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Florilège de poèmes sur le thème "vivre le handicap"
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En 5e je suis entrée
Dès la première journée
Mme Bieber des jeux paralympiques nous a parlé
« Faites un exposé » : une semaine elle nous a donné.
J’étais avec Joséphine
Raphaël Voltz nous avons choisi
Ce sportif handicapé de tir à la carabine
C’est un alsacien, alors moi je dis « Youpi » !!!
Un sportif paralympique médaillé
Un coq blessé qui chante dans la basse-cour
Sur lui des recherches nous avons menées
J’ai découvert Romain Noble un escrimeur plein de bravoure
Et puis, il y a eu Alison Lapper
Faut pas en avoir peur
Et Grand Corps Malade
Ce grand slameur qui en béquilles se balade
J’ai enfin compris ce soir
Qu’la vie d’un handicapé n’est pas toujours noire
Mon regard a vraiment changé
En apprenant à mieux connaître ces corps blessés
Nadège H., 5è Vespucci
Handicapée
C’est comme ça que je suis née.
Ils me regardent d’un air gêné
Mais elle, elle me contemple, fière que je sois arrivée.
Quand je retrouve mes amis,
Je suis ébahie
Ils me parlent normalement
Pas comme ces gens qui me dévisagent étrangement
J’aime ma vie
Est-ce que je ne devrais pas sourire ?
Hé oui, je suis handicapée
Mais… ce n’est pas une fatalité !
Manon M., 5ème Magellan
J'étais là quand t'es né, mon frère adoré.
Les étoiles là-haut ont pleuré.
Le noir, la pénombre dans tes yeux.
Dehors le blanc et la lumière.
T'as grandi avec ce moins
Et t'en as fait un plus.
T'y vois rien
Mais ton cœur voit bien.
Ta vie n'est pas facile
Mais tu es tellement docile.
Ton esprit, ton corps toujours en mouvement
Plus rapide, plus futé… Tu es vraiment étonnant !
Innocenzo, 5è Vespucci
''A mon frère, Lucas"
La surdité, quel destin étonnant
Pour un bébé sorti du ventre de sa maman
Comme né mort enfermé dans sa bulle
Soudain dans un hôpital notre vie de famille bascule
« Votre fils est malentendant » voilà ce qu'ils ont dit à mes parents
Quelque temps plus tard il fut implanté
Un aussi joli mot pour une vie gâchée
Après cela notre vie a été bouleversée
Partout où on va on le regarde comme une bête de foire
Il a peut-être un aimant dans la tête mais il est normal, ça la plupart des
gens refusent de le croire
Je me rappelle encore ma mère en train de pleurer sur le canapé
Tout ça à cause d'un coup de téléphone qui a tout chamboulé
Je suis sortie de ma chambre pour espionner
J'ai tout entendu mais pas tout compris
« Lucas va aller en institut spécialisé » voilà ce qu'elle m'a dit
Devant mon regard interloqué ses larmes se sont remises à couler
Il y est donc allé dans cet institut
Et là malgré les galères il était en progrès continu
Puis arriva le jour où il dit son premier mot :"beurre"
Un mot si simple qui nous a donné tant de bonheur
Enfin arrivèrent la parole, les phrases, le CP, le CE1 et 2
Personne ne peut imaginer à quel point nous sommes heureux
De tout le chemin parcouru
Alors qu'au départ dans nos têtes il était perdu
En somme ce fut un grand moment de malheur
Pour un avenir de bonheur
Actuellement il a huit ans et profite de la vie normalement
Même si celle-ci a démarré difficilement
Pauline B., 5ème Magellan
Il vadrouille dans une ruelle
C’est un homme plein de charme
Avec sa démarche exceptionnelle
Parfois sur ses joues coulent des larmes
Avant il les regardait bizarrement
Avant tout était autrement
Avant de basculer
Dans le monde des handicapés
Maintenant c’est lui que les autres dévisagent
Pourquoi…
Pourquoi les personnes le regardent-ils ainsi ?
Etre handicapé n’est pas une maladie !
Ludovic S., 5ème MAGELLAN
Un beau jour de printemps
Alors que j’avais 16 ans,
Sur la route j’ai rencontré
Une voiture qui m’a percutée.
A partir de ce jour-là,
Rien n’était plus comme avant.
Assise dans mon fauteuil blanc, là,
J’ai vu la vie autrement.
Mes jambes ne pouvaient plus me porter
Et tous mes rêves se sont écroulés.
Alors j’ai beaucoup pleuré
Sur ma vie qui avait changé.
Je voulais faire la fête,
Chanter sur scène et être une starlette,
Chanter et faire mon show à la télé
Mais cette rencontre a tout chamboulé.
