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Management interculturel Algérie-Etats-Unis - Mohammed Fouad ABID, Siham OUKACHBI BENSALEM - M2 IESC - Université d'Angers

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Ce travail consiste à faire une comparaison entre deux pays très différents en termes de mode de management et de culture. Mais aussi, il consiste à mettre en lumière la mutation qu’a connue le mode de management Algérien lors du passage d’une économie fermée à une économie ouverte.

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Mohammed Fouad ABID

Siham OUKACHBI BENSALEM

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UNIVERSITE D'ANGERS

FACULTE D'ECONOMIE

Masters 2 : Intelligence Economique et Stratégies Compétitives (IESC)

Année 2011 – 2012

Professeur : Camille BAULANT

[email protected]

ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE

« MANAGEMENT INTERCULTUREL »

Ce travail consiste à faire une comparaison entre deux pays très différents en termes

de mode de management et de culture. Mais aussi, il consiste à mettre en lumière la

mutation qu’a connue le mode de management Algérien lors du passage d’une

économie fermée à une économie ouverte.

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L’économie Algérienne est très différente de l’économie Américaine en termes de

modernisation économique et culturelle (héritée d’un système socialiste qui est à l’encontre

des principes du monde d’aujourd’hui).

L’Algérie et comme un nombre important d’autres pays Africains, sont restés enfermés et

ils n’ont pas su profiter de la mondialisation et de l’économie du marché des années 90.

Dans cette période, l’Algérie connaissait une décennie noire (Guerre civile) caractérisée par

des conflits politiques et une très mauvaise gestion du pays. En parallèle, l’économie

Américaine connaissait un développement conséquent axé sur les nouvelles technologies

d’information et de communication.

Dans cette analyse, il est nécessaire de faire une distinction entre deux périodes qui ont

marquées la vie économique Algérienne : Une Algérie d’après l’indépendance jusqu’au

milieu des années 90, où l’Etat monopolise la scène économique, Et une Algérie de la fin des

années 90 à nos jours, caractérisée par un début d’ouverture sur l’économie mondiale, le

retrait progressif de l’Etat sur la scène économique et enfin le secteur privé qui commence

petit à petit de prendre de l’importance.

Voici quelques points d’oppositions entre le management Américain et celui de l’Algérie :

Tableau 1 : Adaptation des formes de management à la double mutation de l’économie

mondiale

Management USA Management algérien

Innovation permanente Avantages absolus

Diversité des illites Poste – profil

Stratégie de Coopétition Cloisonnement et repli sur soit

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Une différence de vision stratégique

En 2010, les USA ont été le deuxième exportateur mondial de biens et services avec 1278

milliards de dollars1. L’un des moteurs de cette dynamique, même en temps de crise, est

l’adaptation d’une stratégie d’innovation et de création de connaissances permanente ce qui

a permis aux Américains de créer des avantages concurrentiels à long terme dans certains

domaines tels que : l’électronique, l’aérospatiale, les biotechnologies, les industries de

l'armement2.

L’Algérie, forte en richesses naturelles (pétrole, gaz…), a choisi de se concentrer sur

l’exportation de ces matières premières (94% des exportations Algériennes sont des

hydrocarbures). Ce choix stratégique a toujours été privilégié depuis l’indépendance en

1962. Et cela malgré certains efforts de diversification industrielle dans les années 70 qui ont

été avoués à l’échec à cause à la fois de manque de compétences et de qualifications

nécessaires, et en d’autre part, au manque d’une vraie volonté politique.

Après la chute des prix du pétrole dans les années 80 et la perte du seul avantage absolu,

l’Algérie s’est retrouvée dans l’obligation de recourir à l’endettement extérieur, notamment

du FMI, pour couvrir ses dépenses. Cette situation a entrainé le pays dans une crise

économique, sociale et sécuritaire qui a duré 20 ans.

Depuis la fin des années 90 et le début des années 2000 jusqu’à aujourd’hui, les prix du

pétrole ne cessent d’augmenter. Cette situation a permis le remboursement de la totalité de

la dette extérieure Algérienne et les réserves de change du pays ont atteint 186 milliards de

dollars en juin 2011 (Ces ressources sont placées aux Etats-Unis « Bons de trésor américain »

au lieu d’encourager et de financer la recherche dans le pays) avec un taux de croissance de

+4,6% en 2010 et de +4,1% en 2011 selon le FMI3.

