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Rapport d’expertise : Examen des galeries souterraines accessibles sous le lieu-dit « Graves », préalablement à la modification du PLU de la commune de Cénac (33) BRGM/RP-60097-FR Avril 2011 Cadre de l’expertise : Appuis aux administrations Appuis à la police de l’eau Date de réalisation de l’expertise : 16/03/2011 Localisation géographique du sujet de l’expertise : Cénac (33) Auteurs BRGM : MATHON Christian, NACHBAUR Aude, GUTIERREZ Thomas Demandeur : Préfecture de Gironde (SIDPC)

Rapport d’expertiseinfoterre.brgm.fr/rapports/RP-60097-FR.pdf · En l’absence d’informations supplémentaires sur la géométrie et l’état des cavités présentes sous la

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Rapport d’expertise :

Examen des galeries souterraines accessibles sous le

lieu-dit « Graves », préalablement à la modification du PLU de la

commune de Cénac (33)

BRGM/RP-60097-FR Avril 2011

Cadre de l’expertise :

Appuis aux administrations Appuis à la police de l’eau ❑

Date de réalisation de l’expertise : 16/03/2011

Localisation géographique du sujet de l’expertise : Cénac (33)

Auteurs BRGM : MATHON Christian, NACHBAUR Aude, GUTIERREZ Thomas

Demandeur : Préfecture de Gironde (SIDPC)

L’original du rapport muni des signatures des Vérificateurs et Approbateurs est disponible aux Archives du BRGM.

Ce rapport est le produit d’une expertise institutionnelle qui engage la responsabilité civile du BRGM.

Ce document a été vérifié et approuvé par :

Approbateur :

Nom : PEDRON Nicolas Date : 28/07/11

Vérificateur :

Nom : GARNIER Christophe Date : 12/07/11

Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2008.

Mots clés : expertise - appuis aux administrations - effondrement - carrière souterraine - Cénac - Gironde - Aquitaine

En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :

MATHON C., NACHBAUR A., GUTIERREZ T. (2011) - Examen des galeries souterraines accessibles sous le lieu-dit « Graves », préalablement à la modification du PLU de la commune de Cénac (33). Rapport BRGM/RP-60097-FR. 23 p., 17 fig., 1 annexe.

© BRGM, 2011, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.

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Synthèse

Contexte :

Date de la formulation de la demande d’expertise au BRGM : 09/03/2011

Demandeur : Préfecture de Gironde

Nature de l’expertise / question posée : La commune de Cénac a, dans le passé, été le siège d’une intense activité d’extraction souterraine du calcaire à astéries pour la production de pierres de construction. Localement, elle est affectée par plusieurs niveaux de carrières souterraines exploitées, selon la méthode dite des « chambres et piliers tournés ».

Une modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU) est en cours. Une carte d’aléa a été établie par le Bureau des Carrières Souterraines du Conseil Général de la Gironde (CG 33). Cette carte délimite quatre zones, se différenciant par l’intensité (qualitative) des désordres, susceptibles d’affecter les terrains de surface, en cas d’effondrements souterrains ; et indiquant les précautions constructives à adopter, dans les secteurs qui ne sont pas déclarés définitivement inconstructibles.

Dans le cadre de la modification de son PLU, la commune de Cénac a demandé, au Service Géologique Régional Aquitaine du BRGM, son avis sur la possibilité de réaliser des constructions annexes (appentis, garages, piscines) aux constructions existantes, dans le secteur cartographié en « rose » par le Bureau des Carrières du Conseil Général de la Gironde, et plus particulièrement au lieu-dit « les Graves ». Cette zone est supposée présenter des mouvements de sols de faible ampleur. Elle est considérée comme constructible sous conditions : éloignement des puits et fondations renforcées (radier, chainage).

Situation du sujet (commune, lieu-dit et adresse) : Cénac (33), lieu-dit « les Graves »

Nature de l’intervention du BRGM : Visite de terrain le 16/03/2011 à laquelle étaient présents :

- adjoints au Maire de Cénac,

- De Labrousse Guillaume (Bureau des Carrières Souterraines - CG 33),

- Gutierrez Thomas (BRGM),

- Mathon Christian (BRGM),

- Nachbaur Aude (BRGM),

- Thomaïdis Cyrille (Bureau des Carrières Souterraines - CG 33).

