La Controverse Palamite

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La Controverse Palamite

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  • Martin Jugie

    La controverse palamite (1346-1368). Les faits et les documentsconciliairesIn: chos d'Orient, tome 30, N164, 1931. pp. 397-421.

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    Jugie Martin. La controverse palamite (1346-1368). Les faits et les documents conciliaires. In: chos d'Orient, tome 30, N164,1931. pp. 397-421.

    doi : 10.3406/rebyz.1931.2692

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_1146-9447_1931_num_30_164_2692

  • La controverse palamite (1341-1368)

    Les faits et les documents' conciliaires 4i

    Les chos d'Orient ont donn, il y a une trentaine d'annes, une srie d'articles sur les origines et les dbuts de la controverse hsychaste ou palamite (i). Cette tude s'est arrte l'histoire du concile du mois de juin 1341, improprement qualifi de synode hsychaste (2); Depuis cette poque, plusieurs travaux d'ingale valeur ont paru sur la mme question. Ceux-l seuls ont apport du nouveau qui ont utilis des sources indites (3). On "sait com- bieik ces sources sont nombreuses et importantes. On en pourrait former une vritable bibliothque. De cette masse nous avons pu consulter des morceaux de choix patiemment runis par M&r Louis Petit. Ils donnent la cl de bien des nigmes et nous rvlent par quelle voie le palamisme russit devenir la doctrine officielle de l'glise byzantine. Notre intention, dans le prsent article, n'est point de reprendre l'histoire des origines de la controverse entre le moine Calabrais Barlaam et Grgoire Palamas, bien que cette histoire soit en grande partie refaire ; mais nous devons revenir sur le concile de 1341, dont notre prdcesseur a fait le rcit d'aprs les documents dont disposait. Nous poursuivrons ensuite l'histoire de la querelle jusqu'au -synode runi par le patriarche Phi- lothe Kokkinos en, 1 368, contre le hiromoine Prochoros Cydons, en nous attachant spcialement dterminer la date et la porte des nombreux documents conciliaires qui ont t promulgus durant cette priode.

    1. Les deux conciles de 1341 et le tome synodal.

    La premire question qu'il est ncessaire d'lucider, si l'on veut voir clair dans l'histoire de la controverse palamite, est celle de

    (1) J. Bois, Les hsychastes avant le xiv* sicle ; Grgoire le Sinate etl'hsy- chasme l'Athos au xiv' sicle > ; < Les dbuts de la controverse hsychaste > {Echos d'Orient, t. V, 1902, p. 1, 65, 353). ,

    (2) Le synode hsychaste de 1341 (Echos d'Orient, t. VI, 1903, p. 5o-6o). (3) Signalons spcialement l'tude du R. P. J. ausherr avec les textes indits qu,

    l'accompagnent, La mthode Jd'oraison hsychaste >, dans les Orientalia Christiana t

    ' \'

  • 398 CHOS D'ORIENT

    l'origine et (k la .vritable signification d'un. document sur lequef Grgoire Palamas et ses partisans se sont appuys pour rsister ouvertement l'autorit ecclsiastique, ds la fin de l'anne 1341 et jusqu' ta imposition* du patriarche Jean Caiecas (fvrier 1347). Nous voulons parler du tome synodal de 1341, 6 , qui porte dans les manuscrits d'origine palamite le titre suivant :: tojao ^ [ , |*, ' , ^ ^ . Ce titre est curieux, sous plus d'un rapport. Il nous prsente le document comme tant le rsultat de plusieurs synodes, q^i ont rejet l'impit d Baraam et d'Acindyn et qui ont t rutis du vivant et sotis la prsidence drAidroiic I Palologue. En fait, en lisant la pice, on s'aperoit qu'il n'y est question que du syode teau dans l'glise Sainte-Sophie, le juin 1841 (1), quatre jours avant la mort d'Andronk (1 5 juin), et que Barlaam seul est nomm. Le titre est donc faux, mais pas compltement cependant. clair- cissons le mystre. Et commenons d'abord par parter de ce fameux concile de juin 1 34 1 , o les accusations de - Barlaam contre les hsychastes furent rejetes et son opinion sur la natiare de la lumire thaborique condamne comme contraire la doctrine des Pres.

    Nous savons qu'aprs son retour de l'ambassade d'Avignon ( 1339) ,. Barlaam, aprs une courte halte Constantinople pour rendre compte de sa mission, avait regagn Thessalonique et avait refait son ouvrage contre les hsychastes, en l'intitoant : EttlfaseeiXiiwiiv. Sans retard, Paamas avait rpondu cette nouvelle ditM par une troisime triade de discours contre le moine calabrais (2). Dans ces derniers opuscules, le thologien hsychaste accentuait ses nouveauts thologiques tant pour le fond de la doctrine que pour les formules. Ds qu'il les eut en main, Barlaam reprt le chemin

    t. IX (1927), p. 101-209, et l'ouvrage de M^Giovanni Mercati, 'Notdzk M Procom eiDeme- trio Cdone, di Manuele Caleca, di Teodoro Meliteniota, ed altri appunti per la strkt dlia teologia e dlia letter alura bizantina.del secolo xiv, Rome, 193 1.

    (1) On peut hsiter entre le 10 et le 11 juin, suivant qu'on met, ou non, quatre jx>ur& complets entre la fin du concile et la mort d'Andmmic, arrive le i5 juia.

    (2) Palamns a crit neuf discours contre Baraasm diviss es trois triades, ans t&fe- ntire triade, Barlaam est combattu sans tre nomm, parce qu'il n'avait ecee tien publi contre les hsyclrastes. La seconde trkde fat compose pendant le \

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    de la capitale et alla dnoncer son rival au patriarche. Il alla aussi trouver Acidyne pour solliciter son appuis dans sa lutte contre les hsychastes et leur dfenseur. Bien ma! lui en prit, car Acindyne, k ce qu'il nous raconte lui-mme dans son Discours au patriarche Jean et sm synde,cnt en 1344, Je rabroua vertement, lui fai* sant remarquer que ce n'tait pas ; lui, tranger, 4e se mler de critiquer et de rformer Jes abus de l'glise byzantine (i). Puis, -avec quelques moines, le mme Acindyne se rendit chesle patriarche. On examina les crits de Palamas apports par Bariaam, et on y trouva de telles normits doctrinaesf qu'ol rie voulut point croire qu'elles fussent authentiques. On pensa quelle Calabrais les avait inventes. On lut aussi l'ouvrage de, ce dernier contre les moines, et il apparut qu'il n'tait pas l'abri de toute critique. Le patriarche chargea Acindyne de l'examiner plus fond et d'en -crire, au besoin, une rfutation. C'est ce qui fut fait. Adndyne trouva Bariaam reprehensible sur deux points : II parlait de la lumire du Thabor d'une manire peu respectueuse, en enseignant qu'elle tait infrieure en dignit non seulement aux anges,, mais mme l'esprit humain et ses concepts, alors que les Prea de l'glise en avaient dit des choses si merveilleuses. De plus, ses cr> tiques de la mthode de prire des hsychastes taient fort exag^ fes, et ces boas caloyers ne mritaient pas qu'on les traitt de mas- salieaso de bo^omiles. D'accusateur, le moine calabrais risquait fort de passer au rang d'accus, car Acindyne l'attaquait ou ver- testent et dfendait Palamas. il alla mme jusqu' publier plu-? sieurs dissertations contre loi. < - :

    Mais, sr de ce qu'il avanait, Bariaam ne se laissa pas dconcerter par ce premier insuccs. Il continua dnoncer Plamas par loute la ville et le prsenta mme comme tenant des conciliabules ;au MntAthos et Thessalonique, contrairement aux saints .canons (2). De ces conciliabules de Palamas nous connaissons au moins celui dont parle Philothe dans son Pangyrique, c'est--dire cette runion des principaux thonites o fut labor un autre document palmite clbre, le ^ (3). Devant cette

    (l) Ou xhy ^ ipsvvv ^ StopioSv. * Ced. Monacensis graec, 22J, fol. 5T. ~

    (2) * ! f! b ^;. & f st & itots xad, tefo . * acindyne. Ibid. .

