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1 JULES VERNE, ou le voyage dans l’espace et dans le temps. Jules Verne est né à Nantes le 8 février 1828, d’un père magistrat et d’une mère issue d’une famille aisée qui comptait des navigateurs et des armateurs. Se destinant à prendre la succession de son père, Jules Verne étudia le droit, au point de soutenir une thèse… Néanmoins, durant cette période, il commença l’écriture de nombreux récits, dont le contenu préfigure déjà les futurs Voyages Extraordinaires . C’est en fait grâce à la rencontre d’un célèbre éditeur, Hetzel, que Jules Verne devient célèbre, notamment après la publication en 1862 – 1863 du fameux Cinq semaines en ballon . Ce dernier constitue ainsi le début d’une longue lignée de romans, qui prendra fin en 1905 après la mort de l’auteur. Or, outre les quatre-vingts romans qu’il a publiés, Jules Verne est aussi l’auteur d’une Géographie illustrée de la France et de ses colonies (1868) et d’une Histoire des grands voyages et des grands voyageurs (1878). Partant de là, il n’est pas étonnant de retrouver constamment les dimensions de l’espace et du temps dans ses différents romans, auxquelles il faut ajouter une capacité d’imagination et d’anticipation très importante, mais tout aussi surprenante. L’œuvre et la volonté de Jules Verne se résument parfaitement dans cette citation de 1894 : « Mon but a été de dépeindre la Terre, et pas seulement la Terre, mais l’univers, car j’ai quelquefois transporté mes lecteurs loin de la Terre dans mes romans. » Jules Verne à sa table de travail à Amiens.

JULES VERNE, ou le voyage dans l'espace et dans le temps

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Page 1: JULES VERNE, ou le voyage dans l'espace et dans le temps

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JULES VERNE, ou le voyage dans l’espace et dans le temps.

Jules Verne est né à Nantes le 8 février 1828, d’un père magistrat et d’une mère issue d’une famille aisée qui comptait des navigateurs et des armateurs. Se

destinant à prendre la succession de son père, Jules Verne étudia le droit, au point de soutenir une thèse… Néanmoins, durant cette période, il commença l’écriture

de nombreux récits, dont le contenu préfigure déjà les futurs Voyages Extraordinaires. C’est en fait grâce à la rencontre d’un célèbre éditeur, Hetzel, que Jules

Verne devient célèbre, notamment après la publication en 1862 – 1863 du fameux Cinq semaines en ballon. Ce dernier constitue ainsi le début d’une longue lignée

de romans, qui prendra fin en 1905 après la mort de l’auteur. Or, outre les quatre-vingts romans qu’il a publiés, Jules Verne est aussi l’auteur d’une Géographie

illustrée de la France et de ses colonies (1868) et d’une Histoire des grands voyages et des grands voyageurs (1878). Partant de là, il n’est pas étonnant de

retrouver constamment les dimensions de l’espace et du temps dans ses différents romans, auxquelles il faut ajouter une capacité d’imagination et d’anticipation

très importante, mais tout aussi surprenante.

L’œuvre et la volonté de Jules Verne se résument parfaitement dans cette citation de 1894 :

« Mon but a été de dépeindre la

Terre, et pas seulement la Terre,

mais l’univers, car j’ai quelquefois

transporté mes lecteurs loin de la

Terre dans mes romans. »

Jules Verne à sa table de travail à Amiens.

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Aux dimensions de l’espace et du temps (ainsi qu’à celles de l’anticipation et de l’imagination) développées par l’auteur, s’ajoute une connaissance approfondie

des progrès scientifiques et techniques de cette deuxième moitié du 19° siècle, ainsi que l’emploi d’un vocabulaire rigoureux, précis et adapté. Extrapolant dans

l’espace et dans le temps les possibilités offertes par la science et la technique de son époque, Jules Verne nous offre ainsi des romans aux scénarii mélangeant la

science-fiction et le réalisme. De même, le souci permanent de donner des faits précis et exacts, dans la mesure du possible, permet à l’auteur de ne pas sombrer

dans la rêverie et l’illusion les plus totales, mais au contraire de plonger le lecteur dans des voyages dont la possibilité et la finalité ne font finalement plus de

doutes… Néanmoins, l’auteur fait parfois preuve d’un manque de cohérence et de crédibilité dans certains de ses développements. Cette remarque doit cependant

être relativisée par le fait que nous avons un regard a posteriori des romans de l’auteur : en effet, un siècle environ nous sépare de l’auteur et de son œuvre, et il est

tout aussi difficile de faire un bond d’un siècle en arrière qu’un bond d’un siècle en avant...

De même, les rapports entre l’homme, la société et l’espace constituent une des pierres angulaires de l’œuvre de Jules Verne. Le souci permanent de situer les

faits dans l’espace et dans le temps confère à ses nombreux récits une dimension rationnelle dans un univers qui ne l’est pas toujours. L’habileté de l’auteur réside

ainsi dans sa capacité à mélanger ce qui est antinomique (le réel et la science-fiction par exemple), tout en ayant soin de décrire parfois le monde en détail, narrant

une situation (ou un voyage) qui a tout lieu de s’être réellement produite.

A partir de l’analyse de quelques-uns de ses plus célèbres romans, nous allons essayer de vous donner l’envie de re-découvrir l’œuvre de Jules Verne…

L’œuvre de Jules Verne associe ainsi les dimensions de l’espace et du

temps aux progrès scientifiques et techniques (ce qui permet les voyages

et les découvertes). De plus, ce dernier fait preuve aussi d’une formidable

imagination, ce qui renforce le caractère fantastique de ses récits. Cette

capacité d’extrapolation (dans l’espace et dans le temps) est ainsi à

l’origine des Voyages Extraordinaires.

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A) - Voyage au centre de la terre (1864) : un voyage doublement imaginaire…

Voyage au centre de la terre (1864) constitue un bon exemple de mélange entre réalisme et imaginaire. Plus qu’un voyage au centre de la terre, il s’agit d’un

voyage dans le temps que nous propose l’auteur. Se retrouvant à 120 kilomètres sous terre (environ), les héros découvrent un univers totalement différent de celui

qu’ils ont quitté, où les écosystèmes correspondent beaucoup plus, a priori, à ceux des époques préhistoriques et antédiluviennes, qu’à ceux de la fin du 19° siècle.

La description du voyage en lui-même représente l’essentiel du roman (soit un peu moins des 2/3), et nous observons une très forte corrélation entre la distance

parcourue à l’intérieur de la terre et le voyage dans le temps. La narration sous forme d’un carnet de bord, décrivant scrupuleusement les différentes couches

géologiques rencontrées, confère au récit une crédibilité tout à fait honnête, même si parfois certains passages manquent de cohérence et de réalisme par rapport à

l’ensemble du texte…

Ce voyage est doublement imaginaire : d’une part il est impossible

de pénétrer au centre de la terre, mais en plus l’auteur s’est amusé

à décrire un périple (quand on note les lieux visités un par un et

qu’on les reporte sur une carte) qui lui aussi est purement

imaginaire : les héros reviennent en fait sur leurs pas au milieu du

voyage et ne peuvent donc remonter par le Stromboli comme le

laisse croire Jules Verne. La carte suivante est explicite…

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B) - De la terre à la lune (1865) : anticipation, extrapolation ou coïncidence… ?

De la terre à la lune (1865) est l’archétype de l’œuvre d’anticipation. Pour autant, et malgré cette affirmation, Jules Verne a-t-il réellement fait preuve

d’anticipation, d’extrapolation, ou est-ce son imagination qui a été rattrapée un siècle plus tard par la réalité ? Le sous-titre, quant à lui, n’en est pas moins tout

aussi intéressant : « Trajet direct en 97 heures 20 minutes... ». Or, la mission Apollo 11 du 16/07/1969 relia la terre à la lune en 102 heures, 45 minutes et 40

secondes !!! La description des préparatifs et de la mise en place du projet constitue ici l’essentiel du roman, le voyage ne représentant que quelques pages.

L’utilisation et la restitution précise des dernières connaissances en matière de balistique permettent à l’auteur de donner beaucoup de réalisme au projet, même si

les dimensions démesurées du canon semblent parfois difficiles à accepter, bien que l’action se déroule aux U.S.A., le pays, où déjà à l’époque, tout est possible !

La référence à l’habitat est centrale ici aussi, puisqu’il s’agit de projeter des hommes de la terre à la lune, afin que ces derniers puissent coloniser le satellite naturel

de la terre et y vivre. Or, le postulat de départ, et qui est celui des scientifiques de l’époque considérée, est que la lune est habitée (par les Sélénites). La seule

difficulté, a priori, consiste à acheminer correctement les hommes vers leur destination, la possibilité de s’établir sans aucune difficulté sur la lune étant

communément admise. Une fois encore, Jules Verne extrapole, mais anticipe aussi, les possibilités des inventions de la fin du 19° siècle.

Suivant les principes de la

balistique, les scientifiques

du roman sont persuadés

que le seul moyen d’aller sur

la lune est d’envoyer un

énorme projectile, à l’image

des boulets de canon et

autres balles de fusils !!!

Page 5: JULES VERNE, ou le voyage dans l'espace et dans le temps

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C) – Le tour du monde en 80 jours (1873) : un voyage aux nombreuses facettes.

Le tour du monde en 80 jours est certainement le roman de Jules Verne le plus connu et le plus lu, avec bien évidemment Vingt milles lieues sous les mers.

L’idée de départ de ce roman est pourtant très simple : un gentleman anglais, fortuné, parie de faire le tour du monde en 80 jours. Le titre est d’ailleurs on ne peut

plus explicite, car il établit clairement les rapports entre les deux dimensions fondamentales de ce voyage, l’espace et le temps, à savoir parcourir la surface du

globe terrestre en 80 jours maximum. Dans le cadre de cette aventure, l’objectif de l’auteur est aussi de décrire la géographie et l’histoire des principaux pays et

continents traversés. Or, la géographie et l’histoire sont des disciplines qui ont respectivement pour objet d’étude l’espace et le temps. Nous avons donc affaire à

une volonté bien précise de l’auteur d’introduire dans son voyage (donc dans son roman) ces deux dimensions fondamentales qui sont aussi les dimensions

incontournables de la construction d’un voyage initiatique…

Fidèle aux aspirations de son époque,

Jules Verne traduit ainsi l’intérêt porté aux

voyages, aux découvertes, à la

géographie et à l’histoire. La description

du roman, elle aussi sous forme de carnet

de bord (comme, par exemple, dans

Voyage au centre de la terre) permet de

faire une cartographie des pays et des

lieux traversés, donc de visualiser enfin le

monde dans sa globalité. Les pays, les

régions, les lieux traversés servent aussi

de prétextes à l’auteur pour faire une

critique du monde observé : Passepartout

est d’ailleurs celui par qui la critique est

exprimée, et c’est grâce à lui que le

voyage échappe à la monotonie !

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D) – Vingt mille lieues sous les mers (1869) : un tour du monde sous-marin.

Vingt mille lieues sous les mers est sûrement le roman le plus lu et le plus connu de Jules Verne. Tel Le tour du monde en 80 jours, Jules Verne nous propose là

un tour du monde sous-marin, comme le souligne parfaitement le sous-titre du roman. Aussi mystérieux que son navire (un sous-marin), le capitaine Némo

emmène ses hôtes-prisonniers dans les quatre coins du globe, foulant parfois pour la première fois des sols vierges de toute présence humaine depuis l’origine des

temps. Ce capitaine Némo est vraiment mystérieux, et sa machine préfigure de 10 ans les premiers sous-marins construits par les hommes, ces hommes que le

capitaine déteste tant et dont on connaît la raison à la fin de l’Ile mystérieuse (1873 – 1874).

Cette île est aussi mystérieuse par ce qui s’y passe que par les

formes que l’auteur lui a données et qui rappelle dans un sens

une pieuvre (un poulpe) ou la trompe d’un éléphant, et dans

l’autre un monstre préhistorique dont la tête sort de l’eau :

décidément, Jules Verne a de la suite dans les idées, non ?

