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DOSSIER Consortia et réseaux de bibliothèques A l’heure de la coopération PLEINS FEUX SUR La Bibliothèque universitaire de l’Université de Corse Pascal Paoli ACTUALITÉS Istex / Journées Abes 2016 / Journées professionnelles du CTLES… Ar ( abes ) ques AVRIL – MAI - JUIN 2016

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DOSSIER

Consortia et réseaux de bibliothèquesA l’heure de la coopérationPLEINS FEUX SUR • La Bibliothèque universitaire de l’Université de Corse Pascal Paoli

ACTUALITÉS • Istex / Journées Abes 2016 / Journées professionnelles du CTLES…

Ar(abes)quesAVRIL – MAI - JUIN 2016

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(Sommaire)

04Diversité des formes et desmissions des consortiade bibliothèquesMaurits van der Graaf

06Un consortium, des consortia GrégoryMiura

07Enjeux et rôle du consortium Couperin dansles acquisitions de ressources électroniquesAndré Dazy - Martine Coppet

09L’Icolc : entre réseautage et lobbyingSandrineMalotaux

10De la Bpi au Réseau Carel Cécile Denier

12Actions demutualisation autour de l’open accessen France et partenariats européensChristine Ollendorff

13Scoap3: un consortium pour soutenir le libre accèsdans le domaine des physiques des particulesHerbert Gruttemeier - Thérèse Hameau

14Éloge de l'Ifla par temps demondialisationFranck Hurinville - Viviana Quiñones

16La BDIC au sein du Labex «Les passés dans le présent »Frédérique Joannic-Seta - Valérie Tesnière

17Le Labex TransferS et le Centre d’Archives enPhilosophie, Histoire et Édition des Sciences :une coopération autour de la documentationNathalie Queyroux

18Le Cerl, une communauté autour des fonds anciensMarian Lefferts

20Retour sur BHL-Europe : un consortium au serviced’un programme de numérisationGwenaëlle Bourriaud - Pascale Heurtel - Alice Lemaire

22L'Abes, un consortium ?Jérôme Kalfon

(Dossier) CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUESÀ l’heure de la coopération

(Pleins feux sur…)

(Actualités)

28 (Portrait)

LaBibliothèqueuniversitaire del’Université deCorsePascal Paoli

N°82 AVRIL - MAI - JUIN 2016

Ar(abes)ques

Ar(abes)quesREVUE TRIMESTRIELLE DE L’AGENCE BIBLIOGRAPHIQUE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR227 avenue Professeur Jean-Louis Viala CS 84308 - 34193Montpellier cedex 5T. 04 67 54 84 10 / F. 04 67 54 84 14 - www.abes.frDirecteur de la publication : Jérôme KalfonCoordination éditoriale et secrétariat de rédaction :Marion Grand-Démery ([email protected])Jean-Marie Feurtet, Christine Fleury, Marion Grand-Démery, Philippe Le Pape,Cyril Leroy, Isabelle Martin, Maryse Picard, Marie-Pierre Roux, Bertrand ThomasConception graphique : Anne Ladevie (anneladevie.com)Impression : Pure ImpressionCouverture : Ant bridge unity - Phot. Lirtlon / Tous droits réservésRevue publiée sous licence Creative Commons CC BY-ND 2.0 (Paternité - Pas demodifications)sauf pour les images qui peuvent êtres soumises à des licences différentes ou à des copyrights.

Les opinions exprimées dans Arabesques n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

ISSN (papier) 1269-0589 / ISSN (web) 2108-7016

On fait régulièrement le constat que lacoopérationentreétablissements–biblio-thèques, organismes de recherche, cen-

tres de documentation, centres d’archives, etc. –est nécessaire. À l’heure où la mondialisation agagné l’ensemble de la sphère culturelle et dusavoir, elle devient vitale.À travers ce dossier, nous souhaitons soulignerla multiplicité des formes, mais surtout celledes missions portées par ces réseaux : achat dedocumentation, promotion de l’open access etde l’opendata, signalement et enrichissementdedonnées, numérisation massive de corpus, etc.De nombreux projets ne peuvent d’ailleurs sou-vent se réaliser que grâce à la mutualisation desforces.Ces instances collaboratives, dont la plus repré-sentative est peut-être l’Ifla (Fédération interna-tionale des associations et institutions de biblio-thèques), travaillent à la prise en compte desintérêts du monde professionnel et mènent untravail de lobbying actif auprès des principauxacteurs du marché de la connaissance, à com-mencer par les éditeurs et fournisseurs de conte-nus numériques.

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03N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016 Ar(abes)ques

Coopérer, collaborer

(Éditorial)

La volonté de coopérer est ancrée dans la tra-dition des bibliothèques.Nous pourrions direqu’elle est consubstantielle à leur identité.En effet la raisonmême d’exister des biblio-

thèques est le partage, lamutualisation, l’échange,l’accès sans entraves au savoir.Certes, chaque bibliothèque construit son identitéau travers des collections qu’elle abrite et met àdisposition de son public. Mais depuis longtempsles bibliothécaires ont une conscience aiguë queleurs seules collections, aussi riches soient-elles,ne peuvent satisfaire les besoins de leurs publics.Bien avant l’émergence des réseaux sociaux, ellesse sont organisées en réseaux aux objectifs variés,aux périmètres divers, et avec une grande variétédans leurs formes d’organisation. Car au-delà de

chaque identité propre, la volonté de partager debonnes pratiques, de parler le même langage autravers de normes et de standards communs a étéle socle d’une identité collective. Tout autant queles collections, l’identité de chaque bibliothèquese fonde sur ses réseaux d’appartenance :«Dis-moi à quels réseaux tu appartiens, je te diraiqui tu es».Cette livraison d’Arabesques ne prétend pas four-nir un panorama exhaustif de ces formes d’organi-sations collectives. Elle propose simplement, autravers de quelques exemples, d’en présenter lavariété, et de montrer à quel point, à l’heure dunumérique, la mutualisation est devenue indis-pensable.Qu’est-ce qu’un consortium ? Qu’est-ce qui dis-tingue un consortium d’une association profes-sionnelle, ou d’autres formes d’organisations col-lectives ? On ne peut répondre de façon tranchée ;contentons-nous de considérer qu’un consortiumest un réseau structuré qui répond à un ou plusieurs

objectifs directement opérationnels. Le partaged’outils, la conduite de négociations obéissentstrictement à cette définition. Mais à l’heure oùl’on bascule d’un modèle construit en aval de laproduction de savoir – l’acquisition de collectionssur des supports physiques - à un modèle favori-sant l’accès ouvert aux publications dès leur phasede production, les organisations collectives visant

la défense de la scienceouverte revêtent elles aussiun caractère directementopérationnel et peuvententrer dans le champ dedéfinition du consortium.Mais cesconsortia-là ne sontpas constitués uniquementde bibliothèques.Partage de la charge de tra-vail, développement de ser-vices, amélioration du pou-voirdenégociation,ouverturede l’accès aux publicationsou aux données, si les

consortia se caractérisent par la diversité de leursobjets, de leurs missions, ils se distinguent égale-ment par la diversité de leursmodes d’organisationet de prises de décisions. Il peut s’agir d’associa-tions, d’organismes généralement – mais pas sys-tématiquement – sans but lucratif ou, comme dansle cas de l’Abes, de structures dépendant directe-ment de l’État. Les modes de participation desmembres à la stratégie et à la prise de décision sontégalement très variables, allant d’une forme dedécision purement collective définie exclusivementpar lesmembres, à une forme d’organisation davan-tage pensée comme une relation entre le fournis-seur et l’utilisateur – parfois assimilé à un client.Toute situation, tout consortium est spécifique. Àl’heure où l’Abes élabore sa feuille de route pourles années à venir, il est utile d’en discerner lescaractéristiques.

Jérôme KalfonDirecteur de l’Abes

Un consortium est un réseau structuré quirépond à un ou plusieurs objectifs directementopérationnels.

Ar(abes)ques N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016

Il s’agit ici de présenter une vue panoramique destypes de collaboration entre les bibliothèques, destendances les plus récentes observées dans cedomaine, ainsi que des établissements et organi-sations les plus représentatifs de ces modes de col-laboration, tant au niveau européen qu’international.Trois directions stratégiques pour la collaborationentre les bibliothèques peuvent être distinguées :• Les stratégies horizontales : depuis plusieursdécennies, il existe des collaborations entre lesbibliothèques visant à partager la charge de travailet/ou à améliorer l’accès aux collections numériquesou imprimées, ainsi que leur utilisation.• Les stratégies en amont, dirigées vers la com-munication savante : d’une part, les groupementsd’achats visant à augmenter la force de négocia-tion auprès des éditeurs scientifiques ; d’autre part,les collaborations entre les bibliothèques (et sou-vent avec d’autres acteurs), visant à encourager lascience ouverte, comme par exemple le libre accèsaux publications et aux données de la recherche.• Les stratégies en aval : les types de collabora-tions mentionnés ci-dessus ont souvent aussi pourobjectif de développer de nouveaux services auxutilisateurs finaux.

CATALOGAGE PARTAGÉLes réseaux de bibliothèques « classiques » commele Sudoc ont pour objectif de partager le catalogageet de permettre aux usagers l’accès aux collectionsdes autres participants, au moyen d’un cataloguecollectif et de mécanismes d’accès (prêt entre biblio-thèques, prêt mutualisé). Ce type de collaborationest profondément influencé par les changementsdans le domaine du catalogage (la production demétadonnées s’est largement déplacée vers les édi-teurs scientifiques), et par les nouveaux SGB mutua-lisés. Ces systèmes de cloud «multitenants 1» ouvrentla possibilité de partager les métadonnées entre lesbibliothèques participantes, sans collaboration for-melle. Il existe déjà des réseaux qui ont migré versles systèmes de cloud : la plupart d’entre eux main-tiennent leur collaboration en l’état, alors qu’il existeun réseau américain (Libros2), qui a quasiment misfin à la collaboration entre ses membres, et un autreréseau américain, Palni3, qui, lui, a choisi d’intensi-fier cette même collaboration interne. La plupart descollaborations de ce type ont lieu à l’échelle natio-nale ou régionale. Au niveau international, OCLC est,avec WorldCat, l’acteur dominant dans ce domaine4.

NUMÉRISATION ET CONSERVATIONOn estime que les collections des bibliothèques euro-péennes comprennent 5,4 milliards de livres, dont77 millions de titres uniques (sans compter les jour-naux et les périodiques) et dont 12 % ont été numé-risés5. La numérisation et la conservation des col-lections imprimées ont conduit à de nouveaux typesde collaboration entre les bibliothèques :• La mise à disposition commune de collectionsnumérisées : Europeana et le Consortium of Euro-pean Research Libraries (Cerl) en sont les acteursprincipaux à l’échelle européenne.• La conservation commune de collections impri-mées : la numérisation ainsi que la pénurie d’espaceconduisent au désherbage des collections impri-mées. Néanmoins, on veut généralement conserverun ou deux exemplaires des publications impriméespar région ou par pays, ce qui conduit à de nouvellescollaborations : par exemple, la UK Research Reserve 6

Diversité des formes et desmissions des consortia etdes réseaux de bibliothèques

(Dossier… CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUES)

Quels sont les différents types de collaboration mis en place par les bibliothèques et les tendances en coursdans leurs réseaux ? Quelques éléments de réponse avec la présentation d’un panorama de ces coopérationspar Maurits van der Graaf, consultant hollandais du Cabinet Pleiade qui travaille, depuis de nombreusesannées, auprès des bibliothèques de l’enseignement supérieur et de la recherche.

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[1] Toutes les bibliothèquesparticipantes emploientle même système en cloud,comprenant d’une partdes bases de donnéescommunes, d’autre partdes bases de donnéesspécifiques à chaquebibliothèque ou groupede bibliothèques.

[2]libguides.unm.edu/LIBROS/Home

[3] Private Academic LibraryNetwork of Indiana.Ce réseau de 23 bibliothèquesaméricaines a migré versun système de cloud afind’augmenter l’effortcollaboratif visant àdévelopper les servicesdestinés aux usagers.Cette forte collaborationse focalise sur la gestioncommune des collections,le partage des workflowsen bibliothèque et le partagedes ressources.

LES TROIS DIRECTIONS STRATÉGIQUES

05N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016 Ar(abes)ques

consiste en une gestion commune des collectionsde périodiques imprimés dans le cadre de laquellechaque bibliothèque conserve des exemplaires dési-gnés. Un autre exemple est la SpeicherbibliothekLuzern 7, où un groupe de bibliothèques exploite unmagasin commun pour les exemplaires uniques. Lescollaborations concernant la numérisation et la conser-vation de publications imprimées peuvent être réa-lisées au moyen de catalogues collectifs ou d’outilsreposant sur les catalogues collectifs (par exemplel’outil Périscope basé sur le Sudoc).

DES COLLABORATIONS AUTOURDES OUTILS OPEN SOURCELe développement et la maintenance d’outils opensource (outils de découverte comme Blacklight,VUFind, et SGB, SIGB comme KOHA et Kuali Ole)constituent également un type de collaboration hori-zontale.

MUTUALISATION DES ACQUISITIONSLes groupements d’achats de bibliothèques (via leslibraries consortia) sont surtout focalisés sur l’achatde licences pour l’information numérique. La ten-dance est la suivante : achat des licences à l’échellenationale ; collaborations concernant la productionde données liées aux licences pour les bases deconnaissances, et négociations portant sur les condi-tions spécifiques des licences (par exemple l’utili-sation dans le cadre de l’enseignement,l’harmonisation des conditions d’utilisation des livresnumériques, etc.). L’organisation chapeautant auniveau international ces groupements d’achat estl’Icolc (International Coalition of Library Consortia)

DES COLLABORATIONS AUTOURDE LA SCIENCE OUVERTELes bibliothèques de recherche sont de plus en plusimpliquées dans l’encouragement de la scienceouverte. Plusieurs collaborations à l’échelle interna-tionale, visant à influencer la communication savante,grâce au lobbying, ainsi qu’à la création d’élémentsspécifiques faisant partie d’une infrastructure dédiée(voir cadre) existent :• Les archives ouvertes sont souvent exploitées par lesbibliothèques universitaires. Elles sont considéréescomme un élément crucial du mouvement vers le libreaccès. On peut observer une tendance au dévelop-pement des Current Research Information Systems,

lesquels offrent des informations pertinentes pour l’ad-ministration de la recherche (research management).• Le développement d’infrastructures et de servicesdestinés à archiver les données de la recherche pen-dant et après le projet de recherche, facilitent le par-tage et la réutilisation de ces mêmes données.• Le lobbying relatif aux droits d’auteur, vise par exem-ple à écarter les restrictions concernant la fouille detexte (text and data mining).On peut cependant observer une mutualisation desactivités de groupements d’achats et d’encourage-ment de la science ouverte. Par exemple, le consor-tium des bibliothèques universitaires aux Pays-Bas(UKB) a obtenu, dans le cadre de négociations avecles grands éditeurs scientifiques, le libre accès auxpublications des auteurs néerlandais dans plusieursbouquets des périodiques.

CONCLUSIONSLes deux éléments moteurs du changement des biblio-thèques de recherche sont la numérisation de l’infor-mation scientifique et l’évolution inexorable vers lascience ouverte8. Ces deux tendances impliquent unetransformation profonde des rôles et des services desbibliothèques de recherche. On peut cependant s’at-tendre à ce que cette transformation ait lieu dans lecadre d’une pression budgétaire constante sur lesbibliothèques. Cela peut conduire à une intensifica-tion de la collaboration entre ces mêmes bibliothèquesde recherche. À cette collaboration s’ajoute souventle concours d’autres acteurs du monde de la com-munication savante.L’intensification de la collaboration devrait amplifierencore la diversité des formes de coopérations auxéchelles régionale et nationale, dont le but est dedévelopper et de maintenir des services spécifiques.Les activités collaboratives deviendront ainsi essen-tielles pour chaque bibliothèque de recherche. Uneattention particulière sera portée à la forme que revê-tiront les différents types de collaborations, notam-ment quant à leur gouvernance et quant à l’évalua-tion des services rendus.En revanche, à l’échelle internationale, une concen-tration des activités collaboratives des bibliothèquesde recherche au sein de Liber (Ligue de BibliothèquesEuropéennes de Recherche) est à prévoir. Cette asso-ciationestdevenue unacteurdepremierplanà l’échelleeuropéenne. Liber peut en effet jouer un rôle essen-tiel au sein du champ de la communication savante,en y représentant les bibliothèques de recherche.Liber et ses homologues au niveau mondial (voir cadre)pourraient ainsi définir, encourager et soutenir la miseen place de nouveaux rôles et de nouveaux servicesattribués à ses membres, ces derniers constituant lamajorité des bibliothèques de recherche du mondeoccidental.

