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1 Groupe Régional de Psychanalyse Aix-Marseille Année 2010 LES A P R E S - M I D I T S D U G R P ------------------------------------- A n a M O R p h o s e Amour en corps, Amour encore, Amour toujours, Amour plût jamais… Ombre portée de l’amour. Anamorphose de Michel Ange Deuxième rencontre sur le thème de l’amour*, L. Cantonnet, M. Dessegno, MJ. Pahin, D. Pezet, JP. Ricœur, M. Scheil et F.Vincent :

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Groupe Régional de Psychanalyse Aix-Marseille Année 2010

L E S LES A P R E S - M I D I T S D U G R P Nous conservons le -------------------------------------

A n a M O R p h o s e

Amour en corps, Amour encore, Amour toujours, Amour plût jamais… Ombre portée de l’amour.

Anamorphose de Michel Ange

Deuxième rencontre sur le thème de l’amour*,

L. Cantonnet, M. Dessegno, MJ. Pahin, D. Pezet, JP. Ricœur, M. Scheil et F.Vincent :

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AVERTISSEMENT ! Constatant et regrettant que, lors de la première réunion des Après Mi-dits consacrée à L’AMOUR CHEZ LACAN, la trop grande densité de nos présentations ont rendu impossible un vrai dialogue entre la salle et les exposants, les membres de ce groupe ont souhaité vous inviter à reprendre et à prolonger leur travail sous une autre forme. Chacun d’entre nous a, à sa manière et selon son style, proposé les questions sur lesquelles il aimerait voir un débat s’engager. Cette réunion ne comportera pas d’exposés : c’est en effet à partir de ces questions que vous recevez aujourd’hui que nous attendons de voir les échanges s’engager. Merci de bien vouloir jouer le jeu et de venir nous relancer avec vos propres questions !

Sommaire ---------------

- Anamorphose et Amour - L’amour et le savoir : le cas de la rencontre amoureuse - De l’amour courtois à Dante - Sur l’amour dans son rapport au savoir - Du réel de l’amour, un paradoxe - Sexuel, l’amour ? - Une trace dans nos cœurs ? - Sublimer… dites-vous ?

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ANAMORPHOSE et AMOUR Quand deux êtres se rencontrent dans l’Amour, peuvent-ils vraiment s’atteindre ? Peuvent-ils par cet AMOUR accéder à ce qui semble inaccessible? Peuvent-ils jouir d’une vision transformée ? Apparition de l’Amour sous une forme inversée et Questionnement sur la visée de L’AMOUR et sur l’ ANAMORPHOSE : Qu’est-ce qu’une ANAMORPHOSE ? L’ANAMORPHOSE est une structure, une fonction qui suscite la réflexion. Le procédé fut utilisé en peinture et tire son origine de la redécouverte de la perspective au cours de la Renaissance. L’ANAMORPHOSE est une position inversée de la perspective d’un objet qui subit un étirement dans l’espace. La perspective est un système basé sur l’optique et l’utilisation de miroirs. L’ANAMORPHOSE est le rapport d’une image, dans le champ de la vision, à un plan particulier comportant un point de perspective ou un point géométral. Dans certains tableaux, des objets déformés sont dissimulés et n’apparaissent dans leur forme réelle que sous un certain angle. L’ANAMORPHOSE a également pour fonction de susciter le désir de voir – c’est quelque chose de symbolique qui révèle la fonction du manque. L’objet transformé, déformé, inaccessible, est de nouveau appréhendé par le regard lorsqu’il resurgit au bout de sa trajectoire. Cette vision particulière d’un objet, dénommée ANAMORPHOSE, du grec (« anamorphoûn » transformer ) est une correspondance point par point de deux unités dans l’espace, c’est à dire le rapport d’une image, liée à une surface, avec un certain point dit « géométral ». Il existe plusieurs méthodes optiques pour obtenir cette perspective, faisant appel à des jeux de miroirs courbes.

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L’ANAMORPHOSE a fait également l’objet de textes poétiques offrant une traversée au-delà du visible et un parcours inversé jusqu’au point de perspective de départ. L’objet indéchiffrable ne sera reconnu dans son aspect final que lorsqu’il sera vu sous un angle particulier. M.D.

