61 : MIREILLE DARC

LA GRANDE SAUTERELLE

Mireille Darc, fille d’épiciers d’origine Suisses naît à Toulon le 15 Mai 1938 sous le patronyme de Mireille Aigroz.Ses parents ont déjà deux grands fils à la naissance de Mireille, la petite dernière que l’on attendait plus.Dès les premiers bruits de bottes nazies, la famille Aigroz évacua la petite dernière mise en sécurité chez sa tante Claire en Suisse, pays à la neutralité bienveillante.

Elle y grandira paisible dans les jolies robes que lui confectionne sa tante, allant à l’école en skis l’hiver.Chose qui ne lui a laissé aucun souvenir et qu’elle aurait été bien près de nier plus tard si la judicieuse tante Claire n’avait photographié, preuve irréfutable, la petite écolière sur ses skis.La fureur nazie éradiquée, Mireille reviendra à Toulon retrouver sa famille, une famille qu’elle avait eu le temps d’oublier durant toutes ces années passées chez les Helvètes.

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Mireille a toujours rêvé d’être une actrice et c’est avec un prix d’excellence qu’elle sortira du conservatoire.

Dès le début de sa scolarité, la petite Mireille Aigroz ne trouva pas de quoi se pâmer dans les matières enseignées à l’école mais se passionna d’emblée pour la lecture et bientôt pour la récitation.

Ce don pour réciter « Le Corbeau et le Renard » lui vaut un joli succès dans la cour de l’école, succès que les jolies robes de tante Claire, maintenant trop petites et raccomodées jusqu’à la trame ne lui permettaient pas d’espérer.

Lorsque Mireille découvrit qu’il existait un conservatoire et que réciter du texte s’apprenait et pouvait devenir un métier, elle en fut si stupéfaite qu’elle en tomba de bicyclette le nez fiché dans un rail de tram mais sut d’emblée qu’elle avait trouvé sa voie.

Elle fera pas mal de théâtre avant de « monter à Paris » comme toute future star qui se respecte, à la fois pour acquérir un minimum d’expérience mais aussi avoir gagné suffisamment d’argent pour faire corriger un nez qu’elle déteste et qui est cabossé depuis la chute en vélo.

Elle fera mille et un petits métiers pour compléter ses maigres cachets, dont celui de promeneuse de chiens qui ne lui laissera pas un souvenir émerveillé.

C’est en 1959 qu’elle posera ses valises sur le bitume de la capitale et entrera dans la ronde des starlettes aussi anonymes qu’ambitieuses qui assiègent les agents et les producteurs.Pour Mireille, malgré ce joli nez flambant neuf, les choses ne sont pas gagnées d’avance.

En 1959, Brigitte Bardot tient le haut du pavé, la femme pulpeuse et glamoureuse est à l’honneur, Martine Carol, Sophia Loren, Gina Lollobrigida, Magali Noël, voilà ce que le public veut voir et si la jeune débutante trouve enfin sa chance, c’est grâce à son côté nunuche et maladroit plus qu’à son charme qu’elle le doit.

Elle passe presque inaperçue dans l’ombre fabuleuse de Brigitte Bardot dans « La Bride sur le Cou », film nulissime en diable, mais Mireille est patiente, Mireille observe, apprend, se fait des amis, bref, Mireille s’incruste avant de s’imposer.

Plus tard, tout le monde affirmera « avoir vu tout de suite » le potentiel de la petite nouvelle, tout le monde l’aura découverte, jusqu’à Michel Audiard qui affirmera : « C’est moi qui ai découvert Mireille quand elle jouait au « Grenier de Toulouse » avec son ancien nez ! »

Il me semble pourtant que c’est Jean Girault qui lui fera confiance le premier en lui confiant des rôles importants dans « Un Grand Seigneur » et « Pouic-Pouic ».Dans ces deux films devenus des morceaux d’anthologie, elle a Louis de Funès comme partenaire et s’impose à la fois dans le cœur d’un public populaire et dans l’univers de « la bande à Fufu ».

