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L’impact de la nouvelle politique d’intégration marocaine sur la mobilité
migratoire africaine : Cas du Territoire de Tanger ; (Ifrane I-II &
Mesnana)
Mohamed BEN ATTOU: Enseignant chercheur, Université Ibn Zohr d’Agadir
Youssef LAHBIYA1
Résumé :
L’article est un essai sur l’approche de la nouvelle forme d’une immigration subsaharienne
récente motivée par la régularisation administrative du Maroc opérée en 2014. Que recouvre cette
régularisation ?, quelle est son impact réel sur le contingent migratoire et le devenir du Maroc comme
pays de transit ou d’installation ? Se sont là quelques articulations principales de cette contribution.
Mots-clés :
Immigration subsaharienne, Régularisation administrative, Gouvernance, recomposition du système
migratoire
Abstract :
This article is an essay tackling the approach of the new sub-saharian immigration form
animated by the Moroccan administrative regulation of 2014. What are the parameters of this
regulation? What is the impact of this reform on both the immigration quota and the country as
hosting destination? Those considerations represent some of the main elements of this contribution.
Key words. Subsaharian immigration, Gouvernance, Administative Reform, Recomposition of the immigration
system.
Resumen :
El artículo es un ensayo sobre el enfoque de la nueva forma de una inmigración subsahariana reciente
motivada por la regularización administrativa de Marruecos operada en 2014. ¿Qué cubre esta
regularización?, ¿cuál es su impacto real en la cuota migratoria y el destino de Marruecos como un
país de tránsito o de instalación? Estas son algunas de las principales articulaciones de esta
contribución.
Palabras llaves: Inmigración subsahariana, gobernanza, Regularización administrativa, recomposición del sistema
migratoria
" مسىاوت و 2و 1: حانت طىجت" افشان اإلفشٌقٍتعهى حشكٍت انهجشة انمغشبٍت انجذٌذة انذمج مهخص: اثش سٍاست
اتخزهاانتً اإلداسٌتجىىب انصحشاء محشكها انتسىٌت أفاسقتهزا انمقال عباسة عه محاونت مقاسبت نهشكم انجذٌذ نهجشة
انمهاجشٌه و مصٍش انمغشب كبهذ ذادأععهى انحقٍقً تأثٍشها؟ ما هى ’. مارا تعىً هزي انتسىٌت 2114انمغشب ابتذاء مه
انتً ٌعشضها هزا انمقال. األساسٍتسءنت اإلمه بعض إوهااستقشاس؟ آوعبىس
تشكم انىظاو انهجشي. إعادة، انحكامت، اإلداسٌت، انتسىٌت قٍاٌإفشانكهماث انمفاتٍح هجشة جىىب
Introduction
Dans un contexte de pression sociale, de changements climatiques, de la montée
terroriste et de repositionnements politiques des pays africains, les efforts déployés par ses
1 Doctorant affilié au laboratoire aménagement du Territoire, sociétés, Migration & Développement durable,
Université Ibn Zohr d’Agadir.
34
mêmes pays pour accéder à l’émergence économique tardent à donner leurs fruits. C’est
pourquoi, une nouvelle vague d’émigration de jeunes instruits issus des milieux urbains et
relativement insérés dans le marché de travail commence à se diriger, massivement, vers le
Maroc comme pays émergent et de proximité de l’Europe. La nouvelle politique d’intégration
migratoire adoptée par le Maroc, dans le cadre de la stratégie européenne de bonne voisinage,
de négociations climatiques internationales aux perspectives de coopération post Cop 21 sur
la protection des déplacés climatiques (Laâribiya, 2016) et de régime international des droits
de l’Homme, se concrétise par le lancement de la première opération de régularisation
migratoire en 2014. Cette politique audacieuse eu regard des moyens financiers de l’Etat face
à la pression sociétale marocaine et à un moment où la crise économique européenne,
notamment espagnole2, « refoula » sur le sol marocain aussi bien des migrants espagnols que
marocains installés en Espagne (Lazaar, 2016). S’agit-il alors d’une stratégie donnant-donnant
permettant d’ouvrir davantage le marché africain aux groupements d’investisseurs marocains
ou bien d’un positionnement politique sur le Sahara marocain; où tout simplement c’est le fait
d’un processus d’évolution des droits de l’Homme, mondialisation oblige ?
En réalité, il est difficile de tracer des limites entre ses stratégies. Un pays évolue dans
un système de rapports de forces que celui-ci soit d’ordre politique, économique ou social. Ce
même système peut produire des vitesses différentes de développement selon des logiques qui
peuvent paraître contradictoires, comportant certes, des dommages collatéraux certes mais
fonctionnelles dans l’ensemble. Est-ce que cette première régularisation de la situation des
subsahariens, entre autres, qui va se poursuivre en 2017 par une deuxième opération, signifie
que la Maroc est devenu un pays d’accueil où bien un pays privilégié et opportun pour
préparer un projet migratoire vers l’Europe, régularisation marocaine obtenue ou non ? Nous
essayons d’apporter des éléments de réponse à ces questionnements de fond qui pèsent lourds
dans la société marocaine en termes de justice sociale, de travail, de sécurité et relève même
du paysage urbain quotidien. La présence des subsahariens à Tanger, la ville du Détroit de
Gibraltar, est même devenue une affaire d’opinion publique lorsque des rapports de forces
sont nées de la possibilité d’une régularisation administrative en 2014 et le « droit » d’accès
au logement3.
Mise au point méthodologique
Deux hypothèses de travail nous ont permis d’assoir notre approche méthodologique.
D’une part, le suivi d’entretiens semi-informels de discussion avec les subsahariens sur le site
de Boukhalef à Tanger (Ifrfane I&II, Mesnana) depuis 2013 jusqu’à 2016 nous a fait
comprendre qu’en est face à un phénomène très mobile. Qu’ils soient demandeurs de
régularisation ou clandestins, les subsahariens ne sont pas toujours sur le même site.
Transitant par des réseaux communautaires ou déplacés par les forces de l’ordre lorsque des
affrontements éclatent entre migrants et population à propos de l’utilisation des immeubles
2 Rappelons qu’en 2012, le taux de chômage a dépassé en Espagne la barre des 50% (Delezen, 2013).
3 Précisons que ce droit d’accès au logement est systématiquement exclut des avantages octroyés par la carte de
régularisation administrative.
35
(terrasses, escaliers, appartements vides squattés…), les subsahariens s’orientent,
volontairement, vers la forêt de Bel Younech à proximité de Tétouan ou vers celle de
Gourougou dans les environs de Melilia. L’objectif, étant de forcer les frontières des deux
présides chaque fois que l’occasion se présente. Les déplacements forcés se font vers les villes
du Haut-Atlas et les villes côtières jusqu’à Tiznit. C’est-à-dire là où leur présence est quasi
absente.
Fig.1- Zones de rotation des migrants subsahariens demandeurs de régularisation à Tanger
(2013-2016)
Sources : Entretiens semi-informels avec les migrants subsahariens
Notre première hypothèse s’articule donc sur le fait que le projet migratoire subsaharien
de cette nouvelle vague est un projet de transit. Toutefois, il s’agit d’un transit non déclaré au
début, voulu dans des conditions favorables où l’émigré peut afficher son identité, réclamer
ses droits. Certains étaient près à s’autofinancer ce transit pourvu qu’ils décrochent un emploi
adéquat, meilleur que celui qu’ils avaient chez eux. Ce qui nous a guidés dans la formulation
de la seconde hypothèse selon laquelle : Le transit migratoire peut se convertir en immigration
définitive.
Ces deux hypothèses ont orienté un travail de terrain selon l’enquête directe comme
technique d’investigation auprès de 200 migrants subsahariens approchés par les soins de
leurs associations ou directement sur le site de Boukhalef. L’objectif étant de pouvoir
déterminer les réalités de la régularisation et de l’intégration des immigrés au Maroc dans le
territoire de Tanger. Il était question aussi d’approcher leur perception de la société
marocaine ainsi que les perspectives migratoires des immigrés pour les inciter à s’exprimer si
36
le Maroc oui ou non est un pays de transit qui peut devenir un pays d’installation directement
ou sous réserves. Plusieurs paramètres (juridiques, sociaux, comportementaux, identitaires,
professionnels…) ont été mises en place pour atteindre l’objectif (voir annexe 1).
I-Régularisations marocaines et polarisation migratoire des africains subsahariens
La nouvelle politique migratoire marocaine lancée en 2013 par la haute instance de
l’Etat suite à la pression des ONG, en l’occurrence GADEM, préoccupée par la montée de
violence contre les subsahariens. La première opération de la régularisation administrative de
2014 a enregistré à l’échelle du Maroc plus de 28 000 demandes de régularisation à travers 83
commissions locales. 25000 demandes ont étaient satisfaites, soit un taux de régularisation de
89.3%. Les bureaux des étrangers de Rabat ont enregistré à eux seuls 30% des demandes. Les
sénégalais constituent la première nationalité ayant eu des avis favorables (24%) suivie des
Syriens (19%), puis par les Nigériens & Ivoiriens (16%). Selon les différents rapports, le taux
de régularisation varie de 22%. En effet, le rapport du Ministère des MRE, 2016, affiche un
taux de 67%. C’est pourquoi, la commission de 2015, réexamina 8000 dossiers ayant reçus,
en 2014, un avis défavorable. Trois facteurs de dépassement sont mis en exergue : les
difficultés éprouvées par les migrants pour prouver la durée de séjour sur le sol marocain, les
liens de mariages aussi avec les marocains (es) et les pièces justificatives qui font défaut. Il
est à signaler que lors de chaque opération de régularisation, des éléments s’interfèrent. Pour
2014, c’est l’afflux des Syriens, la deuxième régularisation ayant démarré en 2017 avec
quelques 16 000 demandes au niveau de 69 préfectures, l’ombre de l’arrestation des 260
maliens par l’Algérie et la violence des autorités planent déjà sur cette régularisation.
