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Nominal exchange rate pass- through to consumer prices : The case of Tunisia Elaborée par : Selmi Refk Encadrée par : Jlassi Mouldi (Professeur à l’ESSECT et chercheur à l’université d’Orléans) Abstract : The study relates to the major causes and consequences of the fluctuations of Tunisian dinar by report to the currencies of his principal business partners (Dollar and Euro) as well as the factors affecting their evolution over the past few years marked especially with the transition of Tunisia towards a total convertibility. Of course, the attention which the movements of foreign exchange rate receives is due to the tensions which they have on the monetary and macroeconomic policies. The studies undertaken on this topic as well as the released results within the framework of the Tunisian economy over period 1999-2007 show a close, robust and causal link between foreign exchange rate and inflation ; Starting from this relation, several macroeconomic variables will be affected. We can also claim the interest to carry out a time series approach in order to draw from the specific economic indications for this country. From where, we seek by this work to show the primordiality to know the principal effects following exchange movements while highlighting its causes. Key worlds : Nominal exchange rate, pass-through, convertibility 2007-2008 [TRANSMISSION DES VARIATIONS DU TAUX DE CHANGE NOMINAL SUR LES PRIX A LA CONSOMMATION : LE CAS DE LA TUNISIE] Mes remerciements les plus sincères à Mr. Benaissa Mohamed-Safouène pour sa disponibilité, son écoute et ses suggestions tout au long de ce travail et à Mme. Aouadi Latifa (Service de change de la BCT) pour son soutien.

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Nominal exchange rate pass-

through to consumer prices : The

case of Tunisia

Elaborée par : Selmi Refk Encadrée par : Jlassi Mouldi (Professeur à l’ESSECT et chercheur à l’université d’Orléans)

Abstract : The study relates to the major causes and consequences of the fluctuations of Tunisian

dinar by report to the currencies of his principal business partners (Dollar and Euro) as

well as the factors affecting their evolution over the past few years marked especially with

the transition of Tunisia towards a total convertibility. Of course, the attention which the

movements of foreign exchange rate receives is due to the tensions which they have on the

monetary and macroeconomic policies. The studies undertaken on this topic as well as the

released results within the framework of the Tunisian economy over period 1999-2007

show a close, robust and causal link between foreign exchange rate and inflation ; Starting

from this relation, several macroeconomic variables will be affected. We can also claim the

interest to carry out a time series approach in order to draw from the specific economic

indications for this country. From where, we seek by this work to show the primordiality to

know the principal effects following exchange movements while highlighting its causes.

Key worlds : Nominal exchange rate, pass-through, convertibility

2007-2008

[TRANSMISSION DES VARIATIONS DU TAUX DE CHANGE NOMINAL SUR LES PRIX A LA CONSOMMATION : LE CAS DE LA TUNISIE]

Mes remerciements les plus sincères à Mr. Benaissa Mohamed-Safouène pour sa disponibilité, son écoute et ses suggestions tout au long de ce travail et à Mme. Aouadi Latifa (Service de change de la BCT) pour son soutien.

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2007-2008

Introduction

Les débats relatifs de la transmission des fluctuations du taux de change sur les prix à la

consommation ne sont pas récents.

Cette transmission est équivalente à l’impact de la politique de change adoptée sur

l’inflation.

Le climat de forte inflation qui existait a amené les autorités monétaires à se soucier des

effets possibles des variations du cours de la monnaie sur les prix à la consommation.

En particulier, elles s’inquiétaient de la formation possible d’un cercle vicieux en vertu

duquel une forte dépréciation alimenterait les prix à la consommation et accentuerait les attentes

d’une hausse de l’inflation dans l’avenir.

Il ressort des premières études que la répercussion des variations du taux de change sur

l’inflation constitue une question qui suscite depuis longtemps un grand intérêt en économie

internationale ainsi qu’une attention particulière des théoriciens et des pouvoirs publics.

Bien entendu, l’attention que cette relation reçoit est due aux tensions qu’elle a sur les

politiques monétaires et de change. Une discussion importante pour la réalisation de ces

politiques est d’indiquer le degré en lequel les variations du taux de change se transmettent aux

prix à la consommation.

Dans le cadre d’une petite économie ouverte adoptant un régime de change flexible, telle

que la Tunisie, les économistes s’attendaient à observer une relation étroite entre l’évolution du

taux de change et le changement des niveaux d’inflation.

Aujourd’hui, ce sujet ne cesse pas de prendre de l’envergure et l’impact des fluctuations

du taux de change sur l’inflation semble évoluer vers une plus grande ambiguïté surtout avec la

transition de la Tunisie vers un régime de flottement libre « convertibilité totale ».

Ce mémoire a donc pour principal objectif d’analyser la nature et le sens du lien entre le

taux de change effectif nominal et l’indice des prix à la consommation pour le cas de la Tunisie.

L’approche retenue consiste à revoir les principales avancées théoriques et empiriques

enregistrées sur le sujet au cours des dernières années afin de distinguer des éléments nécessaires

pour les analyses à venir.

Cet état de fait a suscité des interrogations sur le plan théorique qu’au niveau empirique

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quant à la relation existante entre ces deux variables :

Comment les variations du taux de change peuvent se transmettre aux prix à la

consommation ? Quels sont les facteurs affectant cette transmission ? Quelle est la nature de la

relation liant ces deux variables et quelles sont les incidences majeures de cette dernière? Enfin,

quelle est la solution choisie pour faire face à l’impact des réformes lancées vu la transition de la

Tunisie vers un régime de flottement libre sur cette répercussion ?

Pour essayer d’apporter quelques éléments de réponse à ces interrogations, nous

présentons dans un premier temps une analyse descriptive de la politique de change adoptée en

Tunisie en montrant que ce pays est en phase de transition d’un régime de flottement dirigé à un

régime de flottement libre et en décrivant les fluctuations de devises majeures du panier de dinar

(euro et dollar) ainsi que leurs conséquences. Au niveau de cette partie, on s’intéresse aussi à une

analyse de la dynamique et du comportement d’inflation, vu l’importance de ces descriptions

pour étudier le point en lequel les fluctuations du taux de change ont comme conséquence un

changement des niveaux d’inflation pour mettre ensuite l’accent sur les interactions entre la

politique de change suivie et l’inflation.

Toutefois, pour montrer que les performances inflationnistes dépendent de façon

cruciale du régime de change en place.

Au niveau du deuxième chapitre et à l’issue des travaux menés par plusieurs

théoriciens1, nous cherchons à mettre en exergue la primordialité du processus qui décrit

comment les changements du taux de change se répercutent sur les prix intérieurs ainsi que la

relation inverse.

Plus important, l’impact de la politique de change suivie sur l’inflation est tributaire des

objectifs et des caractéristiques considérées de l’économie d’un pays.

Nous examinons, tout d’abord, les étapes de réalisation de ce processus dans un contexte

qui tient compte des facteurs affectant cette transmission ainsi que les incidences des variations

du taux de change sur les prix à la consommation.

Puis, nous montrons que la prise en compte de ces facteurs et ces conséquences ne suffit

pas pour décrire d’une façon adéquate et précise le phénomène de transmission. Il faut aussi

1 Plusieurs théoriciens ont choisi le processus de transmission des variations de taux de change sur les prix à la

consommation une question particulière de leurs travaux tels que Taylor (2000), Devreux (2001), Devreux et Yetman

(2003), Campa et Goldberg (2004) et Khundrakpam (2007).

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mettre en évidence la nécessité des implications que ce processus a sur la politique monétaire,

surtout avec l’instauration des nouvelles réformes puisque la Tunisie se prépare à une transition

vers un régime de flottement libre, on s’intéresse ici aux implications dues à une atténuation

(diminution) du degré de transmission.

En nous basant sur ces définitions et identifications de la relation entre le taux de change

et l’inflation, nous constatons qu’il est impératif et essentiellement pour tout pays de contrôler

l’inflation en assouplirant le taux de change et en s’orientant vers un cadre de ciblage de

l’inflation pour préserver la stabilité des prix et donc une situation économique favorable.

Dans ce cas de figure, il serait intéressant de voir dans quelle mesure les autorités

monétaires (la banque centrale) pourraient profiter des informations fournies sur l’évolution de

l’inflation suite à des variations du taux de change effectif nominal et la relation réciproque pour

déterminer leurs propres politiques monétaire et de change, ce qui amène à renforcer

l’importance d’analyser le processus de répercussion pour la Tunisie ainsi que pour d’autres pays

en voie de développement.

Quelques conclusions et recommandations termineront cette partie d’étude.

Une fois ces interactions identifiées, nous établirons une analyse économétrique afin

d’évaluer dans quelle mesure le taux de change effectif nominal constitue un facteur explicatif de

l’inflation et inversement, on prend ainsi en compte l’éventualité d’une relation de causalité basée

sur un test de causalité de Granger portant sur le cas de la Tunisie et qui permet ainsi de vérifier

l’impact des variations du taux de change effectif nominal sur les prix à la consommation et

réciproquement.

Nous nous interrogerons ici en particulier sur la nature, le sens et l’intensité de la

relation entre le taux de change effectif nominal, l’indice des prix à la consommation (désigné

simplement inflation locale) en faisant la part des autres variables macroéconomiques.

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Chapitre I. Politique de change et dynamique d’inflation en Tunisie

Introduction

Le premier chapitre constitue une analyse descriptive de la politique de change adoptée en

Tunisie et la dynamique d’inflation.

A partir de ce chapitre, nous essayons dans un premier temps de montrer que la Tunisie

est en phase de pleine transition d’un régime de flottement administré à un régime de flottement

libre en faisant la part d’une description des fluctuations de devises majeures du panier de dinar

ainsi que leurs incidences majeures.

Dans un second temps, nous menons une analyse du comportement et de dynamique

d’inflation en mettant en œuvre leurs principales causes, mesures et leurs sources potentielles.

Enfin, nous élaborons une description de leurs mouvements pendant la période [1998-

2007].

Section I. Régime adopté : régime de flottement administré « convertibilité

partielle »

Une politique de change est l’ensemble des règles qui déterminent l’intervention des

autorités monétaires sur le marché de change et donc le comportement du taux de change.

Ces règles déterminent les conditions de l’insertion internationale des économies. Pour

cette raison, le choix d’un régime de change revêt une grande importance.

Il dépend de manière cruciale des spécificités et des caractéristiques de l’économie

tunisienne.

Ainsi, le régime de change adopté en Tunisie est flexible. Cette flexibilité traduit

plusieurs avantages, tels que:

L’incertitude sur le taux de change ne décourage pas le commerce International.

Evite les pertes financières associées à une défense infructueuse de la parité fixe.

Accroît la flexibilité macroéconomique et l’indépendance de la politique

monétaire.

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Mais, cette flexibilité est limitée.

Actuellement, il s’agit d’un flottement dirigé sans annonce préalable de la trajectoire du

taux de change.

Ce régime se base sur un contrôle des changes qui est le seul moyen de présenter le

régime de change, car il limite les mouvements d’achat et de vente de la devise concernée. Il

s’agit d’une restriction sur la convertibilité de la monnaie, qui apparaît comme un substitut a une

restriction de l’offre de monnaie.

Plus précisément, et d’après la classification habituelle des différentes réglementations

officielles du taux de change (IMF, 1998), la Tunisie adopte un régime de flottement administré

avec interventions ad hoc de la banque centrale qui dispose de la possibilité d’une gestion active

et discrétionnaire de la politique de change, autrement dit, la banque centrale intervient à chaque

fois qu’elle le jure nécessaire2. En plus, pour un régime de change flottant administré, les

autorités monétaires peuvent à l’occasion intervenir sur le marché des changes en fixant

temporairement la valeur du taux de change afin d’éviter une dépréciation considérée comme

excessive de la monnaie nationale ou son appréciation excessive suite à des variations de l’offre

ou de la demande de devises.

De ce point de vue, le régime de flottement administré n’est pas différent de l’ancrage

sur un panier dont la composition est gardée secrète par les autorités monétaires. Pour ce régime,

l’administration domine plutôt que le flottement, l’idée est de maintenir la stabilité du taux de

change.

Cette politique s’appuie sur le maintien de contrôles des capitaux, c'est-à-dire sur «une

convertibilité partielle » de la monnaie. Aujourd’hui, la Tunisie conserve des contrôles de

capitaux qui ont contribué à la stabilité de sa politique de change et de sa politique

macroéconomique. Certaines opérations sur les mouvements de capitaux avec l’extérieur restant

soumises à des restrictions. Cela permet à la banque centrale de conserver une certaine marge de

manœuvre sur sa politique intérieure. Elle s’appuie aussi sur la disponibilité de réserves de

change suffisantes pour permettre la défense du taux de change en cas de choc.

Cette politique a permis à la Tunisie d’éviter les problèmes de fluctuations excessives

2Voir Mouley.S (2000): “Les déterminants et le choix optimal du régime de change en Tunisie dans la perspective

d’une intégration dans la zone euro”, annales d’économie et de gestion n°11.

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des taux de change tout en maintenant une certaine stabilité macroéconomique.

La mobilité des capitaux est une force à laquelle il est de plus en plus difficile de résister.

Aujourd’hui, la Tunisie conserve des contrôles de capitaux qui ont contribué à la stabilité de sa

politique de change et de sa politique macroéconomique. Ce choix d’une convertibilité partielle a

été essentiellement dicté par le double objectif assigné à la politique de change de promouvoir la

compétitivité de commerce extérieur et de financer le déficit courant.

Ce double objectif consiste à contrôler et garantir la stabilité du taux de change effectif

réel du dinar par rapport à un panier de monnaies dont les composantes et les pondérations ne

sont pas rendues publiques. Ainsi, les pays en voie de développement ont tendance à adopter des

taux flexibles dirigés plutôt qu’un régime de flottement pur.

Le fait est que la plupart de ces pays ne sont pas en mesure de laisser leur monnaie flotter

librement comme le font les principales devises. Dans nombre d’entre eux, les marchés financiers

restent peu développés et les marchés des changes sont souvent étroits, de sorte qu’un régime de

flottement indépendant risque d’être très instable, quelques transactions pouvant suffire à

provoquer des fluctuations très importantes du taux de change à court terme.

Même les pays qui acceptent une grande flexibilité du taux de change doivent suivre de

près l’évolution du marché des changes, tout en ajustant la politique qu’ils mènent et en

procédant à des interventions officielles afin d’éviter une volatilité excessive.

Mais, la Tunisie se développe rapidement, et ce développement devra progressivement

s’appuyer sur une modération et un développement du secteur financier, qui joue un rôle crucial.

Il faudra alors libéraliser le système financier et ouvrir de plus en plus l’économie aux

mouvements de capitaux. Il faut donc se préparer à la convertibilité totale de la monnaie.

Par conséquent, cette politique de change suivie aujourd’hui est incompatible avec la

libéralisation du compte financier et sur recommandation du FMI, la Tunisie s’oriente

progressivement vers un flottement libre. Cependant, elle ne respecte pas toutes les conditions de

son adoption.

Section II. Transition vers un régime de flottement libre et perspectives

d’instauration d’une convertibilité totale

La convertibilité totale est un régime de flexibilité de change ou de flottement libre de

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monnaies, lorsque les variations du taux de change résultent du libre jeu des offres et des

demandes de devises sans aucune interférence des autorités officielles3.

Généralement, pour un régime de change flexible, aucun engagement n’est pris au sujet

du taux de change, qui flotte librement, en fonction de l’offre et de la demande sur le marché de

change.

Lorsqu’une monnaie est pleinement convertible, n’importe qui a le droit de l’emprunter

massivement pour la vendre aussitôt.

La politique monétaire alors retrouve son autonomie, mais la banque centrale abandonne

le contrôle du taux de change nominal, qui est déterminé sur le marché de change.

Le flottement s’applique donc, en principe, à un marché des changes libéralisé, même si

l’on peut imaginer un régime de flottement impur encadré par un contrôle de change.

Généralement, et comme choix du régime de change, la flexibilité semble une bonne

solution car elle diminue l’incertitude associée aux fluctuations dans les cours de principales

devises. Le fait de se déclarer avoir un régime de change flexible permet aux autorités de tirer

profits des fluctuations de principales devises pour camoufler une dépréciation effective de leur

taux de change.

Mais, et dans un contexte de forte mobilité de capitaux, les pays en voie de

développement sont exposés à « la peur du flottement »4 qui est un phénomène fortement

répondu et dû à une peur des fluctuations des taux de change puisqu’une appréciation peut

entamer la compétitivité-prix, à une peur de l’inflation justifiée par la transmission des effets des

fluctuations des taux de change aux prix nationaux, à une instabilité de la monnaie nationale par

rapport aux monnaies internationales étant coûteuse et car le flottement généralisé est étroitement

lié à des problèmes de crédibilité (quand les circonstances sont propices, c'est-à-dire en présence

d’entrées de capitaux et de variation favorables en termes de l’échange, la Tunisie hésite bien

souvent à laisser leur taux de change nominal (et réel) s’apprécier.

3 Mouley.S (2000): “Les determinants et le choix optimal du régime de change en Tunisie dans la perspective d’une

intégration dans la zone euro”, annals d’économie et de gestion n°11 4 Voir Fanizza. O, N.Laframboise, E.Martion, R. Sab et I.Karpowicz (2002): “Tunisia’s experience with real exchange

rate targeting and transmission to a flexible exchange rate regime”, document de travail n°2/190 ainsi que

Kang, S et Y Wang (2003): “Fear of inflation: exchange rate pass-through in East Asia”, document de travail n° 03–

06 (Seoul: institut internationale de l’économie de Corée).

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C’est probablement qu’elle craigne une perte de compétitivité et un recul marqué dans

la diversification de leurs exportations (quand les circonstances sont favorables, les arguments

qui militent contre une forte dépréciation sont encore plus puissants).

Ainsi, la monnaie nationale n’est pas encore totalement libéralisée ou totalement

convertible.

La convertibilité totale du dinar et la libéralisation des comptes externes doivent être

précédées d’une instauration progressive de plus grande flexibilité du régime de change afin de

préserver un certain degré d’indépendance monétaire et d’éviter de donner des garanties de taux

de change implicites aux investisseurs étrangers.

Cette politique de change nécessite une forte puissance nationale, une convertibilité sous

les comptes du capital et un système monétaire et financier stable.

En outre, la flexibilité du dinar et la libéralisation du compte de capital sont tributaires

de la poursuite de la mise en œuvre d’une politique monétaire susceptible de préserver la stabilité

des prix.

Dans ce cadre, les autorités tunisiennes ont mis au point, et en collaboration avec les

services du FMI un cadre stratégique d’objectifs monétaires qui consiste à adopter un plan de

libéralisation des flux de capitaux en trois phases5 :

La première phase consiste à libéraliser les flux à moyen et long terme et libéraliser

les mesures visant à renforcer l’efficacité globale de l’intermédiation financière et à

diversifier les sources de financement de la balance de paiements.

La deuxième phase prévoit à l’étranger de libéraliser les investissements directs des

tunisiens résidents. Cette phase constitue un approfondissement du marché des changes et

un système bancaire suffisamment robuste pour soutenir la concurrence internationale et

amender la transition vers un taux de change flottant.

La troisième phase prévoit la convertibilité totale de dinar. Elle nécessite de

libéraliser les investissements de portefeuille à l’étranger par des résidents et des non

5Se référer à : Jacques Bouhga-Hagbe et Ludvig S. (2006): “Tunisie: effets potentiels sur la croissance de la

poursuite de la liberalization du compte de capital et des réformes d’accompagnement”, rapport de FMI n° 06/208,

p.3 – 19.

Pour un examen approfondi: Laurens.B et Sarr .A(2002): “liberalization of the capital accounts in Tunisia – progress

archived and prospects forfull convertibility”, rapport de FMI n° 02/155.

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résidents. Pour passer à cette phase, il faudrait que le secteur financier soit robuste et que

la position de la balance des paiements soit solide.

La première phase est presque achevée. Les restrictions sur l’investissement direct

étranger en Tunisie ont été levées. Ainsi, les étrangers peuvent investir librement dans la plupart

des secteurs économiques.

Pour passer à la deuxième et la troisième phase, il faudra également :

Renforcer la politique monétaire pour donner plus de poids aux forces du marché et

renforcer l’efficacité de l’intermédiation financière.

Diversifier les sources de financement de la balance de paiements et développer le

marché des titres d’état afin d’accroître la liquidité.

Rassurer et permettre une grande fiabilité du système bancaire et financier et

préserver la praticabilité de la balance de paiements.

La libéralisation du secteur financier doit s’accompagner d’une application efficace des

règles prudentielles car l’existence d’un marché plus actif et la diversification des portefeuilles

des institutions financières peuvent aider à réduire autant qu’il est possible les conséquences de

spéculation.