Maurits van der GraafPleiade Management & Consultancy9

[email protected]

[4] Consulter aussi L’avenirde Rero au sein d’un systèmeen cloud, Maurits van der Graafet le Groupe de travailBibliothéconomie Rero 2017(2015, Rero). Dans ce rapport,plusieurs cas portant sur lesréseaux de bibliothèques ayantmigré vers un système decloud, et notamment Palni etLibros, ont été étudiés.

[5] The cost of digitisingEurope’s cultural heritage, NickPoole (2010, Collections Trust)

[6] www.ukrr.ac.uk/

[7] www.zhbluzern.ch/home/

[8] Report of the Associationof Research Libraries (ARL)Strategic Thinking and DesignInitiative, Août 2014, ARL

[9] http://www.pleiade.nl

SCIENCE OUVERTE• Sparc-Europe• Research Data Alliance• Codata• COAR – Confederation of Open Access Repositories• Core – Connecting Repositories• EuroCRIS – Current Research Information Systems• OpenAire – projet européen focalisé sur l’accès libre• Eudat – projet européen focalisé sur les données dela recherche

ASSOCIATIONSEUROPÉENNES/INTERNATIONALESDES BIBLIOTHÈQUESBibliothèquesde recherche:• Liber – Europe• ARL – États-Unis• Carl – Canada• Caul – Australie

Autres associations :• Ifla – global ; tous typesdes bibliothèques

• EIFL – focus surl’information numériquepour les pays émergents

• Eblida – Europe ; toustypes de bibliothèques

• CNL – global ;bibliothèques nationales

UN CONSORTIUM, DES CONSORTIAEssai de typologie appliquée aux bibliothèques et aux services documentaires

«Participation, communauté», ce sont par ces mots quedébute la définition de «consortium» à la page 406 del’éditionde1934duDictionnaire Latin - FrançaisdeFélixGaffiot. Ces deux notions peuvent constituer une approchefinalement efficace: un consortium est un groupe porté versl’action.Tenterde caractériser cemodèled’organisationdansnotremilieu professionnel révèle l’inscription de nos institu-tions au sein d’un paysage et d’une communauté documen-taires favorablesà l’association,à lacoopérationetaupartage.La notion de consortium ne recouvre pas une réalité juri-dique ou réglementaire. Il est a priori difficile d’identifierce qui pourrait relever de cette réalité de manière exhaus-tive. Certains organismes se revendiquent comme tels, d’au-tres relèvent du principe du consortium sans pour autants’attribuer cette appellation. Le Grand dictionnaire termi-nologique nous livre une définition suffisamment précisepour identifier les éléments d’une classification des consor-tia potentiels comme avérés :«Consortium : réunion de personnes physiques ou moralespoursuivant un but commun ou regroupant certaines acti-vités, dans le but de partager des risques ou des bénéfices,de collaborer envued’obtenirunserviceouunavantagedansles meilleures conditions d’efficacité et de rentabilité, [...] »1

Nouspouvons retenir deuxdimensionsd’analysedu consor-tium, d’un côté la nature des objectifs ou des activités pro-posés en partage, et de l’autre lemode d’organisation ou degouvernance.De cepoint dedépart, nous établissons ici uneliste de caractéristiques qui sans être exhaustives ou priori-sées, peuvent se combiner pour dessiner une typologie enformedegrille de lecturedu consortiumappliquéeauxbiblio-thèques et aux services documentaires.

Un consortium pour agir …… sur les coûts :• une force collective de négociation• une visibilité d’investissement pour une communautéplus large qui peut faciliter la recherchede co-financement extérieur• une expertise dans l’expression des besoins… sur les infrastructures, les données et les services :• une plateforme pour bâtir des services communsétendus à différents publics• une mise en œuvre et une régulation facilitéedes référentiels et des standards• une optimisation des coûts de développementet de maintenance

… sur les compétences :• une capacité de recherche, de développement et de veille• une expertise et une diversité des savoirs• un accompagnement et une mise à jouren formation initiale ou continue

Un consortium à organiser …… en s’affranchissant des périmètres institutionnels :• un renforcement de l’impact de sa mission d’accès,de médiation et de service• une rencontre de compétences différentes etune fertilisation croisée des méthodes et des expériences• une opportunité d’effets d’échelle en réunissantdes acteurs susceptibles de dépasser leurs proprescontraintes internes

… en mode « centralisé » avec un service dédié decoordination :• un allègement de la réplication des responsabilitéset des procédures• un développement d’expertise au profitd’une communauté plus large• une extension de sa capacité d’intervention collectiveet individuelle

… en mode « multipolaire et réparti » :• une responsabilisation de l’ensemble des acteurs• une capacité d’initiative étendue et une agilitédans l’expérimentation• une capitalisation des forces alimentée par la diversitédes priorités

Il n’y apasvéritablementde limite aupérimètre et à la finessede la configuration d’un consortium. Le niveau d’implica-tion peut également largement varier allant d’un grouped’intérêt informel à la voie contractuelle. Le système queconstitueun consortiumdebibliothèques etde servicesdocu-mentaires repose sur une analyse parfois individualisée del’équilibre entre intérêt et investissement et entre partici-pation et reconnaissance.La portée du projet d’un consortium donné est celui de lacapacité de se constituer en acteur politique, à la fois groupede pression, mais également plateforme capable d’assurerla visibilité de missions partagées. Tous les membres doi-vent pour cela se retrouver dans l’identité dugroupe en tantque membre de droit d’une communauté agissante.Pour retrouver de nombreux exemples de consortia, vouspouvez consulter le sitede l’InternationalCoalitionof libraryConsortium (Icolc) : http://icolc.net

GrégoryMiuraDirecteur du Service commun de la documentation

Université Bordeaux [email protected]

06 Ar(abes)ques N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016

[1] Office québécois de la langue française, Grand dictionnaireterminologique (En ligne)www.granddictionnaire.com/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=8873723(Page consultée le 17 février 2016)

(Dossier… CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUES)

07N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016 Ar(abes)ques

Enjeux et rôle de Couperindans les acquisitions de ressourcesélectroniquesL’évaluation, la négociation et l’achat de ressources numériques au bénéfice des bibliothèques del’enseignement supérieur constituent les principales missions de Couperin. Comment le consortiums’organise-t-il pour mener ces actions ? Décryptage des activités du réseau.

En 1999, le consortium Couperin1 (aujourd’huiConsortium unifié des établissements universi-taires et de recherche pour l’accès aux publica-tions numériques), association loi 1901, regroupait4 universités et négociait auprès d’un éditeur sonpremier contrat d’abonnement à des ressourcesélectroniques alors émergentes. Depuis, fort de243 établissements membres (universités, orga-nismes de recherche, grandes écoles, centres hos-pitaliers, Bibliothèque nationale de France, etc.) etd’une équipe d’environ 100 négociateurs aguerris,Couperin gère en moyenne 110 négociations par an.

DES NÉGOCIATIONS COORDONNÉESEpaulé par le Département services et prospective(DSP), en charge, notamment, de la mesure de l’usagedes ressources négociées et de la promotion d’autresmodèles non-commerciaux, le Département des négo-ciations documentaires (DND) assume la mission ori-ginelle de Couperin : les négociations.Le DND coordonne l’action de négociateurs volon-taires, en relation avec les responsables de 6 pôlesthématiques (Lettres et sciences humaines, Scienceséconomiques et gestion, Sciences juridiques et poli-tiques, Sciences de la vie et de la santé, Sciences tech-niques et pluridisciplinaires, Grands comptes). Il veilleà la collecte et à l’enrichissement des données rela-tives à ces négociations et les diffuse auprès des mem-bres de l’association.Il apporte aussi aux négociateurs un soutien et unconseil permanents. Il accompagne ainsi l’ensembledu processus de négociation, depuis l’enquête d’in-térêt jusqu’à la validation de l’offre et sa publication.Le département partage également ses expériencesavec d’autres consortia étrangers et produit deuxrapports annuels, le rapport de l’Enquête sur lesressources électroniques acquises par ses mem-bres (rapport ERE) et le rapport concernant lesstatistiques d’usage de certaines ressources négo-ciées (entre 20 et 30, selon les rapports).

UN RÉSEAU DYNAMIQUE DEVOLONTAIRES AGUERRISLe consortium s’appuie sur l’investissement de sesadhérents qui ont donc tous vocation à négocier.

Une fiche fonction-type définit les tâches du négo-ciateur et peut être utilisée pour justifier de ses acti-vités et du temps consacré à Couperin dans sa fichede poste. Pour faciliter la mission du négociateur,une boîte à outils est à sa disposition. On y trouvenotamment les dernières versions d’une lettre decadrage et d’une licence type, lesquelles sont d’ail-leurs communiquées tous les ans aux éditeurs pourles informer des attentes du consortium. A l’initia-tive du DND, les négociateurs se réunissent égale-ment une fois par an pour une journée d’échangeset de bilan pendant laquelle un collègue étrangerprésente la situation et les techniques de négocia-tions de son pays. Contrairement à d’autres modèlesconsortiaux, ce système basé sur le volontariatgarantit la neutralité du négociateur qui n’est pasjuge et partie lors de la négociation et n’a d’intérêtsque ceux des membres du consortium.

DÉROULEMENT D’UNE NÉGOCIATIONVeille et définitions d’objectifs documentairesUne veille permanente est assurée par les négo-ciateurs et responsables de pôles afin de définir lesressources nécessitant une négociation. Les offrescommerciales spontanées reçues par le DND sontétudiées avec le responsable du pôle concerné.Décision de négociation et travail préliminaireCette veille effectuée, le DND et le responsable depôle valident la décision de négociation. Le négo-ciateur doit acquérir une connaissance approfondiede la ressource et bien cerner les besoins des adhé-rents afin d’annoncer au fournisseur le cadre à res-pecter pour la proposition. Si possible, un test estalors mis en place et ouvert à tous les membres quien font la demande. Ses résultats sont ensuitepubliés sur la liste de diffusion achats, dédiée auxnégociations. Si les retours sont positifs et l’intérêtmanifeste, la négociation se poursuit.Périmètre de la négociationLa négociation porte autant sur les conditions tari-faires, dont le modèle dominant est fondé sur leseffectifs étudiants et/ou chercheurs, que sur lesconditions d’accès, les services associés, les droitsd’archivage et les questions d’accès pérenne. Ellenécessite des rencontres avec les représentants com- [1] www.couperin.org/

08 Ar(abes)ques N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016

(Dossier… CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUES)

merciaux du fournisseur. En parallèle, le négocia-teur et le coordinateur du DND établissent l’ébauchede l’accord cadre, visant à formaliser de part et d’autreles acquis de la négociation. Signé in fine par le négo-ciateur, représentant Couperin, et l’éditeur, il gardela trace écrite de l’offre acceptée et servira de pointde départ pour l’actualisation future de la négocia-tion. Pour des négociations très complexes et ardues,l’aide de collègues étrangers peut être sollicitée,comme ceux du Jisc britannique2, par exemple, afinde se concerter sur les conditions obtenues.Diffusion de l’offre et suiviUne fois élaborée, l’offre négociée est diffusée àl’ensemble des adhérents et sert de référence pen-dant la durée de l’abonnement annoncée (auminimum un an). Elle est transmise aux membresvia une liste de diffusion et sur le site de Couperin,accompagnée de la licence d’utilisation et de lagrille tarifaire.Lorsque les membres ont fait retour aux négociateursdes engagements fermes de souscription, le négo-ciateur adresse au DND des documents qui serontarchivés : la licence, la liste des établissements ayantsouscrit un contrat ainsi qu’un bilan indiquant le tempspassé à négocier et les acquis et bénéfices de la négo-ciation. Une labellisation3 des offres s’appuyant sur lerespect de clauses de la lettre de cadrage vise à inci-ter les éditeurs à de bonnes pratiques.

COOPÉRATIONS NATIONALESET INTERNATIONALESAu fil des années, le réseau protéiforme de Couperins’est largement étendu, ainsi que ses missions. Pourles mener à bien, Couperin travaille en étroite colla-boration avec des partenaires nationaux, dont l’Abes,pour le portage de groupements de commande notam-ment, et l’Inist-CNRS, pour la mise en œuvre de por-tails techniques et l’hébergement de données.La coopération avec des consortia internationauxcomme l’Icolc4 et le Sell5, permettant la comparaison

des conditions des licences et des tarifs selon les pays,sont parfois de bonnes bases de discussion lors desnégociations avec les grands éditeurs internationaux.

MAÎTRISER LES OUTILS D’ANALYSEDES USAGESEn outre, le Département services et prospective deCouperin a mis en place des outils permettant devisualiser les utilisations de la documentation négo-ciée. Ces outils exploitent soit les données statis-tiques en provenance des éditeurs, soit les donnéeslocales issues des traces de consultation sur les por-tails des bibliothèques. La suite ezPaarse/AnalogIST6

permet le traitement des logs locaux de connexionet crée les conditions pour l’analyse de l’utilisationde la documentation électronique. Ce système, lorsqu’ilsera totalement déployé, permettra à Couperin et àses établissements membres de recueillir des sta-tistiques normalisées indépendamment des éditeurset fournira de nombreuses données pour les négo-ciations. Couperin suit également les travaux inter-nationaux de standardisation de la collecte des don-nées d’utilisation de la documentation numérique(Counter7, Pirus8, etc.).

FAVORISER LA MISE EN PLACE DESYSTÈMES NON-COMMERCIAUXPar ailleurs, Couperin promeut l’accès ouvert auxrésultats de la recherche grâce notamment auxactions du groupe de travail pour l’accès ouvert(GTAO) et en étant partenaire des projets européensOpenAIRE9 et Foster10 et référent pour PAS-TEUR4OA11. Le mouvement vers l’open access estun argument en faveur de la modération des tarifsd’abonnement et doit servir les négociations dansce sens.

ACHAT D’ARCHIVES ET MISE EN PLACED’UNE INFRASTRUCTURE AUTONOMECo-piloté par Couperin, l’Abes, le CNRS et l’Univer-sité de Lorraine pour le compte de la CPU, l’ambi-tieux projet Istex, par un achat massif d’archives,permettra aux établissements de l’enseignementsupérieur et de la recherche de conquérir de l’indé-pendance vis-à-vis des éditeurs. Le regroupementsur une même plateforme de contenus devenus pro-priété de la sphère publique - archives acquises etcontenus en open access - et les services qui luiseront associés, favoriseront un rééquilibrage dansles négociations avec les éditeurs.

Martine CoppetCoordinatrice du département négociations

[email protected]

André DazyCoordinateur du département services et prospective

[email protected]

[2] Joint Information SystemsCommittee www.jisc.ac.uk/

[3]www.couperin.org/negociations/boite-a-outil/item/1070-labellisation

[4] International coalition oflibrary consortia icolc.net/

[5] Southern EuropeanLibraries Link :www.heal-link.gr/SELL/

[6] ezpaarse.couperin.org/loginVoir aussi le numéro 77d’Arabesques (janvier – février– mars 2015), p.12-13« ezPaarse visite les logs,Thomas Porquet et l’équipeezPaarse »

[7] www.projectcounter.org/[8] www.projectcounter.org/pirus.html

[9] www.openaire.eu/[10]www.fosteropenscience.eu/

[11] Open Access PolicyAlignment Strategies forEuropean Union Research.L’objectif du projet estd’accroître la compréhension etla sensibilisation des décideursinstitutionnels nationaux et desagences de financement de larecherche, à l’open accesswww.pasteur4oa.eu/

[12] www.istex.fr/

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L’ICOLC - INTERNATIONAL COALITION OF LIBRARY CONSORTIA :ENTRE RÉSEAUTAGE ET LOBBYING.

