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Jornal anarquista
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Le Bandit du Nord :Organe anarchiste
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Le Bandit du Nord : Organe anarchiste. 1890-1890.
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Texte détérioré — reliure défectueuse
NF 2 43-120-11
PREMIÈRE ANNÉE N°l 10 CENTIMES LE NUMÉRO DIMANCHE 9 FÉVRIER 1890
ABONNEMENTSFrance ,
Un an. . . . G fr.
Six mois ... 3 fr.
J^ois mois.-.' . 1,50 ,
ABONNEMENTSExtérieur
Un an. . . . 8 fr.
Six mois ....„ 4 fr.
Trois mois . . 2' IV:
Àum Compagnons,En faisant paraître cette modeste
feuille, nous voulons faire ,un effortde plus pour implanter nos idées dans-la région, nous .n'aspirons pas à-nous
répandre de parloui du moins pour le
moment, nos forces ne nous permettentpas de tenter ce but. , Cependant si des
compagnons sont désireux -d'avoir leJournal pour leurs localités nous serontheureux de le leur envoyer, mais com-me nous n'avons pas les moyens d'à-tendre leurs fonds pour pouvoir rouler,qu'ils nous envoient Vargent"'d'avanceils seront servis aussitôt ; pour tous les
dépositaires nous livrons à <3 francsle cent.
yue-«ùG réflexions, de sourires, de \(
critiques, de quolibets, seront lancés
à ce titre : Le Bandit du Nord.-Le journaliste payé pour (écrire,
aiguisera sa plume de tolèdeipourfaufiler entre deux lignes creuses
une critique vide. \Le bourgeois au gros ventre; nous
appellera fanfaron ; ,::
L'Indifférent nous traitera; d'ori-
ginal, iEnfin quelques malicieux politiciens
qui s'appellent) pompeusement des so-
cialistes et qui'malgré cela courent
à l'autorité pour s'en.... revêtir iront
jaser aux ouvriers qui n'y connaissent
rien que notre titre prouvera' bien
que nous sommes des gens de désor-
dre et qu'il faut se méfier de nous.
Mais Un moment !... Lisez s'il vous
plaît, lisez journalistes vendus, lisez
bourgeois et tremblez devant la logi-
que de ceux qui s'appellent Bandit, jLisez indifférents et sortez de votre
japathie.
••• . !Lisez enfin ouvriers et en appre- j
nant à connaître la valeur de la so-j
ciété, apprenez à ne plus '.suivre les|
farceurs de tout accabit qui sous pr.é- l
texte de faire votre bonheur,, comr I
mencent à vous cacher la vérité pour
duper votre ignorance.Avant de mettre au jour cette mo- j
deste feuille, nous avons dans une |
de ces fréquentations qui,,nous sont
famillières, on aucun président.. ne jdirige nos débats, aucun secrétaire
n'enregistre nos réflexions, . nous,,avons longuement médités sur la so-.-'
ciété où nous sommes Qbligés de,
vivre, nous avons vu se jouer devant
nos. yeux, comme des i péages, fantas-tiques ; la misère noire des travail-;,
leurs, les haillons de leurs habits,j lesjmurs sombres de ces bastilles .du,Ç£rj
pital où gémit la misère sous; la, fa^i-,
gue du labeur auquel, elle ;s'épjuisfi,j
\ ces.,ibastiUes gu'on .appelle usines,'
. (i -" : Vivi, fPV.r'.i ;; ;
tu les connais •Jacques bonhomme,*
'
nous avons vu les produits confec-tionnés par ces ventres creux sortirdé ces enfers pour aller i s'échangercontre une aisance et un luxe qui-se^rait consommé non' pas par ces pro.-.ductéùrs, 'mais par'un homme dnaciif
et'incapable auquel la sociétés donnéle nom de Bourgeois; ; ,!u
-Nos cerveaux indignés'par ce spee* •
tacle ont'encore: eu la force, de nous
dire, ça c'est de l'honnêteté.-Nous' avons vu 1,entraînés par l'ac-
tivité d'une imagination. qui souffreau contact de l'injustice, nous avonsvu dans une chambre ornée de cettevielle> bêtise qu'on appelle Christ, oùdes hommes en robes étaient assisdans des fauteuils en velours, nousavons vu dans cette chambre un mal-heureux condamné à la prison pouravoir pris du pain. .
