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librement inspiré des oeuvres de Alberto Moravia, Jean-Luc Godard, Homère, Dante conception du spectacle et texte Nicolas Liautard du 3 au 29 mars 2015 Petit Théâtre

librement inspiré des oeuvres de - colline.fr · On connaît surtout Le Mépris par la version de Jean-Luc Godard. Nicolas Liautard et ses acteurs sont revenus au roman de Moravia

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librement inspiré des oeuvres de

Alberto Moravia, Jean-Luc Godard, Homère, Dante

conception du spectacle et texte

Nicolas Liautard

du 3 au 29 mars 2015Petit Théâtre

www.colline.fr01 44 62 52 52

15 rue Malte-Brun, Paris 20e

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librement inspiré des oeuvres de

Alberto Moravia, Jean-Luc Godard,Homère, Dante

conception du spectacle et texte Nicolas Liautardson Thomas Watteau

administration et surtitrage Magalie Nadaud

avec

Jean-Yves Broustail, Jean-Charles Delaume,Aurélie Nuzillard, Fabrice Pierre,Wolfgang Pissors, Marion Suzanne

librement inspiré des oeuvres de

Alberto Moravia, Jean-Luc Godard,Homère, Dante

conception du spectacle et texte Nicolas Liautardson Thomas Watteau

administration et surtitrage Magalie Nadaud

avec

Jean-Yves Broustail, Jean-Charles Delaume,Aurélie Nuzillard, Fabrice Pierre,Wolfgang Pissors, Marion Suzanne

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du 3 au 29 mars 2015Petit Théâtre

du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h, et le dimanche à 16h

production La Nouvelle Compagniecoproduction La Scène Watteau – Scène conventionnée de Nogent-sur-Marne

avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication, DRAC Île-de-France, conseil général du Val-de-Marne, Arcadi

Deux journées exceptionnelles“DYPTIQUE AUTOUR DE L’AMOUR”

les samedis 14 et 21 mars

à 14h30:

Scènes de la vie conjugalede Ingmar Bergman

mise en scène Nicolas Liautardson Thomas Watteau

avec

Anne Cantineau, Fabrice Pierre, Sandy BoizardMichèle Foucher, Nicolas Liautard, Magali Léris, Jean-Yves Broustail

Les oeuvres théâtrales d’Ingmar Bergman sont représentées en France par l'agence DRAMA - Suzanne SARQUIER - www.dramaparis.com en accord avec la Fondation Bergman - www.ingmarbergman.se

création novembre 2014

3h50 avec entracte

à 21h:

Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé

Tarif préférentiel pour le diptyque. Les deux spectacles peuvent se voir aussi séparément.

du 3 au 29 mars 2015Petit Théâtre

du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h, et le dimanche à 16h

production La Nouvelle Compagniecoproduction La Scène Watteau – Scène conventionnée de Nogent-sur-Marne

avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication, DRAC Île-de-France, conseil général du Val-de-Marne, Arcadi

Deux journées exceptionnelles“DYPTIQUE AUTOUR DE L’AMOUR”

les samedis 14 et 21 mars

à 14h30:

Scènes de la vie conjugalede Ingmar Bergman

mise en scène Nicolas Liautardson Thomas Watteau

avec

Anne Cantineau, Fabrice Pierre, Sandy BoizardMichèle Foucher, Nicolas Liautard, Magali Léris, Jean-Yves Broustail

Les oeuvres théâtrales d’Ingmar Bergman sont représentées en France par l'agence DRAMA - Suzanne SARQUIER - www.dramaparis.com en accord avec la Fondation Bergman - www.ingmarbergman.se

création novembre 2014

3h50 avec entracte

à 21h:

Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé

Tarif préférentiel pour le diptyque. Les deux spectacles peuvent se voir aussi séparément.

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billetterie 01 44 62 52 52du lundi au samedi de 11h à 18h30 (excepté le mardi à partir de 13h)

tarifsen abonnement

de 9 à 15€ la placehors abonnementplein tarif 29€

moins de 30 ans et demandeurs d’emploi 14€plus de 60 ans 24€

le mardi - tarif unique 20€

La Colline - théâtre national15 rue Malte-Brun Paris 20e

presse Nathalie Godard tél: 01 44 62 52 25télécopie: 01 44 62 52 90 - [email protected]

billetterie 01 44 62 52 52du lundi au samedi de 11h à 18h30 (excepté le mardi à partir de 13h)

tarifsen abonnement

de 9 à 15€ la placehors abonnementplein tarif 29€

moins de 30 ans et demandeurs d’emploi 14€plus de 60 ans 24€

le mardi - tarif unique 20€

La Colline - théâtre national15 rue Malte-Brun Paris 20e

presse Nathalie Godard tél: 01 44 62 52 25télécopie: 01 44 62 52 90 - [email protected]

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“Quand on accepte de l’argent de quelqu’un, c’est toujours que l’ona vendu quelque chose.”

On connaît surtout Le Mépris par la version de Jean-Luc Godard.Nicolas Liautard et ses acteurs sont revenus au roman de Moraviaet au texte d’Homère pour réécrire en forme de spectacle cettehistoire de désamour. Un auteur de théâtre en panne est engagépour écrire le scénario d’un film commercial d’après l’Odyssée. Il n’aaccepté cette proposition que pour des raisons d’argent. Le méprissoudain, mystérieux, que sa femme éprouve pour lui est-il le symptôme du malaise qu’il a lui-même à “se vendre” ? À moins que lesamours d’Ulysse et de Pénélope, sujet d’âpres débats entre le producteur, le réalisateur et le scénariste, ne recèlent la clé decet assèchement du couple... Tout en s’émancipant entièrement dufilm de Godard, la mise en scène de Nicolas Liautard s’inspire ducinéma, en lui empruntant sa liberté de rythme, sa fluidité, ses passages en douceur d’une scène elliptique au temps réel d’un dialogue, d’un contact, d’un regard... Cette variation sur Le Méprispartage avec la Nouvelle Vague une quête de la vérité du jeu. Et unsens de la légèreté : c’est sans imposer de réponses que ce spectacle subtil questionne le jeu du désir et de la réussite sociale,financière, artistique.

“Quand on accepte de l’argent de quelqu’un, c’est toujours que l’ona vendu quelque chose.”

On connaît surtout Le Mépris par la version de Jean-Luc Godard.Nicolas Liautard et ses acteurs sont revenus au roman de Moraviaet au texte d’Homère pour réécrire en forme de spectacle cettehistoire de désamour. Un auteur de théâtre en panne est engagépour écrire le scénario d’un film commercial d’après l’Odyssée. Il n’aaccepté cette proposition que pour des raisons d’argent. Le méprissoudain, mystérieux, que sa femme éprouve pour lui est-il le symptôme du malaise qu’il a lui-même à “se vendre” ? À moins que lesamours d’Ulysse et de Pénélope, sujet d’âpres débats entre le producteur, le réalisateur et le scénariste, ne recèlent la clé decet assèchement du couple... Tout en s’émancipant entièrement dufilm de Godard, la mise en scène de Nicolas Liautard s’inspire ducinéma, en lui empruntant sa liberté de rythme, sa fluidité, ses passages en douceur d’une scène elliptique au temps réel d’un dialogue, d’un contact, d’un regard... Cette variation sur Le Méprispartage avec la Nouvelle Vague une quête de la vérité du jeu. Et unsens de la légèreté : c’est sans imposer de réponses que ce spectacle subtil questionne le jeu du désir et de la réussite sociale,financière, artistique.

