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RAPPORT RSNA 2019
La 105ème édition du congrès de la RSNA (Radiological Society of North America) s’est tenue à
Chicago en décembre dernier. Le RSNA 2019 c’était : 185 sessions scientifiques (plus de 1300
communications), 439 sessions de FMC, 1660 posters, et plus de 700 exposants sur la plus grande
exposition technique du monde, dont une aile entière (« AI showcase ») dédiée à l’intelligence
artificielle.
Comme chaque année, la Société Française de Radiologie et les laboratoires GUERBET se sont associés
pour permettre à de jeunes radiologues (internes en fin de cursus et CCA) d’assister au congrès et de
présenter leurs travaux de recherche. Ces 11 boursiers SFR-GUERBET avaient en outre pour mission
de rédiger un rapport, chacun dans sa surspécialité d’organe, résumant les avancées scientifiques les
plus marquantes du congrès. Recherche, enseignement et innovation étaient ainsi au programme des
réunions de travail quotidiennes que j'ai eu le plaisir d'animer avec eux, avec le concours de Jean-
Sébastien Raynaud, directeur scientifique de Guerbet France. Compte-tenu du nombre et de la densité
des séances scientifiques, ces rapports ne peuvent prétendre à l’exhaustivité, mais les 11 "reporters" se
sont astreints à un travail de sélection et de synthèse pour proposer à la communauté radiologique
française un condensé des incontournables du RSNA 2019.
Professeur Mathieu LEDERLIN, CHU Rennes
IMAGERIE PEDIATRIQUE ET PRENATALE – Inès MANNES (relecture Volodia
DANGOULOFF ROS)
Neuroradiologie
Les encéphalites auto-immunes ont été détaillées lors de la session de neuroradiologie pédiatrique. Elles
sont à évoquer devant une encéphalite de cause indéterminée avec des marqueurs inflammatoires dans
le LCR. La cause la plus commune chez les enfants est l’encéphalite à récepteur anti-NMDA (l’étude
« California encephalitis project 2012 » a montré qu’elle serait plus fréquente que les encéphalites
virales aux Etats Unis). Rappelons d’emblée que l’IRM peut être normale (dans 66 à 89% des cas) et
que l’atteinte limbique est très suggestive si elle est présente. Typiquement, il n’existe pas de restriction
de diffusion ni de remaniements hémorragiques. Les encéphalites paranéoplasiques sont beaucoup
moins fréquentes chez l’enfant que chez l’adulte et sont associées aux anticorps anti-Hu, anti-Yo, anti-
CV2, anti-Ri. Une tumeur peut ne pas être trouvée au bilan initial et un dépistage devra être effectué sur
les 5 années qui suivent. On pourra aussi évoquer le « syndrome d’Ophélie » lié au lymphome. Les
encéphalites auto-immunes comprennent enfin les encéphalites à anti-aquaporine 4 et les anti-MOG. Il
a été également montré que 27% des encéphalites herpétiques évoluent vers une encéphalite auto-
immune dans les 2 à 16 semaines après l’infection, avec un plus haut risque chez les jeunes enfants
(Armangue et al. 2018).
Une étude originale de Bertolazzi et al. a montré un lien entre obésité et modification de la connectivité
cérébrale en tenseur de diffusion lors d’une étude menée sur 120 sujets, dont 59 adolescents obèses. En
effet, il existait une diminution significative de fraction d’anisotropie dans le corps et le splénium du
corps calleux ainsi que dans le gyrus orbitaire médial des enfants obèses. Ces données suggèrent
l’existence de lésions des régions contrôlant l’appétit, les émotions et les fonctions cognitives, qui sont
de plus corrélées avec la présence de marqueurs inflammatoires biologiques (TNF alpha, IL1a, IL6).
La radiomique, concept assez novateur et peu cité en imagerie pédiatrique, a été utilisée dans une étude
de Wang et al. afin de différencier encéphalopathie bilirubinémique néonatale et myélinisation normale
du nouveau-né. La première est une pathologie qui, détectée précocement, peut être réversible ; la
seconde est une condition normale du nouveau-né. Ces deux situations sont susceptibles d’entraîner des
modifications de signal des noyaux gris centraux (globus pallidus hyperintenses en T1). Grâce au
machine learning, 13 paramètres de texture ont été sélectionnés comme étant discriminants dans
l’encéphalopathie bilirubinémique, dont l’intensité relative moyenne (c’est-à-dire la brillance relative
du globus pallidus), qui s’est avérée être la plus discriminante. Ainsi, l’emploi de la radiomique
permettrait de différencier plus aisément modifications normales liées à la myélinisation et
encéphalopathie hyperbilirubinémique.
Enfin, un dernier cours a été fait sur les infections fœtales du SNC, aux diverses conséquences selon
leur terme de survenue : tératogénèse ou fausse couche au 1er trimestre, anomalies de migration ou
gyration au 2ème trimestre, vasculopathie, germinolyse ou lésion de la substance blanche au 3ème
trimestre, lésions clastiques aux 2ème et 3ème trimestres. Trois grandes étiologies ont été détaillées, avec
une belle iconographie à l’appui :
1) l’atteinte liée au CMV, la plus fréquente, à évoquer de manière quasi systématique, qui pourra se
révéler en IRM par une atteinte de la substance blanche, des kystes temporaux antérieurs, des
calcifications péri ventriculaires, des malformations corticales
2) l’atteinte liée au Zika virus, typiquement associée à des calcifications sous-corticales ou à une « fetal
brain disruption sequence » (séquence de destruction du cerveau fœtal avec microcéphalie et anomalies
de la voûte crânienne)
3) la toxoplasmose, caractérisée par une choriorétinite, une hydrocéphalie, des calcifications éparses
Imagerie abdominale
Un des posters exposés (Hosokawa et al.) rappelle le rôle clé de l’échographie post-natale dans la prise
en charge des hernies congénitales diaphragmatiques. En effet trois facteurs sont déterminants pour
déterminer le type de chirurgie de réparation d’une hernie (thoracoscopie versus chirurgie ouverte): 1)
la taille du défect (mesure transverse et antéro-postérieure) ; 2) la présence d’un « diaphragmatic rim »
ou « bord diaphragmatique » , de type A (antérieur, latéral, postérieur), B (antérieur et un peu en latéral),
C (antérieur) ou D (absence) ; 3) le contenu de la hernie (estomac, foie). Ces paramètres peuvent être
évalués sur des coupes de référence échographiques simples : la coupe sous costale sur la ligne médio-
claviulaire (vue antérieure), la coupe inter costale latérale en regard du 9ème espace inter costal (vue
latérale), la coupe sous costale postérieure sur la ligne médio-scapulaire (vue postérieure).
Citons également un travail original sur l’utilisation de l’échographie de contraste dans la maladie de
Crohn: Sandberg et al. ont montré des résultats prometteurs de l’échographie de contraste comparée à
l’IRM (100% de sensibilité) sur une petite population pédiatrique (20 patients avec biopsie à l’appui).
Les éléments évalués étaient le rehaussement de la muqueuse, l’épaississement de la muqueuse et de la
sous-muqueuse, l’inflammation péri-digestive. L’échographie de contraste s’est révélée meilleure que
l’IRM pour détecter le rehaussement anormal de la muqueuse, et égale à l’IRM pour détecter un
épaississement pariétal ou une inflammation péri-digestive. Cette technique a de plus l’avantage d’éviter
une sédation et d’être disponible, faisable au lit du patient.
Enfin, on retiendra l’étude de Chambers et al. sur les hyperplasies nodulaires focales de l’enfant dans
une cohorte de 87 enfants (pour 105 lésions, soit 9% de HNF multiples). Leurs caractéristiques étaient
d’être : 1) iso ou hyperéchogènes avec un flux artériel dans 75% des cas 2) avec un rehaussement typique
en échographie de contraste (86%) 3) iso ou hypodenses avec un rehaussement typique en TDM dans
79,5% des cas 4) iso ou hypointenses en T1, iso ou hyperintenses en T2, hyperintenses en diffusion avec
un rehaussement typique dans 71,8% des cas. Une atypie requiert une confirmation histologique pour
éliminer un adénome. Leur traitement est conservateur, sauf en cas de symptômes compressifs
abdominaux.
Imagerie anténatale
Une étude de Bascetta et al. introduit le « mediastinal shift angle » (MSA) comme un paramètre efficace
dans l’évaluation pronostique des hernies diaphragmatiques gauches congénitales isolées. Il peut être
mesuré en anténatal ou postnatal sur une séquence axiale TRUFI passant par les cavités cardiaques : il
s’agit de l’angle formé par la ligne médiane passant par le centre du bord postérieur du corps vertébral
et le centre du sternum, et la ligne tangentielle à la paroi latérale de l’oreillette droite passant par le
centre du bord postérieur du corps vertébral. Dans ce travail rétrospectif sur 34 fœtus atteints de hernie
gauche isolée et comparant le groupe « survivant » et le groupe « non survivant », il existait une
excellente reproductibilité inter-observateurs de la mesure du MSA, une corrélation inverse entre MSA
et survie, et une corrélation inverse entre MSA et volume pulmonaire total du fœtus (TFLV ou « total
fetal lung volume »). Le meilleur cut-off pour prédire la survie était de 38.2 degrés. Une autre étude sur
le sujet menée par Carducci et al. a montré que ce paramètre était aussi bien évalué en échographie qu’en
IRM, étant ainsi simple, rapide et reproductible.