Quoiqu’il en soit, la régularisation permet d’améliorer la situation de certains émigrés
chanceux de trouver un travail où ayant la capacité d’accéder aux logements du marché
locatif. Cependant, beaucoup de problèmes demeurent insolubles. L’accès à l’emploi est l’un
des obstacles à surmonter. L’articulation de la politique de la régularisation avec la politique
de la ville et la politique de l’emploi est incontournable surtout que la régularisation a un
pouvoir d’attraction important sur les nouveaux venus à partir de 2013.
Il est vrai que les Etats du Maghreb s’alignent sur les politiques migratoires
européennes (Lahlou. M, 2011), cependant, l’évolution récente de ces mêmes Etats diffère
l’une de l’autre. La Libye cède devant le trafic des êtres humains, la Tunisie peine à maîtriser
ses frontières de l’Est, l’Algérie est en panne. Ce pays réagit à l’impulsion et ses frontières
sont perméables. Lorsque l’intégrisme-terrorisme entre sur la scène politique, il s’agit moins
de la question de lutter contre l’immigration illégale ou de renforcer l’efficacité des contrôles
en jouant le gendarme de l’Europe; encore moins, de bâtir un Maghreb-Europe d’asile ni de
mettre l’accent sur le co-développement. C’est le sécuritaire qui prime4. D’ailleurs, dans le
cadre de la coopération et le dialogue maroco-espagnol, l’immigration et le trafic des êtres
humains est une affaire des autorités des deux rives du détroit de Gibraltar. L’acquisition du
4 Notons que suite aux attentats terroristes de Casablanca du 16 mai 2003, le texte du projet de loi 02-03 relative
à l’entrée et au séjour des étrangers, de l’émigration-immigration irrégulière a été promulgué le 11 novembre
2003. Il s’agit de la mise en place d’un cadre institutionnel opérationnel de lutte contre l’émigration –
immigration irrégulières au Maroc, va être adopté à l’unanimité par le parlement marocain.
37
statut avancé du Maroc vis-à-vis de l’UE signé en octobre 2008, est en soit une proclamation
officielle d’engagement du Maroc sur la voie sécuritaire. La régularisation adoptée par le
Maroc est une forme d’ajustement de la législation marocaine pour qu’elle soit en
concordance avec les principes internationaux relatifs à l’asile, aux droits de réfugiés et au
renforcement du contrôle et de surveillance. Ceci vis-à-vis du Maghreb et de l’ensemble des
pays d’Afrique subsaharienne5. Entre 2004 et 2007, le Maroc a intercepté 25082 migrants
irréguliers, il en a rapatrié plus de 33%6. Le Maroc n’est plus un passage exclusif des migrants
africains maghrébins et subsahariens, il voit transiter, par voie maritime aussi bien par le
Détroit de Gibraltar que par les îles Canaries, des indiennes, des indonésiens, des iraniens et
d’autres migrants du moyen Orient et d’Amérique latine. Or, entre la régularisation selon les
principes européens et la réalité sur le terrain marocain avec toutes ses difficultés itinérantes
en termes de contrôle, de moyens financiers, d’intégration sociale, d’emploi et d’accès à la
résidence, une distance reste à parcourir.
1- Les Sénégalais, les Nigériens, les Maliens, les Ivoiriens et les Camerounais sont les
premières nationalités polarisées par la régularisation administrative marocaine
Les subsahariens demandeurs de régularisation administrative sur le territoire de Tanger
sont au nombre de 1958 migrants, soit une proportion de 7% des demandes à l’échelle
nationale. Le taux de masculinité de cette migration se situe à 73%.Comme à l’échelle du
Maroc, mis à part les Syriens, les Sénégalais, les Nigériens, les Maliens, les Ivoiriens et les
Camerounais constituent 64.8% des nationalités demandeuses de régulation en 2014 à Tanger.
Tableau n°1- Situation des migrants notamment africains demandeurs
de régularisation dans le territoire de Tanger (1ère opération 2014)
Nationalité Demandes déposées Nationalité Demandes déposées
Homme Femme Total Homme Femme Total
Camerounaise 120 39 159 Algérienne 3 1 4
Congo RDC 46 10 56 Libyenne 5 1 6
Egyptienne 9 1 10 Pakistanaise 1 0 1
Française 6 5 11 Tunisienne 1 1 2
Guinéenne Conakry 78 12 90 Du Niger 2 0 2
Ivoirienne 129 46 175 Guinée Bissau 2 1 3
USA 0 1 1 Centre africaine 2 2 4
Malienne 159 21 180 Burkinabé 6 0 6
Nigérienne 193 90 283 Indienne 3 0 3
Sénégalaise 381 91 472 Comorienne 1 0 1
Sud Soudan 3 1 4 Jordanienne 1 0 1
5 La première Rencontre Gouvernementale Euro-Africaine tenue en 2006 sur la migration s’insère dans l’optique
sécuritaire de tout un processus qui a débuté en 2003. 6 Ministère de l’Intérieur du Maroc.
38
Syrienne 209 155 364 Madagascar 1 0 1
Tchadienne 1 1 2 Zimbabwe 1 0 1
Somalienne 1 0 1 Guinée équatorial 0 1 1
Libérienne 10 2 12 Arabie saoudite 2 0 2
Ghanéenne 11 1 12 Sierra Leone 3 0 3
Togolaise 5 0 5 Palestinienne 2 2 4
Angolaise 4 2 6 République de Maurice 1 0 1
Congolaise 9 11 20 Iranienne 0 1 1
Gambienne 6 1 7 Indonésienne 0 2 2
Brésilienne 0 1 1 Ougandaise 1 0 1
Philippine 0 10 10 Belge 2 1 3
Espagnole 3 2 5 Péruvienne 1 2 3
Anglaise 1 0 1 Béninoise 2 3 5
Mauritanienne 7 1 8
Bulgare
1
0
1
Total
1391
504
1895 Total 44 18 62
Total général : 1957, soit 7% des demandes à l’échelle nationale
Source : Bureaux des étrangers et de la commission locale de Tanger7
Sachant que la moyenne des nationalités réunies se situe à près de 40 migrants, les
Sénégalais à titre indicatif, représentent près de 12 fois le contingent moyen. Les Nigériens 7
fois et les maliens avec les Ivoiriens près de 5 fois chacun. Pour ces nationalités, il s’agit
d’une migration aussi bien masculine (77.4%) que féminine (22.6%).
1-1- Une proportion 80.5% des subsahariens polarisés par le territoire de Tanger ont
moins de 30 ans et ont afflué entre 2013 et 2016.
Sur la base d’un échantillon aléatoire mais représentatif de 200 migrants candidats à la
régularisation administrative de 2014, il s’agit d’une immigration masculine (85.5%) de
jeunes dont l’âge se situe à moins de 30 ans (80.5%), notamment des Camerounais, des
Sénégalais (19.5%), des Ivoiriens (15%), des Géniens (14.5%), des Maliens (12%) et des
congolais (11%). Sur le plan linguistique, 50% de ces migrants parlent le malinké (16%), Le
wolaf (13.5%), Le paular (11%) et le français (10%).
7 Les Commissions locales de régularisation sont constituées des représentants du wali de la région, du préfet de
police ou de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), de la gendarmerie royale, de la Direction de la
surveillance du territoire (DST), de la Direction générale des études et de la documentation (DGED) et de deux
associations locales désignées sur proposition du CNDH.
39
Tableau n°2- Identité des migrants subsahariens candidats à la régularisation de 2014
Genre Nationalités Langue Maternelle
Masculins
Nb %
Camerounaise
Nb %
Malinké
Nb %
171 85.5 58 29.0 32 16
Féminins 29 14.5 Sénégalaise 39 19.5 Wolaf 27 13.5
Total 200 100% Ivoirienne 30 15.0 Paular 22 11
Age Génien Conakry 29 14.5 Français 20 10
Age Nb % Malienne 24 12.0 Bambara 18 9
< 18 ans 5 2.5 Congolaise RDC 10 5.0 Lingala 12 6
19-30 156 78 Congolaise 10 5.5 Bamiléké 11 5.5
31-45 38 19
Total
200
100%
Bassa 11 5.5
>46 1 0.5 Autres 47 23.5
Total 200 100% Total 200 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
Le profil de migrants quant à leurs pays d’origine peut varier dans le contexte de cette
nouvelle vague d’immigration d’un bureau des étrangers à l’autre et d’une ville à l’autre. Les
réseaux communautaires de migration sont actifs et orientent, communautairement, les
migrants vers telle ou telle commission locale, en fonction des liens entretenus ou de
l’affrontement subit dans le cadre de la migration régulière ou irrégulière.
1-2- 82.5% des subsahariens n’ont effectué qu’une seule entrée dont 60% sont
accompagnés
L’impact de la régularisation administrative sur la mobilité migratoire récente est important. Il
est même à certain égard psychologique ; dans d’autres, il est plus, une stratégie légitimée du
début d’un processus de transit déguisé. En effet, sur les 200 migrants enquêtés sur le site de
Tanger, 79% ont gagné le Maroc entre 2012 et 2015. Plus de 82% sont entrés au Maroc pour
la première fois. Il s’agit d’une immigration de personnes accompagnées (60%) ayant transité
majoritairement par l’Algérie (23.3%), le Niger (14.6%) le Nigéria (13.5%) et le Mali
(10.6%).
Tableau n° 3- Date, type d’entrée des subsahariens demandeurs de régularisation
(2014) dans le tangérois par pays d’étapes
Date d’Entrée Type d’Entrée Pays Etapes
2003
Nb %
Seul
Nb %
Algérie
Nb %
1 0.5 80 40 98 23.3
2009 1 0.5 Accompagné 120 60 Niger 62 14.6
2010 5 2.5 Total 200 100% Nigeria 57 13.5
2011 10 5.0 Nombre d’Entrée Nb % Mali 45 10.6
2012 30 15 1 165 82.5 Mauritanie 25 5.9
2013 44 22 2 27 13.5 Sénégal 24 5.7
2014 37 18.5 3 1 0.5 Cameroun 18 4.2
2015 47 23.5 4 - - Autres 18 4.2
2016 11 5.5 5 5 2.5 S.R 76 18.0
S.R* 14 7.0 6 et plus 2 1.0
Total
423**
100% Total 200 100% Total 200 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
*Sans Réponse ** Un migrant peut utiliser plus d’une étape.