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“Les idées, les cacher, mais de manière qu’on les trouve. La plusimportante sera la plus cachée”“Il arrive que le désordre d’un film, parce qu’il est monotone, noustrompe, nous donne l’illusion de l’ordre. Mais c’est un ordre négatif,stérile. À DISTANCE RESPECTUEUSE DE L’ORDRE ET DU DÉSORDRE

Robert BressonNotes sur le cinématographe, Éditions Gallimard, coll. “Folio”

Entretien avec Nicolas Liautard

Angela De Lorenzis : Qu’avez-vous retenu du roman de Moravia, Le Mépris, et du film homonyme de Godard ?

Nicolas Liautard : Je me suis plutôt librement inspiré de ces deuxoeuvres. Dans mon spectacle je raconte l’histoire d’un homme qui n’apas de nom, comme Ulysse qui est « personne », et qui, comme Dantedans sa Divine Comédie, s’égare au milieu du chemin de sa vie dansune forêt obscure, menacé par des fauves qui représentent lespéchés : le lion (l’orgueil), le lynx (la luxure) et la louve (l’avarice).C’est l’histoire de l’erreur d’un homme et de sa progression dans unparcours de connaissance, celle d’un poète qui effectue une tra-versée à la recherche de son amour : les thèmes fondamentaux sontdonc l’Amour et l’Art, l’état de création et l’état amoureux ne fai-sant, en réalité, qu’un. D’après Platon, l’amour est le moteur quiconduit vers la vérité et le savoir, c’est un état particulier, per-mettant l’apprentissage dans le cheminement vers une connaissancesupérieure. Dante reprend ce concept : c’est par amour pourBéatrice qu’il entreprend son parcours vers la connaissance.Ensuite, chez Moravia, le personnage principal entreprend ce mêmechemin après la mort de l’être aimé : il revit son histoire à rebours,par flash-back, afin de comprendre ses erreurs. Mais comme dansn’importe quel parcours de la vie, l’homme a besoin d’un guide : cheznous la figure du guide trouve son équivalent dans le personnage dela traductrice qui est aussi professeur de boxe. Notre spectacleouvre sur une séquence d’enchaînements de boxe dans une salle desport, l’Olympic boxing club – on peut y voir une sorte d’équivalencedu Paradis – dans lequel Béatrice apprend le combat en dialoguant

“Les idées, les cacher, mais de manière qu’on les trouve. La plusimportante sera la plus cachée”“Il arrive que le désordre d’un film, parce qu’il est monotone, noustrompe, nous donne l’illusion de l’ordre. Mais c’est un ordre négatif,stérile. À DISTANCE RESPECTUEUSE DE L’ORDRE ET DU DÉSORDRE

Robert BressonNotes sur le cinématographe, Éditions Gallimard, coll. “Folio”

Entretien avec Nicolas Liautard

Angela De Lorenzis : Qu’avez-vous retenu du roman de Moravia, Le Mépris, et du film homonyme de Godard ?

Nicolas Liautard : Je me suis plutôt librement inspiré de ces deuxoeuvres. Dans mon spectacle je raconte l’histoire d’un homme qui n’apas de nom, comme Ulysse qui est « personne », et qui, comme Dantedans sa Divine Comédie, s’égare au milieu du chemin de sa vie dansune forêt obscure, menacé par des fauves qui représentent lespéchés : le lion (l’orgueil), le lynx (la luxure) et la louve (l’avarice).C’est l’histoire de l’erreur d’un homme et de sa progression dans unparcours de connaissance, celle d’un poète qui effectue une tra-versée à la recherche de son amour : les thèmes fondamentaux sontdonc l’Amour et l’Art, l’état de création et l’état amoureux ne fai-sant, en réalité, qu’un. D’après Platon, l’amour est le moteur quiconduit vers la vérité et le savoir, c’est un état particulier, per-mettant l’apprentissage dans le cheminement vers une connaissancesupérieure. Dante reprend ce concept : c’est par amour pourBéatrice qu’il entreprend son parcours vers la connaissance.Ensuite, chez Moravia, le personnage principal entreprend ce mêmechemin après la mort de l’être aimé : il revit son histoire à rebours,par flash-back, afin de comprendre ses erreurs. Mais comme dansn’importe quel parcours de la vie, l’homme a besoin d’un guide : cheznous la figure du guide trouve son équivalent dans le personnage dela traductrice qui est aussi professeur de boxe. Notre spectacleouvre sur une séquence d’enchaînements de boxe dans une salle desport, l’Olympic boxing club – on peut y voir une sorte d’équivalencedu Paradis – dans lequel Béatrice apprend le combat en dialoguant

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avec son professeur : d’emblée un rapport de maître à élève s’installe entre elles.

A. D. L. : Le projet part d’une histoire personnelle, à savoir votredécision de quitter la mise en scène d’un opéra monté à Salzburg :vous vous êtes retrouvé en quelque sorte dans la même situationque le personnage de Riccardo dans Le Mépris...

N. L. : À cinq jours de la première, le directeur du départementthéâtre du festival m’a demandé des modifications : j’ai décidé departir. Le hasard fait bien les choses, car à ce moment même, jerelisais Le Mépris de Moravia. Ce roman m’a fait comprendre lesenjeux de ce que j’étais en train de vivre. C’est pourquoi, comme lepersonnage du scénariste, j’ai décidé de rentrer à Paris, de memettre à travailler sur Le Mépris et de terminer ma pièce. Ce romana donc joué pour moi le rôle de guide, c’est la fonction de touteœuvre d’ailleurs : à un moment précis de la vie, elle vous éclaire. Onm’a demandé d’être un artisan, pas un artiste. Depuis, je me questionnesur ce qui distingue l’artisan de l’artiste, l’artisan possède unsavoir-faire, mais il n’imprime pas son identité sur un objet, il reproduit une technique commune à tous les artisans de sa catégorie(les règles de l’art) ; il est subordonné à une autorité et il estpayé pour cela. Un artiste, au contraire, crée, il ne reproduit pas,il ne respecte pas les règles de l’art, essaie, au contraire, de lesprendre en défaut. Pourtant, il arrive que lui aussi reçoive unsalaire : qu’est-ce qu’on achète alors, qu’est-ce qu’on vend ? Là gittoute l’ambiguïté qu’il y a à rémunérer un artiste : dans l’absolu ilne devrait pas recevoir d’argent, la société devrait subvenir à sesbesoins (le prytanée de Socrate). Or, dans nos sociétés libérales, lemoteur peut devenir l’argent et non plus l’art lui-même.