    }f l raction du r{w>i aYto^etxtxd, voir Philothe, Pangyrique de Patentas, Joe. cit., -ce5. 593. l fat compos vtuieembablemeat fers la fin de ^

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    -accusation positive et grave par elle-mme, qui fut porte ses oreilles non seulement par le Calabrais, mais par plusieurs autres, Jean Calecas se dcida enfin agir. Une lettre synodale assez dure * de ton fut envoye l'archevque de Thessalonique pour qu'il ft diriger sur Constantinople le moine Palamas. Barlaam lui-mme fut charg de la faire parvenir destination. Acindyne en eut connaissance, et trouvant le procd peu dlicat pour son ami Palamas, eut l'audace d'crire au patriarche pour lui faire des remontrances sur la svrit de la missive. Il se prsenta ensuite lui-mme au prlat, ajoutant qu'on aurait d, au moins, envoyer 41 exemplaire de la lettre Palamas lui-mme pour mnager son amour-propre. Le. patriarche se laissa convaincre et rsolut de n'adresser la lettre synodale qu' Palamas. Mais il tait trop tard. Quand on demanda Barlaam de rendre la lettre qui lui avait t remise pour le mtropolite , de Thessalonique, il rpondit que l'expdition tait dj faite. Jean Calecas poussa alors la condescendance jusqu' faire i envoyer un exemplaire du document Palamas lui-mme par Tin- j termdiaire d'Acindyne. Ainsi le coup serait quelque peu amorti j pour le dfenseur des hsychastes. Le pli avait peine pris la direc- j tion de Thessalonique qu'Acindyne reut de Palamas lui-mme la j fameuse lettre o celui-ci lui exposait tout au long son systme sur \ l'essence de Dieu et son opration, la lumire et la grce inere. j II y avait en particulier la phrase suivante : La grce difiante du j Saint-Esprit est une divinit infrieure, don de la divinit sup- j rieure, , , ; . Acindyne alors ouvrit les yeux et comprit que les accusations de Barlaam n'taient pas des racontars, mais la vrit pure. Il rsolut pourtant de mettre tout en uvre pour pargner son ami une condamnation certaine et se fit fort d'obtenir de lui la suppression d'une terminologie offensive des oreilles pies. I

    Justement, quelques jours aprs, Palamas dbarquait Con- ! stantinople et prenait logement chez lui. On s'entretint des accu- f sations de Barlaam. On parla aussi de la lettre qu'Acindyne avait I reue peu de jours auparavant. Une discussion s'engagea. Acin- |

    dyne fit remarquer son ami que sa doctrine tait oppose celle f des Pres; mais il ne russit pas le convaincre. Tout ce qu'il f put obtenir de lui, ce fut la promesse d'effacer de ses crits Les ] expressions choquantes, aprs qu'on se serait dbarrass de Bar- i laam, cet ennemi commun de toute la corporation des moines, i . En attendant, Acin-

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    dyne s'engagea garder le silence sur les innovations doctrinales du nouveau thologien, qui ne prsenta au patriarche que la partie de ses crits o il n'y avait rien reprendre au point de vue dog-' matique (1). '

    Le plan concert par Acindyn pour faire condamner Barlaam russit. Nous apprenons, en effet, par un document encore indit, conserv dandle Cod. Vatic, graecus 2335, et compos vers 1370, sous forme de projet de concile contre la doctrine palamite, au nom du patriarche d'An tioche, que dans une runion prive, tenue avant le synode piublic, l'empereur, le patriarche et quelques membres minents du Snat dcidrent de donner la future assemble un caractre purement disciplinaire. On carterait* sys- tmatiquement toute discussion d'ordre dogmatique. On ferait semblant de ne voir en l'affaire qu'une pure querelle entre moines, evt l'on rglerait le diffrend l'amiable. Barlaam serait dbout de son action en diffamation contre les hsychastes, et on l'inviterait se rconcilier avec Palamas. Quant au dbat doctrinal, il serait remis plus tard. Un nouveau synode se runirait en temps opportun pour le trancher. En attendant, on dfendrait, sous les peines les plus svres, d'agiter des questions dogmatiques. On'esprait ainsi touffer la querelle et faire l'conomie d'une controverse toujours dangereuse pour la paix et l'unit de l'glise : , dit notre document, *, x^y ep.tvi ' . Le rcit de Nicphore Grgoras (2) laisse entendre la mme chose et donne les raisons qui firent prvaloir ce dessein: Ta piv [ . ^ . >> '

    Ce programme fut excut de point en point. Runi Sainte- Sophie le 10 juin 1341, sous la prsidence de l'empereur en pr- sonne car Barlaam avait refus prcdemment de comparatre devant le synode patriarcal en son absence, ayant eu vent, sans doute, du complot tram contre lui (3), le concile, auquel assis

    trent le Snat au complet et de nombreux curieux, rgla l'affaire en' une journe. Barlaam fut d'abord invit dvelopper contre

    Grgoire Palamas et les hsychastes les accusations qu'il avait for- mules contre eux dans son rapport crit au patriarche. Au lieu

    (1) Nous empruntons tous ces dtails au mme Rapport d' Acindyn au patriarche Jean, loc. cit. .

    (2) ist. byzaiit., 1. XI, c. x, P. G., t. CXLVIII, col. 764. (3) Cf. le , , P. G., t. CIA, col. 680-681.

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    d'aborder tout de suite le point prcis qu'on lui indiquait, il crut habile d'etamer d'abord la question dogmatique de la nature de la lumire thaborique. On l'arrta net. Il eut beau insister. On ne lui permit pas de dvelopper ses arguments contre la thologie de Palamas. H prit alors le parti de garder le silence, et l'on fit Ore Sroi adresse le canon 64 du concile in Trullo et le canon 19 du concile de Chalcdoine dfendant aux simples particuliers, clercs ou laques, de se mler d'enseigner les vrits religieuses et d'agiter les questions de dogme, les vques seuls ayant pouvoir lgitime d'enseigner dans l'glise. Puis on donna connaissance de son accusation crite contre les moines, laquelle Grgoire Palamas fut invit rpondre. Celui-ci fit brivement l'histoire de sa querelle avec le moine calabrais, et se garda bien de se compromettre en parlant de ses . Por achever la dfaite de l'accusateur des hsjchastes, on lut quelques passages de son livre intitul Contre les mmsaliens. A sa doctrine sur la lumire thaborique on opposa non fous les textes patristiques qui se lisent dans le ^

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    cor et cri le synode promis, qui devait, dans leur pense, sanctionner de son autorit la thologie de leur patron, Palamas (1).

