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1. Présentation générale des activités
Les 10 et 11 février 2018, au Centre Pavarotti de San Lucas Toliman, le club Quetzal a
fĂȘtĂ© ses vingt ans. Vingt ans de partenariat avec la fondation Rigoberta MenchĂș Tum,
vingt ans dâĂ©changes et de soutien pour les enfants guatĂ©maltĂšques dans le domaine
de lâĂ©ducation principalement. Câest sans rappeler le soutien et lâengagement durant
toutes ces années de 95 parrains et donateurs, de la qualité du travail réalisé par toute
lâĂ©quipe que forme le bureau.
Comme chaque année, une réunion a eu lieu en présence des représentants de la
Fondation Rigoberta MenchĂș Tum et des responsables des trois Ă©tablissements
accompagnĂ©s dâun ou plusieurs professeurs.
Un bilan a été effectué en mettant en avant la richesse de cette coopération et les
liens de confiance qui ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s. Ce fut des moments forts dâĂ©change et de
partage.
Une des décisions majeures et significatives qui a été prise lors de cette réunion fut
lâachat du terrain pour la construction dâun collĂšge Ă Santa Teresa, une Ă©cole verte et
écologique avec des dortoirs pour les enfants qui viennent des villages les plus isolés. Il
a Ă©tĂ© aussi question de favoriser la pĂ©rennitĂ© de lâĂ©cole en proposant pendant les
vacances et le week-end un toit aux Ă©ventuels touristes ou voyageurs qui pourront
considĂ©rer le joli village de Santa Teresa comme une Ă©tape dâĂ©cotourisme avant
lâascension du Tajumulco.
Le renforcement de la culture maya et le thĂšme de lâĂ©galitĂ© des sexes sont aussi deux
thÚmes majeurs qui ont été abordés. Il a été décidé le renforcement de la formation
des enseignants, la rĂ©novation de lâatelier de tissage, lâachat dâoutils pour la
menuiserie et lâintervention de Miriam, jeune femme maya spĂ©cialiste sur les
questions dŽégalité des genres.
âą San Lucas TolimĂĄn : Le Centre Pavarotti
Etudiants du Centre Pavarotti pour la célébration de la journée internationale des populations autochtones et du Maïs
Le centre Pavarotti de San Lucas Toliman privilégie depuis sa création un
enseignement axĂ© sur le renforcement de la culture maya, lâapprentissage de mĂ©tiers
traditionnels et lâĂ©galitĂ© des sexes.
Un exemple de ce projet dâĂ©tablissement et de cette orientation pĂ©dagogique est la
célébration de la journée internationale des populations autochtones et du Maïs qui a
eu lieu le jeudi 9 aoĂ»t 2018, une fĂȘte traditionnelle oĂč les enfants ont pu remercier la
Madre Tierra, sâexprimer Ă travers de danses traditionnelles et faire des offrandes
comme le veut la tradition. Un moment fort oĂč lâĂ©cole a insistĂ© sur lâimportance de
préserver ses coutumes, sa langue, son habit traditionnel, en somme tout ce qui fait
lâidentitĂ© de chacun.
La remise en Ă©tat des mĂ©tiers Ă tisser traditionnels et lâachat dâoutils en menuiserie
cette année a permis de renforcer ces apprentissages traditionnels pour les jeunes
filles comme pour les garçons.
Dans le cadre de lâamĂ©lioration de lâenseignement donnĂ©e aux Ă©lĂšves, il a Ă©tĂ© dĂ©fini
avec la Fondation Rigoberta MenchĂș Tum lâĂ©laboration de projets qui ont une portĂ©e
communautaire et sociale. Nadia Nerbesson, pédagogue de formation et enseignante
titulaire en espagnol se charge depuis juin 2018 de cette mission en accompagnant les
enseignants dans les projets et en renforçant les stratĂ©gies dâapprentissage et
dâenseignement pour chaque matiĂšre.
