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Centre de Référence Maladie de Huntington 1 PRISE EN CHARGE MEDICO-SOCIALE DE LA MALADIE DE HUNTINGTON Document issu du colloque organisé par le Centre de Référence National sur la Maladie de Huntington au CHU HENRI MONDOR le 6 mars 2009

La prise en charge m dico-sociale de la maladie de Huntington

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Centre de Référence Maladie de Huntington

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PRISE EN CHARGE MEDICO-SOCIALE

DE

LA MALADIE DE HUNTINGTON

Document issu du colloque organisé par le Centre de Référence National

sur la Maladie de Huntington

au CHU HENRI MONDOR

le 6 mars 2009

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LA MALADIE de HUNTINGTON :

ASPECTS GENERAUX ET PERSPECTIVES

Pr Anne Catherine Bachoud-LĂ©vi Neurologue HĂŽpital Henri Mondor La maladie de Huntington est une maladie neuro-dĂ©gĂ©nĂ©rative dont la prise en charge est particuliĂšrement difficile mais d’une efficacitĂ© certaine. L’objectif de ce colloque est de faire partager l’expĂ©rience du centre de rĂ©fĂ©rence maladie rare - maladie de Huntington afin d’amĂ©liorer le devenir de nos patients et de leurs familles. Chaque intervenant expose ici un aspect particulier de la maladie pour rĂ©pondre aux interrogations des Ă©tablissements de soins de suite, des administrations, des travailleurs sociaux et des personnels soignants rarement confrontĂ©s Ă  la maladie et qui lorsqu’ils le sont ont des difficultĂ©s Ă  l’aborder. Ce document est donc une invitation Ă  s’intĂ©resser aux problĂšmes spĂ©cifiques posĂ©s par la maladie de Huntington, Ă  rĂ©pondre aux demandes de nos patients et de leurs familles en apportant des pistes et des indications de prise en charge. MĂȘme si nous avons subdivisĂ© les thĂšmes, chaque intervenant est porteur de l’expĂ©rience collective du centre oĂč tous ces aspects ont discutĂ©s par l’ensemble de l’équipe. En effet, la maladie de Huntington par son caractĂšre familial (transmission autosomique dominante) pose d’emblĂ©e le problĂšme de la prise en charge diagnostique et surtout du bĂ©nĂ©fice ou de l’inconvĂ©nient pour les patients Ă  connaitre leur statut gĂ©nĂ©tique. Sa rĂ©vĂ©lation est tardive vers 35-45 ans en moyenne mĂȘme si comme on va le voir il existe des formes plus prĂ©coces touchant l’enfant ou plus tardives considĂ©rĂ©es souvent comme moins agressives. La maladie se caractĂ©rise par des troubles moteurs, cognitifs et psychiatriques d’évolution progressive et dans la mesure oĂč il n’en existe aucun traitement curatif, les patients vont selon les cas Ă©voluer vers la grabatisation, la dĂ©tĂ©rioration intellectuelle et la mort en environ 15-20 ans en moyenne. Ces chiffres sont Ă©videmment des moyennes statistiques et il est fondamental de ne jamais perdre de vue que chaque patient est un cas unique et que tous les extrĂȘmes peuvent se voir. De plus, la dĂ©couverte du gĂšne en 1993 a montrĂ© que l’amĂ©lioration de la prise en charge influence positivement l’évolution et la qualitĂ© de vie des patients. Le choix de rĂ©aliser un diagnostic gĂ©nĂ©tique ou pas est donc une question qui demande une rĂ©ponse individuelle et dĂ©pend des angoisses, attentes et connaissances de chaque personne Ă  risque. Le diagnostic de sujets Ă  risque non porteurs de symptĂŽmes ne se conçoit que dans des centres labellisĂ©s pour le diagnostic dit « prĂ©symptomatique », alors que le diagnostic de patients exprimant des symptĂŽmes peut se faire dans d’autres structures ayant une expertise dans ce domaine. Une maladie familiale En effet, quelque soit son histoire personnelle et familiale, le diagnostic de maladie de Huntington est un choc qui ne touche pas que le patient mais aussi sa famille (apparentĂ©s gĂ©nĂ©tiques mais aussi conjoints et compagnons). Le diagnostic implique en effet deux consĂ©quences : la premiĂšre est qu’il indique un risque de transmission. Les apparentĂ©s se posent alors la question d’ĂȘtre eux aussi porteurs ou pas du gĂšne. Au -delĂ  de cette inquiĂ©tude des mĂ©canismes complexes de culpabilitĂ© se mettent en place chez le patient et parfois aussi son conjoint Ă  l’idĂ©e d’avoir Ă©ventuellement transmis le gĂšne Ă  leurs enfants. La seconde consĂ©quence est le changement de perspective de vie oĂč le patient et sa famille vont se

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projeter dans une vision nĂ©gative de l’avenir basĂ©e sur l’expĂ©rience des parents atteints mais aussi sur les informations pas toujours fiables glanĂ©es sur internet. La premiĂšre partie de la consultation consistera donc Ă  faire prendre conscience au patient que son histoire est distincte aussi bien dans la forme Ă©volutive que dans son contexte de celle du parent atteint. Le diagnostic gĂ©nĂ©tique indique que la maladie se dĂ©clarera un jour mais ne prĂ©dit que 50-60% de l’évolution du patient selon des publications rĂ©centes. Il reste donc 40 Ă  50% de marge d’incertitude liĂ©s Ă  des facteurs qui peuvent ĂȘtre environnementaux ou gĂ©nĂ©tiques (autre que le gĂšne de la maladie) et qui font que chaque patient est unique, ce qui laisse une place Ă  la prise en charge. Construire une relation thĂ©rapeutique avec un patient et sa famille impose de prendre en compte le caractĂšre potentiellement dĂ©vastateur de l’annonce diagnostique car l’histoire des familles touchĂ©es par une maladie gĂ©nĂ©tique se construit, comme celle de toutes les familles et peut-ĂȘtre plus encore, avec des secrets, de la culpabilitĂ©, et de la rancƓur. La bonne prise en charge psychologique du patient et de sa famille contribue ainsi Ă  l’amĂ©lioration des symptĂŽmes quels qu’ils soient . Les aspects moteurs de la MH Le symptĂŽme le plus caractĂ©ristique, et souvent mis en avant, est probablement la chorĂ©e. Elle se caractĂ©rise par la « survenue de mouvements spontanĂ©s excessifs, abrupts, imprĂ©visibles et irrĂ©guliers ». Elle peut ĂȘtre « lĂ©gĂšre, intermittente, se traduisant par une simple exagĂ©ration des gestes et de l’expression, des mouvements continus des mains, une marche instable et dansante, jusqu’à un flux continu de mouvements violents et handicapants ». Coexistant avec la chorĂ©e (qui toutefois peut ĂȘtre absente), on retrouve d’autres anomalies du mouvement comme la dystonie (postures toniques anormales), la rigiditĂ©, la bradykinĂ©sie (lenteur Ă  l’initiation des mouvements volontaires). Les troubles de la marche et de l’équilibre s’aggravent progressivement jusqu’à la perte de la capacitĂ© de dĂ©ambulation. D’autres types de troubles de gravitĂ© variable s’y associent comme les troubles oculomoteurs ou les troubles de la dĂ©glutition. Les fausses routes peuvent en effet entraĂźner des complications graves et doivent donc ĂȘtre dĂ©pistĂ©es et rĂ©duites grĂące Ă  la rĂ©Ă©ducation orthophonique et des conseils d’hygiĂšne de vie (ne pas manger en regardant la TV, s’asseoir pour manger, boire avec une paille si besoin
). Des traitements symptomatiques peuvent diminuer la chorĂ©e (principalement les neuroleptiques mais aussi d’autres mĂ©dicaments diminuant le stress des patients ou de nouvelles classes thĂ©rapeutiques en cours d’essai). Ces traitements ne remplacent pas mais complĂštent les mesures d’hygiĂšne de vie : activitĂ© physique rĂ©guliĂšre (marche Ă  pied une heure par jour, activitĂ©s physiques favorisant l’équilibre comme le TaĂŻ Chi Chuan
) qui permettent de prĂ©server longtemps l’autonomie du patient. Lorsque la gĂȘne croĂźt une prise en charge rĂ©Ă©ducative en kinĂ©sithĂ©rapie doit ĂȘtre instaurĂ©e au long cours. Les aspects cognitifs de la MH DiscrĂšte voire inexistante chez certains patients au dĂ©but de la maladie, la dĂ©tĂ©rioration intellectuelle progresse tout au long de l’évolution jusqu’à ce qu’on dĂ©crit comme une dĂ©mence sous-corticale. Ce terme recouvre en fait des rĂ©alitĂ©s bien diffĂ©rentes mais il indique schĂ©matiquement que les patients vont avoir en premier lieu une atteinte des fonctions dites exĂ©cutives (les fonctions permettant de rĂ©aliser les tĂąches complexes au quotidien : mĂ©moire de travail, capacitĂ© d’initiation, attention, flexibilitĂ©, et planification). Ainsi, le patient, mĂȘme s’il est capable de rĂ©aliser de nombreuses activitĂ©s, aura du mal Ă  les organiser. L’aider Ă  s’organiser plutĂŽt que rĂ©aliser les activitĂ©s Ă  sa place permettra de prĂ©server longtemps son autonomie. En fonction des patients et de l’évolution, d’autres troubles peuvent apparaitre : troubles du langage, visuoperceptifs, de la commande des gestes (apraxie), de la cognition sociale. Ces derniers traduisent un trouble de la relation Ă  autrui dont les mĂ©canismes ne sont pas encore complĂštement Ă©lucidĂ©s mais qui s’ils Ă©taient mieux compris permettraient sans