    L'ambitieux Cantacuzne entendit leurs plaintes. Au moment o il rvait de jouer au basileus, une occasion propice s'offrait lui de faire une dmonstration publique de son autorit. Un concile en tout gal au premier se runirait Sainte-Sophie sous sa prsidence. Acindyne y remplacerait Barlaam, et les hsychastes auraient leurs apaisements. La question dogmatique y serait aborde et rsolue. Ainsi fut fait. Un second synode fut convoqu par Cantacuzne Sainte-Sophie, et se tint dans la partie de l'difice rserve aux catchumnes, au mois d'aot de cette mme anne 1341 . Mais ce fut un conciliabule, non un concile, car le patriarche refusa d'y paratre, et ce fut contre sa volont que l'assemble se runit (2).

    C'est ce qui explique pourquoi la plupart des historiens contemporains font le silence autour de ce synode. L'astucieux Cantacuzne embrouille le rcit avec le premier concile de juin, et ne craint pas de le faire convoquer par le patriarche lui-mme (3). Le tome du concile palamite de fvrier 1347 nous en parle galement, ainsi que le tome anonyme du patriarcat d'Antioche signal plus haut. Les mtropolites et les snateurs crurent devoir s'y rendre. Les dtails nous manquent sur ces dlibrations. Tout ce que nous en savons, c'est qu'on y discuta sur la thologie de Palamas. Acindyne tait prsent et attaqua ouvertement la doctrine de son ancien ami. Palamas se dfendit, et donna vraisemblablement lecture du fameux tome hagioritique, 6 ., compos par Philothe en 133c et sign par les principaux reprsentants du monachisme athonite. C'tait un rsum des principales thses palamites. S'il fallait ajouter foi Cantacuzne (4), Palamas l'aurait prsent dj au synode de juin. Mais c'est l une erreur manifeste, comme il ressort de ce qui a t dit plus haut. Acindyne fut condamn comme infect de l'hrsie barlaamite, - | , dit le tome synodal de fvrier 1347. On dut vraisemblablement rdiger quelque tome dogmatique o le palamisme le plus cru tait enseign, et on vint le prsenter la signature du patriarche Celui-ci refusa catgoriquement et considra comme non avenu tout

    (1) Rapport d'Acindyne au patriarche Jean, loc. cit. (2) Explication du par Jean Calecas, P. G., t. CL, col. 901 A, (3) Histor., 1. II, c. xl, P. G., t. CLIII, col. 672-689. (4) Ibid., col. 673 B.

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    ce qui avait t fait. Plusieurs prlats, du reste, avaient protest contre les nouveauts doctrinales du thologien hsychaste, et s'taient rangs la doctrine d' Acindyne,

    Cependant, les Athonites continuaient s'agiter. Leur rputation commenait baisser dans l'opinion publique. Acindyne- nous apprend que tout le monde les condamnait et leur disait des choses dsagrables, , . Patronns par Cantacuzne, ils insistrent pour qu'on leur dlivrt un document officiel garantissant leur orthodoxie et leur rputation : { , ().

    Le patriarche 'finit par accder leur demande : il consentait la publication d'une dcision officielle porte au nom du synode du 10 juin et relatant ce qui y avait t fait, c'est--dire la con

    damnation des crits de Barlaam contre les moines et la dfense absolue d'agiter des questions dogmatiques. Mais qui allait rdiger le document? Le clan palamite s'en chargea avec la collaboration de certains des prlats qui avaient assist au conciliabule de Canta- cuzne. De leur commune entente sortit ce qu'on a appel le commenant par les mots ' (2). 11 se prsente comme un rcit officiel, fait par le patriarche, de ce qui s'est pass au synode du 10 juin. On n'y rencontre pas la moindre allusion au conciliabule du mois d'aot. Nulle part la doctrine palamite n'y est formellement discute ou approuve, mais tout est habilement dispos et agenc pour donner -l'impression d'une approbation tacite et indirecte. Au dbut, par exemple, on raconte que Barlaam a accus les hsychastes d'enseigner que l'es- sence de Dieu tait participable et que les moinesvse sont dfendus en rpondant que ce n'tait pas l'essence de Dieu qui tait partici- pable, mais la grce incre, ternelle et difiante du Saint-Esprit, , ' . Puis, quand il s'agit de rfuter l'opinion du Calabrais sur la nature de la lumire thaborique, au lieu de rapporter simplement les extraits des homlies de saint Jean Damascene et de saint Andr de Crte, qui lurent rellement lus au concile du mois de juin, on aligne une longue enfilade de textes patristiques, tout ce que Palamas avait pu trouver de mieux en faveur de sa doctrine sur la lumire

    (1) Acindyne, loc. cit.; cf. Jean Calecas, Explication du , toc. cit., col. 901 , ' ; . > (2) P. G., t. CLI, col. 679-692.

  • is

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    divine, temelle et incre. Cette longue suite de passages constitue donc ne vritable interpolation . Sans doute, aucun d'eux n'enseigne explicitement ce que les palamits veulent y trouver; mais i des expressions vagues et ambigus, des mtaphores et des synecdoques qui paraissent appuyer la thse de Paamas. Sans doute a^ssi/le tout est cit directement dans le but de combattre Baraam, qui faisait de a iomre thaboricfe un phnomne matriel, une apparition transitoire d'sie lumire miraculeusement produite par Elfeu et aussitt vanouie, infrieure, par consquent, en dignit la lumire inteltecteelle de fange- ou de l'esprit ttontais; mais l'ensemble va naturellement appuyer la doctrine des hsychastes.

    Quand la pice fut rdige, on la prsenta 'la signature du patriarche. Celi-ci s'aperut bien de la fraude, et refusa d'abord son approbation, dclarant que le document ne rendait pas la vraie physionomie du concile du juin, et avait un caractre tesan- cieux au point de vue doctrinal : , ^ '

    | ^, ^. , dit le tome du patriarche d'Antioche. Acindyne, du reste, tait l pour lui dvoiler la perfidie des palamites, lui qui crira, trois ans pius tard : Le tome fut rdig, et Paiamas y glissa frauduleusement son hrsie, en partie du moins, contre la volont du patriarche : TOtvw , [ | , ' (). Jean Calecas, cependant, ' finit par cder devant les instances des partisans secrets deCanta- cuzne, et comme malgr lui apposa1 sa signature. l crut parer l'quivoque doctrinale que prsentait la pice et l'abus que pour- raient en faire les partisans de Paiamas, en ajoutant, la fin , la dfense svre, sous peine d'excommunication, de dogmatiser fairenir sur quoi que ce soit, soit verbalement, soit par crit, l dira plus tard que, dans sa pense, le tome visait simplement repousser les accusations de Bariaam contre les moines et sa doctrine sur la lumire tfeaborique. Les textes patristiques cits ne tendaient qu' cela et l'on n'en avait donn aucune interprtation officielle : uwp - & eal (2).

    Avec le patriarche plusieurs mtropolites souscrivirent le document; mais d'autres refusrent, parmi lesquels Atitaoase de

    1 (1) Loc. cit., fol. 53\ (2) Explication du tome, loc. cit., Col. 901 C.

