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1 RITE FRANCAIS L’ELEVATION A LA MAÎTRISE Ou SYMBOLIQUE DE LA MORT ET DE LA RESURRECTION °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° N e crains rien, c’est moi, le Premier et le Dernier, le Vivant: J’ai été mort, et me voici, Vivant pour les siècles et les siècles, détenant ma clef de la Mort et de l’Hadès” (Saint Jean. Apocalypse I-17/18 ) ************* AVANT-PROPOS L'élévation à la maîtrise peut apparaître à certains points de vue, comme l'aboutissement d'une réalisation personnelle, dont chaque maçon s'évertue d'atteindre, à son rythme, dès son entrée dans l'Ordre. Encore faut-il, comme pour les grades précédents, que nous en ayons saisi le message et assimilé le sens profond, ce qui pourrait s’intituler “Le Pourquoi du Comment”, formulation pour le moins lapidaire qui mérite, pour le moins, quelques explications. La Franc-maçonnerie est le refuge privilégié aujourd’hui de l’ésotérisme. Elle est la spiritualité. En effet, la Franc-maçonnerie” nous propose la voie d’une quête spirituelle où tout homme de bonne volonté a la possibilité de se réaliser. La mise en oeuvre de cette sublime voie se fait à travers différents rites dont les rituels sont l’expression. Ces rituels maçonniques dont le fond, sinon la forme vient de la nuit des temps, se fondent sur le symbolisme et plus particulièrement celui des anciens constructeurs. De fait dans leur traduction visuelle, gestuelle et sonore, ils sont des symboles mis en action, dont la complémentarité agissante a pour but de procurer certains effets sur ceux qui en sont d’assidus et convaincus pratiquants. Mais l’obtention de tels effets, au coeur de l’intériorité de chaque participant, nécessite deux conditions préalables sans lesquelles le processus intuitif de la portée du symbole ne pourra s’effectuer. La première de ces conditions est le respect scrupuleux et rigoureux de la forme. Dans un rituel, au-delà de l’ordonnancement des lieux, chaque mot dit ou entendu, chaque geste fait ou vu, chaque situation créée dans un environnement donné, chaque attitude prise, chaque objet présenté, chaque décor figé ou porté, rien, absolument rien, n’est gratuit. Tout à un sens, tout, absolument tout est signifiant pour le but recherché: la réalisation de l’initié. D’où la nécessaire immutabilité de nos rituels sous peine de ne jamais retrouver en soi ce qu’il peut nous offrir. Apprendre à “comment faire” et ” bien le fair e” telle est donc la première condition.

L'Elevation a La Maitrise

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RITE FRANCAIS

L’ELEVATION A LA MAÎTRISE

Ou

SYMBOLIQUE DE LA MORT ET DE LA RESURRECTION °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

“ N e crains rien, c’est moi, le Premier et le Dernier, le Vivant: J’ai été mort, et me voici,

Vivant pour les siècles et les siècles, détenant ma clef de la Mort et de l’Hadès”

(Saint Jean. Apocalypse I-17/18 ) *************

AVANT-PROPOS L'élévation à la maîtrise peut apparaître à certains points de vue, comme l'aboutissement d'une réalisation

personnelle, dont chaque maçon s'évertue d'atteindre, à son rythme, dès son entrée dans l'Ordre.

Encore faut-il, comme pour les grades précédents, que nous en ayons saisi le message et assimilé le sens

profond, ce qui pourrait s’intituler “Le Pourquoi du Comment”, formulation pour le moins lapidaire qui

mérite, pour le moins, quelques explications.

La Franc-maçonnerie est le refuge privilégié aujourd’hui de l’ésotérisme. Elle est la spiritualité.

En effet, la Franc-maçonnerie” nous propose la voie d’une quête spirituelle où tout homme de bonne

volonté a la possibilité de se réaliser.

La mise en oeuvre de cette sublime voie se fait à travers différents rites dont les rituels sont l’expression.

Ces rituels maçonniques dont le fond, sinon la forme vient de la nuit des temps, se fondent sur le

symbolisme et plus particulièrement celui des anciens constructeurs.

De fait dans leur traduction visuelle, gestuelle et sonore, ils sont des symboles mis en action, dont la

complémentarité agissante a pour but de procurer certains effets sur ceux qui en sont d’assidus et

convaincus pratiquants.

Mais l’obtention de tels effets, au coeur de l’intériorité de chaque participant, nécessite deux conditions

préalables sans lesquelles le processus intuitif de la portée du symbole ne pourra s’effectuer.

1°La première de ces conditions est le respect scrupuleux et rigoureux de la forme.

Dans un rituel, au-delà de l’ordonnancement des lieux, chaque mot dit ou entendu, chaque geste fait ou

vu, chaque situation créée dans un environnement donné, chaque attitude prise, chaque objet présenté,

chaque décor figé ou porté, rien, absolument rien, n’est gratuit.

Tout à un sens, tout, absolument tout est signifiant pour le but recherché: la réalisation de l’initié.

D’où la nécessaire immutabilité de nos rituels sous peine de ne jamais retrouver en soi ce qu’il peut nous

offrir.

Apprendre à “comment faire” et ” bien le faire” telle est donc la première condition.

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2°La deuxième condition tient au “pourquoi de ce comment”.

L’homme, cet animal pensant ne saurait agir sans comprendre, sans donner du sens à ce qu’il fait.

S’imposer” le bien faire”, sans en connaître la portée, amoindrirait considérablement l’effet assigné,

d’autant que l’aspect répétitif d’un rituel non-perçu dans sa signification profonde, transformerait

rapidement l’ardent engagement en une habitude sclérosante.

C’est la raison pour laquelle, il nous est nécessaire de donner du sens à ce que nous faisons.

Faute de quoi, nos tenues prendraient rapidement un aspect «carnavalesque», source de doutes et de

renoncements fort regrettables.