Il faut aussi élargir l’assiette de l’impôt et prendre des mesures pour que les dépenses ne

soient plus indexées de façon rigide sur l’inflation afin que la politique budgétaire soit assez

flexible pour répondre aux chocs éventuels et aider efficacement la politique monétaire à gérer un

régime de change plus flexible.

Dans nombre des pays, les marchés financiers restent peu développés et les marchés des

changes sont souvent étroits, de sorte qu’un peu de transactions peuvent suffire à provoquer des

fluctuations très importantes du taux de change.

En fait, si une ouverture intégrale du compte de capital devrait être à l’origine

d’importants flux de capitaux, la manque de préparation des participants au marché monétaire et

au marché de changes qui seraient amenés à assurer l’intermédiation de ces flux, pourraient

aggraver les vulnérabilités du système financier en cas de renversement soudain de ces flux.

Et si ces flux de capitaux venaient à être intégralement libéralisés, le montant de devises

nécessaires pour assurer le service de la dette extérieure pourrait exercer de fortes pressions sur le

marché des changes et nuire à la crédibilité du régime de change actuellement en vigueur.

Par conséquent, la transition vers des régimes de changes plus flexibles est en grande

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partie déterminée par le degré d’ouverture économique et financière du pays.

Un consensus largement admis est que la transition vers un régime de flottement libre

doit se faire lorsque les conditions sont favorables.

Section III .Rôle du taux de change6

Le taux de change joue plusieurs rôles potentiellement en conflit les uns avec les autres.

C’est tout d’abord un prix extrêmement important dans les petites économies ouvertes

sur l’extérieur.

Il s’agit d’un prix directeur essentiel dont les fluctuations peuvent être très coûteuses

pour la stabilité interne. C’est une variable qui détermine à la fois les flux des échanges des biens

et services et elle exerce une pression importante sur la balance de paiements, le niveau général

des prix ainsi que d’autres variables macroéconomiques clés.

Le taux de change fournit aussi un instrument d’ajustement en cas de choc économique,

car une modification du taux de change permet de modifier instantanément l’ensemble des prix

relatifs du pays par rapport au reste du monde. Ce sont les mouvements du taux de change qui

permettent de maintenir la cohérence entre les situations et les politiques économiques dans un

monde de plus en plus interdépendant dans lequel ces politiques ne sont pas toujours

coordonnées.

Un gouvernement ne peut pas décider des prix de sa monnaie en monnaies étrangères,

c'est-à-dire de ses taux de change.

Ces prix résultent de la confrontation de l’offre et de la demande sur les marchés de

changes.

III.1. Description des fluctuations des devises majeures du panier de dinar (euro et dollar)

L’évolution des cours de change du dinar par rapport au dollar et à l’euro reflète dans

une large mesure la conjonction des marchés de change des principales devises (Voir figure 1)7.

6 Voir Devereux, M., (2001):“Monetary Policy, exchange rate flexibility, and exchange rate pass-through”, in

revisiting the case for flexible rates, banque de Canada, p. 79-82 et Kapur, M (2004): “Exchange rates and monetary

policy: the Indian experience”, p. 26-29, Octobre. 7 La figure de l’évolution des parités (dollar/dinar) et (euro/dinar) est disponible en service de change de la banque

centrale (conjoncture périodique) pour une période de 1999 jusqu’à 2007 (données mensuelles) .

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On remarque que le dinar fluctue par rapport au dollar alors que pour la zone euro, le

dinar est qualifié comme à peu près stable, pendant la même période et ceci se voit clairement à

partir de l’évolution de la parité (dollar/dinar) et (euro/dinar) sur la période [1999-2007].

La stabilité du dinar vis-à-vis à l’euro est actuellement conditionnée par la politique

volontariste et délibrée de la banque centrale (BCT) qui joue sur le glissement du dinar dans le

sens d’une dépréciation discrétionnaire. Tant que la monnaie nationale n’est pas encore

totalement libéralisée ou totalement convertible, cette stratégie gagnerait en crédibilité (voir

Mouley .S (2000)).

Figure1 : évolution des taux de change (dollar/dinar) et (euro/dinar)

[1999 - 2007]

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Source : Conjoncture périodique (rapport statistiques financières de la banque centrale)

Le régime de change choisi par la Tunisie permet une telle flexibilité puisque le ciblage

porte sur le taux de change réel (indicateur de compétitivité) et non nominal, par rapport à deux

monnaies, ce qui permet de compenser certains des mouvements de l’une ou l’autre de ces

monnaies.

Ainsi, les autorités monétaires préfèrent un régime de change où les fluctuations de taux

de change sont limitées, puisqu’il permet de minimiser la volatilité de l’inflation.

Dans la pratique, la stabilité du taux de change effectif réel signifie que le taux de

change nominal du dinar, fluctue tant par rapport au dollar que par rapport à l’euro.

En ce moment, par exemple, le dinar s’apprécie par rapport au dollar et se déprécie par

rapport à l’euro.

Il y a donc gain de compétitivité par rapport à la zone euro et perte de compétitivité par

rapport aux Etats-Unis.

Dans l’état actuel des choses, le dinar va se déprécier face à l’euro et s’apprécier par

rapport au dollar.

Depuis l’année 2007, le dinar tunisien a perdu 3% face l’euro, mais gagne 4% face au

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dollar, l’équivalent donc 7% que le dollar a perdu face à l’euro.

Que le dinar se déprécie face à l’euro, cela induit une meilleure compétitivité des

exportations et cela va renchérir les importations.

Plusieurs analystes pensaient déjà que l’euro sera promis à un bel avenir face au dollar.

La question ici est les incidences d’une appréciation de l’euro face au dollar sur le dinar

tunisien surtout en phase de préparation à la convertibilité totale et donc sur l’économie

tunisienne en pleine transition.

Concernant le taux de change du dinar, il y a lieu de souligner que notre monnaie

nationale dépend largement des niveaux enregistrés sur les marchés internationaux de changes de

l’euro et du dollar.

Ainsi, à toute appréciation (dépréciation) de l’euro par rapport au dollar, le dinar réagit

de la même manière face à la monnaie américaine, c'est-à-dire une appréciation (dépréciation), et

inversement vis-à-vis de la monnaie unique, c'est-à-dire une dépréciation (appréciation).

Depuis la création de l’euro en 1999, il y a des fluctuations discontinues des taux de

change.

L’euro a connu une résurrection jusqu’à 2004. Le dollar va par la suite récupérer du

terrain jusqu’à 2006 ; à partir de ce moment là (à partir du rapport de la BCT), l’euro a connu une

forte progression, notamment au cours des deux derniers mois suite à la crise de l’immobilier aux

Etats- Unis. En effet, l’euro devient aujourd’hui la première monnaie sur les marchés de capitaux,

avec 53 à 55% du total des émissions libellées en monnaie unique européenne.

Entre 2001 et 2007, l’euro a gagné 3,5 points au niveau de la structure des réserves

mondiales en devises, passant de 22,1 à 25,5%. Cette marge est gagnée sur le compte du dollar

qui passe de 68,5 à 64,8% au cours de la même période (voir rapport de perspectives

économiques en Afrique de l’OCDE(2007)).

Que le dollar se déprécie face à l’euro, cela ne signifie pas que l’euro va largement tirer

profit de la nouvelle situation. Bien au contraire, l’impact au niveau des échanges sera au profit

des Etats Unis qui verront leurs exportations augmenter vers l’Europe et leurs importations

diminuer.

Cette appréciation de l’euro face au dollar n’est pas sans effets. La politique du taux de

change de la Tunisie est basée sur un système de panier de devises constitué principalement de

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l’euro et du dollar8.

Le fait d’avoir un panier permet d’amortir les chocs de la volatilité des taux de change

sur les marchés de change internationaux, et ce contrairement à d’autres pays dont la monnaie est

fixe par rapport à l’euro ou au dollar.

D’où l’importance de la reconstitution des réserves officielles de change pour la

question du taux de change du dinar, à mesure que les marchés de change internationaux ont été

caractérisés par des grandes fluctuations du taux de change euro/dollar.

Dans le cadre du régime de flottement dirigé du taux de change suivi par la Tunisie, les

fondamentaux pour l’équilibre du marché de change sont demeurés bons, malgré les mouvements

forts et en particulier le renchérissement fort de l’euro par rapport au dollar.

En outre, la dépréciation graduelle du dinar n’est pas due uniquement au

raffermissement rapide de l’euro par rapport au dollar (l’euro compte pour au moins deux tiers du

panier de monnaies de référence par le dinar) mais aussi au fait d’une série de chocs négatifs (les

évènements de septembre 2001 aux Etats Unis et de 2002 à Djerba et de graves sécheresses

successives)9.

Enfin, la dépréciation de dinar par rapport à l’euro et au dollar s’est traduite par une

dépréciation de l’indice du taux de change effectif réel.

Vis-à-vis du dollar américain, le taux de change a connu une évolution irrégulière

marquée par une succession de hausses et de baisses.

Par rapport à l’euro, le dinar a connu un trend baissier (au début il s’est déprécié,

ensuite, il s’est légèrement apprécié et enfin, il s’est déprécié de nouveau).

III.2.Les conséquences majeures des fluctuations du taux de change :

Les mouvements du taux de change peuvent être très dommageables pour une petite

économie ouverte. Ces mouvements reflètent souvent des changements des variables

économiques fondamentales.

8 Fanizza. O, N.Laframboise, E.Martion, R. Sab et I.Karpowicz (2002): “Tunisia’s experience with real exchange

rate targeting and transmission to a flexible exchange rate regime”, document de travail n°2/190. 9 Abdelhak S., Tahsin Saadi S. et Kagni K. (2007): “Prévisions de l’inflation et transmission des variations du taux

de change aux prix à la consummation”, FMI, document de travail n° 07/319, p.4 - 49

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2007-2008

En général, pour une variation du taux de change, une baisse signifie que le travail

national s’échange contre moins de travail étranger.

Elle dévalorise le pouvoir d’achat des revenus internes exprimé en marchandises

externes, autrement dit, une baisse du taux de change s’accompagne d’une augmentation des

exportations et d’une diminution des importations, plus précisément, moins de marchandises

étrangères doivent être acquises avec plus d’exportation.

Inversement, une augmentation du taux de change signifie que le travail national

s’échange contre plus de travail étranger.

Par ailleurs, il est utile de hiérarchiser les facteurs qui peuvent être influencés par une

évolution du taux de change10

:

L’évolution de la balance commerciale dépend de la compétitivité des exportations ainsi

que la conjoncture économique, dans le pays et à l’étranger.

Le déficit courant et le solde extérieur sont certes influencés par les mouvements du taux

de change.

Il faut noter aussi qu’une perte de devises étrangères a des effets négatifs sur la balance de

paiements, et donc sur :

o La balance des transactions courantes : ou balance courante qui

recense les échanges internationaux de biens et services ainsi que les

revenus du travail et du capital et les transferts courants.

o Le compte de capital : recense les opérations d’achat ou de vente

d’actifs non financiers comme les brevets et les transferts de capital.

o La balance financière : recense les flux financiers entre un pays et

l’étranger, sous forme d’investissement direct à l’étranger (IDE),

investissement de portefeuille, produits financiers dérivés et réserves de

change.

Ainsi, une dépréciation du taux de change (dans notre cas, nous nous intéressons à l’appréciation

10 Se référer aux : Mentor Paul Ruddy (1998), “la relation dynamique entre monnaie, taux de change et inflation en

Haïti: une étude économétrique”,département de recherches économiques de Montréal,

Pierre-Noèl Giraud (2004-2005):”Initiation à l’économie”,p.220-225.

Chapitre I. Politique de change et dynamique d’inflation en Tunisie

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2007-2008

de dinar face au dollar) s’accompagne d’ :

Une dégradation de la balance commerciale.

Une détérioration du solde courant (exportation-importation) exprimé en monnaie

nationale

Une augmentation des investissements des résidents à l’étranger (auquel on peut aussi

donner le nom de « fuite de capitaux » vers l’étranger)

Une perte de compétitivité des exportations (élévation des prix des exportations)

Une augmentation des importations (produits importés moins chers)

Réduction des salaires réels et de la demande de main d’œuvre

Au contraire, pour une appréciation du taux de change (dépréciation de dinar face à l’euro), nous

avons :

Une amélioration de la balance commerciale

Une amélioration du solde courant

Une réduction des investissements des résidents à l’étranger

Un afflux d’investissement directs et financiers dans le territoire

Un gain de compétitivité (baisse des coûts à l’exportation)

Un renchérissement des intrants importés (diminution des impotations)

Renchérissement des prix en devises étrangères des biens et des titres de propriétés du

pays.

Augmentation des salaires réels et de la demande de main d’œuvre

Par conséquent, et comme déjà ci-dessus mentionné, les mouvements du taux de change

peuvent être très dommageables pour une petite économie ouverte, comme le cas de la Tunisie

qui se fonde sur les exportations pour amplifier sa croissance.

Ces fluctuations peuvent engendrer de l’incertitude à long terme et ainsi ralentir les

investissements par la détérioration du profit risque-rendement.

Or la diminution des investissements réduit la productivité du travail et potentiellement

la productivité totale.

Une déviation de devises peut induire à des déformations dans les prix de marchandises

qui peuvent à leur tour présenter une polarisation inefficace dans la répartition des ressources, tels

que les décisions d’investissement, une chute de rendement, une perte de compétitivité ainsi que

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2007-2008

des conséquences négatives sur la balance de paiements, sur le déficit courant et le solde

extérieur.

Plus important, nous pouvons résumer tout ce que nous venons de dire par le fait qu’une

monnaie surévaluée entraîne une baisse du coût des importations, mais rend les exportations plus

difficiles réduisant l’inflation et provoquant un déficit de la balance commerciale.

Mais, quand une monnaie sous-évaluée, la valeur des importations augmente ainsi que la

demande des exportations provoquant un surplus de la balance commerciale mais créant des

pressions inflationnistes11

.

Section IV. Description de l’inflation en Tunisie :

L’inflation est le problème économique le plus important de notre temps parce qu’elle

touche à des degrés divers non seulement tous les pays du monde, mais aussi les catégories

sociales et professionnelles d’une nation.

Nous pouvons définir l’inflation comme étant un processus de hausse de prix résultant de la

diminution du pouvoir d’achat de la monnaie.

C’est un mouvement persistant à la hausse, au fil du temps, du prix moyen des biens et

services, c'est-à-dire du « coût de la vie ». Plus précisément, l’inflation désigne le phénomène qui

pousse l’ensemble des prix à la hausse.

Dans le lissage de plusieurs travaux théoriques 12

portant sur la dynamique d’inflation,

montrent que les déterminants à court et long termes de l’inflation sont différents.

Ils prouvent ainsi qu’à long terme, l’inflation est un phénomène monétaire lorsque les

prix et les salaires sont flexibles et que la production et l’emploi sont toujours à leur taux naturel.

Alors qu’à court terme, l’inflation est également tributaire des chocs réels et nominaux

qui affectent la demande globale par rapport à l’offre globale. Le financement monétaire des

11 Nous n’avons pas fait la part des élasticités- prix. Les effets- prix ont un impact pervers sur la balance

commerciale si la demande des importations et des exportations ne soit pas suffisamment élastique.

12 Travaux théoriques récentes tels que:Ara Volkan, Cem.S et L.Korap (2007): “Impact exchange rate changes on

domestic inflation: the Turkish experience”, p.2 – 11, Août et Arbati, E.C. (2003): “Exchange Rate pass-through in

Turkey; looking of asymmetries”, rapport de la banque centrale turque, vol 2, p.85 – 124.

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dépenses publiques contribue aussi l’inflation.

Pour une petite économie ouverte, l’inflation peut provenir des variations du taux de

change nominal.

IV.1.Mesures d’inflation

L’inflation peut être mesurée par13

:

L’indice des prix à la consommation : C’est un indicateur général du coût

de la vie. Il mesure l’évolution de l’ensemble des prix des biens et des

services consommés par les ménages. Il sert au calcul des variations des

paiements effectués par le gouvernement. L’IPC est le plus important et le

plus largement utilisé.

L’indice de référence : Pour évaluer la tendance de l’inflation, la banque

centrale juge très utile de se servir d’un indice de référence qui constitue une

variance de l’indice des prix à la consommation. Cet indice représente 16%

du panier de l’IPC les plus volatiles. Mais, à condition que les variations de

ses huit composantes n’aient que des effets temporaires sur l’inflation,

l’indice de référence et l’IPC global afficheront des profits d’évolution

similaires à moyen terme.

Le déflateur de PIB : il fournit le prix moyen des biens dans le PIB et donc

des biens finaux produits par l’économie. Cette mesure donne une image

plus globale et plus exacte de l’inflation, mais ses délais d’établissement sont

beaucoup plus longs.

Pour la Tunisie, comme pour d’autres pays, l’inflation se calcule sur la base de l’indice

des prix à la consommation. L’IPC tunisien est complet du point de vue de couverture

géographique et du nombre de produits inclus dans le panier.

Ce dernier comprend 952 produits répartis en 06 groupes. Mais, l’IPC est publié dans le

bulletin mensuel de statistique (INS) avec un niveau de détail qui correspond à 06 groupes et 43

sous-groupes.

13 L’inflation, en Tunisie, peut être mesurée par l’indice des prix à la consommation, indice de référence ou par le

déflateur de PIB. Dans cette étude, nous nous intéressons uniquement à l’indice des prix intérieurs (IPC) car c’est le

plus largement utilisé (voir annuaire statistique de la Tunisie : commerce intérieur ; rapport de l’INS).

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Cet indice a plusieurs limites :

Les grands changements que subissent les habitudes de consommation ainsi que

l’apparition de nouveaux produits et services. Etant donné qu’il est difficile de mesurer les

changements des prix attribuables à des variations de la qualité des produits et à d’autres

variables, l’IPC peut comporter un certain biais de mesure qui l’empêche de refléter

parfaitement l’évolution.

La principale difficulté dans la réalisation de l’indice est l’innovation qui se traduit par

l’apparition de nouveaux produits ou services ou d’une nouveauté dans un ancien produit.

L’indice des prix à la consommation peut indiquer une hausse des prix quand une

personne au profit marginal constaterait une baisse.

Une limite de l’IPC comme instrument est qu’il se fonde sur le panier du consommateur

moyen.

Une autre difficulté qui se pose et qui correspond au changement dans la répartition des

achats des consommateurs. Lorsque le prix d’un bien augmente une année plus vite que les

prix des autres biens et que sa part dans la consommation diminue, il y a une difficulté à

faire un lien avec l’année précédente.

Le contenu du panier est adapté périodiquement, autrement « quand les prix montent, les

ménages adaptent leurs achats aussi ». Ceci signifie que le ménage moyen défini ne peut

pas dépenser plus qu’il gagne, l’augmentation du coût du panier est automatiquement

limitée à l’augmentation de ses revenus. En effet, le ménage ne peut pas payer des prix plus

élevés. Et dans ce cas, l’IPC devient une grande tromperie puisqu’il exprime l’évolution

des revenus du ménage moyen plus que la montée des prix.

Nous ajoutons aussi que pour plusieurs pays et dans plus d’un marché, il y’a une

différence notable entre prix réels et prix affichés, ce qui va influencer l’IPC qui ne reflète

pas donc la réalité du marché. D’où, il y’ a urgence à corriger cet indice des prix qui peut

nous donner un faux taux d’inflation. Le panier de la ménagère doit tenir comte de

l’inflation importée essentiellement par le fait de l’augmentation des prix des carburants, et

donc donner plus de visibilité dans la composition de ce panier, aux coûts galopants et

continus de l’énergie.

La construction de l’IPC se heurte à d’autres problèmes tels que la prise en compte de

l’évolution de la qualité des biens, le changement des goûts de consommateurs et la

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fluctuation du taux de change.

Malgré les limites de l’IPC précédemment annoncées, il y’a peu de chance de remplacer l’IPC

par une autre cible. L’IPC n’est peut être pas une mesure parfaite de l’inflation, mais c’est une

notion comprise par une vaste public et c’est la mesure de l’inflation la plus familière. Le choix

d’un indicateur bien connu comme cible facilite la tâche quand vient le temps de rendre des

comptes à la population.

IV.2. Dynamique d’inflation :

Pour étudier la dynamique de l’inflation en Tunisie, nous devons tout d’abord exposer

les sources potentilles de l’inflation14

, tels que :

Les chocs externes : les fluctuations internationales des cours de matières premières

et des carburants constituent la source principale d’inflation importée.

Pass-through du taux de change 15

: les mouvements nominaux de taux de change

peuvent sensiblement affecter la quantité d’inflation importée.

Politiques monétaires et fiscales expansionnistes : l’augmentation de la demande

globale traduisant des prix plus élevés peut contribuer à des élévations des dépenses

publiques (politique fiscale ou des états plus lâches de crédits (politique monétaire).

Indicateur de libéralisation : des facteurs spécifiques de l’inflation peuvent être

tracés aux programmes de libéralisation. Par exemple, la libéralisation commerciale

tend à exercer des pressions inflationnistes puisque les producteurs domestiques

cherchent à concurrencer les importations étrangères.