Mireille Darc passe de Louis de Funès à Jean Gabin mais reste sur le trottoir pour « Monsieur » de Jean-Paul Lechanois.Elle continuera une honorable carrière de « respectueuse » dans des comédies sans forcément beaucoup d’envergure, mais le public lui voue une véritable amitié et Mireille s’est constituée une véritable « famille » au cinéma.Elle sera la dernière venue d’un cinéma familial et bon enfant.

Cinéma qui connut son heure de gloire dans les années 50.Un cinéma où les seconds rôles avaient autant d’importance que les premiers et où le public retrouvait avec délectation ces mêmes acteurs dans les mêmes rôles de film en film : Jean Carmet, Darry Cowl, Dora Doll, Louis de Funès, Jane Marken, Noël Roquevert,

Jeanne Fusier Gir, Carette, Micheline Luccioni ou Gabrielle Fontan.

C’est là que Mireille trouve son premier « emploi », celui de gentille pute à bon marché.Appelons un chat un chat.

Georges Lautner, Michel Audiard, Louis de Funès sont ses potes, sa bande de copains, elle est la seule fille de la bande, celle qui est aimée de tous, elle est la mascotte du groupe et peut-être bien de ce cinéma qui passait pour un cinéma vulgaire et populaire aux yeux de certains « créateurs » inspirés qui bouderont Mireille pour longtemps.

Sans doute par esprit de contradiction, elle tournera pour Godard qui ne déteste pas une jolie star bien bankable dans ses films.Incursion dans la nouvelle vague et dans son univers qui ne laissera pas une impression éblouissante à Mireille Darc, en fait elle n’en gardera aucune impression du tout, préférant nettement bien rigoler avec Lautner et Audiard que de se prendre le chou avec un nabot masturbatoire qui n’a même pas le bon goût d’être poli.

Egérie d’un cinéma dont elle est singulièrement la benjamine, Mireille Darc est néanmoins une femme bien de son temps et solidement plantée dans son univers.Elle a, elle aussi tâté du théâtre parisien. Elle a enchaîné trois pièces ; « Les Femmes aussi ont Perdu la Guerre », « Photo-finish » avec son copain Bernard Blier et enfin « Pieds Nus dans le Parc » avec Jean-Pierre Cassel.

Même si les deux dernières ont fait des triomphes, Mireille Darc ne se sent pas heureuse sur une scène, dévorée par un trac fou alors que sur un plateau de tournage elle se sent chez elle.C’est le film dans son ensemble qui l’intéresse infiniment, plus que le fait de simplement jouer.

C’est Brigitte Bardot qui va bien involontairement faire de Mireille l’emblème de toute une génération, le symbole d’une nouvelle liberté d’être et de penser pour les femmes.

En 1965, Brigitte refuse un scénario pourtant écrit pour elle : « Galia ».Mireille Darc en hérite et le film fait l’effet d’une véritable bombe.

Plus qu’un succès public, le film devient un véritable phénomène de société et en quelques semaines, toutes les françaises veulent être Galia.Toutes s’acharnent à copier sa fabuleuse coupe « à la Mireille Darc », carrè boule parfait aux racines toujours impeccables sans se rendre compte une seule seconde qu’il s’agit souvent d’une perruque à l’écran.

« Galia m’a propulsée au rang de grande vedette du jour au lendemain, ça ne veut pas dire que le film m’a propulsée au rang de bonne actrice ! »Quoi que l’on en dise, les premiers pas du MLF auront le charme et la frange blonde de Mireille Darc dans Galia.Et que Mireille Darc ait pris parti contre l’avortement ne changea rien à la fascination et l’influence qu’elle exerçait alors.

Natalie Wood, Mireille, Sylvie Vartan et Alain DelonComme pour Brigitte près de dix ans plus tôt avec « Et Dieu créa la Femme », l’osmôse entre l’actrice et le personnage est complet, intégral, car si Brigitte était Juliette, Mireille est Galia.Si le film avait été écrit pour elle, il l’aurait été exactement de la même façon. Galia est le miroir de Mireille.

