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Le passant Pierre VENDEL Le chasseur abstrait éditeur

Le passant · 2012. 8. 30. · Le chasseur abstrait éditeur sarl unipersonnelle au capital de 2000€ - 494926371 RCS FOIX 12, rue du docteur Jean Sérié 09270 Mazères - France

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  • Le passant

    Pierre VENDELLe chasseur abstrait éditeur

  • Le chasseur abstrait éditeursarl unipersonnelle au capital de 2000€ - 494926371 RCS FOIX

    12, rue du docteur Jean Sérié09270 Mazères - France

    Tel: +33 ( 0 )5 61 60 28 50

    [email protected]

    ISBN : 978-2-35554-105-6EAN : 9782355541056

    ISSN collection L’imaginable : 2102-1805

    Dépôt Légal : mai 2010

    Copyrights :© 2010 Le chasseur abstrait éditeur© 2010 Sang grenat : Pierre Vendel

  • Pierre VENDEL

    LE PASSANT

    Le chasseur abstrait éditeur

  • Première partie

  • LE PASSANT

    TarentuleJe marche sur le fil de la toileJe tisse, je déambuleIntrus à la cour des mygalesCortège de tentaculesCérémonieuses, piédestalOù l’on pose sans scrupule.

    FunambuleJe marche sur le fil de la vieQui sinue et j’onduleJe passe par le chas des aiguillesTrous de souris, veinulesOù les manants dans l’ombre, tapisTrament en conciliabule

    Je suis le passantLe Juif, l’Arménien, le CathareLe Gavroche sur sa barricade perchéLe Tutsi perdu dans l’histoireL’étudiant jetantSon pavé dans la mare.

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  • NoctambuleJe marche sur le fil du rasoirDouble lame qui juguleLa jacquerie du désespoirSoufflée dans la canuleRévolution sur un brancardEt j’avale ma pilule.

    Je suis le passant…

    RidiculeJe marche sur le fil de l’oubliRampant sur les rotules.Où s’en vont mes rimes amaigries ?Tombées comme des cris inaudiblesDans les oreilles incrédulesDe ces gens que j’ennuie

    De ces gens que j’en…Nuit.

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  • DES MOTS

    Première page de la vie :« Les hommes naissent libres et égaux en droits. »Quelques lignes plus basOn se rend compte de l’hérésie.

    J’écris pour la postérité qu’on exhumeParce qu’à titre posthumeLes écrits sont toujours plus vivantsMorts que vivants.

    Mes lettres sont des soldatsQui partent au combatDes lettres majuscules, minuscules, anonymesDes lettres capitales qui s’abîmentDes lettres mortes tombées sous une pluie rougeQui me fait un sang d’encreDans mon cœur qu’on échancreEt personne ne bouge.

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  • Ma plume est une armeMon encre des munitionsEt je tire des larmesDe colère au bout de mon canon.Retranchés derrière des stylosRangés en ordre de bataille, mes motsOnt des accents graves, toniques, un écho

    Des mots transis qui transitent pesammentDes mots marteaux, des mots enclumeDes mots d’insurrection, légers comme une plumeDes paroles en l’air qui volent au gré du vent.Des mots qui aiment, des mots bohèmes, des mots poèmeLibres et égaux, sur le chemin, qu’on sème.

    Des mots haut en couleursQui feraient avaler des couleuvres.Des mots menteurs, des renégatsQui ne valent pas un traître motDes qui peuvent faire des dégâtsDes qu’on coiffe sur le poteauDes mots qu’on ébouriffeDes qu’on annone, qu’on balbutie, des mots roseÀ la noire épine, écorchés vifsQui égratignent les cœurs moroses.

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  • Des mots modelésDes modèles démodésDes mots agréés que je maugréeDes mots tôt, des mots tardQui circulent à feu et à centDes mots qu’on coupe, des mots rasoirsDes mots qui font couler le sangDes mots ténèbres, des mottes de terreDes mots lancés sur le pavéMots désolés, des mausolées.Sans la moindre prière.Des mots…

    Première page de la vie :« Les hommes naissent libres et égaux en droits »…

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  • LE RAT, LE CHIEN ET L’AGNEAU

    « Arbeit macht frei »A-t-on écrit, sur les portailsDe la déportationMe vient alors une question :« Travailler plusPour gagner plus »Nous rendra-t-il nos libertés déchues ?Dans quel camp sommes-nous reclus ?

    Mais il est plus facileDe concentrer, d’abêtir et d’affamer lesTerrilsQue les colosses d’acier.

    Les temps sont dursPeste le ratSous les tenturesDu minima

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  • Sale temps se ditLe chien galeuxDans son abriSi populeux

    Où va le troupeau ?Bêle l ’agneauMouton bientôtQu’un numéro.

    « Arbeit macht frei »On les voit parfois qui défilentComme des épouvantailsLe chien, l’agneau, le rat des villesBattant les champsDe leurs bataillesJuste pour ne pas paraître comme du bétailEt dire qu’ils vivent encore, mal an.

    Mais il est plus facileDe serrer la ceinture de l’ouvrier gracileQue celleDu gros industriel.

    Les temps sont durs…

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  • LE FAIT DU PRINCE

    Oyé gentes dames, demoiselles et damoiseauxVenez écouter l’histoire de notre tempsApprochez braves gens, vassaux et vavassauxQuittez vos masures, loges et appartementsL’histoire est un éternel recommencement !

    Pendant que les gueux le fond de leurs tiroirs raclentOn mène grand train à la cour comme par miracleDîme ou gabelle, qu’importe le réceptacleQuand on ferme les hostiles dans un tabernacleSacré et qu’on porte les seigneurs au pinacle

    Le fait du PrinceJ’avais appris qu’une assemblée en cortègeLe 4 août, avait voté la fin des privilègesLe fait du PrinceMoi qui croyais que le sang royal avait séchéPlace de la Révolution un matin de janvier.