Alors maintenant pour être une star,
Même si je suis différente des autres
Je saurais pour me battre
Tout faire pour être une Handistar !
Alexandra D., 5ème Vespucci
Syndrome
C'est un homme nommé Crouzon
A ma maladie il a donné son nom
C'est la vie, c'est la réalité,
Ça a commencé dès que j’étais bébé
Vers dix mois ma première opération
Je n'étais même pas encore enfant
Je faisais l'objet de toutes les attentions
Mais j'en n’étais pas encore conscient
Né il y a 100 ans
Mort je serais sûrement
Vivant je suis content
Et j'espère encore pour longtemps
Parlons maintenant d’inconvénients
D'une pile je suis dépendant
Malentendant est mon handicap
Parle trop doucement et j'te zappe
Mon physique ne me déplaît pas pour autant
Ma vie me satisfait suffisamment
Pour que je sois de bonne humeur
Il me faut tout simplement un cœur
Mieux vaut être petit intelligent que grand teubé
Autant dire qu'à ce niveau-là,
Mon handicap n'influence pas
Et donc plus tard, je m'en sortirai
Alors cette vie insouciante que vous aimez tant
Moi je vous dis profitez-en
Prenez cette phrase sérieusement,
Car être handicapé, c'est pas marrant
Arthur S., 5è Vespucci
alias Petit Corps Malade
Ça n’arrive pas qu’aux autres !
Six heures du mat, le réveil sonne
Comme d’habitude il me crie dans les oreilles, « lève-toi ! »
Je sors du lit du bon pied, la journée sera bonne.
Dehors il fait gris j’entends les gouttes de pluie sur le toit
Direction la salle de bain et soudain plus rien
Dix-huit heures, je reviens à moi : ce n’est pas encore la fin
Les nouvelles ne sont pas bonnes, je ne vais pas très bien
Un A.V.C va faire de moi un handicapé
Le regard des gens a bien changé
Il me fait mal comme un coup d’épée
Aujourd’hui le temps a passé
Et les béquilles m’ont dit au revoir
Mes jambes me sourient à nouveau, je vais mieux
Je vais enfin pouvoir quitter mon pieu
Je marche au ralenti, mais je suis debout face au miroir
Même si les autres dans la rue me dépassent
Moi je sais que chaque jour je me surpasse
Victor Koeffel, 5è Magellan
Léa
Tôt ce matin, elle est née.
Avec déjà le dégoût d'exister.
Elle veut ralentir sa vie, y mettre une coupure.
Elle sait bien qu’elle prendra une autre tournure.
Je l'ai vue
Elle m'a vue.
Je marche vers elle, elle roule vers moi.
Elle m'a prouvé qu'elle ne voulait plus vivre comme une proie.
J'ai éprouvé de la compassion sans approuver son choix.
Alors je lui montre ce monde dont elle croyait avoir rêvé.
Ce monde est l'opposé de son monde à elle.
Ce monde est fait de regards désagréables pour elle.
Ce monde ce n'est pas celui qu’elle avait espéré.
Quelques temps après, elle m'ouvre les portes de cet endroit
Où la vie sourit, où tout le monde est joyeux.
C'est son monde à elle où les gens sont honnêtes et droits.
Son monde où même handicapé c'est être heureux.
J'me présente, appelez-moi Cléa
Au fait, elle, elle est infirme moteur cérébral.
Mais elle est comme toi ou moi, elle mène une vie normale.
Elle, elle est comme ma sœur, elle c'est Léa.
Lisa S., 5è Magellan
Moi, Antoine
Moi, Antoine, 13 ans,
Je suis né handicapé,
C'est la vie qui l'a décidé,
Et je le sais, c'est dur pour mes parents.
C'est très difficile à vivre,
Mon corps est ivre,
Je ne contrôle rien,
Mais parfois j'essaye de sourire et ça me fait du bien.
Je ne peux pas marcher,
J'ai du mal à parler,
J'en ai marre de cette vie,
Mon Dieu, aide-moi je t'en supplie !
