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4 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 342 - juillet-août-septembre 2015 ÉDITORIAL La chirurgie ambulatoire en ORL Ambulatory surgery ENT Pr Françoise Denoyelle Service d’ORL pédiatrique et de chirurgie cervico-faciale, hôpital Necker-Enfants malades et université Paris-Descartes. F. Denoyelle déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. D epuis 2007, la part de l’ambulatoire dans l’activité totale de chirurgie a progressé de plus de 10 %, pour atteindre 42,7 % en 2013. Parallèlement, les capacités d’accueil en anesthésie et chirurgie ambulatoires ont augmenté de 10 646 places en 2007 à 15 272 places en 2012. Mais les freins à la chirurgie ambulatoire étaient nombreux en France, avec en premier lieu la cotation dévalorisante des actes ambulatoires. En 2014, des tarifs très incitatifs ont été mis en place : pour les patients n’ayant pas de comorbidité ou hospitalisés moins de 2 nuits, le tarif des séjours est maintenant identique pour tout acte chirurgical, qu’il soit effectué en ambulatoire, ou avec 1 ou 2 nuits d’hospitalisation. Ces tarifs uniques sont inférieurs aux tarifs précédemment retenus pour chaque acte en hospitalisation conventionnelle, et on voit bien que les établissements qui ne prendront pas le virage de l’ambulatoire seront fortement pénalisés. Les actes marqueurs vont être particulièrement évalués : dans notre spécialité, il s’agit des actes comportant une adénoïdectomie et de certains actes de chirurgie du nez (septoplastie, turbinoplastie-turbinectomie inférieure ou moyenne uni- ou bilatérale, méatotomie moyenne, réduction de fracture du nez, ethmoïdectomie antérieure par voie endoscopique). Les actes de chirurgie du nez ne sont pas encore pratiqués majoritairement en ambulatoire par beaucoup d’équipes. La SFORL a publié en 2013 un consensus formalisé sur la chirurgie ambulatoire en rhinologie, concernant les principaux actes ci-dessus en dehors de l’ethmoïdectomie antérieure : cela permettra aux ORL de mieux cerner les critères d’éligibilité. Mais il reste un frein important pour réaliser la chirurgie du nez dans les unités de chirurgie ambulatoire autonomes : l’absence de matériel performant de chirurgie endoscopique. Dans notre spécialité ORL, qui nécessite souvent de gros équipements (endoscopes, moteurs, microscopes, navigation, etc.), le développement de structures ambulatoires autonomes, souvent préférées aux unités intégrées, va imposer un dédoublement des équipements, et les ORL doivent faire comprendre ce besoin à leurs établissements. On ne peut douter que les consignes récentes de réduction ou de stabilisation – selon les régions – des personnels hospitaliers données aux agences régionales de santé vont accélérer la transformation de lits de chirurgie conventionnelle en lits de chirurgie ambulatoire. Encore faut-il que cela s’accompagne d’investissements suffisants en matériel, pour opérer nos patients dans les mêmes conditions de sécurité.

La chirurgie ambulatoire en ORL - Edimarkil s’agit des actes comportant une adénoïdectomie et de certains actes de chirurgie du nez (septoplastie, turbinoplastie-turbinectomie

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4 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 342 - juillet-août-septembre 2015

ÉDITORIAL

La chirurgie ambulatoire en ORLAmbulatory surgery ENT

“Pr Françoise

Denoyelle Service d’ORL pédiatrique et de

chirurgie cervico-faciale, hôpital Necker-Enfants malades et université Paris-Descartes.

”F. Denoyelle déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Depuis 2007, la part de l’ambulatoire dans l’activité totale de chirurgie a progressé de plus de 10 %, pour atteindre 42,7 % en 2013. Parallèlement, les capacités d’accueil en anesthésie et chirurgie ambulatoires ont augmenté de

10 646 places en 2007 à 15 272 places en 2012. Mais les freins à la chirurgie ambulatoire étaient nombreux en France, avec en premier lieu la cotation dévalorisante des actes ambulatoires.

En 2014, des tarifs très incitatifs ont été mis en place : pour les patients n’ayant pas de comorbidité ou hospitalisés moins de 2 nuits, le tarif des séjours est maintenant identique pour tout acte chirurgical, qu’il soit effectué en ambulatoire, ou avec 1 ou 2 nuits d’hospitalisation. Ces tarifs uniques sont inférieurs aux tarifs précédemment retenus pour chaque acte en hospitalisation conventionnelle, et on voit bien que les établissements qui ne prendront pas le virage de l’ambulatoire seront fortement pénalisés.

Les actes marqueurs vont être particulièrement évalués : dans notre spécialité, il s’agit des actes comportant une adénoïdectomie et de certains actes de chirurgie du nez (septoplastie, turbinoplastie-turbinectomie inférieure ou moyenne uni- ou bilatérale, méatotomie moyenne, réduction de fracture du nez, ethmoïdectomie antérieure par voie endoscopique). Les actes de chirurgie du nez ne sont pas encore pratiqués majoritairement en ambulatoire par beaucoup d’équipes. La SFORL a publié en 2013 un consensus formalisé sur la chirurgie ambulatoire en rhinologie, concernant les principaux actes ci-dessus en dehors de l’ethmoïdectomie antérieure : cela permettra aux ORL de mieux cerner les critères d’éligibilité. Mais il reste un frein important pour réaliser la chirurgie du nez dans les unités de chirurgie ambulatoire autonomes : l’absence de matériel performant de chirurgie endoscopique.

Dans notre spécialité ORL, qui nécessite souvent de gros équipements (endoscopes, moteurs, microscopes, navigation, etc.), le développement de structures ambulatoires autonomes, souvent préférées aux unités intégrées, va imposer un dédoublement des équipements, et les ORL doivent faire comprendre ce besoin à leurs établissements.

On ne peut douter que les consignes récentes de réduction ou de stabilisation – selon les régions – des personnels hospitaliers données aux agences régionales de santé vont accélérer la transformation de lits de chirurgie conventionnelle en lits de chirurgie ambulatoire. Encore faut-il que cela s’accompagne d’investissements suffisants en matériel, pour opérer nos patients dans les mêmes conditions de sécurité.

0004_LOR 4 22/09/2015 14:53:23