Une imagerie foetale cardiaque prometteuse a été présentée par l’équipe de Kording et al. chez des fœtus
sains. Grâce à un système de gating cardiaque par ultrasons (similaire au gating ECG), une IRM
cardiaque 4D-flow a été réalisée chez 7 fœtus sains, permettant une excellente visualisation de l’arche
aortique et de l’hémodynamique fœtale sur des séquences ciné SSFP et des acquisitions 4D. Ces
dernières pourraient fournir un grand avantage dans l’évaluation in utero de pathologies
cardiovasculaires congénitales, notamment les pathologies malformatives complexes. Elles nécessitent
cependant d’être faites sur des fœtus qui sont peu mobiles, à un terme avancé.
Imagerie thoracique
La classification des pneumopathies interstitielles diffuses de l’enfant, qui diffère totalement de l’adulte,
a été détaillée lors d’un cours éducationnel distinguant :
- Diffuse developmental disorders (anomalies du développement) : dysplasie acinaire, dysplasie
alvéolaire congénitale, dysplasie alvéolo-capillaire avec anomalies d’alignement des veines pulmonaires
- Growth abnormalities (anomalies de « croissance ») : hypoplasie pulmonaire, maladie pulmonaire
chronique néonatale, anomalies associées à des anomalies chromosomiques (Trisomie 21 par exemple)
ou à des cardiopathies congénitales
- Surfactant Dysfunction disorders (pathologies du surfactant) : mutations du gène SFTPB, SFTPC,
ABCA3
- Specific Conditions of Unknown / Poorly understood etiology : glycogénose pulmonaire interstitielle
(PIG ou « pulmonary interstitial glycogenosis »), hyperplasie cellulaire neuroendocrine (NEHI ou
«neuroendocrine cell hyperplasia of infancy »)
Retenons 5 « take home diagnoses » au travers de signes sémiologiques simples :
- du verre dépoli et des kystes pour les pathologies du surfactant (SpB, SpC, ABCA3)
- la survenue de kystes (de siège périphérique) dans la trisomie 21
- une hyperinflation dans la mutation du gène de la filamine A
- du verre dépoli et une hyperinflation dans les NEHI
- des kystes (de siège aléatoire) et une hyperinflation dans les PIG
Concernant le diagnostic radiologique des corps étrangers inhalés, l’équipe de Diaz et al. a évalué les
performances diagnostiques d’un nouveau protocole de scanner low dose (avec filtre en étain) sur une
série rétrospective de 136 enfants (75 avec radiographies conventionnelles, 61 avec scanner low dose).
Les doses utilisées étaient inférieures en scanner low dose (0,04 mSv versus 0,1 mSv), avec de
meilleures sensibilités et spécificités (respectivement 100% et 98% versus 25 et 94%) et de meilleures
VPP et VPN (respectivement 90% et 100% versus 40% et 91%). Cela suggère une utilisation possible
du scanner low dose en première intention dans les suspicions d’inhalation de corps étrangers, réduisant
la dose et augmentant les performances diagnostiques, tout en évitant les bronchoscopies négatives et
leurs risques (laryngospasme, complications anesthésiques).
Enfin, le travail de Ghinassi et al. portait sur la faisabilité de la séquence PETRA (respiratory gated
pointwise encoding time reduction with radial acquisition) dans l’évaluation des mucoviscidoses en
IRM thoracique à 1,5T. La qualité d’image globale était bonne, avec des bronches bien visibles jusqu’à
la 4ème génération et un scoring équivalent entre scanner thoracique et séquence PETRA sur les 12
patients évalués.
Imagerie ostéo articulaire
On pourra retenir les conclusions suivantes:
- la quantification du volume d’un épanchement coxo-fémoral «physiologique » de l’enfant est estimée
par une méthode semi-automatique à 2mL (versus 2,7 mL chez l’adulte) dans une population pédiatrique
saine ; cet épanchement peut donc être visible en IRM, surtout chez l’enfant en bas âge, et ne doit pas
être interprété à tort comme pathologique (Quinn-Laurin et al.)
- il n’y a pas d’intérêt à réaliser une séquence de perfusion sur une IRM post-réduction de dysplasie de
hanche pour prédire le pronostic des articulations coxo-fémorales à minimum 5 ans d’une chirurgie
(Schmaranzer et al.). Cela pose la question de la valeur ajoutée d’une injection chez ces patients.
- les « blind spots » des lésions classiquement ratées par le radiologue en IRM dans les luxations
patellaires (Fagbongbe et al.) sont 1) les lésions chondrales du plateau tibial latéral (2 sur 10 sont
manquées) 2) les fragments ostéochondraux dans la gouttière médiale (4 sur 5 sont manqués) 3) les
lésions de la corne postérieure ou du corps du ménisque (2 sur 6 sont manquées)
- il existe des avancées de l’Intelligence Artificielle dans la classification des fractures de l’enfant
(Starosolski et al.), permettant de différencier examen normal, fracture aigue, « healing fracture» chez
l’enfant. Après deux étapes de « training step », le logiciel se trompait sur seulement 9/214 « healing
fractures » et 26/165 fractures aigues. Les faux négatifs ou positifs étaient souvent liés à la présence de
plâtre.
- concernant les IRM injectées au Gadolinium versus IRM injectées au Ferumoxytol dans l’évaluation
des sarcomes osseux ou des parties molles de l’enfant et de l’adolescent ( Siedek et al. ), les auteurs
trouvaient : 1) des mesures de volume post-injection équivalentes entre les deux IRM; 2) un rapport
signal sur bruit (SNR) meilleur avec le Gadolinium; 3) un SNR de la moelle et du rapport tumeur sur
moelle meilleurs avec le Ferumoxytol; 4) une meilleure analyse de l’extension endovasculaire
(thrombus tumoral) avec le Ferumoxytol. Les auteurs suggèrent de l’envisager comme alternative au
Gadolinium.
Finalement, dans le cours sur les « benign mimics » de tumeurs osseuses pédiatriques, rappelons les
grands diagnostics différentiels à ne pas oublier : fractures de stress, ostéomyélite chronique non
infectieuse (OCMR), pathologies métaboliques et/ou nutritionnelles (scorbut, rachitisme,
hypophosphatasie, hyperthyroïdisme), variantes de la normale.
IMAGERIE GYNECO-OBSTETRIQUE – Elise ARCIS (relecture Isabelle THOMASSIN
NAGGARA)
Nouvelle classification O-RADS - MRI
Deux séances ont présenté pour la première la nouvelle classification O-RADS MRI dont le but est de
stratifier en 5 niveaux de risque les masses annexielles considérées comme indéterminée ou suspectes
en échographie (environ un quart des masses détectées en échographie). Elle fait suite à la publication
de la classification O-RADS US qui avait été le fruit d’une collaboration entre l’ACR et le groupe
européen IOTA. Cette classification IRM est aussi issue d’une collaboration entre ACR, l’ESR et la
SIFEM qui a mené une étude multicentrique européenne portant sur 1340 patientes dont la publication
vient de paraitre dans une revue du JAMA
https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2759282
Lors de deux séances, au RSNA, le lexique O-RADS essentiellement basé sur la classification ADNEX
MR Score (publiée par une équipe francaise en 2013 dans Radiology) a été détaillé.
Endométriose : Pas de nouveauté révolutionnaire, mais des rappels permettant d’avoir une lecture
efficiente d’une IRM d’endométriose.
Une étude américaine a comparé les caractéristiques diagnostiques de l'IRM pelvienne entre un compte-
rendu de routine, un compte-rendu détaillé structuré et un compte détaillé structuré d’expert pour le
diagnostic et le staging de l'endométriose pelvienne dans un centre médical universitaire de soins
tertiaires. Il en ressort qu’un compte rendu structuré associé à un avis d’expert augmente la sensibilité
et la spécificité de détection des lésions d’endométriose, ce qui est indispensable pour optimiser la prise
en charge des patientes atteintes d’endométriose et notamment en ce qui concerne la planification du
geste chirurgical. Cette étude confie donc la légitimé des RCP endométriose dans les centres expert
(équipe de Boston, relecture d’IRM de 530 patientes, The Additional Value of Expertise and Structured
https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2759282
Reporting in Pelvic MRI Assessment of Endometriosis: A Comparison of Three Review Methods for
Diagnosis and Staging Adrian M. Jaramillo-Cardoso et al.).
Une équipe suisse s’est penchée sur la sempiternelle question en IRM de l’endométriose : « vagin et
rectum : baliser ou ne pas baliser ? ». Et oui, aucun consensus ne répond à cette question. Une étude
rétrospective a comparé les IRM pré-opératoire et les compte-rendus opératoire de 103 patientes dont
45% furent balisées et 55% non balisées. Leur étude montre que dans le groupe patientes balisées il y a
une augmentation significative de la détection des lésions d’endométriose péritonéale profondes et de la
détection de l’atteinte rectale quelque soit la profondeur de cette-dernière. Quid cependant d’une
opacification vaginale isolée qui n’a pas été étudiée (Vaginal and Rectal Gel Filling Improves the
Diagnostic Performance of Endometriosis MRI in Detecting Deep Infiltrating Peritoneal and Rectal
Endometriosis. Kirsi H. Harm et al.).
Pour ceux qui se poseraient encore la question de savoir si un DIU (type non précisé) a un impact sur
l’épaisseur de la zone jonctionnelle (ZJ) (patiente ayant une adénomyose exclues, bien sûr), des
brésiliens ont prouvé une augmentation significative de l’épaisseur de la ZJ en cas de DIU (épaisseur
considérée comme normale
du diamètre transversal des tumeurs basées sur l'IRM avec un cut-off >=31 mm représente un marqueur
d'imagerie prometteur qui peut aider à prédire les maladies agressives dans le cancer du col utérin (MRI-
Assessed Tumor Size Parameters Predict Survival in Uterine Cervical Cancer, Njal G. Lura et al.
Norway).
Et enfin, comment ne pas faire un rapport sur le RSNA sans parler radiomique et Intelligence
artificielle, en effet aucune sur-spécialité n’est épargnée par la déferlante de ces nouvelles technologies
qui vont changer nos pratiques dans le futur... voici 2 perspectives qui ont été évoquées en ce qui
concerne l’imagerie gynécologique.