40
Il ne s’agit pas de migrants ignorants confiants leur sort à des passeurs itinérants mais de
jeunes instruits relativement organisés, parfaitement renseignés sur la trajectoire migratoire.
Le recoupement des villes de départ avec les villes traversées et les villes fin d’étapes,
confirme bien cette tendance. Dakar, Douala, Abidjan, Yaoundé, Bamako, Conakry et
Kinshasa remplissent formellement le rôle de tête de réseau de départ pour une proportion de
86%. Bamako, Tamanrasset, Dakar, Maghniyya, Oran, Adrar, Nouakchott, Tlemcen, Agadez
fonctionnent comme récepteurs-redistributeurs- relais de la mobilité migratoire à raison de
40%. Finalement, les villes destinations comme Tanger, Casablanca, Oujda, Fès, Dakhla,
Nador, Laâyoune et Agadir polarisent en fin de parcours plus de 50% des migrants candidats
à la régularisation.
Tableau n° 4- Villes de départs et de parcours migratoires des migrants
subsahariens demandeurs de régularisation en 2014
Villes de départ Villes traversées
et fin d’étapes
Dakar
Nb %
Tanger
Nb %
33 16.5 105 17.4
Douala 32 16.0 Casablanca 78 12.9
Abidjan 30 15.0 Bamako 47 7.8
Yaoundé 27 13.5 Oujda 43 7.1
Bamako 21 10.5 Tamanrasset 38 6.3
Conakry 18 9.0 Fès 34 5.6
Kinshasa 11 5.5 Dakar 33 5.5
Brazzaville 7 3.5 Maghniyya 25 4.1
Siguiri 4 2.0 Oran 22 3.6
Kankan 4 2.0 Dakhla 19 3.1
Aglal 4 2.0 Adrar 18 3.0
Boké 3 1.5 Nouakchott 18 3.0
Pointe noire 2 2.0 Nador 15 2.3
S.R 4 2.0 Tlemcen 14 2.3
Total 200 100% Agadez 13 2.1
Date de départ Laâyoune 13 2.1
2003-2009 6 3.0 Agadir 13 2.1
2010-2012 50 25 Douala 9 1.5
2013-2016 112 56 Marrakech 2 0.3
S.R 32 16 Tiznit 1 0.2
Total
200
100%
S.R 42 6.9
Total 602* 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana,
Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
* Un migrant peut utiliser plus d’une ville de passage
1-3- Presque la moitié des immigrants sur le territoire de Tanger détienne un niveau
d’études supérieur ou secondaire
2% des migrants enquêtés sont sans niveau d’instruction. 97.2% détiennent un niveau
d’instruction acceptable. En effet, 11% ont un niveau supérieur, 39.5% lycéen et 33.6%
collégien. Le niveau primaire concerne uniquement 11% des migrants candidats à la
régularisation. Il s’agit là d’un profil nouveau par rapport à la période 2004-2007 où le profil
41
d’instruction des interceptés subsahariens fut beaucoup moins élevé (Lahlou M, 2005). Cette
fois, il est question de diplômés Bac et Bac +4 (31.5%) qui revendiquent d’ailleurs, le droit
d’équivalence de diplômes. Sur le plan de la formation professionnelle, on est face à des
techniciens spécialisés (12%), techniciens (33.7%) et des personnes qualifiées (39.8%). Il est
à préciser que 90% des migrants candidats à la régularisation parlent et écrivent le français,
près de 8% maitrisent l’anglais. L’arabe parlée et écrite concerne à peine 2% parmi les
migrants. C’est pourquoi l’apprentissage de la langue arabe est une revendication affichée.
Tableau n°5- Niveau d’études et compétence linguistique des subsahariens demandeurs
de régularisation en 2014
Niveau d’études Diplômes obtenus
Oui
Nb %
Technique
Fondamental
%
Technicien
spécialisé
Nb %
License
6
3.0 10 12
Deug 3 1.5
195 97.5 Technicien 28 33.7 Bac 54 27.0
Non 4 2.0 Qualification
professionnelle
33 39.8
Autres
99
49.5
S.R 1 0.5 Autres 12 14.5 Aucun 33 16.5
Total 200 100%
Total
83
100%
S.R 5 2.5
universitaire 22 11 Total 200 100%
Lycéen 77 38.5 Langue parlé Langue écrite
Collégien 66 33.6
Français
Nb %
Français
Nb %
Primaire 22 11 187 88.6 184 92
Autres 8 4 Anglais 19 9.0 Anglais 13 6.5
Total
200
100%
Arabe 11 2.4 Arabe 3 1.5
Total 211 100% Total 200 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
Il faut le reconnaître, il ne s’agit pas grosso modo d’une force de travail mais d’une classe
moyenne inférieure qui était insérée dans le marche de travail mais dont le salaire ne lui
convenait pas pour subvenir aux nombreux besoins de la vie dans un contexte de sécurité
menacé, soit par les génocides tribales, Beaucoup Haram et les insurrections de pouvoir liées
à la mondialisation et au libéralisme sauvage.
2-Les réseaux communautaires et familiaux fonctionnent toujours pour cette nouvelle
vague d’immigration subsaharienne
Le projet migratoire reste toujours un projet familial voire même communautaire. Le migrant
seul ne représente que 40% du contingent migratoire candidat à la régularisation. Ce fait est
d’importance puisque la majorité écrasante de cette nouvelle vague de migrants, finance le
péril migratoire grâce à l’épargne constitué souvent dans un cadre familial ou par le
financement direct des membres de la famille. Le réseau migratoire communautaire va de son
côté faciliter l’accueil et l’insertion autant que peut, dans le pays d’installation et/ou de transit.
2-1- 92% ont gagné le territoire de Tanger grâce aux rapports établis au sein des
réseaux communautaires et/ou familiaux
42
Comme on peut le constater d’après le tableau ci-dessous, le travail dans le pays d’origine
n’arrive pas à subvenir aux besoins des migrants. Encore moins, permettre un soutien
significatif pour le périple. Il contribue uniquement à hauteur de 1.5%. Se sont l’aide
financière familiale (47.5%) et l’épargne (44.5%) qui permettent de prendre en charge le
périple migratoire que se soit dans le cadre d’un réseau informel (51.5%) ou formel (11%).
Ainsi, 59.5% reçoivent de l’aide familiale notamment financière (68.7%).
Tableau n° 6-Périple des subsahariens demandeurs de régularisation (2014)
Financement du périple Voyage organisé Aide reçue
Epargne
Nb %
Réseau informel
Nb %
Oui
Nb %
89 44.5 103 51.5 119 59.5
Famille 95 47.5 Réseau formel 22 11.0 Non 81 40.5
Travail 3 1.5 S.R 75 37.5 Total 200 100%
Autre 13 6.5 Total 200 100% Nature de l’aide
Total 200 100% Personnes contactées
Financière
Nb %
Voyage entrepris par Amis 27 13.5 112 68.7
Vous-même
Nb % Membres famille 16 8.0 Nourriture 19 11.7
80 40 Autres migrants 41 20.5 Hébergement 32 19.6
Groupe d’amis 120 60 Internet 33 16.5
Total
163
100%
Total
200
100%
S.R 83 41.5
Total 200 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
Ensuit, intervient alors le « corps » des migrants pour orienter et organiser le voyage.
Un groupe d’amis migrants et des membres de la famille peuvent s’impliquer à hauteur de
42% dans l’organisation du voyage. L’internet (16.5%) permet de mettre le réseau en contact
tout au long de processus de mobilité pour faciliter l’accueil et l’hébergement dans les pays
d’accueil ou de transit (19.6%). La proportion des Sans réponses (S.R.) varie d’une question à
l’autre selon le degré de pertinence, la mentalité des migrants et leur positionnement
personnel, politique et sur la question du transit, d’accueil, de projet migratoire propre, de
rapport de forces … mais, elle nous permet de comprendre, indirectement, l’orientation
générale du candidat tout au long du questionnaire pour émettre une appréciation
méthodologique sur l’ensemble des résultats de l’enquête. En d’autres termes, n’ayant pas
d’opinion sur une question pertinente, c’est en soi une réponse.
2-2- Le même réseau facilite l’accueil, l’hébergement et le soutien nécessaire
Une fois arrivé à destination, ici le territoire de Tanger, se sont les amis migrants et les
membres de la famille et les compatriotes en termes communautaire (92.5%) qui vont faciliter
l’accès au logement d’une manière programmée mais toujours informelle puisqu’en matière
du logement, la régularisation n’a rien prévue à ce sujet. Ce qui explique l’apport quasi nul
des organisations régulières à porter soutien (1.5%).
43
Tableau n° 7- Fonctionnement des réseaux subsahariens demandeurs de
régularisation (2014)
Destination Tanger à travers
Amis
Nb %
133
66.5
Membres Famille 52 26
Compatriotes 50 25
Un réseau informel 49 24.5
Organisation 3 1.5
Total 200 100%
Situation dans le logement
Locataires
Nb %
136 68
Camps/forêts/Ghettos 42 21
Autres 22 11
Total 200 100%
Quartiers de Résidence à Tanger
Irfane 1
Nb %
33 16.5
Ifrane 2 195 97.5
Mesnana 28 14
S.R 1 0.5
Total 200 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana,
Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
Ceci fait réorienter un bon nombre de migrants vers le réseau informel d’accueil
(24.5%) malgré le risque d’interception juridique et d’altération du projet migratoire
individuel farouchement gardé secret malgré les déclarations recueillies. C’est la raison pour
laquelle, le marché locatif absorbe 68% des migrants candidats à la régularisation.
II- Facteurs et acteurs de la mobilité migratoire pour la régularisation
Autre caractéristique nouvelle de cette migration candidate à la régularisation, c’est le profil
général des migrants issus, selon leurs déclarations, des milieux urbains (93.5%). Insérés
dans l’activité à raison de 64% à la fois comme permanents (33.6%) et comme salariés
occasionnels (36%) dans leurs pays d’origine, les nouveaux migrants sont aussi commerçants
et artisans (21%). Cependant, l’insuffisance du revenu (71.9%) et la saisonnalité du travail
(29.5%) sont à l’origine de leur mobilité. Bien qu’ils ne déclarent que rarement l’aspect
politique (Belguendouz, 2009), religieux et anthropologique d’une manière précise comme
facteur déstabilisateur à l’origine d’un mal vivre qui s’instaure face à une gouvernance
incomplète généralisée, les migrants se tournent vers un aspect dignitaire qui est les
conditions du logement.