Dans une autre à côté,'i un banquieren' fênlîité'"fryàffcS;ruiné '7-ou 8 ^f„„:'i
commerçants être acquitté^ et partir
chargé des fruits de ses rapines.Une femme accusé d'adullère^ com-
paraissant dans une de ces chambres
frappe encore notre imagination, elle
s'explique la criminelle, « Messieurs,mon mari me frappait, un homme
bon est venu à moi et m'a offert de
partager son existence, j'ai accepté »,trois mois de prisons répondent les
juges, et nos cerveaux assombris
nous ont dit encore, ça c'est de la
justice.Oh nous avons vu bien d'autres
choses encore ce jour-là, tenez, écou-
tez, un mariage pompeux se célé-
brant, le prêtre garni d'or, l'égliseornée de toutes ses tentures, l'encens
jeté à foison, des cierges de tout côté,
puis, au milieu des chants harmo-
nieux d'un choeur, un couple s'avan-
çant sur les moelleux tapis étendus à
l'avance sur leur passage les con-
duisant à l'autel. Mais... quel couple !!
un vieillard, un sénateur de 50 ans,et une jeune iiile de 19 ans à peine,elle, épousant un titre et lui un cof-
fre-fort, et le père souriant d'un air
fier au sortir de l'office en disant :
« mon' gendre le sénateur ».
Nos cerveaux nous ont dit alors,
ça c'est de la morale.Ce n'est pas tout, il manque encore
un dernier tableau, le voici : c'est en
hi"er, la neige couvre le sol de son
froid-manteau et là sur une placesont groupés une troupe d'hommes,de femmes et d'enfants, un drapeau
rouge s'agîte au milieu d'eux, rcB sont
ces misérables du début, qui ont-
quittés les usines où ils gémissaienteïtyiéhnent demander 50 centimes de
.plus par jour pour nourrir leurs en-
ifànts.: Mais hélas, leur manifestation
ri'èst'pas de longue durée, 'dans lefond d'une<rue large uneautre*troupe,
!d'hommes; s'avance^ ils portent un
paiitalon rouge, ils arrivent, ils sont
là, leur chef alors d'une voix sèchefait croiser la baïonnette, et serviles
ils, obéissent, « en avant » c'est le
deuxième commandement et cettemasse s'avance sur les misérables af-
fames qui apeurés fuyent dans toutes
!es(directio.ns,.. les faibles, les femmes,et les enfants sont foulés aux pieds
par ces bourreaux inconscients, etl'ordre a triomphé.
Alors nos cerveaux nous dirent
pour une dernière fois : c'est l'arméede la patrie. .
Epuisés,, indignés, et révoltés tout
à la fois par l'examen que nous venionsde faire de cette triste soc'été, nous
nous consultâmes des yeux, puis après,un moment de silence, l'un de nous
comprenant nos pensées se leva etnous dit :
Compagnons, i'honnêteté, la justice,la morale, l'a patrie, tout ça c'est tel-
lp.W(?.ïiF:;ôtlreiiX.-,:'We nos coeurs ne
peuvent vivre sous ces drapeaux, il
vaut mieux nous appeler BANDIT.
NOTRE BUT
En livrant au public cette modeste !
feuille, nous avons un but tout dillë-rent de celui des autres feuilles de la
presse à la mode qui ne sont qu'uneclasse de parasites tout, au moins aussi
dangereux que les Bourgeois et les gou-vernements qu'ils soutiennent.
Gens de tout acabit réduisant ce qu'ily a de plus beau dans l'homme : la pen-sée, à l'état de vulgaire outil,-et le droitde défendre des idées à un métier hon-teux frisant la prostitution, écrivanttour à tour pour tes opportunistes, lesradicaux ou les réactionnaires, quel-quefois pour tous à la l'ois, ils mangentà toutes ces gamelles comme à celle desfonds secrets, l'rippes lippes ébontés ils'n'ont qu'un seul but entretenir l'igno-rance, un seul moyen le mensonge oula calomnie.
Devons-nous suivre une semblableconduite? Non, nos moyens d'abord nenous permettent pas de vivre de notre
propagande et si nos moyens nous le
permettaient MOUS ne le ferions paspaice que nos convictions nous le dé-fendent.-
Non nous ne pouvons être des sala-riés de nos journaux, parce que nosrédacteurs sont l'ensemble de tous les
opprimés, de toutes les victimes, ils sontla foule des inconnus qui souffrent,nous faisons appel à leur collaborationet nous les assurons que chaque l'ois
qu'un écrit nous parviendra dès l'ins-tant qu'il contiendra une plainte, l'indi-cation d'un mal, le remède pour le dé-
truire, nos colonnes lui seront ouvertes.Parce que nous n'avons qu'un but,
l'opposé de celui de la presse bourgeoi-se, LA. DESÏKUCÏION l)K l/IUN'ORANCK.
