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3 $ S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant une carte d’identification 2 $ sur le prix de vente va directement au camelot. Le magazine de rue de Québec No 165 Juin 2014 • L’exil • Le cercle de Maniteshkueu • Venir du Grand Nord • La grotte de grand-mère Sainte-Anne • Tournés vers l’avenir Autochtones urbains

La quete numero 165 juin 2014

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Page 1: La quete numero 165 juin 2014

centraide-quebec.com | 418 660-2100

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Le magazine de rue de Québec No 165 Juin 2014

• L’exil• Le cercle de Maniteshkueu• Venir du Grand Nord• La grotte de grand-mère Sainte-Anne• Tournés vers l’avenir

Autochtones urbains

Page 2: La quete numero 165 juin 2014

Michel YacoubConseiller en sécurité financièreConseiller en régimes d’assurances collectivesReprésentant autonome

501, 14e RueQuébec, QuébecG1J 2K8

Téléphone : 418 529-4226Télécopieur : 418 529-4223Ligne sans frais : 1-877-823-2067Courriel : [email protected]

LA BOÎTE À PAIN289 Saint-Joseph Est,

Québec (St-Roch) Lundi au samedi 6 h 30 à 20 h

Dimanche 6 h 30 à 17 h 30Tél. : 418 647-3666

CAFÉ NAPOLI396, 3e Avenue,

Québec (Limoilou) Lundi au mercredi 6 h 30 à 18 h 30

Jeudi et vendredi 6 h 30 à 19 hSamedi et dimanche 7 h à 18 h 30

Tél. : 418 977-7571

Participer activementau développement

de notre milieu.

BoitePainPub:Mise en page 1 11-03-28 09:22 Page1

Avis de convocationAssemblée générale annuelle 2014

La population de Québec est conviéeÀ la séance publique d’information et à

L’assemblée générale annuelle de L’Archipel d’Entraide

Le mardi 17 juin à 19h00À la Salle La Nef

190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron)Québec (Québec) G1K 3A7

Les portes ouvriront dès 18h30Un buffet sera servi

Karyne, une quart de page avec un filet autour. Merci! LOGO+ info

Assemblée générale annuelle 2012 La population de Québec est conviée à La séance publique d'information précédera l'assemblée générale annuelle de l'Archipel d'Entraide

Le mardi 12 juin 2012 à 19h00 À la Salle Hypérion

190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron) Québec (Québec) G1K 3A7

Les portes ouvriront dès 18 h 30 Un buffet sera servi Pour informations

Point de Repères

225 rue dorchester, ville de Québec, G1K 5Z4

Telephone (418) 648 8042

Courriel : [email protected]

Tu utilises des drogues par injection et tu a besoin d aide pour te procurer du materiel de prévention (seringues et condoms) ? Appelle nous !

Tu utilises des drogues par injection et tu a besoin d’aide

pour te procurer du materiel de prévention

(seringues et condoms) ? Appelle nous !

Téléphone : 418-648 8042Courriel : [email protected]

225, rue dorchester, ville de Québec G1K 5Z4

www.epicerie-europeenne.com

Page 3: La quete numero 165 juin 2014

JUIN 2014 03

D O S S I E R AUTOCHTONES U R B A I N S06 L'exil

07 Apprendre la langue de ses ancêtres

09 Difficile accès aux soins de santé

10 La grotte de grand- mère Sainte-Anne

11 Autochtones de l'avenir

12 Venir du Grand Nord

15 Le Cercle Maniteshkueu

SOMMAIRE

P O U R L E P L A I S I R D E L I R E21 Poème triste (ment)

21 La route positive

22 Si j'avais mon pays un jour

22 Pour demain (chanson)

23 Les gens de la rue

24 En relisant Marcel Proust...

25 Sauver une vie

25 Nausée régionale

26 L'âme des animaux

27 Fugue

C H R O N I Q U E S08 « Maudit sauvage ! »

13 Le temps des sauvages

17 Un appétit féroce pour l'été

30 La tête nouée de préjugés

J E U X18 Le jeu de La Quête

19 La langue dans sa poche Pt

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04 JUIN 2014

Camelots recherchés Hey toi! Tu as 18 ans ou plus. Tu veux te faire quelques dollars? Travaille à ton compte. Pas d’horaire. Vends le magazine de rue La Quête Pour plus d’informations Appelle-nous au 418 649-9145 poste 33 Ou Viens nous rencontrer au 190, rue St-Joseph Est (coin Caron) Dans l’église Jacques-Cartier

RÉALISER L’ESPOIR

UNE TRIBUNE POUR TOUS

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS

PAGE COUVERTUREMélissa Picard et Julie-Louise MalekPhotos: Luc-Antoine [email protected] graphique : Karyne Ouellet

ÉDITEUR Archipel d'Entraide

ÉDITEUR PARRAINClaude Cossette

COORDONNATRICEFrancine Chatigny

CONSEILLÈRE À L’ÉDITIONMartine Corrivault

RÉDACTRICE EN CHEFValérie Gaudreau

RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTEIsabelle Noël

CHRONIQUEURSMartine Corrivault, Claude Cossette, Mathieu Meunier, Diane Morin

JOURNALISTESJean-Louis Bordeleau, Arthur Darrasse, Véronik Desrochers, Thomas Duchaine, Gabrielle Germain, Andrée-Anne Lévesque-Aubé, Lou Sauvajon

AUTEURSHervé Anctil, Michel Bonnelly, Julie Cartier, Jean-Pierre Drolet, Laurence Ducos, Gaétan Duval,Marlo, Mélissa Picard, Yves Potvin, Bernard Songe, Christiane Voyer

AUTEURS DES JEUXHélène Huot, Jacques Carl Morin, Ginette Pépin

RÉVISEURESGeneviève Loiselle, Nathalie Thériault

PHOTOGRAPHESLuc-Antoine Couturier, Camille Amélie Koziej-Lévesque,Simon-Charles Couture-Labelle

INFOGRAPHISTEKaryne Ouellet

AGENTE DE PUBLICITÉ SOCIALE Geneviève Thompson

IMPRIMEURLes Impressions STAMPA inc.418-681-0284

Journal La Quête190, rue St-Joseph estQuébec (Québec) G1K 3A7Téléphone: 649-9145Télécopieur: 649-7770Courriel: [email protected]

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue !- par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.

L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

SUIVEZ-NOUS SUR laquete.magazinederue

Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.

Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de juillet-août : Travail saisonnier

Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exem-plaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.

Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

Camelots recherchés Hey toi! Tu as 18 ans ou plus. Tu veux te faire quelques dollars? Travaille à ton compte. Pas d’horaire. Vends le magazine de rue La Quête Pour plus d’informations Appelle-nous au 418 649-9145 poste 33 Ou Viens nous rencontrer au 190, rue St-Joseph Est (coin Caron) Dans l’église Jacques-Cartier

Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE

Nom:Adresse:Ville:Code postal:

Abonnement régulier 60$Abonnement de soutien 75$Abonnement institutionnel 85$

Téléphone:

La Quête est appuyée financièrement par :

Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

Nous reconnaissons l’appui finan-cier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Cana-da pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien

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JUIN 2014 05

AUTOCHTONES URBAINSMOT DE LA COORDONNATRICE

À moins qu'ils ne revendiquent - ou qu'elles ne disparaissent-, on entend rarement parler des membres des Pre-mières Nations dans nos médias. Pour-tant, ils sont partie intégrante de la socié-té québécoise et habitent aussi les grands centres urbains. Histoire d'apprendre, ne serait-ce qu'un tout petit peu mieux, à les connaître, La Quête est allée à leur rencontre.

Innue de Pessamit, Mélissa Picard ouvre ce numéro sur les Autochtones urbains. Quitter sa communauté pour s'installer en ville ne se fait pas sans heurt, relate-t-elle. Autochtones et non-autochtones entretiennent, chacun de leurs côtés, des préjugés tenaces qui ne facilitent pas les relations. Il serait pourtant si enrichis-sant de laisser tomber ces barrières, dont certaines érigées sur des faussetés, pour enfin apprendre à se connaître insiste-t-elle.

Cette méconnaissance mutuelle se tra-duit également dans les petits gestes au quotidien. Dans Venir du Grand Nord, Arthur Darasse rapporte les propos de son interlocutrice, l'Inuite Annie Baron. « Chez moi, si les gens ne sourient pas, c’est qu’il y a un problème quelque part. Ici quand tu souris aux gens, ils sont per-suadés que tu flirtes avec eux ». Même s'il lui arrive parfois de se demander ce qu'elle fait ici, Mme Baron ne pourrait plus se passer du Sud !

Le programme de revitalisation de la langue wendat, Projet Yawenda a vu le jour il y a sept ans. Il a fallu remonter aux archives des Jésuites des 17e et 18e siècles pour retracer ce vocabulaire perdu dans l'histoire afin que les Hurons-wendat

de Wendake puissent renouer avec leur langue ancestrale. Véronik Desrochers a rencontré les artisans de cet audacieux projet.

La jeunesse autochtone ne diffère pas de la jeunesse blanche. Mêmes intérêts, mêmes passe-temps. Cependant, quand ils doivent poursuivre leurs études en ville, quelques difficultés attendent les Autochtones sur les bancs d'école. Heu-reusement, nous apprend Jean Louis Bordeleau, des solutions sont mises en place pour faciliter le « changement de classe ».

Pouvez-vous vous imaginer naviguer entre trois paliers de gouvernement pour obtenir des soins de santé ? L'enfer, di-riez-vous. Eh bien, c'est exactement ce que doivent vivre les Autochtones quand des malaises plus importants les obligent à quitter leur communauté. Survol de la question avec Lou Sauvajon.

Au Cercle Maniteshkueu, broder, perler et faire des mocassins sert de prétexte pour briser l'isolement des femmes autochtones qui ont dû quitter leur communauté. Tous les mercredis, elles se rencontrent, échangent ou assistent à des conférences sur les services à leur dis-position. Gabrielle Germain a passé une soirée en leur compagnie.

En juillet, des milliers de personnes convergent vers la Basilique de Sainte- Anne de Beaupré. Parmi les pèlerins, on dénombre plusieurs membres des Pre-mières Nations. Découvrez, dans le texte de Thomas Duchaine, pourquoi ils par-courent des centaines de kilomètres pour venir à la grotte de grand-mère Ste-Anne !

SAUVAGE

Les chroniqueurs aiment provoquer. C'est sans doute pourquoi deux d'entre eux ont mis bien en évidence, le mot « sauvage » dans leur titre. Avant de vous indigner, prenez le temps de les lire et de saisir l’essence de leurs propos.

POUR LE PLAISIR DE LIRE!

Parmi les plaisirs d'être la coordonna-trice du magazine de rue de Québec, il y a celui de récolter les cadeaux du ciel, formule un peu mystico-gélatineuse pour qualifier les textes généreusement offerts par les gens de la communauté. Accueil-lir par téléphone, par courriel ou direc-tement au bureau des auteurs qui ont le désir de partager leurs idées et leur talent avec les lecteurs de La Quête, est chaque

fois un bonheur, voire un honneur. J'ai le privilège de lire en primeur ces bijoux de textes, mais ma plus grande joie est d'offrir à la fois une tribune aux auteurs et du bonbon aux lecteurs !

FRANCINE CHATIGNY

SOLSTICE AUTOCHTONE 2014

La lecture de ce numéro vous donne le goût de connaître davantage les membres des Premières Nations qui habitent Qué-bec ? Une belle occasion s'offrira à vous les 21et 22 juin alors que le Cercle Kisis tiendra des activités dans le cadre de Sols-tice autochtone 2014. La programmation sera disponible sous peu sur facebook.com/cerclekisis

Toute l'équipe de La Quête tient à remer-cier Donna Larivière et Marie-Claude Cleary qui nous ont donné un coup de pouce dans l'élaboration de cette édition.

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Donna Larivière

Marie-Claude Cleary

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06 JUIN 2014

Chaque année, des dizaines de familles autochtones migrent vers la ville. Par choix ou par manque de choix. Que ce soit pour les études ou pour le désir d’une vie meilleure. Mais ce changement a un prix. Le choc culturel. Individuel et familial.

Quitter une communauté, c’est d’accep-ter de perdre nos repères et de s’exposer à une vulnérabilité. Pour l’adulte, c’est le côté personnel qui va jouer un rôle important. L’orgueil étant la première chose que l’on doit être prêt à laisser tomber pour une meilleure adaptation. Chez les enfants, le plan social est souvent le facteur qui va déterminer leur aptitude à s’intégrer à leur nouvel environnement.

La vie en communauté a des avantages et des désavantages, tout comme par-tout ailleurs. De l’entraide, en passant par le soutien et la proximité, ce sont là des acquis que l’on accepte de laisser al-ler lorsque nous quittons notre patelin. Le milieu urbain demande une grande adaptation car il ouvre la porte à la soli-tude et à des risques de trouble d’adapta-tion. L’exil permet cependant de trouver intimité, organisation et ouverture.

Ce qui est intéressant et à la fois nour-rissant, c’est le choc. Chaque événement dans la vie amène sa dose d’apprentis-sage. Quitter sa communauté pour le milieu urbain possède un côté bénéfique pour plusieurs raisons mais surtout pour la connaissance de soi. Le changement nous amène à faire face à nous-mêmes. Que ce soit pour nous dépasser ou pour nous recentrer sur nos objectifs de vie,

c’est souvent la question de l’identité qui crée le plus gros bouleversement.

