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HAL Id: tel-00466516 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00466516 Submitted on 24 Mar 2010 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Les déchets solides a Dakar. Environnement, sociétés et gestion urbaine Amadou Bélal Diawara To cite this version: Amadou Bélal Diawara. Les déchets solides a Dakar. Environnement, sociétés et gestion urbaine. Géographie. Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2009. Français. <tel-00466516>

Les déchets solides a Dakar. Environnement, sociétés et gestion

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    Submitted on 24 Mar 2010

    HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

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    Les dchets solides a Dakar. Environnement, socits etgestion urbaine

    Amadou Blal Diawara

    To cite this version:Amadou Blal Diawara. Les dchets solides a Dakar. Environnement, socits et gestion urbaine.Gographie. Universit Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2009. Franais.

    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00466516https://hal.archives-ouvertes.fr

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    UNIVERSITE BORDEAUX III MICHEL DE MONTAIGNE UFR DE GEOGRAPHIE-AMENAGEMENT

    Ecole Doctorale Montaigne-Humanits. ED 480.

    Unit Mixte de Recherche (UMR 5185) : Amnagement-Dveloppement-Environnement-Sant et Socit (ADES)/CNRS-TEMPOS

    THESE

    Pour obtenir le grade de

    DOCTEUR DE LUNIVERSITE DE BORDEAUX III

    Discipline : Gographie

    Amadou Blal DIAWARA

    Anne Universitaire 2009-2010

    Thse dirige par M. Serge MORIN

    Professeur de Gographie, Universit Michel de Montaigne-Bordeaux-III

    Soutenue publiquement le 09/12/09

    Jury : Serge MORIN. Professeur Emrite. Universit de Bordeaux III. Jean GOUHIER. Matre de Confrences. Universit du Maine. Jean-Claude BRUNEAU. Professeur Universit de Montpellier 3. Guy MAINET. Professeur Emrite. UBO-Brest. Michel LESOURD. Professeur Universit de Rouen.

    LES DECHETS SOLIDES A DAKAR. ENVIRONNEMENT, SOCIETES ET GESTION URBAINE.

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    REMERCIEMENTS A ma dfunte maman, Khadidiatou DIAWARA, ne DIENG. A mon dfunt frre, Sydi Manoumb DIAWARA. Au Professeur Serge MORIN, Professeur Emrite Universit de Bordeaux III, qui a dirig cette thse. Sa logique scientifique et sa rigueur mthodologique, ainsi que sa disponibilit, mont t indispensables dans laccomplissement de ce travail. A Mr Jean GOUHIER, Matre de Confrences. Universit du Maine. Sommit du dchet , concepteur de la Rudologie , il a bien voulu accepter de mclairer dans cet univers part, et na jamais cess de mencourager. Au Professeur Guy MAINET, Professeur Emrite, Universit de Bretagne Occidentale-Brest. Au professeur Michel LESOURD, Professeur Universit de Rouen. Au professeur Jean-Claude BRUNEAU, Professeur Universit de Montpellier 3. A Mr Mamadou DIA, Hydrogologue, Rudologue et Environnementaliste, pour ses conseils. Au personnel encadrant de lUniversit Bordeaux III, et particulirement Mme VEILLON du REVALED pour sa comprhension. A tout le personnel de lUnit Mixte de Recherche (UMR 5185) : Amnagement-Dveloppement-Environnement-Sant et Socit (ADES)/CNRS-TEMPOS, et de la Maison des Suds . A toute ma famille, mon papa Bassirou DIAWARA, mes frres et surs Pape, Norou, Ndye Maguette et Ndye Fatou, ainsi qu leurs poux, pouses et familles. A Khady Sy, Demba, ma famille maternelle DIENG, et celle paternelle DIAWARA & DIOP. A mon ami et frre Cheikh.T. FALL, pour son aide durant tous les travaux de terrain, et qui doit probablement en avoir appris plus que moi. A mon pouse FATIMA, pour sa patience et son soutien affectueux. A notre petit Karim, qui, du fait de mes engagements, na pas beaucoup profit de son papa depuis sa naissance A toute la famille ES-SAMTI pour son soutien, et particulirement Abdsalam & Zulikha. A toute la famille MOUSSAOUI de Gradignan. A tonton Djiby, et tonton Maka, ainsi qu Abdoulaye et Bouba FOFANA de Bordeaux. A Mbaye El Kbir NDIAYE, Mamadou SARR, Mohamed DEME, Cheikh SARR, Lamine SARR, Chrif DIATTARA, Assane DIOUF, Ibrahima Syll, et leurs pouses. A Abdoulaye GUEYE et Lamine DIEDHIOU, ainsi qu leurs pouses Pascale Mamouna et Fatou MBACKE. A Adama SOW pour son aide dans le travail de cartographie. A tous mes amis et collgues de Bordeaux, trop nombreux pour tre cits nommment. A toutes les nombreuses personnes, qui divers titres, ont particip la ralisation de ce travail. Que tous trouvent ici, lexpression de ma profonde et sincre gratitude.

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    GLOSSAIRE-LEXIQUE Assani : Appellation en Afrique du Nord dun linge en tissu denviron 1m2 anciennement utilis par les populations pour emballer et transporter les provisions notamment de crales. Badolos : Gens libres de la socit hirarchise traditionnelle et prcoloniale sngalaise. Baol-Baol : Gnralement commerant, originaire du Baol ancien royaume ctier du Sngal prcolonial. Baye-Diagal : Littralement celui qui rpare tout. Rafistoleur gnralement dorigine rurale sillonnant les quartiers populaires des villes sngalaises pour proposer ses services. Bol-doff : Littralement gamelle du fou. Borom khandi : Littralement lhomme au ft (deau). Vendeur- livreur domicile deau de borne-fontaine dans les quartiers populaires des villes sngalaises pour les mnages ne disposant pas deau courante. Gnralement ce sont des Maures-noirs qui occupaient ce crneau qui a aujourdhui presque totalement disparu du moins dans les grandes villes du pays. Borom-keurigne : Littralement lhomme au sac (de charbon). Vendeur-livreur domicile de charbon de bois utilis par les mnages pour la prparation des repas ou le chauffage domestique. Ne pas confondre avec le Diallo-Keurigne, appellation donne au vendeur-fixe de charbon que lon retrouve aussi dans tous les quartiers et disposant dun enclos fixe du reste sommaire (avec palissade circulaire en krintting et bche pour protger le produit en hivernage). La gnralisation du nom Diallo tient au fait que le secteur tait largement dtenu par les Peul originaires de Guine-Conakry, filire largement rejointe depuis par les nationaux. Buuju-man : Personne itinrante ou tablie sur un site recevant des dchets (dcharge, PAV), et sadonnant la rcupration dau moins une partie des dchets dits mnagers. Canes : Puits traditionnels creuss dans les zones ou la nappe deau douce est affleurante. LOMBARD parlera dentonnoirs creuss dans le sol. (Voir bibliographie LOMBARD 1963,56) Cars Rapides : Anciens fourgons de marque Renault-SAVIEM, imports par des oprateurs du secteur priv du transport au Sngal. Une fois lhabitacle transform puis quip de siges, ils deviennent des vhicules de transport en commun de biens et passagers qui concurrencent ceux du secteur officiel. Dakar Dem Dikk : Dakar aller retour en wolof. Nom donn aux bus bleus de transport en commun officiels de Dakar. Damel : Titre du roi du Cayor Dahira : Association vocation confrrique implante dans les villes. Dibiterie : Tenancier dchoppe proposant toute heure de la journe et jusqu tard le soir de la viande de buf ou mouton, grille et prte la consommation.

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    Djouti : Taxe locale au Sngal. Daccar : Ecriture parfois utilise pour dsigner la ville de Dakar avant son annexion officielle par les Franais en 1857. Eumb : Linge en tissu denviron 1m2 anciennement utilis chez certains peuples dAfrique au sud du Sahara, pour emballer et transporter les provisions notamment de crales. Ne pas confondre avec lautre signification possible voulant dire femme (femelle) enceinte. Fajr : Aube en arabe Gaanouwaye : Coin toilette sommaire anctre des W-C au Sngal. Il est constitu dun rduit sableux cltur avec deux moellons poss pour recevoir les pieds de la personne accroupie, et parfois un drain sur la terre pour couler les humeurs dchues vers larrire-maison. Gamou : Clbration de la naissance du Prophte Mahomet (PSL). Gnt : Nom wolof dsignant un village abandonn par ses occupants. Diffrent de lautre signification possible du mot voulant dire rve. Gnamou mbaam : Restes daliments destins la nourriture des porcs. Le terme mbaam est aussi bien valable pour le porc, lne, que le sanglier (ou cochon sauvage). Pour marquer la diffrence dans la smiologie wolof, le nom porc est alors associ ladjectif khooukh pour dsigner celui avec le groin, lne ladjectif sff dsignant lanimal moyen de transport et le sanglier l (fort) pour dsigner le cochon sauvage. Gongo : Varit dencens de fabrication sngalaise dont les vapeurs prsenteraient en sus de leurs fonctions traditionnelles (de parfum/rpulsif pour moustiques), des vertus aphrodisiaques. Googoorlu : Se dit du sngalais moyen, salari, indpendant, ou sans emploi, adepte de la dbrouillardise pour subvenir ses besoins et ventuellement ceux de sa famille. Guinaaw Keur : Littralement aller faire ses besoins derrire la maison ou dans les bois proximit chez les populations sngalaises. Harratins : Maures noirs dAfrique de lOuest. Hassanate : Littralement bon points . Peut tre considr en Islam comme une rtribution divine thsaurise pour ici-bas ou pour lau-del pour le compte du bnficiaire. Il rcompense en gnral le croyant accomplissant de bonnes actions (prires et invocations surrogatoires, gnrosit de cur, solidarit et compassion envers son prochain) indpendamment de ses obligations religio-spirituelles (prires, ramadan, aumne annuelle). En wolof, il porte la dnomination Yiiw . Imraguens : Maures noirs dAfrique de lOuest. Laobs : Sous-caste de la classe des artisans. Anciennement spcialiss dans le travail du bois, la tradition leur reconnaissait paralllement quelques pouvoirs mystiques notamment certains en rapport avec la sexualit (confection dencens et autres bijoux rotico-sensuels mais aussi damulettes anti-impuissance ou anti-adultre).