La création de l’Icolc aux Etats-Unis accompagne latroisième phase de développement des consortia debibliothèques qui démarre au cours des années 90,stimulée par la hausse excessive du prix des abonne-ments au cours de cette décennie et par la publication despremiers catalogues de revues électroniques par des édi-teurs comme Academic Press et, déjà, Elsevier.L’histoire des consortia débute aux Etats-Unis dans les années30, avec la création des premiers groupements régio-naux centrés sur le partage des acquisitions et du signa-lement, et le prêt entre bibliothèques ; les années 60-70les voient se multiplier, leurs fonctions s’élargissent à l’in-formatisation des bibliothèques et au catalogage par-tagé. Toutefois, c’est bien la question du coût des revueset l’apparition des ressources numériques dans les années90 qui entraînent un développement sans précédent desconsortia : croissance en taille - ils regroupent un nombreplus importants de bibliothèques et intègrent les missionsde négociation et d’acquisition des ressources électro-niques -, croissance en nombre alors que le modèles’étend au monde entier - c’est dans cette dynamiquequ’est créé Couperin en 1999.Le développement de l’internet et des ressources numé-riques rend l’approche consortiale indispensable, il rendtout autant nécessaire le développement d’une approcheinter-consortiale. La création de l’Icolc répond à cetteexigence.L’Icolc est souvent présentée dans la littérature commeun « super consortium » : il n’en est rien. Dès sa créationfin 1995 à l’initiative d’une poignée de consortia (cinq états-uniens, un canadien), le Consortium of consortia (Coc) estconçu comme une « coordination » informelle, simpleliste d’e-mails coordonnée par Tom Sanville (consortiumOhioLink) et rencontres informelles en marge de confé-rences comme celles de l’American Library Association.La première de ces rencontres est consacrée à la néces-sité d’une démarche conjointe auprès d’Academic Pressafin de faire évoluer son modèle d’accès : obtenir de l’édi-teur unmode d’accès par IP, et refuser sa proposition d’accèspar mot de passe. Cette organisation légère rencontreun succès immédiat, et la première conférence officielledu Coc devenu Icolc (International Coalition of LibraryConsortia) est organisée en février 1997. Elle réunittrente consortia dont trois canadiens et un représentantdu Royaume-Uni. Cette conférence est surtout consa-crée aux échanges avec les éditeurs : douze d’entre euxse prêtent à de longues « grille sessions ».L’Icolc prospère rapidement et regroupe 135 consortia en2000, dont 90 établis aux Etats-Unis. Elle se réunit alorsdeux fois par an en Amérique du Nord et depuis 1999 une

fois par an en Europe. L’organisation reste informelle :la simple inscription d’un consortium sur le site websuffit et il n’y a pas de frais d’adhésion. L’objectif est depermettre l’échange d’informations entre professionnels,le partage de bonne pratiques, et d’exercer un certainlobbying auprès des éditeurs. Il s’agit, d’après les termesanglo-saxons, de créer et d’animer une communauté.Tom Sanville en reste le coordonnateur jusque fin 2014– cette fonction est désormais assurée par un comité.Aujourd’hui l’action de l’Icolc, qui n’a toujours pas d’exis-tence légale, consiste en l’organisation de deux conférencesannuelles (au printemps en Amérique, à l’automne enEurope), et en l’administration d’une liste de discussion.Au-delà des échanges formalisés sous forme de présen-tations et de sessions de discussion, les conférences del’Icolc restent un moment important de réseautage etd'échanges informels : c’est là l’une des raisons d’être del’organisation. L’Icolc prend rarement position publi-quement : neuf fois depuis sa création, sous forme dedéclarations de portée générale, – comme en 2009 surla nécessité d’une modération tarifaire dans le contextede crise économique – , mais aussi sous forme de réac-tions, ou de guides de bonnes pratiques à destination deséditeurs1.L’Icolc réunit en 2016 environ 170 consortia répartissur les cinq continents – avec une prédominance del’Amérique du Nord et de l’Europe.Si les premiers congrès sont surtout consacrés aux offresdes éditeurs et aux «grille sessions», les programmes évo-luent au fil du temps. Le nombre de sessions consacréesaux éditeurs diminue (une à deux sessions depuis 2009-2010) pour laisser davantage de place aux comptes-rendus d’expérience et à l’étude des problématiquesnouvelles qui se posent à la communauté : statistiques,outils type ERMS2, résolveurs de liens, moteurs derecherche fédérée, livres électroniques, et de manièrerécurrente le libre accès – voie verte et entrepôts insti-tutionnels, voie dorée, négociation et gestion des APC3.Ces dernières questions ont occupé une place prépondérantelors du dernier congrès fin 2015 et semblent devoirencore représenter une bonne part de l’agenda du congrèsdu mois d’avril 2016 qui se tiendra à Los Angeles.

SandrineMalotauxResponsable du Département

Coordination des négociations [email protected]

[1] Consultables en ligne à l’adresse : icolc.net/statements[2] Electronic Resource Management System[3] Article processing charges

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Carel signifie Coopération pour l’ac-quisitionderessourcesélectroniques.Pourriez-vous nous dire, plus préci-sément, ce que recouvre ce réseau etquels sont ses principaux objectifs ?Dans le cadre de ce Réseau, nous ren-controns les éditeurs et les fournisseurs

de contenus numériques afin de négocier desmodèles éditoriaux et tarifaires adaptés à la lecturepublique. Nous mettons à disposition sur le site1

des fiches synthétiques qui décrivent et évaluentles ressources négociées. Nous nous efforçonseffectivement de communiquer au maximum auprèsdes collectivités territoriales de lecture publique quiadhérent à l’association – bibliothèques munici-pales, bibliothèques départementales de prêt, essen-tiellement. L’objectif principal du Réseau est desoutenir la lecture publique dans la gestion et l’ac-quisition de ressources électroniques.

Dans quel contexte ce service a-t-il émergé etcomment s’est-il développé jusqu’à devenir,en 2012, le Réseau Carel ?Dans les années 2002-2005, le Carel était un ser-vice de la Bpi. A cette époque, Internet avait beauavoir le vent en poupe, les abonnements à des res-sources en ligne en bibliothèque publique restaienttrès marginaux : 61 abonnements pour 37 biblio-thèques en 20022. La Bpi, forte de ses missions decoopération issues de son statut de bibliothèquenationale, décide alors de créer le Carel afin de favo-riser l’intégration des ressources numériques oné-reuses dans les bibliothèques. Peu à peu, les biblio-thèques « s’engagent » à ses côtés. La Bpi négocie,seule, pour l’ensemble des bibliothèques territoriales.C’est une période cruciale de sensibilisation deséditeurs à la question du numérique en biblio-thèques de lecture publique car ces derniers n’ontà ce moment-là qu’une idée très floue de leursbesoins, de leurs contraintes et surtout de leursbudgets ! Les fournisseurs ont alors tendance à pro-

poser des tarifs non seulement prohibitifs maisextrêmement variables d’une bibliothèque à uneautre, confondant souvent postes sur place et nombred’accès et appliquant aux bibliothèques un modèlede type « entreprise » peu adapté.

Le Carel de « l’époque Bpi» a donc permis de donnerplus de cohérence à ces pratiques, d’homogénéiserdes modèles économiques et techniques très variés,et de jouer le rôle essentiel d’intermédiaire entreéditeurs et bibliothèques. S’est affichée progressi-vement sur le site de la Bpi, une liste de plus enplus étoffée d’éditeurs et de ressources Carel.Cependant, la question de faire évoluer le Carel versune forme plus en prise avec ses besoins et sesmissions revenait souvent. En 2012, à l’image deson « grand frère » Couperin, Carel devient alorsune association, qui prend le nom de Réseau Carel.Les collectivités territoriales intéressées peuventdésormais adhérer pour 50 € par an, quelle quesoit la taille de l’établissement.

Qu’apporte le Réseau par rapport au serviceoriginel ?Le Réseau a plus de poids dans les négociationsmenées auprès des éditeurs. Celui-ci compteaujourd’hui 380 adhérents : cela représente ainsiune communauté d’intérêts et d’usage, constituéeet formalisée, qui peut peser sur les orientationséditoriales en matière d’offres, d’ergonomie, deservices et de critères budgétaires. Ce sont aussi380 clients potentiels pour les éditeurs !Le Réseau permet également de mieux représenterla diversité des établissements et leurs politiquesnumériques. La Bpi, établissement tout à fait pas-sionnant, reste très atypique dans son fonctionne-ment (pas d’usagers inscrits, pas ou peu deconnexions numériques à distance, pas de sectionjeunesse, etc). Il était donc important qu’elle ne soitpas seule à réfléchir aux contraintes et souhaits deses collègues territoriaux.

Fondée il y a tout juste quatre ans, l’association Réseau Carel répond auxbesoins des bibliothèques publiques enmatière de contenus numériques.Cécile Denier, négociatrice de ressources électroniques au sein du Réseauet en poste à la Bibliothèque Publique d’Information (Bpi) a accepté d’enretracer les origines et d’en présenter les enjeux.

De la Bibliothèque Publiqued’Information au Réseau Carel :une décennie de mutations

(Dossier… CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUES)

[1] www.reseaucarel.org

[2] Danis, Sophie. «Carel,Consortium pour l’acquisitionde ressources en ligne».Bulletin des bibliothèques deFrance [en ligne], n°1, 2006[consulté le 06 février2016].Disponible sur le Web:bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2006-01-0072-012

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Comment fonctionnent les négociations etl’acquisition de ressources électroniquesdans le cadre de ce réseau ?Comme toute association, le Carel dispose d’unConseil d’administration et d’un Bureau qui se réu-nissent régulièrement pour discuter des questionsrelatives au numérique, pour organiser des jour-nées d’échange… et bien sûr, pour examiner lesnouvelles offres à intégrer (ou non) à son catalogue.Désormais, le négociateur Bpi n’est plus seul àdécider : après avoir rencontré les éditeurs et com-mencé les négociations, il soumet aux membres dubureau les nouvelles ressources, commente lesmises à jour, signale les changements de modèleséconomiques, les augmentations de tarifs problé-matiques… Des discussions s’engagent et les déci-sions sont prises de manière collégiale en fonctiondes expériences de terrain des membres présentset des intérêts des adhérents.Des groupes de travail thématiques (livre numé-rique, image et son, presse, jeux vidéo) se retrou-vent également pour aborder des problématiquesspécifiques, élaborer des grilles d’analyse, ren-contrer des fournisseurs, etc. Ils sont ouverts à tousles adhérents qui le souhaitent.

La Bpi soutient activement l’association en lui dédiantun équivalent temps plein réparti sur trois agents :le négociateur et deux personnes qui s’occupent dela vie de l’association et de l’administration du site.L’association s’exprime et affiche ses activités avanttout sur son site. Celui-ci donne des informationsgénérales sur le réseau, la liste des collectivitésadhérentes avec leurs contacts, les résultats d’en-quêtes, des documents de référence comme desrecommandations pour le livre numérique, etc. Ilpermet aussi bien sûr d’accéder aux informationssur les contenus négociés par le biais des fichesdescriptives, des fiches d’évaluation et surtout desfiches tarifaires – très consultées ! - pour chacunedes ressources. Seuls les adhérents peuvent accéder,grâce à leurs identifiants reçus après adhésion, àl’ensemble des informations : les fiches d’évalua-tion et tarifaires, par exemple, ne sont pas acces-sibles sur la partie publique du site.

Quels types de ressources trouve-t-ondans le catalogue du Réseau Carel ?Le catalogue Carel comporte des ressources trèsdiverses qui vont de l’autoformation à la presse, enpassant par les livres numériques, les ressourcesjeunesse, la musique, le cinéma, des encyclopé-dies, des ressources professionnelles… Près de80 ressources sont examinées régulièrement parle négociateur, le bureau ou les groupes théma-tiques. Toutes les dates de mises à jour figurent surle site.

Au-delà des acquisitions et des négociations,quelles sont les autres actions menées parl’association ?L’association a également pour mission d’apporteraux adhérents des conseils sur les ressources numé-riques, de clarifier les modèles économiques quel’on sait nombreux et complexes, de faire progresserauprès des éditeurs les modalités d’accès aux res-sources, de faire évoluer les services associés (sta-tistiques, formations, éditorialisation, import denotices…). De manière générale, elle cherche àfaciliter, dans le domaine du numérique, les rela-tions entre éditeurs et bibliothécaires et à mettreen relation les bibliothécaires entre eux. Bien plusqu’un catalogue en ligne avec des prix préféren-tiels, Réseau Carel se positionne donc comme unvéritable réseau d’échanges en matière de res-sources numériques.

Comme son homologue Couperin, le RéseauCarel effectue régulièrement des enquêtesauprès de ses membres. Qu’a donc révéléla dernière enquête réalisée ?Un des rôles du Carel consiste en effet à effectuerdes enquêtes régulières sur l’appréciation des adhé-rents concernant les ressources numériques recen-sées sur le catalogue. La dernière a eu lieu enavril-juin 2015 et a apporté des éléments signifi-catifs3.On note, par exemple, que 35% des bibliothèquesadhérentes au Réseau sont abonnées à moins de5 ressources numériques, les faibles budgets consa-crés à ce type de documents expliquant en partieces chiffres. Les bibliothèques pouvant se permettreplus de 20 abonnements restent très marginales –3 parmi les 109 répondants ! L’enquête a permiségalement de pointer les ressources les plus utili-sées parmi nos membres, de lister les points fortset les points faibles de chacune et de les répercutersur les fiches évaluatives des ressources. Elle a éga-lement suggéré des documents ne figurant pasencore au catalogue mais qui pourraient être exa-minés par le négociateur.

Ce jeune réseau ne cesse donc de prendre de l’am-pleur depuis 2012, tant en matière d’adhérents4

qu’en matière de ressources et d’actions.Les bibliothèques territoriales ressentent le besoinde mutualiser leurs besoins et leurs forces dans cemonde complexe et mouvant. Le numérique estpartout, beaucoup de nos usagers s’en sont emparésdéjà depuis de nombreuses années. Les profes-sionnels des bibliothèques sont conscients qu’ilsne doivent pas passer à côté de ces évolutions ! Lerôle de soutien et de relais du Réseau Carel est ainsid’autant plus important.

[3] La synthèse de l’enquêteRéseau Carel de juin 2015figure sur le site sous l’onglet« Documents de référence »

[4] Les membres du RéseauCarel sont diversifiés :bibliothèques municipales detoutes tailles, bibliothèquesdépartementales de prêt,réseau de lecture publiquebelge… et, depuis peu, leRéseau Canopé (Réseau decréation et d’accompagnementpédagogiques).

POUR EN SAVOIR PLUS :www.reseaucarel.org/[email protected]

12 Ar(abes)ques N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016

(Dossier… CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUES)

ACTIONS DE MUTUALISATION AUTOUR DE L’OPEN ACCESS ENFRANCE ET PARTENARIATS EUROPÉENS.

Comment l’open access se porte-t-il en France ?Onpeutdire aujourd’hui qu’il jouit d’un contexte favorable, tantlesprisesdepositions sontnombreuses,notammentautourdu texte de loi Pour une République Numérique et de sonarticle 17 donnant le droit au chercheur de rendre dispo-nible son article en version numérique à certaines condi-tions1. LaConférencedesPrésidentsd’Universités et leCen-treNationaldelaRechercheScientifiqueontainsiconjointementcommuniqué sur cette loi, y ajoutant une volonté de voir leText and DataMining (TDM) en faire partie. L’Associationdes directeurs et des personnels de direction des biblio-thèques universitaires (ADBU) et le consortium Couperin2

ont également communiqué en amont, au moment de laconsultation publique. Ces textes sont l’effet visible d’untravail souterraindemutualisationetde lobbyingqui existedepuisdenombreuses années, aussi bienauniveaudeCou-perinqu’à celui de laBibliothèqueScientifiqueNumérique(BSN)3

Couperin travaille sur l’open access depuis une dizained’années4. Ses actions sontportéespar le groupede travailsur l’accès ouvert (GTAO), initié en 2008.