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L'AMOUR ET LE SAVOIR : LE CAS DE LA RENCONTRE AMOUREUSE

L'examen de la question de l'amour chez Lacan nous a amené à en rencontrer les diverses figures, déclinaisons tout au long de son enseignement. Il en est ainsi de l'amour courtois, du transfert, de l'amour narcissique, du lien conjugal, de l'amour divin, de l'amour mystique et j'en passe. Ces différentes figures de la vie amoureuse convoquée par Lacan au décours de l'élaboration de sa pensée sont de fait imprégnées de l'ambiance épistémologique du moment. Un énoncé de Lacan à une période donnée du séminaire sera modifié, étendu ou restreint voire contredit à une autre période : ceci par le fait soit de la construction de nouveaux concepts, soit de l'évolution d'un autre, etc. La question de l'amour est évidement prise dans ce mouvement et peut-être même plus que d'autres questions: l'amour est présent tout le long du séminaire et est abordé à chaque fois selon l'axe théorique du moment. Mais lorsqu'on les étudie de près, certaines articulations restent constantes: nous pensons que c'est le cas du lien entre l'amour et le savoir. « Celui à qui je suppose un savoir, je l'aime »: Cette formule implique bien entendu le transfert: ceci nous permet de nous rappeler que l'abord de l'amour dans le champ de la psychanalyse passe par le transfert. Dans cette formule nous avons donc le concept du « Sujet Supposé Savoir »: déclinaison du rapport de l'amour et du savoir; ce rapport est selon nous central dans l'approche lacanienne des choses de l'amour: nous ne développerons pas ici cette thèse mais voici, juste en passant, ce que Lacan dit de son séminaire xx, qui comme nous pensions le savoir, concerne l'amour:

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« J'ai quelque peu parlé de l'amour. Mais le point-pivot, la clé de ce que j'ai avancé cette année, concerné ce qu'il en est du savoir»1. Déclinons certaines questions issues de ce rapport amour/savoir en lien avec la clinique de la rencontre amoureuse. Comme dans le choix de son analyste par un sujet qui veut devenir analysant, choix selon des critères qui lui sont propres mais qui lui échappent aussi, la rencontre amoureuse est le résultat d'une contingence (le Réel de la rencontre) mais aussi d'une rencontre de deux inconscients soit de deux savoirs. Partant donc du « savoir supposé », qu'est-ce qui est supposé à l'autre dans « staferla »2? Le cas de la rencontre amoureuse nous enseigne sur le caractère particulier de ce savoir supposé qui apparait pourtant au sujet comme certain: Pour le sujet amoureux, il ne peut concevoir que cette rencontre soit fortuite: en effet, son effet sur lui est tellement fort que le sujet ne peut que se dire « nous étions fait pour nous rencontrer ». Lacan formule dans le séminaire XX ce passage de la contingence à la nécessite qu'opère l'amour ( à cause de l'impossible du rapport sexuel): la contingence de la rencontre (cesse de ne pas s'écrire), dans sa dimension de Réel, ne peut être vécue par le sujet amoureux que comme Nécessite (ne cesse pas de s'écrire). Nous proposons de lire ce déplacement de la négation comme une interprétation après-coup de ce hasard. L'amour opère ce passage de la contingence à la nécessite et par là même un passage de la croyance à la certitude. Nous proposons donc cette question: qu'en est-il de la dialectique croyance/certitude dans la clinique de la vie amoureuse? Pourtant contrairement à ce discours amoureux qui croit que c'est l'autre, ce que nous montre l'analyse c'est que, comme dans le conte d'Alphonse Allais: « ce n'était pas lui , ce n'était pas elle »3. L'autre est toujours quelqu'autre; l'objet est toujours un objet retrouvé a posé Freud. Freud avait par ailleurs évoqué les conditions qui déterminent l'amour chez certains sujets : la condition du tiers lésé (magnifiquement mise en poésie par Brassens dans la chanson « A l'ombre des maris »), sauver la femme dévaluée socialement, etc. Nous avons aussi chez Freud la déclinaisons des différents types de choix d'objet: anaclitique et narcissique. Mais ces différentes conditions restent tout de même assez larges et permettent une foule de partenaires possibles. Quel est donc ce qui opère plus

1 Séminaire XX: Encore, p.125 2 Ecriture lacanienne des affaires qui se passent entre un homme et une femme: cf Lacan, Le séminaire XV (

L'acte analytique), séance 15 du 27 mars 1968

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précisément dans le fait que ce soit les deux sujets en présence se laissent à croire que ce soit lui et que ce soit elle? Dans la dernière période de son enseignement, Lacan propose la métaphore du « jeu de la mourre » pour en dire un peu sur ce qui se passe dans la rencontre amoureuse comme rencontre dans le Réel de deux savoirs inconscients. Nous sommes donc à un moment théorique dans lequel les concepts ont évolués, les lignes de force ont bougé. C'est la période de l'enseignement durant laquelle le Réel vient au premier plan de la théorie: Le parlêtre glisse vers le « Sujet réel »; Le savoir supposé penche vers le réel du savoir; le primat du langage vire vers le primat de la Lalangue; la triade RSI laisse place au nouage borroméen. C'est dans le contexte de cette prise dans le Réel que nous proposons de requestionner les conditions de cette rencontre amoureuse. Qu'en est-il du Réel de la rencontre amoureuse? Que reste-t-il de ce savoir supposé? 3 Allais Alphonse, Un drame bien parisien (1891) dans A ce tordre. LC

