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Chapitre 4
Inventaire et caractérisation
des habitats et des techniques de pêche
dans l’Ouémé à Agonlin Lowé
72
4.1- Les habitats aquatiques
4.1.1- Méthodes d’étude
L’étude des caractéristiques des habitats a consisté à recenser et à catégoriser les lieux
privilégiés de pêche de poissons-chats, à savoir le lit principal du fleuve, la plaine inondable,
l’acadja et le trou à poissons. Des entretiens avec les pêcheurs ont permis de préciser le statut
(familial ou individuel) des habitats artificiels comme l’acadja et le trou à poissons.
D’avril à juin 1999, le nombre total de trous à poissons dans la zone d’étude a été recensé. Les
caractéristiques physiques et chimiques pour chacun d’eux ont été mesurées.
Pour les acadjas, le nombre total et leurs positions dans le lit du fleuve ont été recensés dans
un premier temps d’avril à juin 1999 et dans un deuxième temps en février 2002. Les
dimensions des acadjas et des trous à poissons ont été mesurées au moyen d’un penta
décamètre.
Dans le lit du fleuve, des transects transversaux de profondeurs de l’eau ont été réalisés en
février 2002 au moyen de la corde graduée d’un disque de Secchi. L’étude a porté sur la
portion du cours du fleuve où les données sur l’ichtyofaune ont été collectées. Au cours des
transects, la nature du sol au fond de l’eau est macroscopiquement déterminée à partir du
substrat collé sur le lest métallique accroché à la partie inférieure du disque.
Dans la plaine inondable, un transect ouest-est perpendiculaire au cours du fleuve (coupes
verticales du paysage) a été réalisé. Ceci a permis de montrer la structure du terrain, sa forme
et la succession de la végétation depuis la berge jusqu’à la limite la plus basse de la plaine.
Les variables physico-chimiques de l’eau ont été mesurées dans tous les habitats dans la
mesure du possible par saison, par mois et toutes les trois heures pour les cycles de 24 heures.
Le plan d’échantillonnage, la liste des variables et les appareils de mesure utilisés ont été
présentés dans le chapitre 3. Dans le lit du fleuve, nous avons effectué 6 prélèvements par
mois de mai 1999 à avril 2000 et 6 prélèvements tous les deux mois de mai 2000 à mars
2001, soit au total 108 prélèvements d’eau. Dans les autres types d’habitats, la physico-chimie
n’a été mesurée que durant les mois où il était possible de le faire. Ainsi durant toute la
73
période d’étude, seulement 36 prélèvements ont été réalisés dans la plaine inondable, 7 dans
les acadjas et 8 dans les trous à poissons.
Pour les habitats, les formations végétales aquatiques ou semi-aquatiques ont été recensées.
Des herbiers ont été constitués pour certaines espèces végétales non identifiées sur place.
Celles-ci ont été ultérieurement identifiées avec l’aide des collègues du Laboratoire
d'Ecologie Appliquée (LEA/FSA). Le guide des adventices de l’Afrique de l’Ouest (Okezie et
Agyakwa, 1989) a été utilisé pour la reconnaissance de ces espèces végétales.
4.1.2- Habitats de pêche
Quatre (4) grands types d’habitats de pêche ont été rencontrés à Agonlin Lowé : le lit du
fleuve, la plaine inondable, les acadjas et les trous à poissons. Les trois derniers sont
temporaires et restent habités par les poissons durant seulement une période de l’année :
juillet-août à novembre pour la plaine inondable et décembre-janvier à juin pour l’acadja et le
trou à poissons.
4.1.2.1- Le lit principal du fleuve.
Description du lit
A Agonlin Lowé, le lit du fleuve reste bien évidemment le premier des milieux de vie des
poissons. Son état varie fortement suivant les saisons.
Pendant l’étiage, janvier à mars-avril, le lit du fleuve est caractérisé par un faible volume
d’eau, la profondeur moyenne à Agonlin Lowé étant de l’ordre de 1,7 m (voir plus loin
transect des profondeurs). Mais on peut y rencontrer par endroits des profondeurs assez
élevées (4 à 6 m) où sont confinés les poissons durant la saison sèche. L’écoulement de l’eau
est très faible ou nul par endroits. Les berges sont assez hautes. Les eaux en cette période ont
une coloration vert foncée et atteignent ainsi leur niveau d’eutrophisation le plus élevé.
Avec l’installation de la grande saison des pluies (mars-avril à juin), le volume d’eau dans le
fleuve devient de plus en plus important et la qualité des eaux s’améliore progressivement
(voir plus loin les variations temporelles des paramètres physico-chimiques de l’eau dans le lit
du fleuve).
74
Photos 4.1 : Vue partielle du fleuve Ouémé à la décrue à Agonlin Lowé. Remarquer en arrière plan les berges assez hautes (février 2002).
Photo 4.2 : Vue partielle du fleuve Ouémé à lamontée des eaux à Agonlin Lowé (août 2002)
Figure 4.1 : Tronçon du cours du fleuve Ouémé où les transects de profondeur ont été réalisés à Agonlin Lowéde février à mars 2002. Les numéros correspondent aux profils représentés sur les figures 4.2.
75
A l’étiage et durant la grande saison des pluies, les activités de pêche dans le lit du fleuve ne
sont pas très intenses du fait de l’occupation des populations de pêcheurs en cette période
pour les activités agricoles, d’une part, et pour la pêche dans les trous à poissons (whédos),
d’autre part. On rencontre quelques pêcheurs aux filets maillants et des lanceurs de filet
épervier, mais aussi des acadjas installés à différents endroits du fleuve.
En période de grandes eaux (juillet à novembre) les eaux sont très profondes dans le lit du
fleuve (8 à 10 m). La vitesse d’écoulement est très forte et reste supérieur à 10 m/s. Les eaux,
chargées d’alluvions et de débris divers, débordent le lit et envahissent la plaine.
Pendant les grandes eaux, la pêche est difficile voire impossible dans le lit du fleuve du fait de
la vitesse fort élevée du courant. Toutefois, on y rencontre certains palangreurs professionnels
qui pêchent des Chrysichthys et des Schilbe.
Les photos 4.1 et 4.2 montrent l’état du fleuve pendant l’étiage et à la montée des eaux à
Agonlin Lowé.
Profil des profondeurs dans le lit du fleuve à l’étiage
Le profil des profondeurs a été réalisé sur un tronçon du fleuve long de 3 km (Fig. 4.1). Au
total 81 transects ont été réalisés en travers du cours du fleuve de février à mars 2002 pendant
l’étiage. On a obtenu 375 positionnements et mesures de profondeur. La largeur moyenne en
eau du fleuve est de 81,9 ± 21,8 m, la minimale étant de 50 m et la maximale de 144 m. On
estime la superficie total en eau de ce tronçon à 246.000 m² soit 24,6 ha.
La profondeur moyenne de l’eau (hauteur moyenne) est de 1,7 ± 1,4 m, la minimale étant de
0,5 m et la maximale de 6,7 m. La zone la plus profonde est située en aval du village
d’Agonlin Lowé, un endroit relativement calme où il n’y a pas d’habitations.
Les graphiques de la figure 4.2 montrent le profil en travers des profondeurs d’une série de 10
stations dans le fleuve. On y observe deux profils caractéristiques du lit du fleuve : un profil
en cuvette unique et un profil en deux cuvettes séparés par une élévation de sable au milieu du
cours d’eau.
Le substrat est caractérisé par de matériaux meubles : sable, limon et argile.
76
Rive Gauche Rive Droite Rive Gauche Rive Droite
-7-5-3-1
0 4 24 39 51 74 94 109 115 118
Distance (m)
Prof
(m)
-7-5-3-1
0 1 9 30 58 93 99 118
Distance (m)
Prof
(m)
-7-5-3-1
0 4 15 41 52 56 118
Distance (m)
Prof
(m)
-7-5-3-1
0 4 23 45 79 86 118
Distance (m)
Prof
(m)
-7-5-3-1
0 4 26 43 81 100 104 118
Distance (m)
Prof
(m)
-7-5-3-1
0 10 31 57 73 75 118
Distance (m)
Prof
(m)
-7-5-3-1
0 3 32 57 74 77 118
Distance (m)
Prof
(m)
-7-5-3-1
0 3 12 29 43 55 64 71 76 118
Distance (m)Pr
of (m
)
-7-5-3-1
0 2 11 22 33 42 51 55 58 118
Distance (m)
Prof
(m)
-7-5-3-1 0 2 10 21 33 46 56 67 79 88 94 118
Distance (m)
Prof
(m)
1
2
3
4
6
7
8
9
10 5
Figures 4.2 : Profils en travers des profondeurs d’une série de 10 stations dans le lit du fleuve à Agonlin Lowé entre février et mars 2002.
77
La température de l’eau dans le lit du fleuve
La moyenne générale de la température de l’eau est de 28,8 ± 2,1°C. Les moyennes
mensuelles (Fig. 4.3) varient entre un minimum de 25,9°C en août 99 et un maximum de
30,5°C en décembre 00. En général, les températures sont élevées de novembre à mai et
faibles de juin à octobre. Les moyennes journalières (Fig. 4.4) varient entre un minimum de
27,4°C à 7h et un maximum de 30,7°C à 13h. Les minima journaliers sont plus élevés que
ceux des températures de l’air (26,3°C à 7h par exemple) (Tab. A4.1 des annexes du chapitre
4). Les variations mensuelles et saisonnières sont hautement significatives (Anova, p < 0,01).
T°C de l'eau
20.022.024.026.028.030.032.034.036.0
mai
99
juin
99
juil.
99
août
99
sept
. 99
oct.
99
nov.
99
déc.
99
janv
. 00
fév.
00
mar
s 00
avr.
00
mai
00
juil.
00
spet
. 00
nov.
00
janv
. 01
mar
s 01
Mois
T°C
Moy.
Min.
Max.
Figure 4.3 : Variations mensuelles de la température (°C) de l’eau de l’Ouémé de mai 1999 à mars 2001 à Agonlin-Lowé.
T°C de l'eau
20.022.024.026.028.030.032.034.036.0
07h 10h 13h 16h 19h 22h
Heures
T°C
Moy.
Min.
Max.
Figure 4.4 : Variations journalières de la température (°C) de l’eau de l’Ouémé de mai 1999 à mars 2001, à Agonlin-Lowé.
78
La profondeur de l’eau du lit du fleuve
La profondeur moyenne de l’eau pour toute la période d’étude est de 272 ± 73 cm (années,
mois et saisons confondus). Les moyennes mensuelles (Fig. 4.5) varient entre un minimum de
200 cm en mars 00 et un maximum de 410 cm et de 408 cm respectivement en août 99 et en
septembre 00. On observe ainsi que la profondeur de l’eau varie beaucoup selon les mois et
donc les saisons, les différences étant hautement significatives (Anova, p < 0,01). Les eaux
sont profondes en juillet, août et septembre et moins profondes de février à mai. Les
variations journalières (Fig. 4.6) sont faibles à quasi nulles, ce qui traduit l’influence
remarquablement faible du mouvement d’eau dû aux marées.
Profondeur de l'eau dans le fleuve
20120220320420520620720
mai 99
juin 99
juil. 9
9
août
99
sept. 9
9oc
t. 99
nov. 9
9
déc. 99
janv.