Mireille est la parisienne 1965 : belle, libre, indépendante, exentrique et fantasque, sans compromis, sans souci du qu’en dira t’on.

Galia tire un trait définitif au rouge à lèvre sur les gentilles putains que Mireille Darc incarna dans sa première partie de carrière et même si ses futurs prsonnages se prostituent toujours allègrement, leur genre sera ailleurs, il ne sera plus question de poireauter la nuit sous un réverbère, frigorifiée dans un minable petit ciré noir.Après avoir été l’élément coquin et polisson à bon marché d’une aimable série de films, Mireille devient un « sex symbol » et dorénavant elle sera le personnage principal des films où elle apparaît.Mireille est une star.

Une star avec un luxueux triplex avenue Kennedy, une garde-robe très avant gardiste de chez Courrèges et Laroche, une Porsche, une Maserati, une Mini pour le shopping en ville.Plus tard elle déclarera : « Oh ! Je suis beaucoup plus simple qu’avant, je n’ai plus qu’une simple Porsche maintenant ! »

Une star qui garde malgré tout l’amitié du public, car c’est bien d’amitié qu’il s’agit, on aime Mireille Darc, Mireille Darc gentille fofolle peut tout se permettre aux yeux d’un public qui lui passe tous ses caprices.

J’en veux pour exemple qu’elle posa nue bien plus souvent que Brigitte Bardot et que cela ne lui valut qu’une bienveillante admiration alors que B.B. se fit traîner dans la boue par la France bien pensante et le Vatican soi-même.

Mireille est donc une star qui croise un jour Alain Delon dans la rue et lui sourit.Bientôt ils seront partenaires, elle le sait, dans « Jeff ».A l’heure du tournage de « Jeff », Alain Delon est le plus célèbre des acteurs français avec son pote Jean Gabin et le fantasme interplanétaire absolu.Mireille, selon les gazettes bien informées, serait de son côté très en affaires avec Valéry Giscard D’Estaing.

Après Danick Patisson et Romy Schneider qui ont partagé sa vie, Alain s’est marié avec Nathalie, mère de son fils Anthony.Mais à l’heure du tournage de « Jeff », Alain et Nathalie vivent un divorce difficile et l’humeur d’Alain n’est pas franchement à la bonne rigolade franchouillarde !La ravissante Madly, jeune fille à la peau d’ébène a succédé à Nathalie dans la vie de l’acteur.L’humeur d’Alain Delon est d’autant qu’un de ses proches a été retrouvé assassiné d’une balle dans la

tête et une certaine frange du pblic aimerait bien faire « tomber » Delon, l’acteur à la réussite un peu trop insolente.Mireille, déjà impressionnée par l’acteur n’en mène pas vraiment large, mais après tout elle est là pour faire son travail, tant pis si son partenaire a des états d’humeur.Tant pis ou tant mieux.Bien que submergé par ses problèmes privés, Alain ne reste pas insensible à cette jolie blonde drôle et délurée.

« Jeff » marque le début de leur histoire d’amour, une histoire qui va durer quinze ans.Darc-Delon, ce sera le couple glamour des années 70, symbole de réussite, de talent, exemple de bonheur que rien ne semble pouvoir ébranler.Mireille sera huit fois la partenaire d’Alain au cinéma sans jamais l’épouser dans la vie et aura une relation au beau fixe avec le fils d’Alain.Bref tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.Mireille Darc est follement heureuse dans la vie et sur l’écran. Heureuse au point de partager un temps Alain Delon avec la belle Madly toujours dans sa vie.Le couple s’aménage un luxueux appartement à Paris, Quai Kennedy et un rez de jardin dans l’immeuble que l’agent d’Alain, Georges Beaume, possède à Aix en Provence, plus tard ils achèteront un domaine à Dauchy dans le Loiret et un Riad à Marrakech.

