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PETITE CHRONIOUE D.E LA

GRANDE f AMILLE CELLIER DE NODS / LA NEUVEVILLE

Il appurait comme impossible de vouloir remonter au tronc généalogique des Cellier dont nous ne connaissons que deux ou trois familles en Suisse, alors qu'ils sont si nombreux en France.

N'est-ce pas un Cellier, sergent français. qui eut l'insigne hon­neur de claironner en 1918. dans les tranchées des Flandres, le <C cessez-Je-feu» annonçant la fin des hostilités et de l'effroyable tuerie de la grande guerre mondiale? (1914-1918)

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Mais commençons par un peu d 'histoire ancienne. Ce que l'on sait, c'est que deux CeUier se sont réfugiés en Suisse, avec tant d'autres F rançais dénommés «Huguenots» - ces "héros de la foi» - lors des terribles persécutions dont ils furent les objets après la Révocation de l'Edit de Nantes au milieu du XVI" siècle.

Cet édit accordait aux protestants de France, très nombreux à l'époque, entière liberté religieuse sous Henri IV, soutenu par de nombreuses familles de la noblesse, par l'éminent écrivain que fût Agrippa d'Aubigné et autres personnalitès marquantes.

Mais l'édit fut révoqué sous son successeur, -Louis XIV, et c'est alors que se déchaîna une des plus cruelles persécutions du moyen âge, à tel point que le sang coula dans toutes les villes de France,

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tout particulièrement dans la nuit de la Saint-Barthélemy, de sinis­tre mémoire.

Ceux qui ne voulurent pas rentrer dans le giron de l'Eglise catholique romaine en abjurant leur foi, et qui purent s'échapper, prirent le chemin de l'exil, la plupart par Genève où ils étaient reçus comme des frères. Plusieurs continuèrent leur exode jusqu'en Allemagne et d'autres pays d'accueil, où l'on rencontre aujourd'hui encore des noms de familles de résonnance bien française, ainsi à Berlin, dont Chopin le grand musicien, et tant d'autres.

La France perdait alors les meilleurs de ses fils et ne s'est jamais remise de cette saignée. Ah ! si ce pays voisin et ami, dans son ensemble, avait vraiment accepté la Réforme, il serait actuelle­ment à la tête du monde dans tous les domaines! Car ces exilés apportaient avec eux, non seulement leur foi, mais aussi leurs capa­cités intellectuelles et commerciales, leur savoir-faire, leurs qualités d'artisans et leurs industries, dont plusieurs florissent encore de nos jours, et non des moindres.

Il y avait parmi eux aussi des vignerons et des paysans. L'un s'arrêta à La Neuveville et, pendant longtemps, on y vit de ses des­cendants comme vignerons, forgerons, bourgmestres même, etc. Cette famille doit être éteinte ou dispersée, il n'y a plus de Cellier à La Neuveville, cette charmante bourgade si pleine d'histoire.

Un autre poussa jusqu'à Nods, village perdu au pied de la belle montagne du Chasseral et y fit souche. Ah ! ces montagnards à la vie simple, libre et frugale, quelle race ! C'est que, comme le dit la chanson: « Rien ne uaut notre JUTa , votre cœur vous le dira! ».

Installé à Nods, jouissant d'une pleine lib erté religieuse que la Réforme bernoise y avait apportée, ce réfugié Cellier y fit souche et cela d'une manière féconde, comme nous allons le voir.

C'est en ma qualité de descendant de ce clan Cellier de Nods, fils aîné d'une lignée bien prospère que, sur le désir de quelques­uns, je me mets à écrire ce petit historique pour la postérité.

Dans ce qui reste des archives de Nods, figurent plusieurs de nos ancêtres, notamment un Louis-Aimé Cellier, mon grand-père, homme à la foi vivante et de nature gaie et joviale. On l'entendait rire jusqu'au bout du village, m'a-t-on dit. Je ne l'ai malheureuse­ment pas connu. Marié à une Bonjoll r de l'endroit, il eut une fille et cinq fils, dont voici l'énumération:

Adèle, la chère tante, épousa un peu tard un monsieur Constant Kempf, expert-comptable à Genève, et n'eut pas d'enfant.

Auguste, l'aîné des fils, eut pour femme une Meylan et fut cour-

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tier en horlogerie en pays de Vaud. II leur naquit une fille et trois fils, dont un seul vit encore: le cousin Paul en Amérique, octogé­naire et ... célibataire endurci. Il a des neveux en Australie.