Mais ici, soyons clairs, il n’est pas question d’intellectualiser le rituel, comme d’ailleurs, lui-même

nous l’enseigne en nous indiquant:

“Que nos symboles n’expriment pas des idées abstraites....”

Cependant, il nous conseille également:

“ Que c’est par nos propres méditations” (que nous pénétrerons) “toujours plus profondément ce

sens” (ou pour mieux dire, qu’il pénétrera toujours plus profondément en nous) « et que c’est là le

résultat essentiel” (que nous devons) “attendre du travail maçonnique”.

C’est ce travail qu’il nous faut, à chaque instant, accomplir en espérant trouver à travers nos réflexions

et nos méditations partagées, le “Pourquoi” du” Comment” de nos rituels, dont seule l’appréhension

du sens profond de nos cérémonies doit nous permettre d’atteindre l’objectif impérativement assigné:

« S’efforcer d’élever dans son coeur, le Temple de la Divine Présence”

***************************

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DONNONS DU SENS AU SENS

“Heureux ceux qui lavent leurs vêtements pour avoir droit à l’arbre de Vie, et entrent dans la ville par les portes » (Saint Jean. Apocalypse 22-14)

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I. Introduction La symbolique de la mort et de la résurrection constitue le coeur de toute initiation.

Les rites et pratiques maçonniques en sont, parmi d’autres, une exemplaire expression.

Mais avant de s’efforcer de restituer leur sens à des mystères qui, parfois, peuvent être pratiqués sans être

pleinement compris, il convient au préalable de présenter trois observations:

1° La Symbolique de la Mort ne concerne en rien la survie indéfinie de l’âme après la cessation de la vie.

La symbolique de la mort et de la résurrection n’a pas pour objet de ramener un mort clinique à la vie

biologique, mais (de) faire éclore une âme non éveillée à la vie de l’esprit. (La maçonnerie “école de

l’éveil”)

2° La Symbolique de la Mort, point crucial et ultime de toute symbolique, n’est pas immédiatement

accessible à l’initié. Bien que sous-jacente, elle ne lui est donc pas présentée lors de sa première réception.

Un Franc-maçon n’est “élevé “au grade de Maître, qu’après avoir été “reçu” Apprenti, puis avoir “vu”,

comme Compagnon “l’Etoile Flamboyante.

Affirmer avoir “vu” le pentagramme, c’est proclamer par là même en avoir compris le sens.

Cette nécessité est un passage obligé vers la maîtrise, il importe donc de rappeler sommairement

l’enseignement transmis par le truchement du Pentacle: cet enseignement peut se résumer en trois

propositions

1. Le pentagramme représente le fonctionnement de l’esprit humain, sain ou malsain, selon qu’il est

figuré droit ou inversé.

2.. L’homme post-adamique n’est que figure inversée.

Homme banal (ou profane) il a perdu son origine, comme le figure la rosace Nord des cathédrales

d’Amiens ou de Sens: sous forme d’étoile inversée.

3. Toute démarche initiatique a pour objet de redresser la “figure”, de retourner le Pentagramme inversé

pour qu’il se trouve à nouveau droit.

Toute démarche initiatique tend à un retour vers la Lumière. À la reconnaissance du « Verbe »en soi.

La dialectique des ténèbres et de la lumière domine toute recherche ésotérique.

Les rituels maçonniques démontrent clairement que l’on ne peut accéder à la lumière qu’en chassant les

ténèbres (ainsi on ôte le bandeau pour permettre à l’initié de passer de la cécité à la clairvoyance)

3° Après avoir compris et assimilé le sens de “ Vu l’Etoile Flamboyante”, il appartient de le réaliser.

Tel est l’objet de la maîtrise, et, plus précisément, de la symbolique de la Mort et de la Résurrection. (1)

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- (1). Le terme latin « ressurrrectio » ne signifie nullement renaissance corporelle après la mort réelle, mais redressement, action de

se remettre debout (cf. la cérémonie d’Elévation)

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II. HIRAM ou « La Mort programmée » A.La symbolique de la mort et de la résurrection.

Elle est commune à bon nombre de populations des sociétés dites “archaïques “.

Dans toutes les parties du monde, leurs adeptes célèbrent de véritables mystères auxquels on n’est admis

que par voie d’initiation.

L’élément le plus fréquent est fourni par la simulation d’une mort suivie d’une résurrection et quelquefois le

passage au trépas est figuré par une mise au tombeau. Il en est de même chez certains religieux lors de la

prononciation de leurs voeux définitifs.

Le message transmis par ces mystères est d’une importance capitale et présente pour tous les hommes de

toutes les contrées et de toutes les époques un caractère universel.

Le thème de la mort et de la résurrection est en effet constant dans toutes les pratiques ésotériques: on le voit

parfois surgir dans une image ou au détour d’un jeu comme celui du Tarot (XIIIe arcane), constituer la

trame directrice d’une pratique hermétique comme l’Alchimie, où s’épanouir dans une prodigieuse

symbolique extériorisée (la symbolique Chrétienne) avec la Passion et la Résurrection du Christ.

`Le récit mythique de la « mort programmée » du Maître Architecte Hiram relève de cette filiation, associé à

celui d'une tradition primordiale.

B. HIRAM

Le nom d’Hiram est attribué à deux personnages légendaires que l’on ne doit pas confondre.

Le premier, roi de Tyr est cité dans le premier Livre des Rois (Chap.5) et dans le second Livre des

Chroniques (Chap. 2). Il intervient peu dans le mythe maçonnique.

Le second personnage est Hiram Abi, c’est-à-dire Maître Hiram. Il apparaît dans les mêmes livres des Rois

(I. Chap.7) et des Chroniques (II. Chap.2).

Hiram Abi est peu à peu devenu le personnage essentiel des rituels maçonniques.