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E) – Le Château des Carpathes (1892) : un récit à mi-chemin entre science et fantastique.

Publié trente ans environ après son premier roman, Jules Verne développe dans le cadre du Château des Carpathes un nouveau type de récit, alliant encore une

fois science et fantastique. Renouvelant le genre du roman gothique traditionnel (datant de la fin du XVIII° siècle), il nous offre un récit reposant avant tout sur la

dialectique du développement des progrès scientifique et technique face à la survivance de nombreuses croyances et mythes issus du fond des âges. Cette

cohabitation difficile, dans l’espace et dans le temps, de deux univers totalement opposés, permet la mise en place d’une aventure à mi-chemin entre science et

fantastique.

Voyage au centre

de la terre

Le Château

des Carpathes

Ascension d’un volcan Ascension du col Vulkan

Descente dans le volcan Descente dans le château

Labyrinthe : le cours d’eau = fil d’Ariane Labyrinthe : la voix de la Stilla = fil

d’Ariane

Rencontre d’un berger à la fin du roman Rencontre d’un berger au début du roman

Voyage dans le temps => rencontre

d’animaux fantastiques

Perte de la notion de temps => apparitions de

créatures et phénomènes fantastiques

Explosion du Stromboli qui permet la

remontée

Explosion du château qui permet de mettre

un terme à tous les problèmes

Retour dans le monde « normal » Retour dans le monde « normal »

Finalement Axel peut se marier Finalement Nick Deck peut se marier

Dimension initiatique Dimension initiatique

Dialectique de l’espace et du temps Dialectique de l’espace et du temps

Il existe un parallèle troublant entre

Voyage au centre de la terre et Le

Château des Carpathes, comme en

témoigne ce tableau comparatif. Les

romans de Jules Verne semblent ainsi

reposer souvent sur les mêmes

logiques, les mêmes dimensions…

alors que les aventures ne sont pas

du tout les mêmes (a priori…).

Page 8: JULES VERNE, ou le voyage dans l'espace et dans le temps

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F) - Les illustrations des romans de Jules Verne : entre imaginaire et réalité.

Les romans de Jules Verne (destinés à l’origine à un jeune public) sont largement accompagnés d’illustrations plus belles les unes que les autres. Autant certaines

renvoient-elles à des situations réelles, autant d’autres sont le fruit de l’imagination débordantes de l’auteur et de son illustrateur. En voici quelques exemples…

Dans Voyage au centre de la

terre, Jules Verne a essayé autant

que possible de décrire des

paysages (terrestres)

correspondants à la réalité,

comme en témoignent ces 6

photographies comparatives

(roman – réalité). Les illustrations

des romans de Jules Verne

complètent ainsi parfaitement les

textes auxquels elles se

rattachent, dépassant même

parfois l’écriture. Dans la première

illustration (Le château des

Carpathes), il est intéressant de

noter cet homme, une faux dans

la main droite : telle est l’allégorie

de la mort, cette mort qui plane

au-dessus des habitants du

village, comme le souligne la

deuxième illustration…

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G) - Les inventions de Jules Verne : science, technique et imaginaire.

Dans Robur le Conquérant (1885), Jules Verne invente un engin volant

« plus lourd que l’air ». Il s’agit d’une sorte de navire-ballon mû par des

hélices (le moteur est électrique, comme dans Vingt mille lieues sous les

mers), ce qui lui permet de voyager plus loin. Préfigurant l’aéronautique

et les premiers vols en hélicoptères, Jules Verne décrit dans ce roman le

rêve d’Icare, celui de voler…

Dans De la terre à la lune (1865), c’est l’idée d’aller sur la lune qui motive

la réalisation d’un tel engin, un projectile cylindro-conique. Ce projectile

est vide à l’intérieur, ce qui permet d’aménager un espace pour vivre,

notamment pour les trois passagers, dont l’un Michel Ardan, est un

français. Or, l’anagramme d’ ARDAN donne NADAR, qui n’est autre que

le nom du célèbre photographe et aéronaute français, un grand ami de

Jules Verne…

Dans Vingt mille lieues sous les mers (1869), le nautilus fonctionne grâce

à l’électricité qui est pour Jules Verne « l’âme du monde ». Ce dernier

pousse les détails jusqu’à y mettre, dans la salle des machines, des

robinets sortant de gueules de lion, détails surréalistes sûrement issus de

l’imagination de l’illustrateur, De Neuville… Pourtant le fonctionnement

d’ensemble du nautilus obéit à des mécanismes tout à fait plausibles

pour l’époque, si ce n’est le caractère démesuré du sous-marin !!!

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Le Chancellor 1874-75 (Jules Verne)

Le radeau de la Méduse

1818-19 (Géricault)

Quand les romans de Jules Verne s’inspirent de toiles de maîtres…

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Vingt mille lieues sous les mers 1869-70 (Jules Verne)

Galeries de vues de la Rome Antique

1717 (Pannini)

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De Jules Verne à Elisée Reclus.

Aux origines de la géographie chez Jules Verne…

Jules Verne et Elisée Reclus sont deux personnages marquants du XIX° siècle. Le premier en Littérature, le second en Géographie. Deux personnages, une même

époque, des influences réciproques. L’ironie du sort, si l’on peut parler ainsi, a fait mourir ces deux hommes en 1905. Nous célébrons ainsi cette année le

centenaire de leur mort. D’autre part, Jules Verne est né juste deux ans avant Elisée Reclus (1828 pour le premier, 1830 pour le second). Au delà de ces

coïncidences et rapprochements, le modeste géographe que je suis ne peut s’empêcher de lire Elisée Reclus dans l’œuvre de Jules Verne. Comment et pourquoi ?

Car Jules Verne s’est incontestablement inspiré des travaux géographiques et historiques d’Elisée Reclus pour alimenter certaines parties de son œuvre.

Le père de Jules Verne voulait que son fils lui succède. Ce dernier étudie alors le droit pour reprendre l’étude de son père et devenir avocat. Elisée Reclus étudie la

théologie pour faire plaisir lui aussi à son père, afin de dévouer son existence au sacerdoce (son père était pasteur protestant). Pour autant, Jules Verne commence

durant cette période l’écriture de textes qui préfigurent les futurs Voyages Extraordinaires ; quant à Elisée Reclus, passionné par les sciences géographiques, il se

rend à Berlin pour suivre les cours de Karl Ritter (1779-1859), l’auteur de travaux sur le déterminisme en Géographie. Jules Verne et Elisée Reclus finiront par

suivre leur voie, et non celle souhaitée par leurs parents. Deux destins, une même volonté.

Elisée Reclus, après un exil aux Etats-Unis, rejoint la France et commence l’écriture dès le début des années 1860 de ses ouvrages en Géographie, période durant

laquelle il est admis à la célèbre Société de Géographie de Paris. Durant cette même période, Jules Verne devient célèbre avec la parution notamment en 1862-63

du fameux Cinq semaines en ballon, qui sera suivi du Voyage au centre de la terre (1864). Or, en 1863 et 1864 Elisée Reclus publie Les Volcans et les

Tremblements de Terre suivi de La Sicile et l’éruption de l’Etna. Rappelons ainsi que les héros du Voyage au centre de la terre partent d’un volcan éteint en

Islande pour atterrir, à la fin de leur périple, sur les flancs d’un volcan en éruption : le Stromboli, au nord de la Sicile, dans l’archipel des îles éoliennes…

Coïncidence, véritable influence, ou tout simplement la même passion pour les mêmes faits naturels ? C’est un peut tout cela à la fois, car les dates respectives

d’écriture de chaque ouvrage ne permettent pas d’affirmer l’influence directe de l’un sur l’autre, seulement une forme de congruence.

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Jules Verne est ainsi l’auteur d’une Géographie illustrée de la France et de ses colonies (1868) et d’une Histoire des grands voyages et des grands voyageurs

(1878). Certes, les deux ouvrages ont été rédigés car ils étaient bien rémunérés, mais force est de constater que les sujets retenus sont tous fondamentalement

géographiques et historiques. Géographie et Histoire, telles sont les deux disciplines incontournables de l’œuvre de Jules Verne mais aussi de celle d’Elisée Reclus.

Avec la déclaration de la guerre à la Prusse par la France, Elisée Reclus s’engage aux côtés de Félix Nadar dans la compagnie des aérostats. Ce même Félix Nadar,

ami très proche de Jules Verne, inspira indirectement le roman cité précédemment : Cinq semaines en ballon. Félix Nadar, aéronaute et photographe de génie, est

donc un ami commun aux deux hommes. Un autre élément de rapprochement ! Jules Verne appartient ainsi à la Société d'Encouragement pour la Locomotion

Aérienne au moyen d'appareils plus lourds que l'air (fondée en 1863 par Nadar). D’ailleurs, bon nombre de portraits d’Elisée Reclus et de Jules Verne sont dus au

travail de Nadar. Jules Verne remerciera d’ailleurs son ami à plusieurs reprises, comme il le fera par la suite pour Elisée Reclus. Il cite ainsi directement Nadar

dans Robur le Conquérant, par exemple, en 1886, ou encore par l’intermédiaire de jeux de mots, dont le célèbre anagramme « Ardan », nom de l’un des passagers

dans le roman De la terre à la lune (1865).

Par la suite, et durant de nouveaux exils, Elisée Reclus entame la rédaction de sa monumentale Géographie Universelle (1875-1894). Jules Verne suit évidemment

la publication de ces travaux qui constituent une source inépuisable à l’ambition de son oeuvre : son objectif est de « résumer toutes les connaissances

géographiques, géologiques, physiques, astronomiques amassées par la science moderne et de refaire [. . .] l’histoire de l’univers” (avertissement de l’éditeur,

dans Voyages et aventures du capitaine Hatteras, 1864-65). Jules Verne déclare lui-même en 1894 : « Mon but a été de dépeindre la Terre, et pas seulement la

Terre, mais l’univers, car j’ai quelquefois transporté mes lecteurs loin de la Terre dans mes romans. ». Deux hommes, deux vies, une même ambition, dépeindre la

terre dans sa globalité, à sa manière. Pour les deux hommes, l’homme et la terre, l’homme et sa terre sont liés, ils dépendent l’un de l’autre. Le rôle de l’homme et

de la société influe inévitablement sur l’organisation et la construction de l’espace et inversement, c’est à dire que l’espace physique influe lui aussi sur le

comportement des hommes (ce dernier point est à la base du déterminisme en Géographie). A ce titre, l’homme doit faire attention et prendre conscience de ses

actes. La question de la liberté si chère à Elisée Reclus se retrouve en d’autres termes dans l’œuvre de Jules Verne : comment l’homme doit-il se positionner sur

terre, notamment par rapport aux nombreux progrès qui s’accomplissent dans le domaine des sciences, techniques et transports (cf. Nemo par exemple dans Vingt

mille lieues sous les mers) ? L’homme peut disposer de la nature, grâce à son intelligence, mais à condition de la respecter car c’est toujours elle qui décide !

A la fin de sa vie, Elisée Reclus publie en plusieurs volumes L’Homme et la Terre. Cette somme n’est pas sans rappeler la somme publiée par Jules Verne, dans le

cadre des Voyages Extraordinaires…

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Jules Verne et Elisée Reclus se sont rencontrés et était amis, même si à l’époque de la Commune ils ont eu des positions opposées. Jules Verne était d’ailleurs ami

avec les frères Reclus. Jules Verne a utilisé, avant la publication de la Géographie Universelle de Reclus, des textes publiés dans la revue Tour du monde.