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doute d’amĂ©liorer l’insertion du patient dans sa famille et son tissu social. Dans la mesure oĂč il n’existe pas Ă  proprement dit de mĂ©dicaments agissant sur les fonctions intellectuelles, leur amĂ©lioration passe par la comprĂ©hension de chaque symptĂŽme en proposant pour chacun des mĂ©thodes permettant de dĂ©passer les obstacles quotidiens. L’amĂ©nagement du quotidien visant Ă  accompagner progressivement le patient dans les tĂąches qu’il ne peut plus faire seul, la mise en place d’horaires rĂ©guliers et d’activitĂ©s sociales ludiques et/ou valorisantes ainsi que la rĂ©Ă©ducation en orthophonie font partie des mesures indispensables pour prendre en charge ces symptĂŽmes. Les aspects psychiatriques et comportementaux de la MH Ils peuvent apparaĂźtre Ă  chaque stade de la maladie et sont parfois inauguraux. Leur frĂ©quence est variable en fonction des Ă©tudes et certains peuvent « guĂ©rir » avec une bonne prise en charge car ils sont souvent indĂ©pendants de l’évolution de la maladie. Il peut s’agir de dĂ©pression et d’anxiĂ©tĂ© (certainement les plus frĂ©quents des symptĂŽmes au cours de l’évolution), des Ă©tats maniaques, des Ă©lĂ©ments psychotiques (avec parfois des dĂ©lires et plus rarement encore des hallucinations (moins de 1%). Des troubles du caractĂšre et des modifications de la personnalitĂ© surviennent souvent au cours de la maladie : l’irritabilitĂ© (parfois aggravĂ©e par une dĂ©pression) est frĂ©quente et peut au maximum entraĂźner des comportements agressifs et des conduites dĂ©lictueuses. Elle est souvent associĂ©e Ă  une apathie, qui est l’un des symptĂŽmes les plus difficiles Ă  prendre en charge et Ă  expliquer Ă  l’entourage. Les patients peuvent passer des heures devant la TV et refuser toute activitĂ© en dĂ©pit des propositions de leur entourage. L’apathie est souvent source de conflit dans la famille. Elle peut-ĂȘtre liĂ©e Ă  une dĂ©pression qu’il faut dĂ©masquer mais elle peut aussi ĂȘtre un symptĂŽme de l’évolution de la maladie ne rĂ©agissant pas aux antidĂ©presseurs mais plus Ă  une prĂ©vention avant son apparition. En expliquer les diffĂ©rents aspects et aider le patient Ă  identifier une organisation de vie motivante permet parfois d’éviter qu’elle ne s’installe de maniĂšre irrĂ©versible. Les patients peuvent aussi ĂȘtre envahis par des obsessions allant jusqu’aux troubles obsessionnels compulsifs justifiant une prise en charge psychiatrique spĂ©cifique. Les conduites addictives (tabac, alcool, autres toxiques) ne sont pas rares. En dehors de l’apathie, pour laquelle il n’existe pas de remĂšde spĂ©cifique mais Ă  laquelle on oppose des incitations Ă  des activitĂ©s en dehors de et dans a famille et un mode d’organisation comportant des tĂąches prĂ©-Ă©tablies, les autres symptĂŽmes sont accessibles aux classes mĂ©dicamenteuses utilisĂ©es en psychiatrie. Ils doivent faire l’objet de traitements adaptĂ©s au contexte dont l’efficacitĂ© est dĂ©montrĂ©e: les antidĂ©presseurs, les thymo-rĂ©gulateurs, les anxiolytiques, les somnifĂšres, les neuroleptiques antipsychotiques. Les psychothĂ©rapies de soutien (pour les patients mais aussi pour leur famille), ou la relaxation peuvent aussi apporter un bĂ©nĂ©fice. L’organisation du centre de rĂ©fĂ©rence Dans le cadre du plan national « maladies rares », le centre de rĂ©fĂ©rence pour la maladie de Huntington, labellisĂ© en 2004 a dĂ©fini diffĂ©rents objectifs dont nous ne prĂ©sentons que les principaux ici. Le premier est l’optimisation de l’accĂšs aux soins (activitĂ© de consultation pour le suivi ou pour avis ponctuels, dĂ©pistage et diagnostic, assistance tĂ©lĂ©phonique, coordination de rĂ©seaux). La raretĂ© de la maladie impose en effet une organisation centralisĂ©e offrant une expertise pour l’ensemble du territoire. L’accĂšs au secrĂ©tariat tĂ©lĂ©phonique du centre, l’organisation en rĂ©seau, l’édition de brochures sur les points spĂ©cifiques de prise en charge, le travail en rĂ©seau, le site internet sont autant d’outils mais Ă  disposition par le centre pour rĂ©aliser cet objectif.

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Une des particularitĂ©s du centre est la prise en charge de la MH Ă  tous les stades Ă©volutifs prenant en compte tous les aspects de la maladie (consultations pluridisciplinaires, assistance mĂ©dicale, administrative et psychosociale). C’est pourquoi il est organisĂ© selon le schĂ©ma suivant :

SchĂ©ma d’organisation du centre de rĂ©fĂ©rence

CoordinationAC Bachoud-LĂ©viHenri Mondor

Prise en charge Adultes atteints

RHLF

D RodriguezTrousseau

Prise en charge enfants

A BriceA Durr

SalpétriÚrePrise en charge

diagnostic génétique

F LouarnP. ChemouilliChenevier

Prise en charge formes évoluées

S’y associent des centres de compĂ©tence, au nombre de 13 qui ont tous signĂ© la charte de prise en charge Ă©tablie par le centre de rĂ©fĂ©rence (voir en annexe). Les centres de compĂ©tence offrent pour le bassin de vie environnant la possibilitĂ© d’un suivi spĂ©cialisĂ©. Le recours au centre de rĂ©fĂ©rence est donc justifiĂ© pour l’Ile de France, pour les zones ne disposant pas d’un centre de compĂ©tence identifiĂ©, pour l’accĂšs Ă  certains protocoles de recherche ou Ă©ventuellement un avis complĂ©mentaire. L’amĂ©lioration de la filiĂšre de soins consiste aussi Ă  identifier sur toute la France des structures ou des partenaires prĂȘts Ă  participer Ă  la prise en charge des patients. L’assistante sociale du centre a donc une double activitĂ© d’organisation nationale en partenariat avec les associations de patients mais aussi locale pour les patients suivis sur le centre. Afin d’amĂ©liorer les compĂ©tences individuelles et collectives sur cette maladie, le centre Ă©labore des recommandations pour la prise en charge et met en place une surveillance Ă©pidĂ©miologique. Les documents produits par le centre sont accessibles sur notre site http://huntington.aphp.fr . Nous organisons aussi des rĂ©unions et formations pour les professionnels, les patients et leurs familles, et les associations. La rĂ©alisation de nos objectifs n’est possible que grĂące au financement dont bĂ©nĂ©ficie le centre. Ces moyens permettent le recrutement de personnel dĂ©diĂ©s Ă  la prise en charge et sa structuration en France: deux mĂ©decins neurologues (P. Charles et K. Youssov), une secrĂ©taire (D. Delbos), une assistante sociale (A. Diat), une psychologue (C. BĂ©har), des neuropsychologues (M. Couette et V. Buret) et un technicien de recherche qui s’ajoutent au personnel des diffĂ©rents hĂŽpitaux dĂ©jĂ  impliquĂ©s dans cette maladie. Tous ne sont pas Ă  plein temps mais tous peuvent ĂȘtre vos interlocuteurs.

