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L'armée de l'Air - Instrument de puissance pour la France

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L’Armée de l’air,instrument de puissance

pour la France

Cet ouvrage est téléchargeable sur le site de la RDNwww.defnat.com

SALON DU BOURGET 2013

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Les missions permanentes

Le C2 français de défense aérienne : un outil forgé dans la duréeMICKAËL AUBOUT, YOHAN DROIT, MARIE-MADELEINE MARÇAIS, TONY MORIN

Le C2 Air français est aujourd’hui indispensable à la défense aérienne du territoire ainsi qu’aux opérationsextérieures. De la genèse des opérations aériennes aux dernières évolutions, cet article retrace l’histoire d’unedes capacités socles de l’Armée de l’air.

Composante nucléaire aéroportée : une dynamique d’excellenceEMAA

La composante nucléaire aéroportée française, incarnée dans les Forces aériennes stratégiques (FAS), est,depuis 1964, un pilier fondamental de l’expression de la puissance française. Elle est un élément central etfédérateur du développement de l’Armée de l’air.

L’Armée de l’air et la sécurité nationaleEMAA

Pour répondre à l’enjeu de sécurité nationale, l’État peut s’appuyer sur les capacités socles de l’Armée de l’air.Les spécificités de cette armée contribuent efficacement et de manière adaptée à la sécurité nationale.

Sommaire

Introduction - Une nouvelle approche des fonctions stratégiquesDENIS MERCIER

La capacité à agir vite et loin à travers 3 engagements récents

De l’Afghanistan au Mali :le modèle afghan 10 ans après, une pertinence intacte

GÉRAUD LABORIEL’auteur revient sur la genèse du modèle afghan et sur sa première utilisation en Afghanistan, pour en com-prendre les grands principes. L’étude des conflits récents confirme que le modèle afghan est un outil straté-gique à dominante aérienne qui reste tout à fait pertinent, à la valeur coercitive élevée quand il est employédans les bonnes conditions. Il nécessite d’être pleinement reconnu et intégré dans la palette d’options stra-tégiques que permettent nos armées.

Harmattan : témoignage d’un commandant d’escadron de RafaleLOÏC RULLIÈRE

La campagne aérienne libyenne est le fruit d’une minutieuse préparation. L’Armée de l’air, confrontée à uneguerre où les acteurs sont parfois difficiles à discriminer, a su adapter son outil pour effectuer des frappesprécises.

Serval : une opération emblématique du rôle de l’Armée de l’airEMAA

L’Armée de l’air est un instrument de puissance. Une opération comme Serval au Mali à travers la réactivité,les capacités de commandement, les aptitudes ISR et la mobilité stratégique et tactique que l’Armée de l’airpermet le démontre avec éclat.

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Évolution du champ de bataille et puissance aérienne à horizon 15 ansGRÉGORY BOUTHERIN, CHRISTOPHE PAJON

L’identification des évolutions du champ de bataille à l’horizon des quinze prochaines années peut semblerêtre une gageure. Toutefois, en s’inspirant des tendances lourdes, il est possible d’identifier trois principauxaxes de changement : nombre et nature des acteurs présents sur le champ de bataille, prolifération des tech-nologies, nature des milieux d’affrontement. Cette analyse est centrale afin de préparer la puissance aéro-spatiale à affronter les défis de demain, qui tendent à placer les temporalités au cœur des réflexions futures.

Approche prospective

Les capacités socles au cœur de sa modernisation

Capacités C2 de l’Armée de l’air,un cœur stratégique au profit de la défense et de la sécurité nationale

EMAAGrâce à son aptitude à superviser et diriger des opérations aériennes (« C2 » Air), l’Armée de l’air est un réelinstrument de puissance offrant à la France une capacité-clé majeure pour l’exécution de ses responsabilitésinternationales.

Il n’est de Machiavel dans le drone que sa partie humaineCHRISTOPHE FONTAINE

Pour l’auteur, expert en ce domaine, l’emploi du drone ne diffère de celui de l’avion de combat que parl’endurance en vol que permet le déport du pilote à terre. Il explique ainsi que les réticences à en faire unoutil de combat comme les autres sont nulles et non avenues.

Pour une gestion dynamique des points d’appui de la FranceEMAA

Cet article met en lumière la dilatation de l’espace stratégique suite à l’acquisition de l’A400M et du MRTT.La projection de force et de puissance de la France s’envisage ainsi au travers d’une approche plus dynamiquedu maillage de nos points d’appuis.

Intervention immédiate : l’apport du Rafale dans les opérations récentesYOHAN DROIT

Le Rafale se distingue par sa polyvalence totale. Son déploiement sur différents théâtres permet d’appréhen-der son évolution et d’apprécier sa complète adaptation à tous les types d’opérations dans lesquelles l’Arméede l’air a été engagée depuis près de dix ans.

Regard sur la formation du futur pilote de combat :sur terre ou en l’air, simulez !

COLIN BLÄTTLER, CYRIL CAMACHONLa simulation s’est progressivement imposée comme un média sérieux pour former et entraîner les pilotesde combat. Toutefois, le vol réel doit rester la pierre angulaire d’une formation d’experts du milieu aéro-nautique militaire. Le meilleur équilibre entre ces deux modalités de formation pourrait-il être trouvé dansla simulation embarquée en vol réel ?

Les hommes et les femmes de l’Armée de l’airEMAA

De par la qualité de leur formation, les hommes et les femmes de l’Armée de l’air sont de réels atouts pourla défense en général mais également pour l’ensemble de la société civile qu’ils contribuent à irriguer desvaleurs qu’ils développent au sein de leur métier.

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L’adaptation des capacités militairesEMAA

Le paysage stratégique des dix dernières années a été dominé par les conflits dits asymétriques. Si ce contexte amis l’accent sur certaines capacités, il ne doit pas servir de prétexte à l’abandon des autres, plus adaptées àla haute intensité.

La coopération militaire dans l’Espace : le cas franco-américainBÉATRICE HAINAUT

La France et les États-Unis ont développé très tôt des coopérations entre agences spatiales nationales. Lacoopération scientifique évolue aujourd’hui vers une coopération plus politique, ayant pour cadre l’utilisa-tion militaire de l’Espace. Ce renouveau est en partie le fait d’une administration américaine voulant faireévoluer sa diplomatie spatiale.

Préparation et mise en page : Jérôme DolléCouverture : Emmanuel Batisse (PAO - Cesa)

La Revue Défense Nationale est éditée par le Comité d’études de défense nationale(association loi de 1901)

Adresse géographique : École militaire, 1 place Joffre, Paris VIIAdresse postale : BP 8607, 75325 Paris cedex 07

Fax : 01 44 42 31 89 - www.defnat.fr - [email protected] de la publication : Alain Coldefy - Tél. : 01 44 42 31 92

Rédacteur en chef et secrétaire général : Jean Dufourcq - Tél. : 01 44 42 31 90Rédacteur en chef de l’édition russe : Olivier Védrine - Tél. : 01 44 42 31 90Secrétaire général adjoint et webmaster : Paul Laporte - Tél. : 01 44 42 31 91Secrétaire général de rédaction : Pascal Lecardonnel - Tél. : 01 44 42 31 90Assistante de direction : Marie-Hélène Mounet - Tél. : 01 44 42 31 92

Secrétaires de rédaction : Marie-Hélène Mounet, Jérôme Dollé, Arnaud Ablaoui, Valérie Andreeva et Alexandra AngottiAbonnements : Éliane Lecardonnel - Tél. : 01 44 42 38 23Conseillers de rédaction : Olivier Kempf, Jérôme Pellistrandi

Régie publicitaire (ECPAD) : Christelle Touzet - Tél. : 01 49 60 58 56DL 80750 - 2e trimestre 2013 - ISSN : 2105-7508 - CP n° 1014 G 85493 du 9 septembre 2010

Imprimée par Bialec, Nancy, 95 boulevard d’Austrasie, BP 10423, 54001 Nancy cedex

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Glossaire

Note de la rédaction - Le choix a été fait, uniquement pour le glossaire, de ne pas appliquer la règle de typographiequi consiste à mettre en italique le nom du matériel et des programmes. Le bas-de-casse s’applique pour les sigles(français) qui se prononcent ; il ne s’applique pas pour les sigles étrangers.

AASM : Armement air-sol modulaireACCS : Air Command and Control SystemAPOD : Air Port of DesembarkationASMPA : Air-sol moyenne portée amélioréAWACS : Airborne Warning and Control SystemBITD : Base industrielle et technologique de défense C2 : Commandement et contrôle Cafda : Commandement air des forces de défense aérienneCAOC : Combined Air and Space Operations CenterCDAOA : Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennesCENTCOM : US Central Command César : Complexe d’exploitation semi-automatique du radarCIE : Commandement interarmées de l’EspaceCnes : Centre national d’études spatialesCNOA : Centre national des opérations aériennesCO.AIR : Centre des opérations de l’Armée de l’airCoda : Centre des opérations de la défense aérienneComanfor : Commandant de la forceCos : Commandement des opérations spécialesCosmos : Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiauxCPCO: Centre de planification et de conduit des opérations DCA : Défense contre aéronefsEATC : Commandement du transport aérien européen ESA : European Space Agency / ASE : Agence spatiale européenneF2T2EA : Find, Fix, Track, Target, Engage, AssessFAA : Federal Aviation Administration FAS : Forces aériennes stratégiquesFMV : Full-Motion VideoGGE : Group of Governmental ExpertsGraves : Grand réseau adapté à la veille spatialeGS : Gestion de systèmesIADC : Inter-Agency Space Debris Coordination CommiteeISR : Intelligence, Surveillance, ReconnaissanceJDAM : Joint Direct Attack MunitionJFAC AFCP : Joint Force Air Component de l’Afrique centrale et de l’Ouest JSOTF-N : Joint Special Operations Task Force-NorthJTAC : Joint Terminal Attack ControllerMale : Moyenne altitude, longue endurance MCCE : Centre de coordination multimodal en EuropeMRTT : Multi Role Tanker Transport NADGE : NATO Defense Ground Environment (Infrastructure électronique de la défense aérienne de l’Otan)NRF : Force de réaction de l’OtanNSP : National Space PolicyOEF : Operation Enduring Freedom

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OODA : Observation-Orientation-Décision-Action / OODA : Observation-Orientation-Decision-ActionOscégéane : Observation spectrale et caractérisation des satellites géostationnairesOUP : Operation Unified ProtectorOSF : Optronique secteur frontalPT : Per cent TransferPPS : Posture permanente de sûreté aérienneRAF : Royal Air ForceRBE 2 : Radar à balayage électronique 2 plansROVER : Remote Operations Video Enhanced ReceiverSatam : Systèmes d’acquisition et de trajectographie des avions et munitionsSATCP : Sol-air à très courte portéeScalp-EG : Système de croisière conventionnel autonome à longue portée-Emploi généralSCCOA : Système de commandement et de contrôle des opérations aérospatialesSEAD : Suppression des défenses aériennes adversesSIC : Système d’information et de communication Spectra : Système de protection et d’évitement des conduites de tir du Rafale Strida II : Système de transmission et de représentation des informations de défense aériennesTAA : Technically Advanced Aircraft TACP : Tactical Air Control PartiesTER : Transfer Effectiveness Ratio TIRA : Tracking and Imaging RadarTST : Time Sensitive Target

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Une nouvelle approche des fonctions stratégiques

Général d’armée aérienne. Chef d’état-major de l’Arméede l’air.

Denis Mercier

C’est avec un très grand plaisir que j’ouvre, pour la première fois, à l’occasionde la tenue d’un Salon du Bourget, un numéro spécial de la Revue DéfenseNationale consacré à l’Armée de l’air. À travers de nombreuses contributions

de qualité, ce numéro nous offre une excellente opportunité de découvrir commentl’Armée de l’air s’appuie sur cinq capacités socles pour répondre à ses nombreuxengagements. En effet, ce sont bien les capacités à planifier, commander et condui reles opérations aériennes (1), à recueillir du renseignement (2), à intervenir immé-diatement (3), à se projeter vite et loin (4), à se former et s’entraîner au bonniveau (5) qui permettent à l’Armée de l’air d’être présente sur notre territoire natio-nal et en dehors.

C’est par la modernisation de ces capacités que demain, l’Armée de l’airpourra toujours être un instrument de puissance au service de la Nation, présentedans chacune des cinq fonctions stratégiques (dissuasion, protection, connaissanceet anticipation, prévention et intervention). Car ce qui fait la cohérence et la forcede l’Armée de l’air c’est bien son aptitude à pouvoir mettre au service de ces fonc-tions l’ensemble de ses capacités.

Le nouveau Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale qui vient d’êtrerédigé décline l’état des menaces et conforte cette approche par fonctions straté-giques, introduites par le Livre blanc sur la Défense de 1994 et élargies par celui de2008. Il permet d’identifier les champs devant être maîtrisés pour permettre àl’É tat d’assurer la protection et la sécurité de ses citoyens, celles des intérêts vitauxde la France tant sur le territoire national qu’à l’extérieur de ses frontières.

Or, l’une des contraintes majeures à laquelle ce dernier est aujourd’huiconfronté est déterminée par l’indispensable maîtrise des dépenses publiques qui,sur fond de crise financière profonde, rogne singulièrement ses marges demanœuvre. Toutefois, les performances des nouveaux appareils de combat, qu’ilssoient hélicoptères, avions de chasse ou de transport, alliées à des conceptsd’em ploi plus réactifs ouvrent de nouvelles perspectives pour appréhender les cinqfonctions stratégiques au travers d’une approche plus holistique des complémenta-rités et de la dynamique qui structurent la relation de ces fonctions entre elles.

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En effet, en constatant l’imbrication certaine de ces fonctions stratégiqueset en appréhendant chacune d’entre elles dans une perspective plus dynamique, ilapparaît possible de répondre aux enjeux auxquels nous devons faire face ens’ap puyant davantage sur un recentrage sur le territoire national et sur quelquespoints d’appui, favorisant la concentration de nos moyens, garante d’économies.

En premier lieu, l’imbrication des fonctions entre elles est multiple. Ellevaut par les moyens qu’elles appellent à mettre en œuvre mais aussi par les champsqu’elles recouvrent et qui ne sont pas étanches les uns aux autres. De même,l’ob jectif de défense et de sécurité pour la France ne résulte pas d’une approcheséquentielle de ces fonctions mais bien d’une approche parallèle et souvent simul-tanée. Partant de ce constat, et s’appuyant sur les possibilités offertes par la tech-nologie, l’exploitation de la polyvalence des moyens comme des procédures doitconstituer un axe de travail essentiel.

La fonction « connaissance et anticipation » est par essence celle qui illustrele mieux l’interdépendance des fonctions entre elles car sa maîtrise garantit celledes quatre autres. Elle justifie de ce fait le maintien de l’effort dont elle bénéficiedepuis 2008, en particulier dans le domaine spatial et celui de la cyberdéfense. Lesactions contribuant à la réalisation de cette fonction doivent s’envisager selon deuxaxes différents.

D’une part, il y a celles qui sont menées en amont des crises et qui per met-tent de les anticiper. Elles reposent aujourd’hui sur les capacités de nos moyens spa-tiaux, de nos sources de recueil cybernétiques, électromagnétiques, humaines et surl’emploi de vecteurs spécialisés déployés en fonction de zones d’intérêts parti-cu lières. On peut aller plus loin encore en exploitant toutes les opportunités demissions auxquelles sont amenés à participer certains de nos moyens dans le cadredes autres fonctions stratégiques. Nous devons en particulier nous appuyer davan-tage sur nos moyens aériens de projection et élargir leur doctrine d’emploi.

D’autre part, lorsque la crise a éclaté, sa maîtrise suppose de pouvoirs’ap puyer sur des moyens dont la permanence sur zone est assurée. À ce titre, ledéveloppement de l’emploi des drones doit encore progresser et faire l’objet d’unréel effort.

L’appréhension de cette imbrication et de la polyvalence peut égalementcontribuer à sortir du contexte de très grande spécificité caractérisant la dissuasion,sans pour autant fragiliser la sûreté de l’emploi de ses moyens. De même, il fautintégrer dans la réflexion stratégique, le fait que cette fonction offre aux arméesfrançaises un domaine d’excellence, qui tire vers le haut leurs capacités opération-nelles (ciblage, mission de longue durée, traitement des cibles stratégiques, entréeen premier), renforçant ainsi les autres fonctions stratégiques et plaçant de fait laFrance à un très haut niveau de crédibilité.

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En second lieu, il est possible aujourd’hui d’envisager notre recentrage surle territoire métropolitain et sur quelques emprises hors du continent européensans pour autant compromettre les autres fonctions stratégiques. Ce mouvementn’est toutefois possible qu’à deux conditions qui doivent contribuer à structurer unoutil de défense agile et inscrit dans une logique dynamique.

La première est relative à la rénovation du dispositif de nos points d’appuisà considérer selon une approche plus dynamique, incorporant la capacité derebond que permettent ces positionnements. Ce recentrage n’est pas synonyme derésignation et ne vise en aucun cas à quitter nos points d’appuis traditionnels. Maispour l’opérer, il faut en repenser et en rénover le dispositif pour exploiter au mieuxla nouvelle allonge stratégique que nos nouveaux moyens de projection et de ravi-taillement offriront prochainement à nos forces armées.

La deuxième condition est relative à l’impérieuse nécessité de continuer àfigurer au rang des nations les plus crédibles en matière d’intervention, fonctionindissociable de notre culture de la responsabilité internationale. Dans ce domaineparticulièrement exigeant en termes de ressources, des voies nouvelles doivent êtreimaginées afin de disposer du juste besoin, juste à temps sans toutefois renoncer àl’ambition d’honorer notre capacité à imposer notre volonté politique.

Toute intervention repose sur le triptyque action immédiate, projection deforces et capacité à durer. L’action immédiate implique nécessairement le besoin depréserver les moyens indispensables au maintien d’un haut degré de compétencedans les domaines opérationnels les plus exigeants, préservant notre capacité d’en treren premier pour, selon une métaphore britannique, « Punch over our weight ». Lacapacité à durer, intervenant après la phase de haute intensité d’une opération, nerepose pas sur les mêmes exigences. Le niveau de préparation et d’équipement desforces qui interviendront dans ce cadre doit être adapté en conséquence.

Ces conditions posées, le recentrage sur le territoire national peut s’envisa-ger car nous disposons de capacités de commandement et de contrôle robustes quioffrent un fort potentiel et permettent, encore plus qu’hier, un commandementcentralisé et une exécution décentralisée de toute opération d’envergure avec uneréactivité extrême. Mieux exploiter ces aspects, c’est à la fois garantir à nos conci-toyens outre-mer la présence rapide de l’État en cas de crise majeure tout en ména-geant une empreinte réduite, c’est préserver notre vocation mondiale et c’est éco-nomiser nos moyens pour agir sur tout le spectre des fonctions stratégiques.

Enfin par le recentrage sur le territoire national, il est possible d’envisagerun renforcement de la collaboration interministérielle pour améliorer la sécurité denos concitoyens et la résilience de l’État. Toutes les synergies doivent être exploi-tées, depuis le suivi des moyens jusqu’à l’imbrication des structures de comman-dement et de gestion de crises en passant par la valorisation des missions d’entraî-nement au profit de besoins ponctuels de l’État.

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Ainsi, imbrication, polyvalence et approche dynamique permettentd’ap préhender les cinq fonctions stratégiques sous un angle différent qui, sansremettre en cause leur importance relative, exploite leurs potentialités propres enfavorisant notre recentrage sur le territoire national offrant par la même occasionune réponse adaptée à la maîtrise de nos finances publiques.

C’est dans cette optique, confortée par le Livre blanc sur la Défense et laSécurité nationale, que l’Armée de l’air poursuit sa modernisation et consolide sescapacités socles afin de toujours remplir ses missions permanentes de dissuasion etde protection du territoire national et de ses approches, afin de maintenir sa capa-cité d’intervention immédiate au plus haut niveau. Elle continue d’offrir l’instru-ment de puissance dont la France a besoin pour exercer ses responsabilités tant surla scène internationale qu’au service de la défense de ses citoyens.

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RDN

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Les missions permanentes

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Le C2 français de défense aérien ne :

un outil forgé dans la durée

Les capitaines Aubout et Droit, le lieutenant Marçais et lesous-lieutenant Morin sont chargés de recherche au Centred’études stratégiques aérospatiales (Cesa).

Mickaël AuboutYohan Droit

Marie-Madeleine MarçaisTony Morin

Résultat de 50 ans d’efforts, le C2 (Commandement et contrôle) Air françaisconstitue le système nerveux des opérations aériennes et, à ce titre, est tota-lement constitutif de la puissance aérienne de la France. Réunissant une

structure de commandement, une organisation, des processus et des moyenshumains et techniques, le C2 Air permet de commander, planifier, programmer etconduire des opérations aériennes au-dessus, depuis ou hors du territoire national.

L’histoire du C2 en France est intimement liée à l’histoire de la défenseaérienne du territoire et des moyens de détection, de commandement et de contrô leafférents. Les principes fondamentaux de fonctionnement du C2 découlent, intrin-sèquement, de l’emploi de la puissance aérienne.

Genèse du C2 : de l’invention des principes à la naissance du C2 moderne

La Première Guerre mondiale et l’émergence d’une première organisation de type C2

Durant la Grande Guerre, les premières mesures de défense passive, contreles Zeppelin puis contre les bombardiers allemands Gotha menaçant Paris, pous sentà la mise en place d’un organisme chargé de centraliser les informations, issues destours de guet et des systèmes de détection acoustique par transmission télépho-nique, de les analyser puis de décider des mesures à adopter. Ainsi, le camp retran-ché de Paris, mis en place par le gouverneur militaire de Paris dès 1914, voitl’implantation de moyens de DCA (Défense contre aéronefs) et d’escadrilles dechasse. Cette organisation perdure durant toute la guerre. Plus à l’Est, confronté à

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une importante offensive allemande dans le secteur de Verdun, le commandementfrançais pose le principe de l’emploi en masse de l’aviation pour reprendre l’avan-tage. L’objectif est d’acquérir et de conserver la maîtrise de l’air au-dessus duthéâtre d’opération par l’emploi coordonné de l’ensemble des moyens aérienspré sents sur le théâtre. Suite au succès de cette démarche, une première structure,la division aérienne, est créée en 1918 afin de coordonner l’action de toute l’avia-tion de combat sur le front de l’Est.

Naissance du C2 moderne lors de la bataille d’Angleterre

Cependant, le C2, tel qu’on le conçoit actuellement, prend réellement sonessor, en 1940, durant la bataille d’Angleterre au début de la Seconde Guerre mon-diale. Face aux raids de bombardement de la Luftwaffe, la Royal Air Force (RAF)pose les principes fondamentaux modernes de fonctionnement du C2. D’abord,elle s’appuie sur des moyens de détection constitués par la chaîne côtière de radarsChain Home : elle détermine ainsi les axes d’attaque et le nombre approximatifd’ennemis en vol. Ensuite, ces informations sont centralisées et analysées au seindu centre des opérations du Fighter Command qui attribue aux unités de combatles axes d’interception et les zones à couvrir. La clé du succès du Fighter Commandrepose alors sur sa rapidité de traitement de l’information et la promptitude desbases aériennes à mettre en l’air les chasseurs. Ce processus correspond à la boucleOODA (Observation, Orientation, Décision, Action) que conceptualisera, biendes décennies plus tard, l’Américain John Boyd.

Dès la Première Guerre mondiale, notamment à partir de la bataille deVerdun, on voit l’emploi de moyens aériens coordonnés. Les grands principes decoordination des moyens aériens sont mis au jour : commandement centralisé etexécution décentralisée.

En 1940, la bataille d’Angleterre illustre toute l’importance du C2 dans lesuccès des opérations militaires. L’organisation du Fighter Command mise en placelors de la bataille d’Angleterre signe la naissance du C2 moderne dans le sens d’unemise en réseau des diverses composantes (surveillance radar et guet aérien, unitésde chasse) sous un commandement unique qui centralise l’information et la plani-fication des opérations.

Construction d’une capacité nationale post-Seconde Guerre mondiale

La gestion des moyens aériens mais également terrestres (défense anti-aérienne, radar, base aérienne…) dans le cadre d’opérations aériennes n’a eu decesse, depuis la Seconde Guerre mondiale, d’évoluer au fur et à mesure de la complexification des matériels, du grand nombre des unités à gérer mais égalementdes espaces géographiques à surveiller. Durant les décennies qui suivent la fin de laguerre, l’évolution du C2 est portée par de nombreuses avancées technologiques :l’entrée en service des avions à réaction, l’évolution technologique des systèmes de

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Le C2 français de défense aérien ne : un outil forgé dans la durée

détection, tant en portée qu’en capacité de discrimination, l’essor exponentiel destechnologies de l’information et de la communication induit par la modernisationconstante des composants électroniques.

En France, le C2 connaît un tournant majeur avec la création del’Organisation du Traité de l’Atlantique (Otan) et l’émergence d’un adversaire dis po-sant d’importants moyens aériens et terrestres. L’instauration d’un C2 françaismoderne est à mettre en relation avec le développement de la défense aérienne dontest en charge l’Armée de l’air. Dans un premier temps, à la fin des années 1940, équi-pée en radar par les Anglais, l’Armée de l’air implante son centre des opérations, surle modèle de la salle des opérations de la RAF, à Paris, dans les sous-sols de la caser nedes gardes mobiles de la place de la République. En 1957, elle dispo se d’un nouveausite, le Centre des opérations de la défense aérienne (Coda), à Taverny. Compte tenude la nécessaire réactivité liée à la mission, l’unicité du com mandement s’im po se et,en 1961, l’Armée de l’air crée une structure centralisée dédiée à la défen se aérienne :le Commandement air des forces de défense aérienne (Cafda), à Taverny(Val- d’Oise). Il fédère l’ensemble des moyens, du réseau maillé de détection auxavions d’interception et permet de fournir en temps réel les éléments d’ap préciationde la situation au profit du Premier ministre, autorité politique res ponsable de ladéfense aérienne du pays. Cette chaîne extrêmement réactive relie le sommet del’É tat au pilote dans son aéronef et assure en tous lieux et toutes circonstances lasou veraineté de l’espace aérien national. En 1965, les attributions des commandantsde zones aériennes de défense sont définies. Outre leur état-major, ils disposent d’unC2 régional composé d’un centre d’opérations, de moyens de détection et decontrô le et des moyens d’interception afférents.

À cette période, le C2 français, au niveau de la détection et du contrôleaérien, connaît une importante modernisation. Les stations radar sont moderniséesen étant dotées du système César (Complexe d’exploitation semi-automatique duradar) et du Strida II (Système de transmission et de représentation des informationsde défense aérienne). Le lancement du système Strida en 1960 constitue une étapemajeure de la construction de l’outil C2 en France. Cette modernisation sera conti-nue tout le long des décennies suivantes. Parallèlement, l’Armée de l’air adopte lesconcepts d’emploi communs aux autres forces aériennes de l’Alliance atlantique etintègre le réseau NADGE (NATO Defense Ground Environment). Ce faisant, elleaccepte des échanges d’informations et une liaison permanente avec les structuresOtan. Ainsi, le C2 français bénéficie des informations permettant d’établir la situa-tion aérienne générale des approches de la métropole. L’enjeu pour le C2 françaisest d’obtenir une couverture aérienne globale du territoire fusionnée en une seulereprésentation de l’espace aérien. En dépit de la sortie de la France de l’organisa-tion militaire intégrée de l’Alliance en 1966, l’Armée de l’air continue à être reliéeau système NADGE. D’ailleurs, à l’instar des exercices Tiger Meet, les unités del’Armée de l’air maintiennent un entraînement avec ses partenaires de l’Alliance,particulièrement dans le domaine C2 avec l’organisation de missions aériennes

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simulées. L’architecture du C2 permanent français perdure jusqu’au début desannées 1990 et la création du CDAOA en 1994. Les moyens, quant à eux, n’ontcessé d’évoluer via des modernisations successives et l’entrée en service d’équipe-ments nouveaux, tels les E-3F AWACS à la fin des années 1980.

Un C2 Air français robuste et interopérable

Évolution conceptuelle et capacitaire du C2 Air français

Le début des années 1990 voit deux évolutions majeures. D’une part, la finde la guerre froide met plus en avant une posture expéditionnaire, symbolisée parl’en gagement dans la guerre du Golfe, et donc l’importance du C2 dans les opérationsextérieures. D’autre part, les progrès majeurs des technologies d’information et decommunication conduisent à l’avènement du concept de Network centric warfare.

Les années suivant la fin de la guerre froide sont particulièrement richespour le C2 français. Tout d’abord, l’Armée de l’air s’équipe d’un système de détec-tion et de commandement aéroporté, les E-3F AWACS, lui conférant de nouvellespossibilités, notamment dans le cadre d’interventions extérieures. Ensuite, les leçonstirées de la guerre du Golfe consacrent le besoin de disposer de systèmes perfor-mants de commandement, de contrôle, de communication et de renseignement,désormais, indispensables à toute guerre moderne. En 1994, afin de s’adapter à cettenouvelle donne, l’Armée de l’air accole à sa structure existante en métropole lescompétences et outils dédiés aux opérations extérieures. Le Commandement de ladéfense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA) est créé. Outre, la missionde défense aérienne, le CDAOA entretient et développe l’expertise de l’Armée del’air au commandement des opérations aériennes.

Au niveau capacitaire, ces évolutions se traduisent par le lancement en1993 du Système de commandement et de contrôle des opérations aériennes– désormais « aérospatiales » – (SCCOA). Système de systèmes – le Strida y estintégré – mettant en réseau l’ensemble des acteurs intervenant dans toutes les opé-rations aérospatiales, le SCCOA est la colonne vertébrale de l’emploi des moyensaériens français. Ce programme est lancé en parallèle du système Air Command andControl System (ACCS) de l’Otan, qui met en commun les systèmes de conduitedes opérations aériennes des pays membres, y compris la France qui fait partie dece programme. Le SCCOA doit permettre :

l d’assurer sans discontinuer les missions permanentes de dissuasion et deprotection du territoire national ;

l aux vecteurs aériens militaires de remplir leurs missions H24 dansl’es pa ce aérien national en toute sécurité ;

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Le C2 français de défense aérien ne : un outil forgé dans la durée

l de projeter, dans la durée, une centaine d’avions de combat sur trois basesaériennes de théâtre ;

l la mise en œuvre les moyens de transport aérien, de surveillance et de ravi-taillement en vol nécessaires aux opérations, afin d’appuyer la projection des forces ;

l d’assurer, si besoin, le rôle de nation-cadre en ce qui concerne le com-mandement de la composante aérienne d’une coalition, tout en assurant sa parti-cipation au niveau du commandement interarmées de théâtre.

Le développement du SCCOA s’inscrit dans une démarche incrémentale.À l’heure actuelle, le SCCOA débute l’étape 4 qui verra notamment la bascule desCentres de commandement et de contrôle vers une structure intégrée ACCS del’Otan. Son développement accompagne la transformation des armées françaises.Il s’agit de se doter d’un instrument capable de couvrir l’ensemble du spectre desopérations aérospatiales et de s’adapter aux évolutions de celles-ci.

Dès lors, le SCCOA doit être pensé comme un outil permettant d’aboutirà l’autonomie de décision et d’action en matière d’opérations aériennes. Aumoment de l’engagement en Irak en 1991, les moyens français sont peu adaptés àla conduite d’une opération aérienne en coalition et se traduisent par une certainedépendance à l’égard des moyens de commandement de la coalition. 20 ans plustard, au cours de l’opération Unified Protector en Libye, les capacités du C2 Air permettent à la France de conduire les premières frappes du 19 mars 2011, dontl’impact politique et stratégique est déterminant pour le succès de l’opération.

Le C2 Air actuel

À l’heure actuelle, la France dispose d’un outil C2 Air performant, robus teet interopérable. Le C2 Air permet de commander, planifier, programmer etconduire depuis des structures fixes ou déployables des opérations aériennesau- dessus du territoire national, depuis le territoire national et même à l’extérieurdu territoire. Le C2 Air français peut être décomposé en deux grands ensemblesfonctionnels : le C2 Air permanent et le C2 Air expéditionnaire. Le C2 Air per-manent assure la conduite d’un large éventail de missions aériennes au-dessus duterritoire national tandis que le C2 Air expéditionnaire prend en charge la condui tedes opérations aériennes extérieures, que la conduite de ces opérations soit assuréedepuis les structures C2 en France ou à l’étranger. Le C2 Air français peut serésu mer schématiquement de la façon suivante :

l Sauvegarde aérienne l Surveillance de l’Espace et défense antimissilel Opérations sur le territoire national

l Opérations aériennes extérieures :- conduites depuis le territoire- conduites depuis des structures hors du territoire

C2 Air expéditionnaire

C2 Air permanent}}

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Mission première du C2 Air permanent, la surveillance et la protection duciel national reposent sur la structure de commandement et de conduite fourniepar le Centre national des opérations aériennes (CNOA). Les capacités françaisesen la matière sont robustes et reconnues. Le dispositif français de sûreté aériennepermet la surveillance des quelque 11 000 mouvements aériens quotidiens au-des-sus du territoire national.

Depuis le 11 septembre 2001, le C2 chargé de la défense aérienne au-dessusdu territoire national s’est beaucoup concentré sur la menace terroriste. Cela a eu pourconséquence le besoin particulier de travailler de manière plus interministériel le. Laprésence, au sein du CNOA, de personnes représentant ou relevant de différentsministères accroît la fluidité des opérations. Leur rôle d’interface améliore la synergieinterministérielle. Tous les acteurs étatiques chargés de la lutte contre le terrorismesont ainsi intégrés dans la même boucle d’information. Parallèlement, des efforts ontété fournis en matière de coopération interétatique. Des accords bilatéraux ont étésignés entre la France et des pays contigus dans le but de parvenir à une anticipationplus précoce et une action plus efficace contre les menaces.

Les opérations menées grâce au C2 Air permanent incluent aussi bien desraids à longue distance que l’entraînement des forces aériennes sur le territoire oudes missions de service public. Le C2 Air permanent permet en effet à la France demener des frappes conventionnelles à longue distance. Grâce à cet outil C2, la France est capable de projeter une patrouille de Rafale équipés du missile decroi sière Scalp, accompagnés de ravitailleurs et d’un AWACS et dotés de moyens de communication à longue distance pour commander une frappe de missiles decroi sière, depuis le CO.AIR (Centre des opérations de l’Armée de l’air, baséà Balard) ou depuis Lyon (CNOA). Cette capacité, unique, permet aux décideurspolitiques de délivrer des effets militaires précis en quelques heures, en tout lieu etavec une empreinte au sol faible, voire nulle.

Dispositif particulier de sûreté aérienne, opérations de recherche et de sauvetage des aéronefs en détresse, lutte contre les activités illicites comme le narcotrafic, lutte contre les feux de forêt ou encore l’aide aux populations dans lecas de catastrophe naturelle, le C2 Air permanent permet la mise en œuvre denombreuses missions de service public dont la particularité est la coordination del’emploi de moyens civils et militaires.

La mission de surveillance de l’Espace est confiée au CDAOA, chargé demettre en œuvre le radar Graves (Grand réseau adapté à la veille spatiale). Les don-nées obtenues, analysées et régulièrement mises à jour, permettent de constituer une« situation spatiale ». À court terme, des améliorations de Graves sont prévues, ainsique le développement d’un démonstrateur (Oscégéane pour Observation Spectrale et CaractÉrisation des satellites GÉostatioNnairEs) effectuant la spectroscopie de satellites géostationnaires. La mise en œuvre coordonnée de ces senseurs et logicielsde traitement associés met en lumière l’existence d’une boucle opérationnelle

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Le C2 français de défense aérien ne : un outil forgé dans la durée

* Boucle opérationnelle spatiale

Détection : Grâce aux moyens Graves (pour l’orbite basse) et Oscégéane (pour l’orbite géostationnaire).

Analyse : Sollicitation des logiciels Ciborg et STK.

Orientation : Orientation des capteurs de trajectographie (Satam) ou d’imagerie (Tira).

Action : Manœuvre anticollision, planification d’opérations, décision politique…

spatiale * finalisée : Détection–Analyse–Orientation–Action, qui n’est pas sansrap peler la boucle OODA.

Depuis le mois de février 2010, un lien Confidentiel défense est établi entrele Cnes (Centre national d’études spatiales), diffusant l’expertise, et le CDAOA,outil opérationnel de mise en œuvre. La démarche a abouti à la mise en place d’uncentre spatial permettant de fournir quotidiennement une situation très précise enfusionnant les informations issues de l’ensemble des capteurs et qui sera mis enœuvre à l’avenir sur la base aérienne de Lyon-Mont-Verdun. Ce Centre opération-nel de surveillance militaire des objets spatiaux (Cosmos) représente ainsi un véri-table C2 spatial.

Fruit d’un effort mené dans la durée, la France dispose d’un C2 Air permanent performant qui lui permet d’assurer la mission régalienne de protectionde l’espace aérien national tout en assurant des missions extrêmement diversifiées.

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Composante nucléaire aéroportée :une dynamique d’excellence

État-major de l’Armée de l’air.

EMAA

Une composante aéroportée définie au « juste besoin nucléaire »

Les forces aériennes nucléaires sont composées de ressources définies selon leprincipe de « stricte suffisance » et dimensionnées au « juste besoin nucléaire » : redé-fini en 2008, il a conduit notamment au sein de l’Armée de l’air à la réduction detrois à deux escadrons de chasse nucléaires. Ces forces permettent d’infliger des dom-mages inacceptables à tout acteur qui s’en prendrait aux intérêts vitaux de la nation.Le caractère permanent de la dissuasion nucléaire française et les délais de réactionimposés nécessitent de conserver un volume de ressources dédiées (équipages, avions,soutien technique) et d’environnement (protection, accompagnement du raid) néces-saire à la réalisation de la mission. Ce contrat permanent de la dissuasion nucléaireengage ainsi l’ensemble de l’Armée de l’air et revêt la plus haute priorité.

La dynamique engendrée par la composante nucléaire aéroportée

La composante nucléaire aéroportée se caractérise par son aptitude à inter-venir, en permanence, dans des délais très brefs. Pour ce faire, elle dispose d’atoutsintrinsèques de premier plan. Elle offre une grande souplesse dans ses modes d’actions et une grande précision de frappe. Face à une possible atteinte à nos inté-rêts vitaux, cette diversification des modes d’action crédibilise au plus haut pointla dissuasion nucléaire.

La réussite de la mission nucléaire requiert des savoir-faire opérationnels les plus exigeants. Compte tenu des implications internationales, des distances à parcourir, des menaces rencontrées et de la précision exigée des frappes, les compétences des équipages sont parmi les plus élevées.

La nécessaire rigueur et l’obligation de sûreté sont les fondements d’un « espritde corps » qui sert de base à toute action des Forces aériennes stratégiques (FAS).

Depuis 1964, année de la première prise d’alerte nucléaire par unMirage IV armé, la mission de dissuasion nucléaire a favorisé l’émergence non seulement de savoir-faire spécifiques opérationnels mais également techniques.

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Composante nucléaire aéroportée :une dynamique d’excellence

L’autonomie d’emploi, indispensable à la dissuasion, a nécessité le développe-ment de moyens spécifiques, durcis et souvent innovants, pour garantir une efficaci téopérationnelle totale. Ainsi, les contre-mesures électroniques mais aussi le système denavigation et la fonction de suivi de terrain automatique ont résulté d’études pous séesqui ont crédibilisé la composante et garanti sa fiabilité opérationnelle. Ces capacitésont naturellement été déclinées au profit des moyens assurant les missions conven-tionnelles de l’Armée de l’air (suivi de terrain du Mirage 2000D, moyens de guerreélectronique). Il en va de même des moyens de communications qui, eux aussi, ontune obligation de robustesse et de performan ce ; cela a profité également à l’amé lio-ration du niveau de l’ensemble des com munications aéronautiques.

La mission de dissuasion est également un catalyseur d’excellence descom pétences industrielles et technologiques participant à la BITD (Base indus-trielle et technologique de défense). Certains programmes majeurs développés auprofit des FAS (vecteur et effecteur) ont pu se décliner dans des systèmes duauxau profit de l’Armée de l’air. Par ailleurs, compte tenu de la nature même despro grammes engagés, certaines compétences ont dû rester strictement nationales.Ainsi, l’effort financier consacré à ces filières d’excellence a bénéficié par la suite àd’autres développements industriels d’ampleur. Sont plus particulièrement concer-nés les secteurs de la propulsion (maîtrise de la technologie statoréacteur), del’aé rodynamique (le domaine de vol allant des plus basses aux plus hautes alti-tudes), des environnements mécaniques et thermiques extrêmes des missiles super-soniques à longue portée, de la pénétration d’objectifs durcis et très défendus ouencore le durcissement des électroniques vis-à-vis d’agressions nucléaires.

Un pôle d’excellence nucléaire reconnu

dont le caractère prioritaire doit toujours être préservé

Le processus de certification nucléaire de nos nouveaux systèmes nucléairesmilitaires (Rafale/missile ASMPA) s’est appuyé sur un savoir-faire unique et a étécouronné de succès. La modernisation des forces aériennes stratégiques a mis enexergue, une fois encore, la maîtrise nucléaire du personnel de l’Armée de l’air etle maintien de ses compétences en la matière. Ce savoir-faire, en matière demis sion nucléaire aéroportée, est assez rare et reconnu.

Il convient de souligner que toute perte de compétence dans le domainetrès spécifique du nucléaire porte immédiatement atteinte à la crédibilité de l’outilet nécessite des mesures de grande ampleur pour reconstruire ces savoir-faire. Unde nos alliés en a fait l’amère expérience lorsque, sous la pression des engagementsextérieurs des vingt dernières années, ses unités délaissèrent la préparation opéra-tionnelle à la mission nucléaire au profit de leur mission conventionnelle. L’Arméede l’air française affirme de son côté la préservation absolue de la priorité à lamis sion de la dissuasion nucléaire.

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Composante nucléaire aéroportée :une dynamique d’excellence

Des aptitudes indéniables aux missions conventionnelles

dans la limite offerte par le contrat de dissuasion

Pour autant, les équipages des forces aériennes stratégiques ne sont pas stric-tement cantonnés dans la mission nucléaire. Si celle-ci demeure le fondement de lapréparation opérationnelle, l’emploi des équipages dans une autre mission est faci-lité par la polyvalence de l’avion et offre au chef militaire une diversification descapacités dans le domaine conventionnel. C’est aussi le cas pour la flotte d’avionsravitailleurs qui fournit tous les jours, et sous toutes les latitudes, un soutien auxavions de combat français voire alliés. Demain, avec la mise en service du MRTT(Multi Role Tanker Transport), cette capacité sera encore améliorée.

Les Forces aériennes stratégiques savent contribuer à la réalisation decontrats conventionnels de l’Armée de l’air en fournissant un vivier d’équipagesd’une qualité rare participant à la mise en œuvre de la puissance aérienne en opé-rations. Cette utilisation de moyens humains et matériels dédiés à la mission dedissuasion nécessite un choix spécifique au regard de l’appréciation de la situationgéopolitique du moment qui est faite par l’autorité politique. Elle ne peut êtreenvisagée de manière systématique.

L’analyse des derniers conflits montre que, lorsque cela est possible et dansla limite offerte par le contrat de dissuasion, les forces aériennes stratégiques sontparfaitement adaptées pour participer, dès les premières heures et dans la durée,aux missions conventionnelles. Elles permettent ainsi à l’ensemble des acteurs del’opération de bénéficier de leurs remarquables expertises tactiques et techniquesacquises grâce à leur préparation initialement dévolue à la mission nucléaire.

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L’Armée de l’air et la sécurité nationale

État-major de l’Armée de l’air.

EMAA

La légitimité de l’État dépend, entre autres, de sa capacité à assurer la sécuri téde nos concitoyens, tant sur le territoire national qu’à l’extérieur de nos fron-tières. On constate cependant que les moyens dont dispose l’État pour

répondre à cette exigence sont de plus en plus limités, que la frontière entre ladéfense et la sécurité est de moins en moins marquée et que de nouveaux acteurs(collectivités locales, ONG…) qui ne sont pas directement sous l’autorité de l’É tat,jouent un rôle croissant. Il s’agit là de facteurs poussant à un rapprochement de cesdeux champs autrefois bien compartimentés.

D’un point de vue technique, les grandes fonctions qui sous-tendent lasécurité et la défense nationale présentent de remarquables similitudes : dans cesdeux contextes, il s’agit d’apprécier la menace ou le risque, d’avoir l’intelligence desituation, d’évaluer toutes les options d’intervention, de planifier et de coordonnerdes moyens ou encore de mesurer les effets obtenus, ceci au moyen de systèmesd’information et de communication et généralement sous la pression de l’urgence.Certes, les contraintes liées à l’environnement peuvent être différentes mais il fau-dra toujours chercher à sauvegarder des vies ou à poursuivre une mission complexedans un souci d’économie de moyens.

Transposée dans un contexte de sécurité nationale, l’arme aérienne saitapporter une contribution efficace et adaptée. Elle peut, en outre, proposer des ini-tiatives concrètes d’optimisation des capacités interministérielles, dont la mise enœuvre peut être très rapide et les effets s’inscrire dans des perspectives de court,moyen et long terme.

Court terme : optimisation des moyens de l’État

L’Armée de l’air assure déjà au quotidien les missions de Police du ciel,d’as sistance en vol des aéronefs en panne ou égarés, ainsi que de recherche et de sau-vetage suite à un accident aérien. Elle couvre régulièrement d’une bulle de pro tec-tion les sommets de chefs d’États, les rassemblements importants de per sonnes(cérémonies du débarquement…). Au service de la lutte contre la criminalitéorga nisée, elle est en mesure de participer à la recherche et la poursuite des aéronefs

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utilisés pour les trafics illicites. Experte de la 3e dimension, elle dispose d’outils et decompétences lui permettant de gérer, depuis des centres fixes ou mobiles, la coordi-nation d’une activité aérienne civilo-militaire en situation d’urgence.

S’appuyant sur ces compétences disponibles et plus particulièrement sur leprocessus de décision de la défense aérienne, rattachant directement le Premierministre aux moyens de protection de l’espace aérien national et de ses appro-ches (satellites, radars, avions d’interception, hélicoptères…), les centres deCommandement et de contrôle (C2) de l’Armée de l’air pourraient servir d’épinedorsale à un dispositif plus large de gestion de crise, en agrégeant des cellules inter-ministérielles de crise.

De plus, pour accroître l’efficacité des secours, le recours aux moyens duministère de la Défense peut être systématisé. Les drones, conçus pour surveiller delarges zones sur de longues périodes, sont en mesure d’apporter une aide précieu seà des autorités civiles pour l’évaluation permanente de la situation, la coordinationdes moyens ou le relais des communications. Les avions de reconnaissance, quiappuient déjà la Gendarmerie dans la lutte contre le grand banditisme, présententaussi de belles perspectives. Les capacités de transport aérien militaire (avions, héli-coptères) disposent enfin de la réactivité et de la souplesse d’emploi autorisant leurréquisition rapide en gestion de crise.

Cet emploi partagé des moyens de l’État peut aboutir à la condition que lesadministrations connaissent mieux les capacités militaires d’intervention. Il fautdonc encourager la pratique régulière d’exercices interministériels, à l’instar desexercices de sécurité nucléaire (niveau local, départemental, national). En effet, larésilience de l’État s’inscrit dans une logique de préparation continue et systéma-tique pour lesquels la défense peut aider les pouvoirs publics en s’appuyant sur samaîtrise des processus de planification.

Par ailleurs, le maillage des bases aériennes représente un atout essentiel. Iloffre d’abord aux pouvoirs publics des points d’appui sanctuarisés, naturellementouverts à l’action interministérielle (capacité d’accueil, plateformes aéroportuaires,détection radar, réservoir de forces, relais de communication, soins et secours…).Ensuite, ce réseau peut être immédiatement mis au service de l’État en cas de pertedes moyens aéroportuaires et de contrôle aérien civils (défaillance technique globa le,cyber-attaques massives…) et permettre d’assurer, en sécurité, des acheminementscritiques (évacuations médicales, transports d’autorités, rapatriements…).

Moyen terme : de nouveaux horizons

Le phénomène de mondialisation et les évolutions technologiques ontplacé les flux des valeurs et des ressources au cœur des enjeux mondiaux. Dans ledomaine aérospatial, le transport aérien représente environ 3 % en volume ducommerce international de marchandises, mais 40 à 50 % de sa valeur. La liberté

L’Armée de l’air et la sécurité nationale

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L’Armée de l’air et la sécurité nationale

de mouvement dans ce milieu, assurée par l’ensemble des moyens de défenseaérienne et de Police du ciel, constitue déjà un véritable défi. En outre, la 3e dimen-sion permet de surveiller de vastes étendues terrestres ou maritimes où transitentles flux de ressources. Il convient donc d’envisager une nouvelle approche de lacontribution de l’arme aérienne à ces enjeux de stabilité nationale.

Dans cette perspective, une réflexion prospective sur le dispositif de pré-positionnement de nos forces s’impose. Une piste consiste à mettre sur pied unréseau de « hubs » aéroportuaires en s’appuyant sur les possibles complémentaritésqu’offrent nos alliés (britanniques, américains…), en développant des accordsdiplomatiques spécifiques ou en déployant des moyens d’escale dans le monde.

Les capacités de projection stratégique actuelles et surtout futures (A400M,MRTT pour Multi Role Tanker Transport), associées au prépositionnement demoyens aériens, permettront alors une grande réactivité face aux menaces pesantsur la sécurité de nos approvisionnements aériens, maritimes ou terrestres.

Parallèlement, les départements et collectivités d’outre-mer sont parfoissoumis à des risques naturels majeurs qui peuvent prendre des dimensionsextrêmes, dépassant la simple coordination des secours et exigeant des capacités deréponse rapides pour restaurer les fonctions vitales de l’État. S’inscrivant dans cettedémarche de projection lointaine et rapide, l’Armée de l’air pourrait ainsi apporterun soutien conséquent et organisé aux dispositifs interministériels d’assistance.

D’une façon générale, ce dispositif d’élongation à venir doit être pensé auprofit de l’État au sens large, pour offrir la capacité de transport stratégique del’Armée de l’air à l’ensemble des ministères. Le convoyage des billets de la Banquede France ou d’autres moyens étatiques sensibles vers les Dom-Com (départementset collectivités d’outre-mer) en serait une première illustration.

Long terme : construire un esprit de défense civile

Enfin, la sécurité d’un pays repose invariablement sur l’engagement de sesconcitoyens. L’éducation de la jeunesse est ainsi un élément majeur et doit fairel’objet de toutes les attentions. La promotion d’un esprit de défense civile peut dèslors s’envisager par l’intermédiaire des Écoles de la Défense.

Le modèle des Cadets de l’air qui s’engagent à servir dans la réserve encontrepartie d’une formation aéronautique, inspiré d’un équivalent britannique etmis en place dans les écoles de l’Armée de l’air, peut constituer un objectif poli-tique porteur car facteur de cohésion sociale, de rayonnement populaire et devaleurs liées à la sécurité.

De la même façon, il peut être intéressant de développer la promotion de la dimension défense et sécurité dans les parcours universitaires en général, à

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l’instar des stages proposés aux étudiants des Instituts universitaires de formationdes maîtres (IUFM) dans les écoles d’officiers. Enfin, il pourrait être proposéd’en richir l’activité des Trinômes académiques *, par une participation élargie auxacteurs de la sécurité civile.

Pour répondre à l’enjeu de sécurité nationale, l’État peut donc s’appuyersur les capacités socles de l’Armée de l’air, offrant la caractéristique d’un usage dualet interministériel : centres C2 ; réseau de bases aériennes ; capacité de surveillan cede reconnaissance ; capacité de transport stratégique ; outil de formation. Aprèsune première étape d’optimisation interministérielle de ces moyens, cette approchelaisse présager à terme de belles perspectives sur un spectre plus large de missions.

L’Armée de l’air et la sécurité nationale

* Trinômes académiques

Organisation décentralisée rassemblant l’Éducation nationale, le Défense et l’Institut des hautes études de défensenationale (IHEDN) sur le thème de la sécurité.

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RDN

Les Cahiers de la Revue Défense Nationale

La capacité à agir vite et loin

à travers 3 engagements récents

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De l’Afghanistan au Mali : le modèle afghan 10 ans après,

une pertinence intacte

Colonel de l’Armée de l’air, ancien commandant de l’esca-dron de transport 1/61 Touraine, diplômé de l’Air Commandand Staff College et de la School of Advanced Air and SpaceStudies.

Géraud Laborie

Le 10 novembre 2001, les forces de l’Alliance du Nord capturaient Mazar-e-Charif, précipitant ainsi la chute du régime des taliban un moisplus tard. À l’occasion de cette première victoire importante depuis le

déclenchement de l’opération Enduring Freedom, le monde entier découvrait lesimages de combattants occidentaux à cheval au sein de la cavalerie du généralDostum. Ce témoignage de l’implication de forces spéciales aux côtés de l’Alliancedu Nord soutenue par la puissance aérienne de la coalition allait donner naissanceun an plus tard au concept de « modèle afghan », théorisé et popularisé par StephenBiddle, chercheur de l’US Army War College. Dix ans après sa naissance, quel estl’héritage du modèle afghan ? A-t-il été appliqué sur d’autres théâtres d’opération ?Est-il toujours pertinent dans le cadre des opérations au Mali ou de futurs conflits ?

Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de revenir sur la genèse dumodèle et sur sa première utilisation en Afghanistan, pour en comprendre lesgrands principes. L’étude des conflits récents montre que le modèle a également étéemployé dans le nord de l’Irak lors de l’opération Iraki Freedom en 2003, avant derefaire son apparition en Libye durant l’opération Unified Protector. Ces troisexemples permettent d’en définir précisément les caractéristiques, avantages etlimitations. Ils confirment que le modèle afghan est un outil stratégique à domi-nante aérienne qui reste tout à fait pertinent, à la valeur coercitive élevée quand ilest employé dans les bonnes conditions. Il nécessite d’être pleinement reconnu etintégré dans la palette d’options stratégiques que permettent nos armées.

Naissance d’un concept : Afghanistan, octobre 2001-mars 2002

La genèse du concept de modèle afghan date des premières semaines de l’opé-ration Enduring Freedom (OEF ). Suite aux attaques du 11 septembre, le NationalSecurity Council propose au président Bush deux options concernant l’Afghanistan.