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DE L’AMOUR COURTOIS A DANTE

« L’Amour c’est l’Amour Courtois ». « DANTE ET BEATRICE, c’est la célébration de la réapparition de l’Autre imaginaire et l’union mystique avec le Partenaire ». « L’homme fait l’amour avec l’Autre comme lieu de l’inconscient , il fait l’amour avec son Inconscient comme Partenaire ». La poésie amoureuse courtoise qui prône le « jouir-de-soi » à partir d’une création de l’esprit, met des points de suspension à l’impossible sexuel et fait naître un rêve

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d’amour magnifié, défi à la destinée fatale qui empêche d’atteindre le Partenaire. C’est le Discours de l’Aimant et de l’Aimable, c’est un face à face dans lequel chaque Partenaire se mire dans l’autre. Le rêve devient Mythe, progrès de l’Imaginaire au Symbolique et voie d’interprétation. L’illusion forme une image en creux de l’objet de la quête amoureuse qui a donné naissance à la transposition poétique de l’Amour Courtois. Le Mythe se lit dans un certain sens mais sa compréhension demande un parcours inversé ; c’est une trajectoire comportant une reconstruction qui rappelle celle de l’Anamorphose. -« L’Amour c’est l’Amour Courtois ». Cette affirmation Lacanienne est fondée sur le principe de l’impossible du lien sexuel avec l’objet . -Que vise l’Amour Courtois, l’amour de loin et quel est l’objet de sa quête ? L’objet de la QUETE est-elle une Quête de l’OBJET REEL PRIMITIF, le premier Autre ? UNE QUETE DE LA MERE. Il y a le rapport à la Mère mais aussi le rapport au Père, dans cette quête, bien qu’il y ait antériorité de la Mère.

Une œuvre, celle de Dante, se présente comme un enchaînement de demandes et de réponses traitant de l’Amour Courtois et de son développement vers l’union mystique : Il s’agit de la Divine Comédie de Dante. L’écriture indique avec netteté un travail continuel d’analyse des grandes étapes d’une trajectoire qui commence avec la Vita Nuova, » Vie Nouvelle » initiée par l’Amour et qui se déploie dans la Comédie que Dante qualifia de livre de ma mémoire. Commencée comme un rêve, la Comédie finie par un rêve. La traversée douloureuse de Dante, accompagné par son « dolce padre » Virgile qui se transforme parfois en figure maternelle, frise parfois la bouffonnerie dans les curiosités et les supplices de l’ENFER. Le discours poétique en s’étirant jusqu’au PURGATOIRE laisse surgir une question : « Che fai ? » « que fais-tu là ? Rappel à l’ordre du Maître : tu n’est pas fou,non ? Dante répond : « je suis un qui, quand Amour m’inspire, note, et comme à l’intérieur, il dicte, je vais signifiant (Purgatoire XXIV). Dante passe aussi par l’entre-deux de l’expérimentation, de l’étude, et du pastiche (anti-Comédie et « la Fleur » pastiche du Roman de la

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Rose). Il continue dans le registre de l’agressif, de l’obscène et de l’érotisme sensuel. Il verse dans l’identification à un double de lui-même. Il versifie en laissant à la place à un autre qui énonce : « Je suis Arnaut Daniel, je chante et je pleure » en reprenant le discours poétique de Dante. Il rencontre des poètes, des musiciens et les questionne. Le résultat est une forme d’ascèse qui rejoint celle de l’Amour Courtois.