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    Magal : Clbration-plerinage, du dpart en exil du guide fondateur de la confrrie soufie Mouride Cheikh Ahmadou BAMBA en 1895 au Gabon. Masla : Eloge dune compromission, sorte darrangement en complaisance soubassement traditionnel, rpute prvenir et le cas chant attnuer les ventuels conflits caractre social. Mbalit : Appellation sngalaise des dchets solides mnagers. Mbalit toubab : Dchets des blancs , en rfrence aux poubelles des quartiers europens cible de choix pour les rcuprateurs y compris ceux occasionnels dont les enfants en qute de jouets.. Mbd buur : Ruelle du domaine public, anciennement domaine du roi au Djolof. Modou-Modou : Tenancier dun petit commerce, terme aussi bien valable pour les nationaux que pour les expatris exerant dans ce secteur. Mouride : Adepte de la confrrie soufie Mouridya, plus communment appele Mouridisme, fonde par Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927) au dbut du XX sicle. Ndiaga-Ndiaye : Anciens fourgons de marque Mercds, imports par des oprateurs du secteur priv du transport au Sngal. Une fois lhabitacle transform puis quip de siges, ils deviennent des vhicules de transport en commun de biens et passagers qui concurrencent le secteur officiel. Paak ou Paack : Lieu informel de transaction (vente ou achat) de matriaux ou objets dchets. Pinthie ou Pncc : Place centrale dans lhabitat traditionnel group lbou. Il comprend en gnral larbre palabres, la mosque ou espace rserv aux prires et accessoirement une aire de jeu pour les enfants. Kawdir : Marmite traditionnelle sngalaise servant gnralement la prparation du riz. Korit : appellation sngalaise de lAd-El-Fitr fte sanctionnant la fin du Ramadan chez les musulmans. Lbous : Peuplement originel de la Presqule du Cap-Vert. Lk Khaliss : Littralement manger de largent. Senrichir de manire illicite avec largent dune structure quelle soit publique ou prive, professionnelle, associative... Srigne Ndakarou : Titre de Chef de la Communaut lboue de Dakar. Set-Setal : Etre propre et rendre salubre. Slogan utilis lors des initiatives populaires de nettoiement et dembellissement des quartiers Dakar dans les annes 80-90. Sotio : Btonnet en bois coup dune branche ou dune tige de plante. Lextrmit remche sert de brosse dents, parfois en appoint pour ceux utilisant aussi les brosses dents modernes. Sourga : Littralement employ. Toutefois dans le milieu agricole, ce terme dsigne un ouvrier agricole travaillant exclusivement pour un propritaire et qui est rmunr en nature

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    ou en espces. Parfois il peut aussi en compensation de son travail, bnficier dun lopin que lui cde son employeur et quil exploite pour son compte personnel et ventuellement du gte. Soutoura : Discrtion. Tabaski : Appellation sngalaise de lAd-El-Kbir ou fte du mouton sanctionnant la commmoration du sacrifice dAbraham chez les musulmans. Talib : Driv du mot arabe talib dsignant un lve ou tudiant suivant un enseignement religieux musulman, bien que cet enseignement soit souvent (et malheureusement) limit la seule matrise des sourates du Saint Coran. Tatas : habitations traditionnelles des populations du Golfe de Guine. Tampuure : Appellation en zone voltaque de la fosse ou tas fumier recevant les matires organiques destines terme fertiliser les champs de culture. Tangana : Echoppe proposant en journe toute heure, un menu petit-djeuner relev. Tranga : Tradition populaire daccueil et damabilit envers autrui et notamment ltranger . Tiddos : Sous-caste de soldats et courtisans du roi dans la socit traditionnelle et prcoloniale sngalaise. Tidjane : Adepte de la confrrie Tidjania implante au Sngal par El Hadj Malick SY vers 1827. Tilim-tilimeul : Salir dlibrment (en opposition Set-stal). Yakar : Espoir

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    SIGLES ET ACRONYMES

    ADEME : Agence de lEnvironnement et de la Matrise de lEnergie. ACP : Afrique-Carabes-Pacifique. ADM : Agence de Dveloppement Municipal. AFCO : Africaine de Commercialisation. AFD : Agence Franaise de Dveloppement. AMI : Assistance Mdicale Indigne. APRODAK : Haute Autorit pour la Propret de Dakar. ASPROSEN : Association pour la Propret du Sngal. AGETIP : Agence dExcution des Travaux dIntrt Public. APIX : Agence de Promotion des Grands Travaux. AEF : Afrique Equatoriale Franaise. AOF : Afrique Occidentale Franaise. ASC : Association Sportive et Culturelle. BAD : Banque Africaine de Dveloppement. BAHSO : Bureau dAssistance lHabitat Social. BCEAO : Banque Centrale des Etats de lAfrique de lOuest. BCEOM : Bureau Central dEtudes de lOutre-mer. BDS : Bloc Dmocratique Sngalais. BIT : Bureau International du Travail. BOM : Bennes Ordures Mnagres. BPS : Bloc Populaire Sngalais. CA : Commune dArrondissement. CADAK : Communaut dArrondissements de Dakar. CAFAL : Compagnie Africaine de Fabrication dAllumettes. CAM : Complexe Avicole de Mbao. CAMCUD : Coordination des Associations de la Communaut Urbaine de Dakar. CCCEF : Caisse Centrale de Coopration Economique et Financire de la France. CCC : Compte de Crdit Communal. CCIS : Comptoir pour le Commerce International du Sngal. CEDEAO : Communaut Economique des Etats de lAfrique de lOuest. CEDEPS : Centre Dpartemental de lEducation Populaire Sportive. CESAG : Centre Africain dEtudes Suprieures en Gestion. CET : Centre dEnfouissement Technique. CETOM : Collecte-Enlvement-Traitement des Ordures Mnagres. CFA : Communaut France-Afrique. CICES : Centre International pour le Commerce Extrieur du Sngal. CNTS : Confdration Nationale de Travailleurs du Sngal. CNUEH Centre des Nations Unies pour lEtablissements Humains CRD : Comit Rgional de Dveloppement. CSC : Consortium Sngalo- Canadien. CSDD : Centre de Stockage des Dchets Dangereux. CSE : Centre de Suivi Ecologique. CSL : Compagnie Sngalaise de Lubrifiants. CSS : Caisse de Scurit Sociale Compagnie Sucrire Sngalaise. CTDD : Centre de Traitement des Dchets Dangereux. CUB : Communaut Urbaine de Bordeaux. CUD : Communaut Urbaine de Dakar. DASRI : Dchets dActivits de Soins, Risques Infectieux. DDD : Dakar-Dem-Dikk. DID : Dchets Industriels Dangereux. DMB : Dchets Mdicaux et Biomdicaux . DMS : Dchets Mnagers Spciaux.

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    DGTP : Direction Gnrale des Travaux Publics. DPV : Direction de la Protection des Vgtaux. DPW Dpartement des Travaux Publics (USA). DSCOS Direction de la Surveillance et du Contrle de l'Occupation du Sol. DSU : Dchets Solides Urbains. DUA : Direction de lUrbanisme et de lAmnagement. ENDA : Environnement et Dveloppement. ENFOM : Ecole Nationale de la France dOutre-Mer. ENSOA : Entreprise de Savonnerie de lOuest-Africain. ESAM : Enqutes sur les Mnages. FAHU : Fonds pour lAmlioration de lHabitat et dUrbanisme. FMI : Fonds Montaire International. FIDES : Fonds dInvestissement pour le Dveloppement Economique et Social. FOM : France dOutre-mer. FORRF : Fonds de Restructuration et la Rgularisation Foncire. FRHS : Fonds Roulant pour lHabitat Social. FUMOA : Fts Mtalliques de lOuest-Africain. GGAOF : Gouvernement Gnral de lAfrique Occidentale Franaise. GIE : Groupement dIntrt Economique. HAMO : Habitations Modernes. HAPD : Haute Autorit pour le Propret de Dakar. HLM : Habitations Loyers Modrs. ICOTAF : Industrie de Confection Textile en Afrique. ICS : Industries Chimiques du Sngal. ISE : Institut des Sciences de lEnvironnement. ISRA : Institut Sngalais de Recherches Agricoles. LONASE : Loterie Nationale Sngalaise. MEPN : Ministre de lEnvironnement et de la Protection de la Nature. MD1 : Mini-dpt. MD2 : Moyen-dpt. MD3 : Maxi-dpt. MIN : March dIntrt National. MKR : Menuiserie Khadim Rassoul. MTOA : Manufacture de Tabacs de lOuest-Africaine. MUAT : Ministre de lUrbanisme et de lAmnagement du Territoire. NE : Nord-est. NNW : Nord, nord-ouest. NW : Nord-ouest. NEPAD : New Partenariat of African Dvelopment. NIMBY (Not In My Back Yard). Pas chez moi NPI : Nouvelle Politique Industrielle. NSN : Nouveau Systme de Nettoiement. OCB : Organisations Communautaires de Base. OCDE : Organisation pour la Coopration et le Dveloppement en Europe. OHLM : Office National des Habitations Loyers Modrs. OIF : Organisation Internationale de la Francophonie. OM : Ordures mnagres. OMS : Organisation Mondiale de la Sant. ONAS : Office National de lAssainissement. ONG : Organisation- Non- Gouvernementale. ONU : Organisation des Nations Unies. OUA : Organisation de lUnit Africaine. ORSTOM : Office de Recherche Scientifique des Territoires dOutre-mer. IAGU : Institut Africain de Gestion Urbaine.

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    PAD : Port Autonome de Dakar. PADE : Programme dAmlioration Durable de lEnvironnement. PADE : Projet d'Assainissement de Diokoul et Environnants. PAS : Programme dAjustement Structurel. PAC : Programme dAppui aux Communes. PADDEL : Programme dAppui la Dcentralisation et au Dveloppement Local. PAM : Programme Alimentaire Mondial. PANAL : Plan National dAction pour lAssainissement Liquide. PAP : Porte--porte. PAV : Point dApport Volontaire. Dsigne les points de dpt de dchets tablis par lorganisme de collecte officiel. PELT : Projet Eau Long Terme. PCI : Pouvoir Calorifique Infrieur. PCS : Pouvoir Calorifique Suprieur. PDU : Programme de Dveloppement Urbain. PIB : Produit Intrieur Brut. PLASTIDUSTRIES : Plastiques Industriels. PRA : Parti pour le Rassemblement Africain. PRA : Point de Rejet Anarchique. Dsigne les points de rejet de dchets tablis par les populations. PRI : Point de Regroupement Initi, quivalent du Point dApport Volontaire. PSE : Programme Sectoriel Eau. PTB : Petit Train Bleu. REFIOM : Rsidus dEpuration des Fumes dIncinration des Ordures Mnagres. RER : Rames Expressment Rgionale. RGPH : Recensement Gnral de la Population. SAF : Savonnerie Africaine Fakhry. SAGEF : Socit Africaine de Gestion et dEquipement Fonciers. SAPEM : Socit Africaine de Peintures Modernes. SAR : Socit Africaine de Raffinage. SAUR : Socit dAmnagement Urbain et Rural. SCAT-URBAM : Socit Centrale dAmnagement des terrains urbains. SDF : Sans Domicile Fixe. SDE : Sngalaise Des Eaux. SENTEL : Sngalaise des Tlcommunications. SENAC : Socit Africaine de Construction. SENELEC : Socit Nationale dElectricit. SERAS : Socit dExploitation des Ressources Animales du Sngal. SEN : Sngal. SENCHIM : Sngalaise de produits Chimiques. SFIO : Section Franaise de lInternationale Ouvrire. SIAS : Socit Industrielle dAmnagement du Sngal. SICAP : Socit Immobilire du Cap-Vert. SIPLAST : Socit Industrielle de Plastique. SIPOA : Socit Industrielle Pharmaceutique de lOuest Africain. SITA : Socit Industrielle de Transports et dAmnagement. SMICOTOM : Syndicat Mixte pour la collecte et le traitement des O.M. SNCS : Socit Nationale des Conserveries du Sngal. SNHLM : Socit Nationale des Habitations Loyers Modrs. SO : Sud-ouest. SOADIP : Socit Africaine de Diffusion et de Promotion. SOBOA : Socit des Boissons de lOuest-Africain. SOCOCIM : Socit de Commercialisation de Ciment. SODIDA : Socit du Domaine Industriel de Dakar.