Dans le bilan d’extension du cancer de l’endomètre, l’atteinte ganglionnaire (notamment pelvienne et
lombo-aortique) est un élément majeur, souvent exploré par PET-Scanner car en IRM à part des critères
de taille et morphologique l’analyse ganglionnaire reste mauvaise pour les petits ganglions
métastatiques. Une équipe asiatique a donc étudié les valeurs ajoutées de la segmentation assistée par
ordinateur et de l'apprentissage de type « machine learning based » sur des paramètres morphologiques
et radiomiques de la séquence de diffusion pour prédire les métastases ganglionnaires dans le cancer de
l'endomètre. Il en ressort qu’une combinaison des éléments morphologiques habituels et de la
radiomique IRM génère un modèle de prédiction des métastases ganglionnaire dans le cancer de
l'endomètre, avec des performances diagnostiques dépassant les critères classiques IRM de diffusion et
de taille. Bien sur, il s’agit d’études préliminaires, nécessitant d’autres études et notamment, à mon sens,
des études de non-infériorité vis à vis du Pet-Scanner (Integrated Clinical Parameters and Diffusion-
weighted Imaging Radiomics for Predicting Lymph Node Metastasis in Endometrial Cancer: Added
Values of Computer-Aided Segmentation and Machine Learning. Gigin Lin et al. Taiwan).
Le diagnostic de tumeur de l’ovaire bénigne vs tumeur maligne n’est pas toujours simple par IRM, par
exemple le score 4 dans la classification de l’O-rads (score 4) représente une valeur prédictive positive
26,6%-57%, ce qui est bien la preuve de la difficulté parfois à se prononcer entre bénin et malin, du fait
notamment de l’absence d’élément assez discriminatif... Or la biopsie de l’ovaire étant très limitée, une
évaluation à l’imagerie du caractère malin ou bénin est un enjeu majeur. Ainsi une étude à évalué
l’intérêt du deep-learning lors des IRM de routine réalisée pour caractérisation de masse ovarienne en
le comparant aux résultats de radiologues experts : 355 lésions ovariennes étudiées. Il en ressort que le
deep-learning fait la différence entre tumeur bénigne vs maligne avec une plus grande précision que les
experts. Le deep learning a atteint une précision de test de 85,3 % avec une sensibilité de 33,3 % et une
spécificité de 96,4 %. En comparaison, l'expert 1 a obtenu une précision de 67,6 % avec une sensibilité
de 100 % et une spécificité de 60,7 %. Expert 2 a atteint une précision de 64,7% avec une sensibilité de
66,7% et une spécificité de 64,3%. Néanmoins, cette sensibilité basse du deep learning constitue une
limite majeure car on ne peut pas se permettre de manquer deux fois plus de cancers de l’ovaire au vu
de leur très mauvais pronostic. Toujours est-il que le deep learning pourrait peut-être devenir un outil
précieux pour les radiologues dans le futur, surtout pour éviter des gestes invasifs inutiles (Deep
Learning in the Differentiation of Benign and Malignant Ovarian Lesions Based on Routine Magnetic
Resonance Imaging. Yeyu CAI et al. China).
IMAGERIE SENOLOGIQUE – Ana GJORGJIEVSKA DELOV (relecture Isabelle
THOMASSIN NAGGARA)
La densité mammaire a été cette année encore un « hot topic » du congrès. Les résultats
préliminaires du « The Dense Trial » récemment publié dans le « New England Journal of Médecine »
ont été présentés à plusieurs reprises. L’étude “MRI in Addition to Mammography Screening in Women
with Extremely Dense Breasts: Primary Outcome of the Randomized DENSE Trial” (1) a été considérée
comme l’une des meilleures études présentées au RSNA (Best Clinical Trials @ RSNA 2019). L’objectif
était d’évaluer l'apport de l'IRM complémentaire après une mammographie ACR 1 ou 2 v.s.
mammographie seule chez les femmes ayant des seins extrêmement denses (Densité D) dans le cadre
d'un programme de dépistage organisé aux Pays-Bas. Ainsi dans un bras, les patientes bénéficiaient
d’une mammographie et dans l’autre d’une mammographie et d’une IRM mammaire. Dans le bras,
mammographie + IRM, il existait une diminution par deux des cancers d'intervalle. Au cours des cycles
suivants, le taux de détection du cancer et le taux de faux positifs diminuaient tous les deux. Il s’agit du
premier essai randomisé sur le dépistage complémentaire par IRM qui a été réalisé chez des femmes
ayant des seins denses.
Un calcul précis de la densité mammaire est essentiel pour la stratification du risque dans le dépistage
du cancer du sein. Une étude (2) a évalué la densité mammaire en utilisant les algorithmes basés sur
l'échographie de transmission, en comparant avec la densité mammaire quantitative (DMQ) issues des
calculs automatisés mammographiques. Les calculs de DMQ en utilisant des US sont corrélés avec les
évaluations automatisées de la densité mammaire. De plus, le calcul de la DMQ basé sur l'apprentissage
machine est plus robuste et reproductible que les méthodes basées sur le seuil. Ceci pourrait avoir un
intérêt chez des patientes jeunes lors d’une première consultation pour évaluer leur risque en évitant une
mammographie d’évaluation de la densité que l’on pourrait remplacer par une échographie non
irradiante.
Indépendamment du sur-risque lié à la densité, il existe un effet masquant en mammographie en
cas de sein dense se traduisant par une diminution du taux de détection. En utilisant du Deep Learning
(DL), une équipe a développé un indice de risque de masquage pour stratifier les femmes avec des seins
denses afin de leur proposer un dépistage individualisé. Leur modèle a été plus performant pour
identifier les patientes à haut risque d’effet masquant que les mesures BI-RADS ou densité mammaire
volumétrique.
Dans le cadre d’un dépistage personnalisé, un modèle d'apprentissage machine (machine
learning) (3) a été créé pour prédire le risque de cancer du sein à un an sur la base des dossiers de santé
électroniques complets. En plus des facteurs traditionnels du modèle de Gail, le modèle a identifié des
facteurs concernant la fonction thyroïdienne, le système immunitaire, les indications de syndrome
métabolique, la carence en fer, ainsi que d'autres facteurs. Ce modèle a montré une évaluation améliorée
du risque de cancer sur un an par rapport au modèle de Gail.
Beaucoup d’études se sont intéressées au développement d’outils informatiques afin d’améliorer
la classification des lésions selon Bi RADS, en diminuant les faux positifs et ainsi en diminuant le taux
de biopsies et suivis ACR 3, tout en restant sensible. L'extraction ou l'analyse par ordinateur des
caractéristiques d'imagerie quantitative, aussi appelée radiomique, a été appliquée aux données d'IRM
de la population de l’essai « Dense », pour démontrer la faisabilité de la réduction du suivi des lésions
bénignes BI-RADS-3 et 4 (4). Ils ont utilisé un modèle de radiomique de 46 caractéristiques calculées à
partir des images IRM complétées par 3 caractéristiques cliniques : l'âge, l'IMC et le score BI-RADS.
Ce modèle a correctement classé 51,4 %±4,2 % des lésions BI-RADS 3 et 20,1 %±2,7 % des lésions
BI-RADS 4 comme bénignes, sans manquer une lésion maligne, alors que le protocole abrégé en IRM
a correctement classé 26,0 %±3,7 % et 14,8 %±2,4 % des lésions comme bénignes, respectivement, avec
une sensibilité fixe de 100 %.
La radiomique a été appliquée également aux données d'IRM afin de construire des modèles
prédictifs ou pronostiques et de corréler les caractéristiques de l'IRM avec les sous-types moléculaires
du cancer du sein. Une étude (5) a évalué les paramètres de perfusion d’une IRM dynamique comme
biomarqueur d'imagerie pour prédire le pronostic du cancer du sein et a analysé l'association avec les
facteurs histopathologiques de la tumeur. Les cancers du sein présentant un Ktrans et un Kep plus élevés
étaient associés à des facteurs de mauvais pronostic (triple négative, ER-, PR-). Par conséquent, les
paramètres de perfusion d’une IRM dynamique pourraient être des biomarqueurs d'imagerie utiles pour
la prédiction du pronostic tumoral. Une autre étude française a montré l’intérêt de la radiomique
appliquée à des séquences ultra rapides en IRM mammaire. L’analyse combinée humaine à celle de la
radiomique permettait d’améliorer de façon significative la spécificité de l’IRM sans modifier la
sensibilité par rapport aux séquences d’IRM conventionnelle avec une AUC à 0.824 versus 0.831 (6)
Pour évaluer la réponse tumorale sous hormonothérapie, le rehaussement du fond du
parenchyme controlatéral a le potentiel d'être un biomarqueur pronostique. La modification du
rehaussement du fond pendant une hormonothérapie néoadjuvante est associée à la réponse tumorale :
une augmentation du rehaussement du fond au fil du temps a été associée à une réponse tumorale
favorable (7). Plusieurs études se sont intéressées à mesurer la réponse tumorale aux traitements
néoadjuvants, en utilisant d’autres moyens que l’IRM. L’échographie peut être utilisée pour surveiller
le traitement néoadjuvant. La variation au cours du temps du volume tumoral et la vitesse moyenne
ultrasonore pourraient aider à distinguer les répondeurs partiels des répondeurs (8). Dans une autre
étude (8), l’échographie précoce (après deux cycles de chimiothérapie néoadjuvante CNA) permet
d'identifier le sous-groupe triple négatif avec une excellente réponse à la chimiothérapie néoadjuvante
standard : la réduction du pourcentage du volume tumoral peut permettre de prédire les patientes qui
auront une réponse complète, avec un cut-off de 73% de réduction de volume tumoral. Une étude a
montré une précision diagnostique globale élevée de la mammographie de contraste dans l'évaluation
de l'étendue résiduelle de la maladie (9). La mammographie de contraste permet d’obtenir une bonne
corrélation avec la taille pathologique.