1- Des migrants célibataires issus du milieu urbain et insérés dans le milieu du
travail dans le pays d’origine mais qui cherchent une vie meilleure
44
51.5% de migrants déclarent un taux d’occupation du logement moyen de 10 personnes/
logement, voire même 13 personnes (22.5%). Sachant que le parc immobilier se constitue de
baraques et de chambres à un niveau de 41%, il est facile d’imaginer la situation
d’entassement des logements avec tout ce que cela peut impliquer en termes de défaillance
sanitaire et environnementale. Ceci est d’autant plus grave qu’un tiers du parc immobilier
vétuste abrite deux couples par foyer.
Tableau n° 8- Activités et conditions du logement des migrants subsahariens
demandeurs de régularisation en 2014
Milieu de résidence
Au pays d’origine
Domaine d’activité Personnes/
Logement
Urbain
Nb %
Commerçants
Nb %
<5
Nb %
187 93.5 24 12 36 18
Rural 13 6.5 Artisans 18 9.0 6-10 103 51.5%
Total 200 100% Employés 39 19.5 11-13 45 22.5
Travail Gardiennage 1 0.5 14-16 16 8.0
Oui 128 64 Agriculture 1 0.5 Total 200 100%
Non 72 36 Saisonnier 59 29.5 Personnes/
pièce
Total 200 100% Autre 53 26.5 Nb %
Situation dans le travail S.R 5 2.5 <3 041 70.0
Permanent 43 33.6 Total 200 100% 4-5 01 25.0
Occasionnel 81 63.3 Type de logement 6-7 8 4.0
Autre 4 3.1 Appartement 54 27.0 8 et
plus
2 1.0
Total 128 100% Baraque 46 23.0 Total 200 100%
Salaires Chambre 36 18.0 Couples/Foyer
Moyen 10 7.8 Autre 63 31.5
1
Nb %
112 56.0
Faible 26 20.3 S.R 13 0.5 2 55 27.5
Insuffisant 92 71.9
Total
200
100%
3 8 4.0
Total 128 100% Autres 25 12.5
Total 200 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
2- La fermeture des frontières pour les uns et non pour les autres, complique la donne
régularisation, augmente les frais du périple et nécessite plus d’un intermédiaire
L’opération de régularisation aspire à réorganiser le champ migratoire notamment
subsaharien sur des bases nouvelles qui permettent au Maroc d’une part, de rester fidèle à la
politique européenne consolidant la position du pays face à l’émigration irrégulière et au
terrorisme. L’enjeu des deux rives méditerranéennes est important8. D’autre part, il est
8 Notons que cette consolidation peut englober même le programme spatial du Maroc. La mise en orbite du
premier satellite marocain d’observation lancé le 8 novembre 2017 par le Consortium Thales Alenia Space
depuis la Guyane française n’est pas le fait du hasard. C’est l’aboutissement d’un contrat de 500 millions
d’Euros signée en 2013 avec la France pour le lancement de deux satellites. Non plus ce n’est pas le fait du
hasard que la date de la signature du contrat coïncide avec La déclaration Conjointe de Partenariat de Mobilité
entre le Royaume du Maroc et l’UE et ses Etats Membre à propos des traites des Etres Humains signé en 2013.
Celle-ci réactive à la fois .le partenariat UE-Maroc, en particulier sur la base de l'accord euro-méditerranéen
d'association en vigueur depuis mars 2000, le Plan d’action UE Maroc de 2005, établi dans le cadre de la
45
l’initiateur d’un partenariat stratégique sud-sud. Entre la dimension européenne et africaine, il
y a le dossier du Sahara marocain et tous le processus politique y afférant qui fait que
l’instauration du visa pour les uns et non pour les autres est une affaire sécuritaire certes, mais
aussi politique. Cet état de la question, explique clairement les inégalités quantitatives en
termes de nationalités subsahariennes sur la territorialité tingitane. L’opération de la
régularisation depuis le lancement de l’idée en 2012 va amener des flux de migrants réguliers
(37.5%) détenteurs d’un visa de tourisme en particulier qui vont atterrir dans l’Aéroport
Mohamed V de Casablanca-Anfa (18.5%). C’est le cas notamment des Nigériens, des
Togolais, des angolais, des Gambiens et des centre-africains9.
Tableau n° 9- Activités et conditions du logement des migrants subsahariens
demandeurs de régularisation en 2014 dans le territoire deTanger
Régularité d’entrée au
Maroc
Type de visa Nationalité du passeur
Régulièrement
Nb %
Tourisme
Nb %
Algérienne
Nb %
75 37.5 16 8.0 66 47.1
Irrégulièrement 125 62.5 Etudes 1 0.5 Malienne 27 19.3
Total 200 100% Travail 1 0.5 Marocaine 26 18.5
Moyen de transport utilisé S.R. 182 91.0 Nigérienne 12 8.6
Avion 60 18.5 Total 200 100% Guinéenne 5 3.7
Pieds 118 36.4 Saisonnier 59 29.5 Sénégalaise 4 2.8
Voiture 139 42.9 Autre 53 26.5
Total
140
100% Bateau 1 0.4 S.R 5 2.5
Autres 6 1.8
Total
200
100% Total 324 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
Cette remarque est valable aussi pour les migrants irréguliers et les passeurs de nationalités
dispensées de visa10
: passeurs Algériens (47.1%), Maliens (19.3%), Nigériens (8.6%).
III-Régularisation et intégration : que couvrent les mots ?
Bien que le taux de la première régularisation de 2014 fut relativement élevé : 89.3%
ou 67% selon le Ministère des MRE, cette opération a fait couler beaucoup d’encres.
Plusieurs ONG se sont penchées sur le déroulement de cette opération pilote à l’échelle de
l’Afrique. L’opération en soi, est jugée extrêmement intéressante et innovatrice pour un pays
lui-même d’émigration. Cependant, son déroulement à travers les différents bureaux des
Politique Européenne de Voisinage (PEV), ainsi que le renforcement des relations bilatérales (Statut Avancé) de
2008 et le Plan d’action pour la mise en œuvre du Statut avancé (2013-2017). Ainsi que les processus régionaux
et internationaux impliquant le Maroc et l'UE, notamment le Dialogue Euro-africain sur la Migration et le
Développement (Processus de Rabat), le Dialogue UE-Afrique, le Partenariat euro-méditerranéen, le Dialogue
5+5 et le Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD); TENANT COMPTE également du
Dialogue ACP-UE sur la migration, sur la base de la Convention de Cotonou …
9 Rappelons que le classement de l’Africa visa Opennes report a publié, en 2016 avec la collaboration de
l’Union africaine et le FEM un rapport qui classe le Maroc parmi les pays les moins ouverts aux africains. Il a
occupé la 41ème
place sur 54 pays (p.11). 10
9 pays peuvent entrer et sortir du Maroc sans visa : l’Algérie, le Congo Brazzaville, la Côte d’Ivoire, le Gabon,
la Guinée, le Mali le Niger, le Sénégal et la Tunisie.
46
étrangers et les commissions locales manquait de concertations à propos des appréciations-
interprétations des documents justificatifs, d’information, de notifications, de la confirmation
de la durée du séjour, des modalités des recours, de tempérament individuel de la part des
responsables territoriaux, de refus motivés et parfois même de disponibilité ou non du
formulaire d’inscription. Le problème de la communication s’est posée aussi avec les
migrants de l’Afrique de l’Ouest qui ne parlent pas le français.
1- Un taux de régularisation de 66% en 2014
A l’image des résultats obtenus à l’échelle du Maroc, les bureaux des étrangers puis la
commission locale de Tanger a réalisé un taux de régularisation de 79.4%. C’est –à-dire 1554
régularisations sur 1957 demandes, soit un score de 6.2% à l’échelle de la régularisation
nationale. Sur l’ensemble du déroulement de l’opération, la remarque la plus généralisée est
celle formulée à propos des critères de régularisation à assouplir11
. Certains ONG ont opéré
des évaluations notamment dans les provinces sahariennes12.
Tableau n°9- Régularisation des migrants subsahariens demandeurs de régularisation
1ère
régularisation en 2014
Nationalité Demandes ayant eu l’avis favorable Nationalité Demandes avis favorables
Homme Femme Total Homme Femme Total
Camerounaise 98 39 137 Congolaise 9 11 20
Congo RDC 34 10 44 Gambienne 6 1 7
Egyptienne 9 1 10 Brésilienne 0 1 1
Française 5 5 10 Philippine 0 10 10
Guinéenne Conakry 48 12 60 Espagnole 3 2 5
Ivoirienne 45 46 91 Anglaise 1 0 1
USA 0 1 1 Mauritanienne 7 1 8
Malienne 77 21 98 Sierra Leone 3 0 3
Nigérienne 178 90 268 Palestinienne 2 2 4
11 La circulaire régissant l’opération de régularisation de la situation de Séjour des étrangers, publiée le 16
décembre 2013 a adopté 5 critères pour l’opération de régularisation concernant les catégories d’étrangers
suivants : Les étrangers conjoints de ressortissants marocains; les étrangers conjoints d’autres étrangers en
résidence régulière au Maroc; les enfants issus des deux cas susvisés; les étrangers disposant de contrats de
travail effectifs; les étrangers justifiant de 5 ans de résidence continue au Maroc et les étrangers atteints de
maladies graves. 12
Selon un rapport de la mission d’observation conjointe publié en 2014 par l’Alcema, le collectif des
Communautés Subsahariennes au Maroc, GADEM et la Mission Catholique de Nouadhibou sur la situation des
migrants du Sud du Maroc, « l'examen des demandes de régularisation est caractérisé par une interprétation
étroite et une application stricte des critères. Ce qui a conduit à un nombre très limité de réponses positives,
malgré une meilleure intégration sociale et économique des populations migrantes au Sahara que dans le reste
du Maroc ».
