Julien Élie - Éléments de réflexion sur le saint Coran

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  • 8/14/2019 Julien lie - lments de rflexion sur le saint Coran

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    lments de rflexion sur le saint Coran

    Julienlie

    Version du 24 octobre 2010*

    255. Dieu : il nest de dieu que Lui, le Vivant, lAgentsuprme. Somnolence ne le prend, non plus que som-meil. Lui appartient ce quil y a dans les cieux etsur la terre. Qui oserait intercder auprs de Lui, si cenest sur Sa permission, Lui qui sait limminent et le

    futur des hommes, alors queux nembrassent pas uneparcelle de Sa connaissance, except ce quIl veut?Son sige stend aux cieux et la terre, dont la sau-vegarde ne lui cote aucun labeur. Il est le Sublime,le Grandiose. . .

    Verset du Trne (yah al-Kurs) de la sourateii La Vache (Al-Baqarah).

    *La dernire rvision de ce document est disponible sur mon site .

    http://www.trigofacile.com/divers/spiritualite/index.htm
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    mon cher pre, LyndaMettouchi,

    LyndaPras(neAbbas), NacimSaddok.

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    Table des matires

    Avant-propos 5

    1 Introduction 71.1 Au sujet de ce document . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

    1.1.1 Ouvrages de rfrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

    1.1.2 Le style du Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81.1.3 Les dangers de linterprtation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81.1.4 Comment lire le Coran ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91.1.5 Comment relire le Coran ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

    1.2 Le Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121.2.1 Une rvlation divine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121.2.2 Les thmes principaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141.2.3 Une division en sourates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141.2.4 Une division en versets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151.2.5 La rcitation du Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

    1.2.6 Larabe coranique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161.2.7 De lauthenticit du Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

    1.3 Le Hadth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191.3.1 Hadth et Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191.3.2 Le Sahh dal-Bukhr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191.3.3 La vie dal-Bukhr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201.3.4 La transmission dun hadth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211.3.5 Quelques mots sur le Prophte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

    2 Lislm 242.1 La foi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

    2.1.1 Le savoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272.1.2 Les menstrues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272.1.3 Les ablutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282.1.4 La nourriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302.1.5 Le lavage du corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302.1.6 Letayammum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312.1.7 La prire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312.1.8 Les horaires de la prire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332.1.9 Lappel la prire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

    3 Les sourates du saint Coran 363.1 LOuverture (Al-Ftiha) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

    3.1.1 Labasmala . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 363.1.2 La misricorde de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373.1.3 La souverainet de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373.1.4 La guidance de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

    Postface 41

    A Liste des sourates 42

    B Quelques repres historiques 43

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    C Notes orthotypographiques 44C.1 Typographie de mots franais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

    C.1.1 Majuscule ou minuscule initiale ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44C.2 Typographie de mots arabes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

    C.2.1 Problmes de translittration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45C.2.2 Quelques mots frquents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

    C.2.3 Quelques noms propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45Index des noms de personnes 46

    Index des noms de lieux 47

    Index des thmes principaux 48

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    Avant-propos

    Au nom de Dieu, le Tout misricorde, le Misricordieux.

    Ce document, que je rdige et complte au fur et mesure de ma lecture du Coran, contientmes rflexions sur cette sainte criture. Japporte aussi, autant que faire se peut, des clairagescomplmentaires par des ahdth valides-srs et la Bible.

    Vous pouvez librement utiliser ce document du moment o vous en respectez la proprit intel-lectuelle, savoir entre autres y faire rfrence si vous le citez et ne pas en dformer les propos.

    Je ddie cet ouvrage en premier lieu mon cher pre qui ma donn le got de la spiritualit.Et cest le fil directeur que je vais suivre, en minspirant de lclairage quen donne Jacques-BnigneBossuetdans sonTrait de la connaissance de Dieu et de soi-mme:

    La spiritualit commence, en lhomme, o la lumire de lintelligence et de la rflexioncommence poindre.

    Lafacult de raisonnementdiffrencie en effet lhomme des autres tres vivants ; nous avons

    la capacit davoir une vie spirituelle et nous devons donc la nourrir afin dapprcier et dadorernotre Crateur. Il faut bien prendre conscience de cela mais, tout comme nous ne consommonsgure nimporte quelle nourriture au risque daltrer notre corps, les mets spirituels doiventtresoigneusementrflchis,mrisetvrifispour ne pas quils altrent notre esprit et nousfassent mcroire.

    Louanges Dieu, Seigneur des univers, qui ma permis dexister et de rencontrer en septembre2007 trois merveilleux kabyles qui je ddie aussi ce document : Lynda Mettouchi, Lynda Pras(ne Abbas) et Nacim Saddok. Je les remercie chaleureusement pour mavoir fait dcouvrir lesfondements de lislm dont jignorais quasiment tout jusque-l et pour avoir nourri et enrichi mesrflexions. Sans eux, je ne me serais peut-tre jamais lanc dans la mditation du Coran, source in-

    puisable de spiritualit et de vrit. nouveau merci Dieudavoir fait nos chemins se rencontrer.Jai alors commenc lire le Coran et, afin de mieux comprendre certains passages, je me docu-

    mentais et l dans des livres et sur Internet. Puis je rdigeais quelques rflexions rapides, souratepar sourate. Or, je me suis trs rapidement rendu compte que je lisais et entendais tout et nimportequoi en dehors du Coran : des clichs faux sur lislm, des interprtations errones de versets pris horscontexte, des commentaires inexacts et fertiles en dsaccords, des fausses citations, de faux miraclesmathmatiques, etc. si bien que la sainte criture se trouvait trs souvent triture et dforme parmoult personnes au dtriment de la parole divine. Jai aussi pu constater que le mme phnomnetouche la Bible et que la mcrance est trs rpandue, moi-mme en tant alors atteint.

    Cest pourquoi jai entam la rdaction de ce document en janvier 2008. Mon objectif est de lire le

    Coran et de nen tirer que des rflexionscertaines. Cest un travail de longue haleine que je suivraiavec la guidance de Dieu. Puis, sIl lagre, je raliserai un travail similaire avec la Bible.

    Ce document est crit suivant deux critres trs simples : le premier est demditersur le Coranet detoujoursvrifiertoute information lue ou entendue de manire complmentaire au Rappel, limage des Brens qui examinaient chaque jour les critures pour voir si ce quon leur disait tait

    juste au sujet du Messie (Actes des Aptres, 17:11). Cest une condition ncessaire pour assurer lajustesse de sa rflexion : la raison doit intervenir, rien ne doit tre docilement 1 cru, eta fortiorisi lasource nest pas le Coran. Dieu nous exhorte en outre Lui-mme constamment rflchir sur ce quinous est dit, comme dans la souratexxxviiiSd :

    29. . . . Un crit que Nous avons fait descendre sur toi,charg de bndiction, pour quon en dploie lessignes, et que mditent ceux dots de moelles. . .

    1. Cest le propre de la foi du charbonnier que de croire crdulement sans vrifier.

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    Le second critre est que je ne parle pas de ce dont je nai pas connaissance ou alors je signaleclairement que la rflexion en question est prendre avec prcaution. Chacun comprend en effetau niveau de ce quil lui a t dvolu de comprendre. Moi-mme je ne comprends pas tout mais jetente de partager ce que jai compris, ainsi que mes recherches complmentaires vrifies. Le ghayb,cest--dire linconnaissable, est du domaine exclusif de Dieu. Enfin, noublions pas quIl dit dans lasouratexvii Le Trajet nocturne (Al-Isr) :

    36. Nimputez personne ce dont vous navez pasconnaissance. Laudition, la vue et le cur : de ces trois choses-lon est responsable.

    Il est en outre capital dans notre socit o linformation circule trs rapidement et, surtout, de

    manire surabondante, de ne pas croire docilement tout ce que nous lisons ou entendons par-ci par-l.Lhomme doit rflchir sur tout, et pas seulement sur le Coran, afin de possder un savoir solideetde pouvoir lepartagersereinement. Peu de connaissances sres valent mieux quune grande mcon-naissance ! Chaque sujet sur lequel nous mditons permet de davantage apprcier lomnipotence, la

    science et la sagesse de Dieu, ainsi que les innombrables bienfaits quIl nous a accords. QuIl soitglorifi !

    Je demande humblement Dieu de maccorder la sincrit dans lintention et Saclmence dans la ralisation de cette tche. Que si malgr tout le soin que jy apporte,vous dcouvrez des erreurs dans ce document, je vous suis gr de men faire partpour que je les corrige. Il va de soi que bien que jaie vrifi plusieurs fois toutes lesinformations quil contient, je ne puis que vous inciter tout revrifier de vous-mme. Cela est de plus facilit par le fait que je prcise les rfrences et le contextedes passages que je cite.

    Le prsent document est rdig en XLATEX avec laide dArabXTEX dont la plaisante graphiepalindromique illustre la bidirectionnalit de lcriture, quelle soit de gauche droite comme lefranais ou de droite gauche comme larabe. Jen profite par ailleurs pour prciser que XLATEX seprononce zilaterh [ziltx]et non pas zilatek, malgr ce que lon entend trs souvent tortet, pire encore, malgr ce que de nombreuses personnes soutiennent et enseignent aux autres. Or,comme toujours, et pour ne pas droger la rgle des rfrences prcises que je viens dexpliquer,il faut revenir aux sources : Jonathan Kew, le crateur de XTEX, signale dans une entrevue quilprononce son systme zee-TEX mais quil na rien contre une diction plus locale qui serait par

    exemple pour nous [g]z-TEX ou ks-TEX . En revanche, DonaldKnuth, le crateur de TEX,crit explicitement la premire page de The TEXbook :

    Insiders pronounce the of TEX as a Greek chi, not as an x, so that TEX rhymes withthe word blecchhh. Its the ch sound in Scottish words likelochor German words likeach; its a Spanish j and a Russian kh. When you say it correctly to your computer,the terminal may become slightly moist.

    Notons que la langue franaise nutilise pas le son [x] tandis que la langue arabe, oui : cest. Quant la dernire phrase, elle est tout particulirement savoureuse et les initis se doivent decorrectement prononcer TEX, tout comme nous devons nous-mmes, et cest lobjet de ce document,

    nousinitier la parole et aux mystres de Dieu, avec Sa guidance et Son agrment.

    http://www.tug.org/interviews/interview-files/jonathan-kew.html
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    1 Introduction

    1.1 Au sujet de ce document

    Jai entendu le Messager de Dieu dclarer que : Les actes ne sont valus que selon lesintentions qui les inspirent. Chacun nobtient de son uvre que la valeur de son intention ;quiconque a migr dans le but dacqurir des biens terrestres, ou dpouser une femme,

    nobtient de son migration que le fruit de son intention. (hadth 1 dal-Bukhr)

    Cette parole de Muhammad aurait t dite propos dun homme qui a migr de La Mecque Mdine non pour prter assistance au Prophte mais pour pouser une femme nomme Oumm Qays,ce qui ne mrite pas de rcompense divine mais un simple profit terrestre conforme son dessein.Limm ach-Chfi considre ce hadth comme tantle tiers de lislmpuisque lislm se concrtiseparla parole, lacte et lintention.