Emile resta paysan à Nods, après avoir passé deux ans en Amé­rique. II épousa une demoiselle Sagne et ils eurent une fille et un fils; le cousin Philippe mort d'une attaque il y a quatre ans, laissant sa veuve, Berthe, née Forchelet, octogénaire, seule à Nods avec son fils cadet Jean, le dernier Cellier habitant encore dans le village de nos ancêtres. La fille, cousine Elisabeth, octogénaire aussi, vit encore bien conservée chez sa fille unique Léa à Bienne. Cet oncle Emile acquit une certaine renommée à Nods comme médecin homéo­pathe amateur, spécialement chez les enfants que leurs mères lui apportaient. On ]' appelait au village le « mécZ' cin des p'tits grains» . C'est qu'il n'y avait pas de docteur à Nods. Les gens malades, et qui tenaient encore à la vie, devaient en faire venir un de La Neuve­ville ou de Bienne, au trot d'un cheval. Aussi, cet homme de science arrivait souvent trop tard. Par contre, une excellente sage-femme remplissait au mieux les fonctions de docteur, tout en aidant les enfants à venir au monde. Voici maintenant l'oncle:

Jules, troisième du clan, qui devint horloger et négociant. II eut pour femme une d emoiselle Hug qui lui donna une fille et un fils. Ce dernier, cousin Marcel, employé de banque, es t décédé, laissant sa pauvre veuve inconsolable, cousine H élène, seule dans leur belle villa à Blonay. II lui reste un fils et une fille.

Florian était mon oncle préféré à cause de ses bons conseils et de son affection pour moi. Il quitta aussi le village pour se marier avec une dame Cornu-Décoppet. Ils n' eurent qu 'une fille, cousine l'v! argue rite, octogénaire, vivant avec ses enfants bien gen­timent à Gorgier.

Nous arrivons au cadet des six enfants de ce grand-père Louis­Aimé Cellier; à mon vénéré père,

Aimé, qui devait nous être enlevé bien prématurément, à l'âge de 61 ans, usé par le travail. Il y aurait beaucoup à dire sur la pénible vie de ce cher papa avec ses cinq enfants, comme simple paysan, et qui a laissé tant de regrets au village, tant par sa servia­bilité que par son témoignage chrétien. Il était petit de taille, d'un caractère très doux , et toujours joyeux. A tel point qu'on le surnom­mait au village, « le p'tit Aimé d'la gaieté » .

Notre mère, une Berne!} de la Vallée de Joux, fut pour mon p ère l'aide véritable de l'Evangile. C'était chez nous un foy er chré­tien où la Bible avait sa place d'honneur. Le culte de famill e et la prière avant le repas étaient de règle. Et ]' on chantait beaucoup, de

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beaux cantiques, même sans musique. Car il n'y a pas de gens plus heureux que les chrétiens véritables. Ils jouissent déjà à l'avance du bonheur éternel qui les attend là-haut.

Nous étions donc cinq enfants du « p'tit Aimé » dont l'aînée, la chère Marianne, après une longue maladie, nous a quittés à 20 ans, au printemps de sa vie, dans la paix et la joie du salut.

Notre chère et vénérée mère s'en est allée à l'âge de 82 ans, ayant passé le soir de sa vie chez notre sœt]r Emma. Elle laissait donc quatre enfants, élevés dans la crainte de Dieu et bien armés pour la vie. Il n'en reste que trois à ce jour :

Juliette, qui devint l'épouse d'un Albin Rocha t, gros paysan aux « Linnardes», Coss(may. Ils eurent trois filles et deux fils tous encore en vie et mariés, sauf Odette, l'aînée, à Lausanne. Cette tante Juliette se porte encore bien et vit chez sa gentille fille, Ellen, bien retirée, au « Bornalet » , At/bonne.

Louis, mon seul frère, s'en était allé jeune encore en Amérique, plein d'ambition, de force physique et de ténacité. Il n'y devint pas millionnaire, mais respectable père de deux filles et de quatre fils (comme moi-même), faisant bien leur chemin· au pays du dollar. Ayant perdu là-bas la compagne de sa vie, Jenny Moinat de Lavi­gny, oncle Louis se sentant seul et' souffrant · peut-être de mal du pays (Heimweh), s'en revint dans le canton de Vaud, si beau. Il y fit soudain la connaissance d'une autre Vaudoise, Marie-Louise Petter qui devint pour lui une nouvelle épouse, bien gentille et bien dévouée. On apprend qu'ils viennent de s'installer dans un joli chalet à Treycovagnes, près d'y verdon, comme dernière étape de leur pélerinage terrestre, disent-ils. On le leur souhaite bien, car « pierre

. l , qUl rou e ... » . Il convient de parler aussi de notre sœur cadette: Emma, qui avait épousé Francis Margot, horloger. Ils sont décé­

dés les deux aprés de pénibles maladies, laissant leur deux chères filles, Francine et Liliane, bi'en mariées à Lausanne.