Pour éviter les échecs des expériences passées, l’Algérie devrait sortir du modèle des

avantages absolus, dépassé par le temps, et orienter ses investissements vers l’innovation,

chose qui permettra la création d’avantages concurrentiels à long terme et de se diversifier

pour sortir de la dépendance des cours de pétrole.

1 http://lexpansion.lexpress.fr/economie/le-nouveau-palmares-des-pays-exportateurs_252033.html?p=2#main

2 http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_des_%C3%89tats-Unis

3 http://www.algerie360.com/economie/economie-algerie/2010-2011-le-fmi-optimiste-pour-

l%E2%80%99algerie/

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Différence de vision de la notion « la bonne personne à la bonne place »

Influencée par la culture libérale et capitaliste, c’est la capacité et la motivation de prouver

ses compétences qui prime lors d’une sélection d’un profil en Algérie. Le droit d’occuper un

poste est une combinaison parfaite entre le niveau d’éducation, le diplôme, l’esprit

d’initiative, et surtout la capacité de porter une valeur ajoutée à l’entreprise.

Colonisée pendant 130 ans par la France, l’Algérie a hérité une culture très rigide en

termes de sélection de profil. Cette rigidité a été renfoncée par l’orientation économique du

pays après l’indépendance en adoptant un système communiste où l’Etat a le monopole

total sur tous les domaines économiques et sociaux. Une politique d’éducation nationale et

de formation très orientée est mise en place, l’accès à l’éducation est gratuit et même

obligatoire avant un certain âge. A l’issue de la formation l’accès à l’emploi est devenu un

droit pour chaque personne.

Suite à la crise des années 80 et 90, et après plusieurs plans de rééchelonnement de la

dette imposés par le FMI, l’Algérie est contrainte de changer d’orientation économique. Une

vague de privatisation des entreprises publiques et une ouverture, même encore timide, sur

le marché mondial. Ce bouleversement du système, notamment grâce aux entreprises

privées a changé les critères de sélection des profils qui ne prend plus le diplôme comme

seul critère de sélection mais aussi les compétences et les connaissances individuelles de la

personne. Cela pourra constituer à l’avenir un élément moteur pour booster l’esprit

d’initiative, d’innovation et de création qui permettraient d’ouvrir les portes d’une économie

de la connaissance.

Une vision de l’« entreprise » différente

Dans un souci de conserver leur compétitivité, les entreprises Américaines ont dépassé le

stade de juste compétition ou de juste coopération pour un autre stade qui est celui de la

coopétition. Collaborer et coopérer avec le concurrent n’est plus un tabou, cette coopétition

permet aux entreprises de partager les connaissances, les innovations et les expériences.

Cela permet à la fois de rester en avance et de suivre la cadence et le rythme avec lesquels le

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marché évolue, mais aussi, de limiter les coûts de la recherche et de développement qui

pèsent énormément sur les entreprises notamment de petites et moyennes tailles.

Contrairement aux USA, les entreprises Algériennes n’ont pas cette culture de coopétition

et cela pour les deux périodes d’avant et après les années 90. Pour la première période, les

entreprises n’évoluent pas dans un environnement concurrentiel, leurs objectifs est de créer

un marché de l’emploi et de permettre au pouvoir central de réaliser ses plans de

développement économique et social, chaque entreprise est spécialisée dans un secteur

donné avec un monopole presque total et dans un cloisonnement créé entre les entreprises.

Avec l’entrée du secteur privé en jeu, et la fin des situations de monopole d’un secteur

donné par une seule entreprise, hormis certains secteurs comme celui de l’énergie, c’est les

entreprises privées qui ont permis la création d’un environnement concurrentiel très

acharné, comme dans le secteur de la distribution automobile, le secteur de la

télécommunication (téléphone, internet…), le secteur de l’agroalimentaire… Mais cela n’a

pas permis de créer une sorte de coopération entre les différents acteurs. Cette situation

peut être expliquée par :

- Manque d’expérience dans le secteur privé. Les entreprises ne sont pas encore en

mesure de faire des investissements dans le domaine de l’innovation, de recherche

et développement ;

- L’objectif des entreprises Algériennes est la conquête d’un marché local encore

vierge où la demande est souvent supérieure à l’offre. Donc la Coopétition est vue

comme un risque plutôt qu’un avantage ;

- La culture de repli sur soit héritée du système économique fermé demeure toujours

dans l’esprit de la personnalité Algérienne ;

- L’absence de soutien et d’encouragement de l’Etat pour accompagner la mutation

économique vers une économie de la connaissance ;