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    Cyzique, qui ne signa qu'en, 1346, a moment de se joindre la faction des prlats mcontents, qui allaient se rebeller contre le patriarche et bientt le dposer 'aatres signatures postrieures, que rapportent les manuscrits en appendice au tome, s'expliquent de la mme manire, et certains histories ont m tort de s'appuyer sur ces additions postrieures pourcontester raiitheoticit du document. Cette authenticit, du reste, est tout Mi relative. La pice est authentique en ce sens qu'elle a t signe par le patriarche et plusieurs mtropolites.' Mais i elle n'a pas fe rdige par le synode du 10 juin i34; 2* elle donne un rcit tendancieux et interpol de ce qui s'est pass et fait dans ce synode; 3e elle respire l'air du conciliabule palamite du mois d'aot, aprs lequel Paiamas et les siens l'ont compose. Ainsi s'explique le- titre donn par les manuscrits : tquo & ^ . . ' $*

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    elle n'aurait t divulgue que vers 1844. En comparant le tmoignage de cet historien avec un passage de Palamas dans sa Rfutation du tome d'Ignace d'Antioche (1), nous concluons que les Athonites partisans de Palamas l'envoyrent, sur la fin de 1344, l'impratrice Anne et aux principaux magistrats, sans doute en rponse la lettre que le patriarche leur crivit, en novembre 1844, pour leur notifier la condamnation de Palamas (2). En rponse cette bravade, le gouvernement imprial fit apprhender tous les signataires, qui furent runis en un seul endroit. On les somma d'abjurer la doctrine de Palamas. Ceux qui refusrent furent expulss de la Sainte Montagne (3).

    Aprs le triomphe du parti palamite en 1347, le est considr comme l'expression de la vraie doctrine, et c'est sans doute par allusion cette pice que le tome synodal de 1341 reoit parfois, partir de cette poque, le titre de 6 ,, Comme si les deux documents n'en faisaient qu'un. Au concile de i35i, dont nous parlerons tout l'heure, le fut officiellement approuv (4).

    ]]]. Le patriarche Jean Calecas et Acindyne contre Palamas (octobre 1341-fvrier 1347).

    Avec la promulgation du tome synodal se clt la premire phase de la controverse palamite. On pouvait esprer que Grgoire Palamas et les siens se tiendraient pour satisfaits, aprs avoir obtenu un document qui leur tait si favorable, et que, dociles la dfense finale, ils garderaient le silence sur les tranges doctrines et formules que la polmique avec Barlaam leur avait fait inventer. Mais il n'en fut rien. Acindyne nous raconte que, aussitt en possession du tome, Palamas se mit publier partout que sa doctrine et ses crits avaient t approuvs par l'glise, et qu'il fallait les accepter sous peine d'excommunication, , (5). Bien plus, il composa de nouvelles dissertations dogmatiques, o sa thorie sur l'essence de Dieu et ses oprations revenait avec les

    (1) Cod. Coisl. 99, fol. 147. (2) Cf. P. G., t. CLII, col. 1269-12-3. (3) Qrgoras, Ibii ' . (4) P. G., t. CLI, col. 757 CD. Sur son attribution Philothe, voir P. G., t. CLII,

    col.329 A; t. CLIV, col. 861 D. (5) Cod. cit., fol. 54.

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    mmes formules hrtiques qui se lisaient dans ses prcdents ouvrages. A cette dsobissance manifeste il ajouta des critiques publiques de la politique suivie par le patriarche contre Cantacu- zne, le protecteur des hsychastes. Mis au courant de tout par Acindyne qui, partir de ce moment, devient soit conseiller intime et joue le premier rle dans la'lutte contre l'hrsie nouvelle, Jean Calecas se dcide svir et user contre le moine rebelle de sa double autorit religieuse et civile. Palams est mand Constantinople. Il arrive sur la fin du Carme de 1342. Dans une entrevue prive, le patriarche lui demande de renoncer ses nouveauts dogmatiques. Il refuse catgoriquement d'obir. Une sommation canonique suit, qui l'appelle comparatre devant le synode patriarcal. Il se drobe et compte sur son ami, le moine Isidore, pour prendre sa dfense. Le synode se runit vraisemblablement dans le courant de juin (1342). Isidore justifie la conduite de Palamas en se basant sur le tome synodal, qu'a sign le patriarche. Celui-ci, d'accord avec les membres du synode, condamne au' feu les crits du novateur comme scandaleux et semant partout la discorde. Cette sentence est confirme par un nouveau synode qui se tient quelque temps aprs (probablement en septembre 1342) au palais imprial et auquel assistent les snateurs.

    De ces deux premiers synodes, qui ont condamn les crits de Palamas, mais. non directement sa personne, il ne nous reste que le souvenir, que nous a conserv Acindyne (1). L'excommunication contre le rebell ne fut porie que deux ans aprs, le 4 novembre 1344, aprs qu'il avait dj pass deux ans en prison. Il fut, en effet, arrt Hracle, o il s'tait rfugi, l'automne de 1.342, et aprs avoir sjourn quelques semaines dans les dpendances de Sainte- Sophie, il fut enferm dans le monastre de l'Incomprhensible, . tq ', o il resta jusqu'au triomphe de Cantacu- zne. L'excommunication fut motive par la propagande qu'il ne cessait de faire dans sa retraite en faveur de sa thologie tant par la plume que par la parole. Le texte mme de la sentence ne nous est pas parvenu, mais il nous reste plusieurs documents officiels de Jean Calecas qui nous la signalent, et nous apprennent que la sentence atteignit galement tous les partisans de Palamas, et nommment le fameux Isidore, alors vque lu de Monembasie. Ces documents sont : i Une Lettre encyclique tous les fidles,

    (1) Op. cit., fol. 54'.

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    ft'

    leur annonant la condamnation de Palamas, d'Isidore et de leurs partions (i); 2 Une Lettre aux moines athomtes, cnte aussitt aprs le synode du 4 novembre (2). Le patriarche, aprs a^oir pari de la condamnation de Barlaam en 1341, raconte la contumace de Paiamas, son emprisonnement et, sans mentionner expressiacait son excommunication, exhorte les moines raser e leur influence pour le ramener dans la voie de l'obissance. Pour toute rponse,, les Athonites envoyrent l'impratrice et aux principaux Magistrats un exemplaire du , et s'attirrent, par cette incartade les reprsailles dont nous avons parl ci-dessus ; > Une explicati'O-n officielle du - de 1 34 1 par le patriarche^ compose aprs la lettre aux Athonites (3) ; 40 Le dbut de la sen> tence contre Isidore, publi par G. Mercati, op. cit., p. 202-20X

    Quand l'excommunication fut porte contre Palamas et Isidere, le patriarche d'An tioche, Ignace, se trouvait de passage Constantinople. Aprs s'tre fait expliquer le cas des deux rebelles, il s'associa la mesure prise par le patriarche cumnique et libella de son ct deux tomes, l'un assez long, dirig contre Palamas,, qui est rest indit et qui a t rfut par Palamas lui-mme (4); l'autre plus court, contre Isidore, qu'Allatius a publi dans son ouvrage: De libris ecclesiasticis graecorum, p. 188-189 (Inc. : ^ ). Ils ont t promulgus tous les deux aprs le synode du 4 novembre 1344, et dans le mme mois.

