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Emmanuel Davin Un éminent sinologue toulonnais du XVIIIe siècle, le R. P.  Amiot, S. J. ( 1718-1793) In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°3, octobre 1961. pp. 380-395. Citer ce document / Cite this document : Davin Emmanuel. Un éminent sinologue toulonnais du XVIIIe siècle, le R. P. Amiot, S. J. (1718-1793). In: Bulleti n de l'Associati on Guillaume Budé, n°3, octobre 1961. pp. 380-395. doi : 10.3406/bude.1961.3962 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bude_0004-5527_1961_num_1_3_3962

Joseph-Marie Amiot

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Artigo sobre o padre jesuíta francês J-M Amiot, missionário na China no século XVIII

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Emmanuel Davin

Un éminent sinologue toulonnais du XVIIIe siècle, le R. P.

 Amiot, S. J. (1718-1793)In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°3, octobre 1961. pp. 380-395.

Citer ce document / Cite this document :

Davin Emmanuel. Un éminent sinologue toulonnais du XVIIIe siècle, le R. P. Amiot, S. J. (1718-1793). In: Bulletin del'Association Guillaume Budé, n°3, octobre 1961. pp. 380-395.

doi : 10.3406/bude.1961.3962

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Un

éminent sinologue toulonnais du XVIIIe siècle

le R. P. Amiot, S. J. (1718-1793).

C'est,

en

général,

dans son

pays

natal que

le

savant est

le moins

connu.

Tel

est le cas

du

Père Jésuite Amiot, l'érudit sinologue

du

xvme siècle, dont le nom

n'a

été donné à une rue de

Toulon,

sa

ville natale, qu'en 1942.

Les

premières

et succinctes

biographies

que je lus

sur

Amiot

m'étonnèrent, de prime abord,

par

le

nombre et la variété des

travaux

de

ce

Jésuite sur

la Chine,

à tel point que

je

voulus

pénétrer

plus

avant

la

vie

et

l'œuvre de

ce chercheur

infatigable.

Tel est

le but de cette

étude,

que

j'avais

ébauchée

dans Les Miss

ions Catholiques de

mai

à

août 1947.

Sa vie

Jean- Joseph-Marie Amiot — et

non Amyot

— naquit à Toul

one

8

février

171

8.

Certaines

biographies portent par erreur le

18

février. D'après

C.

Sénés,

dit

LaSinse, il

était issu d'une vieille

famille de

gens

de

mer.

Nous

n'avons pu

vérifier

cette

assertion.

Il était

le

fils

de Jean-Louis

Amiot et

de

Marie-Anne Serre, fut

baptisé

le

même

jour à

la

paroisse Sainte-Marie (Cathédrale)

et

eut

pour parrain Florens Amiot et pour marraine Marie Fillol.

Son

prénom

de

Jean ne figure pas dans son acte

de

baptême (état-

civil

de

Toulon).

Son

père

était

notaire

royal.

Missionnaire en

Chine

pendant quarante-trois ans, ce Jésuite

français

fut

un des savants qui, dans

la

seconde moitié

du

xvme siècle,

travaillèrent

le

plus

à

faire

connaître aux Européens

l histoire, les mœurs

et la

civilisation

du

Céleste Empire.

Amiot

étudia

quatre

ans

au

Séminaire Royal

et

Collège

de

la

Marine, à

Toulon,

dirigé par

les Jésuites, qui dispensaient

des

cours d'hydrographie, d'astronomie

et

de

mathématiques

aux

gardes-marine.

Ce séminaire, qui devint par

la

suite

l'Hôpital

Maritime en

1785,

se trouvait

dans

la

rue

Nationale,

à l'emplace

mentctuel de la Poste

Centrale.

Le 27

septembre

1737,

il

entra

au

noviciat

d'Avignon

et,

à peine ordonné prêtre,

il

sollicita le

privilège

d'être envoyé dans les Missions étrangères.

Toutefois,

il

n'aborda

à

Macao que le

27

juillet 1750, accompagné

de

deux

Jésuites portugais. Je

tire

ces

renseignements

de l'ouvrage de

Mgr

Alfred

Baudrillart,

Dictionnaire

d histoire

et

de

géographie

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ecclésiastiques (1914, t.

II,

col.

1275

et

suivantes),

et

de

celui

d'Augustin

et

Aloïs de Backer, Bibliothèque des écrivains de

la

Compagnie de

Jésus

(éd.

de

1856, p. 25 et suivantes), ouvrages

auxquels je ferai par

la

suite de

nombreux emprunts.

A

ce

sujet,

il

n'y

a

pas lieu

d'attacher

grande

importance

à

ce

qu'écrit C. Sénés,

dit

La Sinse

A

vingt ans, Amiot, solidement

armé pour l œuvre

des conquêtes

spirituelles, prenait

son

envolée vers les régions de

l'Extrême-

Orient

et

allait fonder

un collège

franco-chinois

à

Macao.

Nous n'étudierons donc

sa vie

qu'à partir

de 1750, sans

même

tenir compte d'une prétendue

ambassade

en Russie.

Nous

savons

néanmoins qu'avant

de

partir pour

évangéliser

la Chine il

était

professeur à

ce Séminaire

Royal

et

Collège de

la

Marine, à

Toulon,

dont

il

avait été

élève

(Gustave

Lambert,

Histoire

de

Toulon,

1892,

t. IV,

p.

9). Nous savons aussi

qu'au

noviciat

d'Avignon il

eut

pour maître le

P.

Etienne Lombard

(1671-1753)

;

qu'il fut

succes

sivement novice de 1737 à 1739 ; professeur de grammaire à

Besançon

de

1739

à

1742, suivant

toujours

ses élèves ;

professeur

de

Seconde et

directeur de

la Congrégation des jeunes artisans à

Arles

en 1742-

1743

;

professeur de

Seconde

à

Aix-en-Provence

(1743-1744) ;

professeur de Rhétorique, directeur de

l'Académie

de

grec et

de

la Congrégation des

élèves de Nîmes

(1744-1745).

A

27 ans,

il entre en théologie

au

Collège

de

Dôle,

il reste

quatre

ans,

de

1745

à

1749.

Les

catalogues manquent

ensuite.

Il

dut être

ordonné prêtre en 1747,

à

la fin

de sa

deuxième année

de

théologie. (Renseignements

aimablement communiqués

par le

P.

Pierre

Delattre,

de

l'Institut supérieur

de

Théologie

d'Enghien

[Belgique].)

Les

Jésuites de Pékin

avaient déjà

informé

l'empereur

Kien-

Long de l'arrivée de trois de leurs confrères,

et

lui avaient

annoncé que les connaissances variées de ces nouveaux

Pères

pourraient

être de

quelque utilité

à

la capitale. Aussitôt,

l empe

reur onna des

ordres

pour que les trois Européens fussent

amenés

à

Pékin aux dépens du Trésor.