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Le centre de rĂ©fĂ©rence au carrefour entre le diagnostic, la prise en charge, et la recherche Outre son activitĂ© clinique dĂ©diĂ©e Ă  la prise en charge, le centre de rĂ©fĂ©rence a pour mission de structurer la recherche sur la maladie de Huntington en France. C’est pourquoi nous avons crĂ©Ă© et coordonnons le RĂ©seau Huntington de Langue Française (RHLF). Le RHLF permet unsuivi observationnel des patients porteurs de la maladie selon un protocole trĂšs codifiĂ©. Il permet l’étude « Biomarqueurs de la maladie de Huntington » destinĂ©e a mieux comprendre les facteurs qui modifient l’évolution des patients et offre aux Ă©quipes de recherche fondamentales des donnĂ©es leur permettant de trouver de nouvelles pistes thĂ©rapeutiques. Le centre initie et/ou participe aux essais thĂ©rapeutiques qu’il diffuse sur le RHLF ou sur le rĂ©seau centres de compĂ©tence/centre de rĂ©fĂ©rence qui couvre globalement les mĂȘmes Ă©quipes En 2009 par exemple, un nouvel essai (Neuro-HD) a dĂ©butĂ© afin de comparer l’efficacitĂ© de trois neuroleptiques sur la maladie, le centre a participĂ© Ă  l’essai sur la cystĂ©amine coordonnĂ©e par le centre neurogĂ©nĂ©tique d’Angers avec le support mĂ©thodologique du centre et Ă  l’essai europĂ©en ACR16
 Une activitĂ© importante du centre est l’élaboration d’outils et de techniques visant Ă  Ă©valuer les patients et leurs symptĂŽmes (Ă©chelles cliniques, imagerie cĂ©rĂ©brale, biomarqueurs de la maladie
). En fonction des essais en cours, les patients qui le souhaitent sont susceptibles de participer Ă  l’une de ces recherches selon des critĂšres prĂ©Ă©tablis d’inclusion et d’exclusion, et leur dĂ©sir d’y participer. L’objectif du centre est de susciter de nouvelles recherche ou de les proposer afin d’amĂ©liorer le devenir des patients et dĂ©veloppe depuis plusieurs annĂ©es des liens privilĂ©giĂ©s avec des Ă©quipes de recherche fondamentale. L’expĂ©rience du centre de rĂ©fĂ©rence dans les biothĂ©rapies et le transfert de la recherche Ă  la clinique Le centre de rĂ©fĂ©rence est particuliĂšrement impliquĂ© dans la conception de protocoles expĂ©rimentaux pour les biothĂ©rapies. L’équipe de CrĂ©teil a Ă©tĂ© Ă  l’origine du premier essai mondial de greffes intracĂ©rĂ©brales de neurones embryonnaires ayant montrĂ© des rĂ©sultats prometteurs chez des patients atteints de MH (Bachoud-LĂ©vi and al, Lancet 2000). Depuis, il assume la coordination d’un essai de greffes international Ă  large Ă©chelle, l’essai MIG-HD (Multicentric intracerbral Grafting in Huntington’s disease) financĂ© par l’AP-HP, qui a dĂ©butĂ© en 2001 et dont les premiers rĂ©sultats sont espĂ©rĂ©s fin 2010. Au terme de cet essai, il sera possible de connaitre l’efficacitĂ© et les indications de la greffe intracĂ©rĂ©brale dans la maladie de Huntington, question particuliĂšrement importante Ă  une Ă©poque oĂč s’ouvre la recherche sur les cellules souches. Citons aussi un essai de thĂ©rapie gĂ©nique utilisant un facteur neuroprotecteur (le CNTF) qui a Ă©tĂ© conduit il y a plusieurs annĂ©es Ă  l’hĂŽpital Henri Mondor de CrĂ©teil et qui, dans l’avenir, pourrait faire l’objet de nouveaux dĂ©veloppements, peut-ĂȘtre en association avec les greffes. Dans un avenir plus lointain, on peut Ă©voquer la recherche internationale sur la thĂ©rapie gĂ©nique, qui pour la premiĂšre fois a montrĂ© son efficacitĂ© dans l’adrĂ©noleucodystrophie, une autre maladie neurologique. Si ces recherches sont source d’espoir, elles ne doivent pas faire oublier que la prise en charge et l’accompagnement des patients et des familles Ă  toutes les Ă©tapes de la maladie doivent rester le centre de notre prĂ©occupation. C’est ce qui explique le choix des thĂšmes de ce colloque.

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DIAGNOSTIC GÉNÉTIQUE

Dr. Perrine Charles Neurologue, HĂŽpital de la SalpĂ©triĂšre La maladie de Huntington est une maladie gĂ©nĂ©tique de transmission dominante de pĂ©nĂ©trance et d’expressivitĂ© complĂšte, liĂ©e Ă  une mutation dans le gĂšne de la Huntingtine (IT15). L’anomalie gĂ©nĂ©tique consiste en une expansion anormale de triplets CAG (>36) sur le bras court du chromosome 4 qui codent pour la polyglutamine. Un individu atteint de cette affection porte la mutation sur un de ses deux allĂšles et a un risque de 50% de la transmettre Ă  sa descendance. La pĂ©nĂ©trance Ă©tant complĂšte, tout individu porteur de la mutation dĂ©veloppera forcĂ©ment la maladie. Une personne Ă  risque peut souhaiter connaĂźtre son statut gĂ©nĂ©tique. Une personne est Ă  risque si un de ses parents est atteint de la maladie, son risque est alors de 50%. Si c’est un grand parent qui est atteint et que la personne ne connaĂźt pas le statut gĂ©nĂ©tique de ses parents, son risque est alors de 25%. Il est possible pour une personne Ă  risque asymptomatique et majeure de connaĂźtre son statut gĂ©nĂ©tique : c’est ce qu’on appelle un test prĂ©symptomatique. Le cadre lĂ©gislatif des tests prĂ©symptomatiques a Ă©tĂ© fixĂ© par le dĂ©cret 2000-570 du 23 juin 2000 (Art 145-15-5). La rĂ©alisation du test nĂ©cessite en tout premier lieu que la maladie ait bien Ă©tĂ© confirmĂ©e par l’analyse molĂ©culaire gĂ©nĂ©tique dans la famille. La rĂ©alisation du test repose sur quelques rĂšgles de bonne pratique et principes Ă  respecter :

‱ Le Droit de ne pas savoir ‱ Le BĂ©nĂ©fice ‱ L’Autonomie ‱ Le Choix Ă©clairĂ© ‱ La ConfidentialitĂ© ‱ L’EgalitĂ©

La prescription du test ne peut se faire que par un mĂ©decin Ɠuvrant au sein d’une Ă©quipe pluridisciplinaire rassemblant des compĂ©tences cliniques et gĂ©nĂ©tiques, dotĂ©e d’un protocole type de prise en charge et dĂ©clarĂ©e au ministĂšre de la santĂ©. Le test consiste en une prise de sang pour analyse molĂ©culaire du gĂšne de la Huntingtine. Il existe des limites au test: la seule rĂ©ponse que l’on pourra apporter au sujet est d’ĂȘtre porteur ou non porteur de la mutation. Dans le cas oĂč le sujet est porteur, on ne pourra prĂ©dire ni l’ñge de dĂ©but de la maladie ni la sĂ©vĂ©ritĂ© de la maladie Ă  venir. Il existe une corrĂ©lation entre le nombre de rĂ©pĂ©titions CAG et l’ñge de dĂ©part de la maladie, mais ce n’est pas le seul facteur qui intervient. Les bonnes pratiques impliquent une prise en charge multidisciplinaire avec plusieurs consultations oĂč interviennent, gĂ©nĂ©ticiens, neurologues, psychologues, conseillĂšres en gĂ©nĂ©tique, assistante sociale
 Plusieurs Ă©tapes vont ainsi se succĂ©der dans le temps :

- Une phase d’information (gĂ©nĂ©ticien et neurologue) - Un temps de rĂ©flexion (psychologue, assistante sociale, gĂ©nĂ©ticien, psychiatre) - La dĂ©cision avec recueil du consentement Ă©clairĂ© (prĂ©lĂšvement sanguin et analyse)

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- Le rendu du résultat - La phase de suivi pluridisciplinaire

Un abandon temporaire ou dĂ©finitif est possible Ă  tout moment. L’important est de prendre le temps, de se donner du temps; il n’y pas d’urgence, car savoir ne va malheureusement pas permettre de prendre un traitement prĂ©ventif (≠ dĂ©pistage). Les motivations des consultants sont variĂ©es : lever l’incertitude, planifier l’avenir, informer les enfants, choisir ou non d’avoir des enfants, participer Ă  la recherche mĂ©dicale
 Sur 622 personnes vues en consultation, la volontĂ© de savoir a reprĂ©sentĂ© 57%, le projet de vie 32%, le projet parental 38%, l’information des enfants 25%, se sentir atteint 7%. Etre Ă  risque reprĂ©sente une Ă©pĂ©e de DamoclĂšs. Le vĂ©cu de la maladie chez les proches est Ă  l’origine d’une peur de la mort mais Ă©galement d’une angoisse de la rĂ©duction sur le plan physique et de la dĂ©tĂ©rioration mentale, d’une modification du rapport au temps et Ă  la mort puisque l’individu se projette dans l’avenir par rapport au vĂ©cu de la maladie chez ses parents. La pensĂ©e se concentre sur le doute qui empĂȘche d’agir et conduit Ă  demander le test. La personne s’observe et sa reprĂ©sentation mentale du risque (subjectif) peut ĂȘtre diffĂ©rente du risque rĂ©el. En quinze ans, Ă  la SalpĂȘtriĂšre, il y a eu 789 demandes de test, 434 personnes ont poursuivi la dĂ©marche jusqu’au rĂ©sultat. Quelles sont les consĂ©quences du rĂ©sultat : -Lorsque le rĂ©sultat est favorable, la personne peut se sentir coupable par rapport aux autres membres de la famille. Elle doit « guĂ©rir du risque » et pour ceci renoncer au statut de porteur potentiel. Cette rĂ©action dĂ©pend en partie du dĂ©calage entre le risque subjectif et le rĂ©sultat. -Lorsque le rĂ©sultat est dĂ©favorable, la personne Ă©prouve une difficultĂ© Ă  distinguer le statut de porteur et celui de personne malade. Il existe une incertitude sur l’ñge de dĂ©but et/ou la sĂ©vĂ©ritĂ© de la maladie ; il va falloir de plus adapter la vie familiale, sociale et professionnelle Ă  la maladie future. En conclusion, Le choix de faire ou non un test prĂ©symptomatique est une dĂ©cision strictement personnelle. 20% des personnes Ă  risque font la demande et vont jusqu’au bout de la dĂ©marche. La rĂ©alisation du test n’est possible que chez une personne majeure, au sein d’une Ă©quipe pluridisciplinaire dotĂ©e d’un protocole type de prise en charge et dĂ©clarĂ©e au ministĂšre de la santĂ©.

