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NOTES DE LA FONDATION ROBERT SCHUMAN POUR L’EUROPE RÉUNIE 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT 11 NOTES DE LA FONDATION ROBERT SCHUMAN NOTES DE LA FONDATION ROBERT SCHUMAN 10 ISBN : EN COURS Novembre 2002 www.robert-schuman.org L e 13 décembre 2002, l’Union européenne décide son élargissement aux États d’Europe centrale et orientale. De nouveaux horizons s’ouvrent à nous. Le 1 er mai 2004, l’Europe comptera officiellement 25 membres. Quelles sont les réalités économiques, culturelles et politiques de cette expansion ? Quel est son coût ? Quelles sont les procédures mises en œuvre et comment en est-on arrivé là ? Connaître les données de ce dossier, découvrir l’apport des nouveaux adhérents, c’est déjà se passionner pour cette nouvelle avancée. C’est aussi répondre, chiffres à l’appui, aux craintes et aux interrogations. C’est décrypter un processus compliqué qui répond à un objectif très simple: tourner la page du 20 e siècle qui a divisé l’Europe. Tous les nouveaux États membres sont des pays profondément européens, par leur histoire, leur culture, les valeurs qu’ils partagent avec nous. Ils souhaitaient que le droit rejoigne leur volonté. C’est chose faite. À nous aussi de le comprendre. En se promenant librement dans les arcanes d’un sujet complexe, on découvre l’évidence d’un mouvement irrésistible : la réunification de l’Europe. 11 POUR L’EUROPE RÉUNIE 1.PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT Jean-Dominique Giuliani

POUR L’EUROPE RÉUNIE

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10 €ISBN : EN COURS

Novembre 2002 www.robert-schuman.org

Le 13 décembre 2002, l’Union européenne décideson élargissement aux États d’Europe centrale et orientale.

De nouveaux horizons s’ouvrent à nous.

Le 1er mai 2004, l’Europe comptera officiellement 25membres.

Quelles sont les réalités économiques, culturelles etpolitiques de cette expansion ?Quel est son coût ?Quelles sont les procédures mises en œuvre et commenten est-on arrivé là ?

Connaître les données de ce dossier, découvrir l’apportdes nouveaux adhérents, c’est déjà se passionner pourcette nouvelle avancée. C’est aussi répondre, chiffres àl’appui,aux craintes et aux interrogations.C’est décrypterun processus compliqué qui répond à un objectif très simple:tourner la page du 20e siècle qui a divisé l’Europe.

Tous les nouveaux États membres sont des paysprofondément européens, par leur histoire, leur culture,les valeurs qu’ils partagent avec nous.Ils souhaitaient que le droit rejoigne leur volonté. C’estchose faite. À nous aussi de le comprendre.

En se promenant librement dans les arcanes d’un sujetcomplexe, on découvre l’évidence d’un mouvementirrésistible : la réunification de l’Europe.

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POUR L’EUROPE RÉUNIE1.PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENTJean-Dominique Giuliani

JEAN-DOMINIQUE GIULIANIAVEC DELPHINE SURRANS ET PETER SANDOR

Introduction ...........................................................4

1. Les fausses peurs................................................8

1.1 La population, l’immigration ...............................................14

1.2 Une même culture, une vraie identité européenne ......19

1.3 L’Europe sans frontières ......................................................22

1.4 Valeurs européennes ...........................................................28

1.5 On nous change notre Europe ! .........................................33

2. Bilan gagnant....................................................38

2.1 Le coût : un demi-plan Marshall en 16 ans ......................38

2.2Un coup de fouet économique ...........................................45

3. Un processus compliqué pour une idéesi simple ...........................................................50

3.1 Une aventure à rebondissements de Copenhague à Copenhague ........................................................................50

3.2 Un vrai parcours du combattant .......................................55

Conclusion............................................................64

Annexe..................................................................66

Bibliographie ........................................................74

Sites Internet .......................................................76

Glossaire...............................................................78

sommaire

5

Lorsqu’il écrit ce texte prémonitoire,retrouvémanuscrit après son décès, Robert Schumanpense justement aux États qui vont intégrerl’Union européenne en 2004.À l’époque, ils étaient de l’autre côté du rideaude fer.

Aujourd’hui, ils nous rejoignent,comme prévu.C’est toute la philosophie de la Communautéqu’on retrouve dans cette générosité,cette gran-deur d’âme et cette vision.Ce sont les fondements de l’Europe unie.

Au moment d’accueillir 10 nouveaux membres,notre devoir est donc d’être à la hauteur del’événement.Or, le débat sur le cinquième élargissement del’Union européenne n’a pas encore prisconscience de sa dimension historique. Ildemeure technique,complexe,souvent incom-préhensible pour le non-initié.

Il est pourtant d’abord politique parce qu’ilmarque la réunification de l’Europe.

Il inquiète parce qu’il ne correspond pas toutà fait à nos habitudes et à nos schémas de penséeet que nous ne trouvons pas les réponses ras-surantes à de vraies questions.

Pour pallier ce manque d’informations,pour lancerle débat,il faut simplement se pencher sur la réalité.Ce que sont ces nouveaux membres de l’Union,des pays d’Europe dont nous partageons laculture et l’histoire, nous ne pouvons en fairefi en nous contentant d’examiner la compati-bilité de l’élargissement à nos seuls intérêtsimmédiats.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT4

Nous devons faire l'Europe non seulementdans l'intérêt des peuples libres, mais aussi

pour pouvoir y accueillir les peuples de l'Est qui,délivrés des sujétions qu'ils ont subies jusqu'àprésent, nous demanderaient leur adhésion etnotre appui moral.

Depuis de longues années, nous avons doulou-reusement ressenti la ligne de démarcation idéo-logique qui coupe l'Europe en deux. Elle a étéimposée par la violence. Puisse-t-elle s'effacerdans la liberté !

Nous considérons comme partie intégrante del'Europe vivante tous ceux qui ont le désir denous rejoindre dans une communauté recons-tituée. Nous rendons hommage à leur courageet à leur fidélité, comme à leurs souffrances et àleurs sacrifices.

Nous leur devons l'exemple d'une Europe unieet fraternelle. Chaque pas que nous faisons dansce sens constituera pour eux une chance nouvelle.Ils auront besoin de nous dans l'immense tâchede réadaptation qu'ils auront à accomplir.

La Communauté européenne doit créer l'am-biance pour une compréhension mutuelle, dansle respect des particularités de chacun ; elle serala base solide d'une coopération féconde et paci-fiste. Ainsi s'édifiera une Europe nouvelle, pros-père et indépendante.

Notre devoir est d'être prêt”.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

Introduction

7POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT6

Ce que représente vraiment l’expansion del’Europe vers l’Est, nous ne pouvons l’appré-cier que dans une perspective historique etstratégique.

Tournés vers le passé,nous prenons consciencedu devoir moral d’accueillir au mieux cesmembres de la famille réunie. Tournés versl’avenir,nous devons mesurer la nouvelle ambi-tion que constitue un ensemble si fort, quellesque soient les difficultés du présent et l’incer-titude qui pèse sur son fonctionnement.

Une nouvelle page de l’aventure européennes’ouvre désormais.

À nous de l’écrire, conscients et ambitieux.

Jean-Dominique GIULIANIPrésident de la Fondation Robert Schuman

22 novembre 2002

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

Introduction

9

diable pour accabler le monde ; et les pays del’autre côté du rideau de fer ont dû attendrecinquante ans de plus pour s’en libérer.

C’est en Europe centrale que les pires atteintesà la dignité humaine se sont déroulées et qu’ontsurgi les camps de concentration et la solutionfinale ; c’est là que les pires horreurs ont étécommises. Les Nations violées et bafouées quiles ont subies,ont payé plus longtemps que nousles conséquences de la guerre, jusqu’aux Balkans,tout récemment.

Le 21e siècle est pour l’Europe,celui de la pagequi se tourne.Il est celui de la paix.Dès les années 50, quelques visionnaires idéa-listes et courageux, dont Robert Schuman,ontimaginé de créer des solidarités si fortes entreles Européens qu’il devenait pour eux pluscoûteux de s’affronter que de s’entendre.Nousavons eu la chance d’être alors du bon côté !Ceux qui sont restés au-delà ont continué àvivre dans la terreur et la misère.

Une partie de l’Europe, son cœur géogra-phique,s’est trouvée exclue de la Communautéeuropéenne,première initiative ambitieuse pourimposer durablement une stabilisation pacifique.

L’élargissement qui s’annonce, le cinquième dela Communauté, mais le plus important par lenombre d’États concernés, est donc plus uneréunification qu’une nouveauté.

C’est un devoir moral que de réintégrer ces paysdans l’ensemble dont ils n’auraient jamais dû êtreexclus.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT8 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

ous sommes sortis du 20e siècle, sous les feux d’artifice et dans la fête.

Pourtant la guerre froide était terminée depuis10 ans et une nouvelle histoire avait com-mencé le 9 novembre 1989 avec l’ouverture dela Porte de Brandebourg à Berlin.Quoi qu’il en soit, nous avons quitté ce siècleavec joie. Il y avait de quoi !

À bien des égards, le 20e siècle fut l’un des plusépouvantables de l’histoire de l’humanité.Deux conflits mondiaux sanguinaires, nés enEurope,ont usé le monde.Deux idéologies tota-litaires, le nazisme et le communisme ont par-achevé un tableau,déjà noirci de la folie humaine.L’Europe peut se targuer d’avoir élevé en sonsein les coupables de plus de 100 millions devictimes.

Les braises de ces conflits et de ces doctrinesont longtemps brûlé sous la cendre et il fallutattendre 1991 pour que nous en tournions défi-nitivement la page.

Dans cette tragédie, l’Europe centrale et orien-tale a payé le prix fort.Ethnies et races exterminées,populations chas-sées, religions poursuivies, libertés emprison-nées, nous avons développé tout l’arsenal du

1Les fausses peurs

n

11

En matière artistique, rien dans le monden’égale l’apport européen.La richesse des arts et des artistes européensà travers les siècles a apporté au monde unecontribution déterminante pour l’humanité. Ily a,dans les œuvres artistiques,une touche euro-péenne qu’on reconnaît au premier coup d’œilet qui est pétrie d’humanité.

C’est certainement la raison pour laquelle denombreux artistes,comme Victor Hugo et biend’autres,ont revendiqué leur appartenance à uneEurope qu’ils ont chantée.

Le christianisme, qu’on l’accepte ou non, est levecteur d’une culture et de valeurs qui ont forgél’Europe,y compris lorsqu’on se révoltait contrelui. Il s’est divisé, il a coexisté avec le judaïsme,il s’est très tôt affronté à l’Islam, il est à la basede l’histoire européenne dont il est l’acteuromniprésent.

L’Europe, c’est aujourd’hui une organisationqui regroupe 15 États qui ont décidé de mettreen commun certaines de leurs compétences.Il est donc difficile de définir l’Europe selon lesschémas traditionnels.C’est bien pourquoi, on sent souvent de pro-fondes interrogations sur le sens de la construc-tion européenne, son action et son visage.Aussi loin qu’on remonte dans le temps, le projeteuropéen ne ressemble à rien qui ait été déjàréalisé ailleurs.Il n’est pas théorique, il est concret dans sonobjectif :maintenir la paix sur un continent quidétient le record des guerres.Il ne rappelle pas les formes anciennes de créa-tion étatique, puisque les États qui composent

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C’est aussi le succès du modèle européen telque nous l’avons construit ;d’ailleurs les Anglo-Saxons qualifient plutôt l’élargissement “d’ex-pansion”.Comme l’OTAN,l’Union européennetire les conséquences de la fin de la division ducontinent européen, elle le réunit.

Qu’est-ce que l’Europe ?Poser la question c’est entrer dans un débat silarge qu’il y a peu de chances d’en sortir indemne!

L’Europe c’est un continent qui compte aujour-d’hui 727 millions d’habitants. Les limites queles géographes lui fixent ne recouvrent pas exac-tement celles des États (cf. carte en annexe) etla question des frontières reste l’une des pluscontroversées.

Mais l’Europe, ce sont des valeurs, c’est aussiune histoire et une culture.C’est l’un des lieuxd’implantation de l’homme qui a le plus apportéà la pensée,à la culture et à l’histoire mondiales.

Elle incarne en effet des valeurs qui ont peséet pèsent encore sur l’histoire du monde.

La liberté, les droits de la personne humaine etdonc la démocratie y sont nés.Ces valeurs struc-turent le monde contemporain et seront déter-minantes pour son évolution future.On le comprend aussi en se penchant sur l’his-toire compliquée du continent ; et on le redé-couvre chaque fois qu’il s’agit d’art ou de religion.

L’histoire de l’Europe, de ses guerres et de sespaix, de ses frontières et de sa politique est unfoisonnement incessant d’événements tragiquesentrecoupés d’aventures exceptionnelles.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

1Les faussespeurs

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Va-t-il remettre en cause ce que nous avonsréussi jusqu’ici ?

Telles sont les questions essentielles qu’onpeut se poser alors que les chefs d’État et degouvernement des Quinze décident de cetélargissement à Copenhague, le 13 décembre2002. Elles suscitent des craintes, de vraiespeurs.Ces dernières sont, bien sûr, le fait de ceux quisont toujours hostiles à l’Europe et qui restentminoritaires.Mais c’est aussi le cas des Européens decœur et de passion. Beaucoup estimentqu’élargie et en l’absence d’une intégrationplus poussée, la construction communautairen’a plus rien à voir avec le souffle et la gran-deur des origines.

L’élargissement de l’Europe marque donc l’ou-verture d’une période de questionnement etd’introspection légitime.Il n’est pas aisé, il est vrai, d’accueillir plus de70 millions d’habitants de 10 États indépendantsdans un ensemble déjà fortement intégré, quia ses codes et ses règles, sa logique et sa viepolitique.

Il est donc indispensable d’examiner très sérieu-sement les interrogations que suscite l’élargis-sement et d’établir si elles correspondent à laréalité ou à de fausses peurs.

Elles concernent l’évolution démographique,l’immigration, la définition de la culture euro-péenne, c’est-à-dire sa vraie identité et sesfrontières et bien sûr les blocages qui pourraientrésulter de cet élargissement.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT12

l’Europe préexistaient et existeront encore àcôté d’institutions supranationales.Il n’emprunte pas toujours les chemins tradition-nels de la démocratie représentative,qui délègueà une autorité le pouvoir de décision contrôlé parle vote,puisqu’il passe souvent par la voie des négo-ciations et des compromis entre États.En théorie, il n’avait aucune chance de réussir,mais l’aspiration des peuples à la paix et à la pros-périté était telle qu’il s’est peu à peu imposéde manière pragmatique.Certes, nous nous retrouvons désormais dansun ensemble d’accords et d’institutions qui nedonnent pas toujours satisfaction.On ne parle d’Europe qu’à propos de ses “dif-ficultés,ses tensions,ses crises”.Et pourtant ellefonctionne et elle progresse.Je fais partie de ceux qui souhaiteraient qu’elleprogresse plus vite, mais il m’importe, par-dessus tout qu’elle ne régresse point !

Les deux années qui s’ouvrent constituent,pour la Communauté européenne,deux annéesde défis.Elle s’élargit à l’Est, en intégrant en son sein 10nouveaux membres. D’autres frappent à laporte : la Bulgarie, la Roumanie, la Turquie.D’autres se présenteront encore bientôt,dansles Balkans ou sur les pourtours de laMéditerranée.

Saura-t-elle se réformer, saura-t-elle accueilliren son sein ces nouveaux arrivants sans perdreson âme ?Que signifie d’ailleurs ce cinquième élargissement?Était-il nécessaire ?Est-t-il bien conçu ?Combien coûte-t-il ?

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1Les faussespeurs

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Il est un vrai problème pour l’Europe, car il estsouvent facteur d’affaiblissement.Toutes les grandes nations européennesmembres de l’Union sont concernées, à l’ex-ception de l’Irlande, de la France, des Pays-Baset du Royaume-Uni qui gardent un taux d’ac-croissement de la population positif mais sifaible !

Tous les pays de l’élargissement, à l’exceptionpeu significative de Chypre, Malte et de laSlovaquie, connaissent des taux de croissancedémographique négatifs.

Il en va de même pour la Bulgarie et la Roumaniequi comptent 4,5 et 18,1 millions d’habitants.

Mais ce n’est pas le cas de la Turquie, avec ses67,6 millions d’habitants (98,8 en 2050) dontle taux de croissance démographique est de 1,3.

Avec les 5 pays des Balkans (Albanie, Serbie,Monténégro, Macédoine, Bosnie et Croatie)qui frapperont très certainement à notreporte dans les années à venir, l’Europe s’en-richirait de 24 millions d’habitants. Mais cespays connaissent aussi un fort déclin de leurpopulation et perdraient 2 millions d’habitantsd’ici 2050.

L’Europe à 33,c’est-à-dire aujourd’hui 573,7millions d’habitants, ne comptera plus en2050 que 541,2 millions d’habitants.

Dans quelque sens qu’on tourne les chiffres,Turquie exceptée, l’Europe élargie ne peutreprésenter un danger de nature démogra-phique. C’est même l’inverse. En l’absence

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1.1 La population,l’immigration

Les craintes liées à l’augmentation et aux mou-vements de la population européenne que sus-citerait l’élargissement sont démenties par leschiffres.

L’Union européenne proprement dite,compte,en 2001,376,8 millions d’habitants, le conti-nent dans sa totalité en dénombre 727 millions.Si l’on ajoute les 74,6 millions de personnes quipeuplent les dix pays de l’élargissement,l’Europeà 25, c’est 451,4 millions d’habitants.

Nous pouvons mieux souffrir la comparaison avecles 278 millions d’Américains, les 500 millions deressortissants des pays de l’ASEAN ou les 244millions du MERCOSUR et bien sûr le milliardd’Indiens ou le milliard 700 millions de Chinois.L’Europe prend peu à peu la dimension desgrands ensembles du monde.

Selon les prévisions de l’ONU(1), l’Europe desQuinze,compte tenu de son faible taux de crois-sance démographique, ne compterait plus, en2050, que 339,3 millions d’habitants.L’Europe à 25 aura perdu, quant à elle, 54 mil-lions d’habitants pour n’en compter plus que397,3.En effet, en 48 ans, nous allons perdre 58 mil-lions d’habitants, soit 72 % de la population desnouveaux adhérents !

Le déclin démographique européen est uneréalité poignante lorsqu’on aligne les chiffres etles prévisions.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

1Les faussespeurs

(1) FNUAP : Fonds desNations Unies pour lapopulation

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Les chiffres ne correspondent pas à cette inquié-tude,surtout pour la France.La vague de trans-ferts de population et de réfugiés,que nous avonsconnue dans les années 90, est derrière nous.La stabilisation des Balkans y est pour beaucoup.La stratégie choisie pour l’adhésion et quiconsiste à venir en aide aux pays d’Europe pro-visoirement en difficulté,porte ses fruits.La crois-sance a redémarré partout en Europe centrale.Elle est bien supérieure à la nôtre.Les nationauxde ces pays ont de nouveau l’espoir de partici-per davantage au développement de leur pays.Ils restent plus volontiers chez eux où de nou-veaux emplois se créent plutôt que de grossirle nombre des chômeurs chez les Quinze.

Les experts européens estiment que seuls150000 ressortissants des nouveaux adhérentsdevraient choisir de s’installer dans un autre paysde l’Union.La croissance de la population immi-grée serait de 2 % de la population active enAutriche, de 1 % en Allemagne, alors que pourtous les autres pays, l’effet serait égal ou infé-rieur à 0,5 % (0,1 % pour la France).

En dehors des situations exceptionnelles commele conflit des Balkans, on a constaté en effet,depuis le début de la transition économique,queles populations des pays d’Europe centrale etorientale manifestent une faible mobilité,mêmeà l’intérieur de leur propre pays.

Les États membres ont d’ailleurs prévu des dis-positifs de garantie. Concernant la libre circu-lation des ressortissants des nouveaux paysadhérents, des périodes transitoires ont étédemandées par plusieurs pays membres.Les res-trictions devraient s'échelonner dans le temps.

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d’une politique nataliste volontaire ou une poli-tique d’immigration intelligente, l’Europe sedépeuple, perd ses forces, ses bras et ses cer-veaux.En 2050,les 727 millions d’habitantsdu continent ne seront plus que 600. Si lesélargissements de l’Union, prévus et à prévoir,permettent une augmentation de la population,le renouvellement des générations n’est pasassuré et l’âge moyen augmente.La populationeuropéenne diminue.

L’Europe vieillit.

Selon l’ONU, l’âge moyen (médian) de la popu-lation de l’Union à Quinze est aujourd’hui de38,1 ans. Il sera en 2025 de 45,8 ans et en2050 de 48,5 ans.À 25, ces chiffres rajeunissent à peine dans lecourt terme et s’aggravent même à long terme(36,5, 44,5, 49,1 ans).À 33, ils s’établissent à 33,4, 41,8 et 46,1. Lamoyenne mondiale est évidemment beaucoupplus jeune (26,5, 32, 36,2 ans). Le vieillissementde la population est un phénomène mondial. Ilest d’abord un mouvement européen.

Les nouveaux adhérents nous ressemblent vrai-ment. Ils sont européens, franchement euro-péens, jusqu'à partager notre évolution démo-graphique. Pour une longue période, ils nepeuvent en aucun cas représenter un danger decaractère démographique.

Immigration ?

Certains ont évoqué les transferts de popula-tion entre les pays d’Europe qui pourraient résul-ter de l’élargissement.

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1Les faussespeurs

Un examen de la situation est prévu au bout de2 ans, puis de nouveau après 3 ans et enfin, 2ans plus tard. À chaque étape, le Conseil desministres pourra décider la libre circulation.Dansle cas contraire,elle n’interviendra que fort tard.

De plus, l'adhésion des pays candidats à l'espaceSchengen n'entraînera pas ipso facto la levée descontrôles aux frontières intérieures de l'Unionavec ces pays, car cette mesure nécessite unedécision distincte prise par le Conseil à l'una-nimité, à l'issue d'une évaluation spécifiqueeffectuée par les États membres.Contrairement à une idée reçue, l’élar-gissement n’entraîne pas d’immigrationsupplémentaire.On voit bien, d’ailleurs, que les immigrants illé-gaux, dont les problèmes font la une des jour-naux ces derniers mois, ne sont pas des res-sortissants des 10 pays concernés parl’élargissement.Ils viennent de plus loin, de zones où l’écono-mie est sinistrée, de pays en guerre ou qui nerespectent pas les droits élémentaires de la per-sonne humaine. Ils sont Afghans, Kurdes,Pakistanais. Ils ne sont ni Tchèques,ni Slovènes !

Les nouveaux adhérents seront-ils capablesd’instaurer un vrai contrôle de cette immigra-tion à leurs frontières ? Ces pays seront,en effet,en première ligne pourcontrôler les frontières extérieures de l'Union.Ces dernières années, ils ont sérieusementrenforcé leurs frontières grâce à l'aide del'Union qui a dépensé 500 millions d’eurosdans ce but.La plupart des candidats ont intro-duit des visas pour les ressortissants des paysextérieurs (Russie,Biélorussie,Ukraine,etc.) et

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leurs douanes contribuent aujourd'hui à com-battre les trafics. Si des progrès restent à faire,beaucoup ont déjà été réalisés.Les services despays adhérents réalisent aujourd’hui le quart dessaisies mondiales d'héroïne !

Il est donc possible d’affirmer que l’élargisse-ment est sans effet sur l’immigration internedans l’Union et qu’il ne devrait pas aggraver nosdifficultés face à l’immigration venant de paysplus lointains. Au contraire, l’Europe prendconscience de la nécessité d’une vraie politiquede l’immigration et renforce ses contrôles auxfrontières extérieures de l’Union.

1.2 Une même culture, unevraie identité européenne

Dans l’opinion des ressortissants de l’Union, lesnouveaux adhérents inspirent la méfiance.Cettepeur de l’Autre s’appuie sur l’histoire pour leurcontester l’appartenance au club des Européens.Elle est une vraie peur : notre culture est-elleen danger ?

L’Europe,telle que nous allons la connaître,s’estforgée une identité commune à travers laculture.Le développement des sciences en Europes’est appuyé sur un réseau d’universités qui neconnaissait pas les frontières.Dès le Moyen-Âge,on circulait d’université en université et celles-ci fleurissaient partout sur le continent.

L’université de Cracovie, fondée en 1348 et oùenseignait Copernic,rivalisait avec Florence,Pariset Vienne. Pécs en Hongrie, fondée en 1367 et

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT18 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

1Les faussespeurs

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Königsberg (Kaliningrad), Marina Tsvétaïeva,venue de Moscou, s’établit successivement àPrague, Berlin et Paris avant de s’en retourner,pendant que Pasternak tournait dans l'autre sens.Pour les artistes il n’y a pas de frontières parceque leur commune inspiration est d’abordeuropéenne.On pense à Rilke,Mozart,mais aussià la Grande Catherine de Russie qui a attiréjusqu’à Saint-Pétersbourg les plus grands archi-tectes, les philosophes les plus en vue (Diderot),les artistes les plus renommés.Comme Laurent le Magnifique de Florence,avantelle, c’est ce sentiment légitime que l’art euro-péen doit être protégé et encouragé parce qu’ilest unique et commun à tout le continent quila motivait. Il l’est resté malgré les conflits, lesdictatures et les frontières.