A. D. L. : Cela recoupe la problématique du roman, dans lequelRiccardo poursuit son travail pénible de scénariste pour des filmsmédiocres, à la solde de producteurs véreux, afin d’offrir à safemme un bel appartement, renonçant de ce fait à son rêve d’écrirepour le théâtre. Par besoin d’argent, il accepte de travailler à uneadaptation de l’Odyssée pour le cinéma, subordonnant sa vision àcelles du réalisateur et du producteur, qu’il ne partage pas...

avec son professeur : d’emblée un rapport de maître à élève s’installe entre elles.

A. D. L. : Le projet part d’une histoire personnelle, à savoir votredécision de quitter la mise en scène d’un opéra monté à Salzburg :vous vous êtes retrouvé en quelque sorte dans la même situationque le personnage de Riccardo dans Le Mépris...

N. L. : À cinq jours de la première, le directeur du départementthéâtre du festival m’a demandé des modifications : j’ai décidé departir. Le hasard fait bien les choses, car à ce moment même, jerelisais Le Mépris de Moravia. Ce roman m’a fait comprendre lesenjeux de ce que j’étais en train de vivre. C’est pourquoi, comme lepersonnage du scénariste, j’ai décidé de rentrer à Paris, de memettre à travailler sur Le Mépris et de terminer ma pièce. Ce romana donc joué pour moi le rôle de guide, c’est la fonction de touteœuvre d’ailleurs : à un moment précis de la vie, elle vous éclaire. Onm’a demandé d’être un artisan, pas un artiste. Depuis, je me questionnesur ce qui distingue l’artisan de l’artiste, l’artisan possède unsavoir-faire, mais il n’imprime pas son identité sur un objet, il reproduit une technique commune à tous les artisans de sa catégorie(les règles de l’art) ; il est subordonné à une autorité et il estpayé pour cela. Un artiste, au contraire, crée, il ne reproduit pas,il ne respecte pas les règles de l’art, essaie, au contraire, de lesprendre en défaut. Pourtant, il arrive que lui aussi reçoive unsalaire : qu’est-ce qu’on achète alors, qu’est-ce qu’on vend ? Là gittoute l’ambiguïté qu’il y a à rémunérer un artiste : dans l’absolu ilne devrait pas recevoir d’argent, la société devrait subvenir à sesbesoins (le prytanée de Socrate). Or, dans nos sociétés libérales, lemoteur peut devenir l’argent et non plus l’art lui-même.

A. D. L. : Cela recoupe la problématique du roman, dans lequelRiccardo poursuit son travail pénible de scénariste pour des filmsmédiocres, à la solde de producteurs véreux, afin d’offrir à safemme un bel appartement, renonçant de ce fait à son rêve d’écrirepour le théâtre. Par besoin d’argent, il accepte de travailler à uneadaptation de l’Odyssée pour le cinéma, subordonnant sa vision àcelles du réalisateur et du producteur, qu’il ne partage pas...

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N. L. : En trahissant ses propres aspirations, il se trahit lui-même.Lorsqu’il a renoncé à ses ambitions d’auteur de théâtre pour untravail de scénariste, il a du coup renoncé à être “créateur” (safemme lui dira “tu n’es pas un homme !”). Le roman est l’histoire decette méprise. Il croit renoncer à ses aspirations pour satisfaireles besoins de sa femme : le travail par contrainte, ce qui est lepropre d’une commande, n’est supportable qu’en tant que “sacrificepour l’être aimé”. Mais le renoncement à l’intégrité artistiqueentraîne des conséquences dans la vie amoureuse, car il existe unlien entre le poète et l’amoureux. En réalité, et c’est là sa méprise,sa femme ne veut rien, elle vient d’une classe populaire, possède unsavoir instinctif, elle a tout saisi de l’amour : comme Diogène, ellepourrait vivre dans un tonneau, nue au soleil. Ce n’est pas un hasardsi dans le roman, elle, complètement nue sur la plage, dit à sonmari : “Pousse-toi de mon soleil”. En fait elle n’a besoin de rien, elleest dans l’être, alors que lui, l’intellectuel, le bourgeois, est dansle paraître, se regarde constamment dans le miroir, toujours enreprésentation. Autrement dit, et c’est l’un des aspects politiquesdu spectacle, le protagoniste incarne le présupposé d’une classesociale sur une autre, et ce préjugé est à l’origine de l’échecamoureux. Il ne comprend rien aux vrais enjeux de sa vie, ni à l’amour :son odyssée à lui, ou sa Divine Comédie, est de le comprendre infine. Sans doute pour accentuer la catharsis, Godard fait-il mourirle couple Camille-Prokosch dans une mare de sang, projetant l’histoiredans la tragédie antique, alors que chez Moravia, seule Emilia meurt,de façon éthérée, sans aucune trace de sang, son sacrifice permettant à son mari de revenir à sa vocation, le théâtre. Aussi,mon spectacle se construit-il sur un flash-back, et ce n’est pasanodin si le protagoniste dit à la fin : “Je vais rentrer à Paris, terminer ma pièce. Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé”, gardant la même faute de français que fait Fritz Langdans le film de Godard... Godard aime bien les fautes de français, etmoi aussi.

A. D. L. : Dans le spectacle, d’ailleurs, vous utilisez plusieurslangues...

N. L. : En trahissant ses propres aspirations, il se trahit lui-même.Lorsqu’il a renoncé à ses ambitions d’auteur de théâtre pour untravail de scénariste, il a du coup renoncé à être “créateur” (safemme lui dira “tu n’es pas un homme !”). Le roman est l’histoire decette méprise. Il croit renoncer à ses aspirations pour satisfaireles besoins de sa femme : le travail par contrainte, ce qui est lepropre d’une commande, n’est supportable qu’en tant que “sacrificepour l’être aimé”. Mais le renoncement à l’intégrité artistiqueentraîne des conséquences dans la vie amoureuse, car il existe unlien entre le poète et l’amoureux. En réalité, et c’est là sa méprise,sa femme ne veut rien, elle vient d’une classe populaire, possède unsavoir instinctif, elle a tout saisi de l’amour : comme Diogène, ellepourrait vivre dans un tonneau, nue au soleil. Ce n’est pas un hasardsi dans le roman, elle, complètement nue sur la plage, dit à sonmari : “Pousse-toi de mon soleil”. En fait elle n’a besoin de rien, elleest dans l’être, alors que lui, l’intellectuel, le bourgeois, est dansle paraître, se regarde constamment dans le miroir, toujours enreprésentation. Autrement dit, et c’est l’un des aspects politiquesdu spectacle, le protagoniste incarne le présupposé d’une classesociale sur une autre, et ce préjugé est à l’origine de l’échecamoureux. Il ne comprend rien aux vrais enjeux de sa vie, ni à l’amour :son odyssée à lui, ou sa Divine Comédie, est de le comprendre infine. Sans doute pour accentuer la catharsis, Godard fait-il mourirle couple Camille-Prokosch dans une mare de sang, projetant l’histoiredans la tragédie antique, alors que chez Moravia, seule Emilia meurt,de façon éthérée, sans aucune trace de sang, son sacrifice permettant à son mari de revenir à sa vocation, le théâtre. Aussi,mon spectacle se construit-il sur un flash-back, et ce n’est pasanodin si le protagoniste dit à la fin : “Je vais rentrer à Paris, terminer ma pièce. Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé”, gardant la même faute de français que fait Fritz Langdans le film de Godard... Godard aime bien les fautes de français, etmoi aussi.