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MALADIE DE HUNTINGTON ET PROGRESSION DU HANDICAP

Dr Katia Youssov Neurologue HĂŽpital Henri Mondor Le cadre gĂ©nĂ©ral de la prise en charge Les premiĂšres consultations en neurologie sont parfois un moment « clĂ© » lorsqu’on parvient Ă  poser les jalons de la prise en charge ultĂ©rieure, en proposant un cadre dans lequel elle va s’inscrire. Compte tenu de l’expĂ©rience familiale de la maladie, et des moyens d’information modernes (en particulier l’Internet), les patients ont toujours une idĂ©e « prĂ©conçue » de ce que sera leur propre histoire avec la maladie de Huntington. Il est utile pour le mĂ©decin traitant de la dĂ©couvrir, progressivement, afin de mieux apprĂ©hender les diffĂ©rentes Ă©tapes de l’évolution et d’aider le patient Ă  surmonter ses inquiĂ©tudes. ReconnaĂźtre l’existence des incertitudes liĂ©es Ă  la variabilitĂ© phĂ©notypique, Ă  l’ñge de dĂ©but, est une perspective souvent angoissante pour les patients. Pourtant, cela peut servir de point de dĂ©part pour dĂ©tacher leur histoire de celle de proches dĂ©jĂ  atteints. Il est utile de travailler au maximum sur cette part « d’inconnue » que comporte toute maladie, pour en faire quelque chose de positif, et permettre au patient de retrouver un champ d’action et de libertĂ©. Lorsque l’on a la possibilitĂ© d’apprendre Ă  connaĂźtre un patient dans son contexte familial, professionnel et social, il est plus aisĂ© d’évaluer avec lui les difficultĂ©s fonctionnelles ou relationnelles, de comprendre quel pourra ĂȘtre le projet de vie Ă  court ou plus long terme. Il est donc souhaitable de rencontrer les proches prĂ©cocement pendant le suivi, sans que le patient ne perde la possibilitĂ© de s’exprimer librement (l’idĂ©al est certainement de mĂ©nager, lorsque c’est possible, des moments d’entretien en tĂȘte Ă  tĂȘte et d’autres moments de consultation avec les proches). Des Ă©cueils Ă  contourner
 Lors du suivi des patients atteints par la maladie de Huntington, il est utile de ne pas mĂ©connaĂźtre les obstacles rĂ©currents qui peuvent ĂȘtre un frein Ă  l’élaboration du projet de soins. Ils sont, le plus souvent, liĂ©s aux caractĂ©ristiques mĂȘmes de la maladie : la rĂ©ticence vis-Ă -vis des interventions mĂ©dico-sociales, le dĂ©ni ou l’anosognosie, la peur de la perte de libertĂ©, l’isolement et la dĂ©sinsertion sociale ou familiale, la souffrance des familles. La prise en charge peut ĂȘtre plus aisĂ©e si l’on connaĂźt quelques piĂšges Ă  Ă©viter. En effet, dans la grande majoritĂ© des cas, « le patient va toujours bien ». C’est du moins ce qu’il dit spontanĂ©ment, le plus souvent, y compris lorsque la situation est douloureuse. L’évaluation de l’état thymique (du patient mais aussi de son entourage) et la reconnaissance du degrĂ© d’épuisement Ă©ventuel des aidants font donc partie des temps incontournables de la consultation au mĂȘme titre que l’évaluation des difficultĂ©s motrices, du risque de chutes, de fausses routes, ou encore de la perte de poids. DĂ©pister les troubles du caractĂšre doit aussi ĂȘtre une prĂ©occupation constante, mĂȘme si la question n’est pas abordĂ©e spontanĂ©ment par le patient ou son entourage ; l’irritabilitĂ© est frĂ©quente, et une agressivitĂ© avec des passages Ă  l’acte est possible. MĂ©connaĂźtre ces aspects de la vie des familles est prĂ©judiciable car ce sont souvent les modifications du caractĂšre qui sont susceptibles d’entraĂźner les ruptures les plus dĂ©finitives. Les tĂ©moignages que l’on recueille sur l’apaisement des tensions dĂšs lors que l’irritabilitĂ©, voire les violences verbales ou physiques sont contrĂŽlĂ©es, renseignent sur le bĂ©nĂ©fice qui dĂ©coule de la prise en charge de ces symptĂŽmes.

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L’apathie fait Ă©galement partie des symptĂŽmes qu’il est important de savoir diagnostiquer et expliquer. En effet, le retrait, l’abandon progressif des activitĂ©s, y compris favorites, un attachement moins minutieux Ă  l’apparence physique (voire au maximum une incurie) et un refus de participation Ă  la vie familiale ou sociale, sont autant de consĂ©quences trĂšs difficiles Ă  accepter pour les proches et souvent incomprĂ©hensibles dans les premiĂšres annĂ©es de maladie. Il est cependant Ă©vident, dans de nombreuses situations, que c’est la progression de l’apathie qui majore la dĂ©pendance pour les actes de la vie courante. DĂ©coder avec le patient et sa famille ce symptĂŽme et ses implications, peut permettre la mise en place de mesures de compensation (stimulation par les tiers, planification des tĂąches, aides partielles ou totales pour une ou plusieurs activitĂ©s de la vie courante) et Ă©viter les conflits liĂ©s Ă  l’incomprĂ©hension et Ă  des rĂ©actions inadaptĂ©es. 
Pour proposer une prise en charge adaptĂ©e Ă  chaque situation Face Ă  ces difficultĂ©s, les praticiens du centre de rĂ©fĂ©rence travaillent dans une perspective multidisciplinaire qui leur permet de sortir de l’isolement d’une consultation et de s’appuyer sur des compĂ©tences indispensables (psychologue, assistante sociale). Le suivi des patients fait souvent intervenir au moins deux professionnels diffĂ©rents, ce qui permet de renforcer l’effet « cadre » et de diminuer le risque de rupture de suivi en menant de front plusieurs actions (mĂ©dicales, psychologiques et sociales). La perte d’autonomie rĂ©sulte de l’intrication entre les symptĂŽmes moteurs, cognitifs et psycho-comportementaux. Partant de ce constat, Ă  chaque Ă©tape de la maladie, il faut donc savoir repĂ©rer et expliquer les symptĂŽmes, et tĂącher de proposer des moyens de lutter contre leurs effets. De nombreuses mesures peuvent ĂȘtre prises, mettant en jeu des traitements symptomatiques (pour les troubles de l’humeur, l’anxiĂ©tĂ©, les troubles du caractĂšre, les mouvements chorĂ©iques), des moyens prĂ©ventifs des troubles de la dĂ©glutition et des chutes, des mesures d’accompagnement (aides de vie et leur financement, sĂ©jours de rĂ©pit, orientation vers un autre lieu de vie..), des aides techniques. Les objectifs de cette prise en charge globale visent Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© de vie des patients et des proches. Il s’agit de les aider Ă  Ă©laborer des projets pour profiter comme tout un chacun des bons moments, de tenter d’apaiser l’anticipation anxieuse tout en les incitant vivement Ă  anticiper, mais de façon constructive, pour se prĂ©munir contre les situations de rupture en mettant en Ɠuvre des mĂ©canismes d’adaptation. La premiĂšre Ă©tape pour construire un projet de soin cohĂ©rent avec un patient et sa famille est souvent de les convaincre (par exemple avec des rĂ©sultats probants sur le moral et l’organisation de la vie quotidienne) qu’il est possible d’aller « mieux » mĂȘme lorsque le handicap progresse.