La Tunisie semble être une exception qui est probablement due aux conditions favorables

(aucun choc externe, contrôle des prix et politiques monétaires et fiscales raisonnables.) en plus,

la dynamique d’inflation peut être analysée à partir de l’exposition des ses différentes causes qui

ne s’excluent pas :

14 Vincent .D et Nathalie .G (2004):”Exchange rate and inflation targeting in Morocco and Tunisia”,p.2-

14,Septembre. 15 Le pass-through du taux de change désigne le degré de transmission ou de répercussion des mouvements du taux

de change sur l’inflation.

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Le niveau de la demande est supérieur à celui de l’offre (pull inflation).

Hausse des coûts de production qui se répercute sur les prix à la consommation (push

inflation).

Hausse de la masse monétaire (la quantité de monnaie détermine le niveau général des

prix, c'est-à-dire que le taux d’inflation dépend du taux de croissance de la masse

monétaire (tous les prix varient dans la même proportion que la masse monétaire)

Les développements du taux de change

Le boom de la demande

L’augmentation des prix des produits alimentaires

Les développements sur les marchés internationaux du prix du pétrole

Nous pouvons aussi ajouter que, la dynamique d’inflation peut être illustrée à partir

d’une analyse de six groupes16

de l’indice de prix à la consommation.

Ces composantes de l’IPC peuvent être récapitulées comme suit :

Tableau1 : les pondérations des six groupes de l’IPC [1991-2006]17

en % :

Pondération

Total Administré Indice général 100 32.2

Produits alimentaires 36.5 22.3

Logement 17.9 27.5

Santé 10.5 52.9

Transport 10.5 74.5

Habillement 11.7 0.0

Services et autres 12.9 44.6

Source : Institut national de statistique (rapport commerce intérieur)

16 L’analyse de six groupes de l’indice des prix à la consommation est primordiale pour faire une description précise

et adéquate de la dynamique d’inflation vu l’impact de ces composantes sur l’inflation surtout les postes les plus

volatils comme les produits alimentaires (en raison des variations climatiques) et l’énergie (en raison des chocs

d’offre) ;(Voir rapport de l’INS).

17 Les pondérations de six groupes de l’IPC pour la période [1991-2006] sont disponibles en annuaire de l’INS et sur

le rapport de FMI (Octobre 2007).

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A partir de ce tableau, nous constatons que les produits alimentaires demeurent un poste

important de l’IPC total.

On peut conclure les composantes les plus volatiles, autrement qui ont un impact plus

puissant sur l’inflation tels que les postes de l’énergie, du transport et surtout des produits

alimentaires (les fluctuations de l’inflation sont principalement dues aux augmentations de ces

trois postes.)

Les postes d’éducation et de santé sont deux groupes dont tous les prix sont administrés.

La maîtrise de l’inflation par le maintien inchangé des prix administrés peut entraîner

une augmentation intensive des subventions.

Ainsi, la politique monétaire perd sa souplesse et son efficacité en présence d’une

grande part des prix administrés surtout que l’inflation en Tunisie obéit en partie aux décisions

administratives.

Pour cette raison, la part importante des prix administrés constitue un obstacle car cette

grande part rend la banque centrale n’a aucune influence sur ce tiers du panier de l’IPC (c’est le

gouvernement qui fixe ces prix)18

.

Enfin, pour faire une analyse du mouvement de l’inflation en Tunisie, nous allons

procéder à un tableau qui illustre l’évolution de l’IPC (désignée inflation).

Tableau2 : évolution annuelle du taux d’inflation en Tunisie19

[1998-2007]

Années 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Taux d’inflation

(%) 3.1 2.7 2.9 2.0 2.7 2.7 3.6 2.0 4.7 2.1

Source : institut national de statistique (rapport commerce intérieur)

A partir de ce tableau, nous remarquons que depuis 2000, l’inflation globale fluctue

18 Voir Abdelhak S., Tahsin Saadi S. et Kagni K. (2007): “Prévisions de l’inflation et transmission des variations du

taux de change aux prix à la consummation”, FMI, document de travail n° 07/319, p.4 – 49. 19 Les données annuelles concernant le taux d’inflation sont disponibles sur la période ci-dessus présentée [1998-

2007] sur l’annuaire statistique (commerce intérieur) de la Tunisie (INS).

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entre 2% et 5%.

Pendant plus de dix ans, la Tunisie a maintenu la stabilité des prix soutenue par la

stratégie d’ouverture du gouvernement, notamment par une politique volontariste de libéralisation

des prix, l’inflation a diminué de 10% au début des années 1990 à 2% en 2005.

Des politiques monétaire et budgétaire prudentes, combinées à des réformes

structurelles, ont joué un rôle essentiel pour atteindre cet objectif.

En 2006, nous remarquons que le taux d’inflation a augmenté à 4.7%.

Cette accélération est due, dans une large mesure et selon l’annuaire statistique de

l’INS, à un accroissement du niveau des prix de carburants et des matériaux de construction,

mais également à l’inflation importée avec la dépréciation de la monnaie nationale face au dollar

et à l’euro. Face aux tensions inflationnistes et selon le rapport de la banque centrale (décembre

2006), la BCT a procédé à l’absorption de l’excédent de liquidités dans le système financier, en

relevant en septembre 2006, son taux directeur de 5 pour cent à 5.25 pour cent et le taux des

réserves obligatoires de 1.5 à 3.5 pour cent.

D’où, l’inflation a été maîtrisée après avoir connu ce sursaut du fait de la montée des

cours internationaux du pétrole et de matières premières, des périodes d’excédents de liquidité et

de la détérioration des termes de l’échange. Elle s’est cependant rapidement repliée suite au

resserrement monétaire opéré par la banque centrale pour descendre à 2.1%, en glissement

annuel, en 2007 après presque 5%en 2006. Ce qui met en relief l’importance d’une politique

monétaire crédible en période d’inflation20

, qui consiste, en résumé, à :

Eponger le surplus de liquidité (la banque centrale détient le contrôle exclusif de la

quantité de monnaie centrale émise. Cette dernière (BCT) intervient sur le marché

monétaire pour injecter la liquidité sous diverses formes, tels que les appels d’offres,

les opérations ponctuelles et les pensions de bons de trésor.

Augmenter le coût de l’argent et assurer la valeur de la monnaie nationale vis-à-vis de

l’extérieur.

Réduire les possibilités de crédit des banques.

20 Voir Gagnon, J E et J. Ihrig (2004): “Monetary policy and exchange rate pass-through”, Discussion Financière

Internationale, document de travail n° 704.

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Ainsi et en dépit d’un environnement international défavorable et instable caractérisé

notamment par la hausse des prix de l’énergie et de la plupart des autres produits de base et les

fluctuations du taux de change des principales devises, l’économie tunisienne a enregistré des

résultats positifs (inflation maîtrisée) grâce à un durcissement des conditions monétaires qui aide

à maintenir l’inflation à un taux raisonnable.

Il est à noter que le niveau d’inflation enregistré demeure acceptable compte tenu de la

hausse excessive et la persistance des prix mondiaux du pétrole, des matières premières, demi-

produits et des denrées alimentaires ainsi que des tensions conjoncturelles sur le marché intérieur

au niveau d’approvisionnement et de distribution des produits alimentaires.

Plus important, la maîtrise de la hausse des prix a été rendue possible grâce à la poursuite

d’une politique monétaire rigoureuse, en plus du doublement des subventions de la caisse

nationale de compensation (décélération des prix de la plupart des postes de dépenses

ménagères).

Conclusion :

A partir de ce premier chapitre, nous avons fait d’abord une analyse de la politique de

change adoptée dans le cadre de l’économie tunisienne qui est en phase de pleine transition d’un

régime de flottement administré à un régime de flottement pur ainsi qu’une exposition des

principales réformes lancées pour amender ce passage d’une politique de change dirigée à une

politique libre .

Ensuite, nous constatons d’abord que la description des fluctuations du panier de devises

majeures de dinar est primordiale puisque ces dernières peuvent être très coûteuses pour la

stabilité interne.

Enfin, nous avons montré que comme l’inflation en Tunisie a plusieurs causes, mesures et

sources, elle a aussi de nombreux facteurs qui ont un impact puissant sur la dynamique

d’inflation.

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Pour bien illustrer cette dernière et en nous basant sur des données issues de l’annuaire

statistique (rapport commerce intérieur), nous avons décrit les mouvements du taux d’inflation

pendant la période [1998-2007].

A partir de cette description, nous pouvons conclure que pendant les dix derniers ans, ce

pays a maintenu la stabilité des prix qui correspond à l’objectif principal des autorités monétaires

(BCT).

Ainsi, il est primordial pour la banque centrale d’adopter des politiques monétaires et

budgétaires prudentes et rigoureuses en période d’inflation.

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Chapitre II. Transmission des variations du taux de change sur

l’inflation : Introduction

Après l’analyse descriptive de la politique de change adoptée en Tunisie et la dynamique

d’inflation menée au niveau de premier chapitre, nous étudions dans le deuxième chapitre, le

point en lequel les fluctuations du taux de change ont comme effet un changement des niveaux

d’inflation. Donc nous identifions et à l’issue de plusieurs travaux théoriques , un processus de

répercussion des variations du taux de change sur les prix à la consommation ainsi que la relation

liant ces deux variables en mettant en exergue leurs étapes, les incidences de cette liaison, les

facteurs affectant le degré de transmission et les principales implications pour la politique

monétaire d’une atténuation de ce degré.

Enfin, nous montrons que puisque la Tunisie est en pleine transition et pour amender le

passage d’un flottement dirigé à un flottement pur, il est primordial de contrôler l’inflation en

assouplirant le taux de change et en s’orientant vers un cadre de ciblage d’inflation.

Section I. Définition:

L’étude de mécanisme de transmission des variations du taux de change sur les prix à la

consommation traite un lien entre la politique monétaire, l’inflation et l’incidence des variations

du taux de change sur les prix à la consommation21

.

Autrement dit, la relation entre les fluctuations du taux de change nominal et l’évolution

des prix à la consommation a des conséquences pour la politique monétaire et la politique de

change. Ainsi, une meilleure compréhension de ce lien nous aidera à mieux cerner les facteurs

qui influent la détermination des prix.

La transmission des variations du taux de change désigne en général à la fois la

répercussion sur les prix d’importations et sur les prix à la consommation mais on va dans notre

étude seulement s’intéresser à des prix à la consommation.

21 Voir Campa, J. M and L. S Goldberg (2004): “Exchange rate pass-through into import prices”, London: Centre de

Recherches Economiques), document de travail n° 4391 et Leigh, D et M Rossi (2002): “Exchange rate pass-through

in Turkey”, document de travail n°02/204 (Washington: FMI).

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La variation des prix intérieurs causée par une variation du taux de change correspond

au degré de transmission des variations du taux de change ou au degré de répercussion.

Ce concept à été traditionnellement défini comme étant la variation en pourcentage du

prix en monnaie nationale d’un bien importe induite par une variation de un point de pourcentage

du taux de change nominal entre le pays exportateur et le pays importateur. Cette définition a

évolué au fil des ans pour englober d’autres types des prix, notamment les prix à la

consommation.

La transmission des variations du taux de change peut être complète si une dépréciation

de monnaie nationale a généralement comme effet attendu d’accroître les prix des biens importés

et si elle se répercute entièrement sur les prix des importations. Alors qu’elle est incomplète

lorsqu’une partie seulement de la dépréciation est transmise aux prix des importations.

Qu’elle soit partielle ou complète, la répercussion du taux de change22

est un facteur

important qui détermine dans quelle mesure les ajustements du taux de change réussissent à

assurer ou maintenir un solde extérieur viable.

Si le degré de répercussion est élevé, l’ajustement du taux de change nécessaire pour

corriger une position insoutenable du solde des transactions courantes sera relativement modeste.

L’inverse est vrai si la répercussion est faible23

.

Par ailleurs, pour un régime de change flottant, les économistes s’attendaient à observer

une relation étroite entre les mouvements des taux de change et les variations des niveaux des

prix nationaux.

Pour bien décrire le mécanisme de transmission des variations du taux de change sur les

prix à la consommation, nous devons :

o Examiner les incidences des mouvements du taux de change sur l’inflation.

o Décrire les fluctuations du taux de change effectif nominal (TCEN), les facteurs

sous-jacents et les effets qui en résultent sur l’inflation.

22 Le degré de transmission des variations du taux de change sur l’inflation est mentionné dans cette étude comme la

répercussion des mouvements du taux de change par souci de concision.

23 Voir Choudhri et Hakura (2006):”Exchange rate pass-through to domestic prices: Does the inflationary

environment matter?”, Journal International de Monnaie et Finance, vol.25, p.624 – 639.

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Section II. Evolution théorique24

:

Le sujet de la transmission des variations du taux de change sur l’inflation a suscité

diverses analyses :

La loi du prix unique et la parité du pouvoir d’achat (PPA) posent que la transmission

des variations du taux de change sur les prix des importations en monnaie nationale est toujours

immédiate et complète, c'est-à-dire qu’une dépréciation de la monnaie nationale se répercute

entièrement sur ces prix.

Selon la théorie de l’adaptation des prix au marché « pricing to market », la transmission

des variations du taux de change aux prix pourrait être incomplète (c'est-à-dire qu’une partie

seulement de la dépréciation se transmette au prix) car les producteurs étrangers peuvent accepter

de baisser leur marge bénéficiaire pour préserver leur part de marché. Pour ces deux lois, la

répercussion du taux de change fait référence à la répercussion sur les prix des importations qui, à

leur tour, a un effet immédiat sur les prix à la consommation.

Taylor (2000) affirme que la transmission des variations du taux de change aux prix à la

consommation augmente avec le niveau d’inflation, autrement dit, il montre qu’un régime

crédible de faible inflation se prête à une faible répercussion, alors qu’une persistance d’une

inflation élevée est positivement corrélée au niveau de répercussion. L’hypothèse sous- jacente

est que lorsque la politique monétaire gagne en crédibilité et en efficience pour maintenir le taux

de d’inflation à un faible niveau, la répercussion diminue car les entreprises s’attendent à ce que

les variations des prix soient moins persistantes. Elles ont donc moins tendance à modifier leurs

prix face à un choc de taux de change car elles anticipent que les autorités monétaires vont agir

énergiquement pour stabiliser l’inflation intérieure.

Plus précisément, Goldfajn et Werlang (2000) constatent que le degré de transmission

dépend de l’activité économique. Autrement, les déclins dans l’activité économique réduisent

l’espace de rendement et compensent l’impact d’une dépréciation du taux de change sur

l’inflation.

Choudhri et Hakura (2001) constatent, en étudiant le processus de transmission des

variations du taux de change sur les prix en Inde qu’une répercussion faible pourrait apporter plus

24 Dans cette section, la répercussion du taux de change fait référence à la répercussion sur les prix des importations

qui, à leur tour, ont un effet sur les prix à la consommation.

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de souplesse dans la conduite d’une politique monétaire indépendante et faciliter la mise en place

d’un régime de ciblage d’inflation.

Dans le même contexte et dans un grand échantillon de 122 pays, Devereux et Yetman

(2003) trouvent que Les politiques de redéploiement des dépenses destinées à résoudre les

difficultés de balance des paiements reposent sur le rôle du taux de change pour rediriger les

achats des consommateurs vers les produits nationaux au détriment des produits importés.

En outre, Devereux (2001) ajoute que dans un régime de change flexible, une faible

transmission des variations du taux de change sur les prix à la consommation peut contribuer à

stabiliser la production et l’inflation. Ce régime de change peut permettre à la fois de réduire les

variances de production et d’inflation. C’est pourquoi une répercussion faible des variations du

taux de change sur les prix à la consommation pourrait apporter plus de souplesse dans la

conduite d’une politique monétaire et faciliter la mise en place d’un régime de ciblage d’inflation.

Campa et Goldberg (2004) prouvent qu’une dépréciation du taux de change augmente le

coût des produits importés, les firmes en concurrence imparfaite peuvent choisir d’absorber

totalement ou partiellement l’augmentation des coûts de production, réduisant ainsi, la

répercussion sur les prix à la consommation. Les services de distribution isolent les prix à la

consommation des produits échangeables car ils peuvent ajuster es marges bénéficiaires pour

absorber les fluctuations du taux de change.

Frankel et autres (2005) examinent si le changement du degré de transmission des

variations du taux de change est expliqué par le changement du taux d’inflation indiqué par

l’indice des prix à la consommation ou le contraire, il s’agit donc d’une analyse de causalité. .

Pour le cas de l’économie turque, Kara et Ogunc (2005) confirment que la répercussion

des mouvements du taux de change sur les prix internes s’est affaiblie après l’adoption du régime

de flottement libre, ceci peut revenir à la bonne préparation à la transition vers ce régime.

Mwase (2006) démontre que la répercussion de variations du taux de change sur

l’inflation est incomplète et donc qu’une partie seulement des mouvements du taux de change se

répercute sur les prix intérieurs en Tanzanie. Pour lui, la diminution du degré de répercussion

peut être en raison d’une baisse d’inflation, d’une productivité plus élevée ou d’une concurrence

accrue. Pour lui, d’autre facteurs comme les rigidités nominales et l’ajustement lent des prix des

produits importés peuvent rendre les prix intérieurs moins réactifs aux mouvements du taux de

change ce qui peut retarder la répercussion des variations du taux de change aux prix intérieurs.

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2007-2008

Section III. Les étapes de transmission des variations du taux de change sur

l’inflation :

Le processus de transmission des variations du taux de change est représenté par la

relation entre le taux de change nominal et le niveau des prix intérieurs.

Ce processus de transmission comprend deux étapes25

:

Les mouvements du taux de change se répercutent sur les prix à

l’importation.

Les variations des prix à l’importation influent sur les prix à la

consommation

Habituellement, une variation du taux de change se répercute sur les prix à la

consommation par l’influence qu’elle a sur la demande de produits importés.

Ainsi, une dépréciation donnant lieu à une majoration du prix des biens importés fera

augmenter la demande de biens produits au pays qui concurrencent les importations.

Lorsque cette demande s’intensifie, elle exerce des pressions à la hausse sur les prix

intérieurs et les salaires nominaux.

III.1. Transmission aux prix à l’importation :

Une dépréciation de la monnaie nationale a généralement comme effet attendu

d’accroître les prix des biens importés.

Si elle se répercute entièrement sur les prix des importations, la transmission est dite

« complète ». Il est toutefois important de souligner que la transmission sera complète si le coût

marginal des échanges internationaux est constant (les coûts des échanges internationaux sont

constitués de tous les éléments qui créent des écarts entre les prix des biens sur les marchés

intérieur et extérieur)

Par contre, si une partie seulement de la dépréciation est transmise aux prix des

importations, la transmission est partielle ou incomplète.

Le degré et la vitesse de la transmission aux prix des biens importées sont fonction de

25 Devereux, M B et Yetman. J (2003): “Price-setting and exchange rate pass-through: theory and evidence”, in Price

adjustment and monetary policy, Novembre, p. 359–371 (Ottawa: banque Canada).

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plusieurs facteurs,26

dont principalement:

La durée prévue de la dépréciation.

Les coûts liés à l’ajustement des prix.

Les conditions de la demande.

Betts et Devreux (1996) ont adopté l’hypothèse d’une certaine rigidité des prix des

importations dans la monnaie locale, c’est-à-dire que les prix des importations ne sont pas

entièrement préétablis mais mettent un certain temps à ajouter. Dans ces conditions, l’ampleur de

la transmission dépend du degré de rigidité des prix des biens importés, autrement dit, plus ces

prix sont rigides dans la monnaie des pays importateurs, plus le degré de transmission est faible.

III.2. Transmission aux prix à la consommation :

Le panier de consommation utilisé pour calculer l'indice des prix à la consommation d'un

pays comprend habituellement des biens produits au pays et des biens importés de l'étranger. Le

degré de transmission des variations du taux de change à l'IPC sera donc fonction du taux de

transmission aux prix des biens importés de la part occupée par les importations dans le panier

des biens de consommation et de la réaction des produits intérieurs aux mouvements du taux de

change. En supposant que les prix des produits intérieurs sont insensibles aux variations du taux

de change, il y a deux raisons au moins pour lesquelles la transmission aux prix à la

consommation peut ne pas être intégrale même si la transmission aux prix à l'importation l'est.

Premièrement, les coûts de distribution comme les coûts de transport, de

commercialisation et de services, peuvent créer des écarts entre les prix à l'importation et les prix

à la consommation, écarts qui fluctueront si les distributeurs ajustent leurs marges bénéficiaires

en réaction aux mouvements de la monnaie locale.