Nous sommes conscients que notre bagage ainsi que nos réalités sont dif-férents de ceux du reste de la popula-tion. Mais lorsque nous quittons nos pairs, et donc notre e n v i r o n n e m e n t , cette différence est quelque chose que l’on ressent, que l’on vit et qui nous fait grandir. Cela nous ramène à nos ra-cines. Cette prise de conscience de notre individualité est un élément rassembleur pour les Premières Nations en milieu urbain. Comme pour toute personne qui s’éloigne de son milieu de vie et qui accepte de sortir de sa zone de confort. Il vivra une belle remise en question.

PARLONS COHABITATION

Peu importe de quelle nation nous sommes, nous arrivons dans les grandes villes avec nos mécanismes de défense bien installés. Trop souvent nous sommes confrontés aux jugements, que ce soit pour la location d’un logement, l’entrée à une nouvelle école, le voisinage et plu-sieurs autres aspects. Il est difficile de dé-poser nos bagages paisiblement dans un contexte où la méfiance est omniprésente. Nous vivons dans un environnement où l’intolérance à la différence se fait parti-culièrement sentir. La confiance est donc quelque chose de très éphémère, et ce, même en 2014.

Vous nous trouvez arrogants ? Serait-il possible que ce soit à cause du regard de déception auquel nous avons eu droit lors de notre arrivée dans le quartier.

Vous nous trouvez parfois irresponsables ? Serait-il possible que ce soit à cause des traumatismes que plusieurs de nos géné-rations ont vécus.

Vous nous voyez dans la procrastination ? Serait-ce parce que nous avons appris à vivre dans le moment présent et non dans le futur ?

Vous trouvez que l’on veut tout et que l’on ne paye pas assez ? Serait-il temps

que l’on s’assoit et que l’on apprenne vraiment à se connaître?

Les préjugés que l’on transmet ne sont souvent que répétition de ce que l’on a entendu. Nul besoin de vous rappeler tous les préjugés sur les Autochtones.

Par contre, ceux-ci sont visibles ici aus-si, et partout, dans toute ethnie ou race confondue. Et par le fait même, il est aussi essentiel d’avouer que nous en avons aussi sur le peuple québé-

cois et canadien. Comme le non-respect de la Terre-Mère et de ses ressources pour des bénéfices personnels.

Il est de notre devoir en tant que popu-lation de créer pour la prochaine gé-nération, l’ouverture dont nous avons tous besoin pour grandir. Grandir en tant qu’individu mais aussi en tant que peuple. La différence est une richesse, mais la compréhension de l’autre l’est encore plus.

MÉLISSA PICARD

Vous trouvez que l’on veut tout et que l’on ne paye pas assez ? Serait-il temps que l’on s’assoit et que l’on apprenne vraiment à se connaître ?

DE LA COMMUNAUTÉ AU MILIEU URBAINL'EXIL

Mélissa Picard

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nu ou le mohawk) ». Toutefois, malgré toutes les contraintes budgétaires et pro-fessionnelles, l’équipe du Projet Yawenda a su tirer son épingle du jeu, et son suc-

Tout a commencé en 1998 alors qu’environ 350 Hurons-Wendat signent une pétition pour que leur langue soit enseignée à l’école primaire de la communauté

Kwe, ahskennon’nia ihchie’s ? Bonjour, comment ça va ? Quelle joie pour les Wendat de Wendake de pouvoir enfin communiquer dans leur langue ancestrale. Heureux partenariat entre la nation autoch-tone et l’Université Laval, le Projet Yawenda fait revivre, depuis quelques années, des milliers de mots d’une autre époque et ce n’est pas près de s’arrêter. « Les gens ont la fierté de se dire que leur langue, il y a cinq ans, il n’y a personne qui la parlait », souligne Louis-Jacques Dorais, un des principaux artisans du projet. La Quête l’a interviewé.

Tout a commencé en 1998 alors qu’en-viron 350 Hurons-Wendat signent une pétition pour que leur langue soit ensei-gnée à l’école primaire de la communau-té. Mais c’est seulement en 2006 qu’un processus se met en branle : les autorités scolaires contactent le Ciéra (Centre in-teruniversitaire d’études et de recherches autochtones de l’Univer-sité Laval) afin de créer un partenariat pour re-vitaliser la langue parlée par les Hurons-Wendat quelques centaines d’an-nées auparavant. Suite à l’obtention d’une sub-vention du programme des Alliances de recherche université-communau-té (ARUC) du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), le projet démarre en 2007, pour une durée de cinq ans.

Yves Sioui, à l’époque directeur de l’école primaire de Wendake, est le responsable communautaire (il fut remplacé plus tard par Richard Dussault), tandis que Louis-Jacques Dorais, professeur au départe-ment d’anthropologie aujourd’hui à la retraite, prend les commandes de la super-vision universitaire. Le Projet Yawenda, « une alliance de recherche entre la nation huronne-wendat et l’Université Laval », voit le jour, explique Louis-Jacques Do-rais, aussi expert en langues amé- rindiennes.

OBJECTIFS RÉALISTES ET RÉALISÉS

Le Projet Yawenda, littéralement « la voix » en wendat, se fixe trois objectifs : re-construire la langue wendat, former des professeurs capables de la transmettre et créer du matériel pédagogique pour les élèves. Deux ans après la fin officielle de la subvention, les objectifs ont-ils été rem-plis? Il semble bien que oui. Aujourd’hui, la langue ancestrale est bien avancée sur la voie de la reconstruction.

Louis-Jacques Dorais ne tarit pas d’éloges pour Megan Lukaniec, la professionnelle

de recherche attitrée au projet, qui a va-lidé plusieurs centaines de mots wendat tirés des archives jésuites des 17e et 18e siècles. Ayant recours à la linguistique historique comparative, elle a pu recons-tituer le lexique, la morphologie et la syn-taxe de la langue, poursuit Dorais. Même si tout ce vocabulaire scientifique et lin-

guistique peut paraître difficile à appréhender, Megan a réalisé un rêve de petite fille : « apprendre la langue de sa grand-mère qui était d’origine wendat », explique-t-il.

Grâce à ses recherches, Megan a pu prendre en charge la formation des enseignants. Jusqu’à

maintenant, près d’une dizaine d’entre eux travaillent à l’école primaire Ts8taïe. L’enseignement de la langue se fait lors de journées pédagogiques où les enfants apprennent par le biais d’activités, de jeux et de chansons. En outre, cinq glossaires illustrés et une section huronne-wendat dans le site Internet First Voice.com, un site interactif d’apprentissage des langues autochtones du Canada, sont déjà dispo-nibles pour l’apprentissage de la langue.

Bien que le Projet Yawenda, qui s’étendait sur cinq ans, soit terminé, de nombreuses choses restent à faire. Louis-Jacques Dorais affirme qu’il reste des milliers de mots à recenser et que les cours aux enfants et aux adultes devront davantage se perfectionner et s’affiner. Enfin, « une banque terminologique accessible au grand public par Internet est en construc-tion », affirme-t-il.

GAGES DE SUCCÈS

Bien sûr, tous ne sont pas enthousiastes par ce projet, selon Dorais. « Si la revi-talisation de la langue semble intéres-ser la grande majorité de la population, certains trouvent qu’il serait plus utile d’intensifier l’enseignement de l’anglais ou d’introduire celui de l’espagnol à l’école; ou encore d’y enseigner une langue autochtone toujours parlée (comme l’in-

APPRENDRE LA LANGUE DE SES ANCÊTRES

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Le logo du Projet Yawenda

cès indiscutable est en grande partie dû à la qualité des relations humaines. C’est la volonté même des Wendat, intéressés par la langue de leurs ancêtres et prêts à s’engager dans sa revitalisation avec le soutien des universitaires, qui a permis de mener le projet à terme.

La langue wendat « ne remplacera jamais le français, c’est un peu utopique de le penser, mais il y aura peut-être des fa-milles où les gens parleront wendat à la maison », ainsi la transmission se fera-t-elle, conclut Dorais, plein d’espoirs.

VÉRONIK DESROCHERS

Page 8: La quete numero 165 juin 2014

08 JUIN 2014

Dans mon enfance, nous appelions les Indiens, les Sauvages, un terme relativement neutre à l’époque. Toutefois, quand nous traitions une personne de « Maudit sauvage ! », là, c’était un terme péjoratif. Ça voulait dire que l’on considérait un individu comme rude, brutal, voire agressif. Si tous les Indiens n’étaient pas des Sauvages dans ce dernier sens, ils n’en étaient pas plus appréciés de nous, les Blancs.

PRIVILÉGIÉS, LES INDIENS ?

Mais notre attitude a-t-elle vraiment changé ? La Loi sur les In-diens, une loi fédérale entrée en vigueur en 1950, gouverne leurs libertés civiles. C’est une loi qui a été rédigée par des personnes étrangères à leur peuple et c’est elle qui définit même qui est Indien et qui ne l’est pas. Les Blancs entretiennent toutes sortes d’idées sur les Indiens : ils ne paient pas de taxes, sont cras-seux, peu éduqués, ne travaillent pas, sont logés gratuitement, obtiennent des millions que leurs chefs leurs volent, ainsi de suite.

En réalité, s’ils sont logés, leur maison leur est seulement prêtée par le Ministère des affaires indiennes d’Ottawa ; ils ne peuvent donc pas la transformer, l’hypothéquer, la transmettre à quiconque. Ils ne peuvent pas non plus léguer leurs biens par testament… à moins que celui-ci ne soit approuvé par le Ministre. Bien d’autres restrictions leur sont imposées. Sont-ce là les droits d’une personne libre ?

C’est vrai, un Indien ne paie pas de taxes… sur les biens qu’il achète sur la réserve, mais il peut être soumis à des taxes impo-sées par le Conseil de bande. Il ne paie pas d’impôt sur le reve-nu… mais seulement pour les revenus du travail exécuté sur la réserve.

Par ailleurs, même solvable, même assuré de revenus, un Indien peut éprouver de la difficulté à obtenir un prêt ou même une carte de crédit, puisque ses biens ne sont pas saisissables. Bref, peut importe leur âge, les Indiens sont considérés comme des mineurs. Nous aimerions ça, nous les Blancs, habiter un pays comme celui là ?

LE RACISME DOUX

La Loi des Indiens est le résultat d’un mode de pensée colonial ; c’est une loi qui est, il faut l’admettre, raciste. Les Indiens sont désormais minoritaires dans leur propre pays, que nous avons d’ailleurs conquis par la force, l’intelligence ou l’astuce. Aussi, aujourd’hui comme hier, la majorité blanche ignore leurs reven-dications.

C’est vrai qu’en public, on ne traite plus les Indiens de « maudits sauvages », estimant qu’ils sont bruyants, qu’ils revendiquent de manière farouche, qu’ils réclament toujours davantage alors qu’ils sont privilégiés, bref au fond, qu’ils agissent encore comme des sauvages.

Or qui d’entre nous, les Blancs, pourrait se sentir libre dans son propre pays s’il était soumis à des lois promulguées par un autre peuple, comme c’est le cas pour les Indiens ? Or ceux-ci forment toujours un peuple noble. Ils sont vaincus mais ils demeurent fiers et courageux — davantage que les Blancs du Québec parfois. Et c’est pourquoi ils se battent sans relâche pour récupé-rer les droits qui étaient les leurs dans cette immensité qui leur a été confisquée à coups de fusil.

Apprenons donc à connaître davantage ce peuple « pas tuable » que nous côtoyons les yeux fermés. Nous pourrions en apprendre d’eux. Le cinéaste Robert Morin (Trois histoires d’In-diens) raconte : « J’ai des atomes crochus avec les Autochtones et les trouve admirables dans leur drame. Ils vivent comme dans des camps de refugiés, se détruisent [mais] s’entraident. Et dire qu’ils passent pour des privilégiés dans mon village aussi ».

SAUVAGE TOI-MÊME !

En 400 ans, les Indiens nous ont appris comment survivre et nous développer sur cette terre nordique qu’est le Québec. Depuis, nous ne leur avons pas remboursé tout ce qu’on leur doit. Christian Nadeau écrit dans Liberté, égalité, solidarité : « La colonisation du Québec fut une tragédie pour les Autochtones. Ne serait-ce que pour cette seule raison, la solidarité à leur égard devrait être au premier rang de nos préoccupations morales et politiques. […] Nous avons une dette historique immense à l’égard des peuples autochtones ».

MAINTENANT, TROIS QUESTIONS.

Question A : Dans le Québec d’aujourd’hui, voudrions-nous vraiment échanger notre place avec les Indiens ?

Question B : Pourrions-nous être davantage solidaires de ces cohabitants du territoire québécois ?

Question C : Sinon, serait-ce que nous nous comportons comme des « maudits sauvages » envers eux ?

CLAUDE COSSETTE, PUBLICITAIRE & PROFESSEUR

Le FlyéCLAUDE COSSETTE

« MAUDIT SAUVAGE ! »

Courtoisie: Claude Cossette

Page 9: La quete numero 165 juin 2014

JUIN 2014 09

Les membres des Premières Nations ont accès aux services de santé offerts par leur communauté. S'ils doivent la quitter, c’est alors que les problèmes commencent.

« Le gouvernement fédéral attribue des fonds et des ressources en fonction de différents programmes qui sont alors administrés par les communautés pour leur population, » explique Mme Jessie Messier, agente de programme à la Com-mission de la santé et des services sociaux des Premières Nations.

