Le Grand-Ouest face à l’Europe du Nord après 2015...Le Grand-Ouest face à l’Europe du Nord après 2015 Gérard You –Département Economie Journée départementale laitière

Journée départementale laitière : jeudi 1er décembre 2011- Chambre d’Agriculture 44Journée départementale laitière : jeudi 1er décembre 2011- Chambre d’Agriculture 44 1

Le Grand-Ouest face à l’Europe

du Nord après 2015

Gérard You – Département Economie


�Introduction

�1. Allemagne : diversité et robustesse,

�2. Pays-Bas: Efficacité et concentration,

�3. Le Danemark : fuite en avant et endettement,

�4. Les modèle laitiers nord-européens face à la

volatilité des marchés.

�5. Vers une France laitière éclatée …

�6. Quelle stratégie d’approvisionnement pour les

transformateurs laitiers ?

Sommaire


Densité

Une production laitière inégalement répartie

sur le territoire européen


Neuf pays réalisent 80% de la collecte de l’UE

4 pays font plus de 50% de la production européenne

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

Alle

ma

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Production des pays membres de l'UE (1000 tonnes)

Source : GEB-Institut de l’Elevage d’après Eurostat


Au Nord, des entreprises familiales

solides, qui investissent- 30% des élevages, 38% de la production

- Moyenne à 55 VL et 7200L

- 66% exploitations laitières spécialisées, salariat +

- Une restructuration plus rapide,

- Des systèmes fourragers mixtes (herbe et maïs), et

des investissements en bâtiments.

A l’Est, des sociétés performantes à

l’avenir incertain-5 000 élevages ,22% de la production,

- Moyenne 150 VL et 8 400 L/VL

-Restructuration moins rapide que dans les 90’

- Salariat peu formé, bon marché mais vieillissant,

- Réduction des élevages <100 VL, cessations

d’ateliers dans des entreprises diversifiées.

Au Sud, de petits élevages résistants- 60% des élevages, 34% de la production

- Moyenne à 30 VL et 6000 L

-Des coûts de production élevés (systèmes fourragers,

matériel) compensés par un prix du lait élevé et des aides

importantes (II pilier)

- 60% de pluriactivité

1. En Allemagne :trois modèles de production


� Des aides à l’investissement agricole ciblées sur les grosélevages� Des cofinancements importants de 25 à 40% de projets allant jusqu’à 2,0

M€ (contre 90 000€ dans le PMBE français),

� Taux moyen de subvention de 29% contre 21% en France,

� Un mode de succession agricole avantageux pour le repreneur

1. Une politique agricole propice à

l’agrandissement


1. Une moindre valorisation compensée par

des économies d’échelle

�Un prix du lait départ ferme proche FR sur longue période.

�Un mix-produit globalement moins favorable en Allemagne :�Malgré moins de fabrications de produits industriels,

�Mais un mix débouché plus orienté sur l’export et la transformation,

�Et un mix positionnement produit (segmentation) plus riche en 1er prix et MDD,

�Un effet prix moins favorable pour le même produit laitier�Un écart de prix considérable entre France & Allemagne de l’ordre de 20 à 30%,

�En revanche de moindres coûts de revient à produit identique :�Frais de collecte (-3 €/tonne en 2009),

�Frais de transformation moindres (-15 €/tonne)

�Frais d’emballage, stockage, transport et divers (-8€/tonne).


1. La transformation prête à accompagner la

volonté de croissance

�Des fabrications adaptées à la conquête des marché

émergents�Moins de produits « industriels » qu’en France,

�Mais davantage de fromages ingrédients,

�Et des investissements récents et importants dans des tours de séchage,

�La transformation dominée par des coopératives :�70% de la collecte/transformation (45% en FR), encore plus dans le Nord,

�Qui fabriquent l’essentiel des fromages ingrédients et des produits industriels

�Des entreprises privées relativement plus présentes dans le Sud et l’Est,

�Stratégie des transformateurs :�Recherche de l’effet taille et des économies d’échelle,

�Accompagner la croissance des éleveurs (coopérateurs),

�Mise à contribution des coopérateurs pour tous les volumes supplémentaires,

�Transformateur fixe le prix du lait en fonction de sa valorisation.


1.Mais des obstacles à la volonté de croissance

Au Sud,

-Une bonne résistance des petits élevages et un

développement des élevages de plus de 50 VL;

-Mais une main d’œuvre familiale vieillissante et

des opportunités importantes hors agriculture.

Au Nord,

-Une volonté de croissance,

encouragée par une politique

nationale forte;

-Mais une concurrence avec la

production de biogaz pour les

surfaces en maïs

A l’Est,

-Des coûts de production

concurrentiels;

-Mais des difficultés dans le

renouvellement de la main

d’œuvre et un manque de

capitaux ,

-une concurrence accrue avec

les grandes cultures


�La transformation : maillon concentré et structuré :

�Friesland Campina : 80% de la collecte,

�Des outils industriels de très grande capacité :

�Un bassin laitier très dense,

�organisation interprofessionnelle puissante,

�Un modèle laitier simple, intensif et performant :

�La prairie au cœur du système fourrager,

�Mais une prairie de moins en moins pâturée,

�Productivité du cheptel très correcte : 7 500 kg/VL en 2009,

�Productivité fourragère exceptionnelle : 13 000 kg/ha SFP,

�Productivité remarquable du travail : 370 tonnes/UTA.