Même si elle a virtuellement mis sa carrière en veilleuse pour être un maximum avec Alain, elle tourne encore régulièrement et s’offrira quelques succès d’anthologie dont : « Elle Fume Pas, Elle Boit pas, Elle Drague pas mais…Elle Cause », « Le Grand Blond avec une Chaussure Noire » ou « Le Téléphone Rose ».Pour toute la décennie, Mireille est l’actrice la plus populaire de France.La presse se pâme sur sa réussite qui ne peut guère se comparer qu’à celles de Marlène Jobert, Brigitte Bardot et Annie Girardot à la même époque.Bardot s’éloigne, Moreau et Schneider donnent dans le prestige et la composition et Deneuve l’hiératique est plus qu’une actrice, elle est un symbole : celui du cinéma Français et de l’élégance parisienne, elle est célèbre, elle n’est pas populaire.La popularité c’est Mireille.Mireille et Alain.Mireille Darc commente sa réussite professionnelle par ces mots : « Quelle réussite ? On ne peut jamais dire qu’un acteur a réussi ! Il vient peut-être d’être prodigieux dans son dernier rôle mais peut complètement se vautrer dans le suivant ! On ne peut de juger de la réussite d’un acteur qu’en faisant le bilan de sa carrière après sa mort ?. Or, il se trouve que je ne suis pas morte ! »

Bien sûr il y aura quelques orages dans le ciel des plus célèbres amoureux de France (Ciel qui restera médiatiquement toujours bleu, Alain Delon n’aimant pas que l’on se mêle de ses affaires et les échotiers de bas étages se le tenant pour dit).Comme cette scène digne d’un excellent film qui marqua longtemps la mémoire amusée de Guilia Salvatori.Alain Delon était un habitué de la maison des Salvatori à Rome, les murs de l’ancien Palazzo avaient résonné des tempêtueuses querelles avec Romy Schneider, vécu l’épisode conjugal avec Nathalie, c’était maintenant un calme ensoleillé de la blondeur de Mireille.Jusqu’à ce que la femme de chambre glisse à Mireille une phrase du style : « J’ai remis la lingerie que vous avez oubliée la dernière fois dans votre valise ».Mireille n’identifiant pas la lingerie en question, Alain Delon reçut un plat de spaghetti en pleine poire.Mireille continua ensuite son repas, souriante, Alain aussi malgré les pâtes qui lui dégoulinaient dans le cou.Mireille déclarait à propos d’elle-même « Je vis au présent, le passé n’a pas d’intérêt puisqu’on ne peut plus rien y changer, quant à l’avenir, j’y pense parfois, il m’arrive même de faire des projets, mais sans plus ! »Le temps passe, semblant ne pas avoir de prise sur le couple et sa belle histoire d’amour jusqu’à ce que la nouvelle éclate au début des années 80 : Alain Delon et Mireille Darc se séparent.Alain Delon, sur le tournage de son dernier film « Pour la Peau d’un Flic » tombe amoureux de sa jeune partenaire Anne Parrillaud.

Le couple avait réussi la prouesse extraordinaire de tenir le pubic en haleine durant quinze ans avec une belle histoire d’amour où…Il ne se passait rien.Delon et Darc ce n’était pas Johnny et Sylvie et encore moins Sheila et Ringo.La France est boulversée, la presse cherche l’intruse, le fauteur de trouble, on extrapole on invente des fautes, des raisons, on cherche et on est bien en peine de trouver.La raison est incroyable dans sa simplicité : Alain Delon quitte Mireille Darc parce qu’elle ne peut pas lui donner d’enfants.Anne Parrillaud n’est que le détonateur d’une rupture qui couvait.Enfant, Mireille Darc avait souffert d’angines à répétitions qu lui avaient épuisé le cœur. L’actrice ne peut ni courir, ni faire du vélo ni même porter ses valises, hors de qestion bien entendu d’envisager un accouchement.Alain le savait, et l’état de sa compagne s’aggravant, il avait été à ses côtés lorsque l’opération à cœur ouvert était devenue inévitable, mais maintenant que Mireille est guérie, Alain s’éloigne.Mireille Darc elle-même n’y croit pas, ne peut pas se faire à l’idée, l’idée de la vie qui continue sans Alain.