    L'activit de Jean Calecas contre Palamas et ses disciples ne se borna pas l. Soutenu par l'autorit civile, il svit contre les novateurs et ne nomma aux vchs que des clercs d'une orthodoxie prouve (5). Il encouragea Acyndine rfuter les crits de Palamas, et lui-mme s'employa cette tche- Tout alla bien tant que l'impratrice Aime lui donna sa faveur. Pendant plusieurs annes, elle ne It rien que par ses conseils. Si nous en croyons l'historien Nic- phore Grgoras, ce fut mme une de ses suggestioBS qui prpara sa perte et, par le fait mme, le triomphe du palamisme (6). Ne

    (1) Inc. : ^ *$5, dans la P. G., t. CL, col. 891-894, d'aprs l'dition d'AHatus, De perptua consenswne, etc., 1. II, c. xvi, 5.

    (2) P.

  • LA CONTROVERSE PALAMTE (l34I-l368) 4II

    regardant que le bieji d l'empire, Jean engagea Pimpratrice se rccacaiier avec Jean antacuzDe. Ibujours docile, Anne gota le f*eje$, et des pourparlers secrets Jreat s'gilgea iivec le Grand DeMescpe. Les yaeraeats qm smmw&si. aotss permettrai 4e supposer que ce dernier posa comme coaftafts de la fecciiiaiion rlcgoemeet a patriarche, qui Vaemt mommnmi au dlit de sa rv^te cojitre la cour,, et i'aoeptatioa e la doctrine palamite. L'impteatrice eiat la faiblesse de ne pas fefousser categoariipeaient ces sug^etioms, qui la poussaient sacrifier f la fois la waie doc- irmeetsm meieitr c Hie essaya 'abme ^iifaiiiHser sa coHcien sur la question de a doctrine et vooftit se faipe une opkLimi sur la tiiologie de PMamas. C'est (teas ce but qu'elle demanda cetei-ci de la lii exposer briveaB^tt. On devioe la joie do tsoJogiefl bsych ste devant ce revirement iBespr. ^esnqu'il fM encore en prison, il ne fit pas attendre sa rponse, que Boivia a pitWe ea note dans son dition de Y Histoire byzantine de Grgoras (1). Elle est fort habile. Anne est -cotaputneiiie de son zle pour l'orthodoxie, et la doctrine d'Aciadyne est prsente comme apparenlie m massalianisme et aboutissant logiquement l'athisme. L'impratrice voulut amssi avoir l'avis do pifosophe Naftere Grgoras. Celui-ci se isclara contre Palamas et en faveur d*Acindyse. Dsappointe, Anne lui demanda de mettre par crit Jes raisaas de sa dcisjou.

    Ceci se passait dans les premiers mois de Tanne 1.346. Jean Cafecas et Acindyne durent bien vite s'apercevoir du changement qui commenait a se dessiaaer dans la politique de l'impratrice et firestf leur possible pour l'clairer swr les erreurs jde Palaaaas. Anne, ele, cerohait une occasion d'entrer en coaiflit a;^c le patriarche an d'avoir un prtexte pour se dbarrasser de lri. L'occasion s'o(ffiit elle, lorsque, vers le milieu de l'anne 1346, le bruit courut qe'Aciaifyne, cette bte noire des palamites, allait tre promu l'oFrfi du diaconat. Elle fit savoir Jean que cette ordination lui dposait Le patriarche passa outre. Um dcret d'expulsion cotn fe nouveau ^dacii at la rpomse de Tiiperatrice vexe. Le conflit parvenait Ftat aigu. Ce fit bien pire lorsqu'il fut question de nommer Acindyne la mtropole de Thessalonique, qui avait perds sob pastittr am^aiaimte, nomm Hyacinthe, enlev par une

    ' 3

    (1) L. XV, c. -vu, P. , '&id-, col. 10-1012.

  • 412 CHOS D ORJENT

    mort prmature (i). A cette nouvelle, Anne n'y tint plus et s'chappa en injures contre le prlat. Pour la calmer et se justifier, Jean lui remit un recueil de dissertations, composes par lui-mme, par Acindyne et par d'autres thologiens, o les erreurs de Palamas taient exposes et rfutes. Nous souponnons que, dans ce recueil, se trouvaient deux pices anonymes publies par Allatius dans son ouvrage De libris ecclesiasticisGraecorum, Dissertatio II, et reproduites dans la Patrologie grecque de Migne, col. 864-872.

    La nouvelle du conflit entre l'impratrice et le patriarche porta la joie et l'esprance dans le camp des palamites. Cantacuzne crut le moment venu de faire dposer Jean Calecas par le petit groupe de prlats qu'il tranait sa suite. Leur chef tait Lazare, patriarche de Jrusalem. On ne sait o se tint la runion. Le tome du synode de fvrier 1347, dont nous parlerons tout l'heure, nous apprend seulement que ce fut hors de la capitale. Le conciliabule rdigea un tome de dposition en bonne et due forme, qui ne nous est pas parvenu : , , - (2). En mme temps, les six prlats palamites, qui taient gards vue dans leurs cellules, Constantinople, adressrent l'impratrice un rapport virulent contre le patriarche. Ils l'accusaient d'avarice, de npotisme, de simonie, de parjure; le traitaient de loup, de lion, de serpent, de perscuteur des orthodoxes, de protecteur des barlaamites, et demandaient son expulsion (3). Il est dat de septembre 1346. Nous trouvons parmi les signataires deux prlats qui passeront bientt au camp des antipalamites, savoir Matthieu d'Ephse et Chariton d'Apro.

    Cependant, l'impratrice tait presse d'en finir avec Jean Calecas, qui avait os braver ses volonts. Elle se tourna rsolument du ct des palamites et finit par trouver une dizaine de prlats qui se prtrent ses desseins et se convertirent, eux aussi, la doctrine nouvelle. Unis deux des signataires du rapport prcdent, ils s'assemblrent sous sa prsidence' au palais imprial au dbut de fvrier 1347. Y assistrent, outre les snateurs, le Premier de l'Athos, plusieurs moines et laques instruits. Le public ne fut pas

    (1) Hyacinthe ne parat pas dans le Synodicon officiel de l'Eglise de Thessalonique. Il a t exclu cause de son opposition au palamisme. D'autres prlats ont eu le mme sort pour le mme motif ou un motif analogue dans les listes officielles, auxquelles on aurait tort d'ajouter une importance exagre.

    (2) Cod. Dionys. 147, fol. 268. Cf. P. G., t. CLII, col. 1278, o ce passage manque. (3) Voir le texte de ce rapport dans P. G., t. CLI, col. 767-770.

  • LA CONTROVERSE PALAMITE (l3z|I-l368) 4.I 3

    admis. Appel comparatre devant ce conciliabule, Jean Calecas ne rpondit pas; mais, quelques jours auparavant, instruit de ce qui se tramait contre lui, il avait lanc de nouveau l'anathme contre Palamas et tous ceux qui admettaient ses dogmes impies ou, pour mieux dire, ses radotages , englobant dans cette condamnation les prlats qui, d'une manire anticanonique et sans jugement, avaient rcemment supprim son nom dans les diptyques sacrs (i). Mais revenons au synode de l'impratrice. Le grand grief qu'il releva contre le patriarche fut que celui-ci avait combattu, de concert avec ce nouveau Barlaam qui s'appelait Acindyne, les dogmes de Palamas. Pour se donner de l'importance, il rdigea un long tome, o l'on trouve un expos trs partial de la controverse pala- mite jusqu'en 1347. Au demeurant, il renfermedes dtails historiques fort, intressants. Il nous renseigne spcialement sur le contenu 'd recueil antipalamite que Jean Calecas avait fait remettre Anne Palologine pour clairer sa religion, au moment o elle tait sur le point de donner sa faveur aux sectateurs de Palamas. Le document se termine par la dposition du patriarche et la condamnation expresse d'Acindyne et de sa doctrine. On promet aux clercs antipalamites de leur conserver leur rang dans la hirarchie, s'ils adhrent aux dogmes de Palamas. Enfin, l'anathme est lanc contre tous ceux qui oseront attaquer l'avenir Palamas et ses disciples, ces vritables soutiens et dfenseurs de l'glise et de l'orthodoxie . Tel est le tome du conciliabule palamite de fvrier 1347, dont on trouvera un texte lacuneux dans la Pair ologie grecque, t. CLII, col. 1 273-1 284, et le texte complet dans le Diony- sianus Athon. 14J, fol. 263-272, avec trois sries de signatures. Le document fut, en effet, souscrit, peu de jours aprs, par les prlats qui entrrent dans la capitale la suite de Cantacuzne; puis, quelques mois aprs, par les mtropolites de la promotion d'Isidore (mai 1347).