Concernant l’influence d’Elisée Reclus sur son œuvre, il ne manquera pas de témoigner son admiration envers le géographe à de nombreuses reprises. Il le cite

directement à plusieurs reprises dans son roman Le Château des Carpathes (1892) dans différents chapitres : « Ces provinces de l’extrême Europe, M. de Gérando

les a décrites, Elisée Reclus les a visitées » (chapitre I) ; « et, suivant Elisée Reclus, une bonne moitié de la population de Vulkan ne se compose « que d’employés

chargés de surveiller la frontière, douaniers, gendarmes, commis du fisc et infirmiers de la quarantaine » » ; « Puisque Elisée Reclus a pu dire de Vulkan « qu’il

est le dernier poste de la civilisation dans la vallée de la Sil Valaque… »» (chapitre III) ; « En réalité, l’unique plante qui poussait à profusion sur ce sol pierreux,

c’était un épais chardon appelé « épine russe », dont les graines, dit Elisée Reclus, furent apportées à leurs poils par les chevaux moscovites… » (chapitre VI). Par

la suite, et dans d’autres romans (notamment dans L’Île à hélice (1895), Le Sphinx des Glaces (1897) ou encore Le superbe Orénoque (1898)), Jules Verne parlera

encore des travaux d’Elisée Reclus, toujours avec la même admiration. La toute première référence à Elisée Reclus est, a priori, faite dans Mathias Sandorf (1885).

Il est donc intéressant de noter que ces références à Elisée Reclus, désormais régulières, sont toutes faites dans des romans qui sont contemporains ou postérieurs à

Mathias Sandorf, donc après 1885… Jules Verne n’était pas géographe (de formation), s’il l’avait été, je pense qu’il aurait aimé l’être dans la peau d’Elisée

Reclus…

Savez-vous quel est originellement le dernier mot prononcé par le capitaine Nemo ? « Indépendance ! ». L'éditeur, Hetzel, l'a rayé et remplacé par « Dieu et patrie

! »… (L’Île Mystérieuse). Pour autant, cela dénote de la part de Jules Verne un besoin de liberté parfaitement exprimé par son héros le plus célèbre, aujourd’hui

encore.

D’autres éléments rapprochent ces deux personnages : la dimension écologique de leur œuvre respective, c’est-à-dire cette réflexion déjà en avance sur son temps

relative à des préoccupations qui sont bien les nôtres actuellement. D’autre part, un autre élément rapprochait fortement ces deux hommes : l’espéranto. Dans

L’homme et la terre, Elisée Reclus déclare « Déjà le nombre des adeptes qui sont entrés dans la voie de la réalisation pratique est assez notable pour avoir modifié

quelque peu la statistique postale : dix années seulement après la naissance de l’espéranto, ceux qui l’utilisent dans leurs échanges de lettres dépasseraient 120

000. Combien de langues originales en Afrique, en Asie, en Amérique, et même en Europe, embrassent un nombre de personnes beaucoup plus modeste ! Les

progrès de l’espéranto sont rapides, et l’idiome pénètre peut-être plus dans les masses populaires que parmi les classes supérieures, dites intelligentes. » (pages

467 et 468 du volume VI). Quant à Jules Verne, à la fin de sa vie, il a été président de l'association espérantiste créée en 1903 à Amiens, et le manuscrit de son

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dernier roman, Voyage d’étude (découvert bien plus tard, et qui a servi de base à l’écriture de L’étonnante aventure de la Mission Barsac - roman posthume

modifié par le fils de Jules Verne dans lequel les passages relatifs à l’espéranto sont absents…) décrit l’aventure d'une commission d'étude envoyée en Afrique où

un russe est chargé d’enseigner l’espéranto aux membres de l’expédition. Elisée Reclus est bien plus proche de Jules Verne qu’il n’y parait…

L’influence d’Elisée Reclus va peut-être même plus loin qu’on le pense. D’après certains auteurs, Reclus aurait présenté Jules Verne à Kropotkin, et certains

principes géographiques et politiques de ces derniers pourraient avoir été utilisés dans l’écriture de Michel Strogoff (1876), roman qui se déroule en Russie, de

Moscou à Irkoustk.

En 1894, lors de son entretien avec le journaliste Robert Sherard, Jules Verne déclare : « J’ai toute l’œuvre d’Elisée Reclus – je professe une grande admiration

pour Elisée Reclus – et celle d’Arago. Je lis et relis, car je suis un lecteur des plus consciencieux, la collection Le Tour du monde, qui est une série d’histoires de

voyage. »

Jules Verne et Elisée Reclus ont un autre point commun : si Jules Verne est mondialement connu, alors qu’Elisée Reclus souffre incontestablement d’un manque

de notoriété, tous les deux ont été dans leur domaine les artisans d’une nouvelle géographie à l’échelle de la planète et tous les deux n’ont jamais été reconnu à leur

véritable niveau, dans leur discipline respective. Il semble enfin que nous nous réintéressions à leur œuvre à la faveur de la commémoration du centenaire de leur

mort : mieux vaut tard que jamais, comme le dit l’expression !

Dernier élément, à noter, vu son importance. Elisée Reclus était franc-maçon, Jules Verne non. Pourtant, de nombreuses rumeurs ont circulé sur l’appartenance de

Jules Verne à une loge maçonnique, bien que rien aujourd’hui ne permette de l’affirmer. Cela est-il dû à la proximité (géographique et historique) d’Elisée Reclus

par rapport à Jules Verne, où cherche-t-on alors à introduire du mystère là où il n’y en a pas… ? Force est de constater que si l’œuvre d’Elisée Reclus conserve

encore une part de mystère, que dire alors de celle de Jules Verne !

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La mystérieuse mort du capitaine Nemo

Analyse de quelques images tirées de Vingt mille lieues sous les mers et L’Île Mystérieuse.

Le personnage emblématique et le plus connu de l’œuvre de Jules Verne est bien sûr le capitaine Nemo. Plus qu’un simple homme, ce dernier est un demi-dieu : il

vit certes sur terre (dans les eaux), mais surtout dans une autre dialectique de l’espace et du temps que celle connue par le commun des mortels. Les illustrations

présentes dans les deux romans, et notamment celles qui mettent en scène sa mort, enrichissent considérablement cette dialectique, mais aussi la dimension

mythique du héros le plus célèbre de Jules Verne.

Le capitaine Nemo meurt ainsi, a priori, une première fois dans le puissant maelström marin qui met fin au périple du Nautilus et de ses hôtes-prisonniers, et ce

après avoir parcouru vingt mille lieues sous les mers. Le capitaine Nemo semble ainsi disparaître définitivement à la fin du roman éponyme pour réapparaître dans

L’Île Mystérieuse, sous les traits de la Providence, incarnant une force mystérieuse mais ô combien salvatrice pour les colons de l’île Lincoln, eux aussi inscrits

dans une autre dialectique de l’espace et du temps.

Or, à la fin de L’Île Mystérieuse, et avant que l’île ne disparaisse dans une puissante éruption volcanique (encore une manifestation grandiose de la puissance de la

terre…), le capitaine Nemo avoue son identité aux colons de l’île Lincoln, et peut ainsi mourir l’esprit tranquille. Cette mort, pour autant, s’accompagne

inévitablement d’une mise en scène textuelle et graphique qui a pour objet de renforcer, à la fois le caractère solennel du moment, mais aussi l’inscription de Nemo

dans une dimension mythique, dans sa dimension mythique.

Quatre illustrations, très rapprochées à la fin du roman (L’Île Mystérieuse) accompagnent la mort de Nemo : pages 742, 753, 757 et 763 (édition de Poche du

roman). Il est d’ailleurs très rare dans l’œuvre de Jules Verne qu’autant d’illustrations se succèdent aussi rapidement, alors que celles-ci renvoient toutes à la même

problématique, au même thème : la mort du capitaine Nemo ne pouvait qu’exiger un tel enchaînement graphique…

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17

Dans la première illustration, les colons de l’île Lincoln font enfin la connaissance de Nemo, un capitaine vieux, usé

par les événements, en fin de vie (bien que la narration, telle qu’elle est écrite entre Vingt mille lieues sous les mers et

L’Île Mystérieuse, ne permette pas cet âge avancé). Au fond de la salle, un orgue domine la scène, entouré de deux

armures. Le capitaine Nemo est installé dans un canapé que semble surmonter un imposant tableau de maître.

Dans la deuxième illustration, l’illustrateur procède à un zoom sur le capitaine Nemo : il y a bel et bien un tableau de

maître qui surmonte le canapé, et le capitaine est enveloppé dans une sorte de couverture qui recouvre l’intégralité de

ses jambes. Avec ce premier élément, certes anodin, il est tout de même amusant de remarquer que la forme que prend

le capitaine Nemo est celle d’une sirène, car ses jambes, enveloppées dans cette couverture, ressemblent étonnement à

la nageoire caudale d’une sirène… Or, dans cette même illustration, le buste de Nemo, alors libéré de la couverture,

n’est pas sans rappeler le buste de Neptune, le dieu des mers, des océans et de la navigation. Donc, pour résumer, cette

deuxième illustration, qui représente le capitaine Nemo, ne met-elle pas en avant à la fois le buste de Neptune et la

nageoire caudale d’une sirène… Ces deux éléments ne font-ils pas directement référence à la mer et à ses êtres

mythiques… ? Nemo se serait-il tellement si bien adapté à son nouvel élément (liquide) qu’il aurait fini par

développer la physionomie (voir l’anatomie) de ses représentants les plus illustres et les plus mythiques ? La richesse

de cette deuxième illustration ne s’arrête pas pour autant simplement à ce niveau d’analyse.

IM 1

IM 2

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18

En effet, il est intéressant de remarquer que derrière Nemo, sur le tableau que nous citions auparavant, apparaît

clairement un homme, a genoux, nu, dépouillé, qui lève sa main droite, comme pour demander pardon, se faire expier

ses pêchés. Autour de lui sont debout deux hommes, que l’on peut voir dans le coin inférieur gauche du tableau, seule

partie visible dans cette illustration… Le capitaine Nemo, toujours sur la même illustration, lève lui aussi sa main

droite... Autour de lui les colons de l’île Lincoln sont debout aussi, le chapeau bas, écoutant les dernières paroles du

capitaine. Le sous-titre de l’illustration est d’ailleurs explicite : « Ai-je eu tort, ai-je eu raison ?... » (page 752).

C’est à partir de la troisième illustration que nous pouvons observer dans son intégralité le tableau présent derrière le

capitaine. On y voit donc clairement cet homme, a genoux, nu, dépouillé, qui lève bien sa main droite, comme pour

demander pardon, se faire expier ses pêchés, et, toujours autour de lui, il n’y a pas 2 mais 4 hommes en tunique, dont

un, en face du repenti, lève aussi la main, mais en direction du ciel. Le capitaine Nemo, quant à lui, est couché, sa

main est faible, il va bientôt mourir. Les colons sont toujours debout, les mains baissées et les chapeaux entre leurs

mains. Or, ce personnage dépouillé, en arrière-plan, renforce lui aussi incontestablement la situation vécue. En effet,

c’est à ce moment que Nemo offre aux colons toutes ses richesses. Là aussi le sous-titre est très explicite… : « Ce

coffret… là… renferme pour plusieurs millions… » (page 756).

Dans la quatrième illustration, l’ingénieur Cyrus Smith lève sa main pour expier le capitaine Nemo de ses péchés, ce

dernier étant dans la position d’un mort. Le tableau derrière lui montre toujours cet homme à genoux, qui semble aussi

demander pardon. L’illustration est toujours sous-titrée (avec emphase, l’illustration se suffisant à elle-même) :

« Cyrus Smith, élevant la main… » (page 762).