Concernant la réponse tumorale à la chimiothérapie néodajuvante, une étude primée (10) a
combiné la radiomique et le DL pour prédire la réponse tumorale à la chimiothérapie. L’utilisation de
l’ensemble de classificateurs orientés spatialement dans l'habitat de la tumeur a mieux identifié la
réponse complète sur l’IRM dynamique de base que les approches incorporant uniquement la
radiomique ou le DL. Néanmoins le processus de validation des biomarqueurs d'imagerie n'est ni
facile ni simple et reste un vrai défi.
Références :
1. Bakker,M, de Lange,S, Pijnappel,R, Mann,R, Loo,C, Bisschops,B, Lobbes,M, De Jong,M, Duvivier,K, Veltman,J,
Veldhuis,W, van Gils,C, MRI in Addition to Mammography Screening in Women with Extremely Devbмб nse Breasts:
Primary Outcome of the Randomized DENSE Trial. Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and
Annual Meeting, December 1 - December 6, 2019, Chicago IL. archive.rsna.org/2019/19023156.html
2. Malik,B, Lee,S, Wiskin,J, Natesan,R, Application of Machine Learning in the Calculation of Breast Density Using
Transmission Ultrasound: A Comparison with Automated Mammographic Assessment. Radiological Society of North America
2019 Scientific Assembly and Annual Meeting, December 1 - December 6, 2019, Chicago
IL. archive.rsna.org/2019/19006084.html
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Treatment Breast DCE-MRI. Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and Annual Meeting, December
1 - December 6, 2019, Chicago IL. archive.rsna.org/2019/19019972.html
IMAGERIE NEURO-ORL – Brieg DISSAUX, Thomas DUCHAUSSOY (relecture François
COTTON)
Au RSNA, en neuroradiologie cette année, de nombreuses sessions scientifiques, avec une place plus
en plus importante de l’intelligence artificielle. Nous avons retenu quelques communications dans
différents sous-domaines.
Neurovasculaire
Plusieurs sessions discutaient de l’intérêt du scanner de perfusion comme imagerie de première ligne
dans l’accident vasculaire cérébral (AVC) aigu, cette modalité d’imagerie restant notamment aux États-
Unis très utilisé. Dans la même lignée, une équipe de Rochester a rapporté des résultats très intéressant
pondérant la valeur pronostique des différentes localisations de l’atteinte encéphalique dans le cadre
d’un AVC. Il ressortait de leur analyse multicentrique rétrospective, des pronostics plus défavorables de
certaines localisations tel que le noyau caudé, l’insula ou M4 sur le devenir à 3 mois des patients.
L’élaboration d’un ASPECT pondéré apparaît donc une piste intéressante dans les années à venir.
Inflammatoire
Quelques communications, toutes préliminaires, portant notamment sur l’apport de l’imagerie IRM
quantitative (transfert de magnétisation inhomogène) dans l’étude de la myéline. Ces techniques
semblent offrir des perspectives intéressantes dans l’évaluation des processus démyélinisants comme la
sclérose en plaques.
Neuro-oncologie
Dans une étude pilote, les techniques d’imagerie microstructurales (DTI, DKI, NODDI) basées sur la
diffusion ont offert des informations complémentaires pour la stadification histomoléculaire non
invasive des gliomes selon la classification de l'OMS, et leur utilisation combinée a donné des résultats
encourageants. Une autre équipe a utilisé l’analyse de l’histogramme issue de séquences de diffusion
multi-B et l’a identifié comme marqueur précoce de la réponse au traitement, ce qui permettrait
potentiellement d’identifier les patients bon répondeurs aux premières lignes de traitement et ceux
devant être orientés précocement vers des traitements de deuxième ligne. Une équipe a ajouté l'analyse
de la fraction lipidique (séquence in-op) à leur protocole d’évaluation tumorale. Cette analyse de la
fraction lipidique aurait le potentiel d’améliorer la planification pré-traitement, en se concentrant
particulièrement sur l'intervention pour le groupe à haut risque. Une étude primée, présentée par Metz
et al a utilisé l’intelligence artificielle pour produire des séries dérivées de l’imagerie de tenseur de
diffusion tout en supprimant le signal de l’eau. Ils ont par la suite réussi à identifier des zones de
récurrence tumorale chez 35 patients avec un glioblastome. Cette nouvelle imagerie aurait le potentiel
de mieux différencier l’hypersignal T2 péri-lésionnel tumoral et œdémateux, ouvrant la voie à une
médecine plus personnalisée dans le domaine de la chirurgie et de la radiothérapie.
Intelligence artificielle
Beaucoup de communications à ce sujet avec une suprématie asiatique et américaine du nord très nette.
L’IA apparaît déclinée à toutes les sauces, de la construction de l’image au diagnostic. Elle a notamment
été utilisée pour diminuer les doses des scanners de perfusion en identifiant les volumes nécessaires à
l’obtention de cartographies justes tout en supprimant les acquisitions inutiles.
Une application intéressante de l’IA serait sa capacité à se passer de certaines modalités d’imagerie avec
deux exemples cette année. Grâce à un apprentissage en profondeur, la région de la pénombre d'un
http://archive.rsna.org/2019/19019972.html
patient victime d'un AVC aigu artériel (normalement évaluée par l’imagerie de perfusion de premier
passage, donc avec injection de contraste) peut être délimitée avec précision grâce à l'imagerie pondérée
par diffusion (IPL) et à la carte du débit sanguin cérébral provenant du marquage des spins artériels
(ASL-CBF), permettant d'évaluer plus rapidement et sans contraste le bénéfice potentiel du traitement
par thrombectomie. Une autre application est l’évaluation de la réserve cérébro-vasculaire en ASL grâce
à un réseau de neurone entrainé chez des patients ayant bénéficié de l’actuelle imagerie de référence
(SPECT au 99m-Tc-HMPAO avec acétazolamide).
Dans le diagnostic et le pronostic, deux communications intéressantes ressortaient. Une équipe japonaise
rapportait la validation d’un CAD construit à partir d’un réseau par apprentissage profond pour l’aide à
la détection d’un saignement intracrânien en chez plusieurs lecteurs séniors et juniors. Il apparaît une
augmentation des performances de tous les lecteurs avec une nette prédominance chez les lecteurs
juniors. Le deep-learning a également fait l’objet d’une communication dans le pronostic, et notamment
l’étendue de l’hypersignal T2 dans l’hémorragie intracrânienne. Une équipe chinoise a montré qu’une
étude radiomique de l’hypersignal T1 de la partie externe des noyaux lenticulaires du nouveau-né
permettrait de faire la différence entre la myélinisation normale et les lésions d’encéphalopathie
bilirubinique du nouveau-né
Enfin de multiples autres sujets explorés grâce à l’IA, pêle-mêle :
- la détection des cas subtils d’AVC ischémique en scanner non injecté - la prédiction de l’étendue de la zone infarcie par rapport à la pénombre - l’obtention d’un pseudoTOF via une acquisition d’IRM synthétique - l’étude pronostique pré-opératoire des gliomes diffus - la détection de l’hémorragie intra-crânienne - la différenciation glioblastome/métastase unique - la détermination du grade des tumeurs gliales sur un scanner non injecté par l’analyse de la texture
de la lésion
- la segmentation du parenchyme cérébral - la détection et la localisation des anévrismes intracrâniens - la détermination du statut IDH muté des tumeurs cérébrales primitives de façon non invasive grâce
à l’IRM multi-paramétrique
Neuroradiologie interventionnelle
Concernant la neuroradiologie interventionnelle, une nouvelle technique d’acquisition scopique à 1000
images/seconde permet d’analyse le flux vasculaire, sans majorer l’irradiation au patient, permettant par
exemple une meilleure analyse de l’efficacité d’une exclusion anévrismale. Une étude allemande a
retrouvé in vitro une meilleure recanalisation vasculaire post-thrombectomie mécanique par l’utilisation
d’une extrémité de cathéter en forme d’entonnoir (vs cylindrique actuellement). Pour conclure ce
chapitre, un petit mot de veille technologique avec l’IRM synthétique et sa capacité à faire de l’IRM
multi-paramétrique en une seule et même acquisition qui se développe chez tous les constructeurs et qui
fait très clairement partie de notre pratique à venir. Enfin, la tendance en neuro-imagerie
interventionnelle est aux salles de vasculaires tout-en-un permettant le diagnostic et le traitement du
patient suspect d’AVC grâce à une acquisition TSA et une imagerie de perfusion cérébrale, promettant
des gains de temps en évitant le passage au scanner et/ou à l’IRM !