    Le conciliabule venait de se terminer, et aux prlats courtisans, qui avaient si bien excut ses desseins, Anne venait de taire' servir un copieux festin dans l'une des salles du palais imprial. On trinqua

    () Voir le texte $e cet an atbnae dans Allatius, De libris ecdesias-Graecorum, dissert. II, et dan* P. G., t. CL, coL 863-864. G. Mercati, Notisie-ed altri appunti, etc., p. rgS, donne une addition; , ce texte d'aprs, le Cod. Barber. ^ 291, et croit le dcret postrieur la dposition de Jeaa, contre Taifirmatiou du tome aaouyiaed'Atidehe, qui crit : '-t '^ ; 4

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    4I4 CHOS D ORIENT

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    joye&semest la sant de Palamas jusqu' une heure fort avance de ta nuit, lorsque, tout coup, d'effrayantes clameurs surgirent : Can~ tacnzm-e venait de franchir les murs de la cit avec ses soudards. Affole, l'impratrice ordonna de fortifier son palais et appela son secours les Gnois de Galata. Ceux-ci furent repousss par la garnison impriale vendue Caatacuzne. Il n'y avait pos qu'a ngocier avec le vainqueur. Palamas, dlivr enfin de sa prison, fut l'un des parlementaires. La rconciliation, aprs laquelle soupirait l'impratrice depuis si longtemps, fut un fait accompli, e 8 fvrier (1). Un des premiers actes de Cantaeuzne fut de confirmer la dposition de Jean Calecas et le tome synodal qu'on venait de rdiger contre lui. Le dcret est dat du mois de mars (2). D'abord enferm au monastre de Saint- Basile, Jean, qui ne cessait de protester contre l'injuste sentence qu'il l'avait -frapp, fut exil Didymotique.. Il tomba bientt malade, et Cantaeuzne, m par la piti, ce qu'il raconte lui-mme (3), le fit revenir dans la capitale o il mourut bientt (29 dcembre 1S47), g d'environ soixante-cinq ans (4).

    JY. Le triomphe du palamisme. Les patriarches Isidore et Calliste (mai 347-fvrier

    Il fallait donner un successeur Jean XIV. Ce n'tait pas chose aise. Cantaeuzne se trouva en face d'un groupe de prlats ambitieux, qui convoitaient le sige cumnique et attendaient cette rcompense de leur complaisance envers le vainqueur. Celui-ci patronnait la candidature de Palamas, mais n'osait l'imposer par la force, car le moine rebelle avait mauvaise rputation dans l'opinion publique, et il s'en fallait que tout le monde ft converti sa thologie. La~ majorit des lecteurs finit par lire le fameux Isidore de Monembasie, qui portait sur sa tte plusieurs' anathmes lancs par le patriarche prcdent (17 mai 1847). Une fois nomm, le nouveau patriarche fit une nombreuse promotion d'vques attachs aux doctrines nouvelles. C'est ainsi que Philothe Kokkinos reut la mtropole d'Hracle et Palamas celle de Thessalonique.

    Le parti des mcontents, la tte desquels taient Nophyte de

    () Cf. Cantacuzne, op. cit., 1. HI, c. xcix-c; P. G., t. CLIII, col. 1292-1300; Nic- phore Grgoras, of. cit., 1. XV, c. ix ; P. Gr., t. CXLVIII, eol. 1027 sq.

    (2) Voir texte daras P. G., t. CLI, col. 769-774. (3) Hist. 1. IV, c. in, P. G., t. CLIV, col. 29-^3. (4) .Cf. Grgoras, op. cit., 1. XVI, c. iv, P. G., t. CLVIII, eol. 1064.

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    LA CONTROVERSE PALAMITE (l34I-l368) 4.1 5

    PbiEppes, Joseph ^de Ganos et Matthieu d'Ephse, se runt en synode au mois de juillet de cette anne (1347). lis n'taient gure plus d'une dizaine, mais iis avaient reu les lettres approbatives des vques antipalamites des provinces, au nombre d'une vig- taine. Au point de vue doctrinal, ce synode des dix constituait un curieux mlange d'anciens antipalamites et de palamites d'hier, et ils devaient tre assez embarrasss pour rdiger une profession de foi. Ils voulurent pourtant, puisque c'tait la mode, y ler aussi de leur . La pice nous est parvenue et reflte assez bien la mentalit incertaine de ces ambitieux. Publie par Alathis, De perptua consensione, etc., 1. II, c, xvi, 4, eile est reproduite par Migne, P. G., t. CL, col. 877-885. La question doctrinale est siiper- cieiement et obscurment traite. La thoiogie de Barlam et d'Aciadyne est aussi bien rejete que celle de Palamas, et Ton ne voit pas trs bien quelle est la position de ces opportunistes. Ce qu'us reprochent surtout Palaaas, c'est sa terminologie et k multitude de ses ^, Au demeurant, ils ne s'attardent' pas longtemps sur ce terrain. Le principal pour eux est de dmontrer que l'lection d'Isidore, qui leur a t prfr, est anticanodiqe, et leur tche est facile. Isidore et Paamas sont dposs et excommunis. Palamas est trait etd'inventeuf de divinits, suprieares et infrieures, visibles et invisibles-

    La rjsonse de la prkture de Caatacuzne cet audacieux dfi ne se fit attendre. Ds le mois d'aot suivant, Isidore runit les- vques prsents dans fa capitale et proaoria a dposition et l'excoffmufikatioji des rcalcitrants. Un nouveau XoMe fut rdig avec l'inviiMe prface sur l'hrsie de Baraam et d'cindyne. Il a t publi par Porphyre OBpeftskii (1). Nophyte t Phlippe& et Jo^ph de Ganos sont condamns coimme ifilbws e l'hrsie de Barlaam et d'Acindyae.

  • 41 6 chos d'orient

    suivante, au concile des Blakhernes, nous le voyons siger parmi les adversaires de Palamas (i).