Dante reçoit en marchant vers le fin de la trajectoire, le PARADIS, une série de visions qu’il décrit métaphoriquement en citant la manière dont elles se forment dans l’imagination. Il parle de « fantasia ». Dans cette opération poétique, il convoque « le lait des muses ». La métaphore du lait est liée pour Dante à la langue et est si centrale, obsessionnelle qu’elle sert aussi à désigner son œuvre même. Le rapport avec Béatrice a également une valence enfantine et lactée, à mesure qu’il avance vers le Paradis, dévoilant aussi la valence incestueuse avec Béatrice, assimilée à la Mère. Il y a également l’apparition du Père. Le guide Virgile disparaît au Paradis. Béatrice n’est plus à ses côtés, ce qui dénote une discordance intime : « je pensais voir Béatrice et je vis un vieillard, où est-elle ? ô femme, en qui j’ai mis mon espérance et qui pour mon salut souffrit de laisser en Enfer la trace de tes pas ? ». Dante se présente volontiers comme un enfant et Virgile, son guide est aussi assimilé à une figure maternelle, lieu de l’Autre. -« L’Autre est un lieu », ce qui ne signifie pas qu’il « est » ou qu’il est en « un lieu ». Lacan indique que c’est un champ organisé du rapport symbolique dans lequel a commencé de s’exprimer une exigence d’amour. Déjà dans la Vita Nuova, l’œuvre annonçant l’écriture de la Comédie, l’Amour apparaît, de façon très claire comme identifié à l’Amour de Dieu, à l’Autre Ultime. -Comment atteindre cet AUTRE ULTIME ? Il n’a a pas d’AUTRE ULTIME, dit Lacan mais s’il n’y en a pas, comment ne pas poser la question de son existence ?Cette question est INCONTOURNABLE et ne peut être éludée.

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-La quête amoureuse aboutit-elle au Narcissime ? Le Narcissisme constitue une grande impasse dans l’Amour Courtois. Pour Dante, l’Amour est pressenti comme une figure de Dieu, pour atteindre Dieu , il faudra un voyage initiatique, une traversée hallucinée, une quête du savoir personnifié par l’amante Béatrice, rêvée en position divine avec un regard qui sert de miroir et un -visage tantôt sévère qui reproche à Dante ses errements, -tantôt plein de compassion, « dans ses regards ma Dame porte amour par quoi se fait gentil ce qu’elle regarde ». cette plénitude du Signifiant pourrait être rapprochée de certains passages mystiques de la Kabbale traitant de la nature de Dieu et du chemin de vérité (chemin qui serait un face à face dans un état de transe avec les Visages de Dieu au travers l’étude des noms) (selon les étapes méditatives apparaît le long visage « Arik Anpin » côté intransigeant et masculin et le court visage « Zeir Anpin » côté adouci et féminin). Dante suit difficilement Béatrice : « pourquoi aussi haut au-dessus de ma vue vole votre parole désirée ? demande-t-il ? -La Retrouvaille de l’Objet Perdu est-elle possible ? Ce que Dante rapportera du voyage miraculeux sera une « ombre inscrite » : « O divine vertu, si tu te prêtes à moi, (ce sera) assez pour que je montre l’ombre du règne heureux inscrit dans ma tête (Paradis). « C’est la quête du signifiant à travers l’objet perdu, ce qui est recherché n’est pas retrouvé au même titre que ce qui sera trouvé ». C’est la notion freudienne de la retrouvaille de l’objet perdu. En ce qui concerne Dante, il dira avoir perdu définitivement l’amante Béatrice (qui mourut à l’âge de vingt-quatre ans) mais il dira d’elle ce qui ne fut dit d’aucune Dame : J’ignorais, parce que je ne l’avais pas reconnue, qu’elle était mon « ange personnel » qui m’avait donné pour mission d’être le scribe de ma vie pour que je la transmette aux autres .

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Elle devint donc le « Nebenmensch», appelé « BON VOISIN » dans la langue des troubadours lorsqu’ils louaient la Dame. - L’Amour est un sentiment comique L’amour de Dante pour Béatrice fut un amour non partagé. L’amour éprouvé par Dante ne trouva pas le même écho chez Béatrice. C’est le Tragique d’un amour malheureux consumé en pure perte qui côtoie le Comique de l’Amour ( Rire de Béatrice au PARADIS). Il y a aussi du Comique dans L’ENFER . Dante avait une capacité étonnante de passer d’un plan à l’autre. Lacan questionnant l’amour dans la poésie de Dante y décèle une bouffonnerie où « le sublime fait révérence au comique ». M.D.

∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞ SUR L'AMOUR DANS SON RAPPORT AU SAVOIR

« Celui a qui je suppose le savoir, je l’aime » (Séminaire encore p.64.) Non seulement Lacan souligne le lien entre l’amour et la supposition de savoir adressé à une personne mais il évoque aussi le lien entre la désupposition du savoir et la haine. Par ailleurs il évoque une lucidité propre à la haine. Il va jusqu’à faire une éloge de cette désupposition de savoir en tant qu’elle implique une lecture rigoureuse du texte et regrette que ceux qui l’aiment ne soit pas aussi appliqués à le lire. Même si ceux qui le haïssent ont dit-ils « les idées un peu courtes et sont animés par « le désir d’une maîtrise, ils maintiennent une référence au texte. La lecture critique ainsi produite reste proposée à un échange dialectique !