En inscrivant les maux de la sociétéet les remèdes à leur destruction nousvoulons être une sorte de pharmaciesociologique où tous les soutirants de
la-société, pourront puiser.En inscrivant les griefs'e-t. lés-Ven-
geances des meurts de* fa'inïs d'un côtéet les infamies des dirigeants.'de l'autrenous voulons faire un registre de doitet avoir afin de préparer le c&.mpte dela liquidation sociale qui approche et
qui s'appellera Révolution.A ceux qui possèdent, à ceux qui di-
rigent la société et qui sur nos regis-tres .seront inscrits en- débiteurs d'em-
ployer tous leurs moyens à nous démo-
lir, iisjsont outillés pour ce travail ; ilsont toute une armée .de valets, qui s'ap-pellent sergots, mouchards, 'procureurs,juges, une série de chambre.qu'on ap-pelle cabinet noir, Violon; parquet, as-
siseSj un tombeau qu'ils appellent pri-sons, qu'ils s'en, servent, qu'ils; frappentsans pitié c'est, leur rôle. ,.-.,', i ,,
Mais à' ceux qui/Spnl; les affamés,; les
orphelins, .les, veuves, ,les ..exploités.detous genres,.' depuis- le manoeuvre jus-qu'à l'employé'et qui sur'nos registress'appelleront''(Créanciers' de' rious soi-'
yre1.' de no'us soute'nir dans jiof.re/ïuf.toet d'iiU-oin.iiiS'f notre 1-iij.t In P.Y'vol'nUou
qui détruira l'injustice et-l'anarchie-quidonnant la liberté laissera développerla vérité.
A bon entendeur salut.
AUX LITTÉRATEURS
Compagnons, ce journal est mo-
deste, il veut se cramponner et réus-si a peut-être, vous pouvez lui être
utile, votre éloigneinent n'est pas un
obstacle, il y a ici des milieu qui ontbesoin d'être remués, développés àl'aide de plumes chaudes, piquantes,glissantes, énergiques, Unes, déliées,allons collaborateurs île l'ai laque, du
père Peinard vieux copains daignezy jeter un coup de piume, vous avezjà un rejeton il faut le nourrir, en-
voyez-lui quelques gouttes de bonne
encre, et que vos plumes nerveusesviennent le réchauiïer dans sa retraitedes froides régions du Nord.• Nous attendons.
Qu'est-ce que cela un honnête luun- -
me? bien peu de ceux qui revendi-
quent le brevet d'honuète-'é ont prisle soin d'examiner ce que signifiaitle titre d'honnête, le soumis,l'esclave,l'ouvrier rampant qui salut, vénère'fait la courbette devant le patron quile fait crever de faim, c'est un hon-nête homme. Le contre-maître quiest le chien de garde au service du
patron, qui sème les amendes, quimoucharde les moindres actes del'ouvrier, les l'ait mettre à la porie,plonge leur famille dans la misère ;c'est un honnête homme. Le soldat
qui sur les rangs exécute le plus cor-rectement les singeries qu'on lui or-
donne, qui sans sourciller reçoit lesinjures d'un caporal où tout autregradé, se laisse appeler imbécile, fai-néant, abruti, c'çst un honnête hom-me. Celui qui tue son semblable avecle moins de scrupules dans uneémeute ou sur un champ de bataillec'est un honnête homme, celui quiemployé d'une maison a à sa disposi-tion 4 ou 5 mille francs, et qni pourgarder la propriété d'un gros fainéantqui boît le Champagne dans son salonn'a pas le courage de prendre 5 francspour empêcher à ses enfants de souf-frir de la faim, c'est un honnête hom-me.
Le chien servile et rempant, lemouchard, l'assassin légal, le lâche,le sans-coeur, c'est un honnête hom-me. Imbéciles d'ouvriers qui vousflattez d'être honnêtes, allez avec lesbourgeois qui vous grugent, étalez aunom de l'honnêteté, vos visages amai-gris à coté de leurs ventres arrondis,allez aux pieds de leurs palais vousfaire construire des cabanes. Nous,nous méprisons le chien qui lèche lamain qui le frappe, nous aimonsmieux le chat qui griffe celui qui luifait mal, et si nous reconnaissionsencore la loi nous poursuivrions endiffamation tous ceux qui nous appel-leraient honnêtes.