Il apparaît dans la spéculation maçonnique du XVIII° siècle au sein des loges soucieuses de créer un rituel,

une liturgie et un mythe à l’image des bâtisseurs primordiaux.

Lors du passage à la maîtrise, la Loge met en scène un véritable psychodrame dans lequel le compagnon,

futur maître, joue le rôle d’Hiram assassiné, enseveli et ressuscité d’entre les morts, où la mort est associée

au retour à l’état prénatal, thème central de l'enseignement initiatique.

La mort du maître en Loge est symbolique. Combat de la lumière contre les ténèbres, du bien contre le mal.

Elle présente l’homme « accomplisseur » comme seul essentiellement vivant parmi la multitude des

hommes qui se « meurent » faute de savoir, à son exemple, surmonter victorieusement les conflits de l’âme.

Elle est passage et résurrection qui réactualise le mystère originel.

La mort initiatique est la répétition du drame primordial de la « Chute » qui rappelle la nécessité de la mort

à la conscience ordinaire pour accéder à une autre conscience de l’Univers.

C’est cette renaissance qui est symbolisée dans l’Evangile de Jean (12/24) par l’image du grain qui doit

mourir afin de devenir épi.

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Osiris, Orphée, Christ, Hiram mènent le même combat.

Mais tout ce qui se passe est inscrit dans le plan divin.

Hiram doit faire mourir en lui « le vieil homme » afin de renaître, en chacun de nous, de la mort de l’âme

Si nous nous situons dans cette perspective la Passion d’Hiram illustre la nécessité :

Hiram doit mourir pour renaître. Il n’y a pas d’alternative.

Hiram va revoir le jour. La chair quitte les os. Il renaît radieux et plus fort que jamais en la personne du

nouveau Maître qui va pouvoir découvrir que son corps mortel abrite le sublime mystère immortel et

essentiellement divin ainsi que l’attestent les Proverbes (20/27) en disant : « L’âme de l’homme est une

lumière de l’Essence divine »

La finalité de la « Passion » d’Hiram et sa projection symbolique sur le nouveau Maître c’est donc bien de

faire naître son humanité à l’Esprit

Naître à l’Esprit, c’est naître à Dieu qui est Esprit ;

Esprit transcendant en soi, et Esprit immanent en nous, en toutes choses. (cf. Gen.1/2)

III. Naître à l’Esprit La quête spirituelle du maçon, s’il a compris et saisi le sens profond de son initiation, lui propose une

destinée héroïque dont la finalité véritablement divine est de retrouver l’état de parfaite déiformité de

l’homme primordial. (cf. la notion de « Pierre Parfaite »)

Il est donc appelé à cultiver cet état en vue de l’absorption active de son être en Dieu (« Ma force est en

Dieu »)

Nonobstant la matérialisation exponentielle, du monde et une époque d’extrême obscurcissement spirituel

l’empreinte de Dieu n’a pas disparu de l’homme ; celui-ci est resté Son « image » fût-elle terriblement

déformée.

À partir de cette grâce innée, l’être humain, et donc le maçon, est en capacité de se relever de son état de

chute et redécouvrir « La Parole Perdue » (ou Eden) au tréfonds de son cœur où la « Divine Présence » se

trouve comme ensevelie (cf.la notion de Temple spirituel)

Le but de l’initiation, et ses supports rituels, est donc bien destiné à relier spirituellement le maçon (homme

charnel) à l’Etre divin (cf. la notion du chemin vers le Centre)

C’est là le mystère de l’Un, qui pénètre tout avec son Unité infinie et qui unit tout en elle.

Et Maître Eckhart d’affirmer:

« …Nous sommes un Fils unique que le Père a engendré éternellement des Ténèbres cachées, de

l’éternel Fond où tout demeure caché dans le principe premier de la Pureté première, qui est la

Plénitude de toute pureté. »

Le mystère de « l’Elévation » c’est l’accomplissement de l’homme Hiram, qui, en répondant à l’appel de

l’esprit, se trouve mythiquement transfiguré en messager de la volonté divine.

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L’homme Hiram périt volontairement dans sa chair. Mais la vérité qu’il incarne en lui, vérité

symboliquement personnifiée et appelée « La Parole Perdue » ressortira du tombeau.

Hiram étant un symbole, la « résurrection d’Hiram » est, elle aussi, de portée symbolique.

Hiram ne peut ressusciter, la Parole ne peut revivre, qu’en se réincarnant.

Cette réincarnation est la foi active et vivifiante qui fait renaître à l’Esprit le maçon dont l’âme renaît du

sépulcre de la chair.

La sphère du divin est en effet celle où se meut ce principe insaisissable de l’esprit, par distinction d’avec

la sphère humaine et dépendante qu’est la chair, laquelle sans esprit est un cadavre (Is.31/3- Ez.37)

Cet Esprit de Dieu est à l’œuvre avant la création (Gen.1) et il souffle où il veut (Jn.3/8)

Il n’agit pas comme une force extérieure, mais comme un principe nouveau qui tend à renouveler toute

chose par l’intérieur, par le cœur (« Soyez vrai, nous lisons dans votre cœur)

Cette notion biblique de l’esprit est cette vision unifiée de l’esprit comme principe vital appartenant à Dieu.

La révélation de cette vérité par les cinq points parfaits nous fait comprendre que le message du salut « le

Mystère d’Hiram » ne s’adresse pas exclusivement à nous, mais à toute forme d’humanité, car : « Tout

homme est susceptible d’être édifié pour être une habitation de Dieu, en Esprit» (Eph.2/22)

IV. La Voie Il nous faut donc apprendre dans le silence à saisir l'infini murmure de cette édification.

À voir dans chaque acte de la relation instaurée, l'idée que je peux, jusqu'à la fin, changer le sens de mon

passé, m'en détacher et, dans le même élan, transformer en choix ce que le poids du monde m'a imposé

comme un destin.

Seuls les actes décident de ce qu'on a voulu.