Pendant

leur

séjour

à

Macao,

les

missionnaires s'étaient

exercés

à

prendre

les manières

chinoises

et

surtout

à se

rompre

au langage

si^difficile de leur

nouvelle patrie. Le

28 mars 1751,

les mission

naires rirent la route

de

Canton. Le

trajet de

Canton

à

Pékin

demanda

soixante-

quatre

jours de

préparation, qu'il

fallut

passer dans une

barque

chinoise, au milieu des eaux

infectes

du

port

et

sous un

soleil

brûlant.

La

santé

du Père Amiot commençait

à se ressentir de cette dure épreuve, quand arriva

l'heure du

départ, le Ier juin 1751.

C'était

sortir d'une

épreuve

pour

en subir une plus dure

encore.

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Amiot,

pour se conformer

à

l'étiquette chinoise,

dut

passer les

quatre-vingt-trois

jours

de

voyage qui le conduisirent à Pékin

dans

une

litière

fermée

de toutes

parts,

sans qu'il

lui fût permis

de

satisfaire

cette

curiosité

si naturelle

à un étranger

et

surtout à un

savant

observateur.

Dans

une

de

ses

lettres,

il

apprend

à

son

correspondant que le mandarin chef d'escorte l'a fait voyager

d'une façon si

bizarre qu'en

quarante-cinq jours

il n'a pas recueilli

les éléments d'une

conversation d'une heure

(Voyageurs

et

explorateurs provençaux.

Exposition

coloniale de Marseille de

1906, p. 139). Amiot nous a

conservé la

relation de ce voyage dans

une lettre du

20

octobre 1752,

adressée

au P. Allart, et insérée

dans les Lettres Édifiantes (éd. Mérigot,

XXIII,

p.

153

et suiv.).

Le dimanche

22

août

1751,

Amiot

arrivait

à Pékin.

Ses

confrères vinrent au-devant

de

lui

jusqu'à

deux lieues

de

la ville

et

le conduisirent

au

collège

des

Jésuites portugais,

puis

il

alla

rendre ses devoirs

à

Mgr l'Évêque. Quelques jours après, Amiot

fut

présenté à

l'empereur, puis il entra dans la

vie

commune

à

tous les missionnaires.  Hf

A

cette époque, le catholicisme était

proscrit en

Chine ;

néanmoins, au nom de

la science,

les missionnaires

exerçaient

leur ministère

avec

une certaine liberté à l'intérieur de leur

domic

ile,

t

même au dehors, moyennant quelques précautions. A son

arrivée, le

P.

Amiot

fut

chargé de

la

Congrégation des Enfants,

occupation qu'il partageait avec l'étude sérieuse

de

la langue

chinoise.

Peu

après,

le

2 février

1752,

il

prononçait

à

Pékin

ses

derniers vœux.

La variété et

l'étendue

des connaissances du P. Amiot, son

goût pour Je travail, les

succès

qui couronnèrent ses

premiers

efforts, le

zèle

de

son ministère lui

inspirèrent l'heureuse

pensée

de

consacrer une

partie de

son temps

à

l'étude des peuples

chinois, des

langues parlées dans ce

vaste

empire,

de

son

histoire

et des arts qui

y sont en

honneur.

Ses supérieurs,

répondant

à un

vœu

si conforme à l'esprit de

leur Institut,

ne

se contentèrent

pas

d'encourager le

laborieux et

savant

missionnaire,

ils

voulurent

encore

le

seconder

en

lui

donnant un

compagnon

pour l'aider dans ses travaux littéraires.

C'est en 1754, que Yang-ya-ko-pé, jeune chinois

de 22

ans, lui fut

adjoint. Le

P.

Amiot

le

forma

lui-même et lui apprit

à

étudier

selon

la

manière

européenne ; il lui inspira

le

goût des

antiquités,

lui

apprit l art

d'une

critique raisonnable.

Plus instruit que

ne

le

sont les lettrés ordinaires en Chine, il

savait

les

consulter

quand

le

P. Amiot

le jugeait

nécessaire et

rendre

compte des

discussions

qu'il avait

soutenues.

Aussi

fut-il vivement regretté par son

maître

lorsqu'après trente ans de service

il

lui

fut

enlevé par

une

maladie

de

dix

mois.

Dans une

autre

lettre d'Amiot,

datée

du 2 octo-

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383

bre

1784, on

trouve un

petit éloge

funèbre de

Yang-ya-ko-pé

qui fait autant d'honneur au maître qu'au disciple.

Au point

de vue religieux,

beaucoup

de

lecteurs seront étonnés

peut-être

de

rencontrer si

peu de

lettres du P.

Amiot

dans les

diverses collections des

Lettres

édifiantes

de

la

fin

du

xvme

siècle.

Elles y sont rares

en

effet

et d'un

intérêt secondaire.

Amiot,

attaché à

la

cour de

l'empereur comme savant,

avait

une sphère

d'action religieuse assez limitée ; sa mission personnelle consistait

moins

à

agir

par lui-même auprès des Chrétiens

qu'à

leur

concilier, au nom de

la

science, les faveurs du Prince. Tout

autre

missionnaire, attaché plus étroitement au ministère évangélique,

était

plus

à

même que

lui de

rendre compte

à ses confrères

d'Europe

de

l'état

et des

progrès

du

Christianisme en Chine. Il

n'en était pas de même au

sujet

des sciences,

qu'il

cultivait avec

tout

le

zèle

et

toute

l'ardeur

que

pouvait

lui

inspirer

l'amour du

travail en

vue

de

la

plus grande gloire

de

Dieu.

Il s'attira bien vite l'estime

et

l affection de l'empereur Kien

Long.

Il

n'en

est

pas de

la Mission

de

Pékin

comme les autres, [écrivait-il

plus

tard (ier

octobre

1774)].

Dans celle-ci, la piété,

le

zèle,

le

travail,

la

bonne volonté peuvent suffire.

Il

faut tout cela à

Pékin, et

quelque

chose de

plus encore : il faut

de

la science et des talents ; il faut

tâcher

d être agréable

au souverain ;

il faut

se rendre utile au

gouver

nement. Ce ne sera jamais qu'à ces conditions qu'on

nous

permettra

de

prêcher l'Évangile.