00fév
. 00
mars 00
avr. 0
0mai
00
juil. 00
spet. 0
0
nov. 0
0
janv.
01
mars 01
Mois
Prof
onde
ur (c
m)
Moy.Min.Max.
Figure 4.5 : Variations mensuelles de la profondeur de l’eau dans le lit principal du fleuve à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
Profondeur de l'eau dans le fleuve
20
120
220
320
420
520
620
720
07h 10h 13h 16h 19h 22h
Heures
Prof
onde
ur (c
m)
Moy.Min.Max.
Figure 4.6 : Variations journalières de la profondeur de l’eau dans le lit principal du fleuve à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001 (tous les mois confondus).
79
La transparence de l’eau du fleuve La transparence moyenne obtenue pour les deux années est de 37,1 ± 6,2 cm. Les moyennes
mensuelles (Fig. 4.7) varient entre un minimum de 30,0 cm en septembre et octobre 00 et un
maximum de 45,0 cm en avril 00. En général, la transparence est faible de mai à octobre et
élevée de novembre à avril. On observe qu’au cours de la journée (Fig. 4.8) les eaux sont le
moins transparentes aux environs de 13h (min de 35,7 cm à 13h, max de 37,7 cm à 22h). Les
effets « mois » et « saisons » sont hautement significatifs sur la transparence de l’eau (Anova,
p < 0,01).
Transparence de l'eau dans le fleuve
20.025.030.035.040.045.050.055.0
mai
99
juin
99
juil.
99
août
99
sept
. 99
oct.
99
nov.
99
déc.
99
janv
. 00
fév.
00
mar
s 00
avr.
00
mai
00
juil.
00
spet
. 00
nov.
00
janv
. 01
mar
s 01
Mois
Tran
spar
ence
(cm
)
Moy.
Min.
Max.
Figure 4.7 : Variations mensuelles de la transparence de l’eau à la station d’Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
Transparence de l'eau dans le fleuve
20.0
25.0
30.0
35.0
40.0
45.0
50.0
55.0
07h 10h 13h 16h 19h 22h
Heures
Tran
spar
ence
(cm
)
Moy.Min.Max.
Figure 4.8 : Variations journalières de la transparence de l’eau dans le lit principal du fleuve à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
80
Le pH de l’eau du fleuve
Le pH moyen obtenu pour les deux années est de 6,7 ± 0,4. Les moyennes mensuelles (Fig.
4.9) varient entre un minimum de 6,1 en septembre 99 et un maximum de 7,4 en janvier 99.
De façon générale, on observe que le pH de l’eau est faible de mai à octobre novembre et
élevé de décembre à mai, la différence entre ces deux périodes étant hautement significative
(Anova, p < 0,05). Au cours de la journée (Fig. 4.10), les eaux ont un pH relativement élevé
entre 13h et 16h et faible de 19h jusqu’à 10h le matin (min de 6,6 à 7h et 22h, max de 6,8 à
13h et 16h).
pH de l'eau du fleuve
4.04.55.05.56.06.57.07.58.0
mai 99
juin 9
9
juil. 9
9
août 9
9
sept. 9
9oc
t. 99
nov.
99
déc. 9
9
janv.
00fév
. 00
mars 00
avr. 0
0mai
00
juil. 0
0
spet. 0
0
nov.
00
janv.
01
mars 01
Mois
pH
Moy.Min.Max.
Figure 4.9 : Variations mensuelles du pH de l’eau à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
pH de l'eau du fleuve
4.00
4.50
5.00
5.50
6.00
6.50
7.00
7.50
8.00
07h 10h 13h 16h 19h 22h
Heures
pH
Moy.Min.Max.
Figure 4.10 : Variations journalières du pH de l’eau à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
81
La conductivité de l’eau du lit du fleuve La conductivité moyenne obtenue pour les deux années est de 99,8 ± 25,1 µS/cm. Les
moyennes mensuelles (Fig. 4.11) varient entre un minimum de 47,8 µS/cm en juillet 99 et un
maximum de 129,3 µS/cm en février 00. De façon générale, la conductivité de l’eau est faible
de juin à octobre et élevée de novembre à mai. Au cours de la journée (Fig. 4.12), les eaux ont
une conductivité relativement élevée durant la nuit (19h à 07h du matin) et faible durant le
jour entre 13h et 16h (min de 96,9 µS/cm à 16h, max de 103,4 µS/cm à 10h). Les effets
« mois » et « saisons » sont hautement significatifs sur la conductivité de l’eau (Anova, p <
0,01).
Conductivité de l'eau du fleuve
0.020.040.060.080.0
100.0120.0140.0
mai
99
juin
99
juil.
99
août
99
sept
. 99
oct.
99
nov.
99
déc.
99
janv
. 00
fév.
00
mar
s 00
avr.
00
mai
00
juil.
00
spet
. 00
nov.
00
janv
. 01
mar
s 01
Mois
Con
d. (µ
S/cm
)
Moy.
Min.
Max.
Figure 4.11 : Variations mensuelles de la conductivité de l’Ouémé à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
Conductivité de l'eau du fleuve
0
20
40
60
80
100
120
140
07h 10h 13h 16h 19h 22h
M ois
Cond
. (µS
/cm
)
Moy.
Min.
Max.
Figure 4.12 : Variations journalières de la conductivité de l’Ouémé à Agonlin Lowé à de mai 1999 à mars 2001.
82
Les solides totaux dissous dans l’eau (TDS)
Le TDS moyen obtenu pour les deux années est de 55,5 ± 25,7 mg/l. Les moyennes
mensuelles (Fig. 4.13) varient entre un minimum de 30,0 mg/l en août 99 et un maximum de
60,8 mg/l en février 00. De façon générale, on observe que l’évolution du TDS suit celle de la
conductivité de l’eau. Les valeurs les plus faibles sont obtenues en période de crue (juillet à
septembre), tandis que les plus élevées sont enregistrées pendant la saison sèche. Il existe une
différence hautement significative (Anova, p < 0,01) entre les mois, d’une part, et entre les
saisons, d’autre part. Au cours de la journée (Fig. 4.14), les variations sont faibles (min de
44,9 mg/l à 16h, max de 47,9 mg/l à 10h).
TDS de l'eau du fleuve
0.010.020.030.040.050.060.070.0
mai
99
juin
99
juil.
99
août
99
sept
. 99
oct.
99
nov.
99
déc.
99
janv
. 00
fév.
00
mar
s 00
avr.
00
mai
00
juil.
00
spet
. 00
nov.
00
janv
. 01
mar
s 01
Mois
TDS
(mg/
l) Moy.
Min.
Max.
Figure 4.13 : Variations mensuelles du TDS de l’eau à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
TDS de l'eau du fleuve
0
10
20
30
40
50
60
70
07h 10h 13h 16h 19h 22h
Mois
TDS
(mg/
l) Moy.
Min.
Max.
Figure 4.14 : Variations journalières du TDS de l’eau à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
83
L’oxygène dissous de l’eau et pourcentage de saturation
La teneur moyenne en oxygène dissous des eaux pour les deux années est de 5,6 ± 2,6 mg/l.
Les moyennes mensuelles (Fig. 4.15) varient entre un minimum de 4,0 mg/l en novembre-
décembre 99 et un maximum de 8,6 mg/l en juillet 99. De façon générale, on observe que
l’oxygène dissous de l’eau est faible de novembre à février et élevé de mars à septembre,
voire octobre. Au cours de la journée (Fig. 4.16) les eaux sont plus riches en oxygène entre
10h et 16h. La teneur en oxygène est relativement faible durant les autres heures de la
journée, notamment la nuit de 19h à 7h du matin (min de 4,5 mg/l à 22h, max de 6,7 mg/l à
13h). Les variations saisonnières, mensuelles et journalières sont significatives (Anova, p <
0,05).
Oxygène dissous de l'eau du fleuve
0.01.02.03.04.05.06.07.08.09.0
10.0
mai
99
juin
99
juil.
99
août
99
sept
. 99
oct.
99
nov.
99
déc.
99
janv
. 00
fév.
00
mar
s 00
avr.
00
mai
00
juil.
00
spet
. 00
nov.
00
janv
. 01
mar
s 01
Mois
O2
(mg/
l) Moy.
Min.
Max.
Figure 4.15 : Variations mensuelles de l’oxygène dissous (mg/l) de l’eau à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
Oxygène dissous de l'eau du fleuve
0123456789
10
07h 10h 13h 16h 19h 22h
Heures
O2
(mg/
l) Moy.Min.Max.
Figure 4.16 : Variations journalières de l’oxygène dissous (mg/l) de l’eau à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
84
Les variations mensuelles et journalières de la saturation en oxygène dissous des eaux (en %)
à Agonlin Lowé sont illustrées par les figures 4.17 et 4.18. Les données de juin 99 ne sont pas
disponibles. On observe que les pourcentages de saturation en oxygène présentent les mêmes
variations que les valeurs exprimées en mg/l. Les eaux sont saturées à plus de 100 %, d’une
part au mois d’août et, d’autre part, aux environs de 13h.
Saturation en oxygène dissous de l'eau du fleuve
0.020.040.060.080.0
100.0120.0140.0
mai
99
juin
99
juil.
99
août
99
sept
. 99
oct.
99
nov.
99
déc.
99
janv
. 00
fév.
00
mar
s 00
avr.
00
mai
00
juil.
00
spet
. 00
nov.
00
janv
. 01
mar
s 01
Mois
O2
(% d
e sa
tura
tion)
Moy.Min.Max.
Figure 4.17 : Variations mensuelles de l’oxygène dissous (% saturation) de l’eau à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
Saturation en oxygène dissous de l'eau du fleuve
0
20
40
60
80
100
120
140
07h 10h 13h 16h 19h 22h
Heures
O2
(% d
e sa
tura
tion)
Moy.Min.Max.
Figure 4.18 : Variations journalières de l’oxygène dissous (% saturation) de l’eau à Agonlin-Lowé de mai 1999 à mars 2001.
85
La salinité de l’eau du fleuve Les données enregistrées sur la salinité de l’eau ne permettent pas de présenter des graphiques
suivant les mois et les heures de la journée pour des raisons évoquées plus haut dans le
chapitre 3 des méthodes générales d’étude. Le tableau 4.1 reprend les données dispersées
obtenues au cours des deux années d’étude. On y observe que la salinité est proche de zéro :
0,1 g/l pour la valeur la plus élevée. Dès lors, nous retenons que les eaux à Agonlin Lowé sont
des eaux douces. Les variables chimiques (cations et anions) dans l’eau du lit du fleuve Les tableaux 4.2 présentent les valeurs d’autres variables chimiques de l’eau ponctuellement
mesurées à Agonlin Lowé. Ces analyses ne révèlent pas de valeurs trop élevées des variables
pour la vie aquatique à Agonlin Lowé. Tableau 4.1 : Résultats des mesures de la salinité de l’eau (g/l) du lit principal du fleuve en surface à Agonlin Lowé. Salinité (g/l) 07h 10h 13h 16h 19h 22h Moyenne Ecart typemai 99 0 0 0 0 0 0 0,0 0,0 août 99 0 0 0 0 0 0 0,0 0,0 janvier 00 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,0 février 00 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,0 mars 00 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,0 avril 00 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,0 mai 00 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,0 juillet 00 0 0 0 0 0 0 0,0 0,0 janvier 01 0 0 0 0 0 0 0,0 0,0 Tableau 4.2 : Résultats des mesures de quelques variables chimiques de l’eau du lit principal du fleuve Ouémé à Agonlin Lowé. Variables mesurées Mois d’échantillonnage Heure de mesure Valeurs Dureté totale mars 2001 07h et 13h 3,2 Mg (mg/l) mars 2001 07h et 13h 0,8 Ca (mg/l) mars 2001 07h et 13h 0,1 NO3
- (mg/l) nov 99, déc 99, et mars 01 07h et 19h 16,74 * NO2
- (mg/l) nov 99, déc 99, et mars 01 07h et 19h 0,0115* NH4
- (mg/l) mars 2001 07h et 13h 0,616 NH3
- (mg/l) mars 2001 07h et 13h 0,59 Cl2 libre (mg/l) mars 2001 07h et 13h 0,19 Fer total (mg/l) mars 2001 07h et 13h 1,72 Turbidité (FAU) mars 2001 07h et 13h 35,0 Phosphate (P) (mg/l) mars 2001 07h et 13h 0,115 P2O5
(mg/l) mars 2001 07h et 13h 0,27 PO4
3- (mg/l) mars 2001 07h et 13h 0,36 Sulfate (mg/l) mars 2001 07h et 13h 0,0 * = valeurs moyennes.