Faits constatés :

Les points notables relevés sous la zone « rose » sont :

- de nombreux piliers en état de post-rupture avec abaissement consécutif du toit des chambres/galeries ;

- des fissures mécaniques aux toits des galeries ;

- de nombreux « débourrages » karstiques, affectant indifféremment toits, piliers, piédroits ;

- la découverte, lors de la visite, d’un niveau d’extraction inconnu jusque-là.

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Recommandations du BRGM :

En l’absence d’informations supplémentaires sur la géométrie et l’état des cavités présentes sous la zone « rose » (constructible sous conditions d’éloignement des puits et de fondations renforcées - radier, chainage), on ne peut éliminer la possibilité que se produisent, en surface, des affaissements, localement générateurs de tassements différentiels et de désordres. Ces incertitudes, si elles ne sont pas au moins partiellement levées, devraient conduire à classer cette zone au mieux en « jaune » (inconstructible sauf remblayage intégral certifié).

Cependant, la possibilité d’édifier des « annexes » aux constructions déjà existantes dans l’actuelle zone « rose », peut être accordée, dès lors qu’il ne s’agit pas d’ouvrages ayant vocation à être habités, même de manière temporaire ou épisodique. Le principe est de ne pas accroître le risque existant, en augmentant le nombre de personnes exposées. La destination de ces ouvrages devra donc être soigneusement contrôlée ; des règles drastiques, établies, concernant leur surface (moins de 20 m2 et un seul niveau dans tous les cas) et leur éloignement des habitations existantes. Les pétitionnaires doivent être avertis du fait que ces terrains sont sujets aux affaissements et que les structures des ouvrages doivent être adaptées en conséquence (soit très souples, soit très rigides). Il en va de même pour les éventuelles piscines.

La surveillance des cavités présentes sous la zone « rose » devra perdurer tant qu’elle sera habitée. Il en est de même pour sa surface : tout désordre doit être signalé sans délai, afin de s’assurer de son origine et de prévoir les moyens adaptés à sa remédiation.

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Sommaire

1. Contexte ............................................................................................................... 6

1.1 RAPPEL DE LA DEMANDE .............................................................................. 6

1.2 DONNEES D’ENTREES .................................................................................... 6

2. Situation du secteur concerné .............................................................................. 7

2.1 CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ......................................................................... 7

2.2 CONTEXTE GEOLOGIQUE .............................................................................. 7

2.3 CONTEXTE GEOTECHNIQUE ......................................................................... 8

3. Documents existants ........................................................................................... 10

4. Inspection des souterrains .................................................................................. 11

4.1 GÉNÉRALITÉS ............................................................................................... 11

4.2 DÉSORDRES OBSERVÉS ............................................................................. 12

5. Diagnostic ............................................................................................................. 20

5.1 STABILITÉ DES BANCS DE TOIT .................................................................. 20

5.2 STABILITÉ DES PILIERS ................................................................................ 20

6. Conclusion ............................................................................................................ 21

Annexe ............................................................................................................. 22

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1. Contexte

1.1 RAPPEL DE LA DEMANDE

La commune de Cénac est localement affectée par plusieurs niveaux de carrières souterraines (jusqu'à quatre niveaux).

Un nouveau PLU est prévu sur cette commune. A ce titre, une carte d’aléa a été établie préalablement, par le Bureau des Carrières Souterraines du Conseil Général de la Gironde. Cette carte délimite quatre zones, qui sont différenciées suivant l’intensité (qualitative) des désordres susceptibles d’affecter les terrains de surface, en cas d’effondrements souterrains, et suivant les précautions constructives à adopter, dans les secteurs qui ne sont pas déclarés définitivement inconstructibles.

Le Service Interministériel de Défense et de Protection Civile de la Préfecture de Gironde (SIDPC) et la commune de Cénac ont demandé, au Service Géologique Régional Aquitaine du BRGM, son avis sur la possibilité de réaliser des constructions annexes (appentis, garages, piscines) aux constructions existantes dans le secteur cartographié en « rose » par le Bureau des Carrières du CG 33, et notamment au lieu-dit « les Graves » (couleur rose clair, sur la carte d’aléa en Annexe). Cette zone est supposée présenter des mouvements de sols de faible ampleur et, est considérée comme constructible sous conditions d’éloignement des puits et de fondations renforcées (radier, chainage).