    Pendant les deux ans et demi qu'il occupa le sige cumnique (mai 1347-dcembre 1349), Isidore chercha faire accepter les dogmes palamites par l'ensemble de l'glise byzantine. Lesvques furent choisis parmi les partisans de la thologie nouvelle. On prit des mesures de rigueur contre les rfractaires. Des rfractaires, il s'en trouvait dans toutes les classes de la socit : parmi les clercs, parmi les moines, parmi les laques instruits. C'est cette poque que le philosophe Nicphore Grgoras entre rsolument dans la lutte et devient le principal champion de l'ancienne orthodoxie. En 1348, il se mesura une premire fois avec Palamas dans une discussion publique (2). Un groupe de fidles disciples popularisait l'enseignement du matre, et le palamisme tait visiblement en baisse. Pour le relever, Cantacuzne voulut lui faire subir l'preuve d'une discussion publique, o on laisserait aux opposants toute libert de le combattre et d'exposer leur propre doctrine. Mais, auparavant, il nomma au sige cumnique, laiss vacant par la mort d'Isidore, le moine athonite Calliste, que les historiens contemporains nous dpeignent comme un cerveau troit et un brutal, dont il fallut modrer l'ardeur perscutrice (10 juin i35o). Ce ne fut qu'un an aprs, le 27 mai i35i, que se runit l'assemble qui, dans la pense de Cantacuzne, devait faire cesser le schisme intrieur de l'glise byzantine.

    Le concile se tint au palais des Blakhernes, dans le triclinium d'Alexis, et fut prsid par l'empereur en personne. Plusieurs rcits dtaills nous en sont parvenus, qui sont loin d'tre concordants. Le plus long, mais non le plus exact ni le plus complet, est celui de Grgoras, qui ne consacre pas moins de quatre livres de son Histoire byzantine (1. XVIII-XXI) nous parler du rle qu'il y joua, II ne compte que quatre sessions. L'auteur anonyme du tome du patriarcat d'Antioche donne un bon rsum avec des dtails que n'a pas Grgoras, mais ne distingue que trois sessions. La narration la plus claire et la plus complte, bien que faite du point de vue

    (1) Sur Matthieu d'Ephse, voir la dissertation de M. Treu, Matthaios, Metropolit von Ephesos, Postdata, igoi. Cf. Byzantinische Zeitschrift, t. VIII '1899), p. 5o sq. M. Treu i ignore la rtractation dont nous parlons. Elle parat bien invraisemblable, la veille du \ concile de i35i. Mais il faut compter avec l'ambition du prlat, qui a d se rveiller I la mort d'Isidore (dcembre 1349). *

    (2) Byz.xnt. histor., 1. XVI, c. v, xi, P. G., t. CXLVIII, col. 1081. I

  • LA CONTROVERSE PALAMITE (l34I-l368) 417

    palamte et passant sous silence les discussions et incidents dfavorables au parti, est encore le tome synodal, qui fut rdig et souscrit deux mois aprs la clture du concile (aot i35i). D'aprs ce document, dont. on peut lire le texte dans l Patrologie grecque, t. GLI, col. 717-763, il y eut cinq sessions, dont quelques-unes furent spares par plusieurs jours d'intervalle. La clture eut lieu le 9 juin. Les palamites y taient reprsents par Jean Cantacuzne, le patriarche Calliste et une trentaine d'vques, si l'on en juge par les signatures apposes au tome. Grgoras (i) ne parle que de vingt-deux vques prsents, et nous dit que la plupart taient des rustres sans instruction. Quant aux antipalamites, les plus marquants taient, en dehors de Grgoras, le vieux mtropolite d'Ephse, Matthieu, dont nous avons cont les palinodies, l'vque de Gano, Joseph, l'vque de Tyr, reprsentant le patriarche d'An- tioche, Thodore Dexios, le hiromoine Athanase, le moine Ignace, Thodore Atoiims encore tout jeune. taient prsents aussi les lves de Grgoras, qui ajoute que le peuple, dans son. ensemble, tait hostile Palamas.

    La premire session s'ouvrit le 27 mai par un discours de Cantacuzne invitant les assistants la concorde, mais laissant entendre qu'elle devait tre ralise par la reconnaissance des dogmes palamites. Grgoras rpliqua, au nom des opposants, que la paix tait impossible cette condition/et qu'il fallait expulser de l'glise le polythisme de Palamas. Devant cette attaque brusque, Palamas accusa ses adversaires d'enseigner les doctrines de Barlaam et d'Acindyne et proposa un examen des ouvrages de ces deux personnages. Les opposants ripostVent que ce n'tait pas Barlaam ni Aindyne qui taient en cause; qu'au demeurant, ils taient prts jeter au feu leurs crits : la vraie question tait de Savoir si la thologie de Palamas tait conforme la doctrine traditionnelle de l'glise. C'taient ses ouvrages lui qu'il fallait examiner. Cette demande provoqua une discussion orageuse. Allait-on permettre p Palamas part au concile en accus? On se rsigna pourtant a cette solution, et il fut dcid qu' la prochaine sance le groupe de Grgoras aurait toute libert pour exposer ses griefs. La seconde session n'eut lieu que le 3o mai. Elle fut des plus mouvementes. Comme, dans l'intervalle des deux sessions, la foule avait pouss des cris hostiles contre les palamites, ceux-ci rclamrent protection

    (1) Op. cit., 1. XVIII, c. m, P. G... t. CXLVIII, col. 1141. Echos d'Orient. T. XXX. 14

  • 4i8 chos d'orient

    auprs du basileus. Cantacuzene se repentit alors de la libert qu'il avait accorde aux opposants. L'entre au concile fut svrement contrle., et l'empereur ouvrit la sance par un discours plein de menaces contre les rfractaires. Devant cette violation de la parole donne, ceux-ci se retirrent, et Palamas put lire et faire approuver sa profession de foi sans rencontrer de contradiction.

    Cependant, la scession des opposants ne faisait pas l'affaire de Cantacuzene. Le but qu'il s'tait propos en runissant le Concile tait manqu, s'il ne les ramenait aux sances. Il y russit par des flatteries et des promesses, et, deux sessions durant, les antipala- mites purent dvelopper leurs attaques contre Palamas avec une libert relative. On se battit coups de textes patristiques. A la troisime session, Palamas parut faire une concession sur l'emploi du mot appliqu aux oprations divines, concession qui fut retire aux sessions suivantes. Comme la discussion sur les chapitres de Palamas n'en finissait pas les antipalamites en avaient runi soixante pour tre soumis l'examen, la cinquime et dernire session, Cantacuzene proposa de terminer l'affaire par une srie de cinq questions rsumant toute la doctrine du thologien hsychaste. Les rponses favorables au palamisme furent appuyes sur de nombreux textes des Pres. Les opposants rclamrent contre l'exgse fantaisiste de leurs adversaires et citrent des passages contredisant directement les thses novatrices. On ne les couta pas, et on les somma d'adhrer l'orthodoxie rgnante .sous les peines les plus svres. Le synode se termina par la dgradation brutalement excute des mtropolites d'phse et de Ganos (i) et l'excommunication de tous les rcalcitrants. Les uns furent enferms dans les prisons publiques; les autres, parmi lesquels Nicphore Grgoras, gards vue leur domicile.

    Le palamisme triomphait ainsi par la force brutale. On l'avait dj introduit, avant le synode de i35i, dans la profession de foi des vques, le jour de leur ordination. Il ne restait plus qu' lui donner une place de choix dans le Synodicon du dimanche de l'orthodoxie. Le patriarche Calliste opra cette interpolation dans un synode tenu encore aux Blakhernes, dans le triclinium d'Alexis, au mois de juillet i352. Une srie d'anathmatismes contre Bar- laam et Acindyne et leurs adeptes et tout autant d'acclamations

    (i) L'vque de Tyr vita ce traitement, parce qu'il ne parut pas cette dernire session.