L’acteur avait déjà son fils Anthony, fils pour qui il avait voulu être un père modèle, idéal, incarnant Zorro à l’écran parce que le petit garçon aimait le personnage.Mais Anthony grandissait, Alain voulait lui donner des petites sœurs, des petits frères, Alain voulait une famille, il ne voulait plus d’un couple.Ou plus exactement il ne veut plus s’en contenter.Mireille ne le sait pas encore, mais les années 80 seront pour elle des années noires.Après les années 60 de l’insousciance et du succès, les années 70 du grand amour, les années 80 présenteront l’addition pour 20 ans de bonheur, une addition lourde à payer.

A peine remise de son opération à cœur ouvert et souffrant encore de sa rupture, en Juillet 83 elle se fracasse en voiture dans le tunnel du Val d’Aoste.

Etrangement, comme tenaillée par un sombre pressentiment, Mireille Darc autrefois folle de bolides avait maintenant peur en voiture.Elle est alors en pleine rupture avec Alain mais il sera à son chevet lorsqu’elle se réveillera, c’est lui qui se chargera de la faire transférer dans une clinique de Genève et qui rassurera les journalistes sur les marches même de l’hôpital où Mireille a été emmenée inconsciente.

Le lendemain de l’accident de Mireille Darc, je transitais par l’Espagne, en partance pour l’Afrique. Il y avait une cohue monstre devant les kiosques à journaux et les librairies, dès le petit matin. Des groupes de personnes s’agglutinaient autour de ceux qui avaient déjà le journal et tous lisaient les mêmes manchettes, qu’ils soients Espagnols, Anglais, Français, Allemands ou Belges : Mireille Darc était entre la vie et la mort.Toutes les « Une » montraient la Mercedes de l’actrice réduite en bouillie et sur toute la Costa del Sol la vie était comme suspendue, en attente.En attente des nouvelles de Mireille, Mireille que tout le monde aimait infiniment.Celine Colassin

On souhaita qu’Alain Delon revienne sur sa décision et que le couple se retrouve pour faire face à l’adversité qui frappait l’actrice avec insistance.Il n’en fut rien.Cette décision irrévocable ébrècha quelque peu l’admiration que le public portait à Alain Delon, la première faille qui mènera au désaveu et fera d’Alain Delon un acteur maudit après avoir été l’idole des foules.Bien sûr le public ne bouda pas les films d’Alain Delon parce qu’il quittait Mireille Darc, mais cette rupture ne fut pas pour rien dans cette attitude.Mireille se remit de ses blessures de corps et de cœur après avoir attendu en vain le retour d’Alain.Mireille devait se refaire une vie avant de se refaire une carrière, elle surmonta sa peine, partagea sa vie avec le journaliste Pierre Barret, directeur d’Europe 1 qui

décède en 1989 après une transplantation du foie pourtant réussie.Mireille est alors au cœur d’une polémique très médiatisée : on lui reproche de toucher ses indemnités de chômage auxquelles elle a droit et comme le font la majorité des comédiens.Pourquoi Mireille Darc fut-elle personnellement visée parmi la totalité des acteurs reste pour moi un mystère mais cette attitude hostile ne l’encouragea pas à reprendre le chemin des tournages.Eloignée depuis longtemps des plateaux, c’est la télévision qui la remit à l’honneur en lui confiant un rôle important dans une grande saga d’été.Le succès fut colossal, le public attendait sa Mireille qu’il aimait tant depuis si longtemps.Depuis, fière de ses succès télévisés et de sa beauté qui semble éternelle, Mireille Darc, scandaleuse de jeunesse à 70 ans passés se partage entre les plateaux télés et son mari l’architecte Pascal Desprez.