47
Sénégalaise 240 90 330 Béninoise 1 3 4
Sud Soudan 3 1 4 Bulgare 1 0 1
Syrienne 209 155 364 Algérienne 3 1 4
Tchadienne 1 1 2 Libyenne 5 1 6
Somalienne 1 0 1 Pakistanaise 1 0 1
Libérienne 9 2 11 Tunisienne 1 1 2
Ghanéenne 7 1 8 Du Niger 2 0 2
Togolaise 4 0 4 Guinée Bissau 2 1 3
Angolaise 2 2 4 Centre africaine 1 2 3
Burkinabé 5 0 5 Guinée équatorial 0 1 1
Indienne 3 0 3 Arabie saoudite 2 0 2
Comorienne 1 0 1 Belge 0 1 1
Jordanienne 1 0 1 Péruvienne 0 1 1
Madagascar 1 0 1 République de Maurice 1 0 1
Zimbabwe 1 0 1 Iranienne 0 1 1
Indonésienne 0 2 2 Ougandaise 1 0 1
Total 982 479 1461 52
41 93
Total Général : 1554= Taux de régularisation : 79.4% au niveau du territoire de Tanger
Soit : 6.2% à l’échelle nationale
Source : Bureaux de la commission locale de Tanger
Concernant le territoire de Tanger, six nationalités ont accaparé la régularisation avec un
taux de 63%. Il s’agit par ordre d’importance des migrants Sénégalais (33.8%), Nigériens
(26.8%), Camerounais (14%), Maliens (10%), Ivoiriens (9.3%) et Guinéens (6.1%). La
présence migratoire féminité chez ces nationalités varie entre 1/3 (Sénégalaises,
Nigériennes, Camerounaises) et ¼ (Maliennes, Ivoiriennes). Les Guinéennes quant à elles ne
représentent qu’à peine 1/5 dans la masse migratoire de ce pays. A côté de ses critiques, il y a
l’appréciation des concernés eux-mêmes par l’opération de régularisation. Sur le terrain,
l’enquête a révélé un taux de régulation de 45.2% et de non régularisation de 46.6% et 8.2%
en attente. A vrais dire, le contingent migratoire lui aussi, il a sa petite « stratégie », il croit
que l’opération de régularisation n’est qu’une forme de contrôle indirecte de l’immigration
clandestine qui risque de les refouler. C’est pourquoi, ils refusent même de s’exprimer sur
cette question. Sur 200 migrants enquêtés, 73 ont déposé. 114 n’ont pas déposé et 13 cas ont
été refusés. Certains ont même déposé, mais sans attendre le résultat, ils se sont déplacés
ailleurs.
1-1- Une régularisation partiellement satisfaisante selon les subsahariens
Au-delà du chiffre, le degré qualitatif d’intégration ou de sous-intégration exprimé par les
subsahariens sur le territoire de Tanger reflète fidèlement s’ils sont satisfaits ou non de la
régularisation. En ce sens, il faut dissocier entre la régularisation comme fait politique et la
48
régularisation comme effet économique et social sur le terrain. En effet, les problèmes liés
aux critères de la régularisation sont nombreux FIDH/GADEM, 2015) 13
.
Pour le territoire de Tanger, à en croire les enquêtés, 70% des régularisés ne se sentent pas
chez eux. 64.5% n’arrivent pas à communiquer avec leurs amis et réseaux. 88.5% éprouvent
des difficultés à accéder à un logement soit par rejet du marché locatif (39.7%) soit par la
cherté des loyers (33.8%). Même lorsqu’ils arrivent à décrocher un loyer, ils sont aussitôt
affrontés à la question des charges (eaux et électricité : 51%).
Tableau n° 10- Degré d’intégration/sous intégration des migrants subsahariens
demandeurs de régularisation en 2014
Sortir avec les amis Situation des colocataires
Nb. de personnes / logement
Personnes/
Logement
Oui
Nb %
< 9
Nb %
< 5
Nb %
56 28.0 95 87.2 36 18
Non 129 64.5 10-17 11 10.1 6-10 103 51.5%
S.R. 15 7.5 18-26 1 0.9
Total 200 100% 27-35 - - 11-13 45 22.5
Sentir chez soi 36-44 - - 14-16 16 8.0
Oui 56 28.0 45 et plus 2 1.8
Total
200
100% Non 140 70.0 Total 109 100
S.R. 4 2.0 Au niveau des charges eau
potable et électricité
Personnes/
pièce
Total 200 100% Oui 102 51.0
<3
Nb %
Difficultés du logement Non 16 8.0
041
70.0 S.R. 82 41.1
Oui 177 88.5 Total 200 100% 4-5 01 25.0
Non 15 7.5 Autres difficultés 6-7 8 4.0
S.R 8 4.0 Oui 170 62.3 8 et plus 2 1.0
Total 200 100% Non 20 8.7 Total 200 100%
Types de difficultés S.R. 10 29.0 Couples/Foyer
Arnaque 39 14.3 Total 200 100%
1
Nb %
112 56.0
Intermédiaires 13 4.8 Accès au travail 2 55 27.5
Refus des
propriétaires
108 39.7
Amis Nb % 3 8 4.0
895 42.5
13
La circulaire de régularisation prévoit la présentation de documents supplémentaires relatifs à chacune des
catégories. D’un côté, à propos des étrangers conjoints d’autres étrangers en résidence régulière au Maroc, il est
nécessaire de fournir une copie du titre de séjour de l’étranger résidant régulièrement au Maroc et une copie du
contrat de mariage dont la date doit être antérieure au 31 décembre 2009. Tandis que pour les étrangers
disposant de contrats de travail, il faut joindre les attestations de travail délivrées par l’employeur prouvant que
les intéressés exercent régulièrement un travail au Maroc depuis au moins le 1er janvier 2012. De l’autre côté,
pour les étrangers conjoints de ressortissants marocains, il est nécessaire de présenter une copie du contrat de
mariage dont la date doit être antérieure au 31 décembre 2011. Enfin, pour les enfants issus des deux cas
précités, il est obligatoire de présenter une copie d’extrait d’acte de naissance délivré par les autorités du pays
d’origine ou un certificat de naissance délivré par un établissement hospitalier marocain public ou privé. Plus
exigent encore, les étrangers atteints de maladies chroniques, sont obligés de présenter une attestation médicale
du médecin traitant appelé à prouvé la maladie chronique et à fournir la présomption de séjour de ces étrangers
au Maroc avant le 31 décembre 2013.
49
migrants
Loyer élevé 92 33.8 Amis
marocains
14 7.0 Aucune 25 12.5
Papiers exigés 14 5.1 Autres 4 2.0 Total 200 100%
S.R. 97 48.5
Total 200 100%
Situation
irrégulière
6 2.2 Trouver une aide chez
Total 272 100%
Voisins Marc.
Nb %
Subsahariens
Nb %
Conditions de travail Oui 34 34.7 Oui 68 69.4
Satisfait
Nb % Non 64 65.3 Non 30 30.6
3 2.9
Non satisfait 102 97.1
Total
200
100%
Total
98
100% Total 105 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
Les facilités obtenues pour l’accès au travail lorsqu’ils sont possibles, sont assurés par le
réseau migratoire et communautaire lui-même (42.5%). C’est ce dernier qui leur apporte
soutien élémentaire (69.4%). Le problème de sous-emploi affecte directement le mode
d’habiter à contrainte. Ils sont moins de 9 personnes comme colocataires dans un appartement
(87.2%), voire même 10 à 17 individus (10.1%). Le taux d’occupation d’un logement est de 5
personnes (18%), il peut atteindre facilement 10 personnes (51.5%). Une pièce dans un
logement peut abriter moins de 3 personnes (70%), elle peut supporter 5 personnes (25%).
Souvent deux couples s’installent dans un seul logement (27.5%).
1-2- Le CRDH, un instrument de sensibilisation incontournable, mais il n’est pas
un organe de décision
Mis à part le travail des ONG, l’articulation du CRDH sur la question de la régularisation
est pertinente en matière de sensibilisation. Sur 70 migrants ayant été sensibilisés sur la
régularisation, le CRDH en a sensibilisé 52.9% pour 40% pour les associations d’immigrants
et de développement. Le rôle des autorités locales et des syndicats du travail est minime. Un
effort considérable et des mécanismes d’approche-accompagnement des émigrés aussi bien
par les autorités publiques que par les ressources universitaires à travers des Forums et plates-
formes de discussion et de sensibilisation, doivent combler le vide. Un fait réel à signaler,
c’est que les migrants subsahariens sont en position de faiblesse et n’osent pas déclarer
directement leurs appréciations au sujet de la régularisation.
50
Tableau n° 11- Activités et conditions du logement des migrants subsahariens
demandeurs de régularisation en 2014
Régularisation Demande d’inscription de
régularisation
Sensibilisation à la
régularisation
régularisés
Nb %
Oui
Nb %
Oui
Nb %
33 45.2 73 36.5
Non
régularisés
34 46.6 Non 114 57.0
52
26.0
En attente 6 8.2 Refusés 13 6.5 Non 148 74.0
Total
73
100%
Total
200
100%
Total
200
100%
Pour les régularisés Pour les refusés Total 200 100%
Satisfait 6 18.2 Aucune
notification
16 47.1 Organisme de
sensibilisation
Partiellement 21 63.6 Pas de
réponse
4 11.8
CNDH
Nb %
2 2.9
Non satisfait 6 18.2 Justificatif
manquant
4 11.8 CRDH 37 52.9
Associations 28 40.0
Total
33
100%
Durée
d’installation
insuffisante
10 29.3 Autorités 2 2.9
Syndicat
1
1.4
Total 34 100% Total 70 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
Les 34 cas non régularisés enquêtés ayant pu déclarer les causes du refus ont signalé par
ordre d’importance : l’absence de notification, l’insuffisance de la durée d’installation,
abstention de réponse et de justificatifs manquants. En effet, les ONG spécialisées dans la
migration et les droits de l’Homme ont largement signalés les dysfonctionnements juridiques,
administratifs et comportementaux liée au déroulement de la première régularisation. Le
CRDH, malgré son rôle important de proximité n’est pas un organe de décision, les ONG ont
exigé alors, le suivi de cette opération par le CNDH14
. D’ailleurs l’évaluation de la
régularisation au niveau de Dakhla, Boujdour et Laâyoune en 2014 par Alecma, CCSM,
GADEM et la MCN a dénombré beaucoup de dysfonctionnements à inverser la tendance.