86
Photo 4.3 : Vue partielle de plaine inondable de l’Ouémé à la décrue à Agonlin Lowé (avril, 2002)
Photo 4.5 : Vue partielle d’un champ de cultures de gombo installées sur la digue d’un whédo dans la plaine inondable à Agonlin Lowé en saison sèche (février, 2002).
Photo 4.4 : Vue partielle de la plaine inondée de l’Ouémé (période de crue) à Agonlin Lowé (remarquer la prairie envahie par l’eau) (août, 2002).
Photo 4.6 : Vue partielle d’un champ de cultures de piments installées dans la plaine inondable à Agonlin Lowé en saison sèche (février, 2002).
87
4.1.2.2- La plaine inondable
Description de la plaine
A Agonlin Lowé, durant la crue les eaux quittent le lit principal du fleuve pour s’étaler dans la
plaine environnante qui devient le nouvel habitat des poissons. Dans ces zones herbeuses
inondées, les poissons y trouvent des conditions très favorables de reproduction et de
croissance grâce au développement abondant de micro-organismes favorisé par
l'accumulation de matières organiques laissées par les pratiques agricoles en saison sèche.
Les photos 4.3 et 4.4 montrent respectivement la plaine d’inondation en période de basses
eaux et de hautes eaux à Agonlin Lowé. C’est dans une telle prairie inondée, de profondeur
relativement faible (0,30 à 0,80 m), que les poissons-chats préfèrent se reproduire, déposant
leurs œufs dans les herbiers. Les caractéristiques floristiques de la plaine et le transect qui y a
été réalisé sont présentées dans le sous-chapitre 4.1.3.
L’inondation de la plaine (photo 4.4) est une période propice où les pêcheurs capturent le
maximum de poissons. Mais en début de crue, les pêches y sont moins bonnes compte tenu de
l’étalement des eaux et la dispersion des poissons dans toute la plaine. Par contre, vers la fin
de la crue, au retrait des eaux, les captures sont importantes et la majorité des poissons qui
retournent vers le fleuve sont facilement piégés par différentes techniques. Les populations
riveraines, en ce moment, se livrent à de très fructueuses activités de pêche.
Durant la saison sèche, la plaine inondable donne lieu à des cultures comme on peut le
constater sur les photos 4.5 et 4.6.
Variables physico-chimiques
Les mesures de variables physico-chimiques dans les plaines inondées sont disponibles
seulement pour quelques mois (Tab. 4.3). Les figures 4.19 à 4.24 montrent respectivement les
variations mensuelles et journalières de la température, de l’oxygène dissous et du pH de l’eau
dans la plaine à Agonlin Lowé.
On trouve que la température de l’eau ne présente pas de différence avec celle enregistrées
dans le lit du fleuve. L’oxygène dissous est relativement élevée en début de crue mais décroît
progressivement jusqu’au retrait des eaux en novembre. Entre septembre et octobre, le pH de
l’eau est faible.
88
Tableau 4.3 : Variables physico-chimiques mesurées dans la plaine inondable pendant la crue en 1999 et 2000 à Agonlin Lowé.
Mois Variables août 99 sept. 99 oct. 99 nov. 99 sept. 00 nov. 00 Teau °C Moy. 25,9 26,5 26,9 29,6 27,9 28,2 Ecart type 0,8 1,2 0,9 2,3 1,6 1,4 Min. 24,8 25,0 26,1 27,3 26,0 26,4 Max. 27,0 28,2 28,3 33,5 30,1 29,7 Profondeur (cm) Moy. 107,9 150,0 70,3 50,2 109,2 60,0 Ecart type 6,0 3,2 3,3 3,0 4,9 3,2 Min. 100,0 145,0 65,0 45,0 100,0 55,0 Max. 115,0 155,0 75,0 54,0 115,0 65,0 Transparence Moy. 16,5 19,9 19,5 16,5 15,0 15,2 Ecart type 2,2 1,9 2,3 2,8 1,3 1,3 Min. 15,0 17,0 15,0 15,0 13,0 13,0 Max. 20,0 22,5 22,0 22,0 17,0 17,0 pH Moy. 6,4 6,1 6,2 6,5 6,4 6,6 Ecart type 0,1 0,0 0,1 0,0 0,1 0,2 Min. 6,4 6,1 6,2 6,5 6,3 6,4 Max. 6,5 6,2 6,3 6,6 6,6 6,8 Conductivité Moy. 63,8 69,9 68,7 101,9 69,9 69,3 Ecart type 0,9 0,7 0,9 3,7 -- -- Min. 62,8 68,8 67,4 97,4 68,8 67,4 Max. 65,4 70,7 69,7 107,1 70,7 70,0 TDS Moy. 30,0 33,0 32,3 48,2 33,0 32,3 Ecart type 0,5 0,3 0,4 2,3 Min. 29,5 32,5 32,0 45,5 32,5 32,0 Max. 31,0 33,5 33,0 51,0 33,5 33,0 Salinité Moyenne 0,0 -- -- -- -- 0,0 Ecart type 0,0 -- -- -- -- 0,0 Min. -- -- -- -- -- -- Max. -- -- -- -- -- -- O2 (mg/l) Moy. 8,2 6,7 6,1 4,6 4,6 3,5 Ecart type 0,9 1,7 1,4 1,0 1,8 0,9 Min. 7,2 4,5 4,0 3,5 2,1 2,3 Max. 9,5 9,0 7,6 6,0 6,9 4,6 O2 % Moy. 92,5 87,1 79,3 59,4 47,0 42,0 Ecart type 24,8 22,0 18,0 13,5 30,4 13,6 Min. 65,0 58,5 52,0 45,5 18,0 27,0 Max. 127,0 117,0 98,8 78,0 86,0 58,3 Nitrites Moyenne -- -- 0,007 0,003 -- -- Ecart type -- -- -- 0,019 -- -- Min. -- -- -- -- -- -- Max. -- -- -- -- -- -- Nitrates Moyenne -- -- 8,50 10,05 -- -- Ecart type -- -- -- 5,303 -- -- Min. -- -- -- -- -- -- Max. -- -- -- -- -- --
89
T°C de l'eau dans la plaine inondée
0.0
5.0
10.0
15.0
20.0
25.0
30.0
35.0
40.0
août 99 sept. 99 oct. 99 nov. 99 spet. 00 nov. 00
Mois
T°C
Moy.Min.Max.
Figure 4.19 : Variations mensuelles de la température de l’eau dans la plaine inondée en 1999 et 2000 à Agonlin-Lowé.
T°C de l'eau dans la plaine inondée
0.05.0
10.015.020.025.030.035.040.0
07h 10h 13h 16h 19h 22h
Heures
T°C
Moy.Min.Max.
Figure 4.20 : Variations journalières de la température de l’eau dans la plaine inondée en 1999 et 2000 à Agonlin-Lowé.
90
pH de l'eau dans la plaine inondée
5.6
5.8
6.0
6.2
6.4
6.6
6.8
7.0
août 99 sept. 99 oct. 99 nov. 99 spet. 00 nov. 00
Mois
pH
Moy.Min.Max.
Figure 4.21 : Variations mensuelles du pH de l’eau dans la plaine inondée en 1999 et 2000 à Agonlin-Lowé.
pH de l'eau dans la plaine inondée
5.6
5.8
6.0
6.2
6.4
6.6
6.8
7.0
07h 10h 13h 16h 19h 22h
Heures
pH
Moy.Min.Max.
Figure 4.22 : Variations journalières du pH de l’eau dans la plaine inondée en 1999 et 2000 à Agonlin-Lowé.
91
Oxygène dissous de l'eau de la plaine inondée
0.0
2.0
4.0
6.0
8.0
10.0
août 99 sept. 99 oct. 99 nov. 99 spet. 00 nov. 00
Mois
O2
(mg/
l) Moy.Min.Max.
Figure 4.23 : Variations mensuelles de l’oxygène dissous de l’eau dans la plaine inondée en 1999 et 2000 à Agonlin-Lowé.
Oxygène dissous de l'eau de la plaine inondée
0
2
4
6
8
10
07h 10h 13h 16h 19h 22h
Heures
O2
(mg/
l) Moy.Min.Max.
Figure 4.24 : Variations journalières de l’oxygène dissous de l’eau dans la plaine inondée en 1999 et 2000 à Agonlin-Lowé.
92
4.1.2.3- L’acadja
Description
Un des habitats caractéristiques et dont la faune piscicole contribue pour beaucoup dans le
revenu du pêcheur à Agonlin Lowé est le système des parcs à branchages « acadja », installé
dans le fleuve en période de basses eaux. La structure des acadjas, telle que mise au point
dans le delta de l’Ouémé est parfois complexe et présente toute une variété de méthodes qui,
élaborées au cours de plusieurs années, assurent non seulement l'attraction des poissons mais
aussi et surtout leur alimentation (Welcomme, 1972a ; Balarin, 1984 ; Lalèyè et al., 2005a).
La photo 4.5 montre la vue d’ensemble d’un acadja de fleuve tandis que la photo 4.6 présente
un acadja de fleuve en début d’exploitation.
Photo 4.5 Acadja de rivière dans le fleuve Photo 4.6 : Acadja de rivière en exploitation Ouémé en avril 2000 à Agonlin Lowé au mois d’avril 2000 à Agonlin Lowé.
Pour installer l’acadja, les branches de bois dur, avec relativement peu de ramifications et
résistantes à la pourriture (en général le bambou : Bambousa vulgaris), sont utilisées pour la
ceinture extérieure tandis que les branches de bois plus tendre, avec beaucoup de
ramifications, sont employées pour la partie centrale de l'installation. Ces dernières ont la
propriété de vite se décomposer, favorisant ainsi la multiplication des micro-organismes dont
se nourrissent les poissons. Les premiers pêcheurs utilisaient des végétations flottantes et
toutes sortes de bois pour la construction des acadjas. Par la suite, la dynamique de leur
technologie leur fit découvrir des essences forestières de choix telles que Dialium guineensis
(Assissoètin), Psidium guayava (Kinkountin), Lecaniodiscus cupanioides (Ganhotin), Olax
subscorpioidea (Mitin) et Allophyllus africanus (Yamboboè).