Et maintenant mon tour arrive. Que dire de moi, de ce Samltel de Nods, fils aîné du « p'tit

Aimé», ayant passé toute sa jeunesse derrière les vaches? Faut-il écrire mes « mémoires », mon autobiographie? Un peu

de tout, car que de souvenirs se présentent à mon esprit, de ces « souvenirs d'enfance qui ne s'effacent jamais» 1

Je fis mon entrée dans ce monde le 10 novembre 1882, c'est de la vieille histoire! A l'école du village, pendant neuf annuités en

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primaire (il n'y avait pas de secondaire), je fus un écolier comme les autres, farceur et chicaneur, mais toujours avec les meilleures notes. Souvent des camarades allaient vers « le Samuel» pour qu'il les aide dans leurs calculs.

Pendant plus de trois mois d'été, c'étaient les vacances. Alors, c'était dur 1 Nous devions, nous les enfants,' travailler comme des grands, notre père ne pouvant se payer de domestique.

A l'âge de 10 ans déjà, je fauchais avec une petite faux à ma taille arrangée par mon père. Ce qui fait que, aujourd'hui encore, cet art difficile, je ne l'ai point oublié (n'est-ce pas, Oli ?). « Cha­cun son métier et les vaches seront bien gardées », dit le dicton.

Hiver comme été, lever à cinq heures pour « fourrager », sortir le fumier, pomper l'eau du puits, abreuver le bétail, étriller la jument et son poulain, puis déjeuner en vitesse. Ah 1 les bonnes « rasti », comme elles disparaissaient! Et puis, sac au dos et départ pour l'école L ..

Pendant les longues soirées d'hiver, j'étais toujours occupé à réparer des outils dans un petit atelier assez bien achalandé. Je me mis également à fabriquer des niches d'abeilles, ce à quoi m'avait initié mon cher instituteur, Léon Chard, gros apiculteur dans son temps libre.

Cet instituteur était épatant. Il nous apprenait même à planter et à tailler des arbres pour la commune. C'était un maître avisé et dévoué, un · chrétien, mais aussi sévère, ayant toujours une bonne baguette à sa portée, avec laquelle j'ai reçu assez souvent de bon­nes « taloches », bien méritées.

Mon écolage terminé, mes parents eurent l'excellente idée de me sortir un peu ùu village et de m'éloigner de copains plus ou moins recommandables. On m'envoya chez une vieille tante dans sa pro­priété, le « BOTnalel» à Aubonne, où j'eus à soigner une vache et des lapins et à travailler dans ses vignes avec le vigneron.

Cette chère tante, très pieuse, me prenait le soir avec elle à des « réunions» à Lavigny, à une ùemi-heure de marche. Pendant les longues soirées d'hiver, elle aimait à ce que je lui fasse la lecture cie bons livres et de sa Bible. Puis elle se couvrait la tête d'un châle et priait avec beaucoup de ferveur. A ce contact spirituel, j'acquis la conviction que j'étais un pauvre pécheur et que jamais je ne pourrais paraître un jour devant Dieu dans un tel état. Durant plusieurs semaines je fus des plus malheureux. Aussi un soir, n'y tenant plus, faisant ma ronde à l'écllfie, je me jetai sur la paille fondant en larmes et criant à Dieu de me sauver, de me donner sa paix. Et il le fit, en vertu de la parole de l'Evangile qui me vint

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à l'esprit: « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé 1 » Je le crus et la paix descendit dans mon âme, Je me relevai plein de joie et cette assurance de mon salut éternel ne m'a jamais quittée, Que c'est simple, une vraie conversion 1. ..

Ce n'est donc jamais sans émotion que je revois ce cher <c Bor­nalet », ce lieu de ma «nouvelle naissance», puisque comme le disait Jésus à Nicodème en Jean 3, «si quelqu'un n'est né de nou­veau il ne peut voir le royaume de Dieu ». Je passai là le plus beau temps de ma vie, mais mon père avait de nouveau besoin de moi et me rappela. La chère vieille tante le regretta et me dit adieu les larmes aux yeux. Un petit cousin, Paul Rochat de Cossonay, prit ma place et y est encore, ayant hérité de toute la propriété.