Aujourd’hui, le GTAO regroupe une trentaine de profes-sionnelsdesbibliothèques etquelques chercheurs. Il apourobjectifdepromouvoir l’openaccessdans lesétablissementsmembres de Couperin par des actions de mutualisationautour de quatre groupes thématiques : avec le groupe juri-dique, sont abordées les questions de la contractualisationavec les éditeurs, de l’applicationdesmandats d’obligationde dépôt et du recensement des politiques d’ouverture deséditeurs français. Le groupe «bonnes pratiques», aprèsavoirdépouillé ladernièreenquêteCouperinsur lesarchivesouvertes, recenseaujourd’huidansunecartographie lesdif-férentes sourcesd’informationspermettantdepromouvoirl’openaccess.Quantaugroupe «spécifications», il s’attacheà décrire lesmoyens techniques et humains nécessaires aubonfonctionnementd’unearchiveouverte,qu’elle soit auto-nomeousous formedeportailHal, en s’intéressant à la for-

mationdesgestionnairesd’archives et aux référentielsd’au-torité tels qu’IDRef ouOrcid.Nombrede sesmembres sontaussi très investis dans le groupe des administrateurs deportailsHalquiest encoursdestructuration.Enfin, legroupe«information-communication» a un double objectif : celuidecommuniquer sur les actionsduGTAO(sitecouperin.org,twitter, mail) et celui de promouvoir l’open access auprèsdu grand public et des chercheurs, ce qui est l’objet du siteopenaccess.couperin.org. Ce site, ouvert en octobre 2015,s’adresse au public intéressé par l’open access en tant quechercheur, auteur ou éditeur. Il vise à donner des élémentsde compréhension et des outils pratiques (comme un ave-nant à un contrat d’édition par exemple).

Les actions du consortium au niveau national sont de plussoutenues par plusieurs projets européens. En effet Cou-perin, avec cinquante autres institutions de toute l’Europe,est partenaire du projet européen pour l’accès ouvert auxpublicationsscientifiques«OpenAIRE2020»depuis sacréa-tion en 2008. Le consortium accompagne l’obligation dedépôt des publications issues de la recherche financée parlaCommissionEuropéenne5. Quant aupartenariat deCou-perin dans le projet Foster6, il vise à mettre en place desmécanismes pérennes au bénéfice des chercheurs euro-péenspourpromouvoir lascienceouvertedansleursméthodesde travail de tous les jours. Il a permis à Couperin de sou-tenir financièrement plusieurs journées d’information surl’open access auprès de doctorants et de chercheurs.La BSN, à travers ses segments 4 sur l’open access et 7 surl’édition scientifiquepublique,participe égalementà lapro-motion de l’open access en France. Les deux segments ontété de fervents promoteurs de l’article 17 de la loi citée ci-dessus et de lapossibilité pour les chercheursde faire libre-ment de la fouille de données. Ils s’attachent aujourd’hui àétudier lesnouveauxmodesd’éditorialisation toutenrecueil-lant des indicateurs sur le volume des articles publiés enopen access en France.

Christine OllendorffDirectrice de la Documentation et de la Prospective

Arts et Mé[email protected]

[1]www.legifrance.gouv.fr/affichLoiPreparation.do;jsessionid=55CC0E2A4837481CF39DD94DFD8707C6.tpdila19v_2?idDocument=JORFDOLE000031589829&type=contenu&id=2&typeLoi=proj&legislature=14[2] www.couperin.org[3] www.bibliothequescientifiquenumerique.fr/[4] openaccess.couperin.org[5] En tant que National Open Access Desks (NOAD) pour la France,Couperin participe au développement des activités pour collecter les résultatsissus des projets H2020 et aider les établissements à la mise en place deplans de gestion de données («data management plans»)[6] Facilitate Open Science Training for European Research, projet européende soutien d’actions de formation à l’open access.

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Initié par le Cern, Organisation européenne pourla recherche nucléaire, SCOAP3 est la plus vasteentreprise collaborative enmatière de libre accèsà l’échelle planétaire1.Il s’agit d’un consortium formé d’agences de finan-cement, d’organismesde recherche, debibliothèqueset de consortia de bibliothèques, créé en novembre20062. Leprincipe repose sur la conversiondumodèleclassiquede l’abonnement àunmodèle de type libreaccès, en évitant le modèle auteur-payeur, pour lesprincipales revuesdudomainede laphysiquedesparticules(aussi appelée physique des hautes énergies – PHE).

Dans un premier temps, un appel d’offres de 15 millionsd’euros pour 3 ans (coût annuel de 5millions d’euros) a étélancé vers les revues PHE souhaitant participer à ce projet.Il a permis de sélectionner des revues en tenant compte deleur qualité et des prix et services proposés par les éditeurs.SCOAP3 est opérationnel depuis janvier 2014. Le contrat ini-tial avec les éditeurs a été signé pour une période de 3 ans,arrivant à terme fin 2016.Une collaboration internationale a ainsi été mise en place,dans laquelle le Cern est l’entité légale opérant au nom deSCOAP3. Onze éditeurs ont été sélectionnés pour dix titresde revues3. La quote-part de chaque pays, basée sur le nom-bre d’articles publiés ou co-publiés par leurs chercheurs, estfixéepour 3 ans.Aujourd’hui, 44pays sontpartenaires, avecplus de 3 000 bibliothèques et institutions impliquées ettrois organisations inter-gouvernementales (Cern, Interna-tionalAtomicEnergyAgency - IAEAet Joint InstituteofNuclearResearch - JINR). Les États-Unis sont les plus gros contri-buteurs (24,9%), suivis par l’Allemagne (9,1%), le Japon(7,2%) et l’Italie (6,9%) ; la France arrive en septième posi-tion (3,8%) pour la période de 2014 à 2016. En 2014-2015,8 700 articles ont été publiés par plus de 18 000 auteursappartenant à 90 pays.4

Ce système est bénéficiaire pour le lecteur et l’auteur qui nepaient pas de frais. Par ailleurs, le chercheur reste libre dechoisir la revue dans laquelle il désire publier et garde sesdroits d’auteur. Une licence CC-BY est attachée à chaquearticle autorisant une large utilisation et diffusion.L’ensemble des articles est déposédansune archive ouvertedédiée5. Différents formats sont disponibles (PDF, PDF/Aet XML).Les frais de publication par article6 sont en moyenne, en2014-2015,de1104euros7, avecunmaximumde2000dollars(1820 euros) et un minimum de 500 euros. Cette moyenneestnettement endessousduniveaudes frais habituels payésauxgrands éditeurs dans le cadre de l’OpenAccessGold, quece soit le niveau global ou celui de la physique en général.8

Une question souvent posée est celle de l’extension poten-tielle du modèle SCOAP3 à d’autres disciplines. SCOAP3

concerne un domaine particulier, la physique des hautesénergies : il y a peu d’éditeurs, et auteurs et lecteurs sont lesmêmes personnes, ce qui n’est pas le cas en médecine parexemple. Cependant, lemodèle peut sans doute être adaptépour des domaines proches comme l’astrophysique ou laphysiquenucléaire, car c’est davantage lenombred’éditeursqui est un facteur limitant que le nombre de revues.SCOAP3 est en tout cas souvent cité comme modèle pré-curseur pour une transition vers le libre accès, y compris àgrande échelle9, basé sur une conversion dumodèle écono-mique reposant aujourd’hui essentiellement sur les abon-nements aux revues.

Herbert GruttemeierResponsable des relations internationales

[email protected]

Thérèse HameauChargée de veille et prospectiveResponsable du site Libre accès

à l’information scientifique et [email protected]

Institut de l’Information Scientifique et Technique, Inist-CNRS

SCOAP3: UN CONSORTIUM POUR SOUTENIR LE LIBRE ACCÈS DANSLE DOMAINE DES PHYSIQUES DES PARTICULES

[1] Sponsoring Consortium for Open Access Publishing in Particle Physicsscoap3.org/

[2] indico.cern.ch/event/7168/[3] L’American Physical Society s’est retirée en 2013 avec deux titres.

[4] Les éléments chiffrés dans ce document proviennent de laprésentation d’octobre 2015 à la Commission européenne de SalvatoreMele, responsable Open Access au CERN et un des inspirateurs deSCOAP3 .

[5] http://repo.scoap3.org/[6] Le sigle anglais APC pour Article Processing Charges est souventemployé dans les textes français.

[7] Le prix calculé au départ était de 1000 euros.

[8] cds.cern.ch/record/1735210[9] doi.org/10.17617/1.3

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Logo de SCOAP3

14 Ar(abes)ques N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016

(Dossier… CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUES)

L’information doit-elle devenir un bien marchanddans des situations d’oligopole, même à un coûtmodique pour les usagers ? La lutte contre le ter-rorisme justifie-t-elle un contrôle de l’informationadapté à des sociétés tétanisées par les menacesd’attentats ? Faut-il rester attaché au concept devie privée quand les progrès technologiques, plé-biscités par des utilisateurs ultra-connectés, repo-sent sur la collecte de données personnelles ?Comment décider de l’architecture du web de don-nées, par la concertation entre pays ou en respec-tant le travail accompli par des pays pionniers ?Pourquoi affecter des budgets à l’al-phabétisation et à la culture dans despays en développement quand les popu-lations concernées attendent en prio-ri té l ’accès à l’eau potable, à desmédicaments, à un toit…?Ce sont des dilemmes de ce type que l’Ifla affrontedans ses rapports avec des États, des collectivitéslocales, des firmes, des Organisations non gouver-nementales (ONG) que la mondialisation rend deplus en plus interdépendants.

INFLUENCER POUR CONVAINCREL’initiative de l’Ifla la plus importante par sa portéeen matière de lobbying réside dans sa Déclarationde Lyon de 20142, qui a remporté un grand succès.Elle a pesé dans la phase d’adoption des 17 Objectifsdu Développement Durable (ODD), déclinés en 179cibles, qui structurent l’agenda international del’Organisation des Nations unies (ONU), des grandesONG et des bailleurs de fonds3. Les ODD, connusaussi sous le nom d’ «Agenda 2030», ont été conçuspar l’ensemble des États avec la participation dereprésentants des sociétés civiles et de réseauxtransnationaux de villes, d’ONG et de chercheurs.C’est ce processus inédit que l’Ifla a su intégrer. LaDéclaration publiée à l’occasion du Congrès de l’Iflaà Lyon a été signée par plus de 300 acteurs pro-fessionnels à travers le monde. Les Nations-Uniesont inséré dans l’Agenda 2030 une cible 16.10 ainsi

Éloge de l’Iflapar temps de mondialisation

Le quotidien des bibliothèques, y compris en France, est influencé par des décisions prises à l’écheloninternational ; inversement, l’action des bibliothèques à l’échelon local mais inscrites dans des réseaux,influence les décideurs de niveaux national et international. Dans ce contexte, c’est pour défendre etpromouvoir les bibliothèques1 que la Fédération internationale des associations et institutions debibliothèques (International Federation of Library Associations and Institutions – Ifla) mène un lobbying actif,propose des outils communs et offre un cadre de décision unique.

[1] « Bibliothèques » désignedans le présent articlel’ensemble du secteurdes bibliothèques et servicesde documentation etd’information.

[2] Déclaration de Lyonsur l’accès à l’informationet au développementwww.lyondeclaration.org/

[3]www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/

[4] Le Cfibd a saisi lespouvoirs publics françaisen ce sens et collaboré àla traduction en françaisde la boîte à outils de l’Ifla(publication prochaine surifla.org et cfibd.fr). Voir :www.ifla.org/publications/toolkit--libraries-and-the-un-post-2015-development-agenda.(consulté le 6 mars 2016)

[5] OMPI (en anglais :World Intellectual PropertyOrganization) :www.wipo.int/portal/fr/

[6] www.ifla.org/node/10057?og=29

[7]www.ifla.org/files/assets/hq/news/documents/ifla-statement-on-privacy-in-the-library-environment-fr.pdf

libellée : « garantir l’accès à l’information et pro-téger les libertés fondamentales, dans le respectdes législations nationales et des accords interna-tionaux ». Et maintenant ? Les « Objectifs » vont êtremis en œuvre et la France, comme les 179 autresÉtats-membres, va adopter un plan national d’ac-tion. Si les ODD ne sont pas juridiquement contrai-gnants, ils dessinent un cadre stratégique que lescollectivités locales, les universités, les associa-tions… peuvent mobiliser dans des projets variés :recherche de co-financements, construction departenariats internationaux, arbitrages lors de débats

professionnels... À cet égard, les bibliothèques fran-çaises se mobilisent pour s’assurer que les déci-sions prises reflètent les orientations débattues4.L’Ifla intervient également pour porter les intérêtsdes bibliothèques dans des institutions des Nations-Unies, telles que l’Organisation Internationale dela Propriété Intellectuelle5. Elle plaide en faveurd’exceptions et de limites apportées au droit d’au-teur au bénéfice des bibliothèques, en s’appuyantsur des remontées du terrain collectées dans lemonde entier. Ce rôle l’amène parfois à s’écarterde la recherche du consensus (qui a dominé parexemple dans les négociations autour de la décla-ration de Lyon) en soulignant ses désaccords. L’Iflan’a pas hésité, en décembre dernier, à critiquer laposition de l’Union européenne qu’elle juge troptimorée6.Autre exemple d’action de lobbying : les positionspubliques sur des enjeux majeurs. Ainsi la Déclarationde l’Ifla sur la vie privée dans le monde des biblio-thèques7 alerte sur les dangers de la collecte et del’usage des données des utilisateurs au profit d’in-térêts commerciaux. Dans la pratique quotidienne,des textes publics de l’Ifla comme celui-ci s’avè-

L’Ifla offre un forum d’échangeset de décisions.

15N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016 Ar(abes)ques

rent utiles dans des négociations entre consortiade bibliothèques et fournisseurs d’accès ou pro-ducteurs de bases de données documentaires : ilsdémontrent que le bibliothécaire inscrit son actiondans un réseau international solide et permet dedépasser le huis-clos de la négociation commer-ciale8.

150 PAYS, 1 PROFESSIONUn deuxième mode d’action consiste à affirmerl’unité de la profession autour d’outils communs,au-delà des frontières entre États, langues et tra-ditions. L’Ifla Library9 offre, à travers un dépôt ins-t i tutionnel de publications, l ’ensemble descommunications prononcées lors des congrès dela fédération et constitue de fait un outil entre lesmains des décideurs pour l’instruction de dossiers(à travers des exemples étrangers) et l’aide à ladécision. Le «Registre des Risques» (Risk Register10)offre aux bibliothèques une base de données oùtoute institution publique ou détenteur privé dedocuments patrimoniaux peut enregistrer des fondsrares ou précieux. L’Ifla peut ainsi localiser des col-lections à sauvegarder en cas d’incendie (commeà Lyon en 1999) ou de catastrophe naturelle11 etfaciliter la mobilisation de la communauté interna-tionale. Enfin, le Trend Report est une base biblio-graphique de ressources (articles, littérature grise…)sur la prospective12. Elle est structurée autour degrandes thématiques, des technologies de l’infor-mation à l’éducation en ligne, en éclairant leur dua-lité et leurs virtualités tantôt « progressistes », tantôt« restrictives ». Elle s’avère précieuse pour la rédac-tion de documents stratégiques en bibliothèque.