ORL
Une étude très intéressante sur le scanner spectral à comptage photonique dans l’examen des sinus. Il
en est ressorti une diminution des doses et une résolution spatiale accrue permettant une meilleure
identification des structures fines de la sphère naso-pharyngienne. A n’en point douter, cette technologie
d’avenir encore confidentielle et réservée à certains centres nous promets de belles avancées. Concernant
l’application de la double-énergie dans le bilan locorégional de la pathologie maligne thyroïdienne, une
équipe chinoise a mis en lumière l’apport d’une analyse de paramètres quantitatifs dans l’identification
de métastases ganglionnaire du carcinome papillaire de la thyroïde. Une équipe japonaise a montré que
les caractéristiques radiomiques notamment en séquence T1 post-gadolinium pouvaient permettre de
prédire le risque de récidive dans le carcinome épidermoïde lingual, de façon plus efficace qu’en utilisant
le scanner (à pondérer aux artéfacts liés au matériel dentaire, plus gênants dans cette modalité) en
utilisant l’algorithme de machine learning k-NN. Dans le même thème, une équipe américaine démontre
qu’une combinaison de caractéristiques radiomiques et perfusionnels permet de prédire le risque de
récidive dans les carcinomes épidermoïdes laryngés après traitement par radiothérapie ou chirurgie
radicale. Une étude américaine primée a démontré qu’un aspect de réponse complète en TEP FDG à 3
mois d’un traitement par radiochimiothérapie pour un carcinome épidermoïde oropharyngé était en lien
avec un meilleur pronostique clinique qu’une maladie résiduelle ou qu’une progression. Mardi matin,
une session a synthétisé les protocoles IRM à adopter concernant l’exploration de l’os temporal, de
l’ATM, de l’hypophyse, des parathyroïdes, du plexus brachial et des nerfs crâniens. Enfin, une
communication très intéressante d’une équipe anglaise, évaluant l’impact de l’implémentation dans leur
centre de l’utilisation des recommandations TIRADS dans l’évaluation des nodules thyroïdiens. Il en
ressort une meilleure description des nodules thyroïdiens avec une nette diminution des indications à
une cytoponction thyroïdienne. Ce genre d’étude ne fait que mettre en exergue l’impérieuse nécessité
d’une standardisation des pratiques pour l’amélioration des soins.
IMAGERIE ABDOMINALE ET DIGESTIVE – Nicolas MAGAND (relecture Yves GANDON)
Imagerie hépato-biliaire
Cette année encore, les travaux intéressant l’intelligence artificielle et la radiomique étaient nombreux.
Dans ce domaine, dans le cadre du CHC, Stefanie Hectors et al. ont cherché à évaluer la valeur des
caractéristiques radiomiques qualitatives et quantitatives mesurées en IRM afin de prédire de façon non
invasive les caractéristiques histopathologiques et génomiques des tumeurs et de prédire la récidive
tumorale. Cette intéressante étude rétrospective a montré une corrélation entre les caractéristiques
radiomiques qualitatives et quantitatives des tumeurs et les marqueurs cellulaires
immunohistochimiques (CD3, CD68, CD31) et également une corrélation avec l'expression des cibles
d'immunothérapie PD-L1 au niveau protéique ainsi que PD1 et CTLA4 au niveau de l'expression de
l'ARNm. Les données d'imagerie de suivi jusqu'à un an après la chirurgie ont montré une association
significative entre plusieurs caractéristiques radiomiques et la récidive du CHC. Ces résultats suggèrent
que les caractéristiques de la radiomique IRM pourraient servir de prédicteurs non invasifs des propriétés
biologiques des tumeurs et du risque de récidive du CHC, fournissant des informations importantes pour
la planification du traitement et notamment de l’immunothérapie, actuellement en plein essor.
Concernant la prise en charge chirurgicale des CHC volumineux, l’équipe de Tian à Shanghai a cherché
à évaluer l'impact de la chimioembolisation artérielle préopératoire (TACE) sur le pronostic à long terme
après résection chirurgicale de CHC supérieur à 10 cm. Cette étude rétrospective a porté sur 377 patients
ayant bénéficié d’une résection à visée curative pour un volumineux CHC sans invasion macro-
vasculaire. L'association entre la TACE préopératoire et les résultats périopératoires, la survie globale à
long terme et la survie sans récidive ont été évalué avant et après l'appariement grâce à un score de
propension. L'incidence de la mortalité et de la morbidité péri-opératoires était comparable chez les
patients qui avaient subi ou non une TACE préopératoire. En examinant la cohorte après matching, la
médiane de survie globale était de 32,8 mois dans le groupe TACE contre 18,1 mois sans TACE (p =
0,023) et la survie sans récidive de 12,9 contre 4,1 mois (p = 0,009). Après ajustement, la TACE
préopératoire est restée indépendamment associée à une survie globale et une survie sans récidive
favorables après la résection de CHC volumineux. La TACE préopératoire apparaît donc recommandée
avant la résection hépatique de CHC volumineux.
Dans le cadre du diagnostic initial d’une hépatopathie, Gidener et al. se sont intéressés à différencier
l'hypertension portale non cirrhotique, de l'hypertension portale cirrhotique, en se fondant sur une
méthode non invasive basée sur l'élastographie par résonance magnétique (ERM). En plus des
caractéristiques morphologiques hépatiques et des signes d'hypertension portale, l’ERM (séquence 2D-
GRE-MRE) a été évaluée. Des régions d'intérêt ont été dessinées sur le foie et la rate sur la carte de
rigidité et des mesures de rigidité moyenne (kPa) ont été générées pour la rigidité du foie (RH) et la
rigidité de la rate (RS). La RH moyenne était significativement plus élevée dans le groupe cirrhotique
que dans le groupe non cirrhotique : 9,7 kPa vs 3,4 kPa. Il n’y avait pas de différence pour la RS. Le
rapport RS/RH était significativement plus élevé dans le groupe non cirrhotique que dans le groupe
cirrhotique : 2,6 kPa vs 0,9 kPa. L'analyse ROC a montré qu'une RH moyenne supérieure à 5,3 kPa avait
une sensibilité de 100 %, une spécificité de 99 % et une précision de 98 % pour différencier l’origine
cirrhotique ou non cirrhotique d’une hypertension portale. L'élastographie par résonance magnétique
apparait donc comme un outil util et non invasif pouvant aider à préciser l’origine d’une hypertension
portale. Cette étude confirme l’intérêt de l'élastographie par résonance magnétique pour le diagnostic de
cirrhose.
Imagerie du tube digestif
Dans le cadre du bilan pré opératoire des cancers de l’œsophage, l’équipe de Guangzhou en Chine a
évalué la performance diagnostique de paramètres quantitatifs issus du scanner double énergie (DECT)
pour le diagnostic préopératoire des ganglions métastatiques. En effet, il est parfois difficile sur le simple
critère morphologique des ganglions d’affirmer leur caractère métastatique. Cette étude prospective, a
comparé les paramètres quantitatifs en DECT entre les ganglions lymphatiques métastatiques et non
métastatiques : la concentration en iode, la pente de la courbe spectrale de Hounsfield en phase veineuse,
étaient plus élevées dans les ganglions lymphatiques métastatiques que non métastatiques. Le diagnostic
combiné était le meilleur prédicteur des ganglions lymphatiques métastatiques, avec une sensibilité de
88,2%, une spécificité de 93,2% et une précision de 90,5%.
Une étude allemande originale (Biggemann et al.) s’est intéressée à évaluer le potentiel diagnostic de
l'IRM en temps réel pour l'évaluation du reflux gastro-œsophagien chez des patients symptomatiques,
par rapport à la pH-métrie et à l'impédancemétrie. Cette étude a montré une sensibilité de l'IRM de 0,78,
une spécificité de 0,67 et une VPP de 0,87. L'IRM en temps réel serait donc une méthode d'imagerie
rapide et sûre pour l'évaluation du reflux gastro-œsophagien chez les patients présentant des symptômes
de type RGO. Compte tenu de sa valeur prédictive positive élevée, l'IRM en temps réel pourrait identifier
avec précision les patients pour lesquels d'autres tests plus invasifs (pH-métrie et impédancemétrie)
pourraient être envisagés.
M. Obmann, d’une équipe Suisse nous a rapporté un travail intéressant et original qui cherchait à montrer
si le scanner à double énergie (DECT) améliorait la détection des polypes coliques par rapport au scanner
conventionnel (CCT) en coloscopie virtuelle pour différents niveaux de marquage fécal dans un modèle
de fantôme colique. Un fantôme de côlon de 30 cm de diamètre contenant 60 polypes de formes et de
tailles différentes a été rempli successivement avec des fèces simulées marquées avec 4 concentrations
différentes en iode. Deux radiologues ont examiné indépendamment des images CCT et DECT
(monoénergétiques à 40 keV). La sensibilité globale était plus élevée en DECT qu'en CCT (59% contre
42%, respectivement, p
aider à différencier la pancréatite auto-immune pseudo-tumorale et l'adénocarcinome canalaire
pancréatique.
IMAGERIE NEPHRO-UROLOGIQUE – Olivier CHEVALLIER (relecture Catherine ROY)
127 sessions furent consacrées à l’imagerie génito-urinaire dans son ensemble, incluant la
médecine nucléaire, la radiothérapie et l’intelligence artificielle. Les sessions scientifiques furent très
riches en travaux de recherche des équipes anglo-saxonnes et asiatiques. Nous rendons compte ici des
principales informations et orientations nouvelles qui s’en dégagent organe par organe.
Prostate
27 sessions furent consacrées à la prostate, dont 15 à l’IRM. L’apport diagnostique de la
séquence injectée (DCE), ajoutée à l’IRM bi-paramétrique (bp-IRM : T2W et diffusion) est un sujet
toujours débattu. Dans une étude multicentrique (Bosaily et al, étude PROMIS) incluant 497 hommes,
l’ajout d’une séquence DCE n’a pas démontré de bénéfice significatif en termes de sensibilité ou de
spécificité. Cette même notion a été aussi retrouvée dans d’autres études rétrospectives avec des
cohortes importantes (Pesapane et al, Xu et al). Néanmoins, la DCE permettrait d’identifier davantage
de cancers cliniquement significatifs chez les patients qui présentaient en bp-MRI un score PI-RADS
V2.0 ≥ 3, et tout particulièrement V2.0 =4. Les patients classés PI-RADS 3 en bp-IRM peuvent
effectivement être reclassés en PI-RADS 4 du fait d’une séquence DCE complémentaire positive. De ce
fait, il pourrait être proposé de réserver la séquence DCE aux patients PI-RADS V2.0 ≥ 3, mais ce
nouveau paradigme modifiera la conduite pratique des examens. Les résultats de la dernière version du
score PI-RADS (V2.1) avec ses impératifs techniques sont supérieurs pour la détection des cancers de
la zone transitionnelle (Kido et al) et cette nouvelle version 2019 doit être utilisée.