Parmi les nouveaux arrivants dans l’Union, il estdes États pour lesquels nul ne se pose la ques-tion.Évidemment la République tchèque est l’undes faubourgs de Paris ou de Berlin pour la lit-térature,mais Budapest aussi et Tartu et Vilniuset la Pologne !Mais on ne peut pas oublier ce que la musiquedoit aux Hongrois Franz Liszt et Bela Bartok,aux Polonais Chopin et Rubinstein,aux TchèquesSmetana et Dvorak, au Roumain Enesco !De même que les Tchèques Kafka et Capek,les Roumains Ionesco et Eliade, parmi biend’autres, ont contribué au foisonnement litté-raire européen.Chaque pays de l’élargissement peut revendiquerson apport à la culture européenne. Les artisteseux-mêmes ont plaidé cette cause de l’Europe.On se rappelle Saint Simon(2) ou William Penn(3).Ils ont senti, plus fortement que d’autres, alorsque ce n’était ni à la mode ni dans l’humeur des

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT20

Prague n’avaient rien à envier à Pise.Tartu enEstonie,Vilnius en Lituanie ou Riga en Lettonie,ont contribué au développement et à la pro-pagation du savoir autant que nos universités.Les cours d’Europe centrale étaient aussiouvertes aux sciences que les nôtres et ont jouéun rôle considérable tant à la Renaissance quepour la propagation des idées de la Réforme.

Les philosophes et les chercheurs visitent lescapitales d’Europe depuis le 14e siècle et contri-buent à la diffusion d’un savoir commun.Ils jouis-sent alors de protections qui traduisent lerespect qu’ils inspirent,malgré les conflits et lesrivalités nationales. Ils disposent souvent, dansles capitales qui les accueillent, des meilleursmoyens de recherche et d’enseignement.

Ce fut plus évident encore pour la flambée queconstituèrent les idées des Lumières.Les mou-vements nationaux ou démocratiques,qui défer-lèrent sur l’Europe en 1848,ont tout aussi bienconcerné Prague que Paris, Bucarest queBudapest, Poznan autant que Berlin, la Croatiecomme la Slovaquie.

Mais que dire de l’art ? C’est lui qui trace lesfrontières de l’Europe mieux encore que lesarmées. On reconnaît l’art européen rien qu’àson intuition, à sa touche, à sa “patte”.

Le 19e et les débuts du 20e siècle, plus prochesde nous,nous rappellent comment ont travailléles artistes du continent, en voyageant, échan-geant, circulant comme si les frontières poli-tiques,pourtant hérissées alors de nationalismesguerriers, n’existaient pas.Modigliani s’installe à Paris. Kant est né à

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

1Les faussespeurs

(2) De la réorganisation dela société européenne ou dela nécessité et des moyensde rassembler les peuplesde l’Europe en un seulcorps politique

(3) Essai pour la paixprésente et future del'Europe, par l'établissementd'une diète européenne,d'un Parlement ou d'États(1693).

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Mais alors que dire à la Croatie alors que laSlovénie intègre le Club ? Que dire à la Turquie,le premier État à avoir signé,en 1963,un accordd’association avec la Communauté ?Peut-on dessiner la carte d’une Europe accep-table par tous ?

Si l’Europe est bien chrétienne, elle a su seconfronter et cohabiter avec les autres religionsdont certaines ont été très puissantes dans toutel’Europe. C’est vrai bien sûr du judaïsme, maisc’est aussi le cas,différent,de l’Islam un momentinstallé par la force sur les terres européenneset toujours présent par ceux qui s’en réclamentà l’intérieur de nos frontières.

Oui,l’Europe géographique est une réalité (cf.carteen annexe),mais pas celle qu’on croit.Car la géo-graphie obéit souvent à l’histoire.Un tiers de laRussie et une partie du Caucase s’y rattachentnaturellement dont tous les pays ont, d’ailleurs,adhéré au Conseil de l’Europe. Et pour le géo-graphe, il est évident que les Balkans sont tota-lement en Europe et ont vocation à la rejoindre.

L’Europe ne se résume pas à ses membres del’Ouest et le débat est loin d’être clos poursavoir où elle doit s’arrêter dans l’intégration.Il est certain, en tout cas, que les 10 entrants,et même les 12, font bien partie de l’histoire,de la culture et de l’identité européennes. Il suffitd’arpenter les rues de Tallinn ou de Budapestpour le constater.

Oui, l’Europe,si elle ne veut pas se limiter à unezone de libre-échange, doit aussi s’attacher àréunir des peuples qui partagent les mêmesvaleurs de liberté,de démocratie et de respect

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT22

chefs, qu’unifier l’Europe était alors naturel.Alors la réunifier est bien aujourd’hui un devoirau nom de la culture européenne !

La qualité des artistes et des scientifiques despays de l’élargissement est souvent sous-estiméeà l’Ouest. Sait-on, pourtant, que l’Europe à 25,c’est d’ores et déjà, du jour au lendemain, 14Prix Nobel de plus dans le club de l’Union !

La culture de l’Europe c’est celle du mélange desnuances de ce continent qui partage les mêmesvaleurs fondamentales, qui se régale à en décli-ner les différences, mais les impose souvent aumonde dans la même forme.Après l’élargisse-ment, nous redécouvrirons combien celui-ciétait naturel pour l’art, les sciences et le savoir.

Alors,commencerons-nous peut-être à recon-naître à l’Europe une légitimité qui ne sauraitse limiter à l’économique, à la gratifier d’uneréelle identité qui dépasse le “modèle” quechacun aujourd’hui magnifie en l’opposant àd’autres et à le rechercher là où il est, c’est-à-dire à l’intérieur d’elle-même.

1.3 L’Europe sans frontières

Que dire alors des frontières ?

L’une des principales inquiétudes face à l’élar-gissement est bien de savoir où nous allons nousarrêter dans l’agrandissement de l’Europe. Cecinquième élargissement sera-t-il le dernier ?Pour le Président de la Convention pour l’ave-nir de l’Union européenne, Valéry Giscardd’Estaing, la réponse est positive.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

1Les faussespeurs

de la personne humaine, voire le même héri-tage spirituel.Et l’on pense naturellement à la Turquie, qui adéposé, la première, sa demande d’adhésion àl’Union en 1987.Est-elle d’Europe ou bien d’Asie ? Que doit-onlui répondre ?L’enjeu est de taille autant pour des raisons éco-nomiques et démographiques (70 millions d’ha-bitants) que culturelles et religieuses (un paysislamique dans l’Europe ?), voire politiques etstratégiques (membre de l’OTAN, laïc).Il y a plus de quarante ans, la Turquie a entaméune longue course vers l’adhésion à l’Unioneuropéenne.En fait, elle avait commencé aprèsla première guerre mondiale.Lorsque le général Mustafa Kemal, dit Atatürk,reconstruit de toutes pièces un État nationallaïc, dont le code civil est copié sur celui de laSuisse, le droit public sur celui de la France, lecode pénal sur celui de l’Italie et le droit com-mercial sur celui de l’Allemagne! (voir en annexe).À ses yeux, l’Occident représente “la civilisa-tion contemporaine” et la polygamie est sup-primée, l’égalité entre les femmes et les hommesproclamée, l’alphabet transformé, le dimancheférié adopté, etc.S’il y a bien un État qui se réclame des “valeursrépublicaines” à la française, c’est la Turquie.

Cette révolution a fait de ce pays un État fort,dont la très grande majorité travaille déjà pournotre économie ou vit de nos exportations. La“Mégane” de chez Renault est fabriquée enTurquie et non en France. Les liens écono-miques qui unissent les pays d’Europe à laTurquie,avec qui nous sommes en “union doua-nière” depuis 1995, sont très solides.

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Le produit intérieur brut atteint 360 milliardsd’euros et le développement du pays prometdes taux de croissance inespérés chez nous.Parallèlement, la situation des droits del’Homme a progressé comme personne n’au-rait pu l’espérer.La peine de mort a été abolie, les lois et laConstitution ont été réformées et le droit desminorités commence à intégrer le droit positif turc.Même si beaucoup reste à faire, les femmesturques glissent leur bulletin de vote dansl'urne depuis 1934,une avance de onze ans surles Françaises, de quatorze ans sur les Belges,de dix-huit ans sur les Grecques et de quarante-deux ans sur les Portugaises !Enfin, la Turquie est militairement en Occidentet contribue à la sécurité de l’Europe d’unemanière décisive.Reste l’argument géographique.Dire que l’Unioneuropéenne doit se limiter aux états d’Europeest une évidence.Mais alors, pourquoi avoir laissé espérer sonadhésion à la Turquie depuis si longtemps ?Parce qu’on n’y croyait pas ? Cette hypocrisieest-elle soluble en une seule réponse qui consis-terait à claquer la porte à ceux qui souhaitentnous rejoindre ?

Quelles que soient les difficultés que pose la“question turque”,nul n’a le droit de traiter ainsiun partenaire politique et économique.D’autant plus que la Communauté a fixé des cri-tères précis à l’ouverture de négociations d’ad-hésion et que la Turquie ne les remplit pasencore totalement. Il y a donc matière à évo-lution, discussions et à concertation, avant quene sonne l’heure des anathèmes,si tant est qu’ilssoient utiles ailleurs que sur le plan électoral !

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT24 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

1Les faussespeurs

La rejeter purement et simplement horsd’Europe, c’est la livrer à l’obscurantisme deceux qui ont fait de l’Orient proche une pou-drière de haines religieuses et de guerrespotentielles.C’est ne lui laisser aucun autre choixque de se retourner vers les démons quihantent ses frontières et qu’elle a su contenirjusqu’ici. Ce serait irresponsable et coupablepour nos propres intérêts.À nous d’avoir le courage de dire clairementaux Turcs, le moment venu,ce que nous voulonspour nos relations.Dedans ou en dehors, il estcertain que nos destins sont liés pour longtempscomme ils l’ont été dans le passé.L’Europe doitmontrer sa maturité dans le traitement decette question. Elle doit s’en tenir à ses règleset exiger qu’elles soient respectées par ceuxqui souhaitent la rejoindre.Ce n’est pas encorele cas pour la Turquie.Nous n’avons pas le droit de lui interdire àl’avance d’y parvenir.

La polémique née de la question turque metparadoxalement en lumière le coup fatal portépar l’Europe à la notion de frontières.On croyait savoir ce que signifiait une frontière :la délimitation d’une communauté de base quipartage les mêmes valeurs, s’organise pour lesdéfendre et pour rendre la vie collective pos-sible en désignant ses gouvernants et en mettanten commun certaines dépenses.En réalité le projet européen détruit la notiontraditionnelle de frontières. Oh! bien sûr, ellesexistent et existeront toujours,mais elles n’ontplus rien à voir avec ces murailles infranchissablesderrière lesquelles on aimait à se retrancher.Elles ont été vaincues depuis longtemps par leurinanité même, mais surtout par les échanges

1Les faussespeurs

27POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT26 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

d’hommes,d’idées,de marchandises,par la paixaussi,par les avancées technologiques et par lesprogrès de nos valeurs dans le monde.L’Europe, le projet européen, c’est lanégation même de la notion tradition-nelle de frontière.

N’en déplaise à ceux qui la rejettent, c’est laTurquie qui obligera l’Europe à trancher la défi-nition moderne des frontières.Voulant entrerdans l’Union, elle multiplie les réformes pouraccepter nos règles,pour épouser nos valeurs,pour établir un État de droit conforme à nospratiques.Elle ne s’arrêtera pas et nous devronsalors dire clairement quelle est notre définitionde la frontière à l’heure de la globalisation desidées et des échanges.Les frontières d’autrefois étaient d’abord phy-siques, les frontières d’aujourd’hui sont surtoutmentales et morales. Pour l’Europe commepour le monde dans lequel nous serons encoreplus minoritaires par le nombre d’habitants.Aussi gardons-nous d’exclure trop vite ceux quinous prennent comme modèle et sachons aumoins dialoguer avec eux autrement qu’en lesinsultant.

Car l’Europe n’est toujours pas une puis-sance, au sens traditionnel du terme. Elle n’apas encore l’armée qu’elle mérite, elle n’a pasencore le pouvoir politique unique qu’elleaurait dû se donner. Sa force et sa puissance,c’est son exemple, c’est-à-dire ses valeurs depaix, de liberté et de solidarité, au nom des-quelles les pays qui la composent ont renoncéà faire la guerre et ont décidé de mettre encommun des parts importantes de leurssouverainetés.

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demeure le pivot de toute organisation sociale.Elle représente davantage que le seul individu,quine saurait prendre en compte la spiritualité,la pro-gression des êtres,leur droit à une seconde chancevoire au pardon, leur vie dans une organisationsociale dont la première est d’abord la famille.Les droits de l’Homme en sont extraits. Ils sontindividuels et personnels, avant d’être collectifs.Ils sont intangibles et ne peuvent être asservis àune quelconque organisation ou cause collectives.

En ce sens, le christianisme a donné à l’Europecette valeur fondamentale de respect de la per-sonne humaine qu’il partage avec le judaïsme.C’est ce qui nous différencie de grandes civili-sations alternatives, comme la Chine ; c’est cequi nous rapproche de nos alliés occidentauxcomme les États-Unis.Aujourd’hui,cette valeur fondamentale demeurel’héritage le plus précieux de notre histoire.Lereconnaître n’a rien à voir avec la remise encause de la laïcité,c’est plutôt assumer,tout sim-plement, notre histoire, nos contradictions etnotre diversité.

Les nouveaux arrivants adhèrent-ils ànos “valeurs” ?

Observer l’évolution des nouvelles démocra-ties d’Europe centrale et orientale donne letournis.En 10 ans,se sont mis en place de vraiesdémocraties et un État de droit souvent exem-plaire. Des élections libres ont été organiséeset, malgré les hésitations premières, dues aunombre de partis politiques, aux excès, aupopulisme, aux ravages du communisme, ladémocratie a retrouvé ses racines dans ces Étatsqui l’ont tous pratiquée dans le passé.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT28

Cette force morale ne tient pas lieu de forcephysique,mais c’est,pour l’instant, ce que nousavons de plus fort! Sachons la préserver et nousen servir.

Le débat ouvert avec la Turquie met, d’ailleurs,en évidence que les 10 nouveaux pays quientrent dans l’Union ne suscitent pas les mêmesoppositions.

Cet élargissement se passera beaucoup mieuxque tous les Cassandres nous l’annoncentparce qu’il est évident que les nouveaux par-tagent, depuis longtemps, au-delà même de ceque nous imaginons et malgré les vicissitudesde l’histoire, les valeurs de l’Europe.

1.4 Valeurs européennes

Est-il utile de rappeler que la liberté,la démocratie,le respect et le développement de la personnehumaine sont à la base du projet européen?Peut-être est-ce indispensable lorsqu’on observel’embrouillamini idéologique qui saisit certainsen mal de doctrine.La liberté,parce que notre conviction profondedemeure : nous refusons tous les systèmes quiasservissent l’homme à une cause supérieure.La démocratie, parce que nous adhérons à cesystème d’organisation politique qui nous garan-tit de la dictature des minorités,comme de cellede la majorité, que nous acceptons de parta-ger certaines tâches collectives pour le bonheurde chacun,que nous votons pour élire ceux quinous dirigent et les contrôler.La personne humaine, avec ses droits, ses sou-haits, ses imperfections comme ses richesses,

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

1Les faussespeurs

septembre 2002, couper l'herbe sous le pieddes forces populistes et contredire ainsi les pré-visions alarmistes. D'autres, notamment laHongrie, ont écarté du Parlement en avril2002 les partis d'extrême droite, en l’occur-rence le MIEP.Nous n’avons véritablement rien à redire à lamanière dont les 10 nouveaux arrivants ont prisle “virage démocratique”. Mieux encore, dansdes circonstances historiques identiques, lesgrands pays d’Europe de l’Ouest,dont la France,n’auraient pas fait mieux !

Ni vengeance ni tricherie, ni coup de force nicontestation, aucune mauvaise nouvelle n’estadvenue depuis la chute du Mur de Berlin.C’estun fait, la démocratie est de retour en Europecentrale, d’une manière apaisée. Réjouissons-nous !

Le traitement des minorités est un sujet qui tientà cœur aux instances européennes. Parce qu’ilest la preuve du respect des règles démocra-tiques élémentaires dans la vie de tous lesjours. Une institution discrète et très efficacey veille pour nous depuis longtemps : le Conseilde l’Europe.

Depuis des siècles, les minorités sont présenteset turbulentes en Europe centrale. Histori-quement, elles ont toujours formé des com-munautés fortes ; elles furent souvent l’occa-sion de conflits, c’est l’une des spécialitéseuropéennes.Aujourd’hui l’intégration européenne, dûmentrelayée par des actions et pressions efficaces,semble avoir eu raison du mal endémique qu’alongtemps constitué l’irrédentisme. Instruits

31POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT30

En effet, parmi les nouveaux arrivants, nombrede pays pourraient nous en remontrer dansl’exercice de la démocratie.Les villes hanséatiquesde la Baltique avaient décentralisé avant l’heureet avaient jeté les bases d’organisations socialesde solidarité très efficaces ! La Tchécoslovaquied’avant-guerre fut un modèle pour beaucoup.

Pourtant les nouveaux adhérents suscitent encoredes inquiétudes dans l’Europe d’aujourd’hui :■ La démocratie y est-elle réellement ancrée ?■ Les droits des minorités y sont-ils vraimentrespectés ?■ La corruption y sera-t-elle éradiquée ?

La réalité permet raisonnablement de répondrepositivement à ces trois questions.

Les pays d’Europe centrale ont 12 ans de pra-tique démocratique derrière eux. Pour laplupart d’entre eux, il s’agissait de retrouverdes règles et des réflexes interdits et bannispar le communisme.

La régularité des échéances électorales et le bondéroulement des élections en témoignent.Toutes ont été organisées et tenues à date fixeet selon les règles.On ne cite les élections législatives anticipéesqu'à titre d'exception, en juin 2001 en Lituanieet en janvier 2002 en Estonie, mais là encoreselon les règles les plus établies de la pratiquedémocratique.

Des formations politiques modérées ont gou-verné ces pays depuis 1989. Si la Slovaquie aconnu une période turbulente entre 1993 et1997, elle a su lors des dernières élections en

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1Les faussespeurs

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note par ailleurs l'existence en Hongrie del'unique lycée tzigane au monde,connu pour sonexcellence et son exemplarité.Alors que la com-munauté Rom est loin d’être intégrée correc-tement partout.

La corruption dans les pays d’Europe centraleest dans la ligne de mire des autorités deBruxelles.La Commission a récemment pointédu doigt plusieurs pays candidats qui seraientdes mauvais élèves dans la lutte contre cefléau. Les pays candidats font de réels effortsqui devront être poursuivis.Les classement réa-lisés par l’organisation non-gouvernementaleTransparency International ne sont pas alarmants.La Slovénie et l'Estonie, respectivement 27e et29e, se trouvent juste derrière la France (25e),la Hongrie à égalité avec l'Italie (33e).Il ne servirait à rien de cacher que c’est undomaine sur lequel beaucoup reste à faire.Les procédures européennes ont su intégrer cetimpératif et l’Union européenne en a fait unélément d’appréciation de la préparation àl’adhésion. On peut espérer que la hausse duniveau de vie des pays de l’élargissement ira depair avec des institutions transparentes ; c’estle mouvement qui est entamé depuis quelquesannées et qui devrait aboutir à des situationscomparables à la nôtre dans les meilleurs délais.

1.5 On nous change notreEurope !

Tel est le cri que poussent les Européens de tou-jours. Ils ont raison.La Communauté originelle,celle qui a eu l’audace d’établir une stricte égalitéentre ses membres qu’ils s’appellent le

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT32

par l’Histoire, nous avons su être convaincantset plaider la cause de la paix,souvent avec l’aidede la force, de la pression politique ou de…notre porte-monnaie.

Force est de constater que la question des mino-rités n’empoisonne plus l’Europe.Si, ici où là, quelques frictions surviennent,souvent à l’heure des élections, comme enHongrie, en République tchèque ou enSlovaquie,elles paraissent d'autant plus hors dutemps qu’elles sont soignées et traitées rapi-dement. Hommage soit rendu à l’Union euro-péenne dont la force d’attraction et de convic-tion a permis la coexistence pacifique desminorités.Peut-on ainsi citer un seul mouvement sépa-ratiste qui ait fait parler de lui ces dernièresannées en Europe centrale ? Il n’y en a pas chezles nouveaux membres de l’Union ; il y en aquelques-uns chez les Quinze !

Chez les nouveaux membres, la représentationdes minorités a été organisée de manière satis-faisante. Dans plusieurs pays, la protection desminorités est une obligation constitutionnelle.En Hongrie, 13 minorités sont reconnues parla loi (bulgare,tzigane,grecque,croate,polonaise,souabe, géorgienne, roumaine, russe, serbe,slovaque, slovène, ukrainienne) ! Elles sontregroupées en collectivités autonomes,dont lesresponsables sont élus au niveau local et auniveau national pour défendre leurs intérêts.Cescollectivités sont financées sur fonds publics etmilitent pour la défense des traditions et l'ap-prentissage des langues. Dans d’autres pays,notamment en Pologne et en Roumanie, leurreprésentation au Parlement est garantie. On

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1Les faussespeurs

ouvrir la porte à nos amis de l’Est de l’Europequi retrouvaient enfin le chemin de la maisoncommune. Il l’a fait pour l’Allemagne, à un coûttrès élevé. Il restera dans l’histoire pour cela.

Nous le faisons pour l’Europe centrale et orien-tale parce que c’est, d’abord, un devoir moral.Et la France s’honore d’avoir compris celarapidement.Comment donc gérer au mieux ces adhésionssans remettre en cause le projet européen ?Avec réalisme, pragmatisme et vraisemblable-ment un peu d’audace.

Puisque le calendrier nous est imposé et,qu’aufond, nous nous en réjouissons, faisons preuvede générosité.Montrons aussi un pragmatisme et un réalismequi ne sauraient être confondus avec la rési-gnation. Non, l’Europe n’est déjà plus unesimple zone de libre-échange. Il n’y a pas deraison qu’elle le devienne.Elle est plus que cela.

Constatons tout d’abord qu’elle a beaucoupchangé depuis 1957.L’intégration de nos économies a constitué unformidable accélérateur. Le corpus de règleseuropéennes s’est considérablement accru etil n’y a plus de sujet qui soit tabou. Tout estdésormais susceptible d’être un jour “commu-nautarisé”. Ceux-là même qui, hier, protes-taient contre l’intégration économique, récla-ment un mandat d’arrêt européen ;on construitpas à pas une Europe de la défense, l’Euro estaccepté.Le mécanisme d’intégration est en route, il bous-cule tout sur son passage et, au fond,n’est plusvraiment contesté que par ceux qui regrettent

35POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT34

Luxembourg ou la France, n’est plus l’Europed’aujourd’hui. Et l’on peut craindre que le rêveeuropéen,celui de constituer une vraie grandepuissance, qui puisse être l’égale des États-Unis,se perde dans les sables de l’élargissement.À n’avoir pas suffisamment approfondi laCommunauté avant de l’élargir,on ne serait pasfidèle à son souffle du départ.Soyons francs, ces arguments ne sont pas tousfaux.Mais l’Europe elle-même a beaucoup changé,avant même l’élargissement.Comme toute construction humaine, elle estlente à se mettre en place. Elle a pris sontemps, les pro Européens ont dû lutter souventet longtemps pour imposer leurs vues et ils n’ontpas toujours eu gain de cause. Nous avonsrefusé,au sortir de la guerre,une armée unique.Nous avons mis près de quarante ans à fairel’Euro et près de cinquante à faire collaborernos policiers.Il y a un temps humain, un temps de l’homme,qui doit être pris en compte dans toutes lesgrandes ruptures avec le passé.Le tempo de l’Europe est lent,mais régulier.Elleprogresse.

Quand soudain,au début de la dernière décen-nie du siècle, le mur de Berlin s’est effondré dansdes conditions que personne n’avait imaginées.Nous ne nous y attendions pas, même si nousavons lutté pour y parvenir.

La réunification de l’Europe devenait possibleet venait bousculer notre cheminement.Fallait-il la refuser ? Était-ce seulement possible?Dès les années 90,le Chancelier Helmut Kohl indi-quait clairement que nous devions immédiatement

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

1Les faussespeurs

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Sera-t-il plus difficile de la faire à 25 qu’à 15 ?Ce n’est pas évident.

Les négociations techniques seront,bien sûr,plusdifficiles, mais jamais insurmontables. Nousl’avons prouvé dans le passé.Demeurera la nécessité d’une volonté politiqueforte d’aller plus loin dans la mise en commun decompétences de nos États. Cela ne dépend pasde la taille de l’Europe,cela dépend de la force denos convictions.Quelques chefs d’État ou de gou-vernement audacieux peuvent toujours prendrel’initiative d’avancées nouvelles. Cela dépendd’eux, cela dépend de nous. Et dans cet exerciceprospectif et de courage, les nouveaux venus ris-quent, peut-être, d’être les plus enthousiastes.

Nous aurons,certes,à appliquer quelque tempsle mauvais Traité de Nice. Conclu en 2000, ilsymbolise parfaitement ce que la vieilleméthode communautaire peut produire depire lorsqu’elle est poussée à bout. Il faut enchanger car nous avons changé d’époque. Etdans cet exercice aussi, les nouveaux venus nousaideront davantage que si nous étions restésentre nous ; car ils ont faim d’Europe alors quenous paraissons parfois en être rassasiés !

Le Traité de Nice aura vécu lorsque commen-ceront les négociations pour une vraieConstitution européenne parce que la Conventionaura lancé le débat sur l’Europe du futur.

Ne désespérons donc pas de l’Europe.De criseen crise, elle ne nous a jamais déçus !

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT36

de devoir abandonner leur pouvoir national auprofit d’une logique européenne d’efficacitéque l’opinion réclame.Au rêve initial s’est substituée la banalité d’un grandespace intégré. Et de nouvelles préoccupations,comme le respect des diversités,les revendicationsculturelles et régionales, ont émergé.Quand Jacques Delors lui-même parle del’Europe comme une Fédération d’États-Nations,on comprend que c’est l’échiquier qui a bougéet non les pièces sur l’échiquier.

N’ayant pas suffisamment vite avancé pour uneEurope de la défense,pour une politique étran-gère commune, ayant laissé le temps faire sonœuvre dans les esprits, nos propositions derelance européenne sont souvent plates et peuambitieuses, au fond comme la réglementationcommunautaire, technique et compliquée.Est-ce pour autant qu’il faut baisser les bras ?Non,car l’avenir de l’Europe est plus ensoleilléqu’il n’y paraît.