Les Cahiers de la Revue Défense Nationale

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La première, fruit des travaux du Joint Chiefs of Staff, privilégie une approche conven-tionnelle nécessitant le déploiement de cinq divisions sur plu sieurs mois avant dedébuter l’attaque contre le régime taliban. La seconde, présentée par la CIA, prédit lachute du régime grâce aux effets conjugués de la puissance aérien ne américaine, deforces spéciales et d’alliés afghans. Ce plan sus cite le rejet des militaires du Pentagone.Il renvoie aux expériences peu convaincantes en la matière durant la guerre duVietnam, lorsque les forces spéciales alliées aux tribus montagnardes tentèrent sanssuccès d’endiguer le flot d’hommes et de matériels transitant par la piste Ho ChiMinh. Dans le cas de l’Afghanistan, il recueille pourtant toute l’attention du secré-taire d’État à la Défense Donald Rumsfeld, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord il permet une riposte rapide, conforme aux attentes de laMaison-Blanche et de la population américaine traumatisée par l’am pleur desattaques terroristes. L’Afghanistan, isolé, sans accès maritime, se prête mal audéploiement massif de troupes nécessitant la négociation d’accords de transit et destationnement avec les pays limitrophes. L’invasion soviétique de décembre 1979,partie de ses républiques d’Asie centrale, ne souffrait pas d’une telle limitation. Leplan de la CIA s’appuie ensuite sur une puissance aérienne dont la létalité et la pré-cision sont sans commu ne mesure par rapport au Vietnam. L’emploi de l’armeaérienne, en combinaison avec des forces spéciales équipées de désignateurs laserportables et capables de fournir des coordonnées GPS précises, offre des possibili-tés nouvelles encore largement sous-estimées en 2001. Donald Rumsfeld les acependant entrevues. Il a débuté une profonde réforme de l’outil militaire améri-cain, jugé trop lourd et ne tirant pas assez les bénéfices de sa supériorité technolo-gique (1). Le concept « Shock and Awe », développé en 1996 par des chercheurs dela National Defense University, a attiré l’attention du secrétaire à la Défense : unecombinaison de vitesse, précision et puissance de feu qui paralyse l’ad versaire avecun minimum de forces (2). Il peut trouver en Afghanistan sa pre miè re applicationgrandeur nature mais avec un segment sol limi té aux forces spéciales.

Le plan de la CIA est donc finalement retenu, principalement du fait descontraintes géographiques et diplomatiques d’accès à l’Afghanistan, et de la néces-sité politique d’agir vite. La CIA peut également s’appuyer sur des relations solidesavec l’Alliance du Nord, établies dans les mois qui précèdent le 11 septembre. Lasuite est connue : la campagne aérienne débute le 7 octobre par l’attaque du réseaude défense aérienne rudimentaire des taliban et de leur infrastructure de com man-dement et de contrôle (C2). Le 15 octobre, les forces spéciales américaines ontrejoint les troupes de l’Alliance du Nord et préparent l’offensive contre les princi-paux bastions taliban, en particulier Mazar-e-Charif. Sans véhicules, elles ontrecours au mode de locomotion le mieux adapté aux pistes étroites des montagnes

De l’Afghanistan au Mali : le modèle afghan 10 ans après, une pertinence intacte

(1) Robert Kagan : Finding the Target: the transformation of American military policy ; New York, Encounter Books, 2006 ;p. 293.(2) Harlan K. Ullman et James P. Wade : Shock and Awe: Achieving rapid dominance ; Washington, National DefenseUniversity Institute of National Security Strategy, 1996 ; p. xxiv-xxvi.

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De l’Afghanistan au Mali : le modèle afghan 10 ans après, une pertinence intacte

afghanes : le poney. Les positions retranchées défendant la ville tombent les unesaprès les autres face à l’action combinée de l’aviation de la coalition et des com bat-tants du général Dostum. La chute de Mazar-e-Charif le 10 novembre marque ledébut de la fin pour le régime taliban, qui abandonne son dernier bastion deKandahar le 6 décembre, après seulement 60 jours de campagne.

En novembre 2002, le premier article de fond sur le nouveau « modèleafghan » paraît sous la plume de Stephen Biddle. Cet auteur en fixe les principalescaractéristiques, les avantages mais aussi les limitations, démontrées dans les premiers mois de 2002. En effet, l’emploi d’alliés afghans pour « finir le travail »et liquider les combattants d’Al-Qaïda retranchés à Tora Bora ou dans la vallée deShah-e-Khot (opération Anaconda) ne rencontre pas le succès escompté. Dans lesecond cas, la faible motivation des combattants afghans censés débusquer et refou-ler l’ennemi hors de la vallée conduit à leur repli dès les premières difficultés, laissant les troupes américaines affronter seules un ennemi déterminé.

Application au Kurdistan irakien : mars-avril 2003

Si les premiers mois d’Enduring Freedom sont relativement bien documentésen France, l’utilisation du modèle afghan dans le nord de l’Irak au printemps 2003l’est beaucoup moins. Là aussi, ce sont les conditions géographiques et l’environne-ment diplomatiques qui vont obliger le Pentagone à reproduire le mode opératoireafghan. La planification réalisée par l’US Central Command (CENTCOM) pour lachute de Saddam Hussein prévoyait le déploiement depuis la Turquie de la4th Infantry Division (4 ID) dans le nord de l’Irak. À la mi-mars, malgré une intenseactivité diplomatique, le CENTCOM finit par se rendre à l’évidence que la Turquiene se joindra pas à la coalition et n’autorisera pas l’ouverture d’un front nord depuissa frontière. En désespoir de cause, le général Tommy Franks décide de recourir à desforces spéciales pour fixer les 13 divisions irakiennes positionnées par SaddamHussein pour couvrir sa frontière Nord. Pour le CENTCOM le danger est de voir cesdivisions redéployées au Sud face au Koweït quand le dictateur irakien aura comprisque la menace venant de la Turquie s’est dissipée. Le CENTCOM décide donc d’engager 48 équipes de 12 hommes des 3rd et 10th Special Forces Group, soutenuespar la puissance aérienne de la coalition et infiltrées auprès des Peshmergas kurdes,pour tenter de remplacer le rôle initialement réservé à la 4 ID.

La tâche est ardue : les 50 000 à 70 000 miliciens kurdes sont courageux etmotivés mais ne possèdent aucun matériel lourd. Leur aptitude à l’offensive estinexistante. Leur tactique de prédilection consiste à monter des attaques frontalescoûteuses contre les positions des 70 000 à 110 000 hommes des forces régulièresirakiennes et des 20 000 soldats de la Garde républicaine. Les forces spéciales amé-ricaines qui constituent la Joint Special Operations Task Force-North (JSOTF-N)sont infiltrées par la voie des airs le 23 mars sans leurs véhicules et leurs équipe-ments de communication, bloqués en Turquie. Le guidage des frappes se fera donc

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essentiellement par radio, sans liaison de données. Le soutien aérien n’est égale-ment pas à la hauteur de l’Afghanistan : les moyens aériens de la coalition sontbasés dans le golfe Arabo-Persique, loin du nord de l’Irak. Sans les bases prévues enTurquie, seule l’aéronavale des porte-avions en Méditerranée peut être utilisée maiselle est également loin et limitée en capacités.

Les forces spéciales américaines vont pourtant atteindre les trois objectifsqui leur étaient donnés : fixer la plus grosse partie des divisions irakiennes sur laligne verte (la frontière entre le Kurdistan irakien et le reste de l’Irak), détruire lescamps d’entraînement du groupe terroriste Ansar al-Islam et stabiliser les villes deMosul et Kirkuk. Réparties le long de la ligne verte, en groupes composés d’uneéquipe de 12 hommes et d’un Combat controller de l’US Air Force rattachés à uneunité de 100 à 300 Peshmergas, les forces spéciales utilisent les connaissances duterrain et le renseignement des alliés kurdes pour diriger les feux de l’aviation surles unités irakiennes. Durant les 16 jours d’opérations, jamais les troupes deSaddam Hussein ne réussissent à trouver la parade. La puissance aérienne dirigéeefficacement par les Combat controllers va parvenir à compenser l’infériorité numé-rique, matérielle et tactique des alliés kurdes.

Néanmoins, les succès de la JSOTF-N sont parfois obtenus de justesse ouau prix de dommages collatéraux. Ainsi lors des combats de la passe de Debecka,deux équipes américaines et leurs alliés échappent de peu à l’annihilation face à unecom pagnie motorisée irakienne renforcée par de nombreux blindés. Gênée par lemauvais temps, l’action des bombardiers américains conduit à la perte de17 com battants kurdes frappés par erreur par un chasseur F-14D. Les forces spé-ciales ne doivent leur survie qu’à l’emploi de missiles antichar Javelin pour repous-ser les blindés ennemis. Heureusement, l’amélioration météo du lendemain permetde venir à bout de la colonne irakienne. La JSOTF-N affronte également une autredif ficulté majeure : le manque de capacité ISR (Intelligence, Surveillance andReconnaissance) dédiée à son activité, la priorité étant réservée à la couverture del’avance américaine par le sud. La coalition va ainsi perdre la trace de la divisiond’éli te Nabuchodonosor, qui réussira à se redéployer au centre de l’Irak pour faireface à l’attaque par la trouée de Karbala.

Le modèle afghan n’est donc pas sans risques. Même si son utilisation dansle Nord de l’Irak peut être justement qualifiée de succès pour la coalition, ellerévè le également ses limites, liées en particulier à des moyens aériens limités.

Le modèle afghan, antidote à l’enlisement en Libye

Comme le montre l’exemple irakien, le rôle de catalyseur de la puissanceaérienne joué par les forces spéciales nécessite une importante présence au sol pourêtre efficace. La JSOTF-N incluait pas moins de 600 hommes aux côtés desPeshmergas kurdes. Une opération d’une telle ampleur n’est pas à la portée des seuls

De l’Afghanistan au Mali : le modèle afghan 10 ans après, une pertinence intacte

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(3) Jean-Christophe Notin : La vérité sur notre guerre en Libye ; Paris, Fayard, 2012 ; p. 471.(4) Philippe Gros : « De Odyssey Dawn à Unified Protector : bilan transitoire, perspectives et premiers enseignements del’engagement en Libye » in Fondation pour la recherche stratégique, note n° 04/11, avril 2011 ; p. 18.

services d’action clandestine, aux effectifs bien moins conséquents. Or le recours àdes forces spéciales à statut militaire, trop nombreuses pour rester invisibles, avecles risques de perte associées, n’est pas anodin sur le plan politique. Leur acti-vi té nécessite un certain niveau de reconnaissance par leur gouvernement.

Si ce point ne posait pas de difficultés particulières pour la Maison-Blanchedans le cas de l’Afghanistan ou de l’Irak, il se révèle beaucoup plus problématiquepour la France ou la Grande-Bretagne lors de l’opération Unified Protector (OUP).En effet, la résolution 1971 du Conseil de sécurité des Nations unies autorise lamise en œuvre de « toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations etzones civiles menacées d’attaques en Jamahiriya arabe libyenne, y comprisBenghazi, tout en excluant le déploiement d’une force d’occupation étrangère sousquelque forme que ce soit ». La nature des mesures nécessaires étant laissée àl’ap préciation des membres de la coalition, le terme reste suffisamment ambigupour permettre un soutien actif à l’opposition libyenne. Néanmoins, l’exclusion detroupes au sol fait reposer ce soutien sur les seuls moyens aériens et maritimes, laissant peu de possibilité de coordination étroite avec l’action des insurgés.

L’emploi de forces spéciales se limite donc officiellement dans les premièressemaines au rôle de conseillers auprès du CNT. Pourtant, on retrouve des forces spé-ciales qataries, émiraties mais aussi françaises et britanniques aux côtés des insurgéslors de la chute de Tripoli à la fin du mois d’août. Leur rôle est alors symptomatiqued’un recours au modèle afghan dans lequel, comme le décrit Jean-Christophe Notin,« la chaîne mise en place par le Cos [Commandement des opérations spéciales] flui-difie considérablement le processus observation-destruction » (3). Pourquoi ce chan-gement ? Est-il le fruit d’une stratégie délibérée de la coalition mise en place dès ledébut d’Unified Protector ou le résultat d’une adaptation à la situation ? Les premièresétudes de la campagne contre Kadhafi laissent plutôt pencher pour la deuxième rai-son. Une fois le coup d’arrêt porté aux forces loyalistes dans leur offensive surBenghazi, la coalition fait face à un risque d’enlisement, perceptible dès la fin du moisd’avril. L’étude de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), conduite à cettepériode, pointe déjà les limitations de l’insurrection, incapable à elle seule de forcerl’ennemi à se concentrer et manœuvrer pour offrir une cible plus vulnérable à la puis-sance aérienne. Elle pro pose également le déploiement de Tactical Air Control Parties(TACP) des forces spéciales pour augmenter l’efficacité des frappes aériennes (4). Faceau peu d’évolution des fronts de Brega et Misrata, le recours au modèle afghan estdonc une évidence qui va s’imposer également au pouvoir politique des États les plusrésolus de la coa lition. Il est symptomatique de constater que malgré les assauts deshélicoptères et des chasseurs bombardiers pour débloquer les verrous des villescôtières, c’est du Djebel Nefoussa que vient le salut pour l’insurrection, une zone où

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les forces spé ciales occidentales et arabes sont particulièrement actives depuis le printemps 2011. Leur rôle aux côtés des insurgés berbères balaye un large spectred’em ploi, comme l’explique une étude du Royal United Services Institute (RUSI) (5) :fourniture d’armes et de matériel par voie terrestre et aérienne, formation et entraî-nement des insurgés pour les préparer à l’assaut sur Tripoli, intégration de l’offensiveterrestre avec la campagne aérienne de l’Otan, renseignement et guidage des frappeslors des combats.

Face au risque d’enlisement, la coalition a donc recours à l’escalade vers unmodèle afghan dans l’emploi de ses forces spéciales, afin de pallier l’adaptation desforces pro-Kadhafi aux modes d’action d’une campagne aérienne pas assez intégréeà l’action des insurgés. L’exemple libyen confirme donc la pertinence intacte dumodèle afghan dix ans après son apparition. Il révèle également un des paradoxesde la puissance aérienne dans le cas de l’OUP : elle satisfait le niveau politique enpermettant de marquer et concrétiser sa détermination dès les premières heures desopérations, sans engagement au sol. Néanmoins elle n’est réellement efficace auplan militaire qu’en intégrant un segment sol capable de catalyser ses effets pouraider l’insurrection à remporter la décision.

Le modèle afghan à la loupe – forces et faiblesses

Les exemples de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye, permettent de défi-nir les principales caractéristiques du modèle et d’en explorer les avantages et leslimitations. Le modèle peut se résumer simplement au triptyque suivant : puis-san ce aérienne et forces spéciales utilisées en partenariat avec des forces indigènespour la conduite d’opérations aéroterrestres. Les forces spéciales agissent principa-lement en catalyseur de la puissance aérienne, ce qui permet aux partenaires locauxde l’emporter malgré une infériorité numérique ou matérielle. Ainsi, lors de labataille pour Mazar-e-Charif, l’Alliance du Nord a pu l’emporter avec2 000 hommes face à 5 000 combattants taliban bien retranchés et mieux équipés.Les forces spéciales peuvent également assurer plusieurs fonctions au-delà du gui-dage des frappes : formation, encadrement, conseil technique et renseignement auprofit du commandement indigène. En terme de ciblage, c’est le concept de fullspectrum targeting qui est le mieux adapté pour capturer l’ensemble des effets ren-dus possibles par le modèle : les moyens aériens létaux guidés par les forces spé-ciales frappent les forces adverses, les moyens non létaux renseignent, ravitaillenten armes ou en vivres. Le moral, les capacités militaires, la population qui soutientles alliés locaux sont la cible à préserver tout comme le moral, les capacités decom mandement et de contrôle, les capacités militaires de l’ennemi sont la cible àdétruire. L’impact psychologique de l’arme aérienne sur l’adversaire est d’autant

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(5) Royal United Services Institute : « Accidental Heroes: Britain, France and the Libya Operation » in Interim RUSICampaign Report, septembre 2011 ; p. 11-12.

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(6) Charles J. Dunlap : Shortchanging the Joint Fight? An airman’s Assessment of FM 3-24 and the case for developing trulyjoint COIN doctrine ; Maxwell AFB, Air University Monograph, 2007 ; p. 41.(7) Voir les réactions suite à la perte d’un chasseur turque : « Syria’s downing of Turkish jet demonstrates sophisticated airdefense » in Seattle Times, 27 juin 2012 (www.seattletimes.com/html/nationworld/218535968_Syria27.html).(8) Benjamin S. Lambeth : Air Power against Terror: America’s conduct of Operation Enduring Freedom ; Santa Monica,RAND, 2005 ; p. 352. (9) Stephen Biddle : « Afghanistan and the Future of Warfare: Implications for Army and Defense Policy » ; Carlisle Barracks,US Army War College Strategic Studies Institute, novembre 2002 ; p. 37.

plus fort qu’il est incapable d’en contrer les effets, comme l’attestent les témoi-gnages de prisonniers taliban capturés lors de l’OEF (6).

Plusieurs conditions sont nécessaires pour que le modèle afghan fonctionne.Elles affectent ses trois composantes et en déterminent ses limitations.

En termes de puissance aérienne, les succès en Afghanistan, Irak et Libyene doivent pas faire oublier que le pré-requis indispensable à toute velléité d’appli-cation du modèle est l’acquisition et le maintien de la supériorité aérienne. Ce pré-requis peut nécessiter une campagne longue et coûteuse, rédhibitoire contre unennemi à la défense antiaérienne robuste. Les débats rapportés par les médias surune possible intervention militaire en Syrie sont un bon exemple (7). Sans supério-rité aérienne, le modèle est tout simplement inapplicable. Une fois celle-ci acqui se,rien n’est encore gagné. Les alliés locaux et les forces spéciales restent particulière-ment vulnérables face aux troupes ennemies supérieures en nombre et équipement,comme démontré lors de la bataille de Debecka (cf. supra). Il faut donc pouvoircompenser cette infériorité par un soutien aérien sans faille. Des capacités ISR àhaute endurance sont nécessaires pour éviter toute mauvaise surprise, d’où unecampagne dont la composante aérienne ultra-sophistiquée contraste souvent avecla rusticité des troupes au sol. Ainsi, selon une étude de la RAND, les premiers moisde l’OEP ont été bien plus gourmands en liaisons de don nées que la campagne ira-kienne plus conventionnelle de 2003 (8).

Le soutien aux forces amies requiert également un vrai savoir-faire enmatière d’appui aérien, incluant ses aspects létaux et non létaux. La précision del’armement guidé doit s’accompagner d’une létalité modulable en fonction de lafaculté d’adaptation de l’ennemi. Après avoir fait l’expérience des effets destruc-teurs de la puissance aérienne alliée sur ses colonnes motorisées très exposées,comme à Tarin Kowt le 18 novembre 2001, les taliban recourent à des positionsdéfensives très bien préparées et camouflées, que les JDAM (Joint Direct AttackMunition) de 2 000 lbs (environ 900 kg) ne parviennent pas à réduire totalement.Ainsi, lors de l’opération Anaconda en mars 2002, les forces américaines hélipor-tées sur l’objectif Ginger restent constamment prises à partie par les militantsd’Al- Qaïda très bien retranchés dans des positions qui résistent à plusieurs frappesconsécutives (9). L’OUP confirme également ce besoin de disposer d’une vastepalet te d’armement couvrant tout le spectre d’effets destructeurs. Dans le caslibyen ce sont des munitions à effet limité qui manquaient, comme l’a démontré

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le recours à des bombes inertes guidées laser pour frapper sans dommages collaté-raux l’ennemi disséminé dans un environnement urbain très dense. La Royal AirForce va également avoir recours de façon intensive à ses munitions Brimstone, trèsbien adaptées, au point de quasiment épuiser son stock (10).

Dans la catégorie des moyens non létaux, le besoin de disposer d’une solideaviation de transport tactique est nécessaire, afin d’être capable d’infiltrer les forcesspéciales, de les ravitailler et de fournir éventuellement de l’équipement aux alliésindigènes, comme démontré en Libye dans le Djebel Nefoussa. Des moyens d’aéro-largage de précision peuvent pallier l’absence de terrains d’atterrissage sécurisés etl’isolement des troupes amies (11). Il faut évidemment rajouter à tout cela les moyensinhérents à toute campagne aérienne : commandement et contrôle, ravitaillement envol, recherche et sauvetage au combat… On l’aura compris, c’est l’ensemble desmodes d’action aériens qu’il faut maîtriser, ce qui limite de facto le nombre d’arméescapables d’appliquer le modèle afghan de façon autonome, ou tout du moins d’ycontribuer de façon décisive au sein d’une coalition. L’important dispositif aériennécessaire peut vite limiter l’attrait d’un modèle qui paraît pourtant si peu gourmanden moyens humains et matériels dans son segment terrestre. Le travail en coalitionpermet évidemment de compenser certaines lacunes.

En termes de segment sol, les forces spéciales doivent évidemment maîtri-ser toutes les techniques et procédures d’appui aérien. Leur rôle dépasse cependantlargement le simple guidage de frappes. L’opération Anaconda a démontré leslimites des capacités ISR aéroportées : malgré un mois d’observation intensived’une zone d’opération couvrant seulement 100 km2, la moitié des positions enne-mies avaient échappé à la détection avant le déclenchement de l’opération. Il fautdonc recourir à des forces au contact pour pallier ces limitations quand la géogra-phie des lieux est défavorable. C’est le cas dans l’environnement montagneux d’unegrande partie de l’Afghanistan mais également dans l’environnement urbain quicaractérise de plus en plus les zones de conflit moderne. Le rôle des forces spécialesest donc de compenser au maximum les limites des capteurs, en transmettant lerenseignement obtenu de première main ou recueilli auprès des alliés indigènes. Ilagit également à double sens, en permettant à ces alliés de bénéficier des informa-tions recueillies par les capteurs aéroportés. Les premières études de l’OUP fontclairement apparaître l’emploi de forces spéciales occidentales dans ce rôle lors del’avance rebelle sur Tripoli (12).

L’interaction avec des alliés indigènes nécessite également l’entretien de linguistes et d’experts régionaux au sein des forces spéciales, capables d’interagirrapidement et efficacement avec les partenaires locaux. Si en Afghanistan les

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(10) RUSI : op. cit. ; p. 6. (11) RUSI : op. cit. ; p .11 ; Jean-Christophe Notin : La vérité sur notre guerre en Libye ; Fayard, 2012, p. 391-392 ; Jean-Marc Tanguy : Harmattan : Récits et révélations ; Nimrod, 2012 ; p. 51.(12) RUSI : op. cit. ; p. 12 ; Jean-Christophe Notin : op. cit. ; p. 470-471.

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(13) Jean-Christophe Notin : op. cit. ; p. 526.(14) Richard Andres, Craig Wills, Thomas E. Griffith : « Winning with Allies: the strategic value of the Afghan Model » in International Security, vol. 30, n° 3, hiver 2005/2006 ; p. 34.

équipes américaines ont pu s’appuyer sur les contacts de la CIA avec l’Alliance duNord, il a fallu plusieurs semaines aux forces spéciales arabes et occidentales pourconstruire un partenariat efficace avec des alliés libyens géographiquement disper-sés et sans commandement unifié.

L’existence de ces alliés constitue la troisième composante du modèleafghan, dont la qualité principale réside dans la disponibilité en tant qu’allié de circonstance. La présence de forces indigènes relativement crédibles politiquementet militairement est évidemment indispensable à la réussite du modèle. Le choix dece partenaire local n’est pas neutre. Dans une insurrection rassemblant différentsmouvements contre un ennemi commun, le soutien accordé à certains au détri-ment d’autres n’est pas sans arrière pensée politique pour l’organisation des rapports de force qui dicteront la future gouvernance du pays.

Dans les critères qui déterminent le choix de cet allié, le niveau de crédibi litémilitaire n’est pas forcément déterminant s’il est compensé par une forte capacité àmobiliser suffisamment de combattants potentiels. L’expérience prouve qu’il estpos sible de s’accommoder d’un très large éventail de situations. Le futur combattantn’a pas forcément besoin d’être particulièrement formé ni entraîné s’il est possible delui dispenser les rudiments nécessaires au combat dans des zones hors de portée del’ennemi. L’équipement peut également être fourni par la voie des airs si nécessaire,comme le montre le cas du Djebel Nefoussa. Une fois le com battant sur le pied deguerre, les forces spéciales dispensent leurs conseils à son encadrement, assurent lacoordination des frappes aériennes et contribuent à syn chroniser l’action des forces ausol avec le plan de campagne aérienne. Contre toute attente, le résultat est la vic toiredu pâtissier en armes sur le soldat professionnel (13).

Il est malgré tout nécessaire d’avoir bien conscience des limitations tactiquesdu partenaire indigène, pas forcément apte à comprendre et exécuter des manœuvrescomplexes face à un ennemi expérimenté. Les forces spéciales en nombre limité restent toujours vulnérables face à une brusque débandade de leurs alliés. Un pointest également capital pour la réussite du modèle : les protagonistes doivent partagerpeu ou prou les mêmes objectifs stratégiques. La chute du régime taliban lors des premières semaines d’Enduring Freedom ou celle du régime de Kadhafi offraient cettecommunauté d’intérêt nécessaire au succès commun. En revanche, les exemples deTora Bora ou de l’opération Anaconda révèlent le danger de ne pas disposer de forcesterrestres en nombre suffisant pour pallier la déficience de l’allié afghan, en l’occur-rence peu motivé par la chasse aux combattants étrangers d’Al-Qaïda, qui plus est enplein hiver, sur un terrain particulièrement montagneux (14).

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Le modèle afghan et l’opération Serval

Le 12 janvier 2013, la France déclenchait l’opération Serval au Mali, afin destopper l’offensive terroriste au Sud du fleuve Niger et d’empêcher ces mouvementsde menacer l’État malien. Après une première phase de réaction et de stabilisation,l’offensive était lancée pour reprendre la boucle du Niger puis restaurer l’intégritédu territoire malien au Nord. Les premières leçons de l’opération Serval font-ellesapparaître un recours au modèle afghan ? Force est de constater que les premièressemaines se prêtaient mal à sa mise en application, du fait de l’extrême faiblesse deforces armées maliennes, incapables de jouer le rôle de l’allié local suffisamment cré-dible sur le plan militaire. L’intervention française est justement une réponse appor-tée à cette extrême faiblesse. Les militaires français se retrouvent donc en premièreligne, aux côtés des unités maliennes qui avaient gardé une certaine cohésion et dontle moral et l’efficacité militaire se trouvent regonflés par un puissant soutien aérienet une imposante présence d’unités combattantes françaises au sol. Cette forte proportion d’unités françaises en première ligne, en particulier lors de la reprise dela boucle du Niger, ne permet pas d’appliquer le modèle afghan.

Néanmoins, le modèle a visiblement joué un rôle plus important lors del’offensive dans le massif des Adrars, en s’appliquant à un allié africain particuliè-rement crédible pour la guerre du désert : les forces tchadiennes. L’intervention destroupes du général Mahamat Idriss Deby Itno (fils du président tchadien), en particulier lors de la bataille de la vallée de l’Ametettai, incorporait un soutien del’aviation et des hélicoptères de combat français, ce qui implique la présenced’équipes de contrôleurs avancés auprès des unités tchadiennes pour coordonner etguider ces moyens aériens (15).

Le modèle afghan garde donc toute sa pertinence dans le conflit malien dèslors qu’il trouve un allié africain suffisamment capable sur le plan militaire pours’appliquer, ce qui confirme la criticité de cette condition pour sa bonne mise enœuvre. Le modèle afghan aurait été donc incapable de tenir seul le front des pre-miers jours de l’opération Serval. Néanmoins, auprès d’unités africaines capablesmilitairement, il offre un champ d’application valable.

Quelles implications pour les forces aériennes ?

Le modèle afghan est donc loin de représenter la panacée pour les conflitsmodernes. Son emploi répond à des critères précis pour avoir une chance de suc cès.Il n’est pas sans risque pour l’allié indigène, qui dépend du soutien aérien étranger,et pour le commando des forces spéciales vulnérable en cas de défection de son partenaire local. Il peut nécessiter une certaine dose de patience stratégique pour

De l’Afghanistan au Mali : le modèle afghan 10 ans après, une pertinence intacte

(15) Voir en particulier « L’armée tchadienne aux avant-postes de la guerre au Mali » in Le Monde, 4 mars 2013 ou« L’appui crucial des Tchadiens au Nord du Mali » in Le Figaro.fr, 17 mars 2013.

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(16) Liées en grande partie aux maladresses de la 101st Airborne Division déployée après la fin des combats, si l’on en croitRichard Andres : « The Afghan Model in Northern Iraq » in The Journal of Strategic Studies, vol. 29, n° 3, juin 2006 ;p. 414-417.(17) « Les limites de l’interventionnisme par délégation » in DSI n° 87, décembre 2012 ; p. 10-11.

voir ses effets se matérialiser, même si comparé à une campagne plus convention-nelle, il permet effectivement une rapidité de mise en œuvre qui s’accommode biendes qualités intrinsèques de l’arme aérienne : projection de puissance rapide,allon ge, agilité, ubiquité, puissance de feu, souplesse d’emploi. Il ne garantit pas depouvoir gagner la paix une fois la campagne terminée : le retour des taliban enAfghanistan, la détérioration de la situation au nord de l’Irak dans les mois qui ontsuivi la chute de Saddam Hussein (16), les incertitudes qui pèsent encore sur l’avenir de la Libye sont autant de raisons de rester prudent.

Néanmoins, dix ans après son apparition, le modèle afghan a confirmé soncaractère d’actualité et sa pertinence avec la Libye. Ses qualités intrinsèques de cata-lyseur de l’arme aérienne contribuent à en augmenter l’utilité stratégique. Son coûtà la fois politique et financier reste inférieur à celui d’une campagne convention-nelle. Il ne résout pas forcément les conflits à lui seul mais c’est le lot de toute inter-vention militaire, qu’elle soit conventionnelle ou non. Il peut à nouveau présenterdes opportunités d’application dans l’arc de crise, où subsistent de nombreuxrégimes totalitaires hostiles mais vulnérables face à une insurrection déterminée.C’est en tout cas l’avis des stratèges américains : le retrait d’Irak, la mort d’OussamaBen Laden et la réduction du déficit budgétaire ont conduit le président Obama àdonner de nouvelles orientations stratégiques qui tranchent avec la décennie précédente. Plus exigeants dans la nature et le lieu de leurs engagements, les États-Unis cherchent à s’appuyer sur des partenaires crédibles, dans une logique de répar-tition des tâches, en particulier lorsque leurs intérêts vitaux ne sont pas en jeu. Lemodèle afghan leur permet de s’engager a minima en tirant le meilleur parti de leursupériorité dans le domaine aérien.

Pour la France, à l’heure des choix capacitaires, force est de constater quele modèle suscite toujours la méfiance, voir le rejet. Son qualificatif d’interven-tionnisme par délégation est la preuve d’une sous-estimation de l’engagement politique et militaire qu’il nécessite. Ses limitations sont régulièrement mises enexergue au détriment de sa valeur coercitive, alors qu’il contribue justement à renforcer l’efficacité des interventions militaires lorsque la situation impose le soutien d’un partenaire local sans déploiement massif de forces au sol. Ses effetspotentiellement néfastes sur l’évolution du format des armées sont également poin-tés du doigt, comme l’explique un article récent : « ce modèle […] pourrait enoutre justifier des réductions du format des forces terrestres » (17). Cette critiquetend à faire oublier un peu vite les conditions nécessaires à l’emploi du modèleafghan, suffisamment particulières pour limiter la tentation d’en faire le moded’action systématique.

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Il serait donc préjudiciable de priver nos armées de cet outil à la valeurcoercitive démontrée, d’autant plus qu’elles disposent déjà de tous les élémentsnécessaires à sa mise en œuvre. Le maintien du savoir faire en matière d’appuiaérien, forgé en Afghanistan et démontré en Libye, d’une solide composante deforces spéciales « air » rompue à cet usage, s’intégrant dans un ensemble plus largede forces spéciales interarmées capables de former, d’entraîner et de conseiller despartenaires étrangers, doit être sanctuarisé. Il s’accompagne évidemment d’uneforce aérienne fournissant le cadre d’application du modèle, son commandementet contrôle, ses capacités ISR, ses moyens létaux et non létaux. Tous ces élémentsexistent et ont fait leur preuve. Il faut maintenant reconnaître leur caractère sym-biotique dans le cadre du modèle afghan et intégrer pleinement ce modèle dans lapalette d’options stratégiques de nos armées. Comme le résume un de ses meilleursavocats, « les futurs planificateurs doivent considérer le modèle comme un moded’action de première importance plutôt qu’une procédure d’urgence » (18).

De l’Afghanistan au Mali : le modèle afghan 10 ans après, une pertinence intacte

(18) Richard Andres, Craig Wills, Thomas E. Griffith : « Winning with Allies: the strategic value of the Afghan Model » inInternational Security, vol. 30, n° 3, hiver 2005/2006 ; p. 47.

Éléments de bibliographie

Richard Andres : « The Afghan Model in Northern Iraq » in The Journal of Strategic Studies, vol. 29, n° 3, juin 2006 ;p. 395-422.

Richard Andres, Craig Wills, Thomas E.Griffith : « Winning with Allies: the Strategic Value of the Afghan Model » in International Security, vol. 30, n° 3, hiver 2005-2006 ; 49 pages.

Stephen Biddle : « Afghanistan and the Future of Warfare: implications for Army and Defense Policy » in US Army WarCollege Strategic Studies Institute ; Carlisle Barracks, novembre 2002 ; 58 pages.

Steve Coll : Ghost Wars: the Secret History of the CIA, Afghanistan, and Bin Laden, from the Soviet Invasion to September10, 2001 ; New York, Penguin Books, 2004 ; 712 pages.

Charles J. Dunlap : Shortchanging the Joint Fight? An airman’s Assessment of FM 3-24 and the Case for Developing TrulyJoint COIN Doctrine ; Maxwell AFB, Air University Monograph, 2007 ; 112 pages.

Philippe Gros : « De Odyssey Dawn à Unified Protector : bilan transitoire, perspectives et premiers enseignements del’engagement en Libye » in Fondation pour la recherche stratégique, Note n° 04/11, avril 2011 ; 25 pages.

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Harmattan : témoignage d’un commandant

d’escadron de Rafale

Lieutenant-colonel, pilote de chasse, a commandél’Escadron de chasse 01.007 « Provence » sur Rafale dudébut d’Harmattan jusqu’au 6 septembre. ActuellementChef de la division « Retex-innovation-coordination » aubureau pilotage de l’État-major de l’Armée de l’air.

Loïc Rullière

Le 17 mars 2011, jour du déclenchement de l’opération Harmattan, a été précédé d’une période d’une quinzaine de jours, qui a permis de recueillir leséléments de renseignement nécessaires pour que le commandement puisse

prendre la décision d’assumer cette première mission.

Celle-ci a consisté en une entrée en premier : un défi que l’Armée de l’airreleva avec brio. Elle l’a assumée en toute connaissance de cause, après une analy sefondée sur ces quinze jours d’évaluation de la situation. Bien sûr, il avait étédemandé, au préalable, de disposer de retours quotidiens des analyses en cours afind’être le mieux préparé possible. Des missions de reconnaissance avaient été étu-diées. Elles n’ont finalement pas été effectuées mais cela a permis de prendre del’avance dans cette préparation.

Le 19 mars en fin de matinée, les pilotes de l’Escadron de chasse1/7 « Provence », savaient en marchant vers leurs avions que la mission était réali-sable, grâce à tout ce travail en amont. Ce fut néanmoins un moment relativementparticulier pour les équipages, puisqu’ils passaient du temps de paix au temps decrise sans aucune transition et sans préparation complémentaire. Ils ont opérédepuis leur cadre quotidien, réaffirmant ainsi la vocation de combat de la baseaérienne. Il apparaissait cependant nécessaire d’effectuer une transition psycholo-gique. Un sas a donc été créé artificiellement : la plupart du personnel engagé dansl’opération a dormi sur base la veille de la première mission ; ce qui a permis d’êtreprêt le Jour J.

Pour agir avec une telle réactivité, il convient bien sûr de bénéficier d’unepréparation opérationnelle très étendue. C’est pour cela que les équipages s’entraî-nent tout au long de l’année, pour faire face à un large panel de missions. Restaità savoir quelle serait la réaction des forces pro-Kadhafi. Il était connu que la

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mena ce aérienne se révélerait faible mais néanmoins difficile à prendre en compteen raison des règles d’engagement relativement restrictives qui avaient été fixées àl’Armée de l’air. L’inconnu portait surtout sur la position et le niveau d’engagementdes systèmes sol-air. Une fois sur place, il s’est avéré que les moyens aériens s’étaientdéplacés vers le grand sud mais que les systèmes sol-air restaient très présents etactifs, protégeant notamment les troupes qui montaient vers Benghazi. Un SA-8 *a d’ailleurs été très actif toute la journée du 19 mars puisque pendant les troisheures de créneau initial sur zone, il a tenté d’obtenir en vain une victoire facile.Ce SA-8 sera détruit quelques jours plus tard par d’autres avions de la coalition.

Harmattan : témoignage d’un commandant d’escadron de Rafale

* 9K33 Osa

Ce missile sol-air à haute mobilité et de très courte portée est de conception soviétique : son code Otan est SA-8 Gecko.

Ce premier jour, le dispositif français comptait une première patrouille dequatre Rafale, en configuration air-air, dont le but était d’asseoir la no-fly zone au sud-ouest de Benghazi et de permettre à une deuxième patrouille de Rafale, en configu-ration reconnaissance, de réaliser le recueil de renseignement sur toute la bandecôtiè re de Benghazi à Syrte. Le but était de fournir aux membres de la coalition unepremière image complète de la situation tactique sur cette bande côtière. De plus, ilfallait préparer l’arrivée d’une deuxième vague constituée de Mirage 2000D, de Rafaleet de Mirage 2000-5. C’est cette deuxième vague qui a opéré les frappes qui ontper mis de desserrer l’étau autour de Benghazi.

Ces frappes se sont révélées précises comme l’ont été toutes celles de l’opé-ration. 100 % des munitions tirées par les avions de combat français étaient desmunitions de précision. Cela a démontré un engagement d’une grande sélectivitéet une totale maîtrise des effets. Pour être sélectif, cependant, il convient de pou-voir discriminer. Pour les unités, ce fut bien là le plus important défi de cette opé-ration. L’absence de troupes au sol les privait du nœud culturel et opérationnelqu’est le JTAC (Joint Terminal Attack Controller). En cela, elles étaient très loin deleur savoir-faire déployé en Afghanistan. Elles devaient, en sus d’une campagneaérienne classique, protéger la population et pour cela, engager directement lesforces pro-Kadhafi qui la menaçaient sur le terrain, sans avoir recours aux équipesspécialisées dans les missions d’appui. Comme l’on pouvait s’y attendre, les forcespro-Kadhafi ont très vite compris et exploité ces difficultés. Elles ont abandonnéleurs moyens lourds, beaucoup trop visibles, et privilégié l’emploi de pick-up,moins « signant ». Elles ont également recherché en permanence l’imbrication laplus complète avec les forces du CNT (Conseil national de transition, c’est-à-direla coalition d’oppositions à Kadhafi) et la proximité immédiate des populationsciviles. Cela a forcément complexifié nos opérations. Leur but consistait bien sûr àcompliquer la tâche de l’Armée de l’air, à générer des difficultés d’identification et

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Harmattan : témoignage d’un commandant d’escadron de Rafale

de prise de décision et, in fine, à augmenter considérablement le risque politiquede chaque frappe, cherchant à mettre à mal la cohésion de la coalition.

Pour lutter contre cette « asymétrisation » du conflit, il a fallu mettre enplace un travail collaboratif extrêmement performant. Tous les acteurs ont travailléen réseau, reliés entre eux par des liaisons de données tactiques ou par phonie et ila fallu partager entre tous les acteurs le juste niveau d’information nécessaire pourcompléter la compréhension de la situation de chacun. Les avions de combat,drones, plates-formes ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance), AWACS etCentres de commandement n’avaient jamais travaillé avec un tel degré de synergieentre eux, ces derniers fédérant le renseignement issu de tous les capteurs sur zone.Quand l’imbrication était trop forte, c’est souvent l’analyse dans le temps long quia permis d’appréhender la réalité d’une cible. L’origine de son camp d’apparte-nan ce et la réalité d’une menace directe pour la population pouvaient ainsi êtredéterminées. Les drones ont représenté de précieux outils, travaillant en parfaitecomplémentarité avec les avions de combat.

Une des missions que j’ai effectuée en mai illustre pleinement cette utilisa-tion de l’ensemble des moyens en synergie à un point jamais rencontré sur d’autresthéâtres par le passé. Ce jour-là, nous travaillions en complète autonomie avec mapatrouille dans le Djebel Nafoussa lorsque le CAOC (Combined Air and SpaceOperations Center), via l’AWACS, nous a demandé de rejoindre et travailler avec undrone Predator très au sud de notre position. Ce drone avait remon té toute unefiliè re de ravitaillement des fronts du Djebel Nefoussa durant plus de trois heures. Ila ensuite engagé successivement trois patrouilles différentes qui, en une heure tren te,vont frapper tous les objectifs relevés pendant cette longue pério de d’analyse.

Concernant l’autorisation d’ouverture du feu, il a fallu trouver un com promisentre un processus centralisé et un processus décentralisé. Finalement, le pilotage decette délégation s’est opéré au quotidien, vers le niveau le plus bas et le plus acceptablepossible. D’un jour à l’autre, la réalité des enjeux était très différente ainsi tantôt leséquipages avaient l’autorisation, dans le cockpit, d’engager le feu, tantôt cette autori-sation était retenue à des niveaux considérablement plus élevés.

Dans un contexte d’emploi tel que celui-ci, le Rafale a représenté un outilpolyvalent qui a permis de couvrir l’ensemble du spectre des missions aériennes enune semaine et, surtout, de déployer un nombre réduit d’avions pour une diversi téde missions relativement importante. Pendant ce temps, les missions en Afghanistanétaient effectuées. L’avion a donné, dans le théâtre libyen, une belle démonstrationde sa polyvalence. Ses sous-systèmes ont également montré de remarquables qualitésde précision, performances et fiabilité.

En guise de conclusion, la Libye fut, pour les équipages, un engagement à lafois proche du standard afghan de par sa complexité mais très éloigné en réalité dufait du contexte politique, stratégique et tactique fort différent. La réalité du terrain

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était toute autre. Il a d’ailleurs fallu s’extraire du paradigme afghan, se défai re de cette culture stratégique et tactique que les passages en Afghanistan avaient légué. En Libye, les équipages ont dû se réapproprier une fonction importante qui, enAfghanistan, est donnée au JTAC, consistant en la capacité de désigner et identifierune cible. Ce fut un challenge de tous les instants. L’Afghanistan a toutefois donnécette culture de l’action sûre, qui a permis de se montrer sélectif. Une certaine cultu-re du doute a été développée ainsi qu’une relative mesure dans les effets produits.Soulignons que les équipages engagés dans ce conflit ont fait montre de beaucoupd’humilité et de retenue aussi souvent que nécessaire.

Harmattan : témoignage d’un commandant d’escadron de Rafale

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Serval : une opération emblématique

du rôle de l’Armée de l’air

État-major de l’Armée de l’air.

EMAA

Le serval est un chat sauvage de taille moyenne que l’on trouve en Afrique. Cefélin, doté de longues pattes, peut bondir instantanément sur plus de troismètres avec une précision et une force telle qu’il peut assommer voire tuer

sa proie à l’impact. Également doté de facultés auditives très performantes, tapidans la brousse, il est capable d’entendre et d’observer en toute discrétion. C’est untueur redoutable qui domine largement ses proies et dépasse les autres prédateurspar ses qualités de chasseur. On ne pouvait pas rêver nom de baptême plus adaptépour une opération où l’Armée de l’air a si bien illustré ces caractéristiques.

De fait, l’opération Serval, décidée le 11 janvier dernier par le président dela République, donne corps à un certain nombre d’options prises par l’Armée del’air et permet de les confronter avec la réalité stratégique et opérationnelle. Cetteopération met en lumière quatre capacités fondamentales intimement liées quicharpentent l’aptitude au combat de l’Armée de l’air, encadrent son développe-ment futur et lui procurent une portée stratégique qui en font le pivot de notreoutil de défense : capacité de réaction immédiate, structure de commandement etde conduite en temps réel, permanence de la surveillance et du recueil de rensei-gnement, mobilité stratégique. En outre, cette opération rappelle que le soutien denos alliés est indispensable pour intervenir hors de nos frontières.

Aptitude à intervenir sans délai

L’analyse des opérations menées au Mali permet de souligner la premièredes capacités fondamentales de l’Armée de l’air : son aptitude à intervenir sansdélai. Elle est l’essence même de l’emploi de l’arme aérienne et l’inscrit dans untempo unique. Ceci prend d’autant plus d’acuité que, dans les opérations, l’immé-diateté devient la norme du fait du raccourcissement de la boucle politique-information-opinion. Ainsi, mis en alerte à N’Djamena dès la décision prise par leprésident de la République dans la matinée du 11 janvier, les Mirage 2000D ontmené dans la nuit les premières frappes sur les objectifs adverses. De même, alors

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qu’à Saint-Dizier, l’escadron de chasse 1/7 « Provence » n’était pas en alerte ce jour-là, 36 heures après la décision du président de la République, le 13 janvier, sesRafale détruisaient en plein cœur du Mali plus de vingt objectifs avec une préci-sion métrique. D’une durée de 9h35, ce fut le plus long raid (plus de 4 000 km)jamais opéré par des chasseurs bombardiers français. En moins de trois jours, unequarantaine d’objectifs étaient traités, détruisant des moyens offensifs, des centresde commandement, des bases d’entraînement ou des bases logistiques déstructu-rant profondément les forces adverses.

Cette excellence opérationnelle n’est rendue possible que par la qualité deshommes et des femmes qui servent l’Armée de l’air et qui sont entraînés à cette réac-tivité. Elle leur permet de surmonter les obstacles qui se dressent sur leur route. Sila prouesse des équipages est de nature à frapper les esprits, il faut garder en tête quela réactivité est à la mesure du maillon le plus lent. Or, comme le 19 mars 2011(opération Harmattan), l’Armée de l’air a montré qu’elle est un outil d’une grandecohérence dont les bases aériennes sont un moyen de combat particulièrement effi-cace qui a su se conjuguer avec une implication forte des bases de défense dans leursfonctions de soutien opérationnel. Point de synthèse des chaînes de soutien, deschaînes technico-opérationnelles, les bases aériennes opèrent sous l’autorité du commandant de base vers lequel converge toute la chaîne de commandement. C’est parce qu’elles opèrent H24, que les bases aériennes de l’Armée de l’air peuventbasculer instantanément du temps de paix au temps de crise et qu’elles apportent lesoutien nécessaire aux forces aériennes projetées pour durer.

Enfin, c’est également parce que les hommes et les femmes de l’Armée del’air bénéficient d’une formation et d’une activité continue et dont le volume desentraînements et la régularité des exercices sont suffisamment élevés que les procé-dures sont rodées, les réflexes acquis et l’agilité très largement développée. Celarepose nécessairement sur une activité aérienne suffisante qui permet de mener leséquipages au degré d’expertise nécessaire pour conduire des missions opération-nelles complexes. Ainsi, forts d’un entraînement réaliste et d’une activité aériennede 180 heures par an, certains pilotes de Rafale ont effectué leur première missionde guerre lors du raid du 13 janvier. Un mode de fonctionnement cyclique quialternerait préparation opérationnelle, engagement et régénération ne permettraitpas cette réactivité. Le niveau d’activité des équipages, et à travers eux, de toutel’Armée de l’air est un gage majeur de son efficacité.

Cohérence et efficacité de ses moyens de commandement et de conduite adaptés au temps réel

Cette aptitude à intervenir sans délai dépend étroitement de la capacitéfondamentale de l’Armée de l’air à assurer la cohérence et l’efficacité de ses moyensde commandement et de conduite. Capacité d’autant plus fondamentale qu’uneopération telle que Serval engage et met en œuvre selon un cycle décisionnel très

Serval : une opération emblématique du rôle de l’Armée de l’air

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court, toutes les composantes opérationnelles de l’Armée de l’air où qu’elles setrouvent et quelle qu’en soit la nature. Pour donner une pleine efficacité à l’action aérienne et lui permettre de répondre au mieux aux ambitions de la cam-pagne interarmées, la maîtrise d’un environnement aussi complexe et réactif sup-pose donc de pouvoir s’appuyer sur une chaîne de commandement et de conduiterationnelle capable de dialoguer en temps réel avec toutes les parties prenantesautorisant à la fois la continuité de la conduite des opérations et leur planificationselon une vision globale de l’engagement.

Ainsi, les premières missions aériennes de l’opération Serval, déclenchéesdirectement par le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO),ont été programmées et conduites par le JFAC AFCO (Joint Force Air Componentde l’Afrique centrale et de l’Ouest) récemment mis en place à N’Djamena pourpiloter l’activité des moyens aériens prépositionnés en Afrique. Cette structure decommandement a grandement facilité le travail du CPCO car elle lui a permis des’appuyer d’emblée sur une structure opérative lui permettant de lancer immédia-tement la campagne aérienne et d’anticiper plus facilement les développements del’opération. La vision de la campagne aérienne est portée par le général comman-dant la composante aérienne Serval. Conseiller air du Comanfor Serval, il est res-ponsable de l’organisation de l’espace aérien de la zone d’opérations, il participe àl’allocation des moyens aériens aux objectifs de la campagne interarmées et assumela responsabilité de planifier, programmer et conduire la campagne aérienne inté-grant l’ensemble des missions aériennes. Cette architecture du commandement estd’autant plus nécessaire qu’il faut pouvoir convenablement orchestrer dans la zonedes moyens nombreux et aux missions diverses. On compte en effet près d’une cen-taine d’appareils opérant quotidiennement au-dessus du théâtre d’opération dejour comme de nuit : opérations dans la profondeur, reconnaissance, surveillance,écoute, appui feu, opérations aéroportées, transport tactique, transport stratégique,ravitaillement en vol, hélicoptères de combat ou de transport, etc.

Le rôle joué par le Centre national des opérations aériennes (CNOA) deLyon doit également être souligné. Serval a montré que l’Armée de l’air est désor-mais capable d’envisager différemment la planification et la conduite des opéra-tions aériennes. Grâce aux moyens techniques dont se dote progressivement Lyon(essentiellement SIC – Système d’information et de communication – et satelli-taires : Satcom, HF, IP, LDT, POIA) et aux compétences rassemblées sur le site (planificateurs, chefs conduite, officiers de renseignement, experts des liaisons dedonnées tactiques, experts des radio-transmissions, experts de l’informatique, etc.),les unités opérationnelles du Commandement de la défense aérienne et des opéra-tions aériennes (CDAOA) de Lyon (JFAC, CNOA, Centre de renseignement airou CRA), renforcées d’autres éléments venus de toute l’Armée de l’air, sont désor-mais capables de pleinement planifier, programmer et conduire les opérationsaériennes où qu’elles se réalisent, depuis le sol métropolitain comme depuis lethéâtre. La projection sur le théâtre de l’E-3F, les liaisons Satcom, HF et Chat

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Iridium, la mise en place d’équipements de gestion de liaison 16 (MIDS-JRE) etl’envoi possible de la vidéo de l’Harfang (FMV) en salle conduite, donnent aucentre C2 (Commandement et conduite) de Lyon les moyens de supervision tempsréel qui lui sont nécessaires pour conduire les opérations aériennes.

Il est ainsi particulièrement instructif de réaliser le défi qu’a représenté le premier raid offensif mené par quatre Rafale le 13 janvier au départ de leur base deSaint-Dizier. Il n’aurait pas pu être réalisé dans de tels délais sans un cœur opéra-tionnel tel que celui de Lyon qui en a programmé les moindres détails et en a assu réle contrôle tactique jusqu’au recueil final sur N’Djamena. Le principe de reach backpar Lyon a ainsi également démontré sa pleine efficacité dès le début de l’opéra-tion. Cette dernière continue aujourd’hui d’être contrôlée selon ces principes : laplanification de la campagne aérienne est faite depuis Lyon, la conduite depuisN’Djamena.

Enfin, pour tirer partie au maximum des qualités de l’arme aérienne quesont ses facultés d’adaptation et sa souplesse d’emploi, la chaîne de commande-ment et de conduite doit aussi avoir la capacité de procéder et d’ordonner en tempsréel à des changements d’objectifs. Ceci d’autant plus que l’adversaire fait preuved’une grande fugacité et qu’il est indispensable de réduire au maximum la boucleentre détection et frappe. Il faut pouvoir mettre en réseau les moyens ISR(Intelligence, Surveillance and Reconnaissance), les moyens de contrôle et de commandement et les moyens de combat. Sur un théâtre aux élongations sigrandes, la présence d’un AWACS est un facteur crucial. Ainsi, le 19 février 2013lorsque des éléments français en mission de reconnaissance dans le massif del’Adrar à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tessalit, ont été pris à partiepar des groupes terroristes, instantanément, une patrouille de Mirage 2000D, enmission d’appui au profit des troupes au sol dans la zone, est intervenue et a détruitdeux nids de mitrailleuses lourdes. De même, il n’est pas rare de voir le CNOAprocéder en temps réel à des changements d’objectifs au cours de missions dereconnaissance. Tout ceci n’est possible qu’à condition de s’appuyer sur des procé-dures éprouvées, des capacités techniques fiables et du personnel entraîné.

À cet égard, la manœuvre SIC fait partie intégrante de l’exercice de la puis-sance aérienne parce qu’elle suppose d’être parfaitement en phase avec les objectifsde campagne pour dimensionner convenablement la nature et les flux de donnéesqu’ils soient hertziens, satellitaires ou informatiques, qu’il s’agisse de texte,d’images, de vidéos ou de voix…

Moins visible, mais tout aussi essentielle, l’appui à la manœuvre aériennedoit également pouvoir se reposer sur une architecture de commandement tech ni co-logistique, elle aussi, en parfaite synchronisation avec les objectifs de la campagneaérienne afin d’assurer une disponibilité maximum des moyens mis en œuvre.

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Besoin de disposer en permanence d’une capacité de surveillance et de recueil de renseignement

Une troisième capacité fondamentale de l’arme aérienne découle desmoyens de surveillance et de recueil de renseignement qu’elle doit impérativementmettre en œuvre pour permettre la pleine efficacité des opérations, non seulementaériennes mais également interarmées. En effet, les appareils, les systèmes offensifs,les objectifs retenus dans chacune des zones d’engagement, la coordination tem-porelle et spatiale des moyens engagés, les liaisons nécessaires aux unités engagéesau sol comme en vol, se nourrissent aujourd’hui d’une quantité de données prove-nant de capteurs multiples allant du renseignement humain au satellite en passantpar les aéronefs et les drones. Ainsi, lors du raid du 13 janvier, la programmationdes armements, les données nécessaires à la désignation des objectifs ordonnés parle CPCO ont convergé vers l’Escadron de chasse 1/7 de Saint Dizier jusque tarddans la nuit. Elles se sont appuyées sur des dossiers d’objectifs qui ont été élaborésdans des délais très contraints.