2. Les Pays-Bas peuvent-ils produire +20% ?


2.Un modèle laitier rentable malgré des

investissements élevés

�Malgré des investissements élevés, mais ciblés :�Axés sur la croissance du potentiel de production,

�Achat des facteurs de production rares et chers, �Le foncier (25 à 40 K€/ha) considéré come un placement,

�Les quotas (0,75 €/kg)

�Des investissement pour moitié autofinancés,

�Un endettement élevé, mais plutôt maitrisé :�En moyenne 600 000 €, c’est 1€/kg de lait produit,

�Soit 30% du capital d’exploitation (>2,0 millions €),

�Capital d’exploitation composé pour 75% de foncier.


2. Mais un potentiel soumis à des contraintes

environnementales croissantes

� Devenir de la dérogation à la « directive nitrates » prolongée

jusqu’en 2013,

�Réduction des plafonds d’épandage de phosphore de 15% des

apports d’origine animale en 2015,

�Limitation des émissions d’ammoniac�nouveaux plafonds nationaux en 2020,

�sites Natura 2000,

�Réduction de 30% des émissions en 2020 des gaz à effet de

serre (par rapport aux niveaux de 1990).

�


2.Le devenir de la production néerlandaise

dépendra

�Des progrès techniques en termes :�D’alimentation des vaches laitières,

�De gestion des effluents de la vache au sol.

�Du devenir de la production porcine :�Réorientation du modèle néerlandais,

�Des rapports de force entre les enjeux économiques et

environnementaux :�Avec d’un côté une filière unie et dynamique,

�De l’autre l’Etat et les Provinces en charge de la protection de

l’environnement,

�Entre les deux une société civile sensible au bien être animal,

aux ressources naturelles…


3. Le Danemark : fuite en avant

et endettement

�Une transformation radicale du modèle de production,�Modernisation/renouvellement massif du parc logement avec des

bâtiments récents surdimensionnés,

�Une conduite simplifiée et standardisée

�Restructuration rapide : rythme le double de celui en DE, FR; NL.

�Des reprises/agrandissements financés à 90% par de l’emprunt,

�Une filière intégrée :�Arla : coopérative collecte et transforme 95% de la production,

�Une filière excédentaire (+2 millions TEL) tournée sur l’export,

�Une interprofession : promoteur du modèle danois et pilote de la

filière,

�Un modèle très fragilisé par son endettement très élevé.


4. Les modèles laitiers de l’Europe du

Nord face à la volatilité des marchés


€/t

-100

-50

0

50

100

150

200

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Pays-Bas

Danemark

Allemagne

France

Irlande

RCAI/t de lait

Source: DG AGRI RICA UE jusqu’en 2008 puis sources nationales – traitement Institut de l’Elevage

4. Des écarts de revenu par tonne de lait


4. Des modèles divergents en termes de

productivité du travail familial

kg/UTA

100 000

200 000

300 000

400 000

500 000

600 000

700 000

800 000

900 000

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Pays-Bas

Danemark

Allemagne

France

Irlande

Lait produit par UTA totale

kg/UTA

100 000

200 000

300 000

400 000

500 000

600 000

700 000

800 000

900 000

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Pays-Bas

Danemark

Allemagne

France

Irlande

Lait produit par UTA non salariée

55%

92%

80%

87%

94%

% UTA

non

salariées



-10 000 €

0 €

10 000 €

20 000 €

30 000 €

40 000 €

50 000 €

1990 1995 2000 2005 2010

DANEMARK

ALLEMAGNE

FRANCE

PAYS-BAS

_IRLANDE

IrlandeIrlande

4. Une volatilité des revenus plus ou moins

prononcée selon les modèles

Revenu agricole dans les exploitations laitières spécialisées (RCAI/UTA familiale)


DK2008=~0 ou -20 000 ?

DK2009<=-40 000

Des résultats 2009 très

faibles et inhabituels

dans tous les pays.

Nulle part viabilité aux

conditions 2009. NB: Allemagne, année agricole=[juillet-

juin]

Evolutions 2005-2010

très différentes. Pas de bonne année en

France ? De mauvaise en

Allemagne ?