REFLEXIONSQuelle différence y a-t-il entre les
autres hommes et les anarchistes ?Il n'y en a pas !En effet prenez un registre de pa-
pier blanc et mettez vous en tête defaire un recensement curieux, con-sultez tous les individus sur les réfor-mes à faire, vous les trouverez touspartisans de la suppression d'une ouplusieurs lois.
Quand vous aurez recueillis toutesces opinions, totalisez les suppres-sions de lois demandées par chacunet vous n'aurez plus qu'à brûler lecode.
C'est ce que demandent les anar-chistes. Ils sont le résumé des aspira-tions de tous, la conclusion du volu-me des réformes, en faisant votrerecensement vous aurez fait un livreanarchiste.
Nous croyons utile de reproduirela philosophie de l'Anarchie de notreami Charles Malato, étant le résuméde. nos aspirations complétées par letalent d'observation et la précision deraisonnement de son auteur, et Bon
prix un peu élevé pour l'ouvrier ne lamettant pas à la portée de tout lemonde.
PHILOSOPHIEBEL'ANARCHIECONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
Au sein de la révolution politiquedu siècle dernier, apparut le germed'une Révolution économique ulté-rieure.
Jacque Roux, Chaume tte, les Hé-bertistes et, plus tard, Babeuf avecses amis, firent entendre le cri desrevendications sociales. Ce socialisme
hâtif, à peine compris par quelques-uns, ne pouvait triompher alors, mais
grâce à ces généreux précurseurs, ildevient le mot d'ordre du siècle d'é-
volution qui suivit et, aujourd'hui, ilva s'imposer.
Tout démontre qu'il en sera de mê-me de l'anarchie : pressentie parProud'hon, affirmée par Bakounine,entrevue plus distinctement depuis
peu d'années et professé actuellement
par un petit nombre d'adeptes, elle
aura sa part dans la Révolution socia-
le imminente sans toutefois triom-
pher.Mais, une fois le socialisme vain-
queur, les efforts, les études se porte-ront vers cette nouAelle venue ot, elleaussi aura son tour.
Et plus tôt qu"on ne le croît : la du-rée des évolutions humaines est sin-
gulièrement abrégée.Il a fallu toute la nuit des temps
pour que l'esclavage antique se trans-formât en simple servage, une suite
| de siècles pour que le servage aboutit
î au libéralisme constitutionnel, un seulI siècle pour mener à l'éclosion du so-
| cialisme. On peut Jhardiment présu-mer qu'une ou deux générations suffi-ront pour arriver à l'Anarchie.
L'Anarchie est le complément et,on peut bien le reconnaître, la correc-tif du communisme. Qu'on le veuilleou non, la marche des peuples civili-sés vers le communisme est indénia-ble. « La démocratie coule à pleinsbords ». a dit Tocqueville. Or, qu'estdonc le communisme, sinon la confir-
mation, l'aboutissant de la démocra-tie, la généralisation des intérêts, non
pas politiques — la politique, cette
hypocrisie est appelée à disparaître,— mais des intérêts matériels, tangi-bles, qui font vivre, des intérêts éco-
nomiques ?C'est là le communisme moderne,
non plus sentimental et intuitif destribus barbares, mais rationaliste et
scientifique, qui, depuis Babeuf jus-qu'à nos jours, a percé à travers lescouches sociales, se précisant de plusen plus, de Samt Simon à Fourrier (1)de Fourrier à Cabet, de Cabet à KarlMax.
(1) Bien que Sl-oimon et Fourrier n'aientpas été des communistes, ils ont contribuéà l'éclosion du communisme en développantpuissamment l'esprit d'association.
LE BULLETIN DE VOTEEt les Anarchistes
Le Cri du Travailleur du 2 Février,dans un article intitulé comme celui-ci, exerce sa plume contre notre amiLorion pour tourner en ridicule lesthéories développées par lui dans laréunion où il a fait prendre la fuite à
Verquin et à son comité, au momentoù celui-ci malgré son peu d'éloquen-ce et de logique avait l'air de sortirvictorieux de sa lutte contre le citoyenDelplanque.