    Lorsque quelquun projette daccomplir une bonne uvre mais quil en est empch,Dieu le rtribue quand mme, rien que pour sa bonne intention. Le dessein surclasseluvre elle-mme ; aussi est-il ncessaire, avant toute tentative de mditation surle Coran, de nous purifier et davoir une bonne intention, savoir celle de mieuxcomprendre la parole de Dieu, avec Sa guidance.

    1.1.1 Ouvrages de rfrence

    Voici les principaux ouvrages que jai utiliss comme complment de rflexion sur le Coran. Je nepuis que vous inviter vous les procurer car ils sont tous dune exceptionnelle qualit.

    Le Coran, Essai de traduction par Jacques Berque aux ditions Albin Michel. Cest uneexcellente traduction franaise la fois savante et littraire qui a demand seize ans de travail cet minent islamologue. Toutes les traductions de versets coraniques dans ce prsent documentsont issues de ce livre plutt proche du sens, du rythme et de la vibration du texte originel.Jai cependant chaque fois pris soin de prsenter le verset arabe en regard de cette traductionpour pouvoir directement lire la parole de Dieu en arabe ;

    La Bible du Semeur dite par la Socit Biblique Internationale est celle que je cite pourles versets bibliques de ce document en raison de sa clart vanglique. Je possde aussi laTraduction cumnique de la Bibledont les notes sont trs prcieuses, et la traduction de laBible par Bayard en guise de comparaison ;

    lexcellent The Message of The Qurn traduit et expliqu par Muhammad Asad aux di-tions The Book Foundation. Cest lune des plus remarquables, fidles et rudites traductionsanglaises. Cette dition est bilingue arabe-anglais avec translittration et commentaires ;

    LExgse Du Coran, une traduction par HarkatAbdouaux ditions Dar Al-Kotob Al-ilmiyahdun rsum des quatre volumes du clbretafsrdIsmal ibn Kathr (mort en 774 de lhgire) ;

    leSahh al-Boukhraux ditions Al Qalam 1 bilingue arabe-franais avec la traduction et lesjudicieux commentaires de MokhtarChakroum. Les ahdth dal-Bukhr2 que je cite dansce document proviennent tous de ce livre ;

    le Dictionnaire du Coran sous la direction de Mohammad Ali Amir-Moezzi aux ditionsRobert Laffont, dans lequel sont rfrences plus de 500 entres dtailles sur lislm.

    Les versets coraniques de ce document proviennent dune version tlchargeable en ligne. Ils sonten arabe partiellement vocalis, ce qui nest pas exactement celui du Coran, mais lessentiel estquand mme rendu.

    1. Al-Qalam( Le Calame ) est dailleurs le titre de la sourate lxviii.2. Contrairement la translittration Boukhrdu titre de luvre, jutiliserai dans ce document Bukhr.

    http://qurankareem.info/http://www.usc.edu/dept/MSA/fundamentals/hadithsunnah/bukhari/http://www.tafsir.com/http://geocities.com/masad02/http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/120/TM.htmhttp://www.biblegateway.com/versions/?action=getVersionInfo&vid=32
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    1.1.2 Le style du Coran

    Le Coran se prsente sous une forme enchevtre et nombreuses sont les ides qui reviennent de multiples reprises dans des sourates diffrentes. Jai pens plus commode et lisible de ne pasreprendre des explications et rflexions sur les concepts abords toutes les fois o ils apparaissent. Unrenvoi sera donc la plupart du temps fait une sourate prcdente. Cependant, japporterai parfoisdes complments, conformment lanature rptede lenseignement mme du Coran.

    Impressions sur les versets Les non-arabisants qui lisent des traductions du Coran trouventsouvent les versets coraniques crus, peu fluides et incohrents. Cest ce qui se produit sil est lurapidement, sans prendre le temps de mditer dessus et de lire des notes explicatives sur la traductiondes termes arabes sous-jacents. Sans cela, la sagesse et la beaut du Coran se retrouvent dnatureset ses versets deviennent plats, ce qui est trs loin dtre le cas.

    Il faut aussi prendre en considration le fait que la religion est souvent perue par les non-musulmans comme quelque chose de supranaturel dans lequel le monde physique et le mondespirituel sont distincts. Alors quau contraire, lislm fait appel la raison comme chemin validevers la foi ; ralit et spiritualit sont mlanges, si bien que tout acte de la vie, du plus simple au

    plus complexe, est accompli avec lagrment de Dieu.

    Enfin, le dcalage avec les anciennes critures est prendre en compte : les vangiles du NouveauTestament des chrtiens ne sont par exemple pas de la mme nature que le Coran. Ceux-ci ne peuventdonc pas lui tre directement compars, si ce nest avec les ahdth relatant les faits et gestes duProphte. En consquence, il ne faut pas que les non-musulmans stonnent de ne pas retrouver ce quoi ils taient habitus avec la Bible. Un il frais, un regard nouveau et uncur ouvertdoiventaccueillir les versets du Coran.

    1.1.3 Les dangers de linterprtation

    Une trs grande vigilance est requise lorsque lon parle du Coran qui, tout en tant clair etperceptible tous, nen demeure pas moins complexe et en tout cas jamais direct. Il est vain dechercher comprendre ce qui a de multiples sens possibles ; mais il faut mditer sur le Coran pourse rendre compte de cela. Seul Dieu en connat la vritable signification, ainsi quIl le prcise dans lasourateiii La famille de Imrn (l-Imrn) :

    7. . . . Lui qui a fait descendre sur toi lcrit, donttels signes, sa partie-mre, sont premptoires, et telsautres ambigus. Qui porte au cur la dviance, ehbien ! il sattache lambigu, par passion du trouble,

    passion de dchiffrer lambigu, alors que Dieu seul ala science de le dchiffrer, et que ceux de science bienassise se bornent dire : Nous y croyons : tout celavient de notre Seigneur Mais ne mditent que ceux dots de moelles.

    Cest pourquoi je prends bien soin dans le prsent document de ni affirmer des faits ambigus ni

    dlivrer des conclusions partir dlments qui nont pas un limpide sens intrinsque. Noublions pasqu tous ceux qui enseignent des interprtationshasardeusesou trompeuses du Rappel, est promisela Ghenne !

    Il nen faut toutefois pas moins noter que ces interprtations, si elles sont sincres, sont quandmme utiles puisquelles permettent de faire avancer notre comprhension du Coran. Cest lun desmiraclesde cette criture sainte : plus notre connaissance du monde et notre exprience progressent,plus le sens parfois mme insouponn de certains passages du Coran se rvle nous. Les

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    diffrences dopinion (ikhtilf) sont bnfiques pour lavance de lhumanit et lacquisition potentiellede connaissances. Sans les commentaires antrieurs du Coran, il faudrait tout reprendre depuis zro,au lieu de contribuer les amliorer et faire en sorte quils deviennent de plus en plus pertinentset rflchis au fur et mesure des sicles. Il faut donc remercier les gnrations dislamologues quiont mdit sur le Coran avant nous, de manire clairer nos rflexions actuelles.

    Le Coran doit tre considr comme un tout : ses versets se rpondent et samplifient entre eux

    par rfrences croises, de telle sorte que, finalement, le Coran est auto-expliqu.

    1.1.4 Comment lire le Coran ?

    Mditer la parole divine prsuppose une dmarcheactive. Il nexiste pas de bonne ou de mauvaisefaon de le faire ; chacun de trouver celle qui lui sied le mieux. Nanmoins, trois temps se dgagentnettement :

    Lobservation Il faut tout dabord observer le verset coranique et son ventuelle traduction. Lemieux est de la confronter avec une deuxime traduction, si possible dans une langue diffrente de

    la premire. Les dtails doivent tre recherchs, ainsi que les sonorits, le style, larticulation desphrases, le sens des mots, etc.

    La comprhension Il sagit de redcouvrir le sens que le message avait lorsquil fut rvl : dequi ou de quoi il parle, le droulement de laction et lenseignement que nous en retirons. Il est alorsutile de lire dautres passages du Coran, des commentaires et des ahdth qui sy rapportent et quipourraient aider mieux comprendre celui-ci.

    La mditation Maintenant que le sens de la parole de Dieu est compris, il faut rflchir lamanire dont elle doit tre applique, notamment comment sy conformer (exemple suivre ou

    ne pas suivre, modification de notre faon actuelle de penser ou dagir), comment comprendre dessituations de notre vie actuelle partir de ce verset, comment mieux prier et louer Dieu pour Sesbienfaits, etc. Tout cela augmente notre foi.

    1.1.5 Comment relire le Coran ?

    Je suis davis quune deuxime facette est prendre en considration aprs la phase de mditation.Cest une opinion tout fait personnelle et vous pouvez trs bien ne pas tre daccord avec celle-ci.Cela concerne ladaptation du message transmis par le Coran dans notre quotidien. Certes certainspeuvent penser tort ou raison, mais ce nest pas le sujet de mon propos que la parole de Dieudoit tre lue stricto sensuet quelle est intemporelle. Je crois nanmoins quelle est beaucoup plus

    complexe que cela.

    Des points communs Il est patent quau fur et mesure des rvlations conscutives aux juifs,aux chrtiens et aux musulmans, la parole divine connat quelques modifications selon lpoque etle peuple en question. En revanche, demeure un cur solide commun aux trois et cest ce socle quiconstitue notamment le fondement dubel-agir. Je pense quil vaut donc dabord mieux se concentrersur cefond, trs enrichissantspirituellement,moralementet intellectuellement, et que le reste relvedavantage de laformequautre chose. Je ne dis cependant pas quil ne faut pas prter de limportance la forme, loin de l ! mais que le fond, qui constitue surtout notre comportement social et les valeursde la vie en communaut, prime sur la forme, qui napporte que des nuances dans lexpression de la

    religion. Prier est par exemple un principe gnral tandis que la manire dont est ralise la prirediffre. Il serait aussi passionnant de sintresser une tude comparative entre les trois religionssmitiques monothistes, les religions indiennes mystiques, la religion traditionnelle chinoise ainsique ses coles sapientielles, pour ne citer que ces grands courants religieux. Cela dpasse nanmoinslargement le cadre de ce document.

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    Pour raliser une analogie avec la mdecine, je dirai que tout comme nous adap-tons un traitement un malade tout traitement doit en effet tre adapt aupatient car cest effectivement lui que lon soigne, et non pas la maladie, chose quela mdecine occidentale actuelle semble de plus en plus ignorer. . . nous devonsadapter le Rappel aux maux qui touchent notre sicle.