L’élargissement, c’est d’abord le succès del’Europe communautaire. Cet afflux de candi-datures est un plébiscite en lui-même.

Par ailleurs, en lançant la mécanique d’uneréforme de l’Union, portée par la Conventionpour l’avenir de l’Europe que préside M.Giscardd’Estaing, les chefs d’État et de gouvernementont manifesté leur claire conscience de lanécessité d’avancées audacieuses. Il nous faudrainventer une nouvelle Europe, qui devra aussis’habituer au quotidien. Il n’est pas nécessairede toujours arriver à la crise. Il n’est pas for-cément indispensable de la faire progresser avecde grands moulinets de bras.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

1Les faussespeurs

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Il y a des causes pour lesquelles on ne comptepas! Aujourd’hui encore les transferts financiersde l’Allemagne de l’Ouest vers les anciensLänders de l’Est sont estimés à 75 milliardsd’euros par an.Lourde charge pour l’économieet le budget allemands !

Le coût de l’élargissement,sur lequel on entendet on lit beaucoup d’extrapolations inexactes,est bien inférieur à tout ceci.Depuis 1990, l’Union aide et soutient les nou-velles démocraties.Il lui faudra poursuivre cet effort encore jus-qu’en 2006, avant que les nouveaux adhé-rents puissent être placés sous le régime dedroit commun des aides et des contributionscommunautaires.L’ensemble de ce que nous aurons dépensé pourl’élargissement depuis 1990 et de ce que nousallons dépenser jusqu’en 2006 représente uncoût net de 42,5 milliards d’euros,soit undemi-plan Marshall.

2.1.1 Ce que cela a coûté depuis 1990 :un effort limité

Depuis 1990, l’Union européenne a dépensé 19milliards d'euros d’aides exceptionnelles àtravers trois programmes : PHARE, ISPA etSAPARD (cf. glossaire).

Le programme PHARE, qui fonctionne depuis1990,est destiné à aider les économies en tran-sition. À la fin de l’année 2003, il représenteraun total de 1,57 milliard d'euros.

En 1994,une stratégie de pré-adhésion est adoptéepar le Conseil européen pour faciliter l’établisse-

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT38 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

e bilan coûts-avantages du cinquième élar-gissement est bon.

À la dépense d’un demi-plan Marshall,étalée sur16 ans, correspondent de réels avantages éco-nomiques, tant en ce qui concerne l’intégrationde nouveaux consommateurs que pour les pers-pectives qu’il ouvre à nos économies

2.1 Le coût : un demi-planMarshall en 16 ans

Pour le redressement de l’Europe au lendemainde la deuxième guerre mondiale, les États-Unisont su se montrer généreux.C’était leur intérêt,c’était intelligent ; ce fut diablement efficace.Le plan Marshall, que les pays de l’Est ontrefusé sur ordre de Staline,mit à la dispositiondes pays européens la somme équivalant aujour-d’hui à 97 milliards d’Euros qui ont été versésentre 1948 et 1951. Les économies euro-péennes lui doivent une reconstruction rapide.

Lorsque Helmut Kohl engage la réunification del’Allemagne en 1990, il sait que la Républiquefédérale devra payer cher la remise à niveau des“frères de l’Est”. Sait-il alors que cela coûteraplus de 600 milliards d’Euros entre 1990 et1999 ?

2Bilan gagnant

l

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Pour chacun des pays concernés, il a fallu en10 ans faire le chemin que nous avons parcouruen 40.Les difficultés sociales, la frustration despeuples, qui espéraient des changements plusrapides, se sont accumulées. Et pourtant, ilsl’ont fait.

Même si beaucoup reste à réussir, les écono-mies de ces pays ont profondément changé.

Les privatisations ont débuté dès 1991 et se sontpoursuivies jusqu’en 1999. La part du secteurprivé dans le PIB de ces pays est désormais com-parable avec la moyenne européenne. Elleatteint même 90 % en Hongrie.

Les restructurations agricoles ont été menéestambour battant, malgré les difficultés et danssept des pays de l’élargissement (Chypre,Estonie, Hongrie, Malte, République Tchèque,Slovaquie et Slovénie) la population agricole estdésormais inférieure à 10 % de la populationactive.

D’ores et déjà, plus de 50 % de la populationactive des 10 est employé dans les services, cequi est l’une des preuves de la modernité et dela productivité croissantes de ces économies.

Simultanément, les pays candidats ont réorientécomplètement leurs échanges extérieurs.Sous la botte de l’Union soviétique,chaque paysavait une spécialité et devait réaliser des pro-duits destinés à l’ensemble des pays de la zone,voire à la Russie elle-même.Une dépendance totale vis-à-vis de l’URSSpermettait de contrôler l’empire par une divi-sion du travail imposée. C’est ainsi que les

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT40

ment d’institutions stables et démocratiques, laconstruction d’infrastructures nouvelles desti-nées à permettre la croissance économique etencourager les coopérations régionales.

L’agenda 2000, répondant à une demande deschefs d’État réunis à Amsterdam en 1997,créeISPA et SAPARD pour financer les restructu-rations dans le domaine de l’environnement etdes transports ou faciliter le développementrural. 1 milliard et 500 millions d'euros, voilàce que ces deux fonds ont consacré chaqueannée aux nouvelles démocraties entre 2000et 2003.

Pour la France,cette dépense représente pour13 ans environ 3,8 milliards d'euros,soit 63 eurospar habitant pour toute la période.Cela signifie que chaque Français a consa-cré moins de 5 euros par an,depuis 1990,à aider les nouvelles démocraties. Peut-on considérer cela comme excessif compte tenude l’enjeu et des valeurs de solidarités que nousprônons ?

En revanche mesure-t-on ce que cela a signifiépour les habitants de ces pays ?

Reconstruire une économie tout entière capablede produire et d’affronter la concurrence,mettre sur pied des lois et des règlements,uneadministration efficace, une justice indépen-dante, des collectivités locales qui réalisent lesinvestissements publics nécessaires, ce furentdes tâches immenses,conduites avec une déter-mination exceptionnelle et une compréhensionde la population, que nous ne pourrions pasespérer dans nos pays de l’Ouest.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

2Bilan gagnant

43

Mais on peut penser raisonnablement que ceséchéances se rapprocheront davantage.

Quoi qu’il en soit, la mise à niveau de nos voisinsmérite bien ces quelques efforts, pour eux etpour leurs peuples, comme pour nos propreséconomies !

2.1.2 Ce que cela va coûter jusqu’en2006 : un coup de pouce raisonnable

C’est à Berlin en 1999 que les chefs d’État etde gouvernement des pays membres de l’Unionont établi un échéancier pour le financementde l’élargissement.Il est évident que l’adhésion réclame un effortparticulier.Pour trois ans (2004-2006), les crédits quiprennent le relais des programmes en coursreprésentent la somme brute de 39,3 mil-liards d’euros. Il faut en retrancher lescontributions des nouveaux membres et lesdépenses déjà engagées. Les 10 nouveauxseront, en effet, appelés à participer au budgetcommunautaire, puisque,dès leur adhésion, ilsdevront payer leur écot à la caisse communede l'Union européenne. Ils contribuerontpour leur part à hauteur de 15,8 milliardsd'euros sur trois ans.

Le coût net de l’élargissement pour lestrois années 2004, 2005 et 2006 s’établità 23,5 milliards d’euros.

On est bien loin de la surcharge financière !À titre d’exemple, la France, qui contribuerapour 18 % à ces dépenses, consacrera 2,4 mil-liards d'euros par an à l’élargissement (7,2 mil-

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT42

autobus Ikarus étaient fabriqués en Hongrie, leslentilles optiques en RDA, les automobiles enTchécoslovaquie ou en Roumanie pendant queles Slovaques devaient produire les explosifs etles poudres nécessaires aux armées. Et que lepétrole et le gaz, dont les robinets étaientsévèrement contrôlés, venaient toujours del’Union soviétique !

Ces bouleversements ont causé une profonderécession entraînant, dans certains pays, desbaisses de production atteignant parfois 50 %.

Depuis l’an 2000, la croissance semble assuréepour de nombreuses années. Le taux de pro-gression du PIB pour les 10 varie entre + 4 et+ 7 % en moyenne, depuis 1994.

L’inflation a retrouvé des niveaux inférieurs à10 % sauf en Roumanie.Les déficits publics avoisinent les 5 % du PIB, ladette est inférieure à 60 % (sauf pour la Bulgarie)et l’endettement extérieur a été maîtrisé.

En 2001, le PIB par habitant/an (en standard de pouvoir d’achat) s’élève en moyenne à11790 euros (13300 euros pour la Républiquetchèque, 16000 euros pour la Slovénie).

Si le pouvoir d’achat de ces pays reste, enmoyenne de 50 % inférieur à celui de l’Union(23000 euros),et en prenant comme hypothèseune croissance de 2,5 % dans les pays del’Union, les forts taux de croissance qu’ils enre-gistrent dès aujourd’hui (4 à 7 %) leur per-mettront de rattraper le niveau de vieeuropéen en 2015-2020 pour les mieuxpréparés, en 2020-2025 pour les autres.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

2Bilan gagnant

45

2.2Un coup de fouetéconomique

2.2.1 De nouveaux consommateurs

L’intégration des économies de l’Europe cen-trale et orientale dans l’Union a,d’ores et déjà,beaucoup progressé ces 10 dernières années.Elle va incontestablement représenter pourl’Union un coup de fouet salvateur alors quela croissance piétine à l’Ouest.

70 % des exportations des pays candidats sontdestinées à l'Union Européenne. Le taux le plusfaible est de 34,4 % pour Malte à cause de sonpositionnement méditerranéen, le plus fortcelui de l'Estonie avec 75,5 %.58 % de leurs importations proviennent del'Union européenne. Le taux le plus faible estcelui de la Lituanie (43,7 %), le plus fort celuide la Slovénie (68,7 %).L'ampleur des changements est flagrante lors-qu'on constate que plus de 50 % du commerceinternational des futurs membres se fait avecl’Union européenne, contre 20 % en 1989.Cependant, les flux sont asymétriques,puisqueces pays ne représentent que 4 % des expor-tations de l'Union européenne. Que de possi-bilités à venir !Les pays en contact direct avec l’Allemagne,l’Autriche et l’Italie que sont la Pologne, laTchéquie, la Hongrie, la Slovaquie et la Slovénieen ont profité davantage. Ce voisinage leur apermis de réorienter leurs échanges exté-rieurs vers l’Ouest, et les a aidés à mettre enœuvre les réformes nécessaires à l’avènementd’une économie de marché.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT44

liards d'euros,sur 3 ans).C’est-à-dire,en chiffresbruts,40 euros par Français et par an,dontil faut retrancher ce que nous recevons del’Union, ce montant représente 0,03 % dubudget de la France.

Rappelons que la contribution netteannuelle de la France à l’Union, est infé-rieure à 20 euros par habitant et par an.À comparer aux 700 euros que la collectiviténationale prélève sur chaque Français.

En l'état actuel des négociations, plusieurspays deviendraient contributeurs nets aubudget,notamment parce que les aides directesagricoles sont versées aux États avec un an dedécalage. Afin d'éviter que certains des nou-veaux membres ne payent plus qu'ils ne reçoi-vent, une compensation est prévue par lesQuinze. Cette compensation négociée indivi-duellement, sera inscrite dans le Traitéd'Adhésion de chacun des pays.

Les pays candidats font front uni pour expri-mer leurs revendications. Le versement desaides agricoles sera progressif et s'échelonnerasur 11 ans avant d'atteindre les 100 %.En 2004 :25 %, 2005 : 30 %, 2006 : 35 %, 2007 : 40 % et10% de plus chaque année pour arriver en2013.De plus, le budget prévu en début d'annéepar la Commission pour les fonds structurelsa été diminué de 2,5 milliards d'euros pour êtreplafonné à 23 milliards d'euros pour la période2004-2006.On ne peut pas dire que les chefs d’État et degouvernement ont jeté l’argent par les fenêtres!Les dispositifs mis en place et les sommes déci-dées sont raisonnables et modérées.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

2Bilan gagnant

47

En Slovénie, les PME emploient 35 % de lapopulation active. En Hongrie, elles sont aunombre de 800 000, emploient 50 % de lapopulation active et réalisent le tiers desexportations.À titre de comparaison, les PME représententplus de 20 millions d'entités en Europe etemploient plus de 117 millions de personnes.

Les négociations d'adhésion ont avancé rapi-dement. En juin 2001, tous les pays candidatsont clos le chapitre relatif aux PME.Les bienfaits de la libéralisation sont indé-niables.La création de richesses est loin de s’es-souffler et les prévisions de croissance,dans cespays, sont supérieures partout à 4 % par an.Autant de nouveaux consommateurs sur lemarché européen.Les économies des pays d’Europe centrale ontbeaucoup apporté aux Quinze durant la dernièredécennie et cet effet ne peut que s’accentuer.

Une étude de la Commission(4) chiffre l'ac-croissement du Produit Intérieur Brut liéà l'élargissement à 2 points de PIB annuel despays candidats et 1 point de PIB annuel pourles Quinze.L’intégration commerciale des 10 dopera leurséconomies.Elle devrait être une bonne aubainepour nos entreprises.

2.2.2 De nouvelles opportunités

Les Investissements Directs Étrangers (IDE)chez les nouveaux adhérents ont revigoré lessecteurs industriels et des services et sont enprogression constante. Ils s'élèvent à un totalde 42,6 milliards d'euros entre 1994 et 1999

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT46

Les trois pays baltes ont mis plus de tempscompte tenu de la géographie et des pressionsrusses.Mais ils ont su bénéficier de la proximitéde la Suède, de la Finlande, de l’Allemagne etde la Pologne et ont modifié leurs débouchéset leurs approvisionnements.C’est un tournant à 180° qu’ont dû faire les nou-veaux adhérents pour arrimer leurs économiesaux marchés occidentaux,mais ils l’ont fait,avantmême l’adhésion !

La France, entre 1992 et 2001, a plus que qua-druplé ses exportations à destination des payscandidats à l'adhésion. Celles-ci avoisinentdésormais les 12 milliards d'euros par an.Toutefois avec 6 % de part de marché dans lespays d’Europe centrale et orientale, la Francepeut encore espérer une forte croissance deses exportations.

La force des pays candidats réside dans la flexi-bilité et la capacité d'adaptation du secteuréconomique. À cela, s'ajoute une vraie forcede travail accompagnée d’une qualificationprofessionnelle solide. À la suite de la chutedu mur de Berlin, les citoyens de ces pays sesont montrés très entrepreneurs. Les chan-gements ont entraîné depuis 1989 la restruc-turation des grands complexes industriels etune explosion des PME,maillons essentiels deces économies.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

2Bilan gagnant

(4) Commissioneuropéenne,L'impact économique del'élargissement,DG Affaires économiques,mai 2001.

Parts de marché des États membres dans 12 pays candidats en %

France

6,0

Allemagne

27,2

Italie

9,2

UK

4,0

Autriche

4,7

Total UE

65,4

Source: FMI, calculs DREE

49

Depuis des années, l’ouverture des marchés estacquise et les opérateurs y sont déjà largementinstallés. Les principales délocalisations ontdéjà eu lieu. Les avantages comparatifs, tels lesmoindres coûts salariaux,se rééquilibrent rapi-dement et incitent déjà beaucoup moins à ladélocalisation des activités.En même temps, le choix d'implantation de nou-velles usines pourrait favoriser la croissance éco-nomique dans ces pays et donc leur consom-mation de biens importés de l’Ouest. Ainsi,Renault a choisi la Turquie pour la fabricationde certains de ses modèles et le groupe PSAvient d'annoncer la création en Europe centrale(Hongrie, Pologne, Slovaquie ou Républiquetchèque) d'une nouvelle usine d'une capacité de300 000 voitures par an pour un investissementde 700 millions d’euros.

Avec l’élargissement, l’interdépendance de noséconomies se renforcera et sera un nouveaufacteur de croissance.Chacun devrait y gagner et l’économie françaisedispose de grandes marges de progressionchez les nouveaux adhérents.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT48

(3,2 milliards d'euros en 1994 et 7,2 milliardsd'euros en 1997) et atteignent 12,2 milliardsd'euros pour la seule année 1999(5).

La part de la France dans les flux d'inves-tissement était de 4,6 % en 1998. Elle est de20,1 % en 2000! Nous figurons désormais parmiles plus importants investisseurs étrangers auxcôtés de l'Allemagne et de l'Autriche avec untotal de 6,44 milliards d’euros. Par exemple enHongrie, la France est désormais en 3e positionavec 214 entreprises.Le savoir-faire français apporte une solideexpertise aux pays candidats en participantnotamment à la modernisation du réseau auto-routier ou de l’assainissement des eaux.

L’élargissement consolidera l’environnement desaffaires dans ces pays. La diffusion des règles etdes comportements de marché est ici essentielle:le respect des engagements publics face auxinvestisseurs étrangers,la transparence des règlesdes marchés publics, l'absence de clause de pré-férence nationale,la rapidité et l’indépendance dusystème judiciaire,sont indispensables au bon fonc-tionnement d’une économie moderne.

La marge de progression des opérateurs éco-nomiques français devrait dépendre égalementde leur capacité à tirer parti des futures actionsstructurelles destinées à aider ces pays. De cepoint de vue, il nous reste beaucoup à faire pourque nos technologies et notre force commer-ciale trouvent la place qu’elles méritent dansl’économie des nouveaux adhérents.

Quant au spectre des délocalisations liées àl’élargissement, il n’a pas d’existence réelle.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

2Bilan gagnant

(5) Eurostat 2000.

la Slovénie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie,Chypre et Malte entrent dans une phase finale.

En 1993, les États membres décident de fixerdes critères en fonction desquels sera jugée lapréparation des pays qui veulent rejoindrel’Union européenne.Ils sont au nombre de trois:■ disposer d’institutions stables garantis-sant la démocratie, la primauté du droit, lesdroits de l’Homme, le respect des minorités etleur protection ■ disposer d’une économie de marché viableet capable de faire face à la pression concur-rentielle et aux forces du marché à l’intérieurde l’Union européenne■ disposer d’institutions susceptibles d’assu-mer les obligations de l’adhésion à l’Union, lareprise et l’application de l’acquis commu-nautaire et de souscrire aux objectifs del’Union politique, économique et monétaire.

Bien avant Copenhague, les pays de l'Union ontaffirmé leur volonté de rapprochement avec lespays d’Europe centrale et orientale. Une foisl'aide financière PHARE mise en place dès1990, les bases juridiques de la coopération ontété posées sous forme d'accords d'association,dits également accords européens.

Les accords d’association signés entre l’Unioneuropéenne et chacun des pays candidats consti-tuent la base juridique du processus d’adhésion.C’est le premier pas vers l’Union. La signaturede ces accords s’est échelonnée entre fin 1991et juin 1996.Pour les membres de l’Union euro-péenne, il s’agissait d’un geste fort envers cesnouveaux partenaires.Pour ces derniers,c’étaitla preuve de leur engagement européen.

51POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT50

orsqu’on parle du processus d’élargisse-ment, on a souvent l’impression que les

experts compliquent tout à l’envi, de tellemanière qu’on n’y comprenne plus rien.Il est vrai que la procédure et la technique sont,en l’occurrence, compliquées.La chronologie aussi est dure à suivre.On a le sentiment d’avoir inventé un proces-sus très complexe pour une idée si simple.

3.1 Une aventure à rebondissements deCopenhague à Copenhague

Le 22 juin 1993, les chefs d’État et de gouver-nement des Quinze, réunis en Conseil euro-péen à Copenhague,prennent la décision deprincipe d’élargir l’Union européenne aux paysd’Europe centrale et orientale. Il faut prendreacte de la chute du mur de Berlin.Moralement,l’Europe se doit de tendre la main à ceux surqui était tombé le rideau de fer. Il est souhai-table et stratégique de mettre fin à la divisiondu continent européen.

Neuf ans plus tard, les négociations d’adhésionavec les dix pays candidats que sont la Hongrie,la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie,

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

3Un processuscompliqué pourune idée si simple

l

53POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT52

De même,trois autres pays méditerranéens aspi-rent alors à rejoindre l'Union européenne.On ne doit pas oublier que le premier pays àavoir signé un accord d'adhésion est la Turquieen 1963, suivie de Malte et de Chypre. Ils ontégalement déposé leur candidature officielle en1987 pour Ankara, en 1990 pour les deux îles.

Motivés par la décision du Conseil européende Copenhague,en 1993, les pays d’Europe cen-trale introduisent leur candidature officielle àl'Union européenne.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

3Un processuscompliquépour une idéesi simple

Les accords d'association

Pays Signature de l'accord Entrée en vigueureuropéen

Turquie Septembre 1963 Décembre 1964

Malte Décembre 1970 Avril 1971

Chypre Décembre 1972 Juin 1973

Hongrie Décembre 1991 Février 1994

Pologne Décembre 1991 Février 1994

Bulgarie Mars 1993 Février 1995

République tchèque Octobre 1993 Février 1995

Roumanie Février 1993 Février 1995

Slovaquie Octobre 1993 Février 1995

Estonie Juin 1995 Février 1998

Lettonie Juin 1995 Février 1998

Lituanie Juin 1995 Février 1998

Slovénie Juin 1996 Février 1998

Dates d'introduction des candidatures àl'Union européenne

Turquie 14/4/1987

Chypre 3/7/1990

Malte 16/7/1990

Hongrie 31/3/1994

Pologne 5/4/1994

Roumanie 22/6/1995

Slovaquie 27/6/1995

Lettonie 13/10/1995

Estonie 24/11/1995

Lituanie 8/12/1995

Bulgarie 14/12/1995

République tchèque 17/1/1996

Slovénie 10/6/1996

Les grandes dates du processusd’élargissement

■ Sommet de Copenhague, juin 1993 :définition des règles

■ Sommet de Luxembourg, décembre 1997:lancement des négociations avec six pays

■ Sommet d’Helsinki, décembre 1999 :extension des négociations à douze pays

■ Sommet de Nice, décembre 2000 :une feuille de route pour l’élargissement

■ Sommet de Laeken, décembre 2001 :le “big bang”, un élargissement prévu à 10pays

■ Sommet de Copenhague,décembre 2002:achèvement des négociations et décisiondéfinitive d’élargissement

■ Sommet d'Athènes, avril 2003 :signature prévue des Traités d'Adhésion

■ 1er mai 2004 :Adhésion officielle des 10 nouveaux membres

55

L’élargissement prend alors toute sa dimensionpolitique.

Au sommet de Copenhague en décembre2002, les négociations sont déclarées closes avec10 pays candidats, laissant la place au proces-sus de signature et de ratification des Traitésd’Adhésion dans l’année 2003. Leur adhésionest entérinée.Il fixe le calendrier pour l’adhésion de la Bulgarieet de la Roumanie.

3.2 Un vrai parcours ducombattant

Depuis le début, le processus d’élargissementest à la fois très simple et techniquementcompliqué.

À Luxembourg, en 1997, chaque pays candidata été invité à adopter un Programme Nationald’Adoption de l’Acquis définissant la manièredont il entend respecter le partenariat pour l’ad-hésion, précisant le calendrier de mise enœuvre de ses priorités et les incidences entermes de ressources financières et humaines.Ce programme est révisé périodiquement afinde tenir compte des progrès réalisés et dedéfinir de nouvelles priorités.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT54

Le sommet de Luxembourg est un moment his-torique pour le processus d’élargissement. Endécembre 1997, les Quinze décident de lancerles négociations d’adhésion avec les six pays alorsjugés les plus avancés dans le respect des cri-tères de Copenhague :Chypre,Estonie,Hongrie,Pologne, République tchèque et Slovénie. Lesnégociations sont lancées en mars 1998 selonle principe de différenciation : chacun avance àson rythme dans la négociation en fonction desprogrès effectivement constatés.

L’extension du processus d’adhésion estdécidée lors du sommet d’Helsinki en décembre1999. Les négociations sont ouvertes avec sixnouveaux candidats qui n’avaient pas été pré-cédemment retenus:Bulgarie,Lettonie,Lituanie,Malte,Roumanie et Slovaquie.Parallèlement, laTurquie est reconnue officiellement candidate,sans pour autant que des négociations d’adhé-sion soient engagées.

L’accélération des négociations d’adhésion s’ef-fectue lors du sommet de Nice en décembre2000. Une stratégie fondée sur une “feuille deroute” est adoptée fixant un calendrier avec deschapitres à traiter,semestre par semestre,pourles deux années à venir et une méthode pourtraiter les demandes de périodes transitoires.

Souhaitée par les candidats, l’idée de fixer deséchéances d’adhésion a longtemps été écartéepar les Quinze. Le Conseil européen de Laeken(décembre 2001) a repris à son compte le scé-nario du “grand élargissement” en faveur de l’ad-hésion simultanée des dix pays les plus avancés,dès 2004,afin de leur permettre de participer auxélections du Parlement européen en juin 2004.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

3Un processuscompliqué pourune idée sisimple

Adhésion

Une base juridique : les accords d’association

Un soutien financier:les programmes communautaires

Un cadre de négociations: les chapitres de l’acquis

Candidature

57

sés d’ici l’adhésion. Cela a entraîné une vraiecourse contre la montre. Les Parlementsdes pays adhérents ont adopté, enmoyenne, plus de 100 lois par an. À titrede comparaison, la France, sous la législatureprécédente, a adopté 44 lois par an enmoyenne.Il a fallu légiférer dans des domaines clés,tels quela libre circulation des biens, les marchés publics,les assurances, la propriété intellectuelle et,dansde nombreux cas,procéder à des modificationsconstitutionnelles. Si dans certains cas des pré-cipitations ont pu être notées, l’harmonisationest un succès. La pression de la reprise de l’ac-quis a également contribué à débloquer certainssujets qui étaient dans l’impasse à cause dedivergences politiques internes.