Ces conditions, Amiot les réunissait en lui : d'une mémoire

surprenante,

d'une rare aptitude pour les

langues,

ayant des

connaissances approfondies sur les

diverses parties

de ia

phy

sique,

de

la

médecine

et des mathématiques,

musicien,

possédant

à

la perfection

le

chinois,

et,

ce qui est plus précieux encore, la

langue tartare-mandchoue,

la

seule que parlât l'empereur,

il

étudia

avec passion l'histoire

de

la Chine,

ses

coutumes,

ses

monuments, ses arts,

et

aucun de ses confrères ne mérita mieux

que lui des lettres

et

des

sciences.

Au

moment où le

P. Amiot

commençait à

recueillir

le fruit

de ses

premières études,

la

Compagnie de Jésus

fut

frappée,

d'abord en

France par le Parlement, les jansénistes

et

les

philosophes,

maîtres

de

l'opinion publique, puis

dans

l'univers catholique par le Pape

Clément XIV. Le zélé missionnaire français

mit

tout en œuvre

pour

assurer à

la

Mission française de Pékin

la

protection de

son

gouvernement et l'influence

de son pays

:

il

insista

auprès du

ministre secrétaire

d'État

Bertin

pour qu'elle

fût confiée aux

prêtres

des

Missions Étrangères,

et,

sur

leur

refus,

aux

Lazaristes.

En 1775, un Carme

allemand,

le

P.

Joseph de Sainte-Thérèse,

missionnaire de

la

Propagande depuis une trentaine d'années, en

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3H

résidence à

Pékin,

se transporta

chez

les Jésuites pour

leur

intimer, par l'ordre

de

l'évêque

de

Nankin, le bref

de

destruction

de

l'Ordre par le Pape.

Depuis

lors

la

Mission des Jésuites à

Pékin continua

de péricliter

jusqu'à

la mort

de

ses

derniers

membres,

d'Almeida

et

Bourgeois,

en

1805

et

1806.

On

sait

que

la

Mission des Jésuites

en

Chine

ne fut rétablie qu'en

1842,

dans

la

province de Kiang-Sou, par le

P.

Claude

Gotteland,

arrivé à

Macao

en 1841 (Henri Cordier, La Grande Encyclopédie,

t.

II,

p. 758).

N'ayant donc plus de confrères sur

la

terre natale à qui il pût

communiquer

ses

travaux,

il

chercha dans le monde

savant

des

correspondants amis et fidèles. C'est

ainsi

que ses mémoires

scientifiques

furent

adressées à

M. Bignon, bibliothécaire du

roi,

et

à

M. Bertin,

ministre

d'État.

C'est à leur

zèle pour la science,

à

leur

générosité

intelligente,

soutenue d'ailleurs

par

la

faveur

du

monarque,

que

nous sommes redevables

de

nombreux renseigne

mentsecueillis sur la

Chine

dans les

dernières

années du

XVIIIe siècle. Ainsi, vers 1809,

M.

Breton a publié

La

Chine en

miniature, ou choix des costumes, arts

et métiers

de cet empire,

représentés par 74 gravures,

la

plupart d'après les originaux

inédits

du

cabinet de

feu M.

Bertin,

avec

notes

(Paris,

Demouville).

Henri-Léonard-Jean-Baptiste Bertin (1720-

1792) fut

contrô

leurénéral des

finances

et

ministre

d'État. Il tint le portef

euille des

Affaires

étrangères

après

la

retraite

du

duc

d'Aiguillon

(1774)

jusqu'à la

nomination de

Vergennes. L'histoire

de

France

ne

doit

pas

moins à Bertin

que celle

de

la

Chine : c'est

lui

qui fit

rechercher à Paris,

dans les provinces et jusque dans la

Tour de

Londres les documents inédits propres à répandre

quelque

lumière sur les temps

encore obscurs

de

la monarchie.

Natif de

Périgueux d'une

ancienne

famille de

robe, il

avait

les

titres de

comte de Bourdeilles,

seigneur

de

Brantôme et

premier baron

du Périgord.

Il

émigra en 1791

et mourut

à Spa en 1792. C'est à

lui

qu'on doit

le

développement

de

la manufacture

de

Sèvres,

l'établissement

de

la

première

école

vétérinaire

à

Lyon,

et

la

création du Cabinet des Chartes.

Les

de Backer

écrivaient en

1856 :

Personne ne paraît avoir recueilli

l'héritage de

science du

P.

Amiot ;

il est

comme le

dernier

rejeton de

cette

génération de

savants qui ont illustré l'Église,

la

France et

la

Compagnie

de

Jésus,

par

ce

noble reflet de

sagesse et

de

vertu qui est

le

propre

de

la

vérité

et

de la religion. Après les Premare

et

les Gaubil, les savants

conviennent qu'aucun

autre missionnaire français

n'a si bien

mérité

des sciences

et

des

lettres

que le

P.

Amiot. En effet, il connaît bien

la

langue, son jugement n'est jamais

pris

en défaut, sa

logique est

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385

ferme ; son style, il est

vrai,

est un

peu diffus

et sent parfois le rhé

teur,

mais il est grave, coulant

et

correct. Si

l'on

se rappelle au

milieu

de

quelles épreuves il a rempli sa

mission,

on doit lui tenir double

ment

ompte

de

son ardeur pour

le travail.

Enfin, c'est

d'un

des travaux d'Amiot

que

naquit

la

gymnastique

suédoise. C'est grâce à

la

communication d'Amiot

sur

une vieille

méthode de gymnastique chinoise

que

le Dr Ling

inventa la

gymnastique suédoise. J'en reparlerai.

Le 15

octobre 1785, le

P. Amiot fut reçu dans l'ordre

des

vieillards ainsi que quatre autres missionnaires âgés

de

plus

de

60

ans.

Travailleur infatigable,

il

fut,

jusqu'à la

veille

de

sa mort,

un

des correspondants les plus assidus de

l'Académie

des Inscrip

tions

t

Belle-Lettres.

Mais

les cruelles épreuves

qui

avaient

ané

anti la

Compagnie de Jésus, non

moins que

le travail opiniâtre

auquel

il se

livrait

depuis

un

demi-siècle,

eurent

enfin raison

de

la

robuste

constitution du P. Amiot il mourut

à Pékin dans

la

nuit

du

8 au 9

octobre

1793.

Le Dr Pierre Huard,

doyen

honoraire de

la

Faculté mixte de

Médecine et

de

Pharmacie

d'Hanoï,

me fait connaître que dans la

correspondance

du P.

Amiot, conservée aux Archives

Nationales,

à

la Bibliothèque Nationale et

à

celle

de l'Institut,

il est

dit

que

celui

que

Bertin, ministre secrétaire

d'État,

appelait « notre

plus

grand

travailleur»,

mourut d'une

attaque

d'apoplexie en appre

nant,

huit mois

après

en Chine,

que

son

Roi

était monté

sur

l'échafaud.