1.2 DONNEES D’ENTREES

Ce rapport s’appuie sur une visite de terrain, effectuée le 16 mars 2011, ainsi que sur la carte d’aléa établie par le Bureau des Carrières Souterraines du CG 33, fournie en Annexe.

Etaient présents lors de la visite de terrain du 16/03/2011 :

- adjoints au Maire de Cénac,

- De Labrousse Guillaume (Bureau des Carrières Souterraines),

- Gutierrez Thomas (BRGM),

- Mathon Christian (BRGM),

- Nachbaur Aude (BRGM),

- Thomaïdis Cyrille (Bureau des Carrières Souterraines).

Lors de la visite, nous avons effectué un cheminement depuis le ruisseau du Rauze, jusqu’à « Citon », en passant sous la zone faisant l’objet de notre intervention (figure 1).

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2. Situation du secteur concerné

2.1 CONTEXTE GEOGRAPHIQUE

La zone se situe sur le plateau calcaire de l’Entre-Deux-Mers, en rive droite de la Garonne, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Bordeaux (figure 1). La commune de Cénac est traversée par deux petits affluents de la Garonne : la Pimpine et le Rauze.

Figure 1 : Carte IGN de Cénac (© IGN, 2010)

2.2 CONTEXTE GEOLOGIQUE

Les carriers ont exploité le calcaire à astéries pour la pierre de taille (constructions de Bordeaux principalement). Cette formation appartient à l’Oligocène inférieur (Rupélien supérieur, anciennement appelé Stampien s.s.).

Il ne s’agit pas d’un calcaire franc, mais d’un calcaire gréseux, coquillier, d’où l’appellation, parfois, par le terme « falun ». L‘épaisseur et les faciès varient fortement : calcaire gréseux fin, calcaire gréseux grossier, calcaire marneux, calcaire alguaire. Dans cet ensemble, s’intercalent, sur quelques centimètres à plusieurs mètres, des niveaux de marnes, d’argiles et d’argiles à blocs calcaires.

Sortie

Entrée

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Le calcaire est très poreux, entre 25 et 50 % suivant le faciès. Il est peu cimenté, tendre et de faible densité. Il présente une teinte variable : blanc-crème au jaune-doré. A « Citon », un sondage carotté (figure 2) fournit une coupe indicative du sous-sol. Le calcaire repose sur l’Oligocène basal (anciennement appelé Sannoisien), représenté par des argiles bleu-verdâtres silteuses à nodules calcaires. Sous environ 8 mètres d’un recouvrement composé, de 3,5 mètres de formations argileuses plus ou moins caillouteuses, puis de 4,7 mètres de calcaire altéré, ce sondage a traversé 36 mètres de calcaire avant d’atteindre les niveaux argileux de base.

2.3 CONTEXTE GEOTECHNIQUE

Sur la commune de Cénac, un événement majeur a eu lieu à « Citon » le 18 février 1970. Un affaissement1 / effondrement2 de grande ampleur, consécutif à la rupture de plusieurs piliers dans la carrière sous-jacente, a provoqué des désordres sur le bâti de ce hameau (tassements différentiels sous les maisons et crevasses au sol). Le hameau a été évacué ; il est aujourd’hui en ruine. L’effondrement en profondeur n’est pas total, il subsiste localement des vides résiduels de 1 à 1,5 mètres de hauteur, laissant encore la possibilité d’observer une réactivation du phénomène.

Un événement s’est produit plus récemment (8 février 2011) sur la commune de Saint-Germain-du-Puch (à 10 km au nord-est de Cénac), au lieu-dit « La Manière », dans un contexte géologique similaire. Il s’agit d’un effondrement généralisé à caractère dynamique. Il a provoqué l’apparition brusque d’un cratère de 5 000 m2 et 2 m de profondeur, entraînant le sinistre d’une maison.

À Saint-Germain-du-Puch, le niveau de carrière effondré se situe entre 30 et 35 mètres de profondeur ; aux « Graves » à Cénac, il est entre 37 et 45 mètres.