Un des projets phare pour cette pĂ©riode est la crĂ©ation Ă lâintĂ©rieur de lâĂ©tablissement
dâun centre culturel et lâorganisation dâun parcours touristique dans le centre et dans
le village. Les élÚves seront les acteurs du projet sous la responsabilité des
enseignants. Ce projet Ă©ducatif a pour but dâinsister sur la richesse de la culture maya
et de concrétiser les apprentissages tels que la communication (Kaqchikel, anglais et
espagnol), lâoutil informatique, lâhistoire de la ville, les sciences naturelles avec
lâĂ©laboration dâun potager de plantes mĂ©dicinales et traditionnelles et les arts puisquây
sera inclue une visite aux ateliers de tissage et de menuiserie ainsi quâune
représentation des danses traditionnelles.
âą Santa Catarina PalopĂł
A Santa Catarina, le projet sur la protection de lâenvironnement mobilise lâensemble
des apprentissages puisquâil a comme objectif les connaissances sur les Ă©lĂ©ments
naturels qui les entoure, le tri des dĂ©chets et lâĂ©laboration de poubelles entiĂšrement
constituĂ©es de matiĂšres recyclĂ©es ainsi que la crĂ©ation dâune campagne originale de
sensibilisation comme outil pĂ©dagogique de communication et dâexpression.
LâĂ©tablissement a consacrĂ© la journĂ©e du vendredi 15 juin Ă la reforestation dâune
partie de la colline de Santa Catarina. Cette sortie pédagogique cherche à créer une
prise de conscience pour ces jeunes quant Ă lâimportance de protĂ©ger
lâenvironnement, elle a Ă©tĂ© clĂŽturĂ©e par un moment de convivialitĂ© autour dâun
déjeuner au Mirador.
Dans le mĂȘme Ă©tablissement, lâĂ©quipement de la cuisine en fours, tables, ustensiles
aide les élÚves à élaborer des plats simples aux plus compliqués et a déjà réveillé des
vocations pour plusieurs dâentre eux.
Depuis cette annĂ©e et avec lâappui du club Quetzal, Marta a pour mission dâaider Ă
lâorientation professionnelle des jeunes et leur consacre aussi du temps. En effet un
soutien psychologique a été mis en place afin de traiter les problÚmes que rencontrent
les jeunes (grossesse, drogue, violenceâŠ)
Le club quetzal comme chaque annĂ©e aide et soutient le droit Ă lâĂ©ducation pour tous
car il prend en charge la partie financiĂšre (salaire des enseignants) normalement
destinĂ©e aux parents. Dans cette mĂȘme perspective, lâĂ©tablissement a pu acheter de
nombreux livres encore cette annĂ©e afin dâoffrir un choix plus large dans la
bibliothĂšque du collĂšge.
2. La durabilité des projets
Le club quetzal soutient les projets de durabilité des différents établissements. Cette
orientation de lâassociation a pour but dâencourager les initiatives en lien avec lâauto-
gestion Ă long terme.
A San Lucas un restaurant et des chambres de lâinternat seront de nouveau proposĂ©s
aux touristes, le travail actuel consiste à établir une bonne stratégie de communication
et construire un projet pour impliquer les Ă©lĂšves dans le cadre de leur formation et
leur orientation professionnelle. Ils pourront en effet réaliser des stages que ce soit en
cuisine, en réception, en comptabilité ou en gestion administrative.
Les fonds ainsi récoltés pourront soutenir le collÚge et le personnel éducatif.
A Santa Catarina, Rosa continue de tenir avec succĂšs le magasin de produits artisanaux
quâelle achĂšte au marchĂ© de Chichicastenango ou quâelle confectionne. La promotion
du magasin est travaillĂ©e avec les Ă©lĂšves en cours dâinformatique par le biais dâun
concours qui a crĂ©Ă© beaucoup dâenthousiasme.
