2x) 33 (2x) +/- 15 % 13/ 2/ 0 3 14
B1 Nomolt, Audienz et Plenum* 38, 24 et 150 49, 31 et 84 +/- 15 % 13/ 2/ 0 4 14
B2 Novodor, Audienz et Plenum* 120, 24 et 150 192, 31 et 84 +/- 15 % 13/ 2/ 0 4 14
B3 Novodor (2x) et Plenum* 120 (2x) et 150 192 (2x) et 84 +/- 20 % 13/ 2/ 0 4 14
C1 Référence (D ≠ P)
Audienz et Plenum* 24 et 150 31 et 84 +/- 15 % 13/ 2/ 0 3 14
C2 (D + P) Audienz et Biscaya* 24 et 48 31 et 33 +/- 15 % 13/ 2/ 0 3 14
Tableau 1 | Définition des variantes insecticides selon l’hypothèse que les seuils de tolérance sont dépassés pour les criocères des céréales et pour le doryphore et les pucerons dans les cultures de pommes de terre
*Insecticides nécessitant une autorisation spéciale selon la règle PER de 2012. (D ≠ P): Les doryphores ne sont pas présents en même temps que les pucerons. (D + P): Les doryphores sont présents en même temps que les pucerons.Insecticides: dans les céréales: contre les criocères des céréales; insecticides dans les pommes de terre: contre le doryphore et les pucerons Nom commercial (principe actif/ catégorie) des insecticides: Audienz (spinosad/ spinosyne); Biscaya (thiaclopride/ néonicotinoïde); Karate (lambda-cyhalothrine/ pyréthri-noïde); Nomolt (téflubenzuron/ inhibiteur de mue); Novodor (Bacillus thuringiensis/ bioinsecticide); Plenum (pymétrozine/ pyridine-azométhrine).Pour les maladies fongiques et les adventices, l’hypothèse est celle d’une pression moyenne.Nombre de fongicides / herbicides/ régulateurs de croissance dans les céréales: 2/ 1 / 1 avec pour les fongicides (principes actifs): Amistar Xtra (azoxystrobine, cyproconazole) et Input (spiroxamine, prothioconazole); nombre de fongicides / herbicides dans les pommes de terre: 13/ 2 de la totalité pour les fongicides 5x Mancozeb (= 4,5 x dose complète); pour toutes les variantes de protection des plantes d’une culture, on a choisi le même plan de traitement pour les fongicides.Les prix se réfèrent aux produits phytosanitaires pour les cultures en plein champ, moyenne 2009–2011, sans rabais (Brenner et Hochstrasser 2011).
Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures | Production végétale
371Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
Pommes de terre: limites pour la catégorie 4 et 5, lorsque
les coûts sont de CHF 163.– resp. 968.– /ha inférieurs par
rapport à VR; limites pour la catégorie 2 et 1, lorsque les
coûts sont de CHF 240.– resp. 1024.–/ha plus élevés que
la référence. Coûts totaux de production de VR:
CHF 17 483.–/ha
Résultats pour les céréales
La variante de référence – pour laquelle on a d’abord
employé l’inhibiteur de mue Nomolt contre les criocères
des céréales, puis après obtention d’une autorisation spé-
ciale le néonicotinoïde Biscaya – représente selon les
experts la situation correspondant aux règles PER en
2012. L’analyse de la référence montre que Nomolt n’agit
parfois pas de manière fiable contre les larves des crio-
cères des céréales du fait de sa période d’action limitée et
que Biscaya obtient certes de très bons résultats, mais
nuit gravement aux auxiliaires. La durabilité globale éco-
logique et économique de cette variante de référence est
dépassée par deux des trois variantes alternatives. La
figure 2a montre qu’il s’agit des variantes B2 (Audienz) et
A1 (Biscaya), qui obtiennent des évaluations de durabi-
duction par ha, revenu par ha et risque de récolte) ont
été attribués aux catégories de durabilité 1 à 5 en raison
de leur effet sur le salaire horaire. Pour les catégories
d’évaluation 2 et 4, la limite à partir de laquelle la diffé-
rence par rapport au salaire horaire était considérée
comme significative a été fixée à +/−5 % par le groupe
d’experts. Pour les catégories d’évaluation 1 et 5, la
limite a été fixée à +/−20 % par rapport à VR. Lorsque le
salaire horaire s’écartait moins de +/−5 % par rapport à
la variante de référence, il était attribué à la catégorie
d’évaluation 3 (comme la VR). Comme le salaire horaire
calculé de la variante de référence est de CHF 25.− pour
les céréales et de CHF 39.− pour les pommes de terre,
voici comment se répartit l’évaluation de la durabilité
par culture:
Céréales: limites pour la catégorie 4 et 5 (4 meilleure
et 5 bien meilleure que VR), lorsque les coûts sont de
CHF 66.− resp. 266.– /ha inférieurs par rapport à VR;
limites pour la catégorie 2 et 1 (2 mauvaise, 1 bien plus
mauvaise que VR), lorsque les coûts sont de CHF 67.–
resp. 266.– /ha plus élevés que VR. Coûts totaux de pro-
duction de VR: CHF 5596.– /ha
(e)
(d)
(c)
(b)
(a)
Définition des différentes variantes de protection des plantes dans le cadre de paramètres contextuels et de paramètres-cibles définis par des experts
Eval
uatio
n de
s ex
pert
s(E
)
Méthodes d’analyse quantitativesPréservation des auxiliaires (P), risque environnemental (R), calcul des coûts complet (C)
Description du système pour les cultures de céréales et de pommes de terre
Durabilité globale écologique-économique
50%
Durabilité écologique
50%
Durabilité économique
50%
Risque écologique
50%Préservation
des auxiliaires (P)
33% 33% 33%Coûts de
production par ha (C)
Revenu par ha
(C)
Risque de récolte (E)
Risque aquatique Risque terrestre
50% 50%
33% 67% 33% 67%
Risque aquatique
aigu (R)
Risque aquatique
chronique (R)
Risque terrestre aigu (R)
Risque terrestre
chronique (R)
Figure 1 | Illustre les différentes étapes de l’évaluation de l’impact sur la durabilité, telle qu’appliquée aux céréales et aux pommes de terre par le groupe d’experts de cette étude.
Production végétale | Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures
372 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
lité globale nettement supérieures à 3,0. La durabilité
globale de la variante B1 (Nomolt et Audienz) est légère-
ment moins bonne que celle de la variante de référence.
Les figures 2b-d permettent de suivre les résultats de la
durabilité globale par rapport aux niveaux des attributs
secondaires. Il est intéressant de voir que les deux meil-
leures variantes obtiennent un meilleur classement de
durabilité globale que la variante de référence, ce, pour
des raisons très différentes. La variante B2 (Audienz) a un
net avantage par rapport à la variante de référence pour
la durabilité écologique où elle obtient une note de 4,33
(fig. 2b). Ceci s’explique par une préservation nettement
meilleure des auxiliaires (5,0) et un meilleur facteur de
risque écologique (3,67) (fig. 2c). En ce qui concerne les
attributs économiques, la variante B2 (Audienz) a toute-
fois des avantages et des inconvénients par rapport à la
variante de référence. Tandis que le risque de récolte est
plus élevé et par conséquent les quantités de récolte pré-
vues plus faibles (fig. 2d), les coûts de production sont
plus bas, car elle économise un passage (CHF 77.–/ha pour
la machine et la main-d’œuvre) et les coûts de Nomolt
(CHF 78.–/ha). Comme cet avantage de coûts arrive tout
juste à compenser les recettes plus basses (quantités de
récolte inférieures), le revenu obtenu ne se distingue pas
de manière significative de la variante de référence.
Dans la variante A1, qui par rapport à la référence,
renonce à l’emploi de Nomolt et applique une fois Bis-
caya, le risque de récolte ne s’accentue pas grâce à l’effi-
cacité très élevée de Biscaya, ce qui veut dire que la
quantité de récolte attendue est la même que dans la
variante de référence. Par conséquent, l’avantage en
termes de coûts (pas de Nomolt et un passage en moins)
se traduit par une amélioration du revenu en consé-
quence (fig. 2d).
Résultats pour les pommes de terre
La variante de référence qui représente la pratique
actuelle dans le respect des règles PER en 2012, prévoit
un traitement avec Audienz contre le doryphore (aucune
autorisation spéciale nécessaire) et un traitement contre
les pucerons avec Plenum (autorisation spéciale exigée)
à supposer que les deux ravageurs aient dépassé le seuil
de tolérance. La durabilité globale écologique-écono-
mique de la variante de référence n’est dépassée par
aucune des six variantes alternatives. Parmi les variantes
alternatives, la variante B2, dans laquelle contrairement
à la variante de référence une application supplémen-
taire du bioinsecticide (Bacillus thuringiensis) a lieu
avant l’emploi d’Audienz, est celle qui atteint la meil-
leure rentabilité globale, avec 3,0, soit presque aussi
Figure 2 | Résultats de l’évaluation de l’impact sur la durabilité des insecticides utilisés contre les criocères des céréales.
3,67
3,33 2,92
0
1
2
3
4
5 B2 (Audienz)
A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)
Durabilité écologique-économique
Durabilité écologique
Durabilité économique
3,67
3,33 2,92
B2 (Audienz)
A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)
Durabilité écologique-économique
Variante de référence
0
1
2
3
4
5
B2 (Audienz)
A1 (Biscaya)
B1 (Nomolt et Audienz)
Préservation des auxiliaires Risque écologique
0
1
2
3
4
5 B2 (Audienz)
A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)
Coûts de production Risque de récolte Revenu
0
1
2
3
4
5
3,67
3,33 2,92
0
1
2
3
4
5 B2 (Audienz)
A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)
Durabilité écologique-économique
Durabilité écologique
Durabilité économique
3,67
3,33 2,92
B2 (Audienz)
A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)
Durabilité écologique-économique
Variante de référence
0
1
2
3
4
5
B2 (Audienz)
A1 (Biscaya)
B1 (Nomolt et Audienz)
Préservation des auxiliaires Risque écologique
0
1
2
3
4
5 B2 (Audienz)
A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)
Coûts de production Risque de récolte Revenu
0
1
2
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4
5
a b
c d
Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures | Production végétale
373Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
Audienz, obtient 2,75 comme note de durabilité globale
(fig. 3a), bien que la double application de Novodor lui
apporte des avantages par rapport à la référence en ce
qui concerne le risque écologique (3,33) et qu’elle
obtienne un résultat semblable à celui de la variante de
référence pour la préservation des auxiliaires (fig. 3c).
Les avantages écologiques vont toutefois de pair avec
des coûts supplémentaires de CHF 353.–/ha. Cette
variante n’apportant aucun atout en termes de risque
de récolte, son revenu est également plus bas que celui
de la variante de référence. Globalement, les inconvé-
nients économiques priment sur les avantages écolo-
giques dans la variante B3 par rapport à la variante de
référence (fig. 3b).
Les quatre autres alternatives (C2, B1, A1, A2) affichent
toutes le même profil. Aucune ne se distingue de manière
significative de la variante de référence en termes de ren-
tabilité alors qu’elles affichent des inconvénients évi-
dents en termes de durabilité écologique (fig. 3b, 3c).
Les variantes étudiées emploient l’insecticide Ple-
num (pymétrozine) contre les pucerons dans les pommes
de terre. Il est également possible d’utiliser Teppeki (flo-
bien que la référence (fig. 3a). Les figures 3b-c montrent
que la variante B2 ne se distingue pas non plus de
manière significative de la variante de référence pour
tous les attributs secondaires, puisqu’elle obtient par-
tout la note de 3,0. Cela peut peut-être paraître éton-
nant au vu des coûts de production, parce que B2 com-
prend un traitement supplémentaire à base de Novodor
par rapport à la référence. C’est pourquoi toutes les
variantes comprennent un total de 14 passages. Effecti-
vement, cela entraîne des coûts supplémentaires de CHF
192.–/ha, ce qui se traduit par une baisse de moins de 5 %
du salaire horaire. On ne comptabilise aucun coût sup-
plémentaire pour les machines et la main-d’œuvre, car
14 passages par hectare et par an ont été définis à la
base pour la variante de référence et les variantes alter-
natives. Comme ces passages sont essentiellement dus à
l’épandage de fongicides (tabl. 1), des insecticides sup-
plémentaires peuvent être ajoutés dans le réservoir et
épandus simultanément.
La variante B3 (deux fois Novodor et Plenum), qui
contrairement à la variante de référence applique deux
fois Novodor contre le doryphore au lieu d’une fois
3,00
2,75
2,63
2,58
2,50
2,50
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1
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B2 (Novodor, Audienz et Plenum)
B3 (Novodor (2x) et Plenum)
C2 (Audienz et Biscaya)
B1 (Nomolt, Audienz etPlenum)
A1 (Karate et Biscaya)
A2 (Biscaya (2x))
Durabilité écologique-économique Durabilité écologique Durabilité économique
3,00
2,75
2,63
2,58
2,50
2,50
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5
B2 (Novodor, Audienz et Plenum)
B3 (Novodor (2x) et Plenum)
C2 (Audienz et Biscaya)
B1 (Nomolt, Audienz et Plenum)
A1 (Karate et Biscaya)
A2 (Biscaya (2x))
Durabilité écologique-économique Variante de référence
0
1
2
3
4
5
B2 (Novodor, Audienz etPlenum)
B3 (Novodor (2x) et Plenum)
C2 (Audienz etBiscaya)
B1 (Nomolt, Audienz et Plenum)
A1 (Karate et Biscaya)
A2 (Biscaya (2x))
Préservation des auxiliaires Risque écologique
0
1
2
3
4
5
B2 (Novodor, Audienz et Plenum)
B3 (Novodor (2x) et Plenum)
C2 (Audienz et Biscaya)
B1 (Nomolt, Audienz etPlenum)
A1 (Karate etBiscaya)
A2 (Biscaya (2x))
Coûts de production Risque de récolte Revenu
Figure 3 | Résultats de l’évaluation de l’impact sur la durabilité des insecticides utilisés contre le doryphore et les pucerons.
c d
3,00
2,75
2,63
2,58
2,50
2,50
0
1
2
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5
B2 (Novodor, Audienz et Plenum)
B3 (Novodor (2x) et Plenum)
C2 (Audienz et Biscaya)
B1 (Nomolt, Audienz etPlenum)
A1 (Karate et Biscaya)
A2 (Biscaya (2x))
Durabilité écologique-économique Durabilité écologique Durabilité économique
3,00
2,75
2,63
2,58
2,50
2,50
0
1
2
3
4
5
B2 (Novodor, Audienz et Plenum)
B3 (Novodor (2x) et Plenum)
C2 (Audienz et Biscaya)
B1 (Nomolt, Audienz et Plenum)
A1 (Karate et Biscaya)
A2 (Biscaya (2x))
Durabilité écologique-économique Variante de référence
0
1
2
3
4
5
B2 (Novodor, Audienz etPlenum)
B3 (Novodor (2x) et Plenum)
C2 (Audienz etBiscaya)
B1 (Nomolt, Audienz et Plenum)
A1 (Karate et Biscaya)
A2 (Biscaya (2x))
Préservation des auxiliaires Risque écologique
0
1
2
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4
5
B2 (Novodor, Audienz et Plenum)
B3 (Novodor (2x) et Plenum)
C2 (Audienz et Biscaya)
B1 (Nomolt, Audienz etPlenum)
A1 (Karate etBiscaya)
A2 (Biscaya (2x))
Coûts de production Risque de récolte Revenu
a b
374
Production végétale | Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
nicamide). Plenum comme Teppeki peuvent être consi-
dérés comme des produits neutres sans effets secon-
daires sur les auxiliaires (cf. article correspondant dans
ce numéro, Breitenmoser et Baur 2013).
D i s c u s s i o n
Cette étude a montré que lorsque le seuil de tolérance
était dépassé, aussi bien pour les criocères des céréales
que pour le doryphore, Audienz préserve davantage les
auxiliaires que Biscaya, ce qui veut dire qu’Audienz satis-
fait mieux l’objectif de la règle PER. Si, outre l’effet sur
les auxiliaires, d’autres attributs autant écologiques
qu’économiques, Audienz montre encore une durabilité
globale plus élevée que Biscaya. Actuellement, l’utilisa-
tion d’Audienz ne nécessite pas d’autorisation spéciale
dans les cultures de pommes de terre dans le cadre des
PER. L’idée serait donc d’ajouter les surfaces de céréales
aux surfaces d’application autorisées. Le risque de résis-
tances contre Audienz s’en trouverait-il accru? Le groupe
d’experts de l’étude est d’avis qu’aussi longtemps que le
pourcentage de surface «Extenso» (stricte interdiction
des herbicides et des fongicides) reste d’environ 50 % et
plus dans les céréales et que la fréquence des traite-
ments insecticides dans les cultures céréalières reste
faible en moyenne, le risque que des résistances se déve-
loppe devrait être minime. Il ne faut pas oublier non plus
que lorsque la pression des criocères des céréales est
faible, un traitement de Nomolt devrait suffire. Dans les
pommes de terre, où la tolérance aux dommages est très
faible, en pratique, presque personne ne se fierait seule-
ment à Nomolt ou Novodor. La toxicité des produits
pour les abeilles n’a pas été évaluée de manière explicite
comme attribut de durabilité, car selon les experts, les
abeilles ne sont pas présentes en grand nombre, ni dans
les céréales, ni dans les pommes de terre. Il reste néan-
moins un risque lorsque l’offre de fleurs est pauvre dans
la région et que parallèlement, les abeilles sont attirées
dans les céréales ou dans les pommes de terre par le mié-
lat produit par les pucerons.
Pendant les études, on a constaté que les données
relatives à l’effet des insecticides sur les auxiliaires ne
s’appuyaient souvent pas assez sur des relevés actuels de
terrain. Par ailleurs, on ne peut pas exclure que les fon-
gicides eux-mêmes, surtout en cas d’applications répé-
tées sur la même parcelle et durant la même année,
comme c’est le cas pour les pommes de terre, aient un
impact très négatif sur les auxiliaires. Là non plus, on ne
dispose pratiquement d’aucune donnée de terrain.
Comme à partir de 2014, la protection intégrée des
plantes sera introduite sur l’ensemble du territoire de
tous les pays de l’UE, les données de terrain sur la protec-
tion des auxiliaires susciteront davantage d’intérêt –
chez les utilisateurs comme chez les fabricants de pro-
duits phytosanitaires.