1 Déformation « molle » de la surface sans rupture périphérique (crevasse)

2 Déformation de la surface avec rupture périphérique - crevasse - pouvant atteindre plusieurs mètres de

diamètre et de profondeur. Selon le type d’instabilité en souterrain qui en est à l’origine, on parlera d’effondrement localisé (ruptures de toit essentiellement) ou d’effondrement généralisé (ruptures en chaîne de plusieurs piliers)

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Figure 2 : Sondage 08273X0265, effectué à « Citon » dans le calcaire à astéries

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3. Documents existants

Le Bureau des Carrières Souterraines du CG 33 a établi en 2010 un document de synthèse à l’échelle du 1/2 500, intitulé « Cénac - Zones d’effondrement prévisible des carrières souterraines ». Il y figure le tracé des parties accessibles, des différents niveaux d’extraction connus, dont a fait l’objet le sous-sol de la commune ; ainsi qu’un zonage des mouvements de terrain prévisibles au-dessus de l’emprise globale, estimée, des souterrains.

Le document complet est consultable en Annexe, on peut y distinguer quatre zones :

- zone « rouge » : Carrière reconnue, avec plusieurs niveaux de galeries - Zone inconstructible, sauf fondations sur micropieux profonds ;

- zone « orange » : Carrière mal connue ou inaccessible – Zone inconstructible, sauf étude (plan souterrain, sondages, géophysique) ;

- zone « jaune » : Carrière bien connue et facilement accessible, avec un seul niveau de galerie - Zone inconstructible, sauf remblayage intégral certifié ;

- zone « rose » : Carrière profonde avec un à deux niveaux d’extraction - Zone constructible, sous conditions d’éloignement des puits et de fondations renforcées (radier, chainage). C’est cette zone (cf. figure 3) qui fait l’objet de ce rapport.

Figure 3 : Zone étudiée (détails de la carte d’aléa du Bureau des Carrières Souterraines du CG 33).

Limite des carrières souterraines connues

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4. Inspection des souterrains

4.1 GÉNÉRALITÉS

Les galeries explorées font entre 2,5 et 3 mètres de large, pour une hauteur moyenne de 3 mètres (ou 4 mètres en cas de « mezzanine »). Les piliers, sensiblement carrés, font 2,7 à 5,5 mètres de côté. Il en résulte un taux de défruitement3 moyen de 75 %. L’épaisseur de calcaire intercalée entre deux niveaux superposés (intercalaire) peut mesurer de 3,5 à 6 mètres. Nous n’avons pas pu le constater, mais l’expérience montre qu’entre deux étages d’extraction, les piliers sont rarement superposés, ce qui peut générer des ruptures de toit, lorsque l’épaisseur de l’intercalaire est trop faible.

Dans la zone examinée, les « Graves », la profondeur du niveau le plus proche de la surface varie entre 37 et 45 mètres.

Le Bureau des Carrières Souterraines du CG 33 ne dispose pas de la totalité des plans des différentes extractions, dont a fait l’objet le sous-sol de Cénac. En effet, une partie de ces plans est absente des archives consultables, du fait de pertes, de destructions accidentelles, etc. des documents. Cela apparaît très nettement sur le plan de synthèse, sur lequel on constate une forte hétérogénéité dans l’information disponible. Sous les « Graves », dans les limites de la zone « rose », il est manifeste qu’aucun plan des extractions n’est disponible. Les agents du Bureau des Carrières Souterraines n’ont pu que partiellement compléter leur connaissance du réseau souterrain, en relevant les cheminements, qui leur ont permis, en particulier, de relier une partie des « aplombs » que compte ce secteur ; d’où l’aspect filiforme des relevés. Mais il est bien évident que ces cheminements sont inclus dans des secteurs exploités en chambres et piliers dont on ignore les extensions réelles. Pour partie, ils ne sont pas accessibles (effondrements, hagues4 trop délicates à percer pour voir ce qu’elles occultent - simples bourrages5, effondrements ou chambres vides), mais dans tous les cas, dresser leurs plans est une opération difficile et coûteuse à réaliser, non sans dangers, et ne relevant pas des attributions du Bureau des Carrières Souterraines.

3 Le taux de défruitement est le rapport de la surface des vides à la surface totale.

4 Mur en moellons de calcaire dressé entre 2 piliers, montant jusqu’au toit ou très près du toit, retenant le

remblai (déchets de la taille du calcaire) qui comble certaines chambres sur 70 à 80 % de leur hauteur. Mais certains murs peuvent condamner un secteur effondré ou délimiter des zones qui ont pu être utilisées comme champignonnières.