Le dispositif s’est initialement appuyé sur un triptyque satellite–Mirage F1CR–Atlantique 2 qui a très rapidement été complété par le déploiement dedrones Harfang. En effet, le traitement des données recueillies se devait de pouvoirdépasser une simple articulation séquentielle de chacun des acteurs pour laisser placeà leur fusion dans une action en temps réel : surveillance–identification–décision–désignation–tir. Cette capacité « temps réel » est indispensable pour cetype d’opération, tant les cibles sont agiles, rapides et dispersées sur de vastesespaces. Elle est un marqueur fort de l’action aérienne. L’engagement du droneHarfang est donc venu compléter l’efficacité opérationnelle du dispositif grâce enparticulier à l’intégration de ses images dans la boucle décisionnelle. Il offre sur latotalité de la zone d’opérations 14 heures de présence continue par vol. Il permetainsi l’engagement immédiat de patrouilles de Rafale ou de Mirage 2000D, auxquelles sont transmises en vol les données indispensables au traitement descibles que les opérateurs drones identifient.

Cet engagement confirme une tendance qui s’accentue année après année etpour laquelle le drone tend à devenir un nœud central indispensable à la condui tede toute campagne aérienne. Le recours aux drones se fait en effet de plus en plusfréquemment pour vérifier avant toute frappe qu’il n’y a pas de dégâts col latérauxpossibles. Il s’agit là d’une pratique qui s’étend même à la frappe d’objectifs plani-fiés ayant fait l’objet d’une analyse amont très précise. De plus, ce théâtre est carac-térisé par ses très grandes dimensions qui réduisent le temps utile des patrouilles surzone et conduit mécaniquement à en multiplier le nombre. En l’ab sence d’AWACS,la présence de drones offre d’indispensables relais de communication qui facilitentle transfert d’informations d’une patrouille à l’autre. Cependant, la capacité dronereste notoirement insuffisante compte tenu de l’étendue de la zone à traiter et de lapermanence à y assurer. La perte de temps induite par les longs transits depuis

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Niamey pourrait être réduite si plusieurs Male (Moyenne altitude, longue endurance)pouvaient opérer de concert. La couverture de la surveillance en serait par ailleursplus large. De plus, cela permettrait de faire face à l’émergence soudaine d’un besoinnouveau tel que celui qu’a fait naître à la frontière du Nigeria et du Cameroun ladernière prise d’otage française.

La mobilité stratégique

La quatrième capacité fondamentale est la capacité de projection stratégiquedont l’importance est quotidiennement mise en lumière sur ce théâtre d’opération,grand comme l’Europe (1), et éloigné à plus de 4 000 km de la métropole. En 1946,le général Gérardot, Chef d’état-major de l’Armée de l’air, l’affirmait déjà : « l’aviationde transport est le complément indispensable à une aviation de chasse que l’on veutmobile stratégiquement ». Cette assertion appliquée à l’Armée de l’air doit bien évi-demment être étendue à l’ensemble de nos forces. Seule l’arme aérienne peut donnerà l’action de la France une véritable envergure stratégique et répondre aux grands défislogistiques et opérationnels qui se posent à elle. Les cinq premières semaines de l’opé-ration Serval, ont ainsi vu la France projeter en toute urgence plus de 19 000 tonnesde matériels sur le théâtre, soit plus que ce qu’elle a rapatrié d’Afghanistan en uneannée. L’ampleur de la manœuvre logistique ne saurait donc être mésestimée. Sil’Armée de l’air s’est aujourd’hui organisée pour projeter, de façon modulaire, descapacités de transit interarmées (APOD : Air Port of Desembarkation) et d’installationde détachements aériens, seule une vraie capacité de transport aérien stratégique permet à « l’intendance de suivre », dans des conditions aussi exigeantes, tant en termede délai que d’allonge.

De même, les misions confiées à nos avions de combat sont longues, mul-tiples et se jouent sur de très grandes distances. Elles nécessitent des capacités deravitaillement en vol importantes et ont, dès lors, conduit au déploiement sur lethéâtre de plus de la moitié de nos C135. Cette réussite ne doit pas occulter le fac-teur limitant induit par la fiabilité relative de nos tankers dont l’âge avancé, 49 ansde service, fait peser un risque permanent de rupture capacitaire, ce qui rendd’au tant plus pertinent l’arrivée, au plus tôt, du MRTT (Multi Role TankerTransport) au sein de l’Armée de l’air. De plus, il faut garder à l’esprit une règlesimple connue depuis le Kosovo et qui veut que le nombre de tankers engagésconditionne directement le nombre de sorties de nos appareils de combat. Nosdéficits en matière de ravitaillement en vol nous contraignent, comme en Libye, ànous appuyer sur des moyens américains depuis fin janvier. Cet appoint particu liè-rement appréciable ne permet cependant pas de répondre à l’ensemble de nosbesoins. Ainsi, lors de l’ac crochage du 19 février, la patrouille de Mirage 2000D adû quitter la zone avant le désengagement car le tanker n’était plus en mesure de

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(1) L’élongation à partir de N’Djamena vers le centre du Mali est équivalente à la distance Paris-Saint-Petersbourg.

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ravitailler. L’arrivée d’une patrouille en renfort depuis Bamako n’a été possiblequ’après l’arrivée d’un nouveau tanker sur son orbite, laissant nos troupes plusieursheures sans appui aérien.

L’entrée en service de l’A400M et du MRTT (un A330 modifié) changeradonc la donne, non seulement par l’accroissement significatif de la charge offertedont les armées disposeront, mais également par la rapidité de projection et parl’optimisation de la manœuvre que ces nouvelles flottes permettront.

Bamako constitue aujourd’hui un goulot d’étranglement conduisant à unralentissement des flux logistiques induits par la saturation de la plateforme et lamise en mouvement de longs et lents convois pour rejoindre les zones de combatssituées à plus de 350 kilomètres. Équipée d’A400M, le pont aérien aurait pu se faireau plus près sur les terrains de Mopti, Tombouctou ou Gao, permettant de gagnerplusieurs jours pour concentrer les forces. En outre, la présence de cet appareil auraitcontribué à simplifier la manœuvre logistique intra-théâtre aujourd’hui compliquéepar les nombreuses ruptures de charge induites sur les terrains de Bamako, Niamey,Dakar ou N’Djamena impliquant plus de 26 appareils tactiques de six nations dif-férentes. De plus, les A400M pourront faire la rotation sur le théâtre dans la jour-née, divisant par trois les délais nécessaires à cette projection. Au-delà de cette per-formance opérationnelle, ce sont également tous les moyens d’escale et les capacitésde traitement de la chaîne logistique opérationnelle qui s’en trouveront affectées etdonc les capacités de traitement de flux qui devront être adaptées.

De même, le raid du 13 janvier illustre le changement d’échelle que nousconnaîtrons. Trois C135, ont accompagné le raid des quatre Rafale, leur délivrantprès de cent tonnes de pétrole. Mais ils n’ont transporté en même temps qu’uneinfime partie du matériel et du personnel indispensables à ce dispositif pour pou-voir opérer en continu de jour comme de nuit. Dans un avenir proche, cette mêmemanœuvre pourra être exécutée avec seulement 2 MRTT qui transporteront dansle même temps l’ensemble du détachement, et 2 A400M qui transporteront surN’Djamena en six heures seulement l’ensemble du fret. Ainsi, en moins de48 heures, l’Armée de l’air sera capable de déployer à plus de 4 000 kilomètres undispositif offensif significatif.

En outre, cette opération vient également rappeler qu’à la mobilité straté-gique inter-théâtre se superposent des besoins simultanés d’appui tactique intra-théâtre. L’opération aéroportée sur Tombouctou effectuée le 29 janvier, très emblé-matique par certains aspects, illustre surtout la manière dont la projection aérien nepermet des bascules instantanées d’effort sur le théâtre en appui de la manœuvreinterarmées, contribuant directement à son accélération. La simultanéité de cesexigences de mobilité et d’appui suppose donc que le format des moyens de pro jec-tion par air ne soit pas uniquement pensé sur la base des nécessités de la projectioninter-théâtre. De plus, la dimension tactique suppose également de disposer desappareils de transport dont les caractéristiques opérationnelles doivent garantir

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l’aptitude au combat. Ainsi les capacités tactiques de l’A400M associées à l’adapta-tion militaire de sa soute lui permettent de déployer les moyens terrestres (hélico-ptères, blindés), immédiatement opérationnels dès leur déchargement, sur la zoned’engagement dans un environnement rustique.

Coopérations alliées

Cet engagement met également en lumière la dépendance dans laquellenous sommes vis-à-vis de nos alliés. Elle ne pourrait avoir lieu sans leur contribu-tion active que ce soit dans le cadre de la projection logistique inter-théâtres et intra-théâtre (25 %) qui a mobilisé sur le premier mois pas moins de 110 missions alliéesque dans les domaines ISR pour lesquels américains et britanniques ont engagé unJSTARS (Joint Surveillance Target Attack Radar System), un Predator et un SentinelR1. Ces deux derniers pays étant, avec la France, les seuls à disposer d’une capacitéà intervenir dans des délais similaires et délivrer des effets militaires aussi puissants.Le dialogue stratégique, entretenu en particulier entre nos trois armées de l’air,contribue largement à faciliter la mise en commun et l’intégration des moyens alliés.Cet aspect est par ailleurs renforcé par la crédibilité de la chaîne de commandementair mise en place. Elle offre à nos par tenaires un gage de cohérence et de sécuritéquant à l’emploi de leurs moyens que pourrait solliciter le Comanfor.

Enfin, il n’est pas inutile de souligner que simultanément à cet engagementau Mali, la mission permanente de dissuasion dévolue à l’Armée de l’air continued’être assurée sans la moindre altération, condition indispensable à la crédibilité decette fonction stratégique fondamentale pour la sécurité de notre pays. Le contrat desforces aériennes stratégiques, priorité de l’Armée de l’air, est rempli tous les jours.

De même, l’Armée de l’air maintient la Posture permanente de sûretéaérienne (PPS) pour garantir la souveraineté et la protection de l’espace aérien natio-nal, en particulier face à la menace terroriste. Cette mission est rendue d’au tant plusnécessaire que l’engagement de la France accroit significativement la menace quipèse sur le territoire national. Les moyens attribués à la permanence opérationnelleont par ailleurs été reconfigurés. Ainsi les Mirage 2000 de défense aérienne ont rem-placé les Rafale pour la mission de PPS afin de permettre aux avions les plusmodernes d’être affectés en priorité sur le théâtre africain. En effet, les qualités duRafale, déjà démontrées en Libye, font de lui un appareil parfaitement adapté auxmissions sur le continent africain. Sa polyvalence lui permet de mener à la fois desmissions de frappes aériennes mais aussi de reconnaissance. Son allonge et son auto-nomie lui garantissent de rester sur zone pendant une durée importante afin de trai-ter une cible à haute valeur ajoutée en temps réel ou d’ap porter si nécessaire unappui aux troupes engagées au sol. Enfin, la variété de ses capteurs et des armements

Serval : une opération emblématique du rôle de l’Armée de l’air

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Serval : une opération emblématique du rôle de l’Armée de l’air

qu’il est en mesure d’emporter lui octroie une puissance de feu le rendant capablede traiter de nombreux objectifs avec un maximum de précision.

En conclusion, par ses qualités propres l’Armée de l’air a contribué à don-ner un coup d’arrêt rapide et significatif au développement de l’offensive terroris teparticulièrement menaçante pour l’intégrité du Mali. Cet engagement montre unenouvelle fois que l’Armée de l’air est un outil opérationnel aujourd’hui pleinementcohérent et un acteur majeur de la stratégie militaire dont l’efficacité militairerépond aux attentes politiques.

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RDN

Les Cahiers de la Revue Défense Nationale

Les capacités socles au cœur

de sa modernisation

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Capacités C2 de l’Armée de l’air,un cœur stratégique au profit

de la défenseet de la sécurité nationale

É� tat-major de l’Arme�e de l’air.

EMAA

Un C2 robuste et crédible issu d’une longue expérience au service de la mission de sûreté aérienne

Les enseignements de la Seconde Guerre mondiale consacrent l’importan cede l’acquisition de la supériorité aérienne en préalable à toute action militaire et setraduisent pour la France et la protection de son territoire par la nécessité de bâtirune défense aérienne crédible et efficace. L’Armée de l’air acquiert progressivementles outils (radars, systèmes de communication, vecteurs) et le savoir-faire (procé-dures et compétences du personnel) qui découlent de ce besoin : établissement etappréciation de la situation aérienne générale, capacité d’identification desmenaces et guidage des intercepteurs sur les cibles potentielles.

Compte tenu de la nécessaire réactivité liée à la mission, l’unicité du com-mandement s’impose et, en 1961, l’Armée de l’air crée une structure centraliséedédiée à la défense aérienne. Ce commandement fédère l’ensemble des moyens, duréseau maillé de détection aux avions d’interception et permet de fournir en tempsréel les éléments d’ap préciation de la situation au profit du Premier ministre, auto-rité politique responsable de la défense aérienne du pays. Cette chaîne extrême-ment réactive relie le sommet de l’État au pilote dans son aéronef et assure, en touslieux et en toutes circonstances, la souveraineté de l’espace aérien national.

Aujourd’hui, le dispositif français de sûreté aérienne permet la surveillancedes quelque 11 000 mouvements aériens quotidiens et peut déclencher, soit unemission d’interception en vue d’effectuer des mesures actives de sûreté aérienne, soit une mis sion d’assistance à un aéronef en difficulté. Les événements du11 sep tembre ont souligné toute la pertinence du dispositif de sûreté aérienne misen place par la France, reconnu comme l’un des mieux adaptés pour lutter contrela menace ter ro ris te.

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Permanence, réactivité, mise en place de règles d’engagement, réussite de lamission structureront également de manière durable la culture de l’aviateur acqui seavec son expérience de la mission de sûreté aérienne.

De même, l’Armée de l’air a très tôt intégré la nouvelle dimension quel’Espace joue désormais dans le quotidien de la vie de la nation et de sa sécurité.Elle a étendu ses capacités d’évaluation de situation et de surveillance à ce nouveaudomaine et en a structuré la diffusion d’alerte relative aux menaces dont il peut êtreporteur (retombée de débris extra-atmosphériques, trajectographie des satellitesd’observation, etc.).

Développement d’un véritable savoir-faire en matière de conduite des actions aériennes d’ampleur sur les théâtres d’opérations à l’étranger

Les bouleversements géopolitiques à partir des années 1990 conduisent laFrance à intervenir de plus en plus souvent hors de ses frontières dans un cadreinterarmées et interalliés. Les missions aériennes mobilisent désormais des disposi-tifs d’aéronefs complexes par leur nombre, leur diversité et la multiplicité des effetsà obtenir sur un adversaire pensé comme un système global et présentant desvul nérabilités.

L’Armée de l’air française s’adapte à cette nouvelle donne. Forte de sacul tu re du commandement acquise grâce à la défense aérienne et s’appuyant sur unpersonnel rompu à des processus relativement proches, elle accole à sa structureexistante en métropole les compétences et outils dédiés aux opérations aériennesextérieures. Le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes(CDAOA) est créé : outre la mission de défense aérienne dont il a la charge, ce commandement entretient et développe l’expertise de l’Armée de l’air au commandement des opérations aériennes ; il forme son personnel (1), fournit lesinfrastructures d’accueil fixes ou mobiles et les processus adaptés qui permettenttoute la flexibilité nécessaire aux opérations à mener.

Ce mouvement s’inscrit en parallèle des évolutions conceptuelles et doctri-nales de l’Otan. La mise sur pied d’une force de réaction décidée au Sommet dePrague en 2002 constitue un outil puissant de développement de l’interopérabili téentre les pays membres. La crédibilité de l’Armée de l’air reconnue par l’ensemblede ses alliés, par ailleurs confortée par l’expertise technique que les industriels fran-çais ont su développer en matière de réseaux de commandement et de communi-cation, lui permet de prétendre naturellement au commandement de la Force deréaction de l’Otan (NRF). Il constitue aujourd’hui une contribution essentielle auxcapacités opérationnelles de l’Alliance.

Capacités C2 de l’Armée de l’air, un cœur stratégique au profit de la défense et de la sécurité nationale

(1) Le Centre d’analyse et de simulation pour la préparation aux opérations aériennes (CASPOA), créé en 1997, est devenu« un centre d’excellence » de l’Otan et forme, en plus du personnel français, nombre d’étrangers au commandement et à laconduite des opérations aériennes.

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Capacités C2 de l’Armée de l’air, un cœur stratégique au profit de la défense et de la sécurité nationale

(2) Missions aériennes de reconnaissance photographique au profit de dossiers d’objectifs en soutien préalable à l’interven-tion de forces de police ; surveillance de l’espace aérien autour d’installations sensibles (centrales nucléaires, sites pétrochi-miques, établissements pénitentiaires…) ; surveillance de manifestations à l’occasion d’événements de grande visibilité(sommets de chefs d’État, Jeux olympiques) ; suivi de plan de vol d’aéronefs suspectés de se livrer à des activités illicites.

Lyon, un cœur stratégique pour superviser les missions aériennes en France et à l’étranger

Ainsi, la capacité à commander et conduire les opérations aériennes (C2)s’impose comme la condition sine qua non de l’efficacité opérationnelle d’uneArmée de l’air et donne au pays qui la possède une véritable force d’influence etd’entraînement au service de la coalition mise en place pour répondre à la situa-tion de crise ou d’urgence.

Aujourd’hui, l’évolution des technologies de l’information ouvre despers pectives plus larges encore. On peut voir se dessiner, à moyen terme, denou veaux équilibres dans le commandement des opérations conjuguant encoreplus étroitement les synergies entre des moyens déployés de plus en plus légers etle centre permanent de commandement et de conduite Air (CNOA) de Lyon. Cedernier développe progressivement ses capacités de superviser, diriger et coordon-ner en permanence, et avec réactivité, l’ensemble des missions aériennes que laFrance pourrait être amenée à réaliser au-dessus ou hors de son territoire national.La maîtrise d’une capacité C2 projetable permettra par ailleurs à la France d’assu-mer son rôle de nation-cadre en coalition.

Vers une coopération élargie au profit de la sécurité nationale

Les besoins d’évaluation de la situation aérienne ont également conduit àl’ouverture à l’interministériel. De là s’est développée une coopération avec lesdouanes, l’aviation civile, la Police nationale et la Gendarmerie nationale. Des mis-sions sont régulièrement réalisées au profit de ces entités (2).

Ces exemples de coopérations fructueuses laissent entrevoir des perspec-tives qui aujourd’hui n’ont pas encore été complètement explorées. Il s’agit des’in terroger sur le potentiel que peut offrir un outil aussi performant et ouvert quece qui existe sur Lyon au profit de la sécurité nationale comprise dans son accep-tion la plus large, c’est-à-dire non limitée aux menaces militaires. Ainsi, en cas decatastrophe naturelle ou industrielle, le ministère de la Défense peut être enmesu re, sous faible préavis, de mettre à disposition d’un préfet et sous son autori té,la structure C2 de Lyon et une partie de ses ressources humaines et matérielles, afinque ce dernier puisse exercer ses responsabilités en matière d’appréciation de situa-tion et de coordination des moyens de l’État engagés dans les opérations desecours. Dans le registre de l’optimisation des moyens de l’État au quotidien, lesmissions d’entraînement des drones de l’Armée de l’air, qui offrent des capacités enmatière de surveillance, d’endurance et de discrétion, pourront être valorisées par

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le choix de zones spécifiques d’intérêt au profit d’un ministère et ce, à partir du C2de Lyon où sont programmées les missions aériennes.

Ainsi, l’optimisation de ses ressources humaines et matérielles conduitl’Armée de l’air à concentrer ses structures décisionnelles et à maintenir la décen-tralisation de ses capacités d’action : un C2 fort à Lyon s’appuyant sur un réseau debases aériennes en métropole, à l’outre-mer voire à l’étranger, points de départ detoute action aérienne. Cette nouvelle structure de C2 Air apparaît comme le cœurstratégique où pourra se construire une coopération élargie des ministères engagésdans la mission de sécurité nationale. Enfin, son ouverture à l’Europe est envisa-geable et constitue un atout supplémentaire. Elle peut contribuer au développementde capacités européennes de planification et de conduite civilo-militaires au servicede l’approche globale de réponse aux crises et situation d’urgence.

Capacités C2 de l’Armée de l’air, un cœur stratégique au profit de la défense et de la sécurité nationale

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Il n’est de Machiavel dans le droneque sa partie humaine

Lieutenant-colonel de l’Armée de l’air, breveté de l’Écolede Guerre, Commandant en second de l’Escadron dedrones 01.033 « Belfort ».

Christophe Fontaine

Note de la rédaction : cet article a été publié dans la RDN en ligne (Tribune n° 358), le 9 avril 2013.

Les drones seraient, aux dires de certains auteurs spécialistes du droit ou desconflits modernes, le nouveau danger que les populations devraientcraindre. Au-delà des questions éthiques liées à leurs utilisations et aux

aspects moraux de leurs engagements, ils pourraient représenter un grave dangers’ils tombaient dans de « mauvaises mains ». À l’inverse, l’avion serait bien plushumain et plus civilisé, et produirait moins de bavures. Et de voir proliférer uneter minologie outrancière visant à faire croire que le drone n’est qu’un robot agissant de manière automatisée, à la suite de prises de décisions mécanisées,entraînant des bavures lors d’élimination sans procès de citoyens déclarés indési-rables selon des processus ou des actions hors de tout cadre légal. Rien n’est pluséloigné de la vision française de l’emploi de ces systèmes.

Une surveillance permanente diffusée en temps réel

Aujourd’hui, la première raison d’être de l’emploi des drones n’est pas, eneffet, de délivrer un armement sur des cibles de manière « clandestine » de l’autre côtéd’une frontière. Il s’agit d’abord, et avant tout, d’essayer de pallier la faiblesse intrin-sèque de l’arme aérienne qui est de ne pouvoir occuper durablement l’espace aérienpréalablement conquis pour surveiller ce qui se passe au sol. En effet, un avion, qu’ilsoit de défense aérienne, de bombardement ou de renseignement, ne peut voler conti-nuellement. Il doit se poser pour changer de pilote car les vols de longue durée sontéprouvants pour les avions mais aussi, et surtout, pour les hommes. Ainsi, les dronessont-ils employés principalement dans des missions qui ne peuvent pas être réaliséespar les avions pilotés : la surveillance du sol grâce à des multiples capteurs (optique,radar, laser). Le drone ayant été libéré du principal handicap dans sa capacité de persistance dans l’espace aérien, c’est-à-dire l’homme à bord, il devient ainsi l’outilidéal pour permettre de ne jamais quitter des yeux une cible potentielle et sonenvi ronnement. Mais, et là est le paradoxe, l’homme reste dans la boucle décision-nelle et opérationnelle. La technologie des transmissions par satellite permet juste de

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placer en l’air en permanence une sentinelle avec des yeux électroniques et de trans-mettre en temps réel aux décideurs la nature de l’observation.

À l’issue de ce processus de surveillance, car le premier métier des dronesest bien de faire du renseignement, une frappe peut être décidée. Mais le droneMale (pour Moyenne altitude, longue endurance) n’emporte pas toujours une armecar être armé ampute sa capacité à durer sur zone ; à masse égale, plus on empor ted’armement, moins on emporte de carburant. Pour autant, le drone dans cettephase de surveillance, et éventuellement de tir, n’est pas un robot. C’est tout lecontraire. Depuis le cockpit, véritable centre nerveux de l’avion, tout un équipagehumain s’af faire. Il faut piloter l’avion, optimiser l’emploi des capteurs, analyser etrecouper les renseignements, identifier la ou les cibles, vérifier avec l’état-majorleur conformité du point de vue du droit et des objectifs de l’opération, définirl’ar mement le plus adapté à la mission. Et enfin, il faut encore que des hommesdonnent l’ordre de procéder au guidage d’une munition de précision sur la cible.Et cela se fait dans une transparence à laquelle aucun autre système d’arme n’estcontraint. En effet, toutes ces phases, du renseignement au tir, sont filmées, trans-mises aux échelons de décision en temps réel, enregistrées et stockées. Ce proces susest supervisé par des conseillers juridiques et conduit sous la direction des chefsmilitaires ou politiques. On peut ainsi très bien imaginer que des membres decommissions d’enquêtes par lementaires, pourraient consulter les enregistrementsde ces tirs afin de vérifier tous les éléments légaux de leur planification, leur réali-sation et leur déclenchement.

Quelques mots sur les principales critiques de l’emploi des drones

D’abord, la question de l’éthique et de la morale

Le fait que des pilotes soient aux commandes des drones devrait définiti-vement faire taire cette rumeur du robot tueur maraudant et assassinant sans rete-nue et de manière déshumanisée. Les drones ne sont finalement que des avionscomme les autres si ce n’est qu’ils sont pilotés depuis le sol. Même si cela est diffi-cile à imaginer, aucun système n’est plus humanisé dans sa mise en œuvre et dansle contrôle de son action, qu’un drone. Certes, l’équipage agit via un œil numé-rique et une liaison satellite, et n’est pas physiquement engagé sur le terrain. Faut- ilpour que la guerre soit éthique, si tant est qu’elle puisse l’être, revenir aux tempsanciens du duel à l’épée ou au combat à mains nues ? N’est-il pas légitime d’essayerd’agir à distance face à un adversaire qui utilise des engins explosifs improvisés oudes bombes humaines ? À toutes les phases du processus, l’homme est, et reste,dans la boucle. Jusque dans le guidage terminal de l’arme.

Quant à la décision de tuer tel ou tel, ce n’est pas le drone qui la prend, nile pilote, ni encore le chef de mission : c’est le dirigeant politique. Et c’est le même

Il n’est de Machiavel dans le droneque sa partie humaine

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Il n’est de Machiavel dans le droneque sa partie humaine

processus que l’action soit ouverte (c’est-à-dire dans le cadre d’une action légitimedu point de vue du droit) ou clandestine (c’est-à-dire que l’État s’autorise à utiliserdes moyens secrets pour obtenir des effets sur des cibles en dehors de tout cadrelégal). Hier, certains utilisaient des parapluies empoisonnés, aujourd’hui, d’autresutilisent une autre arme, les drones. Pour autant, pour que le drone vole dans unespace aérien, il faut, à moins d’être furtifs (les drones américains Predator et Reaperne le sont pas) disposer au moins de l’accord tacite de l’État survolé pour agir.Sinon, comment imaginer que des avions qui volent à peine plus vite que desavions de tourisme modernes, pourraient rester pendant des heures en toute impu-nité au-dessus d’un territoire ?

Ensuite, l’utilisation des drones serait contraire au droit

Ces derniers agiraient, voire « assassineraient », en dehors de tout cadrejuridique et légal. Si l’on admet comme postulat que les drones répondent auxmêmes règles que les autres aéronefs militaires évoluant dans un espace aérien régipar un cadre juridique défini, alors la question de la légalité de leur emploi est horssujet. Si leur emploi s’effectue à la suite d’un accord entre les deux pays, utilisateurdes drones, d’une part, et territoire survolé, d’autre part, là-encore, la question nese pose pas. L’enjeu réside en revanche bien dans l’assurance que ceux qui régissentle processus de décision et d’emploi des armes, et ceux qui sont affectés au pilota geet mettent en œuvre la politique des élus de la Nation, soient sensibilisés auxques tions d’éthique et formés aux problématiques juridiques.

En outre, la notion de contrôle parlementaire des actions des forces arméesen général, et des services spéciaux en particulier, est une vraie question pour toutedémocratie qui se respecte. C’est cela qui doit prémunir l’emploi déshumaniséd’un système d’arme. Que ce soit un drone, un tireur d’élite, une bombe guidéelaser ou par GPS, un missile de croisière, un obus de mortier ou une torpille n’estpas la question. L’outil n’est rien sans la volonté et la décision humaine.

En revanche, la question de l’introduction de l’intelligence artificielle dansdes systèmes de combat de demain pose de réelles questions sur le plan de l’éthiqueet de la morale. Mais les drones dont nous parlons et dont la France souhaite sedoter à court terme, ne rentrent pas dans cette catégorie.

Enfin, l’emploi des drones serait dangereux

Ils pourraient en effet tomber entre de mauvaises mains, voire être utiliséspar des puissances belliqueuses ou des groupes armés terroristes. La faiblesse desdrones au-delà de la vulnérabilité de leur plateforme comme évoqué supra, resteeffectivement leur dépendance aux multiples liaisons satellites. Elles sont nécessairespour les piloter à distance et pour recueillir le fruit des différents yeux et oreilles élec-troniques qu’ils emportent. Pour autant, si intercepter un drone et prendre son

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contrôle à distance reste théoriquement possible, sa réalisation pratique nécessiteune technologie complexe, ne serait-ce que parce que son cockpit, c’est-à-direl’em placement à partir duquel le pilote contrôle le système, est déporté et répond àdes standards industriels spécifiques. Et même si l’informatique a fait des progrèsqui, paradoxalement permettent aux hackers de pénétrer les réseaux, intercepter undrone, prendre son contrôle et redéfinir sa mission et sa trajectoire, relève pourl’ins tant de la science-fiction. Le faire voler alors que son propriétaire sait qu’il a étéperdu ne changerait pas pour autant les fondamentaux de la guerre aérienne. Toutobjet non identifié sera intercepté, et sera, à défaut de répondre aux injonctions ouà un plan de vol, abattu.

De plus, ce qui fait peur au profane n’est pas forcément apprécié par le terroriste comme étant le moyen le plus efficace pour agir. Les attentats du 11 septembre sont un bon exemple de décalage entre les peurs des premiers et laréalisation des seconds. On a longtemps craint une frappe terroriste avec des armesnucléaires dérobées à l’ex-URSS alors qu’Al-Qaïda a utilisé des avions civils commemissiles contre les tours du World Trade Center. Les actions d’alors ont démontréen outre que pour le terrorisme islamiste, la dimension de la mort en martyr res-tait fondamentale. Chacun conviendra que c’est impossible à réaliser depuis uncockpit de drone qui, par définition, est au sol.

Contrairement à ce qui est donc généralement admis aujourd’hui, lesdrones restent encore extrêmement dépendants des hommes. Ainsi, de manièreparadoxale, aucun système d’arme n’est plus humanisé dans sa mise en œuvre etdans le contrôle de son action, qu’un drone. Son œil déporté transmet en tempsréel et de manière continue, via un cordon ombilical numérique reliant le monderéel à l’équipage qui le surveille, les informations aux autorités politiques qui déci-dent de l’emploi d’une arme. Le bombardement est mûrement réfléchi et n’est doncjamais une action réalisée de manière robotisée, parce que conduit au moyen dedrones. Car derriè re ces objets volants à l’aspect futuriste, il y a toujours deshommes. Et ces derniers agissent dans un cadre politique et juridique conforme audroit de la guerre. Les valeurs morales liées à leur formation les prémunissent contredes agissements déshumanisés.

Pour l’instant, et sans préjuger des conclusions du Livre blanc, ni gager l’ave-nir, la priorité pour la France est plutôt de poursuivre la montée en puissance de lacom posante de drone Male de surveillance multi-capteurs que d’ac quérir une nou-velle capacité de frappe. L’Armée de l’air a acquis un savoir-faire et une expertisereconnus dans tous les théâtres d’opérations qu’il serait dommageable de perdre enraison d’une rupture capacitaire. Le contrôle de commissions d’en quêtes parlemen-taires devraient de toute manière assurer au citoyen que l’em ploi des drones Male enmatière de surveillance, ou à terme, de mission de bombardement, soient conformes

Il n’est de Machiavel dans le droneque sa partie humaine

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Il n’est de Machiavel dans le droneque sa partie humaine

au droit. Avant tout, c’est donc bien des choix politiques qui tuent par les mains desresponsables militaires professionnels qui agissent en leur nom, et non les drones.

S’il y a donc bien du Machiavel dans l’emploi des drones, c’est qu’intrinsè-quement les hommes en constituent encore le cœur.

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Pour une gestion dynamique des points d’appui de la France

État-major de l’Armée de l’air.

EMAA

Les évolutions géostratégiques et géopolitiques des courts, moyens ou longstermes ne remettront pas fondamentalement en cause la vocation d’acteurmondial de la France. En effet, cette dernière découle de la conjugaison de

nombreux facteurs : culture de la responsabilité internationale, force nucléaireindépendante, rang occupé dans une économie mondialisée, multilatéralismeancré de l’appareil diplomatique, réseau d’amitiés et d’alliances tissé dans lemonde, étendue des départements et collectivités d’outre-mer (Dom-Com) etZones économiques exclusives (ZEE), etc. Ces travaux portent davantage sur laquestion de la profondeur et l’intensité de l’action que la France entend menerdans le monde pour peser sur le cours des événements, que sur la remise en caused’une ambition mondiale.

Cependant l’évolution de nombreux facteurs, qu’ils soient économiques,diplomatiques, politiques, sociétaux, technologiques ou militaires nous impose dedéfinir des options innovantes permettant à la France de répondre à sa vocationmondiale et portant sur de nouvelles stratégies d’accès. Elles doivent en mêmetemps rester réalistes sur les moyens d’action à mettre en œuvre.

De nouvelles caractéristiques techniques…

À cet égard, la réflexion doit porter sur le moyen de diversifier les dispositifspermettant d’accroître la mobilité de nos forces. Elle doit par nature intégrer l’élon-gation que nous pouvons conférer à nos interventions, dépendant de nos capacités deprojection, mais également des dispositifs mis en place pour en accroître aisément laportée. Cette réflexion est rendue d’autant plus nécessaire par l’arrivée de nouveauxvecteurs tels que l’A400M dès 2013, puis le MRTT (Multi Role Tanker Transport) en2017, qui apportent rapidité, allonge et capacité d’emport supérieure.

Non seulement leurs caractéristiques nouvelles faciliteront les interventionsdirectement depuis la métropole mais elles rendront également la visibilité de laFrance et la flexibilité de son action plus grandes encore. En effet, potentiellement,la France sera instantanément et significativement présente partout dans le monde.Qu’on y songe, alors qu’il faut trois jours à un Transall pour rejoindre La Réunion

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Pour une gestion dynamique des points d’appui de la France

avec 7 tonnes de fret, un A400M atteindra Saint-Denis avec trois fois plus de freten 14 heures seulement. Sur Djibouti, c’est un aller-retour dans la journée qui serapossible. De même, si la France avait su s’associer à ses partenaires australiens lorsde l’opération Santal au Timor oriental en 1999, la rapidité de son intervention etle volume de ce qu’elle y avait initialement déployé avaientt été contraints par lerayon d’action et la capacité de nos C130 qui avaient alors rejoint Darwin (Nordde l’Australie) en quatre jours. Dès 2013, dans un contexte similaire, la Francepour ra déployer deux à trois fois plus de matériel en moins de 24 heures.

… qui conduisent à une dilatation de notre espace stratégique

Ainsi avec cette nouvelle capacité de transporter plus, plus loin et plus vite,on assiste à une véritable dilatation de notre espace stratégique. Cette dilatationdonnera à notre diplomatie une portée plus grande encore. Elle liera non pasvir tuellement, mais concrètement et de manière plus dynamique encore, la métro-pole aux antipodes. Aussi, complétant la présence de la France permise par les bâti-ments de la Marine nationale, l’Armée de l’air pourra y ajouter l’instantanéité deson action directement depuis Paris. Elle renforcera notre crédibilité, mais surtoutassiéra davantage encore la présence française dans les nombreux forums régionauxau sein desquels la France siège légitimement du fait de l’étendue de ses ZEE, enparticulier dans le Pacifique et l’océan Indien. À cet égard, les accords de défensecomme les accords Franz, avec nos partenaires australiens et néozélandais, gagne-ront en substance.

Enfin, comme le rappellent fort justement les analyses d’Alain Boinet etBenoît Miribel sur l’action humanitaire dans les situations de crise et post-crise (1),« l’armée assume un rôle important dans des situations de catastrophe, notammentgrâce à ses capacités de transport et de logistique. Elle peut aussi contribuer effica-cement à l’évacuation de ressortissants français et autres dans des situationsd’ur gence (Liban, été 2007). Enfin, dans les situations nécessitant très rapidementdes capacités chirurgicales et médicales, ses hôpitaux de campagne peuvent soignerdes blessés et sauver des vies (Cachemire, automne 2005) ». Ces nouvelles caracté-ristiques donneront également une plus grande capacité d’intervention qui, sur ceplan-là également, renforcera l’influence de la France et son rôle d’acteurincon tournable et responsable de la scène internationale.

Pour une gestion dynamique de nos points d’appuis

Toutefois, le changement d’échelle qui va être conféré à l’action de laFrance ne sera possible qu’à la condition d’inscrire la nature et l’emploi de ces

(1) Alain Boinet et Benoît Miribel : Analyses et propositions sur l’action humanitaire dans les situations de crise et post-crise (Rapport à M. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes) ; mars 2010.

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Pour une gestion dynamique des points d’appui de la France

nou veaux moyens dans une perspective qui tire avantage de leurs qualités intrin-sèques et qui sache aussi s’appuyer sur un dispositif novateur et dynamique de type« hub and spoke », permettant d’intervenir et de rayonner à moindre frais à partirde points d’appuis adaptés.

De fait, les conditions d’une intervention rapide de nos moyens reposent,entre autres, sur l’existence d’un dispositif s’appuyant sur un maillage suffisammentétoffé ajoutant à nos points d’appuis traditionnels des solutions complémentaires,accroissant nos garanties d’accès. En effet, nos forces prépositionnées actuelles, quicontribuent de manière significative à la stabilité et à la sécurité mondiale, ne répon-dent qu’en partie à ces exigences futures. Il est nécessaire d’amplifier davantageenco re la pertinence de ce réseau en développant, sur un mode « gagnant-gagnant »,des partenariats particuliers dont l’objectif doit être de permettre le déploiementquasi-immédiat de dispositifs militaires ou de sécurité civile, depuis des escales aptesà monter rapidement en puissance. Ce dispositif, qui doit offrir une gradation desolutions, passe par la négociation préalable d’accords diplomatiques destinés à accé-lérer le déploiement de nos moyens d’intervention ou de ceux de nos alliés. Cetteapproche, non contraignante, s’adapte aisément à toute évolution géostratégique.Elle doit être complétée par le prépositionnement de matériels et la mise sur piedd’escales permanentes d’importance variable et judicieusement positionnées.

La France dispose à cet égard de nombreux atouts qui permettraient àmoindre coût de répondre à cet objectif.

Ainsi, elle entretient des relations étroites avec nombre de pays placés àproximité de zones d’intérêts stratégiques dont nous pouvons davantage exploiterles potentialités. Dans cette perspective des pays tels que Singapour (dont la for ma-tion des pilotes se fait à Cazaux) et l’Inde sont des partenaires sur lesquels nouspourrions davantage nous appuyer. Au-delà d’une coopération opérationnellefruc tueuse avec ces pays, la programmation d’exercices conjoints sur place doitcontribuer à préparer et roder les procédures de montée en puissance de ces pointsd’appuis potentiels, voire mettre en place du matériel.

Qui doit jouer avec la complémentarité des réseaux alliés

En outre, nos alliés britanniques et américains, également puissances auxambitions mondiales, s’appuient sur un maillage potentiellement complémentaireau nôtre que nous pourrions éventuellement exploiter, soit en contrepartie de lamise à disposition de nos propres points d’appuis ou d’une contribution dans lecadre d’un partage de leur coût d’utilisation. Les points d’appuis britanniques etsurtout américains ouvrent principalement la route du Sud-Est asiatique et sur lePacifique. Ils permettent d’étendre, voire de faciliter, notre zone d’action vers denouveaux centres d’intérêts. Au vu des zones traditionnelles d’engagement de laFrance, ils offrent des facilités ponctuelles de projection (déploiements ou appuis)

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Pour une gestion dynamique des points d’appui de la France

et permettent également d’envisager de nouvelles voies de coopération, notam-ment en matière de préparation opérationnelle.

Il en est de même pour nos partenaires du Commandement du transportaérien européen (EATC) et du Centre de coordination multimodal des transportsen Europe (MCCE), avec qui nous partageons des problématiques communes enmatière de projection de forces. Le développement concerté d’un réseau mondialdoit constituer un axe de travail fort qui en outre contribuera à cimenter laconstruction de la défense européenne. Il y a une véritable stratégie à développer,tant en matière d’équipements que de déploiement. Elle sera génératrice d’écono-mie de moyens et de concentration des efforts.

Par ailleurs, les réseaux de compagnies aériennes équipées d’Airbus,com munauté à laquelle appartiendront nos A400M et MRTT, offrent des poten-tialités qui méritent d’être explorées. Sur la base d’intérêts communs évidents, despartenariats pourraient être envisagés contribuant à structurer un dispositif articu léautour de « hubs » élargissant notre couverture mondiale. Ils peuvent aussiper mettre de partager nos pièces, nos moyens techniques, d’escale ou d’assistanceà nos équipages voire leurs renforts.

Et qui rend la France visible

Enfin, le développement et l’entretien d’un tel réseau fiabilisé, nourrid’échanges réguliers ou d’exercices conjoints avec les pays hôtes, contribuent aurayonnement et à l’influence internationale de la France. Ils nécessitent un effortdiplomatique qu’il ne faut pas occulter et qui suppose de mettre en place descoopérations suffisamment consistantes.

Les nouveaux vecteurs sur le point d’entrer en service induisent la dilatationde notre espace stratégique, permettent une quasi-instantanéité de nos réponses etexigent une approche dynamique d’un réseau rénové de points d’ap puis. Conjuguéà la complémentarité du maillage dont disposent nos alliés américains et britan-niques, c’est une nouvelle dimension qui est donnée à l’action de la France, laren dant encore plus visible, plus flexible et plus globale.

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Intervention immédiate : l’apport du Rafale

dans les opérations récentes

Capitaine, chargé de recherche au Centre d’études straté-giques aérospatiales (Cesa).

Yohan Droit

« Pour les aviateurs et la communauté Rafale, le 19 mars 2011 était une grande inconnue. Nous ne connaissions pas encore la totalité de l’ordre de bataille libyen,

nous savions qu’il y avait des missiles sol-air actifs et pourtant, nous avons envoyé nos pilotes à des milliers de kilomètres de leurs bases,

avec des règles d’engagement pratiquement faites pour l’occasion. Mettez-vous dans la tête du pilote qui va décoller à ce moment-là… »

Général d’armée aérienne Denis Mercier, chef d’état-major de l’Armée de l’air

Programme emblématique et colonne vertébrale de l’aviation de chasse fran-çai se, le Rafale se distingue par sa polyvalence totale et son horizon d’uniqueavion de chasse des forces armées françaises. Entré en service dans l’Armée

de l’air en juin 2006, le Rafale connaît une expérience opérationnelle déjà très richeautour de sa participation aux opérations en Afghanistan, en Libye et au Mali. Sondéploiement sur ces différents théâtres permet d’appréhender son évolution tantopérationnelle que capacitaire et d’apprécier sa pertinence au service des opérationsrécentes.

Montée en puissance opérationnelle en Afghanistan

Immédiatement après sa mise en service opérationnel, décision est prise dedéployer le Rafale sur le théâtre afghan. Il y est déployé à quatre reprises en 2007,2008, 2009 et 2011, une première fois à Douchanbé puis à Kandahar. Les opérationsen Afghanistan sollicitent le Rafale sur une partie précise du spectre des opérations :les missions d’appui aérien rapproché dans un contexte de contre-insurrection.

Dans un premier temps, le Rafale au standard F2 est employé en patrouillemixte avec le Mirage 2000D, armé avec des bombes à guidage laser GBU-12. Dansson standard F2, le Rafale possède des capacités d’attaque au sol, mais elles sontlimitées temporairement par l’absence de nacelle de désignation laser et de l’AASM(Armement air-sol modulaire). Il est donc assisté par le Mirage 2000D pour la dési-gnation des objectifs au sol. Au cours des différents détachements, le Rafale gagne

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Intervention immédiate : l’apport du Rafale dans les opérations récentes

en maturité opérationnelle. La mise en service opérationnel de l’AASM en 2008 (1)

constitue notamment un palier important dans la courbe de maturité du Rafale.L’AASM offre au Rafale la capacité de tir tout temps à distance de sécurité et assu-re une complémentarité appréciable avec les munitions à guidage laser. Son emploien Afghanistan permet de valider en opération l’efficacité du couple Rafale–AASM.

Lors de son dernier déploiement en 2011, en plus d’emporter des GBU- 12et l’AASM, le Rafale part au combat au standard F3 avec la nacelle Damoclès, le sys-tème ROVER (Remote Operations Video Enhanced Receiver) et une conduite de tirair-sol de son canon parfaitement intégrée qui lui confèrent une efficacité opéra-tionnelle maximale. Ces améliorations considérables consacrent l’autonomie duRafale dans la mission d’attaque au sol. Les opérations en Afghanistan permettentde confirmer l’efficacité et la fiabilité du système Rafale en opération dans un cadrerustique. Bien que les modalités des opérations en Afghanistan soient loin de solliciter la totalité des capacités opérationnelles du Rafale, la polyvalence du vec-teur et de ses équipages est validée sur un théâtre d’opération. L’intégration decapacités air-air et air-sol dans un même vecteur apporte une plus-value opéra-tionnelle très importante. En particulier, la fusion des données issues de la Liaison16, du mode air-air du RBE 2 (Radar à balayage électronique 2 plans), de l’OSF(Optronique secteur frontal) et de Spectra (Système de protection et d’évitement desconduites de tir du Rafale) offre à l’équipage une excellente connaissance de la situa-tion tactique aérienne.

L’engagement en Afghanistan signe le premier emploi en opération duRafale. Après une nécessaire phase de montée en puissance, compte tenu du délaide huit mois entre sa mise en service et son premier déploiement, le Rafale atteintau standard F3 son plein rendement opérationnel.

Le Rafale entre en premier au-dessus de la Libye

Cet aguerrissement joue un rôle essentiel au moment du déclenchement del’opération Harmattan et autorise une intervention immédiate du Rafale dans leconflit libyen. Conformément aux ordres donnés par le président de la Républiquesuite au vote de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU le 17 mars 2011,l’Armée de l’air se tient prête à intervenir 48 heures plus tard au moment duSommet international du 19 mars à Paris. Afin de concrétiser la volonté politique,un premier raid au-dessus de Benghazi est organisé afin de faire cesser les attaquescontre la population.

Pour cette mission stratégique, les avions de l’Armée de l’air doivent opérerà plus de deux mille kilomètres de leurs bases-mères en Métropole au-dessus d’un

(1) Deux bombes AASM sont tirées en Afghanistan par un Rafale B (c’est-à-dire biplace) le 20 avril 2008, moins de dix jours après sa mise en service opérationnel.

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Intervention immédiate : l’apport du Rafale dans les opérations récentes

théâtre encore défendu. La première mission du 19 mars 2011 au-dessus deBenghazi s’organise en trois vagues d’avions de l’Armée de l’air, chacune compre-nant des Rafale. Une première vague a pour mission d’imposer la zone d’exclusionaérienne, la deuxième doit effectuer une mission de reconnaissance pour examinerla situation au sol, enfin, la troisième vague a pour objectif de frapper les moyensmilitaires menaçant la population de Benghazi. Ce premier raid, dont le déroule-ment a été largement relaté, remplit tous ses objectifs puisque l’instauration de lazone d’exclusion aérienne empêche tout aéronef libyen de s’en prendre à la popu-lation et que la destruction de six blindés menaçant Benghazi conduit les forcespro-kadhafistes à se retirer.

Pour l’Armée de l’air, l’importance de la distance à couvrir, l’inconnu de lasituation sur place et la présence de systèmes sol-air actifs dans la zone d’opérationspermettent de mesurer l’exploit réalisé par les aviateurs lors de cette missiond’en trée en premier sur un théâtre toujours défendu et à plus de deux mille kilo-mètres de leurs bases. Il s’agit d’une grande première pour l’Armée de l’air quidémontre ainsi sa capacité à se projeter à longue distance et à entrer en premier surun théâtre en toute autonomie. Cette capacité militaire, rare et très exigeante,range l’Armée de l’air française parmi les forces aériennes qui comptent. Le succèsde cette mission valide l’organisation ainsi que l’entraînement et la préparation despersonnels. Au niveau stratégique, l’étroite imbrication du temps politique et du tempo des opérations aériennes permet de donner immédiatement corps à lavolonté du président de la République et d’assurer la crédibilité de la France sur lascène internationale. L’Armée de l’air a démontré qu’elle est capable de répondre,dans un délai qui se compte en heures, aux demandes du politique.

Au cœur de cette mission stratégique, décrite comme périlleuse, le Rafaleest littéralement en première ligne. L’envoi du Rafale en premier en mission desupériorité aérienne démontre tout d’abord une nouvelle fois toute la confiancequ’accorde l’Armée de l’air à son chasseur polyvalent. Les performances de sonsys tème d’armes, notamment celles de son système d’auto-protection Spectra, lemeilleur système en service dans l’Armée de l’air et celles de l’AASM à guidage GPSpermettant de tirer à distance de sécurité, désignent le Rafale comme outil sûr, performant et adapté à la mission. Qui plus est, les Rafale envoyés au-dessus de laLibye remplissent ce 19 mars trois missions différentes : supériorité aérienne,reconnaissance et bombardement d’objectifs d’opportunité, démontrant toutel’étendue de leur polyvalence.

L’ensemble de la campagne aérienne démontre la pleine polyvalence duRafale à son standard F3 définitif. Il effectue avec succès toutes les missions dévoluesà l’aviation de chasse : supériorité aérienne, frappe au sol sur des objectifs planifiés oud’opportunité, et reconnaissance sur un théâtre d’opération exigeant et nondépour vu de menace aérienne. L’engagement du Rafale en Libye voit également lepremier emploi du missile de croisière Scalp-EG (Système de croisière conventionnelautonome à longue portée-Emploi général) dans une mission de frappe stratégique dans

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Intervention immédiate : l’apport du Rafale dans les opérations récentes

la profondeur. La campagne aérienne en Libye valide par le feu l’arrivée à maturité,aussi bien technique qu’humaine, du Rafale au sein de l’Armée de l’air.

Au-delà de l’efficacité opérationnelle que la polyvalence du Rafale apporteà la manœuvre aérienne, on peut en apprécier la pertinence au regard de l’écono-mie des moyens qu’elle autorise. Ainsi, ce sont les mêmes Rafale qui, un jour, effec-tuent une mission de supériorité aérienne et, le jour suivant, réalisent une frappeair-sol. Et, au-delà de l’avion lui-même, ce sont les mêmes pilotes et équipages, etle même personnel de soutien technique qui mettent en œuvre le Rafale. Cettepolyvalence permet de déployer un nombre réduit d’avions pour une diversité demissions relativement importante. En effet, combien d’avions spécialisés, avec leséquipements et personnels dédiés, aurait-il fallu déployer pour réaliser les mêmesmissions ? Avec quel coût ? L’économie des moyens techniques et humains s’estrévélée être un paramètre majeur pour l’Armée de l’air lorsqu’il a fallu qu’elle main-tienne un rythme opérationnel important dans la durée.

Par rapport à son emploi habituel en Afghanistan, l’engagement du Rafale enLibye se signale par un contexte plus incertain, la présence avérée de menaces sol-airet la mise en œuvre d’un spectre de capacités plus large. Au cours de l’opérationHarmattan, les avions français détruisent plus de 1 000 objectifs et effectuent envi-ron 5 600 sorties aériennes, dont plus de 4 000 sorties pour l’Armée de l’air (2). LesRafale Air effectuent pour leur part 1 039 sorties pour 4 539 heures de vol. Avec1 039 sorties, les Rafale de l’Armée de l’air représentent environ 20 % des sorties decombat françaises et 25 % des sorties de combat de l’Armée de l’air, assurant une partessentielle de la contribution aérienne française aux opérations au-dessus de la Libye.La participation des ailes françaises aux opérations en Libye signe l’excellence del’aviation française en Europe. Alors que les moyens aériens américains habituels sonten retrait, on ne mesure pas assez l’apport du Rafale. Son efficacité et ses capacitésuniques crédibilisent fortement l’action française auprès des alliés et démontrent auxyeux de tous que la France dispose d’un outil militaire performant.

Le Rafale et la projection de puissance

À la suite du déclenchement de l’opération Serval au Mali, une patrouillede quatre Rafale est mise en œuvre depuis sa base de Saint-Dizier afin d’effectuerune mission de bombardement sur les bases arrières des groupes terroristes.

Les quatre Rafale, armés d’AASM et de GBU-12 et accompagnés de ravi-tailleurs C-135, décollent le 13 janvier 2013 de la base aérienne de Saint-Dizier pourse projeter à plus de six mille kilomètres. Au cours de cette mission, qui nécessiteplus de 9h40 de vol, les équipages prennent pour objectif et détruisent des camps

(2) « Libye : les aviateurs dans l’opération Harmattan » in Air actualités, hors-série 2012 ; p. 72-73

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Intervention immédiate : l’apport du Rafale dans les opérations récentes

d’entraînement, des infrastructures et des dépôts logistiques des groupes terroristesavant de se poser sur la base aérienne de N’Djamena.

Cette mission de bombardement du Rafale est historique par son allonge,sa durée et l’illustration qu’elle apporte de la capacité de projection de la puissan ceaérienne. Pour autant, l’avion de combat ne constitue que le dernier maillon essen-tiel d’une chaîne opérationnelle cohérente. Celle-ci est bâtie autour de capacitésessentielles telles que l’aptitude au commandement et au contrôle des opérationsaériennes, le renseignement, le ravitaillement en vol qui permettent à l’aviation decombat de réaliser des missions de bombardement à plus de six mille kilomètres duterritoire national.

Considérée sur la durée, l’évolution du Rafale en Afghanistan et en Libyeest impressionnante. Du standard F2 limité au tir de GBU-12 avec l’aide de la dési-gnation laser d’un Mirage 2000D au standard F3 capable d’emporter et de tirer defaçon autonome à l’aide de sa nacelle Damoclès des armements à guidage laser, desAASM et des missiles Scalp, le Rafale connaît une évolution capacitaire majeureentre son premier déploiement en Afghanistan en 2007 et son engagement enLibye en 2011. Celle-ci est autant due aux enseignements des opérations qu’audéveloppement normal des standards et des équipements prévus.

L’apport du Rafale du point de vue de l’intervention immédiate s’est tra duitpar deux premières pour le Rafale et l’Armée de l’air avec une mission d’entrée enpremier sur un théâtre non-permissif en Libye et la réalisation de la plus longuemission de bombardement de l’histoire de l’Armée de l’air au Mali. Il garantit ainsià la France une capacité d’action à très longue distance et sous très faible préavis.