C o n c l u s i o n s
Dans l’hypothèse d’un dépassement des seuils de tolé-
rance pour les criocères des céréales et le doryphore,
l’évaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité
a permis d’étudier différentes variantes de protection
des plantes adaptées à la pratique. On a constaté qu’il
s’agissait essentiellement de comparer les deux insecti-
cides Audienz (spinosad/ spinosyne) et Biscaya (thiaclo-
pride / néonicotinoïde). A partir de cette étude, les
recommandations suivantes peuvent être établies pour
les règles PER:
•• Parmi les insecticides étudiés, on pourrait désormais
également autoriser l’application d’Audienz (spinosad)
contre les criocères des céréales, sans exigence d’autori-
sation spéciale dans le cadre de l’Ordonnance sur les
paiements directs pour les PER. Par contre, l’emploi de
Biscaya devrait continuer à nécessiter une autorisation
spéciale, car cet insecticide préserve nettement moins
les auxiliaires. Le net avantage d’Audienz en ce qui
concerne la préservation des auxiliaires par rapport à
Biscaya s’accompagne toutefois de quelques inconvé-
nients économiques. Tous les attributs étudiés confon-
dus, Audienz n’en affiche pas moins la meilleure
durabilité. L’autorisation d’Audienz dans les céréales
simplifierait également l’application de la législation en
cas de forte pression des ravageurs, car un produit
efficace serait alors disponible sans autorisation spéciale.
•• Concernant la lutte contre le doryphore, l’étude a
confirmé qu’Audienz pouvait continuer à être utilisé
sans autorisation spéciale et qu’il préserve nettement
mieux les auxiliaires dans cette culture que Biscaya.
Contre les pucerons dans les pommes de terre de
consommation, on pourrait désormais autoriser l’emploi
des deux insecticides Plenum et Teppeki sans autorisa-
tion spéciale, car ils ne nuisent pas davantage aux
auxiliaires dans l’ensemble du système, pas plus qu’ils
n’augmentent les risques écologiques. n
Remerciement
Nous remercions l’Office fédéral de l’agriculture OFAG de nous avoir confié le mandat et financé le projet «Evaluation de la durabilité des autorisations spé-ciales pour les insecticides utilisés contre le doryphore et les criocères des céréales». Nous tenons également à remercier tous les membres du groupe d’experts.
Informations supplémentaires
Sur Internet, il est possible de consulter les descriptions détaillées et les résultats des plans de traitement, de l’analyse de préservation des auxiliaires, du risque écologique (Synops) et du calcul des coûts complets ainsi que le nom des membres du groupe d’experts: http://www.agroscope.admin.ch/ ➝ Recherche avancée/ Critère de recherche: Mouron; Secteur: Publications
375
Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
Bibliographie b Breitenmoser S. & Baur R., 2013. Influence des insecticides sur les auxili-aires dans les céréales et pommes de terre. Recherche Agronomique Suisse 4 (9), 376–383.
b Brenner H. & Hochstrasser M., 2011. Pflanzenschutzmittel im Feldbau. Datenblätter Ackerbau, Agridea, Lindau.
b Gazzarin Ch., 2011. Coûts-machines 2011. Rapport ART 747, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.
b Gutsche V. & Strassemeyer J., 2007: SYNOPS – ein Modell zur Bewertung des Umwelt-Risikopotentials von chemischen Pflanzenschutzmitteln. Nachrichtenbl. Deut. Pflanzenschutzd. 59 (9), 197–210.
b Mouron P., Aubert U., Heijne B., Naef A., Strassemeyer J., Hayer F., Gail-lard G., Mack G., Hernandez J., Avilla J., Solé J., Sauphanor B., Alaphilip-pe A., Patocchi A., Samietz J., Höhn H., Bravin E., Lavigne C., Bohanec M.
& Bigler F., 2012. A Multi-attribute Decision Method for Assessing the Overall Sustainability of Crop Protection Strategies: A Case Study Based on Apple Production in Europe. In: Marta-Costa A. A., Silva E. (Eds.), Methods and Procedures for Building Sustainable Farming Systems, Springer, 123–137.
b Mouron P., Heijne B., Naef A., Strassemeyer J., Hayer F., Avilla J., Alaphil-ippe A., Höhn H., Hernandez J., Gaillard G., Mack G., Solé J., Sauphanor B., Samietz J., Patocchi A., Bravin E., Lavigne C., Bohanec M., Aubert U. & Bigler F., 2012. Sustainability assessment of crop protection systems: SustainOS methodology and its application for apple orchards. Agricultu-ral Systems 113, 1–15.
b Naef A., Mouron P. & Höhn H., 2011. Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires. Recherche Agronomique Suisse 2 (7+8), 334–341.
Sustainability assessment of insecticides in
Swiss grain and potato production
As part of the Proof of Ecological Perfor-
mance (PEP), Switzerland requires special
permits to be obtained for the use in cereals
and potato production of authorised
insecticides which have a potential to impact
beneficial arthropods. In order to test the
impact of this PEP requirement, a reference
variant illustrating the current PEP require-
ments was compared with other insecticide
variants. For this purpose, a sustainability
assessment taking account of ecotoxicologi-
cal risks and economic viability in addition
preservation of beneficials was performed
according to the «SustainOS» methodology.
The results show that the one-off use of
Audienz (spinosad) against cereal-leaf
beetle would significantly improve sustain-
ability vis-à-vis the reference (Nomolt
[teflubenzuron] plus Biscaya [thiacloprid[).
In the case of Colorado beetle, however,
where Audienz is considered the reference,
no alternative which would exhibit better
sustainability could be found. Furthermore,
the study shows that variants with Novo-dor (Bacillus thuringiensis) are friendly to
beneficials, but pose an increased risk to
yield and incur higher costs. Consequently, it
can be recommended that the PEP require-
ments with respect to Colorado beetle be
retained and adapted for cereal-leaf beetle.
Key words: sustainable agriculture, plant
protection strategies, wheat, potato, full
cost calculation, ecological risk assessment
(Synops).
Valutazione della sostenibilità di insetticidi
nella coltivazione di cereali e patate in
Svizzera
Nel quadro della prova che le esigenze
ecologiche sono rispettate (PER), in Svizzera,
per la coltivazione di patate e di cereali,
occorrono autorizzazioni speciali per quegli
insetticidi che non rispettano gli organismi
utili. Per verificare l'efficacia di questa
condizione PER, è stata confrontata una
variante di riferimento, che rappresenta le
attuali condizioni PER, con altre varianti di
insetticidi. A tale scopo è stata effettuata
una valutazione della sostenibilità secondo il
metodo SustainOS che, oltre alla salvaguar-
dia degli organismi utili, presta attenzione
anche ai rischi ecotossicologici e agli aspetti
economici. I risultati mostrano che, contro la
criocera del frumento, l'impiego unico di
Audienz (Spinosad) migliorerebbe in modo
significativo la sostenibilità rispetto alla
variante di riferimento (Nomolt [Tefluben-
zuron] più Biscaya [Thiacloprid]). Nel caso
della dorifora della patata, invece, in cui è
preso come riferimento Audienz, non è
stata trovata alcuna alternativa che
potrebbe presentare una migliore sostenibi-
lità. Inoltre lo studio mostra che le varianti
con Novodor (Bacillus thuringiensis) pur
conservando bene gli organismi utili,
presentano un notevole rischio correlato al
raccolto e costi elevati. Di conseguenza si
raccomanda il mantenimento delle condi-
zioni PER riguardanti la dorifora della patata
e l'adeguamento di quelle per la criocera del
frumento.
376 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
L’évaluation se base d’une part sur l’impact d’un traite-
ment sur chaque groupe d’auxiliaires avec une seule
substance active, et d’autre part sur l’impact de scénarios
phytosanitaires (Mouron et al. 2013) sur chaque groupe
d’auxiliaires avec plusieurs traitements insecticides et
fongicides. Ces scénarios comportent des traitements
contre les criocères (Oulema spp.) et les maladies fon-
giques dans le blé d’automne et des interventions contre
le doryphore (Leptinotarsa decemlineata [Say 1824]), les
pucerons du feuillage (différentes espèces) et les mala-
dies fongiques dans les pommes de terre de consomma-
tion. Enfin, une note globale de l’impact des scénarios
phytosanitaires est donnée pour l’ensemble des groupes
d’auxiliaires.
Choix des groupes d’auxiliaires
Le choix des groupes taxonomiques d’auxiliaires perti-
nents dans les céréales et les pommes de terre a été
déterminé par leur fonction régulatrice envers les rava-
geurs principaux (criocères dans les céréales, doryphore
I n t r o d u c t i o n
La protection ou lutte intégrée en agriculture a notam-
ment pour but de minimiser les effets secondaires négatifs
des produits phytosanitaires sur la faune auxiliaire. Elle
privilégie l’emploi d’insecticides ménageant cette faune
qui joue un rôle important dans la régulation des rava-
geurs. Les insecticides autorisés librement dans les grandes
cultures pour les prestations écologiques requises (PER)
sont réglementés dans l’Ordonnance sur les paiements
directs (OPD). Une fois les seuils de tolérance dépassés,
l’OPD liste les insecticides qui peuvent être utilisés libre-
ment et ceux qui nécessitent une autorisation spéciale
délivrée par les services phytosanitaires cantonaux. Cepen-
dant, les connaissances actuelles sur l’impact des subs-
tances actives sur les auxiliaires sont souvent insuffisantes
ou incomplètes. C’est pourquoi, dans le cadre d’une actua-
lisation des insecticides utilisables librement en PER dans
les céréales et les pommes de terre ou afin de permettre
un choix plus approprié de ceux-ci lors de l’octroi d’autori-
sations spéciales par les cantons, une évaluation de leur
impact sur la faune auxiliaire a été réalisée.
Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre Stève Breitenmoser1 et Robert Baur2
1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1, Suisse2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse
Renseignements: Stève Breitenmoser, e-mail : [email protected], tél: +41 22 363 43 17
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Groupes d’auxiliaires pertinents retenus pour les céréales et les pommes de terre. A) Larve et adulte de Coccinella septempunctata (Linnaeus 1758). B) Larve et adulte de Episyrphus balteatus (De Geer 1776). C) Larve et adulte de Chrysoperla carnea (Stephens 1836). D) Adultes et pucerons parasités par Aphidius rhopalosiphi de Stefani-Perez 1902. (Photos: Mario Wald-burger, Agroscope; sauf larve de Episyrphus [Unité d'Entomologie fonctionnelle et évolutive de Gembloux Agro-Bio Tech (Uni-versité de Liège – Belgique)] et Aphidius © INRA, Bernard Chaubet.
A
C
A
C
B
D
B
D
Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale
377
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
Dans les prestations écologiques requises (PER),
seuls certains insecticides ménageant les auxi-
liaires (insectes utiles) sont librement autorisés
dans les grandes cultures en Suisse. Avec l’arrivée
de nouveaux produits phytosanitaires ces
dernières années, une nouvelle évaluation de la
toxicité des insecticides est souhaitée autant par
les autorités que par la pratique. Une évaluation
basée sur des données de la littérature a permis
de mettre en évidence quelles substances actives
ménagent – ou pas – quatre groupes d’auxiliaires
pertinents préalablement sélectionnés (Coccinelli-
dae, Chrysopidae, Syrphidae et hyménoptères
parasitoïdes). Dans un deuxième temps, la
toxicité des quatre groupes d’auxiliaires a été
évaluée sur la base de différents scénarios
phytosanitaires préétablis (Mouron et al. 2013),
comprenant insecticides et fongicides. Ces
scénarios concernent la lutte contre les criocères
dans le blé d’automne et la lutte contre le
doryphore et les pucerons du feuillage dans les
pommes de terre de consommation. Les résultats
ont montré quels scénarios et surtout quelles
substances actives ont un effet négatif sur cette
faune utile. Les résultats montrent également que
quelques fongicides ou leur application répétée
peuvent également avoir un impact négatif sur
les auxiliaires. Toutes ces données sont basées
principalement sur des essais en laboratoire ou en
conditions contrôlées sous abris. Elles mérite-
raient cependant d’être vérifiées en plein champ.
dans les pommes de terre) ainsi que les ravageurs plutôt
secondaires (pucerons des épis ou du feuillage). Les
groupes d’auxiliaires dominants présents dans ces
cultures au moment des applications phytosanitaires
sont les coccinelles, chrysopes, syrphes et hyménoptères
parasitoïdes (Borgemeister 1991; Radtke et Rieckmann
1991; Obst et Volker 1993) (fig. 1; tabl. 1). Les carabes et
araignées, prédateurs non spécifiques agissant principa-
lement au sol, n’ont pas été retenus comme pertinents.
L’influence des champignons entomopathogènes (ento-
mophtorales) n’a pas été considérée, car elle est difficile
à évaluer et peu de données sont disponibles dans la
littérature.
Quant aux abeilles, elles ne sont pas considérées
comme auxiliaires au sens de l’OPD. En effet, selon la
définition d’un auxiliaire, celui-ci doit avoir une fonc-
tion régulatrice sur un ravageur. La toxicité des produits
de protection des plantes sur les abeilles est ainsi éva-
luée lors du processus d’homologation selon l’Ordon-
nance sur les produits phytosanitaires (OPPh).
Sources de données
Les informations quant aux effets secondaires négatifs
d’une application d’une substance active sur un groupe
d’auxiliaires proviennent des sources suivantes: rapports
internes du Groupe Ecotoxicologie de ACW (2008); base
de données de l’IOBC/OILB (2005); guides Arbo-Viti ACW
(Wirth et al. 2011a, Wirth et al. 2011b); Biobest (2012);
base de données des produits de traitements des plantes
autorisés en France (E-phy 2005). Les informations ne
sont pas toujours satisfaisantes et parfois même contra-
dictoires. Les données à disposition pour chaque subs-
Groupe d’auxiliaire (GA) Action des auxiliaires Pertinence1)
Coccinelles (Coccinellidae)Exemples:
Coccinella septempunctata (Linnaeus 1758). Adalia bipunctata (Linnaeus 1758).
Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui se nourrissent de pucerons, d’œufs et de larves de criocères et de
doryphore. Dans les céréales aussi de thrips. Une génération par an, relativement mobiles.
Pertinent
Chrysopes (Chrysopidae)Exemple:
Chrysoperla carnea (Stephens 1836)
Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui se nour-rissent de pucerons, éventuellement aussi d’œufs de criocères et
de doryphore, également de thrips. Deux générations par an, rela-tivement mobiles.
Pertinent
Syrphes (Syrphidae)Exemple:
Episyrphus balteatus (De Geer 1776). Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui se nour-
rissent de pucerons. Trois générations par an, relativement mobiles.Pertinent
Parasitoïdes (Hymenoptera)
Exemples:Aphidius rhopalosiphi (de Stefani-Perez
1902). Aphidius colemani (Viereck 1912).
Adultes relativement spécifiques, important surtout comme para-sitoïde de pucerons (Aphididae). Plusieurs générations par an,
peu mobiles.Pertinent
Carabes (Carabidae),Araignées (Araneae),Staphylins (Staphilinidae)
Exemples:Poecilus cupreus (Linnaeus 1758).
Pardosa spp.Aleochara bilineata (Gyllenhaal 1810).
Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui vivent prin-cipalement au sol, là où ne se trouvent pas les pucerons, œufs et
larves de criocères et de doryphore.
Ces trois groupes sont
moins pertinents
Tableau 1 | Choix et description des actions sur les ravageurs des différents groupes d’auxilaires présents dans les céréales et les pommes de terre
1)Pertinence du groupe d’auxiliaire par rapport aux ravageurs et aux cultures concernées.
Production végétale | Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre
378
tance active et groupe d’auxiliaires ne sont pas toujours
équivalentes; dans de tels cas, on a considéré la moyenne
du taux de mortalité observé par les différentes sources
pour une substance active et un groupe d’auxiliaire. Pour
certaines substances actives, il n’y a même aucune infor-
mation disponible.
Scénarios phytosanitaires
Les différents scénarios phytosanitaires utilisés dans
cette évaluation sont décrits par Mouron et al. (2013). Ils
comprennent toutes les interventions phytosanitaires
(herbicides, fongicides et insecticides) usuellement réali-
sées dans les cultures de blé d’automne et de pommes
de terre de consommation durant une saison. Les insec-
ticides visent les criocères dans le blé, le doryphore et les
pucerons du feuillage dans les pommes de terre. Les
applications plus rares ont été exclues des scénarios,
comme par exemple la lutte contre les pucerons des épis
ou la mouche jaune des chaumes (Chlorops pumilionis
[Bjerkander 1778]) dans le blé.
Dans le blé, quatre scénarios d’utilisation d’insecti-
cides ont été définis (A1, B1, B2 et C1; tabl. 2). Dans
toutes ces variantes, un seul et même scénario fongi-
cide a été suivi; il s’agit d’un traitement avec
azoxystrobine+cyproconazole (Amistar Xtra) puis
d’une application avec spiroxamine+prothioconazole
(Input).
Dans les pommes de terre, sept scénarios d’utilisa-
tion d’insecticides ont été définis (A1, A2, B1, B2, B3, C1
et C2; tabl. 3). Dans toutes les variantes, un seul et même
scénario fongicide a été suivi; il comprend les applica-
tions des substances actives suivantes: mancozèbe (dose
cumulée = 4,5 x la dose d’emploi), métalaxyl-M, fluazi-
nam, benthiavalicarbe, mandipropamide, cymoxanil,
zoxamide, dimétomorphe, cyazofamide, difénocona-
zole et chlorothalonil (pour toutes les autres substances,
la quantité appliquée correspond à la dose d’emploi
normale).
Méthode d’évaluation
Les différentes sources utilisées classent généralement
les substances actives dans trois ou quatre classes de toxi-
cité. Par souci de synthèse et de robustesse, seules trois
classes ont été retenues: N = inoffensif à peu toxique
ScénarioStratégie Criocères
RemarquesNom commercial Matières actives (g ma/ha)
A1 Biscaya thiaclopride (48-72) sans restriction
B1 Nomolt téflubenzuron (60) très restrictif
B2 Nomolt+Audienz téflubenzuron (60) + spinosad (48) très restrictif
C1 Nomolt+Biscaya téflubenzuron (60) + thiaclopride (48-72) avec autorisation cantonale
Tableau 2 | Scénarios pour le blé d’automne
ScénarioStratégie Doryphore Stratégie Pucerons
RemarquesNom commercial Matières actives I (g ma/ha) Nom commercial Matières actives II (g ma/ha)
A1 Karate lambda-cyhalotrine (7,5) Biscaya thiaclopride (72) sans restriction
A2 Biscaya thiaclopride (48) Biscaya thiaclopride (72) sans restriction
B1 Nomolt+Audienztéflubenzuron+spinosad
(37,5 + 24) Plenum ou Teppeki
pymétrozine (150) ou flonicamide (80)
très restrictif
B2 Novodor+AudienzBacillus
thuringiensis+spinosad (90-150 + 24)
Plenum ou Teppekipymétrozine (150) ou
flonicamide (80)très restrictif
B3 Novodor (2x) Bacillus thuringiensis (90-150) Plenum ou Teppekipymétrozine (150) ou
flonicamide (80)très restrictif
C1 Audienz spinosad (24) Plenum ou Teppekipymétrozine (150) ou
flonicamide (80)
avec autorisation cantonale.
Présence du doryphore et des pucerons NON
simultanée.
C2 Audienz spinosad (24) Biscaya thiaclopride (72)
avec autorisation cantonale.