Le

P.

Amiot

portait en «jlnnuis le nom

de

Wan-jo-chée. Il

a

été peint en

Chine

par Panzi, Jésuite italien, et son

portrait,

gravé à

Paris par

Helman,

se trouve en tête du tome XV des

Mémoires

sur

les Chinois.

Sous

le portrait peint par

Panzi

on lit, gravés, les vers suivants :

Français, Mandchou, Chinois, Homme de Cour, Apôtre,

II fut,

sans

déroger, tantôt l'un, tantôt l'autre.

S'il

est

comme

écrivain digne de

quelque

prix,

Chacun peut le

juger

en lisant

ses

écrits.

Il est représenté en mandarin, dignité

qui

lui

fut

conférée

par

l'empereur de Chine.

Grâce à mon ami M. le professeur B. Taladoire, j'ai

trouvé

une

belle reproduction

en

couleur de

ce

portrait

exécuté par Panzi

chez

une

charmante

et

noble Anglaise, Miss

Catherine

Amyot,

qui en

a hérité de ses

ancêtres et qui,

depuis 1929,

habite

à

Toulon

une délicieuse bastide

du

quartier des Routes.

Miss

Amyot

descend

de Thomas Amyot,

qui émigra en

Anglet

erre,

en

1685,

à

la

Révocation

de

l'Édit

de Nantes.

Ce

Thomas

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 386

était l'arrière-petit-fils de Jean

Amyot,

auditeur à

la Chambre

des

Comptes de Paris, frère du

savant

évêque d'Auxerre,

Jacques Amyot (1513-1593), grand aumônier

de

Charles IX et

de

Henri

III,

natif

de

Melun,

célèbre helléniste

et

traducteur de

Pétrarque.

Ses

travaux.

Les travaux

que

le

P.

Amiot

a

laissés ont

été publiés en France

par

les soins

d'amis

dévoués et intelligents

MM. Bertin,

Bignon,

Roussier,

et

les éditeurs des Mémoires concernant les

Chinois,

MM. Batteux

et

de Bréquigny. Ils ont

pour titre

Mémoires concernant l histoire, les sciences, les arts, les mœurs

et

les

usages

des

Chinois,

par

les

Missionnaires

de Pékin (Paris, Nyon

aîné,

1776- 1789,

15

vol.

in-40, ensuite 16 vol. in-40, Paris, 1776-

1814). C'est dans cette collection qu'ont été rassemblés les

Mémoires du P. Amiot. Ils s'y trouvent

mêlés

avec d'autres

lettres et traités

écrits par ses confrères

d'un

mérite

moins

reconnu. (Nous les citerons sous

la

référence

du

seul mot

Mémoires.)

Parmi les manuscrits

d'Amiot,

il

faut mentionner les

80 lettres

adressées presque toutes au

ministre

d'État Bertin,

de

1766

à

1792, conservées à

la Bibliothèque

de l'Institut

et

reliées en

3

volumes,

in-folio,

marqués

D.

M.

167.

Plusieurs

d'entre

elles

sont de

véritables

mémoires de 40, 50, 60

pages

et plus. La portion

de ces lettres qui comprend les

travaux

scientifiques a été

insérée

dans

les Mémoires cités plus haut ; les autres, personnelles ou

relatives à

la

Mission,

d'aiiieurs

fort

intéressantes, sont

restées

inédites.

A ce sujet, nous ferons

remarquer

que toutes les

lettres de

ce

savant missionnaire

sont signées

Amiot et non Amyot. Le graveur

du portrait

placé

en

tête du tome XV

des Mémoires,

et Langlès

semblent avoir les premiers adopté

cette

orthographe

fantaisiste.

Voici

les

principaux

travaux

et lettres

envoyés de

Chine

en

France

par le

P. Amiot

1. Éloge

de

la

ville de Moukden

et

de ses environs.

Poème

composé

par Kien-Long, empereur de

la Chine et

de

la

Tartane, actuellement régnant, accompagné de notes curieuses sur

îa

géographie, sur l histoire naturelle

de

la Tartarie orientale et

sur

les

anciens

usages

des

Chinois,

composées par les éditeurs chinois

et

tartares. On y

a

joint une pièce en vers

sur le

thé, rédigée par

le

même

Empereur.

Traduit

en

français par le

P. Amiot,

missionnaire à

Pékin,

et publié

par

M.

Deguignes (à Paris, chez N.

M. Tillard,

1770,

Imprimerie

Didot).

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7/21/2019 Joseph-Marie Amiot

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387

2. Art militaire des Chinois.

Ou

recueil

d'anciens traités sur la

guerre

composés avant l'ère

chrétienne par différents généraux chinois ; ouvrage

sur

lesquels les

aspirants aux

grades

militaires

sont obligés

de

subir des

examens.

Traduit

en français

par

le

P.

Amiot,

missionnaire

à

Pékin, revu et

publié par M. Deguignes (Paris, Didot aîné, 1772,

avec 21

planches

gravées et coloriées,

40.

Réimprimé dans les Mémoires, VII, avec

un

supplément, VIII, p. 327).

Cet ouvrage

venait

à peine d'être publié qu'il

en parut une

analyse critique sous le

titre

État

de l'art

et

de la

science militaires

à

la

Chine, tiré des

livres

militaires des Chinois..., par de Saint-

Maurice

de

Saint-Leu

et

de

Puységur (Paris,

Didot

aîné,

1773,

12°).

Les Chinois

ont

sept

ouvrages

classiques

sur l'art

militaire

qui

servent

de

matière

d'examen

à

tous

ceux

qui

embrassent la

carrière

des

armes. Amiot n'a

traduit

que les

trois

premiers et

le

septième. Le

premier et

le second, Sun-tsé

et

Ou-tsé, envoyés de

Pékin

en

1766, sont arrivés à

Paris en

1767, avec un ouvrage fait

par ordre de l'empereur Young-tcheng sur

la

conduite

que

les

troupes doivent tenir ;

il

est

suivi

des exercices

et

des évolutions

des troupes chinoises avec les dessins nécessaires pour l intell

igence u

traité.

Le troisième ou Sé-ma-fa, est arrivé en 1769. La

Bibliothèque Nationale

à

Paris

a

deux éditions

de

ce traité, l'une

de 1720, l'autre de

1722. Cette

dernière, plus récente, est aussi

plus étendue,

plus

complète.

Les

traductions

du P.

Amiot,

accompagnées de figures

enluminées,

étaient destinées à

enrichir

le cabinet

de

M. Bertin.

Cet

ouvrage a été réédité en 1922, par le

lieutenant-colonel

E.

Cholet

sous le

titre

L'Art

militaire

dans l'antiquité chinoise.