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Quelques années plus tard mon père mourut et je dus le rem­placer avec l'aide de mon frère Louis, de cinq ans plus jeune. Mais ni lui ni moi ne voulions continuer le métier. Nous vendîmes la maison et donnâmes les champs à un fermier, pour tout liquider par la suite. Et je quittai le village avec l'intention de me faire de l'argent en vue d'un apprentissage de commerce ou de banque. Mon désir elÎt été de devenir médecin, ou pasteur; mais il n'y fallait pas songer. Qui aurait payé mes études?

Pendant quatre ans je fis le valet de chambre dans de riches familles, à Mulhouse, (où je me trouvais avec cousine Marguerite de Gorgier), à Vevey, à Paris, à Genève, aussi un peu comme chauf­feur. Après quoi, ayant économisé un petit pécule, je trouvai une place d'apprenti de banque à Neuchâtel, avec l'aide d'un cher cou­sin, Armand Jacot-Cellier; durée 2 1/zans d'apprentissage,

Et puis, afin de me familiariser mieux avec la helle langue de Goethe, j'acceptai une place comme correspondant à la Banque Fédérale de Saint-Gall, à 150 francs par mois 1 Mais survint la grande guerre mondiale (1914-1918) et pendant quatre mobilisations de 3-'1 mois, la patrie m'appela aux frontières dans mon cher Jura. r eus la chance de faire ce service en été et, comme sanitaire, c' Nait de vraies vacances. Il n'y avait ni blessés ni tués! « On se la coulait douce", faisant bien un peu de <c théorie» et quelques exercices, un peu de gymnastique, mais rôdant souvent d'une ferme à l'autre cherchant de l'eau pour des malades imaginaires, mais surtout en quête de boissons plus capiteuses, d'une saucisse, d'un bout de

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lard; car en ce temps-là 1'« ordinaire» de la troupe ne suffisait jamais à des appétits comme les nôtres.

Notre peloton de vingt sanitaires manquant de sous-officier, le capitaine-médecin m'appela à fonctionner comme caporal et alors il me plaisait de les faire marcher, de les dégourdir un peu, pour le plaisir du capitaine qui admirait l'énergie du commandement de cet appointé Cellier. Il aurait voulu me faire avancer, « gagner des galons». Je refusai, allégant que j'étais soutien de famille. En effet, il y avait encore notre vieille mère à soutenir.

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C'est alors que je quittai Saint-Gall pour entrer à . l'Union de Banque suisse à Zurich et qu'éclata la grève générale des employés de banque de tout le pays. Ils eurent gain de cause et je vis mon salaire mensuel s'élever d'un coup à 500 francs. Je pus enfin songer au mariage, ayant fait à Saint-Gall la connaissance de celle qui devait devenir la fidèle compagne de ma vie; Caroline Schneider, ménagère accomplie et chrétienne convaincue (en raccourci; Liny ou Linette).

Cette chère compagne donna le jour à six beaux enfants, avec beaucoup de courage, tous d'excellente santé, intelligents comme leur mère et comme le père qui n'est pas un imbécile 1 Mais sous ce rapport, nos enfants nous dépassent, et ce n'est pas peu dire.

Ces six oiseaux sc sont envolés du nid maternel les uns après les autres, dans différentes directions, le cadet même jusqu'au Brésil. Quand et comment nous reviendra-t-il, le cher Raolll ?

Au cours des années nous dûmes déménager plusieurs fois selon la parole biblique: « Nous n'avons pas ici-bas de cité permanente. »

C'est à Zurich-Wollishofen que les jeunes époux installèrent leur premier nid. Puis il y eut la Selnaustrasse, la Nordstrasse, la Lehen­strasse, Dietikon, la Wasserwerkstrasse , la Grabenwiese et enfin la Rütelstrasse, site tranquille où llIaman et papa Cellier, seuls comme aux premiers jours, poursuivent sans trop de soucis leur péle rinage terrestre déjà long. Ces déménagements é taient toujours une vraie fête pour les gosses, si lion pour les parents!

Au foyer, gnî.ce ft l' éne rgique maman surtout (le papa étant souvent absent), régnaient l'ordre ct la discipline, ainsi qu'il se doit dans chaque famille qui se veut chrétienne. Le plus beau temps fut celui de la première enfance, car ils étaient tous charmants ces

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gamins ct, comme le dit la maxime: « Petits enfants, petits soucis. » C'était le beau temps, la vie étant moins trépidante que mainte­

nant. On osait encore se promener en famille sans risquer de se faire écraser ou faucher, à chaque coin de rue.