Présence du doryphore et des pucerons simulatnée.
Tableau 3 | Scénarios pour les pommes de terre de consommation
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale
379
insecticides et fongicides différentes sur l’ensemble des
quatre groupes d’auxiliaires pertinents. Tout comme
pour l’évaluation des matières actives seules, le scénario
obtient une note finale de 1 à 5 dont la note 3 est la
limite (tabl. 4).
R é s u l t a t s
Impact d’une seule substance active
Les résultats des évaluations de l’impact d’une seule
substance active sur l’ensemble des quatre groupes d’au-
xiliaires sont donnés dans le tableau 6. Les insecticides à
base de Bacillus thuringiensis, de flonicamide et de
pymétrozine n’altèrent aucun des groupes d’auxiliaires
pertinents dans les cultures de céréales et de pommes de
terre, et sont donc favorables à la faune auxiliaire. Les
substances actives comme l’azadirachtine, le diflubenzu-
ron, le novaluron, le pirimicarbe, le spinosad et le
téflubenzuron permettent à au moins un groupe d’auxi-
liaires pertinents d’assurer une fonction régulatrice sur
les ravageurs dans ces deux cultures. L’acétamipride et le
chlorantraniliprole présentent une combinaison de toxi-
cité moyenne à forte sur les groupes d’auxiliaires perti-
nents (note 4), tandis que les autres substances évaluées
sont toutes toxiques (alpha-cyperméthrine, bifenthrine,
chlorpyrifos-éthyl, chlorpyrifos-méthyl, cyperméthrine,
deltaméthrine, lambda-cyhalothrine, thiaclopride, thia-
méthoxame et zéta-cyperméthrine).
Impact d’un scénario phytosanitaire
Les résultats des évaluations de l’impact d’un scénario
phytosanitaire sur l’ensemble des quatre groupes d’auxi-
liaires sont présentés pour le blé d’automne dans le
tableau 7 et pour les pommes de terre de consommation
dans le tableau 8.
Blé d’automne
Pour le blé d’automne, les scénarios étudiés se classent
tous entre la note 3 et 5 envers les auxiliaires. Concer-
nant les fongicides, il s’avère que la spiroxamine est
(0 – 50% de mortalité); M = moyennement toxique
(50 – 75 % de mortalité); T = toxique (>75 % de mortalité).
L’évaluation a tout d’abord porté sur l’influence d’un
seul traitement avec une substance active sur chaque
groupe d’auxiliaires, puis l’impact a été évalué sur l’en-
semble des quatre groupes d’auxiliaires. Pour pouvoir
assurer une fonction régulatrice sur les ravageurs des
deux cultures, au moins un des groupes d’auxiliaires per-
tinents doit être épargné par la substance active. Dans
cette étude, on admet que le potentiel de régulation de
ces quatre groupes d’auxiliaires est analogue. Suite à
l’évaluation, cette dernière obtient une note finale de
1 à 5. Au-delà de la note 3, la fonction régulatrice des
auxiliaires principaux n’est plus assurée (tabl. 4).
Dans un deuxième temps, la combinaison des effets
de plusieurs substances actives sur chaque groupe d’au-
xiliaires a été évaluée de manière multiplicative. Ainsi,
quand deux traitements occasionnent chacun 50 % de
mortalité pour un groupe d’auxiliaires (classe M), il en
résulte, selon le calcul (1 – 0,5) x (1 – 0,5) = 0,25, un taux
de survie de 25 % seulement, soit une classification T.
De même, on obtient un taux de survie de 18,7 % en
cumulant un traitement occasionnant 75 % de mortalité
et une application qui provoque une mortalité de 25 %
[(1 – 0,75) x (1 – 0,25) = 0,187]. Cette méthodologie est
également valable pour trois traitements ou plus et le
tableau 5 montre les différentes catégories obtenues
suite aux combinaisons des trois classes N, M et T. Cette
méthode permet d’évaluer l’impact d’un scénario phy-
tosanitaire comprenant plusieurs substances actives
Note finale
Impact sur chaque groupe d’auxiliaires pertinents (GA)
Description finale de l’impact sur l’ensemble des groupes d’auxiliaires pertinents (GA)
1 +/- tous N Aucun GA n’est significativement altéré.
2 Plusieurs N, mais un GA avec M (évent. un T) Un seul GA est moyennement à gravement altéré mais la fonction régulatrice reste clairement maintenue
3 Au moins 1 GA pertinent avec un NLa majorité des GA sont altérés mais au moins 1 GA n’est clairement pas altéré. La fonction régulatri-
ce reste assurée.
4 Combinaison de M et T (ou tous M)Les indications sont clairement données que la fonction régulatrice n’est plus assurée et que les GA
sont fortement altérés
5 Tous T Tous les GA sont fortements altérés, détruits. La fonction régulatrice des GA est compromise.
N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité
Tableau 4 | Evaluation de la toxicité des substances actives sur les quatre groupes d’auxiliaires pertinents (GA)
T et T = T M et M = TN et N = N ou M
(évaluation détaillée)T et M = T M et N = M
T et N = T
N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 %
de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité.
Tableau 5 | Effet de la combinaison des différentes classes de mortalité lorsque plusieurs traitements (substances actives) sont utilisées sur un groupe d’auxiliaire
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
Production végétale | Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre
380
moyennement toxique pour les coccinelles et les parasi-
toïdes. Les variantes A1 et C1 avec l’insecticide thiaclo-
pride obtiennent la note finale 5, car cette substance
active est toxique pour trois groupes d’auxiliaires perti-
nents. Les variantes B1 et C1 avec le téflubenzuron
donnent des résultats contrastés, car cette substance est
toxique pour les coccinelles et moyennement toxique
pour les chrysopes.
La variante B2 avec l’insecticide spinosad donne le
meilleur résultat (note 3), car la substance active est
neutre pour deux groupes d’auxiliaires pertinents. C’est
le seul scénario qui permet d’assurer une fonction régu-
latrice pour au moins un groupe d’auxiliaires malgré
l’utilisation du fongicide spiroxamine qui péjore un peu
la note finale. En renonçant à ce fongicide ou en en choi-
sissant d’autres non toxiques pour les quatre groupes
d’auxiliaires, la variante B2 obtiendrait la note 2. En
revanche, cette option ne changerait pas la notation
finale des autres variantes.
Pommes de terre de consommationDans les pommes de terre, les scénarios étudiés obtiennent
des notes de 4 et 5 envers les auxiliaires. Les résultats
montrent que le cumul des fongicides s’avère moyenne-
ment toxique pour les quatre groupes d’auxiliaires perti-
nents. Ceci est dû uniquement à l’emploi répété de man-
cozèbe qui altère les populations d’auxiliaires. En effet,
avec cinq applications (dont certaines à dosages réduits),
Note finale
Substances activesImpact sur les groupes
d'auxiliaires (GA)Impact sur la fonction régulatrice
1 Bacillus thuringiensis, flonicamide, pymétrozine +/- tous N
Fonction régulatrice assurée2 huile de colza, huile de paraffine Plusieurs N, mais 1 GA avec M (évent. T)
3azadirachtine, diflubenzuron, novaluron,
pirimicarbe, spinosad, téflubenzuronAu moins 1 GA avec un N
4 acétamipride, chlorantraniliprole Combinaison de M et T (un GA = M)
Fonction régulatrice NON assurée5
alpha-cyperméthrine, bifenthrine, chlorpyrifos-éthyl, chlorpyrifos-méthyl, cyperméthrine, delta-
méthrine, lambda-cyhalothrine, thiaclopride, thiamethoxame, zéta-cyperméthrine
tous T (tous les GA = T)
N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité.
Tableau 6 | Catégorisation des substances actives insecticides au niveau de leur toxicité envers les groupes d’auxiliaires pertinents (GA): Coccinellidae, Chrysopidae, Syrphidae, Hymenoptera parasitoïdes dans les céréales et les pommes de terre. Pour chaque catégorie de note, les substances actives sont classées par ordre alphabétique
ScénarioSyrphes
(Syrphidae)Coccinelles
(Coccinellidae)Chrysopes
(Chrysopidae)Parasitoïdes
(Hymenoptera)Notefinale
A1
Biscaya (thiaclopride) ? T T T
Fongicides (Amistar Xtra+Input) ?+? N+M N+N N+M
Synthèse ? T T T 5
B1
Nomolt (téflubenzuron) N T M N
Audienz (spinosad) ? N N T
Fongicides (Amistar Xtra+Input) ?+? N+M N+N N+M
Synthèse ? T M T 4
B2
Audienz (spinosad) ? N N T
Fongicides (Amistar Xtra+Input) ?+? N+M N+N N+M
Synthèse ? M N T 3
C1
Nomolt (téflubenzuron) N T M N
Biscaya (thiaclopride) ? T T T
Fongicides (Amistar Xtra+Input) ?+? N+M N+N N+M
Synthèse ? T T T 5
N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité. ? = pas de données disponibles.
Tableau 7 | Evaluation de la toxicité des scénarios sur les groupes d’auxiliaires clés dans le blé d’automne. Fongicides: une application avec Amistar Xtra (azoxystrobine + cyproconazole) puis une application avec Input (spiroxamine + prothioconazole)
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale
381
cette substance est considérée comme neutre à peu
toxique. Les scénarios A1, A2 et C2 avec l‘insecticide thia-
clopride obtiennent la note 5, car cette substance active
est toxique pour trois groupes d’auxiliaires pertinents.
Le scénario B1 avec le téflubenzuron donne des
résultats contrastés, car cette substance est toxique pour
les coccinelles et moyennement toxique pour les
chrysopes.
L’emploi de flonicamide ou de pymétrozine pour
lutter contre les pucerons du feuillage n’a aucune
la dose cumulée de ce fongicide correspond à 4,5 fois la
dose d’emploi simple soit 10 kg ma/ha. Les résultats de
Mills (2006) montrent qu’à la suite d’applications répé-
tées de cette matière active correspondant à 6,3 à 7,7 kg
ma/ha, les populations de parasitoïdes comme Aphidius
rhopalosiphi de Stefani-Perez 1902 et de Chrysoperla car-
nea (Stephens 1836) sont légèrement altérées. Les appli-
cations répétées de mancozèbe ont donc été considérées
comme moyennement toxiques à l’égard des quatre
groupes d’auxiliaires, tandis qu’une seule application de
ScénarioSyrphes
(Syrphidae)Coccinelles
(Coccinellidae)Chrysopes
(Chrysopidae)Parasitoïdes
(Hymenoptera)Notefinale
A1
Karate (lambda-cyhalothrine) ? T T T
Biscaya (thiaclopride) ? T T T
Fongicides M M M M
Synthèse ? T T T 5
A2
Biscaya 2x (thiaclopride) ? T T T
Fongicides M M M M
Synthèse ? T T T 5
B1
Nomolt (téflubenzuron) N T M N
Audienz (spinosad) ? N N T
Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)
? ou N N ou N N ou N N ou N
Fongicides M M M M
Synthèse ? T T T 5
B2
Novodor (Bacillus thuringiensis) N N-M N N
Audienz (spinosad) ? N N T
Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)
? ou N N ou N N ou N N ou N
Fongicides M M M M
Synthèse ? M M T 4
B3
Novodor 2x (Bacillus thuringiensis) N N-M N N
Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)
? ou N N ou N N ou N N ou N
Fongicides M M M M
Synthèse ? ou M M M M 4
C1
Audienz (spinosad) ? N N T
Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)
? ou N N ou N N ou N N ou N
Fongicides M M M M
Synthèse ? M M T 4
C2
Audienz (spinosad) ? N N T
Biscaya (thiaclopride) ? T T T
Fongicides M M M M
Synthèse ? T T T 5
N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité; ? = pas de données disponibles.
Tableau 8 | Evaluation de la toxicité des scénarios sur les groupes d’auxiliaires clés dans les pommes de terre de consommation. Fongicides: mancozèbe (dose cumulée = 4.5x la dose d’emploi), métalaxyl-M, fluazinam, benthiavalicarbe, mandipropamide, cymoxanil, zoxamide, dimétomorphe, cyazofamide, difénoconazole et chlorothalonil (pour ces dernières, la quantité appliquée correspond à la dose d’emploi)
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
382
Production végétale | Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre
influence sur le résultat final du scénario, car ces deux
substances actives sont neutres à peu toxiques pour les
quatre groupes d’auxiliaires pertinents (même si pour
la pymétrozine on ne dispose pas de données concer-
nant les syrphes).
Avec l’utilisation de mancozèbe, aucune variante
n’obtient une note finale en dessous de 4, synonyme
d’une fonction régulatrice assurée. Les moins mauvaises
variantes avec la note finale de 4 sont donc B2, B3 et C1.
En renonçant ou en limitant fortement l’utilisation de ce
fongicide ou en en choisissant d’autres non toxiques
pour les quatre groupes d’auxiliaires, la variante B3
obtiendrait la meilleure note 1 – 2 (au lieu de 4). Mais ceci
ne serait valable que lors d’une faible pression du dory-
phore, car le Bacillus thuringiensis n’est efficace que
contre les jeunes larves de stades L1 et L2. De même, les
variantes C1 et B2 obtiendraient la note respectivement
de 2 et 2 – 3 (au lieu de 4). L’utilisation de spinosad per-
met une lutte efficace lorsque la pression du doryphore
est importante, car cette substance active est efficace
contre tous les stades du ravageur. Par contre, ces scéna-
rios sans mancozèbe ne changeraient pas la note finale
5 pour les variantes A1, A2 et C2.
D i s c u s s i o n s
L’étude a permis de classifier et d’identifier les subs-
tances actives et les scénarios pouvant engendrer des
impacts négatifs sur la fonction régulatrice des groupes
d’auxiliaires pertinents dans les céréales et les pommes
de terre.
Actuellement, les restrictions d’utilisation PER pour
les produits de traitement dans les grandes cultures ne
concernent que les insecticides. Ce travail a montré que
certains fongicides peuvent également engendrer des
effets négatifs sur les auxiliaires. Ainsi, l’usage de la spi-
roxamine dans les céréales et l’application répétée de
mancozèbe dans les pommes de terre peuvent avoir un
impact non négligeable sur les auxiliaires.
Malgré le fait que la méthodologie utilisée dans cette
étude permet un schéma d’analyse reproductible et
cohérent, les sources utilisées sont pour certaines subs-
tances actives parfois incomplètes, lacunaires ou dans
certains cas contradictoires. Ces données reposent princi-
palement sur des études conduites en laboratoire ou en
conditions contrôlées sous abris (semi-field tests). Dans
un contexte global, l’effet des substances actives seules
ou de scénarios considérant tous les paramètres exté-
rieurs et l’agroécosystème dans son ensemble (climats,
régions, interactions des populations et peuplements de
ravageurs et auxiliaires, etc.) permettraient d’avoir une
vision plus réaliste de la situation au champ (field tests).
De telles études de plein champ manquent souvent, mais
seraient souhaitables pour affiner et valider les évalua-
tions. De plus, si le choix des principaux auxiliaires est
cohérent, la non prise en compte des prédateurs du sol
comme les carabes et les araignées est discutable.
Biondi et al. (2012), mentionnent dans leur synthèse
des résultats similaires aux nôtres concernant le spino-
sad, dans des conditions de laboratoire ou aux champs.
Ainsi, si les résidus de spinosad n’ont pas d’effets signifi-
catifs sur Chrysoperla carnea, les femelles de Coccinella
septempunctata Linnaeus 1758 et les larves et adultes
de Adalia bipunctata (Linnaeus 1758), ils ont une toxicité
aigüe sur 22 espèces d’hyménoptères parasitoïdes dont
Aphidius colemani Viereck 1912 et Trichogramma spp.
C o n c l u s i o n s
•• Cette évaluation de la toxicité des insecticides sur les
auxiliaires dans le blé d’automne et les pommes de
terre de consommation a permis de définir les
substances actives ou les scénarios ayant un impact
négatif sur la fonction régulatrice des groupes
d’auxiliaires pertinents dans ces cultures.
•• Ces résultats peuvent servir d’outil d’aide à la décision.
•• Dans le blé d’automne, les résultats montrent que
l’utilisation de spinosad ou de téflubenzuron contre
les criocères, mais dans ce dernier cas sans spiroxa-
mine, est à privilégier pour ménager les auxiliaires.
•• Dans les pommes de terre de consommation, les
résultats montrent que l’utilisation de Bacillus
thuringiensis et/ou spinosad contre le doryphore et/
ou pymétrozine ou flonicamide contre les pucerons
est à privilégier pour ménager les auxiliaires. Dans nos
scénarios, il est préférable de limiter les applications
de mancozèbe.
•• Les connaissances actuelles sur la toxicité des insecti-
cides et spécialement des fongicides sur les auxiliaires
sont partielles et basées sur des données obtenues en
laboratoire ou en conditions contrôlées (semi-field
tests). Les conclusions de l’analyse des scénarios
mériteraient d’être validées en conditions réelles aux
champs (field tests). n
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
Remerciements
Nous tenons à remercier M. Bernard Chaubet de l’INRA et Encyclop'aphid (www.inra.fr/encyclopedie-pucerons) INRA- UMR IGEPP (www.rennes.inra.fr/igepp) de nous avoir mis à disposition la photo de Aphidius rhopalosiphi, ainsi que M. Fran-çois Verheggen de l’Unité d'Entomologie fonctionnelle et évolutive de Gembloux Agro-Bio Tech (Université de Liège – Belgique) pour la mise à disposition de la photo de la larve de Episyrphus balteatus. Merci enfin à M. Mario Waldburger (Agroscope) pour la mise à disposition des six autres photos.
383
Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
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Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
Influence of insecticides on beneficial arthropods in
cereals and potatoes
The Swiss program on ecological production restricts
the range of insecticides approved for pest control to
those with relatively little impact on beneficial arthro-
pods. With the arrival of new crop protection products
over the last few years, a re-evaluation of the toxicity
of insecticides has been requested by both the official
authorities and farmers. The present study used data
from the scientific literature to rank several insecticides
based on their side effects on selected groups of
beneficial insects: Coccinellidae, Chrysopidae, Syrphidae
and parasitic wasps. In a second step, different plant
protection scenarios, including the use of insecticides
and fungicides, were evaluated for their impact on
beneficial insects. The scenarios focused on the control
of the cereal leaf beetle in wheat as well as the control
of Colorado beetle and aphids in potato. The results
showed that certain scenarios and especially certain
active substances will likely have adverse effects on the
beneficial fauna. Furthermore, some fungicides may
also have a negative impact on beneficials if applied
repeatedly. All available data on non-target effects was
obtained in laboratory or semi-field experiments.
Validation under the field conditions would be very
valuable.
Key words: sustainable agriculture, plant protection
strategies, insecticide, toxicity evaluation, beneficial’s
arthropods, side effects, potato, wheat.