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Regard sur la formation du futur pilote de combat :

sur terre ou en l’air, simulez !

Docteurs en psychologie expérimentale, chercheurs au seinde l’équipe « Facteurs humains et milieux opérationnels »du Centre de recherche de l’Armée de l’air (Crea).

Colin BlättlerCyril Camachon

Afin d’exploiter pleinement les aéronefs de combat de dernière génération(e.g., Rafale, A400M, MRTT, NH90) et d’être aptes à répondre au contratopérationnel, les pilotes de combat doivent, aujourd’hui plus que jamais,

s’appuyer sur des outils de formation adaptés, leur permettant d’acquérir lescom pétences nécessaires en un minimum de temps. Dans ce cadre, les moyens desimulation (au sol, en vol réel – « simulation embarquée ») sont présentés commeLA réponse à tous ces défis. Qu’en est-il réellement ? Cet article amènera un éclai-rage sur la plus-value et le périmètre d’utilisation de ces moyens de formation.

Préambule

Les contraintes budgétaires, les restructurations des bases aériennes et desescadrons, la restriction des espaces aériens dédiés à l’entraînement et le niveaud’engagement des Forces dans le monde rendent la préparation des pilotes de combat de plus en plus difficile. En effet, cela réduit considérablement le nombred’heures de vol sur avion de combat. De plus, les avions de combat de dernièregénération sont plus complexes à maîtriser car leurs systèmes embarqués sont plusimportants et les missions opérationnelles sont, elles aussi, plus variées. Ainsi, letemps de formation ne cesse de croître. Comment, dans ces conditions, est-il pos-sible de former des pilotes hautement qualifiés, sensibilisés le plus tôt possible auxsystèmes ultra-technologiques des avions d’armes de dernière génération, aptes àrépondre au contrat opérationnel, en un minimum de temps, tout en mai trisant lecoût et en assurant la sécurité de tous ?

En aéronautique, la réponse habituelle pour remédier au manque d’heurede vol est la simulation au sol. Il peut paraître extravagant de rajouter « au sol » tel-lement cela semble évident. C’est pourtant une distinction nécessaire maintenant

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que les innovations technologiques permettent de faire de la simulation lors de volsréels ! Cette antinomie de façade se transforme très vite en cohérence et en un atoutindéniable pour la formation actuelle et future des pilotes de combat. En effet, lasimulation en vol réel permet de reproduire tout ou partie des fonctionnalités del’avion de combat, mais à un coût de mise en œuvre bien moindre. Clairement, celapermettrait de se former en école de formation aux manœuvres et procédures tac-tiques qui sont habituellement exécutées en situations opérationnelles de com bat.De plus, comme nous le verrons par la suite, la simulation embarquée en vol réelpermet de s’affranchir de certaines limites de la simulation sol.

Ainsi, ces outils de formations que sont la simulation de vol au sol et lasimulation embarquée en vol réel apparaissent comme la panacée pour répondre àla limitation drastique du nombre d’heures de vol en avion de combat opération-nel. Bien entendu, cette der nière assertion n’est vraie qu’en partie. L’objectif de cetarticle est de mon trer comment ces outils devraient être utilisés pour obtenir uneréelle plus-value dans la formation aéronautique militaire.

La simulation au sol : un faux couteau suisse

La simulation au sol est un moyen privilégié dans la formation au pilotageafin de réduire le nombre d’heures de vol réel. Celle-ci n’est possible que si lescom pétences acquises en simulateur se transfèrent positivement en vol réel :c’est- à- dire réutilisée efficacement en vol réel. Moins d’heures de vol réel sont ainsinécessaires pour apprendre cette compétence. Le risque de la simulation sol est dedeux ordres, soit aucun transfert ne se produit (pas d’économie d’heures de vol)soit un transfert négatif se produit (plus d’heures de vol réel nécessaires pourcom penser cet effet). L’objectif de cette partie est d’apporter des éléments deréflexion pour limiter les potentiels aspects négatifs de la simulation : de mauvaisapprentissages.

Il est largement admis que c’est le versant technologique de la simulationqui reçut la plus large attention en matière de conception, au détriment de l’aspectspécifiquement pédagogique. Seulement, il est admis que la qualité du développe-ment technologique n’est pas forcément responsable de meilleurs apprentissages.En effet, tout dépend du type de compétences que l’on veut y voir entraînées, carces dernières ne se transfèrent pas toutes aussi efficacement. De plus, la questionque se pose tout formateur est celle du ratio optimal entre le nombre d’heures devol réel et de vol en simulateur. Le but étant de trouver le meilleur compromiseffi cience/finance. Il sera présenté dans un premier temps le rapport entre les typesde compétences à apprendre en simulateur et leur transférabilité. Dans un secondtemps, nous verrons que pour trouver ce ratio heures de vol réel/vol en simulationil est nécessaire d’évaluer l’efficience des simulateurs en fonction.

Regard sur la formation du futur pilote de combat : sur terre ou en l’air, simulez !

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Regard sur la formation du futur pilote de combat : sur terre ou en l’air, simulez !

Du bon usage de la simulation au sol

Depuis de nombreuses années, il est admis qu’une formation mixant heurede simulation et heure de vol réel permet un gain financier. Seulement, la plupartdes recherches scientifiques sur le sujet portent quasi exclusivement sur des compé-tences liées à l’instrumentation de bord (i.e., savoir utiliser les instruments de soncockpit). En effet, les limites technologiques des simulateurs d’antan ne permettaientpas vraiment d’avoir une visualisation extérieure de grande qualité. Avec le déve-loppement technologique des simulateurs, ce biais est réduit et nous pouvons obser-ver quelques recherches dans le but d’affiner la qualité de l’apprentissage sur unpanel de compétences plus large. Les recherches récentes nous permettent d’avoirun point de vue sur l’efficacité de l’apprentissage sur simulateur pour des compé-tences allant de l’instrumentation de bord, aux compétences de vol à vue et mêmede manœuvrabilité de l’avion (c’est-à-dire les compétences psychomotrices).

Les recherches nous indiquent que les compétences liées aux instruments età la Gestion de Système (i.e., lorsqu’un cockpit est composé non plus d’instrumentsà aiguilles mais d’ordinateurs de bord) sont celles qui s’acquièrent et se transfèrentle mieux. C’est-à-dire que l’on observe systématiquement un transfert positif mêmeavec un simulateur low cost (e.g., PC familial avec un logiciel du commerce). Enrevanche, concernant le transfert de compétences motrices (i.e., liée à la manœu-vrabilité de l’appareil) les résultats sont mitigés. Avoir un simulateur reproduisantles mouvements de cabine permet d’augmenter le réalisme et la sensation d’immersion dans le monde virtuel. Si l’immersion est à favoriser en simulation,nous pouvons observer qu’il existe des moyens bien moins coûteux pour y parvenir(e.g., scénariser la situation d’apprentissage pour mieux plonger l’utilisateur dans lemonde virtuel). Cependant, en matière de transfert de compétence motrice, l’effetn’est pas clairement démontré. Il semble préférable, pour ces compétences, de lesentraîner en vol réel et non dans un simulateur peu ou très coûteux. La dernièrecatégorie de compétences, celles liées au vol à vue, est celle qui ne donne pas lieu à une réponse manichéenne. En effet, les recherches démontrent que certaines compétences de vol à vue peuvent être entraînées efficacement avec une visualisa-tion rudimentaire (e.g., atterrissage) alors que d’autres requièrent une visualisationde grande qualité (e.g., navigation à vue).

Ainsi, la qualité de l’apprentissage sur simulateur est grandement fonctiondu type de compétences à apprendre. C’est pourquoi la nécessité d’évaluer objec-tivement les simulateurs lorsqu’ils sont en service est indispensable pour bien déter-miner aspects positifs et aspects négatifs.

Attention « au miroir aux alouettes »

Il est ici question de l’évaluation de l’efficacité des simulateurs. Cette évaluation recouvre deux objectifs. Le premier est de savoir si la formation sur le

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simulateur se transfère, compétence par compétence, en vol réel. Le deuxièmeobjectif est de trouver in fine le meilleur ratio réel/simulé dans la formation.

Alors qu’habituellement l’évaluation est subjective (i.e., avis des utilisateursdu simulateur), il existe des mesures objectives telles que le Per cent Transfer (PT)et le Transfer Effectiveness Ratio (TER). Le PT permet de calculer le nombred’heures de vol économisées via l’utilisation du simulateur, alors que le TER per-met de mesurer plus finement l’apport du simulateur pour chaque type de com-pétences qui y sont entraînées. Si une compétence n’est pas ou mal transférée envol réel, il suffit de ne plus la pratiquer sur le simulateur. Au bout du compte, lesimulateur pourra être utilisé avec une efficacité optimale.

L’étape qui suit est de calculer le ratio optimal entre les heures de vol réel etsimulé. Le Cost Effectiveness Ratio est une extension du TER en rajoutant la dimen-sion des frais du simulateur et des vols réels. Au final, il est possible de calculer letemps d’utilisation de la simulation au maximum de son efficacité, le temps des volsréels au plus juste besoin, pour une formation optimale au plus juste coût.

L’utilisation éclairée de ces méthodes objectives d’évaluation du transfertd’apprentissage et donc, de l’efficacité du simulateur, devrait permettre :

1) d’éviter les risques de transfert négatif,

2) d’orienter l’utilisation de chaque simulateur vers son potentiel maximum,

3) de calculer un ratio optimal simulation/réel dans un cursus de formation.

Plus globalement, ces mesures permettraient de comparer l’efficacité d’uneméthode de formation par rapport à une autre (e.g., d’un syllabus à un autre).

La simulation sol n’a cessé de progresser au cours des dernières décennies.Elle s’est même positionnée comme un média sérieux pour favoriser certainsapprentissages. Pour autant, les pilotes sont unanimes sur les limites de la simula-tion au sol (pas de sensation proprioceptive, stress différent, etc.). Une nouvelleforme de simulation pourrait dépasser ces écueils. En effet, les avions dotés d’uncockpit moderne (i.e., tout écran) autorisent la mise en œuvre d’une capacité desimulation embarquée (Embedded Simulation). Cette capacité offre la possibilité« d’injecter » dans les systèmes de bords réels des entités virtuelles permettant l’illu-sion de présenter un environnement tactique réaliste. La deuxième partie traiteplus particulièrement de cette capacité.

La simulation embarquée : en route vers le futur (proche)

La capacité de simulation embarquée se matérialise à travers la générationd’un environnement tactique virtuel dans lequel des menaces fictives ou des événements de tout type sont simulés et présentés sur les interfaces du cockpit.

Regard sur la formation du futur pilote de combat : sur terre ou en l’air, simulez !

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Regard sur la formation du futur pilote de combat : sur terre ou en l’air, simulez !

Par exemple, un écran sur le cockpit peut présenter les traces en mouvement repré-sentant les adversaires et les alliés comme le ferait le radar de l’avion de combatopérationnel alors qu’aucun radar n’est présent sur l’avion de formation. Il devientainsi possible à un pilote d’utiliser son avion dans des conditions tactiques opéra-tionnelles. Ainsi, la simulation embarquée permet une augmentation de l’efficaci téde l’entraînement, en garantissant une richesse de l’environnement tactique simu lédans des conditions de vol réel.

Plusieurs avantages se dégagent de cette technologie. Premièrement, il serapossible de dépasser le niveau de complexité tactique des entraînements actuels carla simulation embarquée soulagera cognitivement le pilote de certains calculs men-tal ce qui favorisera ses capacités de division de l’attention (i.e., le pilote pourrafaire plus de tâches et plus complexes qu’il ne peut le faire actuellement). De plus,cette possibilité d’enrichissement de l’environnement tactique en formation per-mettra au pilote de se créer un bagage expérientiel très proche des conditions duterrain opérationnel. Cela facilitera d’autant plus son activité en tant que pilote ausein des forces.

Bien entendu, toutes les activités ne sont pas réalisables en simulationembarquée. Par exemple, il sera difficile de s’entraîner à des missions dans les-quelles le pilote doit interagir avec des éléments par contact visuel direct à traversla verrière, et pourtant bien matérialisés dans sa simulation embarquée. C’est pour-quoi, dans l’attente que certaines technologies comme la réalité augmentée arriventà maturité, il semble pour l’heure plus raisonnable de s’entraîner à des activitésnécessitant des interactions avec des éléments présents au-delà de la portée visuel le(Beyond Visual Range). Dans ces conditions, le risque de contradictions entre ce quiest affiché sur les écrans de la simulation embarquée et ce qu’il est possible de voirà l’extérieur du cockpit est limité. D’autres limitations partagées avec la simulationau sol existent aussi, telles que le niveau d’intelligence artificielle des entités virtuelles ou encore la fidélité du comportement des menaces virtuelles.

Cependant, l’évaluation des risques de cet outil est difficile à anticiper du faitd’une cruelle absence d’informations formalisées (recherches scientifiques et retourd’expérience). La récence de cette technologie au sein des forces, et encore plus lorsde la formation, nécessite de baser la réflexion sur une technologie existante qui serapproche le plus possible des caractéristiques de la simulation embarquée : la moder-nisation des cockpits des avions de formation, c’est-à-dire les Technically AdvancedAircraft (TAA). En effet, alors que cette modernisation technologique est censéeréduire les risques encourus en vol, la Federal Aviation Administration (FAA) s’estrendu compte d’un taux d’attrition plus élevé pour ces types d’appareil que pour lesappareils d’ancienne génération. Les facteurs produisant le plus d’erreurs peuvent êtreregroupés en deux catégories : l’augmentation de la quantité d’informations à analy-ser et l’automatisation des systèmes. La solution recommandée par la FAA pour réduire ces problèmes est de fortement accentuer la formation des pilotes sur les nouvelles compétences que nécessite la Gestion de systèmes (GS). Il semble ainsi que,

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pour favoriser un emploi efficient de la simulation embarquée, tout en limitant lesrisques, il soit nécessaire d’inclure très tôt dans la formation du pilote l’acquisition denouveaux types de « compétences basiques ». En effet, alors que les avions d’ancien negénération requéraient une part plus importante de basiques de vol, les nouveauxsys tèmes requièrent en plus des compétences de GS. Ainsi, la formation des futurspilotes devrait pouvoir faire coexister ces deux types de « basiques ».

En résumé, les forces aériennes doivent faire face à une réduction des pos si-bilités de formation sur avion de combat opérationnel. Le but est donc de formerle mieux possible les jeunes pilotes aux compétences spécifiques de l’avion opéra-tionnel avant qu’ils ne commencent à voler dessus (1). Trois grandes classes decom pétences sont à acquérir : 1) les compétences de vol, les basics, 2) les compé-tences en Gestion de Systèmes et 3) les compétences en tactique de combat. Lasimulation au sol est performante et fiable pour développer les compétences de GSet de tactique. Seulement, la simulation au sol n’est pas performante pour se for-mer aux compétences de vol. Seul le vol réel est efficient pour ce type de compé-tence. C’est pourquoi la simulation embarquée en vol réel représente un atout dansla formation car elle permet de former ces trois classes de compétences.Néanmoins, pour parvenir à maîtriser la simulation embarquée, le pilote doitsavoir maîtriser au préalable la GS. C’est donc par une formation progressive, baséesur un savoir-faire séculaire, et articulant soigneusement ces nouveaux outils, telsque la simulation au sol et la simulation embarquée, que les forces aériennes pour-ront surmonter les enjeux actuels et futurs de la formation du pilote de combat (2).

Regard sur la formation du futur pilote de combat : sur terre ou en l’air, simulez !

(1) Julien Donnot et Vincent Ferrari : L’optimisation de la formation du pilote de combat par downloading : limites et risques(Rapport de recherche) ; EMAA/BPLANS, 2012.(2) Cyril Camachon et Colin Blättler : La simulation embarquée : limites et risques pour la formation et l’entraînement duPN (Rapport de recherche) ; EMAA/BPLANS, 2012.

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Les hommes et les femmes de l’Armée de l’air

É� tat-major de l’Arme�e de l’air.

EMAA

L’aviateur est d’abord, comme ses frères d’armes, un combattant, conscient quela finalité de son métier peut l’obliger à donner la mort mais aussi à la recevoir. Il doit faire face aux difficultés avec la même bravoure et le même

engagement que ses grands anciens. Sur le territoire national comme au-delà de nosfrontières, il affronte des situations de plus en plus complexes, souvent périlleuses etcaractérisées par l’urgence. Il s’oppose à des adversaires ingénieux, capables de varierleurs modes opératoires, en vol comme au sol. Pour faire face à ces menaces, il doitdès lors disposer des ressorts intellectuels, techniques et moraux nécessaires pours’adapter individuellement aux conditions variées de ses engagements.

Aussi, l’aviateur a-t-il développé des valeurs, respect, intégrité, service etexcellence, qui guident quotidiennement son action.

Une formation qui développe valeurs et sens de la mission

Pour l’Armée de l’air, la formation est un élément capital de l’excellencequ’elle recherche dans l’exécution des missions qui lui sont confiées. Le milieuaéronautique, par les exigences techniques et humaines qu’il impose, en est lamatrice fondamentale. Aussi, la maîtrise de bout en bout de cette dernière garan-tit la cohérence de l’action quotidienne de l’Armée de l’air.

Dans cette perspective, il s’agit de pouvoir assurer la parfaite imbrication detrois domaines qui constituent un triptyque cohérent et qui, en aucun cas, ne doi-vent être disjoints : la formation du combattant, la formation du spécialiste dumilieu aéronautique et le niveau d’encadrement envisagé. Cette réalité structurefondamentalement un modèle d’organisation propre à l’Armée de l’air.

Les hommes et les femmes de l’Armée de l’air constituent ainsi une véri-table équipe, forte d’une cinquantaine de métiers différents, fédérée par l’actiondans le milieu aérien. Quel que soit leur niveau de responsabilité et quel que soitleur domaine d’action, ils partagent une même culture aéronautique qui leur per-met de travailler facilement ensemble et réussir les missions qui leur sont confiées.

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Au prisme de leur formation, les aviateurs sont capables de penser de maniè reoriginale dans l’incertitude et la tension, tout en restant fidèles à leurs valeurs. Ilssavent opérer dans un grand espace d’autonomie, d’autant mieux valori sé qu’il estaccompagné par une grande responsabilisation de chacun. Il s’agit toujours de ser vir,de cultiver l’excellence, ce qui implique des devoirs, ce qui nécessi te de res pecter auquotidien le sens de l’engagement au service de la Nation.

Ces valeurs rayonnent au-delà de l’Armée de l’air

Indissociables de la performance de l’Armée de l’air, les valeurs de l’aviateursont porteuses de performance dans toute organisation.

Les compétences techniques acquises et les qualités développées par lesaviateurs, telles que la rigueur, le goût des responsabilités, le sens du commande-ment ou encore les aptitudes pédagogiques, sont autant d’éléments à mettre enavant pour valoriser les acquis par l’expérience. Il faut veiller à en renforcer la por-tée, d’autant plus qu’ils sont aisément transposables au profit d’autres ministères oudans le monde entrepreneurial.

À chaque niveau de responsabilité, du simple exécutant au cadre de hautniveau, un parcours au sein de l’Armée de l’air peut être un gage de réussite. Ainsi,les carrières au sein de l’Armée de l’air peuvent offrir non seulement des perspec-tives à la jeunesse française mais contribuer également à la former pour le plusgrand bénéfice du corps social et de l’économie française. Nombre de bassinsd’em ploi se félicitent de l’éducation des militaires du rang qu’ils recrutent au seinde nos bases aériennes. Nombre d’entreprises puisent chez nos sous-officiers, descadres de maîtrise aux compétences techniques larges. Nombre d’officiers possè-dent les qualités de management indispensables au fonctionnement de nombreusesentreprises en France, voire même à leur reprise. L’Armée de l’air est donc, pourbeaucoup, un des derniers lieux où l’ascenseur social n’est pas en panne.

Ainsi, par l’éducation et la formation qu’ils reçoivent, les hommes et lesfemmes de l’Armée de l’air sont des vecteurs de transmission de ces valeurs dans laNation.

Quels axes d’efforts pour demain ?

La gestion des ressources humaines de l’Armée de l’air doit poursuivre samodernisation, offrir une large flexibilité et garantir, par la formation, l’atteinte desobjectifs opérationnels fixés en optimisant ses coûts.

La mission de l’Armée de l’air se caractérise par la permanence quotidien nequ’elle assure au profit de la sécurité et de la défense des Français. Elle est aussi déter-minée par la haute réactivité qui sous-tend toute action aérienne. C’est pourquoi

Les hommes et les femmes de l’Armée de l’air

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Les hommes et les femmes de l’Armée de l’air

son personnel doit acquérir un socle commun de préparation opérationnelle quiréponde à ces exigences.

De plus, pour les missions les plus ambitieuses et difficiles telles que lacapacité d’entrer en premier, elle doit pouvoir offrir une préparation opérationnel lede très haut niveau à un volume de force plus restreint.

Enfin, elle doit savoir s’inscrire dans la durée, en jouant finement sur lesdifférents niveaux d’entraînement de son personnel.

En corollaire et dans un contexte de resserrement des armées, le recours àla réserve opérationnelle est indispensable pour compléter le dispositif de remon-tée en puissance. Les objectifs de volume de la réserve du dernier Livre blanc(2008) n’ont pas été tenus. Il faut absolument mettre en place une politique glo-bale cohérente intégrant un dispositif d’incitation des entreprises s’engageantvis-à-vis de la défense et permettant la valorisation de l’engagement des réservistesau sein de la société civile.

Modernité est également synonyme d’une capacité à sortir du cadre tradi-tionnel qui dictait jusqu’à présent la gestion des carrières de nos officiers et sous-officiers. Il est indispensable de savoir se doter d’une capacité à réorienter le per-sonnel à mi-parcours. La maîtrise du modèle d’organisation impose notamment desavoir penser la formation des cadres militaires de haut niveau vers deux voies : soitle commandement des armées soit vers d’autres ministères ou vers le secteur privé.

L’Armée de l’air offre à la défense un outil remarquable résolument tournévers l’avenir. Sa richesse repose sur des aviateurs passionnés et à la motivation exem-plaire. Impliqués au quotidien sous tous les cieux, ce sont des citoyens français fiersde leur engagement au service de leur pays dont ils portent haut les couleurs. Aussi,l’Armée de l’air doit-elle continuer à leur fournir une formation de qualité leurper mettant de servir au meilleur niveau la nation. En retour, la nation en retirera lessubsides bien au-delà de la seule satisfaction des contrats opérationnels.

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RDN

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Approche prospective

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Évolution du champ de bataille et puissance aérienne

à horizon 15 ans

Le capitaine Boutherin, docteur en droit public, est chefde l’équipe « Prospective et études de sécurité » au sein duCentre de recherche de l’Armée de l’air (Crea). ChristophePajon, docteur en Science politique habilité à diriger desrecherches, y est chercheur.

Grégory Boutherin Christophe Pajon

Note préliminaire - Les propos et réflexions sont propres à leurs auteurs et n’engagent aucunement l’Armée de l’air oule ministère de la Défense. Le présent article est tiré d’une étude réalisée par les auteurs au profit de l’État-major del’Armée de l’air intitulée L’évolution du champ de bataille et son impact sur la puissance aérospatiale à horizon des quinze prochaines années.

Les armées, et plus globalement le ministère de la Défense, ont entamé unprocessus de transformation et d’adaptation de leurs outils à l’environne-ment international dans lequel ces derniers sont appelés à évoluer dans les

années à venir. L’Armée de l’air n’échappe pas à cette évolution et a, de la mêmemanière, entamé un processus comparable qui doit la conduire au-delà de l’hori-zon de 2025. Cette transformation doit alors s’accompagner, fort logiquement,d’une réflexion plus globale sur l’évolution et la nature du changement du champde bataille selon la même démarche prospective. C’est cette réflexion que les déve-loppements suivants proposent de nourrir.

Les récentes interventions témoignent d’une évolution dans la nature desconflits, des milieux d’intervention, des adversaires et, de facto, dans l’emploi faitde la puissance aérospatiale. Ce dernier rompt très nettement avec les opérationsmenées durant la décennie 1990.

Faut-il cependant voir dans ces évolutions un quelconque caractère dimen-sionnant pour les engagements futurs ? Toutes les évolutions du champ de batailleont-elles un impact causal direct sur l’emploi de la puissance aérospatiale, voire surses caractéristiques ?

L’objet de cet article est alors de détecter les évolutions, actuelles ou futures,du champ de bataille qui pourront éventuellement impacter l’exercice de la puis-sance aérospatiale.

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La multiplication des acteurs sur le champ de bataille

Le constat de l’accroissement du nombre des acteurs et de leur nature n’estpas une tendance nouvelle. Toutefois, cette recomposition et la complexité de cettemosaïque de réseaux se sont accentuées depuis l’identification du phénomène il y aplusieurs décennies. Sur le champ externe, la forme étatique n’est plus la seule à pos-séder les ressources nécessaires au développement d’une action sur la scène interna-tionale. Les organisations non gouvernementales, les organisations internationales, lesmouvements transnationaux, les entreprises privées, les sociétés militaires/de sécuritéprivées, en sont aussi des acteurs. La nature collective même de l’acteur des relationsinternationales se voit battue en brèche. Le rôle de l’individu, le touriste ou le terro-riste, serait le signe ultime de l’atomisation de la société internationale. Par son action(attentat, envoi d’une vidéo sur Internet) ou par sa simple présence (enlèvement, vic-time), l’individu devient un acteur des relations internationales. D’un point de vueinterne, les États se voient concurrencer, jusqu’à l’implosion parfois, par des acteurscollectifs infra-étatiques qui remettent en cause la légitimité de la structure politique.

Des conflits forcément contre-insurrectionnels

Le champ de bataille reflète alors dans un espace plus restreint cette remi-se en cause d’un double monopole étatique : celui de la maîtrise des relations inter-nationales et celui de la légitimité politique interne. La caractérisation des acteursdu champ de bataille confirme en effet ce brouillage de la frontière interne/externe. Ainsi, les Organisations non-gouvernementales (ONG) de type organisa-tions de solidarité internationale interviennent sur le champ de bataille via leurdivision opérationnelle, mais recueillent leur financement auprès des États et desorganisations intergouvernementales grâce à des militants et des structures implan-tées – notamment – dans les États occidentaux. Elles ne sont pas forcément trans-nationales mais parfois identifiées à une nation. La communication visant à la promotion de leur action sur le champ de bataille a un objectif double : lever desfonds et accroître leur capital médiatique auprès des populations occidentales.Cette légitimité leur servira dans le cadre de négociations, notamment financières,avec les autorités publiques nationales et/ou internationales. Les sociétés militaires,bien qu’intervenant sur le terrain, existent et développent elles aussi des relationscontractuelles avec certains États selon des systèmes normatifs distincts, questionsjuridiques définies nationalement qu’elles importent dans une certaine mesure surle champ de bataille. Il s’agit là de deux exemples, mais qui illustrent particulière-ment la fin de l’appropriation étatique du champ de bataille, qui est le symptômeet l’une des conséquences de la multiplication des acteurs. L’autre conséquence quientraîne un accroissement de la complexité du champ de bataille est la confronta-tion d’une multiplicité de rationalités. Chacun d’entre eux a ses propres priorités,ses propres enjeux qui ne relèvent pas du même registre : militaires, politiques,médiatiques, normatifs (morale, droit…).

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Évolution du champ de bataille et puissance aérienne à horizon 15 ans

Du point de vue des parties belligérantes, l’une des principales, et vraisem-blablement des plus notables, évolutions du champ de bataille de ces dernièresannées semble évidemment tenir au caractère non-étatique des adversaires auxquelsdoivent avoir à faire face les forces occidentales. À l’exception du conflit ayantoppo sé, en août 2008, la Géorgie et la Russie, la majeure partie des conflits contem-porains voit en effet l’opposition ou la collaboration de forces conventionnelles à desinsurgés ou mouvements non étatiques. L’Irak, l’Afghanistan, le Sud Liban, la Libyeou encore le Mali en apportent de notables illustrations. La question qui dominenombre d’analyses actuelles est alors celle de l’adaptation de la puissance aérospa-tiale, conçue – d’abord – pour répondre à la menace d’un adversaire étatique. Lathéorie des cercles concentriques de Warden formalisait, de ce point de vue, cetteforme d’engagement en envisageant « l’adversaire comme un système décisionnairequasi-organique, doté de capacités décisionnelles et d’ac tion ». Or, comment faireface à un adversaire a priori dépourvu de centres de gravité ? La réponse consistetout d’abord à ne pas avoir une vision tronquée du modèle systémique de Wardenqui définissait une « entité stratégique » comme « toute organisation qui peut opé-rer de façon autonome ; c’est-à-dire qui se dirige et se supporte elle-même ».Comme l’explique Joseph Henrotin, si l’« adversaire typique » de Warden « était unÉtat, une vision systémique permet d’étendre le raisonnement aux groupes insur-gés : eux aussi fonctionnent avec un leadership (dirigeants et idéologues), des‘‘organes essentiels’’ (plates-formes médiatiques en ligne, par exemple), des ‘‘infra-structures’’ (système financier ou de passeurs), une ‘‘population’’ (soutenant lesinsurgés) et des ‘‘forces déployées’’ ». S’il est donc actuellement important de conce-voir les moyens de répondre à ces situations, le besoin sera toujours existant àl’ho ri zon des quinze prochaines années, horizon auquel l’adversaire non étatiquesera toujours dans une situation de refus de l’affrontement direct, fugace et donc parlà même rapide, imprévisible, difficilement identifiable/discriminable, léger. Eneffet, ces traits caractérisent la nature objective des guerres irrégulières, pouremployer la terminologie clausewitzienne. Si l’on postule l’existence de tels conflitsdans l’avenir, on suppose également, en effet, la présence d’un adversaire possédantces traits. Reste, cela étant, qu’il faut également se prémunir contre un autre dangerqui serait de considérer la contre-insurrection comme étant, inévitablement et inva-riablement, l’unique forme de guerre dans les quinze prochaines années.

Des acteurs non-belligérants

Outre la nature des adversaires, ce type de conflit a permis de mettre parti-culièrement en lumière l’importance d’autres acteurs non belligérants. Ainsi, selonle type d’analyse, ces groupes d’individus, vivant ou non sur le théâtre d’opérations(on pense pour l’essentiel aux populations locales ou nationales, aux médias et auxONG), peuvent être considérés de trois manières différentes et simultanées : en tantqu’instrument, objectif voire centre de gravité ; en tant qu’acteur autonome ; et,enfin, en tant que contexte.

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À la différence du territoire qui peut être tenu, la population n’est pas unobjet inerte : elle possède son propre caractère et son intentionnalité évolue. C’estparce qu’elle est un acteur, qu’elle peut être convaincue par l’une ou l’autre des par-ties. La considérer seulement comme un objet ou un élément de l’environnementphysique peut conduire à la transformer en un allié volontaire (support logistique,réservoir de recrutement) de l’adversaire asymétrique. Ainsi, la population, ou plutôt son soutien, devient un objectif stratégique pour les parties prenantes.

Si les moyens (persuasion ou terreur) varient d’un protagoniste à l’autre (etde son système de valeur), la population représente un élément de la conquête.« Gagner les cœurs et les esprits » : l’expression – aujourd’hui largement connue etrépandue – reflète une réalité et une évolution du champ de bataille. Comme lemet en exergue le général Sir Rupert Smith dans la troisième partie de son ouvra geL’utilité de la force, « les finalités pour lesquelles nous nous battons ont changé », lapopulation est devenue le centre de gravité des opérations contemporaines.Objectif stratégique, la conquête du soutien de la population appelle à une redéfi-nition de l’usage de la force et surtout l’évaluation de son impact sur la population,prise en tant qu’opinion publique.

Il découle de cet objectif, un certain nombre de contraintes, de principesou de paradigmes que l’on peut présenter comme suit :

l comprendre la population afin de mieux appréhender la manière dontelle perçoit ou peut percevoir les actions des forces conventionnelles ;

l faire comprendre les objectifs et y faire adhérer la population ;

l venir en soutien à la population, lui apporter une large aide, aussi bien d’unpoint de vue médical que d’infrastructure (à ce niveau, il apparaît bien que les moyensdédiés à l’aéromobilité jouent un rôle essentiel dans ce soutien à la population, que cesoit par le ravitaillement et les évacuations sanitaires notamment) ;

l maîtriser la violence (usage proportionné, éviter les pertes civiles) – etdonc au préalable posséder, outre des règles d’engagement très strictes, une largegamme d’armements à effets progressifs ou de mode d’action permettant de modu-ler les effets – afin de ne pas en faire un argument pour les insurgés dans la lutted’influence qu’ils conduisent ;

l répondre aux arguments de persuasion et actions sociales de l’adversairepoint par point.

Ces règles et objectifs font alors de la population un environnement contrai-gnant pour les forces occidentales, ce dont l’adversaire cherche à tirer avantages.

Puissance aérienne et population

De manière spontanée, un certain nombre d’éléments pourrait contribuerà penser que la puissance aérospatiale n’est que peu concernée par ce recentrage de

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Évolution du champ de bataille et puissance aérienne à horizon 15 ans

la réflexion stratégique sur la population. Cette vision est évidemment fausse. Lapréservation de la population et la limitation des dommages collatéraux sont deve-nues pour la puissance aérospatiale un enjeu central et ce pour plusieurs raisons :les grands principes du droit des conflits armés (distinction, nécessité, proportion-nalité, humanité), la judiciarisation de la guerre, l’importance devant être accordéeaussi bien à la légitimité de l’action qu’à la perception de celle-ci par les opinionspubliques, à la guerre de la communication et donc dans une certaine mesure àl’instrumentalisation pouvant être faite par les adversaires de toutes frappes nondiscriminantes.

De plus, il est évidemment essentiel de garder à l’esprit la prise en compte deseffets politiques. Il est en effet devenu commun que de rappeler qu’un succès tactiquepeut, facilement, déboucher sur un échec stratégique. La destruction d’un réseau élec-trique peut, par exemple, induire des coupures d’énergie dans l’alimentation d’uneusine de purification des eaux. Ces défaillances pourront elles-mêmes avoir des consé-quences sur la vie quotidienne et la santé de la population civile locale.

Finalement, ces différents éléments confirment que, si l’arme aérienne, a puêtre un temps l’outil central de la guerre industrielle et d’une certaine conceptionnord-américaine de l’affrontement, ses évolutions (technologiques et d’emploi) larendent particulièrement propre à l’action au sein de la population. Loin deconduire à la centralisation et à la rupture avec la réalité des opérations, concep-tion très orwellienne de la technologie, sa sophistication la rapproche du « terrain »et de l’homme : déconcentration de la décision, renforcement des liens horizon-taux et boucle décisionnelle courte, observation intime et discriminante de lapopulation et de l’adversaire (pattern of life) par les drones. Paradoxalement, latechnologie déployée par l’arme aérienne offre une économie des moyens et deshommes loin d’une formalisation abstraite.

Multiplication des acteurs, des natures protéiformes, un acteur étatiquetoujours présent mais dont les pratiques peuvent également largement s’inspirerdes méthodes de guerre irrégulières sont autant de traits qui s’agrègent pour consti-tuer une première tendance lourde de l’évolution du champ de bataille.

La puissance aérospatiale face au paradoxe de la modernité

chez l’adversaire : entre rusticité et haute technologie

De manière comparable à ce qui a été souligné pour les acteurs, le change-ment – du point de vue technologique – ne peut être appréhendé de manière uni-directionnelle. Aussi, la puissance aérienne devrait continuer à être à même de faireface à des adversaires possédant un potentiel technologique comparable, ou tech-nologiquement asymétrique, ou bien encore alliant, selon les moments ou lesdomaines d’actions, la très haute technologie et des moyens dépassés selon les stan-dards des nations les plus industrialisées.

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Toutefois, ce constat réalisé, et en ayant postulé que l’avance technologiquereste un facteur clé dans la conduite de la guerre et central dans le cadre de la troisiè medimension – dans laquelle prévaut la loi du plus fort * –, la question du nombre decompétiteurs et de la forme de leur contestation de la supériorité aérien ne des forcesarmées les plus avancées reste entière. La ou les réponses fluctuent et résul tent de laprise en compte de deux sources de tensions : les moyens financiers et matériels dis-ponibles (ce qui renvoie partiellement à la nature étatique ou non-éta tique de l’ad-versaire) et le niveau de sophistication des technologies.

D’une part, en raison du coût toujours plus élevé de la recherche et dudéveloppement des technologies les plus sophistiqués et de la multiplicité desdomaines d’expertise à coordonner, le ticket d’entrée dans le club des puissancesaériennes est élevé. Il en résulte qu’il ne rassemble que des acteurs étatiques (àl’ex ception d’un embryon de « force » aérienne comme tel peut être le cas avec lesTigres tamouls). Mais, cette condition n’est pas suffisante. En effet, ce chiffredécroît encore si on ne compte que les États capables de générer une force aérien nepouvant accomplir autre chose que des missions d’autodéfense. Sous cet angle, lepaysage deviendrait alors particulièrement contrasté, entre un nombre de plus enplus réduit de compétiteurs crédibles (en raison des coûts croissants) et une formede désert technologique. En réalité, la situation est beaucoup plus nuancée.

En effet, tout d’abord, il y a, et il y aura, prolifération de technologies aéro-nautiques, essentiellement russes et chinoises, même si la prolifération des aéronefsrusses comme chinois ne remet pas nécessairement, et inévitablement, en cause lasupériorité aérienne des forces occidentales. Cette tendance est concomitante àcelle du passage de considérations essentiellement quantitatives à d’autres qualita-tives. Cette évolution est directement liée à l’entrée dans les forces des appareils de4e génération et à l’arrivée de la 5e (quand bien même celle-ci soit restreinte à unnombre limité d’États).

Ensuite, entre 2005 et 2015, 4 000 avions de combat (y compris avionslégers) seront produits dans le monde dont les deux tiers seront des avions de com batpolyvalents. Ce qui va être suivi entre 2015 et 2025 par le remplacement des flottesde 3e génération. Une réduction globale du nombre d’avions de combat dans lemonde est probable, en raison de la recherche d’une plus grande polyvalence des vec-teurs et d’une meilleure performance globale. Par ailleurs, la recherche des avantages

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* La 3e dimension : un espace où prévaut la loi du plus fort

C’est notamment ce sur quoi insistait le général Denis Mercier, Chef d’état-major de l’Armée de l’air, en soulignantque « [l]e combat pour la maîtrise des espaces aériens peut être anticipé car celui qui s’oppose à un adversaire dansce milieu doit se signer et préparer son affrontement à visage découvert, contrairement aux espaces terrestres ou mari-times dans lesquels des modes d’action asymétriques fragilisent les équilibres, notamment par tous les dispositifs deminage. La puissance aérospatiale est démonstrative. La loi du plus fort en reste l’élément déterminant » : GAA DenisMercier : « Penser la puissance aérospatiale de 2025. Cinq principes pour guider la réflexion » in Air & Space PowerJournal – Afrique et francophonie, 2e trimestre 2012, vol. 3, n° 2, p. 9.

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qu’offrent les systèmes de drones va non seulement croître mais se généraliser et nerestera très certainement pas le privilège des armées à fort potentiel technologique.

Enfin, la puissance aérospatiale devra alors savoir développer des systèmesde détection et d’identification particulièrement efficaces afin de faire face à destechnologies rustiques que savent employer, notamment, les adversaires nonéta tiques.

Cela étant, le constat de la prolifération des technologies aérospatiales n’induitpas automatiquement l’émergence de compétiteurs crédibles, et encore moins leurgénéralisation à horizon 15 ans, et cela essentiellement pour trois raisons :

l Ces systèmes d’armes nécessitent des compétences précises résultant d’uneformation initiale, de l’acquisition et de la transmission d’une expérience opération-nelle conséquente ainsi que de leur maintien par la participation régulière à des exer-cices notamment interarmées et interalliés. Or, de fait, peu nombreux sont les Étatspouvant combiner des technologies avancées et l’ensemble de ces éléments.

l Ces systèmes d’armes doivent de plus être intégrés dans un système C2particulièrement performant afin de pouvoir fournir leur plein potentiel.

l Enfin, outre que ces systèmes d’armes doivent bien sûr posséder les arme-ments adéquats, ils doivent être étroitement liés à un réseau de surveillance aérienneet de défense antiaérienne efficaces et performants.

Cependant, il semble nécessaire et important de prendre en considérationaussi la tendance à la prolifération des systèmes antiaériens, quand bien même, unefois encore, la diffusion des systèmes de missiles sol-air ne doit pas être considéréeponctuellement mais réintégrée dans une structure de défense.

En synthétisant ce tour d’horizon de l’évolution du champ de bataille du point de vue technologique, trois axes d’évolutions potentielles se dégagent :

l Poursuite et accélération de la prolifération des systèmes d’armes, y compris pour les générations les plus récentes.

l Prolifération au profit des acteurs non étatiques.

l Émergence de plus en plus marquante de la capacité des acteurs – en par-ticulier non étatiques – à adapter, à transformer et à détourner des systèmesd’armes et/ou des technologies civiles.

Pour la puissance aérienne, il en résulte dès lors la nécessité de s’attendre àun large spectre de menaces et à une grande imprévisibilité. Au-delà des réponsesen termes de stratégie de moyens et de modes d’action, il apparaît fondamental degarder à l’esprit que, d’une part, l’adversaire n’est pas forcément tout le temps et entout lieu technologiquement inférieur sur le champ de bataille et, d’autre part, sitel est le cas, cela ne postule pas qu’il est dénué de moyen de nuisance.

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La puissance aérospatiale entre champ de bataille

et champ d’affrontement

Des milieux complexes

Au-delà des acteurs et des moyens, l’analyse de l’évolution du champ debataille doit naturellement porter une attention particulière au terrain sur lequelseront mises en œuvre les forces armées en général et, pour ce qui nous intéresse ici,la puissance aérienne en particulier. De ces caractéristiques résultent en effet descontraintes sur les moyens déployés et leurs effets attendus et réels. À nouveau, l’actualité trace une ligne d’évolution attachée à un espace particulier, la ville.Toutefois, la réserve initiale – soit ne pas considérer les évolutions actuelles commeétant nécessairement les réalités de demain – pousse à prendre des distances avec cequ’on pourrait qualifier de « tout urbain ». La montagne en tant qu’espace de confron-tation est, par exemple, un environnement complexe appelant aussi à la mise en œuvred’un certain nombre de moyens aérospatiaux selon des paradigmes sensiblement dif-férents. C’est très clairement ce qu’ont récemment illustré les opérations au Mali,notamment lors des phases offensives visant les sanctuaires des groupes armés situésdans les Ifoghas et l’Adrar. Cela a conduit à la mobilisation et à la coordination d’ungrand nombre d’aéronefs de tout type (Rafale, Mirage 2000D, C-135, drone Harfang,Atlantique 2) pour mener des frappes simultanées contre plusieurs objectifs. En outre,la confrontation des volontés ne se limite plus aujourd’hui à la surface terrestre etn’implique pas nécessairement l’usage, même maîtrisé, de la force armée. L’Espacecomme le cyberespace deviennent de véritables champs d’affrontement : extension oucomposante du champ de bataille, leur nature ainsi que les menaces les peuplant etqui pourront y transiter appellent à des considérations elles aussi particulières.

Les conflits contemporains, qu’il s’agisse de l’Afghanistan, de l’Irak, desconflits opposant les forces israéliennes au Hezbollah et au Hamas au Sud Liban etdans les Territoires palestiniens, ou bien sûr de la Libye, témoignent d’un glissementdu champ de bataille vers des milieux particulièrement complexes, et notammentvers les villes. La ville ou la montagne ne sont certes pas des milieux nouveaux pourles forces. En existe-t-il d’ailleurs encore dans lesquels les hommes ne se soient-ilspas déjà battus ? L’histoire militaire regorge d’exemples de bataille ou de guerremenées dans ces environnements, conséquence directe du fait que la ville possèdeune « valeur » en raison de la concentration des pouvoirs politiques, économiques,sociaux, culturels et de la charge symbolique qui est la sienne. Les villes continue-ront donc naturellement à être un enjeu des conflits. Mais plus encore, le champ debataille urbain tendra certainement à se généraliser, non seulement du fait du phé-nomène d’urbanisation croissante à l’échelle mondiale, comme peuvent le relevernombre de projections mais également par la volonté même de certains acteurs. Lesadversaires des forces occidentales sont en effet enclins à rechercher dans cet envi-ronnement un rôle égalisateur en contournant la puissance militaro-technologiquede ces dernières. Le combat en zone urbaine, en milieu clos, tend alors à devenir un

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moyen d’autant plus privilégié pour le plus faible qu’il s’agit de zones, d’une part,que l’adversaire connaît d’autant mieux qu’il y vit généralement et a pu se préparerau combat et, d’autre part, qui complexifient l’intervention. La ville est en effet unenvironnement qui offre nombre d’avantages au défenseur : refuges, imbricationavec les populations, obstacles pour le déploiement de véhicules blindés, pour l’emploi de l’arme aérienne… Par ailleurs, outre le positionnement géographique dela ville elle-même (cuvette, sommet, plaine, etc.), sa géographique propre peut dif-férer (centre-ville occidental, ancien, périphéries résidentielles et pavillonnaires,industrielles, etc.). La ville, au sens large, tend ainsi à devenir en soi un milieu phy-sique de plus en plus complexe en raison de son évolution propre.

Comme le souligne Olivier Zajec, « [l]e combat urbain représente sansconteste le champ d’engagement futur le plus probable et le plus dimensionnant pourles forces armées des pays occidentaux. La puissance aérienne n’est pas la seule à ten-ter de résoudre l’équation difficile qu’il pose. Pour l’aviation comme pour les forcesterrestres, le théâtre urbain, par définition complexe et changeant, constitue un défimajeur ». Cela étant, la puissance aérospatiale joue un rôle éminent en milieu urbainpour plusieurs raisons. D’une part, elle permet de disposer une connaissance situa-tionnelle fondamentale dans ce milieu complexe et évolutif grâce aux capacités ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) permanentes qu’elle met en œuvre – lesdrones – et qui présentent l’avantage d’être hors de portée des menaces sol/air de typearmes légères et SATCP (Sol-air à très courte portée) contrairement aux aéronefs à voilures tournantes qui peuvent difficilement faire du vol statique dans ce milieu sans être exposés. L’intérêt que présentent les drones en milieu urbain est tout aussiavéré dans les phases amont d’une action armée comme l’illustrent particulièrementbien les quatre mois d’acquisition de renseignements et de géo-référencement qui ontprécédé la seconde offensive sur Falloujah (novembre 2004) ou lors du conflit qui aopposé Israël au Hezbollah à l’été 2006. D’autre part, la puissance aérospatiale auto-rise des modes d’actions « atypiques » afin de limiter les dommages collatéraux dontl’emploi de munition avec une charge non explosive en béton, à l’image de ce qui apu être fait par des Mirage 2000D français en Libye.

Dématérialisation du champ de bataille

Mais la ville, de nouveau, n’est pas tout. Elle n’est pas le seul visage du lieud’affrontement futur. Une tentative de définition du champ de bataille tendrait àsouligner combien ses contours sont difficiles à tracer, résultat en partie de sonextension à des sphères non forcément physiques. Cette tendance n’est bien sûr passoudainement apparue, mais correspond au développement et à l’arrivée à maturi téde technologies de plus en plus performantes.

D’une part, la numérisation du champ de bataille, dont la mise en réseauest l’un des principaux instruments, représente l’affirmation d’un véritable champd’affrontement, dont les adversaires chercheront à acquérir le contrôle ou pour le

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moins à nous en contester les avantages offerts. Ce premier espace, généralementqualifié de cyberespace, tend à devenir un milieu où les menaces vont croissant,tant il s’agit d’un milieu stratégique duquel dépendent aussi bien les opérationsmilitaires que plus largement nos sociétés modernes. Il importe d’ailleurs pourcette dernière raison d’avoir une prise en compte globale de cette sphère d’affron-tement. Autrement dit, si l’Armée de l’air est très largement dépendante de cettesphère et si, « naturellement », il lui incombe d’assurer la sécurité de ses réseaux etsystèmes d’information, le cyberspace reste en revanche un domaine commun,aussi bien aux différents acteurs militaires que plus largement à l’ensemble desacteurs civils ou militaires. Aussi, la prise en compte des vulnérabilités et desmenaces, et donc la surveillance, relève de démarches « inter » (-armées, - agences,-services et -ministérielles).

Extension du champ de bataille

D’autre part, plus embryonnaire pour l’instant en termes de menace, maisnéanmoins sujet à préoccupation, l’espace (exo- et extra-atmosphérique) apparaîtaussi comme un milieu où s’exprimeront les rivalités et s’exerceront des rapports deforce tant ce milieu est essentiel à la conduite des opérations militaires que vérita-blement stratégique pour le développement de nos sociétés. L’une des principalesraisons tient tout d’abord au fait que la maîtrise de l’espace représente, d’unemanière quelque peu semblable à l’arme nucléaire, un enjeu de rang pour les États.La course au premier satellite (habité et non-habité), puis la conquête de la Luneentre les États-Unis et l’URSS, appartenait à ce type de registre. Cette motivationn’a pas disparu aujourd’hui. On la retrouve dans les discours accompagnant lesprogrammes spatiaux de certains États, comme par exemple l’Iran, devenu dixiè mepuissance spatiale mondiale avec le lancement d’un satellite (Omid, Espoir) le4 février 2009, lors des célébrations des 30 ans de la Révolution islamique.

Au-delà de l’enjeu de souveraineté et/ou de rayonnement, qui peut guiderles programmes spatiaux, ce sont aussi bien des intérêts stratégiques que tactico-opératifs qui poussent les États, ou groupes d’États, à accéder à l’Espace, à tenterde le maîtriser, voire à en dénier l’accès à d’autres. Ainsi, prolongement ou produitdu développement du cyberespace, le domaine spatial est devenu essentiel, indis-pensable, à toute opération militaire de par son utilisation dans le domaine destélécommunications, de l’observation, de la navigation, de l’alerte avancée, etc. Demanière connexe à la dépendance au cyberespace, les forces armées modernes sontdonc soumises à l’utilisation de l’espace qui concourt très largement à la conduitedes opérations militaires sur terre. Dès lors, les capacités spatiales apparaissentd’autant plus sensibles que leur neutralisation, au sens le plus large du terme,nui rait sans conteste à la conduite des opérations. Il apparaît ainsi logique del’in té grer dans l’analyse des milieux du champ de bataille et, donc, de chercher àdégager les futures évolutions.

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Plus qu’une autre composante, l’Armée de l’air a une responsabilité parti-culière, si ce n’est quasi-naturelle à l’égard de ce milieu. Bien que l’on contestepar fois la continuité de la troisième dimension et de l’espace pour des motifs rele-vant des sciences physiques, celle-ci demeure une réalité de manière pratique.

Les nécessaires adaptations peuvent être résumées au développement et audurcissement des flottes satellitaires, soit dans un cadre strictement national, soitplus probablement dans un cadre européen. Les efforts déjà consentis dans cedomaine ont fait de la France et de l’Europe des puissances spatiales de premierrang. Leur poursuite est nécessaire pour bénéficier d’une réelle et totale autonomiede décision et de conduite des opérations. À la lumière de la rapidité des évolutionstechnologiques, politiques et des réalisations de certains États, tout bref relâche-ment dans les efforts budgétaires et technologiques, mais également doctrinaux,pourrait avoir des conséquences fortement préjudiciables. Aujourd’hui, la Francebénéficie avec le radar Graves (Grand réseau adapté à la veille spatiale) d’un réelavantage en matière de connaissance situationnelle spatiale qu’il importe, bien sûr,non seulement de conserver et donc de protéger, mais également d’élargir afind’anticiper tout risque ou menace dans ce milieu qui tendra à être de plus en pluscontesté à l’horizon des quinze prochaines années. Il s’agit donc de réfléchir auxparades et mécanismes de dissuasion spatiaux face à l’hypothèse de l’affirmationpar certains États d’une éventuelle arsenalisation de l’espace. Le renforcement descapacités de surveillance et de détection serait en effet dissuasif en ce sens qu’il permettrait d’identifier l’origine d’une attaque contre un segment satellitaire.

Le Temps, élément central du champ de bataille

Évoquer les évolutions que connaît le champ de bataille et qui seront ame néà le caractériser à l’horizon des prochaines années, doit enfin conduire à s’in téresserà une notion centrale qui est celle du temps. Centrale, en effet, en ce que le tempsest véritablement devenu un enjeu majeur des conflits, chacun cherchant à le maî-triser, à imposer son rythme à l’autre. Garder un avantage temporel sur l’ad versaire,un « coup d’avance », conserver l’initiative, représente en effet l’une des conditionsclassiques du succès de la manœuvre militaire. L’accélération du temps et l’évolutionde la nature de l’adversaire, de ses modes et milieux d’action, etc., transforment alorssensiblement ce préalable.

La permanence ou la maîtrise du temps long

L’un des défis pour la puissance aérospatiale – dans l’environnement conflic-tuel tel qu’il est amené à évoluer, marqué par la fugacité des cibles et le refus del’af frontement direct des adversaires – apparaît finalement devoir être celui deconjuguer maîtrise de la force, connaissance situationnelle et réactivité. Ces deuxderniers aspects renvoient à la nécessité pour la puissance aérospatiale de savoir maî-triser les temps long (permanence en vol) et court. De ce point de vue, les récentes

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opérations ont témoigné du rôle central dévolu aux drones pour ce faire. Outre lefait qu’ils éloignent l’Homme de la zone de risque, ils offrent surtout comme prin-cipal avantage celui de maîtriser le temps long, de durer sur zone. Ils offrent, autre-ment dit, l’avantage de la permanence. Cette caractéristique est d’au tant plus essen-tielle que le temps est devenu un trait marquant des conflits contemporains et unélément vraisemblablement structurant des conflits de demain.

Les adversaires agissent à un double niveau de temporalité. Ils chercheront,d’une part, à faire durer l’engagement des forces pour les conduire à l’essoufflementen profitant de plus en plus des différents relais médiatiques pour influer sur lesopinions publiques, sur leur perception de la légitimité de l’intervention, voirechercheront-ils à tirer profit de leur « faible » capacité de résilience. Leur objectif enjouant sur le temps long est alors de nature « stratégique ». À l’inverse, ils utilise-ront, d’autre part, au niveau tactique, le temps court. N’ayant pas les capacités d’affronter directement la force, ils préféreront, comme nous l’avons vu, faire lechoix de la fugacité et de la dissimulation en profitant notamment de la complexi tédes environnements. La force déployée doit alors savoir maîtriser le temps court.En cela, la permanence est un gain opérationnel certain : l’occupation du ciel enpermanence, couplée à une mise en réseau des capteurs et des récepteurs, permetd’avoir une pleine connaissance situationnelle, une vision totale du champ debataille et une image commune de la situation opérationnelle ; elle offre une maî-trise, au niveau tactique et opératif, du temps long, permettant d’agir sur le tempscourt en captant l’instant fugace. Si la guerre du Kosovo avait révélé certaineslimites en la matière, la permanence des plates-formes ISR, tout temps, apparaîtaujourd’hui comme une véritable innovation tactico-opérative en offrant une cou-verture de zones et en alimentant les forces (aériennes comme terrestres) en rensei-gnement de manière continue et instantanée. Les exemples en témoignant sontnombreux : que ce soit au Liban ou à Gaza, en Irak ou en Afghanistan, aucune forceengagée dans un conflit ne peut dorénavant faire l’économie de cette permanenceque confèrent les drones.