Deuxièmement, l'application de stratégies de prix différentes par les grossistes étrangers

et les détaillants locaux à l'égard des produits vendus sur le marché national peut expliquer que la

transmission aux prix à la consommation soit inférieure à la part des biens importés dans le

panier de l'IPC même si la transmission aux prix à l'importation est complète. Cela peut être le

cas, par exemple, lorsque les sociétés étrangères exportatrices fixent leurs prix dans la monnaie

26 Campa, J. M and L. S Goldberg (2005): “Exchange rate pass-through into import prices”, London: Centre de

Recherches Economiques), document de travail n° 4391,p. 683-690.

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2007-2008

de leur pays, pendant que les détaillants locaux préfèrent les établir dans la monnaie nationale.

Toutefois, comme il a été mentionné précédemment, les prix des produits nationaux fluctuent

généralement en fonction des mouvements du taux de change, ce qui contribue aussi à expliquer

pourquoi le taux de transmission de ces mouvements aux prix à la consommation n'est pas

nécessairement égal à la part qu'occupent les importations dans le panier de l'IPC, et ce, même si

la transmission aux prix à l'importation est intégrale.

Il importe de signaler que la sensibilité des prix des produits nationaux aux variations du

taux de change est fonction de plusieurs facteurs27

tels que :

La substituabilité de ces produits aux importations

Les coûts d'ajustement des prix intérieurs

La rigidité des salaires nominaux

Généralement, dans les pays qui ont un taux d’inflation peu élevée et une devise stable,

on peut s’attendre à ce que l’impact des mouvements du taux de change soit faible.

Enfin, l’impact des changements du taux de change sur l’inflation domestique peut être

modifié en contrôlant l’inflation par l’établissement des nouvelles politiques monétaire et de

change en s’orientant vers un assouplissement du taux de change et un cadre de ciblage

d’inflation.

Section IV. La relation liant le taux de change à l’inflation et ses conséquences

IV.1. Incidences de la transmission des variations du taux de change sur les prix à la

consommation :

Les variations du taux de change ont inévitablement des effets sur les prix à la

consommation dans une petite économie ouverte comme le cas de la Tunisie.

Ces effets peuvent être directs ou indirects, selon qu’ils s’exercent directement sur les

prix ou par le biais de leurs répercussions sur la composition ou sur le niveau de la demande

27

Pour quelques références récentes, se reporter à : Engel, C. (2002 b), “ the responsiveness of consumer prices to

exchange rates: a synthesis of consumer prices to exchange rate: a synthesis of some new open- economy macro

models”, p.1-15.

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globale et sur les salaires (voir Figure 2)28

.

Plus particulièrement, le taux de change influence directement l’inflation par le biais des

biens importés et indirectement l’économie réelle par le biais du commerce extérieur ainsi que

par le canal des anticipations.

Les variations du taux de change se transmettent directement aux prix des produits

importés. Cependant, la hausse de coûts que subissent les producteurs et les détaillants en raison

de la dépréciation du dinar est rarement répercutée entièrement et immédiatement sur les prix à la

consommation. Cela se fait dans une proportion et à une vitesse qui peut dépendre de plusieurs

facteurs, dont la conjoncture de la demande, le coût d’ajustement des prix et la perception de la

durée de la dépréciation du dinar.

La dépréciation de la monnaie a pour effet de modifier la composition de la demande, en

stimulant tant la demande intérieure que la demande extérieure de produits nationaux. D’une part,

le renchérissement des produits importés entraîne un accroissement de la demande extérieure, qui

exerce à son tour des pressions à la hausse sur les prix intérieurs. D’autre part, la dépréciation du

dinar rend plus compétitifs les produits d’exportation, dont le prix en devises étrangères diminue

automatiquement. La demande s’accroissant, le prix des produits nationaux exportables risque à

son tour d’augmenter, ce qui s’ajouterait aux pressions à la hausse déjà exercées sur les prix

intérieurs par l’augmentation du prix des biens importés. L’accroissement de la demande des

produits extérieurs entraîne aussi une augmentation de la demande de main-d’œuvre et, peut-être,

des hausses de salaires qui seront, à leur tour, répercutées sur les prix29

.

Les conséquences des variations du taux de change sur l’inflation dépendent de

nombreux facteurs. Toutefois, ce qu’il faut retenir, c’est que l’inflation dépend en fin de compte

de la politique monétaire et que les variations du taux de change sont elles mêmes tributaires de

l’orientation de la politique monétaire. Une politique monétaire axée sur la maîtrise de l’inflation

28 La figure (2) résume les incidences majeures des fluctuations du taux de change sur les prix à la con sommation à

partir de représentation des effets directs et indirects (on tient compte uniquement du cas de dépréciation de la

monnaie nationale par rapport aux devises étrangères. En cas d’une appréciation, ces conséquences vont être

renversées) ;(voir Laflèche, T. (1996-1997))

29 Devereux, M., (2001):“Monetary Policy, exchange rate flexibility, and exchange rate pass-through”, in revisiting

the case for flexible rates, banque de Canada, p. 47-82.

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ne permet pas aux variations du taux de change de dégénérer en spirale inflationniste. Certes, une

dépréciation du dinar se traduit, à court terme, par une hausse du taux d’inflation, mais en longue

période ce taux retourne vers l’objectif visé. Les attentes d’inflation sont un important

déterminant de l’évolution de l’inflation, et, dans la mesure où elles se fondent sur les objectifs de

la politique monétaire, elles contribuent à faciliter ce retour. La conjoncture actuelle, caractérisée

par un taux d’inflation bas et des attentes d’inflation faibles, reflète la détermination de la

politique monétaire actuelle qui veille à ce que des changements de prix relatifs (comme ceux

qui découlent des variations du taux de change) n’alimentent pas un processus inflationniste

continuel30

.

En plus, les variations du taux de change provoquent des variations de prix relatifs.

Si le revenu nominal ne change pas, l’augmentation du prix des biens importés liée à la

dépréciation du taux de change réduit le revenu réel des consommateurs et généralement la part

du revenu consacrée aux autres biens, de sorte que la demande et le prix de certains biens

diminuent aussi.

30 Kang, S et Y Wang (2003): “Fear of inflation: exchange rate pass-through in East Asia”, document de travail n°

03–06 (Seoul: institut internationale de l’économie de Corée).

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Les effets d’une appréciation du taux de change sur les prix intérieurs sont illustrés dans ce schéma31

31 Cette figure représente les canaux de transmission de l’évolution du taux de change à l’inflation. Ce schéma tient

en compte uniquement des effets directs et indirects d’une appréciation du taux de change (dépréciation de la

monnaie nationale). Ainsi, une dépréciation du taux de change (appréciation de la monnaie locale) aura des effets

inverses (voir Laflèche, T. (1996-1997), Revue de la Banque du Canada et Zulfiqar Hydar,Sadar Shah(2004),p.4).

Augmentation de la

demande de biens

exportables

Hausse des salaires

Effets indirects Effets directs

Dépréciation

Augmentation de la

demande intérieure

de biens substituts

Augmentation

de la demande

de main

d’œuvre Renchérissement des

biens substituts et des

biens exportables

Augmentation des prix à la consommation

Renchérissement des

produits finis importés

Augmentation des coûts

de production

Renchérissement des

intrants importés

Effet direct Effet indirect

Figure 2 : Canaux de transmission d’une dépréciation de la monnaie

nationale aux prix à la consommation

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Etant donné le degré élevé d’ouverture de l’économie tunisienne, le taux de change joue

un rôle fondamental dans le mécanisme de transmission de la politique monétaire, d’autant plus

que la Tunisie s’approche d’un système de change entièrement flottant et qu’elle s’oriente vers un

cadre de ciblage de l’inflation.

Il est essentiel de comprendre les mécanismes de transmission de la politique monétaire

pour conduire une politique monétaire efficace.

D’où, la primordialité d’évaluer la transmission des variations du taux de change aux

prix à la consommation car le degré de réaction des prix à la consommation aux variations du

taux de change a d’importantes conséquences pour la politique monétaire.

La répercussion des variations du taux de change sur les prix intérieurs signale dans

quelle mesure les fluctuations du taux de change agissent sur les prix à la consommation.

Les prix à la consommation subissent l’effet direct des variations des prix des produits

intermédiaires finis importés, mais aussi les effets indirects des fluctuations du taux de change sur

la demande globale.

Par exemple, une dépréciation du taux de change affecte les exportations nettes, qui

exercent à leur tour une pression à la hausse sur les prix intérieurs par le biais de la demande

globale.

Il arrive toutefois que les prix à la consommation ne réagissent pas au taux de change

lorsque les variations des coûts des importations sont absorbées par des intermédiaires dans les

circuits de distribution.

Autrement dit, le degré de répercussion du taux de change dépend de l’état de la

concurrence sur le marché intérieur de biens importés et du comportement d’adaptation des prix

au marché32

.

En outre, Gagnon et Ihrig (2004) constatent que l’incidence des variations du taux de

change sur les prix dépend en partie de facteurs macroéconomiques, en particulier, la rigidité des

prix qui s’explique par les coûts que leur ajustement entraîne pour les entreprises et l’ajustement

lent des prix des produits peuvent rendre les prix intérieurs moins réactifs aux mouvements de

32

Voir Kara et Ogunc(2005) : “Exchange rate pass-through in Turkey :It is slow,but is it really low ?” ,département

de recherche (CBRT), document de travail n° 05/10,Avril.

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taux de change. Dans ce cas, la répercussion des variations du taux de change aux prix est

retardée, mais elle n’est pas nécessairement incomplète.

Plus important, un taux de change flexible peut permettre de réduire la variance de

l’inflation et une répercussion faible des variations du taux de change sur les prix pourrait

apporter plus de souplesse dans la conduite d’une politique monétaire et faciliter la mise en place

d’un régime de ciblage de l’inflation.

Ceci est particulièrement important vu la transition de la Tunisie vers une intégration

dans l’économie mondiale par la libéralisation de son compte de capital, la transmission

relativement faible des variations du taux de change aux prix signifie qu’une évolution

méthodique vers un taux de change flottant pourrait aider la Tunisie à s’orienter vers un cadre de

ciblage d’inflation et donc préserver la stabilité des prix.

Alors, il est d’un grand intérêt pour les décideurs des pays en voie de développement, et

en particulier la Tunisie de comprendre les effets des fluctuations du taux de change nominal sur

les prix à la consommation pour décider la conduite de leurs politiques monétaire et de change,

surtout s’ils libéralisent leur marché de capitaux et assouplissent leur régime de change.

IV.2. Les facteurs affectant le processus de transmission

Les principaux facteurs affectant le degré de transmission des variations du taux de

change sur l’inflation33

, ainsi :

Plus le taux d’inflation et sa volatilité sont grands, plus le degré de répercussion est

grand. Autrement dit, la crédibilité et l’efficacité de la politique monétaire ainsi

qu’un maintien d’un bas taux d’inflation abaisse le degré de transmission.

Le degré de répercussion dépend de la part des importations dans le panier de

consommation (plus le rapport de pénétration d’importation est grand), plus le

degré de répercussion est grand.

La composition de l’indice des prix à la consommation affecte ce degré puisqu’il

diffère selon les diverses catégories. Par exemple, le degré de transmission des

variations du taux de change aux produits manufacturés s’avère moins important

33 Khundrakpam, Jeevan K.:”Economic reforms and exchange rate pass-through to domestic prices in India”,

document de travail de la banque d’Inde BIS n°225, p.1-4.

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par rapport aux produits énergétiques et de matières premières.

Les déformations commerciales résultant des tarifs et des restrictions quantitatives,

agissent en tant que barrière à l’arbitrage des marchandises entre les pays et

mènent à abaisser le degré de répercussion.

Il faut aussi insister sur l’impact des développements internationaux de prix du

pétrole qui peut souvent être tordu par les changements des impôts spéciaux de

consommation. Donc il s’agit d’une déclaration de l’influence des prix à

l’importation et la dépréciation de la monnaie nationale qui peuvent conjointement

être prises en compte car la dépréciation plus élevée mènerait à des coûts de

production plus élevés, qui traduisent alternativement des prix internes plus

élevées.

Ce degré dépend aussi de la période de l’appréciation et la dépréciation du taux de

change et donc de la taille du changement pendant des périodes diverses.

Plus important, la prise en compte de ces facteurs et de ces incidences est insuffisante

pour décrire d’une façon précise le degré de transmission des variations du taux de change sur les

prix à la consommation.

Pour l’évaluer, il faut aussi tenir compte des implications que ce degré a sur les politiques

monétaire et de change surtout avec la transition de la Tunisie vers un régime de flottement libre.

Section V. Implications pour la politique monétaire d’une atténuation du

degré de transmission34

:

Le degré moindre de transmission des variations du taux de change sur les prix intérieurs

signifie que les fluctuations du taux de change ont moins d’effets sur l’inflation. Cela pourrait

modifier les prévisions des banques centrales concernant le comportement futur de l’inflation,

prévisions qui sont déterminantes dans la conduite de la politique monétaire.

Ce degré moindre pourrait avoir d'importantes implications pour la politique monétaire.

Premièrement, la diminution de la transmission aux prix à la consommation pourrait

34 Voir Frederic S Mishkin (2008): “exchange rate pass-through and monetary policy”, revue économique BIS, p.6,

Mars.

Chapitre II. Transmission des variations du taux de change sur l’inflation

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2007-2008

influer sur les prévisions des autorités monétaires relatives à l'évolution future de l'inflation,

lesquelles jouent un rôle très important dans la conduite de la politique monétaire. En effet, pour

que la politique monétaire soit menée avec succès, il faut non seulement que les autorités

monétaires aient une bonne compréhension théorique de la dynamique de l'inflation, mais qu'elles

puissent relativement bien prédire le comportement futur de l'inflation. Si les prévisions

d'inflation étaient fondées sur des estimations qui ne tiendraient pas compte de la récente

atténuation du degré de transmission des variations du taux de change, ces prévisions pourraient

surestimer les effets des variations du taux de change sur l'inflation.

Deuxièmement, une atténuation de l'incidence des variations du taux de change sur les

prix des importations pourrait se traduire par des transferts de dépenses moins prononcés. Nous

pensons ici aux changements dans la composition de la demande découlant de variations des prix

relatifs internationaux attribuables à des fluctuations du taux de change nominal. Par exemple,

une dépréciation de la monnaie d'un pays (dans lequel les variations du taux de change sont

transmises aux prix des importations) fait augmenter les prix des biens étrangers par rapport à

ceux des produits intérieurs. Toutes choses étant égales par ailleurs, il en résulte un accroissement

de la demande mondiale de biens de ce pays par rapport à la demande de biens d'autres pays. Si le

degré de transmission aux prix des importations fléchit, le mouvement des prix relatifs sera plus

faible, de même que l'effet de ce mouvement sur la demande relative. Autrement dit, si les prix

relatifs s'ajustent moins, les consommateurs seront moins incités à remplacer les biens étrangers

par des produits intérieurs. Il importe de souligner que les transferts de dépenses ne diminuent

pas lorsque la transmission aux prix à la consommation s'est atténuée, mais que la transmission

aux prix des importations est demeurée inchangée.

Enfin, un résultat théorique important qui est ressorti dernièrement des études réalisées

dans le champ de la nouvelle macroéconomie ouverte est que la politique monétaire optimale

dépend du degré de transmission aux prix des biens importés qui influe par la suite celui des prix

à la consommation. Notamment, lorsque la transmission est complète, un régime de taux de

change flexible est souhaitable parce qu'il permet aux prix relatifs de s'ajuster. Une politique

monétaire appropriée peut ainsi reproduire les allocations optimales qu'on obtiendrait si les prix

étaient flexibles. Par contraste, lorsque la transmission est nulle (ce qui se produit lorsque tous les

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prix sont fixés dans la monnaie locale), la politique optimale consiste à fixer le taux de change

nominal, car dans un tel cas, un taux de change flexible ne pourrait donner lieu à un ajustement

optimal des prix relatifs.

Par conséquent, nous remarquons à partir de ce qui précède qu’il est important de

déterminer l'ampleur et les causes de cette diminution, étant donné les implications possibles pour

la politique monétaire, notamment en raison de l'incidence du degré de transmission sur les

prévisions relatives à l'inflation que formulent les banques centrales, ainsi que sur les transferts

de dépenses, la propagation des chocs monétaires entre pays et le choix des régimes optimaux de

taux de change et de politique monétaire.

Section VI. La primordialité du contrôle d’inflation35

:

Au cours des dix dernières années, de nombreux pays en voie de développement ont

réduit leur taux d'inflation et sont entrés dans une ère de stabilité relative des prix. Bien que de

nombreux facteurs puissent avoir concouru à cette évolution, il est généralement admis que

l'adoption de régimes de politique monétaire plus crédibles a joué un rôle important. Le fait que

l'avènement d'un climat de bas taux d'inflation ait coïncidé avec la baisse observée du degré de

transmission des variations des taux de change a popularisé l'idée selon laquelle ces deux

phénomènes pourraient être liés.

Taylor (2000) a été l'un des premiers à formuler explicitement l'hypothèse que le

passage à une faible inflation dans de nombreux pays industrialisés peut réduire le degré de

transmission des variations du taux de change aux prix intérieurs. Selon lui, ce degré de

transmission est essentiellement fonction de la persistance des chocs de prix et de taux de change,

laquelle tend à diminuer dans une économie où le taux d'inflation est bas et où les politiques

monétaire et de change sont davantage crédibles d’où la primordialité d’assouplir le taux de

change et de s’orienter vers un cadre de ciblage d’inflation.

35 Pour cette section, on étude le contrôle d’inflation à partir de deux cadres : celui de l’assouplissement du taux de

change et celui de l’orientation vers un cadre de ciblage d’inflation (on n’a pas s’intéressé au cadre de ciblage de

l’agrégat monétaire malgré son importance pour contrôler l’inflation. Cette primordialité du rapport entre l’agrégat

monétaire et inflation va apparaitre clairement au niveau de la partie empirique).

Voir Ben Ali M.S. (2006): “capital account liberalization and exchange rate regime choice, what scope for flexibility

in Tunisia?” Institut William Davidson, document de travail n° 815, p.1-22.

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Pour la Tunisie, le fonds monétaire international (FMI) et la banque mondiale (BM) et

dans le cadre d’une instauration d’un régime flexible de flottement libre, ils la demandent de

redéfinir un cadre de politiques monétaire et de change qui la permettent de contrôler l’inflation.

D’où, la banque centrale (BCT) a pour premier objectif de contrôler l’inflation, et ceci se

voit clairement par le chemin vers un assouplissement complet du taux de change et l’orientation

de plus en plus accentuée vers un cadre de ciblage d’inflation.

VI.1. Assouplissement du taux de change

Le contrôle d’inflation implique le ciblage du taux de change réel. C’est une politique

économique compatible avec le maintien de la compétitivité.

Au cours des années 1990, la Tunisie a adopté une politique de ciblage du taux de

change effectif réel (TCER) visant à contrôler l’inflation et préserver la compétitivité de

l’économie. Cette politique qui consistait à ajuster périodiquement le taux de change nominal de

façon à maintenir le taux de change effectif réel constant, a donné des résultats bons dans la

mesure où le pays a évité les écueils du ciblage du TCER, c’est à dire la persistance d’une

inflation élevée et un désalignement du taux de change. L’absence des chocs significatifs, une

politique macroéconomique prudente et la rigidité des prix ont été les principaux facteurs sous-

jacents à un niveau d’inflation relativement faible36

.

Notons que le régime de change choisi par la Tunisie permet une telle flexibilité,

puisque le ciblage porte sur le taux de change réel qui est un indicateur de compétitivité et non

nominal, par rapport à deux monnaies, ce qui permet de compenser certains des mouvements de

l’une ou l’autre de ces monnaies.

En revanche, c’est un ciblage peu contraignant dans la mesure où cette politique rattrape

en quel que sorte tout impact de la politique interne sur la compétitivité externe.

En outre, les pressions à la hausse qui se sont exercées sur la monnaie nationale ces

dernières années s’expliquent par l’augmentation des entrées de capitaux, qui semblent avoir

dominé la tendance à l’appréciation réelle de la monnaie découlant des écarts de croissance de la

productivité.

36

Voir Mouley.S (2000): “Les determinants et le choix optimal du régime de change en Tunisie dans la perspective

d’une intégration dans la zone euro”, annals d’économie et de gestion n°11.

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Dans ce cas, si le taux de change nominal ne peut pas s’apprécier en réponse à l’afflux

de capitaux parce que les autorités interviennent pour maintenir une parité, les tensions

inflationnistes vont s’accumuler et le taux de change réel tendra à s’apprécier par le biais d’une

accélération de l’inflation intérieure.

Pour éviter d’arriver à cette situation, les banques centrales ont souvent cherché à

stériliser les entrées de capitaux qui sont venues gonfler leurs réserves.

Mais, dans le meilleur des cas, ces opérations ne sont efficaces qu’à court terme.