M ais il faut dire maintenant quelques 1Il0ts de souvenirs de cha­cun d'eux, en commen~~ant par l'aînée de la bande, notre chère

Edith, personne charmante, au grand . cœur, nature sensible, implllsive et indépendante. D'une intelligence exhubérante, toujours avide de modernisme et de poésie, ct forte en poèmes. Unie devant Dieu à Olivier Trog du Zollikerberg, (Oli du Zolli), ils formaient un couple des mieux assortis et le plus heureux qui soit. Il leur naquit trois charmants enfants et nous les aimons tous beaucoup. Nous aimons aussi leur belle propriété si bien située et si tran­quille à l'orée de la forêt, si riche en été de fruits de toutes sortes. Un vrai « pays de Cocagne» cc cher Zolli, où grand-papa Cellier vient faucher les gazons, raccommoder c.les outils, nettoyer ceci ou cela, enfin trouvant toujours quelque chose à « bricoler" les same­dis de beau temps 1

Oli est un artiste en arts graphiques et en peinture. Sa mère étant ùécédée l'an dernier, il ne lui reste de son côté qu'une tanle et son père.

Marianlle, notre seconde fille, est le « rayon de soleil" de la famille. Nature riche, caractère enjoué, Marianne ne répand autour d'elle que la joie de vivre et la bonne humeur. Avec son cher mari, "Valler Schreib er, un artiste aussi dans sa branche, l'électricité qui n'a plus de secrets pour lui, et avec leurs deux gentils enfants, Rolf et Silvia, ils forment un foyer où règne l'harmonie et la paix. Nous sommes heureux de les avoir comme proches voisins.

Il me revient que Marianne était une enfant obéissante ne se faisant jamais punir. Quand il y avait de l'orage dans l'air du foyer, que le papa allait prendre la verge, Marianne s'esquivait simple­ment 1

Nos quatre garçons sont de caractères assez différents . Ils ont cependant ccci de commun: ambitieux et débrouillards. Bons­vivants aussi, mais travailleurs.

Tous les quatre firent à Zurich un excellent apprentissage de banque et nous les vîmes partir, bien équipés pour la vie. Dès lors, favorisés par les circonstances et la haute conjoncture de ces dernières années, ils arrivèrent à se créer des positi<;ms enviables.

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Ce ne sont plus les galopins ni les gringalets de leur enfance 1 Ce sont des hommes cl' aH aires.

Harry, le premier, après un stage dans les bureaux de la Com· pagnie Viticole de Cortaillod qui fit failtite, fit son entrée à la « Cupra» i'mportante usine de Renens, dont il es t maintenant le directeur commercial. Il choisit comme compagne de sa vie la chère Heidi Hauri, camarade d'enfance de Zurich, qui lui donna deux fils, Pierre· Alain ct Bernard, deux vrais Cellier, pour la future lignée. Très entreprenant et commerçant darus l'âme, Harry, associé à des copains de son choix, se mit à faire bâtir des villas et des chalets dont la revente laissait des bénéfices fort appréciables. Le dernier construit dans le site incomparable de Verbier, il Ic garde mainte­nant pour lui et s'y rend chaque samedi s'il n'cst pas loué. De même la charmante villa qu'il s'est faite bâtir dans les vignes au-dessus de Lutry, côte à côte avec celle de son frôre Marcel, notre second fils .

Marcel est un musicien-né, un mélomane joint à un parfait com­merçant. Lui aussi fit ses premières armes à la Compagnie Viticole de Cortaillod, puis s'engagea dans une importante maison de Lau­sanne s'occupant d'importation de minerais et métaux pour la grosse industrie métallurgique suisse. Il devint très vile le bras droit de la direction qui l'envoie faire de gros achats derrière le « rideau de fer", jusqu'en Pologne, voire même Moscou . C'est au cours de ces voyages que Marcel s'adonne à sa mélomanie, enregistrant musi­que et danses folkloriques de ces différents pays, de III Mer noire à la Baltique, pour Radio-Lausanne qui en a donné déjà quelques émissions.

Il a transformé une partie de sa belle villa de LI/try en un vrai temple de la musique et semble ne pas vouloir s'arrêter en si bon chemin lui apportant des avantages pécuniers point négligeables.

Sa ehère et distinguée compagné, Catrin Widmer de Bâle, lui a déjà donné deux fils; encore deux Cellier pour l'avenir de la tribu, Claude et Marc, noms bien français.