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    SOGAS : Socit de Gestion des Abattoirs d Sngal (ex SERAS). SONACOS : Socit Nationale de Commercialisation des Olagineux du Sngal. SONATEL : Socit Nationale des Tlcommunications. SONED : Socit Nationale dEtudes et de Dveloppement. SONEES : Socit Nationale dExploitation des Eaux du Sngal. SOSENAP : Socit Sngalaise de Nattes en Plastique. SOSEFIL : Socit Sngalaise de Filature. SOTRAC : Socit des Transports en Commun du Cap-Vert. SRH : Socit de Recyclage des Huiles. SSPT : Socit Sngalaise des Phosphates de Taba. STAGD : Service Temporaire dAmnagement du Grand Dakar. STC : Services Techniques Communaux. TEOM : taxe denlvement des Ordures Mnagres. TRANSTECH : Transformations Technologies. UCAD Universit Cheikh Anta DIOP. UE : Union Europenne. UNESCO : Organisation des Nations-Unies pour lEducation, la Science et la Culture. UNICEF : Fonds des Nations Unies pour lEnfance. UNIPLAST : Union Nationale des Industries Plastiques. UPS : Union Progressiste Sngalaise. VDN : Voie de Dgagement Nord. VHU : Vhicules Hors dUsage. ZAC : Zone dAmnagement Concerte.

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    LISTE DES PHOTOS

    Premire Partie. Photo 1. Dakar vue densemble : la corniche et lanse de la ville. Source Atlas Jeune Afrique : Le Sngal (46) Photo 2 : Le Plateau vers la fin du XX sicle. Source Archives Nationales. (46) Photo 3. Centre commercial Les 3 C sur le boulevard du Gnral de Gaulle. (49) Photo 4. La Porte du Troisime Millnaire sur la corniche ouest de Dakar. (50) Photo 5. Echangeur et rond-point lentre du Plateau hauteur de la caserne des Sapeurs Pompiers de lavenue Malick Sy . (55) Photo 6. Le cur du Plateau : lavenue Ponty et ses permanents embouteillages en journe. (56) Photos 7 & 8. A gauche Terminus des cars de transport en commun Ndiaga-Ndiaye . A droite, station de Cars-Rapides. (57) Photo 9. Garage clandos dans la banlieue de Dakar. (58) Photo 10. Bus de transport en commun officiels de la socit Dakar-Dem-Dikk (DDD). (59) Photos 11 & 12. Entres des hpitaux Principal et Le Dantec au Plateau. (63) Photo 13. Cuve-poubelle de capacit de 100 L utilis pour contenir les dchets domestiques Dakar. (75) Photos 14 & 15. Cuve-conteneur usage alimentaire destin stocker de leau ou des fluides et liquides. alimentaires. Elle sert aussi parfois contenir les dchets. (77) Photos 16, 17, 18, 19. Quelques exemples de rcipients utiliss pour le stockage des ordures mnagres Dakar. (81) Photo 20. Le quartier rsidentiel hupp des Almadies dans la proche banlieue Dakaroise. (83) Photo 21. Poubelles en fer non rglementaires et bacs ordures standard (1100 L) dans le centre-ville. (85) Photo 22. DAKAR : le Plateau, ou lancienne ville europenne. (97) Photos 23 & 24. Poubelles-corbeilles publiques pour petits dchets Gore. (101) Photo 25. Nouvel immeuble administratif dans le quartier Les Ambassades Fann. (104) Photo 26. Poubelles de fortune dans Pikine irrgulier. (106) Photo 27. Dcharge villageoise sur une route dpartementale dans le secteur de Bayakh vers Kayar. (110) Photo 28. Saloum , village de rcuprateurs sur le site de la dcharge de Mbeubeuss. (122) Photo 29. Objets artisanaux confectionns avec des plaques daluminium provenantde fabriques de la place. (126) Photo 30. Artisans, vritables rcuprateurs, tablis Thiaroye-Gare dans la banlieue dakaroise. (126) Photo 31. Entre libre de la dcharge de Mbeubeuss. (128) Photo 32. Route de Malika releve avec les ordures, lors de sa construction en 1967. (128) Photo 33. Dpt anarchique temporaire de taille moyenne (MD2) au Plateau. (136) Photo 34. Dpt anarchique utilitaire de taille moyenne (5 10 m2) Grand-Dakar (Gueule-Tape). (137) Photo 35. Maxi dpt dordures Colobane. (139) Photo 36. Enfants samusant et chiffonnant dans un maxi-dpt anarchique (MD3) Pikine. (144) Photos 37 & 38. Plages de Dakar entre les annes 1910 et 1950. (148) Photo 39. Dchets domestiques rejets dans le canal qui se dverse sur locan Atlantique. (149) Photo 40. Dchets mnagers accumuls sur la baie de Hann Dakar. (152) Photos 41, 43, 43. Dpts anarchiques littoraux de dchets dans les les de Gore et de Ngor. (154) Photo 44. Incinration artisanale dans un dpt anarchique permanent Pikine. (157) Photo 45. Incinration artisanale dordures Mermoz. (158) Photo 46. Enfouissement artisanal inachev Pikine. (160) Photo 47. Montagnes fumantes de dchets Mbeubeuss. (173) Photo 48. Jeune femme se dbarrassant deaux mnagres sur le rivage Yoff. (179) Photo 49. Rue principale (pntrante) du quartier de Nietty Mbar (Pikine) rgulirement inonde (182).

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    Deuxime Partie. Photo 50. Benne de collecte des ordures de type ROTOPAC, utilise dans les annes soixante Dakar. (191) Photo 51. Camion arroseur-balayeur, utilis dans les annes soixante Dakar. (191) Photo 52. Building administratif Dakar. (207) Photo 53. Dpt anarchique contestataire en formation. (267) Photo 54. Lotissement dans les Parcelles Assainies. (284) Photo 55. Espace attenant la concession gagn sur le domaine public. (288) Photo 56. Gargotes de vendeuses de plats cuisins, attenante un cagibi de jeux et paris. (290) Photo 57. Grilles avaloirs du rseau pluvial progressivement ensables. (321) Photo 58. Axes routiers et trottoirs non stabiliss dans la zone sablonneuse des Parcelles Assainies. (323) Photo 59. Station de traitement des eaux uses de Cambrne, gre par lONAS. (343) Photo 60. Cabine daisance (ou W-C) publique mise en place par lAPRODAK en 2003. (348) Photo 61. Intrieur des cabines avec des toilettes turques amliores. (348) Photo 62. Collecteur deaux pluviales de Grand-Yoff. (353) Photo 63. Boues de curage dgouts, abandonnes in situ vers Grand-Yoff. (354) Photo 64. Grille avaloir destine lvacuation des eaux pluviales, colmate par les dtritus mnagers. (355) Photo 65. Eaux mnagres jetes mme la chausse la Mdina. (356) Photo 66. Mnagre jetant des eaux domestiques dans les regards de collecteur des eaux pluviales. (357) Photo 67. Dalle cimente mise en place par les populations pour lutter contre le vol des grilles avaloirs. (357) Photo 68. Eaux uses industrielles se dversant dans la baie de Hann. (363) Photo 69. Dchets domestiques et polluants industriels sur la plage de Hann. (364) Photo 70. Eaux uses, dtritus et dchets liquides industriels Hann. (364) Troisime Partie.

    Photo 71. Bufs porteurs utiliss pour le transport sur le continent des marchandises au dbut du sicle. (380) Photo 72. Transport dos de chameau au dbut du sicle. (380) Photo 73. Le quartier de Guet-Ndar Saint-Louis aprs un raz-de-mare vers la moiti du 20 sicle. (426) Photo 74. Le quartier de Guet-Ndar Saint-Louis, au dbut du sicle. (429) Photo 75. Le littoral de Dakar au niveau de la Pointe Lazaret (Anse Bernard). (432) Photos 76 & 77. Villages traditionnels dans la presqule de Dakar. (435) Photo 78. Le centre-ville de Dakar au dbut du 20 sicle. (438) Photo 79. Secco darachides Rufisque. (449) Photo 80. Rufisque au dbut du sicle. (452) Photo 81. Une rue de Dakar vers 1910. (454) Photo 82. Une rue dans le village de Hock (actuelle Fann) au dbut du sicle. (464) Photo 83. Le Port de Dakar au dbut du sicle. (466) Photo 84. Avenue Maginot Dakar vers 1945. (483) Photo 85. Le quartier de Fann vers 1945. (484) Photo 86. Paysage bucolique et luxuriante vgtation de marcages et marigots ctiers Hann. (488)

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    Quatrime Partie. Photo 87. Dchets de chantier et gravats dverss dans des dpts anarchiques. (524) Photo 88. Dchets dateliers de rparation abandonns dans un dpt anarchique moyen (MD2) au Plateau. (525) Photo 89. Dchets dlagage darbres abandonns dans un dpt anarchique moyen (MD2) dans le dpartement de Dakar. (529) Photo 90. Dchets dlagage darbres stocks devant la maison dorigine. (529) Photo 91 & 92. Ruelles Gore actuellement. (532) Photo 93. Le centre ville de Dakar vers 1910. Certaines rues sont dj stabilises. (533) Photo 94. Mare dhydrocarbures industriels sur la plage de Hann Dakar. (539) Photo 95. Jour de paie pour le personnel de terrain de la socit de nettoiement AMA-Sngal. (590) Photo 96. Point dApport Volontaire (PAV) pour dchets mnagers Dakar. (614) Photos 97 & 98. Bennes ordures utilise pour la collecte, le transport et la mise en dcharge des dchets Mbeubeuss. (621) Photos 99 & 100. Charrettes de collecte dordures. (624) Photo 101 & 102. Camions avec plateforme arrire peu volumique, utiliss pour le transport des dchets Mbeubeuss. (628) Photos 103 & 104. Transport sur chariots puis stockage des sacs d'arachides Rufisque dans les annes 1930. (632) Photo 105 & 106. Le port de Dakar au dbut du sicle et aujourdhui. (639) Photo 107. Le Petit Train Bleu hauteur de Thiaroye. (641) Photo 108. Image arienne 1. Zone du lac en 1954. (650) Photo 109. Paysage des Niayes aux environs de Dakar dans les annes 1950. (651) Photo 110. Image arienne 2. Vue densemble de la bande littoral nord de la zone du lac de Mbeubeuss en 1978. (652) Photo 111. Image arienne 3. La zone du lac en 1997. (654) Photo 112. Image arienne 4. La zone du lac de Mbeubeuss en 2007. (654) Photos 113 & 114. Images ariennes 5 & 6. Entre actuelle de la dcharge Mbeubeuss. (655) Photos 115 & 116. Images ariennes 7 & 8. Feux spontans de surface (moins dun mtre) et feux de profondeur (10 m). (656) Photos 117 & 118. Images ariennes 9 & 10. Bifurcation lintrieur de la dcharge. (657) Photo 119. Image arienne 11. Front de la dcharge actuellement en remplissage. (658) Photo 120. Image arienne 12. Villages de rcuprateurs installs sur le site de la dcharge. (658) Photo 121. Image arienne 13. Camions traversant la barrire verte, rempart contre lavance de la mer et la progression des dunes littorales. (659) Photo. 122. Image arienne 14. Camions traversant la dcharge et la barrire des filaos pour extraire du sable marin sur le littoral nord. (659) Photo 123. Image arienne 15. Arrive destinationla plage de Mbeubeuss. (660) Photo 124. La dcharge de Mbeubeuss Dakar actuellement. (660) Photo 125. Montagnes fumantes de dchets Mbeubeuss. (661) Photo 126. Image arienne 16. Entre du futur CET entre Ndiass et Sindia dans le dpartement de This sur la Nationale Dakar-Kaolack. (665) Photos 127 & 128. Images ariennes 17 & 18. Casiers en cours de ralisation, avec bassin de captage des lixiviats. (666) Photo 129 & 130. Panneaux interdisant le dpt dordures sur des parkings routier de stationnement provisoire en France. (684) Photos 131 & 132. Rejets sauvages dordures en France. (684)