Mais sommes-nous en mesure de répondre à cet appel du grand large ?

Sommes- nous prêts à affronter ces ailleurs inconnus ?

S'il y a en nous cette peur latente de découvrir la vérité, cette vérité qui peut faire très mal, nous sommes

sur la défensive, incapable de nous ouvrir à ce que « dit » le Rituel.

Il nous faut donc nous libérer de la peur, nous éveiller, briser notre vision actuelle qui nous fait souffrir et

empêche l’amour de soi.

Pour cela, un travail de destruction et de transformation doit s'opérer où, par sa propre négation, l'être de

la réalité humaine doit se mettre en question dans son "Etre".

Qu'est ce qui doit être détruit?

Uniquement ce qui n'a aucune réalité, c’est-à-dire le mental, l’ego.

Ce processus de destruction s'accompagne dans une alchimie subtile de la transformation de l’être

d’aujourd'hui, en une force de vie qui sera compatible avec notre unification intérieure et notre harmonie.

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Dans cette entrée en soi, "l'Etre" se saisit comme liberté devant l'indétermination des possibles et où

exister c'est se projeter vers l'avant, un toujours plus avant, où l'être va à la fois se perdre et se

reconnaître.

Donc condamné à être libre, de cette liberté absolue, où l'homme devient responsable du sens qu'il donne

à sa vie et le disciple à sa quête.

Devoir d’avancer pour connaître, d’aller au-delà des certitudes apparentes dans la quête de l’authenticité.

Devoir de sortir de ces ténèbres qui constituent une captivité.

Fabuleuse quête qui est révélation de l’Homme, dans laquelle tout est lié: le rapport: entre l'individu et le

collectif, l'individu et le cosmos, le cosmos et l'individu et entre lui et la vie; qui constituent l'expression

d'une relation universelle, d'une réciprocité permanente et relative, autant que généralisée, dont l'unité du

Tout (insaisissable et indicible) et la singularité de l'élément (inaccessible et fictive) sont les deux extrêmes.

Sur la voie ainsi assigné il ne peut pas y avoir de sommeil dogmatique de l’esprit, on ne peut pas s’arrêter à

un savoir, s’en tenir à lui, pas de savoir clos, achevé, refus des savoirs “formatés”, les exigences spirituelles

sont le garde-fou de la réflexion sur soi et le monde.

Homme libéré, capable de produire de la parole et de créer du sens au lieu d'en reproduire, le cherchant va

s’arracher aux passions, aux deuils, à la souffrance pour élever son esprit vers l’essentiel et accéder d’une

manière vivante au monde spirituel.

Et ce regard intérieur va guider la perspective extérieure où il s’agit d’accomplir sans détour ses devoirs,

jusqu’au sacrifice si nécessaire.

L'initiation maçonnique nous incite à placer l'existence dans la vie spirituelle, dans la conscience, c'est-à-

dire la connaissance de sa vie intérieure, de ses états d'âme et de son devenir.

En un mot qu'il faut pratiquer d'abord le "Connais-toi, toi-même" du sage Socrate, pour que l'être s'affirme

vers l'existence véritable de transformation continue, vers un idéal de Bien, de Vrai et de Beau:

Cette voie initiatique c'est toute la leçon ésotérique qui se dégage du symbolisme de la Lumière et de la

Connaissance.

La Lumière transcendante, d'où nous venons et au sein de laquelle nous devons aspirer à être réintégré n’est

pas étrangère, elle est présente en nous, nous enseigne l’Evangéliste:

" En venant dans le monde, elle éclaire tout homme."(Jean.1/9)

La Lumière est Vie, c'est-à-dire "Existence" (vie non pas animale mais principielle)

La Vie/Lumière des hommes n'est donc pas étrangère à l'Être et ne provient pas d'un principe distinct.

L'existence de l'Être est aussi existence de l'homme qui participe à l'Être dans son fondement existentiel.

En œuvrant en dépit de tous les obstacles, à s’approcher de son Être profond, on remplit ainsi son Devoir

d’Homme, son Devoir de connaissance.

Ne pas le faire serait bafouer la dignité de la Franc-maçonnerie.

Ce chemin d'avenir c'est la réalisation de l'être que je ne suis pas, que je projette pour combler le manque

que je suis.

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Et pour cette sublime cause Maître Hiram décide de mourir.

Sacrifice volontaire pour gagner l’immortalité.

En fait, Hiram assaillit par ses propres passions (les 3 mauvais compagnons) se fuit.

Il fuit.cette part de ténèbres toujours présente qui lui cache la vraie Lumière (Au commencement était la

« Parole »)

Il a lutté désespérément pour retrouver cette « Parole » perdue depuis l’origine (cf. La Chute)

D’où chaque soir sa présence dans le silence du Temple (son temple intérieur) pour cette aléatoire

rencontre avec « l’Inespérée ».

Mais c’est un échec, et il le sait car sa matérialité (ego) résiste. ( la chair doit donc quitter les os)

Sa quête, animée par un désir de pureté, le pousse alors à aller vers l’Orient (Jardin d’Eden) pour

réintégrer sa condition adamique (naissance à « l’Esprit ») dont la mort assumée est le prix à payer.

Ainsi le Christ ne peut retrouver le Royaume de son Père et assumer son destin, qu’en acceptant de

mourir, ce qu’il fait en refusant de saisir la chance que lui offre Ponce Pilate et en allant jusqu’au bout de

son chemin de Croix. (cf. Hiram enjambant par deux fois la mort pour se livrer en toute conscience au

coup fatal et retrouver ensuite l’Origine par les cinq points parfaits qu’anime le souffle (pneuma) de

Dieu)

Tel est le point central de l’enseignement symbolique de la mort d’Hiram-Abi. où la parole perdue est la

parole primitive, qui est au commencement et consubstantiellement liée à la création ainsi que l’énonce le

prologue de l’Evangile de Jean.