Pour les soins plus spécifiques, tels que les opérations majeures ou les accou-chements, de même que pour les soins réguliers liés à des maladies chroniques, les Autochtones doivent alors quitter leur communauté pour s'installer près des services offerts par les Centres de santé et de services sociaux (CSSS). Le gouverne-ment fédéral couvre alors une partie des frais de déplacement, le remboursement des médicaments, l’accompagnement en cas de barrière linguistique, etc.

AUTRES LIEUX, AUTRES MŒURS

Basés dans les villes, les Centres d’Ami-tié Autochtones (CAA), qui offrent des services aux membres des Premières Nations, observent une urbanisation de leur peuple. « À Québec, il y a beaucoup d'Autochtones de l’extérieur qui viennent pour des problèmes spécifiques », ex-plique Mme Claudie Paul, Conseillère en santé et services sociaux du Regroupe-ment des Centres d'Amitié Autochtones du Québec (RCAAQ).

D’après la Loi sur les indiens, les Autoch-tones des réserves sont pris en charge par le gouvernement fédéral, mais dépendent du gouvernement québécois lorsqu’ils déménagent. Isolés de leur communau-té, ils perdent leurs repères et sont donc confrontés à plusieurs problèmes : mo-dification de la couverture santé, ainsi que des droits et des services offerts. Bien souvent, « les Autochtones qui quittent leur communauté n’ont plus droit aux services de santé dispensés par leur communauté d’origine, » explique Mme Marie-Claude Cleary, directrice générale adjointe au CAA de la ville de Québec. Ils doivent alors faire face au système de san-té québécois qui leur est complètement inconnu.

Bien que plusieurs organisations soient là pour les aider, tels les CAA qui s’adressent plus particulièrement aux « hors-réserves »,

il y a beaucoup de zones grises concer-nant la juridiction. MmeMessier souligne que parfois « il arrive que le fédéral et le provincial se lancent la balle et ce sont souvent les individus qui se retrouvent démunis ».

Elle estime que cette ambiguïté fait non seulement obstacle à l’accès aux services mais il semblerait également que certains Autochtones renonceraient aux soins.

UN OBSTACLE MAJEUR, UNE MÉCONNAISSANCE RÉCIPROQUE

Mais le problème réside aussi dans une certaine incompréhension mutuelle. « Il y a autant de méconnaissance des services québécois de la part des Premières Na-tions, qu’il y a de méconnaissance des professionnels de la santé envers les Pre-mières Nations », avance Jessie Messier.

La Loi canadienne sur la santé assure le droit à la santé pour tous les Canadiens. Le système de santé québécois a ainsi le devoir de soigner les Autochtones. La dif-ficulté est de cibler cette population. En raison de la mobilité des Autochtones, il est difficile pour le gouvernement, tout comme pour les organisations de sou-tien, d’identifier la population présente en ville et d’établir des stratégies pour ré-pondre à ses besoins. « C’est un obstacle en particulier pour le travail de préven-tion », selon Mme Paul.

« Trahis par le passé, les membres des Pre-mières Nations nourrissent une certaine méfiance envers les institutions québé-coises » témoignent les professionnels qui travaillent avec eux. Ils sont également confrontés à une méconnaissance de leur culture de la part des Blancs. « Lorsque les Autochtones sortent des communautés, ils se retrouvent face à des problèmes de racisme, de préjugés, en plus de la bar-rière de la langue », explique Mme Paul. « Nous nous sommes rendu compte que les Autochtones vont dans les services québécois quand leur état de santé est très détérioré et qu’ils n’ont plus le choix », ex-plique-t-elle.

Les organisations de soutien mettent en place des projets de prévention, de vaccination et de sensibilisation. À ce

DIFFICILE ACCÈS AUX SOINS DE SANTÉ

titre, cette dernière évoque l’exemple de la Clinique de Minowé, développée au sein du CAA de Val-d’Or, qui joue le rôle d’intermédiaire entre les Premières Na-tions, les communautés et les différents paliers gouvernementaux. Aux yeux de Mme Cleary, ce projet très concluant devrait être développé dans la Capitale Nationale. « Il est urgent que le projet pilote de cliniques pour les Autochtones à l’intérieur des CAA puisse être enfin élar-gi aux grands centres urbains de la pro-vince, soit Québec et Montréal, » insiste-t-elle. Elle rappelle toutefois que les projets dépendent des subventions des gouverne-ments changeants.

UNE PISTE ? CRÉER DES RESSOURCES INTERMÉDIAIRES

Les Centres d’Amitié Autochtones (CAA) sont créés pour répondre aux difficultés liées aux populations autochtones hors réserve. À Val-d'Or, une clinique a été développée au sein du CAA pour favori-ser l’accès aux services de santé et services sociaux. Ce sont des professionnels du réseau de santé québécois qui travaillent dans ces cliniques et qui sont complé-mentaires aux autres intervenants sur place. De plus, ce modèle favorise l’ap-proche de proximité. « Les liens se créent facilement, les gens apprennent à se faire confiance », explique Mme Paul, laquelle travaille sur un « projet de déploiement du modèle Minowé pour son implanta-tion dans les villes du Québec desservies par un centre d’amitié ». Le RCAAQ vise ainsi trois villes pour l’implantation de ce projet en 2015 : La Tuque, Saguenay et Montréal.

LOU SAUVAJON

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10 JUIN 2014

Ces paroles sont celles de Denis Gagnon, titulaire de la chaire de recherche du Ca-nada sur l’identité métisse à l’université de Saint-Boniface au Manitoba. Cet an-thropologue, dont la thèse de doctorat portait en partie sur le pèlerinage des Innus à Sainte-Anne-de-Beaupré, ra-conte que la grand-mère maternelle de Jésus était le seul personnage catholique, évoqué par les missionnaires, qui a inter-pellé les Autochtones. « C’est parce que pour eux, la grand-mère maternelle est le membre le plus important de la famille », explique-t-il. Il ajoute que le sacrifice de Jésus et la virginité de Marie n’avaient pas de sens chez ces peuples. « Les femmes avaient leur premier enfant dès l’âge de 15-16 ans, alors une vierge pour eux, c’était difficile à concevoir », lance-t-il.

Selon Denis Gagnon, c’est peu de temps après la fondation de la Nouvelle-France que les Autochtones vont s’intéresser à Sainte-Anne. Les Micmacs seront les pre-miers à l’intégrer dans leur univers spiri-tuel dès 1620. « Quand les missionnaires reviennent après la prise de contrôle de la région par les Anglais, Sainte-Anne était devenue grand-mère l’ours, un person-nage fondamental pour les Micmacs », raconte-t-il. Chez les Innus, elle est de-venue la maîtresse des animaux d’hiver dont le repaire est une grotte. Elle est le pendant de Mi-shtapeo, une « divi-nité » qui aidait les Innus dans la forêt, mais dont les pou-voirs étaient inopé-rants sur le littoral. « Comme une partie de leurs problèmes sociaux, notamment

la consommation d’alcool, provenaient du contact avec les Blancs sur le litto-ral, les anciens pensaient qu’il serait bon d’invoquer les faveurs d’une « divinité » blanche pour les aider », soutient l’an-thropologue.

C’est de manière similaire que Sainte-An-ne s’est glissée dans l’univers spirituel de nombreuses nations autochtones entrées en contact avec le catholicisme et qui s’est répandu partout au Canada. « Chaque été, des dizaines de milliers d’Autoch-tones se réunissent sur les rives du lac Sainte-Anne, près d’Edmonton, pour célébrer la neuvaine du 17 au 26 juillet », indique-t-il.

À Sainte-Anne-de-Beaupré, selon la do- cumentation officielle du sanctuaire, le premier pèlerinage autochtone aurait eu lieu en 1671. Ce sont des Hurons qui auraient fait le voyage en canot sur le fleuve pour venir faire leurs dévotions à Sainte-Anne. À l’époque, seule une petite chapelle meublait le site sur lequel au-jourd’hui se dresse la basilique, inaugurée en 1876. C’est à la suite de l’évocation de miracles et l’arrivée de reliques dans le sanctuaire que le site est devenu le lieu de pèlerinage international qu’il est au-jourd’hui.

SOUS LE SIGNE DE LA FAMILLE

« Le pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beau-pré est une affaire de famille », lance le père Gérard Boudreault, missionnaire oblat de Marie Immaculée. Cet abbé, qui fréquente les communautés innues de la Côte-Nord, connaît bien leurs habitudes. « Encore aujourd’hui, les Innus sont no-mades, ils ne restent pas en place », lance-t-il. Mais, le pèlerinage de Sainte-Anne est attendu, car il est synonyme de vacances et de détente, souligne le père Boudreault. « Ils prennent la route en groupes fami-liaux de 2 ou 3 vannettes bien remplies au début juillet où, en plus de Sainte-Anne-de-Beaupré, ils vont généralement s’arrêter au Casino de Charlevoix, au Vil-lage vacances Valcartier et à Montréal »,

raconte-t-il.

Lors de leur séjour, plusieurs familles vont camper en face de la basilique, de l’autre côté de la route 138. Camping qu’ils partagent avec d’autres Premières nations en plus de

groupes de Gitans, d’Haïtiens, de Vietna-miens et de Mexicains, entre autres. Les journées, pour les Innus, s’y déroulent à un rythme particulier, comme en té-moigne Denis Gagnon. « C’est lent, c’est d’une lenteur. Pour des gens comme nous, habitués au rythme tyrannique de la société de performance, le contraste est brutal », illustre-t-il. Pour eux, le temps s’arrête autour des repas, qui sont des moments de détente privilégiés. « Ne serait-ce que de préparer le déjeuner, ça prend plusieurs heures », se rappelle Denis Gagnon, pour qui l’expérience est gravée dans ses souvenirs. Outre les repas, qui accaparent une bonne partie de la journée, le séjour est parsemé de prières, de marches au chemin de croix, de glis-sades d’eau pour les enfants à Valcartier et de magasinage, dont la destination incontournable est le magasin Latulippe, sur Saint-Vallier. « C’est là où ils vont faire leurs provisions de matériel de chasse et de pêche depuis longtemps », indique M. Gagnon.

Quel avenir pour ce pèlerinage, dans un monde où les espaces-temps permettant de reconnecter avec la nature profonde de notre existence s’effritent ? « Aucune idée, mais les pèlerinages ont toujours existé et ils seront probablement toujours là, sous une forme ou une autre, car ils répondent à des besoins essentiels pour les humains », de conclure Denis Gagnon.

THOMAS DUCHAINE

LA GROTTE DE GRAND-MÈRE SAINTE-ANNE

« Comme une partie de leurs problèmes sociaux (...) provenaient du contact avec les blancs sur le littoral, les anciens pensaient qu’il serait bon d’invoquer les faveurs d’une « divinité » blanche pour les aider » ~ Denis Gagnon

Chaque été, des Autochtones de toutes les nations du Qué-bec et du Nord-Est américain se rendent à Sainte-Anne-de-Beaupré faire leurs dévotions à la bonne Sainte-Anne. Pour les Innus de la Côte-Nord, ce pèleri-nage, vieux d’au moins 200 ans, est synonyme de vacances, de retrouvailles et de provisions. C’est là, au seuil de la grotte de grand-mère Sainte-Anne, qu’ils se confient à celle « en qui ils ont reconnu quelqu’un qu’ils connaissaient déjà ».

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Sainte-Anne ou grand-mère l’ours, un personnage fondamental pour les Micmacs

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Alexandra, 20 ans, est Innue de Pessamit. Elle est arrivée à Wendake à 15 ans pour suivre ses parents qui voulaient étu-dier. La jeunesse des Premières Nations, elle la connaît, elle en fait partie.

Modernité oblige, Facebook est dans les maisons. Le Xbox aussi. Alexandra dit avoir vu les temps changer. « Quand on était jeune, le soir il fallait qu’on rentre à l’heure. C’était la fin du monde ! En vou-lant dire qu’on voulait rester dehors » se souvient-elle.

Fabien, un huron de 28 ans, raconte que sa jeune fille ne veut même plus jouer dehors. « C’est toujours : “ Papa, est-ce que je peux aller sur l’ordinateur ? ” »

« Ça devient ridicule, corrobore Alexan-dra. Je me promène dans ma communau-té à 9 h, tu ne vois pas de jeunes. Avant, à 9 h du matin, on sortait jouer au hockey dans la rue. Aujourd’hui, c’est rare que tu voies ça ».

« Aller jouer dehors, c’est rendu une pu-nition ! », renchérit Fabien.

FIN DES TRADITIONS, DÉBUT DE NOUVELLES

Bien entendu, les jeunes ne font plus des raquettes en babiches ou des canots. Çà et là poussent des initiatives pour que la jeu-nesse autochtone persévère sur les bancs d’école.

Ici, à Wendake, on a réintroduit la langue huronne, peu parlée, à l’école secondaire Ts8taïe. À Odanak près de Trois-Rivières, l'institut Kiuna a ouvert un cégep adapté aux spécificités amérindiennes.

Ensuite, le Centre de formation de la main-d’œuvre de Wendake offre des ser-vices d’éducation depuis 1995. « Dans un cours de charpenterie-menuiserie, sur une cohorte de 24 personnes, je crois, 2 seulement ont lâché », se rappelle Alexandra. « C’est une belle réus-site, je trouve ! » Surtout pour des peuples aux prises avec un taux de décrochage de 2,5 fois la moyenne québécoise.

En outre, il y a les figures positives comme Stanley Vollant, premier chirurgien issu des Premières nations. Il parcourt les communautés pour encou-

rager les jeunes aux études. Lui qui avait peur du sang, il est l’exemple que l’ap-prentissage peut faire fi des obstacles.