Enfin à Santa Teresa, comme indiqué dans la premiÚre partie, le nouvel établissement
offrira des chambres aux éventuels voyageurs et pourra développer le tourisme dans
ce village. Tout cela bien sĂ»r avec lâappui dâun projet qui impliquerait les Ă©lĂšves.
Le projet est rĂ©alisĂ© avec le partenariat de lâuniversitĂ© Nationale de San Carlos de
Quetzaltenango, il permet en outre de former les futurs architectes guatémaltÚques et
de les inclure dans un projet solidaire et concret.
3. Lâatelier de menuiserie de Jaimito
Jaimito a 20 ans, le club quetzal lui a permis de démarrer son projet professionnel, la
menuiserie. Il a construit son atelier et a acheté les outils dont il avait besoin pour
commencer. Le 15 juillet 2018, Jaime commence et témoigne avec joie la réalisation
dâun rĂȘve. Ce jeune homme a choisi de rester dans son village pour participer Ă son
dĂ©veloppement Ă©conomique et parce quâil y a une rĂ©elle demande de particuliers et de
lâhĂŽtel Ă proximitĂ©. Il confie avoir rencontrĂ© des difficultĂ©s au dĂ©part, celles de vaincre
sa peur et de dominer les machines. Il a déjà restauré de nombreux meubles, des
portes et des fenĂȘtres, effectuĂ© un pupitre pour le chef dâĂ©tablissement. Ses
prochaines commandes sont une armoire et un garde-corps. Son projet Ă long terme
est dâagrandir son atelier, dâemployer une ou deux personnes et de former les jeunes.
Il dĂ©plore que le gouvernement ne fournisse aucune aide Ă la crĂ©ation dâentreprise et
remercie trÚs sincÚrement le club quetzal pour lui avoir donné cette opportunité.
4. La tournée en France de Sara Curruchich
Le club quetzal continue de soutenir le parcours et lâengagement exemplaire de Sara
Curruchich1.Sara Curruchich est une chanteuse GuatĂ©maltĂšque originaire de lâĂ©tat de
San Juan ComalapĂĄ, Ă lâouest du pays. Porte-parole des minoritĂ©s autochtones, elle est
aussi une icĂŽne de la lutte des femmes. Elle porte des messages forts contre le
racisme et les discriminations en espagnol et dans sa langue maternelle maya le
Kakqchikel. « Elle ne cesse depuis dâimpressionner par sa force de conviction, avec sa
voix et sa guitare pour seules armes. « On ne peut que rester humble face au combat
1 Depuis 2016, le club quetzal appuie cette jeune chanteuse engagĂ©e en lui donnant accĂšs Ă un studio dâenregistrement et
à une tournée en France.
pacifiste quâelle a entrepris. » Le compliment vient de Gambeat. Bassiste de Manu
Chao et DJ, le musicien Ă lâimposante carrure a acceptĂ© de produire le disque de Sara
Curruchich. Elle va faire bouger les choses dans son pays oĂč ĂȘtre une femme indienne
Ă©quivaut Ă ĂȘtre traitĂ© comme un chien ».2
5. Portraits de femme
Vilma Beatriz Morales Hernandez a pris le poste de direction au Centre Educatif
Pavarotti en mai 2018. Elle a 31 ans et sa langue maternelle est le Kaqchikel, sa
deuxiĂšme langue est lâespagnol. Elle est diplĂŽmĂ©e en gestion et administration dans le
secteur de lâĂ©ducation, elle prĂ©pare actuellement un Master en Investigation, elle suit
des cours le samedi pour parvenir Ă obtenir son diplĂŽme.