Influenza degli insetticidi sugli ausiliari presenti nelle
colture di cereali e di patate
Nelle prestazioni ecologiche richieste (PER) sola-
mente alcuni insetticidi, rispettosi nei confronti degli
ausiliari (insetti utili) sono liberamente omologati
per la campicoltura svizzera. Con l’arrivo di nuovi
prodotti fitosanitari negli ultimi anni sia le autorità,
sia la pratica auspica una nuova valutazione della
tossicità degli insetticidi. Una valutazione basata
sulle indicazioni della letteratura ha permesso di
evidenziare quali sostanze attive rispettano – o non
rispettano – quattro gruppi d’ausiliari pertinenti
precedentemente selezionati (Coccinellidae,
Chrysopidae, Syrphidae e imenotteri parassitoidi). In
un secondo tempo si è valutata la tossicità nei
confronti dei quattro gruppi d’ausiliari sulla base di
diversi scenari fitosanitari prestabiliti (Mouron et al.
2013), comprendenti insetticidi e fungicidi. Questi
scenari concernono la lotta contro le criocere del
frumento autunnale e la lotta contro la dorifora e gli
afidi del fogliame della patata di consumo. I risultati
hanno mostrato quali scenari e, soprattutto, quali
sostanze attive hanno un effetto negativo su questa
fauna utile. Inoltre, essi mostrano anche che alcuni
fungicidi o la loro ripetuta applicazione possono
aver un impatto negativo sugli ausiliari. Tutti questi
dati si basano principalmente su prove in laboratorio
e in condizioni controllate in coltivazione protetta.
Meriterebbero tuttavia, di essere verificate in pieno
campo.
384 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
découverte du procédé industriel Haber-Bosch permet-
tant de fixer l’azote de l’air et au développement des
engrais minéraux. Pourtant, le rôle bénéfique des légu-
mineuses dans le maintien de la fertilité des sols et le
développement de systèmes de culture efficients est
connu depuis l’Antiquité. A défaut de cultiver des légu-
mineuses comme cultures régulières de la rotation
(Charles et al. 2008), les cultures intermédiaires peuvent
associer des légumineuses pour en tirer profit, à l’instar
des prairies temporaires (Mosimann et al. 2012).
I n t r o d u c t i o n
Cette étude évalue le potentiel agronomique de légu-
mineuses comme couverts végétaux semés en pur et
en association. Il s’agit en particulier de décrire leur
croissance et de quantifier leur capacité à fixer l’azote
de l’air en période d’interculture dans les conditions
du plateau suisse.
Au cours du 20e siècle, la présence des légumineuses
dans la rotation a constamment diminué, suite à la
Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventicesClaude-Alain Gebhard1, Lucie Büchi2, Frank Liebisch3, Sokrat Sinaj2, Hans Ramseier1 et Raphaël Charles2
1Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse3Ecole polytechnique fédérale ETHZ, 8092 Zurich, Suisse
Renseignements: Raphaël Charles, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 46 59
Les légumineuses offrent une complémentarité intéressante dans des mélanges avec d’autres espèces de couverts végétaux dans le but d'offrir une large gamme de services agro-écosystémiques
Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices | Production végétale
385
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
Cette étude a évalué 27 légumineuses comme
couverts végétaux en pur et en association,
dans le but d’en préciser les services agro-
écosystémiques. Les résultats montrent des
variations de comportement importantes
entre les différentes espèces testées. La
quantité de biomasse aérienne formée depuis
le mois d’août jusqu’au premier gel se situe
entre 0,4 et 5,9 t MS/ha. De 377 à 850 degrés-
jours sont nécessaires pour atteindre 50 % de
couverture du sol. L'azote accumulé par les
légumineuses provient principalement de la
fixation symbiotique et varie de quelques
kilos à 150 kg N/ha en trois mois de végéta-
tion. La capacité des légumineuses de
concurrencer les adventices est étroitement
corrélée avec la quantité de biomasse
produite (R2 = 0,93). Elle s’apparente à la
faculté d'association des légumineuses testée
dans des mélanges avec phacélie et avoine.
Cinq espèces (gesse cultivée, féverole, pois,
vesce velue et commune) sont particulière-
ment dominantes et composent plus de 80 %
de la biomasse en mélange avec la phacélie et
environ 70 % avec l’avoine. Ces mêmes
espèces sont celles qui produisent le plus de
biomasse, qui couvrent le plus rapidement le
sol et fixent le plus d’azote de l’air. De
nombreuses autres légumineuses (fenugrec,
lentille, lupin blanc, soja, trèfle d’Alexandrie,
trèfle de Perse, trèfle incarnat, vesce de
Hongrie) sont moins concurrentielles et
offrent ainsi une bonne complémentarité
pour des associations d’espèces.
En Suisse, la mise en place d’engrais verts en intercul-
ture longue est rendue obligatoire par l’Ordonnance
fédérale sur les paiements directs, dans le but de réduire
les pertes de nitrates, de lutter contre l’érosion et de
préserver la fertilité des sols. Cette mesure culturale est
efficace et peut être complétée par de nombreux autres
services agro-écosystémiques bénéfiques (Justes et al.
2012). Pourtant, dans la pratique, les cultures intermé-
diaires restent parfois décevantes, répondant plutôt
aux exigences du cahier des charges qu’à des objectifs
agronomiques. Des semis clairs et tardifs sont notam-
ment observés en culture pure de phacélie (Phacelia
tanacetifolia) ou de moutarde (Sinapsis arvensis). Sur le
long terme, l’entretien de la matière organique du sol
par les engrais verts s’est avéré insatisfaisant dans un
essai de longue durée, appelant à une meilleure maî-
trise de leur humification, passant par le rapport car-
bone/azote de leur biomasse (Maltas et al. 2012a). Ce
même essai a révélé une valeur azotée limitée de la
moutarde comme engrais vert, soulignant l’intérêt d’un
choix d’espèces mieux fondé et d’un mode de conduite
plus pointu (Maltas et al. 2012b). Les légumineuses dans
l’interculture peuvent améliorer l’efficience du cycle de
l’azote. Les données de base pour la fumure DBF (Sinaj
et al. 2009) indiquent une réduction de 20 à 30 kg N/ha
de la fumure d’une culture suivant un engrais vert à
base de légumineuses. En outre, l’efficacité de fixation
d’azote varie entre les principales espèces cultivées
(Unkovich et al. 2008), mais reste mal connue pour la
plupart des légumineuses. Il convient donc de mieux
quantifier ces variations spécifiques et de les confronter
au contexte de l’interculture. Les DBF prévoient aussi la
possibilité d’apporter 30 kg N/ha afin d’assurer le bon
développement des engrais verts (Sinaj et al. 2009). Si
cette fumure est justifiée pour quelques situations limi-
tant la disponibilité en azote, elle peut être substituée
par des légumineuses pures ou en association, tout
aussi favorables à la production de biomasse. En effet,
une croissance rapide et une biomasse abondante des
cultures intermédiaires sont essentielles pour une
bonne couverture du sol et lorsqu’il s’agit de lutter sans
herbicide contre les adventices durant l’interculture
(Melander et al. 2013).
Le renforcement du rôle des légumineuses dans
l’interculture pour améliorer l’efficience du cycle de
l’azote et la lutte contre les adventices nécessite une
meilleure compréhension du comportement des
espèces comme couvert végétal en conditions estivales.
Une expérimentation a été mise en place pour mieux
connaître leur croissance, leur capacité de fixation sym-
biotique, leur force de concurrence envers les adven-
tices, ainsi que leur potentiel d’association.
Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices
386
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Dispositif expérimental
La comparaison d’espèces porte sur 27 légumineuses,
2 non-légumineuses et un procédé non semé. Trois expé-
rimentations de plein champ ont été mises en place en
2010 et 2011 sur le domaine expérimental de Changins
(Nyon, 420 m) et en 2011 sur le domaine de l’Ecole
d’agriculture de la Rütti (Zollikofen, 544 m). A Changins,
les sols sont de texture moyenne à lourde et d’un pH
neutre à légèrement alcalin. A Zollikofen, le sol est de
texture moyenne, de pH alcalin et bien pourvu en
matière organique (tabl. 1). En 2010, les précipitations se
sont produites surtout en fin de cycle végétatif, condui-
sant à un déficit hydrique cumulé de 70 l/m2 (tabl. 2). En
2011, les précipitations ont été régulières sur les deux
sites d’expérimentation.
Les espèces sont étudiées en parcelles expérimen-
tales organisées en blocs randomisés avec trois répéti-
tions. Afin d’évaluer les légumineuses en association,
chaque dispositif a été complété par un strip-plot croi-
sant les espèces étudiées avec une bande de phacélie
Phacelia tanacetifolia (demi-dose, 5 kg/ha) et une bande
d’avoine Avena sativa (demi-dose, 66 kg/ha). Ces deux
espèces servent également de référence non-légumi-
neuse. Le semis des microparcelles (10 m2) a été effectué
à l’aide d’un semoir Plotman Wintersteiger au début du
mois d’août (tabl. 2), après récolte d’un blé d’automne
suivi d’un labour (pailles exportées). Aucune inoculation
n’a été pratiquée.
Observations et mesures
Durant la croissance des plantes, le taux de couverture
du sol par la végétation a été mesuré à intervalle régu-
lier à compter du semis. Ces valeurs ont servi à modéliser
la dynamique de croissance des plantes en ajustant des
fonctions de Gompertz (Bodner et al. 2010), calculées sur
la base des degrés jours écoulés depuis la date de semis
(base de 0 °C) (tabl. 2). Ces analyses ont été effectuées
avec le package R drc «Analysis of dose-response curves»
(Ritz et Streibig 2005).
L’arrivée des premiers gels a déterminé les dates
des dernières observations et récoltes (tabl. 2): hauteur
des plantes, proportion d’adventices, proportion de
chaque légumineuse dans le mélange avec avoine et
avec phacélie, rendement des couverts, azote minéral
du sous sol nu (0 – 90 cm).
Sur la base des observations aux champs, 22 espèces
performantes ont été retenues pour quantifier la part
d’azote dérivé de l’air (Nda) (tabl. 3), selon la méthode
de l’abondance naturelle de l’azote 15N (Unkovich et al.
2008). Cette méthode permet de caractériser la capacité
de fixation de chaque espèce de légumineuse. Elle
repose sur l’abondance naturelle en 15N plus élevée dans
le sol que dans l’air et par extension plus élevée dans la
biomasse d’une plante non fixatrice d’azote, puisant son
azote dans le sol, que dans une plante fixatrice. Elle met
donc en relation les concentrations en 15N d’une plante
référence non fixatrice et d’une légumineuse. Elle dis-
tingue deux situations de nutrition azotée pour la légu-
mineuse: le plein champ et la fixation symbiotique
exclusive. A cet effet, une expérimentation en condi-
tions contrôlées a été conduite en 2011 à Zollikofen,
comprenant les 22 espèces cultivées en pots, sous abri et
sur substrat enrichi de bactéries symbiotiques obtenues
d’un lessiva de sol des essais de plein champ.
Les analyses de l’isotope 15N ont été faites au spec-
tromètre de masse par le laboratoire «Isolab» de l’ETHZ.
Les mesures ont été faites sur les biomasses aériennes
récoltées en fin de cycle en plein champ, ainsi que sur
les biomasses de cultures conduites en conditions
contrôlées.
DispositifArgile
%Sable
%pH
MO%
Nminkg N/ha
Changins, 2010 41 25 6,9 3,4 52
Changins, 2011 23 34 7,4 2,0 78
Zollikofen, 2011 20 47 7,7 4,0 124
Tableau 1 | Caractéristiques physico-chimiques des sols des trois sites d’expérimentation
Dispositif Semis RécolteSomme températures après semis
Degrés-jours (base 0 °C)Précipitations
Potentielle Evapo-
transpirationmm
Date Date 15 jours 30 jours 60 jours mm ETP
Changins, 2010 04.08. 06.11. 291 570 1014 309 379
Changins, 2011 03.08. 10.11. 320 629 1151 354 368
Zollikofen, 2011 10.08. 08.11. 337 598 1030 353 353
Tableau 2 | Dates de semis, récolte et données météorologiques
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices | Production végétale
387
Tableau 3 | Principales caractéristiques des légumineuses testées: biomasse aérienne en fin de cycle et hauteur de la végétation, temps nécessaire pour atteindre 50% de couverture du sol (t50), azote total dans la biomasse aérienne (Ntot), azote dérivé de l’air en quantité (Nda) et en part de l’azote total (pNda), couverture par les adventices à la récolte, part de la légumineuse en mélange avec avoine et avec phacélie
EspècesBiomasset MS/ha
Hauteurcm
t50degrés-
jours
Ntotkg/ha
Ndakg/ha
pNda%
Adventices%
Mél. avoine
%
Mél. phacélie
%
1 Cicer arietinum Pois chiche 1,1 46 454 19 3 14 40 21 43
2 Glycine max Soja 2,8 46 599 69 16 23 29 41 52
3 Lathyrus sativus Gesse cultivée 3,5 40 423 145 126 86 5 67 93
4 Lens culinaris Lentille comestible 3,2 29 418 102 75 74 13 48 44
5Lens culinaris
cv.canada Lentille canadienne 2,4 32 440 – – – 15 50 47
6 Lotus corniculatus Lotier corniculé 0,5 10 652 – – – 58 8 7
7 Lupinus albus Lupin blanc 4,1 75 468 65 26 40 8 50 56
8 Lupinus angustifolius Lupin à folioles étroites
2,3 49 609 – – – 23 19 21
9 Medicago lupulina Luzerne lupuline 1,1 14 587 – – – 38 15 17
10 Medicago sativa Luzerne cultivée 1,8 37 531 57 34 57 14 32 26
11 Melilotus albus Mélilot blanc 1,4 29 583 44 26 55 24 34 26
12 Onobrychis viciifolia Esparcette 1 27 850 – – – 45 13 17
13Pisum sativum
cv.Arvica Pois fourrager 4,2 71 414 – – – 1 94 96
14Pisum sativum
cv.Hardy Pois protéagineux 5,1 51 442 150 108 72 2 72 83
15Trifolium
alexandrinum Trèfle d'Alexandrie 3,2 48 471 76 49 64 11 43 46
16 Trifolium hybridum Trèfle hybride 1,2 23 552 – – – 32 24 24
17 Trifolium incarnatum Trègle incarnat 3,2 32 457 94 73 76 17 41 45
18 Trifolium pratense Trèfle violet 1,4 26 525 43 30 71 32 32 34
19 Trifolium repens Trèfle blanc 1,2 21 751 40 32 78 31 24 28
20 Trifolium resupinatum Trèfle de Perse 2,7 37 423 81 65 82 16 42 46
21Trifolium
subterraneum Trèfle souterrain 1,5 21 572 44 25 55 24 23 28
22 Trigonella caerulea Trigonelle bleue 1,3 34 479 21 0 4 21 19 24
23Trigonella
foenum-graecum Fenugrec 2,2 41 573 48 15 34 16 33 52
24 Vicia faba Féverole 5,9 108 541 163 136 84 6 71 86
25 Vicia pannonica Vesce de Hongrie 2,5 31 485 102 87 86 19 41 43
26 Vicia sativa Vesce commune 4,4 43 420 171 127 75 3 77 87
27 Vicia villosa Vesce velue 3,8 36 377 163 143 87 4 73 85
28 Avena sativa Avoine de printemps 4,1 79 515 49 0 0 4 – –
29 Phacelia tanacetifolia Phacélie 4,5 91 479 53 0 0 5 – –
30 Sol nu Sol nu – – – – – – 100 – –
n 29 – 29 22 22 22 30 27 27
p-value < 0,001 – < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,001
ppds 5% 0,5 – 55 18 13 18 10 8 9
ppds 1% 0,7 – 73 24 17 25 13 11 11
Changins 2010 2,3 31 588 74 54 60 24 41 51
Changins 2011 2,8 43 510 92 66 65 18 27 33
Zollikofen 2011 2,5 – 465 85 56 56 20 54 55
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices
388
Analyses de variance
Des analyses de variance multi-sites ont été effectuées
pour chaque variable, et les ppds correspondant calculés
(Gomez et Gomez 1984). Toutes les analyses numériques
ont été effectuées avec le logiciel R 2.14.1 (R Develop-
ment Core Team 2011)
R é s u l t a t s
Biomasse aérienne
En trois mois de végétation, le développement de bio-
masse aérienne varie extrêmement d’une espèce à
l’autre, allant de 0,5 t MS/ha à 5,9 t MS/ha (tabl. 3). Dans
la plupart des cas, la production de biomasse est restée
relativement stable entre les années et les sites. Les
espèces pluriannuelles présentent généralement une
croissance moins importante que les annuelles. Dix légu-
mineuses atteignent un rendement supérieur à 3,0 t MS/
ha (tabl. 3). Certaines d’entre elles se développent plutôt
en hauteur (lupin blanc, pois et féverole) et d’autres pré-
sentent une végétation plus basse et dense (gesse culti-
vée, lentille, trèfles de Perse et incarnat, vesces). Le pois
fourrager et la gesse cultivée sont sensibles à la verse et
leur biomasse affaissée en fin de cycle végétatif est par-
fois sujette à la pourriture lors de conditions relative-
ment humides (2011). Les espèces faiblement dévelop-
pées ont notamment été carencées en azote en raison
de l’absence de bactéries symbiotiques (soja, pois chiche,
trigonelle bleue), voire partiellement détruites par des
ravageurs (lièvre sur soja).
Dynamique de croissancePlusieurs espèces présentent une croissance plus rapide
que la phacélie et l'avoine (temps nécessaire pour cou-
vrir 50 % du sol): gesse cultivée, lentille, pois fourrager,
trèfle de Perse, vesces commune et velue (tabl. 3). Les
différences de dynamique de croissance durant la phase
d’implantation ont été particulièrement marquées en
2010 à Changins avec des conditions relativement
sèches, soulignant davantage encore les espèces les
plus rapides pour une implantation estivale: lentille,
pois fourrager, trèfle de Perse, vesces, voire trèfle
d’Alexandrie (fig. 1).
Absorption et fixation d’azote
L’azote accumulé par les légumineuses (Ntot) provient
principalement de la fixation symbiotique (Nda)
(tabl. 3, fig. 2). Elle s’étend de quelques kilos à 150 kg
N/ha en trois mois de végétation et varie fortement
d’une espèce à l’autre. Le prélèvement d’azote du sol
(Nds) résulte à la fois de la quantité d’azote dispo-
nible dans la solution du sol et de la capacité d’ab-
sorption de la plante. Le Nds atteint un maximum de
50 kg N/ha, notamment pour la vesce commune et le
pois. Cette même quantité de Nds est accumulée par
la phacélie et l’avoine, pour lesquelles Nds = Ntot
(fig. 2), mais aussi par le soja dont la Nda est restée
négligeable en raison de l’absence de symbiose. Par
contre, la féverole n’absorbe que 27 kg N/ha du sol,
alors qu’elle est très productive (5,9 t MS/ha), pour un
Ntot de 163 kg N/ha.