« Il faut se trouver une motivation juste-ment. Quand t’as pas de but, c’est difficile d’avancer », remarque Fabien.

CHANGER DE CLASSE

Lorsqu’ils s’exilent de leur communauté pour étudier en ville, même motivés à apprendre, les jeunes ont une rude pente à monter.

« Là-bas [dans les communautés éloi-gnées], c’est vraiment facile. C’est facile passer, c’est facile avoir des bonnes notes. Moi là-bas, j’étais première de classe. Je suis arrivé ici à Roger Comtois en secon-daire 4… Ç’a été une année de merde. [En région], ils reçoivent leur diplôme d’études secondaires à 16 ans, mais ils ne savent pas plus quoi faire », assure Alexandra.

Un autre frein, c’est la langue d’ensei-gnement. Rendue aux études postsecon-daires, la matière change de langue.

Alexandra illustre: « Je ne savais pas c’est quoi un bécher. Le langage, là-bas, nous on parlait innu. Par exemple : “ Peux-tu me passer le pou ? “ Nous c’est général, on n’a qu’un mot. En français, il y a le bécher,

l’erlenmeyer... Je suis ar-rivée en Science, j’avais jamais fait d’expérience en vrai ».

Ce n’est pas que les mots qui sont à réapprendre, c’est parfois la matière.

« Moi là, un livre de ma-thématiques de secondaire, j’avais jamais eu ça. C’était tout le temps des problèmes qui venaient de la tête [du professeur] et

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qu’on faisait dans un cahier Canada. Ce n’était jamais avec un livre. J’suis reve-nue en secondaire 4 ici, c’était avec un livre et je ne comprenais pas le langage mathématique. Abscisse à l’origine… Je comprenais pas c’était quoi. C’est pour ça que le taux de décrochage au cégep, c’est l’enfer », confie-t-elle.

Fabien résume : « Ils n’apprennent pas les bons termes ».

JUSQU’À L’UNIVERSITÉ

Sipi Flamand a été président de l’Associa-tion des Étudiants Autochtones de l’Uni-versité Laval (AÉA), qui compte autour d’une dizaine de membres. En tout, selon M. Flamand, il y a 90 étudiants d’ori-gine amérindienne à l’Université Laval. Certains viennent de Wendake, d’autres d’ailleurs.

L’AÉA est là pour faciliter la naturalisa-tion aux études supérieures québécoises. « La méthodologie dans la rédaction », selon Sipi Flamand. Il explique que « sou-vent, les Autochtones sont à côté dans les travaux d’équipe. Ils ne sont pas souvent aptes à s’intégrer à la société dominante ».

Toujours selon M. Flamand, la majori-té des étudiants réussissent. Ceux qui y trouvent leur place trouvent souvent leur vocation dans l’enseignement primaire et secondaire, le travail social ou en admi-nistration. Sipi Flamand le confirme : la plupart du temps, c’est pour retourner s’investir dans leur communauté.

JEAN LOUIS BORDELEAU

AUTOCHTONES DE L’AVENIR

Lorsqu’ils s’exilent de leur communauté pour étudier en ville, même motivés à apprendre, les jeunes ont une rude pente à monter.

De belles jeunesses rencontrées au Centre de l'Amitié Autochtone de Québec : René Itualiss, Angèle Riverin et Julie-Louise Malek.

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12 JUIN 2014

Si découvrir la toundra du Grand Nord fait rêver quelques citadins avides de grands espaces, certaines personnes font quant à elles le trajet inverse et quittent les régions septentrionales pour s’installer dans les grandes villes canadiennes. C’est le cas d’Annie Baron, Inuite, née dans le village de Kangiq-sualujjuak situé dans la baie d’Ungava au Nunavik, à 1800 km de la ville de Québec dans laquelle elle habite aujourd’hui.

Annie Baron a découvert la capitale nationale en 2002, à l’occasion de l’inau-guration de l’Inukshuk devant l’hôtel du parlement. « Je suis tombée en amour de Québec » dit-elle avec un large sourire, assise devant sa grande tasse de café. Elle raconte en riant que lors de sa visite ini-tiatique, elle a entendu dire qu’il s’agissait de la ville la plus sécuritaire d’Amérique pour élever ses enfants.

Cette pensée ne l’a pas quittée et un an plus tard, elle s’installait à Québec avec sa famille. Les deux premiers enfants d’An-nie, assez âgés pour voler de leurs propres ailes, se sont depuis installés au Nunavik. Elle y est elle-même retournée pendant trois ans, de 2008 à 2011, avant de revenir à Québec, par amour, pour y rejoindre son compagnon et élever sa benjamine, Bianca, âgée de trois ans aujourd’hui.

QUÉBEC, UN CHOC CULTUREL

Annie sourit avec les yeux autant qu’avec la bouche et sa gaieté est communica-tive. Aussi, ce n’est pas une surprise de l’entendre dire que c’est le visage fermé des habitants de Québec qui l’a le plus déroutée lorsqu’elle est venue s’installer dans « le sud ». « Chez moi, si les gens ne sourient pas, c’est qu’il y a un problème quelque part. Ici quand tu souris aux gens, ils sont persuadés que tu flirtes avec eux », explique-t-elle, avant d’éclater de rire.

Le dépaysement et le choc culturel des pre-mières années se sont un peu estompés avec le temps mais il lui arrive encore de se sentir étrangère dans sa ville d’adoption. « La plupart du temps je me sens bien, mais il m’arrive parfois de me demander ce que je fais ici », confie-t-elle. Heureusement, depuis Québec on voit les Laurentides qui lui rappellent les sommets de son paysage natal.

Bien qu’elle déteste les insectes locaux, « les coccinelles, les sauterelles et les pe-tites mouches », et malgré le fait que son appartement au deuxième étage lui paraisse vraiment très haut, Annie se sent

aujourd’hui autant chez elle à Québec que dans le Nord. Elle ne se verrait pas vivre sans ses visites au Nunavik mais elle sait que si elle y retournait un jour, elle ne pourrait pas se passer de revenir parfois dans le Sud.

UNE EXPATRIÉE PRESQUE COMME LES AUTRES

Pour elle, comme pour n’importe quel expatrié de la planète vivant à plus de 1000 km de chez lui, l’aspect le plus dif-ficile reste la distance qui la sépare de ses proches. Lorsqu’elle pense à son vil-

lage, ses amis et sa fa-mille sont les premières choses qui lui viennent à l’esprit. « Dans le Nord comme ici, la vie quoti-dienne, c’est la routine. La différence, c’est qu’ici, je ne peux pas voir ma

sœur, ma nièce et mon neveu, mes en-fants et mon petit-fils. Ce serait le fun de les voir plus souvent, mais j’ai choisi de venir à Québec ».

« Si je pouvais, je monterais une fois par mois, juste pour prendre le café ou aller pêcher l’été, mais c’est impossible avec un billet qui coute 2500$ pour aller chez nous », soupire Annie. Paradoxalement, un expatrié européen est moins loin de ses proches à Québec qu’un Inuit du Nunavik, puisque le voyage vers le Nord

est plus long et plus coûteux.

DES ROUTES VERS LE NORD

Un jour, peut-être, des routes s’ouvriront vers le Nord. Si les voyages d’Annie pour visiter les siens s’en trouveront simpli-fiés, ces voies de circulation amèneront également de grands changements pour les Inuits. « Si des routes s’ouvrent, cela signifiera qu’ils (les Blancs) entreront davantage et que nous sortirons davan-tage » souligne-t-elle.

Annie, qui a travaillé pour l’adminis-tration régionale Kativik (KRG) dans plusieurs parcs naturels pour préserver le territoire et la culture inuite, voit la pers-pective d’une ouverture d’un œil mitigé. « Plus de routes signifierait plus de jobs, ce qui est toujours bon », juge-t-elle. Mais cela risquerait aussi de se traduire par une fragilisation de la culture et de la langue des populations locales, jusqu’ici préser-vées par l’isolement.

Pour Annie, il est impossible de condam-ner en bloc une perspective qui pourrait améliorer les conditions de vie des Inuits. « Dans notre état actuel, nous survivons (…), le développement économique est vraiment nécessaire pour faire baisser le niveau de pauvreté. Mais quand on a plus d’argent, on désire davantage de choses, c’est donc bon et mauvais à la fois », ajoute-t-elle dans un sourire…

ARTHUR DARRASSE

VENIR DU GRAND NORD

« Ici [à Québec] quand tu souris aux gens, ils sont persuadés que tu flirtes avec eux » ~ Annie Baron

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Le village de Kangiqsualujjuak situé dans la baie d’Ungava au Nunavik

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Au début des années 1970, Jean-Pierre Lefebvre signait le film " Les maudits sauvages " dans lequel il revoyait d'un œil ironique les relations des colonisateurs européens avec les populations qui vivaient en Amérique lors de leur arrivée. Sa relecture ir-révérencieuse et anachronique de l'épopée des premiers Fran-çais débarqués ici face aux Premières nations qui habitaient le territoire se voulait une provocation " presque historique ". En utilisant certains des héros fondateurs, il projetait le spectateur à travers les trois siècles qui séparent 1670 et 1970, à la recherche d'une définition du mot sauvage.

À l'époque, certaines bonnes âmes éprouvaient des scrupules devant l'usage péjoratif de ce mot, qu'on souhaitait rempla-cer par "autochtone" ou "amérindien"; comme s'il suffisait de changer son vocabulaire pour dissiper préjugés et malentendus. Alors, pour chercher qui était le «sauvage» dans le couple formé par le colon blanc et l'habitant amérindien, Jean-Pierre Lefebvre rassemblait une panoplie des définitions utilisées pour parler des Indiens d'Amérique et les confrontait aux agissements des envahisseurs.

Un commentaire sur le film, alors publié dans la revue Rela-tions, résume les constats de l'auteur. Pour Jeanne Mance, la fondatrice, il s'agit d'un pauvre non éduqué; pour le Curé, d'un païen à convertir; pour sa servante, d'un être cruel et sangui-naire, ivrogne et primitif, pour le vendeur d'encyclopédies, un personnage qui exprime une vision contemporaine, le sauvage est un être exotique, naïf, facile à duper, incapable de raisonner. Selon Kateri Tekakouita, c'est la poésie, le respect de la nature et le sens de l'honneur qui ressortent face aux " salauds géno-cidaires blancs " venus avec leur eau de vie et de mort pour les exterminer et s'emparer de leurs terres.

Bien de l'eau a coulé dans le Saint-Laurent depuis la sortie de ce film, aujourd'hui presque oublié, tout comme l'enseignement de l'histoire dans nos écoles qui risquerait de réveiller de vieux démons contestataires. Lefebvre, lui, souhaitait qu'on se détache de la version officielle de l'histoire pour « brouiller les cartes et semer le doute ».

LE REGARD DES AUTRES

Dans l'histoire des peuples comme dans celle des individus, les mots et les expressions en disent parfois plus long qu'on vou-drait sur qui l'on est, ce que l'on pense et d'où l'on vient. Rien de mal à cela quand on reste conscient de ce que l'on dit et que l'on travaille à accorder ses paroles et ses actes.

Malgré tout, même quand on se croit original, pas conformiste pour deux sous, libre et indépendant de pensée, imperméable

à toutes les modes et tendances, respectueux des autres, on n'échappe pas au regard des autres qui devient alors détermi-nant dans les choix que l'on fait. Le quotidien multiplie ces petites phrases innocentes qui nous trahissent.

Et ce conditionnement social au regard des autres commence dès l'âge le plus tendre et agit sans qu'on y pense à chaque fois qu'on ouvre la bouche. On ne sort pas sa grille d'analyse pour dire à une fillette qu'il faut convaincre : « Tu vas être belle, là- dedans : tout le monde va te regarder... » ou à un gamin turbulent : « Arrête de faire l'imbécile: tout le monde nous voit... Fais pas le sauvage... »

L'adolescent qui arbore un nouveau tatouage insolite s'attend à un drame familial : « Qu'est-ce qui te prend, qu'est-ce que les gens vont penser de toi, (de nous autres) en te voyant avec ça...» auquel il répond par un : «C'pas mon problème... J'm'en fous des autres ! Vous devriez en faire autant et respecter mes choix... ! », en faisant abstraction des raisons pour lesquelles il a décidé de suivre sa mode, celle de son âge. Il ne veut plus entendre la traditionnelle remarque devant toute dérogation au comportement habituel : « On va encore passer pour des sauvages ! » Heureusement qu'on ne lui a jamais parlé, comme les grands-parents d'autrefois, de la visite des sauvages à l'arrivée d'un nouveau bébé !

Quand un aîné lance un : « Dans mon temps, ça ne se passait pas de même... », l'adolescent tourne les talons et hausse les épaules. Le parent rétorque alors : «Vous avez oublié comment c'était, moi je m'en souviens...» tandis que l'observateur conclut que : « Les temps changent mais pas les êtres ».

Pour les individus comme pour les peuples, " devenir adulte, c'est ne plus accepter de se faire raconter des histoires mais essayer de retrouver l'histoire derrière les anecdotes ". Ce qui incite à « l'action au présent plutôt qu'à l'extase devant les ruines du passé », concluait le chroniqueur de Relations à propos du film de Lefebvre et de son histoire de sauvages.