A. D. L. : Dans le spectacle, d’ailleurs, vous utilisez plusieurslangues...

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N. L. : Oui, comme chez Godard (qui d’ailleurs l’emprunte au Voyageen Italie de Rossellini), on utilise trois langues : le producteur américain parle anglais, le réalisateur, allemand, alors que le coupleparle français, pour mieux souligner l’irréductibilité des différentspoints de vue, celui du producteur qui veut faire un film à grandspectacle, celui du réalisateur qui défend une approche psychanalytique et politique de l’Odyssée, et pour finir, celui duscénariste qui est pris en étau entre ces deux pôles opposés.Cependant, le babil des idiomes sert surtout à exalter l’incompréhension du couple, les seuls qui, tout en parlant la mêmelangue, vivent en réalité dans une totale incompréhension.

A. D. L. : Dans le spectacle, le personnage d’Ulysse s’incarne etvient parler directement avec le scénariste en grec ancien...

N. L. : Ulysse débarque sur la scène, nu et casqué, il est le contrepoint comique de cette tragédie. Il existe d’ailleurs unetradition comique du personnage à l’époque Hellénistique etromaine, faisant d’Ulysse l’archétype de l’homme pragmatique, voirescatologique, gouverné par son estomac. Il est l’homme moderne,celui qui s’adapte, contre la rigidité des valeurs anciennes, opposant le monde des entrailles à celui des idées.

A. D. L. : Comment avez-vous travaillé à la composition du texte ?

N. L. : Après avoir analysé la structure des deux Mépris et de laDivine Comédie, j’ai écrit plusieurs versions de chaque séquence enlaissant aux comédiens la liberté de faire des choix. Le texte n’acessé de se réécrire, de se réinventer tout au long des répétitions.La notion même de texte est devenue floue. C’est pourquoi il n’y apas un seul texte, mais des textes, pas un style, mais des styles. Il n’y a, volontairement, pas d’unité : par contre, on peut parlerd’une structure forte qui se fonde sur des séquences très écriteset d’autres très libres. Il s’agit d’un canevas à plusieurs ramificationspossibles. L’acteur choisit sur le moment de composer le segmentavec un bloc de propositions prédéfini, de façon à ce que les camarades restent constamment en alerte, dans la jubilation de l’invention, réagissant à ce qui arrive au fur et à mesure. Ce faisant,

N. L. : Oui, comme chez Godard (qui d’ailleurs l’emprunte au Voyageen Italie de Rossellini), on utilise trois langues : le producteur américain parle anglais, le réalisateur, allemand, alors que le coupleparle français, pour mieux souligner l’irréductibilité des différentspoints de vue, celui du producteur qui veut faire un film à grandspectacle, celui du réalisateur qui défend une approche psychanalytique et politique de l’Odyssée, et pour finir, celui duscénariste qui est pris en étau entre ces deux pôles opposés.Cependant, le babil des idiomes sert surtout à exalter l’incompréhension du couple, les seuls qui, tout en parlant la mêmelangue, vivent en réalité dans une totale incompréhension.

A. D. L. : Dans le spectacle, le personnage d’Ulysse s’incarne etvient parler directement avec le scénariste en grec ancien...

N. L. : Ulysse débarque sur la scène, nu et casqué, il est le contrepoint comique de cette tragédie. Il existe d’ailleurs unetradition comique du personnage à l’époque Hellénistique etromaine, faisant d’Ulysse l’archétype de l’homme pragmatique, voirescatologique, gouverné par son estomac. Il est l’homme moderne,celui qui s’adapte, contre la rigidité des valeurs anciennes, opposant le monde des entrailles à celui des idées.

A. D. L. : Comment avez-vous travaillé à la composition du texte ?

N. L. : Après avoir analysé la structure des deux Mépris et de laDivine Comédie, j’ai écrit plusieurs versions de chaque séquence enlaissant aux comédiens la liberté de faire des choix. Le texte n’acessé de se réécrire, de se réinventer tout au long des répétitions.La notion même de texte est devenue floue. C’est pourquoi il n’y apas un seul texte, mais des textes, pas un style, mais des styles. Il n’y a, volontairement, pas d’unité : par contre, on peut parlerd’une structure forte qui se fonde sur des séquences très écriteset d’autres très libres. Il s’agit d’un canevas à plusieurs ramificationspossibles. L’acteur choisit sur le moment de composer le segmentavec un bloc de propositions prédéfini, de façon à ce que les camarades restent constamment en alerte, dans la jubilation de l’invention, réagissant à ce qui arrive au fur et à mesure. Ce faisant,

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l’acteur est remis au centre, il redevient créateur. Plutôt que d’untexte, je parle de structures et d’états d’esprit. En partant duroman de Moravia, Godard fait son oeuvre à lui, en toute liberté, ilchange les points de vue, intervertit les personnages, inverse lespropos des uns et des autres, afin de créer une oeuvre originale. Il ne “sert” pas le mythe, mais “se sert” du mythe pour créer unconcept, un outil de réflexion sur le monde moderne. Il fait subirune transformation au mythe et c’est dans cette transformationque réside l’œuvre. On revient ici à la question de l’artisan et del’artiste : Godard ne signe pas une adaptation servile, mais réaliseune véritable création. Ce qui lui fait dire, de façon provocatrice :“si mon film est très bon, c’est que le roman est très faible”. De même, je cherchais à mettre en scène une œuvre vivante, qui nesoit pas enfermée dans une forme définitive, à laquelle j’ai donclaissé des marges importantes de souplesse. J’ai voulu capter lavie, brute, chaotique, à l’instar de ces tatouages recouvrant lescorps des prisonniers des anciennes geôles en URSS. Au fond, lacréation vient du chaos, et c’est à partir de l’entretien bienveillantdu chaos que peut jaillir la vie. Seule la vérité est belle, et cettevérité n’est jamais en compétition avec l’esthétique. C’est làencore une fois la thématique qui est au coeur du Mépris et denotre spectacle : un état particulier de la conscience est indispensable à la connaissance, au-delà même des mots, des pensées.L’artiste, le poète n’a pas pour fonction de décrypter le monde,mais de le coder : seul l’amoureux pourra le décrypter, afin que luiapparaisse une vérité non rationnelle. Mystique. L’amour est uneforme d’intelligence. Je m’adresse à des spectateurs en état amoureux.