Selon elle, lâĂ©ducation est un pilier dans la formation des jeunes car elle peut
transformer un contexte social défavorable en leur donnant un enseignement solide et
une Ă©ducation intĂ©grale qui comprend lâapprentissage des mĂ©tiers. LâĂ©cole est un
moyen essentiel pour bùtir un monde plus juste et plus égalitaire, une société qui
donne une chance Ă tous car lorsquâon est « Femme et maya au Guatemala on est
doublement discriminĂ© ». Elle ajoute quâune Ă©cole maya est une Ă©cole dans laquelle on
rĂ©tablit la connexion avec la « Madre Naturaleza », on rĂ©cupĂšre lâhĂ©ritage ancestral en
Ă©coutant ce que nous dit la nature, lâunivers, en cultivant les plantes mĂ©dicinales par
exemple ou en cĂ©lĂ©brant les fĂȘtes traditionnelles. LâĂ©cole donne une formation plus
axĂ©e sur lâidentitĂ© maya, plus complĂšte en comparaison Ă un programme du ministĂšre
de lâĂ©ducation qui omet des pĂ©riodes significatives de lâhistoire du pays et dont
lâapport et lâhistoire des cultures autochtones sont relayĂ©s au second plan.
Les élÚves du Centre participeront au programme « Peace Jam »3 dont elle est la
coordinatrice, elle appuiera les jeunes leaders qui Ćuvrent pour leur communautĂ©,
elle leur dédiera une attention spécifique en les aidant dans la communication et dans
lâĂ©laboration de projets considĂ©rant cette compĂ©tence comme une force pour un
avenir meilleur.
2 Voire lâarticle du 04/09/2018 sur ladepeche.fr : Sara donne de la voix pour les peuples mayas. 3 Peace Jam est une association Ă but non lucratif qui a pour objectif de « crĂ©er de jeunes leaders engagĂ©s dans une
dynamique de changement en eux-mĂȘmes, dans leurs communautĂ© et le monde, Ă travers l'inspiration de Prix Nobel de la
paix qui transmettent leur sagesse et leurs compétences ».
Perpetua FelĂcita LĂłpez PĂ©rez a 29 ans, elle est nĂ©e et travaille Ă Santa Catarina
PalopĂł. Elle donne des cours de Sciences sociales, Sciences naturelles et de Kaqchikel.
Cela fait 10 ans quâelle exerce ce mĂ©tier, le samedi elle continue Ă se former et suit une
maitrise en Sciences Sociales Ă lâuniversitĂ© de San Carlos.
Elle aime son travail car elle apprend beaucoup des Ă©lĂšves et admire leur capacitĂ© Ă
créer et innover. Elle est heureuse de contribuer à leur formation qui est pour elle
déterminante car elle peut changer des situations sociales prédéterminées et une
sociĂ©tĂ© toute entiĂšre. RĂ©cemment, elle sâest plus particuliĂšrement penchĂ©e avec ses
élÚves sur un travail de recherche et de présentation des artistes de la région par le
biais de la sculpture et des affichages. Cela contribue notamment Ă rendre ces Ă©lĂšves
fiers de leur identité.
Brenda Marisol Gabriel FĂ©lix a 28 ans, elle travaille depuis janvier 2018 au collĂšge
INEBCASATE, de Santa Teresa. Contrairement Ă San Lucas o Ă Santa Catarina, Santa
Teresa est un village retirĂ©, lâaccĂšs nâest pas facile et les opportunitĂ©s de travail sont
restreintes. LâĂ©cole reprĂ©sente un espoir pour les jeunes de la communautĂ© et des
environs. Brenda est professeur Ă lâĂ©cole primaire et secondaire, elle enseigne la
communication et lâespagnol. Selon elle, les enfants ont des capacitĂ©s, un talent que
lâĂ©cole doit encourager ou rĂ©veiller en eux ou sur lesquelles elle doit sâappuyer pour
transmettre des valeurs humanistes. Un des projets phare quâelle a menĂ© est le
concours dâoratoire sur le thĂšme de lâĂ©galitĂ© des sexes. Les Ă©lĂšves de 13 Ă 16 ans ont
pu sâexercer Ă cet exercice dâĂ©loquence devant un public composĂ© de parents et
enseignants, un moyen efficace pour transmettre des messages à la communauté.
Fait le 12 septembre 2018 Ă San Lucas Toliman, SololĂĄ, Guatemala