MARTINE CORRIVAULT

(réf. : Relations, décembre 1971, pp.344-345)

MARTINE CORRIVAULT

LE TEMPS DES SAUVAGES

Courtoisie: Martine Corrivault

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Créé afin de briser l’isolement de la communauté féminine autochtone en milieu urbain, le Cercle Maniteshkueu accueille toutes les femmes, peu importe leur provenance. Ces dernières y font de l’artisanat, de la bro-derie aux mocassins en passant par le perlage, le tout enseigné par les fondatrices, Pénélope et Nathalie Guay.

Le Cercle Maniteshkueu a lieu trois fois par mois dans les locaux de Rose du Nord à Charlesbourg. Accueillies par les fon-datrices, toutes se sentent bienvenues, surtout les inconnues. Quand de nou-veaux visages apparaissent, toutes les femmes se présentent tour à tour. Cer-taines d'entre elles fréquentent également La Maison Communautaire Missinak; un autre service mis sur pied par Mmes Guay qui accueille les femmes ayant quitté leur communauté et éprouvant des difficultés, ainsi que leurs familles si besoin. D’autres sont dans la région depuis déjà bien des années.

La majorité des femmes qui fréquentent le Cercle ont de trente à soixante ans. Cer-taines, beaucoup plus rares, sont dans la vingtaine. Pour l’une d’elles, ce sont ses études qui l’ont amenée au Cercle. « J’ai fait un stage à la Maison Missinak en intervention sociale, puis je suis tout sim-plement restée », confie la jeune femme. Pour une autre, c’est l’intérêt envers l’ar-tisanat qui l’amène au Cercle sur une base régulière.

Selon Mme Pénélope Guay, ces mercre-dis « sont aussi une occasion pour elles de renouer avec leur culture oubliée, souvent non retransmise par la famille. C’est une fierté pour elles que de pouvoir apprendre à broder, perler ». Lors de ces soirées, les femmes se donnent aussi des nouvelles d’ailleurs, car il n’est pas rare pour elles de connaître les membres des autres communautés. Elles ont aussi la chance de parler leur langue maternelle entre elles.

Le troisième mercredi du mois est quant à lui consacré à diverses conférences tou-chant des sujets variés : la dépendance affective, le suicide d’un proche, etc. En plus de ces conférences lors du Cercle, la Maison Communautaire Missinak offre

également aux femmes qui le souhaitent de l'accompagnement dans les procé-dures judiciaires (du casier judiciaire aux demandes de pardon, etc.)

UN BESOIN CRIANT RECONNU TARDIVEMENT

L'aide est réclamée depuis longtemps, mais ce n'est que depuis 2009 que le Cercle et la Maison Communautaire Missinak sont officiellement en activité. Selon Mme Pénélope Guay, « ces ser-vices essentiels sont un besoin exprimé par l’ensemble de la communauté au-tochtone ». Il aura fallu plusieurs années avant que le gouvernement tende l’oreille aux idées des fondatrices et aux besoins particuliers des Autoch-tones en milieux urbains.

Aux yeux de Mme Péné-lope Guay, « il est beau-coup plus difficile pour les femmes d’aller cher-cher de l’information en ville. Cette difficulté est moins présente en communautés éloignées parce que tout est au même endroit, tout est regroupé ». La nécessité de maisons d’hébergement, de mercredis-conféren- ces, etc. est donc essentielle pour ces femmes, nécessité à laquelle répondent La Maison Communautaire Missinak et le Cercle Maniteshkueu.

En plus de ces programmes, Mme Natha-lie Guay est très fière de leur nouveauté, Missinakuss, un volet d’aide parentale récemment mis sur pied. Alors que leurs parents reçoivent de l’information sous

forme de conférences ou d’activités, les enfants ont accès à une pièce très colorée remplie d’activités. « Ça ne s’adresse pas seulement aux mamans, mais aussi aux papas, à toute la famille », explique la co-fondatrice. Prenant en charge la globalité de la personne, autant sur le plan mental, spirituel, émotionnel que physique, un volet de ressourcement en milieu naturel est aussi accessible aux familles des Pre-mières Nations dans le besoin de spiri-tualité.

Tous ces programmes apportent beau-coup à la communauté féminine au-tochtone. Il est évident que ces mercredis hors communauté où se rassemblent les

femmes sont indis-pensables afin de bri-ser l’isolement qu’elles vivent en milieux ur-bains. Avec leur accueil chaleureux et dévoué, Mmes Pénélope et Na-thalie Guay tiennent une place fondamentale auprès des femmes des Premières Nations.

GABRIELLE GERMAIN

LE CERCLE MANITESHKUEU : PLUS QU’UNE SOIRÉE ENTRE FEMMES

« Ces mercredis sont une occasion de re-nouer avec leur culture oubliée, souvent non retransmise par la famille » ~ Pénéloppe Guay

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Perlage des mocassins au Cercle Maniteshkueu

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16 JUIN 2014

210-4765, 1re Avenue Québec (Québec) G1H 2T3 Courriel : [email protected] Site : www.audiotheque.com

Téléphones: 418 627-8882 (Québec) 514 393-0103 (Montréal) 1877 393-0103 (Sans frais)

Note pour Karyne : Mettre cette pub le plus petit possible. Tu peux jouer avec les éléments si tu veux.

La Quête est diffusée par téléphone via Audiothèque pour Personnes Handicapées de l'Imprimé du Québec inc

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La Quête est diffusée pAr téléphone viA

AudiothèQue pour personnes hAndicApées de l’iMpriMé du Québec inc

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JUIN 2014 17

Photo: Diane Morin

Cette année, mon appétit pour l’été est féroce. Une vraie faim de loup ! Et avec l’hiver qu’on a eu, je ne dois pas être la seule.

FÊTE DES SEMENCES

Depuis un bon moment déjà, je cultive l’espoir d’avoir un jardin à moi. Et cette année, j’ai été exaucée ! J’ai enfin eu une place au Jardin communautaire Tournesol. L’heureuse nouvelle est arri-vée juste avant la Fête des semences. Conséquemment, je me suis laissée aller dans l’achat de différentes graines. Pour certaines espèces, comme les tomates par exemple, je m’en suis procuré jusqu’à neuf variétés, plusieurs herbes bien sûr, des laitues et de nombreuses composantes de mesclun, des concombres, etc. Il me faudrait un lopin 5 ou 6 fois plus grand, pour cultiver toutes les variétés dont j’ai fait l’acquisition! En fait, je veux faire des expériences et trouver les variétés qui me conviendront le mieux, notamment pour mes projets de conserves.

UNE SERRE REMPLIE DE PROMESSES

En achetant des graines plutôt que des plants, j’avais l’intention de mettre en pratique ce que j’ai appris ces dernières années en agriculture urbaine. J’ai fait de la planification, lu et relu les instructions pour chaque semence, consulté des manuels sur la culture biologique, tracé des croquis, etc. Il me fallait aussi une petite serre pour partir mes semis. Au mois de mars, pendant que collectivement nous ragions contre les rigueurs de l’hiver, je courrais partout pour rassembler le matériel nécessaire. Et de la fin de mars jusqu’au mois de mai, j’ai joué avec le terreau, les godets et l’arrosoir à l’intérieur, sous les néons horticoles. C’est bon pour le moral ! Tout cela n’a pas tardé à pousser et en mani-pulant les plants à repiquer, je pouvais sentir les effluves caracté-ristiques des plants de tomates.

UN JARDIN EN CADEAU

Début mai, ce fut l’ouverture du jardin. Quelle merveille avec son étang, ses aménagements paysagers propices aux pique-niques ou à la méditation, ses lots cultivés avec amour, ses buttes à courges et le compostage collectif ! Un véritable havre de paix et de sociabilité citoyenne de grande qualité. Très agréable de cir-culer avec le chant des grenouilles mâles et des oiseaux nicheurs. Enfin, j’ai pu commencer les travaux dans mon lopin. Toutefois, quelques surprises m’attendaient. Entre autres, le lot obtenu contenait déjà des végétaux vivaces et biannuels. Je suis quasi parvenue à identifier le tout et j’ai ensuite pu faire des choix. J’ai notamment gardé les fraisiers, viré la consoude et l’angélique, resitué les violettes en bordure et regroupé certaines herbes.

DES CONSERVES EN PERSPECTIVE

J’aime faire des conserves de tomates à la façon d’Elena Faita, la mère de Stefano. Si j’ai fait autant de semis de tomates, c’est que

j’ai l’intention de faire mes conserves avec des produits que j’ai moi-même cultivés, à l’exception bien sûr du filet d’huile d’oli-ve. Les tomates italiennes et le basilic pour le pesto sont donc à l’honneur dans mon jardin. Pour cette année, j’utiliserai l’ail cultivé collectivement au jardin mais j’envisage toutefois d’avoir le mien l’an prochain, car l’ail se plante à l’automne. J’ai l’inten-tion également de faire du ketchup maison. On en raffole dans mon entourage. Une des surprises du jardin a été de découvrir la profusion de touffes de ciboulette tout autour des allées. J’ai donc commencé la production de mon premier pot d’herbes salées à la fin mai, fait des cadeaux et redécouvert la crème sure à la ciboulette en accompagnement. Un délice pour les papilles avec une grillade et une papillote de petits légumes!

LE RETOUR DU BBQ ET DES CONVIVES

J’habite dans un appartement et les règlements du bloc changent avec les propriétaires. Depuis quelques années, je n’ai plus le droit de faire de BBQ avec des briquettes. J’ai boudé les immenses grills au propane conçus pour les banlieusards. Mais comme c’est triste de ne pouvoir faire de grillades dehors. Surtout que j’ai des voisins qui taquinent mes narines régulièrement. Je n’en pouvais plus. J’en ai trouvé un pliable avec grilles en fonte et suffisamment de BTU pour cuire correctement la viande. C’est vraiment la joie de cuisiner à l’extérieur, d’échanger quelques mots avec les voisins et de recevoir la famille ou les amis.

Vive l’été et merci la vie pour tous ces plaisirs !

DIANE MORIN

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IANE MORIN

UN APPÉTIT FÉROCE POUR L’ÉTÉ

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18 JUIN 2014

LE JEU DE LA QUÊTEPAR JACQUES CARL MORIN ET GINETTE PÉPIN

CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉ ES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISÉE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT.

LE JEU DE LA QUÊTE par Ginette Pépin et Jacques Carl Morin

Ce jeu consiste à remplir les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide des définitions, indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grisée représente une lettre qui est à la fois la dernière lettre d’un mot et la première lettre du suivant.

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10 Verticalement : 1- Art d’élever les abeilles. 20- Autre nom de la libellule. Horizontalement : 1- Informations relatives aux événements récents diffusés dans les médias. Plante oléagineuse

originaire d’Asie. Langue de Goethe. 2- Luthérien, baptiste, anglican, méthodiste. Os en situation médiale et antérieure par rapport à

la fibula. Signe typographique @. 3- Exercice d’une fonction pendant l’absence du titulaire. Célèbre modèle d’automobile

construit par Ford depuis 1964. Fleur annuelle de nos jardinières. 4- Relatif aux prisons. Lieu d’isolement sanitaire (TAZERAL). Sauce pimentée.

VERTICALEMENT :

1- Art d’élever les abeilles.

20- Autre nom de la libellule.

HORIZONTALEMENT :

1- Informations relatives aux événements récents diffusés dans les médias. Plante oléagineuse originaire d’Asie. Langue de Goethe.

2- Luthérien, baptiste, anglican, méthodiste. Os en situation médiale et antérieure par rapport à la fibula. Signe typogra-phique @.

3- Exercice d’une fonction pendant l’absence du titulaire. Cé-lèbre modèle d’automobile construit par Ford depuis 1964. Fleur annuelle de nos jardinières.

4- Relatif aux prisons. Lieu d’isolement sanitaire (TAZERAL). Sauce pimentée.

5- Personne qui a été amputée d’une jambe. L’un des Grands Lacs. Écervelé, hurluberlu.

6- Parallélogramme ayant deux côtés consécutifs de même lon-gueur. Remarquable, exceptionnel. Profondeur d’un être, d’une chose (DRENTOFS).

7- Mésaventures. Fonction du prêtre.

8- Rendre semblable. Ossements. Pas de la porte.

9- Pour un cheval, lancer les pattes en arrière. Petit cours d’eau. Qui ne concerne qu’un seul côté.

10- Qui n’a qu’une courte durée. Objets que l’on a achetés. Arme blanche utilisée en escrime.

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PAR HÉLÈNE HUOT

DES MOTS POUR PARLER

1. Les mots « coursier », « destrier », « palefroi » et « sommier » désignent tous : a. des chevaux; b. des métiers; c. des meubles.2. Quelle expression a exactement le même sens que « à la file indienne » ?3. Les habitants de l’Inde sont appelés indifféremment Hindous ou Indiens. Vrai ou faux ?4. Un événement bisannuel se produit : a. deux fois par an; b. tous les deux ans.5. La mule est l’hybride de la jument et de l’âne; comment s’appelle l’hybride de la lionne et du tigre ?6. « Un vieux de la vieille » désigne une personne expérimentée dans un domaine donné. La vieille dont il s’agit est : a. l’aïeule de la famille; b. la vieille époque; c. la vieille garde.7. Un article publié dans le journal Le Soleil le 9 mai dernier attire notre attention : « Les gazelles confinées dans leur enclos ! » Les gazelles dont on parle sont : a. des animaux d’élevage de qualité supérieure; b. des jeunes entreprises florissantes; c. des jeunes femmes libertines.8. Quand utilise-ton l’expression « Un ange passe » ? a. lorsqu’il y a un silence prolongé dans une conversation; b. lorsqu’un enfant fait un mot d’esprit subtil ; c. lorsqu’une solution apparaît pour résoudre enfin un problème difficile. 9. Le genre des noms qui débutent par une voyelle est souvent embêtant. Quel est le genre des noms suivants : aérogare, alvéole, amibe, anagramme, antichambre, antidote, apogée, armistice, asphalte et astérisque ?10. Marcel est un prénom courant. Mais qu’est-ce qu’un marcel ? a. une fibre textile de couleur bourgogne; b. un maillot de corps masculin; c. un masque protecteur conçu pour les escrimeurs.