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Qu’en est-il aujourd’hui de cette fonction de SsS nécessaire à la mise en route d’un travail? D’être seulement supposé le savoir en question n’est-il pas en opposition avec l’affirmation d’une quelconque toute puissance ? La supposition ne reste-t-elle pas ouverte sur une hypothèse à confirmer ou à infirmer ? Ne porte-t-elle en elle l’émergence des surprises propre à l’inconscient. Par contre la supposition fonctionne t-elle encore quand il s’agit d’un savoir attribué à un gourou au nom d’une vérité toute sans mi-dire ? L’amour que ce savoir induit n’est-il pas plutôt du côté d’un tout pouvoir de fascination ? Il peut conduire à une haine destructrice et à une ignorance crasse de tout ce qui le contredit. Ce trio souligne le côté paranoïaque de la connaissance humaine. Peut-il nous amener au pire ? Il s’oppose à un autre nouage de ces trois passions de l’être que sont l’amour, la haine, l’ignorance : - « l’amour comme don actif », la haine comme énergie.

- L’ignorance docte où se réalise l’étendue des savoirs encore ignorée.

Ne sommes-nous pas confrontés à une époque où le principe d’une supposition de savoir lié au travail de l’inconscient risque d’être remplacé par la toute puissance réelle d’un savoir faire informatique, technologique et comptable ? Illusion de toute puissance issue des applications de la science bien loin de la véritable démarche scientifique que Freud ne perd jamais de vue. Ces savoir-faire n’approchent t-ils pas la fonction du fétiche dans la perversion ? Ils doivent être comme le fétiche toujours à la portée du sujet, leur absence ou leur insuffisance déchaîne le mépris, il se prête fort peu au fonctionnement dialectique de la parole ? MJ P.

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DU REEL DE L'AMOUR : UN PARADOXE Extrait de « L’Amour » (M. Duras – 1992) ou encore une « Litturaterre » L’homme marche le long de la mer de son pas infini de prisonnier. La femme est regardée : … Ne ressent pas être vue. Force arrêtée, déplacée vers l’absence. L’ignorant, s’ignorant . L’histoire commence avant la marche, le cri, le geste, le mouvement de la mer, le mouvement de la lumière ». Lier l’amour à un Réel, est-ce penser la question du côté de nos corps ? Comme autant de corps parlés, gravés, imprimés de et par « la-langue » qui pour C. Soler (« Lacan ou l’inconscient réinventé » - P.U.F. 2009) constituerait peut être la première civilisation de la jouissance » ? Une histoire de corps, d’événements, de répétitions traumatiques. L’amour enfin comme un symptôme incarné dans l’inconscient, la langue, comme une hypothétique lettre, une adresse à une jouissance de l’Autre, réelle autant qu’insue. Le réel est le mystère du corps parlant, mystère de l’inconscient selon Lacan (1975 – Séminaire Encore). Les corps à jouir auraient à faire avec l’être du parlêtre. L’objet d’amour porte les marques du premier Autre concerné dans la première demande d’amour. L’amour est appelé à titre de réparation à éviter les répétitions comme autant de ruines de la vie amoureuse. L’amour y échouera. Comme une impasse, le sujet manquera de savoir, de satisfaction sexuelle, et d’amour. Le paradoxe serait-il de considérer le lieu et le lien amoureux comme demande de demande de reconnaissance affectée structurellement tout autant par la dualité pulsionnelle ? Le sujet , affecté dans le même temps amoureux par la solitude de son discours tiendrait-il là un amarrage (un nouage RSI) à un choix d’objet de rencontre singularisée par chaque la-langue ? Christian Bobin dans « Eloge du Rien » - 1990 – Ed. Fata Morgana », laboure ainsi cet amarrage illusoire : « L’amour ne révoque pas la solitude. Il demande pour venir toujours à son heure, jamais à la nôtre… tout le ciel, toute la terre, toute la langue ». Ainsi, « L’amour réel » (pour de vrai ou pour de faux seule l’enfance le soutiendra) retournerait-il à ce symptôme de suppléance, noyau de chaque singularité ? Comme un désespoir somme toute inespéré ? Une fuite, une impasse, un espoir, un « bout » (Cf. Jacques Lacan en Italie – 1973 – cité par Jacques Lebrun).