Une doctrine

de guerre

bi-millénaire.

Tiré de

la traduction

du

P. Amiot

(1772) (in-8°, 170 pages. Éd. Charles Lavauzelle,

Paris, 1922, 124 boulevard Saint-Germain [VIe]).

3.

Abrégé

historique des principaux traités de

la vie

de Confucius,

célèbre philosophe chinois.

Orné

de

24

estampes

gravées

par

Helman d'après

des

dessins

or

igin ux

de

la Chine envoyés

à

Paris par M. Amiot,

missionnaire à

Pékin,

et tirés du cabinet

de

M. Bertin, ministre et ancien sous-

secrétaire

d'État. A

Paris, chez

l'auteur (vers 1788). —

Faits

mémor

ables

des empereurs de

la

Chine, tiré des annales

chinoises,

dédié à

Madame,

orné

de 24 estampes gravées par Helman, etc., 40.

La vie

de Confucius,

in-40. — Ce volume, composé uniquement

d'estampes, a été imprimé

en

Chine.

Il est accompagné

d'une

explication parle P. Amiot, manuscrit autographe signé, de

201 pages (Catalogue de la

bibl.

de M. Victor de Saint-M...), Paris,

L.

Potier,

1848,

3°,n°3oo5).

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7/21/2019 Joseph-Marie Amiot

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388

En

1784, le P. Amiot avait envoyé une Vie de Koung-tsée,

appelé vulgairement Confucius.

Mémoires,

XII,

avec figures.

Enfin,

en 1784, ou 1785,

il envoya

un

Abrégé

de

la vie

des

principaux

d entre

les

disciples de

Koung-tsée

qu'on

a

jugés

dignes

d'avoir

part aux hommages

qu'on rend

aux usages de

la nation.

— Mémoires, XIII,

p. 1.

Voir aussi une

lettre du 16 octobre

1787

sur la

secte des

Tou-tsée,

Mémoires, XV, pp.

208-259.

La Vie de Confucius est l'ouvrage qui fait peut-être le plus

d'honneur au P. Amiot ; envoyée en France en

1784, elle était

accompagnée

de 100

dessins

relatifs aux

diverses circonstances

de

la

vie de

Confucius. Les éditeurs du Mémoire en

ont

supprimé

un

grand

nombre et n'ont

gardé

que

les plus importants. Ils

ont

été

gravés avec soin et insérés

à

leur place dans le Mémoire, avec des

explications qu'on

a jugé à propos de rassembler à

la

fin

du

volume,

p.

431

et

suivantes.

L'auteur s'était proposé

de

nous donner

un

précis

de

la doctrine

de

Confucius, mais ses forces

épuisées

ne

répondaient

pas

à

son

courage.

Un extrait de

la

correspondance

du P. Amiot

{Mémoires,

XIV, 517) éclaircit

plusieurs

points de

la

vie de

Confucius

qui

qui avaient excité des réclamations.

4. Grammaire Tartare-Mandchou en français.

Tirée

du Tome XII

des Mémoires (A Paris, chez Nyon

l'aîné,

i?87> 4e.

39

P-)-

Traduite

en

anglais par

M.

Alex

Wylie

(in-8°,

30

p.).

Comme

elle devait faire

partie

d'une Chrestomathie mandchoue, qui n'a pas

été

terminée, cette

traduction, imprimée déjà, n'a pas été

livrée

au public.

Cette grammaire

du P. Amiot est la traduction

des 112 premiers

paragraphes

des

Elementa linguae Tartaricae,

attribués au

P.

Jean-François Gerbillon.

5.

Dictionnaire Tartare-

Mandchou-Français.

Composé d'après

un dictionnaire

Mandchou-Chinois. Rédigé et

publié

avec

des additions

et

l'alphabet de cette langue par

L.

Langlès,

officier

de

NN.

SS.

les

Maréchaux

de

France.

(A

Paris, imprimé par

Fr. Ambr.

Didot l'aîné,

1789- 1790,

4,

3

vol.)

On

est

redevable de cette

publication

à Bertin ;

il

fit

graver

des poinçons et fondre les caractères

nécessaires

pour

l'impression

de

ce

dictionnaire,

et en

confia l'édition à M.

Langlès.

L'original

d'après lequel le

P. Amiot

composa son

livre

est intitulé

Mandchou isaboukka bitkke (Peking, 1752).

En 1781,

le

P. Amiot envoya

le

Dictionnaire

universel

de la

langue mandchoue.

Cet

ouvrage,

adressé

à

la Bibliothèque du

Roi,

ne paraît pas avoir été imprimé, probablement

à

cause des

grandes

difficultés

qu'il

présentait

dans

son

usage.

On

n'a

point

suivi

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7/21/2019 Joseph-Marie Amiot

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l'ordre

alphabétique les mots sont

classés

par ordre de matière.

Une lettre du 2 octobre

1784 annonce

l'envoi d'un vocabulaire

polyglotte, conservé à

la

Bibliothèque

royale.

Rémusat a

décou

vert ue ce

vocabulaire est écrit

en cinq

langues

et

trois espèces

de caractères.

Chaque

langue

occupe

une

colonne

et

les

mots

se

correspondent horizontalement.

Les

trois caractères sont

thibé-

tains, mandchous et chinois. Les langues sont le sanscrit, en

caractères thibétains,

le

thibétain,

le mandchou, le

mongol et

le

chinois. — (Voir : remarques

de

Klaproth,

Lettres

sur la litt

érature mandchoue).

Cet ouvrage

du P. Amiot

donna

pour la première

fois à

l'Europe savante

une

idée exacte de

la

langue tartare.

6. Hymne tartare mandchou.

Chanté

à l'occasion

de

la conquête

de

Kin-tchouen.

Traduit

en

français

et

accompagné de notes

pour

l'intelligence

du texte.

(Publié

par L.

Langlès, à Paris,

imprimerie P.

Didot, 1792,

4,

XXVI.)

7.

Mémoire sur la

musique des Chinois, tant anciens que modernes-

Pékin, 1776. —

Mémoires, VI, p.

1 et

suiv.,

p. et

fig.

Outre un

discours préliminaire, une

bibliographie

et

un

avertissement,

cet

ouvrage comprend trois

parties:

i° du

son

ea

général et

des huit sortes de

sons

;

20

des lu ;

30

des tons.

Ce mémoire est très étendu

et

fait avec beaucoup de soin. Mal

guidé

d'abord

par un maître de langues qui n'avait aucune idée

du

langage musical,

le

P. Amiot

allait

mettre

de

côté

toutes ses

recherches lorsque,

à

la

persuasion

du P. Gaubil, il se mit

à

traduire un ouvrage

fort

estimé qui

a

pour titre

Kou-yo-King-

tchouen,

ou

Commentaire sur

le livre classique

touchant la

musique

des anciens, par Ly-Koang-ti, ministre d'État

et

membre

du

premier tribunal des lettres.