93
Les caractéristiques, l’écologie et le fonctionnement des acadjas dans les lagunes du Bénin
ainsi que le delta de l’Ouémé ont été étudiés par Welcomme (1972a), Kapetsky (1981),
Weigel (1985) et récemment par Lalèyè et al. (2005a). Il serait tout à fait inutile de reprendre
ici ces informations qui existent déjà.
A Agonlin Lowé, il existe des acadjas de différentes formes et de superficies extrêmement
variables : les acadjas rectangulaires, circulaires, demi-circulaires et triangulaire ou
trapézoïdaux).
Suivant l’endroit du fleuve où le système est installé, on peut distinguer :
*- Les acadjas de berge, de forme plus ou moins rectangulaire et parfois semi-circulaire, qui
sont installés dans les abords immédiats du cours d'eau. C'est le lieu de refuge, en plus les
poissons-chats, des Cichlidae, des Distichodontidae et des Hepsetidae.
*- Les acadjas de pleine eau qui sont disposés dans les endroits profonds du cours d'eau et qui
diffèrent des premiers par leurs formes et leurs dimensions. Ils sont de forme circulaire et
moins vastes que les précédents. On y capture surtout les poissons-chats.
Quelquefois, les pêcheurs mettent dans l’acadja du tourteau de palme et de maïs et des
déchets de cuisine pour attirer les poissons et les concentrer pour la pêche.
Les filets utilisés pour l’exploitation d’un acadja sont appelés "acadjado". Ils mesurent en
moyenne 25 m de long sur 5,5 m de chute. Les mailles sont assez fines (15 mm en moyenne)
pour ne laisser échapper que les plus petits poissons. Ils portent à leur base plus de 300 petits
plombs métalliques distants de 8 à 10 cm les uns des autres.
A Agonlin Lowé, l’acadja de rivière n’appartient jamais à une famille ou une communauté,
mais à un seul pêcheur.
Recensement, formes, dimensions et superficie des acadjas
Sur un tronçon de 3 km du cours du fleuve (Fig. 4.1), le nombre total d’acadjas a été recensé
dans un premier temps entre avril et mai 1999 et dans un deuxième temps en février 2002. Les
résultats sont consignés dans le tableau 4.4.
94
Tableau 4.4 : Formes et nombre des acadjas de rivières recensés à Agonlin Lowé en avril-mai 1999 et en février 2002.
avril à mai 1999 février 2002 Superficie (m²) carré cercle rectangle total 1999 cercle rectangle trapèze total 2002
Total
< 100 1 11 7 19 19 27 3 49 68 100 à 199 1 4 23 28 12 3 15 43 200 à 299 1 7 8 3 3 11 300 à 399 1 3 4 8 8 12 400 à 499 5 5 1 1 6 500 à 599 2 4 6 6 600 à 699 4 4 1 1 5 700 à 799 1 1 1 800 à 999 1000 à 1499 2 2 3 3 5 1500 à 1999 1 1 1 1 2 ≥ 2000 1 1 1 Total 3 19 56 78 19 57 6 82 160 % du nombre 3,8 24,4 71,8 100 23,2 69,5 7,3 100 Tableau 4.5 : Superficie (m²) des acadjas de rivière recensés à Agonlin Lowé en avril-mai 1999 et en février 2002.
avril à mai 1999 février 2002 Total Superficie (m²) carré cercle rectangle total 1999 cercle rectangle trapèze Total 2002
< 100 81 616 479 1176 251 1558 176 1985 3161 100 à 199 110 461 3202 3773 1539 405 1944 5717 200 à 299 201 1620 1821 678 678 2498 300 à 399 324 1093 1417 2760 2760 4177 400 à 499 2146 2146 480 480 2626 500 à 599 1017 2210 3227 3227 600 à 699 2562 2562 625 625 3187 700 à 799 700 700 700 800 à 999 1000 à 1499 2561 2561 3400 3400 5961 1500 à 1999 1590 1590 1800 1800 3390 ≥ 2000 2727 2727 2727 Total 515 3885 18600 23000 251 13540 581 14371 37371 % en superficie 2,2 16,9 80,9 100 1,7 94,0 4,0 100
95
Au total, 160 acadjas dont 78 entre avril et mai 1999 et 82 en février 2002 ont été recensés sur
une superficie moyenne en eau respectivement de 15 ha et de 24,6 ha.
En général, les acadjas sont de forme rectangulaire (71,8 % en avril-mai 1999 et 69,5 % en
février 2000), circulaire (24,4 % en avril-mai 1999 et 23,2 % en février 2000), carré (3,8 % en
avril-mai 1999) ou trapézoïdale (7,3 % en février 2002). On observe ainsi que les acadjas de
type rectangulaire sont les plus nombreux.
Du point de vue de leur superficie (Tab. 4.5), les acadjas ont des tailles significativement plus
petites en 2002 qu’en 1999 (Anova 1, p < 0,05). Les 78 acadjas d’avril-mai 1999 couvrent 2,3
ha (23.000 m²) soit 15,3 % de la surface en eau du fleuve en cette période, tandis que les 82
acadjas de février 2002 couvrent 1,44 ha (14.371 m²), soit 5,9 % seulement de la surface en
eau du fleuve. Vu cette grande différence en superficie entre les deux années, on pourrait dire
qu’en février beaucoup d’acadjas ne sont pas encore installés, tandis qu’avril-mai constitue la
période de plein développement des acadjas dans le fleuve.
La superficie moyenne des acadjas est en avril-mai 1999 de 294,9 ± 401,0 m², la minimale de
28 m² est de type circulaire et la maximale de 2.727 m² est de type rectangulaire. En février
2002, la superficie moyenne est de 175,3 ± 298,2 m², la minimale de 1 m² est de type
circulaire développé chez les enfants et la maximale de 1.800 m² est de type rectangulaire.
Dix neuf (19) acadjas (soit 24,4 %) ont une superficie inférieure à 100 m² en avril mai 1999,
tandis que 49 acadjas (soit 59,8 %) ont une superficie inférieure à 100 m² en février 2002. Il
faut remarquer qu’en février 2002, tous les types circulaires ont une superficie inférieure à
100 m². Pour les deux années, plus de 85 % des acadjas ont une superficie en-dessous de 500
m² (88,9 % en avril mai 1999 et 92,7 % en février 2002). On observe en général que les
acadjas de grande superficie sont rares, seulement 5,1 % (4 acadjas) en avril mai 1999 et 4,9
% (4 acadjas) en février 2002 ont une superficie supérieure à 1000 m².
Profondeur de l’eau dans les acadjas
La profondeur moyenne de l’eau dans les 78 acadjas a été relevée en avril-mai 1999. Les
résultats (moyennes des mesures à 3 endroits différents de l’acadja) sont présentés dans la
figure 4.23.
96
020406080
100120140160180200
Rectangulaire Circulaire Carré
Formes d'acadjas
Prof
moy
enne
(cm
)
n = 56 n = 19
n = 3
a a
a
Figure 4.23 : Profondeurs moyennes de l’eau (cm) des acadjas en avril-mai 1999 à Agonlin lowé (n = nombre d’acdjas). Les barres qui portent les mêmes lettres ne présentent pas de différence significative entre elles (Anova 1, p > 0,05).
T°C de l'eau dans les acadjas
2727.5
2828.5
29
29.530
avril 99 mai 99
Mois
T°C surf
fond
b b
a a
Figure 4.24 : Variations mensuelles de la température de l’eau (°C) dans les acadjas à Agonlin-Lowé en avril-mai 1999. Les barres qui portent les mêmes lettres ne présentent pas de différence significative entre elles (Anova 1, p > 0,05).
Oxygène (mg/l) de l'eau dans les acadjas
02
46
8
1012
avril 99 mai 99
Mois
O2
(mg/
l)
surf
fond
b b
a a
Figure 4.25 : Variations mensuelles de l’oxygène dissous de l’eau (mg/l) dans les acadjas à Agonlin-Lowé en avril-mai 1999. Les barres qui portent les mêmes lettres ne présentent pas de différence significative entre elles (Anova 1, p > 0,05).
97
La profondeur moyenne (tous les acadjas confondus) est de 105,6 ± 66,1 cm, avec une valeur
minimale de 60 cm et une maximale de 620 cm obtenues dans des acadjas de type
rectangulaire. Les profondeurs moyennes suivant les formes sont de 109,4 ± 74.9 cm pour les
rectangulaires, de 97,2 ± 35,9 cm pour les circulaires et de 88,3 ± 22,6 cm pour les formes
carrées, mais ne présentent pas de différences significatives entre elles (Anova 1, p > 0,05).
Caractéristiques physico-chimiques de l’eau dans les acadjas.
Le tableau 4.6 synthétise les données sur les principales caractéristiques physico-chimiques de
l’eau dans les acadjas. Les variations entre les mois sont illustrées aux figures 4.24 à 4.29.
Tableau 4.6 : Principales variables physico-chimiques mesurées dans les acadjas à Agonlin Lowé en avril-mai 1999. Acadjas acadja 1 acadja 2 acadja 3 acadja 4 acadja 5 acadja 6 acadja 7
Mois avril 99 avril 99 avril 99 mai 99 mai 99 mai 99 mai 99
Heure 12h14 11h00 07h30 11h00 11h00 10h00 09h00
Moyenne
Tair (°C) 28,0 28,5 25,4 29,5 28,5 30,3 27,8 28,3 Teau surf (°C) 28,6 28,6 27,8 29,3 29,2 29,4 28,6 28,8 Teau fond (°C) 28,5 28,5 28,2 28,9 28,8 29,2 29,2 28,8 O2 surf (mg/l) 4,2 5,2 5,6 8,0 11,9 8,9 6,2 7,1 O2 fond (mg/l) 3,5 5,2 5,3 5,5 10,8 8,5 5,8 6,4 O2 surf (%) 47,0 67,0 72,0 102,0 152,0 109,0 77,0 89,4 O2 fond (%) 44,0 71,0 69,0 65,0 141,0 104,0 73,0 81,0 Prof (cm) 145,0 110,0 75,0 90,0 195,0 150,0 110,0 125,0 Transp (cm) 23,0 25,0 30,0 23,0 25,0 30,0 36,0 27,4 pH 6,0 6,0 5,5 5,5 5,5 5,5 5,5 5,6 Cond. Surf (µS/cm) 90,0 90,0 90,0 90,0 90,0 90,0 90,0 90,0 Cond. Fond (µS/cm) 90,0 90,0 90,0 90,0 90,0 90,0 90,0 90,0
Dans les acadjas, l’oxygène dissous de l’eau est plus élevé en mai 99 qu’en avril 99, tandis
que l’inverse est observé pour le pH qui est élevé en avril 99 et faible en mai 99.
Dans l’ensemble ces valeurs trouvées (Tab. 4.6) ne présentent pas de différence significative
avec celles observées dans le lit du fleuve.