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    LISTE DES CARTES Premire Partie Carte 1. Dcoupage administratif de la Rpublique du Sngal. (43) Carte 2. Sens des migrations pendulaires Dakar. (61) Carte 3. Division administrative de la rgion de Dakar. (69) Carte 4. Espaces urbains et paysages ruraux de la rgion de Dakar. (70) Carte 5. Rpartition en % des rcipients domestiques de collecte et de stockage des dchets solides dans les quatre dpartements de la rgion de Dakar. (79) Carte 6. Pratique du monostockage initial domiciliaire des dchets solides dans les quatre dpartements de la rgion de Dakar. (83) Carte 7. Dcoupage de la rgion de Dakar en fonction de la collecte. (95) Carte 8. Rapport entre quantits de dchets produites et quantits rellement collectes dans les quatre dpartements de lagglomration dakaroise. (112) Carte 9. Pratique du rejet des dchets mnagers et types de dpts anarchiques pour les quatre dpartements de la rgion dakaroise. (146) Carte 10. Zones littorales touches par les dpts anarchiques de dchets mnagers dans les quatre dpartements de la rgion dakaroise. (152) Carte 11. Pratique de lincinration artisanale des dchets mnagers dans les quatre dpartements de la rgion dakaroise. (156) Carte 12. Pratique de lenfouissement artisanal des dchets mnagers dans les quatre dpartements de la rgion dakaroise. (161) Carte 13. Dispersion des odeurs de la dcharge et vents dominants dans le secteur de Mbeubeuss. (177) Deuxime Partie Carte 14. Situation de la collecte des OM et du nettoiement de la ville de Dakar vers 1962. (190) Carte 15. Situation de la collecte des O.M et du nettoiement de la ville de Dakar vers 1970. (198) Carte 16. Situation de la collecte des OM et du nettoiement de la ville de Dakar en 1971. (204) Carte 17. Situation de la collecte des O.M du nettoiement de Dakar la fin des annes 80. (221) Carte 18. Situation de la collecte de O.M et du nettoiement Dakar en 1998. (233) Carte 19. Localisation des zones dHabitat spontan Dakar. (286) Carte 20. Distribution des dpts anarchiques continentaux de moins de 5 m2 dans la rgion de Dakar. (304) Carte 21. Distribution des dpts anarchiques continentaux de moins de taille 5-15m2 dans la rgion de Dakar. (305) Carte 22. Distribution des dpts anarchiques de taille suprieure 15m2 dans la rgion de Dakar. (306) Carte 23. Rseau routier et voirie urbaine de la rgion dakaroise. (318) Troisime Partie Carte 24. Le Sngal Prcolonial. (403) Carte 25. Localisation des principaux sites archologiques au Sngal. (409) Carte 26. Situation de la collecte des O.M et du nettoiement dans la rgion de Dakar vers les annes 1910, 1925 et 1945. (497) Quatrime Partie Carte 27. Zones de production des dchets solides urbains banals, dangereux et/ou spciaux Dakar. (543) Carte 28. Gomorphologie de la Presqule de Dakar. (534)

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    LISTE DES FIGURES

    Figure 1. Evolution de la population de lagglomration dakaroise depuis 1932. (47) Figure 2. Pourcentage moyen des diffrents modes dlimination des dchets pour les quatre dpartements de Dakar. (164) Figure 3. Composition moyenne des dchets pour les treize zones de prlvement pdologique. (170) Figure 4. Rpartition par dpartement des principaux points de dpts anarchiques recenss dans la rgion de Dakar. (306) Figure 5. Une vue du Djenn de lpoque (Mali). (389) Figure 6. Maison Gore au milieu du 19 sicle. (423) Figure 7. Modle de tinette probablement utilis dans les quartiers europens du Plateau au dbut du sicle. (443) Figure 8. Composition moyenne pondre des dchets solides de lagglomration dakaroise en 2004. (548) Figure 9. Composition moyenne des dchets mnagers en 1980, daprs WANE O. (549) Figure 10. Evolution de la production de dchets solides de la rgion de Dakar. (553) Figure 11. Quantits de dchets produites et collectes selon les priodes. (553) Figure 12. Evolution de la population de lagglomration dakaroise et priode dintervention des structures de collecte. (554) Figure 13. Cot moyen de la collecte Dakar, par habitant et selon les priodes. (569) Figure 14. Dure moyenne dintervention pour les diffrents organismes ayant eu en charge le nettoiement de la capitale sngalaise depuis 1935. (598) Figure 15. Indice dapprciation des rpondants sur les diffrents organismes en charge du nettoiement Dakar depuis 1945. (604) Figure 16. Optimisation du transport des dchets par utilisation des centres de transfert. (631) Figure 17. Centre de transfert modlis pour un quartier de Rufisque. (636) Figure 18. Production de dchets dans les pays industrialiss. (687)

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    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1. Rpartition de la population de Dakar. (47) Tableau 3. Production spcifique moyenne de dchets solides des mnages de lagglomration dakaroise. (89) Tableau 4. Flux moyen des matires annuellement rcupres. (124) Tableau 5. Quantits de dchets dverses quotidiennement Mbeubeuss. (129) Tableau 6. Pourcentage des divers modes dlimination des dchets mnagers pour le dpartement de Dakar. (162) Tableau 7. Pourcentage des divers modes dlimination des dchets mnagers pour le dpartement de Pikine. (162) Tableau 8.Pourcentages des divers modes dlimination des dchets mnagers pour le dpartement de Gudiawaye. (163) Tableau 9.Pourcentage des divers modes dlimination des dchets mnagers pour les dpartements de Rufisque et Bargny. (163) Tableau 10.Pourcentage moyen des diffrents modes dlimination des dchets mnagers pour les quatre dpartements de la rgion de Dakar. (163) Tableau 11. Principaux points de rejets dans locan Atlantique deaux uses domestiques de Dakar et leur charge polluante. (178) Tableau 12. Rpartition des mnages dakarois selon le type de daisance. (340) Tableau 13. Cabines WC publiques mises en place par lAPRODAK (349) Tableau 14. Donnes concernant les DASRI des Instituts Mdicaux de Recherche. (537) Tableau 15. Donnes concernant les DASRI des hpitaux. (538) Tableau 16. Donnes concernant les DASRI des centres de sant et cliniques. (538) Tableau 17. Composition des ordures mnagres de Dakar en 1980. (548) Tableau 18. Cot moyen du nettoiement par habitant selon les priodes dintervention des organismes de collecte. (568) Tableau 19. Production de dchets de lagglomration dakaroise en 1994. (581) Tableau 20. Units territoriales et quantits de dchets extraites par Benrabia N. (582) Tableau 21. Diffrence de chiffres entre deux principaux auteurs statistiques sur les dchets de Dakar. (582) Tableau 22. Evolution des quantits de dchets produites et collectes. (586) Tableau 23. Dure dintervention moyenne pour les diffrents organismes ayant eu en charge le nettoiement de la capitale sngalaise depuis 1935. (598) Tableau 24. Mmento priode Municipalit. (599) Tableau 25. Mmento priode SOADIP. (600) Tableau 26. Mmento priode SIAS. (600) Tableau 27. Mmento priode NSN. (601) Tableau 28. Mmento priode AMA. (601) Tableau 29. Indice de satisfaction des rpondants sur les diffrents organismes de nettoiement Dakar. (605)

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    PLAN Remerciements..2 Glossaire.3 Sigles et acronymes...7 Liste des Photos...11 Liste des cartes14 Liste des figures...15 Liste des tableaux16 Plan...17 Avant propos.18 Introduction gnrale.21 Premire Partie...42 Deuxime Partie185 Troisime Partie367 Quatrime Partie...503 Conclusion gnrale..711 Table des matires724 Bibliographie.....733 Mthodologie.751 Annexes..770

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    Avant-propos Elle est encore bien frache dans mon esprit, cette image de petits artisans dart dakarois,

    fabriquant des jouets avec des berlingots en aluminium. Jtais parti leur rencontre, suite un court reportage que la tlvision sngalaise diffusa dans les annes quatre-vingt. Dans ce document, il tait question de lexistence dans la capitale sngalaise, dun rseau dartisans fabriquant divers objets avec des cannettes de boisson en aluminium rcupres, avec des sacs de jute laisss labandon dans les poubelles et artres de la ville.

    Ce ntait pas le fait quil sagissait parfois denfants, encore en ge de gambader

    insouciamment dans les recoins de Dakar et qui au lieu de cela taient dj insrs dans un systme de production, qui retint le plus mon attention au moment du premier contact. Je les connaissais ces ralits, tout comme je nignorais pas lexistence de cette pliade de mtiers artisanaux presque familiers la cit. Si jtais autant intrigu par leurs activits, cest surtout en raison de la nature de leur matire premire de travail ; des rebuts rejets par la ville et quils rcupraient pour dautres usages ; une vraie rvlation pour ainsi dire.

    En ralit, si je focalisais autant sur ces matires quils rcupraient, cest aussi sans

    doute parce que jtais sous influence de certaines images choc que ce mme tube cathodique distillait depuis un moment ; en provenance de lautre ct du globe, elles minterpellaient tout autant.

    Quelques organisations cologistes par des actions dclat, y tiraient dj la sonnette

    dalarme, dnonant une mise en pril de la plante par homo sapiens. On les voyait en effet sinsurger contre la surexploitation des ressources naturelles conduisant leur rarfaction, fustiger la pollution des cosystmes1 avec en ligne de mire la destruction progressive de la couche dozone. Lpisode du Rainbow Warrior illustrait aussi limbrication de cette nouvelle donne cologique dans les arcanes de la gopolitique internationale. Un lien, mme fin et encore flou, semblait pour moi exister entre ces ralits pour le moins distantes gographiquement.

    Loin de cette effervescence environnementale gostratgique dans les pays industrialiss,

    il existerait dans les nations en dveloppement, de talentueux magiciens capables de raliser partir de riens , divers objets, dont certains dusage courant. Disciples inconscients dAnaxagore de Clazomnes car partageant son fameux principe Rien ne se perd, rien ne se cre, tout se transforme , ces artisans cratifs et astucieux procureraient au petit peuple des produits dutilit quotidienne moindre prix, tout en recyclant des matires usages pour en faire leur matire premire. Peu angoisss par lEpe de Damocls que constituait ce contexte de rarfaction nergtique en occident2, ils semblaient incarner lessence mme de lcologie, une cologie originelle et/ou avant-gardiste, car volontaire et non dicte den haut.