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Reprenons Duras dans « L’amour », « qu’arrivera-t-il lorsque la lumière sera là ? Elle sera aveuglée. Puis elle recommencera à me voir. A distinguer le sable de la mer, puis la mer de la lumière, puis son corps de mon corps. Après, elle séparera le froid de la nuit et elle me le donnera. Après seulement, elle entendra le bruit, vous savez ?... de Dieu ?... Ce truc ? ». D.P.

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SEXUEL, L’AMOUR ? Lacan déclare dans Les 4 concepts que « l’amour, ce n’est pas sexuel » puis il redira dans Encore que « quand on aime, il ne s’agit pas de sexe ». Il prête la paternité de cette constatation à Freud, Freud qui mettait les pulsion partielles d’un côté et l’amour de l’autre : « ce n’est pas pareil », souligne Lacan. Il va donc s’agir d’examiner en quoi ce n’est pas pareil, ce qui va nous amener à toute une série de questions Le premier malentendu à lever, c’est celui de la confusion qui court malheureusement encore entre sexuel et génital : pourquoi a-t-on tant de mal à se débarrasser de la fiction d’une « pulsion génitale » ? Du côté du sexuel, nous avons à nous interroger sur une première remarque : sexuel est un adjectif qui renvoie à deux substantifs, « sexe » d’une part, « sexualité » d’une autre. À quoi correspond chacun d’eux ? Pour Lacan, si le second renvoie à quelque chose de l’ordre du fonctionnement du corps (il en parle comme d’une « marée noire » !), le premier exige, lui, qu’on soit en mesure d’articuler ce qu’il en est de la détermination des sexes, de l’appartenance de chacun à un sexe ou à un autre et du rapport que peuvent ou non entretenir entre eux ces sexes. Ce qui l’amène à mettre un troisième substantif dont relève l’adjectif « sexuel » : celui de sexuation – ce qui sera explicité dans la construction

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d’un tableau à deux colonnes où les êtres parlants seront classés en fonction de leur rapport à la fonction phallique. S’il l’on veut essayer d’éclairer cette dissociation que propose Lacan entre amour et sexuel, il est donc d’abord nécessaire de répondre à ces premières questions : qu’en est-il de la détermination des sexes, de l’appartenance à un des deux sexes (et pourquoi deux seulement), et du rapports entre eux – ou du non-rapport ? Du côté de l’amour, maintenant. Nous avions montré, lors de notre première rencontre, que pendant dix ans, dans ce qui était alors le cadre de la relation d’objet, Lacan s’était échiné à tenter d’inventer une forme d’amour qui excèderait la relation narcissique (en introduisant la question de l’« être » en opposition à celle de la « satisfaction »), ou, dit autrement, d’articuler du symbolique au pur imaginaire du narcissisme. Car pour Lacan, c’est une question de principe : ou bien l’amour parvient à déborder le narcissisme, ou bien il n’est pas sexuel – le sexuel exige en effet une altérité que le narcissisme exclut de fait. Peut-on dire qu’il y soit parvenu à élaborer cet au-delà du narcissisme? Nous avions noté qu’il nous semblait que la question d’un « amour dans son achèvement » (c’était la formule de Lacan) avait été moins abandonnée que laissée en suspens. Et, si c’est le cas, qu’est-ce qui, de cette phase de son élaboration, restera comme en attente et sera susceptible de revenir dans sa théorie ultérieure ? Que signifiera son retour dans Encore, par exemple où c’est l’amour qui aura fonction de suppléer ce que Lacan désigne comme « non existence du rapport sexuel »)? Si l’amour a été laissé en suspens, c’est que les coordonnées de Lacan ont subi une inflexion progressive : alors que la question de l’amour était au point de départ, c’est celle du désir qui va peu à peu émerger. Et quel sera le point d’inflexion entre la première thématique et la seconde ? Comment est-ce l’irruption de la question du manque qui esquissera cet au-delà du narcissisme ? Et s’étonnera-t-on de voir ce manque apparaître pour la première fois du côté de la femme ? Et de le voir articulé autour de ce qui est désiré « au-delà d’elle-même »… et qui est ce qui lui manque ? Faut-il nommer ici ce qui lui manque ? Et évoquer le « don de ce qu’on n’a pas »? Parler d’une inflexion progressive des coordonnées de Lacan c’est soulever toute la problématique d’une nouvelle conception du sujet (à partir de sa prise dans le langage) et montrer comment cette nouvelle conception du sujet entraîne une nouvelle conception de l’objet : avènement, à partir de la dialectique de la demande des objets a. Vaste sujet ! Mais central pour ce qui concerne, non pas tant le sexe et la sexuation, que la sexualité : qu’est-ce qui la fait marcher (en boitant, comme on sait) sinon ces semblants d’objet qui animent le fantasme ?