IM 3

IM 4

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Ainsi, comme vous pouvez le constater, le tableau présent derrière le capitaine Nemo, qui n’est pas une toile de maître (car pour l’instant personne n’a pu

l’identifier en tant que telle), représente plutôt une allégorie, celle de l’expiation des péchés d’un homme qui veut se repentir, à l’image de ce qui se passe dans

l’illustration (et dans le texte) avec le capitaine Nemo. Incontestablement l’illustration renforce cette dimension initiatique et mythique par l’intermédiaire d’un

tableau qui doit pourtant être une tableau de maître puisque Jules Verne, dans Vingt mille lieues sous les mers, nous décrit ainsi l’aménagement de ce salon : « Une

trentaine de tableaux de maîtres, à cadres uniformes, séparés par d’étincelantes panoplies, ornaient les parois tendues de tapisseries d’un dessin sévère. Je vis là

des toiles de la plus haute valeur, et que, pour la plupart, j’avais admirées dans les collections particulières de l’Europe et aux expositions de peinture. Les

diverses écoles des maîtres anciens étaient représentées par une madone de Raphaël, une vierge de Léonard de Vinci, une nymphe du Corrège, une femme du

Titien, une adoration de Véronèse, une assomption de Murillo, un portrait d’Holbein, un moine de Vélasquez, un martyr de Ribeira, une kermesse de Rubens, deux

paysages flamands de Téniers, trois petits tableaux de genre de Gérard Dow, de Metsu, de Paul Potter, deux toiles de Géricault et de Prudhon, quelques marines

de Backuysen et de Vernet.

Vingt mille lieues sous les mers - 5

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Parmi les oeuvres de la peinture moderne, apparaissaient des tableaux signés Delacroix, Ingres, Decamps, Troyon, Meissonnier, Daubigny, etc., et quelques

admirables réductions de statues de marbre ou de bronze, d’après les plus beaux modèles de l’antiquité, se dressaient sur leurs piédestaux dans les angles de ce

magnifique musée. Cet état de stupéfaction que m’avait prédit le commandant du Nautilus commençait déjà à s’emparer de mon esprit. » (chapitre 11).

Comme nous pouvons le constater, l’auteur explique clairement qu’il y a dans le Nautilus au moins un tableau d’Ingres, mort en 1867, et une statue de Léonard de

Vinci. Toutes les époques sont ainsi représentées (antique et moderne). Or, cette quatrième illustration ne rappelle-t-elle pas un tableau d’Ingres, peint en 1817 (ou

18) intitulé : « La mort de Léonard de Vinci dans les bras de François Premier » ? (cf. document ci-dessous).

Petit résumé :

Léonard de Vinci : illustre personnage, créateur, artiste, savant du 16° S.

Capitaine Nemo : illustre personnage de l’œuvre de Jules Verne, savant, scientifique, amateur d’Art.

« La mort de Léonard de Vinci dans les bras de François Premier » : 1817/18

Mort de Léonard de Vinci : 1519

Mort d’Ingres : 1867

Mort de Nemo : 1868

Cette quatrième illustration est donc à la fois un hommage et une référence à Ingres, à Léonard de Vinci et à l’Antiquité. Il y a aussi une distinction entre celui qui

sait, qui est en avance sur son temps (Léonard de Vinci et Nemo) et celui qui règne (François 1er et Cyrus Smith, qui règne sur son équipe, sur son île). Dans le

tableau d’Ingres comme dans l’illustration de Jules Verne, dans les deux cas il s’agit de ceux qui « savent » qui meurent : seuls restent ceux qui règnent… N’y-a-t-

il pas là un message de la part de Jules Verne… ? Mais, au-delà de cette première analyse, il est intéressant de remarquer aussi que ces illustrations renvoient toutes

aussi à trois époques différentes : antique, avec le tableau présent derrière Nemo dans l’illustration (et que l’on ne sait pas à qui attribuer…), moderne avec la

référence à Léonard de Vinci et contemporaine avec la référence à Ingres, le spécialiste des portraits… Or, Jules Verne n’a-t-il pas peint là le portrait d’un homme

hors du commun, le portrait d’un homme sans nom : Nemo ? Jules Verne n’a-t-il pas non plus voulu associer son héros (Nemo) à un personnage ô combien illustre

et en avance sur son temps, autrement dit Léonard de Vinci ? D’autre part, il est intéressant de comparer ces quatre illustrations de L’Île Mystérieuse avec celle de

Vingt mille lieues sous les mers, qui montre aussi l’aménagement du salon du Nautilus. On voit clairement qu’aucun tableau, dans ce roman, ne figure au-dessus du

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canapé qui pourtant occupe la même place à la fois dans le salon et dans les deux romans… Jules Verne et son illustrateur auraient-ils ainsi réaménagé

volontairement le Nautilus afin de procéder plus facilement à cette mise en scène (image n° 5) ? Il en est de même des amures qui ont disparues elles aussi.

Nous pouvons donc procéder ainsi à trois niveaux d’analyse par rapport à cette quatrième illustration. Cette dernière renvoie bien sûr directement au texte, à savoir

la mort de Nemo. Le tableau en arrière-plan renforce quant à lui cette dimension à la fois de dépouillement mais aussi d’expiation des péchés. Enfin, l’ensemble de

l’illustration renvoie à ce célèbre tableau d’Ingres qui lui-même renvoie à Léonard de Vinci, ce personnage si illustre dans le domaine des sciences mais aussi de

l’Art (à l’image de Nemo, dans l’œuvre de Jules Verne). Au milieu de tout cela baigne ainsi le capitaine Nemo, un être à mi-chemin entre les hommes et les dieux,

entre mythe et modernité, ce que la présence de ce tableau énigmatique (lui aussi, comme le capitaine), qui surmonte le canapé, et qui orne le salon du Nautilus ne

fait que renforcer à son tour. La boucle est ainsi bouclée, et Nemo est désormais un être mythique, à part entière dans l’œuvre de Jules Verne et la Littérature.

La mort de Léonard de Vinci dans les bras de François Premier

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1

Espace et temps chez Jules Verne L’œuvre de Jules Verne repose sur un triptyque associant d’une part les dimensions fondamentales de l’espace et du temps (la géographie et histoire sont les

disciplines qui ont pour objets fondamentaux respectivement l’étude de l’espace et du temps), les derniers progrès en matière de science et de technique (Jules Verne

essaie, dans le cadre de ses romans, de diffuser de manière ludique et amusante les dernières avancées en matière de science et technique) et les dimensions de

l’imaginaire et du fantastique (qui donnent un caractère extraordinaire aux voyages décrits dans les romans). C’est de la dialectique de ces trois ensembles que

naissent les « Voyages Extraordinaires ». La capacité de l’auteur à extrapoler dans l’espace et dans le temps les dernières inventions et progrès dans le domaine des

transports (notamment), ces mêmes progrès qui permettent dorénavant des voyages de plus en plus loin et rapides et enfin l’humour (et parfois même la dérision de

l’auteur face à certaines dérives, à certains abus), achèvent d’établir cette dialectique. D’autres éléments complètent ce schéma d’ensemble (cf. schéma ci-dessous).

Aux dimensions de l’espace et du temps (ainsi que celles de l’anticipation et de l’imagination) développées par l’auteur,

s’ajoute une connaissance approfondie des progrès scientifiques et techniques de cette deuxième moitié du 19° siècle, ainsi que

l’emploi d’un vocabulaire rigoureux, précis et adapté. Extrapolant dans l’espace et dans le temps les possibilités offertes par la

science et la technique de son époque, Jules Verne nous offre ainsi des romans aux scénarii mélangeant la science-fiction et le

réalisme. De même, le souci permanent de donner des faits précis et exacts, dans la mesure du possible, permet à l’auteur de ne pas

sombrer dans la rêverie et l’illusion les plus totales, mais au contraire de plonger le lecteur dans des voyages dont la possibilité et la

finalité ne font finalement plus de doutes… Néanmoins, l’auteur fait parfois preuve d’un manque de cohérence et de crédibilité dans

certains de ses développements. Cette remarque doit cependant être relativisée par le fait que nous avons un regard a posteriori des

romans de l’auteur : en effet, un siècle environ nous sépare de l’auteur et de son œuvre, et il est tout aussi difficile de faire un bond

d’un siècle en arrière qu’un bond d’un siècle en avant...

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2

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3

Cinq semaines en ballon (1862)

Un voyage initiatique…

Vers la fin de sa vie, Jules Verne déclarera : « Mon but a été de dépeindre la Terre, et pas seulement la Terre, mais l’univers, car j’ai quelquefois transporté

mes lecteurs loin de la Terre dans mes romans. » Telle fut ainsi l’ambition de l’auteur, et son premier roman (édité par Hetzel, en 1862) constitue

incontestablement la preuve évidente de cette volonté. Mais en effet, comme il le dit, il n’a pas simplement décrit la terre dans ses récits, il a conduit aussi le

lecteur à des interrogations et des analyses qui dépassent le strict cadre du roman d’aventure destiné à divertir tout en instruisant. Cinq semaines en ballon

procède ainsi de cette volonté, où, au-delà de la simple traversée d’un continent encore mal connu à l’époque et l’emploi d’un moyen de locomotion

inattendu, l’aventure qui est narrée est aussi celle d’une recherche, symbolique et géographique, celles des sources. Des sources du Nil aux origines de Joe,

c’est tout un parcours initiatique que ce roman décrit, permettant ainsi, comme le consacre l’expression, de former la jeunesse, en l’occurrence celle d’un

domestique bien courageux et audacieux…

La traversée de l’Afrique : version Jules Verne et version colorisée…

Page 25: JULES VERNE, ou le voyage dans l'espace et dans le temps

4

Voyage au centre de la Terre (1864) Un manuscrit à lire à l’envers…

mm.rnlls esreuel seecJde sgtssmf unteief

niedrke kt,samn atrateS Saodrrn emtnaeI

nuaect rrilSa Atuaar .nscrc ieaabs ccdrmi

eeutul frantu dt,iac oseibo KediiY

mmessunkaSenrA.icefdoK.segnittamurtn

ecertserrette,rotaivsadua,ednecsedsadne

lacartniiiluJsiratracSarbmutabiledmek

meretarcsilucoYsleffenSnI

Descends dans le cratère du Yocul de Sneffels que

l’ombre du Scartaris vient caresser avant les calendes de

Juillet, voyageur audacieux, et tu parviendras au centre

de la Terre. Ce que j’ai fait. Arne Saknussemm.

Page 26: JULES VERNE, ou le voyage dans l'espace et dans le temps

5

Vingt mille lieues sous les mers (1869-70)

Des volcans au secours des hommes !!!

C’est ainsi grâce à un volcan en éruption qu’Aronnax peut apprécier avec autant d’acuité les vestiges de l’Atlantide (chapitre 9). Les chapitres 9 et

10 de la seconde partie font ainsi largement référence à des volcans. Dans le chapitre 9 c’est grâce à un volcan en éruption que le spectacle est ainsi

aussi facilement visible : comme par hasard, un volcan est en éruption au bon moment et bon endroit ! Cette astuce géologico-littéraire permet ainsi

à Jules Verne d’éclairer un espace normalement noir… Dans le chapitre suivant, c’est au centre d’un autre volcan (éteint celui-ci, pages 430 à 432)

que les héros se retrouvent… Encore une autre référence à Voyage au centre de la terre (deux volcans, l’un en activité et l’autre éteint, comme

respectivement le sont le Sneffels et le Stromboli, ces deux célèbres volcans du Voyage au centre de la terre).

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6

Le tour du monde en 80 jours (1872)

Un voyage triplement temporel…

Il y a trois voyages dans le temps dans cette expédition autour de la

terre :

- Le temps du voyage proprement dit, 80 jours : le temps linéaire, celui de

Phileas Fogg (fin du XIX° siècle).

- Le temps du voyage relatif, celui des décalages géo-historiques observés

dans les pays traversés : le temps relatif, celui de Passe-partout (plusieurs

siècles).

- Le temps du voyage imaginaire, artificiel, celui de la ligne de changement

de date qui permet le gain d’un jour car les héros voyagent d’ouest en est :

le temps imaginaire (atemporel…).