    Sans avoir eu besoin dvoquer la thorie de l effet papillon , cette pratique vertueuse

    me disais-je, pouvait permettre dune part de procurer des ressources financires des populations dmunies, par le biais dune conomie qualimenteraient les dchets. Dautre part, elle contribuerait naturellement rsorber les quantits de dchets produites dans la ville, et devant tre collectes et limines

    1Les naufrages des supertankers Amoco- Cadiz en 1978, puis de lExxon Valdez en 1989 suivis de mares noires catastrophiques, les

    accidents chimiques industriels de Seveso en Italie (1976) puis de Bhopal en Inde en 1984 avec ses 22 000 victimes et celui nuclaire de Tchernobyl (1986) avec son nuage radioactif dfiant les frontires europennes, ou encore la dforestation en Amazonie constituaient alors leur cheval de croisade. 2

    Qui tel quon le verra dans la quatrime partie, est aussi implique dans la question des dchets Dakar.

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    Quelques annes plus tard, au sortir dune petite incursion - immersion dans cet univers des dchets solides urbains Dakar pour les besoins dune tude universitaire, mes convictions et ma vision idyllique de dpart furent srieusement branls et pour cause. En ralit, une bonne partie de la guilde des artisans recycleurs de Dakar qui bnficiait dans limagerie populaire et mme parfois dans le discours officiel, du label cologique recyclage , sapprovisionnait par divers canaux en matire premire quasi-neuve, pervertissant ds le dpart le systme que je me reprsentais si idalement. Sur la centaine dartisans recenss toutes filires confondues (cent cinquante huit), seuls 10% utilisaient rellement des objets ou matires laisss labandon ou provenant des poubelles et destines llimination, autrement dit, les vritables dchets..

    Toutefois, jtais loin de me douter que les questionnements que me suscitrent de tels

    constats-dceptions, allaient me persuader dentamer une thse de doctorat consacre aux dchets solides Dakar. Car paradoxalement et malgr une profonde dsillusion, cest cette supercherie sur le recyclage local de ces matires premires que je trouvais pour le moins atypiques , qui attisa une curiosit aller en solitaire ou indpendant, scruter de plus prs cette nbuleuse, mme si javais sans doute dj pris en sympathie et mon insu ce milieu mpris . Tentant dy voir plus clair, je regardais dsormais diffremment les dchets, ces flots dlments marginaux charris par la ville et ses occupants, jusqu en tre presque happ dans une sorte de spirale cognitive.

    On se retrouve en effet trs vite, spontanment et presque naturellement aux confins aussi

    bien spatial, sociohistorique, technique que gopolitique du dchet, avec ses ramifications parfois subtiles qui offrent celui-ci une tribune mdiatique internationale. On ne peut en effet ignorer au 21 sicle, lheure de lurgence cologique et dune monte en verve du concept de dveloppement durable, que la question dchet est devenue une proccupation universelle. Difficile aussi de faire limpasse sur ses terribles rejetons que sont les dchets nuclaires radioactifs, ou encore ceux toxiques.

    En ralit, en saffranchissant de limites spatio-temporelles, on en arrive mme vouloir

    analyser larbre dchet de ses racines les plus profondes et anciennes, ses lments bourgeonnants les plus rcents. Mais, tel un boomerang, les contraintes, ramnent vite restreindre la curiosit des dimensions plus raisonnables. Dans mon cas, dordre mthodologique, financire mais surtout de temps, ces contraintes mont impos de limiter ltude en profondeur, au cas de la capitale sngalaise.

    Cette contention fut au dpart source de regrets ; mais tout compte fait, le jeu en valait

    largement la chandelle. A ma grande surprise, le dchet dakarois me rvlera en effet une scne souterraine de faits anthropologiques et identitaires, de dynamiques territoriales, mais aussi denjeux socio-conomiques et politiques peu souponns.

    Cest quau-del de ces paramtres, toute la complexit du cas dakarois apparat au travers de la vritable boite de Pandore quil constitue. Par squences, il dvoile au fur et mesure une chane de disqualifications, dincohrences et dapproximations persistantes qui entretiennent un brouillard quasi permanent, autour du dfi multidimensionnel des dchets urbains. Multidimensionnel de par la traditionnelle implication sur cette question de lensemble des faits politiques, dmographiques, conomiques etc., participant ou ayant particip au fonctionnement et lvolution de la ville, mais aussi, de par ladjonction dlments socio anthropologiques parfois immatriels mais trs rvlateurs dans la comprhension de cette question.

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    Fentre ouverte sur un aspect de la vie urbaine souvent peru comme disgracieux, cette tude se propose en quatre parties, daccompagner dans la capitale sngalaise, la ncessaire mue ou transition vers la maturit de ce fils honteux, ce rejeton des cits quest le problme dchet. Longtemps marginalis, il aspire pourtant de plus en plus la lumire, et comme partout ailleurs Dakar aussi, ne se satisfait plus pour sa gestion dans son volution, dapproches officielles lgres qui contribuent le relguer au rang de paria, dinsuffisances qui le maintiennent dans les bas-fonds, veines et espaces dchus , o la jusquici confin la ville qui la vu natre.

    Puisse le lecteur trouver dans les opinions parfois subjectives exprimes dans cet ouvrage,

    (et dont je reste comptable), ainsi que dans les analyses mtriques et /ou quantitatives ralises pour Dakar1, une modeste contribution une meilleure connaissance de cette question encore la trane dans nombre de pays en voie de dveloppement.

    1Voir dtails mthodologiques la fin du document.

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    INTRODUCTION Le rejet massif et non matris de matires rsiduaires diverses non traites, a des

    consquences nfastes sur lenvironnement et les cosystmes. Les pollutions causes dpendront gnralement de la diversit des sources de production, mais aussi des quantits gnres.

    Comme partout, lagriculture et lindustrie locales participent Dakar ce processus de

    pollution des milieux ; toutefois, elles ny endossent pas les plus gros problmes dchets, du fait principalement de leur productivit limite. Un secteur agricole gros producteur des dchets, dcoule gnralement dune agriculture intensive et par ailleurs grande utilisatrice de procds polluants, alors que celui dakarois reste encore largement traditionnel. Quant au secteur industriel, sa charge polluante est limite Dakar par labsence dune industrie lourde. En outre, son caractre peu dense, permet tant bien que mal une dispersion des matires.

    Si lon ajoute cela labsence de pollutions spcifiques au secteur des dchets comme les

    dioxines ou les furanes cancrignes mises par les usines dincinration, ou encore labsence de ces pouvantails que sont les dchets nuclaires et radioactifs en quantit massive, la question du rejet des matires rsiduaires Dakar pourrait donc globalement et priori, paratre largement grable et presque anodine, dautant que la taille de la population et de lagglomration restent assez modeste. Sauf quen sintressant la question, on saperoit de lexistence dun ensemble de tares qui entourent la prise en charge de cette production.

    Lidentification des lments responsables des pollutions les plus visibles dans la ville de

    Dakar, pointe donc la classe des matires rsiduaires dites mnagres ; elle se retrouve invariablement en ple position au chapitre des nuisances hyginiques et esthtiques. Pourtant, bien que constituant prs de 80 % de la production totale de dchets solides de lensemble de la rgion (MEPN-CSE, 2000), la production de dchets mnagers est loin dtre colossale. Malgr la densification spatiale et le volume des activits qui y sont prsentes, la ville denviron 2,5 millions dhabitants, produit une quantit de dchets domestiques et assimils , infrieure 2000 tonnes par jour1. On est bien loin des 6000 tonnes de dchets assimils domestiques que revendique quotidiennement la mgalopole de Lagos (3577 km2, prs de 12 millions dhabitants), ou encore des quantits gnres par le Caire (prs de 2800 km2 et entre 17 et 25 millions dhabitants) qui dpasse allgrement 10 000 tonnes2 dordures par jour grer.

    Depuis quelques dcennies maintenant, les proccupations sanitaires devant accompagner

    une bonne politique de gestion des dchets solides (participant de lhygine et de la sant publiques), ont bien opr un retour en force, la faveur de quelques pidmies aussi fugaces que meurtrires qui frappent pisodiquement la ville. Elles impliquent aussi les lacunes dans la prise en charge des dchets. Mais au-del des traditionnelles approches hyginique et esthtique, cette dmarche sest mme double dune dimension environnementale officielle . Cette dernire entend promouvoir un usage rationnel des ressources naturelles, ainsi quune protection des cosystmes travers une limitation des pollutions lies aux dchets. Pourtant, ces initiatives nont pas sign la fin du joyeux dsordre rudologique : Dakar ne parvient pas se dpartir de cette impression dune ville sous la menace permanente de ses ordures, sous le coup dune cacophonie hyginique qui tranche avec la splendeur de son site.

    La faiblesse et lirrgularit de la collecte officielle, entranent la prolifration de dpts

    anarchiques dordures mnagres qui sont sources dodeurs dinfections et de nuisances esthtiques. 1

    On verra plus tard les raisons qui nous permettent davancer ce chiffre comme hypothse haute. 2

    BUCCIANTI Alexandre (1994). Lexcroissance de la capitale gyptienne . Centre IRD dIle-de-France. In Le Monde septembre1994. Lauteur est par ailleurs correspondant permanent de RFI-TV5 monde dans la capitale gyptienne.

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    La gestion dsastreuse de lunique dcharge de la ville, et labsence de stratgie pour les autres catgories de dchets produites dans la ville, constituent aussi des lments saillants des problmes de prise en charge des dchets Dakar. Ces difficults sont accentues par une offre dassainissement liquide, largement carence.

    Au vu de ce constat peu reluisant, parler de gestion pourrait mme sembler contradictoire.

    Pourtant, on verra que paradoxalement, depuis sa naissance en 1857 jusqu maintenant, la ville et ses habitants -du moins une partie-, nont dans leur itinrance rudologique mouvemente, presque jamais t livrs eux-mmes en matire de prise en charge de leur production de dchets solides. Hormis pour la priode 1857-19001 durant laquelle, cette question tait encore du ressort des populations elles-mmes, malgr la prsence de lautorit franaise.

    Mais aborder la gestion des dchets de lagglomration dakaroise soulve aussi dautres

    interrogations cruciales, connexes la question. Ce sont les rapports homme-milieu auxquels dans leur dialectique avec la ville, administrateurs et rsidents doivent continuellement trouver des rponses ; ces rapports ont des incidences fortes avec ce secteur des dchets.

    La capitale sngalaise qui sur 550 km2 (0,3 % du territoire national) accueille prs de 80

    % de lactivit conomique et industrielle en sus des 30 % de la population du pays, prsente en effet limage de nombre des cits des pays en voie de dveloppement, un visage contrast. Sur la route du dveloppement, elle parvient difficilement joindre une ambition mtropolitaine hrite de la colonisation et calque sur le modle occidental, et une faiblesse conomique qui la maintient distance des villes du Nord. Son volution actuelle reste aussi tiraille entre contraintes globales dcoulant de phnomnes supra continentaux (aussi bien politiques, conomiques, culturels ou encore environnementaux), et spcificits locales Ces facteurs contribuent des degrs divers maintenir la ville dans cette posture intermdiaire souvent synonyme denlisement, entre ralit des faits, hritage urbain et volont des urbanistes et des politiques.