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Nous avons souligné que le sexuel exigeait cette altérité que le narcissisme n’offrait pas. On pourrait s’arrêter sur la question de comprendre pourquoi la solution de Freud (dans son essai sur le narcissisme) ne convient pas à Lacan. Lacan, lui, est à la recherche d’une altérité, mais d’une altérité qui met en jeu le corps sexué. Ce qui nous fait déboucher sur la question dite du grand Autre – ou des grand(s) Autre(s) ? Y en a-t-il plusieurs ou est-ce le même « à plusieurs faces » – essentiellement de la signifiance et de la jouissance ? Prononcer ce mot de jouissance ouvre à son tour à une multitude de questions. Pourquoi Lacan s’est-il trouvé dans la nécessité d’introduire ce concept à côté de celui de désir ? Comment remet-il ainsi en jeu le phallus à nouveaux frais – à entendre comme support du manque ? Et dans quelle dialectique entre phallus et objet a ? Peut-on dire que l’objet a est laissé du côté du désir alors que le phallus symbolise la place de la jouissance ? Mais comment concevoir alors tout en même temps sa fonction de limite (de la demande, du don) à ce phallus ? Ce qui amener Lacan à parler d’une « fonction phallique » dont on sait que c’est elle qui va organiser, par des rapports au manque spécifiques, la répartition en deux colonnes du tableau de la sexuation. On sait aussi qu’il en est résulté ce mot quasi magique du « pastout » – mais n’ouvre-t-il pas autant de questions qu’il ne paraît apporter de réponses ? Car de l’homme qui « rate » l’objet qu’il croit viser – la femme –, en n’attrapant que des objets a, on peut néanmoins dire qu’il « jouit de son organe » : ce qu’on peut appeler le tout-phallique. Mais, de l’autre côté du tableau, pour ce qui concerne le pas-tout et la jouissance dite « supplémentaire » ? Comment l’appréhender, même si l’on comprend, avec ce que Lacan nomme « jouissance de l’Autre », que seule l’immersion dans le langage permet à l’être humain de s’avancer vers ses satisfactions –langage qu’il faut alors considérer comme véritable « organe » qui jouit ? Pour terminer, cette affaire de l’Autre de la jouissance nous introduit à une dernière série de questions. Car, en même temps qu’il le pose, cet Autre là, Lacan affirme qu’il « n’existe pas » – et il ajoute : mais on peut faire l’hypothèse de son existence. C’est la parution du livre de Jacques Lebrun (Le pur amour de Platon à Lacan) qui nous a éclairés en nous alertant sur l’usage de la « supposition impossible des mystiques » puis de celui de François Balmès (Dieu le sexe et la vérité) où il est montré que rien ne peut se dire, dès qu’il s’agit de

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sexe et de sexuel, qui puisse échapper au paradoxe logique, à l’équivoque, à l’indétermination ou à la rhétorique oxymorique. Comment comprendre qu’il ne peut pas en être autrement à partir du moment où ce qui fait fonctionner un corps vivant n’est plus de l’ordre du biologique mais de celui du langage (ce qui avait amené Freud à inventer sa « mythologie » de la pulsion) ? Comment le vivant se trouve-t-il ainsi comme dé-naturé, et comment cette antinomie entre deux ordres se fait-elle particulièrement aigue quand il s’agit du vivant sexué ? Quelques questions que je vous invite à débattre… JPR.

∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞ UNE TRACE DANS NOS CŒURS ? Que reste-t-il de nos amours… de transfert ? Tout le monde (analytique) conviendra qu’il existe une érotique de transfert au cœur de l’expérience analytique. Lacan, en 1960/61 dans son Séminaire, ouvre le transfert sur un déséquilibre initial de l’amour. Il la met en scène à l’aide d’une métaphore-substitution de l’erastès à l’erômenos sous forme de mythe : Voilà, dit-il, que la « maturation du fruit, de la beauté de la fleur, du flamboiement de la bûche », surgit une autre main, là où dans un premier temps, ne se tenait que l’objet vers lequel se tenait alors la main première, celle qui s’était ouverte à l’appel du brillant de l’objet : « Cette main qui se tend vers le fruit, vers la rose, vers la bûche qui soudain flambe, son geste d’atteindre, d’attiser est étroitement solidaire de la maturation du fruit, de la beauté de la fleur, du flamboiement de la bûche. Mais quand dans ce mouvement d’atteindre, d’attirer, d’attiser la main a été vers l’objet assez loin, si du fruit, de la fleur, de la bûche, une main sort qui se tend à la rencontre de la main qui est la vôtre et, qu’à ce moment-là c’est votre main qui se fige, dans la plénitude fermée du fruit, ouverte de la fleur, dans l’explosion d’une main qui flambe, ce qui se produit, alors là, c’est l’amour ! Tout mythe se rapporte à l’inexplicable du réel, il est toujours inexplicable que quoi que se soit réponde au désir. La structure dont il s’agit, ce n’est pas cette