La traduction fut envoyée au

P.

de

La Tour, procureur

de

la

Mission

de

Chine,

et,

conformément

aux désirs

du P. Amiot,

elle

fut

remise

à

M.

de Bougainville,

alors

secrétaire de

l'Académie

des

Inscriptions

et

Belles-Lettres,

en

1754.

Cette traduction

arrivait

en

France

par

cahiers

;

la

suppression

des

Jésuites

en

1762

arrêta

les communications

entre

les Jésuites

de

Chine et

ceux

de France,

et le

P.

Amiot

dut alors

renoncer à son premier

travail.

Quelques

années plus tard, après une

étude

plus approfondie, il renia

comme

inexactes

et

incomplètes

les notes dont il

avait

accom

pagné

sa

traduction. Ce n'est qu'en

1774

qu'il

reprit son travail

sur

la

musique des Chinois. M. Bignon

lui en

avait fourni

l occa

sion n lui envoyant

le

Mémoire sur la

musique des anciens de

l'abbé

Roussier.

Le travail du P. Amiot fut

publié

par les soins

de

l'abbé

Roussier,

avec

notes

et

observations, sous

le

titre

:

Mémoires

sur

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7/21/2019 Joseph-Marie Amiot

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390

la musique des Chinois, tant

anciens que

modernes (Paris,

1779,

40).

Il

forme le

sixième volume des Mémoires. On

a

ajouté au même

volume

un

Essai sur les pierres sonores de la Chine, qui

n'est

pas du

P. Amiot. Forkel

a donné un

précis

de

ce

livre

dans

son Almanach

musical

de

1784, pages

233-275.

Dans

sa Biographie universelle des musiciens

et

Bibliographie

générale de lamusique

(éd.

Firmin

Didot,

Paris,

1877,

PP- 89-90),

F. Fétis, analysant le travail du P. Amiot, note

que l'abbé

Roussier,

avec

son

idée

fixe des proportions

musicales

et

de

la

progression triple, n'a ajouté au mémoire Amiot

que

des notes

pédantes dont

l'utilité

est nulle.

Suivent

ensuite

des

critiques

de

Fétis, qui

nous

paraissent partisanes, sur l'œuvre

du P. Amiot

en

ce

qui concerne

la

musique des Chinois. Fétis

termine

l'article

de son

Dictionnaire en disant qu'il a extrait d'une correspondance

inédite

d'Amiot

avec

le

ministre

Bertin

et

ayant

appartenu

à

M. Neveu,

libraire à

Paris, une lettre

fort

longue et

intéressante

concernant la

fabrication

du lo,

vulgairement

appelé

tam-tam.

Cette

lettre

a

été publiée dans

le

premier volume

de

la Revue

musicale, page

365. Elle

contient tous les détails nécessaires

pour

faire

connaître les procédés

de

la

fabrication

de cet

instrument.

Cependant, le

célèbre

sinologue M. Julien a publié

sur

ce sujet

un

morceau

de critique,

duquel on

peut

conclure

que

l'ouvrier

qui

a

fourni au P. Amiot ses renseignements l'a trompé

sur

les

détails

de

la

fabrication.

Disons

enfin

que

l'œuvre

d /\miot

a

été

publiée

en

Espagne

Memoria sobre

la

musica

de

Los Chineses

(Madrid, imprenta

de

Baylo y

Texero,

1780).

8. Portraits des Chinois

célèbres. —

Mémoires,

III,

V, VIII, X.

S'il faut en croire Abel Rémusat, Amiot

aurait

puisé dans la

bibliographie

de

Matouanlin la plupart des notices qu'il aurait

envoyées en Europe. Cette galerie d'hommes

célèbres était

accompagnée des

portraits

en peinture

de chacun

des héros

qu'elle

contient.

Les éditeurs se

sont

contentés

de reproduire

les

principaux.

9. L'antiquité des Chinois prouvée par les monuments.

Pékin,

15 septembre 1775.

Le

P.

Carlos Sommervogel, auteur

de

la

nouvelle

édition

de

la

Bibliographie

de la

Compagnie

de

Jésus

(1890),

pense

que ce travail,

sous le

titre

Réponse

du P.

Amiot

aux objections tirées du

P. de Premare, est

inséré au

tome

X (pp. 118- 136) des Mémoires

pour servir à V

histoire

ancienne

du globe,

publiés par M.

de

Fortia

d'Urban (Paris, 1809).

Voici maintenant d'autres

travaux moins

importants :

10. Lettres

du

P.

Amiot

sur

les

poids

et

balances

de Chine,

Pékin,

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7/21/2019 Joseph-Marie Amiot

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15

octobre 1756. — Seconde

lettre

du P.

Amiot

sur les mesures de

Chine, Pékin,

17 novembre

1756. — Ces

deux

lettres

ont

été

publiées par le P.

Pézenas, S. J., dans

les Mémoires de Mathémat

iquest

de

Physique de V Observatoire de Marseille, année 1756.

11. Observations météorologiques faites à

Pékin,

depuis le

Ier janvier

1757

jusqu'au 31 décembre

1763

(Mémoires, t. IX).

12.

Table chronologique de tous les

souverains

qui ont régné en

Chine.

Rangée

par ordre de cycles et exactement calculée

sur

les monum

ents,

depuis

la 61e année

de

l'empire

de

Hoangti, qui est

le véri

table législateur, jusqu'à l'empereur actuellement régnant.

Pékin,

1769.

— Abrégé

chronologique

de l histoire universelle de l'empire

chinois,

avec

un discours

préliminaire,

adressé à

M.

Bignon

en

1770.

— Dans

les Mémoires, XIII, pp. 74-308.

13.

A la Bibliothèque Nationale

à

Paris on conserve une lettre

du P.

Amiot

concernant la Vie et les actions du

Frère

Jean-

Denis Attiret, peintre et missionnaire, né à

Dôle

le 31 juillet 1702,

mort à Pékin le

8

décembre 1768. Imprimé par le

P. Terwecoren

dans les

Précis historiques,

1856,

pp.

437, 461,

485 (Bruxelles).

14. Lettre à M.

Deguignes sur la

manière

des Chinois

d'

apprendre

leur langue,

Pékin, 6

octobre 1 770.

— Dans

le Journal des

Savants

1773,

p. 97.

Traduite

en

allemand

dans

le

Journal

de Christophe

de

Murr,

IVe partie, pp.

211-215.