Autrement, étant donné la taille relativement faible des marchés financiers intérieurs par rapport

au volume des flux de capitaux internationaux, les efforts de stérilisation tendent à perdre leur

efficacité avec le temps. Ainsi, les objectifs de maîtrise de l’inflation et de stabilité du taux de

change poursuivis par les autorités deviennent de plus en plus manifestes.

D’où, la BCT a privilégié le ciblage du taux de change réel dans le cadre des objectifs

affichés de stabilité, de réaction à la forte volatilité des termes de l’échange et surtout de contrôle

d’inflation.

Plusieurs facteurs expliquent cette tendance à un assouplissement du taux de change37

tels que :

La stabilisation du taux de change réel du dinar par la maîtrise des coûts

inflationnistes.

La couverture contre les risques de change occasionnés notamment par les

fluctuations de devises majeures du panier de dinar notamment entre l’euro et le

dollar.

Une volonté affichée par les autorités de laisser jouer les mécanismes du marché dans

un contexte d’intégration financière internationale.

Donc et dans un contexte d’augmenter la libéralisation du compte de capital, la banque

centrale peut intervenir sur le marché de change pour défendre sa devise.

Il devient aussi adéquat de s’orienter vers une politique de ciblage d’inflation pour

atteindre une situation durable de faible inflation.

37

Voir Fanizza. O, N.Laframboise, E.Martion, R. Sab et I.Karpowicz (2002): “Tunisia’s experience with real

exchange rate targeting and transmission to a flexible exchange rate regime”, document de travail n°2/190.

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En revanche, à mesure que l’économie tunisienne poursuit son intégration dans

l’économie mondiale par la libéralisation de son compte de capital, l’assouplissement du taux de

change pourrait aider la Tunisie à stabiliser l’inflation.

Ainsi, s’agissant du taux de change, les autorités monétaires ont cherché, jusqu’à la fin

de la dernière décennie, à cibler le taux de change effectif réel (TCER). Cependant et selon le

rapport de la BCT (Janvier 2003), depuis l’an 2000, la BCT a limité ses interventions sur le

marché des changes. Cette plus grande flexibilité s’est traduite par une dépréciation tendancielle

du taux de change et le renforcement de la compétitivité des exportations.

Toutefois, les autorités considèrent que cette phase actuelle de flottement dirigé est une

étape intermédiaire, qui devrait déboucher normalement sur un régime de change flottant associé

à une convertibilité totale de dinar. Cependant la phase de libéralisation totale des

investissements de portefeuille et des entreprises tunisiennes à l’étranger devrait être retardée,

jusqu’à ce que le système monétaire et financier soit renforcé, modernisé et restructuré par des

fusions et des privatisations.

Le desserrement de la contrainte de change et l’achèvement de la convertibilité totale du

dinar restent des objectifs prioritaires comme finalités pour une plus grande intégration de

l’économie tunisienne dans l’économie mondiale (Voir Mouley.S (2000)). A mesure que

l’économie tunisienne poursuit son intégration dans l’économie mondiale par la libéralisation de

son compte de capital, l’assouplissement du taux de change pourrait aider la Tunisie à stabiliser

l’inflation38

.

Plus important, l’assouplissement du taux de change constitue une stratégie primordiale

puisque les mesures prises pour influencer le taux de change peuvent de toute évidence avoir des

effets immédiats sur la politique monétaire interne.

Par conséquent, l’intensification des mouvements des capitaux doit être accordée par

une tendance globale vers des arrangements plus flexibles vu la transition de la Tunisie vers un

régime de flottement libre, surtout que ce pays doit s’orienter peu à peu vers un assouplissement

complet de son taux de change et un cadre de ciblage de l’inflation.

38 Voir Laurens.B et Sarr.A (2002): “liberalization of the capital accounts in Tunisia – progress archived and

prospects forfull convertibility”, rapport de FMI n°02/155.

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VI.2. L’orientation de la Tunisie vers un cadre de ciblage d’inflation :

Le ciblage d’inflation est un cadre de politique monétaire qui astreint la banque centrale

à assurer une faible inflation, de telle sorte que celle-ci ne dépasse pas deux pour cent à moyen

terme, a contribué dans une large mesure au maintien de la stabilité des prix. Les pays en voie de

développement pourraient eux aussi bénéficier de cette approche qui accroît la transparence et

pousse les responsables à approfondir les réformes.

Cette stratégie assure une réelle autonomie de la politique monétaire en réponse aux

chocs réels et nominaux, d’offre ou de demande, domestiques ou étrangers qui pourraient

perturber la trajectoire des prix.

Le ciblage d’inflation est le choix d’un objectif unique en rapport, avec une politique

monétaire active, c’est un gage de crédibilité puisque toute forme de tension à dévier de la part de

la banque centrale est éliminée du fait de cette unicité d’objectif.

Cette dernière est aussi gage d’efficacité puisque l’objectif unique final est directement

en rapport avec des objectifs intermédiaires, autrement dit, cet objectif entre parfaitement dans les

compétences institutionnelles et fonctionnelles de la banque centrale.

Par ailleurs, l’avantage majeur de la politique de ciblage d’inflation réside dans sa

composante discrétionnaire qui est synonyme d’une capacité de réponse à la majorité des chocs

potentiels sur l’économie quels que soient leur nature et leur origine et qui assure la régulation

des équilibres internes et externes en minimisant les coûts de mise en œuvre de ciblage,

notamment en terme de croissance.

La politique de ciblage d’inflation a plusieurs objectifs39

:

Conserver un degré de discrétionnarité dans sa politique de change

Réguler les termes de l’échange

Stabiliser le taux de change réel

Réguler l’impact expansionniste des entrées de capitaux sur la liquidité

interne

En plus le ciblage d’inflation est un cadre de politique monétaire qui contraint la banque

39

Voir Jonas J. et F.S. Mishkin, (2003): “inflation targeting in transition economies: experience and prospects”,

document de travail NBER n°9667, Janvier.

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2007-2008

centrale à assurer une faible inflation. Le processus commence normalement par la diffusion d’un

communiqué conjoint de la banque centrale et du gouvernement (habituellement le ministère des

finances) fixant un objectif explicite à atteindre sur une période donnée par exemple un taux

annuel d’inflation de 2 % pendant les deux années à venir. Il incombe ensuite à la banque

centrale, qui doit être libre de la manière dont elle règle ses instruments, d’atteindre un objectif

fixé et de publier régulièrement des informations sur ses stratégies et ses décisions. Ce devoir de

transparence contribue à réduire l’incertitude quant aux orientations futures de la politique

monétaire tout en renforçant la crédibilité et la responsabilité de la banque centrale.

Le ciblage de l’inflation peut être décrit comme un cadre d’application de la politique

monétaire en liberté surveillée.

Il laisse toutefois en même temps à la banque centrale la liberté de choisir la manière

dont elle utilise ses instruments, ce qui lui donne une certaine marge de manœuvre pour réagir

aux éventuels chocs endogènes ou exogènes.

Il faut ajouter aussi que l’un des avantages du ciblage de l’inflation consiste à prévenir la

déflation en compensant les effets de chocs systématiques affectant la demande globale. Ce

système traite l’inflation et la déflation de manière symétrique.

Un ciblage direct d’inflation repose sur un certain nombre de conditions préalables40

qui

peuvent rendre cette stratégie difficile à mettre en œuvre dont :

L’indépendance institutionnelle : l’objectif primordial de la politique monétaire est

celui d’une faible inflation.

Un système financier sain : afin de réduire les risques de conflit avec les objectifs

de stabilisation financière et de garantir la transmission efficace de la politique

monétaire, le système bancaire doit être solide et les marchés de capitaux bien

développés.

Des bonnes infrastructures et capacités d’analyse : les autorités monétaires

doivent avoir une capacité bien développée de prévisions d’inflation. Autrement,

pour que le ciblage puisse réussir, il faut disposer d’une mesure crédible de

l’inflation.

Ainsi, au niveau de la politique monétaire, la stabilité des prix est le principal objectif de

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2007-2008

la banque centrale de Tunisie (BCT), qui dispose désormais d’un système de ciblage de

l’inflation

La Tunisie a pris donc d’importantes mesures en vue d’établir ce cadre de ciblage

d’inflation41

:

L’amendement apporté en 2006 à la loi régissant la banque centrale a renforcé

l’indépendance de la BCT et définie la stabilité des prix comme objectif principal de

la politique monétaire.

Pour dynamiser le système financier, les autorités ont adopté un certain nombre de

mesures visant à améliorer le crédit, promouvoir la bonne gouvernance et renforcer le

cadre juridique des banques.

Toutefois, une méthodologie fiable de prévisions d’inflation n’est pas encore

disponible.

Enfin, le ciblage d’inflation semble promoteur puisqu’il offre un certain nombre

d’avantages opérationnels et oblige les responsables de la politique économique à approfondir les

réformes, à accroître la transparence et à améliorer la politique budgétaire.

40 Voir Jacques Bouhga-Hagbe et Ludvig S. (2006): “Tunisie: effets potentiels sur la croissance de la poursuite de la

liberalization du compte de capital et des réformes d’accompagnement”, rapport de FMI n° 06/208, p.3 - 19 41 Voir Ben Ali M. S. (2006): “capital account liberalization and exchange rate regime choice, what scope for

flexibility in Tunisia?” Institut William Davidson, document de travail n° 815, p.1-22.

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2007-2008

Principales conclusions et recommandations :

Pour la Tunisie, la transmission des variations du taux de change aux prix à la

consommation est considérée comme un important mécanisme de transmission de la politique

monétaire, ainsi :

S’agissant de la politique de change, les autorités monétaires doivent poursuivre leur

politique d’assouplissement du taux de change au vu de la libéralisation progressive

du compte de capital et viser à une coordination plus rapprochée de la politique

monétaire et de la politique de change.

Dans une petite économie ouverte comme la Tunisie, les fluctuations du taux de

change ont des répercussions importantes sur l’inflation.

Il est essentiel donc de disposer des marchés monétaire et de change suffisamment

développés pour pouvoir mener une politique monétaire souple et efficace.

La politique de la banque centrale doit accroître l’autonomie des marchés monétaire

et de change et de contribuer ainsi à leur développement en permettant au taux de

change de mieux refléter les conditions du marché.

A mesure que l’économie tunisienne poursuit son intégration dans l’économie

mondiale par la libéralisation de son compte de capital, l’assouplissement du taux de

change pourrait aider la Tunisie à stabiliser l’inflation.

L’intensification des mouvements des capitaux doit être accordée par une tendance

globale vers des arrangements plus flexibles.

Pour réussir le passage à la convertibilité totale d’une monnaie aux fins des

mouvements de capitaux, il faut non seulement aborder prudemment les contrôles en

vigueur en s’appuyant sur des données macroéconomiques fondamentales saines et

un secteur bancaire solide, mais aussi mener une politique de change suffisamment

flexible.

Le marché de change étant souvent très étroit par rapport aux volumes atteints par

les entrées de capitaux, toute modification durable de ces flux peut avoir un impact

considérable sur la demande nette de devises surtout que l’évolution du marché de

changes peut entraîner des risques inflationnistes. Cette évolution peut altérer la

validité d’une prévision d’inflation, ce qui occasionne parfois des soucis.

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Il faut mener une politique économique et financière judicieuse et transparente pour

préserver la stabilité macroéconomique quel que soit le régime de change adopté

malgré que cela ne suffise pas à échapper aux tensions et à l’instabilité des marchés

des changes.

La transmission relativement faible des variations du taux de change aux prix à la

consommation signifie qu’une évolution méthodique vers un taux de change flottant

devrait améliorer les arbitrages à réaliser entre la variabilité de l’inflation et celle de

la production comme les montre Taylor (2000). En d’autres termes, avec l’ouverture

du compte de capital, l’assouplissement du taux de change pourrait aider la Tunisie

à stabiliser à la fois la production et l’inflation.

Il est tout à fait probable que le mécanisme de transmission évoluera au fur et à

mesure que le cadre de politique monétaire s’orientera progressivement vers un

ciblage de l’inflation. C’est pourquoi, il est primordial de renforcer les capacités

d’étude de la BCT pour lui permettre de continuer à élaborer et mettre à niveau ses

outils analytiques applicables au mécanisme de transmission de la politique

monétaire.

Pour adopter un régime de ciblage d’inflation, la banque centrale doit proposer une

stratégie de gestion de l’inflation importée qui peut atténuer le problème de

volatilité de change, parce qu’il est probable que les fluctuations du taux de change

s’accentuent en transitant d’un flottement administré à un flottement libre.

La flambée continue des cours mondiaux des produits de base rend nécessaire la

prise de précautions et de mesures adéquates pour assurer la maitrise des prix qui

peut être plus difficile avec la transition de la Tunisie d’une convertibilité partielle à

une convertibilité totale de dinar.

La dépendance entre les variations du taux de change et l’inflation doit efforcer de

produire des innovations économiques et institutionnelles pour amender le passage

d’un régime de flottement dirigé vers un régime de flottement libre.

La réduction de l’objectif de croissance de la masse monétaire peut calmer les

pressions inflationnistes.

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En résumé, il est primordial pour la Tunisie de42

:

Consolider la position macroéconomique.

Poursuivre l’ouverture progressive de l’économie Tunisienne

Eclairer le rôle du taux de change dans le cadre de la politique monétaire

Intensifier le travail de préparation vers le ciblage de l’inflation compte tenu

de l’ouverture croissante du compte de capital

Conclusion :

Au niveau du deuxième chapitre, nous pouvons conclure que pour un régime de change

flottant (que soit dirigé ou libre) les économistes s’attendaient à observer une relation robuste et

étroite entre les mouvements du taux de change et les niveaux d’inflation. Ainsi, il est primordial

d’évaluer le mécanisme de transmission surtout que le degré de réactivité des prix intérieurs aux

variations du taux de change a d’importantes conséquences pour la politique monétaire surtout

avec la phase de transition caractérisant la politique de change en Tunisie.

Toutefois, cette situation doit être accompagnée d’un assouplissement du taux de change

et une orientation de plus en plus accentuée vers un cadre de ciblage d’inflation pour maintenir

un objectif principal qui correspond à la stabilité des prix.

Finalement, nous pouvons revenir à l’objectif principal de cette étude et dire que la

relation entre le taux de change effectif nominal et l’inflation reste toujours au cœur du débat

entre les théoriciens quant à son existence, son intensité, sa nature et son sens.

D’où, il s’avère important d’enrichir les réponses à cette question.

Notre propos dans ce qui suit est alors d’examiner empiriquement la relation entre ces

deux variables dans le cadre de l’économie tunisienne.

42 Abdelhak S., Tahsin Saadi S. et Kagni K.(2007): “Prévisions de l’inflation et transmission des variations du taux

de change aux prix à la consummation”, FMI, document de travail n° 07/319, p.4 - 49

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2007-2008

Chapitre III. Un examen empirique de la transmission des variations du taux

de change sur les prix à la consommation : Le cas de la Tunisie

Introduction

A travers la littérature économique large parcourue au niveau du deuxième chapitre,

plusieurs économistes ont montré qu’il existe une relation forte et étroite entre les mouvements

du taux de change et l’inflation domestique.

A ce stade et au niveau de ce troisième chapitre, il convient de tester empiriquement

l’existence d’une telle relation entre ces deux variables dans le cadre de l’économie tunisienne.

Ainsi, il est crucial de vérifier le type de la relation qui lie les fluctuations du taux de

change avec l’indice des prix à la consommation (désigné simplement inflation locale) en faisant

la part des autres variables économiques.

Autrement dit, l’objectif de cette partie d’étude est l’analyse du lien empirique entre

l’évolution du taux de change et les différents niveaux d’inflation.

Pour ce faire, nous nous interrogeons dans ce qui suit sur l’étude des liens, de la nature

et de l’intensité des interactions qui pourraient exister entre le taux de change effectif nominal et

l’inflation.

Ainsi, le but de cette étude est de déterminer s’il existe des liens de causalité dans le sens

de Granger entre l’indice des prix à la consommation et l'évolution du taux de change nominal. Si

ces liens existent, il est particulièrement intéressant de déterminer dans quel sens ils vont ; est-ce

que le taux d’inflation qui « cause » le taux de change effectif nominal ou est-ce le contraire ?

La direction du lien de causalité peut donner naissance à des nouvelles implications.

Avant de procéder à ce test de Granger, il est nécessaire de procéder à un test

préliminaire. En effet, pour éviter toute régression fallacieuse43

, il est impératif de s’assurer de la

stationnarité des variables.

43 Une régression fallacieuse (ou illusoire) est dûe à la présence d’une tendance de forme linéaire commune et plus

généralement à l’emploi des séries dites non stationnaires.

Chapitre III. Un examen empirique de la transmission des variations du taux de change sur les prix à

la consommation : Le cas de la Tunisie

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L’analyse est menée sur une période de 104 mois allant de Janvier 1999 à Août 200744

.

Section I. Aperçu des études empiriques 45

:

La transmission des variations du taux de change sur l'inflation a suscité une attention

exponentielle de la part des chercheurs et des autorités monétaires ces dernières années.

Ce processus qui se présente par une relation entre le taux de change effectif nominal et

les prix à la consommation a fait l’objet de nombreuses analyses, mais peu d’entre elles portent

sur les pays émergents ou en voie de développement.

Ces études peuvent être divisées en deux grandes catégories : celles qui couvrent un seul

pays et celles transversales qui couvrent plusieurs.

La plupart des études spécifiques à un seul pays concluent une faible répercussion des

variations du taux de change sur les prix.

Parmi celles-ci et en utilisant un modèle de régression Log-linéaire simple, Mwase

(2006) démontre que la transmission des variations du taux de change sur l’inflation est

incomplète en Tanzanie, c'est-à-dire qu’une partie seulement des fluctuations du taux de change

se répercute sur les prix intérieurs.

Bhundia (2002) et en utilisant le même modèle, conclut une faible transmission des

variations du taux de change sur les prix en Afrique du Sud. Selon ce chercheur, les fluctuations

du taux de change étant absorbées par les étapes intermédiaires de production. A partir de leur

estimation, il trouve que malgré un phénomène de répercussion relativement faible, il reste

cependant significatif. Les études économétriques de ces chercheurs font valoir l’importance de

coordonner étroitement les politiques monétaire et de change. Toutefois, Khundrakpam (2007) et

en analysant le pass-through sous un cadre récursif de variété en évaluant les réponses

d’impulsion à partir des chocs du taux de change, n’obtient pas des preuves sur la baisse de

44 La période de l’échantillon a été déterminée par la disponibilité des données (la période d’analyse est limitée par

l’existence des données ce qui impose une grande parcimonie dans les variables à retenir).

45 Toutes les études empiriques ci-dessus présentées se fondent soient sur un modèle de régression –linéaire simple

(pour montrer l’impact des variations du taux de change sur l’inflation, donc un seul sens) ou sur une modélisation

VAR ou VECM (pour montrer une relation réciproque entre les fluctuations du taux de change et l’inflation

cherchant pour ce cas les deux sens)

Chapitre III. Un examen empirique de la transmission des variations du taux de change sur les prix à

la consommation : Le cas de la Tunisie

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répercussion du taux de change sur les prix intérieurs en Inde malgré un environnement de faible

inflation.

Gagnon et Ihrig (2004) prouvent qu'il n'y'a aucune évidence d'endogéneité entre

l'inflation et le taux de change, de ce fait un modèle d'équation simple permet de fournir des

évaluations robustes sur le degré de répercussion des variations du taux de change sur les prix à la

consommation. Ces auteurs montrent aussi que ce degré de transmission est un facteur crucial

dont les banques centrales doivent tenir compte en plaçant les politiques monétaire et de change.

En plus, Kara et Ogunc (2005) construisent un modèle auto régressif du vecteur sans

restriction (variété) d’abord développé par Mc Carthy (1999) pour examiner le point auquel

l’économie turque a été effectué par la transmission des fluctuations du taux de change dans le

cadre inflationniste domestique. Comme point général, ces deux auteurs ont choisi ce modèle

pour affirmer que l’évolution du taux de change semble précéder le niveau d’inflation avec le

temps. Ces deux derniers chercheurs ont analysé le processus de répercussion de l'évolution du

taux de change sur les prix à la consommation avant et après l'adoption du régime de flottement

libre. Cette description semble être très importante. Cette description semble être très importante

pour une étude de cas comme la Tunisie puisqu'elle est en phase de transition d'un régime de

flottement administré à un régime de flottement pur.

Par ailleurs, les études couvrant plusieurs pays sont fortement favorables à l’argument de

Taylor (2000)qui affirme ,en utilisant un modèle de comportement des entreprises et en

s'appuyant sur une variété réduite, qu'un régime crédible de faible inflation se prête à une faible

répercussion, réciproquement, la persistance d'une inflation élevée est positivement corrélée au

niveau de répercussion.