C'est bien là le fait des gens qui nediscutent pas ou qui discutent seuls
pour être plus sûrs d'avoir raison.Voudraient-ils nous expliquer com-
ment il se fait qu'eux qui paraissentsi empressés d'entamer une discus-sion dans leurs colonnes, au lieu d'ac-
cepter la discussion quand le compa-gnon Lorion l'a demandé à l'Hippo-drome Lillois, voudraient-ils nous ex-
pliquer comment il se fait qu'au lieu
d'accepter cette discussion devant un
public nombreux ils ont préféré enle-ver Lorion violemment de la tribuneet le mettre à la porte.
S'ils ne veulent pas nous allons lefaire nous, c'est simplement parce queen entamant la discussion dans le Cridu Iravailleur, ils ne se doutaient pasque le Bandit du Nord allait voir le
jour et pourrait leur répondre eh bienils se sont trompés pour cette fois
encore, trompés à l'Hippodrome en
croyant parler seuls, trompés en trou-vant notre journal pour répondre, etils n'ont pas encore fini de be trompercar notre logique pourrait bien setrouver plus d'une fois derrière leurstalons, c'est embêtant.
Enfin puisque nous avons le Bandit,profitons-en.
Oui c'est vrai, le compagnon Loriona dit « ce ne sera pas avec les bulle-tins de vote que la classe ouvrière
conquèrera son émancipation, lesbouts de papiers&ont trop tendres pourentamer le ventre des bourgeois, ilfaut des choses plus matérielles pourcette besognera torche, la dynamite,le poignard sînt des outils plus puis-sants». Ce qu'il n'a pas dit pas dit parexemple c'est de mettre ses paroles desuite à exécution.
Et s'il l'avait dit, les hommes quiécrivent au Cri du Travailleur sa-chant parfaitement, que ces par lesconstitueraient un délit devraientavoir la pudeur de ne pas les répéterafin de ne pas jouer le rôle de gensdonnant un documenta un procureur,là ils auraient dû suivre le conseil
qu'ils donnent; « peser leurs parolesavant de causer, ça leur éviterait biensouvent de commettre d'énormes ba-lourdises »
Laissons leur pour eux cet acte quine sera qu'un de plus à enregistrer àcôté de tant d'autres célèbrementsconnus et revenons-en au bulletin devote.
Vous prétendez encore le soutenirce bulletin, mais pouvez-vous nousdire ce qu'il a fait ? Il a acclamé Bo-
noparte, il a acclamé successivementla Royauté, l'Empire, la République,et sans aller plus loin pour le démolirnous n'aurions qu'à constater que lestravailleurs ne vivent pas de la politi-que, mais qu'ils en meurent : leur rôledoit être de la supprimer.
En deuxième lieu il est absurde, ri-dicule ou criminel de prétendre quela majorité ait quelque chose à faireavec, puisse représenter la logique.Toute l'histoire de l'humanité nous
apporte des faits qui prouvent le con-traire tous les progrès ont été conquispar des minorités. Colomb était mino-rité quand il affirmait qu'au delà desterres connues il existait d'autres ter-res, Galilée affirmant que la terre était<?D.\'i((t(l^vement continuel é^ait mino-ritéet il avait raison, Baboeuf préco-nisant le droit à la vie pour tous lesindividus étant minorité et personnene peut dire qu'il avait tort, les anar-chistes sont minorité et sûrement l'a-venir leur donnera raison.
Vous prétendez que si le suffrageuniversel commet toutes ces erreurs,c'est parce que la masse est bête et
qu'elle ne sait pas s'en servir, maisc'est votre manière de raisonner àvous parce que n'étaat pas au pouvoirvotre ambition n'est pas satisfaite, eten cela vous raisonnez comme tousles bourgeois ont raisonnes quand ilsétaient dans la même situation quevous, les radicaux trouvaient la massebête quand elle ne les nommait pasils l'ont trouvée intelligente quandelle les a nommés, les intransigeantsont passé parla même phase et vousvous trouverez la masse intelligentequand elle vous aura envoyé au pou-voir, son intelligence datera de sonavènement n'est-ce pas ? triste intelli-
gence qui consiste à changer de mai trèset d'incapables car malgré vous, vousserez aussi maîtres et aussi incapa-bles que les autres, tous ces change-ments ne sont que des piétinementset vous êtes bien peu fort en histoire
quand vous dites que les Révolutionsn'ont rien fait, elles seules n'ont paspiétinées.