L’imagerie prostatique n’échappe pas à l’engouement général pour l’IA et le machine learning,
notamment pour la détection et la segmentation des foyers de cancers. Xu et al ont développé un réseau
neuronal convolutif résiduel (residual convolutional neural network) pour identifier et segmenter de
façon automatique les potentiels foyers de cancers prostatiques. La sensibilité, qui était évaluée en
comparant les prédictions du système aux résultats des biopsies, était de 97% pour toutes les catégories
PI-RADS. Cette étude démontre la potentielle assistance qu’offre ce système au radiologue pour la
détection des foyers tumoraux et ceci particulièrement pour les lésions PI-RADS 3 où la sensibilité de
l’algorithme était sensiblement supérieure à celle du radiologue (97% versus 79%). Plusieurs autres
algorithmes d’assistance au radiologue furent présentés avec de bons résultats (U-Net type deep neural
network, Jung et al). Mehralivand et al ont proposé une lecture assistée par un système d’IA qui
présentait une meilleure sensibilité que la lecture des images en IRM multiparamétrique (mp-IRM :
T2W, diffusion et DCE) sans assistance et ceci quelques soit l’expérience du radiologue. Il est à mon
sens important d’insister sur le fait que ces algorithmes ne représentent qu’une assistance permettant
d’améliorer la détection. La spécificité était effectivement rarement (voire jamais) présentée.
Les radiomics ont également été explorés avec des résultats préliminaires. Li et al se sont
intéressés à la détection des cancers « invisibles » en IRM à l’aide de ROIs tracés sur les bp-IRM (T2W
et cartographie ADC) sur la base des pièces de prostatectomie radicale ou de biopsies systématiques.
Les radiomics selectionnés, dont certains correspondaient à des caractéristiques de texture, ont permis
d’obtenir des AUC à 0,93 (tissu non tumoral versus lésions), à 0,97 (tissu non tumoral versus lésions
« invisibles ») et à 0,91 (tissu non tumoral versus lésions visibles). Ce système serait donc capable de
classer correctement les ROIs entre lésions « invisibles », lésions visibles et tissu non tumoral. Il reste à
démontrer son efficacité pour détecter les lésions sur l’ensemble de la glande. Les paramètres de textures
ont été explorés par Afshari Mirak et al pour différencier les cancers de la zone transitionnelle des
nodules d’hyperplasie bénigne de prostate (HBP) sur la base de d’images T2W, DCE et des
cartographies ADC avec parmi 10 paramètres quantitatifs extraits, 5 paramètres qui montraient des
valeurs significativement différentes entre nodules cancéreux et nodules d’HBP (AUC très élevée à
0,998 pour la skewness sur la cartographie ADC). Ces paramètres de texture, « invisibles » pour l’œil
humain, pourraient donc s’avérer très intéressants en pathologies tumorales prostatiques.
D’autres développements techniques ont également été présentés. Des mesures quantitatives
extraites d’une séquence T2mapping (Burcher et al) permettent une bonne différenciation entre les
tissus sains et néoplasiques à partir d’un seuil minimal du T2 (p=0,001). La rapidité de cette séquence
(4 min 37) en 3T, permet une application en pratique clinique. Il a été démontré que la mp-IRM est très
fiable pour exclure la progression des cancers prostatiques sous surveillance active, permettant ainsi
d’éviter de nouvelles biopsies (Schimmoeller et al). Certains paramètres (ADC et Ktrans entropy)
obtenus par la mp-MRI permettraient une sélection des patients « bons répondeurs » aux thérapies
néoadjuvantes intensives avant prostatectomie radicale (Harmon et al). Pour les patients traités par anti
androgène, l’imagerie de diffusion-IVIM (Intravoxel Incoherent Motion) pourrait s’avérer utile pour
évaluer précocement les effets thérapeutiques.
Plusieurs travaux se sont intéressés aux biopsies prostatiques. Des erreurs de coordonnées
balistiques sont mises en évidence avec les logiciels de guidage par IRM (Alessi et al). Afshari Mirak
et al ont démontré que l’ajout de biopsies systématiques aux biopsies ciblées réalisées par fusion IRM-
US n’améliorait que discrètement le grading des cancers prostatiques et cela au prix de faux upgrading
dans presqu’un quart des cas. L’expertise du radiologue interventionnel reste donc indispensable.
La prostate bénéficie également d’avancées en terme de traitement mini-invasif. La technique
thermoablative par ultrasons par voie trans-urétrale sous contrôle IRM (TULSA) est actuellement
explorée par un essai clinique (TULSA-PRO Ablation Clinical Trial, TACT ; Raman et al) avec une
faible morbidité sévère car épargnant l’urètre et le sphincter urinaire et de bons résultats oncologiques
(réduction du taux de PSA ≥ 75% chez 96% des patients).
Rein
42 sessions ont été consacrées à la pathologie rénale.
Un travail très intéressant étudiait l’effet du volume de produit de contraste iodé injecté sur les
insuffisances rénales aigues survenant après scanner injecté (Koci et al). En analyse multivariée, le
volume de produit de contraste injecté n’était pas associé à la survenue d’une insuffisance rénale aiguë.
C’est une observation qui, à mon sens, est particulièrement intéressante. La sous-injection de produit de
contraste, parfois réalisée par certaines équipes pour épargner la fonction rénale, se fait souvent au prix
d’un examen de qualité moindre qui, je pense, peut entrainer un diagnostic sous-optimal.
Chen et al ont reçu un ‘award’ pour leur travail qui s’intéressait à l’efficacité diagnostique de la
technique de transfert d’aimantation (MT) par IRM pour le staging de la néphropathie diabétique.
L’association des techniques CEST et transfert d’aimantation pourraient nous donner des informations
métaboliques et structurelles pour l’évaluation et la caractérisation de la fibrose rénale chez les patients
présentant une maladie rénale chronique (Li et al).
Une exploration par Blood Oxygen Level Dependant IRM (BOLD) avec calcul du R2* et par
imagerie de diffusion avec calcul de l’ADC permettrait de différencier les greffons normaux des greffons
présentant une dysfonction aiguë de ceux présentant une dysfonction chronique (Ghonge et al). Ces
paramètres montraient une corrélation significative avec la fonction rénale et les résultats des biopsies,
et pourraient donc représenter une nouvelle méthode d’imagerie non invasive des greffons rénaux.
La technique de décomposition de Fourier par IRM a été proposée par Ljimani et al et pourrait
permettre une évaluation rapide de la perfusion rénale, avec un temps d’acquisition de seulement
1min30. Leur étude montrait des résultats comparables à la méthode reconnue ASL (arterial spin
labeling). La technique ASL a été explorée chez des rats ayant subi une obstruction urétérale unilatérale
chirurgicale par Hu et al. Celle-ci permettait la détection de l’obstruction rénale à la phase précoce, avec
un degré de fibrose qui était bien corrélé avec la chute du flux sanguin rénal.
Plusieurs posters scientifiques ont présenté les performances du scanner spectral en pathologie
rénale (Mori et al) et en pathologie surrénalienne (Nagayama et al). Un excellent poster a présenté la
classification Bosniak revisitée en 2019 avec un organigramme de démarche diagnostique précise avec
l’imagerie en coupes moderne (scanner et IRM), en particulier pour les grades Bosniak IIF et III.
(Schieda et al)
Bourses
L’exploration des bourses bénéficie également d’avancées grâce à l’imagerie multiparamétrique
et quantitative, notamment pour la caractérisation tumorale. Huang et al se sont intéressés à l’évaluation
échographique des lésions focales testiculaires en combinant plusieurs techniques : mode B standard,
doppler couleur, échographie de contraste et élastographie, dans le but de distinguer les lésions malignes
des lésions bénignes. La combinaison de ces différentes techniques a permis une précision diagnostique
de 70,16% pour la bonne classification bénin – malin. Un intérêt particulier de l’échographie de
contraste a été évoqué. Celle-ci, par analyses qualitative et quantitative, a effectivement permis de
différencier de façon significative les deux sous-types histologiques bénin et malin prédominant,
respectivement les tumeurs à cellules de Leydig (TCL) et les séminomes. Un rehaussement plus
prolongé était visible avec les TCL (p=0,012). L’analyse de la courbe intensité-temps démontrait
également une prise de contraste plus précoce avec les TCL (p=0,002) et un wash-out plus précoce avec
les séminomes. Une autre équipe, Qianqian Chen et al, a exploré les tumeurs germinales en IRM
quantitative de diffusion et ont montré que les histogrammes des valeurs d’ADC ont permis de séparer
de façon significative les tumeurs séminomateuses des tumeurs non séminomateuses avec une sensibilité
de 81,0%, une spécificité de 90,9% et une AUC de 0,866.
Vessie
Les travaux présentés s’intéressaient uniquement à l’évaluation de la pathologie tumorale.
L’exploration multiparamétrique par IRM a une place intéressante dans l’exploration des cancers de
vessie. Pecoraro et al se sont intéressés aux patients présentant un cancer de vessie TVNIM à haut risque.
Cette étude avec une cohorte importante démontrait qu’une mp-IRM préopératoire était fiable pour
différencier les TVNIM et TVIM. Les patients présentant une TVNIM et classés VI-RADS 1 – 2
présentaient un faible risque d’être sous-classés. Une mp-IRM pré-opératoire pourrait donc permettre à
ces patients d’éviter une deuxième TURBT qui s’avérerait inutile. Choi et al ont proposé une méthode
d’évaluation en uroscanner dynamique de la réponse locale après chimiothérapie néo-adjuvante de
TVIM avec de meilleures performances diagnostiques que la lecture RECIST conventionnelle basée sur
la taille, avec une AUC à 0,89 versus 0,65. La prédiction préopératoire de l’envahissement musculaire
en mp-IRM par une approche par radiomics a été explorée par Zhang et al avec une précision moyenne
et un AUC respectivement de 93,31% et 0,9778 dans le groupe « entrainement » et de 88,10% et 0,9475
dans le groupe « validation ».