L’autre chantier d’envergure a été la mise enplace des structures administratives destinéesà appliquer les mesures communautaires. Ils’agit, par exemple, des agences de paiementchargées des aides directes agricoles à verseraux exploitants et de l’organisation de leurcontrôle, ou encore, de la distribution desfonds structurels au plan régional.La justice est au cœur des transformations. Sinos conceptions juridiques se ressemblent, l'ap-titude des tribunaux à appliquer le droit com-munautaire a dû faire l’objet d’efforts particulierset la formation des magistrats a nécessité uninvestissement humain et financier tout particulier.

Outre la mobilisation du Parlement, ce pro-cessus a mobilisé l’ensemble des administrations.Le programme de reprise de l’acquis fait éga-lement le bilan des besoins en ressourceshumaines des administrations.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT56

L’acquis à transposer par les pays candidats estévalué à 80 000 pages dans le JournalOfficiel des Communautés Européennes.Les négociations portent pour chacun des 12pays candidats sur les 31 chapitres qui com-posent “l’acquis communautaire”.

L’examen des progrès accomplis par chaque Étatcandidat pour adopter l’acquis de l’Union, faitl’objet,pour chacun d’eux,de rapports réguliersde la Commission au Conseil depuis la fin 1998.

Ce rapport décrit l’état des relations entre unpays candidat et l’Union, analyse la situation ence qui concerne les conditions politiques fixéespar le Conseil européen,évalue la situation éco-nomique et les perspectives d’un pays au regarddes conditions économiques mentionnées parle Conseil européen. Il examine la capacitéd’un pays à assumer les obligations résultant del’adhésion,c’est-à-dire l’acquis de l’Union,tel qu’ilest exprimé dans le Traité, le droit dérivé et lespolitiques de l’Union.Le rapport fait le bilan des capacités judiciaireset administratives, qui ont été jugées insuffi-santes en 1995, pour conduire une vraie poli-tique communautaire.

Concernant la reprise de l’acquis com-munautaire, des efforts considérables ontété consentis depuis le début du processus.Les pays candidats ont dû élaborer et mettreen place des programmes nationaux d’har-monisation juridique qui se sont traduitspar une production législative impression-nante. L’Accord d’Association mentionnequelque 470 lois communautaires dontl’esprit et le contenu devront être transpo-

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

3Un processuscompliquépour une idéesi simple

59POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT58 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

À titre d’exemple, la Hongrie a prévu, pourles années 2002 et 2003, le recrutement de7 290 fonctionnaires pour faire face à sesobligations en matière de justice et d’affairesintérieures, de politique agricole et de poli-tique sociale. Cela représente des dépensesde 3,6 milliards d'euros, financées, à partségales, par le budget national et par des aidescommunautaires.

L’acquis communautaire a été divisé en 31 cha-pitres, qui sont successivement ouverts, négo-ciés et clôturés quand il est possible de parve-nir à un accord. La négociation est considéréecomme close lorsque l’ensemble des chapitresest clos.

Il faut être conscient des efforts que repré-sentent ces négociations pour les pays candi-dats.Ils ont dû bouleverser nombre de leurs règles,tout en acceptant d’être régulièrement et publi-quement notés !L’exercice fut, pour le moins, stimulant.Cette négociation a,de surcroît,prit rapidementun tour très technique et donc plus compliqué.La Commission et ses fonctionnaires ont jouéun rôle capital dans ces négociations en allantjusqu’à s’installer sur place pour des “rounds”de discussion.

Les intérêts individuels de chacun des quinzemembres de l’Union ont été préservés par lecaractère intergouvernemental des négocia-tions. Pour définir les positions communes,chaque État membre pouvait introduire dessujets qui le concernait plus particulièrement.Cela n’a pas toujours simplifié les négociations !

3Un processuscompliquépour une idéesi simple

Les 30 chapitres de négociations (+ 1 pour les questions diverses)

1. Libre circulation des marchandises 2. Libre circulation des personnes 3. Libre prestation des services 4. Libre circulations des capitaux 5. Droit des sociétés 6. Concurrence 7. Agriculture 8. Pêche 9. Transports 10. Fiscalité 11. Union économique et monétaire 12. Statistiques 13. Politiques sociales et emploi 14. Énergie 15. Politique industrielle 16. PME 17. Science et recherche 18. Éducation et formation 19.Télécommunications et technologie

de l’information 20. Culture et audiovisuel 21. Politique régionale 22. Environnement 23. Protection des consommateurs 24. Justice et affaires intérieures 25. Union douanière 26. Relations extérieures 27. PESC

28. Contrôle financier

29. Dispositions financières

30. Questions institutionnelles

61POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

la libre circulation des travailleurs desfuturs États membres ou la protection desdroits de propriété industrielle pour lesproduits pharmaceutiques.

La pression normative a joué un rôle non négli-geable dans l'évolution des pays de la région.

Si les pays candidats devaient prouver leurengagement européen,nous pouvons considé-rer que ce qu'ils ont réalisé ces dernièresannées suffirait à les qualifier.

En termes politiques,on imagine en effet la désta-bilisation qui s’en est suivie pour nombre de gou-vernements,mis à l’index par la Commission surtel ou tel sujet, ou devant affronter le mécon-tentement de catégories entières de leur popu-lation pour des motifs européens.

N’oublions jamais que la plupart de ces pays ontretrouvé,dans les années 90,une souverainetéqui leur avait été niée par l’Union soviétique.Le premier exercice qu’on leur impose est desacrifier une partie de leurs attributs récupé-rés ! Et de le faire publiquement !

Ils l’ont pourtant fait, tant pour leur adhésionà l’OTAN, qui exige des efforts de réorganisa-tion militaire considérables, que pour leurentrée dans l’Union européenne qui nécessitede rebâtir le droit, la justice et l’administration !

On ne dira jamais assez combien ils ont été cou-rageux et leurs dirigeants aussi.

Leur désir d’appartenir au monde occidental,trop longtemps refoulé et quasiment d’ordre

60

La Commission était chargée d’évaluer lesréponses.

Du côté des pays candidats, le parcours du com-battant est devenu de plus en plus complexe parrapport aux élargissements précédents.Dans un premier temps, la Communauté s’étaitcontentée d’une simple acceptation juridiquede l’acquis (Grèce). Ensuite, elle a mis l’accentsur les procédures de vérification de la reprisede l’acquis, non seulement en termes juri-diques, mais en termes pratiques.

Plusieurs mesures transitoires ont été déci-dées lors des négociations.Elles doivent être limitées dans le temps et êtreaccompagnées d’un plan définissant les étapesd'application de l'acquis.De plus,elles ne peuventpas entraîner de modifications des règles et despolitiques de l'Union.Des mesures transitoiresnombreuses ont été conclues tant à la demandedes pays candidats (190 acceptées jusqu'ici) quede l'Union (28 acceptées jusqu'ici).

Pour les pays candidats, elles concernent lesdomaines où l'entrée en vigueur des règles com-munautaires exige d'importants investisse-ments. Il s'agit par exemple de la constructiond'usines de traitement des eaux usées ou de laconstitution de réserves stratégiques de pétrole.Par ailleurs, des restrictions ont été temporai-rement imposées à la libre circulation des capi-taux destinés à l'achat de terres dans les futursÉtats membres pour éviter que la propriété desterres ne change de mains du fait de l’Europe.

À la demande de l'Union,des restrictions tem-poraires ont été prévues en ce qui concerne

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

3Un processuscompliquépour une idéesi simple

63POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT62

mythique, peut désormais s’exprimer et seconcrétiser sans passer par un rapport deforce d’ordre belliqueux.Pour les citoyens de ces pays, l’élargissementc’est le retour en Europe. Politiquement, ilsréalisent leur droit moral et historique à par-ticiper pleinement à la définition de la politiqueeuropéenne.Mais de l’Europe,ils attendent,avanttout, la prospérité économique.Au début des années 1990, l’Union européennea été perçue, en effet, dans les pays d’Europecentrale, comme une structure d’intégration àvocation économique.Après l’effondrement du communisme, la pre-mière priorité de ces États a été d’éviter pourl’avenir toute tentation hégémonique du grandfrère russe dont ils ont appris, à juste titre, àse méfier.Voilà pourquoi ils ont tous souhaitéentrer dans l’OTAN, seule capable aujourd’huide garantir leur sécurité et leur indépendance.

Mais l’évolution de la Russie et de la situationinternationale, le débat sur l’avenir de l’Europe,auquel ils sont associés grâce à la Conventionet la volonté de l’Union de renforcer son inté-gration, leur ont fait prendre conscience quel’Union européenne est aussi un projet poli-tique auquel elle leur proposait de s’associer.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

3Un processuscompliquépour une idéesi simple

65

envers les gouvernements des pays candidats.Celle-ci passe par une meilleure connaissancede la situation de chacun des pays membres del’Europe à 25.

Car les décisions importantes concernant l’ave-nir de l’Union,à commencer par les adhésions,seront le fait de votes populaires. Il faut donc,comme toujours pour le projet européen,expliquer et expliquer encore,se passionner etapprofondir.

Il est urgent de parler de l’élargissement.Aujourd’hui, l’ampleur de la tâche demande unemobilisation de la classe politique encore plusimportante.Celle des États membres autant quecelle des pays candidats. L’élargissement d’uncôté, l’adhésion de l’autre, doivent faire l’objetd’une vraie publicité mettant en évidence tousles arguments et ouvrant un débat public à lahauteur des enjeux.

La page du 21e siècle de l’hisoire de l’Europepeut enfin commencer à s’écrire.À nos plumes!

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT64

ans l’élaboration d’une Constitution,pourla mise au point de nouvelles politiques

communes, les nouveaux candidats ont beau-coup à nous apprendre.Leur expérience n’a pasde prix pour des sociétés comme les nôtres,relativement protégées de l’instabilité depuis 50ans et bénéficiant,sous couverture militaire,d’unniveau de vie inégalé. Nous devons davantageécouter ce qu’ils ont à nous dire.Leur point de vue est essentiel à une Europeprospère qui a tendance à penser que sarichesse est acquise pour l’éternité, à dessociétés bien organisées mais où les valeursde travail et d’efforts n’ont pas toujours la placequi leur revient.De tous mes voyages dans lespays de l’élargissement, j’ai ramené des imagesde femmes et d’hommes entreprenants, bienformés, décidés à croquer la vie à belles dentset à produire tous les efforts nécessairespour cela.L’entrée des 10 nouveaux,c’est un coup de fouetpour l’Europe !

Ne nous cachons pas qu’il existe,chez eux,unetendance à idéaliser l’Union européenne.À ne voir que la richesse qu’elle représente età imaginer la richesse qui sera la leur une foisqu’ils seront membres du club. Cette visionnécessite une grande prudence, afin de ne paslaisser place à des désillusions car l’écart derevenu ne disparaîtra pas le lendemain de l’ad-hésion ! Les pays de l’Union doivent donc fairepreuve de davantage de solidarité politique

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

Conclusion

d

67

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 407,1 Mds €■ Croissance du PIB : -7,4 % en 2001■ PIB par habitant en SPA € : 6000 soit 24 %de la moyenne communautaire■ Taux de chômage en 2001: 8,5 % ■ Inflation : 57,6 %■ Part de l’agriculture dans le PIB : 12,1 % ■ Part de l’emploi agricole : 35,4 %

Relations commerciales avec l'Unioneuropéenne (2001)

■ 61 % de son commerce extérieur avecl’Union européennePrincipaux clients :Allemagne, États-Unis,Royaume-Uni, France ■ 44,6 % des importations en provenance del’Union européennePrincipaux fournisseurs : Allemagne, Italie,États-Unis, Russie, FranceUne union douanière entre la Turquie etl’Union européenne existe depuis 1995.■ Relations commerciales et économiquesavec la France : nos relations ont connu uneexpansion remarquable jusqu’à début 2001.En 1986, il y avait en Turquie 9 implantationsindustrielles, et 250 environ en 1999. Aujour-d’hui la France est présente essentiellementdans l’industrie automobile (Renault est lepremier investisseur étranger), la grande dis-tribution (Carrefour) et l’assurance (Axa).En stock d’investissement, la France se situeen première position avec plus de 5 Mds €,devant l’Allemagne.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT66

TURQUIE

Présentation géographique

■ Superficie : 779 452 km2

■ Frontières : 2 627 km de frontièresterrestres (Arménie 268 km,Azerbaïdjan9 km, Bulgarie 240 km, Géorgie 252 km,Grèce 206 km, Iran 499 km, Irak 331 km,Syrie 822 km) et 8 333 km de côtes■ Capitale : Ankara

Population

■ 68 millions d’habitants (estimations 2002)■ Croissance démographique (2000-2005) :1,3 %■ Composition : 70 % Turcs, 22 % Kurdes,3,3 % groupes d’origine balkanique (Albanaiset Bosniaques), 2,2 % Circassiens et autresgroupes caucasiens (Azéris, Géorgiens, Lazeset Tchétchènes), 2 % Arabes et Bulgares(150000 environ), Roms (50000 environ) etArméniens (30000 environ)■ Confession : 82 % musulmans sunnites,17 % musulmans alévis, environ 2 % chrétiens(Grecs, Arméniens,Assyro-Chaldéens,Nestoriens), 0,8 % Juifs, petite minoritéyéside■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 68 ans et femmes 73 ans

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

Annexe

69

mandations du CNS, qui se réunit tous lesmois, sont prioritaires et figurent en tête del’ordre du jour de chaque Conseil desministres ; elles interviennent dans desdomaines variés : programmes scolaires,orga-nisation et contrôle de l’audiovisuel, nomina-tion de certains fonctionnaires.

■ Les dernières élections parlementaires sesont déroulées le 3 novembre 2002. Elles ontporté au pouvoir le parti musulman-démocrate AKP dirigé par Recep TayyipErdogan et lui donnent une majorité absolueau sein de la Grande Assemblée. Ces élec-tions consacrent la défaite des partis tradi-tionnels. Par ailleurs, le CHP, la plus ancienneformation politique du pays, créée en 1923par Mustafa Kemal Atatürk, aujourd’huisocial-démocrate connue pour son attache-ment aux valeurs laïques de l’État, retrouveles bancs du Parlement dont il avait étéévincé en 1999.

Composition du Parlement :■ 363 sièges l’AKP (Parti Justice et

Développement)■ 178 sièges CHP (Parti républicain du

Peuple)■ 9 sièges indépendants

■ Prochaines élections : présidentielle etlégislatives en 2007.

Organisation administrative

81 provinces subdivisées en 847 districts,16 métropoles et 3200 communes

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT68

Système politique

■ République, démocratie parlementaire La Constitution actuelle a été adoptée parréférendum le 7 novembre 1982 et amendéeen 1995 et 2001 (en vue de l’adhésion de laTurquie à l’Union européenne).

■ Chef de l’État :Ahmed Necdet Sezer, élu enmai 2000.Le Président est élu par le Parlement à lamajorité des 2/3 pour un mandat de 7 ansnon renouvelable.

■ Premier ministre : Abdullah Gül

■ Système parlementaire monocaméral.La Grande Assemblée nationale (Meclis) com-prend 550 sièges ; les députés sont élus pour5 ans (en Turquie le vote est obligatoire àpartir de 18 ans ; les contrevenants sont pas-sibles d’une amende) ; système de représenta-tion proportionnelle ;seuil de 10 % des suffragespour qu’un parti politique soit représenté auParlement (seuil qui ne s’applique pas aux can-didats indépendants).

■ Le Conseil National de Sécurité est composéde cinq militaires et de cinq civils : le Présidentde la République, le Premier ministre, le (oules) Premier ministre adjoint, les ministres dela Défense, de l’Intérieur, des Affaires étran-gères, de la Justice, le chef de l’État major, lescommandants de l’Armée de l’air,de la Marine,de l’Armée de terre et de la gendarmerie. Lesecrétariat général du CNS détermine lesorientations de la politique de sûreté de l’État,son application et sa coordination. Les recom-

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

Annexe

71

et ses compagnons rompent avec la loi reli-gieuse (charia) et font adopter les codes euro-péens, en les traduisant. Ainsi l’Italie inspire laréforme du Code Pénal, l’Allemagne celle dudroit commercial… Selon le modèle du CodeCivil suisse, les Turcs abandonnent la polyga-mie et doivent se marier à la mairie ; l’égalitéentre l’homme et la femme est reconnue. Lesfemmes turques obtiennent le droit de voteet l’éligibilité en 1934 avant la quasi-majoritédes pays européens. L’école, qui devient obli-gatoire, est le fer de lance des valeurs répu-blicaines ; l’alphabet latin est adopté. D’autresréformes se succèdent : le jour férié hebdo-madaire se conforme à la civilisation occi-dentale et devient le dimanche au lieu du ven-dredi. Les anciennes mesures sont remplacéespar la mesure métrique. La réforme de l’ha-billement interdit le port du fez et du tchadoret suggère un habillement à l’occidentale.Atatürk décède en 1938,mais ses héritiers nemodifient pas pour autant l’élan turc versl’Occident.

Après la seconde guerre mondiale, quandStaline réclame des droits de passage par lesdétroits du Bosphore et des Dardanelles, laTurquie abandonne sa position non-alignée etmanifeste sa volonté de rapprochement versl’Occident.Elle devient membre de l’OTAN.Elleest par ailleurs membre fondateur du Conseilde l’Europe.

La Turquie est membre associé de l’Union euro-péenne conformément au traité d’Ankara de1964. Dans son article 28, ce traité prévoitd’ailleurs l’adhésion définitive après une périodede trente années permettant l’adaptation et l’har-

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT70

Histoire

La population turque est issue d’un brassage mil-lénaire et enrichie d’apports culturels extérieursnombreux lors de l’expansion ottomane. LesTurcs,originaires d’Asie centrale, font connais-sance avec les arabes au 7e siècle au momentoù la civilisation arabo-musulmane est à sonapogée;devant l’ampleur et la grandeur de celle-ci, ils adoptent la religion musulmane à partirdu 10e siècle. Au 11e siècle, ils pénètrent enAnatolie et fondent le premier État turc, l’Empireseljoukide. En 1453, avec la prise de Constan-tinople, commence l’apogée de l’Empireottoman,dont la capitale est l’actuelle Istanbul.Cet empire (dont le territoire s’étend sur l’en-semble de l’Anatolie, l’Irak, la Syrie, le Liban,unegrande partie de la péninsule Arabe, l’Égypte,la Libye, la Tunisie et l’Algérie) est multicultu-rel et multiracial car coexistent, sous la domi-nation ottomane, de multiples religions etlangues. L’Empire ottoman prend part à la pre-mière guerre mondiale aux côtés des Allemands,est défait puis occupé par les Alliés. Le généralMustafa Kemal, dit Atatürk, entreprend alors àpartir de l’Anatolie de construire un État natio-nal turc ; il mène et gagne une guerre d’indé-pendance. En 1924, la signature du traité deLausanne officialise la reconnaissance de laRépublique turque par les États occidentaux.Commence alors une ère républicaine,périodeunique et sans précédent, synonyme de trans-formation radicale et de mutation du peupleturc. Mustafa Kemal poursuit et approfonditl’occidentalisation du pays entamée dès la findu 18e siècle, au dédain des mondes arabe etperse,puisque l’Occident représente à ses yeux“la civilisation contemporaine”.Mustafa Kemal

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

Annexe

73

financières récentes qui l’ont profondémentdéstabilisée. Ces progrès se traduisent parl’amélioration de la discipline budgétaire, leralentissement des pressions inflationnistes, laréduction des ingérences politiques, la libéra-lisation des marchés de l’agriculture et del’énergie.Dans les domaines couverts par l’union doua-nière, la reprise de l’acquis communautaireparaît d'ores et déjà réalisée.La stabilité politique, économique et socialede la Turquie apparaît fondamentale pourl’Union européenne du fait de sa positiongéostratégique.

Alors que pendant longtemps la populationétait restée indifférente au projet européen,le désir d’adhérer est désormais réel et res-senti par l’homme de la rue, qui souhaite desconditions de vie meilleures et plus de crois-sance. Ce souhait rejoint celui d’une plusgrande liberté d’expression.Lors de la dernièrecampagne électorale, la quasi-totalité des can-didats (à l’exception du mouvement ultranationaliste MHP) se sont prononcés claire-ment pour l’adhésion à l’Union européenne.Dès sa victoire électorale, l’AKP a multiplié lesdéclarations pro-européennes.D’après un sondage Eurobaromètre en 2001,68 % de la population turque voteraient enfaveur de l’adhésion à l’Union européenne,20 % contre, alors que 12 % ne voteraient pasou ne se prononcent pas. Par ailleurs 59 % desTurcs pensent que l’adhésion de leur pays àl’Union européenne est une bonne chose.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT72

monisation de la Turquie avec l’Union. PourAnkara,c’est déjà la preuve de la reconnaissanceet de l’acceptation de sa vocation européenne.Puis un traité d’union douanière, échelonnéentre 1973 et 1995, lie le pays à l’Union euro-péenne. Ankara a aussi déposé une demande for-melle d’adhésion en 1987.

La décision prise à Helsinki, en 1999, par leschefs d’État et de gouvernement d’accorder àla Turquie le statut de pays candidat a encou-ragé ce pays à prendre une série de réformesfondamentales allant dans le sens d’une conso-lidation de la démocratie. Une importanteréforme constitutionnelle a eu lieu en octobre2001 dans le but de renforcer les garanties dansle domaine des droits de l’Homme et deslibertés fondamentales.Un nouveau Code Civila été adopté en novembre 2001, et troispaquets de réforme ont fait l’objet de votes duParlement, en février, mars et août 2002. Lesréformes d’août 2002 sont de grande ampleuret concernent l’abolition de la peine demort en temps de paix, la suppression de l’étatd’urgence en vigueur dans deux provinces dusud-est et l’ouverture d’enseignement etd’émissions de radio aux langues minori-taires, notamment le kurde. Les contrôlessur les médias devraient être levés et la libertéd’expression mieux garantie. Par ailleurs, plu-sieurs recommandations du Comité européenpour la prévention de la torture sont actuel-lement mises en œuvre ; la réforme du systèmejudiciaire se poursuit.

La Turquie progresse vers la mise en place d’unevéritable économie de marché viable,mais ellesubit encore la conséquence des deux crises

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

Annexe

75

■ Philippe DeloireVers l’Europe des 30 : le processusd’élargissement de l’Union européenneGualino, 1998

■ Edwige TucnyL’élargissement de l’Union européenne :la conditionnalité politiqueL’Harmattan, 1997

■ Jean-François DrevetLa nouvelle identité de l’EuropePUF, 1997

■ Jacques VergerLes gens du savoir en Europe à la fin duMoyen-ÂgePUF, 1997

■ Bernard Huchet, Henri MalosseVers la grande EuropeBruylant, 1996

■ François de la SerreL’Union européenne : ouverture à l’estPUF, 1994

■ Pierre LequillerL’Europe se lève à l’EstÉditions du Rocher, 1994

■ Michel Foucher, Jean-Yves PotelLe continent retrouvéÉditions de l’Aube, 1993

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT74 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

■ Bernard Huchet, Henri MalosseUnifier la grande EuropeBruylant, 2002

■ Elie Barnavi, Paul GoosensLes frontières de l’EuropeDe Boeck, 2001

■ Didier DoucetL’élargissement de l’Europe : un risquepour le Sud ?L’Harmattan, 2001

■ Jean-François DrevetL’élargissement de l’Union, jusqu’où ?L’Harmattan, 2001

■ L’élargissement de l’Union Européenne,quels enjeux, quels défisPresses de la Sorbonne nouvelle, 2001,dir. Élisabeth du Réau

■ Jean-François DrevetChypre en EuropeL’Harmattan, 2000

■ Commissariat Général du PlanL’élargissement de l’Union européenne àl’est de l’Europe : des gains à escompter àl’Est et à l’OuestLa Documentation française, 1999

■ Graham AveryThe enlargement of the European UnionSheffield Academic Press, 1998

Bibliographie

77

■ www.european-convention.eu.int Site de la Convention pour l’avenir de l’Europe

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT76 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

■ www.un.org/esa/population/unpop.htmOrganisation des Nations Unies, Division dela population

■ www.europa.eu.int/comm/enlargementSite “élargissement” de la Commissioneuropéenne

■ www.europarl.eu.int/enlargementSite “élargissement” du Parlement européen

■ www.dree.org/elargissement Site “élargissement”s du ministère del’Économie et des Finances, Direction desRelations économique extérieures

■ www.diplomatie.gouv.fr Site du ministère français des Affairesétrangères

■ www.senat.fr/europe/rap.htmlSite du Sénat français, rapport surl'élargissement

■ www.robert-schuman.org Site de la Fondation Robert Schuman de Paris

■ www.robert-schuman.org/oee/default2.htm L’Observatoire des élections en Europe de laFondation Robert SchumanAbonnement à la lettre de l’Observatoire :[email protected]

Sites Internet

79POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT78 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 1. PLAIDOYER POUR L’ÉLARGISSEMENT

■ ASEAN : Association of Southeast AsianNations. Organisation de libre-échanged’Asie du Sud-est (10 pays)

■ IDE : Investissements directs étrangers

■ ISPA : Instrument for Structural Policiesfor pre-Accession

■ MERCOSUR : Mercado Común del Sur.Union douanière de 6 pays d’Amérique latine(Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Paraguay,Uruguay).

■ PHARE : Pologne-Hongrie Aide à laRestructuration Économique. Programme desoutien à la restructuration de l’économie deces deux pays, lancé en 1990, étendu par lasuite à d’autres bénéficiaires.

■ SAPARD : Special Accession Programmefor Agriculture & Rural Development

■ SPA : Standard de Pouvoir d’Achat. LeProduit Intérieur Brut calculé en SPA permetde comparer le PIB de plusieurs pays enfonction du niveau des prix à laconsommation d’un panier de produits.