    Le chemin que nous devons suivre dans notre socit ne se rduit donc pas aussi simplement une liste de rgles strictes appliquer mais des comportements complexes dicts par le bon senset respectueux de son prochain. De nombreuses valeurs de base ne cessent en effet de se perdredans notre civilisation actuelle, limage de latolrancequi est la plus fondamentale ; pourtant,ilconvient de ne pas perdre notre humanit. Pour ne donner quun seul exemple, le tlphoneportable est un vritable flau au niveau du respect dautrui : trs rares sont les personnes qui nerpondent pas un appel entrant alors quelles sont en train de discuter avec une personne. Pourquoila personne lautre bout du fil aurait-elle priorit sur la personne en face delle et avec qui laconversation est dj engage ? La mme remarque concerne aussi ceux qui prennent un second appelquand ils en reoivent le signal lors dune conversation tlphonique. Quel effet cela produit-il de

    sentendre dire de patienter ou, pire encore, de voir la conversation arrte parce quune secondepersonne appelle ?

    Lamlioration de soi La religion doit permettre lhomme de samliorer au quotidien et deprserver son humanit tout en le faisant progresser. La mditation spirituelle est un excellent cata-lyseur de ralisation de ses potentialits humaines. Et cest pour cela que nous devons en permanencemditer sur les critures dans le but de nous perfectionner et de comprendre pourquoi nous devonsagir de la faon que Dieu nous rappelle. Nos actions doivent tredlibreset rflchies, et nonpas issues de la mcrance, de la superstition ou de limitation de ce que font les autres.

    Cest chaque jour que nous en apprenons davantage, au fur et mesure de nos interrogations,

    recherches et mditations. La spiritualit est un travail de longue haleine qui dure toute sa vie si Dieuaccorde Sa guidance. Il a en effet donn aux humains la facult de penser, dimaginer et de raisonnerpour aboutir des conclusions fondes sur la connaissance. Puissions-nous tous rechercher le bien la fois dans notre monde et dans lau-del !

    Lducation Il nen faut pas moins noter que la plupart des personnes tirent leur croyance delducation quelles ont reue, si bien que nul ne peut tre considr comme coupable de m-crance; nous sommes tous victimes de celle-ci et cest pourquoi il convient de spirituellementslever de soi-mme et de mditer par soi-mme en sassurant de la vracit de ce qui nous a tenseign et de ce que nous entendons encore de nos jours.

    Le succs Nous pourrions dfinir le succs dans lIslm comme le progrs dans son chemin. unmoment donn, tout le monde est un endroit diffrent de la Voie ; et il ne faut ni reculer ni sencarter par garement, mais toujours avancer.

    Mais jusquo avancer ? Cest effectivement une excellente question quil est ncessaire de seposer. Car lhomme a beau vouloir accumuler la connaissance, quoi lui sert-elle finalement? Luipermet-elle de mieux vivre et de mieux se conduire ? Pour rpondre cette question, je vais citer untexte que mon pre me rappelle souvent; cest lun des critres de la sagesse dans le Do D Jng(), savoir leClassique de la Voie et de la Vertu, la base du taosme :

    48. Apprendre, cest de jour en jour saccrotreSuivre la Voie, de jour en jour dcrotreDcrotre encore dcrotreJusquau non-fairePar le non-faire, rien qui ne se puisse faire

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    64. Voil pourquoi le Sage dsire le non-dsirMprise les choses raresApprend dsapprendreEnseigne au peuple revenir de ses excsAide les choses vivre selon leur natureEt se garde de les forcer

    Pour illustrer ce point, je vais raconter une histoire que ma enseigne mon pre : un Sage accueillitun jour chez lui un disciple trs rudit et lui offrit, selon la coutume, une tasse de th. Tout ensentretenant avec son disciple, il lui servait le th dans un petit bol pos sur une table basse. LeSage lui demanda ce dont il aimerait discuter. Veux-tu que nous discutions du Do ? Mais ledisciple lui rpondit quil connaissait dj tout sur la Voie. Veux-tu que nous discutions de laVertu ? Mais le disciple lui rpondit nouveau quil avait dj tout appris sur la Vertu. Veux-tuque nous discutions de lHomme ? Mais le disciple lui rpondit une nouvelle fois quil navait plusrien apprendre sur lHomme. Or, ce faisant, le Sage continuait remplir le bol, si bien que le thcommenait dborder et se rpandre sur la table. Le disciple lui fit alors remarquer que le boltait plein. Cest alors que le Sage rpondit : Cest juste : le bol est plein. Mais vois-tu, il en va

    de lesprit comme du bol : lorsquil est plein, il ne peut plus rien recevoir. Aussi nai-je plus rien tapprendre puisque tu me dis tout savoir sur tout. Apprends dsapprendre en suivant la Voiechaque jour et alors nous pourrons discuter.

    Le Sage ne sexhibe point et du coup resplendit; il ne se glorifie point ni ne parle de ses succs.Ne rivalisant donc point, il na pas de rival. En outre, dune grande vertu, le Sage ignore sapropre vertu et cest pourquoi il a de la vertu, quil pratique sans y songer, la diffrence des hommesqui se disent vertueux et qui pratiquent la vertu avec intention, et cest pourquoi ils nen ont pas.

    Le Sage taoste se gurit donc de la maladie du savoir. Savoir que lon ne peut savoir,cest bien. Apprendre dsapprendre, cest mieux. Faire le non-faire et dsirer le

    non-dsir, cest le summum. Et cela doit toujours aller dans le sens de la Crationet saccorder avec les lois de la nature, sans jamais sy opposer ni les forcer. Si lonfait ce quil faut, la terre nous protge ; si lon reste en quitude suprme , le cielnous protge. Celui qui connat la Voie nest pas savant ; celui qui est savant ne laconnat pas.Le Sage estime le fruit et laisse la fleur.

    La mditation du Coran doit, terme, spurer pour ne plus exprimer que de manire ineffableses principes immuables. Ds lors, lhomme surmonte la dispersion de son me et devient pleinementprsent.

    Cela montre que la vie usuelle, cest lapprentissage et la connaissance. Quant la sagesse vritable,elle correspond ne plus savoir, aprs avoir connu. Suivre le chemin, cest dcrotre vers le non-faireet, fait remarquable, ce non-agir permet de tout raliser. Pour les croyants, il ne faut dailleurs pasoublier quetout est possible lorsque lon a la foi ; rien nest impossible pour celui qui croit et nedoute pas, comme le dit Jsus lorsquil est questionn par ses disciples sur une gurison quils nontpas russi faire (vangile selon saint Matthieu,17:1420) :

    20. Parce que vous navez que peu de foi, leur rpondit-il. Vraiment, je vous lassure, si vous aviezde la foi, mme si elle ntait pas plus grosse quune graine de moutarde, vous pourriez commander cette montagne : Dplace-toi dici jusque l-bas, et elle le ferait. Rien ne vous serait impossible.

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    1.2 Le Coran

    Incr, ternel et inimitable, le Coran appartient au patrimoine spirituel et culturel universel;il attise moult curiosits, si bien que nous pouvons en lire le nom et des extraits un peu partout.Or, il demeure profondment mconnu, pour ne pas dire inconnu de la plupart des hommes. Sonutilisation est souvent faite mauvais escient et ses versets sont frquemment cits hors contexte, cequi conduit la mcrance, des prjugs faux et des mfiances injustifies. Il est certes vrai que

    le livre saint des musulmans nest pas dune lecture immdiate puisque sa forme en entrelacs et soncontenu parfois obscur ne facilitent pas sa comprhension directe, ce qui est toutefois un bienfaitde Dieupuisque cest loccasion dexercer notre intelligence afin de comprendre la parole divine etdaugmenter notre foi. En effet, tre musulman ne doit pas se limiter une connaissance gnraledes prceptes enseigns par le Coran et la vie du Prophte. Le rapport avec Dieu doit tre bienplus profond que Son adoration ou la rcitation des cinq prires quotidiennes : un vritable effortconstant de mditationest ncessaire partir du Livre (Kitb, quil faut considrer dans le sensdu verbe kataba, il crivit , il ordonna , cest--dire de la rvlation 1 et non pas du livre entant que tel puisquil na pas t compil sous forme de livre du temps du Prophte).

    Ainsi, il est ncessaire dapprofondir ses connaissances du Coran de manire sereine, objective

    et rigoureuse. Cela permet en outre de mieux nous rendre compte de la pense, de la morale et delhistoire des musulmans.

    1.2.1 Une rvlation divine

    Le Coran est la forme francise dal-Qurn( la Rcitation ) : cest le recueil des rvlationsqua faites Dieu au prophte Muhammad entre lan 610 environ de notre re et sa mort en 632. LeCoran est donc la parole mme de Dieu, rvle en langue arabe Muhammad par le truchement delarchange Gabriel.

    Ainsi, le Coran, issu du verbe arabe signifiant lire ou rciter , est lalecture par excellence,tout comme la Bible, issue du mot grec signifiant livres , est le livre par excellence.

    La Nuit de la Grandeur de Dieu Le Coran fut intgralement rvl Muhammad lors de la Nuitdu Destin (Laylat al-Qadr) puis graduellement pendant vingt-trois annes afin que nous puissionsmieux mmoriser ses paroles, comme Dieu le dit dans la sourate xxv Le Critre (Al-Furqn) :

    32. Les dngateurs ont encore dit : Ah! si la descentedu Coran stait faite sur lui dune seule venue ! Cest ainsi ! pour le fixer dans ton cur ; et (dansce but aussi) Nous en espaons la diction

    La traduction traditionnelle deqadr, et non pasqadar, en destin ou destine perd quelque

    peu de vue la signification du mot, qui rfre avant tout au pouvoir grandiose de Dieu ; la Nuit dela Sublimit de Dieu serait une traduction plus approprie, selon le sens retenu par le Dictionnairecoraniquedu Caire. Cette nuit, extrmement importante et sacre pour les musulmans, est souventla vingt-septime du mois de Ramadn mais elle varie 2 dune anne lautre.

    Le contenu complet de la souratexcvii Grandeur (Al-Qadr) est :

    1. Cest Nous qui le fmes descendre dans la Nuit gran-diose

    2. Quest-ce qui peut te faire comprendre ce quest la

    Nuit grandiose ? 1. Cest dailleurs dans le mme sens quil faut considrer lexpression ahl al-Kitb, souvent traduite tort par les

    gens du Livre ; ce sont plutt ceux qui suivent une rvlation antrieure , savoir les juifs et les chrtiens.2. Elle reste cependant une nuit de quantime impair dans les dix derniers jours du mois de Ramadn.

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    3. La Nuit grandiose vaut plus quun millier de mois 4. en elle font leur descente les anges et lEsprit, sur

    permission de leur Seigneur, pour tout dcret.