DES MOTS POUR JOUER / TOUT ET SON CONTRAIRE…

Trouvez le mot opposé ou inverse de chacun des mots qui suivent :

AmontBoréalConvexeHypoglycémieInflationMéconnu

DES MOTS POUR RIRE

Il n’y a pas que les enfants, les parents et les enseignants qui nous font rire, sans le savoir... Jetons un coup d’œil sur les rapports de police ! [Source : http://www.mots-de-tete.com/menu-haut/telechargements/betisier_police.pdf]

- Le garçon de café était une femme... - L'homme nous raconta toute la vérité qui n'était qu'un tissu de mensonges.- L'homme a refusé de reconnaître qu'il nous avait menti en affirmant qu'il était mort.- Le prévenu a attendu d'avoir fini son repas pour commencer une grève de la faim.- Les trois Africains soupçonnés d'avoir trempé dans l'affaire ont tous été blanchis par l'enquête.- Face à face avec son adversaire, l'homme le prit en traître par derrière... - Seule l'autopsie pourra dire si l'homme est encore vivant... - Dès que l'homme fut abattu, nous avons pu procéder à son interrogatoire. - L'assassinat avait donc bien le crime pour seule et unique raison. - On ignore les raisons qui ont poussé le désespéré à se faire assassiner... - Le choc fut sans gravité même s'il fallut déplorer deux morts... - Seuls quelques dégâts matériels furent notés sur le cadavre... - Le policier put frapper son agresseur à la tête sans difficulté, son arme étant parfaitement réglementaire. - Un violent coup sur la tête semblait indiquer une mort naturelle... - Après identification, le corps fut rendu à sa famille dont personne n'a pu retrouver la trace.

J’attends de vos nouvelles…Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique La langue dans sa poche. Rien de plus simple. Écrivez-moi à [email protected]. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous ! Les réponses page 29.

PatrilinéairePersuaderPrologueSapideSeptentrional Zénith

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20 JUIN 2014

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Je vieillis Est-ce que ma vie est déjà finie? Ma fille mène bien la sienne Son conjoint aussi L'avenir leur appartient Mais moi, je suis

Seule, si seule

Ma fille m'enchante Je ne pouvais espérer mieux J'ai toujours vécu pour elle, par elle Je dois m'en détacher, la laisser aller Elle sait où elle va, son ami aussi.

Seule, si seule

Je n'ai connu l'amour qu'avec elle, J'ai deux grands amis Un amant, Et un grand amour qui a peur d'aimer et d'être aimé.

Seule, si seule

Ça y est, je pleure sur mon sort Pourquoi certaines amours font-elles si mal ?

Je n'aime pas la noirceur Ni celle de mon de cœur L'amour à sens unique, ça nous panique

Seule, si seule

Je me promène sur le bord de la mer Oui, mais la mer est en rage C'est dans mon cœur que ça se propage Je dois l'affronter, mais je suis

Seule, si seule

Je suis en crise Une vague d'incompréhension me submerge Je suis forte, mais épuisée de forcer pour des miettes que l'on veut bien me laisser

Seule, si seule

Mon bonheur est tellement éphémère Que pourrais-je faire pour qu'il dure C'est une guerre à finir

Je dois me choisir Mais je suis

Seule, si seule

Pourquoi pas le bonheur à deux ? Mon instinct de survie me garde la tête hors de l'eau Mais pourquoi ?

Seule, si seule

MARLO

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Poème triste (ment)

La route positivePrendre la route Pour déboucher sur d'autres lieux Où on peut aussi être à nouveau heureux Malgré, du départ, un peu de doute Sur la victoire D'une belle autre histoire Découvrir d'autres soleils Qui, de rupture du quotidien, Nous émerveillent Et nous ouvrent d'autres chemins Parsemés, certes, de recherches Mais, qui aboutissent à de belle découvertes Qui remplissent notre cœurs À force de marcher De pressentir nouveaux bonheurs De surprise, trouvés Aventuriers Récompensés.

GAÉTAN DUVAL

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22 JUIN 2014

Si j'avais mon pays un jour Je ferais mon serment d'amour De l'adorer et de le chérir Pour ne plus jamais le fuir

Si j'avais mon pays un jour J'irais au son des tambourins Refaire les grands troubadours Pour faire chanter les copains

Si j'avais mon pays un jour Je le voudrais très haut et beau Sans préjugés clair comme l'eau Doux soyeux comme du velours

Si j'avais mon pays un jour Il aurait un regard vif et pur Sans douleur ni blessure Juste assez de merveilleux jours

Si j'avais mon pays un jour Je le voudrais énergique Et surtout pas chaotique Avec la force d'un gros ours

Je m'assieds au bord des eaux blondes de ton sommeil

m'accroche et m'attarde aux vents profonds étrennés par toi comme un songe comme un chant une marée saline

Tu sais aujourd'hui reposer la nuit rouge et bleue (ou noire) or tu me tends ses bosquets d'étoiles

ensemble tous deux toi et moi pourtant ne portons-nous à bout de bras toi des lichens de soleil1 moi des morves d'azur1

enfin nous voici dans nos sangs humides et chauds l'heure ayant sonné

Si j'avais mon pays un jour Il serait aimé pour toujours D'irrésistibles passionnés Faisant un très grand tourbillon

Si j'avais mon pays un jour Je le voudrais libre penseur Comme un oiseau voltigeur Avec tous les oiseaux migrateurs

Les chants nous viendront de la mer Soit par les bois et rivières Ou le fleuve. Je deviendrai Assurément la liberté

Dans ma très modeste maison Il y entrera les nations Via un noble horizon Sous un tendre vent vagabond

Si j'avais mon pays un jour Je rimerais une chanson Avec tous vos noms et prénoms Incrustés de beaux mots d'amour

MICHEL BONNELLY

très tôt

plus tôt que les aurores

- Les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent2

LE POÈTE DE LA RUE (J.-P. D.)

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Si j'avais mon pays un jour

Pour demain (chanson)

1. Arthur Rimbaud (1871, Le bateau ivre)

2. Arthur Rimbaud (Illuminations)

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JUIN 2014 23

Dans mon quartier, je côtoie tous les jours des gens de la rue : des toxicomanes déchus de quelque paradis, des fous qui rêvent d’une vie normale, des paumés que la vie a oubliés quelque part sur le macadam.

Il y a par exemple Raymond. Ce grand gaillard a pris possession de son bout de trottoir. Il y fait la vigie depuis des mois, en mission commandée. Raymond a l’air méchant comme ça, mais il ne manque pas de sourire à tous ceux qui traversent « son » territoire. Il y a aussi Mylène. Elle a des yeux de chat et émet comme un miaulement au début de chaque phrase. Sauf quand elle est en crise. Dans ces moments-là, elle rugit : contre les politi-ciens, les artistes, les fonctionnaires. Un vrai animateur de radio-poubelle. Mais il se trouve toujours un bon samaritain pour l’amener à la clinique du quartier où elle a ses habitudes. Il y a encore Pierre, le vendeur du journal de la rue. Le pre-mier du mois, quand il vous brandit son numéro qui « vient de sortir », il devient président d’un empire de presse. Il y a en-fin tous les autres qui, massés devant leur centre communautaire tous les lundis matins, causent comme des couventines dans une cours de récré.

Dans mon quartier, je côtoie aussi des étudiants, des artistes, des informaticiens, des chercheurs, des journalistes. Non ce n’est pas la cour des miracles, juste la ville et sa faune. Les deux groupes se partagent le territoire sans vraiment se connaître. D’un côté des champions qui évoluent

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comme s’ils avaient l’éternité devant eux, de l’autre des errants qui s’accrochent à des fragments d’existence. Jamais dif-férences n’ont paru aussi grandes. Un gouffre ! Lorsque les premiers entrent au travail, les seconds se font plus visibles. Et vice-versa. Un étranger qui passerait par là tôt le matin se dirait qu’il débarque dans un quartier hyperbranché. Un autre qui arriverait au milieu de la matinée se demanderait s’il a échoué dans un centre-ville abandonné aux itinérants. Pour-tant, je sais – je demeure dans le quartier depuis assez longtemps – que les deux groupes cohabitent dans une belle har-monie.

À l’heure du lunch par exemple, l’été, les gens de la rue et les gens du monde s’ébrouent dans le parc, chacun res-pectant l’espace de l’autre. À d’autres moments, ils se partagent l’immense parvis de l’église, qui constitue le cœur du quartier ; l’endroit a été aménagé en place publique, comme on en trouve tant dans les villes européennes et trop peu en Amérique. Mais la cohabitation la plus surprenante, c’est à la bibliothèque qu’on la retrouve. Le lieu est très fréquenté. Les gens de la rue ont pris l’habitude de venir s’y reposer et, en hiver, s’y réchauffer. Au début, ils avaient l’air un peu perdu. Mais puisqu’ils ne dérangeaient personne, on les a tolérés. Et graduellement, ils s’y sont installés.

Aujourd’hui, je suis toujours ému quand je les aperçois à travers les grandes fe-nêtres de la bibliothèque. Spectacle lu-

mineux que ce ballet de romanichels, les cheveux et les idées en broussaille, se mêlant aux étudiants, aux artistes et aux retraités sans que plus personne n’y fasse attention. Oh ! Il y a bien Raymond qui se fait parfois remarquer, parce qu’il tient son livre à l’envers pendant dix minutes, le regard perdu dans quelque chimère. Il y a aussi Mylène, Pierre et des dizaines d’autres, tout à leur joie d’évoluer dans un monde auquel ils ont accès de plein droit, un monde où personne n’a besoin de mendier.

Généralement, les gens de la rue dé-rangent. Aussi, des esprits nostalgiques soumettent que l’on revienne en arrière parce que, c’est connu, « c’était bien mieux avant ». Ceux-là ne sont pas loin de vouloir recréer les asiles d’aliénés d’hier pour s’occuper des paumés de ce monde. Je propose une autre option : créer des parcs, aménager plus de places publiques. Et, surtout, construire de grandes biblio-thèques. Appelez cela de l’optimisme si vous voulez. C’est plutôt une conviction : je crois qu’aucun être humain n’est fait pour vivre en cage.

HERVÉ ANCTIL

Extrait de : Hervé Anctil, Petits portraits… et autres cas de figure, recueil de chroniques, Québec, Idées, 2014. En vente chez Pantoute et Vaugeois.

Les gens de la rue Dans la faune urbaine

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24 JUIN 2014

Le soleil dessine l'ombre de mes cheveux sur la table de travail. Il m'enrobe le dos d'une chaleur bienfaisante.

Comme il le faisait dans ma jeunesse, lorsque seul dans ma chambre déserte je m'évertuais à faire mes devoirs le di-manche. Ah ! Ces maudits dimanches où le soleil, insolent, éclatait tout autour de moi, fol porteur de vie.

Élève discipliné, je ramenais mes yeux vers mes cahiers, m'efforçant de me concentrer, de m'instruire. Peine perdue. Par la fenêtre ouverte, les cigales m'appe-laient. Leur long cri surgissait des bos-quets, s'amplifiait démesurément pour se transformer en une plainte lancinante qui venait marteler ma volonté. Je désirais bien faire. J'avais des travaux en retard que j'avais accumulés tout au long de la semaine. De la besogne dont je repoussais l'échéance à la dernière limite. Je devais travailler.

Mais les cigales chantaient. Chantaient mieux que tous les chanteurs populaires. Chanson sans paroles, certes, mais com-bien évocatrice de la prochaine saison qui se pressait de rentrer par toutes les écou-tilles de la maison.

Sans le vouloir, le crayon me glissait des mains. J'arrêtais de respirer, presque, pour guetter le prochain envol. Un peu de vent pianotait dans les érables. Un gros bourdon venait vrombir, ici et là, suivant son trajet habituel, une irrégularité anar-chique dans ses tours et détours.

J'expirais doucement, la bouche ouverte, pour minimiser tous les frottements

possibles qui auraient pu venir troubler mon écoute.

Le miracle tardait parfois. Toutes les cigales savaient probablement que je les épiais, comme une jeune fille ingénue qui monte dans un autobus rempli de foot-balleurs et qui pressent tous les regards inquisiteurs qui la déshabillent. Elle re-tient son sourire un instant. Un instant seulement, le temps d'apercevoir une vieille dame au visage complice. La jeune fille sourit alors, pour la plus grande joie des footballeurs.

Plus le miracle tardait, plus mes sens émoustillés se laissaient tourmenter par ma sensibilité avide. Tout cessait d'exister. Le temps hoquetait comme une bagnole en manque d'essence.

Enfin, au moment où j'allais craquer, le doux chant s'élevait. De très loin, du cœur même de l'insecte, la plainte naissait. Le sifflement montait peu à peu dans l'air, comme dans mon corps; ma respiration reprenait son cours, détendait mes nerfs. Je rejetais mon corps vers l'arrière, sou-tenu à peine par mon dossier de chaise dont je n'utilisais que deux pattes. Je me laissais pénétrer.

