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CONFÉRENCE TECHNO-ARK SIERRE, SUISSE, 25 JANVIER 2013
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Pas de smart-société sans smarts-citoyens. Le cas de l’efficacité énergétique
dans le bâtiment
Marie-Christine Zélem
Professeur de sociologie, Univ. Toulouse II
Plan de l’intervention
• 1. Economiser l’énergie dans le bâtiment
• 2. Les difficultés rencontrées
• 3. Une gestion de paradoxes
• 4. Une conception technique des économies d’énergie
• 5. Un bâtiment est économe…. sans habitants
• 6. Pourquoi ?
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1. Economiser l’énergie dans le bâtiment ?
• Un bâtiment est dit économe quand il consomme peu, ou
pas d’énergie (BBC), voire quand il produit + d’énergie qu’il
n’en consomme (Bâtiment à Energie Positive = BEPOS)
• Les moyens : • Efficacité énergétique (isoler, installer des systèmes de chauffage moins
énergivores, tenir compte de l’orientation, smarts grids, appareils et équipements économes (LBC…), domotique…)
• Energies renouvelables (CESI, PV, géothermie…)
• Sobriété énergétique (changer de comportements = créer une culture
d’économie d’énergie)
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Mais….
• Deux hypothèses (un pari ?) :
* Le Bât Econome = enjeu partagé par tous les acteurs de la chaine constructive
* Le consommateur est
- un homo economicus,
- doublé d’un homo informatus
- et d’un homo-ecologicus
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2. Deux difficultés majeures
• Un projet systémique
Rendu vulnérable si l’enjeu n’est pas partagé
• De type sociotechnique qui combine des techniques et des hommes qui
En amont les conçoivent et les mettent en oeuvre
En aval les utilisent (ou pas)
et surtout, qui s’équipent « en dehors » MC
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Un projet systémique….
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Institutions d’Etat
CSTB
Banques
Etat
Collectivités territoriales
Fabricants
Distributeurs
Structures
professionnelles
Syndicats
Associations
professionnelles
M.d’Ouvrage
M.Œuvre
Architectes
BE
Constructeurs
Artisans - Entreprises
Structure/Installation/Finition
Gestionnaire
Utilisateurs
“Bâtiment
Econome”
Projet
constructif Secteur
Associations militantes
….de type sociotechnique Une spécificité récurrente des dispositifs mobilisés
Les dimensions sociales des techniques sont presque systématiquement éludées :
- Adhésion aux enjeux - Intelligence des propriétés des systèmes - Compréhension des fonctionnalités - Autonomie et responsabilisation - Choix en matière d’équipements et les modes d’utilisation - Capacité à réguler - Ressentis personnels / confort (subjectivité)
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3. Un paradoxe • Des logements de plus en plus performants
Des bâtiments plus économes : RT 2012, BBC, BEPOS, Minergie…
Des équipements moins gourmands en énergie : LBC, équipements électroménagers,
systèmes de chauffage….
• Une sensibilité croissante aux problèmes énergétiques Pour réaliser des économies financières (enchérissement du coût de l’énergie)
Pour participer à la protection de l’environnement : changement climatique, raréfaction des ressources
Dans une logique d’image
Mais, une faible maîtrise des consommations d’énergie
Des effets rebonds
Confortés par une société de consommation
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4. Une conception technique des économies d’énergie
Logement-Econome = « boîte étanche » + bcp d‘automatismes
L’invasion des techniques : – Des matériaux nouveaux
– Des systèmes de production d’énergie nouveaux : solaire thermique, photovoltaïque, pompes à chaleur…
– Des équipements sophistiqués : chaudière, ventilation, clim’…
– Des ordinateurs et des automatismes pour gérer les systèmes
– Des cellules, programmateurs, régulateurs….