Alain Delon est resté son ami fidèle, à deux ils prendront le chemin du théâtre pour « La Route de Madisson ».La salle sera comble, la magie agira toujours et lorsqu’à la fin du spectacle Alain embrasse tendrement Mireille sur la joue et le public est bouleversé.Mireille Darc semble garder éternelles sa jeunesse et sa beauté.Mais le temps, inexorablement la rattrape encore.Son mari se rend compte que durant le sommeil de Mireille son cœur ne bat pas régulièrement.Il l’incite à consulter et le diagnostic est inexorable.

Si Mireille veut vivre, il faudra une nouvelle opération à cœur ouvert.L’actrice s’en remet à dieu et à ses médecins.Elle accepte l’opération et se fait hospitaliser dans le plus grand secret.L’opération est un succès. Mireille Darc va vivre.En Novembre 2013, Mireille Darc et Alain Delon sont à nouveau réunis. mais les circonstances sont bien tristes. il s’agit de rendre un dernier hommage à leur ami de toujours Georges Lautner. Il avait dirigé Mireille treize fois et Alain Delon deux fois.

QUE VOIR ?

1960 : La Revenante : Mireille débte dans ce court métrage de Jacques Poitrenaud

Les Distractions : Les Vrais débuts dans l’ombre de Belmondo.

Mourir d’Amour (La Mort a les Yeux Bleus) Mireille est la domestique du couple Paul Guers-Nadia Gray, le premier zigouillant la première sous l’œil évaporé d’Elga Andersen en bikini !

1961 : La Bride sur le Cou : Petite assistante timide parachutée dans l’univers de la mode, le personnage de Mireille, très falot, est professionnellement tenu de gérer quelque peu la fantasque Brigitte Bardot.C’est raté.

Les Nouveaux Aristocrates : Les soucis d’un adolescent passant de l’enseignement laïc à celui d’un jésuite, alias Paul Meurisse. Maria Mauban la très belle est la mère de ce studieux individu pré soixante-huitard, Galabru est jésuite lui aussi et Mireille s’appelle Milou !

Mourir d’Amour : Mireille arrive après Nadia Gray et Elga Andersen dans ce film qui n’a laissé de souvenir à personne malgré les présences de Paul Guers et Daniel Ceccaldi

1962 : Virginie : Les rôles de Mireille Darc s’étoffent enfin, mais elle a droit à Roger Pierre et Jean-Marc Thibault pour partenaires !

Les Veinards : Mireille dans un film à sketches où elle partage la distribution du sien avec Yvonne Clech, Guy Tréjean et François Périer. Louis de Funès, Darry Cowl et Jacqueline Maillan complètent l’affiche.

1963 : Pouic-Pouic : Le film est devenu culte à cause de l’ouragan déchaîné que forme le couple Louis de Funès-Jacqueline Maillan sous le regard condescendant de Christian Marin plus débonnaire que jamais. Quant à Mireille, elle semble trouver tout absolument normal (personnellement c’est ce qui m’amuse le plus !)

Des Pissenlits par la Racine : Mon dieu que c’est mauvais ! Impossible à avaler.

1964 : Monsieur : Mireille ex bonne de Jean Gabin devenue respectueuse devient ensuite sa fille dans un film gâché par Liselotte Pulver mais sauvé par Philippe Noiret, Gabrielle Dorziat et Gaby Morlay dans son ultime apparition à l’écran.

La Chasse à l’Homme : Mireille ne fait qu’une courte apparition en respectueuse du bois de Boulogne face à Belmondo.

Les Barbouzes : Réunir les Tontons Flingueurs ne fait pas automatiquement un bon film, la preuve : celui-ci est désastreux !

1965 : Les Bons Vivants : Mireille est déchaînée, maîtrise son personnage de respectueuse avec beaucoup d’énergie face à une Bernadette Lafont littéralement époustouflée par la tornade blonde.