La Parole, le Verbe, donne la « Connaissance ».

V. La « Parole perdue « La Parole (ou Verbe, ou Logos) est d’abord une réalité divine (Jn.1/1)

Elle crée (Gen.1).Elle appelle l’homme à la vie (Gn.1/2)

Elle l’instruit (Det.4/36) et l’interpelle en le constituant responsable (Is.6/4-9. 50/2)

Elle pénètre le cœur de l’homme et s’y rend présente (Deut.30/14) Elle fait vivre (Act.7/38).

Hiram fils d’Adam père de toute l’humanité porte en lui l’énigme douloureuse de la misère humaine,

conséquence de la faute originelle qui fait obstacle au premier dessein de Dieu.

Hiram est un être animé comme « âme », un être périssable comme « chair », un être ouvert à Dieu comme

«esprit » et porte en lui la mort, conséquence de sa naissance comme pécheur.

Juste entre les justes, Hiram est parfaitement conscient de cet état de pécheur et de cette discontinuité

naturelle entre l’être créé et l’essence incréée et divine de l’homme, mais en même temps, il ne peut ignorer

qu’il existe nécessairement un lien entre eux.

Ce lien, qui est d’ordre purement spirituel, relève de la continuité sous-jacente et immanente à toute

discontinuité.

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Cette continuité mystérieuse est celle du « Verbe » ou « Parole de Dieu » perdue pour l’humanité entière par

la désobéissance d’Adam dont la chute originelle est la conséquence d’avoir préféré les plaisirs terrestres à

l’appel de l’esprit.

Adam par son faux choix a perdu la grâce de vivre dans la vérité immuable qui est l’essence divine

éternelle.

La mort volontaire de l’homme Hiram est ce renversement décisif où la conservation à tout prix de

l’harmonie intérieure, de la « vie de l’âme » est au prix de la « vie du corps ».

Dans la symbolique «mort et résurrection » Hiram ne peut ressusciter, la vérité ne peut revivre, qu’en se

réincarnant dans le nouveau Maître.

Cette réincarnation active est la foi vivifiante qui fait renaître l’être de la mort de l’âme.

La vérité se réincarne en lui et son âme renaît du sépulcre de la chair

La vie sortie de Dieu rentre en Dieu.

C’est cette vérité symboliquement personnifiée et appelée la « Parole perdue » qui doit apparaître au

nouveau Maître et dont la compréhension doit faire de lui ce porteur de lumière dans la Loge et hors de la

Loge.

VI. Comprendre et faire. La découverte du cadavre pourrissant provoque donc le seul surgissement du "mot substitué".

Celui-ci ne signifie pas. Il autorise seulement la reconnaissance.

La parole substituée faite pour se faire reconnaître, remplace, hélas, la langue vraie et vivifiante, à l'issue

d'un processus de pourrissement au moyen duquel le “Sens” s'enlise dans la signification.

Mais rien n’est perdu. Tout est à retrouver.

L’Acacia apparaît comme une nouvelle floraison porteuse d’espérance, c’est le refus du deuil, ce deuil qui

n’est au demeurant qu’apparent et au-delà duquel, derrière la « Parole Perdue », s’engage un nouveau

cheminement vers la Lumière.

La Lumière qui est en chacun se dévoile progressivement par paliers d’ouverture de la conscience. Visible

et perceptible dès la chambre des réflexions, elle est tour à tour perdue, puis regagnée chaque fois avec plus

d’éclat, de force et d’intensité.

De la chambre noire au temple noir, de la lumière voilée à la lumière resplendissante, au cours de laquelle la

Parole, la manifestation du Verbe, est perdue, substituée, recherchée, retrouvée sous une autre forme, voire

identifiée et personnalisée selon le prologue de St.Jean.

De la mort physique du récipiendaire au grade d’apprenti à la mort animique du Maître, il s’agit de vaincre

toutes les morts en renaissant dans la pérennité de l’esprit, où le maître agit sur lui avant d’agir sur le monde

et de répandre au-dehors les valeurs intérieures cherchées dans le temple.

Maître de lui avant toute chose, le Maître Maçon a une vocation de constructeur.

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On ne lui demande plus d’édifier des cathédrales ou des temples mais de faire œuvre de bâtisseur, d’abord

en se construisant lui-même, après quoi, en rassemblant ce qui est épars, dans la recherche de la Vérité.et de

la Parole de vie et ensuite de transmettre, en toute humilité, la plénitude de cette “Connaissance” aux

générations à venir.

Tel est son Devoir, connaître et transmettre, dont l’accomplissement, inflexible, exigeant, impératif, est la

grande loi de la Franc-maçonnerie.

VII. SUIVONS LE RITUEL DU COMPAGNON AU MAÎTRE.

A. C’est un Compagnon qui demande à être reçu Maître.

« C’est un Compagnon qui a fini son temps

Il a 5 ans passés

Il a travaillé à l’extérieur du Temple

Sur la Pierre Polie

Il a préparé les Outils

Plusieurs questions se posent

Qu’est-ce un Compagnon qui a fini son temps ?

Pourquoi son âge est-il de 5 ans passés ?

Pourquoi parler de l’extérieur du Temple?

Quel est cette Pierre Polie ? Sa relation avec la Pierre Cubique à Pointe ?

Examinons les réponses possibles

a) Le dialogue TR - Compagnon:

1°.Le Compagnon demande.

Il demande à être à être reçu Maître.

À rapprocher de « Demandez vous recevrez »

En maçonnerie, nous sommes toujours en demande.

Reçu: reconnu par le plus grand nombre

2°Le TR (via le F.Préparateur) pose 3 séries de questions au Compagnon

1) Son identité ?

2) Age maçonnique ? Sur quoi il s’est exercé ? Où il a travaillé?

3) Évaluation de sa sincérité sur sa disposition à remplir les devoirs d’un Maître Maçon ? Respect des

serments précédemment contractés ?