    5. Salut soit-elle jusquau lever de laube ! En outre, cette rvlation est inimitable, si bien quaucune sourate similaire celles prsentes

    dans le Coran ne peut tre produite, comme il est prcis dans la souratexvii Le Trajet nocturne (Al-Isr) :

    88. Dis : Si les hommes et les gnies sunissaient pourproduire rien de semblable au Coran, ils y choue-

    raient, mme en se soutenant les uns les autres .

    Une rvlation incre Le Coran existe sans avoir t cr : on dit quil est incr. Il existe en effetun Archtype mystrieux, seulement accessible aux anges, dont le Coran matriel est la transcriptionpartielle. Nous lapprenons dans la souratexliii Les Enjolivures (Az-Zukhruf) :

    2. Par lcrit explicite 3. Nous lavons fait Coran arabe, escomptant que vous

    raisonniez

    4. aussi bien demeure-t-il, sagesse sublime, dans lOri-ginal en Notre sein.

    Le Coran matriel nest ainsi que la reprsentation physique dun Coran suprieur, occult aux

    yeux du profane. Ce Livre cach (Kitb mmaknn, cf. lvi:78) est inscrit sur une Table biengarde (al-lawh al-mahfz, cf.lxxxv:2122) : cest la mre du Livre (umm al-Kitb, cf.iii:7).

    La rception de la rvlationAl-Hrith Ibn Hichm (Dieu en soit satisfait) demanda au Messager de Dieu : Messagerde Dieu! Comment reois-tu la rvlation? Je la reois, dit le Messager de Dieu,quelquefois comme le tintement dune cloche, et cest le plus pnible pour moi ; quandelle prend fin jai dj tout saisi. Quelquefois lAnge mapparat sous la forme dun hommequi me parle, et je saisis ce quil dit. icha (Dieu en soit satisfait) dit : Jai vu le Messager de Dieu recevoir la rvlationle jour de grand froid, et quand elle prenait fin, la sueur inondait son front !

    (hadth 2 dal-Bukhr)

    Ce hadth confirme lexistence des anges, capables de sincarner dans des corps visibles. La chanede transmetteurs de ce hadth prcise que icha, la troisime pouse et prfre du Prophte,est mre des croyants (umm al-muminn) : les pouses du Prophte sont appeles de la sorte(cf.xxxiii:6) et personne ne peut se marier avec elles aprs sa mort.

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    Comme nous lindiquent les ahdth suivants, la rvlation commena sous forme de songes pr-monitoires, qui savraient exacts. Solitaire, il se recueillait pendant plusieurs jours conscutifs dansla grotte de Hir et un jour lui apparut larchange Gabriel (cf. les trois premiers versets rvlsdans LAccrochement , AlAlaq, xcvi:13). Il prit peur et rentra chez lui auprs de Khadja, sapremire femme, lui demandant de le couvrir dune cape (cf. les versets rvls juste aprs dans Ilsest couvert dune cape ,Al-Muddaththir,lxxiv:15, o Muhammad reoit lordre de transmettre

    la parole divine). Au dbut, lorsque le Coran lui tait rvl, il remuait les lvres en sempressantde tout retenir; or cest Dieu quil revient de le lui inculquer en entier de le lui faire rciter, sibien quaprslxxv:1619, il le laissait se rassembler dans son cur do il le lisait. Cest larchangeGabriel qui nonait et qui lui donnait linterprtation : Muhammad prtait alors loreille puis, unefois parti, rcitait le Coran prsent dans son cur.

    Pendant le mois de Ramadn, Gabriel venait le voir chaque nuit et ils rvisaientminutieusement ensemble le Coran. Cest lune des diffrences avec les Livres prc-demment rvls : le Coran a le privilge dtre rassembl dans les curs des fidles,qui ltudient, lapprennent et le rcitent, et tout particulirement les soirs du mois

    de Ramadn.

    1.2.2 Les thmes principaux

    Pour ce qui est du contenu du Coran, les fidles considrent que certaines parties sont en relationavec des vrits ternelles et que dautres sont lies des circonstances prcises de la vie de Muham-mad et de lhistoire de son temps. Toutefois, il est en pratique difficile de diffrencier ces parties afinde pouvoir adapter les dernires notre sicle, si tant est quelles doivent tre adaptes puisque laparole de Dieu est ternelle et ne varie pas en fonction des ges. Cest la condition humaineen gnral qui est dpeinte dans le Coran et les faits historiques ne sont que des exemples dunemme ralit intemporelle. chacun de voir comment samliorer au quotidiengrce au Coran,

    la lueur de ce dont jai prcdemment parl ( 1.1.5).Le Coran est aussi dnomm le Rappel (Dhikr) car il rappelle les vrits inhrentes lhomme

    mais quil a oublies. Lhomme drive par nature du chemin de la Vrit implante en lui moinsquon ne la lui rappelle constamment. Dailleurs, lislm ne se proclame pas comme une nouvelle religion mais comme la raffirmation de la religion prenne de lhumanit dont les thmesprincipaux sont :

    la croyance, ladoration et la soumission Dieu lUnique ; lobissance aux directives des prophtes, et plus particulirement celles de Muhammad, le

    Sceau des prophtes (cf.xxxiii:40), qui paracheva luvre de ses prdcesseurs ;

    la croyance en la rcompense et au chtiment dans lautre monde ; le bel-agir, savoir une vie morale la plus pure possible.

    Nous verrons tout cela, entre autres, dans la suite de ce document.

    1.2.3 Une division en sourates

    Le Coran contient 114 chapitres que lon appelle sourates (de larabesrahau singulier,swarau pluriel, signifiant ce qui est ltat construit, comme un mur autour dune cit ou une lvationspirituelle : une marche amenant une autre marche). La longueur des sourates est trs variable (de 3 286 versets) mais le Coran est plus ou moins ordonn par ordre dcroissant de leur taille. Notonsau passage que cet ordre na rien de chronologique.

    La basmala Chaque sourate lexception de la neuvime, Le Repentir (At-Tawbah), estprcde par labasmala; il ny a que la premire sourate, LOuverture (Al-Ftiha), qui contientrellement ce verset. Vous trouverez dailleurs davantage dexplications sur ce verset dans la partie dece document qui concerne cette premire sourate ( 3.1.1). La basmalaest prononce de nombreux

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    moments de la journe par les musulmans, ainsi que dans leurs prires quotidiennes. Cette phrase estaussi prsente au dbut de nombreux documents musulmans officiels ou non. On la trouve au toutpremier verset du Coran :

    1. Au nom de Dieu, le Tout misricorde, le Misri-cordieux

    Les priodes mecquoise et mdinoise Les sourates sont de deux types selon lendroit o ellessont censes avoir t rvles :

    les souratesmecquoisespendant la priode de La Mecque : ce sont les premires rvles, pluscourtes, et gnralement places la fin du Coran. Elles abordent surtout le rapport Dieu, lafoi, la liturgie et la spiritualit : lunit de Dieu, Ses prescriptions, le jour du jugement dernier,les cinq piliers de lislm, les chtiments quont reus les peuples qui ont refus dcouter lesprophtes, etc.

    les souratesmdinoisespendant la priode de Mdine : rvles aprs lhgire, le 9 septembre622, elles parlent principalement de laspect social de lhomme et des lgislations religieuse,

    civile et pnale (cela permet en effet de poser les bases dun tat). Elles soulignent le respectque nous devons avoir envers les prophtes et notre famille, les louanges ceux qui meurentdans la voie de Dieu, la non-hypocrisie, etc.

    Il faut cependant noter que certaines sourates ont t rvles Muhammad des moments eten des lieux diffrents et que ce classement nest par consquent pas certain.

    1.2.4 Une division en versets

    Les sourates sont elles-mmes divises en versets (de larabe yahau singulier, ytau pluriel,signifiant le signe divin ou le miracle) dont le nombre total est 6 236, sans compter la basmala

    introductive de chaque sourate hormis la neuvime, Le Repentir (At-Tawbah), qui nen apas, mais en comptant en revanche celle de la premire, LOuverture ( Al-Ftiha). titre decomparaison, la Bible contient traditionnellement 31 102 versets (23 145 dans lAncien Testament,7 957 dans le Nouveau Testament).

    Le terme utilis pour nommer les versets coraniques, les yt, nest pas seulementun terme typographique ou de mise en page : il affirme quechaque verset est unervlation miraculeuse.

    Le numro dun verset est crit la fin dicelui, dans le symbole spcial marquant la fin duverset. ce propos, les nombres crits en arabe se lisent dans le mme sens que lcriture arabe, cest--dire de la droite vers la gauche, mais ils commencent par les units, ce qui fait que le nombreapparatra dans le sens de lecture usuelle franaise. Ainsi, pour la langue franaise, le nombre 12,cest 10 puis 2 tandis que pour la langue arabe, cest conceptuellement2 puis 10. Tout compte fait,cela semble trs naturel : on commence toujours par le chiffre de poids le moins lev lorsque lonajoute des nombres entre eux !

    Les versets de prosternation Notons que certaines ditions du Coran signalent la quinzainede versets dits de prosternation avec le symbole plac la fin desdits versets. Il serait alorsrecommandde se prosterner mais cet usage nest pas rpandu partout.

    Lordre des versets Le Coran a trvl verset par verset Muhammad, et non sourate parsourate. chaque fois, le Prophte indiquait o il fallait placer le nouveau verset parmi ceux qui luiavaient t prcdemment rvls. Il est par consquent miraculeux de constater que le Coran est

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    bien ordonn et que les versets dune mme sourate senchanent correctement les uns la suite desautres, avec une fluidit et une beaut exemplaires.

    Contrairement ce que moult personnes pensent, le dernier verset rvl nest pas celui o Dieudit Aujourdhui Jai parachev pour vous votre religion, parfait pour vous Mon bienfait en agrantpour vous lIslm comme religion (cf.v:3, rvl lors du plerinage dadieu de Muhammad, quatre-vingt-unjours avant sa mort) mais celui-ci, qui nest quun avertissement supplmentaire et non

    une nouvelle lgislation, dans la sourateii

    La Vache (Al-Baqarah),neufjours avant sa mort :

    281. Prmunissez-vous contre le Jour o il sera de vous fait Dieu retour, o toute me recouvrera ses acquis,sans la moindre injustice...

    1.2.5 La rcitation du Coran

    Afin de faciliter sa rcitation, le Coran a t postrieurement divis en sept parties plus ou moinsgales (lesmanzil, pluriel demanzil), ce qui permet de le rciter en entier au cours dune semaine.

    Il est aussi divis en trente parties plus petites (les ajz, pluriel de juz), pour sa rcitation en unmois et en particulier celui du Ramadn. Chacune de ces trente parties dbute par le symbole .Enfin, chaque juzest aussi divis en deux autres parties (les ahzb, pluriel de hizb) qui sont leurtour subdivises en quatre quarts (les arb, pluriel derub).