réalisé par Angela De Lorenzis, le 20 janvier 2015

l’acteur est remis au centre, il redevient créateur. Plutôt que d’untexte, je parle de structures et d’états d’esprit. En partant duroman de Moravia, Godard fait son oeuvre à lui, en toute liberté, ilchange les points de vue, intervertit les personnages, inverse lespropos des uns et des autres, afin de créer une oeuvre originale. Il ne “sert” pas le mythe, mais “se sert” du mythe pour créer unconcept, un outil de réflexion sur le monde moderne. Il fait subirune transformation au mythe et c’est dans cette transformationque réside l’œuvre. On revient ici à la question de l’artisan et del’artiste : Godard ne signe pas une adaptation servile, mais réaliseune véritable création. Ce qui lui fait dire, de façon provocatrice :“si mon film est très bon, c’est que le roman est très faible”. De même, je cherchais à mettre en scène une œuvre vivante, qui nesoit pas enfermée dans une forme définitive, à laquelle j’ai donclaissé des marges importantes de souplesse. J’ai voulu capter lavie, brute, chaotique, à l’instar de ces tatouages recouvrant lescorps des prisonniers des anciennes geôles en URSS. Au fond, lacréation vient du chaos, et c’est à partir de l’entretien bienveillantdu chaos que peut jaillir la vie. Seule la vérité est belle, et cettevérité n’est jamais en compétition avec l’esthétique. C’est làencore une fois la thématique qui est au coeur du Mépris et denotre spectacle : un état particulier de la conscience est indispensable à la connaissance, au-delà même des mots, des pensées.L’artiste, le poète n’a pas pour fonction de décrypter le monde,mais de le coder : seul l’amoureux pourra le décrypter, afin que luiapparaisse une vérité non rationnelle. Mystique. L’amour est uneforme d’intelligence. Je m’adresse à des spectateurs en état amoureux.

réalisé par Angela De Lorenzis, le 20 janvier 2015

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Le Mépris, film franco-italien réalisé par Jean-Luc Godard, est sortien France en décembre 1963.

Alberto Moravia

(né le 28 novembre 1907 - mort le 26 septembre 1990)Entre 1929, année de parution de son premier roman Les Indifférents,et 1990 où il meurt, Alberto Moravia observe l’Italie, voyage à travers le monde dont il analyse l’évolution catastrophique et participe à l’élaboration du roman moderne. Écrivain précoce – il adix-sept ans lorsque, atteint de tuberculose osseuse et immobiliséen sanatorium, il commence à rédiger ce qui est considéré comme unchef-d’oeuvre classique –, il bénéficie d’une notoriété immédiate.Antifasciste, courageux dans ses positions intellectuelles, Moraviaest persécuté par les lois raciales avant et pendant la guerre, maisparvient à publier. Ses succès romanesques (Agostino, Le Conformiste,Le Mépris, L’Ennui) donnent lieu à des adaptations cinématographiquesqui consolident sa gloire. Grand reporter, il veut comprendre lesévénements majeurs du XXe siècle : aux États-Unis, en Inde, en Chine,au Japon, en URSS, en Afrique. Il distingue la démarche artistique,qui est une fin en soi, absolue, et l’engagement politique, qui exigeun autre type d’action et de parole. Le parcours de sa vie, l’étudede son œuvre révèlent une personnalité affranchie de ses originesbourgeoises et « normales ». « L’anormal, c’était moi », écrit-il. Savie affective le lie à trois femmes de tempérament (Elsa Morante,Dacia Maraini, Carmen Llera) et à des créateurs auxquels il est profondément attaché : parmi eux, Pier Paolo Pasolini. Une vie deMoravia ne peut être que l’histoire d’un destin assumé dans saliberté, mais aussi le reflet du XXe siècle, en Italie et dans le monde.

René de CeccatyIn Alberto Moravia, Flammarion, 2010, 4e de couverture

Le Mépris, film franco-italien réalisé par Jean-Luc Godard, est sortien France en décembre 1963.

Alberto Moravia

(né le 28 novembre 1907 - mort le 26 septembre 1990)Entre 1929, année de parution de son premier roman Les Indifférents,et 1990 où il meurt, Alberto Moravia observe l’Italie, voyage à travers le monde dont il analyse l’évolution catastrophique et participe à l’élaboration du roman moderne. Écrivain précoce – il adix-sept ans lorsque, atteint de tuberculose osseuse et immobiliséen sanatorium, il commence à rédiger ce qui est considéré comme unchef-d’oeuvre classique –, il bénéficie d’une notoriété immédiate.Antifasciste, courageux dans ses positions intellectuelles, Moraviaest persécuté par les lois raciales avant et pendant la guerre, maisparvient à publier. Ses succès romanesques (Agostino, Le Conformiste,Le Mépris, L’Ennui) donnent lieu à des adaptations cinématographiquesqui consolident sa gloire. Grand reporter, il veut comprendre lesévénements majeurs du XXe siècle : aux États-Unis, en Inde, en Chine,au Japon, en URSS, en Afrique. Il distingue la démarche artistique,qui est une fin en soi, absolue, et l’engagement politique, qui exigeun autre type d’action et de parole. Le parcours de sa vie, l’étudede son œuvre révèlent une personnalité affranchie de ses originesbourgeoises et « normales ». « L’anormal, c’était moi », écrit-il. Savie affective le lie à trois femmes de tempérament (Elsa Morante,Dacia Maraini, Carmen Llera) et à des créateurs auxquels il est profondément attaché : parmi eux, Pier Paolo Pasolini. Une vie deMoravia ne peut être que l’histoire d’un destin assumé dans saliberté, mais aussi le reflet du XXe siècle, en Italie et dans le monde.

René de CeccatyIn Alberto Moravia, Flammarion, 2010, 4e de couverture

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Nicolas Liautard

Né à Marseille, il suit une formation àl’Université d’Aix-Marseille puis àl’Université Paris X-Nanterre. Il meten scène La République Livre I dePlaton, La Folie du Jour de MauriceBlanchot, Hyménée de Nicolas Gogol,Ajax de Sophocle, Amerika de FranzKafka, Pouvais-je te demander de bienvouloir te déplacer de quelques millimètres (textes de ChristopheTarkos), Le Nez de Nicolas Gogol,L’Avare de Molière, Blanche Neige,Zouc par Zouc entretien de Zoucavec Hervé Guibert, Le Misanthropede Molière. En 2012, il met en scène lapièce musicale Meine Bienen. EineSchneise de Klaus Händl musiqued’Andreas Schett / Franui au Festivalde Salzburg. Sa dernière création estLittlematchseller, Petite marchanded’allumettes d’après Hans ChristianAndersen et le film de JamesWilliamson. Et en 2014, il adapteScènes de la vie conjugale d’IngmarBergman.Depuis 2006, il est directeur artistique de La Scène Watteau,scène conventionnée de Nogent-sur-

Marne.

avec

Jean-Yves Broustail

Né en 1963. Jean-Yves Broustail estcomédien de La Nouvelle Compagniedepuis sa création. Il travaille sousla direction de Nicolas Liautard (LeProcès, Le Bonheur après l’assaut,Hyménée, Amerika, L’Avare, Le Misanthrope, Il faut toujoursterminer qu’est-ce qu’on a commencé),et Marion Suzanne (Bouvard etPécuchet).