– Des « locaux techniques » dans les logements
L’évolutivité , les détournements d’usage sont peu prises en compte
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5. Un bâtiment est économe… sans habitant
Gérer l’énergie prime sur les besoins des habitants
Les normes techniques structurent les normes sociales • Ex du confort thermique (t° réglementaire fixée à 19°)
Les programmes s’imposent aux occupants • Ex de la régulation du chauffage
Les conditions d’usage sont contraignantes - Des équipements de plus en plus sophistiqués
- Des consignes inattendues
( pas d’ouverture des fenêtres, pas de papier mural, pas de trous dans les murs…)
- Des modes d’emploi absents, incomplets ou trop complexes
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6. Qu’est-ce qui s’est passé ?
• On a oublié plusieurs facteurs fondamentaux dont
• Le temps et les modalités d’apprentissage
• Et aussi la faisabilité sociale fortement déterminée par
- l’utilisabilité et
- l’acceptabilité qui conditionnent l’appropriation des dispositifs sociotechniques
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7. L’enfer des boutons ordinaires (Christian Morel)
• L’information se veut universelle • Pas libellée (la « tragédie des modes d’emploi ») • Mal libellée (vocabulaire, linguistique des interfaces ) • D’une ergonomie maladroite (pictogrammes,
symboles, voyants, couleurs, langue…) • Basée sur un arbitraire des codes ergonomiques
• Rendue illisible • Excès de technicité
Utilisation « dégradée » des possibilités offertes par la technique
« Inutilisabilité » de la technique
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8. Une mise à l’écart des usagers
Par les automatismes, Par la programmation, Par les équipements intelligents Les usagers se sentent contraints (ils subissent les
dispositifs) Ils se sentent dépossédés (ils perdent leur liberté/
espaces habités) Leur seule marge de manoeuvre = les appareils et
technologies
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Conséquences
Frein à l’appropriation des enjeux Faible participation des usagers
Peu ou pas de gains d’énergie
« Habiter devient compliqué »
Des insatisfactions
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« Le blues du consommateur »
• L’anxiété face aux dispositifs techniques
• Sentiment d’incompétence
• Inconfort
• Déception vis-à-vis des promesses de la technique
• Sentiment de perte de maîtrise
• Mise en doute de la technique
Seule issue possible : la défection silencieuse
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9. Dans l’absolu (sans usagers), les technologies sont efficaces
• La technique, on sait faire
• Mais elle est standard, unique. Alors que ses utilisateurs sont multiples
• Les modes d’emploi aussi (description du fonctionnement idéal typique )
Des inconnues
• L’utilisation que l’on fait des techniques, (ex halogène, lbc),
• la compréhension que l’usager a des informations lues ou expliquées.
• Les pcipales inconnues = le contexte d’usage, l’environnement, tant technique qu’humain, les compétences réelles et potentielles (= les dispositions sociales)
• Des oublis
• En dehors des modes et temps d’apprentissage, la pédagogie
• On n’enferme pas les pratiques sociales dans des modèles, on ne sensibilise pas en informant, on n’apprend pas en entendant
La part sociale des techniques
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Les technologies n’opèrent pas par la magie
• Reposent sur une conception standardisée du confort
• Vecteurs de logiques pas tjs compatibles avec les logiques sociales
• Elles s’adressent à des utilisateurs soumis à des injonctions paradoxales
Une utopie technicienne ?
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10. Casser le mythe de la technique ?
La technique comme solution Equipements économes, BBC, BEPOS, smart grids…
La technique comme principal moteur du changement : Changer les techniques pour faire évoluer les comportements ?
Délégation à la technique : Des automatismes pour gérer les consommations d’énergie
Illusion technicienne et pensée magique : Sous-estimation de l’importance des logiques sociales
Non prise en compte des modes de réception et des détournements
Pari sur l’adhésion aux enjeux et la compréhension des systèmes
La technologie semble exclure l’homme, voire le réduire à un élément technique
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11. Socialiser les techniques ?
On pense toujours en termes « d’insertion sociale » des techniques
comme si les hommes devaient toujours intégrer les logiques techniques et s’y adapter,
Or, pourquoi les techniques n’intégreraient-elles pas les logiques sociales d’utilisation pour s’y adapter ?
(idée de « socialisation » des techniques et de ré-autonomisation de l’homme
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