    1.2.6 Larabe coranique

    Cest un arabe littraire trs particulier qui, mme pour des arabisants instruits, est difficile saisir. Sa prononciation est aussi trs particulire et miraculeuse, limage de sa calligraphie.Cette langue contient beaucoup darchasmes terminologiques (que lon retrouve cependant encorede nos jours chez les Bdouins), un beau phras rythm, fluide et assonanc, ainsi que des trsorsde figures de rhtorique (allgories, antithses, ellipses, mtaphores, mtonymies, paronomases, etc.)qui sont vecteurs de symboles et de sens, savoir le vritable arabe imag, elliptique ( jz) et coulantfluidement dune association dides une autre.

    Il est notamment bien plus ais de lire une traduction du Coran que le Coran lui-mme. Maisil ne faut pas perdre de vue que toute traduction nest plus la parole de Dieu... Le sens profonddes versets coraniques nexiste que dans sa langue originelle puisque chaque mot arabe utilis faitrsonner tous les sens des mots issus de la mme racine smitique.

    Dailleurs, seul le texte arabe originel rvl au Prophte est appel Coran ; les traductionsperdent le statut parfait de la parole divine et ne sont que des interprtations puisquil ny a aucunegarantie que le traducteur nait pas mcompris la parole de Dieu. Et mme lorsque nous lisons le

    Coran en arabe, il faut sassurer de ne pas linterprter, par exemple en le confrontant avec desahdth valides-srs.

    1.2.7 De lauthenticit du Coran

    La teneur et lauthenticit de la version crite de la rvlation faite au prophte Muhammadsont bien entendu insparables de lhistoire et de la datation de la mise par crit du Coran. Ilest vident que plus llaboration dfinitive est proche du temps de la rvlation, moins le risquedaltration est lev. Cest pourquoi la tradition orthodoxe islamique la plus rpandue professeque la dcision de la collecte du Coran intervint juste aprs la mort de Muhammad, en 632, au tempsdAb Bakr, le premier calife, et que la version officielle, absolument fidleaux rvlations reuespar Muhammad, vit le jour sous le califat de Uthmn, le troisime calife, peine une vingtainedannes aprs la disparition du Prophte. Nous pouvons donc lgitimement nous demander dansquelle mesure le Coran que nous connaissons aujourdhui, aussi appel le codex de Uthmn (al-mushaf al-uthmn), est fidle la rvlation qua reue Muhammad.

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    Il est possible de discuter longuement sur ce sujet inpuisable et source de dsaccordsnombreux entre les islamologues. Je ne pourrai moi-mme dailleurs pas trancher surce sujet donc je mabstiendrai de commentaires striles Dieu est plus connaissantsur tout cela. Mais il est de mon devoir de ni occulter ce problme dans mes mdi-tations ni le passer sous silence dans ce prsent document.

    Pour plus dinformations, vous pouvez par exemple consulter ltude 1 de Mohammad AliAmir-Moezzi et dEtan Kohlberg sur le Kitb al-QiratdAl-Sayyr, la plus ancienne monographieparvenue jusqu nous qui soit consacre la dlicate question de la falsification (tahrf) du Coran.Il permet notamment de mieux comprendre le shisme des premiers sicles de lhgire ainsi quelhistoire de la rdaction et des reprsentations musulmanes anciennes du Coran.

    Une compilation traditionnelle vers lan 650 Selon le rcit le plus rcurrent de la tradition orthodoxe islamique, aucune version complte du Coran nexistait la mort de Muhammad ; sesdiffrents Compagnons en possdaient des extraits plus ou moins longs inscrits sur toutes sortes desupports (feuilles de palmier, omoplates de chameau, tessons de poterie, peaux, pierres, etc.) et lesapprenaient par cur. Une premire recension fut dcide par le premier calife Ab Bakr, suivantle conseil de son futur successeur Umar, et excute par le scribe du Prophte, Zayd ibn Thbit,dabord rticent puisquil scria Vous voulez faire ce que lEnvoy de Dieu Lui-mme na pasfait ? Muhammad aurait-il ainsi voulu garder principalement le Coran ltat de rcitation oraleet rassembl dans la poitrine des hommes (jamal-qurn) ?

    Quoi quil en soit, cette premire compilation sappelle le codex entre les deux couvertures etresta, la mort de Umar, dans sa famille puisque sa fille Hafsa, lune des pouses du Prophte, en h-rita. Le troisime calife Uthmn, sur le conseil de son clbre gnral Hudhayfa, ralisa une recensionofficielle du texte coranique : cest le recueil modle (al-mushaf al-imm) nouveau compil parZayd ibn Thbit aid par des Qurayshites dont ni le nombre ni lidentit ne font lunanimit daprs

    les sources dont les islamologues disposent. Le calife donna enfin un caractre officiel et obligatoire cette recension : des copies en furent envoyes dans les diffrentes capitales des provinces de lempireet les versions prcdentes furent peu peu dtruites.

    Une compilation tardive vers lan 700 La compilation ralise par Uthmn soulve de nom-breux problmes. tant donn le nombre de mots et dexpressions nigmatiques prsentes dans leCoran, comme les oiseaux abblade la sourate cv Llphant (Al-Fl), le croyant origi-nel hanf, la plnitude al-samadde la sourate cxii La Religion foncire (Al-Ikhls) ouencore les fameuses lettres isoles (les ouvrantes al-fawtihnigmatiques au dbut de certainessourates), se posent au moins deux questions fondamentales : pourquoi les savants musulmans ne

    connaissaient-ils pas (ou plus) le sens de toutes ces expressions peine quelques dcennies aprs lamort du Prophte ? Et pourquoi le droit islamique comporte-t-il des aspects anticoraniques 2 sur lesrgles dhritage, les droits des veuves et ceux de la femme rpudie pendant sa priode dattente(idda) quelques dcennies aprs la mort du Prophte ?

    Cela semble indiquer une finalisation trs tardive et non consensuelle du Coran car il estdifficile de comprendre comment autant de sens ait pu tre perdu en lespace de quelques annes, moins que leur sens nait jamais t saisi, y compris par le Prophte lui-mme, ce qui me semble peuprobable. Cest pourquoi la rdaction du Coran vers lan 700, sous le califat de Abd al-Malik ibnMarwn, parat plus pertinente car entre la mort du Prophte et le dbut des Omeyyades, lhistoireet la mentalit des premiers musulmans ont d voluer, la suite des guerres civiles et des grandes

    conqutes. L encore, Dieu sait plus que quiconque la rponse ces questions.1. Voir larticle Rvlation et falsification paru dans le Journal asiatique, 293, 2005, 2, p. 663722.2. Daprs The Origins of Muhammadan Jurisprudencede Joseph Schacht.

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    Une altration ventuelle de la parole de Dieu La datation des rares manuscrits trs frag-mentaires dpoque prabbasside est difficile et sujette controverses, tout comme le contrle de latransmission du Coran avant sa rdaction dfinitive qui est souvent situe sous le califat de Abdal-Malik ibn Marwn, vers lan 700, cest--dire soixante-dix ans aprs la mort du Prophte.

    Et rien ne permet daffirmer quil ny a eu ni suppression ni ajout dans le Coran rvl au Prophte,que ce soit de sourates, de versets, de mots ou de variantes orthographiques ou lexicographiques. En

    outre, de puissants et riches lettrs de lpoque ont pu y prendre part, dautant plus quil ne faut pasoublier que dans le contexte politico-religieux fragile dalors, le calife et les hommes de pouvoir quilentouraient ne pouvaient pas ne pas tre attentifs cet aspect fondamental du pouvoir quest lamatrise des croyances. Un livre scripturaire unique codifi selon des dogmes tatiques tait srementla meilleure garantie de scurit doctrinale et donc politique. Cest en outre cette poque que lesahdth, la deuxime source scripturaire de lislm, ont commenc tre collects sous limpulsiondes califes.

    Les intellectuels musulmans eux-mmes nont jamais ni que la rception, la misepar crit et la transmission du texte coranique ont eu une histoire. Ils ont largementdbattu pendant de nombreux sicles, etds le dbut de lislm, du statut, ducontenu et de lhistoire du Coran. Et il ne faut en aucune faon occulter tous lesdbats dides qui ont eu lieu et la ralit complexe ; bien au contraire, nous devons entre conscients, raisonner et ne pas suivre docilement tout ce que lonnous a appris.La foi nest en effet pas reproduire mcaniquement mais sans cesse questionner ettenter de mieux comprendre et de mieux croire, dans la limite de ce que Dieu avoulu pour nous.

    Pour conclure mes propos sur lauthenticit du Coran, je ne dirai quune seule chose : croyonsen Dieu et la protection contre le changement et laltration de Sa parole , protection

    prenne quIl nous a Lui-mme assure dans la sourate xvAl-Hijr :

    9. cest Nous, en revanche, qui faisons descendre le Co-ran, aussi bien que Nous en assurons la garde.

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    1.3 Le Hadth

    La lumire du hadth est clatante, approche-toi et apprends.Imite sa voie pour atteindre lapprobation suprme.La Science nest que le Livre de Dieu ou une SunnaDont lclat dissipe toute quivoque.Emprunte la trace du Prophte et des Compagnons du Prophte,

    Suis son chemin, tu tapprocheras de la lumire.Suis leur voie, marche sur les traces de leur groupe.Tu seras de leurs compagnons en la prsence de Dieu.

    (Qurtub Ab Bakr)

    la diffrence de la parole de Dieu adresse directement au prophte Muhammad et rapporte parlui, les ahdth (pluriel dun hadth) sont les dires, les actions, les approbations explicites ou implicitesdes actes de ses Compagnons et les qualits morales et personnelles du Prophte considres commedes exemples suivre par les musulmans. Lensemble form par les ahdth et la vie de Muhammadconstitue laSunna, terme arabe signifiant le cheminement ou la pratique . Les musulmans

    soucieux de tirer des enseignements, notamment spirituels, de la vie du Prophte se doivent demditer dessus. Toute personne ayant en vue la flicit ternelle doit sappliquer tudier la sciencedu hadth. En outre, la Sunna, seconde source lgislative de lislm aprs le Coran, permet de dfinirla loi islamique : lashara, cest--dire la voie .

    Mdine est surnomme ce propos le foyer de la Sunna (dr as-Sunna) parce quelle futtmoin du mode de vie du Prophte.

    1.3.1 Hadth et Coran

    La distinction claire entre les ahdth et le Coran semble tardive. Initialement, le terme de coran

    (qurn) avec une minuscule est un nom gnrique pour dsigner tout ce qui a t entendu de labouche mme du Prophte. Ibn Sad rapporte 1 que le Compagnon Salima al-Jarm mentionne quil a collect de Muhammad beaucoup de corans [qurnan kathran] sur les prescriptions concernantla prire canonique. Il est certes vrai que le Coran rapporte peu dinformations sur la salt.