I5- Quelque? remarques

sur

un article intitulé.

:

Révolution des

Calmouks Longores en 1757,

que

M.

l'abbé

Chappe d'Hauteroche,

de

l'Académie

des

Sciences

de

Paris,

a

inséré dans son Voyage

en

Sibérie,

1.

1, p.

190. —

Mémoires, t. I,

p.

428.

1 6. Explication du mouvement gravé sur la

pierre

en

vers

chinois

composés

par V

Empereur,

pour

consacrer à

la

postérité

la

conquête

du royaume des Éleuths, faite par les Tartares-Mandchous, sous le

règne de Kien-Long vers

l'an

1757.

— Pékin, octobre

1772. —

Mémoires, p.

395

et

suiv.

17.

a) Monument de la transmigration des Tour

oûts

des bords de

\a mer Caspienne dans l'empire

fa

la

Chine.

Pékin,

8 no

vembre 1772. — Mémoires, , 401.

b)

Histoire de

l'émigration des Tartares Tourgouts

du

territoire

russe

sur

le

territoire

chinois.

— 10e catal.

Jannet, 1851,

n° 8226.

c) Transmigration des Tartares Tourgouts de l empire russe dans

l'empire chinois.

Catal.

de

la

bibl. Deville et Dufour, n° 3

114.

18.

Lettre du P.

Amiot sur la

Réduction des

Miaotsée

en 1775.

Pékin,

12

septembre 1776.

Mémoires,

III,

pp.

387

et

412.

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7/21/2019 Joseph-Marie Amiot

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392

19.

Extrait d'une

lettre

du P. Amiot

à M.,

du

28

septembre

1777.

Observations sur le livre de M.

P...

intitulé : Recherches philo

sophiques

sur les Égyptiens et les Chinois. —

Mémoires, VI,

p.

275

et

suivantes.

20.

Introduction

à la connaissance des peuples qui ont été ou qui

sont

actuellement tributaires

de la Chine, rédigé vers 1787.

Mémoires,

XIV,

pp. 1-238.

21.

Recueil de suppliques, lettres

de

créances et

autres

pièces

adressées à l'empereur de

la

Chine.

Mémoires, XIV, p. 239.

22. De

la doctrine et

des livres des

Chinois. — Publication d'un

manuscrit inédit

d'un ancien

missionnaire

dans les Annales de

philosophie chrétienne,

3e

série, t. IX, pp.

197-21 1.

23.

Dans

les

Lettres

édifiantes et curieuses,

nous

trouvons

trois

lettres du P. Amiot

(Paris,

1781, t.

XXIII, pp. 154-181,

302-368,

391-407).

Dans

l'édition de 1838 (t.

III,

p. 832 ; t. IV, pp. 42,

84),

un

extrait

de

quelques autres

lettres sur le

Tonkin (28e recueil,

pp. 252-283)

et

un

Mémoire sur

le

Thibet et sur

le royaume des

Éleuths nouvellement subjugué par l'empereur de

la

Chine, avec une

relation

de

cette conquête (t. XXIV, pp.

5-56

; 31e recueil,

pp.

212-295).

24.

Dans l'importante

collection

plusieurs

fois

citée

des

Mémoires

concernant l histoire,

les

sciences,

les

arts,

les mœurs

et

les

usages des Chinois, par

les

missionnaires de

Pékin,

on

trouve

encore

un

grand

nombre

de

travaux

du

P.

Amiot. Je

note

les

suivants

26

juillet 1780. De la poésie en Chine. Des six arts appelés

Lieou-y

{Mémoires,

IX).

— 3 novembre 1780. Au sujet

des juifs

établis en Chine

{Mémoires,

XV).

20

octobre

1782,

29 novembre 1786

et

24

janvier 1787. Au

sujet de l'inondation de l'île de Formose

du

22 mai 1782

{Mémoires,

XIV).

26 juillet 1780

et

20 octobre 1782.

Observations

sur

l'aiguille

aimantée.

Variations de l'aiguille aimantée.

Marche du mercure

dans

le

baromètre {Mémoires,

IX

et

X).

26 juin 1789.

i°)

Sur ce

que

les Chinois appellent les petites

danses ; —

20) Sur

la médecine des Chinois (voir Entretiens de

Bichat,

Paris, La Salpêtrière,

4-1

1

octobre 1959) ;

30)

Sur

les insectes

de

la

Chine

{Mémoires, XV).

En

ce qui

concerne

la médecine

des Chinois, le

P. Amiot

donne la traduction d'une

méthode de

santé

chinoise appelée

cong-fou, qui inspira

à Per Henrik

Ling (1776-1839) les principes

de

la gymnastique

dite

suédoise.

Ainsi,

grâce

au

P. Amiot

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l'Europe connut ce

Cong-fou,

qui, 1700

ans

avant

notre ère,

était

pratiqué

par les

Chinois

comme la méthode d'éducation

physique

basée

sur

la bonne

posture

du corps et

sur

la

manière

de bien respirer.

Dans

la

"

Revue

de Synthèse

"

de

janvier-juin

i960,

pp.

61-

98,

Huard,

Sonolet et Wong ont publié

Mesmer

en

Chine.

Trois lettres médicales du

R.

P.

Amiot,

rédigées à

Pékin

de

1783

à 1790.

25. Testament du P. Amiot.

Lettre à

M. Amiot, son neveu,

secrétaire

de

M. l'intendant

de

Provence,

à Aix,

datée

de Pékin,

le

18 octobre 1790.

Ce

testament est inséré dans les Hommes utiles

(pp.

21-22

et 31-32.

Alphonse Amyot.

Typogr. Charles

de Mourgues,

Paris, 1881).

26. Positions

géographiques déterminées par deux

missionnaires

jésuites dans

le

Turkestan

oriental

et la

Dzoungarie

en 1756. —

D'après deux lettres inédites des

P. P. Amiot et Gaubil

(Impr.

Pitrat,

Lyon, 1880, extrait

du

Bull, delà Soc. degéogr. de Lyon).

27. Explication des peintures chinoises en

quatre

tableaux, repré

sentant quelques

traits

de

la

vie de Sou-ja-lan, femme du second

ordre du prince Koan-tchoung.

28. Écritures des peuples tributaires de

la

Chine.

— Bibliothèque

Nationale, fonds chinois, 986.

29.

Lettre sur

les

caractères

chinois.

Pour

terminer cet

exposé des principaux travaux

du P.

Amiot,

je parlerai

brièvement

d'une étude de comparaison

cuire

les

caractères chinois et les hiéroglyphes égyptiens attribuée à tort

à notre

savant missionnaire.