  • LA CONTROVERSE PALAMITE (l34I-l368) 419 ' \

    / Grgoire Palamas et aux partisan.de sa doctrine/furent composs sur le modle des anathmatismes et des acclamations rituelles dj usites. Le Cod. Monacemis graec. 5o5, fol. 2V, en attribue la rdaction Philothe. Ils rsument bien le palamisme tel qu'il est exprim dans le tome du concile de i35i (i).

    V. Le palamisme aprs 1 354. Le synode et le tome contre Prochoros Cydons (i368).

    Le patriarche Calliste, qui s'tait signal par son zl poursuivre les antipalamites, fut dpos au dbut de i354 pour avoir refus de couronner empereur le fils de Jean Cantacuzne, Matthieu, On lui donna pour successeur, ds fvrier, le complaisant Philothe Kokkinos, un des fervents disciples de Palamas. En prsence de son pre et du synode patriarcal, Matthieu fit profession officielle de palamisme, en souscrivant le tome de 1 35 1, qu'il dposa sur l'autel de Sainte-Sophie de ses propres mains (2).

    En dcembre de cette mme anne i354, Jean V Palologue, qui s'tait de nouveau brouill avec Jean Cantacuzne, triomphait de lui et l'obligeait abdiquer (1355)? En mme temps, Philothe tait dpos et Calliste rappel. A ce moment, les choses faillirent mal tourner pour les palamites. Jean V n'avait point pour eux les tendresses des Cantacuznes, et il voyait plutt dans leurs doctrines un obstacle l'union des glises, qu'il projetait pour obtenir du Pape et des souverains d'Occident des secours contre les 'Turcs. Aussi les mesures perscutrices prises contre les antipalamites, aprs le synode des Blakhernes de 1 35 1, furent-elles rapportes, et Nic- phdre Grgoras put sortir librement de son couvent. Dans le coumnt de l'anne 1 355, l'empereur l'appela discuter publiquement avec Grgoire Palamas en sa prsence et celle du lgat du Pape, Paul de Smyrne. Sur l'issue de ce dbat contradictoire, Grgoras nous a laiss deux Jivres de son Histoire byzantine (3), qu'il faut comparer avec la relation rsume et incomplte du palamite Phacrass le Protostator (4). Dans les annes qui suivirent, le

    (1) Cf. Porphyre Ouspenskii, L'Athos, t. III, p. 781-785. (2) Voir sa dclaration dtas P. G., t. CLI, col. 754. &) L. XXX et XXXI, P. -.-, t 3&X, Col. 233-33o. {4) ** icptwetpobtf'* & lukrt . to Suvarev (

    ^ ^* *e%z in sw406r&> pdimketH upo ' { 8ta)i|sto;

  • 420 CHOS D'ORIENT

    gouvernement imprial se dsintressa pratiquement de la querelle intestine qui divisait encore les esprits; mais le patriarche et l'piscopat taient dsormais acquis aux dogmes nouveaux, et les sanctions d'ordre religieux continurent tre appliques quiconque leur tait hostile. L'une de ces sanctions tait-la privation de la spulture ecclsiastique.

    Le patriarche Calliste, mort au mois d'aot i363, eut pour successeur, le 12 fvrier i304, son prdcesseur Philothe, qui s'tait rconcili avec Jean V Palologue parles bons offices de Dmtrius Cydons, converti au catholicisme. Il avait t convenu, lors de cette rconciliation, que Philothe laisserait en paix ceux qui n'adopteraient pas la doctrine fpalamite. Mais ce disciple zl de Palamas ne tint pas longtemps sa promesse, et ds i368, il se mit svir contre le propre trre de Dmtrius Cydons, Prochore, moine et prtre au Mont-Athos. Il est vrai que celui-ci tait un adversaire redoutable pour les palamites. Connaissant bien le latin, trs vers dans la thologie augustinienne et thomiste, rompu la dialectique aristotlicienne, il dmolissait avec une aisance et une clart tonnantes les thses du thologien hsychaste. C'est lui, et non Acindyne, qu'il faut attribuer le De essentia et operatione, ouvrage en six livres, dont le premier seulement et le dbut du second ont t publis (i), et qui est un vrai rsum de thologie thomiste. Barlaam n'avait jamais rien crit d'aussi fort et d'aussi net. Prochoros composa aussi d'autres ouvrages et opuscules (sur la lumire thaborique, sur le tome synodal de i35i, etc.), et dtourna du palamisme plusieurs Athonites. Dnonc au patriarche, et invit se rallier l'orthodoxie officielle, il continua argumenter contre Palamas et jeter ses contradicteurs dans le plus grand embarras. Philothe runit enfin contre lui un synode, en avril i368. Malgr les mnagements dont on usa son gard et les dlais qu'on lui accorda pour venir rsipiscence, il resta inbranlable dans ses convictions, et parut plusieurs fois se moquer plus ou moins ouvertement de ses juges. Ceux-ci finirent par prononcer contre lui, en son absence car il n'avait pas paru la session finale, la sentence d'excommunication et &e suspense perptuelle du sacerdoce. On rdigea, cette occasion, un long tome, dont le contenu est fort

    . 'Ax.iv&sMwt'WV ' :$ ;. Cf. Cod. Coisl.; cod. Dionys. Atli. ,../l.. -17-33, etc.

    (i) Cf. P.- (1., t. GH, col. 119.1-1248. G. Mercati, op. cit., tablit cette attribution sur des

  • L CONTROVERSE PALAM1TE (l34I-l368) 42 1

    curieux et qui se termine par le dcret de canonisation de Grgoire Palamas (i).

    Le tome de i368 clt la srie des conciles palamites, et la canonisation de Palamas avec l'tablissement de sa fte, au second dimanche de Carme, consacre une fois de plus le triomphe de sa doctrine dans l'glise grecque. Cette doctrine rencontre cependant de terribles adversaires encore dans la seconde moiti du xive sicle. Contrairement la tradition byzantine, l'empereur rgnant, Jean V Palologue, s'en dsintresse totalement, et l'abandonne mme ouvertement en i36g, en faisant profession de foi catholique.

    Rome. M. Jugie.

    (1) Voir le texte dans P. G., t. CLI, col. 693-716, d'aprs l'dition de Dosithe dans le ; , Bucarest, 1698. Prolegomena, p. 92-114.

    InformationsAutres contributions de Martin JugieCet article est cit par :Disdier M. Th. Bulletin bibliographique de fa spiritualit byzantine et no-grecque (1918-1931). In: chos d'Orient, 36e anne, N170, 1933. pp. 218-233.Laurent V. La direction spirituelle Byzance : La correspondance d'Irne-Eulogie Choumnaina avec son second directeur. In: Revue des tudes byzantines, tome 14, 1956. pp. 48-86.

    Pagination397398399400401402403404405406407408409410411412413414415416417418419420421

    PlanI. Les deux conciles de 1341 et le tome synodalII. Le tome hagioritiqueIII. Le patriarche Jean Calecas et Acindyne contre Palamas (octobre 1341-fvrier 1347)IV. Le triomphe du palamisme. Les patriarches Isidore et Calliste (mai 1347-fvrier 1354)V. Le palamisme aprs 1354. Le synode et le tome contre Prochoros Cydons (1368)