UN FORUM INTERNATIONAL UNIQUEEnfin, l’Ifla offre un forum d’échanges et de déci-sions. La transition bibliographique est au cœur deses travaux et suscite un dialogue nourri entre les

tenants du format Resource Description and Access(RDA), issus des règles de catalogage anglo-amé-ricaines (Anglo-American Cataloguing Rules - AACR)et d’autres professionnels, convaincus de la néces-sité de catalogues FRBRisés mais héritiers, commeen France, de traditions catalographiques distincteset de millions de notices structurées selon des règlesnationales. Dans le même ordre d’idées, les 48 sec-tions de l’Ifla en constituent la « cellule de base » :un intense travail autour de l’évolution de l’état del’art et de sa diffusion et y est mené13. Intégrer unesection est aisé : il n’y a pas de relations hiérar-chiques à solliciter en amont (contrairement au tra-vail dans un établissement) ; tout repose sur lebénévolat, à distance pendant l’année, puis lors ducongrès international. Point d’orgue annuel, celui-ci se déroule depuis 1927 dans une région du mondedifférente chaque année. Il permet également demobiliser des communautés nationales et de sen-sibiliser les pouvoirs publics locaux14. Si l’Ifla s’estdotée de plusieurs langues officielles, un anglaisde communication, relativement rapide à maîtriseret parlé avec tous les accents du monde, prédo-mine comme langue de travail.

Créée dans le climat d’utopie qui a également vunaître la Société des Nations, l’Ifla reste plus quejamais « le » consortium des bibliothèques, le forumet le porte-parole international dont les bibliothèquesont besoin dans un monde de plus en plus connectéet interdépendant.

Franck HurinvillePrésident du Comité français international –

Bibliothèques et documentation (Cfibd)[email protected]

Viviana QuiñonesMembre du Conseil d’Administration de l’Ifla

[email protected]

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/123093025

[8] Pour un autre exemplerécent de l’action de l’Ifla,voir, en matière degouvernance de l’internet :www.ifla.org/node/10019?og=7407

[9] library.ifla.org/

[10] www.ifla.org/risk-register

[11] voir :bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2016-07-0054-004(consulté le 6 mars 2016)

[12] trends.ifla.org/

[13] www.ifla.org/standards

[14] Des bourses sontdisponibles : voirwww.cfibd.fr/bourses/bourses-2016/ et2016.ifla.org/congress-information/conference-participation-grants

82e congrès international de l’IFLA , 13-19 août 2016, Columbus (Ohio, Etats-Unis)

16 Ar(abes)ques N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016

(Dossier… CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUES)

Dès ses origines en 1917, la BDIC a placéau centre de son dispositif institutionnelune logique scientifique. Conformémentaux conditions de donation à l’Etat de la col-lection Leblanc1, elle se constitue en « labo-ratoire d’histoire », avec une volonté affirméede diffusion de la recherche. Dans ce cadre,la BDIC met à disposition de la communautéscientifique ses collections de référence etses sources. Elle contribue à la diffusiondes résultats de la recherche à travers sapolitique d’exposition, les colloques et jour-nées d’études qu’elle organise, ainsi queses publications2. L’établissement est unacteur à part entière de la recherche sur lessources de l’histoire contemporaine.

UN PROGRAMME DE COOPÉRATIONSCIENTIFIQUE INÉDITPorté lors de sa conception en 2012 par laMaison de l’Archéologie et Ethnologie René-Ginouvès (Nanterre), le Labex « Les passésdans le présent » traite des enjeux d’unemédiation dynamique du passé, à partird’objets complexes (textes, images, sons,objets...) et des conditions de leur intelligi-bilité auprès du public dans le contexte destechnologies numériques. Il associe dansune réflexion commune et interdisciplinaireplusieurs composantes de l’Université Paris10 (historiens, archéologues, ethnologues,sociologues, politistes, philosophes, lin-guistes, conservateurs), en partenariat avecde grandes institutions patrimoniales :Bibliothèque nationale de France (BNF),Musée du Quai Branly...Sur les 37 programmes du Labex, la BDICest associée à 12 projets et porteuse de 5d’entre eux. Quatre de ces programmesméritent d’être signalés. Ainsi le programmeDissémination du patrimoine numérisé dela Grande Guerre, piloté par la BNF et asso-ciant des sociologues de Paristech, a permisde mettre en lumière les réseaux de circu-lation du numérique et de sociabilité par

l’internet. Ce programme s’est attaché à lafois à une étude qualitative sur la dissémi-nation en ligne des photographies de laPremière guerre mondiale de la BDIC (albumsValois) et à une cartographie de l’activitédes sites de la Grande Guerre, réalisée àpartir des données issues du dépôt légal duweb. La question de la réception du patri-moine par le public a également été au cœurdu projet Etude des appropriations socialesdes expositions historiques, mené par lessociologues de l’Institut des sciences dupolitique (ISP). Plusieurs expositions sur laGrande Guerre, au sein d’institutions variéesen région et à Paris, ont fait l’objet d’un dis-positif d’analyse, s’appuyant sur l’observa-tion des comportements des visiteurs etd’une série d’entretiens. La BDIC contribueà la conception et à la mise en place de cesterrains d’analyse. Tradition de l’établisse-ment, la constitution de corpus d’archivesorales, avec le programmeMémoires de ladécolonisation, consacré notamment à lacoopération française en Algérie après l’in-dépendance, est également l’occasion dediscussions et d’actions communes entrechercheurs et conservateurs, de la mise enœuvre des entretiens à leur valorisation ausein de la BDIC. Enfin, un groupe de travailtransverse, Modélisation, référentiels etculture numérique, animé par le labora-toire de linguistique Modyco3, a permis demettre en commun les problématiques liéesà la description des produits de la recherche.La comparaison des pratiques, l’étudeconjointe des référentiels et des formats dedonnées déboucheront sur la mise en placed’un entrepôt RDF, fondé sur le modèleCidoc-CRM4, qui devrait donner accès auxdonnées produites par le Labex.Au-delà des résultats propres à chaque pro-gramme, le Labex est apparu comme unformidable espace d’échanges au sein del’Université, qui se concrétisera par la miseen place d’un diplôme universitaire consacré

à la médiation du passé. La place de la BDICs’en est trouvée renforcée, comme parte-naire mais aussi comme laboratoire d’ex-périmentation : le futur musée de la BDIC,qui verra le jour en 2020, mettra en effetdirectement en application les résultats decertains de ses programmes (Etude desappropriations sociales des expositionshistoriques notamment), et investira éga-lement le champ du numérique, lequel tientdéjà une grande importance à la BDIC (Mooc,bibliothèque numérique…).

Frédérique Joannic-SetaDirectrice adjointe de la BDIC

[email protected]

Valérie TesnièreDirectrice de la BDIC

[email protected]

Structure fédérative de recherche jusqu’en 2009, la Bibliothèque de documentation internationalecontemporaine (BDIC) fait désormais partie desmembres fondateurs du Laboratoire d'excellence « Les passésdans le présent : histoire, patrimoine, mémoire », projet de recherche collectif qui associe des partenaires issusdumonde universitaire et d’institutions patrimoniales.

La BDIC au sein du Labex« Les passés dans le présent »

[1] www.bdic.fr/la-bdic/reperes-historiques[2] Collection Sources et travaux de la BDIC,aux Presses Universitaires de Paris Ouest etrevueMatériaux pour l’histoire de notre temps[3] www.modyco.fr/fr/[4] Modèle sémantique de référence utilisé pourreprésenter les collections patrimoniales.

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Lauréat des Investissements d’Avenir en 2010, leLaboratoire d’excellence (Labex) TransferS rassem-ble sur la question des transferts culturels2 les labo-ratoires de sciences humaines et sociales de l’Écolenormale supérieure (ENS), ses bibliothèques litté-raires et deux unités du Collège de France. Quatrebibliothèques du Service Commun de la Documen-tation de l’ENS relèvent de ce champ disciplinaire : laBibliothèque de l’ENS Lettres et Sciences humaineset trois bibliothèques d’unités mixtes CNRS-ENSdédiées à l’archéologie (Archéologie et Philologied’Orient et d’Occident, Aoroc3), l’histoire et la philo-sophie des sciences (Caphés) et la phénoménologie(Archives Husserl de Paris4).Une ligne budgétaire réservée à la documentation per-met aux chercheurs d’acquérir des ressources néces-saires à leurs recherches, ainsi qu’aux unités docu-mentaires de développer leur politique documentairepar des achats selon les axes de TransferS.En 2014 et 2015, le Centre documentaire du Caphésa répondu à deux appels à projets scientifiques duLabex pour valoriser des fonds documentaires. Le pre-mier projet concernait le signalement d’un fonds d’ar-chives conservé dans l’Unité Mixte de Recherche enarchéologie Aoroc, le fonds Paul Bernard, en grandepartie relatif à la fouille d’Aï Khanoum (Afghanistan)5.Au-delà, il s’agissait de sensibiliser les archéologues,détenteurs de nombreux fonds d’archives, au traite-ment documentaire nécessaire à la visibilité et à lasauvegarde de leurs recherches. Le budget consentipar le Labex et la Direction de l’ENS, partie prenantedu projet, a permis le traitement du fonds, l’achat dematériel de conservation et l’organisation d’une expo-sition mettant en valeur les archives. Cette opérationa connu un vif succès : l’inventaire a été publié dansle catalogue en ligne des archives et manuscrits del’enseignement supérieur, Calames6, le profil du postede la bibliothèque d’Aoroc a été élargi, intégrant à pré-sent le traitement des archives, et les locaux affectésà l’Unité sont en cours de réorganisation pour stockerde manière plus cohérente les fonds.Le projet présenté en 2015 a concerné deux fondsdocumentaires conservés au Caphés – le fonds GérardSimon et le fonds Yves Bouligand –, autour desquelsdeux journées d’étude ont été organisées7. La journéeYves Bouligand s’est achevée par une exposition de

ses dessins scientifiques, entre art et sciences, suivied’un cocktail. Le budget du Labex aura permis la priseen charge de tous les frais relatifs à ces deux événe-ments (frais de mission et de repas, cocktail, impres-sion des panneaux d’exposition, etc.).TransferS ayant également une politique de soutienà l’édition, le projet de 2014 relatif aux archives dePaul Bernard a bénéficié d’une subvention pour lapublication d’une plaquette célébrant le cinquante-naire du début de la fouille d’Aï Khanoum8. De mêmeune demande de subvention sera adressée au Labexpour l’édition du catalogue de l’exposition Bouli-gand.Pour le Centre documentaire du Caphés, appar-tenir au Labex TransferS lui permet de remplir ses mis-sions dans tous leurs aspects : enrichissement etvalorisation des fonds. Le Labex s’avère un partenaireincontournable, dans la mesure où il accompagne lesprojets financièrement, mais aussi d’un point de vuelogistique : son équipe réunit des compétences engestion administrative et financière, communicationet humanités numériques, autant de supports don-nant aux projets sélectionnés toute leur portée.

Nathalie QueyrouxIngénieur de recherche, CNRS

ResponsableduCentredocumentaireduCaphés (UMS3610)ENS, PSL Research [email protected]

Le Laboratoire d’excellence TransferS et le Centre d’Archivesen Philosophie, Histoire et Édition des Sciences (Caphés) 1

Une coopérationautour de la documentation

[1] caphes.ens.fr/

[2] Le Labex TransferS viseà étudier la façon dont lestransferts culturels ont façonnéles sociétés et les cultures del’Antiquité à nos jours.

[3] www.archeo.ens.fr/

[4] www.umr8547.ens.fr/

[5] Directeur de la Déléga-tion archéologique françaiseen Afghanistan (DAFA) de1965 à 1980, Paul Bernard(1929-2015) a mené lafouille d’Aï Khanoum qui futl’une des plus importantesdécouvertes de la deuxièmemoitié du XXe siècle concer-nant l’hellénisme oriental.

[6]www.calames.abes.fr/pub/ms/FileId-2035

[7] La journée Gérard Simons’est concentrée sur la thèsequ’il a consacrée à Kepler.La journée Yves Bouligand atenté de retracer son parcoursentre morphogenèse, phy-sique et biologie théorique.Le Caphés met à disposition,entre autres fonds, la biblio-thèque et les archives de tra-vail de ces deux chercheurs,sources inédites permettantune ré-interprétation de leurstravaux respectifs.

[8] Il y a 50 ans…la découverte d’Aï Khanoum:1964-1978, fouilles de laDélégation archéologiquefrançaise en Afghanistan(DAFA), Paris, De Boccard,2014.

Lou-Hanna Beletd’après Yves Bouligand.Affiche de l’expositionorganisée avec le soutiende TransferS conçue à partird’un dessin scientifiqued’Yves Bouligand, schématridimensionnel d’un agrégatcholestérique de collagène.

18 Ar(abes)ques N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016

(Dossier… CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUES)

[1] www.libereurope.eu/[2] www.ifla.org/rare-books-and-special-collections

[3] www.europeana.eu/[4] www.dariah.eu/[5] Pour la liste des membresdu Cerl, voir :www.cerl.org/web/en/membership/list_members

[6] Pour plus d’informations :www.cerl.org/resources/hpb/main.La base est égalementdisponible pour les membresdu Cerl à cette adresse :hpb.cerl.org

[7] Pour une vue d’ensemblede toutes les clés de recherche:www.cerl.org/help/hpb/search_keys#overview_of_all_search_keys

[8] Le CT est en libre accès àcette adresse : thesaurus.cerl.org

[9] www.dnb.de/EN/gnd[10]www.bnf.fr/fr/professionnels/autorites_bnf/s.autorite_bnf_presentation_statistiques.html

[11] numelyo.bm-lyon.frcollection/BML:BML_06PRV01000COL0001

Le Cerl est une organisation à laquelle peuventadhérer les bibliothèques, les musées de livres,les centres d’archives et autres organismes en lienavec le patrimoine, les livres anciens et les manus-crits. Il a été l’un des pionniers dans l’utilisationd’interfaces web pour mettre à disposition des cher-cheurs des sources bibliographiques intégrées.Le travail du consortium se fonde sur les collec-tions des bibliothèques adhérentes et s’appuie surdiverses collaborations avec Liber1, l’Ifla2, Europeana3

et Dariah4. Il se positionne dans un contexte denumérisation, de plateformes généralistes tellesqu’Europeana, de préservation et conservation decollections numériques natives, de développementd’environnements d’enseignement virtuels répon-dant aux attentes des érudits de l’ère numérique,et plus particulièrement des digital humanities.

UN CRÉATEUR DE SERVICESLes quelques 264 membres du Cerl5, qu’ils soientdes adhérents à titre individuel ou collectif (groupesde bibliothèques, organisations…) constituent unecommunauté active qui a développé, depuis lesannées 1990 et en étroite collaboration avec leschercheurs et les spécialistes du patrimoine impriméet manuscrit européen, des services tant pour lesbibliothèques membres que pour la communautéscientifique. Toutes les contributions aux bases dedonnées décrites ci-dessous sont d’ailleurs les bien-venues.La base de données Heritage of the Printed BookDatabase (HPB)6 offre aux scientifiques de toutesles disciplines un accès à plus de six millions deréférences relatives au patrimoine imprimé euro-péen, depuis ses tout débuts (ca 1455) jusqu’à1850. La base HPB regroupe à la fois des noticesdes bibliothèques de recherche européennes etd’Amérique du nord (actuellement le contenu d’HPBprovient de plus de 200 bibliothèques). HPB estcontinuellement enrichi par des lots de données(nouvelles données ou mises à jour), dont la plu-part fournissent le cas échéant un accès aux docu-ments numérisés. L’interface de recherche et lesystème d’indexation sont adaptés à la nature des

notices bibliographiques contenues dans la base.En plus des index couramment usités (auteur, titreet date), HPB propose des filtres particuliers commele format bibliographique, les informations de pro-venance, le nom de l’imprimeur, l’empreinte et lescitations bibliographiques. Les index existants peu-vent être facilement adaptés ou redéfinis et de nou-veaux index peuvent être ajoutés.7

Comme la base HPB est constituée de notices crééesselon des règles de catalogage différentes et en plu-sieurs langues, on y trouve un grand nombre devariantes de formes concernant les noms d’impri-meurs, d’auteurs et de lieux. Afin d’améliorer larecherche et la sélection de notices, le thésaurusCerl (voir ci-dessous) est connecté à l’interface derecherche de HPB. Une recherche sur une variantede forme peut être répétée afin d’inclure toutes lesvariantes de formes contenues dans le thésaurusCerl (termes retenus, associés, rejetés…), amélio-rant ainsi l’ensemble des résultats, la qualité et lacomplétude de la recherche.Le thésaurus du Cerl (CT)8 a été développé tout par-ticulièrement pour répondre aux besoins européensen matière de multiplicité des noms de lieux et depersonnes en regroupant les différentes variantesorthographiques, formes en latin et autres languesainsi que les pseudonymes. Ce référentiel combinedes données d’autorités utilisées par les biblio-thèques et autres institutions culturelles comme leréférentiel des autorités de la Bibliothèque natio-nale allemande (le Gemeinsame Normdatei)9, celuide la Bibliothèque nationale de France10, et de labase Numelyo de la BM de Lyon11. Dans le CT, lesentités identiques et connexes sont repérées et liéesentre elles. Le CT contient actuellement près d’unmillion de notices provenant de plus de 100 lots dedonnées, mises à disposition sous forme de don-nées liées et ouvertes. Au fil du temps, le CT s’estenrichi grâce à son interconnexion avec une grandediversité de bases de données pertinentes conte-nant par exemple des informations sur les marquestypographiques (exemple ICCU SNB(A))12, les fili-granes (Bernstein project)13, les lieux d’impression(GeoNames)14, les données bibliographiques (Viaf)15.