Glossaire

Reconnue d’utilité publique par décret en date du 18 février1992, la Fondation Robert Schuman a pour missionde :- promouvoir l’idéal européen ;- soutenir tous ceux qui œuvrent pour la démocratie enEurope et dans le monde ;- contribuer, par tous les moyens, au débat européen età l’évolution de l’Union ;- établir des liens et des coopérations avec toutes les ins-titutions qui poursuivent les mêmes buts ;- favoriser l’étude de la pensée européenne par l’attribu-tion de bourses, le développement de programmes derecherche et le soutien aux publications qui concernentla construction européenne, son passé et son avenir.

Elle est présidée par Monsieur Jean-Dominique Giuliani.

29, bd Raspail - 75007 Paris Tél. : +33 (0)1 53 63 83 00Fax : +33 (0)1 53 63 83 01www.robert-schuman.org

Directeur de la publication : Pascale [email protected]

Achevé d’imprimer en novembre 2002

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10 €ISBN : EN COURS

Novembre 2002 www.robert-schuman.org

En 2004,l’Union européenne s’élargit.Elle rassembleradésormais 25 pays.Et deux autres encore,d’ici trois

ans : la Bulgarie et la Roumanie.

Connaître les nouveaux membres est donc plus nécessaireque jamais.Une carte et les statistiques les plus récentes en dressentle profil, pays par pays.

Mais l’Europe est avant tout constituée d’hommes et defemmes qui en font la richesse et la diversité.Aussi nous a-t-il semblé indispensable d’y ajouter un“coup de cœur” pour chacun.Quelques lignes,bien françaises,qui rappellent leur histoire,qui mettent en valeur ce qu’ils apportent à l’Union, quimontrent ce qui nous lie aux nouveaux adhérents et quidémontrent qu’ils sont vraiment, déjà, bien Européens. 11

POUR L’EUROPE RÉUNIE2. ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRESJean-Dominique Giuliani

JEAN-DOMINIQUE GIULIANIAVEC DELPHINE SURRANS ET PETER SANDOR

Introduction ...............................................4

1. Chypre ..................................................6

2. Estonie ................................................14

3. Hongrie...............................................24

4. Lettonie ..............................................32

5. Lituanie...............................................40

6. Malte ...................................................50

7. Pologne ...............................................58

8. République tchèque...........................68

9. Slovaquie ............................................78

10. Slovénie ..............................................86

11. Bulgarie ..............................................92

12. Roumanie .........................................100

sommaire

5POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES4 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

La Bulgarie et la Roumanie,qui nous rejoindrontplus tard,mais sont concernées par les présentesdécisions, sont des portes de l’Europe versl’Orient et les Balkans.

Et que dire des deux îles de Méditerranée,Malteet Chypre,qui intègrent l’Union? Qu’elles appar-tiennent à notre passé et à notre présent,et doncà notre avenir,comme des vaisseaux ancrés surles rives du continent et qu’elles sauront nousrappeler que nous sommes aussi du Sud.

Puis,on se laissera entraîner sur les pas du pro-meneur qui a beaucoup parcouru ces pays et quia éprouvé,pour chacun,un vrai “coup de cœur”.

Pour chacun de ces pays, on trouvera des sta-tistiques essentielles à la compréhension de laréalité de ces pays, mais aussi des cartes.

Car la construction de l’Europe, c’est d’abordune aventure au service des hommes et desfemmes, c’est avant tout un projet politique ethumain.

Et il est bon, de temps en temps, de le rappe-ler en allant à leur rencontre.

Aussi voudra-t-on bien pardonner les rac-courcis et les mélanges, les chemins de traverseet la légèreté du propos. Ils ne sont destinésqu’à stimuler l’intérêt de mes compatriotes.Cespays méritent vraiment l’engagement desFrançais à leurs côtés dans le formidable destinde l’Europe.

Jean-Dominique GIULIANIPrésident de la Fondation Robert Schuman

Europe s’élargit. Le 1er mai 2004, l’Unioneuropéenne comptera 25 membres.

Les nouveaux adhérents pourront ainsi parti-ciper aux élections européennes qui, un moisplus tard, enverront à Strasbourg, 669 députéseuropéens pour cinq ans.

Connaître les nouveaux membres est donc plusnécessaire que jamais.

Ces dernières années, nos voisins prochesn’ont pas assez suscité notre curiosité. Nousappréhendons mal la réalité de pays qui sontavant tout européens.

Par leur histoire, leur culture, leur vie politique,ils prouvent déjà qu’ils font partie de l’Europe.

Prague a longtemps été le faubourg culturel del’Europe où se croisaient les plus grands écri-vains, les meilleurs peintres et les virtuoses lesplus exceptionnels.

En Pologne et dans les trois pays baltes, Estonie,Lettonie et Lituanie,s’est écrite,dès le Moyen-Âge,une page fondamentale de l’histoire européenne,quiplonge aussi ses racines sur les bords de la Baltique.

En Slovénie, en Hongrie, en Slovaquie, les mer-veilles et les tourments de l’Europe centrale fontpartie des êtres autant que des choses.

l’

Introduction

7

Un coup d’État favorable au rattachement deChypre à la Grèce suscite, en 1974, de gravestroubles et l’intervention de l’armée turque.

C’est la partition de l’île.

Au Sud, la zone grecque.Au Nord, les Turcs quis’autoproclament, en 1983, République turquede Chypre du Nord.

La Communauté internationale s’épuisera àréconcilier deux communautés qui s’affron-tent à tout propos. Une “zone tampon” estnécessaire pour éviter les attaques et les repré-sailles. Les armements s’accumulent et lesaccrochages se multiplient. Haines et dialoguede sourds s’opposent aux plans de l’ONU quiproposent un État fédéral et bi-communautaire.La question est particulièrement sensible pourl’armée turque dont on connaît le poids et lafermeté politiques.

Aujourd’hui la tension semble s’apaiser et laraison retrouver quelques droits.

Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU aprésenté le 11 novembre 2002 un plan derèglement de la question chypriote qui préco-nise un seul État souverain représentant Chypreau plan international, mais composé de deuxentités indépendantes sur le modèle de laSuisse (cantons et État fédéral). Chacun auraitsa propre Constitution et serait obligé deconclure “des accords de coopération” avecl’autre partie. C’est le modèle belge.

Les premières déclarations du leader AKPRecep Tayyip ERDOGAN marquent un assou-

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES6 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

ette île européenne, mouillée au large duMoyen-Orient, est un atout pour l’Union.

Sa culture marchande et son ouverture naturelleen font l’une des “pépites” de l’Europe enMéditerranée.Son entrée officielle en Europe n’estque la concrétisation juridique d’une situation éco-nomique déjà très liée au Marché commun.

Dans un monde globalisé, jeter l’ancre à Chypreest une heureuse perspective pour l’Unioneuropéenne.

L’intérêt de l’Europe permettra la fin de la par-tition de l’île, conflit diplomatique archaïque etsituation résiduelle absurde,dont ont tant souf-fert ses habitants.

Conquise par les Grecs et les Phéniciens,Chypre devient une province romaine en 58avant J.-C., puis est intégrée dans l’empirebyzantin.Richard Cœur de Lion,puis les Lusignanen font une base d’attaque des croisés et le vais-seau avancé de la latinité en Orient après lachute de Saint Jean d’Acre en 1291.Elle fut véni-tienne et turque,avant de finir britannique.L’îlede Chypre acquiert son indépendance en 1959dans le cadre du Commonwealth.La Républiqueest proclamée en 1960 avec un président grecet un vice-président turc.

1Chypre

c

9

Dans sa préparation à l’intégration de l’Unioneuropéenne, l’île d’Aphrodite devra encorerésoudre quelques difficultés : le manque d’eau,la réforme du système juridique et fiscal qui luipermettait d’attirer des investissements offshorereprésentant 12 % du PIB et la fin du programmede privatisations qui attend toujours une majo-rité parlementaire.

Les Chypriotes se sentent Européens et mobi-lisés pour l’adhésion. Après une périodesombre, c’est la géographie, la modernité et laraison qui ont pris le dessus.

En 2001,62 % des Chypriotes déclaraient avoirl’intention de voter en faveur de l’adhésion (25 %seulement voteraient contre).

Chypre a d’ores et déjà retrouvé ses origines.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES8

plissement de la position turque sur la divisionde l’île. Comme les responsables gouverne-mentaux grecs, les vainqueurs des électionsturques ont accueilli favorablement le plan del’ONU pour la réunification.Celui-ci s’est astu-cieusement calqué sur l’agenda européen.

Pour l’Europe toutefois, le règlement de laquestion chypriote n’est pas un préalable à l’ad-hésion de Chypre.Mais elle pousse à un accordavant la fin des négociations d’adhésion.

Les Quinze se sont efforcés “d’adoucir” lesefforts des deux parties en ouvrant leurporte-monnaie.Trente-neuf millions d’eurosen 2004, soixante-sept millions en 2005 etcent millions € en 2006 seront distribués pourrelancer l’économie et secourir le Nord endifficulté.

À sa manière, l’Europe aura contribué plus effi-cacement qu’on ne le croit à la solution chy-priote. En fermant les yeux très longtemps surl’impasse diplomatique,en prévoyant l’adhésiond’un État divisé,en choisissant de relancer ainsiles initiatives de l’ONU, l’Union aura réussi laréconciliation. Les Chypriotes, en tout cas,sauront ce qu’ils lui doivent.

Dans les négociations d’adhésion, Chypre adonc été traité comme une entité unique.

Leurs conclusions sont positives. L’économiechypriote est ouverte et dynamique ; elle com-merce avec l’Union depuis longtemps. Lesystème judiciaire et la qualité de l’administra-tion publique sont satisfaisants, les droits del’homme y sont respectés. Chypre est prête.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

1Chypre

11

Profil

■ Superficie: 9251 km2 (dont 37,2 % pour lapartie turque, 1,8 % pour la zone tampon et 3 %pour les deux bases souveraines britanniques)■ Côtes : 648 km■ Capitale : Nicosie■ Population : 800000 habitants au31 décembre 2001 (entre 20 et 25 % dans lapartie Nord, selon les sources)■ Composition : 85,1 % Chypriotes grecs,11,7 % Chypriotes turcs et 3,2 % résidentsétrangers■ Confession : Les Chypriotes grecs sont à95 % de confession orthodoxe, et 5 % sontmaronites ou catholiques romains. LesChypriotes turcs sont musulmans.■ Croissance démographique (2000-2005):0,6 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 76 ans et femmes 80 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 14,1 Mds€

■ Croissance du PIB : 4,5 % (4,5 % en 1999 et4,8 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 18500 (80 % dela moyenne communautaire)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 3,4 %(idem au 31 décembre 2000)■ Inflation : 2,0 % en 2001 (4,1 % en 1999)■ Part de l’agriculture : 3,9 % du PIB■ Part de l’emploi agricole : 4,9 %■ Déficit public : 2,8 % du PIB (4 % en 1999,2,7 % en 2000)■ Dette publique : 64,9 % du PIB (légèreaugmentation par rapport à 2000)

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES10

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Le Président est élu pour cinq ans au suffrageuniversel direct.

■ Il n’y a pas de Premier ministre dans laConstitution chypriote.

■ Pouvoir législatif monocaméral.La Chambre des Représentants comprend 80sièges (56 pour les Chypriotes grecs et 24 pourles Chypriotes turcs qui sont vacants). Lesdéputés sont élus pour cinq ans à la représen-tation proportionnelle.Les dernières élections législatives du 27 mai 2001ont fait basculer Chypre de droite à gauche, lescommunistes devenant la principale formationpolitique de l’île.

Composition du Parlement :■ 20 sièges AKEL (Parti progressiste des

Travailleurs, communiste)■ 19 sièges DISY (Rassemblement

démocratique, droite)■ 9 sièges DIKO (Parti démocratique,

centre droit)■ 4 sièges KISOS (Parti social-démocrate)■ 1 siège NEO (Nouvelles Horizons, droite)■ 1 siège EDI (Parti démocrate uni)■ 1 siège ADIK (Mouvement démocratique,

centre droit)■ 1 siège Verts

Prochaines élections : présidentielle enfévrier 2003, législatives en mai 2006.

Organisation administrative

6 districts, 33 villes, 421 communes.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES12

■ Secteurs performants : services, finance,banque, tourisme

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 49,0 % des exportations se font en directionde l’Union européenne■ 55,5 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000: -2971 M€

■ Relations commerciales avec la France :les exportations françaises vers Chypre ontconnu une forte augmentation (40 %d’augmentation entre 1996 et 1999).

Système et situation politique

Ces institutions politiques s’appliquent à lapartie sud de l’île.La partie turque (nord),dirigéepar Rauf DENKTASH,a mis en place ses propresinstitutions,non reconnues par la communautéinternationale.

■ République indépendante,régime présidentiel.La Constitution a été adoptée le 16 août 1960,année de l’indépendance de l’île.Elle est toujoursen vigueur,même si de nombreuses dispositionsde cette constitution,sur la répartition des placeset des rôles entre les deux communautés,ne sontpas appliquées;une crise politique en 1963 ayantentraîné le retrait de la communauté chyprioteturque des activités gouvernementales.

■ Chef de l’État : M. Glafkos CLERIDES, élu enfévrier 1993 et réélu en février 1998.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

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La dissolution des ordres Teutoniques en 1561entraîna le passage de l’Estonie sous tutelle sué-doise. Pierre le Grand l’occupa et l’acquit à lapaix de Nystadt en 1721. En 1918, après avoiraccordé l’indépendance aussitôt reprise par lesbolcheviques,Lénine cède à l’Allemagne les Étatsbaltes. La défaite allemande ouvre enfin la voieà une indépendance attendue.

Mais par le pacte germano-soviétique, les Russesreprennent possession des pays baltes pour enêtre chassés dès 1941 par… l’Allemagne jus-qu’en 1944 où… les Russes réoccupent etannexent les trois républiques baltes.

Bien que cette occupation n’ait jamais étéreconnue par la Communauté internationale,il faut attendre quarante-sept ans et d’im-menses souffrances pour que l’Estonie,avec sessœurs baltes, retrouve son indépendance en1991.

On serait marqué à moins !

On ne s’étonnera donc pas que les trois paysbaltes manifestent tant d’importance à leurentrée dans l’OTAN. Ils souhaitent, à justetitre, que la boussole de l’histoire veuille biens’arrêter quelque temps dans la paix et latranquillité.

Si elle indique le Nord,elle pousse,depuis tou-jours, l’Estonie vers l’Europe.

L’adhésion à l’Union,c’est le retour des périodesfastes où le commerce et les universités pres-tigieuses inclinaient aux voyages, aux échangeset à l’aventure.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES14 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

Estonie, c’est le Nord de l’Europe. LaFinlande et la Suède sont proches et on

le sent comme une bouffée d’air de glace.

Bordant le Golfe de Finlande,cette basse plainetruffée de marécages et de lacs est un petit capnordique de l’Europe,qui émerge sur la Baltiqueet se prolonge de plus de 1500 îles auxquelleson accède,en hiver,par des autoroutes sur glacedont la solidité est vérifiée tout au long de lajournée !

Au 1er siècle après J.-C.,Tacite évoquait déjà lestribus Estes qui s’organisaient une vie commune.

Elle leur permit de résister aux Danois qui fini-rent pourtant par conquérir leur territoirepour en être rapidement chassés par lesChevaliers Porte-Glaive.Ceux-ci, avec la Liguehanséatique,donnèrent le ton dans la Baltique,qui devint au 15e siècle une région prospère decommerce et d’échanges.

Du 13e au 17e siècle,ces villes libres,organiséesdémocratiquement, se sont alliées pour déve-lopper le commerce entre la Baltique et la Merdu Nord. Ces comptoirs formèrent une puis-sante fédération politique, décentralisée, quirayonnait de l’Angleterre à l’Allemagne.

2Estonie

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Elle a même accepté,en si peu de temps,de tirerun trait sur un passé récent si douloureux et,pour se conformer aux règles démocratiquesde l’Europe, de lancer un programme national“Intégration de la société estonienne 2000-2007” qui permettra d’intégrer les 30 % de sapopulation que les Russes avaient “importé” surson territoire.Les procédures de naturalisationont été simplifiées, les conditions linguistiquesrequises pour se présenter aux élections ontété assouplies, des efforts financiers et cultu-rels sont mis en œuvre pour assimiler la forteminorité russe.

L’entrée de l’Estonie dans l’Union est unechance pour l’Europe parce qu’elle termine lacontinuité territoriale européenne vers laFinlande. Elle nous donne quelques frontièresde plus avec la Russie et une présence dyna-mique au Nord de la Baltique.Elle nous apportela force et la richesse d’hommes et de femmesfiers et solides qui sont capables,désormais,dese passionner pour l’Europe. Brisons la glace !

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES16

Avec la rapidité de leurs voisins, les Estoniensont enfourché le cheval de l’économie numé-rique. Ils profitent à plein de leur savoir-faireindustriel reconnu et efficace.

En réorientant avec agilité leur commercesoviétisé vers les économies ouvertes et libé-rales, ils en ont adopté les règles et les pratiquesplus vite qu’à leur tour. Plus de 85 % du PIB estd'origine privée. L’acquis communautaire a étédigéré rapidement et la réussite économiqueest au rendez-vous.

Il faut avoir parlé avec l’ancien Président de laRépublique, Lennart Meri, dans un françaisparfait et si cultivé, pour comprendre toutel’énergie qui habite les Estoniens, leur caractèredéterminé et leur haut niveau de culture.L’écoled’architecture moderne de Tallinn étonne à plusd’un titre, la musique estonienne parcourt lemonde derrière Arvö Part.

Déjà, dans les années vingt, le mouvement lit-téraire “Noor Esti” ne bruissait que d’Europeet proclamait : “Soyons des Estoniens, maisdevenons aussi des Européens !”

Oui, l’Estonie est européenne.

Avec ses voisins, l’Estonie jouera dans l’Unionun rôle très constructif.

Son Ministre des affaires étrangères, Toomas Hendrik Ilves, a ainsi donné à l’UniversitéHumboldt de Berlin, le 5 février 2001,une confé-rence sur le thème “Construire une nouvelleEurope” qu’on aurait aimé entendre pronon-cer par un ministre des Quinze !

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

2Estonie

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Profil

■ Superficie : 45227 km2

■ Frontières : 633 km (Lettonie 339 km,Russie 294 km)■ Côtes : 3794 km■ Capitale :Tallinn■ Population : 1,4 million d’habitants au31 décembre 2001■ Composition : 68 % Estoniens, 26 % Russes,2 % Ukrainiens, 1 % Biélorusses et 1 %Finlandais■ Confession : les Estoniens sontmajoritairement de confession luthérienne ;des minorités de grecs orthodoxes, russesorthodoxes, baptistes, méthodistes etcatholiques■ Croissance démographique (2000-2005):-1,1 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 65 ans et femmes 76 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 13,4 Mds€

■ Croissance du PIB : 5,4 % (-1,1 % en 1999 ;6,9 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 9800 (42 % de lamoyenne communautaire)■ Salaire moyen mensuel brut : 328 € (enaugmentation constante depuis 1997 : 227 €)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 5,7 %(12,8 % au 31 décembre 2000)■ Inflation : 5,6 % (prévisions 2002 : 3,8 %)■ Part de l’agriculture : 5,8 % du PIB■ Part de l’emploi agricole : 7,1 %■ Déficit public : 0,7 % du PIB en 2000 (4,1 %du PIB en 1999)

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Système politique

■ République, démocratie parlementaire.La Constitution actuelle a été adoptée le28 juin 1992.

■ Chef de l’État :Arnold RUUTEL,élu le 21 septembre 2001.Le Président est élu pour cinq ans (mandatrenouvelable une fois) par un corps électoral ras-semblant les 101 membres du Parlement et 273représentants des conseils locaux.Ce corps élec-toral est formé uniquement si le président n’apu être désigné lors de deux scrutins prélimi-naires auxquels participent uniquement lesmembres du Parlement,qui doivent élire un can-didat à la majorité des deux tiers.Ces dernières années de nombreuses proposi-tions ont été faites pour remplacer ce systèmecomplexe par le suffrage universel direct,sans avoirpour l’instant abouti à une réforme électorale.

■ Premier ministre : Siim KALLAS, depuis le22 janvier 2002

■ Système parlementaire monocaméral. LeParlement (Riigikogu) comprend 101 sièges.Les députés sont élus pour quatre ans, ausuffrage universel direct, à la représentationproportionnelle.Les élections municipales se déroulent tous lestrois ans.Tous les résidents permanents majeurs(dix-huit ans et plus) peuvent voter à ces élec-tions, quelle que soit leur citoyenneté.

Les dernières élections parlementaires se sontdéroulées le 7 mars 1999 et ont vu la victoirede l’ECP. Initialement, jusqu’à la démission du

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES20

■ Dette publique : 5,7 % du PIB■ Secteurs performants : électronique,technologies de l’information■ Investissements Directs Étrangers :2844 M€ (1980 € /habitant en 2000)L’Estonie a l’un des taux d’IDE les plus élevésparmi les pays candidats. La Suède et laFinlande sont les principaux paysinvestisseurs.

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 69,4 % des exportations se font en directionde l’Union européenne■ 56,5 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000 commeen 2001 : -1108 M€

■ Principaux produits exportés : bois,textiles, industrie lourde et équipementsélectriques■ Exportations françaises en Estonie :125 M€ (92 M€ en 2000)■ Exportations estoniennes en France :106 M€ (86 M€ en 2000)

■ Les relations économiques et commercialesde la France avec l’Estonie se caractérisent parune progression régulière des échanges com-merciaux (les exportations françaises ont étémultipliées par cinq entre 1994 et 1999,puis ontreculé en 1999 pour connaître une forte aug-mentation en 2000 et 2001) mais une faible poli-tique d’investissement de la France en Estonie(en 2001, 0,9 % des IDE proviennent de laFrance, soit 33 M€).

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

2Estonie

23POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES22

Premier ministre Mart Laar en janvier 2002, lacoalition gouvernementale était formée detrois partis (Union pour la Patrie, Parti réfor-miste et les Modérés).Depuis janvier 2002,unenouvelle coalition gouvernementale a été miseen place avec l’ECP et le Parti réformiste.

Composition du Parlement :■ 28 sièges ECP (Parti du centre)■ 18 sièges Union pour la Patrie■ 18 sièges ERP (Parti de la réforme)■ 17 sièges Parti des Modérés■ 7 sièges Union du Peuple■ 7 sièges Parti de la Coalition■ 6 sièges Parti du Peuple Uni

Prochaines élections : présidentielle en 2006,législatives en mars 2003

Organisation administrative

15 comtés (maakonnad), 42 villes et 207 communes

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

2Estonie

25

y diffuse ses idées et conduise à la Révolutionhongroise de 1848.

En 1867, l’Autriche et la Hongrie devenaientdeux monarchies d’une même couronne, cellede François-Joseph.

Les communistes de Bela Kun y firent un brefpassage et le Traité de Trianon, le 4 juin 1920amputa la Hongrie des deux tiers de son ter-ritoire.

Les errements du Régent Horty, aux côtés despuissances de l’Axe, conduisirent, après ladeuxième guerre mondiale, les Soviétiques àimposer un gouvernement communiste qui,malgré la révolte de 1956,écrasée dans le sangpar l’Armée rouge, subsista jusqu’en 1989.

Les Hongrois sont entreprenants, commer-çants et sensibles aux évolutions du monde.

Dès 1968, les premières réformes introduisenttimidement les lois du marché.Les changementss’accélèrent. La Hongrie adhère, la premièreparmi les pays d’Europe centrale, au Fondsmonétaire international en 1982 et son éco-nomie s’internationalise peu à peu.

La liberté revenue, elle n’a pas de difficultés às’insérer dans la nouvelle Europe qu’elle acontribué à dessiner en ouvrant ses frontièresaux Allemands de l’Est qui convergeaient verselle,en 1989,pour contourner le mur de Berlin.

Riche de ses céréales et de ses vins, la Hongrieest aussi un pays qui a restructuré une indus-trie lourde qui compte. Son économie, privati-

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES24

a Hongrie,c’est le pays des Limes,ces fron-tières de l’empire romain,ce long mur qui

courait dans les plaines dont on peut voirencore les vestiges dans les faubourgs de Pest.

Cela lui valut une histoire tourmentée, toujourspressée par les invasions venues de l’Est et du Sud.

Des montagnes du Nord qui dominent le lacBalaton, plus grande réserve d’eau douced’Europe centrale, jusqu’au Danube qui la baignesi paisiblement, la Hongrie est ouverte, sur lemonde, vers ses voisins, à tous les vents.

Ce furent d’abord les Ostrogoths, les Huns etles Avars qui s’en emparèrent jusqu’à l’arrivéedes Magyars,une tribu finno-ougrienne qui sut,malgré quelques déboires, s’entendre avec leSaint Empire romain germanique sans en fairevraiment partie.

Étienne 1er fonda la dynastie des Arpad et futle premier roi de Hongrie en l’an 1000.

Puis ce furent les Ottomans de Soliman qui l’oc-cupèrent en 1526 et mirent à sac Buda.

Les Habsbourg enfin la conquirent au nom del’Église, jusqu’à ce que la Révolution française

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27POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES26

sée à 75 % et forte d’un secteur tertiaire quiemploie la moitié de la population, progressede plus de 4 % par an depuis 1997.

Elle a su réformer son administration et sajustice, même si de nombreux progrès restentà faire dans la lutte contre la corruption qui s’estinfiltrée par les portes largement ouvertes auxcapitaux étrangers.

Son opinion publique est favorable à l’adhésionà plus de 70 % selon les enquêtes réalisées etsa classe politique a, depuis longtemps, pousséà l’adhésion, comme pour son intégration àl’OTAN en 1999.

S’il est un pays qui semble naturellement entrerdans l’Europe à vingt-cinq,c’est bien la Hongrie.

On sait que Franz Liszt et Bela Bartok ont beau-coup fait pour sa renommée dans le monde.Onconnaît mieux la cour du Prince Esterhazy, àEisenstadt,qui, aux 17e et 18e siècles,attirait deprestigieux artistes de toute l’Europe commeJoseph Haydn.