98
Oxygène (%) de l'eau dans les acadjas
0
20
40
60
80
100
120
140
160
avril 99 mai 99
Mois
% d
e sa
tura
tion
en O
2
surffond
Figure 4.26 : Variations mensuelles de l’oxygène dissous de l’eau dans les acadjas à Agonlin-Lowé. Les barres qui portent les mêmes lettres ne présentent pas de différence significative entre elles, p > 0,05
Transparence de l'eau dans les acadjas
0
5
10
15
20
25
30
35
avril 99 mai 99
Mois
Tran
spar
ence
(cm
)
Figure 4.27 : Variations mensuelles de la transparence de l’eau dans les acadjas. Les barres qui portent les mêmes lettres ne présentent pas de différence significative entre elles, p > 0,05.
pH de l'eau dans les acadjas
5
5.2
5.4
5.6
5.8
6
6.2
avril 99 mai 99
Mois
pH
a b b
b a
a
Figure 4.28 : Variations mensuelles du pH de l’eau dans les acadjas à Agonlin-Lowé. Les barres qui portent les mêmes lettres ne présentent pas de différence significative entre elles, p > 0,05.
Conductivité de l'eau dans les acadjas
8989.289.489.689.8
9090.290.490.690.8
91
avril 99 mai 99
Mois
Con
d. (µ
S/cm
)
surffond
a a a
a a a
Figure 4.29 : Variations mensuelles de la conductivité de l’eau dans les acadjas à Agonlin-Lowé. Les barres qui portent les mêmes lettres ne présentent pas de différence significative entre elles, p > 0,05.
99
4.1.2.4- Les trous à poissons
Description
II existe à Agonlin Lowé deux types de trous à poissons: le type Ahlo et le type Whédo.
* Les trous à poissons de type "ahlo " : ce sont des tranchées creusées dans les berges et qui
communiquent avec les eaux du fleuve. Les poissons sont emprisonnés dans les herbes
flottantes qui envahissent ces trous généralement longs d'une trentaine de mètres. Il existe
moins d’une dizaine d’ahlo dans la zone d’étude et les informations obtenues sur quelques
uns ne permettent pas de faire des analyses.
* Les trous à poissons de type "whédos" : ce sont des tranchées creusées par l'homme dans
des parties basses de la plaine d'inondation. Ces tranchées de 100 à 200 m de long, voire plus,
ont rarement plus de 4 m de large et 1,5 m de profondeur. L'empoissonnement se fait de façon
naturelle, les poissons étant apportés par la crue à partir des migrations latérales. Selon les
pêcheurs, l'existence des trous à poissons ou whédos remonte à plus d'un siècle.
Les photos 4.7 et 4.8 montrent respectivement un trou à poissons en exploitation et un trou
poissons déjà exploité à Agonlin Lowé.
Photo 4.7 : Vue partielle d’un trou à poissons en phase d’exploitation collective. Remarquer l’entassement sur les bords de la végétation flottante qui recouvrait le plan d’eau (mai 1999).
Photo 4.8 : Vue partielle d’un trou à poissons après exploitation. Remarquer le clayonnage qui sert à isoler les parties déjà exploitées de celles qui restent à exploiter (mai 1999) .
Les caractéristiques, le fonctionnement et la production de ces aménagements ont été étudiés
par Welcomme (1972b) et récemment par Lalèyè et al. (2005a).
100
Tableau 4.7 : Nombre de trous à poissons (whédos) selon leurs propriétaires (recensement d’avril à mai 1999 à Agonlin Lowé). Familial Personnel Inconnu Total Nombre 63 38 4 105 Pourcentage (%) 60,0 36,2 3,8 100,0
Tableau 4.8 : Répartition selon la taille (superficie) et la forme du nombre de trous à poissons recensés à Agonlin Lowé d’avril à mai 1999.
Formes Superficie en m² Rectangulaire Irrégulière Circulaire
Total
Pourcentage %
< 100 23 3 1 27 25,7 100 à 200 10 6 0 16 15,2 200 à 300 9 4 0 13 12,4 300 à 400 3 8 0 11 10,5 400 à 500 2 4 0 6 5,7 500 à 600 3 2 0 5 4,8 600 à 700 3 3 0 6 5,7 700 à 800 2 1 0 3 2,9 800 à 900 0 3 0 3 2,9 900 à 1000 0 1 0 1 1,0 1000 à 1100 2 2 0 4 3,8 1100 à 1200 1 1 0 2 1,9 1200 à 1300 1 2 0 3 2,9 1300 à 1400 1 0 0 1 1,0 1400 à 1500 0 0 0 0 0,0 1500 à 1600 0 0 0 0 0,0 1600 à 1700 0 1 0 1 1,0 1700 à 1800 0 0 0 0 0,0 1800 à 1900 0 1 0 1 1,0 1900 à 2000 0 0 0 0 0,0 2000 à 2100 0 1 0 1 1,0 2100 à 2200 1 0 0 1 1,0 Total 61 43 1 105 100 Pourcentage (%) 58,1 40,9 1,0 100
101
Dans tout le delta de l’Ouémé, les pêcheurs avaient constaté que les flaques d'eau subsistant
dans les dépressions inondables lors du retrait des eaux recelaient assez bien de poissons,
surtout du genre Clarias. Ainsi, est née l'idée de creuser les trous à poissons dans la plaine
d'inondation afin d'emprisonner les poissons lorsque les eaux des crues se retirent. Le
creusage se réalise pendant l'étiage dans la zone inondable qui reçoit rapidement les eaux lors
du débordement latéral du fleuve ou à la suite d'une pluie abondante. L'approvisionnement en
eau des trous à poissons a ainsi trois origines : la nappe phréatique, la pluie et l'eau de crue.
Les sols sableux ne conviennent pas pour leur mise en place. La végétation flottante y est en
général surabondante et l'eau sous cette couche végétale est souvent désoxygénée. Le trou à
poissons reste ainsi un habitat rude où seules peuvent survivre les espèces munies d'organes
auxiliaires de respiration de l'air (les Clariidae par exemple).
A Agonlin Lowé, divers engins sont utilisés pour l'exploitation des trous à poissons. Il s’agit :
des claies ou Bakpa pour délimiter les portions à exploiter (photo 4.8), des machettes ou
Djaba, des coupe-coupe ou Kobah et des branches fourchues pour enlever végétation
flottante, des épuisettes, des petits filets traînants dits Kpodjegan et Agnagoe, des nasses ou
Adja et le Wou pour capturer les poissons (cf. sous-chapitre 4.2).
Recensement, formes et superficies des whédos
Les résultats des recensements des whédos d’avril à mai 1999 sont présentés dans les tableaux
4.7 et 4.8. Au total, 105 trous à poissons ont été recensés. Du point de vue de la propriété des
whédos (Tab. 4.7), 63 (soit 60,0 % du total) sont de type familial (appartenant à une
collectivité), 38 (soit 36,2 % du total) sont de type personnel et 4 (soit 3,8 % du total) sont
d’appartenance inconnue. On observe ainsi que la majorité des trous à poissons appartient à
une collectivité (ou famille), contrairement aux acadjas qui appartiennent quasiment tous à
des individus.
D’après le tableau 4.8, les whédos rectangulaires sont les plus nombreux (61 trous, soit 58 %
du total) suivis des trous de forme irrégulière (43 trous, soit 41 % du total). Un seul trou à
poissons de type circulaire a été observé (soit 1 % du total).
La superficie totale des 105 trous recensés est de 44.804 m² ou 4,5 ha. La moyenne est de
426,7 ± 448,6 m² avec une valeur minimale de 13,0 m² et une maximale de 2.130,0 m². Les
plus petites et les plus grandes superficies ont été toutes obtenues dans la catégorie des trous à
102
poissons de type rectangulaire. Il existe ainsi une très grande variabilité des superficies des
trous à poissons. 27 trous, soit26 %, ont une superficie inférieure à 100 m². Dans ce groupe
les trous rectangulaires sont les plus nombreux (23 trous rectangulaires sur les 27). On
observe 43 % des trous dont les superficies se situent entre 100 et 500 m², soit 46 trous dont
24 rectangulaires et 22 de forme irrégulière. 18 %, soit 18 trous dont 8 rectangulaires et 10 de
forme irrégulière ont des superficies situées entre 500 et 1000 m². Au-delà de 1000 m² se
trouvent seulement 14 % des trous recensés, soit 14 trous dont 6 rectangulaires et 8 de forme
irrégulière.
Sur le plan de la répartition selon les propriétaires (Fig. 4.30), on observe que parmi les 27 (26
%) ayant une superficie inférieure à 100 m², 17 sont de type personnel, 6 sont de type familial
et 4 ont un statut inconnu. La majorité des whédos de petites superficies appartiennent ainsi à
des individus. Parmi les 46 trous (43 %) ayant une superficie comprise entre 100 et 500 m²,
30 trous sont de type familial et 16 de type personnel. Au-delà de 500 m² on a 27 trous de
type familial et 5 trous de type personnel. Les trous à caractère personnel deviennent rares au
fur et à mesure que la superficie augmente.
05
1015202530
< 100
100 à 2
00
200 à 3
00
300 à 4
00
400 à 5
00
500 à 6
00
600 à 7
00
700 à 8
00
800 à 9
00
900 à 1
000
1000 à
1100
1100 à
1200
1200 à
1300
1300 à
1400
1400 à
1500
1500 à
1600
1600 à
1700
1700 à
1800
1800 à
1900
1900 à
2000
2000 à
2100
2100 à
2200
Superficie (m²)
Nom
bre
de tr
ous
à po
isso
ns
Familial Personnel Inconnu
Figure 4.30 : Distribution des fréquences des superficies (m²) des trous à poissons (whédos) selon les propriétaires à Agonlin Lowé en avril-mai 1999.
103
Profondeurs et hauteurs d’eau
Pour tous les 105 trous à poissons mesurés (Fig. 4.31), la profondeur moyenne est de 100,1 ±
22,1 cm. La plus petite profondeur (50 cm) et la plus grande (175 cm) sont toutes enregistrées
dans les whédos rectangulaires. Cette moyenne est de 96,2 ± 22,6 pour les trous rectangulaires
et de 104,1 ± 20,4 cm pour ceux de forme irrégulière. Mais, il n’existe pas différence
significative (Anova 1, p > 0,05) entre les profondeurs des trous des deux formes. La
profondeur du trou circulaire, 135 cm, reste plus élevée que celles des autres mais une seule
observation ne permet pas de faire des comparaisons.
La hauteur d’eau moyenne dans les whédos est de 48,2 ± 16,3 cm. La colonne d’eau la plus
faible (10 cm) et la plus élevée (130 cm) ont été enregistrées dans des whédos rectangulaires.
La moyenne des hauteurs d’eau est de 47,2 ± 18,3 cm pour les trous rectangulaires et de 49,2
± 13,1 cm pour ceux de forme irrégulière. Ces hauteurs d’eau ne présentent pas de différence
significative entre elles (Anova 1, p > 0,05). Aussi, la hauteur d’eau comme pour la
profondeur est plus élevée dans le trou circulaire (68 cm), mais ne permet pas une
comparaison.
0
20
40
60
80
100
120
140
160
Rectangulaire Circulaire Irrégulière
Types de trous
Prof
onde
ur (c
m)
Prof. Trou (cm)Prof. Eau (cm)
** a
a
b b
Figure 4.31 : Profondeur des trous à poisons et hauteur d’eau en avril-mai 1999 à Agonlin Lowé. Les barres qui portent les mêmes lettres ne présentent pas de différence significative entre elles. ** = pas de statistique car n = 1 pour le ciculaire.