Dans une

lettre écrite de

Pékin

le 28

septembre

1777 à

Bertin,

Amiot

dit

expressément

Je

ne suis pas l'auteur

de

Y

Essai sur

l antiquité chinoise, je ne suis

pas

l'auteur

de

la Lettre sur

le

génie de la

langue des

Chinois et la

nature

de leur écriture symbolique comparée avec celle des anciens égyptiens,

et

adressée

à

la Société

de

Londres.

Elle

a

été

faite

par

celui-là

même

qui

a

fait

YEssai.

Il s'agit du

P.

Cibot, né à Limoges en 1727, parti pour

la

Chine

en

1758 et collaborateur

du P.

Amiot. C'est donc à tort

que

ces deux

ouvrages

sont attribués à Amiot dans plusieurs biogra

phies t

bibliographies,

notamment par les

de

Backer dans l édi

tion de

1856

de leur

Bibliothèque des

écrivains

de la

Compagnie

de

Jésus.

Il

y a

lieu

de croire,

en

l'occurrence, que

les biographes

ont

confondu Cibot

avec

Amiot, dont les terminaisons sont simil

aires.

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A

moins

qu'on

ait

confondu la lettre

sur

les caractères égyptiens

et

chinois avec

celle du P. Amiot, du

28

septembre

1777,

relative

au

livre

de M. P... sur les Recherches philosophiques

sur

les Égypt

iens t

les Chinois [Mémoires,

VI) que

nous avons

citée

plus

haut.

Il

importe

maintenant

de

dire

ce

que

fut

la

controverse

qui,

au xviii6 siècle,

divisa

des savants anglais

et

français au

sujet

des

caractères chinois et égyptiens.

Un membre

de

l'Académie des Sciences,

de

Mairan, frappé

d'une

certaine analogie

qu'il crut découvrir

entre

les caractères

chinois

et

les hiéroglyphes de l'ancienne Egypte,

imagina

un

système d'après lequel

les

Chinois auraient eu

pour origine une

colonie des bords

du Nil,

transportée aux extrémités de l'Orient à

la

suite des conquêtes réelles ou imaginaires de

Sésostris en

Asie.

Le P. Parennin, consulté, répondit en 1735 et réfuta le nouveau

système.

De

Mairan

se

tut,

mais

bientôt

Deguignes

releva

le

gant et soutint la dispute

contre

l'autorité du P. Parennin et

de

Deshauterayes.

Cependant,

un

savant

de

la Société

royale de Londres,

Needham, découvrit, en 1761, à Turin, dans le

cabinet

du

roi

de

Sardaigne,

un

buste

d'Isis portant

sur

le

front, sur

les

joues et

sur

la poitrine des inscriptions égyptiennes dans lesquelles

il

trouva

de

la

ressemblance avec les anciens caractères chinois. Cette

découverte réveilla l'ancienne

discussion

sur l'origine des

Chinois dans

ces

conjonctures, la Société

royale de

Londres

crut

sagement

qu'il

n y

avait

rien

de

mieux

à

faire

que

de

consult

 r

es savants missionnaires qui se

trouvaient

à

la

cour de

Pékin.

Toutes les pièces du procès furent expédiées

avec prière de

les

discuter

et

d'en

donner

leur

avis.

Le

P. Gaubil

(Antoine, né à

Gaillac en 1689),

un

des plus

habiles

parmi les missionnaires

de

Chine, très versé

dans la

littérature

chinoise,

venait

de

mourir

à

Pékin (1759) ; le

P.

Cibot

— et

non le

P. Amiot — fut

chargé de

le remplacer. La réponse ne se fit point attendre, elle est datée

du

20

octobre

1764.

Le P. Cibot

pose

les

deux

questions suivantes,

sur lesquelles il fait reposer toute la

théorie de

M. Needham

Les

caractères chinois ne

seraient-ils

pas

les

mêmes

à

bien

des

égards

que

les

hiéroglyphes d'Egypte ?

— 20

Ne

pourrait-on

pas découvrir le sens des hiéroglyphes par

la

signification comparée

et appropriée

des

caractères

chinois L'examen de

la première

question

amène cette conclusion : l'ensemble des caractères

de

l'Isis de

M. Needham n'a rien

de

chinois

: quant à

la

seconde,

Cibot

convient

qu'à la rigueur

l'étude des

caractères chinois

pourrait bien n être pas

utile

à l'intelligence des hiéroglyphes

d'Egypte, mais

que dans l'état

présent de nos connaissances sur

ces deux matières

d'exprimer

des

idées,

le secours

qu'elles peuvent

se

prêter

est

complètement

illusoire.

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Cette

lettre, avec les notes et

figures, examinée

et

approuvée

par les anciens missionnaires de

la résidence

de Pékin,

fut

adressée

à

la Société

royale de

Londres, qui

l'accueillit

et

l'apprécia comme

elle le méritait. Des extraits en furent

publiés

dans

les Transact

ions

hilosophiques

et

bientôt

elle

parut

dans

son

entier

à

Bruxelles

chez

Boubers. Depuis, elle

a

été

insérée

dans

le

tome

Ier

des

Mémoires.

Ceci

nous

montre

combien les missionnaires

jésuites

en

Chine

étaient

érudits et quels éminents services

ils rendirent, dès le

xvme siècle, à l'avancement des sciences, aussi bien en France

qu'en Europe.

Le Père

Jean-

Joseph- Marie Amiot eut

un

frère, Pierre-

Jules-Roch Amiot, né

à

Toulon

le 28 juin 1721,

baptisé

le

2

novembre suivant

à

la

paroisse

Sainte-Marie,

qui

fut

avocat

à

la

Cour, procureur au

Parlement

en 1760, conseiller

du

Roi,

lieutenant

général

civil et criminel en

la

maîtrise des ports de

Toulon en

1768

et

lieutenant

général

de l'amirauté à Toulon en

1787.

Il

émigra en 1793 et mourut

à

Bastia le

25 thermidor an

V

(12

août

1797)

(Louis

Honoré,

L'Émigration dans

le

Var

[1789-

1825]. Bulletin de la Société

d'Études

scientifiques et archéologiques

de Draguignan, 1923, pp. 501, 502).

Disons, enfin, pour

clore

cet

exposé sur ce

célèbre

Jésuite

toulonnais, que,

par arrêté municipal en

date du 2 avril

1942

et

sur

ma proposition,

le

nom de Rue

du

P.

Amiot

a

été

donné

à

la

courte voie allant

du

boulevard Barthélémy au chemin du Pont- de-

Bois, dans

le

quartier

Bon-Rencontre. C'est peu de

chose, mais

nous attendons mieux comme

hommage rendu par sa

ville natale

après plus d'un

siècle

et demi

d'oubli.

Emmanuel

Davin.