=> L’espace d’un instant, ils se sont retrouvés au même endroit, à deux

moments différents… Telle est la relativité de l’espace et du temps…

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7

Le Chancellor (1874-75)

Les illustrations : de la réalité au roman… (1)

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Le Chancellor (1874-75)

Les illustrations : de la réalité au roman… (2)

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Le Chancellor (1874-75) Les illustrations : de la réalité au roman… (3)

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Les inventions de Jules Verne

Entre science et imaginaire…

Maître du Monde – Robur le Conquérant

Vingt mille lieues sous les mers

De la terre à la lune

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Exposition Jules Verne (1828-1905) – Exploitation pédagogique – Lionel Dupuy 1

Livret pédagogique Exploitation de l’exposition et de l’œuvre de Jules Verne en classe

« Espace et temps dans l’œuvre de Jules Verne (1828-1905) »

L’exposition pédagogique sur Jules Verne est composée au total de 31 feuilles A3 (« format paysage ») : Première partie : http://jules-verne.pagesperso-orange.fr/Expo_Jules_Verne.pdf Seconde partie : http://jules-verne.pagesperso-orange.fr/Expo_Jules_Verne2.pdf Cette exposition s’articule en deux parties complémentaires : - La première partie (la plus importante) est composée de 21 panneaux et s’intitule « Jules Verne, ou le voyage dans l’espace et dans le temps ». Cette première partie présente Jules Verne et son œuvre en suivant un fil directeur essentiellement chronologique, et en abordant deux dimensions fondamentales de l’œuvre : l’espace et le temps. Cette première partie s’articule autour de trois sous-ensembles, distincts mais complémentaires :

- Pages 1 à 11 : présentation de l’auteur et de son œuvre, - Pages 12 à 15 : présentation d’une des principales sources géographiques de Jules Verne, à savoir le géographe orthézien (et contemporain de Jules Verne), Elisée Reclus (1830-1905), - Pages 16 à 21 : une analyse d’images à travers la mise en scène graphique de la mort du célèbre capitaine Nemo.

- La deuxième partie est composée de 10 panneaux et s’intitule « Espace et temps chez Jules Verne ». Cette deuxième partie, complémentaire des 21 premiers panneaux, aborde de manière plus ciblée et systématique la thématique de l’espace et du temps dans les Voyages Extraordinaires. Quelques grands romans de l’auteur sont présentés en montrant le décalage (ou au contraire la similarité) entre le roman et la réalité, ainsi que la forte dimension géographique et historique de l’œuvre de Jules Verne. L’objectif de cette exposition est de présenter l’œuvre de Jules Verne au travers de l’analyse à la fois du texte mais aussi de l’image. Enfin, il s’agit aussi, par l’intermédiaire de lectures croisées, de s’interroger sur une œuvre mondialement connue, mais paradoxalement mal connue… (Nul n’est prophète en son pays, comme le consacre l’expression !).

Internet :

http://jules-verne.pagesperso-orange.fr/CIEH6.htm

Contact :

[email protected]

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Exposition Jules Verne (1828-1905) – Exploitation pédagogique – Lionel Dupuy 2

Commentaire des panneaux de l’exposition

De manière plus générale, vous retrouverez tous les développements possibles de ces panneaux à l’adresse suivante : http://jules-verne.pagesperso-orange.fr/index.htm

Première partie : panneaux 1 à 11 1 : Jules Verne est un auteur fondamentalement ancré dans son époque, témoin privilégié des différentes révolutions (industrielle, scientifique, technique, communication, etc…) qui bouleversent la deuxième moitié du 19° S. L’œuvre de Jules Verne est scientifique et géographique, ce que déclare l’auteur à la fin de sa vie (citation de 1894). C’est grâce à sa rencontre avec Hetzel qu’il peut enfin vivre de l’écriture. « Peut-être serez vous surpris d'apprendre que je ne tire aucune fierté particulière à avoir écrit sur l'automobile, le sous-marin, l'aéronef avant qu'ils ne deviennent en fait des réalités scientifiques. Au moment où j'en parlais comme des réalités, elles étaient déjà à moitié découvertes. Je faisais simplement de la fiction à partir de ce qui est devenu faits ultérieurement, et mon objet n'était pas de prophétiser, mais d'apporter aux jeunes des connaissances géographiques en les enrobant d'une manière aussi intéressante que possible. »

Jules Verne

Cf. aussi : * L’arbre généalogique de Jules Verne : http://www.ompda.com/arbre-id10600.html?PHPSESSID=e997684a40c6744b04403c0073ede14f * Les cartonnages Hetzel : http://hetzel.free.fr/

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 2 : Importance de l’espace et du temps dans le corpus des Voyages Extraordinaires (62 romans). Analyse du triptyque : « Espace/Temps – Science/Technique – Imaginaire/Fantastique » au cœur des Voyages Extraordinaires. Jules Verne n’est pas un auteur d’anticipation, mais d’extrapolation (à la différence de H.G. Wells ; cf. citation). « Je ne puis apercevoir de point de comparaison entre son œuvre et la mienne. Nos procédés sont tout à fait différents. Il m'apparaît que ses histoires ne reposent pas sur des bases scientifiques... Moi j'utilise la physique. Lui, il invente. Je vais à la Lune dans un boulet que projette un canon. Il n'a rien d'inventé là-dedans. Lui s'en va vers Mars dans un astronef en métal qui supprime la loi de la gravitation. Ça c'est très joli, mais qu'on me montre le métal. Qu'on le sorte donc ! »

Jules Verne Cf. aussi : * Article de Bernard Loing « Voyages Extraordinaires de Jules Verne à H. G. Wells » : http://www.artsculture.education.fr/presence_litterature/jules_verne/dossiers/voyages.asp * Article de Lionel Dupuy « Pour une approche interdisciplinaire de Jules Verne » : http://www.artsculture.education.fr/presence_litterature/jules_verne/dossiers/approche.asp

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 3 : Voyage au centre de la terre est un voyage à la fois dans l’espace mais aussi dans le temps (pour une analyse plus complète, cf. notre ouvrage « En relisant Jules Verne » ci-joint). Importance des descriptions géologiques, paléontologiques, minéralogiques, naturalistes. Ce voyage dans le temps, en remontant les couches géologiques, est aussi l’occasion d’interroger le lecteur sur l’origine de l’homme, notamment depuis les travaux de Darwin (1859), publiés 5 ans avec le roman. D’ailleurs, en 1867, Jules Verne ajoute deux épisodes où il est question de fossiles humains. -----------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Exposition Jules Verne (1828-1905) – Exploitation pédagogique – Lionel Dupuy 3

4 : De la terre à la lune est un roman qui donne l’occasion de s’interroger sur l’aspect « anticipation » de Jules Verne… En réalité, témoin éclairé de son époque, Jules Verne pressent avec intelligence, non pas le voyage vers la lune (évoqué bien avant lui par d’autres auteurs), mais les conditions préalables à la mise en œuvre de ce voyage : départ de la Floride, projet américain, etc… Cf. aussi : * Commentaire de Michel Clamen à propos du roman : http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/expositions/jules_verne/ (partie « Inventions et fictions »)

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 5 : Le tour du monde en 80 jours, ouvrage le plus célèbre avec Vingt mille lieues sous les mers, interroge aussi le lecteur sur les notions d’espace et de temps (pour une analyse plus complète, cf. notre ouvrage « En relisant Jules Verne » ci-joint). Histoire et géographie se conjuguent à merveille dans cette expédition inspirée à l’auteur par la lecture d’une annonce de l’Agence Cook. Edgar Poe avait déjà tiré parti de cette situation dans une nouvelle intitulée La semaine des trois dimanches. Jules Verne la cite dans une communication sur le thème des méridiens et du calendrier, publiée en avril 1873 par la Société de géographie de Paris. La question était de savoir où se situait la ligne de changement de date, le méridien où d'un côté, nous sommmes aujourd'hui, et de l'autre, encore hier. Au XXe siècle, l'écrivain italien Umberto Eco a également utilisé cette curiosité dans son roman L'Île du jour d'avant. Ce roman raconte l'histoire d'un homme qui fait naufrage sur une île du Pacifique située à la longitude exacte qui sépare hier d'aujourd'hui sur la Terre (Source : Wikipédia, article sur « Le tour du monde en 80 jours »). « C'est d'une annonce de l'agence Cook qu'il tira la matière du Tour du monde en quatre-vingts jours. Son plan arrêté, il se documente, il se procure tous les livres relatifs au coin de terre où le drame va s'engager, il se pénètre de la Géographie d'Elisée Reclus. C'est la phase pénible de la gestation. Le reste n'est plus qu'un jeu... »

Entretien avec Jules Verne Cf. aussi : * Article Wikipédia sur Le tour du monde en 80 jours : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Tour_du_monde_en_quatre-vingts_jours

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 6 : Vingt mille lieues sous les mers est le pendant maritime du Tour du monde en 80 jours (pour une analyse plus complète, cf. notre ouvrage « En relisant Jules Verne » ci-joint). Les héros accomplissent ici un voyage qui représente deux fois la circonférence de la terre à bord d’un engin hors du commun. Jules Verne s’est inspiré de sous-marins existants déjà, mais de dimensions beaucoup plus modestes… Ce roman est aussi l’occasion pour l’auteur d’interroger ses compatriotes sur des problématiques environnementales et écologiques qui sont actuellement au cœur de nos préoccupations… George Sand est en partie à l’origine de ce roman, suite à une correspondance avec l’auteur. "Je vous remercie, monsieur, de vos aimables mots mis en deux ravissants ouvrages qui ont réussi à me distraire d'une bien profonde douleur et à m'en faire supporter l'inquiétude. Je n'ai qu'un chagrin, en ce qui les concerne, c'est de les avoir finis et de n'en avoir pas encore une douzaine à lire. J'espère que vous nous conduirez bientôt dans les profondeurs de la mer et que vous ferez voyager vos personnages dans ces appareils de plongeurs que votre science et votre imagination peuvent se permettre de perfectionner. Quand Les Anglais au pôle Nord paraîtront en volume, je vous demande de me les envoyer. Vous avez un adorable talent avec du cœur pour le rehausser. Merci mille fois des moments que vous m'avez fait passer au milieu de mes chagrins. G. SAND."

Cf. aussi extraits vidéo sur le site http://education.france5.fr/julesverne/

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Exposition Jules Verne (1828-1905) – Exploitation pédagogique – Lionel Dupuy 4

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 7 : Le château des Carpathes est une des œuvres « fantastique » majeure de Jules Verne. A ce titre, il est intéressant d’aborder le thème du fantastique, notamment au 19° S., et d’essayer de comprendre comment Jules Verne met en place une atmosphère fantastique dans son roman. Autre élément à prendre en compte, la parenté de ce roman avec le Voyage au centre de la terre, notamment dans les thématiques abordées… Jules Verne use notamment de citations latines dans ses romans, citations très intéressantes à analyser. Cf. aussi : * Article d’Yves Touchefeu « présences du latin et de la culture classique dans les Voyages extraordinaires » : http://www.artsculture.education.fr/presence_litterature/jules_verne/dossiers/latiniste.asp

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8 : L’une des richesses de l’œuvre de Jules Verne réside aussi dans l’abondance des illustrations qui accompagnent les romans. Il est intéressant ainsi de comparer ces illustrations avec la réalité, mais aussi de procéder à une lecture d’image plus fine, visant à déceler les messages, plus ou moins cachés, que l’auteur a dissimulés dans certaines illustrations, par l’intermédiaire de l’illustrateur. L’exemple donné ici est celui du Château des Carpathes où l’on voit clairement exprimée ici l’allégorie de la mort symbolisée par un homme tenant une faux, ou encore par l’évocation de monstres sortis tout droit de l’imagination débordante de certains personnages très farfelus… Pour information, Bram Stoker publiera cinq après (1897), son célèbre Dracula… Qui a influencé qui ? Cf. aussi : * Présentation Powerpoint de Lionel Dupuy sur « Les illustrations dans les romans de Jules Verne » : http://perso.wanadoo.fr/jules-verne/2.ppt