104
Caractéristiques physisco-chimiques
Le tableau 4.9 présente les caractéristiques physisco-chimiques mesurées dans les trous à
poissons (whédos) à Agonlin Lowé d’avril à mai 99 et en mars 01. On observe une teneur en
oxygène très faible des whédos (0,75 ± 0,34 mg/l en surface et 0,42 ± 0,21 mg/l en profondeur
entre 10h et 16h). La transparence moyenne est de 6,7 ± 4,8 cm et le pH de 5,6 ± 0,2 au cours
des mêmes heures.
Tableau 4.9 : Principales variables physico-chimiques mesurées dans les whédos à Agonlin Lowé. tàp = trou à poissons. Whédos tàp1 tàp2 tàp3 tàp4 tàp5 tàp6 tàp7 tàp8
Mois avril 99 avril 99 avril 99 mai 99 mai 99 mai 99 mars 01 mars 01
Heure 15h30 16h00 15h00 15h00 16h00 16h15 10h00 13h00
Moyenne
Tair (°C) 29,6 30,7 32 24,6 27,6 29,5 29,0 Teau surf (°C) 26 33,7 29,7 24,6 26,7 28,1 27,6 31,5 28,5 Teau fond (°C) 25,5 32,8 27 24,7 25,9 28,1 27,3 O2 surf (mg/l) 0,7 0,4 0,4 0,4 1,1 0,7 1,24 1,05 0,7 O2 fond (mg/l) 0,2 0,2 0,3 0,5 0,7 0,6 0,4 O2 surf (%) 4 4 3 5 11 8 5,8 O2 fond (%) 2 2 3 5 8 7 4,5 Profondeur (cm) 66 60 55 35 60 42 53,0 Transparence (cm) 10 5 15 4 3 3 6,7 pH 5,5 5,5 5,5 5,5 5,5 5,5 6 6 5,6 cond. Surf (µS/cm) 164,2 189,2 174,5 70,8 79,4 135,6 cond. Fond (µS/cm) 182,2 284 187,5 217,9 TDS (mg/l) 78 86 82,0
4.1.3- Relevé floristique et profil de la plaine inondable
4.1.3.1- Relevé floristique dans l’ensemble des habitats
Au total 41 espèces végétales réparties en 21 familles ont été recensées (Tab. 4.10). Les
végétations dominantes dans les habitats sont les graminées (25,6 %), les Cypéracées (2,5 %)
et quelques ligneux (5,12 %). On note une faible représentation des ligneux, ce qui serait dû à
la pratique des acadjas consommatrice de bois et l’agriculture.
La figure 4.32 présente l’occurrence des différentes espèces végétales dans les acadjas et les
whédos. Echnochloa pyramidalis et Ipoma aquatica dominent dans les trous à poissons tandis
que Pistia stratiotes, Ipomea aquatica, Bambousa vulgaris et Eichhornia crassipes le sont
dans les acadjas.
105
Tableau 4.10 : Liste des espèces végétales recensées dans les différents habitats à Agonlin Lowé de mai 1999 à mars 2001. Familles
Espèces
Lit fleuve
Plaine inondable à la décrue
Acadjas
Trous à poissons
Araceae Pistia stratiotes * * * Azollaceae Azolla africana * * * Nympheaceae Nymphea lotus * * * Nymphea maculata * Polygonaceae Plygonum lanigerum * Pontederiaceae Eichhornia crassipes * * Salviniaceae Salvinia nymphelula * Acanthaceae Hygrophila auriculata * Justucia flava * Amaranthaceae Alternanthera sessilis * Pandiaka involucrata * Annonaceae Anona senegalensis * Asteraceae Acanthospermum hispidium * Blumea duria * Vernonia amygdalina Chailletiaceae Dichaptalum guinense * Cleomeaceae Cleome viscosa * Commelinaceae Commelina benghalensis * Commelina erecta * Convolvulaceae Ipomea aquatica * * * Cyperaceae Cyperus haspan * Fabaceae Aechynomene uniflora * Hydrophilaceae Hydrolea glabra * Onagraceae Ludwigia abyssinica * ludwigia decurens * Poaceae Acroceras zizanioides * Brachiaria deflexa * Brachiaria lata * Brachiaria stygmatissata * Digitaria horizontalis * Echinochloa pyramidalis * * * Ischaemum amethystinum * Imperata cylindrica * Oryza barthii * Panicum subalbidum * Sacciolepis africana * Rubiacceae Mitragyna inermis * Hoslondia opposita * Mitragyna inermis * * Spermacocea centricilata * Agavaceae Bambousa vulgaris *
106
0
20
40
60
80
100
Azollaafricana
Echinochloapyramidalis
Ipomeaaquatica
Nymphaealotus
Pistiastrat iotes
Mitraginainermis
Eichhorniacrassipes
Bambousavulgaris
Espèces végétales
Occ
urre
ence
(%)
t rous à poissons acadjas
Figure 4.32 : Occurrence des espèces végétales dans les acadjas et les whédos à Agonlin Lowé en avril-mai 1999.
Ouest Est
Figure : 4.33 : Transect ouest - est de la plaine inondable située sur la rive gauche du fleuve Ouémé entre Azowrissè et Agonlin Lowé (situation de décrue en janvier 2000).
107
4.1.3.2- Transect dans la plaine inondable
Le transect ouest-est réalisé dans la plaine à Agonlin lowé en janvier 2000 est illustré par la
figure 4.33.
Les formations végétales propres à la plaine inondable sont constituées notamment de
graminées occupant une vaste prairie marécageuse parsemée par endroits d’arbustes (cf. plus
haut la photo 4.3). Au-delà de cette prairie, se trouve une savane herbeuse dégradée parsemée
en particulier de palmiers (Elaïs guineensis).
4.1.4- Le plancton et l’état d’eutrophisation des eaux dans les habitats
Le plancton demeure probablement la communauté la moins étudiée à ce jour dans le delta
l’Ouémé. Au cours de nos travaux, les échantillons d’eau prélevés n’ont été analysés qu’en
partie. Le tableau 4.11, basé sur les observations de Gominan et Hecq (2000) à partir des
échantillons, présente le nombre d’organismes zoo-planctoniques par litre d’eau à Agonlin
Lowé de mai à septembre 1999.
Tableau 4.11 : Nombre d’organismes zoo-planctoniques par litre d’eau dans le lit principal du fleuve à Agonlin Lowé (Gominan et Hecq, 2000).
Mois Zooplancton Mai Juin Juillet Août Septembre Rotifères 810 585 0 0 1815 Cladocères 105 95 0 0 360 Copépodes 148 68 0 0 92 Total 1063 748 0 0 2267 Nombre d’organismes par litre d'eau 1,14 0,851 0 0 2,432 On observe que le zooplancton à Agonlin Lowé est constitué de rotifères, de cladocères et de
copépodes. Les rotifères sont les plus nombreux. Les eaux sont relativement pauvres ou du
moins ne contiennent pas d’organismes zoo planctoniques en juillet et août pendant la crue.
Pour ce qui concerne le phytoplancton, au total 57 espèces de phytoplancton appartenant à 17
familles ont été recensées par les auteurs (op. cit.). Les plus nombreux étaient les
Chlorophytes.
108
4.1.5- Structuration des paramètres du milieu
Afin d’étudier la dynamique de l’hydro-climat, nous avons effectué une analyse en
composantes principales ACP sur les données physico-chimiques. Une telle analyse doit
permettre de voir si les données recueillies présentent une quelconque ordination du milieu.
Les données correspondent à une matrice brute de 182 mesures effectuées dans le fleuve et
dans la plaine d’inondation pour 9 variables physico-chimiques enregistrées à 7h, 10h, 13h,
16h, 19h et 22h. Très peu de mesures ont été effectuées dans les whédos et dans les acadjas ;
ils n’ont pas été pris en compte dans les analyses. Les variables utilisées sont la température
ambiante (TA en °C), la température de l’eau (Teau en °C), la profondeur (Prof en cm), la
transparence (Transp en cm), le pH, le TDS (en mg/l), la conductivité (Cond en µS/cm),
l’oxygène dissous (O2 en mg/l) et la salinité de l’eau (Sal en g/l). Certaines variables du
milieu comme les nitrites, les nitrates, le NH3, les sulfates et les phosphates qui n’ont été
dosées qu’une ou deux fois n’ont pas été prises en compte. Au cours d’une saison, les données
manquantes pour une variable à un moment ponctuel ont été remplacées par la moyenne de la
saison.
Le tableau 4.12 présente les valeurs propres et les statistiques associées et le tableau 4.13 la
contribution des variables à la formation des axes.
On observe que les deux premiers facteurs expliquent 48,6 % des variations ; nous avons
retenu ces deux axes, vue la décroissance rapide entre le 1er et le 2ème facteur. Toutefois, la
part expliquée par ces deux facteurs étant relativement modeste, nous avons tenu compte aussi
du 3ème facteur pour faire les analyses. Ces trois premiers axes permettent d’expliquer 64,2 %
des variations.
109
L’examen des plans factoriel 1 et 2 (Figs 4.34 et 4.35) montre que :
- pendant la période des grandes eaux (Fig. 4.34), les variables physico-chimiques de la plaine
inondable et du lit du fleuve sont très proches et ne présentent pas différence entre elles.
- la qualité de l’eau notamment les variations de sa teneur en oxygène dissous (Fig. 4.35)
dépend moins des sels dissous (Fact 1) mais de la profondeur et de la transparence (Fact. 2) de
l’eau qui sont en relation à la montée des eaux durant la crue (s3). Les eaux de profondeur (ou
transparentes) sont plus faibles en oxygène dissous.
Tableau 4.12 : Valeurs propres (matrice de corrél.) et statistiques associées
Val. propr % Total Cumul Cumul Facteurs variance Val. propr % Fac 1 2,853595 31,70661 2,853595 31,7066 Fac 2 1,521062 16,90069 4,374657 48,6073 Fac 3 1,403535 15,59483 5,778192 64,2021 Fac 4 1,119434 12,43816 6,897626 76,6403 Fac 5 0,798052 8,86724 7,695678 85,5075 Fac 6 0,547303 6,08114 8,242981 91,5887 Fac 7 0,424701 4,71890 8,667681 96,3076 Fac 8 0,232436 2,58262 8,900117 98,8902 Fac 9 0,099883 1,10981 9,000000 100,0000 Tableau 4.13 : Coordonnées factorielles des variables basées sur les corrélations Paramètres Fact. 1 Fact. 2 Fact. 3 TA -0,529672 -0,625447 0,251329 Teau -0,780350 -0,340501 0,080523 Prof -0,138846 0,477555 0,698252 Transp -0,311269 0,524224 0,525323 pH -0,594520 -0,110390 0,049274 Cond -0,894831 0,267139 -0,142464 TDS -0,566779 0,223381 -0,058864 Sal -0,604605 0,026866 -0,457436 O2 0,083470 -0,613921 0,578729
110
Projection des ind. sur le plan factoriel ( 1 x 2)Observations avec la somme des cosinus carrés >= .75
s4m9Ls4m10L
s4m10Ls4m10Ls1m11Ls1m11Ls1m11Ls1m11Ls1m12L
s1m12Ls1m12Ls1m13L
s2m14Ls2m14Ls2m14Ls2m14L
s2m14Ls2m14Ls2m14L
s2m14L
s3m16Ps3m16P
s3m16P
s3m16P
s4m9Ls4m10L
s4m10Ls4m10Ls1m11Ls1m11Ls1m11Ls1m11Ls1m12L
s1m12Ls1m12Ls1m13L
s2m14Ls2m14Ls2m14Ls2m14L
s2m14Ls2m14Ls2m14L
s2m14L
s3m16Ps3m16P
s3m16P
s3m16P
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6
Fact. 1 : 31.70%
-3.0
-2.5
-2.0
-1.5
-1.0
-0.5
0.0
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
3.0
3.5
Fact
. 2 :
16.9
3%
Figure 4.34 : Plan factoriel 1 et 2 des prélèvements : (L = lit du fleuve, P = plaine d’inondation, s1 = grande saison des pluies, s2 = petite saison sèche, s3 = petite saison des pluies, et s4 = grande saison sèche, m1 = mois 1, m2 = mois 2, ….. et ainsi de suite jusqu’au 18ème mois de mesure).