1966 : La Grande Sauterelle : Le personnage de Mireille est surnommé « La Sauterelle » pour sa faculté (le croiriez-vous,) à sauter d’homme en homme, cela étant dit, le sobriquet lui resta longtemps ! Cette particularité n’est pas particulièrement soulignée dans le film qui a tendance à se complaire dans les décors de Beyrouth avant le carnage plutôt que dans l’action proprement dite. En un mot comme en cent, c’est bien filmé et plein de soleil mais on s’ennuye.

Du Rififi à Paname : Très belle et un peu potiche, Mireille, péripatéticienne pousse les hommes à leur perte, la vilaine fille, dans un film avec Gabin et où, hélas, aucune scène ne les réunit.

Ne Nous Fâchons Pas : Si vous riez quand Jean Lefèbvre reçoit des baffes, ça va vous plaire, sinon…

A Belles Dents : Mireille nous offre une étonnante démonstration de la mode psychédélique en vigueur à l’époque dans les milieux biens informés des dernières tendances incontournables.

1967 : La Blonde de Pékin : Mireille Darc retrouvée amnésique et endormie nue sur un banc, voilà qui commençait bien, je n’en dirai pas autant de la suite ! Quelle bêtise !

Week-End: Film de Godard. C’est Mireille Darc qui souhaitait changer de registre et avait sollicité Godard, il avait lançé un laconique « d’accord » suivi d’un « Mais je ne vous aime pas ». Le tournage débuta par une scène ou Godard obligea Mireille et Jean Yanne à se rouler dans la boue et se termina par une scène où ils faillirent brûler vifs.Seul bon moment du film : Mireille se sauve en courant d’une voiture qui va (vraiment) exploser et s’écrie : « Merde ! Mon sac ! Un sac de chez Hermès ! » Godard conserva ce cri du cœur au montage.

1968: Fleur d’Oseille: Un truand est abattu, sa veuve a-t-elle son butin ? C’est ce qu’aimeraient savoir le comissaire Maurice Biraud et André Pousse, truand guère aimable ! Dans ce film, Mireille s’appelle Aigroz., Paul Préboist nous fait son numéro habituel, le tout reste très plaisant à voir et les dialogues d’Audiard plaisants à entendre. « Y’en a qui dise que c’est ta méchanceté qui sort par ce furoncle, moi je crois plutôt que c’est ta connerie »

1969 : Jeff : Film de la rencontre mythique Alain Delon-Mireille Darc. Un couple est né.

Madly : Mireille (scénariste) aime tellement Alain Delon (producteur) qu’elle accepte (semble-il) la présence de sa maîtresse Africaine sous son toit.

Gonflé à Bloc : Un OVNI à la distribution ahurissante dont Bourvil, Tony Curtis, Marie Dubois, Mireille et…Dudley Moore ! Il s’agissait de donne rune suite à « Ces Merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines »

1970 : Elle Boit pas, Elle Fume pas, Elle Drague pas mais…Elle Cause : Ne boudons pas notre plaisir : Annie Girardot pète la forme, Mireille est époustoufflante et Sim est hilarant.

1971 : Fantasia chez les Ploucs : Jean Yanne et Lino Ventura sont cousins dans un film débile et Mireille

Darc, strip-teaseuse de son état vit dans un short de diamants.C’est dans ce film que Mireille aura la distinguée réplique qui s’adresse à Jean Yanne fasciné par sa beauté : « Rembobine ta langue, pépère, tu mouilles ta chemise ! » J’allais presque oublier, sous le coup de cette poésie la prestation hallucinante d’un Jacques Dufillho en état de grâce.

Il Etait une Fois un Flic : Restée veuve avec un petit garçon d’un caïd de la mafia, Mireille doit supporter chez elle le flic Michel Constantin qui se fait passer pour le frère du défunt. Tête de Mireille !

Laisse Aller, c’est une Valse : Il faut bien reconnaître que le film n’est pas très réussi, mais le tandem Mireille Darc-Jean Yanne, il n’y a rien à dire, ça fonctionne !