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symétrie et ce retour. Aussi bien, cette symétrie n’en est pas une. En tant que la main qui se tend, c’est vers un objet. De la main qui apparaît de l’autre côté est le miracle… » Ou le mirage… Précisons que la main première, Lacan ne la fit pas se tendre vers le fruit, seulement vers la maturation du fruit, ni vers la fleur, seulement vers la beauté de la fleur et pas plus vers la bûche mais vers son flamboiement. Ce qui est désiré, ce n’est pas l’objet, mais ses attributs. Par la suite, du Sujet-supposé-savoir, demande d’amour qui s’adresse au savoir inconscient et pivot du transfert, à l’issue du transfert et à la fin de l’analyse, Lacan s’occupera essentiellement de la question de la demande, de la dialectique du désir, du manque, du fantasme, de l’objet a, de la problématique des jouissances, de la rencontre du Réel… L’amour, silencieux toutes ces années, attendait son heure, pour réapparaître lors du Séminaire …Ou pire conjointement avec les Entretiens de Saint Anne (le Savoir du psychanalyste) en 1971/1972, et dans Encore, en 1973. Lacan pose l’amour de transfert comme hainamoration, soit l’ancrage au cœur même de l’amour de l’imbrication de la haine. Freud n’écrivait-il pas à Jung, le 9 mars 1909, « être calomniés et roussis au feu de l’amour avec lequel nous opérons, ce sont les risques de notre métier». Or, l’hainamoration s’adresse à l’être qui est avec l’ignorance est l’une des composantes de sa réalisation. Mais qu’en reste-t-il à la fin de l’analyse ? Quel est le destin de l’amour de transfert ? Déjà Freud dans sa lettre du 5 juin1910 demandait au Pasteur Pfister comment s’en débarrasser, « quant au transfert, écrit-il, il est une véritable croix ». De cet amour vrai, authentique mais temporellement limité ? N’y aurait-il pas un point énigmatique, une impasse, où est mise à l’épreuve l’amour ? Un point de Réel ? L’amour vient suppléer au non rapport sexuel qui lui ne cesse pas de ne pas s’écrire. Mais «le déplacement de la négation du cesse de ne pas s’écrire au ne cesse pas de s’écrire, c’est là le point de suspension à quoi s’attache tout amour. Tout amour, de ne substituer que du cesse de ne pas s’écrire tend à faire passer la négation au ne cesse pas de s’écrire, ne cesse pas, ne cessera pas. » L’amour mis à l’épreuve de ce temps de suspension, affrontement au Réel… Qu’en reste-t-il de cet amour du temps d’un transfert ? Un miracle ? un mirage ? une métamorphose ? une trace ? Une écriture qui témoignerait, dans son adresse au lecteur, de la logique de l’amour avec ses failles, ses impasses, ses paradoxes, ses « petits riens »? Mais l’écriture efface plus ce qu’elle ne prétend décrire, elle est trace d’une absence, de quelque chose qui ne peut être atteint et dont l’écrit est la trace. A la fois effacement et trace de l’effacement.

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Qu'en reste-t-il de cet amour de transfert ? Une trace dans nos cœurs… de l’effacement ? MS

∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞ SUBLIMER…DITES-VOUS ? Etrange destin des pulsions… Idée de limite, de seuil, de passage, de mutation sinon de transgression ? Pour illustrer la sublimation, Lacan dit que Heidegger met le vase au centre de l’essence du ciel et de la terre, comme Diotime affirme qu’ « Eros est entre le divin et le mortel…et à mi-chemin entre le savoir et l’ignorance ». La sublimation serait-elle un paradigme de l’opposition et de l’antithèse, au point où, dans le champ de la jouissance se conjoignent le sexuel et la pulsion de mort ? Serait-elle « l’insaisissable du vide » advenant aux dépens du questionnement de l’amour ? FV

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*LE 3 JUILLET 2010 à 14 HEURES 30

Au New Hôtel of Marseille

71, bd Charles Livon 13007 – Marseille

Animateurs : Maryse Grossmith : 06 75 86 69 14 – René Marchio ; 06 62 26 00 48

Site du GRP : www.groupe-regional-de-psychanalyse.org