Figure 1 | Dynamique du taux de couverture du sol en fonction du temps depuis le semis, pour une sélection d'espèces en 2010 à Changins.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
0 500 1000 1500
0
20
40
60
80
100
Nombre de degrés−jours après semis
% c
ouve
rtur
e du
sol
y = ymaxe−ek(ti−tmax)
Avena sativaLens culinarisLotus corniculatusMedicago sativaPhacelia tanacetifoliaPisum sativum cv. ArvikaTrifolium alexandrinumTrifolium resupinatumTrigonella foenum−graecum Vicia fabaVicia sativaVicia villosa
Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices | Production végétale
389
(tabl. 3). Le Nda en tendance légèrement plus bas à Zol-
likofen (9 kg N/ha) peut être mis en relation avec la fer-
tilité élevée du sol de ce site, avec un Nmin de 124 kg N/
ha (tabl. 1) en fin de végétation sous un sol nu, contre
80 kg N/ha la même année à Changins, et 52 kg N/ha en
2010 à Changins.
Effet sur les adventices
La flore adventice observée en 2010 à Changins est
essentiellement composée d’amaranthe (Amaranthus
retroflexus) et de chénopode (Chenopodium album). A
cela s’ajoutent des espèces secondaires (renouée persi-
caire Polygonum persicaria, lamier rouge Lamium pur-
pureum, capselle Capsella bursa-pastoris, laiteron rude
Sonchus asper) et en 2011 une forte présence de colza
(Brassica napus) sur les deux essais. La biomasse des
adventices correspond à 0,98 t MS/ha dans les parcelles
non semées (sol nu, moyenne des 3 essais). La proportion
des adventices est inversement liée avec la biomasse des
légumineuses (R2 = 0,93) (fig. 3A). Une couverture de
plus de 3,5 t MS/ha est nécessaire pour assurer une
concurrence élevée face aux adventices (<15 %). Le
Une bonne relation est observée entre le Ntot et la
quantité de biomasse (R2 = 0,75) (fig. 2). Cette relation
repose nettement sur la Nda (R2= 0,58), par rapport à la
Nds (R2 = 0,10). Considérant l’ensemble de ces relations,
l’accumulation d’azote par unité de biomasse atteint
30 kgN / tMS, dont 22 kg proviennent de l’air et 8 kg du
sol (fig. 2).
La féverole et la vesce velue présentent les plus
fortes performances azotées, avec pour la féverole un
Ntot de 163 kg N/ha, pour une part provenant de l’air
(pNda) de 85 % (tabl. 3). La vesce commune atteint une
performance similaire avec un Ntot de 171 kg N/ha et
un pNda de 75 %. Plusieurs trèfles montrent une per-
formance symbiotique élevée (pNda 70 %) pour un
Ntot moyen de 30 à 70 kg N/ha.
Les sites d’expérimentation ont montré des perfor-
mances analogues avec quelques légères différences.
La sécheresse de 2010 à Changins a pénalisé la couver-
ture du sol (fig. 1 et tabl. 3), la biomasse ainsi que l’accu-
mulation d’azote, sans toutefois réduire la pNda. Les
légumineuses se sont particulièrement bien exprimées
en 2011 à Changins au niveau de l’accumulation d’azote
0 1 2 3 4 5 6
0
50
100
150
Biomasse [t MS/ha]
Azot
e ac
cum
ulé
[kg/
ha]
1
2
3
4
7
10
11
14
15
17
1819
20
21
22
23
24
25
26
27
1
2
3
4
7
10
11
14
15
17
1819
202122
2324
25
26
27
28
1
2
3
4
7
10
11
29
14
15
17
1819
20
21 23
24
25
26
27
N total:N air:N sol:
y = 30,3x ; R² = 0,75y = 22,2x ; R² = 0,58y = 8,1x ; R² = 0,10
Figure 2 | Azote absorbé en fonction de la biomasse des légumineuses: quantité d'azote total (carré rouge), quantité dérivée de l’air (cercle bleu), et quantité absorbée du sol (triangle jaune). Numéros et espèces selon tableau 3. Valeurs moyennes des trois expérimentations.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices
390
nombre de jours requis pour couvrir 35 % du sol est le
meilleur indicateur de la relation entre la dynamique de
croissance des légumineuses et la présence des adven-
tices (R2 = 0,6) (fig. 3B).
Performance en mélanges
Les mélanges de légumineuses avec la phacélie et
l’avoine discriminent leur capacité d’association (fig. 4A,
tabl. 3). Cinq espèces (gesse cultivée, féverole, vesce
velue et commune, pois) sont particulièrement domi-
nantes et composent plus de 80 % de la biomasse en
mélange avec la phacélie et environ 70 % avec l’avoine.
Le pois fourrager est particulièrement concurrentiel,
composant plus de 90 % de la biomasse des deux
mélanges. Un groupe d’espèces se montre davantage
complémentaire, composant 40 à 50 % des mélanges
(fenugrec, soja, lupin blanc, trèfle d’Alexandrie, vesce de
Hongrie, trèfle de Perse, trèfle incarnat, lentille). L’avoine
est un peu plus concurrentielle que la phacélie vis-à-vis
des légumineuses (fig. 4A). En 2010, la phacélie a davan-
tage bénéficié de l’association avec une légumineuse
pour accroître sa biomasse que l’avoine (mesuré à Chan-
gins, non présenté). La part des légumineuses dans les
associations montre une bonne relation avec la capacité
de concurrence face aux adventices (R2 = 0,89) (fig. 4B).
D i s c u s s i o n
Les variations de comportement relativement larges au
sein des 27 légumineuses étudiées permettent d’envisa-
ger de multiples usages de ces espèces comme couverts
végétaux. Bien que la fixation symbiotique d’azote
représente la principale fonction attendue, la manière
de les cultiver en engrais verts pur ou en mélange, ainsi
que leur effet sur les adventices, méritent également
une attention particulière.
Azote
Au début de leur croissance, la première source de
nutrition azotée des légumineuses provient de la solu-
tion du sol. Les résultats montrent que certaines légu-
mineuses sont capables d’absorber du sol autant que
des plantes non fixatrices, en raison d’une croissance
0 1 2 3 4 5 6
0
20
40
60
80
100
Biomasse [t MS/ha]
% a
dven
tices
28
1
2
3
45
6
7
8
9
10
11
12
2913 14
30
15
16
17
1819
20
2122
23
24
25
2627
A
400 500 600 700
0
20
40
60
80
100
Temps [degrés−jours] pour atteindre 35% de couverture
% a
dven
tices
28
1
2
3
45
6
7
8
9
10
11
12
2913 14
15
16
17
18 19
20
2122
23
24
25
2627
B
y = 90,8e −0,982x + 5,9R² = 0,93
y = 0,11x−29,8
R² = 0,60
Figure 3 | Part d'adventices dans la biomasse en fonction A. de la biomasse des légumineuses, et B. du temps pour atteindre 35% de cou-verture par la légumineuse. Numéros et espèces selon tableau 3.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices | Production végétale
391
l’azote du sol par la légumineuse, et d’autre part de la
quantité d’azote fixée de l’air puis effectivement valori-
sée par les cultures suivant la légumineuse dans la rota-
tion. Actuellement, les DBF comptabilisent un maxi-
mum de 30 kg N/ha déductibles de la fumure après une
légumineuse hivernante (Sinaj et al. 2009), sans consi-
dérer les arrières effets de cet élément ou des autres
éléments minéraux.
L’objectif attendu du couvert végétal est donc pri-
mordial afin de préciser le rôle et le choix de la légumi-
neuse, que ce soit pour le piégeage du nitrate, l’apport
d’azote ou de matière organique dans le système. Cette
thématique a été traitée de façon approfondie dans
une expertise scientifique, incluant une large revue
bibliographique (Justes et al. 2012). Les légumineuses
peuvent effectivement être utiles pour réduire les
fuites de nitrate, même si leur efficacité est deux fois
plus faible que celle des non légumineuses. De plus,
elles ont un effet positif sur la rotation des cultures par
rapport à d’autres engrais verts dont l’effet est souvent
mal maîtrisé (Maltas et al. 2012b). Enfin, le rapport C/N
est déterminant dans la minéralisation des résidus d’en-
grais verts, en particulier pour les légumineuses.
élevée (pois, vesce commune) ou, faute de symbiose,
d’une nécessité, doublée d’une forte capacité de prélè-
vement (soja). Par contre, aucune légumineuse n’a pré-
levé davantage que les 50 kg N/ha accumulés par la
phacélie et l’avoine.
La fixation symbiotique a conduit à des accumula-
tions d’azote considérables dans la biomasse aérienne,
similaires à ce dont dispose un sol relativement fertile à
la fin de la même période (Nmin de 120 kg N/ha à Zol-
likofen). Ces quantités d’azote sont d’autant plus
conséquentes que certaines légumineuses productives
(féverole) ont une capacité modeste d’absorption
d’azote du sol. Ainsi, en l’espace de trois mois, la féve-
role a fixé une quantité d’azote comparable à ce qui a
été montré dans une autre étude où elle était cultivée
comme culture principale (six mois de végétation)
(Lopez-Bellido et al. 2006).
La relative homogénéité de la part d’azote fixée de
l’air entre les essais, malgré les contrastes des conditions
climatiques (2010 et 2011) et pédologiques (Changins et
Zollikofen), souligne l’important déterminisme lié à
l’espèce. L’efficience d’utilisation globale de la res-
source azotée dépend d’une part de l’absorption de
0
0
20
40
60
80
100
% biomasse dans le mélange avec avoine
% b
iom
asse
dan
s le
mél
ange
ave
c ph
acél
ie
1
2
3
45
6
7
89
1011
12
13
14
15
16
17
18
19
20
2122
23
24
25
2627
A
0
20
40
60
80
100
% biomasse moyenne dans les mélanges
% a
dven
tices
1
2
3
45
6
7
8
9
10
11
12
1314
15
16
17
1819
20
2122
23
24
25
2627
B
20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
y = 66,0e -0,03x -1,3R² = 0,89
Figure 4 | Capacité d'association des légumineuses. A. Part de la légumineuse en mélange avec avoine et avec phacélie (% de la biomasse +/- erreur standard). B. Part d'adventices dans la légumineuse pure en fonction de la part de la légumineuse dans les mélanges phacélie et avoine. Numéros et espèces selon tableau 3.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
392
Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices
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Aptitude à l’association et capacité de concurrence
Les associations d’espèces figurent parmi les solutions
innovantes pour optimiser les multiples fonctions des
légumineuses comme engrais verts, à l’instar des
mélanges herbagers graminées – légumineuses (Mosi-
mann et al. 2012). Les tests d’association ont montré
différents comportements des légumineuses: comme
espèce très concurrentielle prédisposée à dominer un
mélange (pois fourrager), espèce partenaire permettant
d’atteindre une association équilibrée (trèfle d’Alexan-
drie), ou espèce subsidiaire peu concurrentielle (espèces
bisannuelles). Par ailleurs, dans cette étude, la phacélie
est apparue comme un partenaire mieux adapté aux
mélanges que l’avoine, suggérant une plus faible capa-
cité de concurrence, une meilleure valorisation de
l’azote mis à disposition ou encore un effet mutualiste
de l’association.
L’analogie mise en évidence entre l’aptitude à l’asso-
ciation et la capacité de concurrence contre les adven-
tices permet une utilisation croisée des résultats. Ainsi,
la biomasse produite donne une information relative-
ment cohérente pour les deux fonctions. La rapidité de
couverture du sol ou la hauteur des plantes demeurent
des caractères importants qui rendent compte de la
grande variabilité des légumineuses et permettent d’en-
visager une utilisation ciblée de chaque espèce. Toute-
fois, l’utilisation des légumineuses contre les adventices
reste controversée du fait d’une part d’un effet de
concurrence durant la croissance (azote, lumière, eau) et
d’autre part d’un effet de l’azote résiduel favorable aux
adventices (Charles et al. 2012).
C o n c l u s i o n s
Les légumineuses testées ont montré des aptitudes très
variables à former de la biomasse, couvrir le sol, concur-
rencer les adventices, absorber l’azote du sol et fixer
celui de l’air. Différents groupes ont pu être distingués:
l’un est formé d’espèces très compétitives, un autre com-
prend des légumineuses destinées à des associations
équilibrées d’espèces, un troisième groupe réunit des
légumineuses moins adaptées à une fonction de couvert
végétal. Les modalités d’utilisation des légumineuses en
mélange et des règles d’association doivent encore être
établies. n
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
393
Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Screening of legumes as cover crops:
nitrogen and weeds
This study evaluated 27 legumes as
cover crops, sowed in pure or mixed
stands, with the aim to outline their
agrosystemic services. The results show
important behavior variations among
the different legumes. The amount of
aerial biomass built from August until
the first frost achieve between 0.4 and
5.9 t DM/ha. From 377 to 850 degrees-
days are necessary to reach 50 % of soil
cover. The nitrogen accumulated by the
legumes is mainly due to symbiotic
nitrogen fixation and vary from a few kg
to 150 kg N/ha. The ability of legumes to
compete with weeds is closely correlated
with the amount of biomass produced
(R2 = 0.93). It is analogous to the
aptitude of association tested on
legumes in mixtures with oat and
phacelia. Five species (grass pea, faba
bean, hairy vetch, common vetch and
pea) are found to be very dominant and
reach more than 80 % of biomass in
mixture with phacelia and about 70 %
with oat. These species are also those
producing the highest biomass, covering
soil most rapidly, and fixing high
quantity of nitrogen. Many other
legumes (fenugreek, lentil, white lupin,
soybean, berseem clover, persian clover,
crimson clover, hungarian vetch) show
less competitive performance and offer a
good complement for species associa-
tions.
Key words: legumes, cover crops,
biological nitrogen fixation, weed
control, intercropping.
Screening di leguminose per coperture
vegetali: azoto e avventizie
Questo studio ha valutato 27 legumi-
nose come coperture vegetali in purezza
e in associazione con lo scopo di
precisarne i servizi agro-ecosistemici. I
risultati mostrano delle importanti
variazioni del comportamento tra le
diverse specie testate. La quantità di
biomassa aerea formatasi dal mese di
agosto fino al primo gelo si situa tra 0,4
e 5,9 t SS/ha. Sono necessari da 377 a
850 gradi giorno per raggiungere il 50 %
di copertura del suolo. L’azoto accumu-
lato dalle leguminose proviene principal-
mente dalla fissazione simbiotica e varia
di qualche kilo a 150 kg N/ha in tre mesi
di vegetazione. La capacità delle
leguminose di contrastare le avventizie è
strettamente correlata alla quantità di
biomassa prodotta (R2=0,93). Ella risulta
simile alla facoltà d’associazione delle
leguminose testate nelle miscele
composte da facelia e avena. Cinque
specie (cicerchia coltivata, fava, piselli,
veccia villosa e coltivata) sono particolar-
mente dominanti e compongono più
dell’ 80 % della biomassa miscelata con
facelia e ca. il 70 % con avena. Sono
queste specie che producono più
biomassa, che coprono il suolo più
rapidamente e che fissano più azoto
proveniente dall’aria. Numerose altre
leguminose (fieno greco, lenticchie,
lupino bianco, soia, trifoglio alessan-
drino, trifoglio persiano, trifoglio
incarnato, veccia d’Ungheria) sono meno
concorrenziali e offrono di conseguenza
una buona complementarietà per delle
associazioni di specie.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
394 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013
I n t r o d u c t i o n
Les produits phytosanitaires (PPS) font l’objet d’examens
approfondis avant leur mise sur le marché suisse. D’une
part, il s’agit d’évaluer les risques potentiels encourus
par les personnes utilisant les produits phytosanitaires
ainsi que les risques pour l’environnement, et d’autre
part d’examiner l’adéquation des produits pour leur uti-
lisation en agriculture. Outre l’efficacité biologique, cer-
taines propriétés physico-chimiques de même que l’iden-
tité et la qualité des préparations des produits sont très
importantes. Toutes ces propriétés qui définissent la
valeur des produits phytosanitaires homologués sont
vérifiées lors de contrôles sur le marché.
L’octroi des homologations aux produits phytosani-
taires revient à l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG),
tandis que le contrôle sur le marché est placé sous la res-
ponsabilité des cantons. Les campagnes annuelles de
Ulrich Schaller, Bruno Patrian, Astrid Bächli, Ursula Streit et Marianne Balmer
Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse
Renseignements: Ulrich Schaller, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 62 91
Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Les cantons, l'OFAG et Agroscope travaillent en étroite collaboration pour réaliser les contrôles sur le marché des produits phytosanitaires. Les analyses de laboratoire sont faites par le Groupe de chimie des produits phytosanitaires à la station Agroscope à Wädenswil. (Photo: Keystone / Gaëtan Bally)
Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale
395
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013
Les produits phytosanitaires vendus en
Suisse sont contrôlés sur le marché dans le
cadre d'une étroite collaboration entre les
laboratoires cantonaux, le service fédéral
chargé des homologations pour les produits
phytosanitaires et la station de recherche
Agroscope. Au cours de cinq campagnes
menées de 2008 à 2012, 106 produits
phytosanitaires ont été analysés en labora-
toire quant à leur teneur de substance active,
à la qualité de celle-ci et à leurs principales
propriétés physico-chimiques. Ces analyses
ont permis de mettre en évidence divers
défauts. Dans un cas, le produit ne contenait
pas la substance active déclarée. Par contre,
les contrôles n'ont pas révélé de teneurs trop
élevées d'impuretés considérées comme
importantes sur le plan toxicologique.
Concernant les propriétés physico-chimiques,
des écarts aux exigences ont été constatés
dans quelque 10 % des cas. Pour l'un d'entre
eux, c'est une poudre blanche qui était
vendue au lieu du granulé annoncé. Plus de
40 % des produits étaient mis sur le marché
avec une étiquette ou un mode d'emploi
comportant des indications incomplètes ou
fausses, qui ont fait l'objet de contraventions.
D'une façon générale, les contrôles sur le
marché contribuent à garantir que l'agricul-
ture trouve à sa disposition des produits
phytosanitaires d'utilisation sûre et de haute
qualité.
contrôle sont coordonnées par la «Plate-forme de coordi-
nation pour l’exécution du droit en matière de produits
chimiques» (KPVC) et sont mises en œuvre dans le cadre
d’une collaboration étroite entre les organes cantonaux
d’exécution (laboratoires cantonaux, services cantonaux
des produits chimiques), le service de l’OFAG chargé des
homologations pour les produits phytosanitaires et la
station de recherche Agroscope. Les cantons sont respon-
sables du prélèvement des échantillons et de l’évaluation
de l’emballage, tandis que les analyses se font au labora-
toire de contrôle du marché du groupe Chimie des pro-
duits phytosanitaires à la station Agroscope de Wäden-
swil. La base légale est fournie par la Loi sur les produits
chimiques (Lchim), l’Ordonnance sur les produits phyto-
sanitaires (OPPh) et l’Ordonnance sur les produits
chimiques (Ochim).