Le Cerl, une communautéautour des fonds anciens

Créé en 1992, le consortium des bibliothèques de recherche européennes (Cerl) s’est donné pour objectif defournir un accès unique à l’ensemble du patrimoine écrit européen. S’appuyant sur son réseau pour le partaged’expertise et la mise en place de groupes de travail, le Cerl offre aujourd’hui de multiples services auxchercheurs et aux spécialistes des collections patrimoniales européennes.

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De plus, 70 000 notices de personnes et institutionscontiennent des liens pointant vers les cataloguesdes bibliothèques dans lesquelles les ressourcessont enregistrées. Ce nombre de notices augmenteà mesure que les index de provenance et les fichiersd’autorité sont intégrés au CT.16

Le portail du Cerl (Cerl Portal for Manuscripts andEarly Printed Materials)17 offre la possibilité auxchercheurs de gommer la distinction faite par lesbibliothèques entre imprimés anciens et manus-crits en interrogeant de manière fédérée des basesconsacrées au signalement de manuscrits, lettres,photographies… aussi bien médiévaux que modernes(par exemple Calames18), et une large sélection decatalogues de documents imprimés (HPB, VD1719,ESTC20 et la base espagnole CCPB21).Les données du Cerl peuvent être récupérées par mois-sonnage OAI-PMH (les notices sont stockées dans unindex local intégré) ou via le protocole Z39-50.Le Cerl met également à disposition de ses usagersla base de données Material Evidence in Incunabula(MEI)22, spécialement conçue pour le signalementdes données de provenance matérielles et d’exem-plaires des incunables : anciens propriétaires, élé-ments de décorations ou de reliures, annotationsmanuscrites, marques d’imprimeur, prix et moda-lités d’acquisitions, etc. La base MEI est liée aucatalogue ISTC (Incunabula Short Title Cataloguemis à disposition par la British Library23) et en tireune partie de ses données bibliographiques. L’usagerpeut combiner de façon univoque des recherchesde notices bibliographiques avec des notices decopies spécifiques.Plus de 70 personnes24 issues de nombreuses ins-titutions à travers l’Europe et l’Amérique du Nordenrichissent la base MEI avec des données de pro-venance, contribuant ainsi à la reconstitution decollections dispersées.Pour les bases MEI et HPB tout comme pour le por-tail du Cerl, le CT joue le rôle de fichier unique d’au-torités.

UNE COMMUNAUTÉ ACTIVE POURLE PARTAGE DES CONNAISSANCESET DE L’EXPERTISELe Cerl est donc un réseau destiné à la création deproduits et services pour les bibliothèques et lacommunauté scientifique. Il facilite le partage d’ex-pertise via l’organisation de conférences et de sémi-naires25, ainsi que par la création de groupes detravail et pôles d’intérêts communs (groupes de tra-vail sur la sécurité des collections, sur les manus-crits, les reliures ou les provenances ; forum Liberpour le patrimoine culturel numérique…)26.

UN PARTENAIRE DE PROJETS EUROPÉENSLe Cerl est impliqué en tant que partenaire dansdes projets financés par l’Union Européenne. Cristina

Dondi, secrétaire générale du Cerl, dirige le projet« 15cBOOKTRADE »27 basé à Oxford et dont l’undes buts est d’améliorer la base MEI. Elle super-vise également le projet « PATRIMONiT »28 sur leséphémères italiens du XVIe siècle conservés à laBritish Library29. Le Cerl est également impliquédans le projet European dimensions of popular printculture (EDPOP)30.

CONCLUSIONLe Cerl concentre et poursuit son action sur le déve-loppement de ses services destinés aux érudits afind’améliorer le traitement, l’organisation et la pré-servation des documents patrimoniaux possédéspar les bibliothèques de recherche et les archives.Il s’agit de développer l’usage et l’utilité des basesde données du consortium, et de faire du Cerl uneinstance de référence en matière d’histoire du livre.Citer et réutiliser les données du Cerl permet à lacommunauté de faire des économies et d’homo-généiser les sources de données créées par les ins-titutions de recherche, les bibliothèques ou dansle cadre de projets partenaires. Tout ceci fait duCerl une instance de référence vers laquelle setourner pour rechercher des données relatives àl’histoire du livre.

Marian LeffertsPrésidente du Cerl

[email protected]

Sur Twitter :@MRL57 et@cerl_org

Traduction : P. Pons (Abes)

Pour être ajouté aux listes de diffusion du Cerl,contacter : [email protected]

[12] www.cerl.org/resources/links_to_other_resources/bibliographical_data#printers_devices

[13] www.cerl.org/resources/links_to_other_resources/bibliographical_data#watermarks

[14] www.geonames.org[15] viaf.org/[16] Actuellement, le CT estconnecté à plus de 200 sourcesbibliographiques externescomme l’index autorité deprovenance de la bibliothèqueCentrale Nationale de Rome.

[17] cerl.epc.ub.uu.se/sportal/[18] Catalogue en ligne desarchives et des manuscrits del’enseignement supérieur :www.abes.fr/Calames/Le-catalogue-Calames

[19] www.vd17.de/[20] estc.bl.uk/[21]en.www.mcu.es/bibliotecas/MC/CCPB/index.html

[22] Voirdata.cerl.org/mei/_search etwww.cerl.org/resources/mei/main

[23] www.bl.uk/catalogues/istc/[24] Pour voir la liste complète:www.cerl.org/resources/mei/about/editors

[25] Pour un aperçu des futursconférences et séminaires ainsique les diaporamas présentéslors des manifestations passées:www.cerl.org/services/seminars/main

[26] Pour la liste de tous lesgroupes de travail :www.cerl.org/collaboration/work

[27] 15cbooktrade.ox.ac.uk/[28] cordis.europa.eu/project/rcn/195819_en.html

[29] www.cerl.org/collaboration/projects/marie_curie

[30] edpop.wp.hum.uu.nl/

People getting together to create solutionsFrits Ahlefeldt

CCBY-NC-N

D2.0

20 Ar(abes)ques N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016

(Dossier… CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUES)

[1] biodiversitylibrary.org/[2] Projet de bio-encyclopédiecollaborative en ligne : eol.org/

[3] taxonfinder.org/ L’outilrepose sur la reconnaissance etl’indexation par un programmeinformatique des termesscientifiques repérés dansles textes numérisés.

[4] Initiative européenneinaugurée en 2004 afinde créer une infrastructurede recherche dans le domainede la systématique (scienceayant pour objectifla classification rationnelledes espèces zoologiques,botaniques et minéralogiques).

[5] Programme européen misen place entre 2005 et 2008pour soutenir le développementde contenus multilinguesen vue d’alimenter des servicesen ligne innovants.

[6] Cette participation s’inscritdans le cadre d’une politiqueactive de coopération portéepar la BNF. Voirwww.bnf.fr/documents/comite_cooperation2015_present.pdf

Le programme européen tire son origine de la créa-tion en 2005 d’un consortium de bibliothèquesde jardins botaniques et de muséums d’histoirenaturelle anglo-saxons, Biodiversity HeritageLibrary (BHL)1, dont l’objectif est de développerun projet de numérisation à grande échelle de lalittérature sur la biodiversité. Le projet constitue lapartie documentaire de l’Encyclopedia of life (EOL)2

et participe au Système mondial d’information surla biodiversité (Global Biodiversity InformationFacility,-GBIF) fondé en 2001 à l’initiative del’Organisation de coopération et de développementéconomiques (OCDE).La principale innovation du portail BHL lancé en2007 réside dans l’utilisation de la technique de lareconnaissance optique des caractères pour relierles publications historiques de description desespèces aux grandes bases de données interna-tionales de collections de spécimens naturalistes,grâce à l’outi l de recherche taxonomiqueTaxonFinder3.Le volet européen du projet est né de la volonté dedévelopper la mise en ligne de la littérature taxo-nomique dans les langues européennes en ali-mentant la bibliothèque numérique européenneEuropeana. Soutenu par le Consortium of europeantaxonomic facilities (consortium des institutionstaxonomiques européennes – Cetaf), le projet BHL-Europe a été fondé en 2007 par une déclarationd’intention des participants européens, réunis àParis dans le cadre du programme SYNTHEsis ofSYStematic resources - Synthesis4. Soumis en 2008à la Commission européenne dans le cadre du pro-gramme eContentplus5 et en particulier du sous-programme « Réseaux de meilleures pratiques pourl’interopérabilité des bibliothèques numériques »,le projet vise à développer l’interopérabilité desbibliothèques numériques appartenant aux musées,archives et bibliothèques dans un grand nombred’États membres de l’Union Européenne. Il s’agitainsi de rendre les collections accessibles par l’in-terface utilisateur commune de la bibliothèque

numérique européenne, Europeana. Le projet adémarré pour trois ans en 2009.

COOPÉRATION AVEC LA BIBLIOTHÈQUENATIONALE DE FRANCELa candidature française au projet a été portée conjoin-tement par la Bibliothèque nationale de France et leMuséum national d’histoire naturelle, lequel participeà SYNTHESYS et coordonne le consortium EuropeanDistributed Institute of Taxonomy (Edit). Le projet réu-nissait 28 partenaires de 13 pays européens. Deuxpartenaires historiques du projet BHL, le MissouriBotanical Garden et la Smithsonian institution, sesont associés au projet européen.La BNF et le Muséum ne se sont pas investis dans lepremier cercle des participants qui ont piloté le pro-jet BHL-Europe entre 2009-2012 mais ont été asso-ciés en tant que fournisseurs de contenus, la Direc-tion des bibliothèques du Muséum développant sabibliothèque numérique depuis 2002 en partenariatavec la BNF dans le cadre des pôles associés.Pour BHL-Europe, la Direction des bibliothèques s’estengagée à fournir 200 000 pages numérisées. Lescollections numériques, dont les métadonnées néces-sitaient d’être moissonnées par protocole OAI/PMH,devaient être accessibles via un portail spécifiqueBHL–Europe dédié à ce projet ainsi que sur Euro-peana. Par ailleurs, les fichiers numérisés devaientsubir un traitement informatique de reconnaissancedes caractères pour permettre l’utilisation de l’outilde recherche taxonomique TaxonFinder développépar le consortium historique BHL.Le financement européen reçu par le Muséum, envi-ron 20 000 euros par an sur trois ans, ne portait passur les opérations de numérisation elles-mêmes maissur celles qui les rendaient possibles, à savoir desdépenses de personnel (80% du budget) complétéespar des frais de mission pour participer aux réunionsdes groupes de travail qui ont ponctué les différentesphases du projet (à hauteur de 20% du budget). Outrela participation financière de la BNF au titre des pôlesassociés6, l’augmentation du volume de la numéri-

Retour sur BHL-Europe :un consortium au service d’unprogramme de numérisationBILAN DE LA PARTICIPATION DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE

Entre 2009 et 2012 le Muséum national d’histoire naturelle a été partie prenante, à travers sa Direction desbibliothèques, du projet européen Biodiversity Heritage Library - Europe (BHL-Europe). Une expérienceconstructive qui marque une étape dans l’élaboration de la politique numérique de l’établissement.

21N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016 Ar(abes)ques

sation pour répondre aux cibles du projet a été réali-sée grâce au contrat quadriennal 2009-2012 duMuséum dans lequel ces objectifs ont été inscrits.A la clôture du projet au printemps 2012, la Directiondes bibliothèques avait produit 232546 pages. 94000d’entre elles avaient été réalisées entre 2003 et 2008en partenariat avec la BNF, à partir des publicationsen série du Muséum et des sociétés savantes asso-ciées essentiellement.

UNE VISIBILITÉ RESTREINTE DESCOLLECTIONSOr, si les fichiers ont été fournis, seul un tiers des230 000 pages numérisées ont été mises en ligne surle portail BHL-Europe. Ce dernier, qui reste accessi-ble, n’est par ailleurs plus alimenté depuis. À cetteréalisation incomplète s’ajoute un handicap plus impor-tant encore qui est l’absence de lien avec le consor-tium mondial BHL. Dans le Memorandum of unders-tanding (MoU) signé en juin 2010, BHL-Europes’engageait en effet à ne pas diffuser les fichiers mas-ters. Une annexe, Europeana Data Exchange Agree-ment, lui a été ajoutée en 2012 pour le partage desmétadonnées dans Europeana. Mais contrairementaux deux autres documents, une dernière annexe,Global BHL data and content sharing, n’a pas étésignée par les partenaires français duprojet (leMuséumet la BNF) qui ne souhaitaient pas le dépôt auprès deBHL des fichiers numériques eux-mêmes, seule garan-tie pourtant de l’utilisation des outils taxonomiques dece portail mondial. Le projet a ainsi été déconnectépour laFranceduconsortiummondialet il fautaujourd’huique le Muséum s’emploie à rejoindre ce portail supraeuropéen, le seul connu et largement utilisé de la com-munauté scientifique cible, qui est en outre alimentépar les bases de collections naturalistes du Muséum.

COLLABORER AVEC BHL-MONDELa Direction des bibliothèques du Muséum s’est éga-lement investie, après la fin du projet européen, dansun nouveau programme de numérisation destiné àalimenter BHL, le projet Taxonomina porté par leMuséum, pour lequel elle a obtenu le soutien de laBibliothèque scientifique numérique (BSN5) au titredes années 2014 et 2015. Conçu pour résoudre lacomplexité nomenclaturale du vivant de manière col-laborative, Taxonomina est un projet encore expéri-mental de plateforme Web liée au portail BHL, quimet en relation des spécimens, des taxonomies, labibliographie des premières citations de taxons ainsique les corpus numérisés correspondant à ces publi-cations. La Direction des bibliothèques y participeen numérisant en collaboration avec les chercheursdu Muséum des textes historiques taxonomiquesnon encore accessibles en ligne. Au titre de l’année2014, une première sélection documentaire a étéréalisée dans la littérature scientifique historique desamphibiens et le travail a été poursuivi en 2015 sur

les mammifères. Si les textes numérisés sont dispo-nibles sur le portail du Muséum et destinés à êtremoissonnés par Gallica et Europeana, le nouveaudéfi auquel est confrontée la Direction des biblio-thèques est maintenant l’intégration dans BHL, quia été retardée par la participation à BHL-Europe.