5 Remblai

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4.2 DÉSORDRES OBSERVÉS

Lors de la visite, nous avons, en particulier, observé un très mauvais état général des piliers. Notons les faits suivants :

- De nombreux piliers sont affectés par des fissures, d’origine mécanique ; voire en état de post-rupture (figures 4, 5, 6, 7, 8, 9, 13, 16, 17). Sur certains piliers, cet état s’est traduit par une forme en « diabolo » 6, laquelle laisse présager leur rupture totale à plus ou moins long terme, du fait de leur faible section résiduelle.

- En quelques points, l’abaissement du toit des galeries (de 5 à 15 cm), consécutif au raccourcissement des piliers rompus, est observable (figures 4 et 14).

- Très peu de chutes de bancs de toit ont été observées, malgré le mauvais état des piliers et la forte fissuration, localement, du premier banc. Les ruptures observées sont dues à la présence de poches de dissolution dans le calcaire - remplies d’argile de décalcification - dont les racines sont situées à proximité immédiate du toit, voire recoupées par l’extraction.

- Lors de la visite, un deuxième niveau de carrière supplémentaire a été observé (élément nouveau, non connu lors de la réalisation de la carte d’aléa).

- Aucun indice de désordres en surface a été observé ou nous a été rapporté au lieu-dit les « Graves ».

6 On parle de pilier en diabolo lorsque celui-ci prend l’allure du jouet du même nom. Cela résulte d’un excès

de chargement de ce pilier provoquant sa rupture. Il présente alors une section résiduelle très réduite.

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Figure 4 : Fissure mécanique sur la dalle de toit et piliers rompus (faces « défournées »). Le raccourcissement consécutif des piliers se traduit une descente du toit et une réduction de la hauteur de la

galerie (zone de Montignac)

Figure 5 : Rupture d’un pilier provoquant un écaillage généralisé de sa périphérie. Les traces des fumées des lampes à huile utilisées par les carriers montrent que le premier banc de toit est intact. (Zone de

Montignac)

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Figure 6 : Rupture d’un « bord ferme » (au fond) et basculement d’écailles de piliers en état de post-rupture (zone de Montignac)

Figure 7 : Pilier rompu (zone de Montignac)

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Figure 8 : Piliers rompus avec figures de raccourcissement (zone de Montignac)

Figure 9 : Nez de piliers « défournés » (basculés) - zone de Montignac

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Figure 10 : Vidange de remplissage karstique (marnes) depuis un pilier rompu - zone de Montignac

Figure 11 : Eclatement d’une face de pilier et descente du toit soulignée par une fissure mécanique avec déplacement pluricentimétrique des épontes - zone de Montignac

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Figure 12 : Piliers en « diabolo » côté gauche. L’absence de blocs calcaires au sol indique que la rupture s’est produite avant la fin de l’exploitation - zone de Montignac

Figure 13 : Pilier éclaté - zone de Montignac

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Figure 14 : Pilier rompu (à droite) et toit de galerie affaissé sur quelques centimètres (à gauche) - zone de Montignac

Figure 15 : Le gonflement des piliers en état de post-rupture ou en cours de rupture a rompu, par compression (flambage), le plancher de la « mezzanine » - zone de Montignac

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Figure 16 : Les inscriptions localement masquées témoignent du raccourcissement de ce pilier rompu - zone de Montignac

Figure 17 : Piliers rompus et défournement d’une face du pilier de droite dont la forme résiduelle est en diabolo - zone de Montignac

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5. Diagnostic

5.1 STABILITÉ DES BANCS DE TOIT

Dans la zone examinée, les ruptures de toit ne paraissent pas devoir être le type de rupture le plus déterminant. En effet, les portées entre piliers sont relativement faibles et la régression, jusqu’en surface, des cloches de fontis initiées par d’éventuelles chutes des premiers bancs de toit, toujours possibles à terme, bien que l’on en n’ait pas observé (nous n’avons cependant parcouru qu’une infime partie des secteurs exploités), est peu probable. Les épaisseurs de recouvrement mesurées dans les « aplombs », le plus souvent supérieures à 40 m, sont de nature à favoriser l’auto-colmatage des cloches de fontis par foisonnement des matériaux éboulés. Le risque d’apparition d’effondrements localisés (fontis) est par conséquent faible sur ce secteur.