Aimé, le troisième, eut des débuts assez variés et difficiles, une jeunesse quelque peu orageuse. On le vit à Rolle, chez Schenk, chez Nestlé à Vevey, chez Suehard à Serrières, chez Persil à Bâle, ayant aussi à son actif un stage au Danemark, à Copenhague. Tout à coup nous apprenions l'heureuse nouvelle qu'il avait l'intcntion de se marier. Une charmante jeune fille de Biglen du nom de Thérèse Masciadri, dont le père, Italien, avait immigré en Suisse encore jeune, se trouva sur son chemin. Fine personne très éduquée, c'était bien la femme dont Aimé avait besoin pour se créer enfin un foyer,

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un chez-soi. Ayant obtenu entre temps une excellente place à la Chem. Fabrik Schweizerhall de Bâle, on pouvait songer à la noce qui eut lieu à Biglen, domicile des parents, au « Baren », noce qui laissera d'inoubliables souvenirs à la très nombreuse assistance.

Installés dans un magnifique petit logement à la Solothurn er­strasse à Bâle, Thérèse et Aimé, heureux époux, ont reçu l'an der­nier leur premier enfant, une charmante petite Michèle venant mettre le comble à leur bonheur.

Que dire maintenant de notre cadet, de l'expatrié? Raoul, dernier de la bande, fut comme tous les benjamins un

peu gâté. Musicien aussi, mais en musique de jazz seulement 1 Son apprentissage terminé, notre « Raoulopin» fit un stage au bureau d'un grand garage, puis à un guichet de la Swissair à Zurich. C'est là que le cueillit un des patrons d'une grande maison de textiles, Carlos Oertli Tecidos S.A. à Recife, Brésil, de passage en Suisse. Raoul accepta la place offerte immédiatement et on le laissa partir. Il y est depuis près de sept ans et n'est revenu au pays qu'en 1960 pour trois mois de vacances. Il ressemble peu à ses frères, mais il doit avoir là-bas une place d'avenir, car· il est débrouillard aussi. Il écrit peu, ne se plaignant jamais du climat si chaud, si lourd en hiver, lorsque nous avons ·l'été de ce côté de la mappe­monde. Ce qui manque à ce cher fils, c'est une brave compagne, une épouse dévouée et fidèle, car « il n'est pas bon que l'homme soit seul» et il est si loin de nous tous. Qu'il fasse comme ses trois frères! Nous prions toujours beaucoup pour lui: « Grands enfants. grands soucis! »

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Maintenant que chacun a cu son petit boniment, il me reste ft continuer mon autobiographie, au risque de vous ennuyer. Elle est loin d'être terminée. Il faudrait un li'vre pour entrer dans les détails. On n'atteint pas l'âge de 80 ans sans avoir beaucoup à raconter, mais il faut se borner à l'essentiel; noter des joies, des peines, des combats, des chutes, des victoires et quelques expé­rienc('s salutaires pour la vie, avec des déboires et des contrariétés. Et des épreuves; qui n'en a pas?

Une étape importante fut mon entrée, en 1921, comme reprè­sentant-voyageur dans ~a maison Saco S. A. Nellchatel, quittant l'Union de flanques suisses, Zllrich, la vie de bureau ne me con­venant plus. Elevé à la campagne, je ne suis pas un oiseau de cage, ï aime le grand air et la liberté.

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Et voilà plus de 40 ans que j'exerce ce métier correspondant à mes goûts, en Suisse orientale, dans les Grisons et le Tessin, sans avoir jamais été malade. C'est une grâce. Le moment serait venu de penser à « prendre sa retraite» comme on dit; mais aussi longtemps que je puis travailler, je le fais. « Le travail fait la vie douce» et dès qu'on s'arrête, on s'enrouille, c'est à craindre.

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Il Y a près de trente ans que je fis la connaissance du journal évangélique français de Digne, la « Bonne Revue », qui me plut de suite énonnément comme périodique pour la famille chrétienne, et je m'y abonnai. La distinguée rédactrice, Mm. Contesse-Vernier, demandait parfois aux lecteurs de collaborer au journal en lui sou­mettant de petits articles à faire paraître, selon son appréciation. J'ai essayé et. .. j'essaie encore toujours. Dès lors, la B.R. paraît avec ma modeste prose, soit les « Notes d'un spectateur» et de petits articles occasionnels sans prétention. Tout est très simple comme style, mais biblique. Ce petit travail pour le Maître m'oc­cupe pendant bien des soirées et des dimanches de pluie. Qu'il veuille qu'il en reste quelques fmits pour sa gloire 1