Malgré son protectionnisme, ce projet a néanmoinsmarqué une étape théorique, technique et politiqueimportante dans la politique de numérisation de laDirection des bibliothèques. Qu’ils soient proposéspar BHL-Europe ou BHL, les outils taxonomiquesimposent pour fonctionner un traitement informa-tique de reconnaissance des caractères qui a faitl’objet d’un rattrapage pour les numérisations réa-lisées au début des années 2000 et est aujourd’huisystématiquement fait pour les imprimés. L’étapeBHL-Europe a constitué également un temps deformalisation et de pérennisation de la politique denumérisation de la Direction des bibliothèques7,qui a obtenu d’une part d’importants crédits sur lecontrat quadriennal et d’autre part un poste d’in-génieur d’études qui coordonne la mise en œuvredes opérations de numérisation. Forte de cetteimpulsion donnée dans les années 2009 à 2012,la Direction des bibliothèques du Muséum peuts’appuyer aujourd’hui sur toutes ces avancées pouraller vers des projets de numérisation innovants età haute valeur scientifique ajoutée.

Gwenaëlle BourriaudChargée du pôle images

[email protected]

Pascale HeurtelChef du Service des collections

[email protected]

Alice LemaireMission Conservation et communication

[email protected] des bibliothèques et de la documentation

Muséum national d’histoire naturelle

[7] La bibliothèque duMuséum national d’histoirenaturelle et le projeteuropéen de numérisationBiodiversity Heritage Library(BHL) : guideméthodologique. Stageprofessionnel pour le diplômede conservateur debibliothèque sous la directionde Françoise Romagné,responsable du serviceEntrées documentaires, 2009

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22 Ar(abes)ques N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016

(Dossier… CONSORTIA ET RÉSEAUX DE BIBLIOTHÈQUES)

L’une des premières caractéristiques de l’Abess’inscrit dans l’histoire de sa création. Établissementpublic administratif, elle assume des missions deservice public que l’Etat lui délègue. Elle a ainsiregroupé des initiatives multiples surgies des pre-mières aventures informatiques des bibliothèquesqu’il convenait de fédérer, de centraliser, d’orga-niser pour constituer un réseau homogène. A l’heureoù, dans beaucoup de pays, les consortia cher-chent à se rassembler, à gagner en cohérence, àrechercher un niveau d’intervention national, voireinternational, cette tendance jacobine, dont on peutsouvent regretter les effets, a été ici une heureuseinitiative.Ce réseau a permis de partager des outils et degagner en professionnalisme au travers de pratiquescommunes. Il a vu son identité se renforcer au fildes ans. Une identité dont l’Abes est le socle, lacolonne vertébrale.

D’après la typologie proposée par Maurits van derGraaf en ouverture du dossier, l’Abes a tout d’unconsortium. Sans être exhaustif, nous donneronsici quelques exemples illustrant la variété et l’étenduedes actions consortiales menées par l’agence.

Au plan des stratégies horizontales figure lepartage de la charge de travail et l’amélioration del’accès aux collections.Le Sudoc a permis de constituer un catalogue col-lectif, un réseau de catalogage partagé et de pro-poser des services associés à partir d’un socleinformatique - CBS - acquis auprès de Pica, rachetéensuite par OCLC. L’application Calames, elle, a étédéveloppée à l’Abes en se fondant sur les spécifi-cations des experts des bibliothèques de l’ensei-gnement supérieur. La participation du réseau à laconception de cet outil a largement contribué à laréussite de ce projet. L’implication du réseau, plusune dose de centralisme, constituent donc une for-mule gagnante qu’il convient de répliquer. Cettecollaboration se retrouve dans le projet SGBM, dontle cahier des charges fonctionnel n’aurait pu êtreélaboré par l’Abes seule. Et ce d’autant moins que,contrairement à de nombreux consortia qui intè-grent la gestion locale lorsqu’ils travaillent sur lecatalogage partagé, l’Abes n’avait encore jamaispris en compte, dans son champ d’action, la ges-tion des systèmes locaux. Ce déficit constitue

aujourd’hui une menace pour la qualité du signa-lement - l’absence de synchronisation entre les sys-tèmes locaux et le Sudoc pouvant mécaniquementconduire à un éloignement progressif. Le projetSGBM, en établissant le principe de mise à jour entemps réel avec les systèmes locaux (synchronisa-tion complète), comble cette lacune.

Au plan des stratégies en aval figure le déve-loppement de services pour les chercheurs, lesétudiants, l’enseignement.Le prêt entre bibliothèques, la conservation par-tagée, sont des services rendus possibles par uncatalogue collectif et, au-delà, par la structurationdes données au travers des actions de traitementde masse, de structuration et d’ingénierie des méta-données.Les services développés autour des thèses - Step,Star, Thèses.fr - découlent de la mission régalienneconfiée à l’Abes de « dépôt légal » des thèses sousforme numérique et avant cela, de l’obligation designalement des thèses papier.D’autres missions confiées à l’Abes échappent par-tiellement à la définition d’une action consortiale,tout en la renforçant. Il s’agit des missions où l’Abesagit par délégation de l’État, que ce soit pour l’at-tribution de subventions (rétro-conversions, grou-pements de commandes...) ou dans des missionsspécifiquement liées à son rôle d’agence biblio-graphique nationale (avec la Bibliothèque natio-nale de France - BNF) notamment autour de lanormalisation, par sa contribution à l’établissementet à l’évolution des normes nationales et interna-tionales.

Au plan des stratégies en amont, l’Abes s’estlargement impliquée dans l’augmentation du pou-voir de négociation.L’analyse d’opportunité, le choix des produits à pro-poser et la négociation tarifaire doivent être le résultatde l’expression des établissements. Ainsi, les négo-ciations proprement dites sont largement conduitespar le réseau, structuré autour du consortiumCouperin. L’Abes intervient dans le portage admi-nistratif et financier des groupements de com-mandes, domaine où elle a acquis expertise etcompétence, notamment en matière de marchéspublics et de propriété intellectuelle. Une nouvelleétape est franchie avec les licences nationales.

L’Abes, un consortium ?Peut-on considérer l’Abes comme un consortium ? Au regard des missions qu’elle assume, certainement ; auregard de son organisation et des modes de prise de décisions, très probablement ; d’après le regard qui estporté par les partenaires étrangers, indiscutablement. Mais comme tous les autres consortia, l’Abes revêt desspécificités.

23N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016 Ar(abes)ques

Enfin, la négociation des contrats de licences auprèsdes fournisseurs prend un sens tout particulier avecl’inscription dans les missions de l’Abes de contri-buer à la constitution d’un entrepôt de métadon-nées, incluant un signalement au niveau de l’articlepour les périodiques et au niveau du chapitre pourles monographies. Il s’agit d’inscrire dans les contratsla fourniture des métadonnées, et de définir éga-lement les exigences en matière de mises à jour.Le suivi de ces marchés engagés sur des périodesrelativement longues et visant des périmètres largeset changeants (établissements de l’enseignementsupérieur et de la recherche) impose de confier cesmissions à une structure pérenne et stable telle quel’Abes.En tout cas, l’Abes n’agit jamais seule dans sa rela-tion aux établissements. Son rôle se dessine dansun tissu d’acteurs, qu’il s’agisse de consortia telsque Couperin, d’organismes de recherche tels quele CNRS ou d’autres établissements publics telsque la BNF, pour n’en citer que quelques-uns.L’intervention de multiples acteurs tend à se géné-raliser. Le fonctionnement « en silo » qui caracté-riserait un consortium agissant dans un domaineprécis et de manière purement verticale, se raréfie.Nous pourrions ainsi introduire une nouvelle notion,qui n’apparaît pas dans la typologie de Maurits vander Graaf : celle de la stratégie transversale, quicouvre les actions visant à faire le lien entre lesinterventions de multiples acteurs.

Au plan des stratégies transversales, nousretiendrons donc principalement le travail sur lesréférentiels. L’application IdRef est emblématiquede cette approche. Elle vise à travailler sur des réfé-rentiels d’autorité à partir de plusieurs applicationsde catalogage. Les thèses, Calames, le Sudoc, maisaussi d’autres applications vont se référer à IdRefet pointer vers celui-ci. Sur la base de ce principe,

il est prévu avec la BNF, mais aussi avec d’autresacteurs, de constituer un référentiel national d’au-torités. Le recours à des référentiels pivots devienten effet essentiel pour permettre à de multiples sys-tèmes d’information de dialoguer. Leur utilité dépassed’ailleurs largement la sphère des seules biblio-thèques et ouvre des perspectives de coopérationtout à fait stratégiques pour un dialogue entre métiersd’une part, et pour l’intégration des problématiquesdocumentaires dans les systèmes d’informationd’autre part.

Dans ces activités consortiales, deux caractéris-tiques, déjà en cours, vont marquer l’évolution del’Abes pour les prochaines années. La première estla tendance à l’inscription dans un tissu d’acteursqui dépasse les seuls établissements à desservir.La deuxième est la participation de plus en plusprégnante du réseau dans l’expression des besoinsfonctionnels. Son implication devra être davantagestructurée pour satisfaire les objectifs stratégiquesavant d’être instruite au niveau technique.Ces deux évolutions ont pour point commun d’obligerà une réflexion sur les modalités de prise de déci-sions - donc de gouvernance - par l’Abes et lesacteurs qui travaillent avec elle au plan transversal.Cette réflexion sous-tend les axes stratégiques del’agence qui serviront de socle à son prochain projetd’établissement.Le caractère dual de l’Abes, à la fois opérateur del’État dont il doit suivre les instructions, et structurede coopération - émanation de la volonté des utili-sateurs -, est certes un facteur de complexité, maiscette heureuse combinaison d’éléments est surtoutune chance.

Jérôme KalfonDirecteur de l’Abes

[email protected]

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24 Ar(abes)ques N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016

L’UNIVERSITÉL’Université de Corse Pascal Paoli (UCCP)accueille 4500 étudiants et son offre d’ap-prentissage s’articule autour de trois unitésde formation et de recherche (UFR) :• Lettres, langues, arts, sciences humaines

et sociales• Droit, sciences sociales, économiques et

gestion• Sciences et Techniques, avec une com-

posante sportUn institut universitaire de technologie, uninstitut d’administration des entreprises, uninstitut universitaire de santé et une écolesupérieure du professorat et de l’éducationimplantée à Corte, Bastia et Ajaccio sontaussi rattachés à cet établissement pluri-disciplinaire.

L’UCPP compte par ailleurs 6 unités derecherche reconnues par le Ministère del’éducation nationale, de l’enseignementsupérieur et de la recherche (MENESR) dont4 sont associées au Centre national de laRecherche Scientifique (CNRS) regroupant250 personnels de recherche.Les projets de recherche structurants s’ins-crivent dans des problématiques de pré-

servation de l’environnement et répondentaux enjeux de développement économiquedurable de la Corse.

UNE NOUVELLE BIBLIOTHÈQUEORIENTÉE VERS LA PÉDAGOGIEET LA RECHERCHEDès 1998, l’Université de Corse a souhaitése doter d’une véritable bibliothèque, maisce n’est qu’en 2006 que la collectivité ter-ritoriale de Corse décide de voter une enve-loppe de 20,6 millions d’euros pour un projetcommun Service Commun de Documentation- Centre culturel - Administration del’Université. Le travail architectural, sur labase d’un programme technique daté decette époque, se concentre uniquement surl’enveloppe, l’identité et le statut de la biblio-thèque dans le campus et la ville. En effet,la bibliothèque est déplacée du campusMariani sur lequel se déploient les UFR« Lettres, langues, arts, sciences humaineset sociales » et « Droit, sciences sociales,économiques et gestion» au campus Grimaldiqui accueil le l ’UFR « Sciences etTechniques», l’Institut universitaire de tech-nologie et l’Institut universitaire de santé.En 2013, nous disposions ainsi d’une sur-

face de 4500 m2 déployée sur deux étageset bénéficiant d’un grand puits de lumière.L’aménagement de la bibliothèque étaitencore à construire : à charge donc del’équipe de la bibliothèque de réfléchir à lalisibilité des espaces et des parcours, à leurscénographie, avec la mise à niveau de cer-tains équipements. Le programme initial,par exemple, ne prévoyait pas de prisesélectriques en nombre suffisant. L’adaptationde ce bâti aux nouveaux besoins était eneffet nécessaire mais ne pouvait plus êtreprise en compte par la maîtrise d’ouvragequi ne souhaitait pas retarder les délais delivraison du bâtiment. Ce fut donc l’Université,à l’écoute des besoins du SCD et de sesusagers, qui dut pallier ces défaillances àla livraison du bâtiment. Ces aménagementsréalisés en même temps que la livraison dumobilier et le déménagement des collec-tions, a demandé à l’équipe de la biblio-thèque une grande capacité d’adaptation.Qu’elle en soit ici remerciée !

Au final, le lieu permet de valoriser toutes lesactivités de la bibliothèque. Cela se traduitpar des espaces de travail polyvalents et degrands espaces décloisonnés dont le mobi-

(Pleins feux sur…)

Une nouvelle bibliothèque à l’Universitéde Corse Pascal Paoli.Une nouvelle bibliothèque universitaire, attendue depuis presque vingt ans à l’Université de Corse PascalPaoli, a ouvert ses portes à la rentrée de septembre. Retour sur la mise en place de ce lieu d’apprentissagemoderne et convivial.

CARTED’IDENTITÉDELABIBLIOTHÈQUEDirectrice et chef de projet pourl’aménagement :Martine Mollet, Conservateur généralMaître d’ouvrage :Collectivité territoriale de CorseOuverture au public : septembre 2015Surfaces SHON : 4500 m2

Nombre de places assises :380 + 30 places de formationNombre de mètres linéaires en accès libre :4050 mlNombre de mètres linéaires en magasin :1050 mlPersonnel (ETP) : 20 (1 A+, 1 A, 8 B, 10 C),dont 12 titulaires de la filière bibliothèqueHoraires d’ouverture : 55 heures par semaine

25N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016 Ar(abes)ques

lier structure à la fois l’offre documentaire etl’offre culturelle.Dans cette nouvelle bibliothèque vaste etaccueillante. les collections documentairesmulti-supports sont organisées par grandsdomaines disciplinaires correspondant auxenseignements dispensés à l’Université. Denouveaux services numériques ont été misen place ainsi que des espaces propices àla pédagogie par projet. La bibliothèque est

effectivement largement impliquée dans lesquestions de pédagogie relatives aux unitésd’enseignement.Les espaces sont variés pour répondre àdiverses situations d’apprentissage : placesassises par 4 ou par 8, places individuelles,salle de travail en groupe polyvalente, chauf-feuses, salle de cours de 30 places. Certainesplaces sont connectées sur les réseauxfilaires et 100 % des postes informatiquespeuvent accéder au réseau WiFi.L’accessibilité pour tous est au cœur de lapolitique des services : une attention parti-culière est portée à l’aménagement desespaces et à la signalétique. Des équipe-ments dédiés aux publics handicapés sontprévus comme ceux pour les malvoyants etles malentendants.

UNE BIBLIOTHÈQUE HYBRIDEDe la réflexion à la réalisation, 17 ans sesont écoulés. Sur une si longue durée, untel projet oblige à de profondes mutationsdans l’organisation documentaire. Les per-sonnels, qui ont été formés in situ en 2014et 2015, avec le concours du Centre régionalde formation aux carrières des bibliothèques,ont porté des évolutions majeures dans la

mise en valeur des collections, l’accompa-gnement des utilisateurs, la formation docu-mentaire et l ’appropriation de ladocumentation et des services numériques.Lescollections traditionnelles (110000ouvrages,680 abonnements de périodiques papier) sontaujourd’hui à 90 % en libre accès, équipéesd’un système de radio-identification, et valo-risées par une présentation par domaine thé-matique, repérable à travers un code couleur.

Un nouvel espace «Temps libre» a été créépour l’ouverture, et le Fonds corse, situé prèsde l’accueil de la bibliothèque, est particuliè-rement valorisé. Des outils numériques faci-litent la circulation des documents (prêt etretour possible avec un automate, possibilitéd’impression et de photocopies).Les collections numériques, que ce soit lesressources éditoriales acquises via les négo-ciations du consortium Couperin, ou lesressources scientifiques (thèses) produitespar l’école doctorale, sont accessibles aumoyen de postes de travail intégrés dans lesrayonnages, et bien sûr à distance, via l’Envi-ronnement numérique de travail (ENT).