Son pur. Son aigu à l'extrême, qui règne sur tous les autres bruits des bosquets. Et, comme encouragées par la téméraire qui avait osé percer le silence, d'autres cigales lançaient à leur tour leurs chaudes modu-lations.

Et moi qui devais travailler. Comment travailler lorsque le soleil plaque au sol tous les êtres? Lorsque sa chaleur écrase

toutes les petites bêtes, toutes les grandes ? Lorsque seule la cigale trouve la force de crier ? Mais n'est-ce pas une injure que la cigale lance à la face de l'astre orgueil-leux ?

Comme un rythme lourd qui exhorte les galériens à ramer, le soleil, frustré d'être né sans voix, torture ces insectes jusqu'à ce qu'ils clament bien haut sa félicité.

Je me souviens d'un soir du temps de la petite école. D’un soir tiède qui suivait une chaude journée. Du salon montait la musique dominicale, qui résonnait comme le glas dans mes oreilles. Tous les dimanches (jours du bon Dieu pour mon père qui cherche pitance, pour ma mère qui reprise mes chaussettes), mes parents regardaient Henri Bergeron et ses Beaux dimanches à la télévision.

Aux premières notes du thème musical, mon être se remplit d'angoisse. Mes che-veux courts se dressent bien droits. Une sourde douleur s'installe dans ma poi-trine et je me dis : « C'est dimanche soir ». C'est donc la veille du lundi, et norma-lement je dois courir faire mes devoirs, récupérer tout le travail dû pour le len-demain.

Mais très vite, le bonheur m'aborde. Mieux, le bonheur explose de toute part en moi, parce que c’est l’été et les va-cances !

Les plus belles vacances, celles de l’en-fance, délivrée de la petite école.

BERNARD SONGE

En relisant Marcel Proust...

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Sauver une vieLorsqu’il est question de sauver une vie, on pense immédiatement à un être hu-main. Mais voici qu’en naviguant sur les sites Internet consacrés aux animaux, j’ai constaté que la formule servait do-rénavant à nous émouvoir sur le sort des chiens et des chats abandonnés.

Oui, on peut effectivement sauver une vie en adoptant une créature que la vie a poussée au bord du gouffre. Un bon mouvement répondant aux élans de notre cœur nous permet de connaître la joie de sortir un animal des griffes de l’abandon et de l’indifférence. Curieusement, notre sentimentalité reste de glace quand il s’agit d’un être humain. Contrairement au chat en difficulté, l’homme qui men-die semble indigne de notre compassion. On n’a qu’à voir avec quel empressement les gens s’éloignent du mendiant pour se faire une idée du rejet dont il est victime.

Les passants ne font pas que refuser de donner. Ils refusent aussi de respecter la dignité de la personne qui se retrouve ex-clue de tout, y compris de notre regard. Chaque regard détourné rappelle au mendiant qu’il est une non-valeur, quasi un non-humain indigne d’une parole ré-

confortante, indigne d’un bon mouvement, indigne de tout contact.

Et pourtant, cette glace qui em-prisonne nos réactions émo-tives fond comme par enchan-tement quand on rencontre un animal en difficulté. Il faut même nous interdire, sous peine d’amende, de nourrir oiseaux et écureuils tant nous ressentons l’envie de leur venir en aide.

Une image me hante. Celle d’un chat qui voulait entrer chez moi, alors que le voisin du haut criait : « Ne le laisse pas entrer, il veut qu’on le nour-risse ! » Je n’ai pas écouté le voisin. J’ai laissé entrer le chat puisque j’éprouvais l’ardent désir de venir en aide à cette vie animale sollicitant mon intervention.

Le souvenir de cet élan sentimental me fait m’interroger sur nos réactions face à la détresse humaine. Pourquoi sommes-nous ainsi? Pourquoi cette contradiction

dans nos élans de bonté ? Y a-t-il en nous une incohérence dont les plus pauvres font les frais ? La question mériterait une réponse puisqu’on retrouve partout cette dichotomie du cœur humain.

YVES POTVIN

Feu d’artifice-moi Gueule en plein Fous yeux

C’est plus fort que toi Plus fort que moi Que tous Que tout

L’avenir me défonce

L’art nous sauve Merci

Comment peut-on aimer le salissage ?

J’suis triste, mais bien.

Hippies passés de mode Erreurs intelligentes

Ne nous délaissons pas

Est-ce que je lâcherais ma vie ?

Pour trouver un inconnu… Serait-ce Dieu !

Continue de me croustiller Pop à l’endroit Pop à l’envers Cercle parlant

Promets-moi que nous Resterons l’équipe d’enfer Merci

Nage librement vers mes obligations Tue la lumière !

Kung Fu interdit

Impossible de te raccompagner

Pas de neige, aucune fleur Animal intérieur Ton visage joliment déconfit

Rage de douceur Malgré les autoroutes empourprées Camper ton personnage Perfection à zéro

Je ne suis plus moi Biffure d’identité Pourtant incassable

Cachez votre joie de me voir Disparaître Sous l’autre

Étoile déformée Merci

Je ne deviens pas toi Sans toi, le temps digresse Naître égale défi

Exister ensemble Merci

Y’a pas de gagnant

Tu ne dis rien En me disant tout Tu me dis tout En ne disant rien

Mourir encore et encore

Merci

JULIE CARTIER

Nausée Régionale

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26 JUIN 2014

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L'âme des animauxDernièrement, j'ai lu L'âme des animaux, un livre passionnant de Jean Prieur, écri-vain français. Il écrit ceci :

Si l'on entend par ÂME la partie incorpo-relle de l'être, le siège de la sensibilité, de l'entendement, de la volonté, la source des pensées, des attachements et des passions. Si l'on entend par âme le courage, les sen-timents élevés, les instincts généreux d'une individualité considérée du point de vue moral, oui ! les animaux ont une âme.

Pour étayer son propos, l'auteur a regrou-pé différents témoignages et observations qu'il a lui-même notés ou qui lui ont été rapportés par d'autres amis des animaux. Un de ces témoignages m'a particulière-ment touchée.

Voici un fait que rapporte la Société Protec-trice des Animaux de Marseille : une vieille fermière, croyant sa mort prochaine, remit sa chatte aveugle à une amie qui habitait

à vingt-cinq kilomètres de l'autre côté du Rhône. Elle était sûre que cette personne en prendrait le plus grand soin et sa confiance était justifiée. Or, quinze jours plus tard, la fermière entend des gémissements devant sa porte. Elle ouvre, la chatte est là, misé-rable, tragique, le pelage crotté, les pattes en sang, d'une maigreur effrayante. Comment a-t-elle fait, étant aveugle, pour se nourrir pendant deux semaines ? Comment a-t-elle fait pour trouver son chemin à travers les collines couvertes de broussailles ? Com-ment a-t-elle fait pour franchir le Rhône ? Sur vingt kilomètres de fleuve, il n'y a qu'un seul pont. Autant de questions inso-lubles. Toujours est-il que la chatte aveugle avait préféré à son nouveau foyer, où elle était fort bien, la vieille fermière à qui elle avait donné cette extraordinaire preuve d'attachement. Quelle explication donner à ces trajets immenses accomplis par des animaux ? Il semble qu'ils aient la faculté de se diriger dans les innombrables champs de force électromagnétique ainsi que dans le champ des ondes qui sillonnent l'espace.

Le livre de Jean Prieur nous fait part des résultats de sa recherche pointue, de ses expériences et de ses découvertes extra-ordinaires, prouvant que les animaux ont une âme comme nous, les humains.

Quelques chapitres de L'âme des ani-maux décrivent comment les civilisa-tions anciennes, en Orient et en Grèce, et à différentes époques, au Moyen Âge, à la Renaissance et jusqu'à aujourd'hui,

traitaient les animaux familiers, soit de façon cruelle, soit de façon bienveillante. Il rapporte même comment les animaux étaient considérés dans l'Ancien et le Nouveau Testament.

Dans notre vie de tous les jours, vous et moi le savons et le constatons, que nos animaux familiers ont une âme! Ils ont « bon cœur », nous sont fidèles, nous émeuvent, nous font rire, nous en-seignent l'amour inconditionnel. Je fais miennes ces belles paroles de Jean Prieur :

L'amour humain est fragile, il est à la merci d'une parole maladroite, du plus léger frois-sement, d'une saute d'humeur. L'amour animal est autrement plus solide. Quand il se donne, c'est pour toujours, jusqu'à la mort et même au-delà. Finalement, il n’y a sur la terre que trois amours en partant du sommet : l'amour divin, l'amour maternel et l'amour animal.

CHRISTIANE VOYER

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JUIN 2014 27

Fugue

La musique vint doucement réveiller Mi-chel. C’était comme une sourde mélodie qui se glissait à travers les persiennes des fenêtres, les soupirs d’une lointaine flûte. Il se leva pour aller voir à la fenêtre ce qui se passait réellement. Cela semblait venir de la rue, mais il n’y avait personne. Il en-fila un pull par-dessus son pyjama et mit ses chaussures. Il avait pris sa décision. Comme il se trouvait au troisième étage et qu’il était un peu casse-cou, il prit sa corde qu’il attacha au rebord de la fenêtre et s’y laissa glisser.

Il était à peine un peu plus de minuit. La rue était froide et vide. Personne. À part quelques gouttes de pluie qui clapotaient dans les flaques, témoignant ainsi du violent orage qui venait d’avoir lieu. Le temps s’était mis à l’unisson de sa peine.

Son père venait de lui dire qu’il n’était pas question qu’il poursuive son activité artistique, et qu’il faudrait qu’il quitte prochainement l’école pour aller travail-ler à la mine. « C’est ça, ou aller couper du bois en pleine forêt pour m’aider à nour-rir tes frères et tes sœurs ». C’est qu’ils étaient une famille bien nombreuse : dix garçons, sans le compter lui, et trois filles.

Michel avait bien compris, la mort dans l’âme, qu’il lui faudrait mettre un bémol sur sa passion. Il n’était pas question de discuter avec son père, alors après le sou-per, il était allé se coucher dans son petit coin à lui, au grenier, parmi tous les objets en désordre, mais surtout, parmi le rêve. Il aimait bien que la lune le berce, mais là, ce soir, il avait préféré tirer un rideau sur le monde.

Michel se mit à marcher dans la rue. C’était étrange…Même s’il connaissait bien cette rue, pour l’avoir empruntée tant de fois, seul, mais aussi avec sa mère ou parfois avec ses petits frères et sœurs, celle-ci avait un air grave cette nuit, de manière inhabituelle.

Michel n’entendait plus la musique. Il avançait tout doucement pour ne réveil-ler personne dans la rue. On s’approchait de l’été et certaines personnes commen-çaient à dormir les fenêtres ouvertes.

Soudain, il entendit la même mélodie provenant de l’extérieur du village. Il savait que s’il continuait à marcher dans cette direction, il arriverait à la lisière du bois. Michel n’était pas un peureux, du

haut de ses seize ans, mais bon… Il pour-rait bien rencontrer des bêtes, un chien méchant, peut-être ?

Mais non, toujours personne. Alors, il se dirigea vers un arbre qu’il aimait depuis son enfance. C’était un très bel érable devant qui il jouait souvent du violon. Il commençait à faire noir. Il n’y avait plus la lumière des réverbères et des nuages s’amoncelaient dans le ciel. Michel regar-da son érable. Soudain, la musique revint, tandis que la lune étincelait du sommet de l’arbre.

LAURENCE DUCOS

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28 JUIN 2014

RessourcesAide sociale

ADDSAssociation pour la défense des droits sociaux301, rue Carillon, QuébecTél. : 418 525-4983

Maison de LauberivièreCentre de jour401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 [email protected]

Relais d’EspéranceAider toute personne isolée et en mal de vivre1001, 4e Avenue, QuébecTél. : 418 522-3301

Rendez-vous Centre-villeCentre de jour 525, rue St-François EstTél. : 418 529-2222

Rose du NordRegroupement des femmes sans emploi418 622-2620www.rosedunord.org

Aide aux femmes

Centre femmes d'aujourd'hui Améliorer les conditions de vie des femmes1008, rue Mainguy, QuébecTél. : 418 [email protected]

Support familial Flocons d'espoirÉcoute et aide matérielle pour les femmes enceintes340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4, QuébecTél. : 418 683-8799 ou 418 [email protected]

Violence InfoSensibilisation, information et intervention pour contrer la violence conjugale et la maltraitance envers les aîné[email protected]

Alphabétisation

Alphabeille Vanier235, rue Beaucage, QuébecTél. : 418 [email protected]

Alpha Stoneham926, rue Jacques-Bédard, bureau 202Tél. : 418 [email protected]

Atout-lire266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 [email protected]

Lis-moi tout Limoilou798, 12e Rue, 1e étage, QuébecTél. : 418 [email protected]

La Marée des mots3365, chemin Royal, 3e étage, QuébecTél. : 418 [email protected]/lamareedesmots

Détresse psychologique

Centre de crise de QuébecTél. : [email protected]

Centre de prévention du suicide1310,1re avenue, QuébecTél. : 418 683-4588 (ligne de crise)www.cpsquebec.ca

Communautés solidaires5, rue du Temple, Québec Tél. : 418 666-2200info@communautessolidaires.comwww.communautessolidaires.com

Tel-Aide QuébecTél. : 418 686-2433www.telaide.qc.ca

Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266www.teljeunes.com

Entraide

Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, QuébecTél. : 418 525-6187 poste 221 [email protected] Fraternité de l'Épi Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance575, rue Saint-François EstTél. : 418 523-1731