- L’ignorance de certains moyens qui permettent la Coopétition comme l’absence des

clusters, des réseaux, d’intelligence économique…

Mais il faut préciser que cette situation commence à changer avec l’arrivée des

entreprises étrangères et qui transfèrent leurs expériences et leurs expertises ; l’intérêt que

l’Etat commence à montrer pour faire évoluer les mentalités et les comportements des

dirigeants (à travers des colloques, séminaires, des formations en intelligence

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économique…) ; l’apport de la nouvelle génération de cadres formés généralement à

l’étranger et qui apportent leurs expériences et leur savoir faire…

Tableau 2 : Différences de culture entre différents pays pour analyser l’information

Culture américaine Autre culture

Ouverture Fermeture

Décentralisation Centralisation

Prise en compte d’un environnement

complexe

Entreprises familiales PME

Goût pour le risque Aversion au risque

La culture nationale influence évidemment le mode de management des pays et cela à

travers différents éléments voire la distance hiérarchique entre le supérieur et les autres

travailleurs, l’orientation individualiste ou communautaire, l’aversion au risque ou le goût

pour le risque, et les cultures à orientation masculine (importance de la réussite et la

possession) et les cultures à orientation féminine (importance de la solidarité et protection

de l’environnement)

Pour ce qui concerne la culture Algérienne elle est constituée comme suit :

Une grande distance hiérarchique,

Une grande aversion pour le risque et faible contrôle pour le risque,

L’orientation des entreprises est masculine,

Une culture de collectivisme et non d’individualisme.

Sans oublier que la culture Algérienne est issue d’une interaction entre différentes

cultures : cultures Africaines (appartenance au même continent), cultures Berbères, culture

Arabo-musulmane et culture Française (occidentale à l’issue du colonialisme), influencée

aussi par un facteur politique : entre laïque démocrate et intégriste islamiste (qui a plongé

le pays dans un conflit militaire de 10 ans). Et enfin, influencée par un facteur économique :

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le socialisme et la fermeture dans les années 60 à 80 ; l’ouverture, le libre échange à partir

des années 90. Ces bouleversements ont participé à la création d’une culture Algérienne

très spécifique, une culture fermée et moins ouverte mais qui peut s’adapter à certaines

situations nouvelles ; un individu qui résiste, par tous les moyens à un changement imposé

mais qui peut être un élément moteur du changement s’il est intégré et sollicité.

A savoir aussi que la plupart des organisations sont issues d’une conception familiale, et

ces dernières tiennent à leurs valeurs conservatrices, et leurs croyances et traditions passent

avant la performance économique. Et du coup ces organisations sont toujours dirigées par

leur propriétaire ou quelqu’un de la famille, et ce dernier intervient dans la prise de toutes

les décisions et dans tous les domaines sans avoir autant les bases de management

organisationnel, ni d’esprit entrepreneuriale. Du coup ces entreprises cherchent uniquement

leur survie ce qui pénalise l’innovation.

Le système de prise de décision dans les entreprises Algérienne est pyramidal et le mode

de management dominant est centralisé hérité de la culture nationale qui influence les

entreprises sur différents niveaux notamment la gestion des ressources humaines et le

management de l’information.

« Comment à partir de la culture de votre pays, est-il possible d’envisager d’améliorer le

mode de management de votre pays pour s’adapter à la concurrence mondiale ?».

Le mode de management algérien d’aujourd’hui est en phase de construction. Il est

primordial alors de s’inspirer des modèles d’autres pays pour améliorer des aptitudes

entrepreneuriales Algériennes. Il existe de vraies opportunités au niveau des ressources

immatérielles (main d’œuvre qualifiée) que détient le pays. Ces dernières préfèrent d’aller

faire leur carrière à l’étranger (Canada, France, Australie…) à la recherche de l’estime de soi

et la valorisation de leurs compétences. Cependant, il est important d’offrir un

environnement serein et favorable à la création de connaissance en lui associant une

politique de stabilité et de sécurité. De plus, l’Etat doit faire des efforts en termes de

recherches en déployant aux chercheurs des infrastructures et des moyens nécessaires à

cette activité de recherche.

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Ces processus permettront la création de connaissances qui stimulent l’innovation et qui

permettront aux entreprises d’améliorer leur compétitivité et de gagner des parts de

marché.

Bibliographie

1. http://lexpansion.lexpress.fr/economie/le-nouveau-palmares-des-pays-

exportateurs_252033.html?p=2#main

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_des_%C3%89tats-Unis

3. http://www.algerie360.com/economie/economie-algerie/2010-2011-le-fmi-

optimiste-pour-l%E2%80%99algerie/