    Il nest pourtant pas besoin dtre plong au cur de la rflexion pour mesurer ltendue et

    lacuit des dfis auxquels Dakar est confronte. Une simple excursion aux quatre coins de lagglomration permet de voir quils rsultent dune absence de matrise de la croissance urbaine (densification du tissu urbain), dont les corollaires pernicieux ont pour noms surpeuplement, occupation anarchique et/ou illgale des espaces et dgradation des milieux. Les effets pervers dune urbanisation non matrise sur lenvironnement et la qualit de vie sont gnralement reprsents par lhabitat spontan (qui reprsente prs de 25 % de lhabitat total) et les activits informelles ; elles sinscrivent en effet dans une cohabitation spatiale quasi prilleuse avec les lots industriels, induisant des risques certains2.

    Cette situation qui a de fortes implications sur la qualit de loffre en services de base,

    rvle qu Dakar aussi, la prise en charge de ce secteur matires rsiduaires est plus complexe quelle ny parat. Longtemps confin dans les marges comme partout ailleurs, le dchet en se diversifiant, sest en effet adapt lensemble des activits et formes doccupation humaines prsentes dans lespace urbain. Sous la bannire de la grande famille des rsidus urbains solides , il a souvent fait corps avec la ville, suivi son volution spatiale et dmographique, sociale et parfois technologique, tout en raffirmant sa mobilit et son omniprsence.

    1La limite infrieure de cet intervalle correspond la date o la Rpublique lboue fut annex, alors que lanne 1900 marque

    approximativement les dbuts officiels du service de collecte des dchets dans la ville de Dakar. 2

    En 1992, lexplosion dune citerne dammoniac dans lusine SONACOS implante dans la zone industrielle de Dakar faisait plus dune centaine de morts, essentiellement des tenanciers dchoppes et de commerces informels. Lanne suivante, une fuite de gaz fut dtecte dans la populeuse zone de Hann, alors que lusine ptrochimique de Shell connu en 1994 un violent incendie toujours dans le mme secteur.

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    Depuis les dbuts de la gestion urbaine, les dchets ont toujours constitu un fidle indicateur de lhygine et de lattractivit esthtique des villes. Pourtant, ce nest que rcemment, au forceps et en rangs serrs (par accumulation, diversification et augmentation) que ce paria arrachera son droit de cit . Dans les pays dvelopps, il imposera un meilleur effort de connaissance et de traitement, et finira mme par endroits en parfait citoyen intgr1 tre intgr aux politiques ciblant le cadre de vie (villes vertes). A contrario dans la plupart des villes des pays en voie de dveloppement, il continue encore sa longue traverse du dsert.

    Lambigut dans la conception des stratgies de prise en charge sy mesure encore

    travers des schmas rsolument antagonistes opposant centres et marges, nobles et marginaux selon le mme systme d'axe de rfrence bien mis en vidence par BERTOLINI2 : le haut le bas, le dessus le dessous, le devant le derrire, le dedans le dehors, le diurne et le nocturne, le centre et la priphrie (marge gographique), le public et le priv. A Dakar, ce systme implique la matire travers trois ralits : les perceptions du dchet (traditionnelles et nouvelles), les outils inhrents sa prise en charge (politiques et quipements divers), mais aussi en amont sa bonne connaissance (production documentaire et littraire).

    1. Acteurs, reprsentations et pratiques dchets . Durant son volution, lhomme fait face aux maladies, infections et agressions

    microbiennes diverses pouvant porter atteinte son intgrit physique, mme si lorganisme dveloppe parfois naturellement des mcanismes de rsistance et de protection. Parmi les procds le secondant dans cette lutte perptuelle, la pratique de lhygine individuelle ou collective, dcoulant aussi bien des mthodes empiriques acquises travers les gnrations et parfois amliores, que des procds novateurs labors par la recherche scientifique et/ou mdicale. En admettant le postulat dune propension quasi-instinctive chez tous les peuples procder dans lacte de propret individuel, un loignement des matires dchues, on peut estimer que cette prise en charge des dchets ds le stade domestique, participe de ce processus hyginique. Cette dimension hyginiste qui constitue le soubassement de leur prise en charge, est continuellement amliore par les techniques mdicales et dhygine sociale. Cest que hormis dtre devenus encombrants, certains des dchets produits par lhomme peuvent se rvler nuisibles. En fonction des conditions, ils peuvent en effet contribuer au dveloppement dorganismes microbiens, ou favoriser la prsence danimaux porteurs de germes (rats, rongeurs etc.).

    Une perception socio-anthropologique quasi-inne fait donc des dchets, des matires

    cibles par le processus sanitaire individuel ou collectif. Dailleurs en se dveloppant, cette dimension sanitaire qui a longtemps confr ces matires un caractre exclusivement nuisible, allait progressivement stendre et concerner toutes les activits impliquant une manipulation du dchet. Pour beaucoup, rimant avec salet dont on doit sloigner, nuisance dont il faut se sparer dans le processus hyginique domestique, le dchet finira mme durant certaines poques, par se rapporter marginalit. A Dakar, lacte domestique de sortir les ordures, encore prioritairement rserv certaines catgories sociales, ou encore le choix parfois nglig du contenant ordures, constituent quelques illustrations de la persistance de cette conception.

    1GOUHIER J, (2000). Au del du dchet, le territoire de qualit . Manuel de rudologie. Presse Universitaire de Rouen et du Havre. 240

    pages. P 26 2

    BERTOLINI Grard, (1990). Le march des ordures : conomie et gestion des dchets mnagers. Paris. Edition LHarmattan. 1990. 205 pages

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    Cette marginalisation apparait de faon encore plus flagrante, sagissant des dclinaisons socioconomiques ou professionnelles entourant le dchet. Les mtiers officiels lis se secteur restent encore peu valoriss Dakar, alors que lactivit de rcupration artisanale des matires contenues dans les dtritus, mme conomiquement rentable, est encore considre comme affaire de pauvres et de misrables. Bien que stant affranchie du diktat terminologique dvalorisant ( mbalitt littralement ordures), elle nest pas pargne par ce caractre honteux qui entoure lunivers du dchet.

    Pourtant, malgr ces prgnants facteurs socio anthropologiques prsidant cette posture,

    dautres perceptions sont appliques aux dchets selon un phnomne de cycle, dpoque et de niveau social. Hormis les unanimes proccupations dhygine qui partout et de tout temps ont particip de leur prise en charge prive et plus tard publique, lensemble des autres perceptions et attitudes qui entourent le dchet sont fonction des postures et stratifications sociales, mais aussi des temps conomiques et politiques. On peut dailleurs, en gardant lesprit certains pisodes socioconomiques et politiques sombres (guerres, rcessions, famines), ou justes dcisifs (sdentarisation, industrialisation), ou encore en intgrant certaines squences climatiques (scheresses, grandes calamits naturelles etc.) qui ont jalonn lvolution du monde, baucher une priodisation rudologique. Elle distinguerait :

    - une priode recule o les foyers de population cohabitaient sans souci avec

    des dchets dorigine principalement domestique. La production juge comme inoffensive car essentiellement organique, tait dans un premier temps naturellement dilue dans les espaces lches. Plus tard, elle sera avec la sdentarisation, voue la fumure sanctionnant une premire utilit.

    - Une priode mdiane dessaimage et dexpansion dmographique. En dpit de la sdentarisation, les productions restes inoffensives ont permis le maintien dune approche traditionnelle dans certains continents Afrique, et probablement Asie, Amrique latine. En Europe et en Amrique du Nord, la densification spatiale et lindustrialisation firent des dchets, des ennemis dclars de lhygine publique. Ces mutations jetrent les bases dune prise en charge hyginiste officielle mais diffrentielle, car dpendant fortement du statut socioconomique des populations. Dveloppement de la rcupration artisanale puis industrielle dune partie des dchets (ferraille, textiles, gadoue...)

    - Et enfin, une priode contemporaine dintgration technico-administrative, mais aussi dultra-diversification du dchet. Ces facteurs maintiennent le dchet dans sa posture paradoxale : il est apprci entre ddain-crainte et espoir. Des problmes lis la prise en charge hyginiste du dchet restent en effet prsents : incinrateurs produisant des dioxines et dchets dangereux rebelles entretiennent les craintes quil suscite toujours. A loppos, malgr la psychose dchet, des considrations conomiques et environnementales officielles signent depuis quelques dcennies, le retour en grce du dchet banal, symbolis par une rentabilisation de masse conomiquement et cologiquement valide.

    Encore sous la coupe dune approche hyginiste, lloignement des dchets a donc toujours

    et en fonction des matires, t relatif ; une forme doptimisation primitive est en effet observe depuis les poques les plus recules de lhumanit, avec des rsidus mis de ct pour une ventuelle rutilisation. On la dit, lexemple du fumier organique vou lamendement des champs et jardins, des restes alimentaires taient destins aux animaux dlevage, alors que divers objets dchus taient gards sous le coude pour dautres ventuels usages.

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    Cette dimension utilitaire voire conomique et lucrative qui depuis, sest largement tendue, concerne maintenant tout rebut ou matriau directement ou indirectement commercialisable, y compris ceux qui pendant longtemps et sous certains angles, furent considrs comme nuisibles ou inintressants. Rintroduites dans les circuits de revente par des corporations ou par les collectivits, les procds de collecte et de prparation de ces matires obissent des logiques de rentabilisation conomique et parfois de prservation de lenvironnement.

    Dsormais, le rejet traditionnel du dchet au nom de lhygine, doit composer avec une

    convoitise conomique plus actuelle, mais aussi avec des exigences cologiques contemporaines qui sont en train de considrablement modifier les rgles. Pratiques de manire non institutionnelle Dakar, ces activits de rentabilisation conomiques, fruits dinitiatives individuelles ou corporatistes, tiennent aussi de raisons exclusivement conomiques. Elles saccompagnent dun ensemble de contraintes dont il importe de mesurer les impacts.

    Hormis la survivance dans la gestion domestique de certains codes dchets traditionnels

    marginalisants, on peut aussi sarrter sur les implications dun certain nombre de reprsentations et postures sociales qui complexifient la gestion publique des dchets de la ville. Parmi elles, celle faisant de lespace public dakarois, un territoire neutre. Parfois jalous et envi du fait de son statut de capitale nationale et de mtropole rgionale concentrant tout au dtriment des autres villes et rgions, il est aussi un peu honni par certains, car ayant t dans un pass encore rcent le joyau de la nouvelle autorit coloniale franaise en Afrique de lOuest. Dsormais, aprs stre invit discrtement depuis quelques dcennies dj dans le domaine des rejets, ce rejet identitaire s'affiche aujourd'hui un peu plus, et au grand jour.