Choudhri et Hakura (2001) se fondent sur des données trimestrielles de 1979 à 2000 et

en utilisant une régression Log-linéaire constatent que le degré de répercussion est positivement

corrélé au taux d’inflation. Dans le même esprit et avec la même méthode économétrique,

Devreux et Yetman (2003) montrent que ce degré est positivement associé aux taux d’inflation

moyens, mais la relation est non linéaire car le degré de répercussion augmente avec l’inflation

mais à un rythme qui diminue. En utilisant un grand échantillon de pays, Devreux (2001) montre

que dans une petite économie ouverte présentant une répercussion élevée du taux de change, il

existe un arbitrage significatif entre volatilité de la production et volatilité de l’inflation. Si les

résultats des Choudhri et Hakura (2001) indiquent que l’inflation domine les autres variables

Chapitre III. Un examen empirique de la transmission des variations du taux de change sur les prix à

la consommation : Le cas de la Tunisie

Chapitre III. Un examen empirique de la transmission des variations du taux de change sur les prix à

la consommation : Le cas de la Tunisie

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macroéconomiques lorsqu’il s’agit d’expliquer les différences de répercussion entre pays,

Goldfajn et Werlang (2000), en utilisant un échantillon de 71 pays, trouvent que la variable la

plus déterminante pour expliquer la répercussion du taux de change est le désalignement du taux

de change réel pour les pays émergents et l’inflation initiale dans les pays développés.

Leigh et Rossi (2002) ont employé un test de cointégration de Johansen et un modèle de

correction d'erreurs pour montrer que le degré de transmission est considérablement plus haut

pour les marchés naissants que pour les économies développées. En employant une régression

linéaire simple, Frankel et autres(2005) démontrent que des facteurs comme le revenu par

habitant, le droit de douane, les salaires, la variabilité du taux de change à long terme et

l'ouverture commerciale peuvent influencer le phénomène de répercussion.

Toutes ces études ont pour objectif unique d’analyser en un niveau macroéconomique la

relation empirique entre le taux de change effectif nominal et l’indice des prix à la consommation

ainsi qu’une analyse du degré de répercussion.

Sauf les variables considérées comme variables explicatives se diffèrent d’une étude à

une autre. Cette différence peut être due à la disponibilité de données.

Section II. Données et modèle :

Le modèle utilisé est inspiré de celui de Choudhri et Hakura (2001) et Kara et Ogunc

(2005).

Il s’agit d’un modèle VAR46

(vectoriel autorégressif) qui rend compte de la relation

dynamique entre l’inflation (désigne dans ce modèle par l’indice des prix à la consommation) et

la variation du taux de change effectif nominal en faisant la part des autres variables macro-

économiques telles que (l’agrégat M4, la valeur des importations et la valeur des exportations).

Ainsi, le modèle est le suivant :

46 Il s’agit dans notre étude d’un modèle VAR et non VECM puisque toutes les variables sont stationnaires

(intégrées d’ordre 0) donc nous n’allons pas utiliser un test de cointégration.

n

k=0

n

k=0

Chapitre III. Un examen empirique de la transmission des variations du taux de change sur les prix à

la consommation : Le cas de la Tunisie

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Log IPCt = 1 + k (Log IPC)t-k+ k (Log TCEN)t-k

+ k (Log PM)t-k + k (Log M4)t-k +

k (Log XP)t-k + t

Log TCENt = 2 + k (Log TCEN)t-k + k (Log IPC)t-k

+ k (Log M4)t-k+ k (Log PM)t-k +

k (Log XP)t-k + t

Pour ce faire, nous avons utilisé des données mensuelles qui s’étalent sur la période

1999-2007et qui sont issues de manuel des statistiques financières et service de change de la

banque centrale (BCT) et des statistiques de l’institut national de la statistique (INS) (annuaire

statistique de la Tunisie : commerce intérieur et commerce extérieur).

En plus, toutes les variables utilisées dans ce modèle sont successivement :

n

k=0

n

k=0

n

k=0

K=1 K=1

K=0 K=0

K=0

n n

n n

n

K=1 K=1

K=0 K=0

K=0

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Les variables endogènes :

l’indice des prix à la consommation (IPC) :

C’est un indicateur général de l’évolution de l’ensemble des prix des biens et services

consommés par les ménages.

Plus précisément, c’est une variable qui représente une mesure de l’évolution des prix

obtenus en comparant le prix de détail d’un panier de provisions typique des biens et services à

deux dates différentes.

C’est la variable à expliquer du modèle à partir de laquelle nous allons déterminer le

taux d’inflation.

Le taux de change effectif nominal (TCEN) :

C’est la valeur de la monnaie nationale d’un pays par rapport à une autre monnaie.

La variation du taux de change d’une monnaie à l’égard d’une seule devise étrangère

reste d’une signification et d’une portée limitée dans la mesure où la variation par rapport à un

panier de devises pourrait s’opérer différemment.

C’est la variable à expliquer du modèle considéré et qui constitue la quantité de

devises étrangères pour une unité de devise locale, ce qui signifie qu’une hausse de cet indice

implique une appréciation nominale. Dans cette étude, nous utilisons les taux de change effectifs

nominaux (TCEN1 dollar/dinar ; TCEN2euro/dinar).

Les variables exogènes :

L’agrégat M4 :

C’est l’agrégat le plus vaste et le plus stable. Il comprend l'agrégat M3 ainsi que des bons

de trésor et des billets de trésorerie (se sont des bons en compte auprès des institutions

financières).

C’est une variable considérée comme meilleur indicateur avancé pour l’inflation (M4

rend mieux compte de la politique monétaire que M3 en Tunisie).

La valeur des importations (PM) :

C’est une variable aussi considérée comme indicateur avancé pour l’inflation (c’est un

facteur ayant un impact sur l’inflation à partir de la variation du taux de change).

L’importance de cette variable revient à la nécessité de l’inflation importée pour

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2007-2008

décrire le processus de transmission.

En outre, pour analyser d’une façon précise le degré de répercussion, l’existence de cette

variable est nécessaire car la transmission des variations du taux de change se fait en général sur

les prix à l’importation passant ensuite aux prix à la consommation (le taux de change influence

les prix à la consommation par le biais des biens importés.)

la valeur des exportations (XP) :

Cette variable est importante pour l’analyse du processus de transmission et donc pour

décrire la relation existante entre le taux de change et les prix à la consommation puisque selon la

théorie parcourue, une dépréciation du taux de change induit à une augmentation de la demande

intérieure des biens qui conduit à leur tour à renchérir les biens exportables et donc à augmenter

indirectement les prix à la consommation.

Section III. Méthodologie : « Appréciations empiriques du lien entre taux de

change effectif nominal et prix à la consommation » (analyse de causalité)

Comme déjà mentionné ci-dessus, une question essentielle concernant la spécification de

modèle est de savoir, si une variable possède un lien de causalité avec une autre ou non.

Afin de fournir une réponse à cette question, nous allons utiliser un test de Granger

(1969) qui est désormais connu sous l’appellation « lien de causalité dans le sens de Granger ».

La première étape de l’étude proposée consiste à examiner la stationnarité des

différentes variables du modèle.

La seconde étape constitue un test sur le nombre de retards. Et c’est au niveau de la

troisième étape que l’analyse de causalité est effectuée.

L’analyse est menée en termes de logarithme népérien47

des variables. Cette partie de

l’étude s’intéresse particulièrement aux liens causals entre taux de change effectif nominal et

inflation (indiquée dans ce modèle, indice des prix à la consommation) en faisant la part à des

autres variables macroéconomiques (l’agrégat M4 et les valeurs des importations et des

exportations).

Enfin, une analyse impulsionnelle (réponses de Cholesky) est menée pour affirmer le

47 Le logarithme népérien est appliqué pour homogénéiser les données et lisser les fluctuations.

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lien robuste et causal entre l’évolution du taux de change et le niveau d’inflation.

III.1. Tests de stationnarité:

Les paramètres du modèle VAR ne peuvent être estimés que sur des séries

chronologiques stationnaires.

L’étude de la stationnarité constitue la base de toute analyse des séries temporelles par

l’examen de l’espérance et de variance (voir les figures de l’annexe I, étape 3).

Une série temporelle est dite stationnaire48

si elle ne comporte ni tendance, ni

saisonnalité et plus généralement aucun facteur n’évoluant avec le temps.

Ainsi, pour étudier la stationnarité des différentes variables du modèle, nous avons

effectué un test de Dickey et Fuller augmenté (ADF, 1981)49

et un test de Phillips Perron (PP,

1988)50

. A partir de ces deux tests, nous pouvons déterminer l’ordre d’intégration de chacune

d’entre elles (voir annexe I, étape 2). Les résultats obtenus sont récapitulés dans les deux tableaux

suivants :

48 Un processus stochastique Xt est stationnaire si :

- Sa moyenne constante est indépendante du temps

- Sa variance est finie et indépendante du temps

- Sa covariance est indépendante du temps

49 Test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) : permet de prendre en compte l’autocorrélation de la série différenciée via une correction utilisant les valeurs retardées.

50 Test de Phillips Perron : Il s’agit d’une procédure de correction nom-paramétrique (il n’y a pas de modélisation

de l’autocorrélation). Ce test est plus robuste vis-à-vis des erreurs de spécification quelque soit le type

d’autocorrélation, en ensemble il est moins précis que l’ADF quand le modèle correspond à la réalité.

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Tableau 3 : Test ADF aux variables du modèle

Variable Test ADF

en niveau

Valeurs critiques Stationnarité Ordre

d’intégration

∆ Log IPC -4,8337 1% -3,4979

5% -2,8909

10% -2,5822 Stationnaire

I (0)

∆ Log TCEN1 -4,7427

Voir

Annex

e I Stationnaire I (0)

∆ Log TCEN2 -4,2087

Stationnaire I (0)

∆ Log M4 -5,4403

Stationnaire I (0)

∆ Log PM -9,9521 Stationnaire I (0)

∆ Log XP -5,9565 Stationnaire I (0)

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Tableau 4 : Test PP aux variables du modèle

Variable Test PP

en niveau

Valeurs critiques Stationnarité Ordre

d’intégration

∆ Log IPC -7,2687 1% -3,4952

5% -2,8897

10% -2,5816 Stationnaire

I (0)

∆ Log TCEN1 -7,4188

Vo

ir A

nn

exe

I

Stationnaire I (0)

∆ Log TCEN2 -7,4416

Stationnaire I (0)

∆ Log M4 -9,6858

Stationnaire I (0)

∆ Log PM -20,7022 Stationnaire I (0)

∆ Log XP -22 ,9854 Stationnaire I (0)

A partir des résultats dégagés dans les tableaux (3) et (4), nous remarquons que les

valeurs des statistiques (ADF) et (PP) associées aux variables utilisées dans le modèle sont

inférieures aux valeurs critiques de Mackinnon à des degrés de significativité 1%, 5% et 10%.

D’où, nous pouvons accepter l’hypothèse nulle de racine unitaire pour l’ensemble de variables et

qui sont donc toutes stationnaires en niveau I(0).

Chapitre III. Un examen empirique de la transmission des variations du taux de change sur les prix à

la consommation : Le cas de la Tunisie

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2007-2008

Ces caractéristiques nous permettent d’utiliser la méthode des moindres carrés

ordinaires (MCO) pour estimer les équations du modèle proposé.

III.2.Détermination du nombre de retards51

: (Méthode basée sur l’utilisation de

critères d’information)

Pour déterminer le nombre de retards, nous avons utilisé les critères d’AKAIKE (AIC),

de Schwarz (SC), de Hannan-Quinn (HQ) et le critère de Final Predictor error (FPE). Dans le cas

de représentation VAR, ces critères peuvent être utilisés pour déterminer l’ordre p du modèle (p

est le nombre de retards optimal).

Ainsi et à partir de ces tableaux, nous pouvons déterminer l’ordre optimal de notre

modèle :

Tableau 5 : Minimum des critères AIC, SC, HQ et FPE pour le modèle 1 (intégrant TCEN1)

Nombre de retards AIC SC HQ FPE

0 -15.568 -15.356 -15.482 5.94E -10

1 -15.750* -15.431* -15.621* 4.95 E -10*

2 -15.738 -15.313 -15.566 5.01 E -10

3 -15.700 -15.169 -15.485 5.21 E -10

4 -15.700 -15.063 -15.442 5.22 E -10

5 -15.627 -14.883 -15.326 5.62 E -10

6 -15.558 -14.709 -15.215 6.03 E -10

51 Dans le cadre de la modélisation VAR, quatre critères d’information sont fréquemment utilisés : le critère de

Final Predictor Error (FPE), le critère d’AKAIKE (AIC), le critère de SCHWARCZ (SC) et le critère de Hannan-

Quinn(HQ)

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Tableau 6 : Minimum des critères AIC, SC, HQ et FPE pour le modèle 2 (intégrant TCEN2)

Nombre de retards AIC SC HQ FPE

0 -13.908 -13.693 -13.822 3.12E -09

1 -14.118* -13.796* -13.988* 2.53 E -09*

2 -14.091 -13.661 -13.917 2.60 E -09

3 -14.042 -13.505 -13.825 2.74 E -09

4 -14.018 -13.373 -13.757 2.81 E -09

5 -13.964 -13.211 -13.660 2.97 E -09

6 -13.884 -13.024 -13.537 3.22 E -09

7 -13.853 -12.885 -13.462 3.33 E -09

8 -13.813 -12.738 -13.379 3.48 E -09

La procédure de sélection de l’ordre de la représentation consiste à estimer le modèle

VAR [intégrant le TCEN1] pour un ordre allant de 0 à 6 (6 étant le retard maximum admissible

dans ce cas) et le modèle VAR [intégrant le TCEN 2] pour un ordre allant de 0 à 8 (8 étant le

retard maximum)52

.

Pour ces deux cas, l’ordre optimal ou le retard p qui minimise les critères AIC, SC,

HQ et FPE est p = 1.Autrement, le retard retenu pour l’ensemble des variables est de 1 puisque

nous observons immédiatement que les minima des critères choisis sont situés sur la ligne 1 pour

les deux modèles, correspondant donc à 1 décalage (voir Annexe I, étape1).

III.3.Estimation des paramètres du modèle vectoriel autorégressif (VAR)

Pour estimer les paramètres du modèle VAR, nous utiliserons la méthode des moindres

52 Il s’agit dans notre cas de déterminer quelle est la période maximum d’influence de la série explicative puisque R2

continue à augmenter pour un grand nombre de retards (R2 suit un rythme haussier).

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carrés ordinaires (MCO)53

.

L’estimation des cœfficients des variables retenus dans le modèle figure dans l’annexe II

et est récapitulée dans les équations suivantes.

Nous nous interrogeons par cette estimation sur l’étude des liens, de la nature et de

l’intensité des interactions qui pourrait exister entre le taux de change effectif nominal et

l’inflation ainsi que d’autres variables macroéconomiques dans le cadre de l’économie

tunisienne.

A ce stade, nous pouvons spécifier le modèle (1) comme suit :

(Log IPC)t = 0.001+ 0.238 (Log IPC)t-1 - 0.53 (Log TCEN1)t-1 + 0.0006 (Log PM)t-1 + (1.771) (2.20) (1.033) (0.208)

0.084 (Log M4)t-1 – 0.004 (Log XP)t-1 + εt

(2.886) (-1.37)

(I)

R²= 0.421, Rajusté = 0.271, N= 103

53 Dans le cadre d’un vecteur Xt stationnaire et d’un modèle VAR où chaque variable intervient dans chaque

équation avec le même nombre de décalages, le modèle peut être convenablement estimé à l’aide des moindres

carrés ordinaires sur chaque équation séparément.

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(Log TCEN1) = 0.002+ 0.309 (Log TCEN1)t-1+ 0.306 (Log IPC)t-1 + 0.013 (Log PM)t-1 (1.259) (2.884) (1.033) (1.476)

+0.023 (Log M4)t-1 – 0.001 (Log XP)t-1 + εt

(-0.29) (-0.202)

(II)

R²= 0.305, Rajusté= 0.125, N=103

Les statistiques entre parenthèses représentent les t-de student.

Dans l’équation (I), nous remarquons qu’une variation du taux de change (dollar/dinar)

(∆LogTCEN1) a un effet négatif et significatif sur l’inflation. Autrement, une dépréciation du

TCEN1 se traduit par un grand niveau d’inflation locale, ce qui est contradictoire avec la théorie

notamment Devereux et Yetman (2003) et Kara et Ogunc (2005). Mais, nous pouvons affirmer

cette corrélation négative en prenant compte du lien entre la variation de la monnaie nationale par

rapport à la devise étrangère et les niveaux de l’IPC (une appréciation de dinar face au dollar

conduit à une diminution des prix intérieurs).

Selon l’équation (II), nous remarquons qu’une évolution de l’IPC influe positivement sur

le TCEN1 (c'est-à-dire, qu’une augmentation de l’IPC induit à une appréciation du TCEN1) ce

qui est en conformité à la théorie économique (Laflèche (1996-1997)) indiquant qu’une

appréciation du taux de change s’accompagne d’une augmentation de l’IPC, si nous faisons la

part du sens réciproque.

Alors que pour l’équation (IV), l’IPC est corrélé négativement à la variation du TCEN2

(c'est-à-dire qu’une augmentation de l’IPC induit à une dépréciation du taux de change).

Ceci peut nous informer à ce que l’IPC peut causer une variation du taux de change

comme l’indique la théorie de parité des pouvoirs d’achat qui soutient que les prix déterminent le

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taux de change. Selon la PPA54

, une variation du taux de change est égale au rapport entre

l’inflation à l’étranger (niveau des prix étrangers) et l’inflation locale (niveau des prix locaux).

Cette théorie stipule qu’une différentielle d’inflation provoquera une pression sur le taux

de change.

Mais, et à partir de l’estimation des paramètres du modèle, nous identifions qu’une

augmentation de l’IPC induit à une appréciation du TCEN1 et d’une dépréciation du TCEN2, ce

qui implique que la relation entre ces deux variables clés de notre étude n’est pas réciproque.

Cette analyse confirme aussi que les prix à la consommation ne peuvent pas refléter d’une

façon précise et adéquate l’impact d’un accroissement des prix à la consommation sur la variation

du taux de change effectif nominal puisque cette dernière peut être le reflet d’une forte rigidité de

prix intérieurs (loi de rigidité nominale).55

Par conséquent, nous pouvons juger qu’il s’agit d’une relation circulaire entre les

fluctuations du taux de change et d’inflation domestique (IPC) en s’appuyant sur la PPA, mais,

ceci ne veut pas dire qu’une augmentation de l’IPC doit causer une appréciation du TCEN en se

basant sur la loi de rigidité nominale ainsi que les signes de coefficients dégagés de l’estimation

de notre modèle (voir équations (II) et (IV)).

L’agrégat M4 (∆LogM4) est corrélé positivement et de façon significative à l’inflation

alors que pour l’équation (II), il s’agit d’une pondération faible sur l’évolution du TCEN1, ce qui

légitime le fait que l’agrégat M4 est un déterminant d’inflation.

Ceci suggère qu’une contraction monétaire réduit l’inflation surtout que M4 est le

meilleur agrégat qui rend compte de l’orientation de la politique monétaire en Tunisie.

En plus, puisque selon la théorie quantitative, la quantité de monnaie détermine le niveau général

des prix, donc le taux de d’inflation dépend du taux de croissance des agrégats monétaires (Les

54

La PPA montre qu’il existe une corrélation entre la flexibilité du taux de change et le niveau d’inflation (un

changement de niveau des prix locaux cause des fluctuations du taux de change).

55 La rigidité des prix, c'est-à-dire que les prix ne sont pas entièrement préétablis mais mettent un certain temps à

s’ajuster, ce qui met en relief que les mouvements du taux de change ne peuvent pas être un reflet de la réactivité des

prix (voir Betts, C et M Devereux (1996): “The exchange rate in a model of pricing-to-market”, revue économique

européenne, 40, pp 1007–1021).

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prix varient de la même proportion que la masse monétaire). Ce résultat peut aussi s’expliquer

par le fait qu’un excédent de la balance des paiements a un effet inflationniste qui s’exerce

directement par l’augmentation de la masse monétaire.

C’est pour cette raison que la réduction sensible de l’objectif de croissance de la masse

monétaire a pour but d’apaiser les pressions inflationnistes « Le taux de change n’influencera pas

généralement l’inflation indépendamment du taux de croissance des agrégats monétaires.» (Voir

Campa et Goldberg (2004)).

Plus important, Kara et Ogunc (2005) démontrent dans leur étude sur ce processus de

répercussion qu’un facteur commun ou un signal entraîne une évolution simultanée des agrégats

monétaires et des prix intérieurs. Par exemple, les meilleures perspectives économiques sont la

cause à la fois d’un accroissement de la masse monétaire et d’inflation domestique (car la

demande de monnaie augmente avec l’augmentation des prix intérieurs).