Observations :

La première question est paradoxale, car le TR devrait connaître l’identité de l’Aspirant.

C’est donc la mise en oeuvre de la discipline de l’arcane.

Réponses apportées aux deux autres séries de questions

Sur le temps : Ici l’âge maçonnique, 5 ans passés, est étranger à un terme marqué pour la fonction (à

rapprocher de 7 ans et plus)

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Ainsi il est souligné que toute augmentation de grade, ne peut se faire suivant un critère d'ancienneté, mais

bien en fonction du comportement maçonnique de l'ouvrier et de son sérieux dans le travail fourni et qu'en

Maçonnerie de Tradition, tout avancement, nomination ou choix électif, ne peuvent se fonder que sur la

valeur et le mérite personnel et la capacité à assumer la tâche qui nous est confiée

Par contre, en affirmant que son temps est fini et qu’il demande à être reçu Maître, l’Aspirant exprime un

désir : désir de vivre autre chose, désir de faire autre chose, désir de se situer dans un autre « ailleurs », désir

de franchir une étape.

Comme encore profane il désirait passer des ténèbres à la lumière, l’encore Compagnon désire passer de

l’équerre au compas de la même façon qu’encore Apprenti il avait exprimé le désir de passer de l’ombre du

Septentrion à la lumière du Midi.

Il désire connaître de nouveaux mystères, mystères annoncés par le Très Vénérable le soir de son initiation

et qui par l’octroi de la Lumière lui a ouvert le chemin de la Connaissance dont le parcours passe de J à B,

deuxième étape de sa quête initiatique.

Il a “vu” car tel était son désir le pentagramme. Il proclame par là- même en avoir compris le sens.

(Étoile inversée/esprit malsain -homme post-adamique. La démarche initiatique a pour objet de retourner la

figure)

On ne peut passer de l’équerre au compas, troisième et dernière étape de la quête initiatique, qu’après avoir

compris et assimilé le sens du « Vu l’Etoile Flamboyante ».

Tel est l’objet de la Maîtrise, et plus précisément de la symbolique. « Mort et Résurrection ».

Mais qu’a-t-il fait de son temps ?

Il a travaillé sur la Pierre Polie et a préparé les Outils.

À travers les enseignements des 5 voyages de son passage de J à B, qu’il s’est efforcé de comprendre et

d’assimiler il a durant le temps passé continué à travailler sa pierre la polissant chaque jour d’avantage avec

les outils aiguisés sue la Pierre Cubique à Pointe qui recèle en son sein l’Etoile Flamboyante.

Ce qui signifie que le travail n’est pas terminé, car il s’agit de donner à cette pierre dégrossie la forme

parfaite que le GADLU lui a destiné.

À ce moment est l’essentiel du questionnement.

On ne peut passer d’un grade à l’autre si le précédent n’a pas été intégré. Il y faut une préparation. (Sous

l’égide de Tubalcaïn, il s’agit de reforger en permanence nos métaux)

On ne peut être jugé digne d’être passé ou élevé que s’il se vérifie que le candidat à une parfaite conscience

des tenants et aboutissants de son cheminement.

Ainsi pour ce qui est du Compagnon qui demande à être reçu au grade de Maître il lui appartient de définir

son statut, à travers le travail qu’il a effectué sur la colonne B et les résultats qu’il en retire.

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En l’occurrence, il paraît sûr de lui, puisqu’il frappe lui-même à la porte du temple: “Frappez et l’on vous

ouvrira”.

Cependant ce travail de préparation à l’ultime épreuve, il n’a pu le faire qu’à l’extérieur du Temple (de son

corps).

En effet, l’édification en son coeur du Temple spirituel destiné à accueillir la Divine Présence, commencée

le jour de son initiation, ne peut-être le fruit d’une intériorité qu’il ne peut encore complètement maîtriser.

(Vaincre ses passions, soumettre ses volontés)

B.Le Maître.

La Maîtrise n'est pas un don mais une conquête, c'est la victoire de l'homme sur lui-même.

La Maçonnerie spéculative en substituant l'abstrait au concret, la spéculation à la pratique a reculé ses

horizons jusqu'à l'infini.

Le Troisième Degré de l'initiation maçonnique est le complément nécessaire des deux premiers.

L'Apprenti est voué au travail "matériel" du dégrossissement de la "Pierre Brute".

Le Compagnon au travail "intellectuel" qu'implique la réalisation de la "Pierre Cubique".

La Maîtrise est dévolue au travail "spirituel" qui est de "répandre la Lumière et rassembler ce qui est épars".

Tel est l'objet du grade, sa justification et sa finalité.

Les trois degrés ou initiations successives n’étant jamais à la fois, que les jalons et les bornes, de

l’édification toujours à recommencer de son « Temple spirituel » et de son cheminement sans fin vers cette

« Pierre parfaite » qui pourra l’y aider.

a) Portrait d’un Maître.

Utilisant les outils de l'Apprenti et par compréhension de leur signification symbolique, il a travaillé à

construire son caractère.

La Lumière qu'il a reçue a été suffisante pour lui révéler son besoin de sagesse et sa pauvreté.

.Compagnon, il a entrepris la grande quête de la sagesse. Il s'est efforcé: de progresser en maîtrise de soi, de

montrer l'exemple de la fraternité la plus parfaite.

Mais en même temps, il est devenu de plus en plus conscient de la lumière en lui qui est une avec la

Lumière émanant pour toujours de l'Orient. Il est prêt pour la découverte finale de l'âme, pour entrer en

pleine possession de son patrimoine.

Enfin, par l'évènement dramatique du grand sublime degré de " Maître Maçon", il est devenu ce qu'il n'a

jamais cessé d'être:un fils de Dieu, retrouvant enfin la Parole dont il est dit:

" En lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes, c'était la vraie Lumière qui éclairait tout

homme venu dans ce monde" (Jean 1/1.2.3)

Ainsi pour le Maître, l'Avoir ne l'intéresse pas, son propos est l'Etre.