En plus de tous ces travaux de recherche, de nombreux posters didactiques étaient exposés
couvrant tous les thèmes. Tous étaient de grande qualité à la fois dans leur contenu et leur présentation.
Au total, dans la spécialité urogénitale, l’IRM s’impose avec l’apparition de nouvelles séquences
fonctionnelles qui vont améliorer dans un proche avenir la caractérisation tissulaire et le suivi post
thérapeutique.
IMAGERIE MUSCULO-SQUELETTIQUE – Vincent LEVEZIEL, Laetitia PERRONNE
(relecture Anne COTTEN)
Concernant les petits trucs et astuces utiles dans notre pratique, l’équipe allemande de K. Ekert et al. a
montré que sur une série de 1008 patients, les logiciels permettant le dépliement automatique des côtes
amélioraient la détection des lésions costales, notamment dans un contexte néoplasique (augmentation
de la sensibilité de 76,4% à 97,7%).
Le scanner va t’il remplacer l’IRM dans la détection de l’œdème osseux ? Le scanner double énergie
avec suppression du calcium semble intéressant pour la détection de l’œdème osseux. L’équipe coréenne
de JE. Kim et al. a comparé le scanner double énergie et l’IRM dans la détection de l’œdème osseux
dans le cadre des fractures de l’extrémité distale du radius et de l’ulna. Les résultats étaient excellents
sur le radius (100% de sensibilité et spécificité). En revanche, pour l’ulna, les sensibilité et spécificité
étaient de 88% de et 87,5% respectivement ; pour les os du carpe les performances étaient encore moins
bonnes.
Certaines équipes nous ont fait voyager dans le futur avec des études montrant la part que pourrait
prendre la réalité augmentée dans nos actes de radiologie interventionnelle. Une équipe suisse tout
d’abord avec le Dr N. Farshad-Amacker et al. s’est intéressée à la réalité augmentée dans la réalisation
de ponctions échoguidées sur fantôme. Avec cette technique, il n’y a plus d’écran sur l’échographe car
l’image échographique avec la cible apparaît sur le patient. Cette technique semble permettre de
diminuer le nombre de passage d’aiguilles et de réduire la durée de la procédure (22 vs 30 secondes).
Des français ont également étudié la faisabilité de l’utilisation de la réalité augmentée dans la
vertébroplastie (Dr P. Auloge et al.), ce qui pourrait permettre de réduire la dose délivrée au patient
comparativement au guidage scopique. En effet, le PDS était de 160.9 ± 220 mGy.cm2 dans le groupe
réalité augmentée versus 298.2 ± 190.2 mGy.cm2 dans le groupe scopie.
Toujours en radiologie interventionnelle, l’équipe italienne du Dr M. Bellini et al. a présenté des résultats
très prometteurs d’un traitement percutané des sténoses lombaires canalaires et foraminales. L’étude
portait sur 40 patients présentant une claudication intermittente. La procédure consistait en la mise en
place d’un dispositif au niveau de l’espace inter-épineux. Une diminution significative des douleurs était
démontrée chez 36 patients (p
De même, une équipe de San Francisco (Dr SC. Foreman et al.), s’est vue récompensée pour ses travaux
sur l’étude des cartographies T2* du cartilage du genou chez des patients présentant un diabète de type
2 vs des sujets contrôles. Les patients diabétiques présentaient une diminution significative de la valeur
moyenne T2*, ce qui pourrait favoriser la survenue d’arthropathies dégénératives.
IMAGERIE CARDIAQUE – Virgile CHEVANCE (relecture Damien MANDRY)
Les points principaux que je retiendrais de ce RSNA 2019 concernant les innovations en imagerie
cardiaque concernent le 4D flow et les séquences paramétriques en IRM, la confirmation de l’intérêt du
scanner de perfusion mettant en balance la FFR CT et le développement d’outils de mesure quantitatifs
en post traitement. Je noterais également l’explosion du nombre de projets Chinois qui formaient
souvent le principal contingent d’abstracts scientifiques présentés dans les sessions.
L’imagerie de contraste de phase en 3 dimensions, dite 4D flow a été mise en avant dans de nombreux
projets de recherche. Je retiendrais principalement
1) Une très belle présentation du Dr Azarine (de l’hôpital St Joseph- Résumé SSE 03-03) sur son utilisation dans le suivi des cardiopathies congénitales opérées. Il a insisté sur l’intérêt
potentiel d’utiliser une séquence dite de Dual-Venc, avec deux vitesses d’encodage
différentes. L’ajout d’une basse vitesse d’encodage permet une meilleure analyse des flux
veineux, avec un meilleur rapport vitesse sur bruit. Elle permet également d’analyser le flux
portal ce qui peut avoir un intérêt pour évaluer le retentissement hémodynamique.
2) Concernant les cardiomyopathies, l’impact des trabéculations sur les flux VG dans les CMH obstructives a été étudié en 4D Flow par une équipe de Pékin (résumé SSM04-05). Ils ont
mis en évidence un net déséquilibre dans la répartition des flux au cours du cycle, avec une
importante augmentation du volume résiduel et une diminution du « retained inflow » (ce
qui rentre à travers la mitrale sans ressortir à travers la valve aortique, au cours du cycle).
Ils pensent que cette modification des profils de flux pourrait permettre de détecter des CMH
en « début d’obstruction ».
On retiendra plusieurs présentations sur l’importance du diagnostic de cardiomyopathies secondaires
dites « toxiques » après certains traitements.
1) Une équipe Canadienne de Toronto (résumé SSC02-03) a suivi sur 10 ans des patients traités par des antipaludéens de synthèse, principalement pour un lupus ou une polyarthrite
rhumatoïde, et a montré que les patients peuvent développer une CMH sous traitement.
Cette cardiomyopathie est appelée AMIC : antimalarial induced cardiomyopathy. Une
durée d’exposition au traitement longue (>8ans) est le principal facteur de risque de
développer cette atteinte. Associé à cet aspect de CMH, des prises de contraste sur le LGE
sont fréquentes avec une topographie caractéristique, prédominant dans les segments inféro-
latéral et antéro-septal basaux. Cet aspect est donc très proche du Fabry et constitue un vrai
diagnostic différentiel à évoquer en cas de contexte particulier. Le mapping T1 peut être mis
en défaut car ce traitement provoque l’accumulation de métabolite pouvant également
abaisser le T1. Le contexte particulier de survenue de cette pathologie est le seul vrai critère
permettant de s’en sortir.
2) Une équipe d’Hambourg (résumé SSC02-05) a étudié l’apparition de cardiomyopathie après cancer du sein traité par chimiothérapie à base d’anthracycline, en monitorant les patientes
par IRM cardiaque (40 patientes, 3 IRM, Baseline, clôture du traitement (environ 5-6 mois)
et à 1 an). On note une nette augmentation du T1 initialement et un retour à la normale à 1
an. On note également une baisse initiale des volumes et une élévation de la masse (aspect
de remaniement concentrique du VG). Sur l’évaluation tardive, on retrouve une élévation
progressive des volumes. L’aspect qu’ils décrivent n’est donc pas le profil de CMD typique
souvent évoqué. Il peut même persister un aspect un peu hypertrophique sur le médio VG
sur l’exploration tardive. La cardiopathie se déroulerait donc en deux phases, avec un
remaniement concentrique initial, avec élévation du T1 mapping, puis dans un second temps
une dilatation avec augmentation des volumes, qui aboutirait finalement à l’aspect de CMD
souvent décrit dans la littérature en post-chimiothérapie.
3) Enfin une équipe de San Donato, à Milan (résumé SSG02-05), a étudié l’intérêt de mesurer le volume extra cellulaire (ECV) sur les scanners de suivi de patientes traitées pour des
cancers du sein (sans gating!). Ils ont montré une augmentation significative de l’ECV chez
toutes les patientes traitées par anthracyclines, mais avec des variations différentes, ce qui
laisse à penser qu’on pourrait envisager d’inclure ce paramètre dans le suivi des patientes
sous chimiothérapie. Des études sur le devenir des patientes en fonction de la variation de
l’ECV semblent d’importance majeure pour valider ce biomarqueur : permet-il de prédire
les patientes qui vont évoluer vers une vraie cardiomyopathie ?
Concernant ces paramètres de caractérisation tissulaire par cartographie, il y eut une session
scientifique consacrée aux myocardites et à l’inflammation (résumé SSJ003). Je soulignerais en
particulier les présentations à propos des critères de Lake Louise actualisés en 2018, avec le recours aux
cartographies de T1 et de T2, qui semblent améliorer la sensibilité du diagnostic.
Une équipe chinoise du Sichuan (résumé SSC02-08) a étudié la dysfonction microvasculaire dans la
cardiomyopathie amyloïde. Ils ont fait une analyse des paramètres descriptifs des courbes de
rehaussement segmentaires du myocarde en IRM, sur une séquence de perfusion, décrites avec les
paramètres habituels. Ils ont également corrélé ces résultats aux valeurs de strain segmentaires en IRM.
Ils ont comparé leur population d’amylose avec des cardiopathies hypertrophiques non-amyloïdes. Ils
ont trouvé une colocalisation des troubles de la microperfusion (sur plusieurs paramètres) dans les
segments ayant un strain segmentaire le plus altéré. Simple colocalisation dans les segments les plus
malades ou véritable lien de causalité ?