Thérésa M., 5è Magellan
Mettre mon premier enfant au monde
Tout le monde dit qu'il sera immonde
Ce n'est pas parce que je suis handicapée
Que mon enfant sera condamné
Quelques temps plus tard
Un soir à la maternité de Colmar
Un enfant est né handicapé
Il était tout crispé ce petit bébé
J'ai commencé à pleurer comme une madeleine
J'ai fondu en larmes comme une fontaine
Les sages-femmes m'ont dit que j'étais devenue maman
Jusqu'à la fin des temps
Après cinq jours je suis rentrée chez moi
Avec ma petite Sarah dans mes bras
Je vois les gens nous regarder avec pitié
Mais j'essaye de les ignorer
Mon enfant chérie a grandi
Je lui avais bien dit qu'elle mènerait une vie
Comme toutes les autres filles
Qu’elle a pour amies
Mallaury B., 5ème Magellan
Je vais vous parler d’une personne qui m’est che re Une personne importante a mes yeux C’est la me re de ma me re Et c’est quelqu'un de fabuleux Six mois apre s ma naissance, sa vue diminue C’est une maladie ge ne tique qu’elle a eue Comme beaucoup de gens de sa famille, la maladie de Leber Tel est le nom de son calvaire Le brouillard l’entoure Mais elle sort de chez elle tous les jours Je suis convaincu que chaque pas est difficile Car me me faire les courses ce n’est pas facile Je l’ai toujours connue comme ça Et moi ça ne me de range pas Son courage, je l’admire Car elle a toujours d’autres obstacles a gravir Mon armoire est remplie de livres gra ce a elle Elle nous ga te de s qu’elle peut C’est une mamie sensationnelle Et ma sœur et moi l’aimons tous les deux Je suis e mu par sa bataille Je voudrais que jamais elle ne s’en aille Je kiffe quand elle vient ici Je l’aime, et ça pour toute la vie !
Pierre B., 5ème Magellan
Je suis né sans la vue
Mais je n'ai pas tout perdu
Le goût, le toucher et l'ouïe
Sont les sens que j'utilise petit à petit
L'amitié, la gaieté et l'envie
Sont l'essence de ma vie
La lumière du jour est pour moi la pénombre de ma nuit
Mais tu es toujours là, mon ami
Mon chien fidèle,
Mon arc en ciel
Chaque jour, à mes côtés
Tu veux bien m'aider
Tu veux bien m'accompagner
Tu veux bien avec moi traverser
La rue, les obstacles et toutes les épreuves
De patience et d'attention tu fais preuve
Si je ne vois pas les couleurs
Avec toi, elles sont dans mon cœur
Et pour moi c'est ça le bonheur !
Clotilde M., 5è Vespucci
Le jour où t'es tombé
J'ai voulu t'rattraper
Mais malheureusement j't'ai loupé
Et là t'es tout cassé
C'est pas parce que t'es handicapé
Que personne va t'aimer
Même si t'es plus souvent comme la Vache qui rit
Et que t'as à présent plein de soucis
Même si ce que tu fais maintenant
C'est plus dur qu'avant
Faut pas te laisser aller
Montre que tu peux résister
Laurine S., 5ème Magellan
Ma mère m’a amenée au collège,
Durant le trajet un camion nous est rentré dedans,
Je me suis retrouvée piégée dans cette coque de métal au moteur
fumant.
Je me suis réveillée dans une pièce blanche avec des personnes
roses et vertes,
A côté de moi, il y avait un fauteuil roulant. Alerte !
Au secours ! A l’aide ! Aidez-moi !
Une personne habillée en rose et une autre en vert ont couru vers
moi.
« Vous êtes paralysée » voilà ce qu’elles m’ont sorti !
Avec mes parents et mon handicap, de l’hôpital nous sommes
partis.
A la maison j’ai appris à vivre avec mon fauteuil roulant.
C’était énervant !
Bizarrement, les personnes me regardaient.
N’importe comment, elles me parlaient.
Arrêtez d’avoir pitié de moi, je n’y peux rien !
Je dois juste retrouver la joie et l’envie de vivre le quotidien.
Joséphine P., 5ème Vespucci
Couchée dans mon lit d'hôpital
Je regarde les heures passer
Clouée là comme une tebé
Moi j'trouve pas ça normal
J’peux plus bouger
Comme un animal blessé
La paralysie est une maladie
Qui te bouffe et t'asphyxie
Rien à faire de la journée
A part peut être essayer d’oublier
Ce qui t'est arrivé
Ce jour-là j'ai tout perdu
Un gros coup de vent est apparu
Qui a tout chamboulé
Qui a tout emporté
Mes souvenirs, mon futur mais surtout ma mobilité
Alors j'essaie d'être forte, d'aller de l'avant
De ne pas m'attarder sur des rêves délirants
Je fais un pied de nez à la réalité
Pour lui montrer que ce n'est pas elle qui va gagner
Non, je vais tout faire pour la combattre
Et croyez-moi je vais la battre !