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 9 : Les inventions de Jules Verne ne sont en fait que des reprises et/ou des déclinaisons, améliorées et amplifiées, d’inventions déjà existantes à son époque. L’imagination débordante de l’auteur fait le reste, en proposant ainsi l’Albatros de Robur le Conquérant (sorte de bateau qui vole propulsé et soutenu par des hélices), le Nautilus du Capitaine Nemo (des prototypes de sous-marins existent déjà depuis le début du 19° S.), ou encore le projectile cylindro-conique de artilleurs du Gun-Club (balle de fusil creuse, et démultipliée de manière impressionante…). Ce panneau est l’occasion d’aborder l’aspect scientifique et technique de l’œuvre de Jules Verne, en replaçant l’auteur dans le contexte des révolutions scientifiques et techniques de la deuxième moitié du 19° S. Qu’est-ce qui a été réalisé depuis ? Cf. aussi : http://www.nemotechnik.com/

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 10-11 : Les illustrations dans les romans de Jules Verne (cf. panneau n° 8) s’inspirent aussi (et parfois) de toiles de maîtres. Deux exemples permettent ici (en plus de l’exemple beaucoup plus développé de la mort du capitaine Nemo : cf. panneaux 16 à 21) de montrer à quel point Jules Verne est capable aussi d’asseoir un récit et un drame sur des événements qui se sont réellement produits (Radeau de la Méduse) ou encore de mélanger mythe et modernité (Galerie de vues de la Rome Antique). Dans les deux cas, il est intéressant de s’interroger sur les points de ressemblance

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et de divergence, de comprendre pourquoi l’auteur s’inspire autant de tels et tels points, etc… L’exemple du Nautilus permet de montrer à quel point le sous-marin est immense (profondeur, hauteur), richement décoré (tableaux, statues, etc…), que le capitaine Nemo est mélomane (présence d’un orgue), et qu’en fait le Nautilus n’est qu’un faire-valoir de la toute puissance du capitaine Nemo, seul maître à bord et au fond des océans. La référence aux Galeries de vues de la Rome Antique permet de montrer la profusion de tableaux, la référence à l’Antiquité (grecque et latine), tout en introduisant la Renaissance et la période Moderne (le tableau date de 1717). Cf. aussi : * Présentation Powerpoint de Lionel Dupuy sur « Les illustrations dans les romans de Jules Verne » : http://perso.wanadoo.fr/jules-verne/2.ppt

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 12-15 : L’œuvre de Jules Verne ayant une forte dimension géographique, il est intéressant alors de se demander où Jules Verne puise toute cette matière (pour une analyse plus complète, cf. notre ouvrage « Jules Verne, l’homme et la terre » ci-joint). L’une de ses sources principales (mais non exclusive) est Elisée Reclus (1830-1905), géographe libertaire contemporain de Jules Verne. Or Elisée Reclus a vécu à Orthez… Ces quelques panneaux sont uniquement composés de texte. Cette partie intéressera plus particulièrement les professeurs d’histoire et géographie qui souhaiteront analyser avec leurs élèves les sources d’une œuvre littéraire aussi conséquente que celle de Jules Verne (80 romans et autres nouvelles, dont 62 romans qui composent le corpus des Voyages Extraordinaires). « J’ai toute l’œuvre d’Elisée Reclus – je professe une grande admiration pour Elisée Reclus – et celle d’Arago. Je lis et relis, car je suis un lecteur des plus consciencieux, la collection Le Tour du monde, qui est une série d’histoires de voyage. »

Jules Verne Cf. aussi : * Présentation PDF de Lionel Dupuy sur « De Jules Verne à Elisée Reclus » (article complet) : http://perso.wanadoo.fr/jules-verne/reclus.PDF * Présentation Powerpoint de Lionel Dupuy sur « De Jules Verne à Elisée Reclus » (présentation avec illustrations) : http://perso.wanadoo.fr/jules-verne/Jules_Verne_et_Elisee_Reclus.ppt

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16-21 : Ces quelques panneaux sont l’occasion de revenir de manière plus approfondie sur une analyse d’images qui permettra de mieux appréhender l’univers de Jules Verne, ainsi que ses sources d’inspiration. Les panneaux se suffisant à eux-mêmes, nous invitons l’enseignant à bien les lire avant des les présenter aux élèves. L’objectif est de montrer comment Jules Verne, en plus du texte, met-il en scène la mort de son personnage le plus célèbre, et pourquoi la référence à Léonard de Vinci est-elle si riche et importante… ? Nous parlions tout à l’heure de la Renaissance et de l’époque Moderne : or, c’est l’occasion de montrer comment Jules Verne inscrit son héros et son œuvre à la fois entre mythe et modernité, entre imaginaire et réalité. Rappelons qu’en 1852 Jules Verne a écrit une comédie en un acte intitulé « Monna Lisa »… Cf. aussi : * Présentation Powerpoint de Lionel Dupuy sur « Les illustrations dans les romans de Jules Verne » : http://perso.wanadoo.fr/jules-verne/2.ppt

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Deuxième partie : panneaux 1 à 10 1 : Les dimensions de l’espace et du temps sont au cœur des Voyages Extraordinaires. Cette dialectique de l’espace et du temps, au-delà d’une conception purement théorique, doit être abordée de sorte à montrer comment se positionne l’œuvre littéraire de Jules Verne, et justement pourquoi elle est si différente des autres œuvres littéraires de ses contemporains (Victor Hugo, Alexandre Dumas, etc…). Jules Verne est l’auteur d’un genre a part entière, le roman géographique et scientifique. Partant de cet état de fait, il est possible de schématiser les grands éléments qui structurent son œuvre : Espace/Temps – Science/Technique – Imaginaire/Fantastique, mais aussi les 4 éléments fondamentaux (eau, air, terre et feu), la mythologie, la dimension initiatique. Les personnages de Jules Verne participent eux-aussi, dans leur histoire et leur comportement, à caractériser l’œuvre de l’auteur : le spécialiste, celui qui sait la science et qui va l’appliquer, l’alter-ego, souvent un ami du spécialiste, et puis le dernier, le personnage plus en retrait au début, à savoir le candide, celui qui ne sait, qui va découvrir, mais qui par ses questions va interroger à la fois le lecteur mais surtout et aussi le personnage central du roman… Rappelons que l’objectif des romans de Jules Verne est d’instruire tout en divertissant : à ce titre, il ne faut pas oublier l’humour de l’auteur. Exaspéré d’entendre qu’aucune femme n’a réellement de premier rôle dans ses romans, Jules Verne déclare un jour (il faut évidemment prendre la citation au second degré, et pas au premier, comme le font malheureusement certains journalistes peu documentés…) : « Les femmes n'interviennent jamais dans mes romans tout simplement parce qu'elles parleraient tout le temps et que les autres n'auraient plus rien à dire ! » « Mon but a été de dépeindre la Terre, et pas seulement la Terre, mais l’univers, car j’ai quelquefois transporté mes lecteurs loin de la Terre dans mes romans. »

Jules Verne Cf. aussi : * Présentation Powerpoint de Lionel Dupuy sur « La dialectique de l’espace et du temps dans l’œuvre de Jules Verne et ses triptyques correspondants » : http://perso.wanadoo.fr/jules-verne/2.ppt * Quelques citations sur Jules Verne faites par d’autres auteurs : http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/expositions/jules_verne/autour/ecrivains.html

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 2 : Schéma de synthèse sur l’espace et le temps dans l’œuvre de Jules Verne. Ce schéma présente de manière simplifiée l’intégration des plus grands romans de l’auteur dans une perspective historique et géographique, mais aussi en tenant compte du décalage de certains romans (des histoires) par rapport à ce cadre fixe espace/temps. Ainsi, Voyage au centre de la terre se situe-t-il en 1864, au niveau le plus bas (au plus profond de la terre), mais aussi en décalage par rapport à l’axe du temps et de l’espace afin de montrer à quel point cette aventure est essentiellement imaginaire (à l’époque de Jules Verne on savait déjà que ce type de voyage était purement impossible, à l’instar de Vingt mille lieues sous les mers qui est plus proche de la réalité du moment). L’objectif des romans de Jules Verne est de « résumer toutes les connaissances géographiques, géologiques, physiques, astronomiques amassées par la science moderne et de refaire […] l’histoire de l’univers » (avertissement de l’éditeur, dans Voyages et aventures du capitaine Hatteras).

Hetzel, à propos de Jules Verne « Mon but a été de dépeindre la Terre, et pas seulement la Terre, mais l’univers, car j’ai quelquefois transporté mes lecteurs loin de la Terre dans mes romans. »

Jules Verne

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« Rien ne s'est fait de grand qui ne soit une espérance exagérée. » Jules Verne

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 3 : Cinq semaines en ballon est le tout premier grand roman de Jules Verne, celui qu’Hetzel accepte de publier et qui fera de l’auteur un écrivain connu (et reconnu). Plusieurs sources sont recherchées dans ce roman, de manière réelle ou symbolique : les sources du Nil, du Niger, l’origine de l’homme, les origines de Joe (pour une analyse plus complète, cf. notre ouvrage « Jules Verne, l’homme et la terre » ci-joint). D’où la dimension initiatique de ce roman qui n’est pas qu’une simple aventure géographique et technique… La géographie du cœur de l’Afrique, très mal connue à l’époque, et donc imprécise, permet à l’auteur de mettre en place un imaginaire géographique (comme la découverte des présumées sources du Nil) très riche et emprunt de beaucoup de connotations colonialistes et parfois racistes… (replaçons-nous néanmoins dans le contexte de l’époque). Cf. aussi : * Analyse du roman par Lionel Dupuy : http://perso.wanadoo.fr/jules-verne/CIEH10.htm * Les cartes des Voyages Extraordinaires par Garmt de Vries : http://www.phys.uu.nl/~gdevries/maps/maps.cgi

----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 4 : Voyage au centre de la terre (cf. panneau n° 3 – première partie) est un roman dont l’intrigue repose sur un cryptogramme, comme Jules Verne les aime bien. Pour déchiffrer ce dernier (tout est expliqué dans le roman) les héros transcrivent en lettres de notre alphabet les caractères runiques. Ces lettres, alignées par la suite en colonne en reprenant chaque première lettre de chaque ensemble, donnent alors une suite qui, lue à l’envers, est en fait une citation latine expliquant le cheminent à suivre pour aller au centre de la terre… Or, il faut lire cette dernière phrase à l’envers pour déchiffrer le mystérieux cryptogramme. Cela est d’autant plus amusant que le voyage en lui-même (au centre de la terre) remonte les échelles des temps géologiques, en partant de la fin, c’est-à-dire des plus anciennes aux plus récentes, pour arriver enfin aux origines de l’homme… Cf. aussi : * Cryptographie et cryptanalyse : http://www.apprendre-en-ligne.net/crypto/menu/index.html * La cryptographie expliquée : http://www.bibmath.net/crypto/index.php3 * Le code du Voyage au centre de la terre : http://www.bibmath.net/crypto/concret/verne.php3

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5 : Dans Vingt mille lieues sous les mers (cf. panneau n° 6 – première partie), Jules Verne met en scène aussi un élément qu’il affectionne particulièrement : les volcans. Chez Jules Verne, et depuis le Voyage au centre de la terre, le thème du volcan permet de faire directement référence au feu, aux profondeurs de la terre, donc indirectement aux origines du monde, et de l’homme. Ils rendent aussi l’homme plus humble (cf. l’observation des vestiges de l’Atlantide). La présence de ceux deux volcans dans le roman n’est pas non plus sans rappeler les deux volcans du Voyage au centre de la terre… L’analyse de l’image qui montre nos héros observant les vestiges de l’Atlantide est particulièrement intéressante : 3 plans se succèdent : - premier plan : les hommes, en retrait, sur une sorte de butte, qui observent le spectacle, - deuxième plan : une explosion et une coulée volcanique, - troisième plan : les vestiges de l’Atlantide.