Renouvellement de carte de séjour et déplacements, le regroupement familial, reconnaissance
de visa d’étudiants, entassement près des frontières, délivrance de carnet de naissance aux
enfants nouveau-nées sur le sol marocain mais sans passeport, refus de certificat de naissance
lorsque l’acte de mariage fait défaut, inefficacité de la carte de séjour pour y accéder au
marché locatif, contrat de travail non conforme, racisme social et de travail notamment dans
le nord du Maroc…
14
La Commission Nationale sous la présidence du CNDH a démarré le 27 juin 2014, elle a pour mission
d’assurer le suivi de l’opération de régularisation, de procéder à des évaluations régulières de son déroulement
ainsi que la formulation de toute proposition susceptible d’améliorer le déroulement de l’opération de
régularisation et enfin, d’examiner les doléances des migrants qui ont déposé un dossier de demande de
régularisation et dont la requête a été rejetée en premier recours avec ou sans motivation.
51
En dépit de ce qu’est c’est passé dans le déroulement de la première opération de
régularisation, il est certain que la deuxième opération 2017-2018 sera plus contrôlée,
davantage concertée et peut être plus souple en matière de critères. Malgré la complexité de la
dimension sécuritaire, le contenu de la régularisation dépend plus de l’intention réelle des
migrants subsahariens. Autrement dit, bien qu’ils affichent ce type d’immigration comme
étant une migration de travail (34.4%) et d’amélioration de niveau de vie (20.3%), est ce que
le Maroc satisfait leurs attentes déclarées et non déclarées ?
Tableau n° 12- Recommandations des subsahariens demandeurs de régularisation
(2014) pour une intégration meilleure des régularisés dans le territoire de Tanger
Propositions
Offre d’emplois
Nb %
124
34.4
Régularisation plus étoffée 73 20.3
Sensibilisation des marocains à propos des la situation dramatique des migrants 50 2.2
Accès au logement 38 2.5
Respect des costumes des migrants 32 10.6
Accès aux soins et sécurité médicale 22 6.1
Salaires égalitaires avec les marocains 9 13.9
Reconnaissance des Diplômes 8 1.1
Apprentissage de l’arabe 4 8.9
Total 360 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
Le taux d’abstention reste encore très élevé, certains migrants pour ne pas dire réseaux
migratoires commencent à s’infiltrer dans les circuits de trafic de drogue à partir des présides
espagnoles, les frontières de Sebta et Mellilia sont périodiquement grillées par force, la
mendicité organisée est partout dans les villes productrices de la valeur ajoutée financière
(Rabat, Casablanca, Tanger, Fès, Agadir). Les rondpoints sont partagés de droit par la force.
Ceux parmi les subsahariens régularisés sont insatisfaits, le travail ne leur convient pas, le
logement leur est fermé, le racisme à leur égard est localement affiché lorsqu’ils squattent des
logements ou lorsqu’ils profanent un cimentière ou investissent une église. Où va-t-on ? est
donc, une question légitime. Pour essayer de sortir de cet impasse on a posé directement la
question si le Maroc oui ou non est un pays de transit pour les subsahariens ou il est entrain de
devenir un pays d’accueil ?
2-Le Maroc, un pays d’installation ou de transit ? Le choix difficile
Sur le plan juridique et conventionnel, le Maroc est voulu, politiquement, un pays
stoppeur de l’émigration irrégulière vers l’Europe. Un rôle que le Maroc joue foncièrement.
Or, cela n’empêche que des réseaux de trafic d’êtres humains s’organisent et agissent de
temps à autre selon la concentration ou le relâchement de la surveillance d’un pays. Des fois
c’est à l’initiative des migrants eux-mêmes15
selon des logiques allant de l’individuel ou
15
Précisant qu’en 2013 le drame de Lampedusa a provoqué 366 mots. En 2015 encore, le bilan de morts de
migrants dans la Méditerranée occidentale fut de 26 personnes, en Méditerranée centrale le chiffre avoisine les
1560 morts peut importe un pays ou l’autre, qu’il s’agisse de subsahariens ou de maghrébins, le bilan est
52
communautaire passant par le familial. La mondialisation configure le politique dans un sens
mais, le social peut tendre vers un autre sens en fonction des contextes locaux, tribaux,
familiaux voire même à l’échelle d’un couple.
2-1- Le projet migratoire de départ vers l’Europe, notamment l’Espagne, est
une réalité forte face à la tentation de rester sur le sol marocain, notamment
tengérois
Lorsqu’on a élargie le champ de l’anonymat sur la question si le Maroc est un pays
d’accueil ou de transit ?, le migrant subsaharien semble se dégager d’une implication
personnelle dont il n’a pas besoin de coller. Ici, les réponses sont abondantes mais peut-être
idéologiquement enveloppées. Ainsi, 60.6% ont clairement déclaré que pour eux le Maroc est
un pays de transit vers l’Europe. 38.4% considèrent le Maroc comme un pays d’accueil. Dans
l’interférence des déclarations, une proportion de 34% déclare les deux. Ici, la proportion de
non réponse est réduite à 1%. C’est comme si l’enquêté disait « un pays de transit mais je ne
suis pas si sûr ». Quoiqu’il en soit, il est certain que l’immigré subsaharien cherche non pas
un asile politique au tangérois (1.5%) mais plutôt une intégration économique (25.5%),
sociale (42.6%) et sécuritaire (31.9%). N’importe qu’il pays peut lui offrir des garanties peut
susciter son intérêt et le polarisé. C’est tout simplement comme ça et pas autrement.
Tableau n° 13- Projets migratoires des subsahariens demandeurs de régularisation en
2014 sur le territoire de Tanger
Perception du Maroc
Pays de
En cas d’intégration Vous estimez votre
intégration possible
D’accueil
Nb %
Sociale
Nb %
Oui
Nb %
119 38.4 20 42.6
De transit 188 60.6 Insertion
professionnelle
12 25.5 44 22.0
S.R. 3 1.0 Sécurité 15 31.9 Non 68 34.0
Total 310 100% Total 47 100% Oui mais 83 41.5
Comme pays de En cas de transit S.R. 5 2.5
D’intégration 34 25.6 Financer le
transit
46 19.3
Total
200
100%
D’Asile 2 1.5 Préparation du
départ vers
.U.E
56
23.5 Votre projet migratoire est
Comme les
autres pays
97 72.9 Passage le plus
opportun
136 57.1
Définitif
Nb
%
Total 133 100% Total 238 100%
Choix du Maroc S.R 5 2.5 1 0.5
Proximité à
l’Europe
111 61.7 Total 200 100% Transitaire 142 71.0
Possibilité de
transit
39 21.7 Avez-vous regrettez le choix
du Maroc comme destination
Ne sais pas
encore
54
27.0
Contracter un
passeur
17 9.4 Nb % S.R. 3 1.5
encore lourd. L’ONU soutient que depuis 2014 jusqu’à aujourd’hui, la mer Méditerranée a englouti 10 milles
morts. Ce qui signifie qu’on le veuille ou non, le projet migratoire subsaharien et maghrébin va continuer sur sa
propre logique.
53
Paix 7 3.8 Oui 51 25.5 Total 200 100%
Possibilité de
régularisation
3 1.7 Non 145 72.5 Jugement dépendant de
Possibilité de
travail
3 1.7 S.R. 4 2.0 Mes moyens
actuels
Nb %
135 35.6
Total
180
100%
Total
200
100%
Efficacité de
régularisation
37 9.8
Perspective d’émigrer de
nouveau
Nouvelle destination
Ambitions 58 15.3
Oui
Nb % Nb % Famille 22 5.8
186
93.0
Espagne 164 60.1 Réseau
d’attache
89 23.5
Sebta 41 7.3
Îles Canaries 34 15.0
Retour au pays 20 12.5
Non 10 5.0 Lybie 12 4.4 Insécurité 33 8.7
S.R. 4 2.0 Mauritanie 2 0.7 Autres 5 1.3
Total 200 100% Total 273 100% Total 379 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
Tant qu’il existe une distance entre lui et ses besoins, il restera méfiant, mi-confiant
réellement évasif dans ses déclarations. Sur le territoire de Tanger, peut-être, parce ce dernier
est conflictuel en termes d’acceptation populaire des migrants, 71% déclarent leur projet
migratoire de transit. Ici, le projet définitif est quasi-absent (0.5%). Ceux dont la réponse est
mitigée, constituent 27%. L’enquêté raisonne, non pas en fonction de la régularisation à
attendre les fruits ni à partir d’un optimisme gratuit, mais à partir de sa bourse du moment
(35.6%), de ses ambitions à lui (35.6%) et de son réseau d’attache (23.5%). Tant qu’il est dans
« la salle d’attente », il brandit le transit comme perspectif d’une nouvelle mobilité (93%).
Bien évidement vers le « phare » le plus proche, ici l’Espagne, les Canaries (Charef M, Ben
Attou M, Wahbi M, 2015), Sebta (82.4%). Les 12% qui déclarent rentrer dans leur pays
d’origine appartiennent sans doute à cette classe moyenne inférieure qui n’a pas trouvé son
compte dans le contexte de régularisation actuelle. Elle attendra, la deuxième opération de
régularisation avant de faire le point.
2-3- Tanger, un lieu de passage opportun pour un projet migratoire de transit qui se
précise
Le choix du Maroc dans le contexte de régularisation actuelle est un choix stratégique
de transit vers l’Europe de proximité (61.7%). Le territoire de Tanger est un relais opportun
qui permet de préparer un transit convenable en mettant toutes les chances de sa réussite à
portée de la main (49.5%). Si la régularisation est une étape qui peut sécuriser la préparation
du transit, elle est la bienvenue. C’est pourquoi, malgré l’insatisfaction des régularisés, même
si 2.5% seulement des enquêtés déclarent la régularisation comme motif de mobilité,
régularisé ou pas, tout le monde va s’aligner, sans doute, sur la deuxième opération. Le
Transit en dépend.