On ignore souvent sa contribution importanteà la Renaissance et son engouement pour lesiècle des Lumières.

Depuis toujours européenne jusqu’à l’art, laHongrie retrouve, en Europe, la place qu’ellen’aurait jamais dû quitter.

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■ Part de l’emploi agricole : 6,1 %■ Déficit public : 3,1 % du PIB en 2000■ Dette publique : 53,2 % du PIB ■ Secteurs performants : électronique,pharmacie, automobile et industrieagroalimentaire■ Investissements Directs Étrangers : stock en2000 de 17946 M€ (1790 € / habitant)La Hongrie a reçu, depuis dix ans, 42 % desIDE à destination des pays d’Europe centraleet orientale (elle est le principal récipiendairedes investissements de l’Union européenne).IDE par habitant le plus élevé de tous les payscandidats.

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 74,3 % des exportations se font en directionde l’Union européenne■ 57,8 % des importations proviennent del’Union européenneReflet de l’évolution industrielle hongroise, lesproduits exportés et importés incorporent deplus en plus de valeur ajoutée.■ Solde commercial négatif en 2000 commeen 2001 : -3554 M€

Depuis 1989, la libéralisation du commerceextérieur hongrois a permis une progressionde 50 % des exportations et un triplement desimportations.■ Relations commerciales avec la France :la France se situe au 5e rang des partenairescommerciaux de la Hongrie. La dynamiquedes échanges commerciaux entre les deuxpays s’est accélérée depuis 1997 (1,5 Mds€ en1997, 2,4 Mds € en 1999)

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES28

Profil

■ Superficie : 93032 km2

■ Frontières : 2239 km (Autriche 356 km,Croatie 329 km, Roumanie 432 km, Serbie etMontenegro 151 km, Slovaquie 654 km,Slovénie 102 km, Ukraine 215 km)■ Capitale : Budapest■ Population : 10 millions d’habitants au31 décembre 2001■ Composition : 97,6 % Hongrois, 1,4 %Tsiganes, 0,3 % Allemands, 0,3 % Serbes,0,1 % Slovaques, 0,1 % Roumains, et 0,2 %autres■ Confession : 65 % Catholiques, 20 % del’Église réformée, 4 % Luthériens, 2,7 %Orthodoxes, 1 % Juifs■ Croissance démographique (2000-2005) :-0,5 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 67 ans et femmes 76 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 121,3 Mds€

■ Croissance du PIB : 3,8 % (4,5 % en 1999,5,2 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 11900 (51 % dela moyenne communautaire)■ Salaire moyen mensuel brut : 403 €(en augmentation constante depuis 1997 :272 €)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 5,7 %(9 % au 31 décembre 2000)■ Inflation : 9,1 % (prévisions 2002 : 5,7 %)■ Part de l’agriculture : 4,3 % du PIB (donnée 2000)

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

3Hongrie

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■ Prochaines élections : présidentielle en2005, législatives en 2006.

Organisation administrative

7 régions de développement structurel,19 départements et Budapest, 3131 communes

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES30

Système politique

■ République, démocratie parlementaire.La Constitution actuelle a été adoptée le20 août 1949 et révisée en 1989.

■ Chef de l’État : Ferenc MADL,élu le 4 août 2000.Le Président est élu par le Parlement àbulletin secret pour cinq ans (mandatrenouvelable une fois).

■ Premier ministre : Peter MEDGYESSY(depuis le 27 mai 2002).

■ Système parlementaire monocaméral.L’Assemblée nationale (Orszaggyules) com-prend 386 sièges. Les députés sont élus pourquatre ans au suffrage universel direct ; modede scrutin mixte avec un scrutin uninominal àdeux tours et un scrutin proportionnel : ainsi176 députés sont issus de circonscriptionsindividuelles et 210 des listes départementaleset nationales. Le seuil de représentation auParlement est fixé à 5 %.Les dernières élections parlementaires se sontdéroulées en avril 2002. La coalition gouver-nementale est composée du MSZP et duSZDSZ.

Composition du Parlement :■ 178 sièges MSZP (Parti socialiste hongrois)■ 164 sièges Fidesz (Alliance des jeunes

démocrates)■ 24 sièges MDF (Forum démocratique

hongrois)■ 20 sièges SZDSZ (Alliance des

démocrates libres)

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

3Hongrie

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Allemagne.Redoutables guerriers au service dela christianisation et de la culture allemande,cesont eux qui fondent la légende militaristeprussienne qui donnera lieu, plus tard, à tantd’excès.

L’ordre livonien,dissous en 1561,c’est la Polognequi règne, créant le duché de Courlande. LaCourlande évoque,pour les Français, le roman-tisme de la Cour à la fin de la monarchie.C’esten Courlande, en effet, à Mitau, aujourd’huiJelgava, que Louis XVIII est accueilli par le Tsarde Russie jusqu’à ce que celui-ci signe la paixavec Napoléon en 1807 et le contraigne ainsià gagner l’Angleterre où il restera jusqu’en 1814.

La Lettonie, c’est d’abord une voie de transitentre l’Europe et la Russie.

De cette position,elle bénéficie à plein lorsqueses trois ports, Riga,Ventspils et Liepaja, libresde glaces toute l’année, jouent le rôle de“poumons nordiques” de la Russie.

Mais elle en pâtit aussi, considérablement, plusencore que ses autres sœurs baltes, lorsque s’af-frontent, pour son contrôle, l’Allemagne et laRussie.

Elle est passée successivement, comme lesdeux autres Républiques voisines, entre lesmains de ses oppresseurs et a vécu les purges,les rafles et les occupations, portées jusqu’audegré ultime de l’horreur et de l’absurde.

Ne disposant que de peu de ressources natu-relles,à l’exception du bois,sa vocation est com-merciale et maritime.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES32

u débouché des plaines biélorusses, sur laBaltique, on rencontre la Lettonie, ses

ports et son commerce ouverts à l’Ouest.

Il n’est donc pas étonnant que son histoire soitmarquée par les occupations et les invasions deses puissants voisins.

Au début du 13e siècle, les Chevaliers Teutoni-ques et les Chevaliers Porte-Glaive fusionnentet fondent la Livonie,dont fait partie la Lettonie.

Créé en 1191 par des bourgeois de Brème etde Lübeck pendant le siège d’Acre lors de latroisième croisade, l’ordre des ChevaliersTeutoniques de l’Hôpital Sainte-Marie-de-Jérusalem se transforme en ordre militairereconnu par le Pape en 1199.

Il leur donne en fief la région baltique quis’étend du Golfe de Finlande à la Pologne. Ilssont célèbres pour leurs capes blanches ornéesd’une croix rouge et le film d’Eisenstein quiromance leur défaite face aux troupes russessur le lac Tchoudsk. La dissolution de l’ordrefut deux fois proclamée,y compris par Napoléonen 1809, mais il existe toujours, sous la formed’un ordre de charité, refondé à Vienne en 1929et demeure actif en Autriche, en Italie et en

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

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ont organisé l’occupation étrangère ! Depuis1998, l’accès à la citoyenneté lettone a été faci-lité par la simplification des procédures denaturalisation ainsi que les conditions d’usagedu letton. 30000 russophones sont ainsi inté-grés chaque année et un programme gouver-nemental prévoit des mesures en faveur desminorités.

La Lettonie est un pays étonnant, qui sera bienprécieux pour l’Union européenne, par sonexpérience et sa vitalité. La moyenne d’âge deson tout nouveau gouvernement est ainsi detrente-neuf ans ! La croissance de son PIB estdésormais de 7 % annuels environ.

Sa Présidente francophone donne une imageparfaite de la qualité exceptionnelle des femmeset des hommes de ce pays.Elle tient fermementla barre vers l’adhésion qui rencontre le soutiende ses concitoyens,majoritairement favorablesà l’entrée dans l’Europe (46 % contre 32 selonles enquêtes d’opinion). Mais l’on comprendraaussi que l’adhésion à l’OTAN est la premièregarantie de la sécurité du pays.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES34

Pendant l’entre-deux guerres, la Lettonie indé-pendante connaît une forte croissance de sonéconomie qui lui vaut une élévation de sonniveau de vie.

Mais abandonnée aux Soviétiques par le PacteMolotov-Ribbentrop,reconquise par l’Allemagnenazie, puis occupée de nouveau par lesSoviétiques, elle devra attendre 1990 pourretrouver son indépendance.

Dès 1989,de violents conflits opposent les par-tisans de l’indépendance et les communisteslettons soutenus par les forces soviétiques. En1991, 73 % de la population se prononce parréférendum en faveur de l’indépendance qui estaussitôt proclamée. Les forces armées russesse retirent définitivement du pays en 1994. LesLettons les auront vaincus en chantant. Ils serassemblaient pour entonner ensemble les plusconnus de leurs “daïnos”, ces chants populairesissus d’une poésie ancestrale, dont le nombreofficiel est supérieur à 900000 !

L’aspiration à la Liberté s’est appuyée sur le sen-timent national,puisé à la source des ancienneslégendes du pays si bien remises au goût du jourpar le “Goethe letton”, J Maïnis, le plus célèbreécrivain du réveil national (1865-1929).

Le visage de la Lettonie a beaucoup changé carles Soviétiques y ont implanté de nombreuxRusses qui forment aujourd’hui 30 % de lapopulation.

La question de la minorité russophone estpolitiquement très sensible puisqu’il s’agit d’ac-corder la citoyenneté à 500000 personnes qui

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Profil

■ Superficie : 64589 km2

■ Frontières:1150 km (Biélorussie 141 km,Estonie 339 km,Lituanie 453 km,Russie 217 km)■ Côtes : 531 km■ Capitale : Riga■ Population : 2,4 millions d’habitants au31 décembre 2001■ Composition : 57,7 % Lettons, 29,6 %Russes, 4,1 % Biélorusses et 2,7 % Ukrainiens,1,4 % Lituaniens, 0,4 % Juifs, 0,3 % Tsiganes,0,1 % Allemands, 0,1 % Estoniens (44 % de lapopulation est russophone et 21 % sont noncitoyens lettons)■ Confession: 25 % luthériens, 25 % catholiques,15 % orthodoxes.■ Croissance démographique (2000-2005) :-0,6 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 65 ans et femmes 76 ans

Données économiques (2001)■ PIB en SPA : 18,1 Mds€

■ Croissance du PIB : 7,6 % (1,1 % en 1999 ;6,6 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 7700 (33 % de lamoyenne communautaire)■ Salaire moyen mensuel brut : 280 € (enaugmentation constante depuis 1997 : 213 €)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 12,8 %(13,2 % au 31 décembre 2000)■ Inflation : 2,5 % (prévisions 2002 : 2,5 %)■ Part de l’agriculture : 4,7 % du PIB■ Part de l’emploi agricole : 15,1 %■ Déficit public : 1,7 % du PIB (2,8 % en 2000)■ Dette publique : 13,8 % du PIB

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■ Système parlementaire monocaméral.Le Parlement (Saeima) comprend 100 sièges ;les députés sont élus pour quatre ans au suf-frage universel direct ; à la représentation pro-portionnelle ; seuil de 5 % des suffrages pourqu’une formation politique soit représentée auParlement.Les dernières élections parlementaires se sontdéroulées le 5 octobre 2002. La coalition gou-vernementale est formée des partis NouvelleÈre, Premier de Lettonie, ZSS et TB /LNNK.

Composition du Parlement :■ 26 sièges Nouvelle Ère (centre droit)■ 24 sièges FHRUL (parti russophone pour

les Droits de l’Homme dans uneLettonie unie)

■ 21 sièges TP (Parti du Peuple)■ 12 sièges ZSS (Union des fermiers et des

verts)■ 10 sièges Premier de Lettonie (groupe

centriste surnommé “parti duclergé”)

■ 7 sièges TB /LNNK (Union pour laPatrie et la Liberté)

■ Des élections municipales ont eu lieu en2001. Le maire de Riga est le socialdémocrate Dainis IVANS (ancien leader duFront populaire letton avant 1991).

■ Prochaines élections: présidentielle en 2003,législatives en 2006

Organisation administrative

26 régions, 492 villes

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■ Secteurs performants : chimie■ Investissements Directs Étrangers : stock de2237 M€ en 2000 (943 € par habitant)

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 61,2 % des exportations se font en directionde l’Union européenne■ 52,6 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000 commeen 2001 : -1059 M€

■ Principaux secteurs économiques :électronique, ingénierie mécanique, industriechimique et pharmaceutique, industrie dubois, textile et technologie de l’information.■ Relations commerciales avec la France : bienqu’en progression, les échanges commerciauxentre la France et la Lettonie restent modestes(la France demeure un partenaire secondairede la Lettonie, au douzième rang de ses four-nisseurs avec une part de marché de 3 %)

Système politique

■ République, démocratie parlementaire.La Constitution actuelle a été adoptée le21 août 1991.

■ Chef de l’État :Vaïra VIKE FREIBERGA élue le 17 juin 1999.Le Président est élu par le Parlement pourquatre ans (mandat renouvelable une fois).

■ Premier ministre : Einars REPSE

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Donnée aux Soviétiques par le Pacte qu’ilssignèrent avec Hitler en 1939, la Lituanie subitun sort particulièrement cruel. La Résistances’organisa d’abord contre les communistesrusses, puis, à partir de 1941 contre lesAllemands qui pillèrent le pays et exterminè-rent massivement les Juifs de Vilnius, longtempsappelée la “Jérusalem du Nord”. Les déporta-tions successives dont les pires furent le fait desSoviétiques, envoyèrent plus de 500 000Lituaniens en Sibérie.

C’est la raison pour laquelle la Lituanie fut lapremière à ébranler l’Union soviétique dès lesannées 1980.

Le mouvement Sayudis, fondé par le musicienVytautas Landsbergis en 1988, poursuivit unelutte courageuse pendant trois ans,au prix d’af-frontements et de troubles sanglants, jusqu’àobtenir l’indépendance en 1991. Il s’en suivit degraves difficultés économiques dues au redé-ploiement nécessaire des liens avec les anciennesrépubliques soviétiques.

On connaît l’art lituanien à travers l’écrivainOscar Milosz, qui devint français en 1931 etécrivit dans notre langue.Pétri de culture fran-çaise, il publia de nombreux poèmes et desromans historiques avant de se consacrer à desrecherches ésotériques qui transformèrent sonœuvre en un lyrisme mystique.

Son neveu, Czeslaw Milosz, décrocha le prixNobel de littérature en 1980. Résistant puisdiplomate entre 1945 et 1950, il obtint l’asilepolitique en France en 1951 avant d’émigrer auxÉtats-Unis dont il prit la nationalité en 1961. Il

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ressés au nord par les Scandinaves, à l’estpar les Russes et à l’ouest par la Prusse,

les Lituaniens ont toujours lutté pour défendreleur identité.

Ils se fédèrent, en 1251, autour de Mindaugas,premier souverain de Lituanie.Avec le GrandDuc Gédymin, véritable fondateur de l’État etson successeur Olgierd, le royaume s’étendrajusqu’à la Mer noire, en 1377.

Du 15e au 18e siècle, la Pologne et la Lituanielient leur destin à l’occasion du mariage,en 1386,du Grand Duc Jagellon et de la reine Hedwigede Pologne.

L’Union de Lublin, en 1569, consacre l’intégra-tion à la Pologne.

Elle n’empêchera pas, au 18e, siècle, le partageentre les Russes et les Prussiens qui préfigureun 20e siècle particulièrement douloureux.

Le territoire et le port de Memel (Klaïpeda) surla Baltique,retirés aux Allemands en 1919, furentplacés sous administration française par la Sociétédes Nations de 1923 à 1926 avant d’être lituanien.Occupée par l’Allemagne, la Lituanie est recon-nue indépendante par le Traité de Versailles en 1919.

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novembre 2002, grâce à la souplesse de ladiplomatie lituanienne,pour permettre le transitdes citoyens russes jusqu’à Kaliningrad.

La Lituanie a produit d’énormes efforts pourrejoindre l’Union. Elle se sent européenne etveut qu’on le reconnaisse. Son adhésion est lerésultat d’une politique extérieure résolumenttournée vers la Communauté et d’une restruc-turation brutale de son économie, soutenuespar toutes les formations politiques et appuyéespar l’opinion.Plus de 50 % des Lituaniens inter-rogés se sont prononcés pour l’adhésion contre20 % seulement.

L’adhésion de la Lituanie est essentielle audéveloppement de la région. C’est une bonnenouvelle, porteuse d’espoirs. Les eaux de laNeris et du Niemen vont de nouveau couleren Europe. C’est un juste retour du sort.

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est aujourd’hui Professeur de littérature slaveà l’université californienne de Berkeley. Sa“Pensée captive”,qui dénonce la passivité de l’in-telligentsia polonaise envers le stalinisme et sesromans, largement autobiographiques, témoi-gnent de l’histoire de la Pologne aux lendemainsde la seconde guerre mondiale.

Pays le plus peuplé des trois Républiques baltes,la Lituanie ne connaît pas de problème deminorités. Fortement agricole, elle disposed’une industrie qui a dû se reconvertir rapide-ment. La crise économique fut terrible et l’onestime qu’entre 1991 et 1995, elle dut affron-ter une baisse de son PIB de plus de 50 %.

Aujourd’hui, l’économie a repris son souffle etcroît de 6 % chaque année.Elle exploite une cen-trale nucléaire de type Tchernobyl, à Ignalina,dont l’Europe souhaite l’arrêt entre 2005et 2009, mais qui produit plus de la moitié ducourant électrique du pays.

Par ailleurs, elle doit s’accommoder, comme laPologne,de la présence à ses frontières de l’en-clave russe de Kaliningrad, l’ancienne Königsbergallemande conquise pendant la guerre.

La ville natale du philosophe Emmanuel Kant,qui enseigna dans sa prestigieuse universitéfondée en 1544,vit le couronnement de FrédéricIer de Prusse et fut le siège de l’ordre desChevaliers teutoniques.Aujourd’hui centre depêche disposant de conserveries et de quelquesindustries mécaniques, elle est aussi une basenavale russe qui a longtemps empoisonné lesrapports entre l’Europe et la Russie. Un com-promis laborieux a finalement été conclu en

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Profil

■ Superficie : 65300 km2

■ Frontières : 1747 km (Biélorussie 724 km,Lettonie 610 km, Pologne 110 km,Kaliningrad 303 km)■ Côtes : 99 km■ Capitale :Vilnius■ Population : 3,7 millions d’habitants au31 décembre 2001■ Composition : 82 % Lituaniens, 7 % Russes,7 % Polonais, 1,6 % Biélorusses■ Confession : les Lituaniens sontmajoritairement de confession catholiqueromaine■ Croissance démographique (2000-2005) :-0,2 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 67 ans et femmes 77 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 30,3 Mds€

■ Croissance du PIB : 5,3 % (-3,9 % en 1999,3,9 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 8700 (38 % de lamoyenne communautaire)■ Salaire moyen mensuel brut : 300 €(en augmentation constante depuis 1997 :180 €)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 15,8 %(15,4 % au 31 décembre 2000)■ Inflation : 1,3 % (prévisions 2002 : 3,0 %)■ Part de l’agriculture : 7,0 % du PIB■ Part de l’emploi agricole : 16,5 %■ Déficit public : 3,3 % du PIB en 2000■ Dette publique : 29,1 % du PIB

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■ Système parlementaire monocaméral.Le Parlement (Seimas) comprend 141 sièges ;les députés sont élus pour quatre ans ; systèmemixte, 71 députés élus par un scrutin majori-taire uninominal et 70 élus à la représentationproportionnelle.Les dernières élections parlementaires se sontdéroulées en octobre 2000 et ont fait basculerla Lituanie à gauche. La coalition gouverne-mentale,dirigée par le Premier Ministre RolandasPaksas de l’Union libérale, éclate en juin 2001et est remplacée par une coalition du Parti social-démocrate (dont M. Brazauskas est le leader),de l’Union nouvelle,du Parti de la nouvelle démo-cratie et du Parti des paysans.

Composition du Parlement :■ 51 sièges LSDP (Alliance sociale

démocrate, composée du Partidémocratique du travail, du Partisocial démocrate, du Parti de lanouvelle démocratie, et del’Union des Russes de Lituanie)

■ 34 sièges LLS (Union libérale)■ 29 sièges NS /SL (Nouvelle union, Sociaux

Libéraux)■ 9 sièges TS /LK (Union de la patrie,

Conservateurs)■ 4 sièges LVP (Union paysanne)■ 2 sièges LLRA (Action électorale

polonaise)■ 2 sièges LCS (Union du centre)■ 2 sièges LKDP (Parti démocrate-

chrétien)■ 1 siège Union de la liberté■ 1 siège Conservateurs modérés■ 1 siège KDS (Union démocrate-

chrétienne)

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES46

■ Secteurs performants : agriculture, industrieagroalimentaire, bois■ Investissements Directs Étrangers : stock de2524 M€ (683 € / habitant)

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 47,8 % des exportations se font endirection de l’Union européenne■ 44,0 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000 commeen 2001 : -1305 M€

■ Relations commerciales avec la France :aprèstrois années de forte croissance la progressionde nos échanges commerciaux a été ralentie en1999 par la mauvaise conjoncture économique,mais a connu un fort rattrapage au premiersemestre 2000 (part de marché de 4,6 %,plaçant la France loin derrière la Russie etl’Allemagne,mais devant les pays nordiques,par-tenaires traditionnels de la Lituanie).

Système politique

■ République, démocratie parlementaire.La Constitution actuelle a été adoptée le 25 octobre 1992.

■ Chef de l’État :Valdas ADAMKUS,élu le 25 février 1998Le Président est élu pour cinq ans au suffrageuniversel direct.

■ Premier ministre :Algirdas BRAZAUSKAS

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

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49POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES48

■ 1 siège Union démocrate-chrétiennemoderne

■ 1 siège Jeune Lituanie■ 3 sièges autres

■ En juin 2000, les élections municipales ontlargement été remportées par les partis de lagauche populiste.

■ Prochaines élections : présidentielle en2003 (premier tour le 22 décembre 2002),législatives en 2004.

Organisation administrative

10 départements et 11 villes

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

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gation,comme un poste frontière entre l’Est etl’Ouest des eaux méditerranéennes.

Longtemps considérée comme une plate-formeoffshore, avec son pavillon de complaisance etses banques compréhensives, lieu de tous lestrafics bénéficiant d’une fiscalité et d’une légis-lation très légères,Malte est devenu un État res-pectable et démocratique avec une véritablealternance politique.

La volonté de se rapprocher de l’Europe et lanécessité de policer sa réglementation pour ledéveloppement des échanges l’ont contraint peuà peu à adopter les normes occidentales del’OCDE et de la Communauté.

S’il reste des progrès à faire, beaucoup ont étéd’ores et déjà adoptés par le Parlement sousforme de lois destinées à mieux contrôler lesflux financiers, lutter contre le blanchiment etadhérer aux principales conventions interna-tionales organisant le combat contre les traficsde toute nature.

À Malte, la question européenne est un enjeude politique intérieure.

Les travaillistes sont opposés à l’adhésion. Ils ontlongtemps tenu le pouvoir avec Dominic (Dom)Mintoff, chantre haut en couleur du non-ali-gnement et du neutralisme.

Le Premier ministre actuel, Eddie Adami,portépar les dernières élections législatives qui firentfigure de vote référendaire sur l’adhésion àl’Union européenne, joue résolument la carteeuropéenne. Il a promis un référendum sur l’en-

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES50

90 kilomètres au sud des côtes de laSicile, à 300 à l’est de la Tunisie, à 350 au

nord de la Libye et à 600 de la Grèce, Malteest un vaisseau posté aux carrefours de laMéditerranée.

La petite île stratégique, en fait quatre îles, queles Anglais ravirent à Napoléon en 1800 et qu’ilsconservèrent jusqu’en 1964 en vertu du Traitéde Paris de 1814,a vu passer tout ce que la MareNostrum a pu compter de colonisateurs,conquérants et combattants.

Les Phéniciens, les Grecs, les Romains, lesCarthaginois, les Arabes y prirent pied tour àtour.

Saint Paul la christianisa.

En 1530, Charles Quint l’offrit aux Chevaliersde Malte qui venaient d’être vaincus à Rhodes.

Ils résistèrent aux assauts ottomans et les Turcsne réussirent pas à l’envahir en 1565.

Il est vrai que les fortifications de Jean Parisotde la Vallette étaient exceptionnelles.Elles sonttoujours debout et arborent fièrement leurcouleur blanche au confluent des zones de navi-

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trée de son pays. Il a de bonnes chances de legagner car les habitants insulaires de Malte sontattirés par le grand ensemble économiqueeuropéen dont ils représentent l’avant-gardegéographique et maritime dérivant entre l’Italieextrême et les côtes africaines.

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■ 63,6 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000 :-1040 M€

■ Principaux produits exportés : électronique,machinerie et équipements de transport.■ Relations commerciales avec la France :elles se caractérisent par un déséquilibre enfaveur de la France. La France est le premierpartenaire commercial de Malte (premierclient et premier fournisseur). La part dumarché de la France en 2001 est de 15 %.

Système politique

■ République, démocratie parlementaire.Le système politique bipartisan est d’inspirationbritannique et fonctionne selon une alternancerégulière.La Constitution actuelle a été adoptée en1964 et révisée en 1974 au moment où l’îleest devenue une république. La dernièreréforme constitutionnelle date de 1994.

■ Chef de l’État : Guido DE MARCO, élu le4 avril 1999.Le Président est choisi sur résolution de laChambre des Représentants pour cinq ans.