Mais la permanence des plateformes peut offrir un avantage autre que laseule acquisition du renseignement. De la même manière que le sont (temporaire-ment) le Show of Presence et le Show of Force, les drones ont un rôle dissuasif – auniveau tactique – au sens premier du terme et contribuent à un emploi maîtrisé dela force. En faisant planer non forcément une menace mais une présence au-dessusd’une zone, laissant entendre aux adversaires qu’ils sont perpétuellement observéset que la réaction de la force tend à devenir de plus en plus courte dans le temps,les drones contribuent à influer sur la prise de décision et à inciter les adversaires« à ne pas agir ». Cette fonction dissuasive des drones – qui s’en trouve renforcéedès lors que les plateformes sont armées – offre un niveau de graduation supplé-mentaire dans l’emploi de la force d’autant plus essentiel dans des opérations decontre-insurrection ou de stabilisation que la protection et l’aide à la population,et plus clairement son soutien, sont déterminants.

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L’adaptation à l’accélération du rythme

Derrière les avantages qu’offrent les drones en termes de renseignement etde maîtrise de l’information, c’est bien la notion de réactivité qui se dessine en fili-grane. Cette problématique n’est bien sûr pas nouvelle en soi et est au cœur aussibien du concept de boucle OODA (Observation, orientation, décision, action)que du cycle de traitement d’une cible dit F2T2EA (Find, Fix, Track, Target,Engage, Assess). Mais les opérations contemporaines, qu’il s’agisse de cellesconduites par Israël ou de celles menées en Afghanistan et en Irak, révèlent le carac-tère central de cet aspect et l’importance aussi bien de savoir effectuer des ciblagesd’opportunité que de pouvoir traiter des Time Sensitive Target (TST). Dans lesrécentes opérations de contre-insurrection, le ciblage d’opportunité a pu constituerl’essentiel des missions offensives de la puissance aérospatiale. La nécessité de maî-triser le temps court, et à l’extrême le temps réel, apparaît comme l’une des prin-cipales conséquences des évolutions que connaît le champ de bataille. En cher-chant par exemple à se fondre dans la population ou à profiter des diverses zonesd’ombre qu’offrent les centres urbains, les adversaires tentent d’imposer leurryth me. Il s’agit donc de maîtriser le temps long (permanence) et de contractercelui s’écoulant entre l’observation et l’action. C’est de ce point de vue que lesdrones présentent un avantage incommensurable : la permanence qu’ils autorisentassociée à leur capacité à transmettre l’information directement, en continu et entemps réel, permet une accélération du rythme et une maîtrise du temps.

S’il ressort finalement une importance toute particulière de l’ensemble« observation/frappe », maîtriser le tempo – en particulier à des fins de réactivité dansle déclenchement d’une opération – nécessite également à un autre degré un impor-tant niveau de décentralisation, qui n’est dès lors pas sans conséquence en termesorganisationnels. De ce point de vue, les opérations au Mali illustrent particulière-ment bien le savoir-faire de l’Armée de l’air en terme de réactivité. Elles témoignentpar là même de tout l’intérêt qu’il y a à pouvoir conduire des opérations depuis leCNOA (Centre national des opérations aériennes) de Lyon Mont-Verdun.

Parmi les nombreuses dimensions et nature du changement du champ debataille, seules quelques-unes, parce qu’ayant un possible lien direct avec l’emploide l’arme aérienne, ont été mises en exergue. Il s’agit d’une lecture d’un environ-nement complexe qui a pour objectif d’esquisser un paysage avec une forme desubjectivité qui exclut toute exhaustivité. En effet, si une tendance, un axe d’évo-lution central ressort de l’analyse de l’évolution du champ de bataille, c’est l’accroissement continu de sa complexité, lié de manière étroite à l’accroissementdu tempo, du rythme sur le champ de bataille et de son évolution.

Cette tendance centrale a des conséquences contrastées et nuancées sur lescaractéristiques de la puissance aérospatiale. Elle peut renforcer l’im portance de ces

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dernières et donc accroître son propre rôle sur le champ de bataille. La descriptionet les tendances qui traverseront l’environnement de bataille (étendu mais aussiconfiné et déspatialisé, pouvant être déshumanisé mais aussi peuplé, aux menacesdiffuses et permanentes, etc.) mettent en valeur le traditionnel triptyque (« Plushaut, plus vite, plus loin ») caractérisant la puissance aérospatiale.

Cependant, afin de conserver cet avantage initial, voire de multiplier les effetset les bénéfices procurés par cette trinité de caractéristiques, il convient peut-être deremettre plus en exergue les qualités des vecteurs de la troisième dimension : la flexi-bilité (adaptabilité) et la permanence. Déjà identifiés dans l’Instruction 1000 portantDoctrine interarmées d’emploi des forces en opérations, ces qualités devraient deve-nir des caractéristiques de la puissance aérospatiale. Ce quintette – « Plus haut, plusvite, plus loin, plus flexible, plus longtemps » – serait alors l’outil le plus adapté faceà la complexification du champ de bataille ainsi qu’à l’intensification de son rythme.Si le temps est bien l’enjeu central des prochains engagements armés, c’est bien lacapacité à le maîtriser qui sera gage de succès des opérations.

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Éléments de bibliographie

Joseph Henrotin : « Peut-on penser une campagne coin en stratégie aérienne ? L’apport de Warden » in Défense & sécurité internationale n° 54, décembre 2009, p. 29.

Rupert Smith : L’utilité de la force : l’art de la guerre aujourd’hui ; Économica, février 2007 ; 396 pages.

Olivier Zajec : Puissance aérienne et milieu urbain ; Compagnie européenne d’intelligence stratégique, 10 juillet 2007 ;p. 5-6.

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État-major de l’Armée de l’air.

EMAA

Si la nature de la guerre est invariable, ses formes sont mouvantes et souventcomplexes. Les conflits dans lesquels nos forces armées ont été régulièrementengagées en attestent. Ils sont caractérisés par un spectre particulièrement

large allant de l’affrontement interétatique à la confrontation asymétrique avec desacteurs « sub-étatiques », conjuguant « high tech » et « low tech ».

Une rapide perspective historique nous rappelle que la domination despuissances occidentales dans nombre de conflits étatiques conventionnels passés(guerres de Corée, du Vietnam, des Malouines, israélo-arabes, du Golfe, auKosovo) a résulté de la supériorité de leurs aviations. La conquête de la maîtrise del’air a été permise par des innovations tactiques (Mig Alley en Corée, opération Boloau Vietnam) et des innovations techniques (vitesse jusque dans les années 1970,manœuvrabilité et furtivité à partir des années 1980). La supériorité aériennecontestée par l’avènement des missiles dans le cadre de la guerre du Vietnam a étérétablie durablement grâce à l’avènement de la guerre électronique et du renforce-ment des concepts de formation et d’entraînement (Red Flag…).

Depuis les années 2000, les conflits successifs en Irak (2e intervention en2003) et en Afghanistan ont, quant à eux, concentré la pensée stratégique sur lesmodèles asymétriques et les approches contre-insurrectionnelles tendant à mini-miser le rôle de l’aviation. Or le retour d’expérience démontre que pour le milieuaérien, il y a continuité du risque entre les phases de coercition et de stabilisation.Le milieu étant sans frontière, la loi du plus fort s’impose. De même, au Liban en2006, Israël a fait la douloureuse expérience d’une prospective stratégique biaiséeen se retrouvant face à des unités paramilitaires équipées d’armements modernes etpuissants.

Les déclenchements inopinés de l’opération Harmattan comme de l’opérationServal témoignent toutefois de l’imprévisibilité de futures conflictualités. La prépara-tion et l’adaptabilité des forces armées françaises ont permis de répondre à cette crise.

En parallèle, l’expansion économique des pays émergents et l’accès aux tech-nologies accroissent le risque de se retrouver confrontés à des adversaires dotés d’uneforce significative. Alors que les budgets de défense occidentaux diminuent, les pays

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émergents connaissent « une course aux armements » et investissent dans les techno-logies militaires de pointe, notamment l’aéronautique *. La prolifération des techno-logies de défense anti-aérienne et anti-navire est également au centre des intérêts. Ilpeut s’agir de missiles anciens mais également de dernière génération comme le S300.Ces armements offrent un rapport coût/efficacité très favorable aux pays émergentset permettent d’empêcher à une armée plus puissante l’accès à une zone.

L’adaptation des capacités militaires

* Une course aux armements chez les émergents

Ainsi en 2011, les dépenses militaires en Asie ont augmenté de 14 %, essentiellement tirées par la Chine (+ 18,75 %par an jusqu’en 2015) et l’Inde (+ 17 % en 2012). Il en va de même pour les autres puissances émergentes : Indonésie(+ 8,8 %), Vietnam (+ 8,92 %), Taiwan (+ 10 % par an), Russie (+ 580 milliards d’euros sur 10 ans), Brésil (+ 30 %entre 2001 et 2010). La Russie va notamment construire 600 chasseurs de cinquième génération T-50 avec l’Inde,la Corée du Sud s’apprête à acheter 60 appareils, Taiwan souhaite rénover ses 145 F-16.

Sans contre stratégie, ces capacités peuvent aussi permettre à un État malintentionné d’entraver le libre accès aux espaces communs, (un détroit, une voieaérienne….), et ainsi atteindre le cœur de notre économie. Pour répondre effica-cement à ce type de défis, les forces armées doivent être capables d’agir dans l’ensemble des espaces (air, mer, terre, espace cyber et extra-atmosphérique). Leconcept « Air Sea Battle » développé aux États-Unis vise à contrer les stratégies antiaccess/area denial d’un « peer competitor ». Il promeut un système de forces inté-grées, interconnectées, disposant d’un réseau de communication résilient et pou-vant lancer des attaques en de multiples points et au cœur des systèmes adverses.À l’évidence, à l’avenir, il façonnera les coalitions menées par les États-Unis aux-quelles il faudra pouvoir contribuer.

La question qui se pose est donc celle d’une adaptation de nos capacités etde nos structures militaires face à l’évolution du caractère contemporain de laguer re. La focalisation sur les menaces asymétriques qui ont surtout été le lot descombats endurés par nos troupes au cours des dix dernières années, pourraitconduire à des résultats dans le court terme stratégique mais pourrait également serévéler dangereusement inappropriée face à une résurgence brutale, toujourspos sible, d’un conflit à haute intensité.

Ainsi, la contraction des ressources budgétaires ne doit pas conduire à uneopposition entre ces deux paradigmes et donner l’impression qu’il s’agit nécessai-rement de faire un choix exclusif.

Il faut, dans ce contexte, conduire une adaptation des capacités militaires, quipermette de remplir les missions dans des formats probablement réduits, tout en cher-chant à minimiser l’impact sur la dégradation des contrats opérationnels. Si des axesd’évolution peuvent être identifiés, il faut avant tout s’employer à conserver les capa-cités fondamentales qui font que la France dispose aujourd’hui d’un outil militaire

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L’adaptation des capacités militaires

solide et hautement crédible : agir de façon significative en offrant un spectre d’effetsmilitaires large, disposer de la capacité rare à entrer en premier, être moteur et influentdans une coalition, maintenir une cohérence globale de l’outil.

Des capacités fondamentales auxquelles la France ne peut renoncer

sans perdre de son influence 

La France doit préserver à tout prix sa capacité à intervenir de façon immé-diate et significative, en demeurant apte à entrer en premier. Pour satisfaire cettecondition, le domaine aérien est primordial. En effet, son contrôle est le préalableà toute opération, afin de garantir la capacité de décision du gouvernement, sacapacité de peser sur les décisions d’une coalition et permettre la liberté d’actiondes forces. C’est là d’un domaine d’excellence de la France dont l’Armée de l’air estle cœur et qui n’est partagé que par deux autres puissances, les États-Unis et leRoyaume-Uni. Cette capacité repose sur le partage et la maîtrise de l’informationen temps réel, sur l’aptitude à mettre sur pied des structures de commandement etde contrôle dont la maîtrise est complexe mais aussi sur une élongation stratégiquerapidement mise en œuvre.

C’est bien la cohérence globale de l’outil qui permet à la puissance aérien nede s’exprimer, en garantissant aux autorités gouvernementales de bénéficier jusqu’àla dernière extrémité d’un large éventail d’options dans le traitement des crises,per mettant de garder un niveau d’autonomie suffisant, gage de notre souveraineté.Cette cohérence se traduit par une complémentarité mais aussi une interdépen-dance étroite de capacités distinctes (planification, commandement et conduite desopérations, évaluation de situation, modes d’action variés produisant un largepanel d’effets militaires, soutien des moyens engagés – ravitaillement en vol, guer reélectronique notamment, soutien depuis la métropole et sur les sites déployés desunités engagées…). Cette cohérence nécessite en outre le maintien d’un niveau dequalification et d’entraînement permanent du personnel, d’autant plus exigeantque les équipements mis en œuvre par l’Armée de l’air requièrent un haut niveaude technicité et une autonomie importante des opérateurs.

Si les contraintes budgétaires fortes légitiment une tendance à la révisiondes formats, la crédibilité et la capacité d’influence de la France nécessitent deconserver un seuil capacitaire, tant sur l’éventail du spectre couvert que sur levolu me de forces qui peuvent être engagées, en particulier dans les domaines lesplus critiques au niveau européen (AWACS, ravitaillement en vol, transport straté-gique). Cette notion de seuil permet de caractériser un niveau quantitatif néces-sai re pour assurer de manière simultanée les différentes fonctions opérationnellesdans le cadre de la sécurité du territoire et de la contribution à une action visibleet significative en coalition.

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Des axes d’adaptation à développer

pour dégager des économies financières

Si la France doit conserver sa capacité fondamentale à intervenir de manièreautonome dans la zone d’intérêt, elle pourra s’appuyer sur une nouvelle approche deses qualités intrinsèques d’élongation pour intervenir au-delà. En effet, les capacitésrenforcées d’élongation de l’arme aérienne liées aux nouvelles performances de sesvecteurs et à une gestion dynamique d’un réseau adapté de points d’appuis qu’il resteà établir permettent de répondre à l’éloignement de « l’espace de crises majeures ».

Des études sont à mener pour adapter nos modes de fonctionnement, enparticulier dans la manière de générer et entretenir les compétences qui exigent desmoyens importants, notamment pour les capacités aériennes. Il s’agit d’optimiserles outils et les process d’entretien des compétences. Plusieurs pistes peuvent êtreévoquées telles que l’augmentation de la part d’entraînement synthétique (simula-tion), ou le transfert d’une partie de la formation et de l’entraînement actuellementréalisée sur des flottes dont l’activité est onéreuse vers des plateformes moins chèresà exploiter, équipées de systèmes virtuels pour préserver la valeur ou la qualité desheures d’entraînement. Ce principe permettrait de préserver la capacité à interve-nir dans une phase initiale de haute intensité et, dans un second temps, la capaci téà durer, grâce à un réservoir de forces entraîné différemment et à moindre coût.

Un autre axe d’adaptation possible consiste à mutualiser certaines capacitésavec nos principaux partenaires. Une première opportunité réside dans la valorisa-tion des synergies avec les partenaires membres de l’Otan, dans une logique demutualisation avec le recours à des financements communs, dont nous pourrionstirer profit (financement de l’infrastructure de certaines de nos bases par exemplevia le projet « Air Basing »).

Une seconde approche consiste à établir des convergences sur les normesd’emploi, par exemple en développant des structures européennes, étudiées notam-ment dans le domaine du transport stratégique et du ravitaillement en vol. Cesnouvelles structures, souples, évolutives et à fort potentiel de croissance, permet-tront d’identifier les sources de mutualisation et d’économie, et de favoriser lesaccords de coopération. Elles permettront in fine le partage d’outils et de structuressur la base d’une participation « à tiroir » (chaque pays pouvant décider desdomaines d’application : maintenance, formation, sécurité des vols, préparation demission…) sans remettre en question les principes de souveraineté (chaque paysconservant le contrôle opérationnel de ses moyens).

Dans cette logique de gains financiers par le biais d’adaptations capaci-taires tout en veillant à minimiser les impacts sur les contrats opérationnels, lavalorisation de la réserve opérationnelle est à envisager. Des unités de réservistespourraient avantageusement compenser des réductions engagées sur des capacités

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particulièrement soumises à des pics d’activité, notamment pour armer les struc-tures de Commandement et de contrôle (C2).

D’autres pistes demeurent enfin ouvertes pour rechercher de nouvelles res-sources financières extrabudgétaires. De nouvelles cessions de fréquences méritentd’être étudiées, notamment dans le domaine des télémesures. Un axe nouveauconsiste également à tenter d’obtenir des financements européens pour les capaci-tés duales concourant à la sécurité européenne. En effet, la recherche et le déve-loppement du secteur de l’aéronautique civile et militaire représentent la plusgran de part de la Base industrielle et technologique de défense (BITD) en Europeet en France, développant 20 technologies parmi les 27 classées critiques. En outre,les retombées apportées par ces technologies vers le secteur industriel sont fré-quentes, et bien au-delà du secteur de l’aéronautique. La R&T étant un vecteuradapté du renforcement de la construction de l’Europe de la Défense, cet axe estporteur de belles perspectives.

Enfin, des améliorations ne devraient pas être écartées en explorant à descoûts maîtrisés de nouveaux concepts qui se démarquent de ceux proposés tradi-tionnellement par nos partenaires américains. L’utilisation de bombes planantes oude missiles de croisière, associés aux nouvelles capacités ISR (satellites, capteursélectromagnétiques Spectra du Rafale), constitue une approche prometteuse dans ledomaine de la suppression des défenses aériennes adverses (SEAD).

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La coopération militaire dans l’Espace :

le cas franco-américain

Lieutenant de l’Armée de l’air, chercheur au sein de l’équipe« Prospective et études de sécurité » du Centre de recherchede l’Armée de l’air (Crea). Doctorante en Science politiqueà l’Université Paris II Panthéon-Assas.

Béatrice Hainaut

Certains signes ne trompent pas. Les Français et les Américains ont opéré unrapprochement tout en subtilité. Il s’agit, tout d’abord, d’un rapproche-ment en matière de politique étrangère générale. On se souvient de la prise

de parole audacieuse de Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étran-gères, le 14 février 2003 devant l’Assemblée générale des Nations unies, s’opposantà une intervention armée aux côtés des Américains en Irak. Cette diatribe avaitcontribué à tendre les relations diplomatiques franco-américaines. Comble de cette« rupture », elle s’appuie sur la possession par la France de capacités autonomes dedécision grâce, notamment, aux capteurs optiques des satellites Hélios. En effet, lesimages prises par ces derniers n’avaient pas été en mesure de confirmer la thèseaméricaine selon laquelle il y avait présence d’armes de destruction massive sur lesol irakien.

Mais le temps a passé, et les diplomates ont œuvré. L’élection en Franced’un nouveau président de la République en 2007 a amorcé une ère nouvelle dansles relations franco-américaines. Les deux États ont ainsi œuvré ensemble sur demultiples dossiers portés jusqu’aux Nations unies et en particulier, pour certains,au niveau du Conseil de sécurité. Bon an, mal an, la rupture de 2003 s’est douce-ment fait oublier, la confiance s’est peu à peu réinstaurée. L’expression employéepar Hubert Védrine résume finalement bien les relations entre les deux États :« Amis, alliés, mais pas alignés ».

Si le domaine spatial peut être à l’origine d’un désaccord diplomatique profond (l’engagement sur un théâtre d’opération en vue d’y mener une guerre), ilpeut aussi parfois s’avérer être un formidable outil de rapprochement entre États.Rappelons que la France et les États-Unis sont des puissances spatiales et se fontrelativement mutuellement confiance. Voilà deux éléments qui constituent unebase fondamentale à toute éventualité de coopération.

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Une coopération inter-agences ancienne et fructueuse

La coopération franco-américaine entre agences spatiales est une réalitéancienne. La National Aeronautics and Space Administration (NASA) et le Centrenational des études spatiales (Cnes) ont établi des partenariats solides dans desdomaines variés. On peut notamment citer deux exemples importants, le pro gram meJason et la coopération sur la question des débris en orbite. Malgré cette coopérationinter-agences qui pourrait apparaître comme exclusivement civi le, les implicationsmilitaires sont envisageables dans les deux cas de figure. Le succès du programmeexpérimental Topex-Poseïdon en 1992 a ouvert la voie à une collaboration à long termedans le domaine de l’altimétrie radar. Le but est ainsi de recueillir des données de pré-cision sur les courants océaniques et leurs variations ainsi que sur la mesure du niveaudes mers. Cette coopération Cnes-NASA se pour suit aujourd’hui, notamment grâceà l’envoi prévu en 2014 d’un troisième satellite (Jason 3).

La seconde coopération symptomatique des bonnes relations inter-agencesCnes-NASA est celle menée sur les débris spatiaux. Bien qu’ancienne, elle revêtaujourd’hui une dimension plus stratégique liée à l’intérêt croissant que suscite cetteproblématique au sein des enceintes multilatérales. À l’origine, les scientifiques de laNASA s’inquiétaient de la production de débris suite aux essais antisatellites dudépartement de la Défense américain, notamment celui de septembre 1985. Lesexperts de la NASA tentèrent alors de sensibiliser la communauté scientifique inter-nationale sur cette question des débris via les agences spatiales nationales. L’explosiond’un étage d’Ariane le 26 novembre 1986 aurait en outre poussé la NASA à prendrecontact avec l’Agence spatiale européenne (ESA) et à initier des groupes de travail surles débris spatiaux. Cette problématique trouve également un écho favorable auprèsdu Cnes. Les contacts informels s’institutionnalisent ensuite en 1993 par la créationde l’Inter-Agency Space Debris Coordination Committee (IADC) organisation tech-nique fédérant aujourd’hui les analyses sur le sujet.

Dernier exemple récent de cette collaboration féconde, la fabrication etl’envoi sur Mars du rover Curiosity dont la mission est d’analyser le sol de cette pla-nète. Le fait qu’il s’agisse là du résultat d’une collaboration fructueuse entre laFrance et les États-Unis, et notamment entre le Cnes et la NASA, est pourtant rela-tivement peu connu. On perçoit bien, avec ces quelques exemples, que la coopé-ration fut rendue possible par la poursuite d’intérêts scientifiques communs et lefait que les scientifiques de part et d’autre de l’Atlantique, par leurs échanges nom-breux, ont su établir une relation de confiance durable.

La coopération militaire par l’échange de données et de pratiques

Ce type de relation est plus difficile à établir au niveau militaire dans lamesure où les domaines de coopération touchent le plus souvent à la souveraineténationale et sont donc généralement du ressort des décideurs politiques. La France

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La coopération militaire dans l’Espace : le cas franco-américain

a fait le choix, il y a maintenant près d’un demi-siècle, d’être une puissance spatia le.Lié alors à la doctrine de la dissuasion, l’Espace a ainsi revêtu une dimension straté-gique. Autour de cette ambition originelle, la France développe, peu à peu,l’en semble du spectre des capacités spatiales (télécommunications, observation,navigation, écoute, alerte avancée). L’utilisation du spatial devient de ce fait unecom posante clé des activités militaires et un multiplicateur de forces notammentlors des opérations extérieures. La France s’est dotée en juillet 2010 d’un comman-dement unifié – le Commandement interarmées de l’Espace (CIE) – qui constituele point d’en trée pour toute question spatiale relevant de la compétence des armées.

Pour être considérée comme une puissance spatiale complète, la Francedoit disposer de quatre éléments indispensables : avoir un accès autonome àl’Espace, avoir une industrie capable de concevoir et fabriquer des lanceurs et dessatellites, être capable de gérer un segment sol et, enfin, être en mesure de surveillerl’Espace. Les trois premiers sont acquis et la capacité de surveillance de l’Espace esten plein développement. Le Code de la défense inclut cette dernière dans ladéfen se aérien ne « élargie » relevant du Commandement de la défense aérienne etdes opérations aériennes (CDAOA) et en particulier de sa division « Surveillancede l’Espace ». L’Armée de l’air, sous la direction du CIE, assure la surveillance del’Espace extra-atmosphérique. Cette compétence spécifique attribuée à l’Armée del’air est expressément militaire et touche alors au domaine du renseignement. Lasensibilité de ce secteur rend l’établissement de coopérations plus ardu mais pasnon plus impossible.

En effet, le domaine sensible par excellence est celui du renseignement. LesAméricains sont les alliés des Français et en matière spatiale, ces derniers sont sou-vent dépendants des données américaines. Si le canal existe, il n’en demeure pasmoins très restreint. Par exemple, la France n’appartient pas à cette communauté departage de renseignement unique au monde que l’on connaît sous l’expression des« Fives Eyes ». Elle constitue un remarquable forum d’échange d’informations animépar les États-Unis, regroupant également le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie etla Nouvelle-Zélande. Certes, en matière spatiale, tous ces États ne brillent pas parleurs capacités. Cela étant, l’existence de cette communauté repose avant tout sur lesliens historiques que les uns et les autres ont su tisser. Cette alliance établit uneconfiance totale entre les acteurs. Les États-Unis ont ainsi récemment (2010) signéun accord de coopération avec l’Australie concernant la surveillance de l’Espace. Cetaccord est d’autant plus intéressant pour les États-Unis qu’il leur permet de couvrirune zone leur échappant encore, l’hémisphère Sud.

Si la France n’appartient pas à cette communauté de renseignement, ce qui luipermet d’ailleurs de préserver son indépendance dans l’appréciation de situation, unélément a cependant fait évoluer les relations franco-américaines dans le domaine durenseignement : l’acquisition par la France du système Graves (Grand réseau adapté àla veille spatiale). Le radar, livré à l’Armée de l’air en décembre 2005, est capable dedétecter tout objet supérieur à un mètre carré, sur volant le territoire français et se

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situant entre 400 et 1 000 km d’altitude. L’acquisition de cette capacité, conçue àl’origine comme démonstrateur, a permis à la France de « voir ». Le radar a fait sespreuves au-delà des espérances. D’après les estimations américaines et européennesdatant de 2012, plus de 23 000 objets mesurant plus de 10 cm gravitent actuellementautour de la terre à une vitesse moyenne de 25 000 km/h. Le système Graves permet,en surveillant l’orbite basse qui est l’orbite la plus encombrée de satellites mais ausside débris, de constituer un catalogue d’environ 3 000 objets.

L’outil opérationnel s’est alors aussi transformé en outil diplomatique quandce dernier a permis de détecter des satellites sensibles, inconnus auparavant. Avec l’acquisition de cette capacité technologique, c’est toute la crédibilité de la France entant que puissance spatiale qui a été réaffirmée. À partir du moment où la France aeu en sa possession une « monnaie d’échange », elle devenait un partenaire crédibleavec lequel il était de bon ton de coopérer, ne serait-ce que pour savoir ce qu’il étaitcapable de voir. Cet épisode a constitué l’amorce de la coopération franco-américai ne.Après deux ans d’existence informelle, le forum de coopération spatiale franco-amé ri cain a été officialisé le 14 mai 2009. Plus tard, le 8 février 2011, une déclarationde principes a été signée entre Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères etRobert Gates, secrétaire d’État à la Défense des États-Unis, afin de favoriser la coopé-ration franco-américaine dans le domaine de la surveillance de l’Espace.

Un autre signe d’ouverture est la participation « historique » de la France auSchriever Wargame de 2012. L’édition 2012 de cette simulation organisée depuis2001 par l’US Air Force Space Command, fut la première ouverte aux pays membresde l’Otan. L’objectif de cet exercice est de planifier et de coordonner les capacités spa-tiales et cyber des États-membres au cours d’un scénario particulier. Si l’Otan n’enest qu’à ses débuts en matière spatiale, les possibilités de développements sont impor-tantes. Ainsi, la participation à cette simulation ne doit pas être considérée commeanecdotique. Elle permet en effet de côtoyer les alliés, de confronter les points de vue,les manières de procéder et ainsi d’améliorer la coordination des capacités spatialesentre les États. De plus, on peut imaginer que la réintégration de la France au seindu Commandement militaire intégré de l’Otan en 2009 permet d’optimiser cesdéveloppements. Enfin, on peut ainsi considérer que la relation spatiale franco-américaine peut adopter le cadre privilégié de l’Otan pour se réaliser pleinement.

Une diplomatie spatiale américaine en mutation

Ce rapprochement plus récent est également à attribuer à l’arrivée au pou-voir de Barack Obama en janvier 2009. Bien qu’une inflexion dans le domaine spa-tial ait été amorcée à la fin du mandat de George W. Bush, cela n’a pas pour autantdonné lieu à un véritable renouveau de la coopération. À l’inverse, la publication en2010 d’une nouvelle politique spatiale, la National Space Policy, a laissé entrevoir lechangement, au moins dans le ton. La précédente NSP (2006) avait soulevé des inquiétudes quant à l’éventuelle conception et utilisation d’armes antisatellites.

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Elle reflétait, au moins dans le ton, l’approche unilatéraliste, si ce n’est militariste, del’administration Bush. La NSP 2010 tranche nettement dans le ton avec celle de2006, et notamment en ce qu’elle souligne que les systèmes spatiaux de toutes lesnations doivent pouvoir évoluer dans l’Espace sans être gênés par des interférencesémises par d’autres. Plus encore, elle met clairement l’accent sur la coopération, ycompris militaire. Le but visé est ainsi d’éviter les incompréhensions ou les erreursd’appréciation dans l’Espace devenu un milieu de plus en plus convoité, conges-tionné et contesté. Les appels à la coopération ne sont bien sûr pas uniquement des-tinés à la France. Reste cependant qu’ils constituent une fenêtre d’opportunité inté-ressante pour mener à bien une collaboration plus étroite. Cette opportunité ad’ailleurs été saisie par la France et l’Europe qui ont décidé de promouvoir un codede conduite européen dans l’Espace. Ce projet, visant à éviter tout conflit dansl’Espace en favorisant la communication entre les États spatiaux de plus en plusnombreux, est une initiative qui fut particulièrement poussée sous la présidencefrançaise de l’Union européenne durant le second semestre 2008. Alors que les États-Unis font habituellement preuve d’une opposition de principe à tout texte suscep-tible de limiter leur liberté d’action dans l’Espace, ce projet n’a pas été d’em bléereje té. Certes, il fait bien évi demment l’objet de débats contradictoires en interne.Cependant la volonté pré sidentielle américaine s’oriente davantage vers un soutienaffiché au processus d’élaboration de ce code. Notons encore que le statut du texteen « Code de conduite » per met au Président américain de l’adopter sans devoir lefaire valider par le Sénat, beaucoup plus frileux sur ces questions. À l’in ver se, dans lecas d’un traité, le Sénat aurait à le ratifier à la majorité des deux tiers. La démarchedu projet de code de conduite dans l’Espace est donc dans l’en semble soutenue parl’administration amé ricaine, moyennant quelques modifications.

Cette démarche politique et diplomatique vient parfaire un rapprochementinter-agences (ancien) et une collaboration militaire (toutes proportions gardées).Les consultations internationales sur ce code ont été lancées. Elles visent en mêmetemps à faire la promotion de ce code à l’international. Même si ce projet estsou te nu par les différentes agences des Nations unies, il est discuté en dehors detoute enceinte multilatérale et notamment onusienne afin d’éviter tout blocage desnégociations comme cela peut avoir lieu à la Conférence du désarmement. Ungroupe d’experts gouvernementaux (GGE : Group of Governmental Experts) arécemment été mis en place. Composé d’une dizaine de pays, il est chargé dedis cu ter de l’op portunité de réglementer les relations interétatiques dans l’Espace.Ce groupe est relativement actif et peut servir la cause du code. Au sein du GGE,la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne se consultent en amont afin d’adop-ter une position commune lors des réunions avec les autres partenaires. Même sicette démarche se réalise au niveau des ministères des Affaires étrangères et duDépartement d’État, il est symptomatique d’un certain renouveau des relationstransatlantiques. Il est en outre intéressant de rappeler que les armées de l’air de cestrois États ont par ailleurs mis en place un « partenariat » privilégié via le groupede réflexion stratégique trilatéral, dont l’objectif est de renforcer la compréhension

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et la connaissan ce mutuelle afin d’assurer une plus grande interopérabilité.L’Espace est naturellement présent à travers les applications opérationnelles quiintéressent directement l’emploi des moyens aérospatiaux de ces trois armées.

Les Français et les Américains ont ainsi davantage d’occasions de seren con trer et d’échanger. Ces lieux d’apprentissages croisés auront pour effetl’ho mogénéisation des conceptions, des préférences, des croyances, préalables àl’élaboration et à la diffusion de règles et de politiques multilatérales. Mais laconstatation d’un objectif commun (ne pas faire de l’Espace un champ de bataille)ne doit pas faire oublier que les deux puissances spatiales ont une stratégie d’occu-pation du milieu différente. Les États-Unis ont en effet développé la doctrine de laSpace dominance qui oriente encore aujourd’hui leurs actions. Entre les deux Étatsexiste néanmoins un fort potentiel de coopérations futures notamment en matièrede surveillance de l’Espace, domaine dans lequel l’Armée de l’air est seule compé-ten te sur ces questions. Cette dernière joue ainsi un rôle éminent, car au-delà deces échanges de données, elle permet aussi à la France de conserver un niveau desou veraineté suffisant pour s’assurer une autonomie dans l’appréciation de situa-tion et par là de décision.

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Pour livrer un combat, prévenir une guerre ou porter secours. Vos équipements doivent rapidement être acheminés sur de longues distances et vous les voulez précisément là où vous en avez besoin, même si vous ne disposez que d'une courte piste sommaire. L'A400M devient alors votre meilleur allié. C'est aussi un avion ravitailleur pour les hélicoptères, les avions de chasse et les avions de transport. A400M ou comment changer radicalement les règles habituelles d'intervention.

C A N O N S A U T OMO T E U R S

V É H I C U L E S B L I N D É S L O U R D S

H É L I C O P T È R E S L O U R D S

E N G I N S L O U R D S D E C O N S T R U C T I O N

V É H I C U L E S L É G E R S

T R O U P E S

P A R A C H U T I S T E S

P A L E T T E S E T C O N T E N E U R S

É VA C U A T I O N S A N I T A I R E

M A T É R I E L M É D I C A L

R AV I T A I L L E M E N T E N V O L airbusmilitary.com

D É L IVR ER LE N ÉC ESSA I R E À L'E N D R O I T PR É C I S O Ù I L E ST I N D I S P E N SAB LE

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L’Armée de l’air, an Instrument

of Power for France

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www.defnat.com

SALON DU BOURGET 2013

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Permanent missions

French Command and Control of Air Defence – a Brief HistoryMICKAËL AUBOUT, YOHAN DROIT, MARIE-MADELEINE MARÇAIS, TONY MORIN

French command and control (C2) is now an essential element of air defence of the homeland, and of exter-nal operations. In tracing the history of C2 from the very beginning of air operations through to the latestdevelopments, this article highlights one of the fundamental capabilities of the French Air Force.

The Airborne Nuclear Component: an Approach to ExcellenceEMAA

The Strategic air forces (FAS) are the airborne component of the French nuclear deterrent and, since 1964have been fundamental to the expression of French power. This component remains a central and unifyingelement for the development of the French Air Force.

The Air Force and National SecurityEMAA

In responding to the challenge of maintaining national security, the French state can rely upon the funda-mental capabilities of its Air Force. The very special capabilities of this Force contribute effectively andappropriately to that national security.

Contents

Introduction - A New Approach to Strategic FunctionsDENIS MERCIER

The capability to act fast and far: three recent commitments

From Afghanistan to Mali: The Afghan Model 10 Years on, Still Wholly Relevant

GÉRAUD LABORIEThe author takes us back to the Afghan model, and to its first use in Afghanistan, to remind us of its basicprinciples. Study of recent conflicts has confirmed that the Afghan model, an air-dominated strategic tool,is as relevant as ever and has high coercion value when used in the right conditions. Moreover, it is a toolwhose strength should be recognised and which should be integrated into the range of strategies that maybe put into effect by our forces.

Operation Harmattan: A Rafale Squadron Commander’s TaleLOÏC RULLIÈRE

The air campaign in Libya was the fruit of careful preparation. Faced with a campaign in which the parti-cipants were sometimes difficult to distinguish, the French Air Force was able to adapt its resources to carryout precision strikes.

Serval: an Exemplary French Air Force OperationEMAA

An air force is a powerful tool: in Operation Serval in Mali, the French Air Force has fully demonstrated thisfact through its reactivity, command and ISR capabilities, and its strategic and tactical mobility.

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The Battlefield and Air Power 15 Years From NowGRÉGORY BOUTHERIN, CHRISTOPHE PAJON

Trying to identify changes in the battlefield fifteen years from now might seem to be attempting the impos-sible. In drawing inspiration from clear trends, it is nevertheless possible to see three major changes:the number and type of players present on the battlefield, a proliferation of technologies, and the nature ofthe environments of conflict. Such analysis is central to preparing aerospace power for the challenges oftomorrow.

Looking to the future

The fundamental capabilities at the heart of modernisation

Air Force Command and Control, the Strategic Heart of Defence and National Security

EMAAThrough its ability to supervise and drive air operations (using C2 Air), the French Air Force represents forFrance a real instrument of power, and provides the country with a key capability in the execution of itsinternational responsibilities.

The Only Machiavellian Aspect of the Drone is its Human ElementCHRISTOPHE FONTAINE

The author, who is an expert in the field, considers that the drone differs from a combat aircraft only to theextent that its in-flight endurance allows the pilot to remain on the ground. From this standpoint, heexplains the invalidity of any reticence to use the drone as a tool like any other during combat.

A Case for the Dynamic Management of French Overseas BasesEMAA

This article spotlights the expansion of strategic space that will result from the introduction of A400M andMRTT aircraft. French force and power projection can now be envisaged using a more dynamic approachto the networking of our support bases.

Immediate Action: the Contribution of Rafale to recent OperationsYOHAN DROIT

Rafale is notable for its completely multi-role aspect. Its deployment in many different theatres of conflictenables us to understand its development better, and to see how it has been able to adapt fully to all of thetypes of operation to which the French Air Force has been committed over the past ten years.

Simulator Training for Future Combat PilotsCOLIN BLÄTTLER, CYRIL CAMACHON

There has been a gradual increase in simulation as an essential ingredient in the training of combat pilots.That notwithstanding, real flight remains the cornerstone of training experts in the military aeronauticalenvironment. Could the best balance between the two be found in on-board simulation during real flight?

The Men and Women of the French Air ForceEMAA

By dint of the quality of their training, the men and women of the French Air Force are genuine assets todefence in general, but also to the whole of civil society to which they contribute in terms of the values theydevelop within their profession.

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Adapting Military CapabilityEMAA

Over the past ten years the strategic landscape has been dominated by what are called asymmetric conflicts.Whilst this context has served to highlight certain capabilities, it should not be used as a pretext for abando-ning others which are best suited to high-intensity conflict.

Franco-American Space CooperationBÉATRICE HAINAUT

Very early in the game France and the United States developed cooperation between their respective natio-nal space agencies. Scientific cooperation is today developing into more political cooperation in a frame-work for military use of space. This change partly results from the American administration, which wouldwish to develop its space diplomacy.

Translation directed by Mike StoreyTranslation team: Barry Cox, Richard Eyres, John Halford and Mike Storey

Cover : Emmanuel Batisse (Cesa CAD section)

Revue Défense Nationale is published by the Committee for National Defence Studies,an association governed by the law of 1901, residing in the

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Subscriptions: Eliane Lecardonnel - Tel: +33 (0)1 44 42 38 23Web site manager: Paul Laporte - Tel: +33 (0)1 44 42 31 91

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Glossary

AASM: Armement air-sol modulaire ACCS: Air Command and Control SystemAPOD: Air Port of DesembarkationASMPA: Air-sol moyenne portée amélioréAWACS: Airborne Warning and Control SystemBITD: Base industrielle et technologique de défenseC2: Commandement et contrôleCafda: Commandement air des forces de défense aérienneCAOC: Combined Air and Space Operations CenterCDAOA: Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennesCENTCOM: US Central Command César: Complexe d’exploitation semi-automatique du radarCIE: Commandement interarmées de l’EspaceCnes: Centre national d’études spatialesCNOA: Centre national des opérations aériennesCO.AIR: Centre des opérations de l’Armée de l’airCoda: Centre des opérations de la défense aérienneComanfor: Commandant de la forceCos: Commandement des opérations spécialesCosmos: Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiauxCPCO: Centre de planification et de conduit des opérationsDCA: Défense contre aéronefsEATC: European Air Transport CommandESA: European Space Agency / ASE: Agence spatiale européenneF2T2EA: Find, Fix, Track, Target, Engage, AssessFAA: Federal Aviation Administration FAS: Forces aériennes stratégiquesFMV: Full-Motion Video GGE: Group of Governmental Experts Graves: Grand réseau adapté à la veille spatialeGS: Gestion de systèmesIADC: Inter-Agency Space Debris Coordination CommiteeISR: Intelligence, Surveillance, ReconnaissanceJDAM: Joint Direct Attack Munition JFAC AFCP: Joint Force Air Component de l’Afrique centrale et de l’Ouest JSOTF-N: Joint Special Operations Task Force-NorthJTAC: Joint Terminal Attack Controller Male: Moyenne altitude, longue enduranceMANPADS: Man-Portable Air-Defense SystemsMCCE: Movement Coordination Centre EuropeMRTT: Multi Role Tanker Transport NADGE: NATO Defense Ground EnvironmentNRF: NATO Response ForceNSP: National Space PolicyOEF: Operation Enduring Freedom OODA: Observation-Orientation-Decision-Action / OODA: Observation-Orientation-Décision-ActionOscégéane: Observation spectrale et caractérisation des satellites géostationnaires

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OUP: Operation Unified Protector OSF: Optronique secteur frontalPT: Per cent TransferPPS: Posture permanente de sûreté aérienneRAF: Royal Air ForceRBE 2: Radar à balayage électronique 2 plansROVER: Remote Operations Video Enhanced ReceiverSatam: Systèmes d’acquisition et de trajectographie des avions et munitionsScalp-EG: Système de croisière conventionnel autonome à longue portée-EGSCCOA : Système de commandement et de contrôle des opérations aérospatialesSEAD: Suppression of Enemy Air DefensesSIC: Système d’information et de communication Spectra: Système de protection et d’évitement des conduites de tir du RafaleStrida II: Système de transmission et de représentation des informations de défense aériennesTAA: Technically Advanced Aircraft TACP: Tactical Air Control PartiesTER: Transfer Effectiveness Ratio TIRA: Tracking and Imaging RadarTST: Time Sensitive Target

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A New Approach to Strategic Functions

General (Air), Chief of the French Air Staff.

Denis Mercier

On the occasion of the Salon du Bourget, it with great pleasure that I prefa cefor the first time this special edition of Revue Défense Nationale, dedicatedto the French Air Force. Through its many high quality contributions, this

edition offers the excellent opportunity to discover how the French Air Force putsits five core capabilities into action across its numerous commitments. The fivecapabilities, of planning, commanding and conducting air operations; collectingintelligence; immediate response; rapid and long distance projection; and high-level training are those which ensure the Air Force is ready for action within oursovereign territory and beyond. Modernisation of these capabilities will ensure thattomorrow’s Air Force will remain a powerful tool in the service of the nation,sup porting the five strategic functions of deterrence, protection, awareness andanticipation, prevention and intervention. The very coherence and strength of theAir Force is rooted in its ability to put all its capabilities into effect in support ofthese functions.

The recently-published defence White Paper on defence and national secu ri ty(the Livre blanc) describes current threats and supports the approach by strategicfunctions, which was originally introduced in the 1994 Livre blanc and broadenedsomewhat in that of 2008. Il allows identification of those areas that need to be fullyunderstood in order for the state to ensure the protection and security of its citizensand of France’s vital interests both on national territory and beyond its borders.

One of the major constraints affecting defence planning today is the essen-tial need for control of public expenditure which, given the current deep financialcrisis, is significantly eating into any margin for manoeuvre. Despite that, the per-formance of new combat aircraft, be they helicopters, fighter or transport aircraft,allied with more reactive ways of employing them, open up new possibilities forperceiving the five strategic functions through a more holistic approach to howtheir complementarity might be used in mutual support.

Better knowledge of the interlinking of these functions and understandingeach one of them with a view to greater dynamism will make it possible to respondto the challenges facing us by greater emphasis on refocusing forces on national

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ter ritory and a number of key points, thereby favouring concentration of assets,which in turn brings savings.

In the first place we should take account of the many links between thesefunctions. These interconnections have value in terms of the assets they can callupon, and also the fields of activity they cover, which are not isolated from eachother. In the same way, the ultimate objective of providing defence and security forFrance does not result from some sequential application of these functions butfrom one that is parallel, and frequently simultaneous. With this as the startingpoint, and with the support of all that technology affords us, it is essential that wework towards better exploitation of the multiplicity of roles that our assets andprocedures offer.

The very essence of the awareness and anticipation function is the bestillustration of the interdependence of functions, since complete understanding andmastery of it is the guarantor of how the other four operate. That alone justifiesthe effort expended upon it since 2008, in particular in the fields of space andcyber-defence. The actions contributing to the success of this function need to beexercised along two different paths.

On one hand, there are those actions which take place before crisis occurs,and which allow the latter to be anticipated. Today, they rely on our capability inspace, on our computer, electromagnetic and human intelligence resources, and onthe use of specialised resources which are deployed as appropriate to the particularareas of interest concerned. We could go further still by exploiting every opportu-nity afforded by missions for other strategic functions on which our assets aredeployed. In particular, we need to make greater use of our air projection assets,and broaden their doctrine of use.

On the other hand, once the crisis has happened, getting on top of itpre sumes reliance upon assets that can be maintained permanently in-area. To thisend, developing the use of drones must not only continue, but also be the subjectof significant effort.

Knowledge of this interlinking and of the multi-role aspect of our forcescan also contribute to a move away from the highly-focused role of deterrencewithout in any way reducing the certainty of deploying assets for that role.Similarly, we have to bring into our strategic thinking the fact that this functionaffords French forces an area of expertise which enhances their operational capabi-lities, such as targeting, long-term missions, handling of strategic targets and ini-tial entry to a zone. In doing so, it adds strength to other strategic functions andputs France in the top league of credibility.

In the second place, today’s environment makes it possible to envisage therefocusing of forces on national territory and in a few areas of influence outsideEurope, without at the same time compromising the other strategic functions.

A New Approach to Strategic Functions

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A New Approach to Strategic Functions

However, this is only possible under two conditions, which must contribute to theconstruction of an agile system of defence and be part of an overall dynamic.

The first of these relates to planning the modernisation of our strengthswithin the framework of a more dynamic approach that includes recovery ability.This refocusing does not amount to some form of resignation, and is in no wayintended as a reduction in our traditional strengths, but to make it work we haveto rethink and renew our organisation in order to get greatest benefit from the newstrategic reach that our new projection assets will soon offer to our armed forces.

The second condition relates to the pressing need to continue to figureamong the most credible nations in terms of intervention capability, somethingthat is inseparable from our culture of international responsibility. Intervention ishugely demanding of resources, and new ways have to be found in order to havejust what is needed, at just the right time without giving up our aim of honouringour ability to impose our political will.

Any intervention relies on the three-pronged approach of immediateaction, force projection and staying power. Immediate action necessarily implies aneed to preserve essential assets at a high degree of competence in the most deman-ding of operational sectors, which in turn preserves our initial entry capability inorder for us to punch above our weight. Staying power—the capacity to sustainlonger-term operations—comes into play after the high intensity phase of an ope-ration, but has different requirements. As a consequence, the level of equipmentand preparation of the forces concerned have to be adapted accordingly.

Accepting these conditions, refocusing forces onto our own territory canstill be envisaged because we have robust command and control capabilities withgreat potential and which more than ever before allow highly reactive centralisedcommand, yet decentralised execution, of any wide-ranging operation. Throughbetter use of these aspects we will be able to guarantee our overseas citizens rapidarrival of French state forces should a major crisis arise, whilst at the same timemaintaining a reduced force level. In this way we will preserve our worldwideambition and economise on use of our assets in order to act within the entire rangeof the strategic functions.

As a final note, the refocusing also means it will be possible to considerstrengthening inter-ministerial collaboration in order to improve the security ofour fellow citizens and the resilience of the state. We have to exploit all synergiesfrom support of assets to the links between command and crisis managementstructures, and including improved training missions for the benefit of the coun-try’s occasional needs.

So there we have it: interlinking, multi-role capability and a dynamicapproach all contribute to appreciation of the five strategic functions from a diffe-rent angle without calling into question their relative importance. This different

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viewpoint is aimed at exploiting the particular potential of each function in sup-port of the refocusing of forces on national territory and at the same time offeringa solution that fits in with control of public expenditure.

Against the background of the Livre blanc on defence and national securi ty,it with all this in view that the French Air Force is continuing its modernisationprogramme and consolidating its core capabilities in order to continue to fulfil itspermanent missions of deterrence and protection of our territory and itsapproaches, and to maintain its immediate intervention capability at the veryhighest level. It will continue to give France the force it needs to exercise itsres ponsibilities both internationally and in the defence of its citizens.

A New Approach to Strategic Functions

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RDN

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Permanent missions

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French Command and Control of Air Defence – a Brief History

Captains Aubout and Droit, Lieutenant Marçais andSecond Lieutenant Morin are researchers at the Centre forstrategic aerospace studies (Cesa).

Mickaël AuboutYohann Droit

Marie-Madeleine MarçaisTony Morin

Fifty years of effort have made the French system for command and controlof air operations (C2 Air) the nerve centre of air operations and as such it iscentral to French air power. C2 Air brings together the command structure,

organisation, processes and technical and human resources which allow it tocom mand, plan, programme and conduct air operations above, from or beyondnational territory.

The history of C2 in France is intimately linked to the history of air defenceof the territory and the means of detection, command and control that go with it. The basic principles of how C2 operates flow naturally from the way air poweris used.

Genesis of C2: from invention of the principles to the birth of modern C2

The First World War and the emergence of the first C2-type organisation

During the Great War, the first passive defence measures, against theZeppelins and Gotha bombers that threatened Paris, led to the establishment of anorganisation tasked with centralising through telephone messages informationcoming from watchtowers and from acoustic detection systems, with analysing itand then deciding what needed to be done. As a result, the fortified camp in Paris,which had been set up by the military governor of Paris in 1914, received anti-airdefence equipment and fighter squadrons. This organisation lasted throughout theentire war. Further east, confronted by the huge German offensive around Verdun,the French command advanced the principle of mass use of aviation to regain theadvantage. The objective was to win and retain mastery of the air above the theatreof operations by coordinated use of all air assets present there. After the success of

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this move, an initial structure, the air division, was created in 1918 to coordinateall combat aviation action on the Eastern Front.

Birth of modern C2 during the Battle of Britain

Despite these initial measures, C2 as we currently recognise it really tookoff in 1940, during the Battle of Britain, at the start of the Second World War. Inthe face of the Luftwaffe’s bombing offensive, the Royal Air Force established themodern fundamental principles of how C2 should operate. They relied at first onthe detection capabilities of the Chain Home coastal radar chain, from which wereestablished the bearings of incoming attacks and the approximate number ofenemy aircraft. This information was then centralised and analysed in the opera-tions centre of Fighter Command, which passed intercept axes and areas to coverto the combat aircraft units. The key to Fighter Command’s success lay in thespeed of information handling and promptness with which the air bases launchedtheir fighter aircraft. This process corresponded to the OODA loop (Observation,Orientation, Decision, Action), which was conceptualised decades later by theAmerican John Boyd.

Thus from the First World War, and in particular from the Battle ofVerdun, there was coordinated use of air assets. The guiding principles of coordi-nation of air assets were then brought up to date with centralised command anddecentralised execution.

In 1940, the Battle of Britain illustrated the importance of C2 in success-ful military operations, and indeed Fighter Command’s organisation set up in theBattle of Britain was the birth of modern C2 in the sense of bringing together thedifferent components (surveillance radar, air observers and fighter aircraft units) ina single network under a single command which centralised information and plan-ned operations.

Construction of a national capability post-World War Two

Management of ground and air assets (air defence, radar, and air bases) usedin air operations has been in constant development since the Second World War.This evolution has followed the increasing complexity of equipment, the greaternumber of units to manage and the geographical areas that it has been necessary tokeep under surveillance. Throughout the decades following the end of the war, thedevelopment of C2 has been carried along by numerous technological advances,among which figure the arrival of jet aircraft, the technological developments madein detection systems in both range and discrimination capability, the exponentialgrowth in information technology, and the improvement in communications as aspinoff from the continual modernisation of electronic components.

French Command and Control of Air Defence – a Brief History

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French Command and Control of Air Defence – a Brief History

C2 in France reached a major turning point with the creation of NATOand the emergence of an adversary with a vast range of air and ground assets at hisdisposal. The establishment of modern French C2 has to be seen in relation to thedevelopment of the French Air Force’s air defence role. Once equipped with radarsupplied by the British, at the end of the nineteen-forties the Air Force took its firststep, in in setting up its operations centre on the RAF model in the centre of Paris,in the basement of the mobile guards’ barracks on Place de la République. In 1957,a new site became available in Taverny, which became the air defence operationscentre (Centre des opérations de la défense aérienne – CODA, in the north-wes ternsuburbs of Paris). In view of the necessary reactivity that this task imposes, a singlecommand was essential and in 1961 the Air Force created a centralised structurededicated to air defence, the air defence forces air command (Commandement airdes forces de défense aérienne – CAFDA), still in Taverny. This brought together allthe assets, from the sensor and detection network to the interceptor aircraft,the re by offering real-time information on a situation to the Prime Minister, whois the political authority responsible for air defence of the country. This highlyreactive chain linked the highest authority of the state to the pilot in his aircraft,and ensured sovereignty of national airspace everywhere and in all circumstances.Air defence areas and their commanders were defined in 1965: in addition to hisHQ, each had a regional C2 with its operations centre, detection and controlequipment and the associated interceptors.