Projection des variables sur le plan factoriel ( 1 x 2)
TA
Teau
Prof Transp
pH
Cond TDS
Sal
O2
-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0
Fact. 1 : 31.70%
-1.0
-0.5
0.0
0.5
1.0
Fact
. 2 :
16.
93%
Figure 4.35 : Cercle de corrélation variables physico-chimiques
111
4.2.- Les engins de pêche et leurs caractéristiques
Après avoir présenté les habitats aquatiques, nous allons décrire les moyens qui permettent de
capturer les poissons dans ceux-ci. Il convient de rappeler que parmi les habitats de pêche
cités plus haut, certains, comme les whédos et les acadjas, sont souvent classés dans les
engins et techniques de capture des poissons. Cela se comprend si l’on regarde de près la
finalité de leur mise en place qui est la capture de poissons, même si ceux-ci devraient y vivre
pendant plusieurs mois. Les acadjas et les whédos ont déjà été présentés plus haut et ne seront
plus considérés dans ce chapitre décrivant les engins et techniques de pêche.
Plusieurs types d'engins et techniques de pêche (17 au total) ont été recensés à Agonlin Lowé
dans le delta de l'Ouémé. Généralement, outre les pirogues qui servent de moyen de transport,
l’ensemble des engins de pêche est réparti dans les catégories ci-après :
- les filets ou « Do » en langue locale Ouémè,
- les nasses ou « Adja » en Ouémè
- les barrages ou « Togbigbo » en Ouémè,
- les lignes à hameçons ou Houn en Ouémè
- les paniers ou Hassoun en Ouémè
- les harpons ou « houan » en Ouémè
4.2.1- Les filets maillants
Les filets maillants sont appelés Kpèlou ou Houè. Ils sont constitués de nappes de filets
rectangulaires dont les ralingues supérieures ne sont pas munies de flotteurs (Fig. 4.36). La
ralingue inférieure porte des morceaux de jarre cassée (argile cuite) jouant le rôle de plombs.
Ces filets mesurent entre 12 et 36 m de long et entre 0,9 et 1,8 m de chute. Ce sont des filets
fixes dont les mailles varient entre 10 et 45 mm. Ils sont utilisés toute l’année dans le lit du
fleuve et dans la plaine d'inondation surtout en début de décrue. La pratique des filets
maillants est presque abandonnée dans la rivière en période de crue, mais elle continue dans la
plaine d’inondation.
112
Figure 4.36 : Le filet maillant Houè à Agonlin Lowé
4.2.2- Les lignes simples de type « Kpohouété »
Cet engin ressemble à une sorte de canne à pêche (Fig. 4.37). Le pêcheur attache à un bâton
flexible, généralement en nervure de palme et parfois en bambou, un fil en nylon long de 40 à
50 cm et portant un hameçon de grande taille (n° 11 ou 12). Le bâton est fixé sur le fond de
l’eau et l’hameçon immergé sur plus de la moitié du fil. L’engin est posé l’après-midi à partir
de 16h en accrochant à l’hameçon un appât fait de morceaux de poisson (genre Dalophis
provenant du lac Nokoué) ou de grenouilles. Le nombre de « kpohouété » par pêcheur varie
beaucoup, de 50 à 200. Le contrôle se fait le lendemain matin à partir de 6 heures. L’engin est
laissé sur place et le pêcheur dans l’après-midi repasse en mettant de nouveau des appâts. La
technique n’est utilisée que pendant la crue.
Figure 4.37 : La technique de pêche kpohouété à Agonlin Lowé
113
4.2.3- La ligne simple de type « Bakpoé »
Welcomme (1970, 1972b) avait donné à cet engin (Fig. 4.38) le nom de Kpokie pour toute la
vallée de l’Ouémé. Il est constitué d’un fil de 30 à 50 cm attaché à un bout de bois sec déposé
en surface de l’eau, le fil muni d’un hameçon appâté plongeant dans l’eau. Le nombre de
bakpoé varie d’un pêcheur à l’autre, de 25 à 100 voire plus selon la possibilité du pêcheur.
Les bakpoé sont utilisés seulement dans la plaine inondable. Ils sont posés le matin vers 9h ou
l’après-midi vers 13h et relevés 3h à 4h de temps après. Les captures sont constituées surtout
de Clarias.
Figure 4.38 La ligne simple de type Bakpoé
4.2.4- La ligne simple de type « Alonouhou »
Cet engin ressemble fortement à une canne à pêche munie d’un hameçon appâté (Fig. 4. 39).
Il est surtout utilisé par les enfants dans la plaine inondable pour la capture des Clariidae.
Figure 4.39 La ligne simple de type Alonouhou
114
4.2.5- Les « palangres » ou lignes multiples
Il s’agit d’une ligne principale (30 à 80 m environ) à laquelle sont attachés des avançons
distants de 50 à 60 cm les uns des autres. Les avançons sont munis chacun d’un hameçon
appâtés aux vers de terre, aux grenouilles ou avec du poisson. Il y en a de deux types suivant
le milieu où l’engin est posé : les palangres de plaine et les palangres du lit du fleuve. Les
deux types de palangres sont présentés dans les figures 4.40 et 4.41.
- les palangres de plaine portent des hameçons de grande taille (n°11 ou 12) et sont utilisées
pour capturer les Clariidae (Clarias gariepinus et Clarias ebriensis) et les Channidae
(Parachanna obscura).
- Les palangres du lit du fleuve portent des hameçons de petite taille (n°17 ou 18) et
permettent de capturer essentiellement les poissons des genres Schilbe, Chrysichthys, et
Synodontis. Ces palangres sont utilisées durant toute l’année, mais on note une intensification
de leur pratique pendant la crue.
Les palangreurs s’associent généralement par équipe de deux personnes dont un pagayeur et
un contrôleur des prises de l’engin. Il existe aussi des palangreurs solitaires qui n’ont pas
besoin de conducteur de pirogue. Ceux-ci s’appuient et tirent d’un bout à l’autre la ligne
principale de la palangre faite d’une corde solide avec un diamètre plus épais que celle de la
palangre des plaines. Un bout de la corde est attaché à un piquet fixé vers la berge, l’autre
bout étant fixé à une grosse pierre jetée vers le centre du fleuve.
Welcomme (1972b) avait décrit une autre forme de palangre localement appelée « Agbakan »
faite d’une longue ligne tendue dans le fleuve d’une rive à l’autre. Pour cet engin, les
hameçons sont fixés à des avançons d’environ 50 cm de long à environ 1 m l’un de l’autre.
Les appâts utilisés sont des vers ou des boulettes de maïs. Cette forme de palangre n’a pas été
observée à Agonlin Lowé.
115
Figure 4.40 : La palangre de plaine à Agonlin Lowé
Figure 4.41 : La palangre du lit du fleuve à Agonlin Lowé
Figure 4.42 : Le filet doba à Agonlin Lowé
116
4.2.6- Le filet « Doba »
C’est une sorte d’épuisette constituée d’un grand filet monté sur un cadre en V et attaché à un
long manche (Fig. 4.42). Il y en a à petites mailles (5 à 8 mm entre les nœuds) et à grandes
mailles (15 à 25 mm entre les nœuds). Mais, c’est surtout le doba à petites mailles qui est le
plus utilisé pendant la décrue.
Le doba est pratiqué par deux pêcheurs : un qui manipule l’engin, le plongeant dans l’eau et
un conducteur de la pirogue. L’engin est utilisé dans la journée et seulement pendant la
décrue. Il arrive que plusieurs de pêcheurs de doba s’associent et forment deux rangées, une
sur la rive droite et l’autre sur la rive gauche. Chaque pêcheur choisit son partenaire de la rive
droite opposée. Sous le signal d’un pêcheur les deux rangées de pêcheurs avancent
simultanément vers le milieu du fleuve. Chaque pêcheur rencontre son vis-à-vis et ensemble
ils relèvent leurs filets. Cette forme d’utilisation de l’engin s’appelle "Agoun".
Le doba à grandes mailles est d’usage rare et moins efficace que le précédent. Il permet de
capturer des poissons de grandes tailles qui, la plupart du temps, échappent à la pêche.
Welcomme (1970, 1972b) avait signalé cette forme d’utilisation de l’engin dans le delta de
l’Ouémé.
4.2.7- Les nasses ou « Adja »
Ce sont des pièges fabriqués avec des nervures de palme fendues (Elais guineensis) ou de
bambou fendu et qui sont disposés le long d’une palissade en branches de palmes (Fig 4.43).
Elles ont en général la forme d’un tambour.
Figure 4.43 : La nasse et le barrage à nasse à Agonlin Lowé
117
La palissade est installée dans la plaine à des endroits où il y a du courant et fait office de
barrage pour les poissons en migration. Les nasses sont disposées de manière que leur
ouverture se trouve dans le sens du courant. Les poissons, nageant contre le sens du courant,
se heurtent au barrage et empruntent alors les ouvertures des nasses où ils sont piégés. Notons
enfin que les nasses sont quelques fois appâtées avec des déchets de cuisines, des épis de maïs
et de noix de palme. Les nasses utilisées à Agonlin Lowé ne capturent que des poissons
juvéniles à cause de la faible distance entre les barreaux. Il en existe deux types : la nasse
« Alowidja » de grande taille et la nasse « Tounvidja » de petite taille. L’utilisation des nasses
dans le lit du fleuve pendant la saison sèche n’est pas courante. Mais il arrive que certains
pêcheurs font des barrages dans le lit du fleuve ou parfois près des berges et installent tout au
long des nasses.
4.2.8- La technique des « bambous »
Les bambous ou «So » sont utilisés pendant la crue sur les bourrelets de berge et pendant la
décrue dans le lit du fleuve pour capturer des poissons (Fig. 4.44). Il s’agit des portions de 50
cm environ de bambou attachés deux à deux et déposés dans l’eau. A l’une des extrémités de
chaque portion de bambou est aménagé un petit trou, l’autre extrémité étant laissée
entièrement ouverte. Pour éviter l’entraînement des bambous par le courant, les pêcheurs
fixent généralement trois à quatre piquets écartés dans le fond de l’eau et relient ceux-ci
ensemble à leurs sommets par une ficelle pour en faire une sorte de cône. A l’aide d’une autre
corde en nylon le pêcheur attache 4 couples de bambou aux piquets fixés. Les Chrysichthys
adoptent le creux de ces bambous pour frayer et y sont capturés majoritairement. Pendant la
décrue, d’autres espèces telles que Synodontis schall et Malapterurus electricus y sont aussi
rencontrées.