Dans les équations (I) et (II), la valeur des exportations (∆Log XP) admet un signe négatif

et statistiquement significatif sur l’évolution de niveau de l’IPC et un signe négatif mais avec une

pondération faible avec le TCEN1. Cette situation peut être analysée dans le sens où une

appréciation de dinar par rapport au dollar (c'est-à-dire une dépréciation du TCEN1) qui conduit

selon la théorie à une diminution des prix intérieurs, rend la valeur des exportations plus chère en

rapport avec la demande extérieure.

Il faut ajouter qu’une dépréciation du TCEN1 conduit à une perte de compétitivité pour

les Etats-Unis à un renchérissement des exportations, c'est-à-dire une appréciation de la monnaie

nationale par rapport au dollar induit à une diminution des exportations.

La valeur des importations (∆Log PM) influe positivement et significativement sur le

TCEN1, autrement dit, une appréciation de dinar par rapport au dollar va rendre les intrants

importés moins chers en rapport avec la demande intérieure. Donc, cette appréciation de la

monnaie nationale va conduire à une augmentation des importations.

Alors que pour les équations (III) et (IV), la valeur des exportations (∆Log XP) admet un

coefficient de corrélation négatif mais avec une pondération faible en rapport avec le TCEN2. Cet

état peut s’expliquer par le fait qu’une dépréciation de dinar par rapport à l’euro va rendre les

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exportations moins chères vis-à-vis de la zone euro, ce qui conduit à un accroissement des

produits exportés (gain de compétitivité), induisant donc à une augmentation des prix intérieurs.

De même comme pour l’équation II, la valeur des importations (∆Log PM) influe

positivement le TCEN2, ceci revient à la littérature théorique parcourue montrant qu’une

appréciation du TCEN2, c'est-à-dire une dépréciation de dinar par rapport à l’euro rend les

intrants importés plus chers en rapport avec la demande intérieure. Donc, cette dépréciation de la

monnaie nationale va conduire à une diminution des importations.

Cette relation confirme les thèses de Choudhri et Hakura (2001) et Gagnon et Ihrig (2004)

qui affirment que les variations du taux de change se transmettent directement aux prix des

produits importés et que l’évolution de la monnaie nationale est positivement corrélée à la valeur

des importations en utilisant un modèle de régression Log-linéaire liant le TCEN au PM.

Par la suite, nous nous intéressons à analyser le modèle (2) qui est récapitulé (voir annexe

II), comme suit :

∆(Log IPC)t = 0.0006 + 0.192 ∆(LogIPC)t-1 + 0.024 ∆(LogTCEN2) t-1 + 0.0003 ∆(Log PM) t-1

(1.032) (1.714) (1.403) (0.108)

+ 0.093 ∆(Log M4) t-1 - 0.004 ∆(Log XP) t-1 + εt

(3.152) (-1.444)

(III)

R2 = 0.446, Rajusté = 0.284, N = 103

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En plus pour ces équations, nous remarquons une différence pour la relation existante

entre l’IPC et le TCEN2 en comparant avec les résultats des équations (I) et (II) puisque les

variations du taux de change (euro/dinar) influent positivement et significativement sur l’inflation

et réciproquement, ceci peut être expliqué de la manière suivante :

Nous pouvons constater, comme précédemment annoncé, qu’il s’agit d’un lien étroit

entre les fluctuations du taux de change et d’inflation domestique (IPC) en s’appuyant sur la

parité des pouvoirs d’achat. Mais, ceci ne veut pas dire qu’une augmentation de l’IPC doit causer

une appréciation du TCEN en se référant au reflet que peut donner une rigidité des prix intérieurs

ainsi que les signes de coefficients dégagés de l’estimation des paramètres de notre modèle.

Il en est de même pour l’agrégat M4, le coefficient de corrélation a un signe similaire aux

résultats du modèle (1) ainsi que pour le degré de significativité et ceci revient aux mêmes

causes précédemment annoncées pour ces deux variables (l’agrégat M4 est considéré comme

indicateur avancé pour l’IPC).

A partir des résultats aboutis par l’estimation des paramètres des deux modèles utilisés,

nous pouvons constater qu’un bas niveau d’inflation (qui constitue un objectif crucial pour les

autorités monétaires (la banque centrale)) est atteint si les conditions suivantes sont vérifiées :

une masse monétaire M4 réduite, une dépréciation du taux de change effectif nominal (pour

TCEN1) avec un renchérissement de la valeur des exportations (diminution des produits exportés

vers les Etats-Unis.

∆(Log TCEN2)t = - 0.0004 + 0.371 ∆(Log TCEN2)t-1 - 0.793 ∆(Log IPC) t-1

(-0.105) (3.344) (-1.107)

+ 0.001 ∆(Log PM) t-1 + 0.052 ∆(Log M4) t-1 - 0.001 ∆(Log XP) t-1 + εt

(1.076) (0.278) (-0.079)

(IV)

R

2 = 0.279, Rajusté = 0.068, N = 103

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En plus, un grand niveau d’inflation (pressions à la hausse des prix intérieurs se réalise si

les conditions suivantes sont présentes : un accroissement de M4, une appréciation du taux de

change (TCEN2) avec une valeur moins chère des exportations (donc augmentation des

exportations).

A la lumière de ces résultats, nous pouvons conclure que la majorité des coefficients des

variables utilisées dans le modèle ont des signes attendus et significatifs.

Mais, pour les modèles (1) et (2), la valeur des importations (PM) influence positivement

et significativement sur les TCEN1 et TCEN2 mais avec une pondération faible sur l’inflation

(IPC).

Ceci pose une question particulière et potentielle puisque dans le lissage de plusieurs

études théoriques et empiriques portant sur le thème de transmission des variations du taux de

change sur les prix à la consommation, nous avons vu que le taux de change influence

directement l’inflation par le biais des biens importés (autrement dit, les variations du taux de

change effectif normatif se transmettent aux prix de produits importés, puis, se répercutent sur les

prix à la consommation).

Donc et puisqu’en rapport avec l’IPC, il est à remarquer que le coefficient de la valeur des

importations est quasi nul ou non significatif. Face à ce problème la stratégie a consisté à intégrer

l’effet de l’agrégat M4 qui influence significativement sur l’inflation.

Ainsi et selon la théorie, parmi les incidences majeures d’une dépréciation du taux de change

est la dégradation de la balance commerciale (revenu national se réduit et le revenu étranger

s’accroît), alors que pour le cas d’une appréciation du taux de change, il s’agit d’une amélioration

de la balance commerciale à cause du détournement de la demande étrangère vers les produits

domestiques (le revenu national augmente et le revenu étranger diminue).

Pour le cas du TCEN1 : Déficit commercial PM > XP (1)

Comme déjà ci-dessus mentionné, une dépréciation du taux de change (dollar/dinar)

s’accompagne d’une augmentation des importations (intrants importés moins chers) et d’une

diminution des exportations (renchérissement des produits exportés) vers les Etats-Unis.

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Or M4 = PM – XP (2) avec PM : moins chère

XP : plus chère

(1) et (2) M4 < 0 (3)

et puisque nous avons selon les résultats déjà aboutis, M4 influence positivement et

significativement l’inflation domestique donc une réduction de M4 (qui s’accompagne d’une

entrée des produits importés moins chers) induit donc à une diminution des prix intérieurs.

Pour le cas du TCEN2 : Excès commercial PM < XP (4)

Une appréciation du taux de change (euro/dinar) s’accompagne d’une diminution des

importations (intrants importés plus chers) et d’une augmentation des exportations vers la zone

euro (produits exportés moins chers).

Pour ce cas, M4 > 0 (5) avec PM : plus chère

XP: moins chère

De même, M4 est corrélé positivement et de façon significative à l’inflation locale. Donc, un

accroissement de M4 qui signifie un renchérissement des intrants importés se suit par une

pression à la hausse des prix à la consommation.

Remarque : Nous n’avons pas fait la part des élasticités-prix.

Les effets-prix ont un effet pervers sur la balance commerciale si la demande des importations et

des exportations ne soit pas suffisamment élastique.

Ainsi et en nous basant sur les équations du modèle, une augmentation de 10% de l’IPC

s’effectue suite à : une appréciation de dinar par rapport au dollar (TCEN1) de 0.53% et une

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hausse de l’euro face au dinar (TCEN2) de 0.24% (ceci revient à ce que le poste de produits

alimentaires importés de l’Europe occupe la partie la plus grande du panier de l’IPC), une

amélioration de la valeur des importations de 0.006% pour les produits énergétiques

(hydrocarbures, principalement le pétrole net) importés des Etats-Unis (la dépréciation du dollar

alourdi la facture des importations) par rapport à une augmentation de 0.003% pour les produits

importés des pays européens (l’appréciation de l’euro face au dinar renchérit les intrants importés

essentiellement les produits alimentaires, donc la dépréciation de la monnaie domestique relève

les prix des produits étrangers pour les résidents domestiques, ce qui conduit à une diminution

des importations venues de l’Europe).

Toutefois, les prix intérieurs augmentent proportionnellement à l’augmentation de l’offre

de monnaie (baisse de la valeur de la monnaie nationale par rapport à l’euro pendant toute la

période de l’étude et hausse par rapport au dollar pendant une grande partie de cette même

période). Il est à noter ainsi que les prix à la consommation ont évolué, notamment, sous l’effet

de la persistance de la hausse des cours de la plupart des produits de base sur le marché mondial

et de l’appréciation de l’euro contre le dinar qui a renchérit les importations alors que la faiblesse

de la demande intérieure est conjuguée à l’appréciation de dinar face au dollar.

En plus, l’augmentation de 10% de l’IPC entraîne un accroissement de la valeur de

l’agrégat M4 de 0.84% pour le premier modèle et de 0.93% pour le deuxième. Ce qui montre que

l’agrégat M4 dépend de la zone choisie (Europe ou Etats-Unis) et insiste sur le fait que les

importations européennes sont plus chères que les intrants importés des Etats-Unis.

La valeur des exportations diminue de 0.04% pour les produits exportés vers les Etats-

Unis alors que pour ceux exportés vers les pays européens, cette valeur diminue de 0.04% suite à

une augmentation de 10% de l’IPC (ceci met en relief que la Tunisie bénéficie de la même

manière pour les deux zones alors qu’en réalité , ce pays gagne plus en exportant vers les pays

européens qu’en exportant vers les Etats-Unis suite à une appréciation continue durant presque

toute la période de l’étude de l’euro face au dinar).

Par ailleurs et en s’appuyant sur l’impact des fluctuations du taux de change effectif

nominal sur les autres variables macroéconomiques du modèle, nous remarquons qu’une

dépréciation de 10% du TCEN1 s’effectue après: une diminution de l’IPC de 3.06%, des intrants

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importés des Etats-Unis moins chers de 0.13% et renchérissement des produits exportés de

0.01%. Dans le même contexte, une appréciation de 10% du TCEN2 se réalise suite à : une

diminution de l’IPC de 7.93%, un renchérissement des importations de 0.01%, un et une valeur

des exportations réduite (moins chère) de 0.01%.

Ces résultats montrent qu’une diminution de l’IPC cause à la fois une dépréciation du

TCEN1 et une appréciation du TCEN2, alors que nous sachons et dans le lissage de plusieurs

études portant sur le mécanisme de transmission notamment Laflèche (1996-1997) qu’une

dépréciation du taux de change affecte les prix intérieurs en les diminuant et une appréciation les

affecte en les augmentant.

Ainsi, toutes les variables utilisées pour les deux équations (I) et (II) ont les signes

attendus et presque toutes ces dernières sont statistiquement significatives en rapport avec la

variable à expliquer (l’IPC), tandis que pour les équations (II) et (IV), nous constatant que les

variables explicatives n’ont pas tous les signes et pondérations attendus, donc ne sont pas tout à

fait représentatives de la variable endogène considérée (TCEN).

En plus, nous pouvons juger que le modèle (1) a une adéquation statistique plus bonne

que le modèle (2) au niveau de la variabilité des fluctuations du taux de change effectif nominal

(R2 ajusté correspond à 43% pour le premier modèle alors qu’il correspond à 35% pour le

deuxième).

Au niveau de la variabilité d’inflation, le modèle(2) semble avoir une adéquation meilleure

que le modèle (1) (R2 ajusté correspond à 73% de la variabilité d’inflation pour le deuxième

modèle alors que le premier, il correspond à 69%). Ainsi, nous pouvons conclure que les

équations (I) et (III) reliant l’IPC aux autres variables économiques expliquent une partie plus

grande des variables explicatives que les équations (II) et (IV) liant le taux de change effectif

nominal (TCEN1 ou TCEN2) aux autres variables puisque R2 est plus élevé pour le premier cas

que pour le second (plus le coefficient de détermination se rapproche de 100, plus les variables

exogènes utilisées sont représentatives de la variable endogène).

Toutefois, les résultats qui en ressortent par cette comparaison entre l’évolution des parités

(dollar/dinar) et (euro/dinar) sont précédemment expliqués. La constante de la régression positive

et statistiquement significative pour les équations (I) et (III) prouvent que les autorités monétaires

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(BCT) suivent une politique monétaire rigoureuse pour contrebalancer le différentiel d’inflation

entre la Tunisie et l’étranger et donc pour maintenir la stabilité des prix.

Enfin, ces relations directes entre l’inflation (mesurée par l’indice des prix à la

consommation) et le taux de change effectif nominal pour le panier de devises majeures de dinar

(euro et dollar) ainsi que les autres variables macroéconomiques retenues dans les équations des

deux modèles (1) et (2) ci-dessus-mentionnées vont être analysées maintenant à partir du test de

causalité de Granger (voir annexe III).

III.4.Interactions dynamiques entre inflation, taux de change effectif nominal et autres

variables macroéconomiques :

La démarche suivie consiste à examiner sous divers angles le lien entre les mouvements

du taux de change et les prix à la consommation.

Dans un premier temps, un modèle vectoriel d’interaction entre ces deux variables

macroéconomiques en faisant la part d’autres variables est estimé pour tenter de repérer les

interactions statistiques.

Dans un deuxième temps, un test de causalité de Granger est mis en œuvre pour présenter

le lien étroit et causal entre les variables dépendantes du modèle.

Dans un troisième et dernier temps, une analyse des réponses impulsionnelles de

Cholesky a été menée pour confirmer le test précédent.

Pour cette partie d’étude, nous allons analyser les relations existantes entre les

différentes variables du modèle avec une insistance sur les interactions entre l’indice des prix à la

consommation et les taux de change effectifs nominaux (dollar/dinar) et (euro/dinar).

III.4.1.Test de causalité de Granger (1969):

Pour étudier le lien causal entre les variables économiques du modèle, nous avons utilisé

un test de causalité initié par Granger (1969) qui est devenu au fil du temps, un cadre de

réflexion aussi intéressant que celui relatif à la mise en évidence des liaisons économétriques. Le

concept de causalité tel que proposé par Granger doit être interprété avec prudence « la variable y

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est la cause de x si la prédictibilité de x est améliorée lorsque l’information relative à y est

incorporée dans l’analyse ».56

Autrement et au niveau théorique, la mise en évidence de relations causales entre les

variables économiques fournit des éléments de réflexion propices à une meilleure compréhension

des phénomènes économiques. De manière pratique, le concept de causalité est nécessaire à une

formulation correcte de la politique économique.

En général, à partir de ce test, nous pouvons montrer s’il s’agit d’un lien étroit entre les

variations du taux de change et l’évolution des niveaux d’inflation (en particulier l’indice des prix

à la consommation).

Pour fournir une analyse robuste des rapports entre l’inflation et les fluctuations des taux

de change effectif nominal, nous commençons à appliquer quelques essaies de causalité de

Granger.

De ce fait, nous devons vérifier si l’inflation cause les mouvements du taux de change

ou si les variations du taux de change causent l’inflation.

Expliqué d’une manière synthétique, une variation du taux de change peut être

considérée comme « causée selon Granger » si l’indice des prix à la consommation est

déterminant dans l’estimation de l’évolution du taux de change effectif nominal ou encore, d’une

manière équivalente, si les coefficients des valeurs retardées de l’IPC sont significativement

différents de zéro.

Il est important de signaler qu’une double causalité n’est jamais à exclure lors de ce test.

Résultats de test de causalité de Granger (1969) :

A partir de ce test, nous mettons en évidence les deux relations suivantes (voir Annexe

III) :

56 Pour cette étude, il s’agit simplement de déterminer si la variable prix à la consommation « cause selon Granger »

l’évolution du taux de change effectif nominal en observant tout d’abord dans quelle mesure les valeurs passées des

variations du taux de change arrivent à expliquer la valeur actuelle de ces fluctuations et de voir par la suite

l’amélioration de l’estimation grâce à la prise en compte de valeurs retardées de la variable prix à la consommation .

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1ère

relation : IPC et TCEN1 (dollar/dinar)

Hypothèse nulle H0 Obs F-statistique Probabilité

TCEN1 ne cause pas au sens de Granger l’IPC

L’IPC ne cause pas au sens de Granger TCEN1

103

2,38700

1,96401

0,12554

0,16421

Le test de causalité de Granger montre que l’évolution taux de change effectif nominal

(dollar/dinar) engendre l’inflation dans une probabilité de 88%. Il en est de même, l’inflation

cause une variation du taux de change 84%.

2ème relation : IPC et TCEN2 (euro/dinar)

Hypothèse nulle H0 Obs F-statistique Probabilité

TCEN2 ne cause pas au sens de Granger l’IPC

L’IPC ne cause pas au sens de Granger l’IPC

103

3,47126

3,35413

0,06541

0,07004

Ce test de causalité montre aussi que les fluctuations du taux de change effectif nominal

(euro/dinar) engendrent l’inflation avec une probabilité très marquée de 94%. Il est de même pour

l’inflation qui cause une évolution du taux de change avec une probabilité de 93%.

Ainsi, les résultats dégagés de deux relations ci-dessus mentionnées indiquent une

relation forte bidirectionnelle entre les variables car chacune d’elles cause l’autre presque de la

même intensité mais on remarque une prépondérance de l’effet de l’évolution du taux de change

par rapport à l’inflation pour chaque cas.

En outre, le premier sens indiquant que les variations du taux de change causent un

changement de niveau de l’IPC (dans le sens où une appréciation (dépréciation) du TCEN cause

une augmentation (diminution) des prix intérieurs.) est similaire aux résultats de toutes les études

élaborées sur le sujet de répercussion tels que Leigh et Rossi (2002) et Gagnon et Ihrig (2004). Le

second sens montre que l’IPC cause des fluctuations du taux de change, ce qui est en conformité

avec la parité des pouvoirs d’achat.

Mais, ce deuxième sens ne signifie pas qu’une augmentation de l’IPC cause

nécessairement une appréciation du TCEN ou l’inverse (nous basons notre analyse sur les

résultats de l’estimation des équations (II) et (IV) du modèle) puisque nous devons faire la part

d’une certaine rigidité et d’ajustement des prix. D’où et selon la théorie sur la rigidité des prix,

Page 79: mémoire DEA

2007-2008

un changement dans le niveau de l’IPC ne reflète pas les mouvements du taux de change mais il

les détermine (selon PPA). De ce fait, nous pouvons conclure qu’il serait mieux pour étudier le

mécanisme de transmission de s’intéresser aux incidences des variations du taux de change sur

les prix à la consommation qu’au sens réciproque puisque l’évolution du TCEN reflète d’une

manière précise les changements en niveau des prix intérieurs.

Il est clair aussi et dans le lissage de plusieurs études empiriques que le processus de

transmission des variations du taux de change sur l’inflation dépend de plusieurs variables,

notamment, l’agrégat M4, la valeur des importations et celle des exportations.

Cette causalité entre l’indice des prix à la consommation, le taux de change effectif

nominal et autres variables peut être représentée comme suit :

Tableau 7 : Résultats des essais de causalité (à partir du test de Granger et

d’estimation des équations du modèle)

1999 :01 – 2007 : 08

Série1 : IPC, TCEN1, M4, PM, XP Série2 : IPC, TCEN2, M4, PM, XP

IPC

- (3)

(1) + +

(2)

TCEN1 M4

IPC

+ (5)

- +

+

TCEN1 (4) PM

IPC

+ - (6)

-

TCEN1 - XP

(7)

IPC

(8) + + (10)

- (9)

TCEN2 M4

IPC

+ + (12)

+

TCEN2 + PM

(11)

IPC

+ - (13)

+

TCEN2 - XP

(14)

Page 80: mémoire DEA

2007-2008

Les relations (1) et (8) indiquent une corrélation négative entre l’évolution du TCEN1 et

l’IPC et positive entre celle de TCEN2 et l’IPC. La deuxième relation se rassemble à toutes les

études sur ce thème alors que le premier lien s’oppose à la théorie économique. Cette relation

peut être expliquée dans le sens où une appréciation de la monnaie nationale par rapport à une

devise étrangère telle est le cas de la hausse de dinar face au dollar conduit à une diminution de

l’IPC et donc à un bas niveau d’inflation (voir Laflèche, T. (1996-1997)).