UN ESPACE D’APPRENTISSAGEET UN LIEU D’ANIMATIONCULTURELLEAvec cet environnement de soutien à l’ap-prentissage, la bibliothèque universitaire deCorte réunit les équipes enseignantes et lesbibliothécaires autour de projets communsliés à l’enseignement de méthodologies derecherche d’information inscrites dans lescursus.Par ailleurs, ce lieu au design contempo-rain, a suscité dès l’ouverture un intérêt inat-

tendu : malgré sa nouvelle localisation surle campus scientifique, l’ensemble de lacommunauté académique s’en est déjàemparé pour conduire également des acti-vités pédagogiques qui lui sont propres.Cette nouvelle BU a été conçue non seule-ment comme un lieu d’étude mais aussicomme un lieu culturel et de sociabilité.Ainsi propose-t-elle au public une offre demanifestations culturelles visant à éveillerla curiosité, à mettre les savoirs en dialogue,à favoriser au sein de l’espace public undébat démocratique et civique, à ques-tionner la modernité dans les différentsdomaines et disciplines de la connaissance.Le public naturellement visé par les mani-festations culturelles de la BU est celui dela communauté universitaire de l’Université(étudiants, enseignants chercheurs, per-sonnels administratifs). Toutefois, l’ouver-ture à tout public autre qu’universitaire estrecherchée (notamment scolaire et grandpublic). Ainsi la conception des manifesta-tions culturelles, la communication sur cesévènements, permettront-elles d’élargir lecadre du public habituel de la BU.

CONCLUSIONSi la surface n’a pas été assez grande pouren faire un véritable learning centre, ce lieuconvivial et aéré, accueillant diverses situa-tions d’apprentissage et d’action culturelle,s’en est toutefois inspiré. Les activités d’ac-cueil du public ont été profondément rema-niées, de même que la participation de l’équipeà la pédagogie, à la recherche et à l’actionculturelle pour faire de cette bibliothèque unsite moderne, ouvert sur les réseaux et surson territoire.Espérons qu’avec les collaborations qu’ellesouhaite développer, au-delà de ses parte-naires privilégiés1, avec des partenaires exté-rieurs (notamment avec les festivals qui sedéploient sur l’île de beauté toute l’année),la bibliothèque universitaire attendue depuissi longtemps ici, devienne un acteur majeurde la société corse et du territoire où les équi-pements culturels publics sont encore rares.

MartineMolletDirectrice de la Bibliothèque

universitaire de [email protected]

[1] Centre culturel et services de l’Université,associations d’étudiants, Fondationwww.univ-corse.fr/presentation-fundazione-di-l’universita-di-corsica-fundazione-di-l’universita-di-corsica_3586.html

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(Actualités…)

Le projet Istex1, engagé depuis 2013dans une politique nationale d’ac-quisition massive d’archives de

la littérature scientifique dans toutesles disciplines, a pour objectif l’agré-gation de ces ressources en une uniquecollection au sein d’une plateformenationale, ainsi que la création de ser-vices apportant une plus-value baséesur le traitement des données en texteintégral.

16,5 millions d’objetsdocumentaires intégrésUne des principales nouveautés de laplateforme Istex est le nombre de res-sources disponibles.Actuellement, plusde 16,7millionsd’objets documentaires(articles et chapitres de monographie)sont disponibles à travers les servicesopérés par l’Inist-CNRS.

De nouvellesfonctionnalitéssur la plateformePlusieurs fonctionnalités ont été ajou-tées récemment à la plateforme Istex.La première d’entre elles est le filtragedes résultats à l’aidede facettes. Ceméca-nisme permet d’affiner une recherchesur la quasi-totalité des métadonnées.Il est égalementpossiblede trier les résul-tats d’une recherche selon le champ deson choix. Les tris numériques, alpha-numériques et chronologiques sont sup-portés selon la nature du champ sélec-tionné. Enfin, on notera que l’interfacede programmation (API) Istex2 s’estdotée d’un résolveur de requêtes com-patible avec la norme OpenURL 1.03.Cette fonctionnalité permet aux ayantsdroit d’accéder de manière simple etstandardisée aux ressources. Cette der-

nière avancée permet aussi aux res-sources Istex d’être accessibles via desoutils de type résolveurs de lien.

Des ressources enrichiesConcernant l’enrichissement desressources acquises, un ensemble de7,4 millions d’articles a été catégorisésuivant le plan de classement du Webof Science4. Un second chantier a per-mis d’automatiser la localisation, l’iden-tification, la restructuration et le codagedes références bibliographiques citéesdans le plein texte. Cette procédure a étéappliquée sur l’ensemble des ressourcesne possédant pas nativement de codagespécifique des références.

Une intégration facilitéedans les outilsdocumentairesdes établissementsSuite aux premières expérimentationsmenées dans le cadre du Projet Istex -ServicesNumériquesdesUsagers (SNU),la plateforme est accessible en bêta-testdans certains établissements de l’En-seignement supérieur5. La plateformeIstex n’est pas un portail supplémen-taire : elle s’intègre aux outils déjà exis-tants, EnvironnementsNumériques deTravail (ENT) ou Discovery Tools (DT)des établissements6, et facilite ainsi letravail de recherche des utilisateurs. Lesétablissementsquin’ontpas encore inté-gré le projet Istex-SNU et souhaitentdevenir bêta-testeurs peuvent prendrecontact avec le responsable du projetIstex-SNU à l’Université de Lorraine(Julien Marchal, [email protected]).

Des chantiers d’usagediversifiésEnfin, en plus des services à valeurajoutée en coursdedéveloppementdansle cadre du projet, le comité exécutifd’Istex a lancé un appel à propositions :« chantiers d’usage ». Au-delà de sim-ples informations bibliographiques,ceux-ci utilisent les corpus plein texte

Istex comme desdonnées de base derecherches de type« fouille de texte » outext mining. Au terme duprocessus de sélection, 8projets ont étéretenus. Ils couvrent des thématiquesdiversifiées allant de l’analyse multidi-mensionnelle de corpus à l’identifica-tion et l’analyse de terrains d’études, enpassant par l’aide à l’exploration d’undomaine pour un néophyte au traversde l’exploitation de grands fonds tex-tuels ou lamise en place de surligneurssémantiques automatiques de textesscientifiques.

Ainsi le projet avance et offre dèsaujourd’hui à la communauté scienti-fique des services nouveaux tant enmatière d’accès à des collections rétros-pectives de littérature scientifiquequ’enmatière d’exploitationde ces fondspourdes recherches de text mining.

Jean-Marie PierrelUniversité de Lorraine

[email protected]

[1] Le projet Istex, Initiatived’excellence pour l’informationscientifique et technique,s’inscrit dans le programme«Investissements d’avenir».Ce projet (ANR-10-IDEX-0004-02)est porté par quatre partenaires :le CNRS, l’Abes, Couperin etl’Université de Lorraine pourle compte de la CPU.Plus d’informations sur le site :www.istex.fr[2] api.istex.fr/documentation/[3] MACINTIRE, Ross et APPS,Ann. « Why OpenURL ? »in D-Lib Magazine, 2006,vol. 12, no 5, p. 1.www.dlib.org/dlib/may06/apps/05apps.html[4] Catégorisation liée à la revued’appartenance.[5] Université de Saint-Etienne,Université de Rennes 2, Universitéde Lorraine et Université deStrasbourg.[6]www.bibliopedia.fr/wiki/Outil_de_découverte

PRÉSENTATION DESDERNIÈRES AVANCÉESET DES NOUVEAUTÉSDU PROJET

Quoi de neuf du côté d’Istex ?

27N°82 AVRIL – MAI - JUIN 2016 Ar(abes)ques

Les thèmes à l’honneur de cesjournées s’articuleront autourdes partenariats accrus entre

le CTLES et les bibliothèques auniveau national dans le cadre opé-rationnel du dispositif Collectionsd’excellence (Collex), mais aussiau niveau international à traversla mise en place d’un programmeeuropéen de conservation partagéede périodiques.Des intervenants, aussi bien fran-çais qu’étrangers, mettront enperspective ces problématiques,

en alimentant le débat autour deces nouveaux défis.Ces journées se tiendront les24-25 mai 2016 à la Bibliothèqueuniversitaire des langues et civili-sations (Bulac), 65, rue des GrandsMoulins, 75013 Paris

PROGRAMME DÉTAILLÉ ETFORMULAIRE D’INSCRIPTIONEN LIGNE :www.ctles.fr/fr/actualite/journées-professionnelles-2016-préprogramme

Les journées Afnor, co-organisées avecla Bibliothèque nationale de France(BNF), sont l’occasion d’étudier un

thème important pour notre profession et del’aborder sous l’angle des besoins normatifs.Cette année, c’est autour de l’open data, deson actualité juridique et des questions liéesà la normalisation des données ouvertes quel’Afnor et la BNF nous invitent à réfléchirensemble. Cette journée d’étude aura lieu le24 juin 2016, dans le grand Auditorium dela BNF.

PROGRAMME DÉTAILLÉ ET FORMULAIRED’INSCRIPTION EN LIGNE : à venir sur lesite de la BNF

Journées Afnor 20167E JOURNÉES PROFESSIONNELLESDU CENTRE TECHNIQUE DU LIVREDE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR (CTLES)

Ce rendez-vous incontourna-ble se déroulera cette annéeles mardi 10 et mercredi

11 mai au Corum de Montpellier.Les Journées Abes sont unmomentprivilégié de discussions et de débatsavec les professionnels des diffé-rents réseaux coordonnés par l’Abes.

«Du puzzle àla mosaïque, versun paysage de l’IST»Ces journées seront l’occasion d’ex-plorer les perspectives d’évolutionde l’Abes et de ses réseaux. Le titrede ces journées, «Du puzzle à laMosaïque, vers un paysage de l’IST»,a vocation à illustrer comment l’Abeset ses réseaux s’inscrivent dans untissu d’acteurs.La communauté des membres desréseaux de l’Abes et des profes-sionnels de l’IST se réunira afind’examiner les perspectives de tra-vail en commun pour les prochainesannées. A l’heure où les actions dechacun s’avèrent de plus en plus

interdépendantes, il convient deréfléchir à la mise en cohérence du«puzzle».

L’Abes et vous :la parole auxétablissementsUne séquence particulière intitu-lée «L’Abes et moi» sera consacréeà l’étude des évolutions des rela-tions entre les établissements etl’Abes, par des retours d’expérienceset des analyses prospectives.

Une expositionde postersCette exposition est proposée pourvaloriser les projets innovants desétablissements. Un temps de pré-sentation leur sera d’ailleurs dédié…et ce, juste avant le cocktail dîna-toire, moment de convivialité trèsapprécié par les participants de cesJournées.

Emil Kozarevicpour le Comité d’organisation

des Journées Abes.

PROCHAINEMENT LES JOURNÉES ABES 2016 !

RETROUVEZ LE PROGRAMME COMPLET DES JOURNÉES ABES SUR LE SITE:http://www.abes.fr/Publications-Evenements/Journees-ABES

Affiche des Jabes 2016 réalisée par Compomakete

Quelles sont vos fonctions au SCD de Rennes 2 ?L’université Rennes 2 regroupe en un réseau documentaire9bibliothèques : une BU centrale et 7 bibliothèques de compo-santes. Au sein du SCD, j’étais jusqu’à récemment responsablede système d’information documentaire mais suite à une réor-ganisation, j’ai été nommé responsable d’un département Pros-pective et Développement, constitué de 3 services cœurs : Éva-luation, Innovation, Signalement, et de2 services supports (DSI) :Applications documentaires et Parc Informatique. Le principalenjeu est d’initier le développement de nouveaux services enfavorisant une conception centrée utilisateur.

Quelles sont les étapes qui vous semblent les plus importantesdans votre parcours professionnel?Suite à unMaster à l’Enssib (2006), j’ai faitmespremières armesà la bibliothèque de l’École Centrale Lyon (2007) sur des mis-sions de chargé de valorisationdeproduction scientifique. Cetteexpériencedéterminantem’a conduit à obtenir un concoursd’in-génieur d’études (2009).Affecté auSCDde l’universitéRennes2,je me suis progressivement spécialisé en informatique docu-mentaire, d’abord avec le développement d’une bibliothèquenumérique (2010), puis en contribuant à la naissance de For-madoct (tutoriel en IST pour les doctorants de Bretagne). J’aiensuite piloté un chantier de refonte du système d’informationdocumentaire qui a débuté par le déploiement d’un résolveur deliens et d’un outil de découverte (2012) et s’est poursuivi par lamise en œuvre d’un SIGB open source (2013). La souplesse etl’ouverture des solutions retenues nous ont permis d’atteindrenotre objectif premier, à savoir, proposer une offre de serviceslaplusenadéquationpossible avec lesbesoinsdesusagers. L’abou-tissement de ce travail prendra d’ailleurs les traits d’unnouveausite web à la rentrée universitaire prochaine.

A quand remontent vos premiers contacts avec l’Abes et dansquel contexte ?Cela peut paraître anecdotiquemais je pense quemes premierscontacts avec des membres de l’Abes remontent à 2010 via leréseauTwitter. La proximité de ces spécialistes est toujours l’oc-casion d’apprendre énormément de choses.

Participez-vous à un groupe de travail spécifique au sein del’Agence ?Nous avons été sollicités pour travailler sur un projet visant àaméliorer les transferts réguliers, notamment pour expérimen-ter la faisabilité d’une remontée en temps réel, dans notre SIGB,du catalogage réalisé côté Sudoc.

Quellesensont lesrépercussionsdans l’exercicedevosfonctions?Ce projet impliquera sûrement des développements mais l’im-pact principal devrait concerner notre façon d’appréhender nos

interventions dans le Sudoc. Ce travail viendra enrichir nosréflexions et pourra déboucher sur des pistes d’améliorations auniveau des circuits et des procédures de catalogage.

Quels sont d’après vous les défis majeurs à relever par l’Abesdans les prochaines années ?L’Abes doit poursuivre sa contribution à la libération des méta-données, en exigeant des éditeurs et des fournisseurs qu’ilsmet-tent à disposition leurs données, s’engager davantage dans leweb de données en s’appuyant sur son hub afin de redistribuerdesmétadonnées toujoursplus riches etqualifiées. Enfin, l’agencedoit continuer son effort pour faciliter la réutilisationde ces don-nées dans d’autres environnements en développant une grillede services - et web services - en direction notamment de l’ESR.C’est d’ailleurs au prix d’une montée en compétence et en maî-trise de l’Abes dans ce domaine que les établissements s’affran-chiront de la dépendance qui les guette vis-à-vis des solutions enSaaS qui tendent à se développer.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre vie professionnelle ?La satisfaction des utilisateurs vis-à-vis d’un service que l’on amis en œuvre.Ce qui m’anime aujourd’hui, c’est la chance de travailler avecune équipe motivée, au sein d’un département dont le largechamp d’activités permettra d’intervenir à toutes les étapes duprocessus de création d’un service.

Qu’est-ce qui vous énerve le plus ?La gestion de projet en mode « cathédrale » fondée sur uneapproche excessivement centralisée et inflexible où tout auraitété prévu, planifié d’avance au moyen du fameux cahier descharges. Au contraire, je pense qu’un projet est un processuscontinu, itératif et incrémental, fait d’allers-retours, de succès etd’échecs, d’interactions et de co-constructionavec lesutilisateurs.

Si l’Abes était un animal, d’après vous ce serait… ?LeveràsoieouBombyxdumûrier.Avecdutempsetde lapatience,la feuille dumûrier devient de la soie. Je crois que c’est une belleanalogie avec le travail réalisé au sein du hub de métadonnées.

Votre expression favorite ?«Une personne qui n’a jamais commis d’erreurs n’a jamais tentéd’innover. »Albert Einstein

JulienSICOTResponsable du DépartementProspective et Développementau Service Communde Documentation de Rennes 2

(Portrait)

Une rubrique pour vous présenterla diversité des professionnels quiconstituent les réseaux de l’Abes.