    Diffrencier les propos du Prophte et la parole de Dieu est aussi difficile lorsque Muhammadtient des paroles trs similaires celles crites dans le Coran, comme dans ses sermons de ladieu (khutbat al-wad) sur les femmes et les mois sacrs 2, ou encore lehadth qudsqui est une parole deDieu 3 dont la transmission est attribue Muhammad et qui nest pourtant pas dans le Coran.

    Quoi quil en soit, le hadth explique le Coran, interprte ses lois et tablit des

    prescriptions non exprimes dans le texte coranique : les deux se compltent pourla comprhension de la parole divine. Le Coran est la rvlation de Dieu et lehadth en est lapplication pratique.

    1.3.2 Le Sahh dal-Bukhr

    Le Sahh de limm al-Bukhr est le premier recueil dahdth compil selon des critres dauthen-tification draconiens. Il est reconnu valide-sr par les musulmans et constitue la premire sourcede la Sunna puisquil a la prminence. Il montre toute la perfection, la tolrance et la probit duProphte, cet homme hors du commun dont lhumanit na jamais engendr de semblable.

    1. Voir Al-Tabaqt al-kubr, dition dIhsn Abbs, Beyrouth, 1985, vol. vii, p. 8990.2. Voir larticle Le discours-testament du prophte de lislm par Alfred-Louis de Prmare dans ldition

    Floral Sanagustin, Paroles, signes, mythes : mlanges offerts Jamel Eddine Bencheikh, Damas, Institut franaisdtudes arabes de Damas, 2001, p. 301330.

    3. De tels ahdth, au nombre dune centaine, commencent par Votre Seigneur vous fait savoir : . . .

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    Al-Bukhr a mis au point son Sahh (terme signifiant valide-sr ) pendant seize ans. Sontravail mthodique et systmatique consistait surtout, une fois le contenu consign, sassurer deson authenticit. Il prcise en introduction de son Sahh quil la crit daprs le tmoignage de1 080personneset quil naccouchait dans le Sahh aucun hadth avant davoir accompli les ablutions etpri deuxrakat. Sa matrise de la science du hadth tait ingalable et il en connaissait tout lart.Il ne retint que 7 563 ahdth dans son Sahh, soit environ quatre mille en liminant les redits. Il ne

    sest cependant pas content de vrifier ce quil consignait mais il a aussi compos une tude trs richesur la vie des transmetteurs de ahdth : At-Trkh al-Kabr, cest--dire La Grande Histoire .En effet, la droiture na rien voir avec lapparence de dvotion affiche publiquement ; cest la viecomplte dunrw quil convient de prendre en considration.

    Des critres draconiens de slection Les ahdth peuvent tre rejets cause dun dtail,comme le montre lanecdote suivante : al-Bukhr arriva chez quelquun susceptible de connatre desahdth. Il sjourna plusieurs jours chez lui pour les recueillir. Avant de partir, il vit lhomme essayerde ramener lui une jument qui avait rompu son attache et pris la fuite. Dans limpossibilit derussir la faire revenir, il releva le giron de son habit, feignant de lui prsenter de lorge ! La btevint lui et il sen saisit. Quavez-vous mis dans votre giron ? lui demanda al-Bukhr. Rien,dit lhomme, ctait une feinte pour lattraper ! Alors al-Bukhr dchira ses feuilles et dit : Celuiqui a menti une bte est capable de mentir sur le Prophte.

    Ces critres de slection se nomment shurt (singulier de shart) et sont personnels chaquecollecteur de ahdth.

    1.3.3 La vie dal-Bukhr

    Son enfance N Bukhr, dans lOuzbkistan, aprs la prire du vendredi, le douzime jour dumois de shawwl 194 de lhgire (19 juillet 810), al-Bukhr a patiemment tudi et choisi parmiplus de six cents mille ahdthles 7 563 quil prsente dans son Sahh, recueillis auprs de 1 080

    matres. Le pre dal-Bukhr tait reconnu pour son savoir : il tait savant de la quatrime gnrationdesrw, les transmetteurs de ahdth. Toutefois, il mourut alors que son fils tait encore enfant, lelaissant dans le giron de sa mre, une femme de grande vertu aux invocations de qui Dieu rpondait.Il advint en effet que son fils perdt la vue en bas ge ; elle vit en songe le prophte Abraham lui direque Dieu lui a rendu la vue grce ses invocations. Le matin, lenfant recouvra la vue.

    Avide de science et dou dune prodigieuse mmoire, al-Bukhr retenait tout. Sa facult ne fit quesaccrotre au fil des annes. onze ans, il mmorisa la compilation des ahdth dIbn al-Mubraket corrigeait dj les personnes qui se trompaient lorsquelles citaient les chanes de transmission. lge de seize ans, il connaissait dj par cur soixante-dix mille ahdth ; il fit le plerinage LaMecque et y resta deux annes pour tudier le hadth. Ses sources de connaissances taient diverses et

    varies, issues de moult contres dans lesquelles il voyagea pour discuter avec les plus grands rudits.Il disait que le hadthologue natteint la perfection que lorsquil apprend de la gnration qui la

    devanc, de sa gnration et de celle qui le suit , ce qui fut le cas puisquil apprit de ses lves de lacinquime gnration aprs le Prophte. Il faisait beaucoup laumne, aidait les tudiants, mangeaittrs peu et excellait dans lart du maniement des armes. Tous ceux qui le connurent en firent sonloge, disant quil nexistait personne au monde plus encyclopdique que lui.

    La mise lpreuve dal-Bukhr Des docteurs en ahdth voulurent un jour tester son degrde savoir, ainsi que nous le relate Ibn Udayy :

    Un nombre de savants apprirent qual-Bukhr serait prochainement de passage Bag-dad. Ils choisirent cent ahdth dont ils brouillrent les chanes de transmission et lestextes, donnant ainsi chaque hadth une chane de transmission autre que la sienne.Chaque savant prit dix de ces ahdth et sapprta mettre al-Bukhr lpreuve du-rant leur rencontre. Les gens sassemblrent et lun des savants confronta al-Bukhr avecle premier lot de ses dix ahdth. Il rpliqua : Je ne le connais pas. Le savant lui

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    cita un autre hadth. Il rpondit : Je ne le connais pas. Et ainsi de suite jusquaudixime hadth. Les gens initis la science du hadth parmi laudience se regardrentet dirent : Lhomme sy connat , les autres pensrent que ctait un ignorant. Puisun autre exposa son tour ses dix ahdth, puis un autre, jusquau centime hadth etal-Bukhr rpondait invariablement : Je ne le connais pas. Quand il vit quils avaienttermin, il se retourna vers le premier savant et dit : La chane authentique de ton

    premier hadth est ceci, celle de ton deuxime hadth est ainsi. . . Puis il fit de mmeavec le deuxime savant, puis le troisime, et il poursuivit avec chacun deux jusquaudixime. ce moment, tout le monde eut la certitude quil tait un Hfidh(savant etmatre dans ce domaine).

    Le retour au pays Lorsqual-Bukhr revint dans sa ville natale, le gouverneur lui demanda devenir faire des sances de ahdth la cour, ce quil refusa 1 :

    Je ne veux pas rabaisser la science en la tranant aux portes des sultans ; si le gouverneury tient, quil vienne ma mosque ou chez moi, mais si cela lui dplat, quil minterdisede professer ; jaurai ainsi une excuse devant Dieu le jour du jugement dernier !

    Il fut alors expuls de sa ville natale. Il implora Dieu contre le gouverneur et en moins dun moisce dernier fut dmis de ses fonctions et mis en prison o il mourut. Quand al-Bukhr fut expuls, ilfut invit par les habitants de Samarkand mais il apprit quun dsaccord y tait survenu entre ceuxqui souhaitaient sa venue et les autres. Il campa en cours de chemin, attendant la fin du conflit maisil tomba malade et mourut. Il est dit quune fois, aprs la prire d al-ish, il implora Dieu en cestermes :

    Seigneur ! La terre, toute spacieuse quelle soit, sest rtrcie autour de moi ! Reprends-moi vers Toi Seigneur !

    Il mourut le mois mme, la veille de lAd al-Fitr, cest--dire pendant la dernire nuit de Ramadnde lan 256 de lhgire (870 aprs J.-C.), lge de soixante-deux ans lunaires et treize jours. QueDieu le reoive dans Sa misricorde.

    1.3.4 La transmission dun hadth

    Un muhaddth est un transmetteur de ahdth, cest--dire lun des chanons de l isnd ( larfrence , la preuve ). Ce sont cette chane des tmoins et la fiabilit que lon attribue ceux-ciqui permettent dvaluer le degr de recevabilit dun hadth.

    Le travail de collection des ahdth et de recherche de leur authenticit ncessite une trs granderigueur. Il faut notamment sassurer de leur source et des opinions et biographies des personnes pr-

    sentes dans la chane de transmission. Pour tre complet, un hadth ncessite en effet de possder unechane de transmetteurs et un nonc. La Sunna prophtique nous vient des Compagnons de Mu-hammad qui lont intgre puis communique aux musulmans, telle quils lont entendue, dpourvuede toute falsification et dinnovation.

    Lacquisition dun hadth Le hadth sacquiert de plusieurs faons : par le cours du professeur,le muhaddth, qui soit expose le hadth et le dicte ses lves cest lusage le plus courant , soitremet un recueil 2 de ahdth son lve et lautorise le diffuser comme manant de lui 3 ; par lasoumission au professeur soit dun hadth qui lui est lu et soumis son approbation, soit dun recueilquil doit ratifier. Dans tous ces cas, llve est habilit dire quil rapporte ces ahdth selon le

    professeur un tel.1. Voir Fath al-Br, i, 265.2. Ce recueil est une munwala orale, encore appele muchfaha. La munwala crite, ou muktaba, concerne

    seulement les crits de ahdth changs entre les docteurs dans diffrents pays.3. Cette autorisation de diffusion son nom sappelleijaza.

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    Le recueil du Hadth Les Compagnons du Prophte ne cessaient de se relayer les ahdth entreeux et ne doutaient pas de leur rciproque sincrit. Le hadth ntait en effet pas crit puisqueMuhammad en avait prohib la transcription de peur quil ne ft confondu avec le Coran, si bienquils le rptaient sans cesse pour lapprendre. En outre, le Prophte craignait srement dtresanctifi comme le fut le Christ par les chrtiens et que le hadth prt une plus grande importanceque la parole divine qui se retrouverait alors dlaisse ; cest pourquoi Muhammad rptait souvent

    que lui-mme ntait quun simple trehumain.Il est conseill quiconque se proposant de parler du hadth de se mettre en tat de puret,

    de revtir ses meilleurs habits et de se parfumer par dfrence pour le Prophte. Lorsque Sad Ibnal-Musayyab, tendu malade, voulut citer un hadth, il demanda ce quon lasst au pralable.