Une équipe italienne (résumé SSG02-08) développe des séquences de Dark Blood LGE qui semblent
très convaincantes et devraient arriver dans les années à venir : la prise de contraste est
vraisemblablement mieux visible notamment pour les portions au contact de la graisse épicardique qui
est également effacée sur ces séquences. L’évaluation de la transmuralité de la prise de contraste semble
facilitée.
Une session entière s’est tenue sur l’utilisation de la FFR-CT en scanner (Session CA167-ED-WEA8),
malheureusement comme vous le savez l’utilisation en France est limitée par le coût d’utilisation.
Difficile de se faire une idée. Plusieurs publications récentes dont une dans Radiology en octobre 2019
ont fait état de sa possible remise en cause notamment par l’arrivée de paramètres quantitatifs en Scanner
de perfusion. Quoiqu’il en soit, plusieurs études sont menées actuellement sur cette technique. On
retiendra une étude sur son utilisation dans la douleur thoracique aiguë chez les patients consultants aux
urgences. Les auteurs ont trouvé que la FFR CT permet de reclasser les patients CAD RADS 3 en CAD
RADS 2 ou 4 et ainsi orienter les patients vers la coronarographie pour les CAD RADS 4 ou d’autres
explorations non coronaires pour les CAD RADS 2. L’inclusion des patients consultants pour « chest
pain » m’a paru peu claire à utiliser en pratique clinique.
Concernant l’imagerie TEP dans les endocardites infectieuses, une très belle étude menée par une
équipe hollandaise (résumé SSG02-02) a remis en cause les recommandations européennes actuelles qui
préconisent de ne pas faire de TEP-TDM pour la recherche d’endocardite dans les 3 mois suivant
l’implantation d’une valve prothétique. Dans la première année suivant l’implantation d’une valve, les
valeurs de SUV péri-valvulaire sont stables à 1, 3 et 12 mois, un peu élevées mais toujours avec un ratio
inférieur à 2 en comparaison avec le blood-pool. Les auteurs pensent donc qu’on pourrait faire les TEP
dès le 1er mois en utilisant un ratio. La valeur du SUV ne revenant à la normale seulement 1 ans après
la chirurgie, les auteurs pensent que les recommandations devraient fixer la limite soit à un mois avec
utilisation du ratio, soit à 1 ans avec valeurs de SUV.
Enfin d’une session sur l’embolie pulmonaire (session SPSC20 et session SSK06) je retiendrais trois
projets :
1) Chez les patients à faible probabilité selon WELLS, un seuil de D-Dimères à 1000 peut être utilisé sans perte de sensibilité. On reste sur un seuil à 500 pour les patients avec probabilité
intermédiaire. Il s’agit d’une grosse étude publiée récemment dans NEJM.
2) Une équipe suisse a montré en rétrospectif sur 10 ans que l’utilisation des D-Dimères chez la femme enceinte n’est pas discriminante pour la suspicion d’EP. Il y a trop d’overlap entre
les patientes EP et celles non EP.
3) L’étude de la répartition du contraste dans l’aorte ascendante et descendante sur les scanner de patiente atteints d’EP serait pronostique de la survie à 1 mois.
IMAGERIE THORACIQUE – Vincent LEVEZIEL, Laetitia PERRONNE (relecture Mathieu
LEDERLIN)
Quinze sessions scientifiques regroupant une centaine de communications ont été consacrées à
l’imagerie thoracique, avec en thématique phare le dépistage du cancer pulmonaire et en toile de fond
les performances toujours plus convaincantes de l’IA et de l’apprentissage machine.
Nodules pulmonaires, dépistage du cancer
Les performances des CAD reposant sur des algorithmes de deep learning ont été largement rapportées.
Une équipe coréenne (Cho et al) a eu accès aux scanners baseline faussement négatifs de l’étude NLST
(103 nodules dont 73 cancers). La sensibilité de leur algorithme était de 95% pour dépister tous les
nodules, de 74% pour les cancers uniquement, avec un taux de faux positifs de 16%. Une étude similaire
d’une équipe anglaise (Dowson et al), également réalisée à partir des scanners baseline de NLST, a
montré qu’un algorithme de deep learning possédait une sensibilité supérieure aux critères LungRADS
ou au modèle de Brock pour diagnostiquer les futurs cancers (95% vs. 85% et 80%, respectivement).
Les équipes de Baltimore et de la Brock University (Huang, Tammemagi et al) ont montré sur deux
cohortes de dépistage (NLST et PanCan, 25097 et 2294 patients respectivement) que la prédiction de
malignité par machine learning était supérieure à celle des critères LungRADS, permettant notamment
d’identifier les formes les plus agressives parmi les cancers de stade I et II.
La stratégie décisionnelle pour le dépistage aux Etats-Unis repose sur la classification LungRADS,
cependant celle-ci est basée sur des avis d’experts et n’a pas fait l’objet d’une validation prospective.
Cette classification est notamment discutée pour la gestion des nodules contenant du verre dépoli, purs
ou mixtes. Une équipe de Boston (Hammer et al) a montré sur 434 nodules subsolides issus de l’étude
NLST que le risque réel de malignité était sous-estimé pour les nodules LungRADS 2 (3% de malignité
retrouvée contre
Citons aussi une étude qui rassurera les angoissés de l’IA : l’équipe de Nijmegen aux Pays-Bas (Jacobs,
Prokop, van Ginneken) a étudié les performances des 10 meilleurs algorithmes du Kaggle Data Science
Bowl 2017 pour prédire le risque de malignité dans le dépistage, et les a comparées à celles de 11
radiologues experts. Si les performances des algorithmes de deep learning sont prometteuses
(AUC=0.86), elles restent inférieures à celles des experts (AUC=0.90), ces derniers ayant néanmoins
besoin d’un temps de lecture compris entre 1’36 et 4’35 par cas.
Enfin, les techniques d’IA pourraient peut-être à l’avenir repositionner la radiographie thoracique dans
le dépistage du cancer du poumon. Rappelons que la radiographie n’a jusqu’ici jamais montré de
bénéfice sur la mortalité spécifique dans le dépistage (étude PLCO, JAMA 2011). Une équipe coréenne
(Jang et al) a développé un algorithme de deep learning permettant de détecter des petites lésions
difficiles à voir en radiographie. Sur 127 lésions initialement manquées en RT et secondairement (après
double relecture) étiquetées comme suspectes, l’algorithme a permis la détection de 54% d’entre elles
avec seulement 24% de faux positifs.
Caractérisation du cancer du poumon, radiomique
Les innovations dans la caractérisation non invasive des tumeurs sont de plus en plus basées sur des
travaux de radiomique, avec plusieurs sessions dédiées, et des études de qualité inégale souvent très
éloignées du classique modèle hypothético-déductif. Les résultats prometteurs de la radiomique doivent
toujours être tempérés par les problèmes de reproductibilité et de standardisation des méthodes. Une
équipe coréenne (Park et al) s’est ainsi attaquée au problème de la variabilité des outcomes en fonction
de l’épaisseur des coupes TDM. Ces auteurs ont montré qu’en convertissant, via un réseau de neurones,
des coupes TDM d’épaisseur variable en coupes de 1mm, on améliorait significativement la
reproductibilité de paramètres radiomiques dans le cancer du poumon. Indépendamment de ces
considérations techniques, plusieurs études ont identifié des critères radiomiques permettant de prédire
la survie des patients mutés EGFR (Yousefi et al), la survie des patients stades 4 traités par sels de
platine (He et al), l’existence d’un STAS i.e. l’extension tumorale au sein des voies aériennes (Gong et
al), ou encore le caractère bénin ou malin des adénopathies médiastinales (Borse et al, Cong et al).
Hors du champ de la radiomique, mentionnons une belle étude lilloise (Dewaguet et al) montrant que la
néovascularisation au niveau du front d’invasion de la tumeur, évaluée en TDM de perfusion double
énergie, est corrélée aux marqueurs immunohistochimiques d’hypoxie tissulaire et donc au risque de
progression tumorale. Des études chinoises ont rapporté les performances étonnantes du scanner spectral
pour différencier les types histologiques de cancer bronchique (Ren et al), ou pour prédire l’expression
du marqueur de prolifération cellulaire Ki67 (Dou et al).
Embolie pulmonaire
Une méta-analyse canado-égyptienne (Abdellatif et al) a rapporté les performances diagnostiques du
scanner double énergie dans l’EP. Seulement 7 études étaient suffisamment homogènes pour être
conservées dans l’analyse finale. Celles-ci possédaient une sensibilité poolée de 88% et une spécificité
de 93%. Selon une étude de Boston, les anomalies perfusionnelles qualitatives et quantitatives
retrouvées en TDM double énergie semblent être des prédicteurs indépendants du devenir des patients
avec embolie pulmonaire (Borse et al).
L’équipe de Lausanne (Rotzinger et al) a rapporté son expérience d’angioscanner thoracique chez 229
femmes enceintes au cours des 17 dernières années. Le taux d’angioscanners positifs pour l’EP n'était
que de 7%, tandis que 30% des patientes avaient un diagnostic alternatif et 63% un scanner normal. Les
auteurs ont par ailleurs observé au fil de ces 17 ans une hausse continue du recours à l’angioscanner
dans la grossesse, tandis que la dose délivrée par les différentes générations de scanners baissait
concomitamment. Toujours chez la femme enceinte, une équipe de l’état de New York (Cohen et al)
s’est intéressée au facteur de conversion permettant de passer du produit dose longueur à la dose efficace
en angioscanner thoracique. Ces auteurs ont montré en effectuant des simulations par méthode de
Monte-Carlo, que compte-tenu d’une radiosensibilité accrue chez la femme enceinte, ce facteur devait
être de 0.0249 et non pas de 0.014 tel qu’il est traditionnellement fixé en TDM thoracique.
L’IA s’invite bien sûr