    Toutefois, il semble essentiel avant toute conclusion htive, de sassurer que de tels

    comportements et postures ayant pour support l'espace public, suffisent dans le cas dakarois expliquer cet espace sali. Peut-on limage de ZOA pour Yaound, chafauder sur des problmes actuels de prise en charge publique des dchets, des constructions exclusivement culturelles, pour expliquer la situation ? Doit-on se limiter des seules dductions ethno-anthropologiques, qui pointent croyances, reprsentations et pratiques sociales quotidiennes. Quel sens donner ce dsarroi hyginique nonc par BROUSSE. J. lorsquil estime : Le dchet constitue le symbole de la consommation dans les pays dvelopps, et les signes du dsespoir (dans la prise en charge) dans les pays en dveloppement1.

    En ralit, il semble contre productif de stigmatiser les seules solutions parallles adoptes

    par les populations pour se prserver des nuisances des dchets, en occultant quelles tentent de pallier des insuffisances notoires en matire de prise en charge rudologique institutionnelle, dautant que leur implication dans lesdits processus, devait thoriquement se limiter leur sphre domestique. Rappelons par exemple que pour Dakar, la responsabilit extrieure de la question a depuis prs dun sicle chu aux autorits publiques, depuis que la nouvelle autorit coloniale en avait fait sienne. Il convient donc de poser la question de la mise en uvre des politiques officielles de prise en charge des dchets de la ville sur ledit domaine public, ainsi que ses ventuels manquements. On tentera pour cela, sans afrocentrisme, dapporter quelques ncessaires recadrages spcifiques sur lensemble de la chane de prise en charge Dakar. 1

    BROUSSE J (2005). In Incinration des dchets mnagers : la grande peur . Ed le Cherche Midi 2005 245 p.

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    Laxe de rfrence contradictoire voqu plus haut se retrouve en effet dans les politiques dchets officielles. Bien que soit tablie pour les pouvoirs publics, la ncessit de parvenir une bonne prise en charge des dchets pour des raisons sanitaires, les dclarations sont peu matrialises, alors que les actions rellement entreprises, restent souvent empreintes dune lgret parfois coupable.

    On retrouve le mme son de cloche dvalorisant, chez les spcialistes et/ou administrateurs

    officiels aux conclusions premptoires. Sombrant eux-aussi dans le pige dun univers dchet tout-rebutant, ils se contentent souvent d'associer ce dsordre rudologique de lespace public une ralit particulire lAfrique noire et ses villes dsordonnes . Stigmatise comme tant lorigine des maux de la ville, une frange de la population no-urbaine dorigine rurale dite envahissante , est mme souvent dcrite comme inculte, et inconsciente de ses agissements en matire dhygine. On la dit ngligente et salissante, voire carrment sale, et par ricochet, presque responsable de cette situation de casse-tte lie aux dchets. Populations et ordures mnagres passent alors pour responsables de la situation hyginique proccupante de la ville.

    Aux porte-voix de tels discours, il ne sera pas inutile de montrer en premier lieu que la

    question de la prise en charge des matires rsiduaires solides nest pas quune simple affaire de dchets mnagers domestiques. Les pollutions nimpliquant pas les seules productions domestiques, quid alors des autres producteurs et de leurs productions.

    Sagissant des dchets solides, il existe aussi Dakar, hormis la production domestique,

    une trs grande diversit de dchets, du fait de la multiplicit des secteurs dactivit, (recenss ou non) qui y est prsente. La production de certains de ces secteurs ncessite dailleurs parfois une prise en charge particulire compte tenu de la nature des dchets gnrs. Quant la fraction considre comme assimilable aux dchets mnagers sa production nest pas lapanage des seuls foyers domestiques, mme, si on la soulign, les grands secteurs dtermins ont une production de dchets qui leur est spcifique.

    Pouvoirs publics, gestionnaires et analystes font donc souvent l'impasse sur la part de

    rejets assimilables mnagers mettre au chapitre des activits conomiques diverses prsentes dans l'espace urbain. On retrouve de faon transversale ces dchets, dans le fonctionnement du secteur agricole, du secteur industriel, des activits du tertiaire, y compris dans le commerce de gros ou de dtail, quil soit lgal ou informel. Labsence didentification prcise de cette production, permet dailleurs ces secteurs de profiter des lacunes du systme de prise en charge des dchets, tout en contribuant limiter son bon fonctionnement.

    Si les ordures mnagres constituent Dakar la plus grosse quation-dchet pour les

    autorits et administrateurs de la ville, leur gestion semble pourtant devoir se contenter dapproches au rabais. Principalement axe sur la seule phase collecte-vacuation, cette gestion est mme parfois affuble de procds dun autre temps comme le recours officiel aux charrettes traction animale, sanctionnant ainsi sa relgation tacite. Cest aussi parce quen partie, sagissant de dsapprovisionnement 1 des dchets, ces mmes politiques et experts spcialiss sur la question se justifient en dcriant chez les pays africains une propension simplement transposer chez eux des solutions technologiques pas toujours appropries. Avec le comportement populaire voqu plus haut, cette dmarche a souvent t dsigne comme ayant t la base de lchec des politiques de gestion des matires rsiduaires solides.

    1On a emprunt MAYSTRE ce terme qui convient parfaitement la prise en charge des matires dchues gnres par les populations et

    leurs divers systmes de production. Il soppose lapprovisionnement qui sapplique principalement aux matires dites nobles .

  • 27

    La mise en uvre des processus intgrant lensemble de la chane (collecte, transport, traitement, limination) et de ses acteurs, de mme que la question des infrastructures matrielles ncessaires aux pratiques des populations et leurs moyens financiers doivent tre analyss. Car sil existe bel et bien des textes relatifs la prise en charge des matires rsiduaires Dakar, ni les autorits gouvernementales, encore moins les administrations dcentralises nont dans leurs politiques de gestion urbaine matrialis les indispensables infrastructures devant complter la collecte classique. Leur non intgration dans la gestion territoriale travers les politiques dquipement urbain que ce soit par le biais de laction gouvernementale ou par lentremise des comptences dvolues aux collectivits locales est flagrante : la dotation de la ville en quipements de prise en charge est tout bonnement occulte. Hormis la question de la logistique mobile de collecte, quelle importance a t accorde dans la gestion de lespace de la ville, aux quipements de stockage temporaire des matires rsiduaires solides, ainsi quaux sites ddis leur limination. En dautres termes, o en est Dakar, lheure o lurbanisme oprationnel intgre ces lments (et en parallle aux infrastructures mdicales), au titre de la structuration de lhygine et la sant urbaines.

    Il est lgitime de sinterroger sur les responsabilits dans cette situation des processus

    officiels tronqus ; ils mlent amnagement ou quipement approximatif, voir non-amnagement et dlitement structurel. Lapproche, parfois dangereusement rtrograde sest aussi retrouve confronte des sabotages, et intrigues, manant parfois de la multiplicit dacteurs (Structures paratatiques, ONG, et Associations diverses) revendiquant une expertise dchets, mais jouant pourtant des partitions dissonantes.

    Outre les collisions entre les diffrents intervenants de larmature gouvernementale de

    la prise en charge, signes dune absence totale de visibilit, les mdias font rgulirement leurs choux gras sur les cafouillages des principales structures de collecte et dvacuation des dchets. Issues depuis quelques dcennies du secteur priv, ces dernires interviennent dsormais exclusivement dans ce domaine, au nom dun dsengagement (quon verra approximatif) des pouvoirs publics, dun secteur peu rentable et souffrant encore dune forte marginalisation. En outre, leurs apprciations ne peuvent dissimuler les innombrables lacunes des orientations officielles en la matire, quelles soient rglementaires, techniques ou mme administratives.

    Lanalyse qui sintresse la perversion-dilution du bras excutif de lautorit publique et

    la lgret des approches dchets, implique aussi de poser la question de la dlgation, et du financement du service public : gestion centrale ou supra communale, intervenue avec les processus de dcentralisation, recouvrement de la TEOM qui lui est ddie, contribution des communes, existence de niches rudologiques etc.

    Il sera donc question, de la gestion officielle et institutionnelle du service public

    dchet . Mais cette gestion sera aussi aborde sous langle de lamnagement de lespace : offre de service dans les quartiers structurs ou non, ralisation des quipements gnraux comme les routes, ou spcifiques comme les points de captage des dchets, et leurs impacts dans la prise en charge officielle. En somme, on apprciera la place du dchet, dans les processus damnagement, et de gestion de lespace urbain dakarois.

  • 28

    2. Des faits historiques dterminants. Mme en ayant intgr ds le dpart le caractre multidimensionnel de la question dchets

    Dakar, il paraissait envisageable de limiter lchelle temporelle de ltude une squence plus actuelle, tout en la focalisant sur seuls dchets solides mnagers. Lun des objets premiers de cette tude rsidait en effet en une analyse stricto-sensu de la situation des dchets mnagers dans la ville de Dakar daujourdhui. Toutefois, quelques ralits vite apparues videntes ont impos certains rajustements :

    - la trs profonde implication dans cette question bien actuelle, de facteurs

    historiques essentiels mais souvent ignors, - et limpossibilit dans le cadre de cette thse, de dissocier ou disoler llment

    dchet mnager de lensemble dchets solides urbains. Cest dailleurs cette mme logique qui son tour, a fait dilater lanalyse dchet, aux

    fluides rsiduaires urbains et lanneau plus largi des pratiques sociales dhygine. Parce quaussi certains auteurs ont imput cette situation proccupante des dchets dans les villes du Sud aux habitudes hyginiques de leurs populations, une telle rorientation simposait en vue de rendre lanalyse plus complte et pertinente.

    Comme on sy attendait, lanalyse historique savra complexe du fait de la raret des

    crits spcifiques la zone dtude. L effort mthodologique supplmentaire que requit la double extension dchets mnagers dchets urbains, et dchets urbains pratiques sociales dhygine, rendit aussi le travail plus fastidieux. Mais, ce travail se rvlera par la suite salutaire, notamment pour lapproche historique : la question des dchets, encore non diffrencie jusquau dbut du XIX sicle ne pouvait en effet tre aborde que sous les angles gnraux de lhygine et de la sant.

    Cest donc en les mettant progressivement en vidence au fil des recherches, quon sest

    aperu, qulments et vnements passs et/ou enfouis, staient parfois largement invits dans cette question des postures sociales et autres disqualifications rudologiques. Bien qutant longtemps rests discrets, ils taient en effet largement impliqus dans cette problmatique, et ont mme parfois t dcisifs. En interrogeant son pass contemporain, on sait que pour un pays comme le Sngal, certains faits historiques majeurs, aujourdhui sous le coup de la prescription, ont induit des consquences notables sur son devenir conomique, social, culturel, infrastructurel. Au chapitre de ces faits prgnants, la priode de la colonisation franaise aura constitu dans la question dchets, un tournant bien plus dcisif que ne le fut mme lesclavage dans son acception de traite : quelle fut arabo-musulmane ou Atlantique, elle na que trs peu dsaronn lassise hyginique (individuelle et collective) des populations. A limage dune monoculture arachidire exclusive, impose au monde rural pour les besoins de lexportation, la phase dite premire de la colonisation franaise au Sngal sest traduite jusqu la fin de la Seconde Guerre mondiale, par une main basse inique et quasi systmatique sur les biens et mcanismes de production des populations. Sagissant des infrastructures qui y furent ralises, elles participaient dune politique gnrale dquipement des territoires dAfrique noire, devant directement servir les intrts de la mtropole. Pouvait-on ds lors sattendre une exception sur le plan des quipements haute teneur sociale.