    Voici un exemple 1 prouvant la grande importance que revt le hadth et le fait quil faille trevigilent et attentif lorsque nous en parlons :

    La mosque du Prophte devint trop petite pour contenir tous les fidles. Au sud setrouvait une maison appartenant al-Abbs, loncle du Prophte. Omar la lui demandapour agrandir la mosque. Je te fais trois propositions, lui dit Omar, choisis celle qui

    te convient : la vendre au prix que tu fixes et que je prlverai sur le trsor public, te construire en change une maison, l o tu voudras Mdine, et qui sera galementpaye par le trsor public, ou en faire don la mosque ! Je naccepte aucune de cespropositions, dit al-Abbs. Alors je recours larbitrage dune personne de ton choix,dit Omar. Allons trouver Ubayy Ibn Kab, dit al-Abbs. Arrivs devant lui, ils luisoumirent laffaire. Je vous cite, si vous voulez, dit Ubayy, un hadth du Prophte (prireet salut de Dieu sur lui) ! Bien volontiers ! dirent-ils. Jai entendu le Prophte direque Dieu rvla David lui disant : Construis-Moi un temple o Je serai ador. Davidtraa le plan du Temple ; mais une maison appartenant Un quelquun de Ban Isrlse trouva au coin. David lui demanda de la lui vendre, mais le propritaire refusa. Davidpensa alors la lui enlever. Dieu lui rvla : David, Je tai demand de Me construire untemple pour Mon adoration, et voil que tu tentes dy introduire un bien usurp, alors quelusurpation nest pas de Ma nature ! Ta punition sera de ne pas le construire ! Seigneur,implora David! daigne que lun de mes enfants le construise! Entendu, lui dit Dieu,lun de tes enfants ldifiera ! Omar se saisissant des vtements dUbayy Ibn Kab luidit : Je suis venu pour une question et voil que tu soulves une autre plus pineuse,il faut fournir la preuve de ce que tu avances ! Il lentrana la mosque et le prsentadevant un cercle de Compagnons du Prophte, comprenant entre autres Ab Dharr (queDieu soit satisfait de lui). Je cherche quelquun qui a entendu le Prophte parler dela construction du temple de Jrusalem, lorsque Dieu a ordonn de ldifier ! Moi, ditAb Dharr, je lai entendu parler de ce fait ! Moi aussi ! dit un deuxime. Et moi !

    dit un troisime Compagnon. Alors sadressant Ubbay, Omar Ibn al-Khattb dit : Par Dieu! Je ne doutais pas de ta bonne foi, mais je ne veux pas que lon aborde lalgre les propos du Prophte ! Sadressant al-Abbs, il dit : Va ! Je ne te demandeplus rien ! Du moment que tu dis cela, dit al-Abbs, je fais don de ma maison auxmusulmans pour agrandir la mosque.

    Le rwdoit tre pubre 2, jouir dune mmoire fidle et dune intgrit parfaite. Il doitaccomplir rgulirement ses devoirs religieux et sabstenir de commettre ce que Dieu a prohib. Il nement ni ne diffame et tient toujours ses promesses. Ils sont donc dignes de confiance ( thiqa).

    Al Ibn Ab Tlib dit : Entretenez les gens selon le degr de leur entendement ; acceptez-

    vous que lon traite Dieu et Son messager de menteurs ? (hadth 127 dal-Bukhr)

    1. Voir Ulm al-hadth, Science et Terminologie du hadth , par Subhi Slih.2. La pubert dfinit la majorit religieuse partir de laquelle les musulmans sont responsables de leurs actes.

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    Il faut donc transmettre exclusivement le savoir aux uns plutt qu dautres, de crainte quils nelentendent mal. Mais lorsque nous parlons, il ne faut pas occulter le message de lumire et de vritde Dieu.

    La classification des ahdth Quatre catgories existent :

    ceux qui sontauthentiques,valides-srs(sahh) ; ce sont les meilleurs : ils ont une chane de

    transmetteurs (sanad) rgulire qui aboutit jusquau Prophte, chaque transmetteur (rw) estintgre et de mmoire fidle, le contenu (matn) est conforme. Si lun des deux premiers pointsfait dfaut mais que le hadth est appuy par dautres ahdth valides-srs qui confirment sonauthenticit, alors il est lui aussi valide-sr. Si un hadth est rapport par plusieurs rw, il estdit clbre (mutawattir) ; sinon, il est mono-source (gharb) ;

    ceux qui sontacceptables,bons(hasan) ; leursanadest rgulier et leurmatnconforme maisau moins un transmetteur na pas une mmoire infaillible ;

    ceux qui sontfaibles(daf) ; bien que leurmatnsoit conforme, leursanadprsente une lacuneou unrwest inconnu ;

    ceux qui sont faux,invents(mawd) ; il est interdit de les citer sauf pour mettre en garde

    contre eux les non-initis.

    Des recueils clbres de ahdth Les trois plus grands recueils sont le Sahh dal-Bukhr, leSahh de Muslim ainsi que le Muwattde limm Mlik, bien que ce dernier soit davantage considrcomme un livre de jurisprudence. Ensuite, les recueils dat-Tirmidh, dAb Dwud, dAhmad IbnHanbal et dan-Nas sont de grande qualit.

    La prminence va au tout premier classificateur (musannaf) qui na recueillit que le valide-sr, savoir al-Bukhr. Son lve Muslim produisit aussi un recueil dexcellente qualit mais comme ledit ad-Draqutn, sans al-Bukhr, il ny aurait pas eu de Muslim .

    1.3.5 Quelques mots sur le ProphteNombreux sont les musulmans qui affirment que Muhammad tait illettr, do le fait que la

    rvlation du Coran ft un miracle supplmentaire ce qui ne dnigre de toute faon en rien lesautresvritableset indnombrablesmiracles du saint Coran. Cependant, je nai pas (encore) trouvde versets coraniques ou de ahdth qui soutiennent clairementcette affirmation. Dans le doute, ilvaut mieux ne pas croire en son illettrisme qui semble plutt provenir dune tendance apologtique.Peut-tre quil tait illettr, peut-tre quil tait lettr non rudit, peut-tre quil ntait pas dansson habitude dcrire quoi quil en soit, cela nenlve rien lorigine divine du Coran.

    Que les fidles musulmans ne soffusquent pas en lisant le paragraphe ci-dessus ! Leurraison est normalement capable, avec la guidance de Dieu, denvisager leur histoireet celle du Coranen toute quitude. Cela ne change en rien lesqualitsde cettesainte criture. Et Dieu est plus connaissant que quiconque sur lillettrisme ou nonde son Envoy.

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    2 Lislm

    Lislm est, avec le christianisme et le judasme, lun des trois rameaux du monothisme issus dela religion dAbraham. Son univers spirituel a donn naissance une magnifique culture et unecivilisation dont le Coran est la source majeure dinspiration et de transcendance.

    Malgr des priodes de troubles et de fanatisme, comme cest le cas dans toute religion et ci-vilisation, il nen faut pas moins noter lrudite excellence des savants musulmans et les nombreuxmoments douverture, de rationalisme et de pluralisme intellectuel et spirituel qui font de la culturemusulmane lune des plus riches et enrichissantes du monde.

    tymologiquement, le musulman est celui qui se soumet Dieu . Dans le Coran, ilest mme dit que les aptres de Jsus sont de ceux qui se soumettent (bi-ann muslimn, cf.iii:52),utilisant donc le terme de musulmans dont le sens est rest le mme de nos jours pour les arabophones.En revanche, ceux qui ne parlent pas larabe, quils soient croyants ou non, ne voient tort quunevision restrictive du mot, savoir que ne sont musulmans que ceux qui suivent Muhammad.

    LIslm, avec une majuscule, est dsign par le mot ad-Dndans le Coran; cest la soumission Dieu. Celle-ci passe par les trois aspects suivants :

    lislm: la soumission dans nos actions ; lmn: la soumission dans la foi; lihsn: lexcellence dans le suivi du chemin montr par Dieu.

    Nous verrons dans cette section de nombreuses facettes de lislm par le truchement du Coran,de la Sunna et du hadth, notamment ceux du hfidh1 al-Bukhr.

    Le septime hadth retrace lenqute que lempereur byzantin Hraclius avait menesur le Prophte : celui-ci recommande dadorer Dieu sans rien Lui associer, il interditlidoltrie et il prconise la prire, la franchise et la vertu. Muhammad prcise en

    outre : Gens des critures, convenons les uns et les autres de ce point communentre nous.

    Le Messager de Dieu dit : LIslm est bti sur cinq fondements, savoir : lattestationquil ny a de Dieu quAllh et que Muhammad est Son Messager, laccomplissement dela prire, laquittement de laumne, le plerinage, et le jene du mois de Ramadn.

    (hadth 8 dal-Bukhr)

    2.1 La foi

    La foi constitue le thme du deuxime livre dal-Bukhr. Elle est atteste par la parole etconcrtise par les actes. Elle augmente par lassiduit dans la dvotion et le comportementquotidien de pit. Dieu emplit le cur des croyants dun rconfort apaisant et fait rayonner leurme de joie. Il accrot en eux la foi, les guide et les mne vers le salut.

    Le calife Omar Ibn Abd al-Azz prcise que la foi comprend :

    des actes obligatoires ; des articles de foi; des interdits; des uvres de surrogation 2.

    1. Cest le plus haut grade dans lrudition du hadth. De telles personnes sont trs peu nombreuses, et parfoisinexistantes certaines poques.

    2. La surrogation est ce que lon fait de bien au del de ce que lon est cens faire. Par exemple, une priresurrogatoire est toute prire ralise en plus des cinq prires quotidiennes obligatoires. Toutefois, tant donn lafaiblesse naturelle de ltre humain, il faut prendre garde ne pas trop faire dexcs de zle dans ladoration de Dieu :Il nimpose une personne que ce quIl sait quelle pourra accomplir.

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    Abdallah Ibn Omar dit : Lhomme natteint la vritable pit que lorsquil vite de faire cequi embrouille sa conscience. Ainsi, fuir tout ce qui peut loigner le musulman de Dieu est un actede foi. Un musulman applique dj une moiti de la foi en se tenant lcart des interdits comme levol, ladultre, linfanticide, les mensonges odieux comme une femme qui attribue son poux lapaternit dun enfant btard , les boissons alcoolises, la drogue, la viande de porc, etc.

    La foi est cependant fragile si lon ny porte pas attention : dans son vingt-septime hadth, al-

    Bukhr rapporte que le Messager de Dieu fait un don un homme qui lui est moins prfrable quunautre en ce qui concerne la pratique de lIslm. Il agit en ralit de la sorte pour le maintenir dans lafoi et de la consolider afin quil naille pas en Enfer. Le Prophte na alors rien donn un musulmanexemplaire dont la foi est inbranlable, convaincu quil ne risquerait pas de tomber dans lhrsie.