Sans la Révolution qui coupa la têtede Louis XVI nous aurions encore des
rois, sans la Révolution de 71 le socia-lisme n'aurait jamais pris le dévelop-pement qu'il a acquit, pourquoi ? par-ce que la Révolution précisément vientfaire l'éducation de la masse,parce quela Révolution parle à la masse mieux
que tous les discours et les journauxles mieux faits,parce que la Révolution
par ses actes détruit le respect de lamasse pour les choses atteintes, parceque, en période Révolutionnaire lesactes se commettent de partout, reçoi-vent de partout leur explication, c'est
ce qui a fait dire à Blanqui que « 24heures de révolution faisaient plus pourl'éducation d'un peuple que cent ansde gouvernement et Blanqui n'étaitpas anarchiste.
Vous le savez comme nous, seule-ment dépuis que vous avez quelquesmembres au pouvoir vous n'êtes plusrévolutionnaires, vous avez peur qu'u-ne Révolution vienne déranger laphase pendant laquelle un à un vousespérez caller vos têtes de colonnesau pouvoir, et vous êtes tellementimpatient que vous appelez la masseignorante parce qu'elle ne vous y en-voi pas assez vite, eh bien, rappe-lez-vous bien d'une chose, c'est quetout bête que soit la masse, quand laRévolution sera là, qu'elle vous verracourir à l'hôtel-de-ville pour vous enemparer, quand elle verra les anar-chistes courir à ce même hôtel-de-ville faire sauter tous les autoritairesqui y seront logés même vous, ellecomprendra qu'il y a des hommes as-sez énergiques pour se passer de pou-voir et que le pouvoir est inutile, etquand bien même vous trouveriez lemoyen de vous imposer à elle aprèscette Révolution, la Liberté sans maî-tres n'en sera pas moins le mot del'évolution qui suivra, et dont l'avè-nement sera votre disparition, voilàpourquoi nous ne voulons plus desaltimbanques d'élections et rien quela Révolution.
LE KRACK DES CUIVRES
Tout le monde a entendu parler dnkrack autrement dit de L'accapare-ment des cuivres ou Rotschild etautres sangsues de son espèce (familleparasite) étaient compromis ; Dansle fouilli qu'on appelle lois bourgeoi-ses il y a une loi qui poursuit les ac-capareurs; mais,poursuivre Rotschildc'est quelque chose d'embêtant pournos gouvernants, s'il s'était agit defoutre dedans un pauvre bougre quiavait pris un pain chez ie boulanger,oh alors ! rien de plus simple, deuxsergots, ça faisait l'affaire, mais Rots-child ! Songez y voir, commentfaire?
C'est bien simple quelques muflesque le peuple paient très cher et quis'appellent ministres se réunissentPlace Beauveau et décident qu'on nele poursuivra pas, mais pour sauverles apparences on pousuivra les ad-ministrateurs qui seront condamnésà de légères amendes qu'ils paierontfacilement avec l'argent qu'ils ont vo-lés au populo, et dire qu'on appelle çade l'égali'é devant la loi, et qu'il y ena qui veulent encore conserver "desministres pour appliquer cette égalité,farceurs va ! vaut bien mieux les dé-molir avec Rotschild par-dessus lemarché, c'est le vrai remède celui-là.
•
LES IMPOTS SUR LA LAINE
Depuis quelques temps, quelques25 francs voulant avoir l'air de fairequelque choses se sont constitués engroupes agricoles et industriels pourétudier les remèdes régénérateurs quiviendront restaurer leur usure dansl'esprit populaire.
Ils ont nommé des commissions,des présidents, levé les deux bras,fait maintes contorsions pour attirerl'attention sur eux puis finalement ensont arrivés à parler d'impôts sur leslaines, les soies, etc..
Or voilà-ty pas qu'ils ne tombentpas d'accord avee les négociants de
Roubaix, Tourcoing, Reims, Four-rer etc., car ceux-ci ne veulent pas
*< *ïi7 pots qui diminueraient leur bé-'-;/\iee,ça se comprend aussi ils client,
tapagen', tempêtent, et ce qu'il y ade plus drôle c'est que l'un d'eux, unRoubaisien, a poussé la rigolade jus-qu'à envoyer au Journal de Roubaixune lettre pleine d'un chic épatant.Régalez-vous je vous en sert une partietoute chaude :
« Roubaix, 29 janvier 1890.