At the time, French C2 was undergoing considerable modernisation of itsdetection and air control assets. The radar stations were being modernised and fit-ted with the Cesar semi-automatic radar system (Complexe d’exploitation semi-auto matique du radar) and the Strida II air defence communications and display sys-tem (Système de transmission et de représentation des informations de défense aérienne).Introduction of Strida in 1960 was a major step forward in C2, and the generalmodernisation continued throughout the following decades. In parallel with all this,the Air Force adopted the concepts of use common to other NATO air forces andintegrated the NADGE network (NATO Air Defense Ground Environment). Indoing so, the Air Force could thereafter exchange information, and maintain per-manent liaison with NATO structures, thereby gaining access to information whichallowed an overview of the general air situation on approaches to mainland France.The challenge for French C2 was to obtain overall aerial cover of the homeland,fused together to give a single picture of its airspace. Despite France’s exit from theNATO Integrated Military Structure in 1966, the Air Force retained its connectionto NADGE. Furthermore, in a similar fashion to the Tiger Meet exercises, FrenchAir Force units kept up their training with Alliance partners, particularly in the fieldof C2, through organising simulated air missions. The permanent French C2 archi-tecture remained until the beginning of the nineteen-nineties and the creation ofthe air defence and air operations command (Commandement de la défense aérienneet des opérations aériennes – CDAOA) in 1994. Air defence assets have continued to

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develop through successive modernisations and the entry into service of new equip-ment, such as the E-3F AWACS at the end of the nineteen-eighties.

French C2 Air: robust and interoperable

Developments in the concept and capability of French C2 Air

The start of the nineteen-nineties saw two major developments: the end ofthe Cold War encouraged a more expeditionary posture, symbolised by the Gulfwar, and consequently increased use of C2 in external operations; and considerableprogress in information and communication technologies led to the arrival of theconcept of network-centric warfare.

The years following the end of the Cold War were particularly good forFrench C2. First, the Air Force received E-3F AWACS airborne warning andcom mand system, which gave much greater scope, particularly in external interven-tions. Thereafter, the lessons learned from the Gulf War hammered home the needfor effective systems of Command, control, communication and intelligence (C3I) in any modern war situation. In adapting itself to this new environment, in1994 theAir Force brought its competence and systems for dealing with external operationsalongside the existing structure in mainland France, to create the CDAOA. Over andabove its air defence tasking, CDAOA maintains and develops the Air Force’s exper-tise in commanding air operations.

With regard to capability, these developments led to the launch in 1993 ofthe system for command and control of air (now aerospace) operations (SCCOA),into which Strida was incorporated, thus networking together all players involved inaerospace operations. SCCOA has become the backbone of the deployment ofFrench air assets. The programme was started in parallel with NATO’s Air Commandand Control System (ACCS), which brings together all member countries’ systemsfor conduct of air operations, including that of France. SCCOA’s task is to:

l Ensure the permanent deterrent missions and protection of national territory without any interruption;

l Allow all military air assets to conduct their missions 24 hours per day,in national airspace and in complete security;

l Provide for the long-term deployment of one hundred combat aircraft inthree in-theatre air bases;

l Provide the air transport, surveillance and in-flight refuelling assets thatare operationally necessary to supporting the deployment of forces;

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French Command and Control of Air Defence – a Brief History

lTake on, if needed, the role of lead nation for command of the coalition aircomponent, and ensuring its participation at the in-theatre joint command level.

The development of SCCOA was just one step in a series of steps.Currently, SCCOA is beginning stage 4, which will see the move from separatecommand and control centres to a NATO integrated ACCS structure. Its deve-lopment has followed the transformation of the French armed forces, and is aimedat providing a mechanism that is capable of covering the entire spectrum of aeros-pace operations and adapting to changes in them.

Henceforth, the SCCOA should be thought of as a tool which allows inde-pendence of decision-making and action in air operations. At the time of the Iraqwar in 1991, French structures were ill-adapted to the conduct of a coalition airoperation, and there was a necessary dependence on coalition command struc-tures. Twenty years later, during operation Unified Protector, the C2 Air capabilityallowed France to conduct the first strikes on 19 March 2011, whose political andstrategic impact was a determining factor in the success of the operation.

Current C2 Air

Today, France has high performance C2 Air, which is robust and interope-rable. From both fixed and deployable structures t allows command, planning, programming and conduct of air operations over, from, and even outside nationalterritory. The French C2 Air can be divided into two major functional groups: permanent C2 Air and expeditionary C2 Air. The permanent group provides for theconduct of a wide range of air missions over national territory, while the expeditio-nary C2 concerns itself with the conduct of external air operations, be they directedfrom C2 structures in France or overseas. French C2 Air can be set out as follows:

l Air protectionl Space surveillance and anti-missile defencel Operations on national territory

l External air operations :- conducted from the homeland- conducted from structures outside the homeland

expeditionary C2 Air

permanent C2 Air}}

The primary mission of the permanent C2 Air is surveillance and protectionof national skies: it relies on the command and control structure of the national airoperations centre (Centre national des opérations aériennes – CNOA), and Frenchcapability in this field recognised as robust. The French system for air security provides for the surveillance of some 11,000 air movements daily over our soil.

Since the 11 September 2001, the C2 system for air defence of nationalairspace has been focused on the terrorist threat. A consequence of this has beenthe exceptional need for a greater level of inter-ministerial work. The presence

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within CNOA, of representatives of the various ministries improves the flow ofoperations, and their interface role improves inter-ministerial synergy. Everyoneinvolved in the fight against terrorism is therefore integrated into the same infor-mation loop. In parallel with this, there have been efforts towards better coopera-tion between countries. France has signed bilateral agreements with borderingcountries with the aim of achieving earlier warning and more effective actionagainst threats.

The kinds of operation that permanent C2 Air has supported include long-range raids, in-country training of air forces, and public service missions. PermanentC2 Air gives France the ability to conduct long-range conventional strikes: forexample, France is now capable of projecting a patrol of Rafales carrying Scalp crui semissiles, in company with air-to-air refuelling tankers and an AWACS, all fitted withlong-range communications, in order to command a cruise missile strike fromCOAIR or from Lyon. This unique capability affords the political decision-makersthe ability to deliver precision military effects anywhere, and in just a few hours,with a very small—or even no—ground footprint.

Permanent C2 Air allows the mounting of many public service missionswhich require coordination of the use of civil and military assets, such as securityof the skies, search and rescue of aircraft in distress, fighting illegal activity such asdrugs trafficking, fighting forest fires and assistance to populations followingnatu ral disasters.

CDAOA also conducts the space surveillance mission, and directs employ-ment of the large space watch network (Grand réseau adapté à la veille spatiale –Graves). The data obtained from it is analysed and regularly updated to build a spacepicture. Improvements to Graves are planned for the near future, as well as the deve-lopment of a demonstrator for spectral observation and characterisation of geostatio-nary satellites (Observation spectrale et caractérisation des satellites géostationnaires –Oscégéane), which will perform spectroscopy on geostationary satellites. The coordi-nated setting to work of these sensors and their associated software highlights the exis-tence of spatial operational loop of Detection(1)– Analysis(2) – Orientation(3) –Action(4), which is essentially the OODA loop in a dif ferent disguise.

Since February 2010, a secure defence communications line has been esta-blished between CNES, a centre of expertise, and CDAOA, the operational autho-rity. This has led to the establishment of a space centre that is planned for the LyonMont-Verdun air base, and which will be able to give a very precise daily situationby merging the information coming from all sensors. This future operational

French Command and Control of Air Defence – a Brief History

(1) By Graves (for low orbit) and Oscégéane (for geostationary orbit).(2) Using CIBORG and STK software.(3) Direction of trajectory-measuring (Satam) or imagery (Tira) sensors.(4) For example, anti-collision manoeuvres, operations planning or political decisions.

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French Command and Control of Air Defence – a Brief History

centre for military surveillance of spatial objects (Centre opérationnel de sur veillan cemilitaire des objets spatiaux – Cosmos) will therefore be a centre for real space-orientated C2.

Many years of dedicated work has given France a permanent C2 Air capabi-lity that enables the country to ensure the overarching mission of protection of natio-nal airspace and at the same time to conduct other missions of highly diverse nature.

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The Airborne Nuclear Component:an Approach to Excellence

French Air Staff.

EMAA

An airborne component based on nuclear sufficiency

The nuclear air forces are composed of assets that are allocated accordingto the principle of strict sufficiency and sized to meet the ‘appropriate nuclearneed’. This need was redefined in 2008 and led to the reduction from three to twoAir Force squadrons of nuclear-capable fighter aircraft. These forces are capable ofinflicting unacceptable damage on any player who threatens the vital interests ofthe nation. The permanent character of French nuclear deterrence, and the reac-tion times that such deterrence implies, requires the support of a considerablevolume of dedicated resources, including crews, aircraft and technical support, aswell as the security environment needed for effecting the overall mission, whichinvolves physical protection (on the ground) and in-flight escort. This permanenttasking to provide nuclear deterrence requires the commitment of the entire AirForce and is accorded the highest priority.

The dynamism created by the airborne nuclear component

The airborne nuclear component is notable for its permanent ability todeploy at short notice. To do this it has some obvious intrinsic assets: it offers greatflexibility in its modes of action and great precision in strike. If faced with a possible attack on our vital interests, these diverse modes of action enhance beyondmeasure the credibility of nuclear deterrence.

The success of the nuclear mission relies on the most demanding of opera-tional knowhow: taking into account the international implications, the distancesto be covered, the threats encountered and the precision required of the strikes, thecompetence sought from the crews is of the highest order.

The necessary rigour and the need for security are the foundations of ateam spirit which lies behind all the operations of the strategic air forces (Forcesaériennes stratégiques – FAS).

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The Airborne Nuclear Component:an Approach to Excellence

The first armed Mirage IV was put on nuclear alert in 1964: since then,the nuclear deterrent mission has led to the creation of both operational and tech-nical expertise.

Autonomy in use is essential to deterrence, and it has necessitated the deve-lopment of particular types of hardened and often innovative materiel to guaran-tee complete operational effectiveness. As a result, advanced research has led to thedevelopment of electronic countermeasures, a navigation system and an automaticterrain-following capability, which have all added to the credibility of the compo-nent and guaranteed its operational reliability. These capabilities have naturallybeen passed on to assets of the Air Force which perform a conventional role—electronic warfare measures and the Mirage 2000’s terrain-following system, forexample. The same goes for communications systems, which also have a need forrobustness and performance: their development has led to general improvement inaeronautical communications.

The deterrent mission is also the catalyst for industrial and technologicalexcellence within the defence industrial and technological base. Through cause andeffect, some major programmes which have been developed for the FAS have beenexpanded into dual systems to the broader benefit of the Air Force. A further pointis that, by the very nature of the programmes undertaken, some skill areas have hadto remain strictly national. Because of this, investment in these skills has been ofbenefit to other major industrial developments. Among these, in particular arepropulsion (ramjet technology), aerodynamics (flight from the lowest to thehighest altitudes), the extreme mechanical and thermal environments of long-range supersonic missiles, penetration of hardened and heavily defended targetsand hardening of electronic components against nuclear attack.

A recognised centre of nuclear excellence

The nuclear certification process for our new military nuclear systems—Rafale with the ASMPA (the advanced medium range air to ground missile), forexample—is based on unique knowledge, and has had remarkable success.Modernisation of the strategic air forces has highlighted once again the nuclear skillof Air Force personnel and their competence in the subject. These skills concerningthe airborne nuclear mission are quite rare and highly regarded. It is worthy of notethat any loss of competence in the very specialised field of nuclear weapons has animmediate effect on the credibility of the system overall and requires substantialmeasures to be taken to rebuild the necessary knowledge. One of our allies has hadbitter experience of this as a result of pressure of external commitments over the past20 years, during which its units neglected their preparation for the operationalnuclear role in favour of their conventional roles. The French Air Force affirms itsabsolute commitment to the priority of the nuclear deterrent role.

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The Airborne Nuclear Component:an Approach to Excellence

Conventional capability within the constraints of the nuclear role

All that said, the crews of the strategic air forces are not channelled exclu-sively into the nuclear mission, albeit that role remains fundamental to operatio-nal preparation. The deployment of personnel to other roles is eased by the multi-role capability of the aircraft, and provides the military chief with a range of capa-bilities within the conventional field. This is also true for the fleet of tanker aircraftwhich every day and at all latitudes provide support to French and allied combataircraft. Soon, with the entry into service of the A330 multi-role transport tanker,this capability will be further improved.

The strategic air forces contribute to the Air Force’s conventional taskingby supplying a pool of high quality crews who participate in the establishment ofair power on operations. This use of manpower and material dedicated to thedeterrent mission means careful choices have to be made with regard to the politi-cal authority’s view of the geopolitical situation at the time. Such use cannot beallowed to become routine.

Analysis of recent conflicts shows that, when possible within the constraintsof the requirements for the nuclear role, the strategic air forces are completely adap-ted to participate from the outset and in the long term in conventional missions. Inthis way, all involved in the operation can benefit from the remarkable tactical andtechnical expertise that has been acquired during training for the nuclear role.

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The Air Force and National Security

French Air Staff.

EMAA

The legitimacy of the state depends, amongst other things, on its ability toensure the security of our fellow-citizens, both on national territory andoutside our frontiers. However, the resources which the state makes avai-

lable to respond to this imperative are increasingly limited; the boundary betweendefence and security is less and less clear and new actors (local government, NGOsand so on) who are not directly under the authority of the state are playing anincreasing role. These are factors pushing towards a rapprochement of these twospheres which were formerly well compartmented.

From a technical point of view, the major functions which underlie securityand national defence possess some remarkable similarities: both areas involve appre-ciating the threat or risk, collecting intelligence on the situation, evaluating all theoptions for intervention and planning and coordinating the resources or measuringthe effects achieved. All of this requires information and communication systemsand is usually performed under pressure of events. Certainly, the constraints resul-ting from the environment may change, but it will always be necessary to seek tosave lives or to undertake a complex mission whilst keeping an eye on savingresources.

When it finds itself in a national security context, the air arm can make aneffective and appropriate contribution. It can also propose positive approaches tooptimising inter-ministerial capabilities, whose deployment can be very rapid andadapted to a short, medium or long-term perspective.

The short term: optimisation of state resources

The Air Force already carries out airspace control missions on a daily basis.These may include in-flight assistance to aircraft which have technical problems orare lost, as well as search and rescue missions following an air accident. It regularlyprovides a protective ‘bubble’ over Heads of States summits and other importantgatherings of people, such as D-Day ceremonies. In support of the struggle againstorganised crime, it is able to participate in the search for or pursuit of aircraft beingused for illegal trafficking. As the experts in the third dimension, it has the means

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and the capabilities to manage the coordination of civil-military air activity in anemergency situation from fixed or mobile centres.

The Air Force’s command and control (C2) centres are based on readily-available capabilities and, more to the point, on the air defence decision process,which directly connects the Prime Minister to the systems for the defence of natio-nal airspace and its approaches. These include satellites, radars, interceptor aircraftand helicopters. The C2 centres can serve as the backbone of a wider crisis mana-gement system, bringing together the inter-ministerial crisis cells.

In addition, to increase the efficacy of the system, the resort to ministry ofdefence resources can be formalized. UAVs (Unmanned Aerial Vehicle), designedto watch over large regions for long periods, are capable of providing valuable helpto the civil authorities in making a permanent assessment of the situation, thecoordination of resources or as communication relays. Reconnaissance aircraft,which already support the Gendarmerie in their work against crime, also provetheir worth. Finally, the Air Force’s transport capability, consisting of aircraft andhelicopters, offer a speed of reaction and flexibility of use, which justify their rapidrequisition in a crisis situation.

This shared use of state resources can be made to work well, as long as civiladministrations are better aware of the capabilities for intervention that the mili-tary forces can offer. To achieve this we need to encourage regular inter-ministerialexercises on the lines of the nuclear security exercises, which involve local, depart-mental and national level participation. The resilience of the state is bound up inthe logic of continuous and systematic preparation in which defence forces can aidthe civil power, based on their expertise in planning processes.

The network of military air bases offers another major advantage. First ofall, it offers the civil power secure strong points, readily available to inter-ministe-rial action with its accommodation capability, airport facilities, radar, reserves oftrained men, communications facilities, medical and other assistance and morebesides. Moreover, this network can immediately be placed at the service of thestate in the event of a loss of airports and civil air control following a general tech-nical breakdown or a massive cyber attack, for example. It can also provide the safetransport of critical cargoes such as medical evacuation, transport of senior officialsor repatriated nationals.

Medium term: new horizons

Globalisation and technological developments have together put the flowof finance and resources at the heart of world business. In the aerospace domain,air transport carries about three percent by volume of international trade in mer-chandise but 40 to 50 percent of its value. Maintaining freedom of movementwithin it, guaranteeing it by the range of air defence resources and surveillance of

The Air Force and National Security

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The Air Force and National Security

the skies, is already a considerable challenge. In addition, the third dimensionmakes possible the surveillance of the vast spaces of land and sea across which thisflow of resources transits. It is time to envisage a new approach to the contributionof the air arm to these issues of national stability.

With this in view, a forward-looking review of the deployment of our pre-positioned forces is required. One approach consists setting up a network ofairport hubs based on possible complementarity with our allies, perhaps theUnited Kingdom and the United States, establishing specific diplomatic agree-ments, or deploying staging facilities across the world.

Our current and, in particular our future, strategic projection capabilitieswith the A400M and MRTT (Multi Role Tanker Transport), and the associatedpre-positioning of air resources, would then give us the ability to react quicklywhen the security of our air, maritime or terrestrial trade is threatened.

In parallel, overseas Departments and territories are occasionally subject tomajor—sometimes extreme—natural disasters which require more than simplecoordination of emergency help, and therefore need rapid-response capabilities torestore the vital functions of the state. In this scenario of long-distance and rapidprojection, the Air Force could provide important and organised aid to inter-ministerial aid teams.

In general terms, this future system should be considered as available to thestate in its wider sense, so that the Air Force’s strategic transport capability is availableto all ministries. The transport of banknotes from the Banque de France or other sensitive government cargoes to the overseas territories might be a first example.

Long term: build a spirit of civil defence

Finally, the security of a country invariably relies on the commitment of itscitizens. The education of the young is a major element and warrants close atten-tion. The promotion of a spirit of civil defence could therefore be engendered bymeans of defence schools.

The model of air cadets who engage to serve in the reserves in exchange foraeronautical training, inspired by the British example and set up in Air Forceschools, could form a policy objective promoting social cohesion, an expression ofpopular feeling and of the values linked to security.

In the same way, it could be interesting to develop the promotion of thedefence and security dimension in university courses in general, following theexample of the courses in officer schools offered to students at teacher trainingcol leges.

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Finally, the activities of the Trinômes académiques * could be enriched bymeans of a wider participation by those connected with civil defence.

To respond to the issue of national security, the state can depend on thesolid foundation of the Air Force’s capabilities, which offer the characteristics ofdual and inter-ministerial usage: C2 centres, a network of air bases, the capacityfor reconnaissance and surveillance, a strategic transport capability and a capacityfor training. After a first stage of inter-ministerial optimisation of these resources,this approach suggests promising perspectives of a larger spectrum of missions inthe fullness of time.

The Air Force and National Security

* Trinômes académiques

Decentralised organisations bringing together the ministry of national education, defence and the Institute foradvanced studies in national defence (IHEDN) on the theme of security.

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RDN

Les Cahiers de la Revue Défense Nationale

The Capability to Act Fast and Far:three Recent Commitments

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From Afghanistan to Mali: The Afghan Model 10 Years on,

Still Wholly Relevant

Colonel (Air), former commander of transport squadron1/61 ‘Touraine’; Graduate of the Air Force Command and Staff College and of the School of Advanced Air andSpace Studies.

Géraud Laborie

On 10 November 2001, Northern Alliance forces captured Mazar-i-Sharif,bringing about the collapse of the Taliban regime a month later. With thisimportant victory, the first since the start of Operation Enduring Freedom,

the whole world discovered pictures of western fighters on horseback amongstGeneral Dostum’s cavalry. This indication of the involvement of Special Forcesalongside the Northern Alliance, supported by coalition airpower would give birtha year later to the ‘Afghan Model’ concept, propounded and popularised byStephen Biddle, researcher at the US Army War College.

What is the legacy of the Afghan model ten years on? Has it been relevantto other operational theatres? Is it still relevant in the framework of operations inMali or of future conflicts?

To answer these questions, we have to go back to the beginnings of themodel and its first implementation in Afghanistan, if we are to understand thebasic principles. Study of recent conflicts reveals that the model was also used innorthern Iraq during Operation Iraqi Freedom in 2003, before reappearing inLibya during Operation Unified Protector. These three examples offer a precisedefinition of its characteristics, advantages and limitations. They confirm that theAfghan model is a strategic tool, mainly airborne, that is still completely relevant,with high coercive value when employed in the right conditions. It should be fullyrecognised and incorporated into our armed forces’ range of strategic options.

Birth of a concept: Afghanistan, October 2001 to March 2002

The beginnings of the Afghan model concept date from the first weeks ofOperation Enduring Freedom (OEF). After the 9/11 attacks, the National SecurityCouncil gave President Bush two options for Afghanistan. The first, fruit of the

Les Cahiers de la Revue Défense Nationale

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labours of the Joint Chiefs of Staff, favoured the conventional approach requiringthe deployment of five divisions over a period of several months before starting theassault on the Taliban regime. The second option, presented by the CIA, predic-ted the fall of the regime through the joint efforts of US airpower, Special Forcesand Afghan allies. This option was not to the liking of the Pentagon military. Ithad too much of the flavour of unconvincing experiences during the Vietnam war,where Special Forces, allied with Montagnard tribes tried unsuccessfully to stemthe flood of men and materiel along the Ho Chi Minh trail. For the Afghanistanissue, however, it caught the eye of Defence Secretary Donald Rumsfeld, for seve-ral reasons. Firstly, it offered a rapid response, in accordance with the expectationsof the White House and of the American people, traumatised by the scale of theterrorist attacks. Isolated, with no access by sea, Afghanistan didn’t lend itself tomassive troop deployments, requiring negotiations for transit and stationing withneighbouring states. The 1979 Soviet invasion, initiated from its Central Asianrepublics was not subject to the same restrictions. Next, the CIA plan was basedon airpower, whose lethality and accuracy were far beyond anything available inVietnam. Airpower, combined with Special Forces equipped with portable laserdesignators, and able to give exact GPS coordinates offered new possibilities thatwere still largely underestimated in 2001. Donald Rumsfeld glimpsed them, none-theless. He initiated a major reform of the American military arm, considered tooponderous and unable to make enough use of its superior technology.(1) The ‘Shockand Awe’ concept, developed in 1996 by researchers of the National DefenceUniversity had drawn the Defense Secretary’s attention: a combination of speed,accuracy and firepower that paralyses the enemy with a minimum of force.(2) Itsfirst full-scale application later took place in Afghanistan, but with the ground element restricted to Special Forces.

The CIA plan was finally adopted, chiefly because of the geographic anddiplomatic constraints of access to Afghanistan, and the political need to act quick-ly. The CIA could also make use of its solid relationship with the NorthernAlliance, established in the months before 9/11. What followed is well known: theair campaign started on 7 October with an attack on the Taliban’s rudimentary airdefence network and command and control infrastructure (C2). On 15 October,American Special Forces joined up with Northern Alliance forces to prepare theoffensive against the main Taliban strongholds, particularly Mazar-i-Sharif.Without vehicles, they used the transport mode best adapted to the narrow trailsof the Afghan mountains: the pony. The entrenched positions defending the townfell one after the other in the face of the joint action of coalition airpower andGeneral Dostum’s fighters. The fall of Mazar-i-Sharif on 10 November marked the

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(1) Robert Kagan, Finding the Target: the transformation of American military policy, New York, Encounter Books, 2006,p. 293.(2) Harlan K. Ullman and James P. Wade, Shock and Awe: Achieving rapid dominance, Washington, National DefenseUniversity Institute of National Security Strategy, 1996, p. xxiv-xxvi.

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From Afghanistan to Mali: The Afghan Model 10 Years on, Still Wholly Relevant

beginning of the end for the Taliban regime, which abandoned its last strongholdin Kandahar on 6 December after a campaign of just 60 days.

In November 2002 the first in-depth article on the new ‘Afghan Model’appeared with Army War College researcher Stephen Biddle’s by-line. The authordefined its chief characteristics—noting advantages and limitations—that had beendemonstrated in the first months of the same year. The use of Afghan allies to ‘finish the job’ and liquidate the Al-Qaeda fighters who were dug in in Tora Bora orin the Shah-e-Kot valley (Operation Anaconda) did not meet with the hoped-for success. In the second case, the weak motivation of the Afghan soldiers who weresupposed to unearth and push the enemy out of the valley, led to their retreat at thefirst sign of difficulty, leaving the US troops alone to face a determined enemy.

The application to Iraqi Kurdistan: March-April 2003

Whilst the first months of Enduring Freedom are fairly well documented inFrance, application of the Afghan model in northern Iraq in spring 2003 is far lessso. Here again, geographic conditions and the diplomatic environment combined tooblige the Pentagon to reproduce the Afghan operational pattern. US CentralCommand’s (CENTCOM) planning for the overthrow of Saddam Hussein envisa-ged the deployment from Turkey of the 4th Infantry Division (4 ID) into northernIraq. By mid-March, in spite of intense diplomatic activity, CENTCOM was forcedto recognise that Turkey would not join the coalition and would not authorise theopening of a northern front from its border. Somewhat in despair, General TommyFranks decided to use special forces in order to tie down the 13 Iraqi divisionsdeployed by Saddam Hussein to cover his northern frontier. For CENTCOM thedanger was to see these divisions redeployed to the south, opposite Kuwait, once theIraqi dictator realised that the danger from Turkey had dissipated. CENTCOMthen decided to commit 48 teams of 12 men from the 3rd and 10th Special ForcesGroup, supported by coalition airpower and infiltrated alongside the KurdishPeshmergas, in an attempt to assume the role originally assigned to the 4 ID.

It was a difficult task: the 50,000 to 70,000 Kurdish militiamen were braveand motivated, but had no heavy equipment, and their offensive capability wasnon-existent. Their favourite tactic consisted of mounting costly frontal attacks onpositions held by the 70,000 to 110,000 men of the Iraqi regular forces, and the20,000 soldiers of the Republican Guard. The American Special Forces whoconstituted the Joint Special Operations Task-Force North (JSOTF-N) were infil-trated by air on 23 March without their vehicles and communications equipment,which were held up in Turkey. Air strike guidance therefore had to be conductedessentially by radio, without data links. Air support was also not up to Afghanistanstandards: the coalition’s air resources were based in the Persian Gulf, a long wayfrom northern Iraq. Without the planned Turkish bases, only naval aviation from

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carriers in the Mediterranean could be used, but that was also a long way away andlimited in capability.

However the American Special Forces were able to accomplish the threemissions assigned to them: to pin down the greater part of the Iraqi divisions onthe Green Line (the border between Iraqi Kurdistan and the rest of Iraq), destroythe training camps of the terrorist group Ansar-al-Islam, and stabilise the cities ofMosul and Kirkuk. Spread out along the Green Line, in groups of 12 men plus aUS Air Force combat air controller attached to a unit of 100 to 300 Peshmergas,the Special Forces used the local knowledge and intelligence of their Kurdish alliesto direct air strikes on Iraqi units. During the 16 days of operations, SaddamHussein’s troops never managed to sort the problem out. Airpower, effectivelydirected by the combat controllers made up for the numerical, material and tacti-cal inferiority of the Kurdish allies.

Nonetheless, the successes of JSOTF-N were sometimes achieved with dif-ficulty and at the cost of collateral damage. As with the fighting in the DebeckaPass, two American teams and their allies narrowly escaped annihilation at thehands of an Iraqi Motor Rifle company reinforced by a large number of tanks.Hindered by bad weather, American bombing led to the loss of 17 Kurdish combatants hit by mistake by an F-14 D fighter. The Special Forces owed their sur-vival to their Javelin anti-tank missiles which pushed back the enemy armour.Fortunately an improvement in the weather the next day allowed them to finishoff the Iraqi column. The JSOTF-N was also faced with another major problem:the lack of dedicated ISR capability (intelligence, surveillance and reconnaissance),priority being given to covering the American advance from the south. The coali-tion lost all trace of the elite Nebuchadnezzar division, which managed to redeployto central Iraq to confront the attack through the Karbala breach.

The Afghan model is not, therefore, risk-free. Even if its application in nor-thern Iraq can be justly qualified as a coalition success, it also reveals the limita-tions, particularly with restricted air resources.

The Afghan Model, an antidote to bogging down in Libya

As the Iraqi example shows, the role of catalyst for airpower played by theAmerican Special Forces demands a considerable ground element to be effective.The JSOTF-N consisted of no less than 600 men alongside the KurdishPeshmergas. An operation on this scale is not within the capacities of the clandes-tine operations services alone, with their far fewer numbers. Hence the use of mili-tary special forces, too numerous to stay invisible, with the associated risks of fata-lities, is not anodyne in political terms. Their activity requires a certain element ofrecognition by their government.

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If this aspect posed no particular difficulty for the White House in the casesof Afghanistan and Iraq, it has been shown to be much more of a problem forFrance and Great Britain during Operation Unified Protector. Resolution 1971 ofthe UN Security Council authorised the use of ‘all measures necessary to protectpopulations and civilian areas threatened by attack in the Libyan Arab Jamahiriya,including Benghazi, whilst excluding the deployment of any kind of foreign occu-pation force’. The types of measure necessary for this being left to the discretion ofcoalition members, the terms were sufficiently ambiguous to allow active supportto the Libyan opposition. However, the exclusion of ground troops put the res-ponsibility for support solely on the air and sea resources, with not much possibi-lity of tight coordination with insurgent action.

Officially, therefore, the use of Special Forces in the first weeks was limitedto the role of advisors to the CNT. But by late August, special forces from Qatar, theEmirates, and also from France and Great Britain were to be found along with theinsurgents at the fall of Tripoli. Their role symptomizes a resort to the Afghan model,as described by Jean-Christophe Notin, where ‘the chain established by SpecialOperations Command did much to lubricate the observation/destruction process.’(3)Why the change? Was it the result of coalition strategy from the beginning ofUnified Protector, or of adaptation to the situation? Early studies of the campaignagainst Gaddafi lean towards the second hypothesis. Once the loyalist forces hadbeen stopped short in their offensive against Benghazi, the coalition ran a risk of getting bogged down that was perceptible from the end of April.

A study for the (French) Strategic Research Foundation carried out in thisperiod already indicated the limitations of the insurrection, on its own incapable offorcing the enemy to concentrate and manoeuvre thereby offering a more vulnerableair target. The study also proposed the deployment of Special Forces Tactical AirControl Parties to increase the effectiveness of airstrikes.(4) With stagnation on theBrega and Misrata fronts, resort to the Afghan model seemed obvious also to thepolitical authorities of the more resolute coalition states. It is also relevant to obser vethat despite the helicopter and fighter bomber attacks to free the coastal towns, theinsurrection’s salvation came from the Jebel Nefoussa, where the Western and Arabspecial forces had been particularly active since spring 2011. Their role, alongsidethe Berber insurgents covered a wide spectrum, as explained in a study by the RoyalUnited Services Institute (RUSI)(5): supply of weapons and materiel by air and land,training insurgents for the assault on Tripoli, integration of the ground offensivewith the NATO air campaign, and intelligence and airstrike guidance duringcom bat.

(3) Jean-Christophe Notin, La vérité sur notre guerre en Libye, Paris, Fayard, 2012, p. 471.(4) Philippe Gros, De Odyssey Dawn à Unified Protector : bilan transitoire, perspectives et premiers enseignements del’engagement en Libye, FRS, Note No. 04/11, April 2011, p. 18.(5) RUSI, Accidental Heroes: Britain, France and the Libya operation, Interim RUSI Campaign Report, September2011, p. 11-12.

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Faced with the risk of bogging down, the coalition resorted to an escalationbased on the Afghan model, using special forces, in order to counter the pro-Gaddafiforces’ adaptation to the operational methods of an air campaign insufficiently integrated with insurgent action. The Libyan example therefore confirms the intactrelevance of the Afghan model 10 years after its birth. It shows also one of the para-doxes of airpower in the OUP situation: it gives satisfaction at the political level byaffirming determination from the earliest moments of operations, without a groundcommitment. However, it is only really effective in military terms if it integrates aground element capable of catalysing its effects to help the insurrection win the day.

The Afghan model under the microscope – strengths and weaknesses

The Afghan, Iraqi and Libyan examples allow us to define the chief cha rac-teristics of the model, and to explore the advantages and the limitations. It can besummed up simply in the form of the following triptych: airpower, and specialforces in partnership with local forces, for the conduct of air-ground operations.Special forces operate primarily as a catalyst for airpower, allowing local forces tocarry the day in spite of numerical and materiel inferiority. As happened in thebattle for Mazar-i-Sharif, the Northern Alliance with 2,000 men was able to winagainst 5,000 well-entrenched and well-equipped Taliban fighters. Special Forcescan also assume roles beyond airstrike guidance: training, supervision, technicaladvice and intelligence support to the local command. In targeting terms, theconcept of full spectrum targeting is best adapted to seizing the totality of theeffects that the model makes possible: lethal airpower guided by special forcesstri ke the enemy forces, non-lethal resources provide intelligence and resupply ofmen, equipment and rations. Morale, military capabilities, and the populationsupporting the local allies are the targets for preservation, just as the morale,com mand and control and military capabilities of the enemy are the targets fordestruction. The psychological impact of the air arm on the adversary is that muchstronger in that he is incapable of countering its effects, as testified by Talibanpri soners captured during Enduring Freedom.(6)

A number of conditions are needed for the Afghan model to function cor-rectly. They affect the three components, and determine the limitations of the model.In airpower terms, success in Afghanistan, Iraq and Libya should not make us forgetthat the prerequisites indispensable to any attempt to apply the model are the acqui-sition and maintenance of air superiority. This prerequisite may impose a long, costly and crippling campaign against an enemy with robust air defence. The discus-sions in the media of a possible military intervention in Syria are a good example.(7)

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(6) Charles J. Dunlap, Short changing the Joint Fight? An airman’s assessment of FM 3-24 and the case for developing trulyjoint COIN doctrine, Maxwell AFB, Air University Monograph, 2007, p. 41.(7) See the reaction following the loss of a Turkish fighter in Syria’s downing of Turkish jet demonstrates sophisticated airdefence, Seattle Times, 27 June 2012.

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Without air superiority, the model is quite simply inapplicable. Even once acquired,all is not yet won. Local allies and Special Forces are still particularly vulnerable whenfaced with enemy troops with superior numbers and equipment, as shown by thebattle of Debecka. Such inferiority must be compensated by unfailing air support.High endurance ISR capabilities are vital to avoiding nasty surprises, hence a cam-paign whose ultra-sophisticated air component is often in contrast with the rusticityof troops on the ground. According to a RAND study, the first months of OperationEnduring Freedom were far more demanding of data links than the more conventio-nal Iraqi campaign of 2003.(8)

Support for friendly forces equally requires great air support know-how, inboth its lethal and non-lethal aspects. The accuracy of a guided weapon must gohand-in-hand with adjustable lethality according to the enemy’s ability to adapt.Having experienced the devastating effects of allied airpower on its very exposedmotorised columns, as at Tarin Kowt on 18 November 2001, the Taliban retreatedto well-prepared and camouflaged defensive positions that even the 2,000lb JDAMcould not totally destroy. During Operation Anaconda in March 2002, theAmerican heli-borne forces on objective Ginger had a very hard time with Al-Qaedamilitants well dug in to positions that resisted a number of consecutive strikes.(9)Unified Protector also confirmed the need for a wide range of armament covering thefull spectrum of destructive effect. In the Libyan case, limited-effect munitions werein short supply, shown by the recourse to using laser-guided inert bombs, to strikethe enemy scattered in a densely populated urban environment without collateraldamage. The Royal Air Force likewise made intensive use of its well-adaptedBrimstone munitions, to the point of virtually exhausting its stocks.(10)

In the non-lethal category, there is a vital need for solid and reliable tacti-cal transport aircraft support, to be able to infiltrate special forces, to resupplythem and to supply equipment to local forces, as at the Jebel Nefoussa in Libya.Precision airdropping capabilities can offset the lack of secured landing sites andthe isolation of friendly forces.(11) To that must of course be added the inherentresources of any air campaign: C2, in-flight refuelling, combat search and rescue,and more still. Clearly, a whole range of air operational capabilities has to be mas-tered, which de facto puts a limit on the number of air forces capable of applyingthe Afghan model independently, or at least of making a decisive contributionwithin a coalition. This necessary major air effort can quickly reduce the attractionof a model, whose ground component might seem less demanding in human and

(8) Benjamin S. Lambeth, Airpower against Terror: America’s conduct of Operation Enduring Freedom, Santa Monica, Rand,2005, p. 352.(9) Stephen Biddle, Afghanistan and the future of warfare: implications for army and defence policy, Carlisle Barracks,US Army War College Strategic Studies Institute, November 2002, p. 37.(10) Royal United Services Institute, op. cit. footnote 5, p. 6(11) RUSI, op. cit. foot note 5, p. 11, Jean-Christophe Notin, op. cit. foot note 3, p. 391-392, and Jean-Marc Tanguy,Harmattan : Récits et révélations, Paris, Nimrod, 2012, p. 51.

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materiel resources. Operating in a coalition will clearly compensate for certainshortcomings.

As to the ground sector, special forces must obviously be able to master allthe techniques and procedures of air support. Their role however goes way beyondsimple air strike guidance. Operation Anaconda illustrated the limits of air-portableISR capabilities: in spite of a month of intensive observation of an operational zonecovering no more than 100 square kilometres, half the enemy positions had escapeddetection before the start of the operation. When the geography is unfavourable, theforces in contact have to make up for these limitations. This is the case in the moun-tainous terrain of a great part of Afghanistan, but also in urban environments, whichare increasingly the theatres of modern conflict. The role of special forces is therefo reto compensate as far as possible for the limits of sensors, by sending informationobtained at first hand or gathered by local allies. That works in both directions, allo-wing the allies to benefit from information gathered by airborne sensors. Theemployment of Western special forces in this role during the rebel advance on Tripoliemerges clearly from the initial studies of Operation Unified Protector.(12)

Interaction with local allies also needs the maintenance of a pool of linguistsand regional experts within the special forces, capable of interacting quickly andeffectively with the local partners. Although in Afghanistan the American teams wereable to draw on the CIA’s contacts with the Northern Alliance, it took several weeksfor the Western and Arab special forces to build an effective partnership with the geo-graphically scattered Libyan allies, who lacked a unified command.

The existence of these local allies is the third component of the Afghanmodel, whose chief quality lies in their availability as allies of circumstance. Thepresence of forces that have a degree of political and military credibility is of cour-se crucial to the success of the model. The choice of local partner cannot be a neu-tral one, for in an insurrection gathering together different movements against acommon enemy, the support given to some rather than others gives rise to politi-cal consideration of the organisation of force relationships which will dictate thefuture government of the country.

Amongst the criteria which determine the choice of this ally, the level ofmilitary credibility is not necessarily determining if it is compensated by the abi-li ty to rally sufficient numbers of potential combatants. Experience shows that it ispossible to adapt to a wide range of situations. The future combatant does not haveto be particularly well trained if it is possible to instruct him in the necessary rudi-ments of combat in areas out of hostile range. Equipment can be supplied by airif needed, as at Jebel Nefoussa. Once the combatant is on a war footing, the spe-cial forces can give advice to the leaders, ensure the coordination of airstrikes andcontribute to the synchronisation of ground force action with the air campaign

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(12) RUSI, op. cit. footnote 5, p. 12, and Jean-Christophe Notin, op. cit. footnote 3, p. 470-471.

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(13) Jean-Christophe Notin, op. cit. footnote 3, p. 526.(14) Richard Andres, Craig Wills, Thomas E. Griffith, Winning with Allies: the strategic value of the Afghan model,International Security, vol 30, No. 3, Winter 2005/2006, p. 34.(15) See particularly L’armée tchadienne aux avant-postes de la guerre au Mali, Le Monde, 4 March 2013; and L’appui crucial des Tchadiens au nord du Mali, Le Figaro.fr, 17 March 2013.

plan. Against all expectations, the result is the victory of the armed greengrocerover the professional soldier.(13)

It is nonetheless essential to be well aware of the tactical limitations of thelocal partner, not necessarily able to understand or execute complex manoeuvresagainst an experienced enemy. Special forces in their limited numbers are alwaysvulnerable to a sudden collapse of their allies. A capital point for the model’s suc-cess is that the protagonists must share essentially the same strategic objectives. Thefall of the Taliban regime in the first weeks of Enduring Freedom or of the Gaddafiregime gave the common interest needed for common success. On the other hand,the examples of Tora Bora or of Operation Anaconda reveal the danger of nothaving enough ground troops to offset the shortcomings of the Afghan ally, poor lymotivated for the pursuit of foreign Al-Qaeda fighters, especially in the depths ofwinter, in particularly mountainous terrain.(14)

The Afghan model and Operation Serval

On 12 January 2013, France set in motion Operation Serval in Mali, to stopthe terrorist offensive south of the river Niger and to hinder these movements fromthreatening the State of Mali. After an initial phase of reaction and stabilisation, theoffensive was launched to retake the Niger loop and then to restore the integrity ofMali’s northern territory. Do the first lessons learned from Operation Serval indicaterecourse to the Afghan model? It has to be admitted that the first few weeks did notreally lend themselves to its application, because of the extreme weakness of the Maliarmed forces, incapable of playing the role of a sufficiently militarily credible localally. The French intervention was shaped as a response to this weakness. French sol-diers were on the front line, alongside those Malian units which had retained a degreeof cohesion, and whose morale and military effectiveness were boosted by strong airsupport and the presence on the ground of an impressive number of French combatelements. This strong French presence up front, notably during the recapture of theNiger loop, ruled out the application of the Afghan model.

Nonetheless, the model evidently played a more important role at the startof the offensive into the Adrar Mountains, in its application to an African ally ofconsiderable military credibility in desert warfare: the Chadian armed forces. Theintervention of General Mahamet Idriss Deby Itmo’s troops, especially during theAmetettai valley battle, included French combat aircraft and helicopters, whichimply the presence of forward air controllers attached to the Chadian units tocoordinate and guide them.(15)

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The Afghan model retains all its relevance, therefore, in the Mali conflict,having finally found an African ally sufficiently militarily capable for its application,which alone confirms the crucial importance of this condition for its effecti ve appli-cation. The Afghan model could not have worked in the first days of OperationServal, but with militarily capable African units it became viable.

Implications for the Air force

The Afghan model is far from being a panacea in modern warfare. To suc-ceed it must meet precise criteria. It is not risk-free for the indigenous allies, isdependent on foreign air support or special forces commandos, and is vulnerablein the event of the defection of its local partner. It needs a dose of strategic patien cebefore its effects can be seen, even if, by comparison with a more conventionalcampaign it offers the possibility of swift execution, which fits well with the intrin-sic qualities of air power: rapid power projection, long reach, agility, ubiquity, fire-power and flexibility. It cannot guarantee to win the peace once the campaign isover: the return of the Taliban in Afghanistan, the deterioration of the situation innorthern Iraq in the months following the fall of Saddam Hussein,(16) and theuncertainties still prevailing over Libya’s future are all reasons for prudence.

Nonetheless, ten years after its appearance, the Afghan model reaffirmed itsrelevance in Libya. Its intrinsic qualities of catalyst for the air arm serve to increa seits strategic utility. Its political and financial cost is lower than for a conventionalcampaign. It may not resolve conflicts on its own, but that is so for all militaryinterventions, conventional or not. It opens possibilities for its application in thecrisis arc where there is a number of hostile regimes, totalitarian but vulnerable toa determined insurrection. That, at any rate is the opinion of American strategists:the withdrawal from Iraq, the death of Osama bin Laden, and the need to reducethe budget deficit have led President Obama to announce new strategic directionsthat break with the previous decades’. More demanding in the type and place oftheir commitments, the United States is seeking to make use of credible partners,with whom tasks can be shared—particularly those whose vital interests are not atstake. The Afghan model allows the United States to commit minimally, makingbest use of their superiority in the air.

For France, at a time of decisions regarding capabilities, it has to be said thatthe model arouses suspicion, even outright rejection. Calling it delegated interven-tionism is proof of an under-estimation of the political and military com mitmentit involves. Its limitations are regularly highlighted, to the detriment of its coercivevalue, when in fact it reinforces the effectiveness of military interventions whenever

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(16) Largely due to the clumsiness of the 101st Airborne Division deployed after the battles were over, according to Richard Andre in The Afghan Model in Northern Iraq, The Journal of Strategic studies, vol.29, No. 3, June 2006, p. 414-417.

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(17) Défense et Sécurité International, Les limites de l’interventionnisme par délégation, DSI No. 87, December 2012,p. 10-11.(18) Richard Andres, Craig Wills, Thomas E. Griffith, op. cit. footnote 14, p. 47.

the situation imposes the support of a local partner without large-scale deploymentof ground troops. Its potentially damaging effects on the evolution of the size andshape of the armed forces also comes under fire, as seen in a recent article: ‘thismodel….could be used to justify reductions in ground forces.’(17) This criticismtends to forget too quickly the necessary conditions for the model’s use, which arespecial enough to prevent it from being regarded routinely as the most desirablemethod of operation.

It would therefore be detrimental to our armed forces if they were depri-ved of this tool of demonstrated coercive value, not least because they already haveall the elements needed for its implementation. We must preserve the air supportexpertise forged in Afghanistan and demonstrated in Libya, a solid component ofspecial forces airmen trained in those techniques, as part of a larger grouping of all-arms special forces capable of training and advising foreign partners. It naturallygoes hand-in-hand with an air force capable of supplying the framework for appli-cation of the model, its C2, its ISR capabilities and its lethal and non-lethalresources. All these elements exist and have proved their worth. We must now acknowledge their symbiotic character within the framework of the Afghan model,and incorporate it fully in the range of strategic options for our armed forces. Asone of its best advocates sums it up, ‘planners in the future should consider themodel as an operational method of primary importance rather than as an emer-gency procedure’.(18)

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Operation Harmattan: A RafaleSquadron Commander’s Tale

Lieutenant Colonel (Air) and fighter pilot. Former commander of Rafale squadron 01.007 'Provence' from thestart of operation Harmattan until 6 September. Currentlyhead of the Retex (lessons learned) innovation and coordi-nation division of the Air Staff's monitoring bureau.

Loïc Rullière

Operation Harmattan began on 17 March 2011. The preceding two weekswere used to gather the elements of intelligence necessary to enable thechain of command to take the decision to launch its first mission of the

campaign, a challenge which the Air Force took up with enthusiasm. It did so fullyconversant with the situation, after an analysis based on those two weeks of study.Of course, daily reports on the analyses in progress had been requested in order tobe as well prepared as possible. Reconnaissance missions were considered but thesedid not in the end take place. The work did nonetheless enable preparations to bemoved forward.

Late on the morning of 19 March, the pilots of fighter squadron 01.007‘Provence’ walked towards their aircraft knowing that the mission was achievable,thanks to all the preparatory work. It was nevertheless a strange moment for thecrews, who were passing from peacetime to a time of crisis without any transitionor additional preparation. They were working from their peacetime base, thusconfirming the combat function of an airbase. Some psychological transition wasnecessary, however: an artificial disconnection was created, and most of the person-nel involved in the operation slept on the base the night before that first mission.This helped the crews to be ready not only physical, but also mentally, for D-day.

To react quickly to such changes it is highly advisable to have undergone along period of operational preparation. This is why crews train throughout theyear, to be able to cope with a wide range of missions. The reaction of the pro-Gaddafi forces remained to be seen. The air threat was known to be weak,although it was difficult to take into account because of the relatively restrictiverules of engagement which had been imposed on the Air Force. The main unk-nowns concerned the location and level of readiness of the ground-to-air defencesystems. Once in theatre the enemy aircraft proved to have been relocated to thesouthern part of the country but the ground-to-air systems remained in place andvery active, in particular to protect the troops moving towards Benghazi. An SA-8

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Operation Harmattan: A Rafale Squadron Commander’s Tale

was also very active throughout the day of 19 March, and during the three hoursof the initial phase it tried in vain to gain an easy victory. This SA-8 was destroyeda few days later by other coalition aircraft.

On the first day, the French force included a first patrol of four Rafales, inan air-air configuration, whose task was to impose the no-fly zone to the south-west of Benghazi in order for a second Rafale patrol, in a reconnaissance configu-ration, to carry out intelligence gathering over the coastal strip from Benghazi toSyrte. The aim was to provide the coalition members with a complete initial pic-ture of the tactical situation in this coastal sector. Also, it was necessary to preparefor the arrival of a second wave, made up of Mirage 2000D, Rafale and Mirage2000-5. This second wave carried out strike missions, which enabled the vice to betightened around Benghazi.

These strikes proved to be accurate, as were all those of the operation. Allof the munitions fired by the French combat aircraft were precision weapons. Thisreflected the careful selection of targets and a total mastery of the effects. To beselective, however, requires the ability to discriminate. For the units involved thiswas certainly the biggest challenge of the operation. The absence of troops on theground deprived them of the cultural and operational support of the JointTerminal Attack Controller (JTAC). In this respect, the units were following verydifferent procedures from those used in Afghanistan. In addition to a conventio-nal air campaign they had to protect the population, which meant directly enga-ging the pro-Gaddafi forces which threatened them on the ground, without the aidof specialized support teams. As might be expected, the pro-Gaddafi forces quick-ly appreciated and exploited these difficulties. They abandoned their heavy andhighly visible equipment and took to pickup trucks, which were less identifiable.They also tried continually to mingle with National Transition Council (NTC)forces and with the civilian population. This inevitably complicated our opera-tions. Their aim was of course to complicate the Air Force’s task, generate problemswith identification and decision-making, and ultimately to increase considerablythe political risk of each strike, seeking to hamper the coalition’s cohesion.

To counter this ‘asymmetrisation’ of the conflict, it was necessary to set upan extremely effective collaborative organization. All the players worked in a network, connected by tactical data links or by phone, and the appropriate level ofinformation had to be shared among the participants to ensure that everyoneunderstood the situation. Combat aircraft, UAVs, Intelligence, Surveillance andReconnaissance assets (ISR), AWACS and headquarters had never worked withsuch a degree of synergy, while the latter organizations integrated the intelligencefrom all sensors in the area. When the intermingling became too close, it was oftena longer-term analysis which enable the reality of a target to be established. Its trueallegiance as well as the reality of a direct threat to the population could thus bedetermined. The UAVs (Unmanned Aerial Vehicle or drones) represented a precious resource, working in harmony with the combat aircraft.

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Operation Harmattan: A Rafale Squadron Commander’s Tale

One of the missions which I carried out in May illustrates the combinedeffectiveness that resulted from using a range of assets, to a degree which I havenever met in other theatres in the past. That day, we were working in total auto-nomy with my patrol in the Jebel Nafoussa region when the Combined AirOperations Centre (CAOC), via AWACS, asked us to join and work with aPredator UAV far to the South of our position. This UAV had watched a resupplyroute for the Jebel Nafoussa fronts over more than three hours. The CAOC subsequently committed three different patrols in succession which were to attackall the targets identified during this long period of analysis.

As for the authorisation for opening fire, a compromise had to be foundbetween a very centralised and a very de-centralised process. Ultimately, the wor-king of the system on a daily basis was delegated to the lowest acceptable level.From one day to another the reality of the situation changed so that sometimes thecrews had the authorisation to open fire while sometimes it was retained at a consi-derably higher level.

In such an operational context, the Rafale was an adaptable tool whichenabled the whole range of missions to be covered during a week and, above all,allowed a reduced number of aircraft to be deployed to cover a relatively widediversity of missions. During this time missions were undertaken in Afghanistan.In the Libyan theatre the aircraft gave a very convincing demonstration of its adap-tability. Its sub-systems also showed remarkable qualities of precision, performan-ce and reliability.

By way of conclusion, for the crews, Libya was a deployment which wasclose to the Afghan standard with regard to its complexity, but very different in itspolitical, strategic and tactical context. The terrain was altogether different too. We also had to abandon the Afghanistan model: to get rid of the strategic and tactical culture which Afghanistan deployments had instilled in us. In Libya, theaircrews had to relearn an important function—which, in the Afghanistan model,lies with the JTAC—that is, the ability to designate and identify a target. This wasa constant challenge. However, experience in Afghanistan gave us a culture of certainty of action, which has enabled us to appear selective. A certain culture ofdoubt has taken root in its place as well as an awareness of the effects produced.Let us say that the crews involved in this conflict have displayed great humility andrestraint whenever necessary.

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Serval: an Exemplary French Air Force Operation

French Air Staff.

EMAA

The Serval is a mid-sized African wildcat. The feline is blessed with a longstride; it can leap more than three metres with precision from a standingstart, generating so much force that it stuns or even kills its prey on impact.

It has very good hearing, conceals itself in the bush, and can listen and observewhile itself remaining unseen. It is a formidable killing machine which overpowersits prey, and it surpasses other predators in its qualities as a hunter. One could notdream up a more descriptive codeword for an operation in which the French AirForce has so well demonstrated the same characteristics.

Operation Serval was launched by decision of the President of the Republicon 11 January 2013. It resulted from a certain number of options which had beentaken up by the Air Force, allowing them to be tested against strategic and opera-tional reality. This operation highlighted four fundamental, intimately linkedcapabilities which frame the Air Force’s aptitude for combat, point to its futuredevelopment, and give it the strategic reach which makes it the pivot of our defen cecapability. These are:

l Immediate reaction capability;

l A structure of command and operations working in real time;

l Continuity of surveillance and intelligence gathering;

l Strategic mobility.

Immediate reaction

Analysis of the Mali operation underlines the first of the Air Force’s fundamental capabilities: its immediate reaction capability. This is even more a keyquality when, in operations, immediacy becomes the normal when the political/news/public opinion cycle becomes foreshortened. The first demonstration of thiswas by the Mirage 2000D detachment stationed at N’Djamena in Chad. Havingbeen first alerted of the Presidential decision during the morning of 11 January, itcarried out its first strike on enemy objectives the same night. Similarly, although

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the fighter-bomber Squadron 1/7 (‘Provence’) at Saint-Dizier was not on alert status on that day, on 13 January (36 hours after the Presidential decision), itsRafales destroyed more than 20 targets in the centre of Mali with pinpoint preci-sion. This mission of more than 4,000 km lasted 9 hours and 35 minutes, the lon-gest ever raid by French fighter-bombers. In three days some forty objectives weredestroyed: they included weapon systems, command centres, training and logisticbases, and they deeply demoralised the enemy.