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Je voudrais maintenant narrer un épisode où je risquai de perdre la vie. C'était à Ml//hol/se, j'avais 20 ans. Par un bel après­midi, peu après le dîner, je m'en fus prendre un bain dans un grand canal du voisinage. Pris de congestion, sachant mal nager, je coulais à pic, ne pouvant plus remonter à la surface. La mort était devant moi et, en un clin d'œil, toute ma vie, mes méchan­cetés, mes péchés enfin, tout cela se dressa devant mes yeux en m'accusant. Dans ma détresse je m'écriai: « Seignerrr sal/ve-moi! »

je m'attendais à passer de vie à trépas, là, par trois mètres de fond, lorsque une forte main me saisit et me ramena sur la berge. Un baigneur ne me voyant plus remonter était devenu mon sauveur. Mais toute cette vision de mon passé, quoique s'estompant avec le temps, est restée gravée dans mon esprit. Je l'avais échappé belle, comme on dit. Mon heure n'était pas encore venue. Mon ange gardien était là, comme tant de fois !. ..

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Si je raconte cet incident, c'est à l'intention de ceux qui vont répétant que « après la mort, tout est mort! » Et ils sont nombreux ceux qui cherchent à s'en persuader, sans y parvenir du reste, puisque le Créateur a donné à l'homme une âme vivante et immor­telle. Non, « après la mort suit le jugement et Dieu ramène ce qui est caché, afin que les œuvres de chacun soient manifestées» dit l'Ecriture.

Mais « il n'y a aucune condamnation» pour le croyant, qui a accepté dans la repentance et avec foi et comme unique sauveur et médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ, donné au monde.

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Il me semble que j'arrive bientôt à la fin de cette chronique, au style si décousu. J'aimerais pourtant dire encore un mot à la jeune génération, à nos chers petits-enfants en particulier.

Vous avez vu comment Dieu sait bénir et comment il a récom­pensé nos ancêtres de leur foi, de leur fidélité dans le témoignage, dans la séparation du monde et du mal. Ce qu'ils perdaient en biens pl!rissables de ce monde leur était rendu au centuple, car Dieu ne veut pas rester notre débiteur et le Psalmiste l'a dit:

« La bonté de l'Eternel est de tout temps et cl toujours srlT ceux qui le craignent, et sa miséricorde sur les fils de leurs fils . »

Et du même auteur inspiré:

« Sa bonté demeure à toujorlrs et sa fidélité de génération en génération. »

Voudriez-vous quelque chose de mieux, mes chers tous? Ces magnifiques promesses de la divine parole sont pour vous. Le grand-papa qui vous parle en a fait maintes fois l'expérience au cours de sa longue vie. Vous pouvez la faire aussi.

Dans vos rapports avec vos parents et grand·parents tout d'abord. Vous ne pourrez jamais assez les aimer, ni leur rendre tout ce qu'ils ont été pour vous dès votre tendre enfance. C'est impossible. Mais ce que vous pouvez et devez faire, c'est de leur manifester constamment beaucoup d'affection et de les entourer dans leur vieillesse. Cela vous sera compté et rendu au grand jour des récompenses et dès ici· bas déjà.

« Honore tOrt père et ta mère, afin que tri vices hcul'eux sur lil terre! »

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Sans doute les parents ne sont-ils pas parfaits. Personne ne r est et votre grand-papa moins que quiconque, mais néanmoins ils ont droit à votre amour et à votre respect.

Et puis, cherchez à être toujours occupés à un travail quel­conque, à quelque chose d'utile, car" l'oisiveté est la mère de tous les . vices».

Le plus grand sage de l'histoire, le roi Salomon, auteur de tant de proverbes sous l'inspiration de l'esprit de Dieu, termine un de ses livres par cette sentence:

« Ecoutons la fin de tout ce qui a été dit: Crains Dieu et garde ses commandements, c'est là le tout de l'homme. Car.. Dieu amènera toute œuvre en jugement, avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal!»

Ce sont là paroles du saint Livre que vous possédez.

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Je cherche parfois à me représenter notre vénérable aïeul de France, cet "héros de la foi», avec sa compagne peut-être aussi de France, ayant tout quitté pour choisir la liberté. On les voit monter de La Neuveville à Nods, sur un mauvais chemin, avec un bâton et un ." baluchon» pour tout bagage.