Contrôles sur le marché des produits phytosanitaires
Le but des campagnes de contrôle des produits phytosa-
nitaires est de vérifier sous différents aspects la qualité
des produits phytosanitaires que l’on trouve sur le mar-
ché suisse. Un des éléments importants à vérifier est que
le fournisseur mette en circulation le produit tel qu’il a
été homologué, et que les exigences qualitatives soient
durablement satisfaites. On garantit ainsi que les pro-
duits phytosanitaires sont maniables pour l’utilisateur,
qu’ils sont tolérés par les cultures et qu’ils ont l’effica-
cité recherchée.
D’une part, les contrôles sur le marché visent à éta-
blir si l’identité de la substance active correspond à
l’homologation et si elle répond aux exigences en
matière de teneur et de qualité. D’autre part, certaines
propriétés particulières du produit phytosanitaire exa-
miné sont analysées. Il s’agit alors de paramètres impor-
tants pour l’application pratique et pour la protection
de l’utilisateur. Par exemple, le produit ne doit pas
générer une mousse débordant du réservoir de bouillie,
il ne doit pas boucher les buses et il doit se répartir de
manière homogène dans la bouillie. L’adéquation de la
formulation est examinée au moyen de tests physico-
chimiques standardisés sur le plan international (FAO/
WHO-Manuel 2010).
De plus, les examens portent sur l’intégralité des
données figurant sur l’étiquette, ainsi que sur l’étan-
chéité et l’adéquation de l’emballage à l’utilisation qui
en est faite.
Les paramètres examinés sont présentés ci-dessous,
en prenant quelques exemples parmi les contrôles sur le
marché réalisés au cours des cinq dernières années
(tabl. 1), ainsi qu’un tableau récapitulatif des résultats
(tabl. 2). Les rapports des campagnes précédentes ainsi
que des considérations sur les aspects fondamentaux du
2008
Produits phytosanitaires (PPS) contenant les substances actives Mecoprop-P (MCPP) et 2,4-D (acide 2,4-dichlorophénoxiacétique). Ont été examinés particulièrement le rapport des énantiomères du MCPP et les impuretés importantes 4-chlor-2-methylphénol du MCPP et 2,4-dichlorophénol du 2,4-D.
2009PPS comportant la substance active chlorothalonil; analyse ciblée sur les impuretés importantes hexachlorobenzène et décachloro-biphényle.
2010PPS comportant les substances actives cyperméthrine, alpha- cyperméthrine, zeta-cyperméthrine et deltaméthrine.
2011PPS comportant la substance active folpet; analyse ciblée des impuretés tétrachlorométhane et perchlorométhylmercaptan.
2012PPS comportant les substances actives diméthoate, chlorpyrifos et métamitron; analyse ciblée des impuretés importantes isodimé-thoate et ométhoate du diméthoate, et sulfotep du chlorpyrifos.
Tableau 1 | Vue générale des contrôles réalisés sur le marché au cours des cinq dernières années. Les substances actives et les impuretés importantes examinées sont indiquées
Production végétale | Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse
396
contrôle sur le marché ont été publiés antérieurement
(Patrian et al. 2005; Patrian et al. 2007; rapports sur les
produits phytosanitaires de la KPVC).
R é s u l t a t s d e s c a m p a g n e s
Est-ce la bonne substance active?
L’identité et la teneur de la substance active dans le pro-
duit phytosanitaire sont des critères importants de qua-
lité. Il arrive en effet que le produit ne contienne pas la
substance active déclarée. Par exemple, le contrôle sur le
marché réalisé en 2010 a révélé ceci: sont homologuées
en Suisse la substance insecticide cyperméthrine, consti-
tuée d’un mélange de quatre paires d’énantiomères,
ainsi que la substance active alpha-cyperméthrine. Cette
dernière ne contient qu’une paire d’énantiomères, qui
présente la plus haute activité biologique. La fabrication
d’alpha-cyperméthrine est complexe et plus coûteuse.
Cette substance active présente cependant l’avantage
pratique d’une efficacité comparable avec une dose
d’application inférieure. Il s’ensuit que les résidus et les
effets secondaires sont réduits également. Un des pro-
duits analysés dans le cadre de la campagne devait, selon
son étiquette et son dossier d’homologation, contenir la
substance active alpha-cyperméthrine. En réalité, on a
pu démontrer clairement en utilisant un procédé de
Campagne(année)
Nombre d'échantillons
Nombre d'échantillons n'ayant pas répondu aux exigences
Teneur de substance active
Impuretés importantes
Tests physico- chimiques
Étiquette, mode d'emploi
Emballage (étanchéité)
2008 25 3 0 0 16 0
2009 12 0 0 0 5 0
2010 27 4 - 1 15 2
2011 20 0 0 5 7 0
2012 22 1 0 4 1 0
Total 106 8 (7,5 %) 0 10 (11 %) 44 (42 %) 2 (2 %)
Tableau 2 | Vue générale des résultats des contrôles sur le marché. Le nombre d'échantillons ayant présenté des erreurs ou des défauts est indiqué. En conséquence, les produits concernés ont dû être dénoncés et le fabricant requis d'exprimer son point de vue ou de prendre des mesures correctives
27,00 28,00 29,00 30,00
16,00
17,00
18,00
19,00
min
GC DB-1 cyperméthrine
αS
(1R)
-cis
αR
(1S)
-cisα
R (1
R)-c
is
αS
(1S)
-cis
αR
(1R)
-tra
ns
αS
(1S)
-tra
ns
αS
(1R)
-tra
ns
αR
(1S)
-tra
ns
27,00 28,00 29,00
18,0
20,0
22,0
24,0
26,0
min
αR
(1S)
-cis
αS
(1R)
-cis
GC DB-1 alpha-cyperméthrine
Figure 2 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2010. On voit les quatre paires d'énantiomères à la chromatographie en phase gazeuse de la cyperméthrine (à gauche) – on voit surtout une paire d'énantiomères dans l’analyse de l'alpha-cyperméthrine (à droite). Un produit contenait erronément de la cyperméthrine, alors qu'il aurait dû contenir de l'alpha-cyperméthrine selon l'homologation.
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Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale
397
Au cours des divers contrôles sur le marché, nous avons
examiné les impuretés importantes sur le plan toxicolo-
gique pour les différentes substances actives (tabl. 1).
Heureusement, aucun dépassement des valeurs limites
n’a été constaté au cours des cinq dernières années.
Sous cet aspect, un bon certificat peut être décerné aux
fabricants.
Est-ce la bonne fabrication?
En plus des substances actives, les produits phytosani-
taires contiennent divers adjuvants destinés par exemple
à protéger du froid, à solubiliser les substances ou à
empêcher la formation de mousse. La composition d’un
produit dépend des propriétés de la substance active
qu’il contient et de son utilisation prévue. C’est pour-
quoi différents types de formulation des produits phyto-
sanitaires ont été définis qui ont validité sur le plan
international. Ces types de formulations se différencient
fortement dans leur aspect et leurs propriétés physico-
chimiques; on peut citer les granulés ou les poudres pour
la forme solide, les émulsions ou les suspensions pour la
forme liquide.
séparation par chimie analytique, que la substance
active cyperméthrine avait été utilisée pour la fabrica-
tion de ce produit (fig. 2). Il est rare que l’on puisse faire
de telles constatations, mais dans ce cas il s’agissait clai-
rement d’une tromperie au détriment de l’utilisateur
final qui souhaitait appliquer un produit phytosanitaire
de plus grande valeur mais a reçu un produit dépourvu
de cette valeur ajoutée.
Au cours des cinq dernières années, seuls sept
échantillons ont été relevés avec une teneur mesurée
de substance active légèrement inférieure à celle
déclarée.
Impuretés importantes sur le plan toxicologique
Les impuretés ne sont tolérées qu’en petites quantités
dans une substance active, s’agissant par exemple des
produits secondaires de la synthèse. Lorsqu’ils sont net-
tement plus toxiques que la substance active elle-même,
des teneurs maximales à ne pas dépasser sont fixées par
l’Union européenne. Cette disposition vise à garantir
l’absence de risque supplémentaire pour l’utilisateur, le
consommateur et l’environnement.
Figure 3 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011: voici quatre échantillons d'un PPS contenant du folpet. S'agit-il vrai-ment du même produit?
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Production végétale | Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse
398
L’apparence d’un produit est une propriété facile à véri-
fier. La figure 3 montre quatre échantillons d’un pro-
duit phytosanitaire qui se distinguent clairement entre
eux par la couleur et la granulation. Comme le produit
est homologué en tant que granulé soluble, mais vendu
en pratique sous forme de poudre, il a dû être dénoncé
pour non-conformité grave.
D’autres propriétés physico-chimiques peuvent
être importantes, selon le type de formulation. Elles
sont examinées en laboratoire au moyen de tests spé-
cifiques.
Test de mouillabilité
La mouillabilité est une propriété importante pour les
formulations en poudre et en granulés. Elle se mesure
par la rapidité avec laquelle le produit se mouille après
avoir été versé dans l’eau, c’est-à-dire le temps néces-
saire pour qu’il ait disparu de la surface du liquide (fig.
4). Alors que les granulés brun clair et brun foncé (fig.
3) se sont mouillés en 10 respectivement 1 seconde, les
deux produits blancs pulvérulents ont nécessité pour
cela 30 resp. 60 minutes. Pour satisfaire aux exigences
du manuel FAO/WHO 2010, les échantillons doivent
présenter un temps d’humectage de 60 secondes au
maximum. Cette poudre ne se dissoudra sûrement pas
de manière complète et homogène dans la bouillie
d’aspersion. Elle surnagera vraisemblablement beau-
coup trop longtemps et se déposera en partie sur les
parois internes de la cuve. En conséquence, le dosage
du traitement sera nettement inférieur à celui prévu.
Test de tamisage humide
Ce test permet de vérifier qu’un produit phytosanitaire
se dissout bien dans l’eau. Il consiste à mesurer quelle
proportion reste sur un tamis aux mailles de 75 µm.
Dans les campagnes de contrôle, certains granulés
dispersables dans l’eau ont présenté au test de tamisage
humide des résidus avoisinant ou dépassant les 2 %
autorisés (fig. 5). En pratique, les formulations laissant
des résidus importants ont tendance à boucher rapide-
ment les buses. Comme la substance active n’est pas
totalement dissoute dans la bouillie, le dosage sur la
culture est alors inférieur à celui prévu.
Test de stabilité en suspension
Avec les suspensions concentrées, il est souvent difficile
d’atteindre une répartition homogène de la substance
active dans la bouillie. Le test de stabilité en suspension
Figure 4 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011. Test de mouillabilité d'un produit phytosanitaire contenant du folpet: après plus de dix minutes, le produit n'est pas encore complètement mouillé.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013
Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale
399
Examen des étiquettes
En moyenne, l’étiquette ou le mode d’emploi présen-
taient des erreurs chez 42 % des produits phytosanitaires
examinés. C’est une proportion élevée, mais qui semble
avoir tendance à baisser (tabl. 2). Les erreurs relevées
dans les informations vont de points formels (absence de
numéro de lot ou erreur de type de formulation) à des
aspects significatifs sur le plan de la sécurité comme par
exemple un dosage trop élevé, un délai d’attente trop
court, un moment d’application erroné ou des applica-
tions non autorisées.
Que se passe-t-il après le contrôle?
Les résultats des contrôles sur le marché font toujours
apparaître des défauts dans la qualité ou la composition
des produits phytosanitaires. S’il s’agit de défauts
mineurs, tels l’absence du numéro d’homologation sur
l’étiquette, l’entreprise qui met le produit sur le marché
doit corriger ce défaut dans un délai donné. Lorsqu’il
s’agit de défauts entraînant un risque de sécurité, par
exemple l’absence d’une restriction d’utilisation relative
permet de vérifier si les particules se dispersent finement
et si elles se maintiennent longtemps ainsi dans la bouil-
lie sans se déposer au fond de la cuve.La figure 6 montre à droite un produit de granulés
contenant du folpet, dispersable dans l’eau. Dans le test
ce produit a montré une stabilité en suspension de 46 %
seulement au lieu des 60 % exigés. Pour cette raison, cer-
tains produits contenant du folpet ne sont homologués
qu’avec la restriction suivante: la bouillie doit être agitée
régulièrement dans la cuve. Cela garantit une distribu-
tion homogène de la substance active sur la culture, mal-
gré la faible stabilité du produit en suspension.
Examen des emballages
Plus de cent emballages ont été testés, et deux parmi
eux n’étaient pas totalement étanches. En conséquence,
le produit phytosanitaire liquide pouvait se répandre
inopinément. Comme cela constitue un risque potentiel
pour l’utilisateur et pour l’environnement, la qualité de
l’emballage doit être vérifiée et un meilleur type imposé
si nécessaire.
Figure 5 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011. Résidus d'un produit contenant du folpet après le test de tamisage humide.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013
400
Production végétale | Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse
à la protection de la nappe phréatique, ou si le produit
ne correspond pas au produit phytosanitaire homologué,
cela peut être sanctionné par la suspension de l’homolo-
gation ou par son retrait. Ainsi, l’homologation du pro-
duit contenant du folpet qui présentait plusieurs défauts
(fig. 3 et 4) a été suspendue.
C o n c l u s i o n s e t p e r s p e c t i v e s
Contrôle suisse intégré à un réseau international
Les techniques de formulation des produits phytosani-
taires évoluent constamment, de même que les exi-
gences concernant la sécurité des personnes et de l’envi-
ronnement. Pour ces raisons, il est important que les
autorités responsables de l’exécution des contrôles sur le
marché suivent régulièrement ces développements et y
contribuent activement. Les spécialistes de la chimie des
produits phytosanitaires à la station Agroscope peuvent
apporter ici leur expérience de chercheurs et étendre
leurs compétences. Ainsi, ils procèdent à des échanges
réguliers avec les autorités parallèles de plusieurs pays
voisins et participent activement aux groupes de travail
germanophones sur les formulations de produits phyto-
sanitaires (DAPF) et sur les méthodes analytiques pour
les produits phytosanitaires (DAPA). Ces réunions sont
des occasions d’échanges entre les autorités et l’indus-
trie. Elles ont pour objectif d’assurer une procédure har-
monisée, ainsi que de développer et de publier des tests
physico-chimiques et des méthodes d’analyse éprouvées
dans le cadre d’essais parallèles chez les différents parte-
naires. Cette coordination pose les bases nécessaires à
des contrôles sérieux et objectifs des produits phytosani-
taires mis sur le marché.
Campagnes coordonnéesLes produits phytosanitaires mis sur le marché suisse sont
de très bonne qualité pour la plupart. Pourtant, les
contrôles sur le marché révèlent parfois la présence de
produits ne répondant pas aux exigences légales, ne cor-
respondant pas aux besoins de la pratique agricole ou
représentant un risque inutile pour les personnes et pour
l’environnement. Souvent, ces défauts peuvent être corri-
gés assez facilement par le distributeur. Les contrôles sur
le marché contribuent ainsi de manière efficace à l’amé-
lioration de la qualité des produits phytosanitaires sur le
marché suisse. Ils garderont leur importance dans le futur,
grâce à la participation active des cantons, de l’OFAG et
d’Agroscope dans les campagnes de contrôle. n
Figure 6 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011. Test de stabilité en suspension de deux produits phytosanitaires contenant du folpet: l'échantillon de gauche montre une bonne stabilité en suspension, tandis que celle de l'échantillon de droite est insuffisante car la plus grande partie du produit se dépose au fond de la cuve au lieu de rester en suspension.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013
401
Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale
Ria
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Sum
mar
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Market control – quality of plant
protection products in Switzerland
In Switzerland, the market control of
plant protection products is organized
in a close collaboration of the cantonal
laboratories, the registration authority
and Agroscope. From 2008 to 2012,
five campaigns with a total of
106 plant protection products were
performed. The quality of the active
ingredient and the most important
physico-chemical properties of the
samples were analyzed in the labora-
tory. One product did not contain the
declared active ingredient. However,
the concentrations of the relevant
impurities with toxicological concerns
were in all cases below the specified
level. With respect to the physico-
chemical properties, about 10 % of the
products did not meet all the require-
ments. In one case, a white powder
was sold instead of water-soluble
granules. Incorrect or insufficient
information on the label was found
with more than 40 % of the products
tested. This had to be addressed and
corrected by the responsible compa-
nies. The market control is important
to maintain the safety and good
quality of plant protection products in
Switzerland.
Key words: pesticide formulation
quality, market control, FAO-specifica-
tion.
Controlli di mercato – la qualità dei
prodotti fitosanitari in Svizzera
Il controllo di mercato dei prodotti
fitosanitari commerciati in Svizzera è
eseguito in stretta collaborazione tra i
laboratori cantonali, il servizio di
omologazione dell’Ufficio federale
dell’agricoltura (UFAG) e alla stazione
di ricerca Agroscope. Dal 2008 al 2012
si è valutato in laboratorio, nell’ambito
di cinque campagne, 106 prodotti
fitosanitari sul loro contenuto e sulla
qualità della sostanza attiva, come
pure sulle proprietà fisico-chimiche più
importanti. In questo contesto si sono
evidenziate diverse carenze. In un caso
un prodotto conteneva una sostanza
attiva non dichiarata. Tuttavia, non
furono riscontrati livelli troppo elevati
relativi a impurità tossicologiche. Per
quel che riguarda le proprietà fisico-
chimiche in ca. il 10 % dei casi si è
riscontrato degli scostamenti dai
requisiti. In un caso al posto di granu-
lato era stata messa in commercio una
polvere biancastra. In oltre il 40 % dei
prodotti fu contestata l’informazione
incompleta o non veritiera riportata
sull’etichetta o nelle istruzioni d’uso.
Complessivamente i controlli di
mercato contribuiscono ad assicurare
all’agricoltura dei prodotti fitosanitari
di qualità e sicuri.
Bibliographie b Rapports KPVC (Plate-forme de coordination pour l'exécution du droit en matière de produits chimiques) sur les produits phytosanitaires. Accès: http://www.bag.admin.ch/anmeldestelle/03894/03895/index.html?lang=fr [20.08.2013]
b Deutschsprachige Arbeitskreise für Pflanzenschutzmittel-Formulierungen (DAPF) und für Pflanzenschutzmittel-Analytik (DAPA). Accès: http://www.bvl.bund.de/DE/04_Pflanzenschutzmittel/01_Aufgaben/08_Pro-duktchemie/psm_produktchemie_node.html [20.08.2013].
b FAO/WHO-Manual, 2010. Manual on Development and Use of FAO and WHO Specifications for Pesticides. First Edition, Second Revision, prepa-red by the FAO/WHO Joint Meeting on Pesticide Specifications (JMPS), Rome, 2010. Accès: http://www.fao.org/agriculture/crops/core-themes/theme/pests/jmps/manual/en/ [20.08.2013].
b Patrian B., Poiger T. & Müller M. D., 2005. Qualitätsbeurteilung von Pflanzenschutzmitteln. Agrarforschung 12 (1), 16–21.
b Patrian B., Bächli A. & Müller M. D., 2007. Qualität von Isoproturon- Herbiziden auf dem Schweizer Markt. Agrarforschung 14 (7), 306–311.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013
402
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 402–405, 2013
Une différenciation réussie permet de vendre plus et/ou plus cher.