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Or, la présence de ce volcan au milieu revêt trois significations : - la première, c’est qu’elle permet d’éclairer un espace qui normalement est noir (le fond des océans), donc l’explosion du volcan, qui tombe au bon moment (comme par hasard !), permet aux héros d’observer avec plus d’acuité les vestiges de l’Atlantide… - la deuxième est liée à l’origine même des vestiges : dans quelles circonstances l’Atlantide a-t-elle été détruite… ? Tout simplement parce que cette ville immense de l’Antiquité était construite… sur un volcan qui est entré en éruption et qui par conséquent à détruit son édifice volcanique, donc la ville. - la troisième signification est plus symbolique : tout cela permet aussi de montrer à quel point la puissance de la nature est la plus forte, et que l’homme, malgré ses inventions, restera toujours (et aujourd’hui encore) à la merci des caprices de la nature… Ce qui permet aussi de rappeler à quel point il doit se sentir modeste devant les forces d’une nature qu’il ne maîtrisera jamais, même si le capitaine Nemo a le sentiment d’être le maître des océans avec son Nautilus… -----------------------------------------------------------------------------------------------------------

6 : Le tour du monde en 80 jours (cf. panneau n° 5 – première partie) est un voyage triplement temporel, une boucle contre la montre… Telle est la relativité de l’espace et du temps. Le travail sur ce roman est l’occasion d’aborder tout ce qui se rapporte aux méridiens, parallèles, le décalage horaire, l’étendue de la couronne britannique, les colonies, le développement des moyens de transport et de communication, etc… Remarquez que ce tour du monde ne traverse pas une seule fois l’hémisphère sud… Cf. aussi : * Le tour du monde en 10 minutes : http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/expositions/jules_verne/webcams/index.html * Le tour du monde en 80 clics : http://www.crdp.ac-grenoble.fr/t80/index.htm * Un tour du monde en 80 jours sur les traces de Jules Verne : http://80j.free.fr/Paccueil.htm

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7-9 : Le Chancellor (cf. panneau n° 10 – première partie), comparaison entre l’île décrite dans le roman, et la véritable source d’inspiration de Jules Verne (qu’il évoque d’ailleurs dans le roman), l’Ecosse. A ce titre, une interview de l’auteur permet d’éclairer un peu plus où il a puisé son inspiration : « — Vous est-il jamais arrivé de visiter l’Ecosse ou l’Irlande ? — Oui, j’ai fait un périple des plus agréables en Ecosse et, parmi les excursions, visité la Grotte de Fingal à l’île de Staffa. Cette vaste caverne, avec ses ombres mystérieuses, ses chambres noires couvertes d’algues et ses merveilleux piliers en basalte, m’a vivement impressionné et fut à l’origine de mon livre, Le... le... — M. Verne s’arrêta. J’oublie totalement le nom. Tu t’en souviens ? demanda-t-il, tournant à sa femme. — Le Rayon vert, n’est-ce pas ? suggéra Madame Verne. — Mais oui, bien sûr : Le Rayon vert. On doit être excusé, ajouta-t-il en riant, si parmi tant de titres le mot ne vient pas à l’esprit tout de suite ».

Or, l’île que Jules Verne décrit aussi dans Le Chancellor est exactement celle qu’il cite dans son interview. D’ailleurs l’auteur, dans son texte, nous explique (toujours à propos de l’île) :

« Lorsque le dessin d’André Letourneur est achevé, nous redescendons par une autre pente qui s’abaisse doucement vers l’ouest, et bientôt une jolie grotte s’offre à nos regards. A la voir, on dirait vraiment que c’est là une œuvre architecturale, de l’ordre de celles que la nature a fondées dans les Hébrides, et plus particulièrement à l’ île de Staffa. MM. Letourneur, qui ont visité la grotte de Fingal, la retrouvent ici toute entière, mais sur des proportions réduites. Même disposition des prismes concentriques, due au mode de refroidissement des basaltes; même dais de poutres noires, dont les joints sont lutés d’une

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matière jaune; même pureté des arêtes prismatiques, que le ciseau d’un ornemaniste n’aurait pas profi lées avec plus de netteté; enfin, même bruissement de l’air à travers ces basaltes sonores, dont les Gaëls ont fait les harpes des ombres fingaliennes. Seulement, à Staffa, si le sol n’est qu’une nappe liquide, ici, la grotte ne peut être atteinte que par les grands coups de mer, et le champ des fûts prismatiques y forme un pavé solide. - «En outre, fait observer André Letourneur, la grotte de Staffa est une vaste cathédrale gothique, et celle-ci n’est que la chapelle de cette cathédrale! Mais qui se serait attendu à trouver une telle merveille sur un récif inconnu de l’Océan !»

Jules Verne, Le Chancellor

La source de Jules Verne étant identifiée, il ne reste plus qu’à commenter, maintenant, le décalage entre la réalité et la représentation (Jules Verne représente des basaltes avec des angles à 90°, ce que la nature, a priori, ne sait pas faire…). ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 10 : Quelques exemples d’inventions (cf. panneau n° 9 - première partie) qui permettent de montrer à quel point les inventions chez Jules Verne s’appuie sur la science et la technique de son époque (à la différence de H.G. Wells), et surtout combien ces dernières sont des faire-valoir de la toute puissance des héros verniens (Robur et son Albatros, ainsi que son Epouvante, Nemo et le Nautilus, les artilleurs du Gun Club avec le projectile pour la lune). Certains engins font peur (l’Epouvante de Robur), d’autres impressionnent (le Nautilus de Nemo), d’autres encore font rêver (l’Albatros de Robur, ou le projectile pour la lune). Jules Verne reprend pour partie des inventions déjà présentes à son époque, il se contente seulement de leur donner un caractère démesuré, à la hauteur du talent de ses héros les plus illustres… L’Epouvante de Robur-le-Conquérant (image centrale, avec les oiseaux qui volent) est un engin qui peut naviguer sous les eaux (comme le Nautilus), dans les airs (comme l’Albatros) et rouler sur terre… La science et la technique de la deuxième moitié du 19° S. ayant inventé des engins capables de naviguer sur un seul plan, Jules Verne a imaginé qu’un jour une machine pourrait réunir ces trois plans !

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Jules Verne au collège et au lycée Connaissance de Jules Verne : que savez-vous de l’auteur ?

Situer Jules Verne dans le temps : à quelles dates vécut Jules Verne ? En quoi cette période est-elle riche ? Situer Jules Verne dans l’espace : où a-t-il vécu ? En quoi cela a-t-il influencé son œuvre… ?

Ces trois questions permettent de resituer l’auteur dans un contexte géographique et historique,

et de replacer ainsi ce dernier par rapport aux différentes révolutions qu’il a connues. Il est nécessaire aussi d’insister sur les nombreux progrès scientifiques et techniques qui sont réalisés

durant cette période. A ce titre, Jules Verne apparaît alors comme un témoin de son époque, et son œuvre reflète ainsi ce qui se passe dans la deuxième moitié du 19° siècle. De nombreuses

images d’Epinal se rattachent encore à cet auteur. Jules Verne est naît à Nantes (1828), mort à Amiens (1905). Le port de Nantes a bercé son enfance :

« Je suis né à Nantes, où mon enfance, s'est tout entière écoulée. Fils d'un père à demi-parisien et d'une mère tout à

fait bretonne, j'ai vécu dans le mouvement maritime d'une grande ville de commerce, point de départ et d'arrivée de

nombreux voyages au long cours. Je revois cette Loire, dont une lieue de ponts relie les bras multiples, ses quais

encombrés de cargaisons, sous l'ombrage de grands ormes, et que la double voie du chemin de fer, les lignes du

tramway ne sillonnaient pas encore. Des navires sont à quai sur deux ou trois rangs ; d'autres remontent ou

descendent le fleuve.

Pas de bateaux à vapeur, à cette époque, ou du moins très peu ; mais de ces voiliers dont les Américains ont si

heureusement conservé et perfectionné le type avec leurs clippers et leurs trois-mâts goélettes. En ce temps-là, nous

n'avions que les lourds bâtiments à voile de la marine marchande. Mais que de souvenirs ils me rappellent ! En

imagination, je grimpais à leurs haubans, je me hissais à leurs hunes, je me cramponnais à la pomme de leurs mâts !

Mon plus grand désir eût été de franchir la planche tremblotante qui les rattachait au quai pour mettre le pied sur leur

pont !

Mais avec ma timidité d'enfant, je n'osais ! Timide ? Oui, je l'étais, et pourtant, j'avais déjà vu faire une révolution,

renverser un régime, fonder une royauté nouvelle, et bien que je n'eusse que 2 ans alors, j'entends encore les coups de

fusil de 1830 dans les rues de Nantes où, comme à Paris, la population se battit contre les troupes royales. »

Jules Verne, Souvenirs d’enfance et de jeunesse

Quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit lorsque l’on évoque Jules Verne ? Il est fort probable de retrouver les termes de science fiction, anticipation, voyages, etc... Dans

cette perspective, il est intéressant alors de demander aux élèves pourquoi ces qualificatifs leur viennent à l’esprit. Ces mots devront être mis en relation avec les titres des romans de l’auteur

que les élèves citeront le plus souvent.

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Citez des romans de Jules Verne.

Sur les 80 romans et autres nouvelles écrits par Jules Verne, un collégien connaît en général (et au mieux) moins d’une dizaine de romans. A ce titre, il est intéressant de leur demander quand pour

la dernière fois ils ont lu un roman de l’auteur.

Dans quelles disciplines peut-on étudier Jules Verne ? En français, latin : L’œuvre de Jules Verne est d’une telle richesse que presque n’importe lequel de

ses romans peut être étudié en collège et lycée. De nombreux points peuvent être abordés : la narration, la dimension fantastique, les figures de styles, les références à la mythologie grecque et

latine, etc...

Cf., par exemple :

* « Les Indes noires », de Jules Verne – Questionnaire de lecture 3°. L’Ecole des lettres des collèges 1999-2000, n° 4

(Lecture-préparation à la seconde).

* Lectures de Jules Verne : « Le secret de Wilhelm Storitz ». L’Ecole des lettres des collèges 2001-2002, n° 4 (Etude

d’une œuvre intégrale).

* Etude d’une œuvre intégrale : Le Château des Carpathes. NRP n° 5, janvier 2000 (séquence pédagogique 3°).

* Etude d’une œuvre intégrale : La journée d’un journaliste américain en 2889. NRP n° 5, janvier 2000 (séquence

pédagogique 5°).

En histoire-géographie, instruction civique : Les dimensions de l’espace et du temps étant fondamentales dans les romans de Jules Verne, là aussi presque tous les romans peuvent se prêter

à étude historique et géographique. De nombreuses cartes peuvent être aussi réalisées à partir des indications fournies dans les romans.

Cf., par exemple :

* Le tour du monde en 80 jours : à travers ce roman, il est intéressant d’éveiller la curiosité de l’élève sur

l’organisation de l’espace à la fin du 19° siècle (colonies anglaises, ouverture du canal de Suez, les progrès dans le

domaine des transports) mais aussi sur le découpage du globe en méridiens (Méridien de Greenwich, le principe du

décalage horaire, latitudes et longitudes, etc...).

En géologie, biologie, paléontologie : Beaucoup de romans de Jules Verne font référence à la

géologie, à la paléontologie, au volcanisme. Il est possible ainsi d’appréhender de nombreuses notions par le biais d’une lecture attentive de certains romans.

Cf., par exemple :

* Voyage au centre de la terre : Ce roman constitue un formidable livre de géologie. Il est intéressant d’opposer ainsi

le vocabulaire employé dans le roman et celui qui est utilisé actuellement. C’est un moyen aussi de sensibiliser l’élève

aux théories de l’évolution, tout en conservant une approche ludique et didactique.

En mathématiques, sciences et techniques : Jules Verne s’appuie souvent sur les mathématiques dans ses romans. Certains calculs de trigonométrie peuvent servir de base à des exercices en

cours, ou servir d’introduction au calcul trigonométrique.