Morgane D., 5ème Magellan
Je vais vous présenter mon amie
Son nom est Fanny
Elle est handicapée
Depuis qu’elle est née
Tout le monde se moque d'elle
Tout le monde dit qu'elle n'est pas belle
Tout le monde croit qu'elle ne peut rien faire
Sans l'aide de sa mère
Sa mère lui a dit
Que si quelqu'un l'embête
Elle doit penser à sa vie
Et lui dire qu'il est bête
Mais maintenant elle a une amie
Qui a un cœur gros comme le monde
Sur qui elle peut compter toute sa vie
Et avec laquelle elle rêve de vérifier si la terre est ronde !
Léa S., 5ème Magellan
Ma Nouvelle Vie
Avant j'étais une fille comme les autres.
Des amis, des sorties et des rires entre autres.
J'aimais partir, jouer, j'avais les rêves plein la tête.
Je mordais la vie à pleine dents : c'était la fête !
Mais un jour, pour moi, la vie a changé.
Tout a basculé : je suis devenue handicapée.
Ce mot est encore difficile à prononcer.
Je devrais être contente, j'aurais pu y passer.
C'est difficile la vie au quotidien.
Tous les gestes sont réfléchis ; un rien
Pour moi veut dire beaucoup d'efforts.
Mes parents m'aident et ils m'aiment très fort.
Mon accident m'a ouvert les yeux.
Depuis je sais ce que je veux.
Je veux la vie, je veux l'amour.
Je veux la joie, je veux l'humour.
Et que surtout personne ne me dise,
Que je dois être à plaindre d'être assise ...
J'ai accepté mon handicap et j'ai envie de vivre.
Et quoiqu'il m'arrive j'aime à le dire.
Pensez-y quand vous êtes malheureux,
Baisser les bras n'est vraiment pas mieux.
Maïlis V., 5ème Vespucci
Un verre de trop !
Un jour, une fête, un verre de trop.
Un virage mal engagé et c'est le K.O.
SAMU, pompiers, mode hôpital.
Le verdict tombe, et ça fait mal.
Chaise roulante, tétraplégique
Plus d'espoir, fin de nuit tragique.
Le lendemain réveil brutal,
Mais je suis en vie : c'est fondamental !
Je réapprends les gestes de la vie
Mais vu d'en bas tout paraît plus petit.
Je ne marche plus, je roule
Dans mon fauteuil, je me faufile dans la foule.
Je suis comme toi
Tous les jours je me bats
Différemment
Mais pas autrement.
Je lève les yeux, je suis les étoiles,
Le ciel est bleu, je me dévoile.
Je fais du sport, je me dépense,
Je gagne des coupes, on me récompense.
Certains naissent handicapés,
D’autres le deviennent.
Ce n'est pas une fatalité,
Faut juste que l’on se comprenne.
Ne pas juger le handicap,
Apprendre à le dépasser.
Passer le cap,
Et avec de la volonté, tout recommencer !
Dylan, 5è Vespucci
Je me lève tôt, à six heures du matin,
Enfin, je m'assieds plutôt sur mon fauteuil roulant
La neige a recouvert tout mon jardin,
C'est l'heure, j'entends des oiseaux chantant
J'ai 12 ans et déjà en fauteuil roulant j'me balade
Je ne me plains pas, je pourrais être plus malade
Mais la vie n'est pas aussi facile qu'avant
Avant que je ne subisse les conséquences de cet accident
Avant que je ne sois sur ce charriot aussi dépendant
Le jour se lève, me secoue, faut y aller
Ce n'est pas toujours facile mais j'ai la rage au ventre
Le collège, les autres, j'préfère ne pas en parler
Tous ces regards sournois quand dans la salle j'entre
J'aimerais être comme eux mais en même temps je le sais ;
Le handicap, c'est vrai, m'a fait grandir et avancer
Des amis, j'en ai, mais beaucoup pensent que de m’avoir comme cama-
rade est une mauvaise idée
Le handicap, faut pas le voir comme une pénalité
Je suis vivant, j'ai échappé à la mort et ça jamais je ne l'oublierai ...
Paul V., 5ème Vespucci
Ce recueil contient une sélection de poèmes composés par les élèves des
classes de 5° Magellan et 5° Vespucci du collège Jean-Jacques Waltz de
Marckolsheim. Cet atelier d’écriture a été réalisé en prolongement de
l’étude des textes de slam "Midi 20" et "6° sens" de Grand Corps Malade.
Mars 2013
"Parfois la vie nous teste et met à l'épreuve notre capacité d'adaptation
Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c'est un 6ème qui les délivre
Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction
Ce 6ème sens qui apparaît, c'est simplement l'envie de vivre…"
Extrait du slam "6° sens"
Grand Corps Malade, Midi 20 (2006)