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Juliette GrécoLa rose et le réséda
Par Nanou et Stan
Tous deux adoraient la bellePrisonnière des soldats
Lequel montait à l´échelleEt lequel guettait en basCelui qui croyait au cielCelui qui n´y croyait pas
Qu´importe comment s´appelleCette clarté sur leur pas
Que l´un fut de la chapelleEt l´autre s´y dérobât
Celui qui croyait au cielCelui qui n´y croyait pas
Tous les deux étaient fidèlesDes lèvres, du cœur et des bras
Et tous les deux disaient "qu´elleVive et qui vivra verra"Celui qui croyait au cielCelui qui n´y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêleFou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querellesAu cœur du commun combat
Celui qui croyait au cielCelui qui n´y croyait pas
Du haut de la citadelleLa sentinelle tira
Par deux fois et l´un chancelleL´autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au cielCelui qui n´y croyait pas
Ils sont en prison, lequelA le plus triste grabat
Lequel plus que l´autre gèleLequel préfère les ratsCelui qui croyait au cielCelui qui n´y croyait pas
Un rebelle est un rebelleDeux sanglots font un seul glasEt quand vient l´aube cruelle
Passent de vie à trépasCelui qui croyait au cielCelui qui n´y croyait pas
Répétant le nom de celleQu´aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselleMême couleur, même éclat
Celui qui croyait au cielCelui qui n´y croyait pas
Il coule, il coule, il se mêleÀ la terre qu´il aima
Pour qu´à la saison nouvelleMûrisse un raisin muscatCelui qui croyait au cielCelui qui n´y croyait pas
Qu´importe comment s´appelleCette clarté sur leur pas
Que l´un fut de la chapelleEt l´autre s´y dérobât
Celui qui croyait au cielCelui qui n´y croyait pasL´alouette et l´hirondelle
La rose et le réséda
L´un court et l´autre a des ailesDe Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelleLe grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelleLe double amour qui brûlaL´alouette et l´hirondelle
La rose et le réséda
Louis Aragon ( 1897 /1982 ).La Rose et le Réséda est un poème de Louis Aragon. Il s'agit d'un appel à l'unité dans la Résistance, par-delà les clivages politiques et religieux.Il parait d'abord le 1er mars 1943 dans Le Mot d'ordre, un journal marseillais diffusé également à Lyon « au ton à la fois maréchaliste et anticonformiste », dont les pages littéraires sont dirigées par Stanislas Fumet. Il est ensuite largement copié et diffusé clandestinement par tracts anonymes, notamment dans la Contribution au cycle de Gabriel Péri (mi-1944).
En décembre 1944, Aragon le publie au sein du recueil de poésie La Diane française dont le thème est la Résistance, en ajoutant la dédicace aux quatre résistants : Guy Môquet, Gabriel Péri, Honoré d'Estienne d'Orves et Gilbert Dru.
Le poème a notamment été repris par Juliette Gréco, puis par le groupe La Tordue, en 1995, dans l'album les Choses de rien et Bernard Lavilliers dans l'album Samedi soir à Beyrouth.« La belle » désigne la France de façon allégorique.
Le poème dit bien que leurs sacrifices seront utiles, vers 54: « Mûrisse un raisin muscat ».
Le poème souligne par de nombreuses répétitions des deux premiers vers « Celui qui croyait au Ciel / Celui qui n'y croyait pas » que dans la Résistance, l'union sacrée transcendait les clivages religieux. En réalité, l'auteur appelle à la résistance, au-delà des divergences de religion ou d'opinion « Celui qui croyait au Ciel / Celui qui n'y croyait pas » afin de libérer « la belle prisonnière des soldats ».
Le titre du poème en lui-même est déjà un appel à l'abstraction des différences pour l'union.
Il existe d'ailleurs au sein de la Grande Loge de France, une obédience maçonnique, un atelier à Lyon qui a pris comme nom de loge le titre de ce poème, marquant ainsi l'acceptation de toutes les mutuelles différences que devraient avoir les Humains entre eux.
Ce poème résistant est en rime enchâssée et ne contient qu'une strophe ce qui donne un effet de rapidité comme une urgence d'intervenir dans la guerre contre l'occupant.
Nanou et Stan le 11/04/23