Le Grand Blond avec une Chaussure Noire : Pierre Richard accède au statut de star, mais la vraie vedette du film, c’est la robe de Mireille Darc au décolleté insensé dans le dos.

1973 : La Valise : Pour des raisons trop longues à expliquer, Mireille et Michel Constantin trimballent Jean-Pierre Marielle dans une valise peu diplomatique. A l’époque, le « ouiouiouille » de Marielle enfermé dans son bagage devint culte comme le deviendrait le « C’est celààà, oui » de Lhermitte.

O.K. Patron : Par un concours de circonstances invraisemblables, l’aimable et modeste Jacques Dutronc devient chef de la Mafia Française !

1974 : Dis-Moi que Tu m’Aimes : Un scénario d’Annette Wademant, une mise en scène de Michel Boirond, voilà ce qui était de bonne augure pour un film des années 50. En 1974, les ficelles sont un peu usées mais la distribution très charismatique du film sauve l’ensemble et c’est le sourire aux lèvres garanti à la fin de la projection. Le film est un véritable festival Mireille Darc, mais Marie José Nat est particulièrement en beauté et Geneviève Fontanel pleine d’énergie.

Les Seins de Glace : Mireille en psychopathe sanguinaire et un rien exhibitionniste, ce n’est rien en regard de l’intérêt que porta le public à la fine chaîne d’or que porte Mireille à la taille lorsqu’elle est nue, on savait par la presse une chose essentielle pour la compréhension de l’univers : le bijou émoustillait Delon.Les bijouteries furent dévalisées, la chaîne d’or à la taille devint le nec le plus ultra de l’érotisme made in 1974.

1975 : Le Téléphone Rose : Mireille, call girl de luxe est précipitée dans les bras de Pierre Mondy qui n’y voit que tu feu. Le film fit une carrière ahurissante en télévision, à croire qu’il passait tous les jours sur une chaîne ou sur une autre, concurrence insencée à « Angélique Marquise des Anges ».

1976 : L’Ordinateur des Pompes Funèbres : Le film ne m’a laissé aucun souvenir hormis celui de Mireille bien habillée entre Bernadette Laffont et Jean-Louis Trintignant.

1978 : Les Ringards : Jamais titre de film ne fut mieux porté, celui-ci réunit Aldo Maccione et Charles Gérard ! Restent Mireille, Julien Guiomar, Georges Descrières et Geneviève Fontanel pour essayer de sauver ce qui peut l’être, c’est dire rien !

1981 : Reporters : Mireille est présente dans ce documentaire de Raymond Depardon consacré aux…reporters.

1982 : Jamais avant le Mariage : Pas Vu.

1983 : L’été de nos 15 Ans : Comment peut-on espérer quoi que ce soit d’un film avec Michel Sardou et Cyrielle Claire en tête d’affiche ?

1984 : Réveillon chez Bob : Mireille ne fait que passer…Derrière Agnès Soral !

1986 : La Vie Dissolue de Gérard Floque : Pas vu.

Si Mireille Darc abandonne le grand écran en 1986, elle continue une longue et prestigieuse carrière de 25 ans à la télévision. Elle sera longtemps la reine des grandes sagas de l’été et retrouvera Alain Delon dans la série Frank Riva. En 2011 on la voyait dans « Le Grand Restaurant » avec Pierre Palmade, Anémone et Richard Berry.

FINLES FILMS QUE VOUS NE VERREZ PAS (Avec Mireille

Darc)Etoile du Sud : Ce film pour Mireille est annoncé en 1967 avec…Jules Verne au scénario ! Deux ans plus tard le film voit enfin le jour avec…Ursula Andress !

L’Humeur Vagabonde : Mireille aurait ensuite dû enchaîner ce film avec Jean Louis Trintignant. Trintignant tiendra la promesse faite au réalisateur Edouard Lunts mais c’est Jeanne Moreau qui remplace Mireille en 1971.Les Galets d’Etretat : En 1967 c’est George Lautner qui porte le projet. Le film sera réalisé en 1972 par Sergio Gobbi avec Virna Lisi !