Hébergement

Maison de LauberivièrePour hommes et femmes démunis ou itinérants401, rue Saint-Paul, QuébecTél. : 418 [email protected]

L'Armée du Salut et La maison CharlotteHébergement hommes 14, côte du Palais, QuébecTél. : 418 692-3956 poste 1Hébergement femmes5, rue Mc Mahon, QuébecTél. : 418 692-3956 poste 2

www.armeedusalut-quebec.ca

Maison RevivreHébergement pour hommes et femmes 261, rue Saint-Vallier Ouest, QuébecTél. : 418 [email protected]

SQUAT Basse-VilleHébergement temporaire pour les 12 à 17 ans97, rue Notre-Dame-des-Anges, QuébecTél. : 418 [email protected]

Gîte JeunesseHébergement temporaire pour garçons de 12 à 17 ansRésidence de Beauport2706, av. Pierre Roy, QuébecTél. : 418 666-3225Résidence de Ste-Foy3364, rue Rochambau, QuébecTél. : 418 652-9990

YWCAHébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes (La Grande Marelle)855, av. Holland, QuébecTél. : 418 [email protected]

Réinsertion sociale

Maison DauphinePour les jeunes de 12 à 24 ans31, rue D’Auteuil, QuébecTél. : 418 [email protected]

Prostitution

La Maison de Marthe75, boul. Charest Est, CP 55004Québec (Québec) G1K 9A4Tél. : 418 523-1798 [email protected]

P.I.P.Q.Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, QuébecTél. : 418 [email protected]

Soupe populaire

Café rencontre Centre-VilleDéjeuner et dîner796, rue St-Joseph Est, QuébecTél. : 418 [email protected]

Maison de Lauberivière (Souper)401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 [email protected]

Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner)745, Honoré-Mercier, QuébecTél. : 418 [email protected]

Santé mentale

La BoussoleAide aux proches d’une personneatteinte de maladie mentale302, 3e Avenue, QuébecTél. : 418 [email protected]

Centre Communautaire l'AmitiéMilieu de vie59, rue Notre-Dame-des-Anges, QuébecTél. : 418 522-5719info@centrecommunautairelamitie.comwww.centrecommunautairelamitie.com

Centre d’Entraide Émotions3360, de La Pérade, suite 200, QuébecTél. : 418 [email protected]

La Maison l'ÉclaircieTroubles alimentaires2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 [email protected]

Le Pavois2380, avenue du Mont-Thabor, Québec Tél. : 418 627-9779Téléc. : 418 627-2157

OceanIntervention en milieu Tél. : 418 522-3352Intervention téléphoniqueTél. : 418 522-3283

Parents-EspoirSoutien et accompagnement des parents363, de la Couronne, bureau 410, QuébecTél. : 418-522-7167

Service d'Entraide l'Espoir125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 [email protected]

Relais La Chaumine850, 3e Avenue, QuébecTél. : 418 [email protected]

TOXICOMANIE

Al-Anon et Alateen AlcoolismeTél. : 418 990-2666www.al-anon-alateen-quebec-est.ca

Amicale AlfA de Québec75, rue des Épinettes, QuébecTél. : 418 [email protected]

Point de Repères225, rue Dorchester, QuébecTél. : 418 648-8042www.pointdereperes.com

VIH-SIDA

MIELS-QuébecInformation et entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720Ligne Sida aide : 418 [email protected]

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JUIN 2014 29

5- Personne qui a été amputée d’une jambe. L’un des Grands Lacs. Écervelé, hurluberlu. 6- Parallélogramme ayant deux côtés consécutifs de même longueur. Remarquable,

exceptionnel. Profondeur d’un être, d’une chose (DRENTOFS). 7- Mésaventures. Fonction du prêtre. 8- Rendre semblable. Ossements. Pas de la porte. 9- Pour un cheval, lancer les pattes en arrière. Petit cours d’eau. Qui ne concerne qu’un seul

côté. 10- Qui n’a qu’une courte durée. Objets que l’on a achetés. Arme blanche utilisée en escrime.

SOLUTION 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

1 A C T U A L I T E S O J A L L E M A N D

2 P R O T E S T A N T I B I A R O B A S E

3 I N T E R I M U S T A N G E R A N I U M

4 C A R C E R A L A Z A R E T A B A S C O

5 U N I J A M B I S T E R I E T O U R D I

6 L O S A N G E M I N E N T R E F O N D S

7 T R I B U L A T I O N S A C E R D O C E

8 U N I F O R M I S E R E S T E S E U I L

9 R U E R U I S S E A U N I L A T E R A L

10 E P H E M E R E M P L E T T E S A B R E

SOLUTION DES MOTS POUR JOUER

Amont, aval

Boréal, austral

Convexe, concave

Hypoglycémie, hyperglycémie

Inflation, déflation

Méconnu, reconnu

Patrilinéaire, matrilinéaire

Persuader, dissuader

Prologue, épilogue

Sapide, insipide

Septentrional, méridional

Zénith, nadir

DES MOTS POUR PARLER

1. A. Au Moyen Âge, les chevaux étaient différenciés davantage en fonction de leur usage que de leur race. Il y avait notamment le cheval de vitesse (coursier), le cheval de bataille (destrier), le cheval de promenade (palefroi) et le cheval de bât (sommier). 2. À la queue leu leu. 3. Faux. Les habitants de l’Inde sont les Indiens; les Hindous sont les adeptes de la religion hindouiste. 4. B. Un événement bisannuel se produit tous les deux ans; on le dit aussi « biennal ». L’événement qui se produit deux fois par an est biannuel. 5. Le félin hybride de la lionne et du tigre s’appelle tigron (ou tiglon).

6. C. Cette locution, qui date du 19e siècle, est une version abrégée de «un vieux de la vieille garde». La garde dont il est question est la garde impériale – une troupe d’élite – créée par Napoléon 1er au début de son règne. 7. B. Les gazelles en question sont des entreprises de moins de 250 em-ployés, dont le chiffre d’affaires est d’au moins 2,5 millions de dollars et qui possèdent un fort potentiel de croissance et de création d’emplois. 8. A. On dit qu’un ange passe lorsqu’il se produit un silence gêné et prolongé dans une conversation ou une réunion. 9. Féminins : aérogare, amibe, anagramme, antichambre. Masculins : alvéole, antidote, apogée, armistice, asphalte et astérisque. 10. B. Un marcel est un maillot de corps masculin, style débardeur ou camisole.

SOLUTION LES MOTS CROISÉS

MERCI À TOUS NOS PRÉCIEUX PARTENAIRES !

PARTENAIRES OR

Centraide

PARTENAIRES ARGENT

La Boîte à pain CKRL FM 89,1 CSQ Érico Choco Musée Impressions Stampa Service 211

PARTENAIRES BRONZE

Audiothèque Centre femmes aux 3A Épicerie européenne J.A. Moisan Morin Desrochers Beaulieu Point de repères Quincaillerie St-Jean-Baptiste

PARTENAIRES INCONDITIONNELS (depuis plus de 5 ans !)

Le Bal du Lézard Inter-Marché St-Jean Maison Revivre Michel Yacoub

PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM

Claude Gallichan, chiropraticien Yves Boissinot

Erratum : La photo de Monsieur Dany Laferrière publiée dans l'édition de mai était une courtoisie de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches. Nos excuses à l'organisation.

Page 30: La quete numero 165 juin 2014

30 JUIN 2014

Photo: Sara Mishara

Il devait être trois heures du matin quand il est monté. Je m’en souviens comme si c’était hier. L’odeur m’avait propulsé hors de mon sommeil léger. Les mains graisseuses de frites molles (en-glouties dans une cantine de la Saskatchewan), j’avais remonté mon toupet, jadis présent, pour voir la scène. Une pustule de ketchup s’élevait de ma manche noircie par la route. Par je ne sais quel processus minable de la nature humaine, j’ai durement jugé le nouveau venu de l’autobus. Un Autochtone ramassé aux abords d’un village sans nom du Manitoba. Il se traînait les pieds. Une odeur de laine humide, de lait caillé et de poisson émanait de sa personne.

J’ai croisé son regard solaire, et ses yeux infinis m’ont donné la trouille. Il semblait connaître tout de la vie. Ou détenir une vérité dont j’ignorais l’existence. Il paraissait vivant, plus que moi. Plus que tous les autres passagers. La fille d’à côté a sorti son visage de dégoût ainsi qu’un petit vaporisateur au parfum d’oranges et d’épices. Elle a purifié l’air ambiant du bout de ses doigts manucurés. Je me suis calé dans mon siège, confortable-ment blotti contre mes préjugés. L’Indien s’est assis à l’arrière, près des toilettes.

Parti de Prince-Rupert en Colombie-Britannique, je retour-nais au Québec. Seul avec mes idées préconçues. Pour passer le temps, je feuilletais un livre sur les nœuds. Je devais avoir l’air d’un sincère dérangé à faire des nœuds à la lueur du plafonnier, avec un bout de corde de couleur arc-en-ciel. J’espère m’être fait juger par tous les passagers. Je le souhaite sincèrement.

L’Indien est débarqué à Winnipeg. Et moi aussi, pour environ quatre heures. À la station de Greyhound, mes préjugés sont revenus me hanter. L’Indien est allé rejoindre les siens et s’est

allumé une cigarette. Je me suis dit que les Autochtones de Win-nipeg étaient tous des itinérants. Je me suis dit que les Autoch-tones qui habitent en dehors de leur réserve (ou de leur commu-nauté) sont tous des itinérants. Puis, je me suis dit : « Ta gueule ! » Je me suis étouffé avec ma mauvaise haleine.

Assis tout près de l’Indien, j’ai siroté un café tiède. J’ai enfoncé mes dents dans le verre de styromousse quand je l’ai vu s’appro-cher. Il m’a dit que c’était une bonne idée de faire des nœuds pour passer le temps. C’est le seul humain qui m’ait adressé la parole en 89 heures.

J’ai longtemps pensé que Winnipeg rimait avec « platitude », « frette » et « beige foncé ». C’était avant de découvrir Saint- Boniface et sa communauté francophone. C’était avant d’y passer quelques jours, il y a tout près d’un an. Encore des préju-gés. Encore de maudites tournures de pensée. Il suffit pourtant de se laisser porter par la rue principale du quartier de Gabrielle Roy; de faire une virée à la librairie francophone; de lire le jour-nal La Liberté dans un café; d’y passer quelques heures pour que les préjugés s’évanouissent. Et que les sens s’éveillent.

Il y a un journal de rue à Winnipeg portant le nom de Street Sheet. Mais c’est le journal La Liberté qui a retenu mon atten-tion. Parce qu’il est là. Et les Autochtones. Parce qu’ils sont là. Il a été démontré que 62 % des sans-abri à Winnipeg sont des Autochtones (2005). De même, l’on peut prétendre que 100 % des préjugés peuvent partir en fumée, si on prend le temps de les délier délicatement. Comme des nœuds.

MATHIEU MEUNIER

MATHIEU MEUNIER

LA TÊTE NOUÉE DE PRÉJUGÉS

Page 31: La quete numero 165 juin 2014

Michel YacoubConseiller en sécurité financièreConseiller en régimes d’assurances collectivesReprésentant autonome

501, 14e RueQuébec, QuébecG1J 2K8

Téléphone : 418 529-4226Télécopieur : 418 529-4223Ligne sans frais : 1-877-823-2067Courriel : [email protected]

LA BOÎTE À PAIN289 Saint-Joseph Est,

Québec (St-Roch) Lundi au samedi 6 h 30 à 20 h

Dimanche 6 h 30 à 17 h 30Tél. : 418 647-3666

CAFÉ NAPOLI396, 3e Avenue,

Québec (Limoilou) Lundi au mercredi 6 h 30 à 18 h 30

Jeudi et vendredi 6 h 30 à 19 hSamedi et dimanche 7 h à 18 h 30

Tél. : 418 977-7571

Participer activementau développement

de notre milieu.

BoitePainPub:Mise en page 1 11-03-28 09:22 Page1

Avis de convocationAssemblée générale annuelle 2014

La population de Québec est conviéeÀ la séance publique d’information et à

L’assemblée générale annuelle de L’Archipel d’Entraide

Le mardi 17 juin à 19h00À la Salle La Nef

190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron)Québec (Québec) G1K 3A7

Les portes ouvriront dès 18h30Un buffet sera servi

Karyne, une quart de page avec un filet autour. Merci! LOGO+ info

Assemblée générale annuelle 2012 La population de Québec est conviée à La séance publique d'information précédera l'assemblée générale annuelle de l'Archipel d'Entraide

Le mardi 12 juin 2012 à 19h00 À la Salle Hypérion

190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron) Québec (Québec) G1K 3A7

Les portes ouvriront dès 18 h 30 Un buffet sera servi Pour informations

Point de Repères

225 rue dorchester, ville de Québec, G1K 5Z4

Telephone (418) 648 8042

Courriel : [email protected]

Tu utilises des drogues par injection et tu a besoin d aide pour te procurer du materiel de prévention (seringues et condoms) ? Appelle nous !

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Téléphone : 418-648 8042Courriel : [email protected]

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Page 32: La quete numero 165 juin 2014

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dire

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mel

ot.

Le magazine de rue de Québec No 165 Juin 2014

• L’exil• Le cercle de Maniteshkueu• Venir du Grand Nord• La grotte de grand-mère Sainte-Anne• Tournés vers l’avenir

Autochtones urbains