Pays-Bas

France

DanemarkAllemagne

2007


5. Vers une France éclatée ?


5. Une France contrastée

Zones d’élevage de plaine

46% exploitations & 49% références

Zones de polyculture-élevage


Zones de montagne & piémonts


Source : Agreste & FranceAgriMer – Traitement Institut de l’Elevage


5. Le devenir de la production française

�Dépendra du dynamisme des bassins et des éleveurs : �Un potentiel laitier compétitif mais bridé dans les zones d’élevage de plaine,

�Un avenir plus incertain ailleurs,

�Vers un probable déplacement géographique de la production après 2015,

�Des logiques et des stratégies des transformateurs :�Une grande variété d’opérateurs en termes de taille, de statuts et de

positionnements marchés et produits (PGC, PI et ingrédients laitiers),

�Emergence de deux logiques d’approvisionnement,

�De la compétitivité/spécificité des fabrications françaises : �Marché intérieur encore captif mais mâture en PGC ,

�Sous la pression de produits « premiers prix » importés,

�Marché européen devenu très concurrentiel,

�Marché mondial : demande en ingrédients et produits industriels laitiers.


5. Le devenir du lait dans le Grand Ouest

�Des exploitations agricoles moins grandes et moins productives �qu’en Europe du nord et que dans les zones de polyculture,

�Mais des exploitations compétitives :�Un coût de production par litre comparable,�Des réserves importantes de productivité (cheptel, travail),�Des marges de dilution des charges de structure,�Des marges de croissance de la production mais des contraintes environnementales en Bretagne,

�Un Bassin stratégique pour les grands groupes laitiers :�Siège de grandes coopératives/ groupes privés,�Grands groupes investissent dans le Grand Ouest,�Des PME régionales n’ont aucune raison de se délocaliser,�Un mix produit plus orienté en produits industriels.


6. Quelle stratégie d’approvisionnement pour

les transformateurs laitiers ?

�Plusieurs facteurs déterminants:�Le rapport de l’entreprise à son territoire (dimension et/ou statut),

�Les caractéristiques du bassin de collecte,

�L’éventail des fabrications et le mix-produit,

�Le niveau d’utilisation des outils de transformation,

�Quatre stratégies d’approvisionnement :�L’accompagnement de l’offre dans les bassins à potentiel laitier limité,

�L’accompagnement de l’offre dans les bassins à potentiel laitier élevé,

�L’encadrement modéré des livraisons,

�L’encadrement serré des livraisons.


6. L’accompagnement de l’offre dans les

bassins à potentiel élevé�Des coopératives régionales ou nationale :

�Agrial, Coralis, Ermitage, Eurial , Laïta, MLC, Sodiaal,

�Plutôt généralistes avec des mix-produits variables,

�Les orientations/objectifs des entreprises :�Collecter et valoriser tout le lait de leurs adhérents,

�Accompagner la croissance des éleveurs/coopérateurs, sans pénaliser

ceux qui ne veulent pas croitre,

�Investir dans des capacités de transformation supplémentaires.

�Deux options après 2015 :�La différenciation volume/prix selon les valorisations (PGC, PI),

�Le maintien d’un prix unique et la régulation des volumes par les

adhésions/cessations.


6. L’encadrement modéré des livraisons

�Un transformateur diversifié : Lactalis,

�Des fabrications diversifiées avec part conséquente de PI,

� Le bassin de collecte : national voire européen,

�Les orientations/objectifs de l’entreprise :�Valoriser le maximum de lait sur le marché des PGC,

�Réduire la part des produits industriels,

�Stabiliser la collecte annuelle,

�Un encadrement pluriannuel de la collecte après 2015 :�Maintien d’une référence annuelle appelée « volume contractuel »,

�Sans contrainte forte sur la saisonnalité de la collecte,

�Des pénalités pour dépassement ou arrêt possible de collecte,

�Réduction de la référence si la collecte inférieure à 85% 2 années suite,

�Des rallonges possibles selon conjoncture à l’initiative du collecteur.


6. L’encadrement serré des livraisons

�Des industriels plutôt spécialisés : Bongrain, Rolland SAS, Triballat…

�Des fabrications ciblées : produits frais et fromages,

�Le bassin de collecte : local à régional,

�Les orientations/objectifs de l’entreprise:�Créer de la valeur ajoutée,

�Collecter du lait au plus près des besoins et des débouchés en PGC,

�Réduire la saisonnalité de la collecte jugée trop forte,

�Vers un pilotage serré de la collecte après 2015 :�Une répartition trimestrielle de la référence annuelle,

�Des pénalités au-delà ou en-deçà de certains seuils,

�Arrêt possible de collecte au-delà de la référence annuelle,

�Ajustement possible, en plus comme en moins, en fonction des débouchés,


6. En résumé : trois leviers majeurs

�Le troisième levier : la gestion des références libérées par

les cessations laitières. �Statut juridique du volume contractuel,

�Principe de la cessibilité,

�Mais qui en disposera : le collecteur, le livreur ou l’OP ?

indicative (dépassements payés au

même prix)

discriminante (dépassements payés au

prix de dégagement)

contraigrante (dépassements pénalisés

ou refusés)

non

encadréeMLC

Agrial, Coralis,

Coopérative des Monts

de Joux, Ermitage, Silav,

Terrena…

Lactalis

encadrée Danone, Sodiaal Bongrain, Triballat

Leviers à la disposition

des transformateurs

Instauration de référence annuelle

Saisonnalité

de la collecte


Merci de votre attention,

Et place aux questions…

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