This operational excellence was only made possible by the quality of ourAir Force serving men and women, who are trained to be reactive and overcomedifficulties. While the prowess of the various teams is impressive, it needs to beborne in mind that reactivity is a function of the slowest element involved. As on19 March 2011, the Air Force showed that it is a finely tuned instrument whoseair bases are a particularly efficient combat organisation. It demonstrated exem-plary integration with our system of defence bases, whose function is operationalsupport. The air base was where the lines of operational support and technical sup-port were melded; it operated under the base commander who had all decision-making responsibility. It is an air base’s 24-hour operating cycle which allows it toswitch instantly from peacetime operation to crisis management mode; it is alsothe base which supports its aircraft when they are detached elsewhere.

Finally, it was also because Air Force men and women benefit from indivi-dual training and continuous activity. Their standards of training combined withregular exercises are high enough for procedures to be thoroughly learned andpractised properly, for reflexes to be acquired, and for agility to be developed overa wide range of activities. The key to all this is sufficient flying hours to allow crewsto develop the expertise needed for complex operational missions. As the benefi-ciaries of realistic training and 180 flying hours per year, some Rafale pilots flewtheir first warlike mission on 13 January. This reactivity could not be achieved justby a cyclic timetable alternating operational preparation, action and then recupe-ration: the aircrew activity levels and (through them) those of the entire Air Forceare major guarantees of efficiency.

Coherence and efficacy of command and working procedures, adapted to real operations

The skill of rapid intervention is based on the Air Force’s fundamentalcapability of exploiting the coherence and the efficacy of its command system andworking procedures. This is even more fundamental in operations such as Serval,which encompass operational components of all nature wherever they happen tobe, and which are set in motion at short notice with a very short decision cycle.For its action to be fully effective and responsive in a joint force operation, the AirForce has to master a complex and reactive environment. It needs a chain ofcom mand and standardised procedures capable of interacting in real time with all

Serval: an Exemplary French Air Force Operation

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Serval: an Exemplary French Air Force Operation

involved; this leads to continuity of planning and operations based on a commonview of what is needed.

The first air missions of Serval, mounted directly by CPCO, were plannedand controlled by the JFAC AFCO (Joint Force Air Component de l’Afriquecen trale et de l’Ouest) recently established at N’Djamena to direct those airresources pre-positioned in Africa. This command structure greatly eased the workof CPCO since it permitted an immediate launch of air operations and thepre- planning of follow-on strikes.

The concept of operations was the responsibility of the Air Officer commanding the air component, who was also the air adviser to Comanfor Serval.He was responsible for the organisation of the airspace in the zone of operations: he took part in the joint service allocation of air resources to tasks, and he was res-ponsible for the planning, programming and execution of the overall air campaign,integrating all air resources.

This command architecture is even more important when coordination ofa variety of air resources is needed, operating diverse missions simultaneously in anoperational zone. In- theatre about one hundred missions were launched daily,operating round the clock: these included deep penetration, reconnaissance, surveillance, monitoring, fire support, parachute operations, tactical and strategicair transport, air-to-air refuelling, combat and transport helicopters.

The role played by the National Air Operations Centre (CNOA) in Lyonshould also be mentioned. Serval demonstrated that the Air Force can now look atthe planning and conduct of air operations in a new way. The technical resourceswhich are being steadily acquired by Lyon (essentially SIC and satellites, SATCOM, HF, IP, LDT and POLA), and the skills available on site (planners,controllers, intelligence officers, experts in tactical data linkage, radio and ITspe cialists etc), mean that the operational units of CDAOA Lyon (JFAC, CNOAand CRA), reinforced by other elements drawn from the entire Air Force, are nowentirely capable of planning, programming and conducting air operations on aworld-wide basis, both from French soil and elsewhere.

The projection into the theatre of E-3F, point to point links using SATCOM,HF and Chat Iridium, the installation of Link 16 equipment (MIDS-JRE), and theability to receive Harfang (FMV) video on site give the Lyon C2 centre the real-timesupervision capability needed to direct air operations.

It is particularly instructive to look at the challenge represented by the first-ever offensive operation carried out by Rafales on 13 January, which was mounteddirectly from their base in Saint-Dizier. It would have been impossible to mountit at such short notice without an operations centre such as Lyon where the sortiewas planned to the last detail, and where tactical control was exercised right up tothe final debriefing at N’Djamena. The principle of ‘reach back’ using Lyon has

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demonstrated its full value ever since the start of the operation. It is a continuingprocess: the basic principle is that air campaign planning takes place in Lyon, whileoperations are run from N’Djamena.

Finally, so as to exploit to the maximum air power’s trump cards of quickreaction and flexibility of use, the command and control network must also be ableto change objectives in real time.

When the enemy makes only fleeting appearances it is essential to reducethe detection-to-strike reaction time to the minimum. We must be able to networkISR assets (Intelligence, surveillance and reconnaissance) with appropriate C2arrangements and strike assets. In a theatre where distances are so great, the avai-lability of an AWACS is a crucial factor. For example, on 19 February Frenchground reconnaissance elements in the Massif de l’Adrar (some fifty kilometressouth of Tessalit) were engaged by terrorists. A Mirage 2000D patrol was in thearea, armed for close air support missions: it attacked rapidly, destroying two heavymachine guns. Equally, it is not infrequent for the CNOA to change the objectivesof reconnaissance missions in real time. None of this is possible without well-proven procedures, reliable technical capabilities and well-trained personnel.

In this respect the SIC manœuvre is integral to the exercise of air powerbecause it must be perfectly in phase with the campaign objectives in order to beable properly to dimension both the nature and the flux of data. The data sourcecan be one or more of ground-based radio, satellite or IT, and the data itself maybe in the form of text, image, video or voice.

Less visible, but equally essential support for air operations must be basedon a reliable technical and logistic command structure. This has also to synchro-nise perfectly with the air campaign’s objectives in order to achieve maximum avai-lability of the resources committed.

The need for permanent surveillance and intelligence data

A third fundamental capability of air operations derives from the acquisi-tion and monitoring resources it must have to support operations effectively; thisapplies to joint as well as to air operations. This involves the airframes themselves,the offensive systems, the objectives listed in each zone of engagement, the coor-dination of resources in both time and space, and the ground and air communica-tions links needed. The result is a mass of data from many types of sensor, rangingfrom humans to satellites, and includes that from aircraft and drones. For the13 January mission, for example, the weapons programming and the data neededto designate the targets ordered by the CPCO was arriving in Saint-Dizier untillate in the night, and was supported by target dossiers which had to be producedunder severe time constraints.

Serval: an Exemplary French Air Force Operation

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Serval: an Exemplary French Air Force Operation

The organisation was initially supported by a troika of satellite/FICR/ATI,rapidly supplemented by the deployment of Harfang drones. The processing of thedata collected was designed to go beyond simple sequential processing by each of theplayers involved; it was instead merged by real-time processing, leading to muchmore rapid handling of the ‘surveillance-identification-designation-launch’ cycle. A real-time capability is essential for this type of operation where targets are agile,fleeting and dispersed over vast areas, and is a major characteristic of airpower.

Fielding the Harfang drone therefore completed the operational effective-ness of the organisation, by integration of its images into the decision-making process. It has a loiter capability of 14 hours per mission over the entire zone ofoperations; immediate action by Rafale or Mirage 2000D combat patrols could be(and indeed were) triggered by targeting data uploaded to them in real time by thedrone’s controllers. This technique is proof of a trend which has been growing yearby year: the drone is fast becoming the single most essential element in all air ope-rations and is increasingly being used prior to any strike to verify that there will beno collateral damage, a practice which is growing even when planned strikes havebenefited from prior detailed analysis.

Furthermore, this theatre covers a vast area, which both reduces the loitertime of air patrols over a combat zone and evidently increases the number neededto maintain constant coverage. In the absence of AWACS, drones act as vitalrebroadcast stations for information transfer between air patrols. Nevertheless, ourdrone capability remained notoriously insufficient, bearing in mind the size of thearea to be covered and the continuous surveillance that was needed. The waste oftime due to long transit flights from Niamey would have been much reduced hadwe been able to field a few MALE drones acting in concert; the coverage wouldalso have been better, and we would have been able to deal with sudden emergen-cies, or a new task such as the recent French hostage crisis on the Nigeria-Cameroon frontier.

Strategic mobility

The fourth fundamental capability is the strategic projection capabilitywhose importance is constantly being emphasised in this theatre the size of Europe,and 4,000 km from France. In 1946 General Géradot, the then Chief of Air Staff,remarked that ‘…transport aircraft are the indispensable partners of fighter aircraft ifwe want the latter to be strategically mobile’. While at the time this assertion appliedonly to the Air Force, it is now obviously relevant to all our armed forces.

It is only the Air Force which can give France a true strategic capability andrespond to the major logistic and operational challenges involved. During the firstfive weeks of Operation Serval France projected some 19,000 tons of materiel intothe theatre: this is more than was repatriated from Afghanistan over a whole year.

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The scope of this logistic feat should not be underestimated. While the Air Forceis currently organised to project joint transit capabilities and the mounting of over-seas detachments in a modular way, only a true strategic air transport capabilitywill allow the logistic chain to function properly in what is such a challenging sce-nario in terms both of time and range.

Similarly, the missions with which our combat aircraft are tasked are long,multiple and long range. They require major air-to-air refuelling capabilities: thisoperation saw the deployment in-theatre of more than half our C135 fleet. Thissuccess should not be allowed to hide the limiting factor imposed by the relativeunreliability of these tankers; their advanced age (some 19 years) brings with it thepermanent risk of capability failure, making it urgent to bring MRTT into servi ceas soon as possible.

Furthermore, we need to keep in mind a simple rule learned from theKosovo crisis, which is that the number of tankers available has a direct relation-ship with the number of combat sorties that can be flown. Our shortcomings inthis field have constrained us (as in Libya) to have to rely on American assets sincethe end of January. Even so, this particularly valuable help is still not enough tomeet all our needs. During the ground action of 19 February, for example, aMirage 2000D patrol had to quit the combat zone before disengagement becausethe tanker was no longer able to carry out its task. The arrival of another combatair patrol from Bamako was made possible only by the arrival of a further tankeron its orbit; our troops had no close air support for several hours.

The entry into service of A400M and MRTT will therefore represent a stepchange. Not only will our airlift capability be significantly increased, but also ourspeed of projection and the use of air transport as a whole will both be improved.Bamako is currently a choke point which slows down logistic activity due to thesaturation of the base platform. The result is that long and slow-moving convoyshave to be organised to deliver materiel to the combat zone, some 350 km away.An air bridge using A400M could have delivered cargo to airheads much closer tothe zone of operations such as Mopti, Timbuctou or Gao, allowing us to concen-trate our forces several days earlier than we did.

Furthermore, the use of this aircraft would have much simplified intra-theatre logistics, which are complicated today by the need to tranship cargoes onthe airfields at Bamako, Niamey, Dakar and N’Djamena: 26 tactical transport air-craft from 6 different nations are involved. The A400M can make a daily rotationinto the theatre inside 24 hours, dividing projection time by a factor of three. Overand above this operational performance, local transit resources and the processingcapability of the logistic chain are also affected, and in consequence the control oflogistic flow has to be adapted.

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Serval: an Exemplary French Air Force Operation

The 13 January mission highlights the operational benefits we will be ableto enjoy. Three C135 accompanied the four Rafale delivering nearly 100 tons offuel, but at the same time they were able to carry only a very small proportion ofthe materiel and personnel needed to give such a detachment a 24-hour operatingcapability. In the near future the same task will be carried out by two MRTT,which will be able to lift the entire detachment, and two A400M, which will becapable of lifting the entire cargo load to N’Djamena in six hours. The Air Forcewill thus be able to project a significant operational capability over some 4,000 kminside 48 hours.

Such an operation serves to remind us that strategic inter-theatre mobilityis overlain on the needs of intra-theatre tactical support. The airborne assault onTimbuktu carried out on 29 January, certain aspects of which are classic, illustratesabove all the way in which the projection of air power in a theatre can be switchedinstantly to support joint operations, contributing directly to their acceleration.

The concurrency of the requirements for mobility and support means thatthe formats of air projection must not be based solely on the requirements of inter-theatre projection. Furthermore, the tactical dimension also dictates that we needtransport aircraft whose operational characteristics need to include the guaranteeof combat-ready delivery. The tactical capabilities of the A400M, together with themilitarisation of its cargo hold means that it can deliver ground force assets suchas helicopters and armoured vehicles which are operational immediately on deli-very into the operational zone, using unprepared airstrips.

Co-operation with allies

This campaign throws a new light on the degree of our dependence on ourallies: it could not have taken place without their active cooperation. In the fieldof inter- and intra-theatre logistic projection (25 per cent), no less than 110 alliedmissions were needed. In the field of ISR the USA and the UK deployed a JSTAR,a Predator and a Sentinel R1. These two countries, with France, are alone in beingcapable of deploying such sophisticated assets, with such powerful military perfor-mance, at such short notice. The intimate strategic dialogue which links our threeair forces contributed in great measure to easing the sharing and integration ofthese allied resources. This aspect was reinforced by the credibility of the Air Forcechain of command: it gave our partners the guarantees of coherence and securityfor their resources that they needed when the latter were tasked by Comanfor.

Finally, it is useful to emphasise that at the same time that the Mali opera-tion was taking place, the Air Force’s permanent mission of nuclear deterrencecontinued without the slightest change, an essential condition for maintaining the

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credibility of this strategic function which is fundamental to the security of ourcountry. The operational task of the strategic air squadrons, Air Force’s priority task,is fulfilled every single day.

Similarly, the Air Force maintains the permanent airspace security posturewhich guarantees the sovereignty and protection of our national airspace, parti-cu larly against terrorist threats. This mission has become even more necessary sinceFrance’s policies have significantly increased the threat which looms over our natio-nal territory. The resources committed to its operational continuity have had to bereconfigured: air defence Mirage 2000s have replaced the Rafale for this task, thusallowing our most modern aircraft to be allocated to the African theatre.

Rafale’s qualities, already demonstrated in Libya, make it perfectly adaptedto that continent. Its multi-role capability allows it to be tasked for both strike andreconnaissance. Its range and endurance give it a very good loiter capability over azone where it can attack high value targets in real time or, when necessary, provi declose air support to troops on the ground. Its wide range of sensors and weaponconfigurations give it the firepower needed to deal with a variety of targets with amaximum of precision.

To conclude, the unique properties of the Air Force contributed to therapid and significant blocking of a terrorist offensive which was particularly threa-tening to Mali’s integrity. This operation showed yet again that the Air Force is anentirely coherent operational tool, and a major player in a military strategy whosesuccess meets political expectations.

Serval: an Exemplary French Air Force Operation

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RDN

Les Cahiers de la Revue Défense Nationale

The fundamental capabilities at the heart of modernisation

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Air Force Command and Control,the Strategic Heart of Defence

and National Security

French Air Staff.

EMAA

A robust and credible C2 developed from long experience of the air security mission

The lessons of the Second World War have consecrated the importance ofachieving air superiority at the outset of any military operation, which means thatto protect French territory we had to create a credible and effective air defencecapability. The Air Force progressively acquired the tools (radars, communicationsand aircraft) and the knowhow (procedures and staff competence), which devolvefrom this need: evaluation of the general air situation, the ability to identify threatsand guide interceptors to potential targets. The need for rapid reaction dictatedunified command, and in 1961 the Air Force created a central structure dedicatedto air defence. This command absorbed all the resources, from the detection network to the interceptor aircraft, and is able to give real-time situation reports tothe Prime Minister, the political authority responsible for the nation’s air defence.This highly reactive chain links the highest levels of the State with the pilot in hisaircraft, and ensures at all time and in all places sovereignty over the nation’s airspace. Today, the French air security network is capable of the surveillance of some11,000 air movements daily, and can put in train either an interception mission totake active air security measures, or an aid mission to an aircraft in difficulty. The events of 9/11 underlined the relevance of France’s air security apparatus, acknowledged as one of the best-adapted to counter terrorist threats. Stability,reactivity, rules of engagement and mission success all go to build a firm back-ground in the development of the airman, acquired through his experience of theair security mission.

Similarly, the Air Force rapidly integrated the new dimension of space acti-vity in the daily life of the nation and its security. It has extended its surveillanceand situation analysis capabilities to this new area and has created a system of alertwarning, based on recognised threats (such as space debris falling to earth or obser-vation satellite tracking)

Les Cahiers de la Revue Défense Nationale

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Recent conflicts have led to the build-up of expertise in the conduct of large-scale air operations in overseas theatres

The geopolitical upheavals of the nineteen-nineties have led France to inter-vene more and more frequently beyond its borders in a joint-service and inter-alliedframework. Air missions now mobilise fleets of aircraft that are complex in number,diversity and the multiplicity of effects to be achieved against an adversa ry percei-ved as a global entity and with vulnerabilities.

The French Air Force is adapting to change. With its experience ofcom mand acquired from the air defence role and with a staff trained in similarpro cesses, it bracketed onto its existing structure in metropolitan France the skillsand tools dedicated to overseas air operations. The Air defence and air operationscommand centre (Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes– CDAOA) came into being: apart from its air defence mission, the com mandmaintains and develops Air Force expertise in the command of air operations; ittrains its staff,(1) provides fixed and mobile reception structures with adapted pro-cedures offering all the flexibility needed for operations in hand.

This parallels NATO conceptual and doctrinal development. The imple-mentation of a reaction force decided at the Prague Summit in 2002 constitutes apowerful tool for the development of interoperability between member states. Thecredibility of the Air Force, recognised by the allies, and supported by the techni-cal expertise that French industry has developed in matters of command andcom munications networks has given it the right to claim command of the NATOReaction Force (NRF). It is today an essential contribution to the Alliance’s ope ra-tional capability.

Lyon, a strategic heartland for supervision of air missions in France and overseas

The ability to command and control air operations is the essential condi-tion for operational effectiveness of an air force, and confers on the country thatpossesses it a real capacity for influence and a training capability that benefits anycoalition set up to deal with crisis or emergency situations.

The development of information technology today opens even wider pers-pectives. In the medium term we can see new balances emerging in operationalcommand, conjugating more closely the synergies between the resources deployed,ever lighter, and the permanent Command and Control Centre in Lyon. Thiscentre is progressively developing its capabilities to supervise, direct and coordinate

Air Force Command and Control, the Strategic Heart of National Defence and Security

(1) The Air Operations Preparation Analysis and Simulation Centre (CASPOA), created in 1997, has become a NATO‘centre of excellence’, and apart from training French staff, trains a number of foreign personnel in air operational command and control.

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Air Force Command and Control, the Strategic Heart of National Defence and Security

(2) These include air photo reconnaissance missions in advance of police intervention; surveillance of the airspace aroundsensitive installations, (nuclear power stations, petrochemical sites and prisons, for example); surveillance of demonstra-tions surrounding high-visibility events (Heads of State Summits or the Olympic Games); monitoring flight plans by air-craft suspected of illegal activity.

on a permanent and reactive basis the whole panoply of air missions that Francemay have to undertake above or beyond its national territory. Mastery of a projec-table C2 capability allows France to assume its role in a coalition as a cadre nation.

Expanded cooperation for the benefit of national security

The capability to evaluate the air situation has also led to an openingbet ween ministries. This has developed into cooperation between the Customsauthorities, civil aviation, police and gendarmerie, and missions are regularlyconducted in their support.(2)

These examples of fruitful cooperation open perspectives that have not yetbeen fully explored. What potential has a tool as effective as the Lyon Centre tooffer national security in its widest sense, not merely limited to military threats? In the event of natural or industrial catastrophes, the Defence Minister could beable, at short notice, to put at the disposal and under the authority of a Préfet theLyon C2 Centre and some of its human and materiel resources, so that the lattercould exercise his responsibilities in evaluating the situation and coordinatingnational resources committed to rescue operations. As a way of optimising Stateresources on a routine basis, training missions for Air Force drones, with their sur-veillance capabilities, endurance and discretion could be enhanced by the choice ofzones of specific interest to a Ministry, controlled from the C2 centre in Lyon,where air missions are programmed.

The optimisation of its human and materiel resources is leading the AirForce to concentrate its decision-making structure while maintaining the decen-tralisation of its operational capabilities: a strong C2 in Lyon based on a networkof air bases in France, the Overseas Territories or in foreign countries, as departu-re points for any air mission. This new C2 Air structure is a strategic heartlandwhere greater cooperation between the Ministries involved in national securitymatters can be encouraged. Opening towards Europe is also foreseeable, and wouldadd another advantage. It could contribute to the development of European plan-ning and civil-military operational conduct in response to crises and emergencysituations.

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The Only Machiavellian Aspectof the Drone is its Human Element

Air Force Lieutenant Colonel, graduate of the French WarCollege, Second in Command of 1/33 Drone squadron‘Belfort’.

Christophe Fontaine

Editor’s note: Fisrt published in Revue Défense Nationale on line (Tribune n° 358, www.defnat.com), April 9, 2013.

According to a number of writers who specialise in law or in modern conflict,drones are the new danger that everyone should fear. Aside from ethicalquestions about their use, and the moral aspects of their commitment, they

could constitute a grave danger, should they fall into the wrong hands. Needless tosay, the aeroplane is quite the opposite: it is more human and more civilised, and isless prone to error. The proliferation of such extravagant terminology is designed tomake us think that the drone is nothing other than a robot that goes around killingautomatically according to some mechanised form of decision-making, and in theprocess making blunders right, left and centre whilst willy-nilly eliminating thosecitizens declared undesirable according to processes or actions unrelated to any formof legal framework. Nothing could be further from the truth.

Permanent surveillance and real-time dissemination of data

The main reason for using drones (or Unmanned aerial vehicles – UAVs)today is certainly not to deliver weapons onto targets secretly from the other side ofa border. It is, first and foremost, to try to compensate for the intrinsic weakness ofair power, which is the inability to assert long-term control over captured airspace inorder to conduct surveillance of activity on the ground. Whatever its role, be it airdefence, bombing or reconnaissance, an aircraft cannot fly indefinitely.

It has to land to change pilots, since not only are long flights testing for theaircraft, but also, and especially, for the aircrew. Because of this, drones are mainlyused on missions that cannot be performed by crewed aircraft—those long sur-veillance missions using a variety of optical, radar or laser sensors. Freed from themajor handicap to endurance in flight, the human on board, the drone becomes theideal machine to maintain a potential target and its environment under constantsurveillance. But therein lies the paradox, for man remains firmly in the decisionaland operational cycle. Satellite transmission technology allows us to have a sentinel

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permanently in the air, whose electronic eyes transmit real-time information onwhat they see to the decision-makers.

Once the surveillance process is completed—and remember that intelli-gence gathering is the primary role of drones—a decision may be made to strike.However, the French Male drone (Moyenne altitude, longue endurance – mediumaltitude, long endurance) does not always carry weapons, since being armed drastically reduces its time on task: for a given total weight, the more armamentcarried, the less fuel. Moreover, during the surveillance phase, and the attack phaseif there is one, the drone is not a robot. Quite the contrary.

The cockpit is the real nerve centre of an aircraft, and it is from there thatan entire human crew directs it. The aircraft has to be piloted, its sensors directedcorrectly, intelligence analysed and classified, targets identified, checks made withthe headquarters regarding the legal position on the targets and the mission’s objec-tives, and the most appropriate weapons chosen for the mission. After all that, itrequires a human being to give the order to launch a precision weapon onto thetarget. All of this is performed with a transparency to which no other weapon sys-tem is constrained. The transparency is aided by the filming of every phase, fromintelligence gathering to firing, and the live pictures are sent to the decision-making level in real time, are recorded and saved. The process is supervised by legaladvisors and conducted under the direction of military or political chiefs. It is the-refore easy to imagine the members of parliamentary enquiry committees consul-ting the recordings of these firings, in order to verify all the legal elements of theirplanning, organisation and activation.

A few words on the main criticisms of the use of drones

Issues of ethics and morals

The fact that pilots are at the controls of drones ought to put an end to therumour of the marauding killer robot that assassinates brutally and without restraint.In the end, drones are only aircraft like any other with the exception that they arepiloted from the ground. Hard though it might be to accept, no system is morehumanised in its operation and in the control of its action than a drone. It is truethat the crew acts via a digital eye and a satellite link, and is not physically commit-ted in the field, yet for war to be ethical, were that even possible, are we really expec-ted to return to the olden days of sword fights and hand-to-hand combat? Is it notentirely legitimate to operate remotely from an adversary who uses improvised explo-sive devices or human suicide bombers? At every stage in the process man is, andremains, in the loop, right up to the terminal guidance phase of the weapon.

As for the decision to kill this or that person, it is not taken by the drone, norby the pilot, nor even by the commander of the mission: it is taken by the political

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The Only Machiavellian Aspectof the Drone is its Human Element

leader. The same process is followed, whether the action is overt (that is, a legitimateaction from the legal point of view) or covert (in which the state decides to act outside any legal framework and use secret assets to achieve certain effects on targets).In the past, some used poisoned umbrellas; today, others use a different weapon, thedrone. Despite all that, and unless they are stealth machines (and the AmericanPredator and Reaper drones are not), for drones to fly in any given airspace they mustat least have the tacit agreement of the overflown state in order to operate. Otherwise,how do we suppose that aircraft that fly barely faster than modern private light planescould remain for hours above a territory in complete impunity?

The belief that use of drones is against the law

There are those who claim that drones act, or even assassinate, outside anyjudicial and legal framework. If we accept as a premise that drones are subject tothe same rules as other military aircraft operating in an airspace governed by a defi-ned judicial framework, then any question of the legality of their use is irrelevant.If they are used according to an agreement between two countries, one the user ofthe drones, the other possessing the territory overflown, once again the question isirrelevant. No, the real challenge lies in ensuring that those who govern the pro-cesses of decision-making and use of weapons, and those appointed to piloting andputting the policy of the nation’s elected representatives into effect, are made abun-dantly aware of the ethical issues involved, and receive training in the legal aspects.Additionally, the notion of parliamentary control of the actions of the armed forcesin general, and of special forces in particular, is a vital issue for any self-respectingdemocracy, and it is precisely that which must guard against any inhuman use ofa weapon system. Whether it is a drone, a sniper, a GPS or laser-guided bomb, acruise missile, a mortar round or a torpedo is not the issue. The tool has no valuewithout the human will and decision to use it. On the other hand, the introduc-tion of artificial intelligence into future combat systems is something altogetherdifferent: it raises real ethical and moral questions. Nevertheless, the drones whichare being described here, and which France wishes to procure in the short term, donot fall into that category.

The belief that drones are dangerous

Drones could fall into the wrong hands, ‘they’ say, or even be used by belli-gerent powers or armed terrorist groups. Apart from the vulnerability of the plat-form itself, that has already been mentioned, the weakness of drones lies in theirdependence on multiple satellite links. These links are needed to pilot it remotelyand to transmit the information gathered by its various electronic eyes and ears.Although it is theoretically possible to intercept a drone and take control of it remotely, actually doing it requires complex technology, if only because its ‘cockpit’,or rather, the place from which the pilot controls the system, is elsewhere and is

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manufactured to very specific industrial standards. And although information tech-nolo gy has advanced in massive strides which, paradoxically, is exactly what giveshackers the technology to penetrate computer networks, the fact remains that tointercept a drone, take control of it and reprogram its mission and trajectory is forthe moment pure science fiction. If a drone were stolen, when its owner knows ithas been lost, would not alter the fundamentals of air warfare, because any uniden-tified object would be intercepted and, if it did not respond to orders or to flightdirections, it would be shot down.

It is of note that what frightens the average person is not necessarily what theterrorist sees as the most effective means of action. The 9/11 attacks are a goodexample of the fears of the former and the achievements of the latter. There have longbeen fears of a terrorist strike with nuclear weapons stolen from the former SovietUnion, and yet al-Qaeda used civil airliners as missiles against the twin towers of theWorld Trade Center. That action was also a demonstration that, for Islamic terrorism,the dimension of dying a martyr’s death remained fundamental. Everyone wouldagree on the impossibility of achieving such a goal from the ‘cockpit’ of a dronewhich, by definition, is on the ground. Contrary to a widespread belief, drones stillremain extremely dependent on humans, and so paradoxically no other weapon sys-tem is more humanised in its deployment and in control of its action, than the drone.Its remote eye transmits constantly, and in real time via a digital umbilical cord whichlinks the real world to the team that looks at it, and the information gathered to thepolitical authorities who decide whether or not to use a weapon.

Any attack is considered long and hard and is therefore never a sort ofrobot-driven assassination simply as a result of using a drone, for there are alwayshumans behind these futuristic-looking flying objects. And these humans workwithin a political and legal structure, which conforms to the laws of armedconflict. The moral values on which their training is based guard against inhumanactions. The current priority for France is to increase effort on the multi-sensorMale surveillance drone component, rather than to procure a new strike capabili ty.The Air Force has enviable knowhow and expertise in all theatres of operation, andit would be to its great detriment to lose them because of some gap in capability.The checks and balances ensured by parliamentary enquiry committees should inany case assure the citizen that the use of Male drones for surveillance or, in thelonger term, armed attack, is conducted within the law. Above all, it is the politi-cians who decide whether to kill, using the hands of responsible, professional, mili-tary personnel to act for them, not the drones.

So if there really is anything Machiavellian about the use of drones, it isthat man remains its instigator.

The Only Machiavellian Aspectof the Drone is its Human Element

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A Case for the Dynamic Management

of French Overseas Bases

French Air Staff.

EMAA

The geostrategic and geopolitical developments that are foreseeable in theshort, medium and long term will not fundamentally affect France’s conti-nuing role as a major influence in world affairs. This influence is the result

of a mix of factors: a culture of international responsibility; an independent nucleardeterrent; her place in a globalized economy; multilateralism underpinned by astrong diplomatic network; a worldwide network of friendships and alliances; andthe wide geographic spread of her overseas departments, administrations and econo-mic zones, among others. This discussion paper concentrates more on the questionof the depth and intensity with which France should fulfil her role of influence inthe world, rather than the questioning of any worldwide ambition.

All that said, the evolution of many factors, whether they be economic,diplomatic, political, societal, technological or military, obliges us to define theinnovative options which will allow France to fulfil her worldwide role andconcentrate on her new strategy of access. At the same time these options must berealistic with regard the resources available.

New technical factors

In this context, our thinking must lean towards how diversification of certain elements might increase force mobility. By their very nature they must integrate the increased reach which we can now give to our interventions (whichis a function of our projection capability), but equally on our forces in theatre soas easily to increase their range of action. This thinking is made even more urgentby the impending arrival of new equipment such as the A400M from 2013onwards, and then the MRTT (Multi Role Tanker Transport) in 2017: these willbring step improvements in speed, range and carrying capacity.

Not only will their new capabilities facilitate direct interventions mountedfrom France itself, but they will also create the major political advantage of

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rein for cing the visibility and flexibility of independent French action: potentially,France will instantly have a significant worldwide presence. The changes will berevolutionary, in the true sense of the term. Currently three days are needed for aTransall to reach La Réunion with 7 tons of freight; an A400M can do this tripwith three times the load in only fourteen hours. It will also be possible to do areturn journey from France to Djibouti in a day. Similarly, when France partneredAustralia in Operation Santal in West Timor in 1999, the speed of our interven-tion and the volume of materiel initially deployed were constrained by the rangeand capacity of our C130s, which needed four days to reach Darwin. In an iden-tical scenario, from now on France will be able to deploy two to three times moremateriel in less than 24 hours.

Extension of our strategic space

With this new capability of moving more, further and quicker, we are wit-nessing a real expansion of our strategic space, leading to an increase in our diplo-matic influence. It will create a physical, rather than a virtual, link between theFrench homeland and its overseas possessions on the other side of the world in aneven more dynamic way. In this way, and as a complement to the French mariti mepresence, the Air Force will be able to add its quick reaction capability directlyfrom Paris itself. It will reinforce our credibility, and above all it will further under-pin France’s presence in the many regional forums in which the country partakesas a function of its economic exclusion zones, particularly in the Pacific and IndianOceans. Defence cooperation, such as the FRANZ Agreement with Australia andNew Zealand, will gain in substance.

Finally, Alain Boinet and Benoît Miribel remind us of humanitarian action incrisis and post-crisis situations: ‘The armed forces have an important role to play indisaster situations with their transport and logistic capabilities. They can also helpeffectively with the evacuation of French and other countries’ citizens in emergencies,such as from Lebanon in the summer of 2007. Furthermore, in sudden medicalemergencies such as that in Kashmir in the autumn of 2005, field hospitals can dealwith casualties and save lives’.(1) These new characteristics will give us an increasedintervention capability, which will further give backing to French influence and thecountry’s role as a permanent and responsible player on the world scene.

The case for the dynamic management of French bases overseas

The added boost that this will give to French foreign policy will only beseen if the nature and use of these new resources are looked at in a way which takesadvantage of their intrinsic qualities, and which can also be based on a new and

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(1) Report made in March 2010 to Bernard Kouchner, the then Foreign Minister.

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A Case for the Dynamic Management of French Overseas Bases

dynamic ‘hub and spoke’ arrangement to give the country the ability to interveneand exert influence from overseas bases at minimum cost.

It is obvious that the conditions necessary for rapid intervention include,among others, the existence of a solid overarching infrastructure which adds fur-ther, complementary solutions to our traditional overseas bases, thus increasingour guarantee of easy access. Our forces currently pre-positioned overseas, whilstalready contributing significantly to international security and stability, do notfully fit in to these future requirements. We need to develop further the relevanceof this network in a win-win way by establishing individual partnerships whoseobjective must be to allow deployments of military or civil assistance in very shortreaction times from staging points which can be rapidly brought up to fightingstandard. This arrangement, which must offer a variety of solutions, has to beginwith the negotiation of diplomatic agreements designed to accelerate the deploy-ment of French and/or allied resources. This non-constraining approach can beadapted easily to any strategic development. It must be complemented by the pre-positioning of materiel and the establishment of carefully positioned, permanentstaging points of varying size.

In this respect, France has the good fortune to hold many trump cardswhich will allow the country to meet this requirement at minimum cost.

She has close relationships with a number of states close to areas of strate-gic interest, whose potential can be further exploited. Countries such as Singapore(whose pilot training takes place in Cazaux), and India are partners upon whoseservices we can call increasingly. Beyond the fruitful operational cooperation withthese countries, the local programmes of joint exercises must help to prepare andperfect procedures for establishing these potential bases should the need arise, evento the extent of to pre-positioning materiel in them.

The benefits of allied networks

Our British and American allies, both powers with global interests, are sup-ported by networks which are complementary to our own. We could possibly takeadvantage of these either by using our bases as bargaining counters, or by contribu-ting to their running costs. The British and, especially, American bases open doors tothe routes to South East Asia and the Pacific. Use of them would allow us to develop,and even facilitate, our zone of action towards new areas of interest. As far as our tra-ditional French operating zones are concerned, they would offer case-by-case projec-tion facilities (for both deployments and support activities), and allow us to considernew areas of cooperation, notably in the field of operational preparation.

The same applies to our partners in the European Air Transport Centre andthe Multimodal Coordination Centre for European Transport, who share ourcom mon problems of force projection. The joint development of a worldwide

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net work must be a key area of work which will among other things contribute great-ly to cementing the construction of European defence. There is a real strategy todevelop here, dealing with both equipment and deployment, one which shouldresult in economy of resources and concentration of effort.

Furthermore, the airlines which fly Airbus (and that includes our A400Mand MRTT) offer potential worthy of exploitation. On the basis of obviouscom mon interests, partnerships could be built to contribute to the creation of anetwork based around ‘hubs’, to broaden our worldwide coverage. They wouldalso allow us to share our spare parts, technical support and staging points, or evenassistance to, and reinforcement of, our own aircrews.

Raising France’s profile

Finally, the development and maintenance of such a secured network,encouraged by regular personnel exchanges or joint exercises with the host nations,would contribute to France’s reputation and international influence. It cannot bedenied that this will require a major diplomatic effort to establish cooperationwhich will be sufficiently robust in the longer term.

To conclude, the new systems which are about to enter service will lead to anexpansion of our strategic sphere of influence. They will give us a virtually instantresponse capability and demand a dynamic approach to a renovated network of over-seas bases. When considered in parallel with the complementary networks of ourBritish and American allies, a new dimension will be added to France’s capability foraction, rendering it even more visible, more flexible and more all-encompassing.

A Case for the Dynamic Management of French Overseas Bases

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Immediate Action: the Contribution of Rafale

to recent Operations

Captain, researcher at Centre for strategic aerospace studies.

Yohan Droit

‘For airmen and the Rafale community, 19 March 2011 was a great unknown. At the time we didn’t know the full Libyan order of battle,

but we did know that there were active ground-to-air missiles.And yet we sent our pilots thousands of kilometres from their bases,

with rules of engagement practically made up on the spot.Put yourself in the mind of the pilot taking off at that time…’

General Denis Mercier, Chief of Staff of the French Air Force.

The Rafale is the emblematic programme and backbone of the French figh-ter force. It is special because of its total versatility and its destiny as thesole fighter aircraft of the French armed forces. It entered service with the

Air Force in June 2006 and has already acquired considerable operational expe-rience from its participation in operations in Afghanistan, Libya and Mali. Itsdeployment in these different theatres has enabled us to foresee its developmentpossibilities, both operationally and in capability, and to appreciate its relevance toservice in recent operations.

Operational build-up in Afghanistan

Immediately after its entry into operational service, the decision was takento deploy the Rafale to the Afghan theatre. It was deployed in four phases, in 2007,2008, 2009 and 2011, initially at Dushanbe and subsequently to Kandahar.Operations in Afghanistan required the Rafale for a specific part of the spectrumof operations, namely, close air support in a counter-insurgency environment.

In the first phase, the Rafale to F2 standard, was employed in mixed patrolswith the Mirage 2000D, armed with GBU-12 laser-guided bombs. In this F2ver sion, the Rafale has ground attack capability but was originally limited by theabsence of a laser designation pod and of AASM.(1) It was therefore assisted by the

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(1) Armement air-sol modulaire – a precision air-to-ground, propelled, GPS-guided bomb. Two AASM bombs were laun-ched in Afghanistan by a Rafale B on 20 April 2008, less than six days after its entry into operational service.

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Mirage 2000D in the designation of ground targets. During its various detachmentsthe Rafale gained in operational maturity, in which the entry into service of AASMin 2008 was an important step. The AASM afforded an all-weather capability at asafe distance and complemented laser-guided munitions. Its use in Afghanistanallo wed the validation of the Rafale/AASM combination on operations.

At the time of its latest deployment in 2011, as well as carrying the GBU- 12and AASM, the Rafale was equipped to F3 standard with the Damocles pod, theROVER video system and an integrated air-to-ground fire control system for its can-non, which gave it maximum operational effectiveness. These considerable improve-ments confirmed the self-sufficiency of the Rafale in ground attack missions.Operations in Afghanistan also confirmed the effectiveness and reliabili ty of theRafale system for operations in a harsh environment. Although the practicalities ofoperations in Afghanistan are far from requiring all the Rafale’s operational capabili-ties, the versatility of the aircraft and its crews have been validated in an operationaltheatre. The integration of air-to-air and air-to-ground capabilities in the same air-craft confers a very significant operational bonus. In particular, the merging of datafrom the Link 16 data link, the air-to-air mode of the electronic sweep radar RBE2,improved optronics and the Spectra (Système de protection et d’évitement des conduitesde tir du Rafale) threat warning system, provides the crew with an excellent appre-ciation of the tactical air situation.

The engagement in Afghanistan marks the first use of Rafale on operations.After a build-up phase, involving an eight-month period between its entry intoser vi ce and its first deployment, the F3 Rafale has now reached its full operationalsta tus.

Rafale – first in the skies over Libya

This battle-hardening proved its value at the start of Operation Harmattanand enabled Rafale to be deployed quickly in the Libyan conflict. In accordance withthe orders given by the President following the vote on the UN Security Councilresolution on 17 March 2011, the French Air Force was ready to interve ne 48 hourslater at the time of the international summit in Paris on 19 March. In order to putthe political decision into effect, a first raid on Benghazi was organized to end attackson the population.

For this strategic mission, the aircraft had to operate against a defendedtheatre more than two thousand kilometres from their home bases in mainlandFrance. This first mission to Benghazi, on 19 March 2011, was organized in threewaves of aircraft, each including Rafales. The first wave had the mission of impo-sing the no-fly zone, the second carried out a reconnaissance mission to determi nethe situation on the ground and the third wave had the objective of striking mili-tary resources threatening the population of Benghazi. This first raid, whose story

Immediate Action: the Contribution of Rafale to recent Operations

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Immediate Action: the Contribution of Rafale to recent Operations

has been widely publicised, achieved all its objectives in that the installation of theair exclusion zone prevented any Libyan air attacks on the population, and thedes truction of six armoured vehicles threatening Benghazi led the pro-Gaddafiforces to withdraw.

For the Air Force, the large distance to cover, the unknown situation inLibya and the presence of active ground-to-air systems in the area of operationsgive an idea of the achievement of the airmen on this very first penetration of adefended theatre more than two thousand kilometres from their bases. This was amajor first for the Air Force, which demonstrated its ability to project force over along distance and make the first incursion into a theatre without any support. Thisrare and demanding military capability places the French Air Force among the airforces of the world that count. The success of this mission validated the organiza-tion as well as the training and preparation of the personnel. At the strategic level,the close interlocking of the political timing and the tempo of air operationsenabled the President’s will to be turned into reality immediately and thus ensurethe credibility of France on the international scene. The Air Force demonstratedthat it is capable of responding to political requirements, in just a few hours.

At the heart of this perilous strategic mission the Rafale is literally in thefront line. Sending the aircraft in first on an air superiority mission demonstratesonce more the confidence the Air Force has in its versatile fighter. The perfor-mance of its weapon systems, especially of its SPECTRA self-defence system, thebest in the Air Force, and of the GPS-guided AASM, enabling it to be fired at asafe distance, mark out the Rafale as an effective and dependable tool, well adap-ted to the mission. What is more, the Rafales sent to Libya on 19 March achievedthree different missions: air superiority, reconnaissance and the attack of opportu-nity targets, demonstrating the range of their versatility.

The whole of the air campaign demonstrates the flexibility of the Rafale inits final F3 Standard form. It successfully carried out all the missions devolved tothe fighter force: air superiority, ground attack on planned or opportunity targets,and reconnaissance of a demanding theatre of operations not entirely devoid of an air threat. The engagement of Rafale in Libya also saw the first use of theSCALP- EG cruise missile in a strategic depth strike mission. The Libyan air cam-paign was proof of the technical and human maturity of the Rafale system withinthe French Air Force.

Apart from the operational effectiveness that the adaptability of Rafale bringsto aerial manoeuvre, the savings in resources which it makes possible is also conside-rable. The same Rafales which carry out an air superiority mission one day canconduct a ground-attack mission the next. And, beyond the aircraft themselves, it isthe same pilots, crews and ground technical support staff who operate the aircraft.This versatility allows the deployment of fewer aircraft to carry out a wide range ofmissions. How many specialised aircraft, with their dedicated equipment and

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per sonnel, would it take to conduct the same missions? And at what cost? Savings intechnical and human resources have turned out to be a major parameter for the AirForce in the maintenance of a rapid operational tempo over a long period.

Compared with its usual role in Afghanistan, Rafale’s engagement in Libyais distinguished by a more uncertain environment, the confirmed presence ofground-to-air threats and the use of a wider spectrum of capabilities. DuringOperation Harmattan, French aircraft destroyed more than 1,000 targets and car-ried out around 5,600 sorties, of which more than 4,000 were for the Air Force.(2)For their part, Rafales made 1,039 sorties, totalling 4,539 flight hours. Air ForceRafales contributed 20 per cent of French combat sorties and 25 per cent of allcombat sorties, providing an essential part of the French participation in opera-tions over Libya. The participation of French air assets in Libyan operations is ahallmark of the excellence of French aviation in Europe. At a time when theAmerican air resources we have become used to are being reduced, we must notunderestimate the contribution of Rafale. Its effectiveness and unique capabilitiesgreatly enhance the credibility of French action in support of our allies, and clear lydemonstrate to everyone that France possesses a powerful military tool.

Rafale and power projection

At the start of Operation Serval in Mali, a flight of four Rafales wasdis pat ched from its base in St Dizier to carry out a bombing mission on the rearbases of the terrorist groups.

The four Rafales, armed with AASM and GBU-12, and accompanied byC-135 tanker aircraft, took off from the St Dizier air base on 13 January 2013 ona journey of over 6,000 kilometres. During this mission, which took 9 hours40 minutes flying time, the crews targeted and destroyed training camps, infra-structure and logistic depots of the terrorist groups, before landing at theN’Djamena air base.

This Rafale bombing mission was historic by virtue of its range, its dura-tion and the demonstration it provided of the projection capability of air power.For all that, such combat aircraft only constitute the final essential link in a cohe-rent operational chain. This chain is constructed around essential capabilities suchas an aptitude for the command and control of air operations, intelligence andin- flight refuelling, which enables combat aviation to carry out its bombingmis sions more than six thousand kilometres from home territory.

Taken overall, the development of Rafale in Afghanistan and Libya has beenimpressive. The aircraft underwent a major capability revolution between its first

Immediate Action: the Contribution of Rafale to recent Operations

(2) Libye: les aviateurs dans l’opération Harmattan, Air actualités, hors série 2012, pp. 72-73.

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Immediate Action: the Contribution of Rafale to recent Operations

deployment in Afghanistan and its engagement in Libya in 2011. It evolved from theF2 standard, limited to launching the GBU-12 with the aid of laser designation froma Mirage 2000D, to the F3 standard, capable of carrying laser-gui ded weapons andlaunching them independently using its Damocles pod, as well as carrying AASMand SCALP missiles. This as much due to lessons learnt from operations as from thenormal development of standards and planned equipment upgrades.

The contribution of Rafale from the point of view of immediate action isevidenced by two firsts for both the aircraft and the Air Force: our capability forinitial entry to a non-permissive theatre in Libya, and the completion of the lon-gest bombing mission in the history of the Air Force in Mali. This guaranteesFrance a capability of action over very long distances and at very short notice.

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Simulator Training for Future Combat Pilots

The authors are Doctors in experimental psychology andresearchers in the Human factors and operational environ-ments team at the Air Force research centre (Crea).

Colin BlättlerCyril Camachon

Today, more than ever, combat pilots need the best tools available to learntheir trade as quickly as possible and to get the best out of the latest gene-ration of combat aircraft, such as the Rafale, A400M, MRTT (Multi Role

Tanker Transport) and NH90. In this context, methods of simulation, on theground or in-flight, are presented as the answer to all these challenges. Where arewe in fact? This article will shine some light on the value and limitations of thesetraining methods.

Introduction

Budgetary constraints, reorganisations of air bases and units, training airspa-ce restrictions and the level of deployment of the forces throughout the world allcombine to make the preparation of pilots increasingly difficult. They have the effectof considerably reducing flying hours in combat aircraft, and additionally, combataircraft of the latest generation are more difficult to master because their on- boardsystems are more comprehensive and the missions more varied. As a result, the trai-ning time required is increased. In these conditions, how is it possible to train high ly-qualified pilots as quickly as possible to operate the ultra-technological systems of thelatest-generation aircraft, in order to meet operational demands? And all this whilekeeping costs under control and ensuring safety for all.

In aeronautics, the usual answer to cope with a lack of flying hours isground-based simulation. It may seem superfluous to specify ‘ground-based’ whenit appears self-evident, but it is nevertheless a necessary distinction given that tech-nological innovation has made in-flight simulation available. This apparent contra-diction in terms is a powerful tool for the current and future training of combatpilots. In-flight simulation enables some or all of the functionalities of a combataircraft to be reproduced but at a much lower operating cost. It allows training inthe manoeuvres and tactical procedures used in operational combat situations totake place at the flying school level. Also, as we will see later, embedded (that is,

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in-flight) simulation allows certain limitations of ground-based simulation to beovercome, so these two training aids would appear to offer a panacea to respondto the drastic limitation of flying hours in operational combat aircraft. Of course,this assertion is only partly true, and the object of this article is to show how thesetools should be used to squeeze extra value from military aviation training.

Ground-based simulation: not a real Swiss Army knife

Ground-based simulation is a preferred resource in pilot training in orderto reduce the number of flying hours required. This reduction is only possible ifthe skills acquired in the simulator can make the transition positively to actualflying or, in other words, if a skill learnt in the simulator is reused effectively in realflight so that the consequence is that fewer actual flying hours are necessary tolearn this skill. The risk, though, with ground simulation is twofold: either notransfer takes place, so there is no saving in flying hours, or a negative transfer takesplace and more flying hours are needed to compensate for it. The object of this sec-tion is to suggest considerations for limiting the potential negative aspects of simu-lation, namely bad lessons.

It is widely recognised that the technical side of simulation design has recei-ved the most attention, to the detriment of the teaching aspect. It has to be accep-ted that technological development does not necessarily result in better training,for everything depends on the type of skills it is required to instil, and they do notalways transfer effectively. Moreover, the dilemma which confronts all trainers isthat of finding the ideal balance between the number of flight hours and the num-ber of hours in the simulator, the aim being to find the best compromise betweenefficiency and finance. Firstly, we will consider the relation between the types ofskills to be learnt in the simulator and their transferability. Secondly, we will seethat to find the ratio between the number of flying hours and the number in thesimulator, we have to evaluate the efficiency of the simulators in service.

The appropriate use of the ground-based simulator

For a number of years it has been accepted that training which combinessimulation with true flying saves money. However, most scientific research on thesubject concentrates almost exclusively on skills connected with the on-board instru-mentation, which amounts to knowing how to use the instruments in the cockpit.The technical limitations of simulators in the past meant they did not offer a goodquality view out of the cockpit. With improved technology, this problem was largelyovercome and research also sought to improve the quality of training over a widerrange of skills. Recent research has enabled us to assess the effectiveness of simulatortraining for skills running from the use of on-board instrumentation to visual flight,and even to simulate aircraft manoeuvring, which involves psycho-motor skills.

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Research indicates that the acquisition of the skills involved with systemmanagement, (when the display is not composed of instruments with needles but ofon-board computers) are those which transfer best. Positive transfer is systematical lyobserved even with a low cost simulator such as an ordinary personal computerusing commercial software. On the other hand, the results are mixed in the case ofthe motor skills involved in manoeuvring the aircraft. A simulator which reproducesthe movements of the aircraft increases the realism and the sense of immersion inthe virtual world. Although immersion is desirable in simulation there are muchcheaper ways of achieving this, for example, to put the training into the context ofa scenario, the better to introduce the trainee into the virtual world. However, thiseffect is not clearly apparent in the case of motor skills. For these skills it is prefe-rable to train them in real flight and not in a cheap, or for that matter even a sophis-ticated, simulator. For the last category of skills, those involved in visual flight, thereis no definitive answer. Research shows that some visual flight skills can be taughteffectively with a rudimentary visual input (for example, landing) whereas othersrequire high-quality visual effects (for visual navigation, as one example).

The quality of simulator training is therefore largely a function of the skillbeing learnt. This is why it is necessary to evaluate the simulators objectively whenthey are in service to decide which skills are effectively transferred and which pro-vide no, or even negative, benefit.

Beware of the trap!

This is a matter of evaluating the effectiveness of the simulator. This eva-luation has two objectives. The first is to find out if the training on the simulatorcan be transferred, skill by skill, to actual flight. The second objective is to deter-mine the best ratio of flight hours to simulator hours during training.

Usually, this evaluation is subjective, based on the opinions of the users.Objective measurements now exist such as the Per cent transfer (PT) and theTransfer effectiveness ratio (TER). The PT enables the number of flying hourssaved by the use of the simulator to be calculated, while the TER allows a moreaccurate measurement of the simulator’s contribution for each type of skill taughton it. If a skill is not, or is badly transferred to real flight, the simulator can beabandoned for that task. This means that the simulator can eventually be used tobest effect.

The next step is to calculate the optimal ratio between the hours of real andsimulated flight. The cost effectiveness ratio is an extension of the TER by inclu-ding the cost dimension for the simulator and for real flight. Finally, it is possibleto calculate the amount of simulator time required at its maximum efficiency andthe amount of flight time to just meet the need, in order to arrive at the optimalamount of training at the least cost.

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Simulator Training for Future Combat Pilots

The sensible use of these objective methods of the evaluation of the trans ferof training and thus, of the effectiveness of the simulator, allows:

l avoidance of the risk of negative transfer;

l direction of the use of each simulator towards its potential maximum;

l calculation of an optimal ratio of simulator hours to actual flying hoursin a training programme.

Taken overall, these measures also enable the effectiveness of differenttrai ning methods to be compared.

Ground-based simulation has made great strides over recent decades. It hasestablished itself as a serious solution for certain types of training. For all that,pilots are unanimous as to the limitations of ground-based simulation, unrealbodily sensation and stress reaction amongst others. A new form of simulationcould overcome these deficiencies. Aircraft fitted with modern all-screen cockpitsare capable of accepting ‘embedded simulation’. This affords the possibility ofinjecting virtual situations into their displays which present the illusion of a realis-tic tactical environment to the pilot. The second part of this article will deal withthis capability in more detail.

Embedded simulation—the way of the (near) future

Embedded simulation works by generating a virtual tactical situation inwhich artificial threats or other incidents are simulated and presented on the cock-pit interfaces. For example, a cockpit screen can show movement tracks represen-ting adversaries or allies as would the radar of an operational combat aircraft, eventhough no radar may be fitted to the training aircraft. It thus becomes possible forthe pilot to use the training aircraft in simulated operational tactical conditions.This increases the effectiveness of the training by providing a simulated rich tacti-cal environment in real flight conditions.

Several advantages result from this technology. Firstly, it will be possible tosurpass current levels of tactical complexity in training, since the embarked simula-tion will reduce the cognitive load on the pilot by relieving him of some mental cal-culations. This will promote his ability to divide his attention and cope with moretasks of increased complexity than he can at present. In addition, the possibility ofenriching the tactical environment in training will enable the pilot to accumulateexperience in conditions very close to the operational ones he will experience later.This will be to his advantage when he joins the forces as a pilot.

Of course, not all activities can be reproduced by embedded simulation. Forexample, it will be difficult to train for missions during which the pilot has to inter-act with other aircraft by visual contact through the canopy when in fact they exist

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(1) J. Donnot and V. Ferrari, L’optimisation de la formation du pilote de combat par downloading: limites et risques, Researchreport EMAA/B Plans, 2012.

only on his computer screen. For this reason, while waiting for certain technologiessuch as augmented reality to arrive at maturity, it seems reasonable for the momentto train only in activities requiring interactions with objects beyond visual range. Inthese conditions, the risk of contradictions between what appears on the embeddedsimulator screen and what can be seen from the cockpit is reduced. Other limitationsshared with ground-based simulation also exist, such as the degree of artificial intel-ligence of the virtual entities or the fidelity of the behaviour of the virtual threats.