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  • Je diabolise, tu minimises, il monarchiseNous votons, vous élisez, ils capitalisentLe roi sur la pyramide, les richesses entasseIl conjugue le temps, avec le diable pactiseL’État c’est lui et lui c’est l’état de grâce

    Place de Grève, vilains et manants ont fourbiLes larmes, versé de l’huile sur le feu rougiFourches en main pour piquer les cœurs endurcisMais les voies des seigneurs restent impénétrablesDe leurs coffres d’argent à leurs tours imprenables.

    Le fait du PrinceOn m’avait dit qu’une assemblée en cortègeLe 4 août avait voté la fin des privilègesLe fait du PrinceMoi qui pensais que le sang royal avait séchéPlace de la Révolution un matin de janvier…

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  • DÉPRIME

    Bien née, puînée et puis traînéeDe père en mère, ballotageUne enfance passée en partageDe peines en matins désolés.Et arrive la fleur de l’âgeRêves infidèles, l’amour en gageBouquet de giroflées fanéesUn pétale tombé, volage.

    Bien née puis la déprimeÀ quoi ça rime l’amour ?L’amour, à quoi ça rime ?

    Tout ça pour ça, maugrée l’AfghanDans son charter au premier rangJ’avais des rêves en arrivantJe vous croyais plus accueillantsJ’ai fui la guerre, j’ai fui la jungleJ’ai fui la milice et vos chiensVotre froideur au nez me cingleEt ça se dit républicain !

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  • Tout ça pour ça, déprimeÀ quoi ça rime les lois ?Les lois, à quoi ça rime ?

    Rien ne va plus, faites vos jeuxBille en tête, tournez messieursDans l’air bientôt du sauve-qui-peutKyoto a des accords boiteuxPic d’ozone, pic de pollutionEt pique et pique et collégrammeOn retient sa respirationOn conjure le sort : am-stram-gram !

    Rien ne va plus, déprimeÀ quoi ça rime la terre ?La terre, à quoi ça rime ?

    Vingt ans, parti pour son paysGuet apens, Talibans et pan !La mort guette au bout du fusilIl ne reviendra pas vivant.Le guerrier paie les pots cassésSur sa peau, l’impact de la paixCoulent les larmes, déjà s’apprêteCelui qui va le remplacer.

    Vingt ans à peine, déprimeÀ quoi ça rime la vie ?La vie, à quoi ça rime ?

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  • Table des matières

    Première partie

    Le passantDes motsLe rat, le chien et l’agneauLe fait du princeDéprimeAmours de saisonOseBonnes consciencesManifesteChien errantRue Léopold Sédar SenghorCroire ?Fils de JudasTout va bienMémoire d’éléphantLa malbouffeJe vous salue terriensSi je vous parle d’elleLa soubrette et le califeRegarde-les

    911141618202224272931343638404244464850

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  • Lièvres au volantLady blancheJeu de marionnettes

    Deuxième partie

    Empreinte marineDans quarante ansPasse tempsClique droitLégèretésBallade de nuitCorps endormiÀ ceux qu’on a aimésPhoto de familleMythomaneVierge interditeElle s’est donnéeMademoiselle Marie SuzanneMa tournéeDémons de vieLits et raturesSang grenat

    Troisième partie

    Histoire courteLe valet à la dame

    525456

    6163666870727476788082848688909294

    99101

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  • Femme devant moiMatin nouveauLes rus de l’OOubliés les rêvesNovembre 2009FragileElle est làJamais

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  • du même auteur

    — Funambule ( illustré par Béatrice Garcia )Le chasseur abstrait éditeur - 2009

  • Le chasseur abstrait éditeursarl unipersonnelle au capital de 2000€ - 494926371 RCS FOIX

    12, rue du docteur Jean Sérié09270 Mazères

    France

    [email protected]

    imprimé en France par :Le chasseur abstrait

    achevé d’imprimer : avril 2010

    ISBN : 978-2-35554-105-6EAN : 9782355541056

    ISSN collection L’imaginable : 2102-1805

    Dépôt Légal : mai 2010

  • www.lechasseurabstrait.com

    Prix : 16 €

    Pierre Vendel est né le 9 septembre 1967 à Metz. Lorrain de pure souche, il habite aujourd’hui à Talange, une ville située à quinze kilomètres au nord de Metz. Professeur de lettres au collège d’Amnéville depuis 1998, Pierre Vendel enseigne le français depuis maintenant seize ans.

    C’est au début des années 80, en écoutant « La vie ne m’apprend rien » de Daniel Bala-voine, qu’il considérait comme une sorte de père spirituel, qu’il a pris conscience du pou-voir et de la beauté des mots : « Les lois ne font plus les hommes mais quelques hommes font la loi ». Ce chiasme a été le déclic poétique, la prise de conscience de la beauté de la langue, il a déclenché en lui l’envie de créer à son tour, le désir de jouer avec les mots, de les manipuler, de les faire rimer, mais également d’exprimer des idées aussi belles que rebelles. En 1984, il a donc écrit son premier texte poétique, sur le mur de Berlin. Les poésies se sont ainsi enchaînées… et se sont régulièrement entassées au fond d’un tiroir, jusqu’au jour où…Pierre Vendel publie, en avril 2009, chez Le chasseur abstrait éditeur, un premier recueil de poésies, intitulé Funambule. En mai 2010 parait un deuxième recueil : Le Passant, chez le même éditeur, recueil qui regroupe notamment des textes satiriques et engagés sur la société du XXIème siècle.

    Couverture : © 2010 : Valérie Constantin