La pratique des bambous pour la capture des Chrysichthys auratus mûrs en reproduction a été
décrite par Lalèyè (1995) dans le lac Nokoué et la Lagune de Porto Novo.
4.2.9- La technique de pêche « Akpèlou »
C’est une sorte de petite senne d’environ 15 m de long sur 1,2 m de chute (28 m²) avec une
maille de 15 mm et dont l’utilisation nécessite une main d’œuvre de deux personnes (Fig.
4.45). Seul un pêcheur possède cet engin à Agonlin Lowé. A la pratique, les pêcheurs
décrivent avec le filet un arc de cercle, joignent les extrémités et font une poche dans laquelle
118
les poissons se trouvent enfermés. L’ensemble est ensuite ramassé et les poissons retirés.
Cette pratique n’a jamais été signalée auparavant. Il semble qu’elle est nouvelle dans le
milieu. Welcomme (1070, 1972b) avait mentionné l’appellation de « Akpèlou » pour désigner
toutes les techniques de filets maillant pratiqués dans l’ensemble du delta de l’Ouémé. Ce qui
ne paraît juste.
Figure 4.44 : La technique des bambous à Agonlin Lowé
Figure 4. 45 : Le filet maillant Akpèlou à Agonlin Lowé
119
4.2.10- La technique « Lobado »
C’est un petit filet maillant carré de 50 cm de côté et de mailles variables (15 à 20 cm). Il sert
de piège pour capturer des tilapias en période de fraie. Le pêcheur recherche et identifie les
lieux de fraie (trous ou galeries) des poissons sur les bourrelets de berges. Tôt le matin, il
passe poser le filet en laissant libre l’ouverture du trou. Quelques instants après la pose du
filet (environ 30 mm), il passe pour relever celui-ci en introduisant sa main gauche dans le
trou. Surpris, le poisson sort effrayé de son trou et se fait prendre au filet. Cette pratique n’a
jamais été décrite auparavant dans la vallée.
4.2.11- La technique « Adinhouihoué »
De toutes les techniques de pêche pratiquées à Agonlin Lowé, seule la technique Ainhouihoué
nous a paru particulièrement étrange car le pêcheur capture les poissons au repos à mains nues
sans se servir d’un engin. Le pêcheur nage vers les endroits profonds du fleuve et saisit les
poissons de fond qui se reposent dans leurs habitats. Il remonte ensuite à la surface de l’eau et
dépose dans sa gibecière le (s) poisson (s) capturés (s). La prise se compose généralement de
Synodontis nigrita, Synodontis schall et de Chrysichthys auratus et Chrysichthys
nigrodigitatus. Cette technique est pratiquée par les grands nageurs et plongeurs du village.
4.2.12- La technique « Tognignan » ou la pêche au panier
La technique utilise (Fig. 4.46) :
- deux paniers à base plus ou moins pointue dont un est utilisé pour pêcher les poissons et
l’autre pour les conserver vivants dans le fleuve. Le panier conservateur est fixé dans le lit du
fleuve (proche de la berge) au moyen de 3 ou 4 pieux.
- une pirogue qui sert au transport de matériel de pêche (marmite à appâts, une casserole d’eau
savonneuse parfumée, un foyer traditionnel en argile et enfin du bois de chauffage).
La technique se pratique juste après le retrait de l’eau de la plaine inondée (début novembre à
mi-décembre). Elle est pratiquée la nuit et exige une personne comme main-d’œuvre. Pour ce
faire, la femme verse un peu d’eau savonneuse pour attirer les poissons, jette ensuite l’appât
fait d’un mélange de poisson, de tourteau de manioc et de farine de maïs et attend quelques
instants que les poissons se rassemblent. Elle plonge ensuite son panier dans l’eau pour
120
ramasser les poissons. Les poissons capturés par cette technique sont en majorité des
juvéniles. Cette pratique n’a jamais été décrite auparavant.
Figure 4.46 : La technique Tognignan à Agonlin Lowé
4.2.13- La technique « Zindja » ou la pêche au canari
C’est la pêche à la marmite (Fig. 4.47). Elle consiste à poser dans le lit du fleuve une marmite
qui contient les restes de pâte de maïs. Après 10 à 15 min, le pêcheur ferme la marmite dans
l’eau au moyen d’un couvercle, la remonte au bord et transvase son contenu souvent composé
de poissons qui y sont entrés. Pour éviter les pertes de marmite le pêcheur attache celle-ci à un
piquet fixé dans le lit du fleuve. Cet engin permet de capturer abondamment des Synodontis
schall. Ce sont les femmes qui souvent pratiquent cette technique de pêche. Elle n’a jamais
été décrite auparavant dans le delta de l’Ouémé.
Figure 4.47 : La technique Zindja à Agonlin Lowé
121
4.2.14- Le filet épervier ou « Gangnido »
L'épervier ou Gangnido existe sous deux formes (Fig. 4.48) : le Houado avec des très grands
maillages (15 à 25 mm) qui pêche les gros poissons comme l’Heterotis niloticus et le Lates
niloticus et le Medo avec des petits maillages (8 à 10 mm) qui sert souvent à pêcher les
Cichlidés.
Figure 4.48 : Le filet épervier à Agonlin Lowé
Figure 4.49 : La pêche aveugle au panier
Figure 4.50: Les types harpons à Agonlin Lowé
122
4.2.15- La pêche aveugle au panier
Ce sont des paniers tressés avec des nervures de palme ou de bambou (Fig. 4.49). Une
ouverture est aménagée dans leur partie supérieure. Ils sont utilisés uniquement dans la plaine
inondable en période de crue. Le pêcheur voyant le mouvement d’un poisson sous l’eau
essaye de le localiser et de l’enfermer sous le panier. Il récupère le poisson à partir de
l’ouverture supérieure en y plongeant sa main. Les poissons capturés par cette technique sont
tous des adultes en migration de reproduction vers la plaine.
4.2.16- Les harpons
Les harpons (Fig. 4.50) servent à capturer les gros poissons comme Heterotis niloticus, Lates
niloticus et Gymnarchus niloticus.
4.2.17- Période d’utilisation des engins
Les engins de pêche tels que filet maillant, bambous, alonouhou et palangre sont utilisés
durant toute l’année (Tab. 4.14). Mais tous ne sont pas pratiqués intensément tout le temps.
Les bambous, alonouhou et palangre ne sont pratiqués intensément qu’à des périodes précises
de l’année déjà indiquées dans les paragraphes précédents.
Les autres techniques ne sont pratiquées qu’à des moments bien déterminés de l’année. Après
leur utilisation les engins sont rangés pour être repris à la saison suivante généralement après
un an. Il s’agit de bakpoé (pratiqué entre août et octobre), de kpohouété (entre juillet et
octobre), du doba (entre novembre et juin), des trous à poissons (entre février et mai-juin), de
l’acadja (entre décembre et juin), etc. Il est particulièrement remarqué qu’à la décrue (souvent
à partir de novembre), les activités de pêche sont fortement limitées au profit de l’agriculture
et très peu d’engins de pêche sont utilisés comme l’on déjà signalé Welcomme (1970, 1972a)
et Dissou (1986) pour l’ensemble de la vallée de l’Ouémé. Dès le début de la crue (souvent à
partir d’août) de nombreux autres engins font leur apparition et sont pour la plupart pratiqués
dans les plaines d’inondation et dans le fleuve. Presqu’à la fin de la crue et donc en début de
décrue (retrait progressif des eaux), on note l’apparition des engins tels que tognignan, zindja,
souvent utilisés par les femmes pour ramasser des juvéniles de poissons quittant la plaine pour
123
le lit du fleuve. Ces techniques disparaissent ensuite dès la fin du retrait des eaux pour laisser
place aux techniques de décrue telles qu’indiquées ci-dessus et ainsi de suite.
Selon les saisons, les mois et l’état de la plaine inondable, les engins utilisés par les pêcheurs
sont posés à différents endroits comme indiqués dans le tableau 4.14.
Tableau 4.14 : Période d’utilisation et lieux de pose des principaux engins et techniques de pêche recensés à Agonlin Lowé mai 1999 à mars 2001.
Mois Lieux de poseEngins J F M A M J J A S O N D Fleuve PlaineBakpoé *** *** *** * Kpohouété * * *** *** * * Nasses * *** *** ** * * Filet maillant *** *** *** *** *** *** *** *** *** *** *** *** * * Palangre * * * * * * *** *** *** *** *** * * * Doba *** *** *** *** *** *** * Zindja *** * Tognignan *** *** * Alonouhou **** *** *** * Lobado *** *** * Trous à poissons *** *** *** *** *** * Acadja *** *** *** *** *** *** * Akpèlou *** * * Bambou * * * * * *** *** *** *** *** *** *** * Adinhouihouè *** *** *** *** *** *** * * * : période de pratique sporadique *** période d’utilisation intense
4.3- Conclusion
Quatre types d’habitats de pêche ont été reconnus à Agonlin Lowé : le lit du fleuve, la plaine
inondée, l’acadja et le trou à poissons, les deux derniers étant des milieux artificiels jouant un
rôle important dans la production halieutique de la localité.
L’analyse des caractéristiques physico-chimiques dans ces habitats indique que la grande
saison sèche (décembre - début mars) et la grande saison des pluies (mars-juin), d’une part, la
petite saison sèche (juillet-août) et la petite saison des pluies (septembre-novembre), d’autre
part, présentent des différences entre elles du point de vue des conditions du milieu,
notamment pour la profondeur des eaux, la transparence et la teneur en oxygène dissous. En
période de crue, les eaux sont plus profondes, peu transparentes mais bien oxygénées.
124
Au cours de l’année, les courbes décrivant les variations de la température de l’eau se
présentent sous la forme de cycles que l’on peut décomposer comme suit :
- un minimum atteint en juillet-août et qui se maintient environ un mois ;
- une période de transition durant laquelle la température augmente de fin août à fin
novembre ;
- un maximum annuel qui est atteint en décembre-janvier et peut se maintenir jusqu’en
avril, avec une éventuelle baisse en décembre-début janvier du fait de l’harmattan ;
- une période assez courte de décroissance de fin avril à début juillet.
Les variations journalières et mensuelles de la température de l’eau suivent celles de la
température de l’air, avec des minima supérieurs à ceux de l’air en début, au cours et en fin de
nuit. En revanche, lors des saisons fraîches (décembre et début janvier à cause de
l’harmattan), les températures maxima de l’eau mesurées en surface peuvent dépasser les
températures de l’air.
Dans l’ensemble, à l’exception des trous à poissons présentant des taux d’oxygène très bas
(0,75 mg/l), les conditions physico-chimiques du delta semblent bonnes pour la vie des
poissons. La dilution due à l’apport des eaux du centre et du nord, l’inondation des plaines
cultivées durant la saison sèche, la concentration résultant de l’évaporation (quoique faible) en
période de basses eaux, semblent les seuls facteurs régissant les variations dans le temps et
dans l’espace des variables du milieu.
Dix sept (17) méthodes et techniques de pêche sont utilisées à Agonlin Lowé. La grande
diversité de ces techniques n’est que la conséquence du déclin général des ressources
aquatiques, la population de pêcheurs recherchant des moyens de plus en plus élaborés pour
une maximisation des prises.
125