La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suissesAnna Crole-Rees1, Martina Spörri1, Johannes Rösti2 et Christine Brugger1
1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon
Renseignements: Anna Crole-Rees, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 61 58
La stratégie de la différenciation permet de mieux com-
prendre et cibler les besoins et les préférences des diffé-
rents groupes de consommateurs et ainsi, de vendre plus
et/ou plus cher. Les travaux du module Consommateurs
de ProfiCrops ont donc porté sur la stratégie de différen-
ciation et comportaient deux objectifs: donner les moyens
de mieux différencier les produits suisses et lier ces diffé-
renciations aux préférences des consommateurs en Suisse.
Plusieurs études ont montré qu’une ouverture des mar-
chés induira une concurrence accrue entre les produits
agricoles d’origine suisse et étrangère. Il est donc essentiel
de renforcer la confiance des consommateurs envers les
produits d’origine suisse. C’est aussi un des objectifs for-
mulés par le programme de recherche ProfiCrops
d’Agroscope: «La production végétale a un avenir si les
consommatrices et consommateurs préfèrent les produits
suisses» (Agroscope 2008). S’il est essentiel de consolider
la compétitivité de la production végétale, il s’agit de pri-
vilégier la stratégie de domination par la différenciation
par rapport à la stratégie de domination par les coûts.
Cette contribution montre, dans un premier temps, que
la différenciation requiert la définition et la mesure
objective de la notion de qualité. L’approche par la diffé-
renciation est ensuite décrite ainsi que les préférences
des consommateurs. Des recommandations pour la
recherche comme pour les acteurs du secteur de la pro-
duction végétale sont ensuite proposées.
La notion de qualité
La qualité est un élément de base pour établir la
confiance des consommateurs envers les produits de la
production végétale d’origine suisse. La question est de
savoir ce que l’on entend par qualité et comment carac-
tériser et mesurer cette promesse envers les acheteurs.
Les principaux éléments définissant la qualité concernent
les caractéristiques intrinsèques du produit, son mode et
lieu de production et sa disponibilité (fig. 1).
Série ProfiCrops
E c l a i r a g e
403Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 402–405, 2013
La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses | Eclairage
Le nombre d’attributs a fortement augmenté durant les
dernières décades. Les critères ne comportent plus seu-
lement des éléments agronomiques ou de stockage,
mais aussi des caractéristiques sensorielles, d’origine
géographique, de mode de production incluant les
aspects sociaux et environnementaux. Les raisons de
cette augmentation du nombre d’attributs sont mul-
tiples. Les nouvelles connaissances scientifiques ont per-
mis de mieux caractériser les différents profils de la qua-
lité. Les habitudes alimentaires se sont modifiées, avec
l’augmentation des revenus, les changements de priori-
sation des dépenses et de mode de vie, la disponibilité
accrue en information en général et sur les produits, etc.
La structure des marchés a aussi fortement évolué, avec
un niveau de concentration plus élevé et avec des
chaînes de commercialisation plus ou moins longues.
Comme l’a montré la journée d’information Agroscope à
Changins sur la qualité le 8 février 2013 (Jeangros et Levy
2013), les différents acteurs des chaînes de valeur ont tous
des besoins et des préférences concernant la qualité lors
de l’achat de produits agricoles – du producteur au
consommateur en passant par l’industriel et le détaillant.
Toutefois, les critères pris en compte par les différents
groupes d’acteurs et leur priorisation peuvent varier.
Tout aussi important: les besoins et les préférences
ne sont pas homogènes entre les différents produits
comme au sein d’un groupe d’acteurs. Au sein de la
transformation, les fabricants de frites n’ont pas les
mêmes besoins que les producteurs de chips en termes
de taux d’amidon et de forme de pommes de terre. De la
même manière, les producteurs de pommes de terre
peuvent avoir des préférences différentes concernant
Produit
• Sensoriel •Arôme •Goût •Aspect • Texture
• Sanitaire
• Sécurité
• Calibre
• Aptitude à la transformation
Processus
• Mode de production
• Traçabilité
• Provenance • Suisse ou non • Local-régional, montagne
• Authenticité, artisanal, agriculturefamiliale
• Environnement, durabilité • Food miles • Ecobilan
• Equitable, aspects sociaux
• Bien-être animal
Disponibilité
• Stockage
• Transport
• Saisonnalité
Figure 1 | Liste des attributs pouvant être inclus dans la notion de qualité. (Source: Adapté de Spörri 2012 et Réviron 2010)
Le programme de recherche Agroscope ProfiCrops
(www.proficrops.ch) a pour objectif de contribuer à ga-
rantir la compétitivité de la production végétale suisse
dans un cadre de plus en plus libéralisé et de renforcer la
confiance des consommateurs envers les produits
suisses. Les hypothèses posées en début de programme
stipulaient que l’efficience de la production devait être
améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée augmentées,
la confiance des consommateurs renforcée et les condi-
tions cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet
de recherches inter-disciplinaires, sous forme de mo-
dules: Efficience, Innovation, Consommateurs et Condi-
tions cadres, et de projets intégrés et associés: Feu Bacté-
rien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopération d’assole-
ment, ProfiViti, WIN4 et FUI.
La série d’articles «ProfiCrops» publiée cette année dans
Recherche Agronomique Suisse permet de diffuser une
sélection de résultats et de solutions pour maintenir la
compétitivité de la production végétale en Suisse. Ces
résultats et solutions sont exemplaires. Un rapport de
synthèse sera disponible début 2014.
L'article «La différenciation, pour renforcer la confiance
des consommateurs envers les produits suisses», lié au
module Consommateurs*, met en lumière les défis de la
recherche pour le développement de produits inspirant
la confiance des consommateurs suisses et du besoin
de la mobilisation de l’ensemble des acteurs pour y par-
venir.
*(http://www.agroscope.admin.ch/proficrops/05367/index.html?lang=fr)
Eclairage | La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses
404
les variétés et leur potentiel ainsi que des exigences ou
besoins variés, liés à leur lieu de production, type de sol,
rotation, etc.
L’approche par la différenciation
L’approche par la différenciation est un cadre d’analyse
permettant de valoriser les différents attributs liés à la
notion de qualité. Elle est aussi une stratégie de posi-
tionnement sur le marché qui sert à relâcher la concur-
rence et à mieux répondre aux préférences hétérogènes
des consommateurs, en offrant des produits différents
de ceux de la concurrence, en vue de vendre plus et/ou
plus cher. Enfin, elle est l’ensemble des procédés par les-
quels une entreprise ou un secteur va obtenir un produit
ou service différent des entreprises ou régions produc-
trices concurrentes. Lancaster (1975) distingue deux
types de différenciation:
Objective. Elle donne au produit une réelle différence
en termes de caractéristiques, en général mesurables.
Par exemple: la sélection d’un soja avec un hile incolore
permet son utilisation pour la fabrication du tofu, les
recherches menant aux recommandations pour éviter les
taches vertes sur les pommes de terre, les travaux sur le
stockage permettant d’étendre la période de commer-
cialisation, la mise sur pieds du label Swiss Garantie,
garantissant l’origine, etc.
Subjective. Elle modifie la façon dont les consomma-
teurs perçoivent un produit. Cette différenciation se fait
notamment par le biais de la publicité qui change
l’image d’un produit auprès des consommateurs.
Toutefois, les consommateurs n’ayant pas les mêmes
préférences, il faut encore distinguer la différenciation
objective:
•• Verticale: si les consommateurs préfèrent de manière
unanime l’un des biens à l’autre (le bien A au bien B),
alors les deux biens sont considérés comme différen-
ciés verticalement.
•• Horizontale: si les consommateurs n’ont pas les mêmes
préférences sur les deux biens, alors ces derniers sont
considérés comme différenciés horizontalement. Les
deux biens peuvent coexister sur le marché. Cela est
particulièrement le cas avec les pommes (Spörri 2012).
Il s’agira donc d’offrir des qualités spécifiques à des
groupes de consommateurs différents. Le colza HOLL
(Baux et al. 2013) convient plus particulièrement aux
industriels.
La stratégie de différenciation objective permet de mettre
en valeur des caractéristiques des produits et, en cas de
succès, de vendre plus et/ou plus cher. Cette stratégie a un
coût. Elle induit une plus grande segmentation du marché
et donc des coûts de production, de commercialisation et
de communication (Réviron 2010). Les possibilités de stra-
tégies de différenciation s’accroissent avec l’augmenta-
tion du nombre d’attributs. Toutefois, la stratégie de dif-
férenciation exige aussi de plus en plus de mesures, liées à
la promesse de qualité et de connaissances, concernant les
besoins et préférences des différents groupes d’acteurs.
Par exemple, informer les consommateurs sur les aspects
environnementaux est complexe, le nombre de para-
mètres et leur interprétation étant nombreux (Koch 2011).
Le défi est aussi lié au fait que ces besoins et préférences
ne sont pas toujours explicitement exprimés par les diffé-
rents groupes d’acteurs.
Les préférences des consommateurs en Suisse
Les consommateurs sont les clients finaux des chaînes
de valeur. Ils ne sont pas homogènes et les différents
attributs de la figure 1 sont hiérarchisés de manière
différente par les différents groupes de consomma-
teurs, selon leur niveau de revenu, le genre, la compo-
sition de leur ménage comme aussi le moment et le
lieu d’achat, entre autres. Par exemple, la consomma-
tion de pommes de terre à chair ferme augmente avec
l’âge (OFAG 2012).
Réviron (2010) identifie quatre groupes de consomma-
teurs en Suisse: les «chasseurs de prix», les «fidèles
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 402–405, 2013
• Marges • Organisation travail • Qualité • Rotation • …
Production
• Prix • Qualité • Stockage • Disponibilité • Relations
fournisseurs • …
Transfor-mation
Commerce
• Qualité • Utilisation • Disponibilité • Prix • …
Consom-mation
Figure 2 | La place de la qualité chez les acteurs de la chaîne de valeur. (Source: Crole-Rees, Spörri, Rösti et Brugger 2013)
La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses | Eclairage
405
•• Tous les acteurs d’une chaîne de valeur doivent donc
poursuivre les efforts de communication permettant
aux acteurs d’exprimer leurs besoins et préférences
d’une part, et, d’autre part, de valoriser les attributs
spécifiques liés à la qualité, particulièrement ceux liés
à une production et une transformation suisse. Cela
requiert un renforcement de la coordination des
filières.
•• La recherche doit poursuivre les efforts de différencia-
tion objective en tenant compte de différents groupes
de consommateurs, de produits (consommés frais ou
transformés), des exigences agronomiques, etc (Spörri
2012). Le développement et la valorisation d’outils
permettant de mieux cibler la qualité, par exemple,
comme la House of Quality (Bertschinger et al. 2009;
Brugger & Sijtsema 2012; Brugger 2012), c’est-à-dire
fournir le «bon» produit au «bon» consommateur,
doivent se poursuivre. Elle doit aussi continuer à
s’impliquer avec les acteurs des chaînes de valeur. Des
exemples de succès sont: le colza HOLL (voir article
ProfiVar, Baux et al. 2013) et les recommandations
pour une production de blé à forte teneur en gluten. n
suisses», les «orientés suisses» et les «gourmets». Les
trois derniers groupes représentent plus de 70 % des
consommateurs. Ces derniers sont prêts à payer un prix
plus élevé pour les produits suisses, d’autant plus qu’ils
les estiment différents par leur mode de production et
leurs caractéristiques intrinsèques (goût, arôme, fraî-
cheur) des produits importés.
Les perspectives de différenciation
Renforcer la confiance des consommateurs et consom-
matrices envers les produits suisses est essentiel pour
permettre de maintenir le positionnement du secteur de
la production végétale suisse. Afin de remplir cet objec-
tif, les différentes initiatives menées au sein du pro-
gramme ProfiCrops montrent que:
•• L’approche par la différenciation permet, en cas de
succès, de vendre plus et/ou plus cher. Elle consiste à
offrir le produit préféré au client spécifique.
•• La différenciation requiert la définition et la mesure
objective des attributs de qualité. Le nombre d’attri-
buts, en augmentation, varie selon beaucoup de
facteurs. Il peut être différent selon le groupe d’ac-
teurs, groupe dont les membres peuvent avoir des
préférences hétérogènes.
•• Une stratégie de différenciation induit des coûts. Elle
doit donc viser les consommateurs intéressés à payer
une plus-value liée à leurs préférences. Une majorité
des consommateurs en Suisse sont prêts à payer plus
pour l’origine suisse (différenciation verticale).
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 402–405, 2013
Bibliographie b Agroscope, 2008. ProfiCrops: Neue Wege für einen zukunftsfähigen Pflanzenbau in der Schweiz unter liberalisierten Marktbedingungen. Programmbeschrieb.
b Baux A., Sergy P. et Pellet D., 2013. Le colza HOLL en Suisse: de la pro-duction pilote à la production à grande échelle. Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8), 344–347.
b Bertschinger L., Corelli-Grappadelli L., Derkx M. P. M., Hall S., Kockerols K., Sijtsema S. J., Steiner S., Van Der Lans I. A., Van Schaik A. C. R. & Zim-mermann K. L., 2009. A search for a systematic method to bridge bet-ween pre-harvest, postharvest, and consumer research aimed at increa-sing fruit consumption: The «Vasco da Gama» process. Journal of Horti-cultural Science & Biotechnology ISAFRUIT Special Issue 2–6.
b Brugger C., Sijtsema S. J., 2012. Exploration of consumer and sensory research in the House of Quality: Sweet and sour taste preferences for fruit. Scripta Horticulturae 16, 55–59.
b Brugger C., 2012. Sensorik – Chancen und potentieller Einsatz in der Qualitätsdifferenzierung. Vortrag, Kernobstseminar Swisscofel, 05. Juni 2013, Kartause Ittingen.
b Crole-Rees A., Spörri M., Rösti J. & Brugger Ch., 2013. Différencier les pommes de terre pour mieux répondre à la demande des consommateurs suisses? Présentation faite lors de la journée «La qualité dans les grandes cultures: un défi pour la recherche». Journée d’information, 8 février
2013. Agroscope ACW Changins. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/praxis/00211/07029/index.html?lang=fr [18.06.2013].
b Jeangros B. et Levy L., 2013. La qualité dans les grandes cultures: un défi pour la recherche. Journée d’information, 8 février 2013. Agroscope ACW Changins. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/praxis/00211/07029/index.html?lang=fr [18.06.2013].
b Koch P. & Gaillard G., 2011. Förderung des nachhaltigen Konsums von Lebensmitteln – Welchen Beitrag können Ökobilanzen leisten? Ökobilan-zen und Umweltproduktinformationen. Sicht der Forschung (2). Présenta-tion lors de l’atelier de travail, Module 3 Consommateurs, ProfiCrops, Berne, 18.1.2011.
b Lancaster K.J. 1975. Socially Optimal Product Differentiation. The Ameri-can Economic Review 65 (4), 567–585.
b OFAG, 2012. Bulletin du marché des pommes de terre. Aperçu rétrospec-tif de l’année 2011. Avril 2012.
b Spörri Eggenberger M., 2012. ProfiCrops: Ziele der Produktdifferenzie-rung im Schweizerischen Pflanzenbau: Review. Agroscope Wädenswil. 30.10.2013.
b Réviron S., 2010. Création de valeur auprès des consommateurs par la différentiation des produits des filières agricoles. Présentation lors de l’atelier de travail, Module 3 Consommateurs, ProfiCrops, Berne, 17.11.2010.
ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope
406 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 406–407, 2013
Ambiance printanière pour la traditionnelle photo de groupe.
Didier Pellet et Alice Baux
Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, case postale 1012, 1260 Nyon 1
Renseignements: Didier Pellet, e-mail : [email protected], tél: +41 22 363 47 16
Culture du colza: des scientifiques de quatre continents font le point à Changins
Du 28 avril au 1er mai dernier, les rencontres techniques
du GCIRC (Groupe Consultatif International de Recherche
sur le Colza) ont été organisées par Agroscope Chan-
gins-Wädenswil à Changins. Cette réunion a été l’occa-
sion pour les spécialistes du colza de quinze pays de
faire le point et d’échanger sur les derniers développe-
ments en culture de colza.
Vers la fin de l’hégémonie du biodiesel en Europe?
Le marché mondial du colza est fortement influencé par
la production de biodiesel qui absorbe 10 % de la pro-
duction totale, soit 16,5 millions de tonnes par année. A
elle seule, l’Union européenne des 27 (UE-27) utilise
actuellement dans ce but presque 10 millions de tonnes
de graines, dont la moitié est importée (principalement
d’Ukraine et d’Australie). Pourtant, en octobre 2012,
une révision des objectifs énergétiques, assortie de
mesures pour limiter la production de gaz à effets de
serre, ainsi que d’autres mesures agri-environnemen-
tales ont résonné comme un coup de tonnerre dans un
ciel jusque-là sans nuages! Les experts prédisent qu’à
court terme l’UE-27, qui consacre actuellement ¾ de sa
production au biodiesel, passera du statut d’importateur
net de colza à celui d’exportateur, pour couvrir une
demande croissante en Chine, au Proche et Moyen-
Orient ainsi qu’en Afrique du Nord. Au sein de l’UE-27,
l’augmentation de la consommation d’huile de colza ali-
mentaire est peu vraisemblable, bien que le colza y
représente seulement 19% de l’huile alimentaire, soit
une part inférieure à ce qui est observé en Suisse (25 %)
et très loin des 54 % du Canada. Une spécialiste cana-
dienne des marchés a conclu que la politique énergé-
tique de l’UE a freiné l’amélioration de la qualité de
cette huile alimentaire. Le développement du colza
E c l a i r a g e
Culture du colza: des scientifiques de quatre continents font le point à Changins | Eclairage
407Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 406–407, 2013
HOLL (huile de colza pour la friture) est une illustration
de ce phénomène. L’importance de ce nouveau segment
de marché reste limité en Europe (0,5 % des surfaces en
France, Allemagne, Autriche, pays nordiques), alors qu’il
constitue en Suisse 30 % d’un marché intérieur presque
uniquement alimentaire.
Sélection: suprématie des hybrides
L’augmentation des surfaces de colza en Europe ces der-
nière années s’est faite de pair avec l’émergence d’hy-
brides, plus productifs, plus stables et dotés de bonnes
qualités agronomiques, comme la tolérance au froid.