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ENFANCE ET MALADIE DE HUNTINGTON Pr. Diana Rodriguez NeuropĂ©diatre HĂŽpital A. Trousseau Si le risque qu’un enfant dont un des parents est porteur de la maladie de Huntington d’ĂȘtre atteint est de 50%, la maladie ne s’exprime avant l’ñge de 20 ans que chez moins de 10% des patients porteur de l’anomalie gĂ©nĂ©tique. Ces formes prĂ©coces de la maladie, dites juvĂ©niles, dĂ©butent le plus souvent aprĂšs l’ñge de 10 ans. Ainsi dans la grande majoritĂ© des cas, grandir dans une famille touchĂ©e par la maladie Huntington c’est ĂȘtre un enfant bien portant, mais dans une famille inquiĂšte de voir apparaĂźtre les symptĂŽmes de la maladie chez un des parents, chez l’enfant et sa fratrie, ou perturbĂ©e par les symptĂŽmes de la maladie d’un de ses parents. C’est Ă©galement, frĂ©quemment grandir avec l’inquiĂ©tude de dĂ©velopper la maladie ou de la voir apparaĂźtre dans sa fratrie. En effet, les grands enfants sont bien plus souvent qu’on le pense conscient du risque de transmission, mĂȘme si les informations dont ils disposent sont incomplĂštes. Les enfants grandissent le plus souvent sous le regard inquiet de l’ensemble de la famille qui guette l’apparition des premiers signes de la maladie chez eux et leur fratrie. La plupart des parents ressentent Ă©galement un sentiment de culpabilitĂ©, se reprochant plus ou moins consciemment d’avoir exposĂ© leurs enfants Ă  la maladie parentale et au risque de transmission. Ceci se traduit souvent par une surprotection des enfants ou Ă  l’inverse par un Ă©loignement. Ce climat inquiĂ©tude et de culpabilitĂ© est frĂ©quemment perçu par l’enfant et peut retentir sur le lien parents/enfant, sur son comportement et son dĂ©veloppement affectif. Lorsque qu’un des parents est symptomatique, les enfants sont confrontĂ©s Ă  diffĂ©rents types de difficultĂ©s d’ordre psychologiques mais Ă©galement matĂ©rielles: - Ils doivent « comprendre » qu’un de leurs parents est malade : il est souvent difficile pour

les enfants de rattacher Ă  la maladie les modifications du comportement parental et leurs consĂ©quences sur leur relation avec ce parent, mais Ă©galement des relations au sein du couple parental. Les enfants se sentent souvent coupables des ces modifications (« il ne m’aime plus », « je l’ai déçu », « c’est de ma faute » ).

- Ils doivent Ă©galement faire face aux consĂ©quences matĂ©rielles de la maladie parentale : il peut s’agir par exemple de l’interruption de l’activitĂ© professionnelle du parent malade avec ses consĂ©quences Ă©conomiques (reprise d’une activitĂ© salariĂ©e d’un parent jusqu’alors au domicile, interruption d’activitĂ©s coĂ»teuses pendant l’annĂ©e scolaire et les vacances
) et pratiques (ne plus inviter les copains au domicile, ne plus pouvoir ĂȘtre conduit chez les amis ou aux activitĂ©s extrascolaires, s’occuper du parent malade, de la fratrie et/ou des tĂąches domestiques lorsque l’autre parent travaille
).

- Ces perturbations peuvent engendrer chez les enfants un repli sur soi, une perte de confiance en soi, un inflĂ©chissement scolaire, une modification du comportement voire des conduites addictives chez l’adolescent
 On observe Ă©galement parfois chez certains enfants une maturitĂ© prĂ©maturĂ©e avec des enfants qui assument des tĂąches inhabituelles pour leur Ăąge et qui « protĂšgent » leur fratrie et mĂȘme leurs parents. Pour toutes ces raisons il est fondamental qu’à cotĂ© de la prise en charge mĂ©dicale du patient se mette en place un accompagnement social et psychologique pour le parent atteint mais Ă©galement pour l’ensemble de la famille. Ceci est mis en place en milieu mĂ©dical au sein du centre de rĂ©fĂ©rence, mais le milieu associatif permettant les Ă©changes d’expĂ©riences et

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d’informations est Ă©galement fondamental. On pense souvent Ă©pargner les enfants en les « Ă©loignant » au maximum de la maladie, ainsi dans la plupart des familles on ne parle de la maladie et surtout pas de sa transmission aux enfants. Mais l’expĂ©rience montre qu’expliquer la maladie parentale Ă  un enfant (de façon adaptĂ©e par rapport Ă  son Ăąge) lui permet de mieux accepter les modifications comportementales et d’attĂ©nuer son sentiment de culpabilitĂ©. De plus en qui concerne le risque de transmission les grands enfants sont frĂ©quemment au courant (internet) mais n’abordent que rarement cette question avec la famille pour ne pas la mettre en difficultĂ©. Conduite Ă  tenir devant un enfant prĂ©sentant des modifications cliniques dans une famille de maladie de Huntington Notre expĂ©rience et la littĂ©rature montrent qu’environ 50% des enfants vivant dans une famille touchĂ©e par la maladie de Huntington prĂ©sentent des troubles du comportement ou un inflĂ©chissement scolaire (ces chiffres sont similaires Ă  ceux observĂ©s dans les famille de patients atteints de troubles psychiatriques). La grande majoritĂ© de ces troubles sont secondaires Ă  l’environnement familial et non Ă  une expression prĂ©coce de la maladie. Ils doivent ĂȘtre pris en charge prĂ©cocement par des Ă©quipes expĂ©rimentĂ©es et nĂ©cessitent une collaboration Ă©troite entre mĂ©decins, psychologues, assistantes sociales et Ă©quipe Ă©ducative. Dans certains cas les troubles s’amĂ©liorent rapidement lorsqu’ils sont pris en comptent aprĂšs quelques consultations mĂ©dicales et psychologiques (examen clinique dont la normalitĂ© rassure enfant et parents, informations sur la maladie
), parfois une prise en charge psychologique plus soutenue est nĂ©cessaire, ailleurs un Ă©loignement familial transitoire peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique (internat). Beaucoup plus rarement, le mĂ©decin peut se demander si les troubles prĂ©sentĂ©s par l’enfant ne traduisent pas une maladie : Le diagnostic de maladie de Huntington juvĂ©nile est alors souvent Ă©voquĂ© d’emblĂ©e par le mĂ©decin et/ou la famille en raison des antĂ©cĂ©dents familiaux, mais il est important de souligner certains points: - La maladie de Huntington ne dĂ©bute avant 20 ans que chez moins de 10% des patients (le

plus souvent aprĂšs 10 ans) - Les premiers signes de la maladie chez l’enfant sont peut spĂ©cifiques : il peut s’agit de

difficultĂ©s scolaires, de troubles du comportement, de syndromes dĂ©pressifs, de troubles moteurs (maladresse, ataxie, rigidité ) ou de crises Ă©pileptiques.

- Les mĂȘmes troubles peuvent ĂȘtre secondaires aux difficultĂ©s familiales liĂ©es Ă  la maladie de Huntington familiale ou au dĂ©but d’une maladie de Huntington chez l’enfant ; mais ces symptĂŽmes peuvent Ă©galement ĂȘtre liĂ©s Ă  une autre maladie.

- La rĂ©alisation du test gĂ©nĂ©tique de la maladie de Huntington n’apporte pas la solution. En effet :

‱ Si un test nĂ©gatif permet d’écarter dĂ©finitivement le risque d’apparition de la maladie chez cet enfant ;

‱ Un test positif peut correspondre Ă  deux situations bien diffĂ©rentes : o il peut s’agir d’un dĂ©but prĂ©coce de la maladie de Huntington ; o mais il peut s’agir Ă©galement d’un diagnostic prĂ© symptomatique de maladie de

Huntington (qui s’exprimera plus tardivement) chez un enfant prĂ©sentant une autre pathologie. Il existe alors un risque d’attribuer Ă  tort les symptĂŽmes Ă  la maladie de Huntington et de ne pas diagnostiquer une maladie parfois curable.

Ainsi il existe un consensus mĂ©dical pour explorer ces enfants comme s’il n’existait pas d’antĂ©cĂ©dent familial, afin de ne pas mĂ©connaĂźtre un autre diagnostic.