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Cf., par exemple :

* L’Ile Mystérieuse : Dans les chapitres 13 et 14 de ce roman, Jules Verne utilise des théorèmes mathématiques pour

effectuer certains calculs nécessaires pour apprécier des hauteurs de falaises et la latitude de l’île.

L’œuvre de Jules Verne se prête idéalement à des IDD, des TPE ou des projets de classes à PAC. Il

est facile de mettre en relation, par exemple, des productions cinématographiques et/ou théâtrales en rapport avec les romans de Jules Verne. Beaucoup d’artistes s’inspirent de près ou

de loin de l’œuvre de Jules Verne, et c’est à ce niveau qu’il est intéressant de mesurer le décalage entre l’œuvre et la fiction (cf. par exemple les séries de dessins-animés, les films ou pièces de

théâtres).

Objectifs pédagogiques

Comparer les romans à la réalité (celle du 19° siècle et celle d’aujourd’hui). Le travail de

l’enseignant consistera à donner des pistes à l’élève afin que ce dernier ne se perde pas dans des

recherches trop lointaines. Ce travail peut se dérouler soit en bibliothèque, soit au CDI, soit par internet, soit sur le terrain (si cela est possible). L’objectif est d’inciter l’élève à dépasser la simple

lecture de l’œuvre en l’interrogeant sur les conditions d’écriture de cette dernière (quelles sont les sources de l’auteur ? ; si la description de l’auteur est juste, qu’est-ce qui a changé depuis ? etc...).

Permettre à l’élève d’avoir une lecture intelligente de l’œuvre : pourquoi Jules Verne a-t-il écrit

cela ? quels procédés utilise-t-il pour donner, par exemple, un caractère fantastique à ses aventures ?

Mieux connaître le 19° siècle, et particulièrement sa deuxième moitié. De nombreux progrès scientifiques et techniques qui nous sont familiers aujourd’hui datent de la deuxième moitié du

19° siècle. Jules Verne traduit parfaitement dans ses romans l’apparition de ces progrès qui révolutionnent la société et les modes de vie.

Utiliser internet. De nombreux sites internet existent sur Jules Verne. Certains sont spécialisés,

d’autres plus généralistes. Il est intéressant pour l’élève, dans le cadre d’une recherche ciblée, de réaliser l’ampleur de l’œuvre de Jules Verne et de voir à quel point ce dernier a influencé de

nombreuses personnes dans leurs travaux, leurs réalisations, etc... La présence de l’enseignant est fondamentale à niveau là, car la multitude de sites présents sur l’auteur risque dans un premier

temps de faire fuir l’élève. Il est conseillé de procéder à des recherches thématiques (Jules Verne et les volcans, les pays traversés dans les romans de Jules Verne, Les inventions de Jules Verne,

etc...). Enfin, il est intéressant là aussi d’avoir un regard critique sur ce qui est proposé et de confronter les points de vue (entre les élèves par exemple).

Parler de Jules Verne à ses parents et ses grands-parents. Il est intéressant de remarquer qu’il y a

un vide historique dans la lecture des romans de Jules Verne. Ainsi, les grands-parents (et arrières grands-parents) auront souvent plus de facilités à parler de l’auteur que les parents eux-mêmes.

L’explication de ce décalage permettra à l’élève de comprendre le regain d’intérêt qu’il y a actuellement par rapport à l’auteur (notamment depuis 2005).

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Jules Verne fait-il toujours rêver ? Cette interrogation, aussi surprenante soit-elle, permet après une petite analyse de comprendre la richesse de l’œuvre vernienne. Qu’est-ce qui nous fait rêver dans l’œuvre de Jules Verne ? Pourquoi ? N’est-ce pas là le signe incontestable du talent de l’auteur qui doit être considéré comme un écrivain à part entière ? En guise de conclusion… Telle est l’œuvre de Jules Verne, elle instruit tout en divertissant. Pour autant, le lecteur attentif aura remarqué sans difficulté aucune que ce dernier ne se contente pas seulement de donner à ses romans une vocation didactique, mais qu’il interroge aussi la curiosité de celui qui prend la peine de lire entre les lignes. Jules Verne est ainsi l’auteur le plus traduit dans le monde. C’est le signe le plus évident de la richesse de son œuvre. Faut-il en conclure que, compte-tenu de l’abondante littérature relative à l’auteur des Voyages Extraordinaires, il n’y a plus rien à dire sur lui. A coup sûr, non ! Au contraire, bien des choses restent à découvrir, et il n’est aucun spécialiste de Jules Verne qui prétendra que l’on sait tout de l’auteur. Heureusement d’ailleurs… D’où vient finalement cette incroyable capacité à anticiper l’avenir ? Jules Verne est tout sauf un prophète. Il a seulement fait preuve de bon sens, son intuition ayant été accompagnée d’un énorme travail de synthèse et de vulgarisation des données qui étaient en sa possession en cette période de Révolution Industrielle. Nous aurions envie de dire que n’importe qui, s’infligeant alors une telle hygiène de travail, pourrait actuellement en faire autant… Certes. Mais nous ne pourrons jamais avoir un de siècle de recul par rapport à la production dont il est question. Le temps est relatif, comme l’espace, mais pour l’instant il est linéaire pour l’homme… La dialectique de l’espace et du temps développée par Jules Verne conservera à jamais cette saveur inégalable. Les nombreux thèmes abordés par Jules Verne dans son œuvre témoignent indiscutablement de l’intelligence de cet homme, de sa capacité à transmettre, si ce n’est des réponses, tout au moins des interrogations qui nous mettent en garde sur une utilisation mal contrôlée des progrès en matières de science et de technique. Cette science toute puissante en cette fin de XIX° siècle ne permet tout de même pas encore le voyage au centre de la terre. Elle interroge néanmoins sur la relativité du temps. Il en est de même pour faire le tour du monde en 80 jours : sans l’aide inattendue de l’imagination de l’homme qui a introduit cette coupure temporelle (que l’on appelle plus communément le décalage horaire), Fogg n’aurait jamais pu remporter son pari. Ce dernier est lui aussi bien relatif, puisqu’il ne gagne rien… enfin presque, car il a tout de même trouver sa femme… La relativité du temps se mesure aussi avec la distance, l’éloignement : les habitants qui résident au pied du Château des Carpathes vivent certes à la fin du XIX° siècles, mais leurs mentalités sont celles d’hommes et de femmes qui vivaient dans l’obscurantisme du Moyen-Age. Le temps est linéaire, mais il lui arrive parfois de s’arrêter !!! Voyager dans les océans ou encore se retrouver abandonné sur une île déserte, tels sont des situations qui permettent d’aborder de manière concrète une problématique actuelle : comment profiter de l’environnement, de la nature, tout en respectant cette dernière… ? Jules Verne propose des réponses, libre au lecteur d’en apprécier la pertinence. Remarquons toutes fois que ces problématiques, envisagées il y a plus d’un siècle, sont ainsi terriblement d’actualité…

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Sélection de sites internet CDDP des Pyrénées-Atlantiques http://crdp.ac-bordeaux.fr/c2000/index.asp?loc=5 CDDP de l’Aude http://www.crdp-montpellier.fr/cd11/index.asp CRDP d’Orléans-Tours http://www.ac-orleans-tours.fr/crdp/aventure-scientifique/index.htm Centre International Jules Verne d'Amiens http://www.jules-verne.net/ Site de la Mairie de Nantes http://www.nantes.fr/julesverne/ Analyses littéraires des romans de Jules Verne (Lionel Dupuy) http://jules-verne.pagesperso-orange.fr/index.htm Le Portail Web Francophone sur Jules Verne (Frédéric Viron) http://www.fredericviron.com/verne/modules/news/ Consultation des cartes des voyages de Jules Verne (Garmt de Vries) http://www.phys.uu.nl/~gdevries/maps/maps.cgi Le portail européen de la littérature jeunesse http://www.ricochet-jeunes.org/auteur.asp?name=Verne&surname=Jules Gallica : les textes en ligne de la Bibliothèque nationale de France http://gallica.bnf.fr/ Textes et Documents pour la Classe (TDC), n° 888. Jules Verne http://www.cndp.fr/lesScripts/bandeau/bandeau.asp?bas=http://www.cndp.fr/RevueTDC/som888.asp

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Bibliographie sommaire En relisant Jules Verne. Un autre regard sur les Voyages Extraordinaires. de Lionel Dupuy, Dole : La Clef d'Argent Jules Verne, l’homme et la terre. La mystérieuse géographie des Voyages Extraordinaires. de Lionel Dupuy, Dole : La Clef d'Argent Jules Verne en son temps. de Jean-Michel Margot, Cahier Jules Verne, Les Belles Lettres Jules Verne, un univers fabuleux. de Eric Weissenberg, Editions FAVRE Les soixante voyages extraordinaires de Jules Verne. de Samuel Sadaune, Editions Ouest-France Jules Verne, de la science à l'imaginaire. Editions Larousse Jules Verne, l'enchanteur. de Jean-Paul Dekiss, Le Félin Jules Verne. Le rêve du progrès. de Jean-Paul Dekiss, Découverte Gallimard

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Testez vos connaissances sur Jules Verne (1) Quand Jules Verne est-il né et mort ? (2) Comment s’appelait son éditeur ? (3) Quel est le nom du premier roman qui l’a rendu célèbre ? (4) Quelle célèbre femme de lettre lui a suggéré en partie l’écriture de 20 000 lieues sous les mers ? (5) Comment se nomme la série de ses romans les plus connus ? (6) Quel type d’études a t’il fait avant de se lancer entièrement dans la littérature ? (7) Combien de romans a t’il écrit (environ) ? (8) Jules Verne a t’il fait partie de l’Académie Française ? (9) Quel célèbre auteur du 19° siècle admirait-il le plus ? (10) Quel célèbre photographe français était son ami (et qui est à l’origine de son portrait le plus connu) ? (11) Pourquoi donna t’il pour nom « Saint-Michel » à ses différents bateaux ? (12) Dans quel roman décrit-il le voyage d’un courrier du Tsar en Russie ? (13) À quel célèbre roman de Poe fait suite Le Sphinx des glaces (écrit par Jules Verne) ? (14) Quel célèbre auteur de bandes dessinées s’est largement inspiré de l’œuvre de Jules Verne ? (15) Dans quel roman (refusé par son éditeur) prévoit-il un avenir bien triste à Paris ? (16) Quelles sont les deux principales villes françaises où il vécut ? (17) Quelle est la célèbre expression latine présente dans 20 000 lieues sous les mers ? (18) A quel genre littéraire le Château des Carpathes se rattache t’il ? (19) Deux romans de Jules Verne (parmi tant d’autres), aux histoires pourtant différentes, reposent pourtant sur les mêmes principes : quels sont ces deux romans ? (20) Dans Le tour du monde en 80 jours, les héros traversent régulièrement les colonies de la plus grande puissance coloniale du 19° siècle : quelle est cette puissance ? Cf. aussi : * Le Quizz spécial Jules Verne en images : http://freenel.free.fr/Quiz-Jules-Verne.html * Portail Jules Verne : http://www.fredericviron.com/verne/modules/news/ * Forum Jules Verne (en anglais) : http://jv.gilead.org.il/forum/

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Réponses (1) 1828 - 1905 (2) Hetzel (3) Cinq semaines en ballon (1862) (4) George Sand (5) Voyages extraordinaires (6) Droit (7) 80 (8) Non (à son grand regret d’ailleurs) (9) Victor Hugo (10) Nadar (11) Son fils s’appelait Michel… (12) Michel Strogoff (1874-1875) (13) Les aventures d’Arthur Gordon Pym (1838) (14) Hergé (15) Paris au 20° siècle (1860, mais publié après sa mort) (16) Nantes et Amiens (17) Mobilis in mobile (18) Le genre du roman gothique traditionnel (19) Le Château des Carpathes et Voyage au centre de la terre (20) Il s’agit de la Couronne Britannique