Le Maître a aussi compris que la Maçonnerie au-delà de la "Loi d'Amour » qui nous donne déjà conscience

de la divinité, est une grande représentation de la régénération.

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Elle dépeint la redécouverte de la divinité cachée de l'homme, et son avènement dans la lumière; elle

dessine l'élévation de l'homme depuis sa chute jusqu'à sa montée dans les cieux:

" Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle, et le monde ne l'a point connu" (Jean 1/10)

Elle démontre, à travers ce qui est édicté dans le travail de la Loge, le pouvoir de réaliser la perfection

latente en chaque homme, et sa capacité de parvenir à la pleine vision et compréhension lui permettant

d'acquérir la maîtrise de lui-même et de sa destinée.("Maçon homme libre" « Maçon libéré »).

" Mais à tous ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir

enfants de Dieu."(Jean1/13)

Tel est le Maître maçon qui a "su déceler la Lumière dans les Ténèbres et les Ténèbres dans la

Lumière" et qui, par l’exemple qu’il donne, s'en fait le “réflecteur”, afin de faire naître en ses Frères ce

désir de lumière, sans quoi: profane qui était, profane restera.

b) Réfléchir la lumière.

Pour pouvoir réfléchir (ou répandre, ou transmettre) la lumière, il faut d'abord la "posséder", et pour cela il

ne peut suffire de l'avoir "symboliquement reçue", il faut l'avoir « saisie »

1°.Découverte de la Lumière.

Dieu est lumière et transmet sa lumière à l'homme lorsqu'il s’unit à lui.

La transmission de la Lumière par la Lumière s'effectue par étapes.

Ni l'Apprenti, ni le Compagnon, ne sont en mesure de différencier les pulsions automatiques de "l'Etre" qui

est le véritable "Je".

Cette distinction concrètement et consciemment ressentie constitue le début de la maîtrise.

Mais la lumière innée est dans chacun de nous et la moindre étincelle peut alimenter la flamme d'un ardent

brasier.

Il appartient donc à ceux qui nous ont précédé, dans cette longue chaîne de transmission de la lumière, de

préserver intacte la flamme vacillante afin peut-être, un jour, de s'éveiller ou d'éveiller un Frère.

St. Thomas d'Aquin disait qu'il fallait

" Contempler et transmettre ce que l'on a contemplé"

En effet, l'énergie lumineuse descend en cascade du haut vers le bas pour éclairer le monde.

Elle est un don, si on est prêt, on peut la recevoir, mais en aucun cas la conquérir pour accroître l'ego.

La Lumière est déjà là, à nous de la rejoindre et de la préserver, car comme nous le dit le Rituel:

" Demandez, vous recevrez, cherchez, vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira."

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1.Le chemin de la lumière.

Pour que cette lumière resplendisse au coeur du Maçon trois conditions correspondant aux trois premiers

degrés initiatiques sont nécessaires:

- Se connaître et se percevoir;

- S’ouvrir à la vie de l'Etre intérieur;

- S'intégrer à cet Etre pour dissoudre la dualité et retrouver l’harmonie du « UN »

La tâche est complexe et difficile, et seul un travail régulier et plein de zèle permet d'accéder à l'ultime et

parfaite intégration à une chaîne de lumière.

2. Accéder à l'ultime ?

En fait plus on avance vers la Lumière et plus elle recule et la Connaissance ultime est toujours plus loin que

là où l’on se trouve.

Et pourtant la Lumière est en nous. Il faut seulement la rendre visible.("Cherchez, vous trouverez").

Rendre visible non pas la lumière de Dieu (dont le face-à-face ne se réalise jamais dans ce monde

tridimensionnel) mais tout simplement Sa Lumière de Vie, celle qui éclaire l'esprit et le coeur du cherchant,

et dont la re-découverte permet de transcender la vie ordinaire.

3. Sur le chemin de cette quête sublime et infinie, l'Initié doit apprendre à rejeter les entraves,

les doutes et les illusions du Moi.

Le profane est prisonnier d'idées stéréotypées, de formules étroites, d'habitudes tyranniques.

L'initié se doit de ne plus être victime de ces illusions qui troublaient sa vision.

La lumière accordée, lui permet une vue nouvelle et l'enseignement transmis lui dit, s'il accepte de le

recevoir en son coeur de néophyte, que l'équilibre vital du monde sensible repose sur la correspondance plus

ou moins parfaite de facteurs à la fois opposés et complémentaires.

4. Il comprend alors que les oppositions sont nécessaires et fatales et qu'il faut "pouvoir se

tenir sur le pavé mosaïque pour contempler l'intérieur du Temple".

Il découvre que l'Unité se compose de trois termes indivisibles, centre intégral formé de la conjonction:

- Des opinions les plus diverses.

- Des caractères les plus dissemblables.

- Des mouvements les plus opposés

5.Il lui faut donc en permanence rechercher l'équilibre en vue de la réalisation de l'harmonie.

Il doit apprendre à se surmonter; à comprendre, à s'oublier et à se quitter, lui-même, pour vivre avec les

autres, afin que:

- La fraternité dont il se réclame soit " une vertu qui donne" et non point une "vertu qui prête";

- La tolérance qu'il fait sienne ne soit faite, ni de contrainte, ni de patience, ni de pitié ou de compassion;

mais qu'elle soit de celle vivante et instinctive, qui élève et concilie.

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Ainsi le Maître a trouvé la voie, non pas celle de la doctrine à défendre, car rechercher la vérité n'est pas la

définir.

Il ne sera: ni un occultiste savant, ni un exégète subtil des mystères cosmogoniques, mais tout simplement

un homme dont la vie sera imprégnée de réel, de beauté et d'harmonie à l'image de son Dieu tout fait

d'amour et de tolérance:

" Demeurez en moi, comme moi en vous...”