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Il nous faut Ă©galement respecter la loi qui encadre la prescription des tests gĂ©nĂ©tiques chez l’enfant symptomatique (DĂ©cret no 2000-570 du 23 juin 2000). Cette la loi prĂ©cise qu’un test gĂ©nĂ©tique ne doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© chez l’enfant qu’avec un consentement parental et que « si celui-ci (l’enfant) peut personnellement en bĂ©nĂ©ficier dans sa prise en charge ou si des mesures prĂ©ventives ou curatives peuvent ĂȘtre prises pour sa famille».Cette dĂ©marche mĂ©dicale doit ĂȘtre bien expliquĂ©e aux parents qui ont souvent l’impression que les mĂ©decins « fuient » ou « Ă©vitent » le seul diagnostic qu’eux envisagent, c’est Ă  dire la maladie de Huntington. Il est Ă©galement indispensable d’expliquer que le retard Ă©ventuel au diagnostic de maladie de Huntington n’aura aucune consĂ©quence pour l’enfant, puisqu’en l’absence de traitement spĂ©cifique, la prise en charge sera la mĂȘme. Il faut aussi prĂ©ciser que les droits sociaux Ă©ventuels sont justifiĂ©s par les difficultĂ©s prĂ©sentĂ©es par l’enfant et non par leur cause (nom de la maladie). Actuellement, le seul risque d’un diagnostic tardif de maladie de Huntington chez l’enfant est de retarder la modification du regard qu’on porte sur lui et ses consĂ©quences dĂ©lĂ©tĂšres (le problĂšme se pose diffĂ©remment lorsque le patient est en Ăąge de procrĂ©er). La prise en charge d’un enfant issu d’une famille touchĂ©e par la maladie de Huntington nĂ©cessite une prise en charge multidisciplinaire expĂ©rimentĂ©e, une collaboration entre l’équipe suivant les adultes et l’équipe pĂ©diatrique, l’implication active de la famille et le soutien des associations

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Prise en charge des formes évoluées

Docteur Philippe CHEMOUILLI, Neurologue HĂŽpital Albert Chenevier L’hĂŽpital Albert Chenevier est un hĂŽpital consacrĂ© essentiellement Ă  la rĂ©adaptation et comprend un service de soins de suite neurologique qui, entre autres activitĂ©s, fait partie du centre de rĂ©fĂ©rence pour la maladie de Huntington et donc accueille Ă  ce titre entre 6 et 10 patients par an en long sĂ©jour et en permanence 3 Ă  5 patients en moyen sĂ©jour (soins de suite). Les raisons d’admission des patients en moyen sĂ©jour sont variĂ©es: il peut s’agir de situations de rupture de la prise en charge Ă  domicile (hospitalisation d’un conjoint par exemple), de problĂšmes mĂ©dicaux intercurrents entrainant une situation de crise (les patients sont alors souvent adressĂ©s aprĂšs une hospitalisation en court sĂ©jour Ă  l’hĂŽpital Henri Mondor ou en provenance d’un autre centre). On peut aussi programmer des sĂ©jours afin de rĂ©pondre Ă  la nĂ©cessitĂ© de soins difficiles Ă  organiser en externe (bilan nutritionnel, prise en charge de la douleur, soins dentaires), pour initier des prises en charge rĂ©Ă©ducatives qui seront poursuivies en externe, ou encore pour apporter un rĂ©pit familial. ExceptĂ© lors des transferts en provenance d’un service de court sĂ©jour, une admission en soins de suite nĂ©cessite une entente prĂ©alable avec la CPAM (qui peut-ĂȘtre sollicitĂ©e en urgence si nĂ©cessaire). ElĂ©ments de la prise en charge dans le service La prise en charge est pluridisciplinaire et repose sur une Ă©quipe constituĂ©e de mĂ©decins, kinĂ©sithĂ©rapeutes, orthophonistes, psychologues cliniciennes, neuropsychologue, diĂ©tĂ©ticiennes, assistantes sociales et ponctuellement l’intervention d’une psychomotricienne peut-ĂȘtre sollicitĂ©e (Ă  partir du service de neurologie de Mondor). Un service d’animation avec des activitĂ©s artistiques et des spectacles est proposĂ© Ă  l’ensemble des patients en moyen et long sĂ©jours, avec un bĂ©nĂ©fice certain. L’hĂŽpital Albert Chenevier peut Ă©galement ĂȘtre un lieu de rencontre entre les familles et les associations de patients. La prise en charge s’attache Ă  tous les aspects de la maladie. Un intĂ©rĂȘt particulier est apportĂ© aux aspects nutritionnels : L’évaluation des troubles de la dĂ©glutition et de leur retentissement permet de proposer des solutions adaptĂ©es, allant de simples conseils en matiĂšre d’aliments et de textures jusqu’à la rĂ©flexion sur des dispositifs de nutrition entĂ©rale (sonde gastrique ou pose d’une GPE), en concertation avec les neurologues traitants et les familles. Il est Ă©galement possible de rĂ©aliser des examens urodynamiques pour explorer les troubles sphinctĂ©riens, ainsi que d’autres soins auxquels les patients accĂšdent difficilement en externe (pĂ©dicure, soins dentaires). L’ajustement du traitement psychotrope ou/et les situations d’aggravation de l’état thymique peuvent bĂ©nĂ©ficier de l’aide d’un psychiatre de liaison (chez les patients en moyen sĂ©jour comme chez les patients en long sĂ©jour). Des dispositifs ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s pour amĂ©liorer le confort des patients (voir photos) : ainsi, un fauteuil particulier, adaptĂ© aux mouvements chorĂ©iques et aux postures anormales a Ă©tĂ© acquis par le centre de rĂ©fĂ©rence son remboursement n’est pas acquis et ceci reste dĂ©sormais Ă  mettre Ă  place auprĂšs des CPAM et des MDPH . Des pare-lits rembourrĂ©s peuvent aussi prĂ©venir les chutes des patients de leur lit ou le fait qu’ils se heurtent aux protections latĂ©rales. Des casques de protection, permettent aussi de rĂ©duire la dangerositĂ© des chutes tout en limitant

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les mesures de contention au maximum. photographies des fauteuils et pare-lits utilisés dans le centre de référence à Henri Mondor et Albert Chenevier

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L’ergothĂ©rapie, utile pour l’installation confortable au lit ou au fauteuil du patient pendant son hospitalisation , permet aussi d’aider Ă  l’amĂ©nagement du domicile des patients appelĂ©s Ă  y retourner, ou fournit des outils pour les actes de la vie quotidienne (couverts adaptĂ©s, lestage des membres supĂ©rieurs rĂ©duisant l’impact des mouvements anormaux
). La prise en charge en kinĂ©sithĂ©rapie permet de travailler l’équilibre, les stratĂ©gies de compensation et de rattrapage lors des chutes, et Ă©ventuellement l’utilisation des aides techniques (il est parfois possible, bien que cela soit rare, d’obtenir l’acquisition d’une autonomie pour les dĂ©placements en fauteuil roulant manuel ou encore la sĂ©curisation de la marche avec un rollator). Aux stades les plus avancĂ©s de la maladie, l’intervention du kinĂ©sithĂ©rapeute est indispensable Ă  la prĂ©vention des rĂ©tractions tendineuses par des sĂ©ances d’étirements. Pour amĂ©liorer le bien-ĂȘtre des patients, outre les aides techniques, des sĂ©ances de relaxation, des exercices de respiration ou encore l’utilisation d’une baignoire Ă  ultrasons sont autant de moyens dont nous disposons.

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Des efforts pour la formation des Ă©quipes L’expĂ©rience des maladies neurologiques responsables d’une grande perte d’autonomie permet aux soignants d’aborder sans difficultĂ© particuliĂšre des aspects communs Ă  ces maladies (comme les troubles de la dĂ©glutition, la prĂ©vention active des complications du dĂ©cubitus), mais le soin des patients peut ĂȘtre plus complexe en raison de certains aspects propres Ă  la maladie de Huntington. Les mouvements anormaux (source de traumatismes), les troubles de la parole (gĂȘnant la communication, l’expression de la douleur et la verbalisation de l’inconfort), et peut ĂȘtre tout particuliĂšrement les troubles du caractĂšre et du comportement sont parfois un obstacle considĂ©rable Ă  la prise en charge. Les soignants expĂ©rimentĂ©s font donc un effort particulier de formation vis Ă  vis des nouveaux afin de les aider Ă  mieux apprĂ©hender les moments du soin : savoir ne pas interprĂ©ter tous les gestes brusques comme Ă©tant des gestes agressifs dirigĂ©s contre autrui, est un des aspects nĂ©cessaire pour faciliter la prise en charge ; de mĂȘme accepter de diffĂ©rer un soin pour ne pas « forcer » un patient rĂ©ticent ou encore savoir anticiper et rassurer les patients, reconnaĂźtre les « mauvais jours » et accepter une mauvaise humeur transitoire peut aider Ă  l’harmonie des soins. Dans les prises en charge les plus longues, qui durent souvent plusieurs annĂ©es, la question du consentement aux soins par le patient est cruciale, et le recours Ă  une personne de confiance souvent indispensable pour tous les aspects Ă©thiques. La participation Ă  l’élaboration du projet de vie La collaboration entre les assistantes sociales Chenevier et d’Henri Mondor ou des autres centres dont sont issus les patients, l’organisation de rĂ©union de synthĂšse avec les familles, l’expĂ©rience de la constitution des dossiers auprĂšs des MDPH, permet souvent de finaliser le projet de vie pendant une hospitalisation en moyen sĂ©jour (qu’il s’agisse de l’organisation des aides Ă  domicile ou d’un projet d’institutionnalisation). Le soutien psychologique au long cours des patients et des familles (souvent culpabilisĂ©es) est un apport indispensable Ă  la rĂ©alisation des projets. En conclusion Bien qu’il y ait peu de donnĂ©es dans la littĂ©rature pour les formes avancĂ©es, les annĂ©es d’expĂ©rience dans la prise en charge de patients atteints de maladie de Huntington et le travail en collaboration avec les autres Ă©quipes participant au centre de rĂ©fĂ©rence nous ont permis d’acquĂ©rir une expertise dans le soin de ces patients. Certes, il existe toujours des limites dans la gestion des difficultĂ©s particuliĂšres comme celles liĂ©es aux troubles du comportement (notamment les refus ou l’agressivitĂ©), au retentissement des difficultĂ©s attentionnelles (qui limitent les nouvelles acquisitions et l’adaptation au handicap), mais l’accent mis sur la formation des Ă©quipes, le travail multidisciplinaire, l’intervention des psychologues, permet de surmonter sur le long terme des situations particuliĂšrement complexes. Le travail rĂ©alisĂ© par un centre comme le nĂŽtre, et les demandes que nous ne pouvons pas honorer en raison du manque de places disponibles, mettent en exergue le manque Ă©vident de structures pouvant offrir un lieu de vie sĂ©curisĂ© adaptĂ© Ă  des patients jeunes, porteurs d’une maladie incurable et Ă©volutive.