D’où, nous constatons une corrélation négative liant l’évolution de la monnaie nationale

au changement en niveau de l’IPC et un lien positif entre les mouvements du TCEN et l’inflation

domestique, ce qui confirme la thèse de Choudhri et Hakura (2001) considérant qu’une

dépréciation du taux de change effectif nominal est génératrice d’un bas niveau d’inflation et

inversement.

Ajoutons que ces relations peuvent correspondre au mécanisme institutionnel

d’intervention des autorités monétaires (la banque centrale) pour atteindre un niveau faible

d’inflation puisque les efforts de stabilisation des taux de change effectifs nominaux abaissent les

pressions inflationnistes surtout qu' « une politique monétaire axée sur la maîtrise de l'inflation ne

permet pas aux variations du taux de change de dégénérer en spirale inflationniste » (thèse menée

par Devereux (2001)).

Toutefois, ces relations indiquent une indexation positive entre les deux variables clés du

modèle dans le sens où une appréciation ((dépréciation) du taux de change effectif nominal

(TCEN1 et TCEN2) conduit à une augmentation (diminution) des prix intérieurs), alors qu’elles

indiquent une dépendance négative si nous prenons compte de la relation liant l’évolution de la

monnaie locale face à l’étrangère avec l’IPC. Ce résultat est similaire à toutes les études portant

sur ce thème.

Plus précisément, la persistance d’une politique monétaire prudente et rigoureuse mène

à abaisser l'impact de ces mouvements sur les prix.

Les relations (2) et (9) indiquent qu’une évolution du niveau de l’IPC influe

positivement sur TCEN1 (dollar/dinar) et négativement sur TCEN2 (euro/dinar). Autrement, une

Page 81: mémoire DEA

2007-2008

augmentation de l’IPC conduit à une appréciation du taux de change effectif nominal du dollar

par rapport au dinar et une dépréciation de l’euro face au dinar, ce qui met en évidence qu’un

changement en niveau de l’IPC ne reflète pas d’une façon adéquate les fluctuations du taux de

change revenant ainsi à la rigidité des prix locaux. Donc, nous ne pouvons pas affirmer une

dépendance réciproque (dans les deux sens) entre l’IPC et le TCEN.

Les relations (3) et (10) reviennent au fait que l’agrégat M4 est d’origine monétaire ce

qui légitime une indexation entre cette variable et l'indice des prix à la consommation (inflation).

Plus important, l’ensemble des actions des autorités monétaires pour influencer sur l’évolution de

la masse monétaire constitue la politique monétaire qui a pour premier objectif de lutter contre

l’inflation.

Cet agrégat donne aux autorités monétaires une indication sur l’évolution des différentes

liquidités de manière à adapter la politique monétaire et éviter les dérapages tels que l’inflation

(voir rapport de FMI (Octobre 2007)).

Les relations (4) et (11) montrent une dépendance dans un sens positif entre l'évolution

du taux de change effectif nominal et la valeur des importations. Plus précisément, cette dernière

augmente suite à un accroissement des variations du TCEN, ce qui met en évidence l’hypothèse

de Gagnon et Ihrig (2004) qui supposent qu’une appréciation du taux de change conduit à un

renchérissement accru des produits importés.

Ainsi, la relation (4) indique qu’une dépréciation du TCEN1 rend les intrants importés

moins chers (augmentation des importations). Alors que la relation (11) détermine que les

fluctuations de l’euro par rapport au dinar influence positivement et significativement la valeur

des importations, c'est-à-dire qu’une appréciation du taux de change (euro/dinar) conduit à un

renchérissement des produits importés. D’où, nous pouvons signaler que la valeur des

importations est sensible aux mouvements du taux de change (cette dépendance est

proportionnelle).

Les relations (5) et (12) mettent en relief un lien causal positif entre la valeur des

importations (PM) et l’indice des prix à la consommation (IPC) (nous élaborons dans notre étude

un seul ses allant de PM à l’IPC puisque nous ne nous intéressons pas à indiquer une causalité

dans les deux sens pour ces deux variables). Ce résultat est déjà illustré indirectement en utilisant

l’agrégat M4. Ceci est en conformité avec toutes les études portant sur le thème de répercussion

telles que Choudhri et Hakura (2001), Leigh et Rossi (2002), Devereux et Yetman (2003).

Page 82: mémoire DEA

2007-2008

Donc une appréciation du TCEN (euro/dinar) s’accompagne d’un renchérissement des

intrants importés qui conduit à un accroissement des prix à la consommation (hausse d’inflation).

Une dépréciation du taux de change (dollar/dinar) aura des effets inverses.

A partir des relations (6) et (13), il apparaît qu’une détérioration de la valeur des

exportations conduit à une augmentation de l’IPC, ceci peut s’expliquer indirectement en faisant

la part de l’agrégat M4 qui correspond à la différence entre la valeur des importations et la valeur

des exportations. Donc, M4 augmente et par la suite l’IPC si les produits exportés sont moins

chers et diminue s’ils sont plus chers Il convient de signaler que selon le rapport du commerce

extérieur de l’INS, la faiblesse des exportations en Tunisie peut s'expliquer par l'insuffisance de

la production, les conditions de stockage ,la non-conformité des produits aux exigences des

marchés des exportations; nous pouvons aussi ajouter qu'une dépréciation de la monnaie

nationale affecte les exportations nettes qui exercent une pression à la hausse sur les prix

intérieurs par le biais de la demande globale, ce qui est en conformité avec la majorité des études

portant sur cette question.

A partir des relations (7) et (14), nous remarquons un lien négatif avec une pondération

faible entre le TCEN et XP, mais avec une pondération très faible (n’est pas significative). Le

sens et la nature de cette relation revient à la théorie mais l’intensité de ce lien est contradictoire à

cette dernière. Ainsi et à partir de la littérature économique parcourue tout au long de ce travail,

une dépréciation du taux de change conduit à un renchérissement des exportations, c'est-à-dire,

une appréciation de la monnaie locale par rapport à la monnaie étrangère (le dinar par rapport au

dollar) conduit à une diminution des exportations vers les Etats-Unis (perte de compétitivité due à

un renchérissement des produits exportés en rapport avec la demande étrangère).

Par contre, une appréciation du taux de change et donc une dépréciation de la monnaie

nationale par rapport à la devise étrangère (comme le cas de dinar par rapport à l’euro) conduit à

une augmentation des exportations vers la zone européenne (gain de compétitivité suite à une

valeur des produits exportés moins chère en rapport avec la zone européenne).

III.4.2. Analyse des réponses impulsionnelles de Cholesky :

La méthodologie VAR permet d’analyser les effets de la politique économique à

travers les simulations de chocs aléatoires.

Page 83: mémoire DEA

2007-2008

Elle offre la possibilité d’analyser les relations dynamiques à court terme entre les

variables du modèle à travers l’étude de la réponse dynamique du vecteur autorégressif suite à un

choc unitaire subit par la série.

L’analyse d’un choc consiste à mesurer l’impact de la variation d’une innovation sur les

variables. Cette analyse est très importante pour identifier le sens de l’impact.

Les essais de causalité qui ont été effectués précédemment ne suffisent pas à déterminer

les restrictions identifiantes entre les deux variables clés du modèle (IPC et TCEN).

Toutefois, l'analyse de réponses impulsionnelles est employée dans cette étude pour

examiner les effets de transmission des variations du taux de change sur l'inflation domestique et

réciproquement. Ce processus dépiste le chemin d'une perturbation dans une innovation dans la

variété qui établit une réaction en chaîne avec le temps pour les deux variables à expliquer du

modèle, jusqu’à ce que ces variables reviennent à l’équilibre.

L’interprétation économique de ce résultat est que nous pouvons objectivement décider

si un choc sur les prix à la consommation a un effet sur l’évolution du taux de change effectif

nominal ou bien à l’inverse si un choc sur le taux de change effectif nominal qui génère

l’inflation domestique.

Plus important, les réponses impulsionnelles de Cholesky indiquent les effets d'un choc

(favorable ou défavorable) du taux de change sur les mesures d'inflation ainsi que les impacts des

chocs de prix à la consommation sur l'évolution des niveaux du taux de change effectif nominal

de panier de devises majeures du dinar(euro et dollar).

Ainsi, la figure suivante présente les différentes fonctions de réponses impulsionnelles

liant les deux variables endogènes du modèles ((IPC) et (TCEN)).

Ces réponses s'éteignent dans un horizon de dix mois.

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2007-2008

Fig3 : Représentation des fonctions de réponses impulsionnelles

IPC ; - - - - - - - - TCEN1

% %

mois

0.3

0.4

0

-0.1

0.1

0.2 0.6

0.8

0

-0.2

0.2

0.4

1

mois

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2007-2008

IPC ; - - - - - - - - - TCEN2

A partir de la description des allures générales de ces fonctions de réponses de Cholesky,

nous allons analyser l’impact d’un choc de l’indice des prix à la consommation (IPC) sur

l’évolution du taux de change effectif nominal (TCEN1 ou TCEN2) et réciproquement.

Cette description révèle que l’évolution de l’IPC après un choc défavorable de TCEN1,

diminue d’abord de 0,05 pour cent avant de ressaisir .Ce choc n’est pas tout de suite absorbé (ce

choc est absorbé après quatre mois).

En effet, l’IPC continue à fluctuer quelques temps après mais avec une amplitude qui

tend à s’annuler progressivement, Ceci met en évidence la thèse menée par Kara et Ogunc (2005)

montrant dans le cadre de l'économie turque qu'un choc positif au taux de change effectif

nominal mènerait aux augmentations significatives des prix à la consommation et inversement.

En plus, un choc favorable de l’IPC se traduit par une appréciation du TCEN1 de 0,25

pour cent qui tend à s’annuler après quatre mois aussi, ce qui confirme l’hypothèse de la parité

des pouvoir d’achat et de la loi du prix unique insistant sur le fait que les prix locaux déterminent

les variations du taux de change, mais contradictoire à la loi de rigidité nominale qui suppose que

nous ne pouvons pas juger qu’un accroissement de l’IPC doit causer nécessairement une

appréciation du TCEN (l’hypothèse d’une causalité réciproque est rejetée).

mois mois

% %

0.15

0.2

0

-0.05

0.05

0.1

0.25

0.3

1

1.5

-0.5

-1

0

0.5

2

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2007-2008

Cet effet se dissipe au cours du temps et n’est de toute façon que de faible amplitude.

En outre, cette analyse démontre l’impact d’une innovation sur l’IPC et leur influence

sur l’évolution du taux de change (euro/dinar) désigné TCEN2.

Un choc favorable du TCEN2 induit à une amélioration de niveau de l’IPC de 0,05 pour

cent. Cette innovation affecte durablement les prix locaux puisque ces derniers continuent à

fluctuer cinq mois après ce choc .Ces variations tendent par la suite à s'annuler aussi. D’où, un

choc du TCEN2 affecte l’IPC d’une durée plus longue que le TCEN1.

Alors qu’un choc défavorable de l’IPC conduit à une dépréciation du TCEN2 de 0,6

pour cent qui s’annule rapidement (soit cinq mois). Pour ce cas, nous remarquons une

prépondérance de l'effet d'un choc de l’IPC sur le taux de change effectif nominal par rapport à la

relation inverse.

Cette dissymétrie d’effet menée par Cholesky semble insister le concept de causalité

déjà élaboré dans la section précédente puisque à l’issue des résultats aboutis, on conclut qu’un

choc de l’IPC cause des variations du TCEN1 ou TCEN2 et réciproquement.

Plus précisément, ce test semble indiquer aussi un lien fort et étroit entre les deux

variables clés de ce travail (inflation et taux de change effectif nominal) en Tunisie.

Par conséquent, ces résultats démontrent un lien causal entre l'évolution du taux de

change et l'inflation puisque selon cette analyse des innovations élaboré par Cholesky, nous

pouvons conclure qu'un choc du TCEN cause une évolution des niveaux de l’IPC .Cette analyse

est semblable aux résultats dégagés par Kara et Ogunc (2005) et Leigh et Rossi (2002)

présentant un seul sens (c'est à dire comment un choc du taux de change affecte l'inflation

domestique).

Ces chercheurs ne prennent pas en compte le deuxième sens (c'est-à-dire comment un

choc favorable (défavorable) de l’IPC cause une appréciation (dépréciation) du TCEN), ceci

revient comme précédemment illustré au fait qu’une partie des prix intérieurs rigide ne peut pas

refléter d’une façon exacte les mouvements du taux de change.

Tout en étant parcimonieux, le modèle VAR utilisé rend assez bien compte de la

dynamique d’inflation et de change en Tunisie et donne des résultats conformes aux plusieurs

travaux déjà réalisés par des autres chercheurs pour d’autres pays en ce qui concerne le premier

sens (la variation du taux de change cause et reflète le changement en niveau de l’IPC alors que

pour le deuxième sens (l’IPC cause et reflète une évolution du TCEN), il paraît que les prix

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2007-2008

domestiques peuvent causer une variation du taux de change en nous basant sur la PPA mais ,ils

ne la reflètent pas d’une façon précise en nous référant à la théorie de rigidité et d’ajustement des

prix.

Par conséquent, le premier sens indiquant qu’un choc favorable (défavorable) du taux de

change conduit à une augmentation des niveaux de l’IPC est en conformité avec la majorité des

études prises sur le processus de répercussion tel que Leigh et Rossi (2002) et Kara et Ogunc

(2005), alors que le deuxième sens montrant qu’un choc favorable (défavorable) de l’IPC conduit

à une appréciation (dépréciation) du TCEN n’est pas toujours exact si nous prenons compte de la

loi de rigidité nominale précédemment annoncée.

Dans l’ensemble, les résultats aboutis ont des implications intéressantes en pouvant

qu’il y a un canal inflationniste fonctionnant par les variations du taux de change et donc

montrant un lien étroit entre l’indice des prix à la consommation et le taux de change effectif

nominal, ce qui renforce l’analyse de processus de transmission par d’autres méthodes pour

enrichir ce sujet surtout avec la transition de la Tunisie de plus en plus accentuée vers un régime

de flottement libre.

Finalement, il faut rendre compte des erreurs de mesure avec un biais de sur estimation

dans les mesures statistiques.

Conclusion

Le troisième chapitre a constitué une validation empirique de la relation liant

l’évolution du taux de change effectif nominal aux prix intérieurs.

Plus important, cette partie d’étude s’intéresse à la problématique des incidences des

variations du taux de change sur les prix à la consommation pour le cas de la Tunisie.

La question fondamentale à laquelle nous avons essayé d’apporter des éléments de

réponse tout au long de ce troisième chapitre : quel est l’impact des fluctuations du taux de

change sur l’inflation, et est-ce que c’est l’évolution du taux de change qui cause l’inflation ou

l’inverse ?

Chapitre III. Un examen empirique de la transmission des variations du taux de change sur les prix à

la consommation : Le cas de la Tunisie

Page 88: mémoire DEA

2007-2008

Les résultats économétriques obtenus et plus particulièrement le test de causalité de

Granger et l’analyse de réponses aux chocs de Cholesky, montrent que cette relation est

bidirectionnelle.

Autrement dit, comme la variation du taux de change affecte le niveau d’inflation, la

relation inverse est aussi vérifiée mais avec un coefficient de significativité moindre. Ce sens de

causalité indique que le niveau de l’indice des prix à la consommation a un impact sur l’évolution

du taux de change, c'est-à-dire que l’objectif d’atteindre un niveau d’inflation faible pourrait

influencer la politique de change adopté en minimisant la gravité des fluctuations du taux de

change (en conformité avec la PPA) et qu’une augmentation de l’IPC doit causer une

appréciation du TCEN (ce qui est contradictoire avec la loi de rigidité nominale).

Enfin et indépendamment des résultats auxquels est parvenue cette partie empirique ou

ce troisième chapitre, l’exportation d’autres formes économétriques ainsi que l’utilisation

d’autres variables devraient permettre d’approfondir cette question de transmission et renforcer la

primordialité d’analyser le degré de répercussion, question particulièrement cruciale pour la

Tunisie ainsi que d’autres pays en voie de développement pour amender le passage d’un régime

de flottement dirigé vers un régime de flottement libre.

Page 89: mémoire DEA

2007-2008

Conclusion

L’objectif poursuivi de ce mémoire consistait à analyser théoriquement et examiner

empiriquement les incidences des variations du taux de change sur l’inflation en décrivant la

nature, l’intensité et le sens de la relation entre le taux de change effectif nominal et l’indice des

prix à la consommation dans le cadre de l’économie tunisienne.

L’étude de cette relation a suscité une attention particulière des théoriciens et des

autorités monétaires qui ont tenté d’identifier un mécanisme de transmission des variations du

taux de change sur les prix à la consommation.

Une première étape de ce travail s’est consacrée d’abord à tester la stationnarité des

variables du modèle.

Ensuite, une estimation par MCO a été menée à partir de la relation liant les deux

variables clés du modèle à leurs déterminants et ceci pour le panier de devises majeures de dinar

(euro et dollar) sur la base de données statistiques mensuelles établies sur la période 1999-2007.

Les résultats dégagés révèlent l’existence robuste d’un lien significatif entre l’inflation

locale et le taux de change effectif nominal, mais montrant que le taux de change reflète les prix

domestiques alors que le sens réciproque n’est pas toujours exact.

Ce test nous a permis de constater que la relation entre ces deux variables est

bidirectionnelle avec la prépondérance du sens de l’impact du taux de change sur les prix à la

consommation. Cette hypothèse est semblable à la théorie économique confirmant le premier

sens indiquant qu’une dépréciation (appréciation) du taux de change induit à une diminution

(augmentation) des prix à la consommation, mais contradictoire à la théorie en ce qui concerne la

relation réciproque en nous basant pour ce second sens sur la loi de rigidité nominale.

Ce test de causalité peut être confirmé par une analyse de réponses aux chocs de

Cholesky pour décrire d’une façon précise l’impact de l’évolution du taux de change sur le

niveau de l’indice de prix à la consommation.

Page 90: mémoire DEA

2007-2008

Ainsi, nous remarquons une complémentarité du concept de causalité de Granger et de

l’analyse impulsionnelle pour identifier le processus de répercussion.

Ces résultats indiquent de plus que pour l’économie tunisienne, des variables comme

l’indice des prix à la consommation, l’agrégat monétaire M4, les valeurs des importations et des

exportations semblent particulièrement importantes pour approfondir la description des causes et

effets induits par les déviations du taux de change.

Compte tenu des résultats obtenus par des théoriciens tels que Choudhri et Hakura

(2001), Gagnon et Ihrig (2004) et Kara et Ogunc (2005) ainsi ceux dégagés dans la présente

étude, il serait important de contrôler les variations du taux de change dans un cadre de gestion et

de conduite d’une politique de change crédible surtout avec la transition marquée de la Tunisie

vers un régime de flottement libre.

Une telle condition de crédibilité pourrait réduire la probabilité et la gravité des

fluctuations de change et donc induire à des effets bénéfiques en ce qui concerne les incidences

de l’évolution du taux de change sur les niveaux d’inflation en particulier et l’état économique de

ce pays en général.

A l’issue des résultats dégagés indiquant un lien fort le changement des niveaux du taux

de change et les variables déjà mentionnées ci-dessus, il serait bon dans les études ultérieures

d’utiliser d’autres méthodes et techniques économétriques pour déterminer la contribution du

taux de change pour le panier de devises majeures de dinar ainsi que d’autres fondamentaux

économiques.

Conclusion

Page 91: mémoire DEA

2007-2008

Tableau 8: Base de données [Janvier1999-Août2007]

Variables Description Unités Sources

IPC

Indice de prix à

la

consommation

Base 100

en 2000

Institut National

de

Statistiques(INS)

Commerce

intérieur

PM

Valeur des

importations

en

dinars(DT) Commerce

extérieur

XP Valeur des

exportations

en

dinars(DT)

TCEN1 ou

TCEN2

Taux de change

effectif

nominal

en

dinars(DT)

Banque centrale

(BCT)

Service de

change

M4 Agrégat

monétaire

en

dinars(DT)

Manuel

statistiques

financières

Page 92: mémoire DEA

2007-2008

Glossaire français –anglais

Les principaux termes utilisés dans ce travail

Flottement dirigé Dirty floating

Flottement libre (pur) Pur floating

Peur du flottement Fear of floating

Régime de change Exchange rate arrangement

Taux de change nominal Nominal exchange rate

Taux d’inflation Inflation rate

Indice de prix à la consommation Consumer prices index

devises Foreign exchange

Monnaie nationale Local currency

Transmission des variations du taux de

change

Exchange rate pass-through

Contrôle d’inflation Inflation control

Ciblage d’inflation Inflation targeting

Test de causalité de Granger Granger causality test

Modèle VAR (vectoriel autorégressif) Vector autoregressive model

Réponses impulsionnelles de Cholesky Impulse responses of Cholesky

Page 93: mémoire DEA

2007-2008

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