■ Premier ministre : Eddie FENECH ADAMI

■ Système parlementaire monocaméral.La Chambre des Représentants (Il Kamra TadDeputati) comprend 65 membres.Les députéssont élus pour cinq ans au suffrage universeldirect ; à la représentation proportionnelle.Les dernières élections législatives (anticipées)

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Profil

■ Superficie : 316 km2

■ Côtes : 137 km■ Capitale : La Valette■ Population : 400000 habitants au31 décembre 2001■ Composition : homogène. Les étrangersconstituent environ 1 % de la population.■ Croissance démographique (2000-2005):0,3 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 75 ans et femmes 81 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 4,6 Mds€ (donnée pour 1999)■ Croissance du PIB : 4,2 % (4,0 % en 1999,4,7 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) pour 2000 : 11900(53 % de la moyenne communautaire)■ Chômage au 31 décembre 2000 : 4,5 %(5,3 % en 1999 et 5,1 % en 1998)■ Inflation : 2,5 % en 2000 (2,4 % en 2000)■ Part de l’agriculture : 2,4 % du PIB■ Part de l’emploi agricole : 2,2 %■ Déficit public : 6,6 % du PIB en 2000(10,8 % en 1998)■ Dette publique : 58 % du PIB en 2000■ Secteurs performants:services,finance,banque,tourisme, transport maritime, électronique

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 41,3 % des exportations se font endirection de l’Union européenne

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57POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES56

se sont déroulées le 5 septembre 1998 et ontvu la victoire du parti nationaliste.

Composition du Parlement :■ 35 sièges MLP (Parti nationaliste)■ 30 sièges LP (Parti travailliste)

■ Prochaines élections : présidentielle en2004, législatives en 2003.

Organisation administrative

3 régions, 68 communes

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Elle est celle d’une grande nation de l’Europeorientale, la plus peuplée de cet élargissement,meurtrie par les guerres incessantes et l’inter-vention continue des puissances étrangères.

Dans son long chemin vers des temps apaisés,les pas de la Pologne ont souvent croisé ceuxde la France.

Non pas seulement parce que nous lui avonsimposé, en 1573, l’élection par la Diète du troi-sième fils de Catherine de Médicis,qui se main-tînt quatorze mois avant de revenir en Francesuccéder à Charles IX sous le nom d’Henri III.

Non plus parce que Napoléon a redonné, en1807, une existence à la Pologne partagée, encréant le grand-duché de Varsovie.

Non seulement encore parce que JozefPoniatowski put conduire 100000 Polonais ausein de la Grande Armée envahissant la Russie,dans l’espoir de retrouver définitivement unePologne indépendante.

Mais surtout parce que les artistes et les intel-lectuels de nos deux pays ont souvent partagél’enthousiasme des causes romantiques, l’espritdes Lumières et de la Révolution française.

Parce qu’il y a plus d’un million de Polonais quise sont réfugiés en France et y ont trouvé unaccueil chaleureux.

Parce que Chopin a su charmer les Français etRoman Polanski les fasciner,avec AndrzejWajdaou Penderecki, pendant qu’Artur Rubinsteinenvoûtait le monde de sa virtuosité.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES58

épecée, occupée, anéantie, la Pologne l’aété dans sa longue histoire.Tiraillée entre

l’Est et l’Ouest, elle a vu ses frontières changertrop souvent, son identité niée, son territoireravagé.

Entre 1772 et 1795,elle a été partagée trois foisentre la Prusse et la Russie, parfois aidées del’Autriche, jusqu’à ne plus exister du tout ! Oncompte cinq partages de la Pologne dans touteson histoire moderne !

S’il est un lieu où les vastes plaines du Nord del’Europe déchaînent les vents d’Est de l’histoire,c’est bien le pays de la Vistule et de l’Oder.

S’il est une Nation qui a subi de plein fouet lechoc de l’expansionnisme allemand, c’est bienla Pologne.

Pourtant toujours elle renaît, forte du souve-nir de Sigismond II, Prince d’un royaume quicomptait deux fois plus d’habitants que laFrance,répartis sur un territoire deux fois plusétendu.

Son histoire est riche et tragique, du règne deMiesko Ier, en 960, à l’élection de Lech Walesaen 1990.

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Désormais stabilisée et apaisée, la Pologneest la destination principale, parmi les payscandidats, des investissements étrangers enEurope centrale. Son économie s’est redres-sée, son agriculture se modernise à grandevitesse.

Occupant une place stratégique, elle est richeaussi de ressources naturelles qui suscitent lesconvoitises : charbon, cuivre, plomb, zinc,soufre… font de ce pays une vraie puissancede l’industrie lourde et des mines.

Un programme de privatisation a transféré unnombre important d’entreprises du secteurpublic vers le secteur privé. Sur quelque 10000entreprises d’État enregistrées en 1990,5 150ont été privatisées et près de 1 000 liquidées.Aujourd’hui le secteur privé est à l’origine deprès de 72 % du PIB (contre moins de 20 %en 1990).

Néanmoins des progrès doivent encore êtreaccomplis dans l’adoption des règles commu-nautaires. Il est vrai que la mise aux normeseuropéennes des contraintes de respect de l’en-vironnement nécessite des investissementsconsidérables ! La Pologne est un grand payset les réformes y sont aussi difficiles que dansles pays comparables.

Mais si les négociations avec l’Union ont étécomplexes , la volonté des autorités est sansfaille et courageuse.Toute la Pologne est mobi-lisée pour rejoindre l’Europe et attend cetaboutissement comme un événement consi-dérable. À nous d’être à la hauteur de cesespoirs. C’est un devoir pour les Quinze.

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Parce que la Pologne a toujours été notrealliée, jusqu’à cette date du 1er septembre 1939qui vit son invasion par les Nazis et notre entréeen guerre pour la défendre.

On estime à douze millions le nombre dePolonais vivant à l’étranger,dont la plus grandepartie aux États-Unis.Un tiers de la population,c’est beaucoup.Comme furent trop nombreuxles six millions de morts polonais,dont trois mil-lions de Juifs,victimes du nazisme,du travail forcéet des camps de concentration allemands,majo-ritairement implantés en Pologne.

Ayant retrouvé son indépendance par le Traitéde Versailles en 1919, elle souffrit mille mauxsous la botte allemande et la férule soviétique.

Les conférences de Téhéran,Yalta et Potsdamaboutirent,une fois encore,à modifier tellementles frontières qu’il fallut procéder à des trans-ferts de population massifs.

D’un côté les Allemands de l’Ouest de la nou-velle Pologne, furent réinstallés en Allemagne.De l’autre les Polonais se retrouvant en terri-toire soviétique durent être rapatriés.

On peut voir encore dans l’auberge Cecilienhofde Potsdam les hésitations des pourparlers depaix qui dessinèrent la nouvelle Europe et l’oncomprend combien il est difficile d’êtrePolonais.

Les révoltes d’octobre 1956 à Poznan,de 1970et 1980, à Gdansk aboutirent finalement à laliberté retrouvée, mais au prix de quellesdouleurs !

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L’opinion polonaise est favorable à l’Europe.Selon le dernier sondage Eurobaromètre de2001, 54 % des Polonais sont favorables à l’ad-hésion contre seulement 26 %.

Mais les élections législatives de septembre 2001et les élections locales de novembre 2002 mar-quent un succès croissant du populisme.Cetteinquiétude légitime avant le grand saut dansl’Union profite à de nouveaux leaders extré-mistes qui surfent sur les peurs.

Les Polonais devront faire preuve de sagesse etde sang-froid pour ne pas céder aux sirènes sim-plistes et retrouver leurs racines européennesprofondes, celles qui leur offrent le meilleuravenir et qui puisent leurs vertus dans lemeilleur de son histoire.

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■ Part de l’emploi agricole : 19,2 %■ Déficit public : 3,5 % du PIB en 2000■ Dette publique : 44,5 % du PIB■ Secteurs performants : meuble,automobile, construction navale, industrieagroalimentaire, sidérurgie.■ Investissements Directs Etrangers :stock de 25956 M€ (671 € / habitant)En 2001, la France est le premierinvestisseur en Pologne, avec 14 Mds €

investis, grâce à la prise de participationstratégique de France Télécom au capital de TPSA.

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 69,2 % des exportations se font endirection de l’Union européenne■ 61,4 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000 commeen 2001 : -15662 M€

■ Relations commerciales avec la France :la France est le quatrième fournisseur de laPologne depuis 2000 avec une part de marchéde 6,4 %, derrière l’Allemagne, la Russie etl’Italie. En 2001 la France est devenue le troi-sième client de la Pologne derrière l’Allemagneet l’Italie.

Système politique

■ République, démocratie parlementaire.La Constitution actuelle est entrée envigueur le 17 octobre 1997.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES64

Profil

■ Superficie : 312685 km2

■ Frontières : 2888 km (Biélorussie 605 km,Rép. tchèque 658 km,Allemagne 456 km,Lituanie 91 km, Kaliningrad 206 km,Slovaquie 444 km, Ukraine 428 km)■ Côtes : 491 km■ Capitale :Varsovie■ Population : 38,6 millions d’habitants au31 décembre 2001■ Composition : 97,6 % Polonais, 1,3 %Allemands, 0,6 % Ukrainiens, 0,5 %Biélorusses (estimations de 1990)■ Confession : Les Polonais sontmajoritairement de confession catholique.Minorités de protestants, orthodoxes,musulmans, mariavites et juifs.■ Croissance démographique (2000-2005) :-0,1 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 69 ans et femmes 78 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 355,5 Mds€

■ Croissance du PIB : 1,1 % (4,1 % en 1999,4,0 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 9200 (40 % de lamoyenne communautaire)■ Salaire moyen mensuel brut : 562 €(en augmentation constante depuis 1997 :287 €)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 17,4 %(15,0 % au 31 décembre 2000)■ Inflation : 5,3 % (prévisions 2002 : 3,0 %)■ Part de l’agriculture : 3,4 % du PIB

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

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■ 38 sièges LPR (Ligue des famillespolonaises)

■ 1 siège MN (minorité allemande)■ 1 siège minorité allemande de la Silésie

du Nord

Composition du Sénat :■ 75 sièges SLD-UW (Coalition social-

démocrate et Union de laliberté)

■ 15 sièges Blok Sénat 2001■ 4 sièges PSL■ 2 sièges LPR■ 2 sièges SRP■ 1 siège HTS■ 1 siège SLK

■ Prochaines élections : présidentielle etlégislatives en 2005.

Organisation administrative

■ 16 régions et 3 villes autonomes (Varsovie,Cracovie et Lodz), 308 départements,2489 communes

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES66

■ Chef de l’État :Aleksander KWASNIEWSKI,réélu en octobre 2000.Le président est élu au suffrage universeldirect pour un mandat de cinq ans renouve-lable une fois.

■ Premier ministre : Leszek MILLER

■ Système parlementaire bicaméral.La Diète comprend 460 membres.Les députéssont élus pour quatre ans ; à la représentationest proportionnelle. Il y a seuil de 5 % des suf-frages pour qu’une formation politique (8 %pour une coalition) accède à la Diète.Certainssièges sont réservés aux représentants desminorités ethniques.Les 100 membres du Sénat sont élus pourquatre ans par un scrutin majoritaire.Les députés et sénateurs sont élus simultanément.Les dernières élections législatives se sontdéroulées le 23 septembre 2001.Victoire atten-due de l’Alliance pour la gauche démocratique.La coalition gouvernementale est formée parle SLD-UP et le PSL (une telle coalition a déjàprésidée à la destinée de la Pologne entre 1993et 1997).

Composition de l’Assemblée nationale :■ 216 sièges SLD-UP (Alliance pour la

gauche démocratique – Uniondu travail)

■ 65 sièges PO (Plate-forme civique –centre droit)

■ 53 sièges SRP (Autodéfense de laRépublique polonaise)

■ 44 sièges PiS (Droit et Justice -conservateur)

■ 42 sièges PSL (Parti paysan populaire)

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

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C’est pourquoi tant d’artistes ont vécu ousont, un jour, passés à Prague. Rilke, Brod,Tsétaïéva et bien d’autres, vinrent, en leurtemps rêver, composer, peindre ou écrire surles bords de la Vtlava.

L’esprit de liberté et de critique, conditionindispensable de la créativité, y a toujourssoufflé.

Les Tchèques,évangélisés au 9e siècle par Cyrilleet Méthode, furent les plus réceptifs à laRéforme. Jan Hus, l’auteur de De Ecclesia, futcondamné par le Concile de Constance etbrûlé derechef en 1415.Ses disciples,les Hussites,tout en rejoignant plus tard les Catholiques,ontjeté les bases de la Réforme future. Comenius,l’un des “Frères de Bohème” qui perpétuaientson enseignement,réforma la pédagogie et étaitinvité dans toutes les cours d’Europe.

Battus à la bataille de la Montagne blanche, lesTchèques tombent sous la coupe desHabsbourg. Ils y restent pendant quatre siècles.

L’indépendance de la Tchécoslovaquie fut pro-clamée en 1918 et ses frontières fixées par leTraité de Trianon en 1920.Son premier Présidentfut Thomas Masaryk.

La Tchécoslovaquie fut l’un des États les plusprospères entre les deux guerres,malgré les ten-sions entre Tchèques et Slovaques à qui l’on avaitpromis une autonomie qu’ils n’obtinrent pas.

Les tourbillons de l’histoire européenne, etsurtout la montée du nazisme,eurent raison decette première expérience.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES68

est le 1er janvier 1993 que la Tchécos-lovaquie se scinde entre la République

tchèque et la Slovaquie. Mais cela faisait dessiècles que la Bohème,la Moravie et la Slovaquievivaient un destin à la fois commun et divisé.

Le roi Charles IV de Bohème, qui accède autrône en 1346, est un mécène amoureux desarts et des lettres. Des artistes du mondeentier accourent à Prague. Le mouvement necessera jamais. À cette époque c’est l’enlumi-nure des manuscrits, avec Jean de Troppeau oul’architecte Peter Parler,constructeur du fameuxPont Charles, qui étonnent le monde.

Plus tard ce seront Bedrich Smetana et saMoldau,Anton Dvorak, Franz Kafka, K. Capek,le peintre Mucha ou le prix Nobel de littéra-ture 1984 Jaroslav Seifert, qui porteront leflambeau d’une richesse culturelle,peut-être sanségale au cœur de l’Europe.

Plus près de nous,Milan Kundera,devenu fran-çais après ses œuvres qu’il ne pouvait impri-mer qu’à l’Ouest,est le symbole vivant de cetteformidable créativité artistique.Milos Forman,américain désormais, prouve aussi que laculture, chez les Tchèques, c’est la seule vraienature.

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Une telle histoire, au cœur de l’Europe cultu-relle, fut, en fait, la conséquence de la situationgéographique de ce pays riche, aux carrefoursde l’Est et de l’Ouest.

La République tchèque, dont l’économie est, à80 %, privatisée, dispose de ressources natu-relles importantes (zinc, mercure, uranium etlignite) et d’une tradition industrielle forte. Lamétallurgie, le verre et le textile notamment yétaient, avant la guerre, des industries perfor-mantes qui se sont restructurées pour affron-ter le marché unique.

Elle est bien préparée à l’adhésion et a entre-pris des réformes en profondeur lui permet-tant la reprise de l’acquis communautaire.

Ses relations avec ses voisins, l’Allemagne,l’Autriche et la Hongrie, sont parfois compli-quées par l’histoire.En 1945, les populations ger-manophones et hongroises des Sudètes sevirent expulsées et leurs biens confisqués. Lasécurité et le niveau technologique de la cen-trale nucléaire de Temelin inquiètent.

Mais ce nouveau membre de l’OTAN, depuis1999,est prêt pour l’adhésion.Une forte majo-rité de Tchèques y est favorable.

La République Tchèque reprend sa place, aucœur de l’Europe apaisée. Elle y sera naturel-lement à l’aise, car chez elle.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES70

Au cours de la fameuse conférence de Munich,les 29 et 30 septembre 1938, en présence deChamberlain, Daladier et Mussolini, Hitlerarracha à la Tchécoslovaquie trois millions d’ha-bitants, les Sudètes,et 30000 km2 de territoireentraînant à sa suite des revendications terri-toriales identiques de la Hongrie et de laPologne.En un mois, le pays perdit cinq millionsd’habitants, un quart de son outil industriel etun tiers de son territoire.Puis la Slovaquie pro-clama son indépendance.

Le 15 mars 1939, l’armée nazie occupait le payset le protectorat allemand de Bohème-Moravieétait proclamé.

En quelques semaines, une Nation riche etprospère avait été rayée de la carte.

Le 20e siècle n’en avait pas fini pour autant avecce pays.

Les communistes, par le “coup de Prague”, en1948, s’emparèrent du pouvoir et organisèrentles 40000 “procès de Prague”, rendus célèbrespar Arthur London et le film “l’Aveu”, susci-tant en 1968, le “printemps de Prague”, révo-lution anticommuniste matée par les chars et600 000 hommes du Pacte de Varsovie.

Une fois de plus, l’Occident choqué abandon-nait les Tchèques.

Il fallut attendre 1989 et la Révolution deVelours avec l’écrivain dissident Vaclav Havelpour qu’ils recouvrent la liberté qu’ils aimenttant et la prospérité dont ils sont capables.

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Profil

■ Superficie : 78866 km2

■ Frontières : 2303 km (Autriche 466 km,Allemagne 810 km, Pologne 762 km,Slovaquie 265 km)■ Capitale : Prague■ Population : 10,3 millions d’habitants au31 décembre 2001■ Composition : 80 % Tchèques, 3 %Slovaques, 3 % Tziganes, autres (Polonais,Allemands, Hongrois, Ukrainiens)■ Confession : 39,8 % athées, 39,2 %catholiques romains, 4,6 % protestants, 3 %orthodoxes et 13,4 % autres■ Croissance démographique (2000-2005): -0,1 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 72 ans et femmes 78 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 136,0 Mds€

■ Croissance du PIB : 3,5 % (-0,2 % en 1999,3,1 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 13300 (57 % dela moyenne communautaire)■ Salaire moyen mensuel brut : 430 € (enaugmentation constante depuis 1997 : 298 €)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 8,9 %(8,8 % au 31 décembre 2000)■ Inflation : 4,5 % (prévisions 2002 : 3,0 %)■ Part de l’agriculture : 4,2 % du PIB■ Part de l’emploi agricole : 4,6 %■ Déficit public : 4,2 % du PIB en 2000■ Dette publique : 19,5 % du PIB■ Secteurs performants : automobile,mécanique, jouet, chimie.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES72 POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

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■ Premier ministre :Vladimir SPIDLA

■ Système parlementaire bicaméral.La Chambre des Députés (Poslanecka Snemnova)comprend 200 sièges ; les députés sont éluspour quatre ans au suffrage universel direct ; àla représentation proportionnelle ; seuil de5 % des suffrages pour qu’un parti politiqueaccède à l’Assemblée basse.Le Sénat comprend 81 membres élus pour unmandat de six ans.Tous les deux ans, un tiersdes membres est renouvelé.Les dernières élections partielles au Sénat onteu lieu en octobre 2002. Les élections pour laChambre des députés se sont déroulées enjuin 2002. La coalition gouvernementale estcomposée du CSSD et de la Coalition decentre droit.

Composition du Parlement :■ 70 sièges CSSD (Parti social démocrate)■ 58 sièges ODS (Parti civique démocrate)■ 41 sièges KSCM (Parti communiste de

Bohême Moravie)■ 31 sièges Coalition de centre droit

Composition du Sénat :■ 26 sièges ODS■ 16 sièges US-DEU/ODA (Union de

la Liberté, Uniondémocratique,Alliance civique démocrate)

■ 14 sièges KDU/CSL (Union chrétiennedémocrate, Parti populairetchèque)

■ 11 sièges CSSD■ 3 sièges KSCM■ 11 sièges autres partis et indépendants

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES74

■ Investissements Directs Étrangers : stock de22732 M€ (2213 € / habitant)

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 68,9 % des exportations se font en directionde l’Union européenne■ 61,8 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000 commeen 2001 : -3491 M€

■ Relations commerciales avec la France :les échanges commerciaux entre la France et laRépublique tchèque ont quadruplés entre 1993et 1999.La part de marché de la France est passéede 3,1 % en 1993 à 5,4 % en 1999.

Système politique

■ République, démocratie parlementaire.La nature de la République fait l’objet d’un vifdébat entre les partis politiques : le régime doit-il rester parlementaire ou devenir présidentiel ?La Constitution actuelle a été ratifiée le16 décembre 1992 et est entrée en vigueur le1er janvier 1993.

■ Chef de l’État :Vaclav HAVEL,réélu le 20 janvier 1998 (depuis 1993)Le Président est élu pour cinq ans (mandatrenouvelable une fois) par l’ensemble desdéputés et sénateurs réunis en Congrès.La question de l’élection du chef de l’État au suf-frage universel est régulièrement posée.Selon lessondages,les Tchèques y seraient favorables à 67 %.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

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77POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES76

En novembre 2000, les Tchèques ont élu pourla première fois leurs conseillers régionaux : ladroite parlementaire obtient la majorité (356mandats contre 272 pour la gauche) dans l’en-semble des régions, excepté en Bohème duNord.

■ Prochaines élections : présidentielle en2003, législatives en 2006, sénatorialespartielles en 2004.

Organisation administrative

8 régions, 73 département et 4 “mesta”.

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

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Premier secrétaire du Parti communiste, illaisse s’exprimer l’aspiration à plus de libertéet cède à de nombreuses revendications. Leschars russes entrent dans Prague.Enlevé par lesSoviétiques et conduit à Moscou, il est contraintà signer un accord acceptant “le stationnementprovisoire” des troupes du Pacte de Varsovie.C’en était fini des espoirs de réformes et deliberté, pour quelques dures années de plus !

La Slovaquie est un pays montagneux et enclavédont le sous-sol contient des ressources miné-rales importantes, comme le charbon, le fer, lecuivre, le zinc ou la magnésite.Mais elle fut auto-ritairement spécialisée par les Soviétiques, àpartir de 1948 dans les industries militaires auprofit des pays du Pacte de Varsovie.

Aussi son économie souffrit-elle beaucoup dunouveau contexte et les restructurations néces-saires furent-elles plus difficiles.

Au moment de la Révolution deVelours, le natio-nalisme refait surface en Slovaquie, aiguillonnépar les nostalgiques de l’État slovaque.

Très vite les nouvelles institutions tchécoslo-vaques sont paralysées par les Slovaques qui nesouhaitent pas revivre la période d’entre-deuxguerres où ils furent par trop négligés par lesTchèques.

Ils poussent à la séparation et l’obtiennent le1er janvier 1993.

Une longue période d’instabilité politique s’ensuivit avec la présence d’un parti de droite natio-

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES78

l ne faut pas toujours résumer l’histoireaux événements récents.

On connaissait bien, en Europe de l’Ouest, laTchécoslovaquie et l’on pensait générale-ment que la Slovaquie n’en était que la partieorientale.

C’est pourtant dès le 11e siècle qu’elle joue lerôle de carrefour entre l’Est et l’Ouest.

Et du 16e au milieu du 19e siècle, la capitaleadministrative de la Hongrie fut plus souventBratislava, alors baptisée Presbourg, queBudapest. Il faut dire que les Ottomans occu-pèrent longtemps la plaine hongroise.

Intégrée à la Tchécoslovaquie en 1918, laSlovaquie proclame son indépendance et sa pré-férence pour les puissances de l’Axe, en 1939,sous la présidence de Jozef Tiso.

Le destin des Slovaques se lie de nouveau à celuides Tchèques, au sein de la Tchécoslovaquieaprès la guerre, sous la botte soviétique.

Le Slovaque Alexander Dubcek est l’un des arti-sans du printemps de Prague en 1968.

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POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES80

naliste dont beaucoup des thèmes n’apparais-saient pas conformes aux usages européens.

Au point que le Commissaire européen à l’élar-gissement vint personnellement mettre engarde les Slovaques avant les élections des 20 et 21 septembre 2002. Il fut entendu.Les thèses nationalistes semblent bien loin etplus de deux tiers des Slovaques se déclarentprêts à voter l’adhésion.

L’attente est forte envers l’Union et celle-cidevra accorder à la Slovaquie toute l’attentionqu’elle mérite.

Car des efforts pour rattraper son retard, elleen fait et de difficiles !

Elle occupe une place à part, à l’Est de l’Union,aux frontières de l’Ukraine avec qui elle est leprincipal transporteur du gaz russe (90 milliardsde m3 par an).

Elle est résolument enthousiaste à l’idée d’in-tégrer un ensemble économique stable au seinduquel elle saura faire preuve de son savoir-faireindustriel et dont elle attend beaucoup,notam-ment en termes d’investissements étrangers.

Pour la Slovaquie, l’adhésion à l’Union euro-péenne sonne comme les cloches de la paix enfintrouvée dans un ensemble où chacun des par-tenaires est traité sur un pied d’égalité. LaCommunauté européenne lui va très bien et luidoit bien cela.

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■ Secteurs performants : automobile,sidérurgie, chimie.■ Investissements Directs Étrangers : stock de5399 M€ (1000 € / habitant)

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 59,9 % des exportations se font endirection de l’Union européenne■ 49,8 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000 commeen 2001 : -2383 M€

■ Relations commerciales avec la France :les échanges commerciaux ont quintupléentre 1993 et 1999. La France est le 6e clientet le 6e fournisseur de la Slovaquie.

Système politique

■ République, démocratie parlementaire.La Constitution actuelle est entrée en vigueurau 1er janvier 1993. Elle a été révisée en 1999pour permettre l’élection du président au suf-frage universel direct.

■ Chef de l’État : Rudolf SCHUSTER,élu le 15 juin 1999.Le Président est élu pour cinq ans au suffrageuniversel direct.