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PRISE EN CHARGE SOCIALE ET ADAPTATION AU QUOTIDIEN

Melle Aurélie Diat Assistante sociale HÎpital Henri Mondor

La prise en charge sociale a pour but d’amĂ©nager le quotidien, en lien avec l’environnement social et familial du patient, en fonction de ses besoins. Pour que cette prise en charge puisse ĂȘtre effective, elle est rĂ©alisĂ©e en concertation avec l’équipe mĂ©dicale, les soignants, les psychologues et les aidants principaux (famille, auxiliaires de vie, personnels des lieux de vie). L’accompagnement social proposĂ© Ă  chaque personne est singulier. La prise en compte de nombreux facteurs est nĂ©cessaire pour une prise en charge adaptĂ©e aux besoins du patient :

- Les symptÎmes (comportementaux, cognitifs et moteurs) La prise en charge sera différente en fonction de la prédominance de certains

symptĂŽmes. Les troubles moteurs sont faciles Ă  identifier mais les troubles du caractĂšre et les difficultĂ©s intellectuelles (apathie, troubles de mĂ©moire, et d’organisation) sont moins « visibles » en dĂ©pit de leurs consĂ©quences importantes dans la vie du patient. Ils requiĂšrent la nĂ©cessitĂ© de mise en place d’aides diverses.

- L’acceptation de la maladie En fonction du niveau d’acceptation de la maladie, l’accompagnement sera diffĂ©rent.

S’il y a un dĂ©ni des troubles, des moyens « dĂ©tournĂ©s » doivent ĂȘtre Ă©laborĂ©s pour faire accepter la prise en charge.

- L’évolution de la maladie Etant donnĂ© qu’il s’agit d’une maladie Ă©volutive, les besoins sont diffĂ©rents en

fonctions de l’avancĂ©e de la maladie. La prise en charge est constante et Ă©volue Ă  chaque Ă©tape de la maladie.

- Environnement social et familial Le contexte familial et social est déterminant car il définit les besoins liés à

l’environnement du patient, Ă  son entourage, sa situation sociale et son mode de vie. - Les particularitĂ©s sociales de la maladie La maladie de Huntington modifie la place et le rĂŽle social du patient. Les symptĂŽmes

qu’ils soient moteurs, cognitifs, ou psychiatriques vont engendrer des modifications des capacitĂ©s du patient et de son comportement. Son image va Ă©voluer Ă  ses yeux mais aussi aux yeux des autres. La confrontation Ă  ses propres limites et aux regards des autres (qui peuvent renvoyer de la peur et du rejet) est souvent source de honte et de tristesse. Le caractĂšre hĂ©rĂ©ditaire complique encore la question de l’avenir (construction de l’avenir, risque de transmission de la maladie pour les enfants ou les futurs enfants) pour les personnes symptomatiques, porteuses ou Ă  risque. L’annonce de la maladie dans une famille implique un chamboulement dans les repĂšres et les objectifs de vie. La prise en charge sociale doit prendre en compte ces Ă©lĂ©ments et inclure la famille dans sa globalitĂ© et non le patient seul. La prise en charge sociale s’articule autour de 5 axes principaux :

1) La reconnaissance du Handicap Il s’agit d’un Ă©lĂ©ment crucial pour bĂ©nĂ©ficier de diverses aides et amĂ©nagements. Elle

permet de prendre en considĂ©ration les difficultĂ©s du patient mĂȘme lorsqu’elles ne sont pas apparentes (apathie, troubles de la mĂ©moire, de l’organisation, et de la planification) et de proposer des dispositifs spĂ©cifiques et adaptĂ©s. Les trois acteurs principaux de cette reconnaissance sont la Maison DĂ©partementale des Personnes HandicapĂ©es (MDPH), la

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sĂ©curitĂ© sociale et la MĂ©decine du travail. A ce jour, la difficultĂ© majeure de ce dispositif est la nĂ©cessitĂ© du renouvellement de certaines dĂ©marches, telles que l’ALD 30 ou encore la carte d’invaliditĂ©. Le caractĂšre non curatif et Ă©volutif n’est malheureusement pas pris en compte par les organismes de santĂ©.

2) L’amĂ©nagement du quotidien

L’amĂ©nagement du quotidien permet de maintenir le patient dans son environnement le plus longtemps possible. Du reste, l’environnement doit ĂȘtre considĂ©rĂ© dans sa globalitĂ© : l’accessibilitĂ© du logement (escaliers, Ă©tages, salle de bain, mobiliers, aides techniques), l’accessibilitĂ© Ă  la vie sociale (activitĂ©s, sorties, travail associatif), l’activitĂ© professionnelle, le soutien Ă©ducatif en cas de prĂ©sence d’enfants mineurs, accompagnement dans les actes de la vie quotidienne (soins, aides humaines, surveillance), gestion administrative et financiĂšreDiffĂ©rents acteurs interviennent pour Ă©valuer les besoins, proposer les aides adaptĂ©es et participer au financement. Tout d’abord, l’équipe mĂ©dico-sociale hospitaliĂšre va dĂ©terminer (en lien avec le patient et la famille) les besoins et orienter vers les dispositifs les plus appropriĂ©s. L’ergothĂ©rapeute peut intervenir pour les aides techniques et l’amĂ©nagement de certains espaces. Les services sociaux de proximitĂ©, les services pour les personnes handicapĂ©es (Service d’Accompagnement MĂ©dico-Social pour Adultes HandicapĂ©s (SAMSAH) et Service d’Accompagnement Ă  la Vie Sociale (SAVS)) et certaines associations peuvent Ă©galement participer Ă  l’orientation des patients et proposer un accompagnement. Le recours Ă  une protection juridique (sauvegarde de justice, curatelle et tutelle) est parfois nĂ©cessaire et permet de protĂ©ger le patient et de lui proposer un soutien dans ses dĂ©marches administratives et financiĂšres.

Les financements pour l’amĂ©nagement du logement, les aides techniques ou encore les aides de vie peuvent provenir de la prestation de compensation du handicap (MDPH), l’allocation personnalisĂ©e pour l’autonomie (Conseil GĂ©nĂ©ral), Majoration Tierce Personne (SĂ©curitĂ© sociale), les mutuelles et assurances diverses, l’employeur, caisses de retraite, divers dispositifs associatifs, communaux


3) Le maintien de l’activitĂ© professionnelle

Le travail est une valeur forte dans notre sociĂ©tĂ©. Il s’agit d’un des premiers facteurs d’intĂ©gration et de socialisation. Il permet d’avoir un sentiment d’utilitĂ© sociale (salaire) et une place dĂ©finie dans la sociĂ©tĂ© et dans la famille (parentalitĂ©, couple). L’activitĂ© professionnelle permet Ă©galement au patient de se fixer des objectifs, de se motiver pour des causes externes et de structurer les journĂ©es. Le travail est un moyen pour lutter contre l’apathie et le dĂ©clin intellectuel. Il donne un cadre qui permet Ă  la famille de ne pas ĂȘtre le seul environnement contraignant pour le patient. Le maintien dans le monde professionnel est donc important lorsque l’état de santĂ© le permet. Il faut nĂ©anmoins ĂȘtre vigilant et anticiper le sentiment d’échec lors de la diminution des performances ou en cas de perte de l’emploi et proposer un amĂ©nagement du temps empĂȘchant le patient d’ĂȘtre livrĂ© Ă  lui-mĂȘme face Ă  son inactivitĂ© .D’oĂč l’importance d’anticiper l’avenir et de proposer au cours de l’évolution de la maladie les amĂ©nagements nĂ©cessaires aux difficultĂ©s de chacun.