» Monsieur le directeur-gérant
du Journal de Roubaix,
» Avec raison, vous engagez nos» industriels à se remuer avant le 6Î>février pour protester contre les» droits sur les laines. Mais comme» en France la protestation platonique» ne vaut pas à cent fois près, un peu» d'agitation, s'il m'est permis de don-» ner un conseil à tous les centres de» l'industrie lainière, Roubaix, Tour-» coing, Reims, Fourmies, etc. c'est» de faire partout immédiatement de» GRANDS MEETINGS DE PRO-» TESTATIONS. »
En voilà un qui n'est vraiment pasbête, les dernières statistiques consta-tent depuis deux ans un état prospèrede l'industrie lainière et ces gros ex-
ploiteurs n'ont pas songes à augmenterles ouvriers au contraire et mainte-nant ils veulent que nous allions aveceux gueuler fort pour empêcher l'éta-blissement de l'impôt. Qu'est-ce queça peut nous ioutre à nous cet impôtpuisqu'ils ne nous ont pas augmentéspendant la baisse ils ne nous diminue-ront pas pendant la hausse et si danstous les cas ils leur prenaient fantaisiedf le faire, qu'est-ce que ça peut nous
rè encore. Quand les ouvriersn'auront plus de pain, eh bien ilsiront en prendre où il y en a et aprèstout ce sera préférable parce qu'alorsils seront sûr de ne pas en man-
quer.
Jeudi dernier à P?<> a eu lierune réunion organisée ^r le fa-meux Basly au XIII arrondisse-ment., La réunion était contradictoirel'autre fameux Paulin May est venu
pour y assister il paraît qu'on luiest tombé dessus à coups de bâ-tons et de cailloux.
Cinq ou six politicaiheurs ontété blessés plus ou moins griève-ment. S'ils pouvaient faire commeles deux lions de la fable, s'entredévorer jusqu'à ce qu'il ne reste
plus que les deux queues sur le
champ de bataille, le populo pour-rait au moins les ramasser pourfaire un bouillon (ta queue de co-chon en fait du si bon).
Premiertravailil'ieRépulpVous savez que la République
est au Brésil, et en ce moment il ya grande discussion entre les mi-
nistres, vous ne savez pas pour-quoi ? « pour donner du trarail oudu pain aux ouvriers » farceurs ilsont bien autre chose à faire, c'est
pour savoir dans quel endroit ilsfixeront leur résidence. On irait
i bien à Rio-de-Janeiro, mais il yi fait trop chaud, on choisira sans! doute dans les environs de cette
ville des endroits où il y a un bonpetit climat qui n'indispose pas cesmessieurs, et on leur construirades palais et des campagnes deplaisance.
Ah ! comme Dom Pedro se ren-dait bien compte de ce qu'était uneRépublique quand avant d'être dé-trôné il disait à Victor Hugo : « mafoi si mon peuple veut la Républi-que il n'a qu'à me nommer prési-dent. »
fflroiipRégionaleARMENTIÈRES
Lundi 27 Janvier, à 10 heuresdu soir, un ouvrier nommé JVlallet,fils de l'ancien Garde-champêLred'Houplines, s'est présenté à laporte du seigneur Duiilleul quiforce les Ouvriers à se confesser auconfessionnal qu'il a fait construiredans son bagne, une foi s là, il ademandé à parler au patron qui,quelques jours avant, l'avait mis àla porte de son usine, quand Du-tiJleul fut descendu il lui demandadu travail, et comme celui-ci luirépondait par un relus, il lui dé-chargea six coups de revolver àbout portant, trois seulement l'at-teignirent. Mallet prit la fuite, maisil fut arrêlé.
Nous ne pouvons pas dire qu'ila bien fait ou nous pousuivrait,mais y a un fait certain que nous
pouvons constater c'est que si toutles ouvriers faisaient la même choseil n'y aurait bientôt plus d'exploi-teurs, aux exploités de se deman-der s'ils en seraient lâchés.
UN CHOUETTE CONSCRIT
\u tirage de Dijon un incident àfaire réfléchir les Bourgeois vientde se passer. Un conscrit, un anar-chiste avec du coeur au ventre aulieu ne tirer son numéro en a em-
poigné à deux mains 3 ou 4 bras-sées qu'il a jeté dans toutes les di-rections et s'il ^n'avait pas été arrêtéà temps il s'apprêtait à verser unebouteille de vitriol sur les registresde la conscription. Bravo, monvieux, par ton acte énergique tu asle mérite d'avoir fait comprendreà tous les conscrits qu'ils ne doi-vent pas aller dans cette sale caser-ne où non seulement on les exerceà aller tuer les travailleurs étran-
gers mais d'où on les fait sortir aubesoin pour fusiller les ouvriers engrève, quand tous les conscrits fe-ront comme cela l'affaire des bour-
geois sera bientôt fait et si l'onconserve des flingols ce sera pouraller chasser les cailles et les per-drix afin de faire un bon diner à lasanté de leur enterrement.