54
Tableau n° 14- Le choix du Maroc et de Tanger dans la perspective migratoire des
subsahariens demandeurs de régularisation (2014)
Le Maroc
est un choix
Motif du choix
Nb %
Proximité de l’Europe
Nb %
Pertinent
30
15.0
124
34.4
Opportun 99 49.5 Paix- Calme 73 20.3
Temporaire 115 57.5 Aide et accueil des
marocains
50 2.2
Mauvais 13 6.5 Possibilité de régularisation 38 2.5
S.R. 3 1.1 Possibilité de préparer un
Transit
32 10.6
Possibilité de trouver un
contact
22 6.1
Possibilité de travail 9 13.9
Total 260 100% Total 360 100%
Source : Travail de terrain, sites Irfanes-Mesnana, Tanger, Echantillon de 200 migrants, 2016
Cette orientation paraît plausible lorsqu’on approche la vie civique des migrants
subsahariens16
: 90% ne sont membres en aucun organisme de défense de migrants, sur 200
enquêtés, 6 sont affiliés à des associations et 5 à des syndicats. Leur participation à une
manifestation s’effectue généralement à Tanger (78%) lorsqu’un conflit éclate entre migrants
et population ou entre migrants et force de l’ordre suite à des actions de vandalisme ou des
descentes policières imprévues. Les manifestations organisées à Rabat sont quasiment les
seules à mobiliser 17% des migrants sur le territoire de Tanger.
Conclusion :
Tout au long de cet article, nous avons démontré le positionnement du Maroc au
milieu de deux stratégies du développement, l’une tournée vers l’Europe, l’autre vers la
profondeur africaine. L’une est l’autre s’articulent, stratégiquement, sur le dossier migratoire
comme défi politique, économique et social. Or, entre la logique politique et la réalité du
terrain, une grande distance reste à parcourir. L’opération de régularisation administrative
marocaine de 2014 a eu un fait de polarisation importante sur une vague récente de migrants
(2012-2016) dont le profil diffère totalement ou partiellement du système migratoire
traditionnel. S’agissant de jeunes urbains instruits et relativement insérés dans le marché de
travail, leur attente principale ce n’est pas de décrocher un job mais de trouver un meilleur
travail capable de leur assurer rentabilité, sociabilité et sécurité. Pour cette catégorie de
migrants, sous peine de retourner chez elle, l’objectif en soi, ce n’est pas les avantages de la
régularisation-fixation mais de la régularisation- instrument pour préparer un transit dans de
bonnes et confortables conditions. Certains parmi cette catégorie ne cachent pas leurs désirs
16
La vie civique des migrants subsahariens est un double tranchant en termes de déclarations recueillies. En ce
sens, le migrant peut adopter deux attitudes totalement contradictoires à propos d’un même acteur. Lorsqu’il
s’agit de réseaux de construction du système migratoire, le rôle de l’association occupe une place centrale dans
ses déclarations, mais lorsque cette même association fait l’objet d’une recherche à caractère syndical et/ou
politique, l’émigré ne risque pas de l’impliquée à tort ou à raison.
55
de rester au Maroc si la régularisation arrive à impacter leur niveau de vie en termes d’accès
au logement et au travail. Il est donc prématuré de créer haut et fort que le Maroc est devenu un pays
d’accueil. Des efforts sont à déployer, des lois à niveler, des négociations à gouverner gagnant-
gagnant et non au détriment de la dimension européenne sur la dimension africaine. Le
politique a son raisonnement fondé, la stabilité à un prix certes, mais le social doit suivre
progressivement. Les pays émergents comme le Maroc avancent sur le plan économique,
diplomatique et stratégique, en contre partie, ils subissent beaucoup de pression et de défis à
relever sur le plan humain, environnemental, territorial et sécuritaire. Nous confirmons donc
nos hypothèses de travail : Le Maroc reste, par excellence, un pays de transit stratégique mais, peut
devenir progressivement un pays de transit et d’accueil si le processus de régularisation est profondément
revu de façon à relayer le politique au social afin de niveler les vitesses du développement et donc de
l’émergence.
Références Bibliographiques
-Africa Visa Openness, Union Africaine, FEM , 2016 : Le Maroc est parmi les pays les moins ouverts
aux africains, Rapport, p.11.
-Alecma, Collectif des Communautés Subsahariennes au Maroc, GADEM, Mission Catholique de
Nouadhibou, 2014 : situation des migrations dans le sud du Maroc : Laâyoune, Dakhla, Boujdour,
Rapport, 53 p.
Belguendouz A., 2009 : Le Maroc et la migration irrégulière : une analyse sociopolitique, Note
d’analyse et de synthèse, CARIM-7, 40 p.
-Charef M, Ben Attou M., Wahbi M., 2015: Migrations marocaines aux Canaries, Publication du
Centre des Etudes sahariennes, 306p.
-Delezen L., 2013 : Vers la fin de l’immigration marocaine en Espagne, Cellule de Recherche,
Université de Lille 3. 15 p.
-FIDH, GADEM, 2015 : Maroc, entre rafles et régularisations : le bilan d’une politique migratoire
indécise, Rapport, 31 p.
- Lahlou M., 2011 : Un schéma migratoire reconfiguré, dans les faits et dans l’approche politique,
Programme Migrations, identités, citoyenneté, Ifri-Bruxelles, 23 p.
-Lahlou M., 2005 : Les migrations irrégulières entre le Maghreb et l’union européenne : évolutions
récentes, rapport CARIM-RR/3, 26 p.
-Laaribya S et als., 2016 : Migrations climatiques : état des lieux, évaluation du risque, adaptation et
résilience, actes du colloque : Migrations climatiques : tendance et enjeux, Ministère chargé des MRE
ET DES Affaires de l’Emigration, Rabat, pp.90-109.
-Lazzar M, 2016 : La crise de l’économie espagnole : le Royaume renoue-t-il avec son passé de pays
d’émigration ? Ya-t-il un impact sur le collectif marocain ?, Revue de la FLSH Saïs-Fès, pp.91-103.
Annexe 1 : Spécimen de questionnaire
Identification:
N° du questionnaire : Date :
Ville de : Tanger Quartier : …………………………………..
Nom et prénom de l’enquêté :…………………………………………………………………………..
Age :……………………….Sexe : Masculin Féminin
Nationalité :……………………………………………………………..
Langue maternelle :...................................................
56
Autres langues parlées :……………………………………………. Langues
écrites :……………………………………………
Date d’entrée au Maroc :………………………………………….. Seul Accompagné
Il s’agit d’une 1 ère entrée : 2ème entrée : Plus, préciser :…………………………………….
Situation du logement : Locataire
Camp à la foret ou ghetto
Autre, à préciser :……………………………………………………………………
Si locataire, avec une ami(e), des amis
Comment vous avez connu la destination du quartier ?
A travers des amis :
Des membres de famille :
Des compatriotes :
Un réseau informel :
Une organisation :
Avez-vous utilisé des étapes avant d’arriver sur le quartier Al Irfane II ?
Pays :1-……………………2-………………………3-…………………………4-…………….……………5-
………………………….
Ville : 1-……………………2-………………………3-…………………………4-…………….……………5-
………………………….
Quartier dans la ville : 1-………………………2-…………..……………3-………….……………4-
…………….………..……
5-………………………….
Enseignement : oui non
Niveau d’étude : Supérieur Lycée Collège Primaire
Si autre, à préciser :………………..…………………………………………….
Diplômes obtenus : Doctorat Master Licence Deug Bac.
Si autres à préciser : ……………………………………………………
Formation professionnelle : oui non
Si ‘oui’ Nature : ……………………………………………………
Diplômes obtenus : technicien spécialisé technicien qualification autres
Travail au pays d’origine : oui non
Date d’embauche :…………………………………………………
Nature du travail : permanent occasionnel autre
Salaire moyen salaire faible insuffisant si insuffisant : pour toi pour ta famille
Si non vous êtes en chômage depuis quand :…………………………………………………
Etat matrimonial et conditions de vie au pays d’origine :
Etat matrimoniale : Marié (e) Nombre d’enfants : 1- 2- 3- 4- 5- plus
Célibataire Divorcé (e) Veuf (Ve)
Milieu de vie : Urbain rural
Type de logement : Appartement Baraque Chambre autres
Statut d’occupation : propriétaire locataire colocataire maison des parents
Avec les parents ou seul ? Nombre de pers. dans le logement :….
Vous habitez Seul Avec votre famille :
Nombre de pers.par pièce :…..
Nombre des couples dans le même foyer :…………………………
Domaine d’activité :……………………………………………………………
Revenu mensuel :………………… revenu journalier :………………instable Aucun revenu
Itinéraire migratoire et processus :
Cause principale de
départ :………………………………………………………………………………………............................
Combien de voyage avez-vous entrepris : un seul plusieurs tentatives :…………………..
Pays de départ : …………………………………………..Ville ou
village :…………………………………………………………
Date de départ :…………………………………………….
57
Pays de transit : 1-………………………………………….Source de
l’argent :…………………………………………………..
2-…………………………………………. Voyage entrepris par : vous même
3-………………………………………… Avec un groupe d’amis
4-…………………………………………. Voyage organisé par : un réseau formel
5-…………………………………………. un réseau informel
6-…………………………………………. Comment l’avez-vous contracté ?..............................
Avez-vous reçu de l’aide dans votre périple : oui non
Si ‘oui’ de quelle nature ?..................................................................................................................
Moyens de transport utilisés :
A pieds Voiture avion bateau autres préciser :…………………………………
Vous êtes entré sur le territoire marocain : régulièrement irrégulièrement Type de
visa :………………………………
par quelles frontières du Maroc : Sud Sud-est Nord-est Aéroport Med V
Durée :…………….. ……………………… recours à un guide-passeur : oui non
Sa
nationalité :………………………………………………………………………….