    On verra plus clairement que pour lpoque, on se situait en matire dassainissement et de

    prise en charge des dchets en particulier, dans une dynamique sgrgationniste voire oppressante de la puissance coloniale en la matire, mene lgard dun segment de la population rsidente, sous le manteau de politiques hyginistes. Et cela, quon ait analys la question sous un angle idologique, doctrinal, politique, ou technico-administratif (amnagement urbain, gestion de la sant publique).

  • 29

    Les mmes instruments de coercition militaro-administratifs qui ont aid soumettre socio conomiquement le continent, serviront aussi rpercuter, puis asseoir une politique de supriorit raciale, visant mme les fondements du dispositif hyginique traditionnel des peuples domins.

    Cest dire quune bonne partie de lhistoire rcente de la question des dchets solides

    Dakar se confond avec celle de loccupation progressive de la ville par les officiers franais dAfrique avec leur tte le Commandant de la Marine PROTET. Trs tt mises en uvre par lautorit coloniale, les initiatives dchets seront menes par le biais dune approche discriminatoire, quelle ait t mdicale ou pidmiologique. Au moment de sa mise en place officielle, ce service relevant principalement de lhygine, fut en effet instrumentalis aux fins dune politique sanitaire discriminante lendroit dune frange de la population dite indigne1, qui sen est retrouve de facto exclue. Une adaptation ultrieure des schmas appliqus dans les plus anciennes villes coloniales comme Saint-Louis, Rufisque ou encore Gore linsulaire.

    Malgr les promesses damlioration de la sant des populations locales, prnes lors de la

    seconde phase coloniale, ces mthodes de gestion discriminantes seront pourtant maintenues travers notamment des artifices spatiaux bien labors. Pour la dimension historique des disqualifications, une extension simpose donc dsormais au domaine longtemps considr comme peu essentiel : celui de la gestion officielle des dchets pour lhygine publique. En vrit, cette approche technico-spatiale applique aux territoires coloniaux en matire de prise en charge des rsidus, trahit aussi des processus de relgation du dchet plus gnraux et disons le, pendant longtemps ancrs dans les mentalits. Un rapide point sur la documentation rudologique confirme ce constat.

    3. Une prsence thmatique encore timide.

    3.1 De la quarantaine un effort dintgration.

    Si le dchet a toujours accompagn la vie de lhomme, il na pas de tout temps, mrit son

    attention encore moins celle des institutions et administrations, quelles soient anciennes ou modernes. Tardivement approch, il sera intgr aux programmes ou ralisations technico-administratives, pour des raisons principalement hyginistes (pidmies, maladies). Cest lentre en scne des logiques conomiques (limitation des cots de prise en charge et dlimination, rentabilisation conomique) qui lui vaudra ce regain dintrt. Dans les pays industrialiss du Nord, la crise du secteur de lnergie dans les annes 1970, suscita aussi les premires tudes sur le potentiel nergtique des dchets.

    Depuis, ce secteur y a drain vers lui, chercheurs et dcideurs, quils soient

    gouvernementaux ou indpendants, mais aussi entreprises et industriels, pour une problmatique qui entretemps sest nettement complexifie, avec ladjonction de pendants nuclaire, toxique ou encore radioactif . Il est loin le temps ou dchet ne rimait quavec les paires : ordures domestiques et marges, salet et maladies, petites gens et misreIls en seraient tout retourns, ces prcurseurs des crits littraires sur les dchets.

    Ces prcurseurs ont pour nom PAULIAN L qui avec La hotte du chiffonnier sintressait

    dj et sans ddain en 1896, au mode des vie des populations sadonnant la rcupration des dchets. FONTAINE A en sortant en 1903 Lindustrie du chiffon Paris, relevait la nature des proccupations conomiques que suscitaient dj cette poque les immondices.

    1Pour Delafosse, ce terme tait rserv aux individus ns en Afrique et ne possdant ni le statut de citoyens de la nation souveraine ou

    suzeraine ni le statut dune autre nation constitue en Etat indpendant reconnu.

  • 30

    Sans tre spcifiquement orient sur la question dchets, MUMFORD L nous donnera plus tard dans son indispensable ouvrage La cit travers lhistoire (1964), quelques aperus sur la place et la perception des ordures dans la socit urbaine occidentale antique, puis dans celle contemporaine. En suivant la trane des dchets dans lvolution des villes, il donne de fragmentaires mais essentielles informations en la matire. Mme si lon peut regretter que lauteur nait pas intgr dans son analyse les continents africain, asiatique ou encore lespace latino-amricain, il fit nanmoins partie de ceux qui balisrent la voie au monde de la recherche qui quelques annes plus tard, ouvrait enfin et timidement ses portes au dchet.

    Cest durant la priode de laprs Seconde Guerre mondiale et surtout la fin des annes

    soixante (Trente Glorieuses), quun plus grand nombre dtudes spcifiques consacres aux dchets verront le jour. La croissance des rejets concidait alors avec le fabuleux boom technologique qui, faisant suite celui dmographique, posait en occident lacte fondateur dune socit propension sur-consommatrice. La masse sans cesse croissante des dchets appelant une meilleure prise en charge, les pouvoirs publics des pays dvelopps dEurope et dAmrique du Nord, se sont alors davantage impliqu dans cette question. Ils adjoindront au volet conomique de la gestion classique des dchets (cots de traitement), une dimension plus cologique ciblant, la prservation de lenvironnement, et/ou lamlioration de la qualit de vie des populations.

    Parmi les auteurs-rfrences ayant particip ce renouveau, on peut citer en France,

    GOUHIER J qui, dans Elments pour une gographie des dchets (1972), abordera en premier ces lments ignors du paysage dans son terroir de la Sarthe, devenant par la mme un des pionniers de la recherche fondamentale sur les dchets dans lhexagone. Lauteur universitaire jetait ainsi les bases de la Rudologie en tant que discipline part entire et publiera en 2000 : Au-del du dchet, un territoire de qualit , manuel dinitiation tout public. Il sera aussi la base de la cration du GEDEG (Groupe dEtudes Dchets et Espaces Gographiques), outil interdisciplinaire de recherche en la matire.

    BERTOLINI G toffa notablement les connaissances en sortant les classiques et

    incontournables Rebuts ou ressources : la socio-conomie du dchet (1978) ; Eau, dchet et modle culturel (1983) ; Homo plasticus, mes plastiques dfi cologique (1991) ; Le march des ordures (1998) ou encore le dsormais collector Dchets et design : les ambassadeurs du futur dans lequel il offre une vision presque surraliste de la mutation venir de labject.

    Lcole helvtique aussi ntait pas en reste avec entre autres publications celles de lEPFL

    (Ecole Polytechnique Fdrale de Lausanne). DISERENS T prsentait en 1985 Etude de la composition des rsidus urbains solides confirmant ainsi la caution ingnierie pour la discipline. Plus tard en 1994, MAYSTRE L-Y (prsent dans lunivers dchet depuis la fin des annes 70) lui embotera le pas et sappesantira sur les aspects techniques dans Dchets Urbains, Nature et caractrisations. Il tablira aussi quelques dfinitions en distinguant notamment la nature conomique du dchet, de sa teneur juridique, qui son tour se dmarque de sa ralit matrielle.

    Lmergence du mouvement cologiste au lendemain des premires catastrophes de lre

    moderne, ayant caus de svres dommages sur lenvironnement, contribua aussi attirer autour de limmondice, quelques indpendants aux mthodes parfois atypiques. Greenpeace, organisation militante la double casquette environnementale et pacifiste fonde Vancouver (Canada) en 1969, se fera ainsi remarquer par son implication dans des problmatiques diverses et varies allant de lnergie au climat en passant par la pollution des ocans, la destruction des forts (gaz effet de serre, rgression de la faune et de la flore)

  • 31

    Des spectaculaires campagnes de protection despces animales (baleines, phoques..) aux fortes mobilisations contre les essais nuclaires ou encore limmersion des dchets (notamment radio- actifs), elle finit par devenir le porte-tendard de la mouvance colo. Actualis avec des problmatiques telles que les OGM, le positionnement de lorganisation sest aussi fait plus contigu aux ralits des rejets des populations.

    Son rayon dintervention et son champ dinvestigation se sont en effet tendus au pril

    dchets et par ricochet la surconsommation qui en constitue une matrice essentielle. En marge des actions dclat que mnent rgulirement ses cowarriors contre le nuclaire et ses drivs dchets, elle publie aussi quelques pamphlets contre les pollutions et affections lies au fonctionnement des installations de traitement des dchets dits banals. Zro dchet ou encore Incinration et Sant constituent ainsi autant de plaidoyers en faveur dune rduction la source des dchets, quils militent contre les incinrateurs cracheurs de dioxines ou fustigent les dcharges brutes de dchets, vritables scandales cologiques lheure de la protection de lenvironnement. Toutefois, aux antipodes de cette excitation militante, certaines analyses-pavs limage de celle dun TIERNEY J pourfendeur du tout-recyclage , incitent la prudence en la matire1.

    Sur le plan institutionnel, les pouvoirs publics occidentaux intgrent dsormais la

    problmatique dans les politiques officielles et recherches dont ils assurent parfois le financement. Le gouvernement franais initiera ainsi nombres dtudes par lentremise de la Direction de lAmnagement du Territoire et de lAction Rgionale (DATAR cre en 1963) puis avec le ministre de lEnvironnement. Plus tard, cest lANRED (Agence Nationale pour la Rcupration et lElimination des Dchets (1976) qui sera charge de coordonner les actions en la matire avant son remplacement en 1990 par lADEME (tablissement public caractre industriel et commercial, plac sous la tutelle des ministres de l'Amnagement du Territoire et de l'Environnement, de l'Industrie et de la Recherche), avec un rayon daction plus largi.

    Sur le continent amricain aussi, on vit la naissance du CRDI qui au Canada, sintresse

    ces questions alors quaux USA tait mise sur pied lAgence de Protection de lEnvironnement EPA- cre en 1970 pour protger la sant et la nature des amricains) qui en fait, prenait la relve du programme Solid Waste Disposal Act (1965). Elle exprimentera entre autres la mthode intgre de gestion des dchets (Integrated Waste Management) dans certains Etats de l'Union.

    3.2 Et Pour Dakar Si les conditions de nos premiers contacts avec lunivers du dchet dakarois furent on la

    dit, assez fortuites, la curiosit qui en a dcoul de mieux connatre son fonctionnement, a t largement motive par deux aspects principalement lis la faiblesse pour Dakar, dtudes et analyses spcifiques ce secteur.

    Le premier assez actuel a trait un large dficit en analyses critiques et tudes en

    profondeur sur la situation prsente, le long de la chane de prise en charge Dakar, bien quil sagisse dun service devant aussi bnficier de telles attentions en vue dune amlioration de la qualit des prestations. Quant au second plus historique, il dcoulait aussi de la quasi inexistence dcrits sintressant lvolution de cette question dans lentit dakaroise depuis sa formation. Pourtant en la matire, le pass de la ville fournira on le verra, des informations qui savreront dterminantes dans la comprhension de certains faits actuels touchant la question dchets. 1

    TIERNEY J