Jean-Charles Delaume

Né en 1967. Formé à l’ÉcoleInternationale Jacques Lecoq, Jean-

Charles Delaume travaille au théâtresous la direction de Susana Lastreto(Cabaret Hugo), Laurent Laffargue(Beaucoup de Bruit pour rien),Philippe Awat (Têtes rondes et Têtespointues, Pantagleize), Adel Hakim(Les Principes de la foi, Mesure pourmesure, La Cagnotte), ÉlisabethChailloux (L’Illusion comique, Le Baladin du monde occidental),Michael Dusautoy (L’Oiseau bleu,L’Embranchement de Mugby), NicolasLiautard (Il faut toujours terminerqu’est-ce qu’on a commencé). Aucinéma, sous la direction de PhilippeLe Guay (Alceste à bicyclette),Pascal Chaumeil (Un plan parfait).

Aurélie Nuzillard

Née en 1987. Après une formation à laComédie de Reims avec Jean-PierreGarnier et Christine Berg, AurélieNuzillard entre au Conservatoire

Nicolas Liautard

Né à Marseille, il suit une formation àl’Université d’Aix-Marseille puis àl’Université Paris X-Nanterre. Il meten scène La République Livre I dePlaton, La Folie du Jour de MauriceBlanchot, Hyménée de Nicolas Gogol,Ajax de Sophocle, Amerika de FranzKafka, Pouvais-je te demander de bienvouloir te déplacer de quelques millimètres (textes de ChristopheTarkos), Le Nez de Nicolas Gogol,L’Avare de Molière, Blanche Neige,Zouc par Zouc entretien de Zoucavec Hervé Guibert, Le Misanthropede Molière. En 2012, il met en scène lapièce musicale Meine Bienen. EineSchneise de Klaus Händl musiqued’Andreas Schett / Franui au Festivalde Salzburg. Sa dernière création estLittlematchseller, Petite marchanded’allumettes d’après Hans ChristianAndersen et le film de JamesWilliamson. Et en 2014, il adapteScènes de la vie conjugale d’IngmarBergman.Depuis 2006, il est directeur artistique de La Scène Watteau,scène conventionnée de Nogent-sur-

Marne.

avec

Jean-Yves Broustail

Né en 1963. Jean-Yves Broustail estcomédien de La Nouvelle Compagniedepuis sa création. Il travaille sousla direction de Nicolas Liautard (LeProcès, Le Bonheur après l’assaut,Hyménée, Amerika, L’Avare, Le Misanthrope, Il faut toujoursterminer qu’est-ce qu’on a commencé),et Marion Suzanne (Bouvard etPécuchet).

Jean-Charles Delaume

Né en 1967. Formé à l’ÉcoleInternationale Jacques Lecoq, Jean-

Charles Delaume travaille au théâtresous la direction de Susana Lastreto(Cabaret Hugo), Laurent Laffargue(Beaucoup de Bruit pour rien),Philippe Awat (Têtes rondes et Têtespointues, Pantagleize), Adel Hakim(Les Principes de la foi, Mesure pourmesure, La Cagnotte), ÉlisabethChailloux (L’Illusion comique, Le Baladin du monde occidental),Michael Dusautoy (L’Oiseau bleu,L’Embranchement de Mugby), NicolasLiautard (Il faut toujours terminerqu’est-ce qu’on a commencé). Aucinéma, sous la direction de PhilippeLe Guay (Alceste à bicyclette),Pascal Chaumeil (Un plan parfait).

Aurélie Nuzillard

Née en 1987. Après une formation à laComédie de Reims avec Jean-PierreGarnier et Christine Berg, AurélieNuzillard entre au Conservatoire

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national supérieur d’art dramatiqueen 2007. Elle y suit les cours d’YvesBeaunesne, Christiane Cohendy etAndrzei Seweryn. Dans le cadre deses cursus, elle joue sous la directionde Christine Berg (Le Roi nu, Peanuts,Gênes 01, L’Atelier volant), ArnaudMeunier (Jeux de massacres), AndrzejSeweryn (OEdipe roi), Daniel Mesguich(La Fiancée aux yeux bandés), GérardDesarthe (Les Estivants), MarioGonzalès (Les Prétendants),Véronique Vella (Un petit bal perdu),Julie Duclos (Fragment d’un discoursamoureux). En 2011, elle joue dansIthaque, mis en scène par Jean-LouisMartinelli, Zouc par Zouc, monologuemis en scène par Nicolas Liautard,ainsi que dans Pays Natal, créationcollective mise en scène par Pierre-

Marie Poirier et Dimitri Daskas. En2012, elle joue dans Gould/Menuhin, misen scène par Charles Berling etChristiane Cohendy. Puis en 2014,dans Il faut toujours terminerqu’est-ce qu’on a commencé texte etmise en scène de Nicolas Liautard.

Fabrice Pierre

Né en 1968. Après avoir été formé àl’École de la Comédie de Saint-Étienne,Fabrice Pierre travaille avec AndréFornier (Dom Juan, Roméo et Juliette,Les Caprices de Marianne, Germinal),Anne Courel (La Noce chez les petitsbourgeois, Le Collier, Méfions-nous dela nature sauvage), SophieLannefranque (Ventre Amérique,Murders), Philippe Vincent (Mon paysen pièce), Philippe Faure (Les Liaisonsdangereuses). Il part deux ans auQuébec où il collabore à Montréalavec la compagnie Trans-théâtre

(Prise de sang, Exodus). Il travaillepar la suite avec Anne Alvaro (L’Îledes esclaves), Guillaume Delaveau(Philoctète, La vie est un songe,Massacre à Paris), Fred Cacheux(Mojo), Nicolas Liautard (Le Voyageurdu nouveau monde, Il faut toujoursterminer qu’est-ce qu’on a commencé),Paul Desveaux (Les Brigands,L’Orage), Paulo Correia et GaëleBoghossian (Stop the tempo !, Chocdes civilisations pour un ascenseurPiazza Vittorio, Antigone, Médée). Il met en scène Fusil de chasse deYasushi Inoué, Yvonne, princesse deBourgogne de Witold Gombrowicz, Le jour se lève, Léopold de SergeValletti. Au cinéma, il tourne sous ladirection de Jean Becker, Jean-PierreDenis.