    Dans la sourate ii La Vache (Al-Baqarah), nous est donne une dfinition de la pit :

    177. La pit ne consiste pas tourner votre tte dulevant au couchant. Mais la pit consiste croire enDieu, au Jour dernier, aux anges, lcrit, aux pro-phtes, donner de son bien, pour attach quon

    y soit, aux proches, aux orphelins, aux misreux,aux enfants du chemin, et pour (laffranchissement)desclaves, accomplir la prire, acquitter la purifi-cation, remplir les pactes une fois conclus, prendrepatience dans la souffrance et ladversit au momentdu malheur : ceux-l sont les vridiques, ce sont euxqui se prmunissent.

    Le Prophte dit : La foi est forme de soixante et quelques rameaux, la pudeur en estun.

    (hadth 9 dal-Bukhr)

    La pudeur est le sentiment que lon prouve la pense dune action mauvaise non encore ralise ;cest la retenue des mauvais actes et le soutien des justes causes. Le fidle prfr en Islm est celuiqui sabstient de pcher. Il sagit aussi de faire montre dhospitalit et de ne jamais nuire une tiercepersonne ; bien au contraire, il faut aimer pour celle-ci ce que lon aime pour soi-mme, sachant quenous ne devons aimer aucun tre plus que Dieu et Son Prophte puisque toute personne aime nedoit ltre que pour Dieu.

    Le salut se doit dtre adress aux personnes que nous croisons : saluer les gens est un appel lapaix puisque le salut veut dire paix (as-salm) en arabe. Il faut en outre toujours reconnatre sestorts, puisque cest accorder aux autres leurs droits. Faire laumne, mme dans la gne, cest fairepreuve dune noble gnrosit et de solidarit mutuelle. Tout cela fait partie des rameaux de lIslm.

    Le Prophte dit : Le vritable musulman est celui dont les musulmans sont labri dumal caus par sa langue et par sa main. Le vritable migrant est celui qui fuit ce queDieu a interdit.

    (hadth 10 dal-Bukhr)

    Du temps du Prophte, tout musulman souhaitait pouvoir bnficier de la rcompense divinepromise ceux qui ont migr Mdine pour soutenir la cause du Prophte. Or, aprs la conqutede la Mecque, cette rcompense fut supprime. Son quivalent est prsent dans ce hadth : toutepersonne qui sabstient de commettre des pchs est autant rcompense que si elle avait migr Mdine au dbut de lIslm.

    Lors de son ascension au del des cieux pour recevoir les enseignements divins, le Messager deDieu vit que les femmes taient majoritaires en nombre dans les feux de la Ghenne :

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    Le Prophte dit : LEnfer me fut expos ; ses habitants taient en majorit des femmes,pour leur ingratitude ! Sont-elles ingrates envers Dieu ? lui demanda-t-on. Il dit : Elles le sont envers leurs conjoints, elles mconnaissent leurs bienfaits. Si tu fais du bien lune delles toute ta vie et quune fois elle constate une ngligence, elle dit : Jamais

    je nai vu de bien de ta part.

    (hadth 29 dal-Bukhr)

    Ce nest bien entendu pas une vrit gnrale : il existe des femmes vertueuses, tout comme ilexiste des maris ingrats envers leur(s) pouse(s). Selon moi, ce hadth vise davantage insister surle fait que lamour, le dialogue et la complicit entre les poux doivent rgner au sein dun couple.Les bienfaits procurs par un conjoint sont une bndiction divine et il faut savoir les reconnatre.

    Au sujet de la foi, il est souvent dit dans le Coran que les femmes ont une dvotion incomplte : ellesseraient de moindre adoration puisquelles manquent au jene et la prire pendant leurs menstrues,et de jugement infrieur puisque leur tmoignage compte pour moiti de celui de lhomme. Il nenfaut cependant pas moins noter que ce manque dadoration pendant les rgles peut trecompenspar des actions vritables et agres par Dieu : laumne, ledhikr(la pense au Seigneur et la

    rcitation du Coran), lducation de ses enfants, la prservation de lamour et de la douceur dans sonfoyer, etc. Quant au jene, il peut facilement tre rattrap, en tat de purification, aprs le Ramadn.La femme ne devrait donc pas se sentir infrieure lhomme dans le domaine de la foi ! Quelle sesouvienne que toute personne qui possde en son cur un atome de bien sortira de lEnfer, si jamaisDieu a voulu quelle sy rendt de manire passagre !

    Le pch dassociation est le seul pch que Dieu ne puisse pardonner ; tout autrepch peut tre pardonn qui Il veut. Les pchs sont une pratique de la jhiliyya, savoir ltat dignorance de Dieu et de Ses lois, dans lequel se trouvaient les arabesavant lIslm.

    Tandis que le croyant craint Dieu, lhypocrite 1 se croit labri de Son chtiment.

    Aubb29, la tarjama dal-Bukhr, cest--dire la sorte de prface quil apporte un hadth,rapporte ce dire du Prophte : Le culte le plus aim de Dieu est le plus simple, commecelui dAbraham. LIslm est une religion souple qui ne doit en aucun cas tre applique avectrop de rigueur. Il faut faire de son mieux, en tchant de sapprocher de lidal autant que possible,confiants en la bont de Dieu. La foi doit tre sincre ; Dieu rcompense toute bonne action au dcupleet tend Ses faveurs Son gr. La meilleure uvre aux yeux de Dieu est celle qui est assidmentaccomplie : ce sont de telles uvres qui, mme modestes, entretiennent quotidiennement la foi. Se

    dvouer au commun du peuple en linstruisant et en uvrant pour son bien fait partie du fondementde la foi.

    [...] Jai entendu le Messager de Dieu dire : Quand deux musulmans saffrontent, lespes la main, tu et tueur iront tous deux en Enfer. Envoy de Dieu, lui dis-je,le tueur le mrite, mais pourquoi la victime ? Parce quelle voulait la mort de sonvis--vis !

    (hadth 31 dal-Bukhr)

    Cest une pense fort belle mditer !

    1. Lhypocrite est dfini dans le hadth 34 dal-Bukhr comme celui qui trahit la confiance place en lui, mentquand il parle, trahit la foi jure et tombe dans la perversit quand il se prend de querelle avec quelquun.

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    2.1.1 Le savoir

    Raba Ibn Ab Abd ar-Rahmn al-Madan, professeur dAnas Ibn Mlik dit : Quiconquepossde un savoir ne doit pas se faire tort lui-mme (en refusant de lenseigner). Qui-conque omet de transmettre le savoir participe lextinction du savoir et lapparition de lignorance.Il encourt donc sa responsabilit devant Dieu. Le savoir steint par la mort des savants ; ceux quipossdent une connaissance se doivent donc de lenseigner autrui. Sils ngligent de diffuser leur

    savoir, ils privent les autres de ses bienfaits et sont eux-mmes en chemin de loublier. Le tort estainsi double, et leurs connaissances steignent avec eux.

    Heureusement que les propos du Prophte ont fini par tre enregistrs et transmis dans les critsconstituant la Sunna ! Gardons en vue que faire part de son savoir revt plus de valeur que possdertelle ou telle richesse ! Il faut cependant veiller ne jamais mentir puisque celui qui ment au sujet duProphte srige une demeure en Enfer...

    Le Prophte dit : Dieu ne retire pas le savoir en lextirpant des curs des gens, mais ille fait par le dcs des savants. Une fois quil ny aura plus de savants, les gens liront deschefs ignorants. Quand on fera appel eux, ils rendront des jugements sans fondement,sgareront eux-mmes et gareront les autres.

    (hadth 100 dal-Bukhr)

    Il faut toujours prendre soin denseigner par intervalles pour ne pas lasser lauditoire. Lors duneprche, limm ne doit pas allonger outre mesure le temps de la prire en commun car cela dcourageles gens ; parmi les prsents, se trouvent en effet le malade, le faible et le press. Il sagit de faciliterla pratique de la religion, et non de rebuter les gens. Enfin, notons quil est de bon ton pour sonauditoire, lorsque lon est interrog par une tierce personne alors que lon est occup parler dunautre sujet, de ne rpondre quaprs avoir termin son propos.

    Quiconque vient pour sinstruire, Dieu le couvre de Sa protection et lui accorde Sa misricorde. Les anges couvrent de leurs ailes les assistants aux cours. Si lon voit une place libre, on peutsy installer mais en aucun cas il nest permis de faire lever quelquun pour occuper sa place. Ilest aussi possible, en cas de timidit, de prendre place derrire les auditeurs. Les prsents doiventtransmettre les enseignements aux absents 1.

    Le vritable musulman doit mener une vie bnfique pour lhumanit et le milieu o il vit. Celui qui Dieu veut du bien, Il linstruit en religion , dit le Prophte tel que le rapporte al-Bukhr dansson hadth 71.

    Le Prophte prvient aux ahdth 80 et 81 dal-Bukhr que parmi les signes de lheure ultime,on peut citer la rgression du savoir (religieux), la progression de lignorance, la gnralisation desboissons enivrantes, la manifestation de ladultre et le surnombre des femmes . Ce surnombre

    sexplique par les guerres qui causent davantage de victimes chez les hommes que chez les femmes.Ladultre dtruit la ligne familiale et fait apparatre des flaux destructifs comme le sida.

    2.1.2 Les menstrues

    Le sixime livre dal-Bukhr aborde le thme des menstrues. Dieu le Trs Haut dit dans lasourateii La Vache (Al-Baqarah) :

    222. ils tinterrogent sur les menstrues. Dis : Cest uneaffection . Isolez-vous des femmes en cours de mens-truation. Napprochez delles quune fois purifies.

    Quand elles seront en tat, allez elles par o Dieula pour vous dcrt Dieu aime les enclins au repentir. Il aime les scru-puleux de puret.

    1. Il ne faut pas oublier que les gnrations futures font partie de ces absents .

  • 8/14/2019 Julien lie - lments de rflexion sur le saint Coran

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    Le termeadh, ici traduit par affection , est difficile rendre en franais. Certains le rendentpar souillure ou mal , voire inconvnient . Or Dieu lie explicitement cet adh lactesexuel. Il est normal pour une femme davoir ses rgles, et ce nest ni un mal ni une souillure. Enrevanche, les musulmanes doivent sabstenir de rapports sexuels pendant leur priode de rgles. Cestdavantage une prcaution dhygine quautre chose puisquil nexiste pas, ma connaissance, decontre-indication cela. Pendant les menstrues, certaines femmes peuvent certes prouver davantage

    de dsir et de plaisir lors dun rapport, mais elles nen demeurent pas moins plus vulnrables (fatigue,douleurs, hypersensibilit, etc.), dautant plus que cette priode est propice aux infections aussi bien