Avec 90 % d’hybrides semés, la Suisse figure parmi les
leaders européens dans ce domaine, démontrant une
fois de plus que notre agriculture est prompte à adopter
les innovations. Des travaux prometteurs de sélection sur
le système racinaire en Allemagne ont été présentés. Ils
permettraient une plus grande tolérance au stress
hydrique et une meilleure absorption des nutriments qui
pourrait améliorer la stabilité des rendements même
avec une fertilisation réduite. En Australie, on s’intéresse
également à la résistance au stress hydrique et aux tem-
pératures élevées, couplée à une tolérance aux herbi-
cides, puisque ces variétés occupent 90 % des surfaces.
Résistance à la hernie du choux
La hernie du choux cause une déformation du pivot qui
précède la dégénérescence de la plante et peut rendre
les parcelles contaminées inaptes à la culture du colza.
Ce problème largement répandu est amplifié dans les
sols acides ou par une charge importante en crucifères
dans la rotation. En complément du chaulage, l’utilisa-
tion de variétés tolérantes est un moyen de lutte effi-
cace. Des programmes de sélection canadiens et alle-
mands sont en voie de fournir de nouvelles variétés
résistantes à un large spectre de pathotypes du champi-
gnon (Plasmodiophora brassicae), qui permettront la
relève de Mendel, la seule variété résistante à la hernie
cultivée en Suisse, où le problème est heureusement peu
répandu.
Résistance au phoma
En 2003, l’Australie a vécu une perte subite de résistance
au phoma d’une variété jusqu’alors très résistante. Cette
catastrophe économique a décidé les chercheurs à réo-
rienter leur stratégie. Parallèlement à la recherche de
variétés résistantes, un monitoring des souches de
phoma permet de suivre les gènes d’avirulence qui per-
mettent au champignon de contourner les résistances
variétales. Ainsi, les variétés dont les résistances sont sur
le point d’être percées peuvent être retirées à temps du
marché, pour éviter de nouvelles catastrophes.
Techniques culturales
Dans le cadre de la nouvelle politique agricole, la France
recherche des solutions pour limiter l’utilisation d’in-
trants dans les cultures. Le semis du colza en association
avec une légumineuse pourrait permettre de réduire les
apports d’engrais azotés et de pesticides, sans pénaliser
le rendement.
Bien qu’en pleine expansion, le colza, avec ses 80’000
ha, reste une culture mineure en Argentine, par rapport
aux 22’000’000 ha de cultures oléagineuses dans ce pays.
Il s’agit principalement de variétés de colza de printemps,
les besoins de vernalisation n’étant pas toujours remplis
pour les variétés d’hiver. Récolté avant le blé, le colza
permet un semis de maïs ou de soja plus précoce, ce qui
lui donne une place intéressante dans la rotation. La
demande toujours croissante en biodiesel et la stabilité
de sa qualité permettent d’assurer les débouchés du
colza en Argentine.
Enfin, la lutte contre les méligèthes reste un enjeu
important de la production de colza en Europe. L’outil
d’aide à la décision Pro-plant Expert propose une alerte
lorsque le seuil de traitement est atteint, permettant
ainsi de limiter les traitements préventifs et de retarder
l’apparition de résistances, et donc de prolonger la
durée de vie des insecticides.
Composition et utilisation du colza
L’utilisation du tourteau de colza dans l’alimentation des
porcs fait l’objet de plusieurs recherches, notamment en
Allemagne et au Danemark. Les teneurs en glucosino-
lates et en fibres sont les principaux facteurs limitant son
utilisation. Les variétés à graines jaunes contiennent
moins de fibres (lignine), ce qui améliore leur qualité
nutritionnelle. Les techniques d’extraction d’huile
peuvent également influencer fortement la qualité du
tourteau.
De récentes études ont également confirmé l’impor-
tance de l’acide alpha-linolénique. Cet acide gras essen-
tiel présent en proportion élevée dans l’huile de colza,
précurseur d’autres acides gras polyinsaturés à longues
chaînes, semble jouer un rôle protecteur contre les
maladies cardiovasculaires et inflammatoires.
Les deux jours de conférence se sont conclus par une
journée de visite au champ, lors de laquelle les partici-
pants ont pu apprécier les recherches d’Agroscope sur le
colza, en particulier le développement des variétés HOLL
en Suisse, ainsi que la plateforme de démonstration de
fenaco. Rendez-vous est pris pour les prochaines ren-
contres techniques du GCIRC qui auront lieu en 2017,
vraisemblablement en Suède. n
408
P o r t r a i t
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 408, 2013
De ses études de bachelor à son poste actuel de profes-
seure en physiologie de la nutrition et nutrition des
ruminants à la Haute école des sciences agronomiques,
forestières et alimentaires HAFL, Anette van Dorland a
toujours suivi ses intérêts. Une bonne dose de persévé-
rance et un soupçon de chance en plus lui ont permis de
réaliser à chaque fois ses aspirations professionnelles.
Sa prédilection pour l’agriculture – pour les bovins
en particulier – remonte à l’enfance, puisqu’elle a grandi
dans un village rural des Pays-Bas. Mais ce n’est qu’au
moment de choisir une orientation, après avoir exploré
plusieurs voies de formation et accompagné un vétéri-
naire quelques jours, que les choses sont devenues
claires: «Je suis fascinée par les vaches, mais le côté “san-
glant” de l’activité de vétérinaire n’est pas vraiment
mon truc.»
Se laisser guider par ses intérêts
Dans le cadre du bachelor, elle se spécialise en agricul-
ture tropicale et subtropicale. «Les vaches devaient être
au centre de mes études. Et quand on est jeune, on a
aussi envie d’aventure. C’est pour cela que j’ai choisi
l’agriculture dans le domaine international», explique-t-
elle. Pendant ses trois années d’études à l’International
Agriculture College de Larenstein, ponctuées de séjours
en Zambie et en Albanie, elle se découvre aussi une âme
de chercheuse. Cela sera son métier. Elle débute des
études de master à Wageningen, une étape intermé-
diaire mais nécessaire, car l’objectif qu’elle s’est fixé ne
sera pas atteint avant d’avoir le doctorat en poche.
Or, elle ne trouve aucun poste attrayant sur le
moment. Fidèle à ses intérêts et à son goût pour l’aven-
ture, elle s’engage alors pour une durée de trois ans en
Ethiopie – dans un territoire aussi vaste que l’Allemagne
– au sein d’une équipe interdisciplinaire (International
Livestock Research Institute, ILRI) menant une étude de
caractérisation des animaux de rente sur le terrain.
Retour en Europe
Le doctorat, Anette van Dorland n’y a pas renoncé pour
autant. Un ami l’informe justement qu’une place de doc-
torant est vacante à l’ETH de Zurich dans le domaine de
l’alimentation animale. La vie a voulu qu’elle ne retourne
pas aux Pays-Bas; qu’après avoir vécu dans l’une des
régions les plus pauvres du monde, elle aille dans l’une
des plus riches. «J’ai tout de suite beaucoup aimé la
Suisse, même si j’ai peu visité le pays pendant mon doc-
torat», se rappelle-t-elle. Sa thèse achevée, elle trouve
un poste à la faculté Vetsuisse de l’Université de Berne.
Elle passe six ans à Posieux, où elle étudie le métabo-
lisme du foie chez les vaches laitières et participe notam-
ment à un projet de recherche mené conjointement avec
la HAFL. «Je me suis tout de suite rendu compte qu’ils
faisaient aussi des recherches passionnantes à Zollikofen.
Cette impression m’est restée.»
Depuis août 2012, Anette van Dorland travaille à la
HAFL. Elle y transmet ses connaissances à de jeunes étu-
diants enthousiastes et y fait de la recherche. «Un bon
mélange», souligne-t-elle. Elle en a profité pour élargir
son domaine de compétences: l’alimentation des che-
vaux est dorénavant au programme. L’occasion pour elle,
une fois de plus, de concilier son travail et ses intérêts.
Matthias Zobrist, Haute école des sciences agronomiques, forestières
et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen
Anette van Dorland: une âme de chercheuse, un cœur d’aventurière
409
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 409–411, 2013
Actualités
La recherche microbiologique en pleine mutation
Des microbiologistes environnementaux venus du
monde entier se sont réunis du 9 au 13 juin 2013 à l’occa-
sion de la 12e conférence de «Bacterial Genetics and Eco-
logy» (BAGECO 12) qui s’est tenue à Ljubliana en Slové-
nie. Tous les deux ans, cette conférence institue une
plateforme d’échange pour les nouvelles connaissances
et tendances. Cette année, la conférence était axée
sur le transfert génétique et l’évolution, les interactions
microbiennes, les microorganismes et les plantes, la
diversité microbienne et les prestations écosystémiques
ainsi que les réactions microbiennes aux facteurs de
contrainte anthropiques.
Lors de la conférence, il est apparu clairement que la
recherche microbiologique se trouvait en pleine muta-
tion et que le diagnostic génétique ultramoderne était
appliqué dans tous les domaines. Des génomes de bacté-
ries inconnues jusqu’ici ont par exemple été décodés ou
des milliers d’espèces d’un échantillon prélevé dans
l‘environnement décrites en une seule analyse. La confé-
rence a montré de façon impressionnante quel immense
potentiel ces informations recelaient pour la microbiolo-
gie, la recherche sur les sols, la biotechnologie et l’agri-
culture.
Laure Weisskopf, Franco Widmer, Martin Hartmann, Nejc Stopnisek,
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
www.feedbase.ch: la nouvelle base de données des aliments pour animaux
Rechercher des données sur les fourrages grossiers pro-
venant de l’enquête annuelle sur les fourrages secs et
se référant à une région ou à une altitude déterminées
en Suisse, telle est l’offre de la nouvelle base de don-
nées des aliments pour animaux d’Agroscope, en plus
des requêtes habituelles, telles que la recherche des
valeurs moyennes de nutriments et de valeurs nutritives
de plus de 600 aliments simples et fourrages grossiers
destinés aux ruminants, aux porcs, aux chevaux et aux
volailles. Mais la nouvelle base de données offre encore
bien d’autres possibilités.
Monika Boltshauser,
Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras
410
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 409–411, 2013
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
08.08.2013 La World Food LCA database: un projet interna-tional pour des données agroalimentaires de qualité Comment améliorer la réalisation et la communication
des empreintes environnementales des produits agroali-
mentaires? Une nouvelle base fournissant des données
fiables et actualisées pour les analyses du cycle de vie
(ACV) des aliments et des boissons a été lancée par
Agroscope et Quantis.
08.07.2013 Agroscope sur la trace des variétés perdues La collection nationale des plantes cultivées d’Agroscope
à Changins conserve les semences de milliers de variétés
anciennes et modernes, lignées et populations pour pré-
server la biodiversité de demain. Cette banque de gènes,
qui constitue aussi une mine de ressources pour la sélec-
tion de futures variétés, a pu retrouver des variétés
d’avoine, de seigle, d’orge et de lin d’origine suisse qui
avaient disparu du pays mais étaient encore conservées
dans des collections à l’étranger.
www.agroscope.admin.ch/communiques
Rapport ART 762
Pour que la détention
des porcs à l’engrais soit
conforme aux besoins
de l’espèce, les animaux
doivent avoir accès à des
matériaux manipulables
leur permettant de se
distraire. Ces matériaux
satisfont leurs besoins comportementaux et évitent les
dommages économiques liés aux morsures à la queue
(caudophagie). La révision de l’Ordonnance sur la pro-
tection des animaux prévoit qu’à partir d’août 2013, les
porcs doivent pouvoir s’occuper en tout temps avec de
la paille, du fourrage grossier ou d’autres matériaux
semblables. L’application de cette disposition soulève
plusieurs questions pour les éleveurs et éleveuses. Quels
sont les matériaux qui intéressent les porcs? Les porcs
sont-ils suffisamment occupés avec un bâton à ronger?
Combien de râteliers à paille faut-il pour un groupe de
quelle taille? Plusieurs études réalisées ces dernières
années à ART ont permis de répondre à ces questions.
Rapport ART 762
Matériaux servant à l’occupation des porcs à l‘engrais
Qu’est-ce qui intéresse les porcs ?
Autrices et auteurs
Bettina Zwicker, Beat WechslerOffice vétérinaire fédéral OVF, Centre spécialisé dans la déten-tion convenable des ruminants et des porcs, 8356 Ettenhausen
Roland WeberAgroscope, Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, 8356 Ettenhausen Renseignements: Roland Weber, e-mail: [email protected], tél.+41 052 368 33 74
Impressum
Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART
Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Février 2013
Fig. 1 : Les porcs doivent pouvoir se distraire en permanence à l’aide de paille, de fourrage grossier ou d‘autres matériaux similaires. ( Photos : Agroscope )
Pour que la détention des porcs à l’engrais soit conforme aux besoins de l’espèce, les animaux doivent avoir accès à des maté-riaux manipulables leur permettant de se distraire. Ces matériaux satisfont leurs besoins comportementaux et évitent les dommages économiques liés aux morsures à la queue ( caudophagie ). La révision de l’Ordonnance sur la protection des ani-maux prévoit qu’à partir d’août 2013, les porcs doivent pouvoir s’occuper en tout temps avec de la paille, du fourrage gros-sier ou d’autres matériaux semblables. L’application de cette disposition soulève plusieurs questions pour les éleveurs et éleveuses. Quels sont les matériaux qui intéressent les porcs ? Les porcs sont-ils suf-fisamment occupés avec un bâton à ron-ger ? Combien de râteliers à paille faut-il pour un groupe de quelle taille ?
Plusieurs études réalisées ces dernières années à ART ont permis de répondre à ces questions. On constate que des matériaux variés arrivent à occuper suffisamment les porcs à l’engrais. Cependant, il est évident que l’attrait exercé par la quasi-totalité des matériaux testés diminue au fil du temps. L’idéal serait donc de proposer aux porcs différents matériaux en alternance. Par rapport au bouchon de paille, le bâton à ronger a davantage incité les porcs à l’exploration. Lorsqu’un groupe de porcs à l’engrais disposait de plusieurs râteliers, le pourcentage d’animaux occupés avec de la paille augmentait. Les résultats ont mon-tré comment optimiser le nombre de râte-liers disponibles par rapport à la taille du groupe.
Matériaux servant à l’occupation des porcs à l‘engrais
On constate que des matériaux variés arrivent à
occuper suffisamment les porcs à l’engrais. Cepen-
dant, il est évident que l’attrait exercé par la quasi-
totalité des matériaux testés diminue au fil du
temps. L’idéal serait donc de proposer aux porcs
différents matériaux en alternance. Par rapport
au bouchon de paille, le bâton à ronger a davan-
tage incité les porcs à l’exploration. Lorsqu’un
groupe de porcs à l’engrais disposait de plusieurs
râteliers, le pourcentage d’animaux occupés avec
de la paille augmentait. Les résultats ont montré
comment optimiser le nombre de râteliers dispo-
nibles par rapport à la taille du groupe.
Bettina Zwicker et Beat Wechsler
Office vétérinaire fédéral OVF, Centre spécialisé dans la
détention convenable des ruminants et des porcs, Ettenhausen
Roland Weber
Agroscope, Centre spécialisé dans la détention convenable
des ruminants et des porcs, Ettenhausen
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Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 409–411, 2013
M a n i f e s t a t i o n s
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
L i e n s I n t e r n e t
Application durable des produits phytosanitaires
www.nap-pflanzenschutz.de/indikatoren-und-analysen/risikoanalyse-synops/
Les indicateurs de risque liés à la protection des plantes se
réfèrent actuellement principalement aux risques pour
l'écosystème. Les modèles assistés par ordinateur, comme
par exemple SYNOPS (évaluation synoptique des produits
phytosanitaires), permettent de calculer les modifications
relatives aux risques pour les écosystèmes aquatiques et
terrestres qui sont occasionnés par les applications de
produits phytosanitaires.
Septembre 2013
13. – 15.09.2013Equus helveticusHaras national suisse HNSAvenches
Octobre 2013
01.10.2013AlpFUTUR – Avenir de l’estivage en Suisse – Conférence finale AlpFUTUR Verbund (Agroscope, WSL)Schüpfheim LU
02.10.20137. ÖkobilanzplattformAgroscopeAgroscope, 8046 Zurich
Novembre 2013
05. – 06.11.2013Weiterbildungskurs für BaufachleuteAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTEttenhausen
Janvier 2014
18. 01. 2014Journée d’information HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFLZollikofenInformations: www.hafl.bfh.ch
21. – 24.01.2014Agroscope à AgrovinaMartigny
V o r s c h a u
Octobre 2013 / Numéro 10
Les produits agricoles pourvus d’une appellation d’origine proté-gée (AOP), tels que la Tête de Moine, bénéficient sur le marché d’une valeur ajoutée en tant que produits fabriqués traditionnelle-ment et dotés d’une origine géo-graphique définie. Des chercheurs d’Agroscope ont mis au point une méthode basée sur une culture de bactéries traceuses afin de pou-voir certifier l’origine de la Tête de Moine AOP.
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
•• Culture de certification de l’origine pour la Tête de
Moine AOP, John Haldemann et al., ALP-Haras
•• Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation
actuelle en Suisse, Christian Bohren et Judith Wirth, ACW
•• Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des
prés, Daniel Suter et al., ART et ACW
•• Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de
tiges provoquées par Dickeya spp., Jérémie Rouffiange
et al., Institut Supérieur Industriel agronomique
Huy-Gembloux, Université de Haute Alsace et ACW
•• Série Proficrops: Transfert de connaissances en cultures
maraîchères suisses, Robert Baur et al., ACW
•• Série Proficrops: Recherche pour une production
fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien,
Esther Bravin, ACW
•• Développement éclair de nouveaux outils de diagnostic
pour l'agronomie, Christophe Debonneville et al., ACW
Festival du cheval Pferdefestival
13 - 15. 9. 2013 AVENCHES
Du 13 au 15 septembre prochain, Avenches
sera une nouvelle fois placée sous le signe
du cheval grâce à Equus helveticus, festival
équestre devenu incontournable.
Avec le National FM, finales suisses de sport
et d’élevage des Franches-Montagnes, le
Championnat suisse des chevaux de sport
CH, de même que des courses de trot et de
galop, près de mille chevaux et vingt fois
plus de visiteuses et visiteurs sont attendus
à Avenches.
www.equus-helveticus.ch
Themen • Konzept des Ökodesigns in Landwirtschaft und Industrie • Datenbanken und Ökobilanzen als Grundlage für Ökodesign • Anwendungsbeispiele in Landwirtschaft und
Lebensmittelindustrie • Umweltpolitik: Entwicklung eines Systems zur
Produktumweltinformation Infomarkt Posterausstellung rund um das Thema Ökodesign
Detailprogramm und Anmeldung www.agroscope.ch > Veranstaltungen > 7. Ökobilanzplattform Tagungsort Forschungsanstalt Agroscope, Vortragssaal Reckenholzstrasse 191, 8046 Zürich Anmeldeschluss ist der 13. September 2013
Mittwoch, 02. Oktober 2013
7. Ökobilanzplattform Landwirtschaft Ökodesign in der Land- und Ernährungswirtschaft Forschungsanstalt Agroscope
Agrosc
ope