S'il pouvait revenir et voir autour de lui sa nombreuse posté­rité de patriarche, comme il serait étonné 1 Et il se demanderait sans doute: "Quel genre de vie mènent-ils dans le tintamarre effarant du monde moderne, comme ils l'appellent, dans lequel ils vivent? Et surtout, qu'en est-il de leur foi ? ... » Posons-nous la question. Sommes-nous tous les dignes descendants de ces ancêtres sous le rapport de la piété? Hélas non, sans doute 1 Mais nous pouvons le devenir, car il n'est jamais trop tard pour faire un retour sur soi-même, et changer de direction et de vie ...

« En toutes choses il faut considérer la fin !»

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Mais je m'aperçois qu'en fait d'historique, je ne fait qu'un ser­mon. Ne m'en veuillez pas et suivez la recommandation biblique qui dit: « Examinez tailles choses et retenez ce q!li est bon! »

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Nous vivons sans doute l'époque la plus troublée de l'histoire du monde dans son ensemble. D'un monde apeuré face à l'avenir, agité et angoissé, malgré toutes les découvertes de sa science et de sa technique, et peut-être même à cause de cela. Un vent de folie agite les nations et leurs gouvernements qui, de plus en plus veulent se passer de Dieu et de ses lois.

La Bible prédit une « fin du temps des nations", devant pré­céder )' établissement d'un royaume de justice et de paix, pour toute l'humanité par Christ lui-même; l'âge · d'or du « Millénium. » l'Ecriture sainte est formelle à cet égard, tant de prophètes l'ayant annoncé. Celui qui a dit: « Je reviendrai» reviendra. Première­ment pour l'Eglise de tous les vrais croyants et ensuite pour régner avec elle sur la terre purifiée par les jugements encore à venir.

Car cette création, souillée par le péché, Il soupire après la déli­vrance» (voir Rom. 8). Elle aussi aura part à la jouissance de ce royaume et de cette paix universelle que les hommes, si bien inten­tionnés soient-ils, n'ont jamais pu et ne pourront jamais établir eux-mêmes.

L'avenir ne nous appartient pas. Il nous est seulement dit de «veiller et de prier», car « vous ne sa vez ni le jour ni l'heure». Que l'Eglise donc se prépare pour ce grand événement 1

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Si je jette un regard en arrière sur ma route parcourue sous la divine protection de Dieu, il ne me reste, comme le dit un petit cantique, qu'un souvenir; « le sOI/t;enir . de Sa miséricorde", malgré toute mon indignité.

Mais il me faut terminer ce que vous appellerez une «épître» et je le fais en narrant encore, comme note plus gaie, un épisode de ma jeunesse (j'allais r oublier) :

J'avais 19 ans lorsque je reçus d'un ami chrétien. et presque gratis, un vélo usagé, le premier quO on vit à Nods. Aussi, lorsque « le Saml/el du p'tit Aimé" enfourchait sa bécane et descendait la rue du village. les gens se pressaient aux portes et aux fenêtres pour le voir, ne comprenant pas qu'on puisse ainsi circuler sur deux roues sl."lJ!ement. Ah 1 ce qu'il était fier, le Samuel, de se voir ainsi admiré 1... C' était le bon vieux temps 1 ...

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Dès lors, le Samuel de Nods n'aurait pu se passer d'un vélo. Avec le temps, il devint même « motorisé », ayant fait aJuster à sa bécane un petit moteur qui l'aidait beaucoup dans ses voyages. Assez fréquemment il fut victime d'accidents, dangereux même, cependant «jamais mortels ». Son ange gardien veillait toujours ...

Ses fils à lui se déplacent en auto, faisant du 100 à l'heure et plus sur des routes étrangères souvent. Nous vivons le siècle de la vitesse,. mais peuvent-ils admirer la belle nature comme le faisait leur père, dans cette Suisse si belle dont ils connaissent si peu tous les beaux sites? Toute médaille a son revers.

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Si cette petite Chronique-autobiographie, sans prétentions, pou­vait faire plaisir aux destinataires de notre grande parenté, son auteur en serait suffisamment récompensé.

Et, en terminant, il fait sienne la parole du Psalmiste : « rai été jeune et je suis vieux, mais je n'ai jamais vu le juste

abandonné, ni sa postérité mendiant son pain 1» Amen.

« Honny soit qui mal y pense 1 »

Soyons comme l'oiseau pos/! pour un instant Sur des rameaur trop frèles,

Qui sent ployer la branche et qui chante pourtant, Sac~lOnt qu'il a des ailes.

(Victor Hugo)

Zurich, octobre 1962. Le Samuel de Nods.

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