“Qui demeure en moi, comme moi en lui porte beaucoup de fruits, car hors de moi vous ne pouvez

rien faire." (Jean 15/4.5)

Axiome que traduit sans ambages la parole sacrée: “Ma force est en Dieu”

2°Transmission de la Lumière:

(Ou de l’action du Maître dans la Loge).

Observations préalables:

Le Maître se place à son gré sur l'une ou l'autre des deux colonnes, car son aire de travail s'étend à toute la

Loge dont il est solidairement responsable, s'efforçant de transmettre aux autres la sagesse et la

connaissance qu'il a pu acquérir.

.Par ailleurs le Très Vénérable n'est pas la Lumière, il en est simplement le symbole, le reflet de la véritable

Lumière qui éclaire l'âme du"cherchant", et dont seul il connaît le secret de transmission.

Mais le Très Vénérable ne donne pas la Lumière, il ne fait que l'accorder en vertu des pouvoirs qui lui ont

été confiés par la Loge, qui est seule en capacité de pouvoir la “donner”.(Le néophyte tire sa première

batterie en l’honneur de la R.L qui lui a donné la lumière)

Au sein de la Loge:

Un Maître est responsable de l'Apprenti et de son éveil, où celui-ci va apprendre à se tenir correctement, à

se présenter rituellement; où il va découvrir ce qu'est la Loge, ce qu'elle représente et quelles significations

symboliques ont les objets qui la décorent, afin que les Tenues ne soient pas pour lui de simples cérémonies

profanes.

Un Maître doit aider l'Apprenti à avancer sur ce chemin qui va de l'Occident à l'Orient, en lui apprenant à

diriger sa volonté, à ne pas se disperser, pour dégrossir la “Pierre”, en aiguisant en lui le désir et l'envie de

se perfectionner.

Profane taillé au gré de sa prime éducation, devenu tout juste pierre brute, le néophyte nourri par son

enseignement hors du temple, ne sait pas où se situe la faiblesse de sa pensée et de ses actions.

Il doit apprendre à se remettre en cause, il lui faut tailler sa pierre avec zèle et constance, pour en éliminer

les vaniteuses aspérités et retrouver le chemin d'une saine humilité.

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Un Maître doit: aider le Compagnon à poursuivre son acquisition de connaissances et l'inciter à cette

absence complète d'orgueil, pour découvrir l'intérieur de la "Pierre" qui porte en elle la réalité vivante et

secrète du monde des causes, pierre-miroir où l'ouvrier peut se voir et le divin se réfléchir.

La "Pierre" n'est pas en effet, une simple oeuvre d'art gratuite, elle est l'essentiel matériau, nécessaire à

l'édification du Temple, ce temple cher aux Maçons, d'où l'âme vient et où elle n'a de cesse de revenir.

Dégrossir "Sa" pierre: voyage à la recherche de la Lumière.

Polir "Sa" pierre: voyage à la recherche de la Connaissance.

Dans les deux cas, ce que le Maître transmet ce n'est pas une vérité mais une technique, où "travailler sa

pierre" est le fin mot de l'initiation maçonnique, où il s'agit en définitive d'une conquête, d'un

affranchissement, d'un dépassement, en un mot de vivre en homme

Au regard d'une fausse spiritualité qui sournoisement nous envahit et nous enserre, le Maître saura en toute

modestie indiquer à l’Apprenti les balises du chemin de la Connaissance, terme de notre ascension

spirituelle, expérience vécue, où il nous faut retrouver du sacré dans chacun de nos actes.

Il saura lui dire que c'est par un travail intérieur, sur lui-même, par de lucides méditations, à couvert des

bruits du dehors, qu'il pourra

- - Découvrir ses propres voies d'accès à la transcendance.

- - Se hisser dans la sincérité, la docilité et la constance, à la connaissance des vérités supérieures.

- La Maçonnerie, sachons le bien, ne s'enseigne pas, elle s'éprouve dans l’inexprimable et

l’incommunicable.

Ainsi doit être l'attitude du Maître à l'attente de l'Apprenti et du Compagnon.

Noble et exaltante tâche, pleine de dons vers l'Autre, car ayant vu du sang de la terre monter la vertu sans

métaux, ni ornement, seul le Maître connaît ses faiblesses et sait ce qui le dépasse.

Et si secret il y a, le secret du Maître c'est l'Art, l'Art Royal, et il faut entendre le mot "Secret" dans son sens

le plus traditionnel qui désigne la technique du métier.

Suite à son initiation, le profane reçu et constitué Apprenti Maçon a, en tant que tel, communication des

symboles de son grade à travers le rituel.

Ces éléments au premier abord totalement incompréhensibles et inaccessibles, puis familiers, puis

indispensables, vont lui permettre d’acquérir le métier, où il lui faut:

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- Apprendre à vivre le rituel et ses symboles comme des outils de perception qui ne s'adressent pas au

mental mais à l'intelligence du coeur;

- Découvrir que les rites initiatiques, fondés sur le concept de la perfectibilité de l'être humain,

convient, à travers les connaissances et les pratiques qu'ils véhiculent à réaliser un état nouveau et

suggèrent un mode de vie qui conduit au perfectionnement de soi, où l'homme réapprend à se relier

à la "Divine Présence".

-

Telle doit être la réponse du Maître aux désirs de perfectionnements de l'Apprenti et du Compagnon; telle

est une pédagogie initiatique véritable, dont il est le garant.

Garant de l'immuabilité de nos rites et de leurs symboles, patrimoine spirituel issu de la tradition, où il

n'existe pas une parole, pas un geste, pas un détail rituel, qui n'ait sa signification et sa valeur initiatique.

Garant de cette maçonnerie qui est quête spirituelle et voie de vie.

Garant de cet amour fraternel qui est une conduite à "l'équerre".

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A.ANTONJ. Janvier 2012