La Reconnaissance de QualitĂ© de Travailleur HandicapĂ© (RQTH), attribuĂ©e par la MDPH, permet de bĂ©nĂ©ficier d’amĂ©nagements au travail, d’aides diverses (pour les transports par exemple) et de conseils adaptĂ©s. Le mĂ©decin du travail est un interlocuteur privilĂ©giĂ© au sein de l’entreprise et il permet le lien entre les besoins du patient et son employeur. DiffĂ©rentes aides existent pour pallier un manque de salaire (partiel ou total) ou pour se substituer au salaire, Ă  savoir entre autre : les indemnitĂ©s journaliĂšres, les pensions invaliditĂ©, l’allocation adulte handicapé 

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4) Le contexte familial La prise en charge est destinĂ©e aussi bien au malade qu’à sa famille. Le caractĂšre

gĂ©nĂ©tique de cette pathologie engendre des difficultĂ©s pour tous les membres de la famille (dĂ©pression, culpabilitĂ©, 
). L’épuisement familial est un risque constant pour les aidants principaux confrontĂ©s quotidiennement aux difficultĂ©s (dĂ©pendance, irritabilitĂ©, apathie). La prise en charge sociale apporte aussi bien une Ă©coute, qu’un soutien dans les dĂ©marches administratives et une information vis-Ă -vis des droits sociaux. Anticiper les difficultĂ©s liĂ©es Ă  l’évolution de la maladie permet la mise en place prĂ©coce de certains dispositifs et vise ainsi Ă  limiter les situations de crise et de ruptures. DiffĂ©rentes actions permettent de soulager les membres de la famille (le conjoint, le(s) enfant(s) ou l’aidant principal) :

- La mise en place d’aides humaines externes Ă  la famille - L’organisation de « sĂ©jours de rĂ©pit » ou « sĂ©jours temporaires » (en milieu mĂ©dical ou lieu de vie) qui permettront Ă  l’aidant de prendre du temps pour se reposer, pour effectuer des dĂ©marches importantes et si besoin de s’évader (vacances). - Les groupes de paroles et des entretiens individuels (proposĂ©s par les psychologues cliniciennes du centre de rĂ©fĂ©rence (groupe de parole non thĂ©matisĂ© une fois par mois Ă  l’hĂŽpital Henri Mondor et groupe de parole thĂ©matisĂ© 1 fois /trimestre en alternance Ă  La PitiĂ© SalpĂȘtriĂšre et Henri Mondor ) - Les Associations d’aide aux malades permettant de soutenir les familles et de les aider dans leurs orientations. Certaines proposent des activitĂ©s. 5) L’institutionnalisation Dans certaines situations, le maintien dans l’environnement du patient n’est plus

souhaitĂ© ou plus adaptĂ© Ă  ses besoins (isolement, augmentation des problĂšmes mĂ©dicaux).L’admission dans un lieu de vie est alors envisagĂ©e. Un des principes de la prise en charge sociale est qu’il vaut mieux anticiper ces demandes avant que l’état du patient ne l’impose car leur dĂ©lai d’aboutissement est extrĂȘmement long. La constitution de dossiers d’hĂ©bergement peut parfois constituer une rĂ©assurance pour l’aidant principal qui souvent n’ose pas exprimer ses angoisses quant au devenir du patient s’il n’était plus capable d’assurer sa fonction d’aidant.

A ce jour il est difficile de trouver des lieux de vie pour une personne atteinte de la maladie de Huntington. Il y a un manque d’établissement d’hĂ©bergement pour les personnes handicapĂ©es (Maison d’Accueil SpĂ©cialisĂ©e (MAS) / Foyer d’Accueil MĂ©dicalisĂ© (FAM)) ce qui ne permet pas de recouvrir tous les besoins du territoire. Les dĂ©lais de prise en charge sont souvent de plusieurs annĂ©es. Face Ă  ces difficultĂ©s, le recours Ă  une maison de retraite mĂ©dicalisĂ©e pour personnes ĂągĂ©es (Etablissement d’HĂ©bergement pour Personnes ÂgĂ©es DĂ©pendantes (EHPAD)/UnitĂ© de Soins Longue DurĂ©e (USLD) est parfois nĂ©cessaire mĂȘme si le patient n’a pas encore atteint 60 ans . Une dĂ©rogation d’ñge doit alors ĂȘtre accordĂ©e par le conseil gĂ©nĂ©ral. L’organisation de sĂ©jours temporaires dans les diffĂ©rents lieux de vie permet au malade et Ă  sa famille une premiĂšre approche avec l’institution. La prise en charge sociale du patient atteint de maladie de Huntington est fondamentale ; elle permet :

- L’amĂ©lioration du bien-ĂȘtre du patient et de son entourage

- Le ralentissement de l’évolution de la maladie - Le maintien de l’insertion sociale - Le maintien du cadre de vie actuel

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Coordination : Pr A-C.Bachoud-LĂ©vi SecrĂ©tariat: D. Delbos ïżœ01.49.81.37.93 [email protected] FacultĂ© de mĂ©decine 8, rue du GĂ©nĂ©ral Sarrail 94010 CrĂ©teil Cedex

HÎpital Henri Mondor Service de neurologie Pr. P. Cesaro 51 avenue du M de Lattre de Tassigny 94010 Créteil Cedex Médecins: Pr A-C. Bachoud-Lévi Dr K. Youssov Psychologues : C. Béhar M. Couette MF. Boissé Assistante sociale: A.Diat Secrétariat:

HĂŽpital La PitiĂ©-SalpĂȘtriĂšre DĂ©partement de gĂ©nĂ©tique Pr. A. Brice 47, boulevard de l’HĂŽpital 75013 Paris MĂ©decins: Dr A. Durr Dr P. Charles Dr M. Anheim Psychologues : M. Gargiulo A. Herson SecrĂ©tariat : V. Loiseau ïżœ 01.42.16.13.46 Accueil rdv ïżœ01.42.16.13.95

ïżœ01.49.81.43.01 C.Leonard HĂŽpital Albert Chenevier Service de Neurologie SSR SLD Dr. F. Louarn 40, rue de Mesly 94010 CrĂ©teil MĂ©decins: Dr F. Louarn Dr P. Chemouilli Psychologues : S. Chaton F. Gaoua M-F.BoissĂ© Orthophoniste : Y. Nowelli SecrĂ©tariat : R-M. Bensamoun ïżœ 01.49.81.30.31

HĂŽpital Armand Trousseau Service de NeuropĂ©diatrie Pr. T. Bilette de Villemeur 26, avenue du Docteur A. Netter 75012 Paris MĂ©decin: Pr D. Rodriguez Psychologue : V. Buret Assistante sociale : N.Teraa SecrĂ©tariat : S.Cordeiro ïżœ01.44.73.66.93

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CHU de Clermont-Ferrand (Pr F. DURIF) Sce de neurologie HĂŽpital G Montpied BP 69 630003CLERMONT FERRAND CEDEX tel : 04.73.75.15.94 CHU de Marseille (Pr J.-Ph.AZULAY) sce de neurologie et pathologie du mouvement hĂŽpital de la Timone 264 rue Saint Pierre 13385 MARSEILLE CEDEX 5 tel : 04.91.38.65.79 CHRU Bretonneau de Tours (Dr P. CORCIA ) Sce de neurologie 2 Bd TonnellĂ© 37044 TOURS CEDEX tel : 02.47.47.34.24 CHU de Rouen (Pr D. HANNEQUIN) Service de neurologie CHU Charles Nicolle 6031 ROUEN CEDEX tel : 02.32.88.80.32 CHU de Bordeaux (Pr F TISON) Centre de rĂ©fĂ©rence atrophie ultisystĂ©matisĂ©e HĂŽpital du Haut LĂ©vĂȘque Groupe Sud avenue Magellan 33604 PESSAC CEDEX tel : 05.73.75.15.94 CHU de Dijon (Dr BENATRU) hĂŽpital GĂ©nĂ©ral 3, rue du Faubourg Raines 21033 DIJON CEDEX tel : 03.80.29.37.53

CHRU de Lille (Pr A. DESTEE) HĂŽpital Roger Salengro Avenue Emile Laine 59037 LILLE CEDEX tel : 05.49.44.44.46 CHU de Poitiers (Dr J.-L.HOUETO, ) Rue de le MilĂ©trie BP 577 86021 POITIERS CEDEX tel : 03.20.44.67.52 CHU de Grenoble (Pr P. POLLAK) PĂŽle psychiatrie et neurologie UnitĂ©s des troubles du mouvement BP217 38043 GRENOBLE 09 tel : 04.76.76.56.31 CHU de Strasbourg (Pr C. TRANCHANT) Sce de Neurologie HĂŽpitaux universitaires 1 Place de l’hĂŽpital 67091 STRASBOURG CEDEX tel : 03.88.11.66.62 CHU de Montpellier (Pr W CAMU) rĂ©fĂ©rent Mr PAGES , Sce de neurologie HĂŽpital Gui de Chauliac 80 avenue A Fliche 34295 MONTPELLIER CEDEX 5 tel : 04.67.33.72.85

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