Les conditions du voyage et les difficultés rencontrées :
Climat Passeurs autorités animaux sauvages maladies famine
Groupes terroristes autres
L’installation au Maroc avant de rejoindre Tanger et le quartier Al irfane II :
Depuis quand vous êtes sur le sol marocain :……………………………………………………………………
Lieu(x) d’installation depuis votre entrée au Maroc, citez-les par ordre chronologique :
1- ………………………………………………..Durée :………………………
2- ………………………………………………..Durée :………………………
3- ………………………………………………..Durée :………………………
4- ………………………………………………..Durée :………………………
5- ………………………………………………..Durée :………………………
Moyens de la survie et de logement : 1- ………………………………………………..logement :………………………
2- … ………………….…………………………..logement :………………………
3- …………………. …………….……………..logement :………………………
4- ………..………………………………………..logement :………………………
5- …………………..……………………………..logement :………………………
Depuis votre arrivée avez-vous travaillé : oui non si ‘oui’ précisez : secteur :………….............
Durée :………………………
Revenu :…………………….
Situation au Maroc et régularisation administrative :
Vous êtes au courant de la régularisation administrative pour les immigrés au Maroc oui non
Si ‘oui’ connaissez-vous les critères de régularisation demandées ? Oui non
Si ‘oui’ par quel source d’information :………………………………………………………………………..
Avez-vous subi une séance de sensibilisation ? Oui non
Par quel organisme ? ………………………………………………………………………………………………..
Avez-vous présenté aux autorités marocaines une demande de régularisation: oui non refusée
Si ‘oui’ date de dépôt :…………………………………………………….
Si ‘oui’ êtes-vous : Si ‘refusée’ quelle est la cause :…………………………..
Régularisé non régularisé En attente …………………………………………………………………………
Si régularisé, êtes-vous : Si ‘non’ pourquoi :………………………………………
Satisfait non satisfait partiellement satisfait
Si régularisé depuis quand ?...........................................
Avez-vous reçu une aide quelconque relative à cette situation : oui non
De quelle nature :……………………………………………………………………………………..
Si ‘non régularisé’, savez-vous que vous pouvez présenter une autre demande aux commissions de recours : oui non si
‘oui’ date de recours :…………………………………………………………………………..
Si ‘oui’ : régularisé non régularisé pas de réponse
Si ‘non’ pourquoi :
……………………………………………………………………………………………………………………………….
Depuis le dépôt ou le recours comment viviez-vous ? En clandestinité oui non
Avez-vous été pris en charge par : une association autre organisme
58
Avez-vous réussi à obtenir du travail oui non
Si ‘oui’ dans quel secteur :………………………………….. niveau de revenu :……………………Si vous êtes
entré régulièrement :
Avez-vous épuisé votre séjour : oui non
Si oui depuis quelle date :………………………………………………
Vous avez choisi le Maroc comme pays : d’installation de transit selon l’opportunité
Comment vous avez choisi le Maroc : choix obligé volontaire les deux
Si volontaire : Choix personnel recommandation
Quelles sont les raisons de ce choix du Maroc :
Revenu appréciable Conditions d’habitats accès aux soins Stabilité à l’échelle du Maroc
Conditions des études les libertés sit. Provisoire autres :………………………………………….
Vous pouvez quitter le Maroc pour une autre destination ? Oui non
Si ‘oui’ pour quelle autre
destination :……………………………………………………………………………………………….
Et pour quelle
raison :………………………………………………………………………………………………………………………..
Connaissez-vous des immigrés qui ont quitté Al Irfane, Tanger ou le Maroc oui non
Si oui pour quelle destination :………………………………quelle est leur situation actuelle :………………………
Gardez-vous toujours des liens avec votre pays d’origine : oui non
Nature des liens et moyens utilisés : téléphone lettre internet autres :……….
Avez-vous un GSM : oui non si, oui régulièrement occasionnellement
Avez-vous accès internet : oui non si, oui régulièrement occasionnellement
Envoi d’argent : oui non
Si, non pourquoi ?....................................................................................................................................
Si, oui source de
revenu :…………………………………………………………………………………………………………………..
Si oui par quels moyens : Agence de transfert personne physique autres, à préciser :………
……………………………………………………………
Intégration : à Tanger
Avez-vous des amis(es) : oui non, si ‘oui’ dans un autre lieu au Maroc
Où ?.......................................
Sont-ils des compatriotes : oui non des membres de votre tribu : oui non
Parmi les marocains oui non à Tanger ailleurs au Maroc
Vous arrivez à assurer des visites à vos amis : oui non
Comment vous juger le voisinage avec les autres immigrés subsahariens :
Excellent acceptable conflictuel pas bien beaucoup de problème Autre............
Comment vous jugez votre voisinage avec les marocains au niveau de votre quartier :
Excellent acceptable conflictuel pas bien, beaucoup de problème
Autre à préciser :………………………………………………………………….
Comment vous gardez contact avec vos amis (es) :
Rencontre téléphone réunion de communauté internet visite chez eux
Au travail autres,
préciser :……………………………………………………………………………………………………..
Etes-vous membre d’une organisation à l’échelle du Maroc : oui non
si oui laquelle :…………………………………………………………………………....................................................
Association syndicats parti politique autres, à préciser :…………………………………
Cette organisation vous assure-t-elle certains avantages ?
Aide matérielle aide sociale habits nourriture soins assistance administrative et juridique défend vos
droits auprès des autorités autre, préciser………………………
Est-ce que les marocains font partie de cette organisation : oui non
Comment avez-vous trouvé ce travail :
Ami migrant ami marocain agence autre préciser :………………………………
Où elle est domiciliée : Maroc étranger
Est-ce que ce travail est à la hauteur de vos attentes : oui non provisoirement valable
Conditions du travail : satisfait non satisfait
59
Si ‘non’ la cause : horaire salaire bas non déclaration à la caisse de prévoyance traite différente à celle
avec les collègues marocains salaires différents des marocains autres :……………………. ……………………
Si ’non’, quelles sont-les difficultés rencontrées à la recherche du travail:
1-…………………………………………….2-…………………………………………………..3-
………………………………………………..
Parlez-vous de votre vie ici : oui non avec qui ?.........................................................................
Participez-vous à des manifestations quelconques à propos des droits des immigrés : oui non
si ‘oui’ citez trois par ordre d’importance (manifestation, objet, lieu) :
1-………………………………….…………. 1-……………………………………………….1-
…………………………………………………
2-………………………………………………2-……………………………………………….2-
………………………………………………...
3-………………………………………………3-……………………………………………….3-
…………………………………………………
Vous pensez que vous avez plus de chance de vivre mieux au Maroc oui non plus au moins
Vous pensez que votre famille a plus de chance de vivre mieux au Maroc oui non plus au moins
Souffrez-vous de l’éloignement avec votre pays et votre famille : oui non
Qu’aimeriez-vous améliorer dans votre vie ici (préciser en affectant un numéro de grandeur) :
Le travail relations d’amitiés avec des marocaines relations d’amitiés avec des migrants de même situation
Affaires études mariage autres, à
préciser :…………………………………………………………………………………………………………………………
……..
Pensez-vous que le travail est la clé de votre intégration au Maroc, malgré les problèmes rencontrés :
Oui non
Dans quelles conditions de protection aimeriez-vous exercer votre travail (à classer de 1à5) :
Avoir des assurances respect de la durée du travail déclaration à la CNSS
Droits syndicaux pas d’exigences autres, à préciser :……………………………………………………………
Pratiquez-vous votre religion et vos coutumes normalement : oui non
si ‘non’
pourquoi…………………………………………………………………………………………………………………………
……….
Pratiquez-vous une activité sportive cette dernière année:
Régulièrement occasionnellement non, depuis mon pays d’origine
Avec qui : autres migrants ma communauté marocains avec tout le monde je n’ai pas de problème.
Sortez-vous avec vos amis (es) : oui non
Vous vous sentez chez vous : oui non
Si oui : totalement relativement sans opinion
Avez-vous des difficultés à vous loger : oui non
Si, colocation : vous êtes combien de personnes :……………………Pers.
Vous payez combien pour ce loyer :…………………………..
Avez-vous de l’eau courante : oui non, de l’électricité oui non
Avez-vous rencontré des problèmes pour trouver un loyer : oui non
Si ‘non comment vous subvenez à vos besoins ?
Aide des voisins oui non, si ‘oui’ fréquemment occasionnellement rarement
Aide des subsahariens oui non, si ‘oui’ fréquemment occasionnellement rarement
La perception des marocains et de la société marocaine :
Comment trouvez-vous le Maroc :
comme pays d’accueil :
Comme pays de transit :
- Pays d’intégration : social
Insertion professionnelle
- Pays de sécurité
- Pays comme les autres
- Pays d’asile politique :
- Pouvant assurer les exigences du transit
- Permettant l’organisation de l’émigration vers l’Europe
- Un lien ou le passage vers l’europe est plus opportun
Les perspectives migratoires:
Le Maroc comme pays de destination pour votre projet migratoire :
60
Est un choix pertinent temporairement valable
Un choix opportun un mauvais choix
Pourquoi :…………………………………………………………………………………………………………………………
Votre projet migratoire en relation avec le Maroc est un :
-Projet définitif -projet transitaire -je ne peux pas encore trancher
Comment vous libellez votre jugement :
-Cela dépond de vous moyens actuels -De l’efficacité de la régularisation -De vos ambitions
-D’un contexte familial -De l’insécurité dans votre pays -De votre réseau d’attache
-Autres à
préciser :…………………………………………………………………………………………………………………………
…….
Pensez-vous qu’une intégration socioéconomique au Maroc est possible ?
Oui non oui, mais
Recommandations pour une meilleure intégration des subsahariens au Maroc, citez –les par ordre d’importance :
1-………………………………………………………………… 5
……………………………………………………………………………….
2-………………………………………………………………… 6
…………………………………………………………………………………
3-………………………………………………………………… 7
…………………………………………………………………………………
4-………………………………………………………………… 8
…………………………………………………………………………………
Vous regrettez d’avoir choisir le Maroc comme pays de destination pour votre projet migratoire :
Oui non
Vous pensez migrer vers une autre destination : oui non
Si ’oui’ lequel :…………………………………………………….