Wolfgang Pissors

Né en 1958. Comédien et chanteur,Wolfgang Pissors a fait ses étudesthéâtrales et musicales à Paris auCours René Simon et dans l’AtelierLyrique dirigé par Claude Allard auConservatoire Frédéric Chopin. Saformation s’est enrichie auprès deZygmunt Molik et Gennadi Bogdanov.Au théâtre, il travaille sous la direction de Christian Schiaretti (La Créole, L’Opéra de Quat’Sous,Ervart ou les Derniers Jours deFrédéric Nietzsche), Nicolas Liautard(Il faut toujours terminer qu’est-cequ’on a commencé) et se produitrégulièrement dans les créations dela chorégraphe Myriam Dooge (LesFestins poétiques, Hé eau, Les TroisÉcus d’or, Café jardin). Il joue dansde nombreux films et téléfilms dirigéspar des réalisateurs tels que Philippe

national supérieur d’art dramatiqueen 2007. Elle y suit les cours d’YvesBeaunesne, Christiane Cohendy etAndrzei Seweryn. Dans le cadre deses cursus, elle joue sous la directionde Christine Berg (Le Roi nu, Peanuts,Gênes 01, L’Atelier volant), ArnaudMeunier (Jeux de massacres), AndrzejSeweryn (OEdipe roi), Daniel Mesguich(La Fiancée aux yeux bandés), GérardDesarthe (Les Estivants), MarioGonzalès (Les Prétendants),Véronique Vella (Un petit bal perdu),Julie Duclos (Fragment d’un discoursamoureux). En 2011, elle joue dansIthaque, mis en scène par Jean-LouisMartinelli, Zouc par Zouc, monologuemis en scène par Nicolas Liautard,ainsi que dans Pays Natal, créationcollective mise en scène par Pierre-

Marie Poirier et Dimitri Daskas. En2012, elle joue dans Gould/Menuhin, misen scène par Charles Berling etChristiane Cohendy. Puis en 2014,dans Il faut toujours terminerqu’est-ce qu’on a commencé texte etmise en scène de Nicolas Liautard.

Fabrice Pierre

Né en 1968. Après avoir été formé àl’École de la Comédie de Saint-Étienne,Fabrice Pierre travaille avec AndréFornier (Dom Juan, Roméo et Juliette,Les Caprices de Marianne, Germinal),Anne Courel (La Noce chez les petitsbourgeois, Le Collier, Méfions-nous dela nature sauvage), SophieLannefranque (Ventre Amérique,Murders), Philippe Vincent (Mon paysen pièce), Philippe Faure (Les Liaisonsdangereuses). Il part deux ans auQuébec où il collabore à Montréalavec la compagnie Trans-théâtre

(Prise de sang, Exodus). Il travaillepar la suite avec Anne Alvaro (L’Îledes esclaves), Guillaume Delaveau(Philoctète, La vie est un songe,Massacre à Paris), Fred Cacheux(Mojo), Nicolas Liautard (Le Voyageurdu nouveau monde, Il faut toujoursterminer qu’est-ce qu’on a commencé),Paul Desveaux (Les Brigands,L’Orage), Paulo Correia et GaëleBoghossian (Stop the tempo !, Chocdes civilisations pour un ascenseurPiazza Vittorio, Antigone, Médée). Il met en scène Fusil de chasse deYasushi Inoué, Yvonne, princesse deBourgogne de Witold Gombrowicz, Le jour se lève, Léopold de SergeValletti. Au cinéma, il tourne sous ladirection de Jean Becker, Jean-PierreDenis.

Wolfgang Pissors

Né en 1958. Comédien et chanteur,Wolfgang Pissors a fait ses étudesthéâtrales et musicales à Paris auCours René Simon et dans l’AtelierLyrique dirigé par Claude Allard auConservatoire Frédéric Chopin. Saformation s’est enrichie auprès deZygmunt Molik et Gennadi Bogdanov.Au théâtre, il travaille sous la direction de Christian Schiaretti (La Créole, L’Opéra de Quat’Sous,Ervart ou les Derniers Jours deFrédéric Nietzsche), Nicolas Liautard(Il faut toujours terminer qu’est-cequ’on a commencé) et se produitrégulièrement dans les créations dela chorégraphe Myriam Dooge (LesFestins poétiques, Hé eau, Les TroisÉcus d’or, Café jardin). Il joue dansde nombreux films et téléfilms dirigéspar des réalisateurs tels que Philippe

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Bérenger Jérôme Salle, Paul Cowan,Robert Guédiguian, Jean-Paul Salomé,Joyce Bunuel, Caroline Huppert,Stephen Frears, Jean-Paul Rappeneau,Claude Lelouch, Woody Allen, LucBesson. Avec la pianiste et compositrice Isabelle Serrand, il acréé le spectacle musicalZusammen*Ensemble, sélectionné en2013 dans le cadre des festivités du50e anniversaire du Traité de l’Élysée.

Marion Suzanne

Née en 1970. Formée à l’UniversitéParis X-Nanterre, Marion Suzanne estcomédienne de La Nouvelle Compagniedepuis sa création, elle participe à lacréation de Lilas en Scène centred’échange et de création des artsde la scène, et collabore avec Jean-

Michel Puiffe à la Maison de la cultured’Amiens. Au théâtre elle travailleavec Beno Besson (Quisaitout etGrobéta), Samuel Serreau (LesEspions), Julien Collet (Preparadisesorry now), Alain Knapp (L’Amourmédecin), Bernard Lévy (Juste la findu monde), Jean-Louis Hourdin(Théâtre ambulant Chopalovitch,Farces), Godefroy Segal (Fer Calder,Histoires courtes mais vraies oupresque, Questions-questions, LeMariage de Barillon), Nicolas Liautard(Le Procès, La République, Le Bonheuraprès l’assaut, Boulevard Exquis,Ajax, Amerika, L’Avare, Blanche Neige,Le Misanthrope, Littlematchseller, Il faut toujours terminer qu’est-cequ’on a commencé), Lazare Herson-

Macarel (L’Enfant meurtrier). Elle meten scène Frères du Bled Bouvard etPécuchet de Gustave Flaubert, Sixcontes 1001 nuits.

Bérenger Jérôme Salle, Paul Cowan,Robert Guédiguian, Jean-Paul Salomé,Joyce Bunuel, Caroline Huppert,Stephen Frears, Jean-Paul Rappeneau,Claude Lelouch, Woody Allen, LucBesson. Avec la pianiste et compositrice Isabelle Serrand, il acréé le spectacle musicalZusammen*Ensemble, sélectionné en2013 dans le cadre des festivités du50e anniversaire du Traité de l’Élysée.