États-Unis
11n'y a pas que la France et lesautres gouvernements de l'Europequi nous poursuivent. Le 11 no-vembre 1887 les Américains pen-daient quatre des nôtres à Chicago.Le jour de l'exécution le compa-gnon Most avait publiquement flé-tri la conduite des Bourgeois etavait par la suite été condamné àla prison. Il vient d'être arrêté pourpurger sa condamnation.
Bravo, messieurs les Bourgeois,plus vous frapperez plus nos idéess'étendront, frappez fort.
LA GRÈVE DE LENS
La Grève a repris à Lens, à sonplus fort il y a eu 3.000 grévistes,le motif était le renvoi de quelquesmembres du Syndicat ; sans nous
inquiéter de l'organisation syndi-cale que nous n'approuvons pas,et sur laquelle nous reviendrons end'autre lieu ; c'est bien, d'avoir unesolidarité assez forte pour soutenirceux que la bourgeoisie veut tueren plein.
Mais ! quel triste coup d'oeil,quel navrant spectacle pour ceuxqui sont révolutionnaires de voir sipiteusement éclater cette grève, ilest bon ce résultat que vous avezobtenus malheureux forçats de lamine, malheureux producteurs ex-
ploités, vous êtes rentrés paisible-ment dans voire prison, et main-tenant, que vous avez été vaincus,qu'un seul de vous ose lever la têtedevant ses maîtres et la faim suiviede toutes ses tortures l'attend com-me punition de son audace que lesbourgeois ne permettent pas.
POURTANT, pourtant camara-des vous êtes le nombre, vous êtesla force, un coup de votre pic arra-che du sein de la terre les blocs decharbons qui nous chauffent, etun seul mouvement de vos brasserait plus que suffisant pour ré-duire à néant les fainéants quivous écrasent.
Pourquoi ce mouvement- nel'avez vous pas fait ? Pourquoi ?Parce que Lamendin qui sur votreignorance est en train de se forgerun marche-pied pour atteindre lepouvoir d'où il vous gonvernera luicomme les autres, parce que La-mendin yous a dit : « Soyez calmeconservez votre dignité, rentrezchez vous en sortant delà réunion »,oui, il a é-é jusqu'à vous comman-der de vous coucher, au sortir dela salle, et vous avez obéi !
Oui inconscient vous avez obéi,mais apprenez donc à savoir dis-cerner les différends côtés des dis-cours qu'on vous prononcent, parces paroles ne vous êtes vous doncpas aperçus que Lamendin étaitl'homme qui faisait le mieux res-respecter l'ordre, son influence pro-duisait un résultat bien plus puis-sant que celui de toutes les baïon-nettes envoyées à Lens pour vous
garder, à lui seul il a fait le travaild'un régiment.
Posez-vous donc cette question :Les Bourgeois étaient-ils contentsque Lamendin vous fassent resterdans l'ordre? Certainement. Si La-mendin vous avait poussé à l'action
l'aurait-t-il été ? Sûrement non. Etalors, alors en concluant vous ap-prendrez à retenir cette vérité quiest immuable, c'est que quand unhomme vous conseille quelque chosefui fait plaisir à vos ennemis, il nepeut pas être votre ami.
Bientôt peut-être vous serez for-cés de recommencer cette grève,soutenez-vous et demandez-vous siau lieu de frapper à coups de picssur le charbon vous le regardiez,s'il sortirait tout seul de la mine,vous comparerez ce charbon àceux qui vous exploitent et vous.....concluerez.
Le gérant, DONOLKT.
Par Ch. MALATO. |ooa.i !—-— {
TWBLJE: DES CHAPITRES , '
I Considérations générales \II Religion et Patrie.
III L'anarchie dans la famille. — L'union libre.IV La propriété.V Production, consommation, échange.
VI Les passions.VII Justice et responsabilité.
VIII Instruction et éducation.IX Défense sociale, l'anarchie au point de vue militaire.X Art et science.
XI Quelques antithèses : Droit et loi. —Suffrages et
délégation.— Liberté et Identité.
XII Nouvel organisme. Les affinités.XIII Développement de l'humanité.
Prix : 12 Fr. — En vente au bureau du Journal.i
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Imprimerie Donolet, boulevard de Strasbourg,-ROUBAIX'.' '.