5.2 STABILITÉ DES PILIERS

La charge supportée par les piliers, dans le secteur examiné, ne peut être évaluée que sommairement, dans la mesure où l’on ne dispose pas de plan faisant état de leurs agencements. Les faits démontrent cependant qu’une majorité des piliers observés a subi un chargement qui dépassait leur capacité de résistance, puisqu’ils sont rompus. Pour un taux de défruitement voisin de 75%, la contrainte en compression moyenne subie par ces piliers peut varier entre 3 et 3,6 MPa, avec une moyenne proche de 3,5 MPa sous la zone « rose » du plan de zonage de l’aléa. Ces valeurs excèdent la résistance à la compression uniaxiale à long terme du calcaire à astéries et ne sont donc pas infirmées par les observations (on peut signaler qu’à Saint-Germain-du-Puch l’effondrement généralisé s’est produit dans un secteur où la contrainte moyenne par pilier a été estimée voisine de 3 MPa).

Manifestement, nous ne sommes pas dans une configuration en tout point identique à celle de Saint-Germain-du-Puch, puisque la rupture effective des piliers, s’est produite sans effet dynamique, et à ce jour sans retentissement manifeste en surface. Un comportement semblable est constaté dans d’autres carrières du département. Il s’agit peut-être d’un phénomène de plastification du calcaire dans la section résiduelle des piliers, mais il est également possible que des reports de charges aient eu lieu sur des piliers frettés par des bourrages en périphérie des secteurs accessibles, ou que la largeur des extractions était faible en regard de leur profondeur sous les « Graves ». En l’état actuel de la connaissance de ces carrières, nous ne pouvons donc savoir si le raccourcissement des piliers rompus continuera de se produire de manière lente et progressive, jusqu’à stabilisation, et l’on ne peut donc écarter la possibilité qu’à terme des affaissements se manifestent en surface.

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6. Conclusion

La zone « rose » du plan de synthèse, produit par le Bureau des Carrières du Conseil Général de la Gironde en 2010, se différencie de la zone « rouge » qui l’englobe par sa plus forte épaisseur de recouvrement et la moins bonne connaissance de l’extension et de la géométrie des extractions dont elle a fait l’objet en souterrain. Le premier point, combiné au taux de défruitement apparent relativement faible des secteurs accessibles, plaide en faveur d’un risque faible d’effondrements localisés - type fontis - partout où il n’y a pas de superposition entre les niveaux d’extraction, comme indiqué de manière implicite dans la légende du plan. Le second point, par contre, laisse un doute sur l’état général du niveau d’extraction partiellement reconnu et sur le comportement de ses piliers à long terme, de même qu’il ne permet pas d’affirmer qu’il n’existe pas de niveaux d’extraction étendus, plus bas que celui partiellement reconnu. Ainsi, en l’absence de plus d’informations sur la géométrie et l’état des cavités présentes sous la zone « rose », on ne peut éliminer la possibilité que se produisent en surface des affaissements localement générateurs de tassements différentiels et de désordres. Ces incertitudes, si elles ne sont pas au moins partiellement levées, devraient conduire à classer cette zone au mieux en « jaune » (Inconstructible sauf remblayage intégral certifié).

Cependant, la possibilité d’édifier des « annexes » aux constructions déjà existantes sur l’actuelle zone « rose », peut être accordée, dès lors qu’il ne s’agit pas d’ouvrages ayant vocation à être habités, même de manière temporaire ou épisodique. Le principe, on l’aura compris, étant de ne pas augmenter le risque existant en augmentant le nombre de personnes exposées. La destination de ces ouvrages devra donc être soigneusement contrôlée, et des règles drastiques établies concernant leur surface (moins de 20 m2 et un seul niveau dans tous les cas) et leur éloignement des habitations existantes. Les pétitionnaires doivent être avertis du fait que ces terrains sont sujets aux affaissements et que les structures des ouvrages doivent être adaptées en conséquence (soit très souples, soit très rigides). Il en va de même pour les éventuelles piscines.

La surveillance des cavités présentes sous la zone « rose » devra perdurer tant qu’elle sera habitée. Il en va de même pour sa surface, tout désordre devant être signalé sans délai afin de s’assurer de son origine et prévoir les moyens adaptés à sa remédiation.

Annexe

Carte d’aléa pour l’établissement du PLU de la commune de CENAC

(Document du Bureau des Carrières)

Centre scientifique et technique

3, avenue Claude-Guillemin BP 36009

45060 – Orléans Cedex 2 – France Tél. : 02 38 64 34 34

Service géologique régional Aquitaine

Parc Technologique Europarc 24, avenue Léonard de Vinci 33600 – Pessac - France Tél. : 05 57 26 52 70