However, the risks posed by this new tool are difficult to anticipate by vir tueof a severe lack of scientific research or lessons learnt by experience. The newness ofthis technology within the forces, and even more so its application to training,means that thinking must be based on existing technology which approaches thecharacteristics of embedded simulation as closely as possible. This includes moder-nising the cockpits of training aircraft, such as the Technically Advanced Aircraft(TAA). In fact, while this technological modernisation is supposed to reduce therisks of flight, the Federal Aviation Administration (FAA) has noted a higher attri-tion rate for the previous generation of these aircraft. The factors producing themost errors come under two headings: an increase in the quantity of information toabsorb and the automating of systems. The FAA’s recommended solution to reducethese problems is to greatly increase pilot training in the new skills required by sys-tems management. It seems that in order to promote the efficient use of embeddedsimulation while limiting the risks, it may be necessary to include the acquisition ofnew kinds of basic skills very early in a pilot’s training. While the previous genera-tion of aircraft demanded more training in the basics of flying, the new systemsneed more in systems management skills. Inevitably the training of future pilots willhave to incorporate these two types of ‘basics’.

To sum up, the Air Force must confront a reduction in training on operatio-nal combat aircraft. The aim is therefore to train young pilots in the particular skillsrequired by the operational aircraft before they begin to fly this type of aircraft.(1)

Three major areas of skills are needed:

l flying skills—the ‘basics’;

l systems management skills;

l tactical combat skills.

Ground-based simulation is powerful and reliable for developing the lasttwo of these. However, it is not so effective in creating flying skills. Real flying is

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the most efficient training for this type of skill. This is why embedded simulationin flight represents such an asset as it provides training in all three classes of skills.Nonetheless, to acquire the ability to master embedded simulation the pilot mustfirst be able to master systems management. It is therefore through progressive trai-ning, based on sound knowledge and carefully integrating these new tools, such asground-based and embedded simulation, that the Air Force will be able to dealwith current and future issues regarding the training of the combat pilot.(2)

(2) C. Camachon and C. Blättler, La simulation embarquée: limites et risques pour la formation et l’entrainement du PN,Research report EMAA/B Plans, 2012.

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The Men and Women of the French Air Force

French Air Staff.

EMAA

The airman, like his brothers in arms, is first and foremost a combatant, fullyaware that his duty may involve the deaths of others, as well as his own. Hemust face up to difficulties with the same bravery and the same dedication as

his illustrious forbears. Both at home and overseas he has to deal with increasinglycomplex situations, frequently dangerous and with a minimum of notice.

He faces ingenious adversaries who are capable of varying their tactics bothin the air and on the ground. In order to meet these threats he needs to possess intel-lectual, technical and moral dynamism to arm himself for the different challengeswhich he may have to meet. He also needs to develop the qualities of respect, integrity, service and excellence which will guide him on an everyday basis.

Training to develop values and a sense of mission

For the Air Force, training is a vital element of the quality of excellence thatit seeks in order to execute its missions. The technical and human demands of theaeronautical environment form the basic framework of this excellence, and maste ryof this framework guarantees the coherence of the Air Force’s everyday activity.

With this in mind we have to bring together three separate aspects of trai-ning, which must join to form a coherent whole: training the combatant; trainingthe aeronautical specialist, and the level of skill required. This concept fundamen-tally shapes an organisational model which is peculiar to the Air Force.

The men and women of the Air Force thus represent a real team with somefifty different skills, who are federated by their joint activity in the third dimen-sion. Whatever their individual responsibilities or their field of activity, they sharea unique culture which allows them to work together smoothly and achieve suc cessin their missions.

Their training enables aviators to think for themselves in the midst of doubtand stress, while remaining true to their values. They know how to operate in situations of extreme autonomy which are further complicated by the constraints ofindividual responsibility. It is always a question of serving, of striving for excellence;

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The Men and Women of the French Air Force

this implies a sense of duty and a continuous effort to dedicate one’s efforts to the service of the Nation.

Values which extend beyond the Air Force

Inseparable as they are from the performance of the Air Force, the aviator’svalues inspire performance in any organisation.

The technical skills acquired and the qualities developed by aviators (suchas rigour, the willingness to accept responsibility, the taste for command, and ins-tructional aptitude) are further elements which can be highlighted as experience-based skills. Greater emphasis should be placed on these values, which are so easi lytransferable to the wider world of government and business.

At each level of responsibility, from the lowest to the highest, a career in theAir Force can be the key to success in life. An Air Force career can not only be attrac-tive to young French people, but its training can also make an enormous social andeconomic contribution to the country. A large number of companies recruit theirskilled technicians from the Air Force, valuing their wide-ranging professional skills,and many officers possess the management skills and experience so vital to thesuc cess of French enterprise, and, where appropriate, to their recovery. For many theAir Force is one of the last places where the social elevator still functions.

In this way, through their education and training, the men and women ofthe Air Force bring these values to the entire Nation.

Where do we go from here?

Human resource management in the Air Force must pursue its modernisa-tion process. It needs to be particularly flexible, and use training to guarantee thatoperational objectives are attained while at the same time keeping costs under control.

The Air Force’s mission is characterised by its everyday activities, so vital tothe security and defence of the French people; its quick reaction capability is impli-cit. This is why its personnel must acquire a broad, common base of operationalpreparation appropriate to these requirements.

In addition, when the most difficult and ambitious missions are demandedof it, such as initial entry to a theatre of conflict, the Air Force must be capable ofproviding the highest standards of operational preparation for a more limited sec-tion of its resources.

Finally, it must be able to undertake long term tasks by careful manage-ment of the different training and skill levels of its personnel.

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The Men and Women of the French Air Force

It is a corollary that, in this period of overall force reductions, to be able tocall on reservists to fill the gaps when generating forces is essential to operationalflexibility. The objective of a size of reserve force that was set out in the last Livreblanc (2008), has not been achieved. It is vitally important to implement a cohe-rent overall policy which encourages enterprises to commit themselves to suppor-ting national defence, and defines appropriate financial arrangements to recognisethe economic value of the reservists to civil society.

Modernity is also a synonym for the ability to escape from the straitjacketof regulations which have hitherto constrained the career management of our offi-cers and NCOs. It is vital to be able to change the specialisation of our personnelin mid-career. Adopting this organisational model means we need to think serious-ly about the training and direction of senior officers into one of two streams:towards senior command appointments for some, or towards their transfer to othergovernment departments or industry for others.

The Air Force gives France a remarkable military tool which is has a firmeye on the future. It has a rich supply of dedicated personnel, and exemplary moti-vation. Widely dispersed in many different stations, it is composed of French citi-zens who are proud of their commitment to serving their country, whose coloursthey hold high. The Air Force continues to give them the high quality trainingwhich allows them to serve the Nation at the highest level. In return, the benefitsto the Nation go way beyond the mere results of operational tasking.

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RDN

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Looking to the future

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The Battlefield and Air Power 15 Years From Now

Doctor of public law, Captain Boutherin is Head of theProspective et études de sécurité (Forecasting and securitystudies) team at the Air Force research centre. Doctor ofpolitical sciences and authorised researcher, ChristophePajon is a researcher in this team.

Grégory BoutherinChristophe Pajon

Preliminary note: The ideas and opinions in this article are those of the authors and do not necessarily reflect those ofthe French Air Force or Ministry of Defence.

The Ministry of Defence in general, and the armed forces in particular, havebegun a process of transformation and adaptation to the internationalenvironment in which they will be called upon to operate in the future.

The Air Force is, of course, involved in this evolution, and in the same vein hasbegun its own transformation process, intended to carry it beyond 2025. It is quitelogical that this transformation should occur hand in hand with a broader consi-deration of how the battlefield is likely to change over the same period. The ideasproposed in this article are intended to add to this broader consideration.

Recent interventions have borne witness to the role played by aerospacepower in the nature of conflicts, the environment of interventions and the adver-sary, and, as a result, to the ways of using that power. The latter point shows a clearbreak from its use during operations in the nineteen-nineties. Should we thereforesee this evolution as some defining trait in the character of our future commit-ments? Do all changes in the nature of the battlefield have a causal effect on thecharacteristics and use of aerospace power? The aim of this article is to detect thecurrent and future changes in the battlefield which could have an impact on theexercise of aerospace power.

An increasing number of players on the battlefield

To say that the number and type of players on the battlefield is increasingis hardly new, and yet the changes in, and complexity of, this veritable mosaic ofnetworks have accelerated since the phenomenon was identified several decadesago. On a wider scale, the state is no longer the sole organisation to possess theresources needed for acting internationally. Non-governmental organisations

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(NGOs), international organisations, trans-national movements, private compa-nies and private military and security providers have also become significantplayers. Even those working in international relations have seen the collectivenatu re of their vocation demolished. The role of the individual, be he tourist orterrorist, would seem to be the final sign of the blowing apart of internationalsociety. Through his action (perhaps an attack, or by posting a video on Internet)or simply by his presence (as a victim of some action, or of a kidnapping), the indi-vidual becomes a player in international relations. From a domestic point of view,each state is aware of competition from collections of players acting within thatsame state, who call into question the legitimacy of the political structure—some times to the extent of its collapse.

Are conflicts necessarily counter-insurgency in nature?

The battlefield therefore becomes a smaller reflection of the questioning oftwo conventional state monopolies: that of control of international relations, andthat of domestic political legitimacy. The form taken by players on the battlefieldconfirms this fogging of the boundary between domestic and external issues, andis exemplified by those NGOs concerned with international solidarity, whichappear on the battlefield via their operational divisions. They are financed by statesand inter-governmental organisations by the action of their supporters and struc-tures established principally in Western countries. They are not necessarily trans-national: indeed, they are occasionally identifiable with a single nation.Communication aimed at promoting their action on the battlefield has a two-pronged aim: fundraising, and expanding their media value for presentation toWestern audiences. The legitimacy thus acquired helps them in their negotiations(mainly financial) with national and/or international public authorities. Privatecompanies providing military support act on the ground and also develop contrac-tual relations with some countries according to distinct systems of regulation andlegal issues which are defined with each country concerned and which to someextent they bring onto the battlefield. Those two examples well illustrate how thestate has lost its monopoly of control of the battlefield, a symptom of one of theconsequences of the multiplicity of actors thereon. The other consequence whichcarries with it a growth in the complexity of the battlefield, is the confrontationbetween a similar multiplicity of and divergence in rationale. Each rationale iden-tifies its own priorities and stakes, and each is different, be it based on, for example,military, political, media or regulatory issues.

From the belligerent parties’ point of view, one of the main, and perhapsmost notable, developments on the battlefield in recent years clearly relates to thenon-state nature of the adversaries that Western forces have to face. With theexception of the conflict between Georgia and Russia in August 2008, contempo-rary conflicts for the most part cast a collaboration of conventional forces againstinsurgents or non-state movements. Iraq, Afghanistan, south Lebanon, Libya and

The Battlefield and Air Power 15 Years From Now

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The Battlefield and Air Power 15 Years From Now

Mali are cases in point. The dominant question in many current analyses is that ofthe adaptability of aerospace power, which is essentially designed for confrontationwith a state actor. This latter form of military engagement was formalised byWarden, in his theory of five concentric circles, in which he envisaged the adver-sary as a pseudo-organic decision-making system with the capacity for makingdecisions and action. How, then, do we organise ourselves when facing an adver-sary who, in principle, has no centres of gravity? Firstly, buy not having too trun-cated a vision of Warden’s model, which defined a strategic entity in terms of anorganisation capable of operating autonomously—that is, of moving and sup-plying itself. If, as the Belgian political analyst, Joseph Henrotin, wrote, Warden’stypical adversary were a state, then one could identify a system which allowedunderstanding of insurgent groups’ rationale, since they, too, function with formsof leadership (leaders and ideological advisors), communication services (on-linemedia, for example), infrastructure (a financial system or smuggling network),population to support the insurgents, and deployed forces. Today’s crying need todesign ways of responding to these situations will be no less crying fifteen yearsfrom now, when we can be sure that the non-state adversary will still be in a posi-tion of indirect action, fleeting in his appearances and hence fast, unpredictable,lightweight and difficult to identify and discriminate. These are of course the verythings that characterise what Clausewitz referred to as irregular warfare. In postu-lating the existence of such conflict in the future, there must automatically be asupposition that an adversary might display these traits. That being so, we shouldalso beware of another danger, which would be to consider counter-insurgencyinevitably and invariably as the only form of warfare over the next fifteen years.

Non-belligerent players

The nature of the adversaries aside, this type of conflict has put the spot-light on the importance of other, non-belligerent players. Among them figure prin-cipally the local or national population, the media and NGOs. Depending on thetype of analysis undertaken these groups of individuals, whether or not they live inthe theatre of operations, can be considered in three different ways yet simulta-neously: as a tool, an objective or even a centre of gravity; as an autonomousplayer; or as a context in itself.

Territory can be held, but not a population. A population is not an inertobject: it possesses its own character and advanced thought processes. And becau seit is a player it is susceptible to persuasion by one or other of the parties.Considering it solely as an object, or as an element of the physical landscape, risksits conversion into a willing ally of the asymmetric adversary, in terms of logisticsupport and as a recruitment pool, at least. Hence the population, or rather thesupport of that population, becomes a strategic objective for the parties in conflict.

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The ways of gaining popular support, be they by persuasion or terror, varyfrom one protagonist to another and with their value systems, but the populationnevertheless remains an element of conquest. The need to win hearts and minds isreal and an important development on the battlefield. As General Sir Rupert Smithhighlighted in his book The Utility of Force., the end states for which we fight todayhave changed, and the population has become the centre of gravity of contempo-rary operations. As a strategic goal, winning over the support of the populationcalls for a redefinition of the use of force and especially an evaluation of its impacton the population seen from the point of view of public opinion.

From this goal flows a number of constraints, principles and models, whichcan be summed up as follows:

l Understand the population in order to understand better how it perceives,or might perceive, the actions of conventional forces;

l Ensure the aims are understood, and gain the support of the populationfor them;

l Support the population, and bring it wide-ranging structural and medi-cal assistance, (it seems evident here that air-mobility assets play an essential rolein this support, in particular in bringing in supplies and in medical evacuation);

l Control violence, maintaining proportionality in the use of force andavoiding civil casualties. Possess in advance a strict set of rules of engagement anda wide range of weapons for progressive use if needed, so as to avoid the insurgentsusing such an armoury as an argument in their struggle for influence;

l Respond to the adversary’s persuasive arguments and actions point bypoint.

These rules and objectives make the population a significant constraining factor for Western forces, a situation the adversary will seek to turn to his advantage.

Air power and the population

On first sight, a number of factors might lead one to think that aerospacepower is little concerned by this strategic focus on the population, and yet such aview is clearly erroneous. Preservation of the population and limitation of collate-ral damage have become a central challenge for aerospace power because of severalfactors: the major principles of the law of armed conflict (distinction, necessity,proportionality and humanity); the increasing recourse to judicial proceedingswithin warfare; the importance that has to be given not only to the legitimacy ofaction, but also to the perception of it by public opinion; and information warfa re,and therefore, to a certain extent, the spin that can be put by the adversaries on theresults of non-discriminatory strikes.

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The Battlefield and Air Power 15 Years From Now

Additionally, it is clearly essential to keep in mind how political effects aretaken into account, as we now have to remember that a tactical success can easilyend up as a strategic failure. The destruction of an electricity distribution gridcould, for example, lead to loss of power to a water treatment plant. Such failurescould have consequences on the day-to-day life and health of the local civilianpopulation.

These different aspects confirm that, if air power was once the central wea-pon in industrial warfare and of a North American concept of confrontation, deve-lopments (both technological and in use) have made it particularly appropriate toaction within the population. Far from a rather Orwellian conception of techno-logy that would lead to centralisation and to a break with operational reality, itssophistication is in fact bringing it back down to earth and to a human levelthrough decentralisation of decision-making, reinforcement of horizontal linksand a short decisional cycle, and close and discriminatory observation of the pattern of life of both population adversary by drones. It seems somewhat odd,perhaps, that the technology now used by air power offers substantial savings inmen and machines.

The multiplication of players of many and varied nature, together with anever-present state actor whose own methods may equally be broadly derived frommethods of irregular warfare, form the main strong trend in the evolution of thebattlefield.

Aerospace power and a complex adversary: rustic with high-tech

In a similar way that has been outlined for the players involved, it is notpossible to understand technological change in just one single context. Air poweris going to have to remain in a position to confront adversaries who possess comparable technological potential, others who may be technologically asymme-tric, or yet others who, depending on the time and the place, ally the high-techwith the completely out-dated.

That said, and on the assumption that technological advance remains a keyfactor in the conduct of warfare and central to the third dimension, in which thelaw of survival of the fittest applies, the issue remains of the number of competi-tors and of exactly how they challenge the air superiority of the most advancedarmed forces. It comes down to considering two sources of tension: their financialbacking and availability of material (which to some extent brings us back to thestate or non-state nature of the adversary in question), and their level of technolo-gical sophistication.

Because of the ever-increasing costs of research and development of sophisti-cated technology, and of the numerous fields of expertise that have to be coordina-ted, the entry fee to the air power club is very high. It follows that the only members

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are state actors, with the exception, perhaps, of embryonic ‘air forces’ such as that ofthe Tamil Tigers. But to be a state actor is not a sufficient condition: the number ofmembers is even smaller if one only counts those states that can generate an air forcecapable of doing something other than conducting purely self-defence missions. Seenfrom this angle, the landscape shows a dramatic contrast between a reducing num-ber of credible competitors (because of escalating costs) and a sort of technologicaldesert. The broader reality of the situation is much more complex.

First of all, there is, and will continue to be, proliferation of aeronauticaltechnology—principally Russian and Chinese—even if the proliferation of thosecountries’ aircraft does not necessarily or inevitably call into question Westernforces’ air superiority, since it is more an issue of quantity than quality. This deve-lopment is directly linked to the entry into service of fourth generation aircraftand, not so far off, the arrival of the fifth generation, even though the latter will belimited to just a few states.

Next, we should note that, between 2005 and 2015, 4,000 combat aircraft(including light aircraft) will be produced across the world, of which two-thirdswill be multi-role combat aircraft. This will be followed between 2015 and 2025by the replacement of third generation fleets. There will probably be a globalreduction in the total number of combat aircraft as a result of research into grea-ter multi-use of equipment and better overall performance. Moreover, researchinto the advantages of drone systems will not only increase but also be more gene-ralised and will certainly no longer remain the privilege of high-tech forces.

Aerospace power will therefore have to develop highly effective detectionand identification systems in order to face up to the simple systems that aredeployed in particular by non-state adversaries. That being so, the statement regar-ding the proliferation of aerospace technology does not automatically mean thatcredible competitors will emerge, and even less that they will be numerous andwidespread fifteen years from now, essentially for three reasons:

l These weapon systems require very specific competencies, which areacquired through initial training, the acquisition and transmission of significantoperational experience and the maintenance of such expertise through regular par-ticipation in joint and combined exercises. The fact is that there are few statescapable of combining advanced technology with all of these requirements;

l These weapon systems must additionally be integrated within a high-performance C2 system in order for their full potential to be exploited;

l Finally, apart from the fact that these weapon systems must of coursehave adequate armament, they must also be closely linked to an efficient and effec-tive network of air surveillance and air defence.

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The Battlefield and Air Power 15 Years From Now

Despite all that, it is right to consider the trend towards proliferation ofanti-air systems as well, even if, once again, ground-to-air missiles are likely to poseless of a threat if they are distributed piecemeal, than if they are integrated into adefence structure.

To sum up this review of technology on the battlefield, three potential axesof development become apparent:

l Pursuit of, and acceleration in the proliferation of weapon systems, inclu-ding those of the latest generation;

l Proliferation to the advantage of non-state actors;

l The ever more striking capability of actors, non-state in particular, toadapt, convert and divert weapon systems and/or civilian technology.

Air power therefore has to account for a wide range of threats and greatunpredictability. Quite apart from responses in terms of strategy, assets and action,it seems essential that we remember that the adversary is not necessarily our tech-nological inferior at all times and in all places on the battlefield, and also that evenif he were, he could still have considerable nuisance value.

Aerospace power on the battlefield and the front line

Complex environments

In addition to looking at the players and assets, analysis of evolution of thebattlefield has to look in depth at the terrain on which armed forces in general, andair power in particular, are engaged. Such analysis will then bring out the resultingconstraints on the assets deployed and their desired and actual effects. Once again,recent events highlight the evolution of one particular space—the town, moregenerally referred to as the urban environment. Again, our initial reservation, thatcurrent developments are not necessarily tomorrow’s realities, leads us to maintaina certain distance from an ‘all urban’ perception: confrontation in mountainousregions, for example, calls for the application of certain aerospace assets in man-ners peculiar to that complex environment. This has very clearly been demonstra-ted in operations in Mali, especially in the offensive phases which targeted thestrongholds of armed groups in the Adrar des Ifoghas mountains. They led to themobilisation and coordination of a large number of different types of aircraft(including Rafale, Mirage 2000D, C135 Stratolifter, Harfang drones andAtlantique 2) in order to conduct simultaneous strikes on several targets.Moreover, confrontation of the willing is no longer limited to the surface of theearth, and does not necessarily imply the use, even limited, of armed force. Anyphysical space, like cyberspace, is now a space for confrontation, an extension or

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component of the battlefield, whose resident nature and threats, and those transi-ting through it, call for very special consideration.

Contemporary conflicts show a shift of the battlefield in the general direc-tion of complex, especially urban, environments. Afghanistan, Iraq, Israeli confron-tations with Hezbollah and Hamas in southern Lebanon and Palestinian regions,and, of course, Libya, all bear witness to this trend. For sure, neither town normountain is new to fighting forces: indeed, can there be any environment in whichman has not already fought? Military history is full of examples of battles or warswaged in such environments as a direct consequence of the fact that a town has anintrinsic value because of the concentration of political, economic, social and cul tu-ral bodies within it, which endow it with symbolic status. It is natural that townswill continue to represent an important stake in future conflicts, but more thanthat, the urban battlefield will certainly become more ‘usual’, not only because ofthe predicted increase in urbanisation throughout the world, but also because of thedeliberate choice of certain actors. Adversaries of Western forces are therefore incli-ned to seek a position of better balance in this environment by turning the milita rytechnology of those same Western forces against them. Urban combat—fighting inbuilt-up areas, in an enclosed space—is now tending to become a preferred modefor the weaker party because, for one thing, the adversary has far better knowledgeof the environment in which he lives and in which he has been able to prepare forhis fight, and, for another, the other party’s intervention is made infinitely morecomplex. The town environment therefore offers great advantages to the defender:refuges, mixing with the population, obstacles to the deployment of armouredvehicles and to the use of air power. Moreover, apart from the geographical locationof the town itself (in a dip, on a summit or on a plain, for example), the geographywithin it can be very varied, with perhaps a Western-style centre, an ancient one,residential suburbs, housing schemes, industrial zones and so on. In a broad sensethe town is therefore tending to become a more complex physical environment as aresult of its own evolution.

In his treatise on air power and the urban environment, Olivier Zajec pointsout that urban combat will unquestionably be the most likely type of combat in thefuture, and the most demanding for Western armed forces. Air power is not the onlyforce to try to resolve the difficult problems it raises: for both aviation and groundforces, says Zajec, the complex and changing urban theatre presents a major chal-lenge. That being so, aerospace power plays an eminent role in the urban milieu forseveral reasons. On one hand its permanent ISR (Intelligence, Surveillance andReconnaissance) capability provides fundamental situational knowledge of thecom plex environment via the use of drones. The advantage of drones is that they canbe kept out of range of threats from lightweight ground-to-air weapons andMAN PADS, unlike rotary-winged aircraft, which find it difficult to hover in thatenvironment without being exposed. The use of drones here, but in advance ofarmed action is equally justified, as was illustrated particularly well during the four

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months of intelligence gathering and mapping that preceded the second offensive onFallujah in November 2004, and also during the Israel-Hezbollah conflict in thesummer of 2006. On the other hand, aerospace power allows for ‘atypical’ modes ofaction in order to limit collateral damage, such as the use of non-explosive munitionsto penetrate concrete, as used by the French Mirage 2000Ds in Libya.

Dematerialisation of the battlefield

But once again, we must recognise that the urban environment is not thebe-all and end-all: it does not represent the sole stage on which future confronta-tions will be played out. Any attempt to define ‘the battlefield’ would tend toexpo se just how difficult it is to map it out, partly as a result of its intangible cha-racteristics. The latter have not suddenly appeared, but are the result of the deve-lopment, and now maturity, of technology with increasingly high performance.

Digitisation of the battlefield, and its key advantage of linking players in asingle network, is proof of another confrontation in which the adversaries seek togain control or, at least, to challenge our control, over the advantages it offers. Thisprime space, generally known as cyberspace, is an increasingly strategic environ-ment in which threats are growing, and upon which military operations are increa-singly dependent, as, in a more general sense, are our modern societies. For thisreason it is also important to have a clear grasp of this sphere of confrontation. Inother words, even if the Air Force is to a very large extent dependent on this sphe re,and even if it falls to that Force to ensure the security of its own informationnet works and systems, cyberspace itself nevertheless remains a domain common tothe various military players and, more broadly, to everyone—civil and military.Furthermore, acknowledgement of vulnerabilities and threats, and therefore appli-cation of surveillance, results from cooperation between authorities, includingforces, agencies, services and ministries.

Extension of the battlefield

Exo-atmospheric and extra-atmospheric space is also emerging as an envi-ronment in which rivalries and power struggles are being played out: they are cur-rently embryonic in terms of threat, but are nevertheless a cause for concern. Thisis understandable, given the vital nature of space both to the conduct of militaryoperations, and to its strategic importance to the development of our societies.One of the main reasons is linked to the fact that mastery of space, rather like mas-tery of nuclear weapon technology, represents high stakes for any country. The racebetween the United States and the USSR to launch the first satellite, unmannedthen manned, then the conquest for the moon, is just such an example. Such moti-vation is still with us today, and can be seen in the debates over the spacepro grammes of certain countries such as Iran, now the tenth space power in the

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world, following the launch of its satellite Omid (Hope) on 4 February 2009,during the celebrations of 30 years of the Islamic Republic.

Beyond issues that guide space programmes, such as sovereignty andinfluence, there are also strategic, tactical and operational interests which encou-ra ge countries or groups of countries to gain access to space, to try to control it andeven to go as far as preventing others from having access to it. Because of this, thespatial domain as an extension or development of cyberspace has become essential,something no military operation can do without, by virtue of its use in the fieldsof telecommunications, observation, navigation and advance warning. In the sameway that they are dependent on cyberspace, modern armed forces are obliged touse space in broad support of ground-based military operations. Space capabilitynow appears as a sensitive issue, given that its neutralisation in the broadest sensewould undoubtedly hinder the conduct of operations. It therefore seems logical toincorporate it into the overall analysis of the battlefield and hence to try to iden-ti fy future developments.

More than any other force component, the Air Force has a special respon-sibility here, albeit one that might seem natural for that service. It is simply a prac-tical reality, in spite of the scientific debate regarding the physical continuity (ornot!) of the third dimension into space.

The adaptations needed can be summed up as the development and harde-ning of satellite fleets, either on a strictly national level or, more likely, on aEuropean level. The effort already made this field has promoted France and Europeinto top-ranking space powers. Continuing effort is needed if we are to have trueand total autonomy of decision-making and conduct of operations. In light of therate of technological and political developments, and of what has been achieved bysome countries, the least budgetary and technological—and even doctrinal—retrenchment risks highly prejudicial consequences. With the Graves system (Grandréseau adapté à la veille spatiale), France now enjoys a real advantage in spatial situa-tional awareness. It is, of course, important not only to maintain and protect thisadvantage but also to expand it in order to be in a position to anticipate any risk ofthreat in this domain, which is likely to see considerable challenge in the next fif-teen years. Thought needs therefore to be given to responses and mechanisms forspatial deterrence, in the event that certain states start working towards possiblearming of space. Strengthening surveillance and detection capabilities would have adeterrent effect in that they would allow pinpointing of the origin of an attackagainst a satellite body.

Time—the central element on the battlefield

When examining developments in the battlefield and the effects they arelikely to have in the coming years, one unavoidably comes back to the age-old

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cen tral notion of time. And central is indeed the right idea, since it has become asignificant factor in conflicts in which each party seeks to control it and to impo sehis rhythm on the other. To maintain a temporal advantage over the adversary, tokeep a step ahead of the game and to retain the initiative all relate to one of theclassic conditions for military success. And yet the acceleration of time, the evolu-tion in the nature of the adversary and the way in which he acts, are all imposinga slight change in this basic tenet.

Permanence, or mastering long time

One of the challenges for aerospace power in a future environment notablefor the fleeting nature of targets and the avoidance by adversaries of direct confron-tation, would seem to be that of bringing together control of force, situationalknowledge and reactivity. The last two of these brings us back to the need foraerospace power to have mastery of long (permanent air patrols) and short periodsof time. From this point of view, recent operations have shown the central rolegiven to drones for this task. Apart from the fact that they remove man from riskzones, they offer the special advantage of mastering long periods of time—on-taskendurance. In other words, they have the advantage of permanence, a characteris-tic that is even more vital, given that time has become a significant factor incontemporary conflicts, and is likely to form a structural element of future ones.

The adversaries operate on two different timescales: on one hand they seekto stretch out the commitment of forces in order to exhaust them while benefit-ting more and more from media channels in their long-term strategy of influen-cing public opinion, of steering perceptions on the legitimacy of the intervention,or even attempting to gain an advantage from their ‘weak’ capacity for resistance.On the other hand, they operate on a short timescale, tactical level: having noassets with which to confront the force head-on, they prefer, as we have seen, toplay the ‘transient’ card—to merge into the physical environment, benefitting asthey do so from its complexity. The deployed force therefore needs to know howto master the short term, and this is where permanence brings sure operationalgain. Permanent occupation of the sky, together with a network of sensors andreceivers opens up full situational awareness, an overall view of the battlefield anda common picture of the operational situation. It offers tactical and operationalmastery of the long term, which in turn allows action in the short term to catchthat transient moment. Whilst the war around Kosovo revealed a number of limi-tations in this field, permanence of all-weather ISR platforms, appears today as a real tactical and operational innovation in the geographical coverage and the instantaneous and continuous intelligence picture it offers to ground and air forcesalike. Numerous examples bear witness to this: in Lebanon or Gaza, Iraq orAfghanistan, no force committed to a conflict can henceforth do without the permanence that drones bring into play.

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These permanent platforms can offer more advantages than intelligencealone. In a similar manner to the shorter-term ‘show of presence’ and ‘show of force’operations, drones have a deterrent role on the tactical level in terms of presence, andcontribute to controlled use of force. In making a presence, but not necessarily athreat, fly around over an area, and in making the adversaries understand that theyare under constant observation and that the reaction time of the force is getting shor-ter and shorter, drones contribute to influencing the adversaries’ decision-making andinciting them not to act. This deterrent function of drones, which is further reinfor-ced if the aircraft are armed, offers an extra step in the graduated use of force, whichis of great value in counter-insurgency and stabilisation operations, in which the protection of, and assistance to, the population—and, indeed, the support of thepopulation for the action—are determining factors.

Adapting to a faster rhythm

Implicit in the advantages offered by drones in intelligence and control ofinformation is the notion of reactivity. There is nothing new to this, of course, asit is at the heart both of the OODA loop (Observation, orientation, decision,action) and of the target indication cycle, called F2T2EA (Find, Fix, Track, Target,Engage, Assess). Contemporary operations, such as those conducted by Israel, orthose in Afghanistan and Iraq, reveal the central nature of this aspect and theimportant of being able to go for opportunity targets as well as Time sensitive targets (TST).

In recent counter-insurgency operations, opportunity targeting has beenthe mainstay of offensive aerospace missions. The necessity to have control overwhat we are calling short time, and, in extremis, over real time, is one of the mainconsequences of developments on the battlefield. By melting into the backgroundof population and shadowy urban areas, the adversaries attempt to impo se theirrhythm. We need, therefore, to have mastery of long time, permanence, in otherwords, and to shorten the period between observation and action. It is in this thatdrones offer an immeasurable advantage: their permanence and their ability totransmit information directly, constantly and in real time allows the rhythm to beincreased and hence control of time.

The need to control the tempo arises from the delay between the observa-tion and strike parts of the cycle, since it is critical to the reactivity factor when ini-tiating an operation. Yet it also requires a high level of decentralisation, which isnow having quite an impact in organisational terms. The Air Force’s capacity forthis was illustrated well in the Mali operations, particularly in terms of reactivity:they showed the value of being able to conduct operations from the National airoperations centre (CNOA) at Lyon Mont-Verdun.

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Changes in the battlefield come in many shapes and sizes, of which only afew—those which are likely to have a direct with air power—have been exposedhere. We have described a complex environment with the aim of outlining anadmittedly subjective landscape, yet not exhaustively. If a single trend, or evolu-tionary path, emerges from this analysis of the battlefield, it is the continued grow-th in its complexity, closely linked to the increase in the tempo and the changingrhythm of the battlefield.

This central trend leads to a number of sometimes contrasting consequen-tial effects on aerospace power. In amplifying these consequential effects, the trendmay well give a boost to its own role on the battlefield. The widespread differencesin the nature of the battlefield (for example, if it is spread out or confined, or evendevoid of space; without human life or peopled; with diffuse or permanent threatsand so on) give voice to the traditional cry of ‘higher, faster, further’ which cha-racterises aerospace power.

That said, to maintain this initial advantage, and even to multiply theeffects and benefits achieved by this trinity of characteristics, it is perhaps wor-thwhile emphasising more strongly the qualities brought by operating in the thirddimension: flexibility (or adaptability) and permanence. These qualities have alrea-dy been defined in the French Forces’ Instruction 1000, which sets out joint doc-trine for the use of forces on operations, and should become the defining charac-teristics of aerospace power. The quintet of ‘higher, faster, further, more flexibly,for longer’, would now be more appropriate to the increasing complexity of thebattlefield and to the intensification of its rhythm. Although time will remain thecentral element of future, armed engagements, it is the ability to take control of itthat will be the measure of operational success.

Bibliography

Joseph Henrotin, Peut-on penser une campagne coin en strate�gie ae�rienne ? L’apport de Warden, Dé�fense & sécurité�internationale No. 54, De�cember 2009, p. 29.Rupert Smith, The Utility of Force. The Art of War in the Modern World, Vintage, February 2008, 448 pages.Olivier Zajec, Puissance aé�rienne et milieu urbain, Compagnie europé�enne d’intelligence stratégique, 10 July 2007,p. 5-6.

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Adapting Military Capability

French Air Staff.

EMAA

While the nature of war remains constant, its forms are fluid and frequently complex. The conflicts in which our armed forces have beenregularly involved are proof of this, covering a particularly wide range

of warlike activity, from inter-state wars to both high-tech and low-tech asymme-tric confrontation with sub-state actors.

A quick historical perspective reminds us that the domination of Westernpowers in many conventional state conflicts in the past (such as the Korean, Vietnam,Falklands, Israeli-Arab, Gulf and Kosovo Wars) has been due to the superiority oftheir aviation in general. That air superiority was achieved through tactical innova-tion (such as ‘Mig Alley’ in Korea and Operation Bolo in Vietnam), and through tech-nical innovation (superior speed prior to the nineteen-seventies, and manoeuvrabili tyand stealth since the nineteen-eighties). That same air superiority was threatened by the introduction of missiles during the Vietnam War, but has been thoroughly re-established with mastery of electronic warfare, and by substantial improvements inpreparation and training techniques (Red Flag exercises, for example).

Since the beginning of this century successive conflicts in Iraq (the SecondGulf War in 2003) and Afghanistan have focused strategic thinking on asymme-tric models and counter-insurgency approaches which tend to minimise the role ofair power. However the lessons learned from these two experiences demonstrate tous that as far as air power is concerned there is continuity of risk between thephases of coercion and stabilisation. There are no frontiers in the sky, and in it thestrongest wins: in Lebanon in 2006 Israel had the painful experience of its strate-gic planning being confounded by paramilitary units equipped with modern andpowerful weapons.

Operations Harmattan and Serval remind us of the difficulty of planningfor future conflicts. It was the preparation and adaptability of our armed forceswhich allowed us to respond to both crises.

In parallel with this, the economic expansion of Third World countries,together with their access to technology, increases the risk that we may find our-selves facing adversaries equipped with militarily significant forces. While Western

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defence budgets are reducing, emerging countries are in the throes of an arms raceand investing heavily in advanced military technology—notably military aviationand the many advanced technologies which accompany anti-air and anti-ship ope-rations. These weapons can range from the semi-obsolescent to those of the latestgeneration, such as the Russian S300. They offer good value for money to thecountries concerned, and can deny free access to a more powerful attacking force.

If there is no counter-strategy, these capabilities confer on an ill-intentionedstate the ability to deny access to a common space such as a strait or air route, withobvious economic implications. To respond effectively to this type of challenge thearmed forces must be capable of action in all the spaces involved: air, sea, land, cyberand extra-atmospheric space. The ‘air sea battle’ concept developed in the UnitedStates seeks to frustrate the anti-access/air denial strategy of a ‘peer competitor’ andfavours an integrated, inter-connected system of forces with a resilient communica-tions network, capable of launching multiple attacks on both physical key points andthe control of enemy weapons systems. For the foreseeable future this will form theconcept of operations of all coalitions led by the United States, and to which we willneed to adapt ourselves.

The question at issue is this: how do we adapt our capabilities and our mili-tary structures to the evolution of today’s way of warfare? The concentration uponasymmetric threats which has dominated our planning over the past ten yearscould still lead to results in the strategic short term; it could also be dangerouslyinappropriate when faced with a possible brutal resurgence of high intensity war.Moreover, budget cuts must not be allowed to lead to rivalry between these twoparadigms, giving the impression that an exclusive choice has to be made betweenthe two.

In this context we must drive change in our military capabilities to allowus to carry out missions (probably with reduced resources), while at the same timeminimising the impact on the degradation of our operational tasking. If we cansucceed in identifying the way ahead, our key objective must be to preserve ouroverall capability. France currently fields a solid, highly credible military machine:a significant force offering a wide spectrum of military options, possessing the rarecapability for initial entry, to act as an influential partner in a coalition, and tomaintain its shape.

The fundamental capabilities needed to retain France’s influence

At all costs, France must retain its capability to react quickly and effective ly,and to effect initial entry into a theatre. To do this, the exploitation of air power isprimordial. Control of air space is the precursor to any operation; it guarantees tothe Government the ability to make decisions and to exert influence in the decision-making of a coalition, and offers freedom of action. This is a French sphere of

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Adapting Military Capability

excel lence shared by only two other Western powers, the United States and theUnited Kingdom. The capability is based on the sharing and mastery of informa-tion in real time, on being able to set in motion complex command and controlstructures, and on quick implementation of strategic reach.

It is the overall coherence of air power that allows government authoritiesto benefit from a wide spectrum of crisis management options until the lastpos sible moment, so allowing them to retain an acceptable measure of autonomyto express our national will. This coherence is the product of both complementa-rity and the close interdependence of separate capabilities, which include planning,command and control of operations, situation evaluation, varied modes of actionproducing a wide range of military effects, logistic and other support of the forcesengaged—notably air-to-air refuelling and electronic warfare, both home-basedand local. Among other constraints, this implies the need to maintain a consis-tently high level of personal qualification and training standards, for French AirForce equipment demands a high level of technical ability, and considerable auto-nomy for its operators.

While major budgetary constraints legitimise a tendency to revise formats,France’s credibility and its capability to influence events make it essential for thecountry to maintain a certain level of capability, not only over the operational spec-trum concerned and the force levels which can be committed, but in particular inthe domains which are most critical at the European level: AWACS, in-flightrefuelling and strategic transport.

What to adapt to achieve savings

While France must to retain its fundamental capability of autonomousintervention in a state of interest, it can nevertheless draw upon a new approach toits existing reach capabilities in order to extend them. Extended reach and upgra-ded performance of equipment and infrastructure, together with the dynamicmanagement of a network of overseas bases (yet to be set up), will enable the coun-try to respond to the increasingly distant areas of major crisis.

Further study is needed in order to adapt our modes of operation, parti-cu larly those which involve the generation and maintenance of capabilities deman-ding major effort, such as air combat capability. We need to adapt the systems weuse and the entire process of maintaining capabilities to new requirements. Thereis more than one way of achieving this, and we might consider broadening thescope of training using simulation, or shifting a proportion of the basic and conti-nuation training currently being carried out in busy frontline units to less expen-sive virtual reality platforms, in order to preserve the value and the quality of trai-ning hours. This principle should allow us to preserve our high intensity initial

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Adapting Military Capability

entry capability, and also a long-term endurance capability based on a force trai nedin a different way, and at lower cost.

We could also look at pooling certain capabilities with our principalpart ners. The first possibility is to exploit the synergy that already exists betweenmembers of NATO, with the aim of having a common finance pool, which couldbe to our advantage. One example already in existence is infrastructure financingfor some of our bases through the Air Basing project.

A second approach is to establish convergence in operating procedures, forexample the development of European structures based on existing cooperation inthe fields of strategic transport and in-flight refuelling. These new structures wouldbe flexible, evolutionary and have strong growth potential, and would allow us toidentify mutual interests and savings, and favour cooperative agreements.Ultimately, they could lead to the sharing of tools and structures on the basis of acommon range of applications: these might include maintenance, training, flightsecurity or mission preparation. They would avoid sensitivities affecting nationalsovereignty, since each state would retain operational control over its ownresources.

In this context of cost savings through adaptation of capability while at thesame time ensuring that impact on operational tasking is minimised, we could alsoexamine making increased use of our reserve forces. Reserve units could usefullycompensate for reductions made in capabilities which are particularly vulnerableto peaks of activity: an example of this would be the mobilisation of C2 structures.

There are other possibilities available to us in the search for new sources offinance outside the main budget. We could consider further sales of radio fre-quencies, notably in the field of telemetry. Another idea might be to make the casefor European financing for those dual capabilities which support European securi-ty; R&D expenditure in the civil and military aircraft industry, for instance, repre-sents the major proportion of the European and French defence industrial andtechnological base, researching 20 of the 27 areas of technology defined as critical.Furthermore, the side effects and other benefits which these technologies bring tothe industrial sector are many, and go well beyond benefiting just the aerospaceindustry. Moreover, since R&D is an area well suited to supporting the construc-tion of European defence, this all bodes well for the future.

Finally, it would be fruitful to consider exploring new concepts (within rea-sonable cost constraints) which would be distinct from those developed by ourAmerican partners. The use of gliding bombs or cruise missiles associated with newISR capabilities (such as satellite navigation combined with Rafale’s Spectra electro-magnetic sensors) is a promising approach to the suppression of enemy air defences.

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Franco-American Space Cooperation

Lieutenant (air), Researcher with the Future and securitystudies team at the Air Force research centre (Crea);Doctor in political science from the University of Paris IIPanthéon-Assas.

Béatrice Hainaut

I t is hard to miss the signs: the French and the Americans have been quietly getting closer together. Primarily, this involves collaboration in the area ofgeneral foreign policy. As recently as 2003 Dominique de Villepin, Foreign

Minister at the time, delivered a hard-hitting speech on 14 February of that yearbefore the Assembly General of the United Nations, opposing armed interventionalongside the Americans in Iraq. This diatribe contributed to tension in Franco-American diplomatic relations. To make matters worse, it was based on France’spossession of an independent decision-making capability, thanks to the opticalsensors of its Hélios satellites, whose images did not support the American claimthat weapons of mass destruction were present on Iraqi soil. But time passed andthe diplomats did their work. The election of a new French President in 2007ushered in a new era in Franco-American relations. The two states worked toge-ther on many issues brought to the United Nations and, in some cases, to theSecurity Council. In time, the rift of 2003 was forgotten and confidence was gra-dually restored. The apt expression used by Hubert Védrine sums up the relationsbetween the two states: ‘friends and allies but non-aligned’.

Although the space dimension can be the source of profound diplomaticdisagreement (for example, involvement in a theatre of operations with the aim ofconducting a war), it can also prove to be a fruitful area of cooperation betweenstates. France and the United States are both space powers and share a certain mutualconfidence. These two elements constitute a fundamental base for cooperation.

Long-standing and fruitful inter-agency cooperation

Franco-American cooperation between their respective space agencies is along-standing reality: NASA and the French centre for space studies (Centre nationaldes études spatiales – Cnes) have established solid partnerships in the variousdomains. Two important examples are the Jason programme and cooperation onorbiting space debris. Although this inter-agency cooperation may be seen as

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Franco-American Space Cooperation

exclusively civilian, the military applications are apparent in both cases. The success of the Topex-Poseidon experimental programme in 1992 opened the wayto long-term cooperation in the field of radar altimetry. The aim is to capture pre-cision data on ocean currents and their variations as well as measuring sea levels.This Cnes–NASA cooperation continues today, especially in connection with theplanned launch in 2014 of a third satellite (Jason 3).

A second area of cooperation symptomatic of good inter-agency relationsis that concerning space debris. Although this is a long-standing problem, it istaking on a more strategic dimension thanks to the growing interest which the problem is creating within multilateral groupings. Initially, NASA scientists grewconcerned about the creation of debris resulting from anti-satellite trials by theAmerican Defense Department, in particular one in September 1985. The NASAexperts at the time tried to alert the international scientific community to thisquestion of debris via the national space agencies. The explosion of an Ariane stageon 26 November 1986 also motivated NASA to make contact with the EuropeanSpace Agency and to set up working groups on space debris. The problem alsostruck a chord with Cnes. Informal contacts were later institutionalized in 1993with the creation of the Inter-Agency Space Debris Coordination Committee(IADC), a technical organisation which brings together analyses on the topic.

A recent example of this fertile collaboration was the construction and dispatch to Mars of the Curiosity rover, whose mission was to analyse the soil of theplanet. The fact that it was the fruit of collaboration between France and the UnitedStates, and in particular between Cnes and NASA, is however relatively little-known.

From these examples it is clear that cooperation was made possible by thepursuit of common scientific interests and the fact that scientists on either side ofthe Atlantic were able to establish durable and mutually confident relationships byvirtue of their many exchanges.

Military cooperation through exchange of information and practices

This type of relationship is more difficult to establish on a military levelbecause the areas of cooperation tend to affect national sovereignty and are there-fore generally the province of political decision-makers. France made the choice,more than half a century ago, to become a space power. Owing to its connectionwith the nuclear deterrent, space has since acquired a strategic dimension. Aroundthis original ambition France has gradually developed the full spectrum of spacecapabilities (telecommunications, observation, navigation, monitoring and earlywarning). The use of space has therefore become a key component of military acti-vities and a force multiplier, especially in external operations. In July 2010 Francecreated a unified command centre, the joint space command (Commandement

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interarmées de l’Espace – CIE), which constitutes the point of contact for any mili-tarily-relevant space matter.

To be considered as a complete space power, France must fulfil four indis-pensable criteria: have independent access to space, have an industry capable ofdesigning and building launchers and satellites, be capable of operating a groundcontrol system and, finally, be able to monitor space. The first three exist and theability to monitor space is in full development. The Defence Code includes the lat-ter capability in ‘wider air defence’ coming under the air defence and operationscommand (Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes –CDAOA) and in particular its space surveillance division. The Air Force, under thedirection of the CIE, is responsible for the surveillance of extra-atmospheric space.The responsibility attributed to the Air Force is expressly military and touches onthe intelligence area. The sensitivity of this sector makes the establishment ofcooperation more difficult but not impossible.

Intelligence is by far the most sensitive area. The Americans are France’s alliesin space matters and we are often dependent on American data. Although a channelexists it is nonetheless very restricted. France does not belong to the intelligence-sharing community known as ‘five eyes’. This community consists of a remarkableforum for information sharing headed by the United States and including the UnitedKingdom, Canada, Australia and New Zealand. These states are clearly not renow-ned for their space capabilities, but the existence of the community is based prima-ri ly on the historical links which they share, and the alliance benefits from total confi-dence between the members. The United States have thus recently (in 2010) signeda cooperation agreement with Australia concerning space surveillance. This agree-ment is all the more useful for the United States because it gives it coverage of thesouthern hemisphere, a region which is otherwise out of their reach.

Although France does not belong to this intelligence community, whichnevertheless allows it to preserve a certain independence of view of a situation, onedevelopment has promoted Franco-American relations in intelligence matters. Thisis the acquisition by France of the space surveillance radar network (Grand réseau adapté à la veille spatiale – Graves). It was delivered to the Air Force inDecember 2005 and is capable of detecting any object larger than one square metreoverflying French territory at between 400 and 1000 km altitude. The acquisitionof this capability, originally conceived as a demonstrator, has given France eyes inspace. The radar has performed beyond expectations. According to American andEuropean estimates dating from 2012, more than 23,000 objects larger than 10 cmare currently circling the Earth at an average speed of 25,000 kph. In watching low-earth orbit, which is the most crowded orbit for satellites and debris, theGraves system can catalogue some 3,000 objects.

An operational tool has therefore been transformed into a diplomatic one,able to detect hitherto unknown satellites. With the acquisition of this technical

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Franco-American Space Cooperation

capability, French credibility as a space power was reaffirmed. From the momentthat France possessed something with a trading value, it became a credible partnerwith which it was worth cooperating, if only to find out what it was able to see.This event sparked off Franco-American cooperation and, after two years of infor-mal existence, the Franco-American space cooperation forum was formalized on14 May 2009. Later, on 8 February 2011, a declaration of principles was signed byAlain Juppé, the then Minister of Foreign Affairs and Robert Gates, the UnitedStates Secretary for Defense, in order to improve Franco-American cooperation inspace surveillance.

Another sign of openness was the historic participation of France in theSchriever Wargame in 2012. The 2012 version of this simulation, organised by theUS Air Force Space Command, was the first open to NATO member countries.The object of this exercise is to plan and coordinate the space and cyber capabili-ties of the member states in a specific scenario. Although NATO is only in the earlystages of its involvement in space matters, the development possibilities are impor-tant. Participation in this simulation should not be considered mere window dres-sing. It is an opportunity to rub shoulders with allies, to compare points of viewand procedures, and thus to enhance the coordination of space capabilities bet-ween states. In addition, it is likely that the reintegration of France into the NATOIntegrated Military Command in 2009 will allow these developments to be opti-mized. Finally, it is possible that the Franco-American space relationship could usethe privileged NATO structure to reach its full potential.

Changing American spatial diplomacy

This recent rapprochement also owes much to Barack Obama’s arrival inpower in January 2009. Even though a turning point in the space dimensionoccurred at the end of George W. Bush’s term of office, it did not lead to a realrenewal of cooperation. On the other hand, the 2010 publication of the USNational Space Policy (NSP), marked a change, at least in tone. The previous NSP (2006) had raised concerns as to the possible design and use of anti-satelliteweapons, and its tone reflected the unilateralist, if not militarist approach of theBush administration. The 2010 NSP contrasted sharply in its tone with the 2006 version, particularly in that it emphasized that the space systems of all nationsshould be able to develop without interference from other states. In addition, itclearly emphasized cooperation, including in the military sphere. The goal was toavoid misunderstandings or miscalculations in space, which had become an increa-singly sought after, congested and contested domain. The calls for cooperationwere of course not directed solely at France, but the fact remains that they consti-tuted a window of opportunity to achieve closer collaboration. This opportunitywas seized by France and Europe, which decided to promote a Code of Conductin space. This project, aimed at avoiding any conflict in space by sponsoring

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Franco-American Space Cooperation

contact between the increasingly numerous space countries, is an initiative promoted under the French presidency of the European Union during the secondhalf of 2008. While the United States habitually opposes on principle any textcapable of limiting their freedom of action in space, this project was not rejectedout of hand. It was, of course, the subject of lively internal debate. Nonetheless,the American presidential will inclined more towards declared support for thedevelopment of the Code, and the status of the text of a ‘code of conduct’ allowsthe American President to adopt it without having to have it ratified by the Senate,which is much more cautious on these questions. In the case of a treaty, the Senatewould have had to ratify it with a two thirds majority. The ‘code of conduct forspace’ approach was therefore supported in the main by the American administra-tion, subject to a few modifications.

This diplomatic and political approach incorporated an inter-agency rap-prochement and military collaboration. International consultations on the Codewere initiated, which also aimed at promoting the Code internationally. Althoughthe project was supported by various United Nations agencies, it was discussedoutside all the multinational fora, especially UN ones, in order to avoid any of theusual stumbling blocks such as those which routinely occur in disarmament nego-tiations. A Group of Governmental Experts (GGE) has recently been set up: repre-senting a dozen countries, it is charged with discussing the possibilities of regula-ting inter-state relations in space. This group is quite active and can advance thecause of the Code. Within the GGE, France, the United States and Great Britainconsult prior to the meetings in order to adopt a common position with the otherpartners. Although this approach culminates at the level of foreign ministers anddepartments of state, it is symptomatic of a certain renewal of transatlantic rela-tions. It is also interesting to note that the air forces of these three states have crea-ted a privileged partnership in the trilateral strategic studies group, whose objecti-ve is to strengthen mutual comprehension and understanding to ensure greaterinteroperability. Space is naturally involved because of its operational applications,which directly involve the aerospace resources of these three forces.

The French and the Americans thus have more opportunities to meet andexchange ideas. This has the effect of homogenizing ideas, preferences and beliefsbefore the development and dissemination of rules and multilateral policies. Butthe existence of a common objective (principally, not to turn space into a battle-field) must not hide the fact that the two space powers have a different strategy forthe occupation of space. The United States has developed the doctrine of spacedominance which still guides their actions today. Nevertheless, there exists bet-ween the two states great potential for future cooperation, especially in space sur-veillance, a domain in which the French Air Force has sole responsibility for thesequestions. It therefore plays a pre-eminent role, since beyond these exchanges ofdata it also enables France to keep a sufficient degree of sovereignty to ensure auto-nomy in situational appreciation and decision-making.

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Pour livrer un combat, prévenir une guerre ou porter secours. Vos équipements doivent rapidement être acheminés sur de longues distances et vous les voulez précisément là où vous en avez besoin, même si vous ne disposez que d'une courte piste sommaire. L'A400M devient alors votre meilleur allié. C'est aussi un avion ravitailleur pour les hélicoptères, les avions de chasse et les avions de transport. A400M ou comment changer radicalement les règles habituelles d'intervention.

C A N O N S A U T OMO T E U R S

V É H I C U L E S B L I N D É S L O U R D S

H É L I C O P T È R E S L O U R D S

E N G I N S L O U R D S D E C O N S T R U C T I O N

V É H I C U L E S L É G E R S

T R O U P E S

P A R A C H U T I S T E S

P A L E T T E S E T C O N T E N E U R S

É VA C U A T I O N S A N I T A I R E

M A T É R I E L M É D I C A L

R AV I T A I L L E M E N T E N V O L airbusmilitary.com

D É L IVR ER LE N ÉC ESSA I R E À L'E N D R O I T PR É C I S O Ù I L E ST I N D I S P E N SAB LE

12:02

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