■ Premier ministre : Mikulas DZURINDA

■ Système parlementaire monocaméral.Le Conseil national comprend 150 sièges ; les

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES82

Profil

■ Superficie : 49030 km2

■ Frontières : 1672 km (Autriche 106 km,République tchèque 265 km, Hongrie654 km, Pologne 547 km, Ukraine 98 km)■ Capitale : Bratislava■ Population : 5,4 millions d’habitants au31 décembre 2001■ Composition : 85,7 % Slovaques, 10,6 %Hongrois, 1,6 % Tziganes (10 % selon d’autressources), 1,1 % Tchèques, 0,6 % Ukrainiens,0,1 % Allemands, 0,1 % Polonais■ Confession : 60,3 % catholiques romains,6,2 % protestants, 3,2 % catholiques grecs,3,1 % juifs, 9,7 % athées, et 17,5 % nonrépertoriés■ Croissance démographique (2000-2005):0,1 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 69 ans et femmes 77 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 59,7 Mds€

■ Croissance du PIB : 3,3 % (1,9 % en 1999,2,2 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 11100 (48 % dela moyenne communautaire)■ Salaire moyen mensuel brut : 285 € (enaugmentation constante depuis 1999 : 243 €)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 18,6 %(18,0 % au 31 décembre 2000)■ Inflation : 7,3 % (prévisions 2002 : 4,0 %)■ Part de l’agriculture : 4,6 % du PIB■ Part de l’emploi agricole : 6,3 %■ Déficit public : 6,7 % du PIB en 2000■ Dette publique : 34,2 % du PIB

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

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85POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES84

députés sont élus pour quatre ans ; à la repré-sentation proportionnelle ; seuil de 5 % des suf-frages pour qu’un parti politique accède auConseil national.Les dernières élections parlementaires se sontdéroulées les 20 et 21 septembre 2002. Ellesont reconduit M. DZURINDA à la tête d’unecoalition rassemblant le SDKU,le SMK, le KDH,et ANO.

Composition du Parlement :■ 36 sièges HZDS (Mouvement pour

une Slovaquiedémocratique)

■ 28 sièges SDKU (Union démocratechrétienne)

■ 25 sièges SMER (Direction)■ 20 sièges SMK (Parti de la minorité

hongroise)■ 15 sièges KDH (Mouvement chrétien

démocrate)■ 15 sièges ANO (Alliance du

Nouveau Citoyen)■ 11 sièges KSS (Parti communiste)

■ Prochaines élections : présidentielle auprintemps 2003, législatives en 2007.

Organisation administrative

8 régions, 79 départements, 2875 communes

POUR L’EUROPE RÉUNIE ■ 2.ATLAS DES NOUVEAUX MEMBRES

9Slovaquie

il n’existe pas,à proprement parler,d’Étatslovène jusqu’au début du 19e siècle,

l’identité slovène est depuis bien longtempstrès forte.

Au 7e siècle on en trouve une expression sousla direction du Prince Samo dont le territoires’étend du lac Balaton, en Hongrie, jusqu’à laMéditerranée.

Mais l’histoire de la Slovénie s’est longtempsintégrée à celle d’ensembles plus vastes.

Elle devient duché sous le règne d’Othon 1er,empereur du Saint Empire romain germanique,puis passe sous la tutelle des Habsbourg au13e siècle.

De 1809 à 1814,Napoléon crée les “ProvincesIllyriennes”, ce qui lui vaudra un monumentcommémoratif de l’Illyrie napoléoniennesur la place de la Révolution française àLjubljana.

Cette stèle abrite les cendres d’un soldat del’armée française et porte l’inscription desvers d’une ode,“l’Illyrie ressuscitée”, compo-sée par Valentin Vodnik, poète slovène quisoutint la présence de la France.

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Les quatre gouverneurs, dont le généralMarmont, encouragent en effet, l’usage duslovène dans l’administration et l’enseignementet exercent leurs mandats dans des conditionsde libéralisme qui permettent à l’identité slovènede se forger.

C’est la première fois qu’est reconnue la spé-cificité de ce peuple peu nombreux maisauthentique.

Les Slovènes profitent de la première guerremondiale pour rejoindre le royaume deYougoslavie. Le second conflit mondial les voitoccupés par les puissances de l’Axe, puis inté-grés dans la Yougoslavie de Tito.

La Slovénie en est la république la plus dyna-mique et s’en sépare en 1991 en même tempsque la Croatie.

Le pouvoir fédéral tenta de les retenir. LesSlovènes résistent et sont vainqueurs de l’arméeserbe de la fédération yougoslave, qui préférese retirer après dix jours de guerre et deblocus. Il n’en fut pas de même en Croatie.

L’économie slovène,qui a beaucoup souffert aulendemain de son indépendance,abrite un véri-table savoir-faire industriel et dispose toujoursd’un débouché méditerranéen, il est vrai limitéà 46 km, mais équipé d’un port.

Les petites et moyennes entreprises y assurentl’essentiel de l’économie, mais la chimie, lasidérurgie, le pétrole et les constructions méca-niques y reposent sur une vraie tradition manu-facturière.

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Renault exploite une importante usine depuisde nombreuses années.

Le niveau de vie des Slovènes est parmi les plusélevés des pays candidats. La population activeest qualifiée et la productivité est en passe derejoindre la moyenne européenne.

Au prix de grands efforts, la Slovénie a adoptél’essentiel des règles communautaires bien quel’agriculture souffre de ses prix élevés.

Ce peuple fier et courageux,appliqué et paisible,est jaloux de son indépendance et se méfie detout ce qui le priverait de sa liberté reconquise.C’est la raison pour laquelle le Parlement, quin’y est pas obligé, a décidé de faire ratifier l’ad-hésion à l’Union par un référendum.

Les premiers sondages indiquent un fort tauxd’approbation.

La “Suisse des Balkans” est un modèle d’inté-gration dans l’Europe grâce à laquelle sa spéci-ficité ne sera plus contestée, sa liberté seragarantie et son originalité mise en valeur. Ellesera un État membre modèle.

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Profil

■ Superficie : 20273 km2

■ Frontières: 1382 km (Autriche 330 km,Croatie 670 km, Italie 280 km,Hongrie 102 km)■ Côtes : 46 km■ Capitale : Ljubljana■ Population : 2 millions d’habitants au31 décembre 2001■ Composition : 87,8 % Slovènes, 2,8 %Croates, 0,4 % Hongrois, 0,2 % Italiens, 2,4 %Serbes, 1,4 % Bosniaques, 5 % nonrépertoriés (dont Tziganes)■ Confession : La majorité de la populationest de religion catholique romaine (il existeaussi 30 autres communautés religieusesofficiellement répertoriées).■ Croissance démographique (2000-2005) :-0,1 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 72 ans et femmes 79 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 31,9 Mds€

■ Croissance du PIB : 3,0 % (5,2 % en 1999,4,6 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 16000 (69 % dela moyenne communautaire)■ Salaire moyen mensuel brut : 988 € (enaugmentation constante depuis 1997 : 799 €)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 11,8 %(12,2 % au 31 décembre 2000)■ Inflation : 8,6 % (prévisions 2002 : 7,0 %)■ Part de l’agriculture : 3,1 % du PIB■ Part de l’emploi agricole : 9,9 %■ Déficit public : 2,3 % du PIB

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■ Dette publique : 23,3 % du PIB■ Secteurs performants : industrieagroalimentaire, électroménager, pharmacie.■ Investissements Directs Étrangers : stock de2676 M€ (1348 € / habitant)

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 62,2 % des exportations se font endirection de l’Union européenne■ 67,7 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000 commeen 2001 : -994 M€

■ Relations commerciales avec la France :La Slovénie est l’un des principaux partenairescommerciaux de la France en Europe centrale.En 2000 la France est le 3e fournisseur de laSlovénie et son 5e client. Les échanges se sontréduits significativement en 1999 (contractiongénérale du commerce extérieur slovène etralentissement des activités de Renault) maisont repris dès 2000 (redémarrage des expor-tations françaises et augmentation de 16 %).Quant aux entreprises françaises,elles sont pré-sentes dans les secteurs de l’énergie (nucléaire,thermique et hydroélectrique),de l’environne-ment, de la grande distribution et surtout del’automobile.

Système politique

■ République, démocratie parlementaire.La Constitution actuelle a été adoptée le 23 décembre 1991.

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Organisation administrative

58 départements, 192 villes

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■ Chef de l’État : (1)

Le Président est élu au suffrage universel directpour un mandat de cinq ans, renouvelable unefois.

■ Premier ministre : (1)

■ Système parlementaire bicaméral.L’Assemblée nationale (Drzavni Zbor) com-prend 90 membres. Les députés sont élus,pour quatre ans, au suffrage universel direct àla proportionnelle.Le Conseil national (Drzavni Svet) comprend 40membres, élus pour cinq ans par les représen-tants de syndicats et de communautés locales.Les dernières élections parlementaires se sontdéroulées en novembre 2000.La coalition gou-vernementale est composée de LDS, ZLSD,SLS+SKD et DeSUS.

Composition de l’Assemblée nationale :■ 34 sièges LDS (Parti libéral démocrate)■ 14 sièges SDSS (Parti social-démocrate)■ 11 sièges ZLSD (Liste unie des sociaux-

démocrates)■ 9 sièges SLS+SKD (Parti populaire

slovène)■ 8 sièges NSI (Nouvelle Slovénie - Parti

chrétien du peuple)■ 4 sièges DeSUS (Parti démocratique des

Retraités)■ 4 sièges SNS (Parti national slovène)■ 4 sièges SMS (Parti de la jeunesse

slovène)■ 2 sièges minorités hongroise et italienne

■ Prochaines élections : présidentielle en2007, législatives en 2004.

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(1) Le premier tour del’élection présidentielle aeu lieu le 10 novembre2002. L’actuel Premierministre Janez Drnovseka obtenu 44, 36 % desvoix, et se trouve donc enposition de favori face àBarbara Brezigar. S’il estélu au deuxième tour le1er décembre 2002, il ad’ores et déjà choisi lenouveau Premierministre :Anton Rop.

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Elle choisit le mauvais camp pendant la secondeguerre mondiale et le paye d’une occupation sovié-tique suivie d’une prise de pouvoir communiste.

Destin tragique ou situation géographiqueimpossible, toujours est-il que ce pays a fini parrejoindre le camp de la liberté à sa manière,c’est-à-dire toujours en nuance,élisant commePrésident en 1990 Jelyu Jelev, chef de l’opposi-tion,mais en donnant la majorité à l’Assembléeaux anciens communistes.

La transition fut longue et contestée.

Les Bulgares n’aiment pas les excès et sontsouvent les sujets de l’histoire.

Après de nombreuses hésitations, les réformesavancent pourtant avec beaucoup d’entrain.

La Bulgarie s’est impliquée dans le cheminementeuropéen avec beaucoup de courage et demodernité.

Une réunion politique en Bulgarie,c’est toujoursl’occasion de découvrir avec étonnementcombien les femmes, dans ce pays, ont suprendre leur part de responsabilités. Jeunes,belles, compétentes, dynamiques, elles fontsouvent oublier que pour manifester la négation,les Bulgares hochent la tête de haut en bas etpour approuver, la tournent de droite à gauche!

C’est une coutume qui nécessite quelqueentraînement.

Ce pays, où le Premier ministre est un Roi,Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha, semble avoir

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ux confins de l’Europe géographique, laBulgarie marie les héritages slave, byzan-

tin, grec, russe et occidental.

C’est Boris 1er et son fils Siméon 1er, qui, ausortir d’une période turque succédant elle-même à un âge byzantin, fondèrent réellementl’État bulgare en 865. En 925, le second se pro-clame Empereur des Grecs et des Bulgares.

Envahis par les Mongols, les Bulgares entamenten 1396 une période de domination ottomanequi durera cinq siècles.

La Bulgarie renaît, indépendante,en 1878 aprèsle Traité de San Stephano qui tire les consé-quences de la défaite des Turcs face à la Russie.

Ferdinand 1er de Saxe-Cobourg met à profitla révolution des Jeunes Turcs en 1908 pourprendre le titre de Tsar Ferdinand 1er.

La Bulgarie s’engage, aux côtés de la Grèce etde la Serbie dans la première Guerre desBalkans,victorieuse contre les Ottomans,maisa le tort de se retourner aussitôt contre sesalliés. Le Traité de Neuilly, en 1919, lui retirealors son accès à la mer Égée et une partie deson territoire.

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mixité intellectuelle et historique rare, pourmieux comprendre cette Péninsule dangereuseoù le feu couve toujours sous la cendre,et pourpeser dans le sens d’une intégration raisonnabledes pays de la région.

La qualité des femmes et des hommes bulgaresest telle que l’Europe a raison de faire confianceà la Bulgarie. Bienvenue !

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réglé ses comptes avec son passé et regarderdésormais vers l’avenir. En élisant comme chefde la majorité parlementaire, celui qui avait sixans quand il quitta son pays en roi déchu, en1947, les Bulgares ont montré la grande libertédont ils sont capables et leur recul face à leurhistoire.

Doté d’institutions stables et d’une vraieDémocratie, le pays se relève d’une grave criseéconomique en 1996-1997, en accélérant lerythme de ses réformes pour rejoindre lecamp de l’Union européenne.

Cet effort a été couronné de succès puisque lesEuropéens ont finalement accepté que la Bulgarie,d’abord exclue des négociations d’adhésion,rejoigne le club des nouveaux,même si son entréesera effective trois ans après les autres.

Des progrès difficiles et douloureux doiventencore être réalisés.

L’Union par exemple,souhaite,comme tous lesvoisins de la Bulgarie, que la centrale nucléairede Kozloduy, soit mise aux normes et arrêtée,alors qu’elle fournit l’essentiel de l’électricitédu pays. La question est devenue un vrai sujetde politique intérieure.

D’autres avancées devront être menée à bien,avant que la Bulgarie ne soit réellement prête,mais sa volonté est sans faille et l’adhésion estplébiscitée par plus de trois quarts des Bulgareset par l’ensemble des formations politiques.

La Communauté aura besoin de la Bulgarie etde ce qu’elle représente dans les Balkans, une

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Profil

■ Superficie : 100911 km2

■ Frontières : 1808 km (Grèce 494 km,Macédoine 148 km, Roumanie 608 km, Serbieet Monténégro 318 km,Turquie 240 km)■ Côtes : 354 km■ Capitale : Sofia■ Population : 8,1 millions d’habitants au31 décembre 2001■ Composition : 85 % Bulgares, 10 % Turcs et3 % Tsiganes et 2 % autres■ Confession : 85 % orthodoxes,10 % musulmans et 2 % catholiques■ Croissance démographique (2000-2005) :-1 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 67 ans et femmes 74 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 51,5 Mds€

■ Croissance du PIB : 5,0 % (2,4 % en 1999 ;5,8 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 6500 (28 % de lamoyenne communautaire)■ Salaire moyen mensuel brut : 127 € (enaugmentation constante ; 67 € en 1997)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 17,3 %(16,4 % au 31 décembre 2000)■ Inflation : 7,4 % (prévisions 2002 : 7,0 %)■ Part de l’agriculture : 13,8 % en PIB■ Part de l’emploi agricole : 26,7 %■ Déficit public : 0,7 % du PIB en 2000■ Investissements Directs Étrangers :stock de 1960 M€ (239 € / habitant), soit5 % du PIB en 2001

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faut un seuil de 4 % des suffrages pour qu’uneformation politique soit représentée auParlement.Les dernières élections législatives du 17 juin2001 ont vu la victoire du Mouvement natio-nal de Siméon II.Ce nouveau parti n’a manquéque d’un siège la majorité absolue. Par ailleursles électeurs du Mouvement national se retrou-vent dans toutes les régions du pays et danstous les milieux socio-économiques sans quele revenu, l’âge ou le niveau de diplôme, neconstituent des facteurs pertinents d’explica-tion du vote.La coalition gouvernementale com-prend le NDSV et le DPS.

Composition du Parlement :■ 120 sièges NDSV (Mouvement national)■ 51 sièges ODS (Forces démocratiques

unies)■ 48 sièges BSP (Coalition pour la

Bulgarie)■ 21 sièges DPS (Mouvement pour les

Droits et Libertés)

■ Prochaines élections : présidentielle en 2006,législatives en 2005.

Organisation administrative

28 régions, 262 communes

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Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 54,8 % des exportations se font endirection de l’Union européenne■ 49,4 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000 commeen 2001 : -2394 M€

■ Principaux produits exportés : industrielégère, agroalimentaire, vins■ Relations commerciales avec la France :progression sensible des relations économiquesdepuis 1998.En 2000 la France figure au 4e rangdes partenaires commerciaux (et au 7e rang desinvestisseurs étrangers).De nombreuses socié-tés françaises sont présentes en Bulgarie.

Système politique

■ République parlementaireLa Constitution a été adoptée le 12 juillet 1991.

■ Chef de l’État : Georgi PARVANOVélu le 18 novembre 2001.Le Président est élu pour cinq ans (mandat renou-velable une fois) au suffrage universel direct.

■ Premier ministre : Siméon de SAXECOBOURG-GOTHA (ex-roi de BulgarieSiméon II)

■ Système parlementaire monocaméral.L’Assemblée nationale (Narodno Sobranie)comprend 240 sièges. Les députés sont élusau suffrage universel direct pour quatre ansà la représentation est proportionnelle. Il

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D’autres moments de l’histoire de la Roumaniepeuvent porter à la réserve et notamment ladictature d’Antonescu qui choisit l’alliance avecl’Allemagne pendant la guerre. Il fallut que le RoiMichel 1er fasse un coup d’État (!) pour que laRoumanie s’engage enfin dans la guerre enseptembre 1944.

Mais l’histoire de la Valachie, la Moldavie et laTransylvanie est intimement liée à celle del’Europe centrale. À ce titre, elle est glo-rieuse, guerrière, mais riche d’une cultureunique et du mélange des peuples qui en fontsa spécificité.

La Roumanie ne prend la forme d’un État qu’en1859.À la veille de la première guerre mondiale,elle est la principale puissance des Balkans.Grâceau Traité de Saint-Germain,en 1919,elle doublesa population et son territoire. La secondeguerre mondiale lui reprendra une partie de sesterritoires.

Les problèmes de minorités et de dépla-cements de frontières sont tels, dans cettepartie de l’Europe, que la Roumanie et sesvoisins ont dû, pour entrer dans l’Unioneuropéenne, signer toute une série de traitésbilatéraux garantissant l’intangibilité desfrontières !

Mais la Roumanie,pour la France,c’est toujoursune partie de son cœur. Bien sûr, grâce à lalangue. Le Français est aimé des Roumainsdont la langue est proche de celle de Molière.

La latinité est portée en bandoulière par lesRoumains comme une fierté à laquelle les

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ans les rues de Bucarest, des Dacia, R12de chez Renault au capot arrière qui s’en-

fuit bizarrement jusqu’au macadam, rappellentque les premiers habitants de la Roumaniefurent les Daces et que Trajan créa une provincede Dacie.

L’histoire de la Roumanie est assurément celled’un grand pays.Grand comme ses territoires,grand comme sa culture, grand comme sonPalais du peuple,construit jadis par Ceaucescu,qui rasa pour cela un quartier entier du vieuxBucarest et dont on ne sait toujours pas quoifaire tellement il est grand.Le Parlement y siège,l’Université et de nombreux autres services et…il reste encore de la place. Il faut dire qu’unetelle construction n’a pas son égale dans lemonde pour sa taille, son style néoclassique et,finalement sa laideur.

Peut-être est-il si laid d’avoir été construitavec les souffrances d’un peuple qui méritaitmieux que le Conducator qui s’était imposéà sa tête.

La dictature sanglante et terrible qu’il imposaaux Roumains de 1965 à 1989 figure, hélas, aulivre des records et constitue ,pour tout le conti-nent européen, une honte sans limites.

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Nul ne doute de la volonté des Roumains quiont déjà tellement payé leur tribut à l’histoirerécente qu’ils ne laisseront pas passer l’occa-sion de revenir chez eux.Seuls 3 % des Roumainsse déclarent hostiles à l’Union !

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Français sont sensibles. Nos cultures sontproches et nos artistes aussi.

Eugène Ionesco fit son entrée à l’Académie fran-çaise en 1970.Emil Cioran et Mircea Eliade trou-vèrent à Paris les moyens d’exercer leurimmense talent.

Qui ne connaît pas en France ConstantinBrancusi, sculpteur de la simplicité c’est-à-direde la profondeur des choses ?

Quel mélomane peut ignorer le violonisteGeorges Enesco qui fut, entre autres, le pro-fesseur de Yehudi Menuhin ?

Et le comte Dracula, dans son château desCarpates,n’a-t-il pas fait trembler et rêver tousles enfants du monde?

La culture roumaine fait partie de l’âme de sonpeuple et la France l’aime.Elle est profondémenteuropéenne et nous souhaitons que cela soitreconnu.

Mais les réalités économiques sont plus difficiles.

Malgré tous ses efforts, la Roumanie n’a paspu se glisser dans le groupe des dix nouveauxarrivants de 2004. Mais prenant acte de sesprogrès, les Quinze l’ont admise dans le clubdes négociations en cours et elle devraitrejoindre l’Union au plus tard en 2007. Il restebeaucoup de travail pour reconstruire uneadministration, une justice et une économieconformes aux critères européens, mais lesréformes structurelles ont commencé etdoivent se poursuivre.

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Profil

■ Superficie : 238391 km2

■ Frontières : 2916 km (Bulgarie 608 km,Hongrie 432 km, Moldavie 681 km, Ukraine649 km, Serbie et Monténégro 546 km)■ Côtes : 234 km■ Capitale : Bucarest■ Population : 22,4 millions d’habitants au31 décembre 2001■ Composition : 89,5 % Roumains, 7,1 %Hongrois, 1,7 % Tziganes, 0,5 % Allemands,0,3 % Ukrainiens, 0,8 % autres■ Confession : 88 % orthodoxes, 6 %catholiques romains, 5 % protestants, 1 %autres.■ Croissance démographique (2000-2005) :-0,3 %■ Espérance de vie (2000-2005) :hommes 66 ans et femmes 73 ans

Données économiques (2001)

■ PIB en SPA : 132,2 Mds€

■ Croissance du PIB : 5,3 % (-1,2 % en 1999 ;1,8 % en 2000)■ PIB /habitant (en SPA €) : 5900 (25 % de lamoyenne communautaire)■ Salaire moyen mensuel brut : 165 €(en augmentation constante depuis 1997 :105 €)■ Chômage au 31 décembre 2001 : 8,6 %(10,5 % au 31 décembre 2000)■ Inflation : 34,5 % (prévisions 2002 : 25,0 %)■ Part de l’agriculture : 14,6 % du PIB■ Part de l’emploi agricole : 44,4 %■ Déficit public : 4 % du PIB en 2000

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■ Premier ministre :Adrian NASTASE

■ Système parlementaire bicaméral.La Chambre des Députés comprend 346 sièges.Le Sénat comprend 140 sièges. Les députés etles sénateurs sont élus pour quatre ans au suf-frage universel direct à la représentation pro-portionnelle ; scrutin à un tour.Les dernières élections parlementaires se sontdéroulées en novembre 2000.Elles ont vu la vic-toire du Parti social-démocrate,qui a formé ungouvernement monopartiste ayant le supporttacite d’une partie de la droite opposée à l’ex-trême droite (Parti démocrate,HDUR et NLP).L’extrême droite, avec 22 % des voix, estdevenue la deuxième force politique du pays(profitant d’une crise de confiance des Roumainsenvers leurs institutions). Ces élections légis-latives ont réduit le champ politique roumainet montré un clivage net entre les partisans del’ouverture et les nationalistes.

Composition de la Chambre des Députés :■ 155 sièges PDSR (Parti de la démocratie

sociale roumaine)■ 84 sièges PRM (Parti de la grande Roumanie)■ 31 sièges PD (Parti démocrate)■ 30 sièges PNL (Parti national libéral)■ 27 sièges UDMR (Union démocratique

des Magyars de Roumanie)■ 19 sièges autres (les représentants des

minorités nationales reçoiventun siège chacun à la Chambredes Députés)

Composition du Sénat :■ 65 sièges au PDSR■ 37 sièges au PRM

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■ Investissements Directs Étrangers :7,121 M€ (317 € par habitant)

Relations commerciales avec l’Unioneuropéenne (2001)

■ 67,8 % des exportations se font endirection de l’Union européenne■ 57,3 % des importations proviennent del’Union européenne■ Solde commercial négatif en 2000 commeen 2001 : -4652 M€

■ Principaux produits exportés : textiles,chaussures et industrie mécanique■ Relations commerciales avec la France :la présence économique française en Roumanieest forte et diversifiée. La France figure aupremier rang des investisseurs étrangers et autroisième rang des partenaires commerciaux.Les grandes entreprises françaises présentes enRoumanie sont par exemple Elf, Eurocopter,Carrefour, France Télécom, Lafarge, Renault,Société Générale.

Système politique

■ République, régime semi-présidentiel.La Constitution a été adoptée en novembre 1991et approuvée par référendum le 8 décembre1991.

■ Chef de l’État : Ion ILIESCU,réélu en décembre 2000 (premier mandat de1992 à 1996).Le Président est élu au suffrage universel directpour quatre ans (mandat renouvelable une fois).

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■ 13 sièges au PD■ 13 sièges au PNL■ 12 sièges au UDMR

■ Prochaines élections : présidentielle àl’automne 2004, législatives à l’automne2004, locales au printemps 2004

Organisation administrative

41 départements ainsi que la capitale,263 villeset 2688 communes

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Reconnue d’utilité publique par décret en date du 18 février1992, la Fondation Robert Schuman a pour missionde :- promouvoir l’idéal européen ;- soutenir tous ceux qui œuvrent pour la démocratie enEurope et dans le monde ;- contribuer, par tous les moyens, au débat européen età l’évolution de l’Union ;- établir des liens et des coopérations avec toutes les ins-titutions qui poursuivent les mêmes buts ;- favoriser l’étude de la pensée européenne par l’attribu-tion de bourses, le développement de programmes derecherche et le soutien aux publications qui concernentla construction européenne, son passé et son avenir.

Elle est présidée par Monsieur Jean-Dominique Giuliani.

29, bd Raspail - 75007 ParisTél. : +33 (0)1 53 63 83 00Fax : +33 (0)1 53 63 83 01www.robert-schuman.org

Directeur de la publication : Pascale [email protected]

Achevé d’imprimer en novembre 2002