Marion Suzanne

Née en 1970. Formée à l’UniversitéParis X-Nanterre, Marion Suzanne estcomédienne de La Nouvelle Compagniedepuis sa création, elle participe à lacréation de Lilas en Scène centred’échange et de création des artsde la scène, et collabore avec Jean-

Michel Puiffe à la Maison de la cultured’Amiens. Au théâtre elle travailleavec Beno Besson (Quisaitout etGrobéta), Samuel Serreau (LesEspions), Julien Collet (Preparadisesorry now), Alain Knapp (L’Amourmédecin), Bernard Lévy (Juste la findu monde), Jean-Louis Hourdin(Théâtre ambulant Chopalovitch,Farces), Godefroy Segal (Fer Calder,Histoires courtes mais vraies oupresque, Questions-questions, LeMariage de Barillon), Nicolas Liautard(Le Procès, La République, Le Bonheuraprès l’assaut, Boulevard Exquis,Ajax, Amerika, L’Avare, Blanche Neige,Le Misanthrope, Littlematchseller, Il faut toujours terminer qu’est-cequ’on a commencé), Lazare Herson-

Macarel (L’Enfant meurtrier). Elle meten scène Frères du Bled Bouvard etPécuchet de Gustave Flaubert, Sixcontes 1001 nuits.

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Scènes de la vie conjugalede Ingmar Bergman

mise en scène Nicolas Liautardson Thomas Watteau

avec

Anne Cantineau, Fabrice Pierre, Sandy BoizardMichèle Foucher, Nicolas Liautard, Magali Léris, Jean-Yves Broustail

Les oeuvres théâtrales d’Ingmar Bergman sont représentées en France par l'agence DRAMA - Suzanne SARQUIER - www.dramaparis.com en accord avec la Fondation Bergman - www.ingmarbergman.se

création novembre 2014

3h50 avec entracte

Scènes de la vie conjugalede Ingmar Bergman

mise en scène Nicolas Liautardson Thomas Watteau

avec

Anne Cantineau, Fabrice Pierre, Sandy BoizardMichèle Foucher, Nicolas Liautard

et en alternance

Magali Léris ou Nanou Garcia

Christophe Battarelou Jean-Yves Broustail ou Nicolas Roncerel

création novembre 2014

3h50 avec entracte

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À propos de Scènes de la vie conjugale

“Habituer le public à deviner le tout dont on ne lui donne qu’unepartie. Faire deviner. En donner l’envie.Caméra et magnétophone emmenez-moi loin de l’intelligence qui complique tout. Les idées : les cacher, mais de manière qu’on lestrouve. La plus importante sera la plus cachée.”Robert Bresson Notes sur le cinématographe

Je voudrais que nous fassions du théâtre comme Bresson faisait ducinéma, lui qui détestait le théâtre. Mais je crois bien que jedéteste également le théâtre que détestait Bresson. Bressondétestait aussi le cinéma qui était du “théâtre filmé”. Nous faisonsici le chemin dans l’autre sens (qui n’est pas sens contraire), notrethéâtre n’est pas du cinématographe sans écran. Bresson m’apprendplus sur le théâtre que Bergman (pourtant homme de Théâtre).[...]

Scènes de la vie conjugale, c’était d’abord une référence récurrentelorsque nous travaillions sur Il faut toujours terminer qu’est-cequ’on a commencé, il y avait les scènes d’ensemble et les scènes decouple, les scènes conjugales comme nous les appelions. Nous avionsalors revu Bergman, nous l’avions commenté. Je voulais, et je veuxtoujours, créer les conditions d’émergence d’une intimité qui nesupporterait pas le mensonge, le simulacre. La vulnérabilité desacteurs qui ne leur laisse pas d’autre choix que la vérité, puiséedans leur expérience propre. Au travers de tout cela c’est uneméthode de jeu ou de non-jeu) que nous recherchons, des lois. Peuimporte Bergman ou Moravia, dans le fond c’est la méthode qui nousoccupe.Dans la recherche de cette vérité, il faut bien sûr que la langue soitcelle de l’ici et maintenant, la langue propre de cette personne quiparle à ce moment. La langue rend compte de l’état, de la situation,non la situation de la langue. La langue est seconde. Il faut doncrenoncer à toute littérature, bien comprendre que la littératureimprime alors que nous exprimons (ça c’est pris à Godard).

Nicolas Liautard

À propos de Scènes de la vie conjugale

“Habituer le public à deviner le tout dont on ne lui donne qu’unepartie. Faire deviner. En donner l’envie.Caméra et magnétophone emmenez-moi loin de l’intelligence qui complique tout. Les idées : les cacher, mais de manière qu’on lestrouve. La plus importante sera la plus cachée.”Robert Bresson Notes sur le cinématographe

Je voudrais que nous fassions du théâtre comme Bresson faisait ducinéma, lui qui détestait le théâtre. Mais je crois bien que jedéteste également le théâtre que détestait Bresson. Bressondétestait aussi le cinéma qui était du “théâtre filmé”. Nous faisonsici le chemin dans l’autre sens (qui n’est pas sens contraire), notrethéâtre n’est pas du cinématographe sans écran. Bresson m’apprendplus sur le théâtre que Bergman (pourtant homme de Théâtre).[...]

Scènes de la vie conjugale, c’était d’abord une référence récurrentelorsque nous travaillions sur Il faut toujours terminer qu’est-cequ’on a commencé, il y avait les scènes d’ensemble et les scènes decouple, les scènes conjugales comme nous les appelions. Nous avionsalors revu Bergman, nous l’avions commenté. Je voulais, et je veuxtoujours, créer les conditions d’émergence d’une intimité qui nesupporterait pas le mensonge, le simulacre. La vulnérabilité desacteurs qui ne leur laisse pas d’autre choix que la vérité, puiséedans leur expérience propre. Au travers de tout cela c’est uneméthode de jeu ou de non-jeu) que nous recherchons, des lois. Peuimporte Bergman ou Moravia, dans le fond c’est la méthode qui nousoccupe.Dans la recherche de cette vérité, il faut bien sûr que la langue soitcelle de l’ici et maintenant, la langue propre de cette personne quiparle à ce moment. La langue rend compte de l’état, de la situation,non la situation de la langue. La langue est seconde. Il faut doncrenoncer à toute littérature, bien comprendre que la littératureimprime alors que nous exprimons (ça c’est pris à Godard).

Nicolas Liautard

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Prochains spectacles à La Colline

Le Chagrinpar la compagnie Les Hommes Approximatifs

mise en scène Caroline Guiela NguyenPetit Théâtre

du 6 mai au 6 juin 2015

Affabulazionede Pier Paolo Pasolini

mise en scène Stanislas NordeyGrand Théâtre

du 12 mai au 6 juin 2015

Prochains spectacles à La Colline

Le Chagrinpar la compagnie Les Hommes Approximatifs

mise en scène Caroline Guiela NguyenPetit Théâtre

du 6 mai au 6 juin 2015

Affabulazionede Pier Paolo Pasolini

mise en scène Stanislas NordeyGrand Théâtre

du 12 mai au 6 juin 2015

librement inspiré des oeuvres de

Alberto Moravia, Jean-Luc Godard, Homère, Dante

conception du spectacle Nicolas Liautard

du 3 au 29 mars 2015Petit Théâtre

www.colline.fr01 44 62 52 52

15 rue Malte-Brun, Paris 20e