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IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE L'ÉDITION ORIGINALE

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IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE

1 2 0 EXEMPLAIRES SUR PAPIER B.F.K. RIVES

NUMÉROTÉS DE 1 A 1 2 0

QUI CONSTITUENT L'ÉDITION ORIGINALE

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L'ANNAM PAYS DU RÊVE ET DE LA P O É S I E

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DU MEME AUTEUR

L'ECOLE DE FRANCE, épuisé.

AVENTURES INTELLECTUELLES (couronné par l'Académie fran- çaise).

REVES D'UN CAMPAGNARD ANNAMITE, Mercure de France (cou- ronné par le Grand Pr ix de l 'Empire).

MUSES DE PARIS (poèmes), épuisé, (couronné par l'Académie fran- çaise).

LE CŒUR DE DIAMANT, Mercure de France (Contes et légendes annamites).

LE CHANT DU DRAGON D'OR (J. Susse).

BACH-YEN (roman) [J. Susse].

LES PLUS BEAUX CONTES DE L'EXTREME-ORIENT (J. Susse).

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TRAN VAN TUNG

L ' A N N A M

PAYS DU R Ê V E ET DE LA P O É S I E

L e t t r e - Préface de Paul C l a u d e

J . S U S S E

9, RUE RICHEPANSE, PARIS ( V I I I

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Au plus valeureux, au plus chevaleresque, au plus glorieux Pr ince d 'Annam, je dédie ces pages écrites en l 'honneur de notre peuple.

Paris , le 20 avril 1945.

T. V. T.

Le g rand Vent de l 'Espri t a secoué la vieille terre ! Le nouveau soleil sème l 'or su r le monde r a j eun i ! Réveille-toi ! Réveille-toi, ô Pr ince de m o n âme ! Réveil le-toi! P rends ton épée de L u m i è r e ! Monte sur ton cheval ailé et mène ton peuple vers la Gloire

[ immortel le ! Toutes les cloches de l 'Univers annoncen t ton Règne ! Entends-tu, ô m o n Pr ince bien-aimé, ces sons prophét iques

qui déchirent le silence de l 'Eternel et qui déchi rent le qui déchirent le silence de l 'Eternel et qui fon t pa lp i te r d'allégresse des millions de coeurs ?

Ecoute ! Ecoute, ô mon Pr ince !... Il est temps d 'escaler le ciel p o u r cueill ir les étoiles des

[Rêves impossibles !

TRAN VAN TUNG.

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Ci-contre : Vision d'Angkor-Thom.

Au verso : Les temples d'Angkor.

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Château de BRANGUES MORESTEL

Le 8 janvier 1944.

Mon cher poète,

Je suis confus de vous répondre si tard et d'une manière si insuffisante. Vous avez ha- bité assez longtemps la France pour savoir que si notre Jour de l'An n'a pas toute la solennité et ne comporte pas toutes les obli- gations du Têt extrême-oriental, cependant, il resserre les liens de tant de familles disper- sées qui en ce temps de guerre n'ont plus que la poste pour se faire signe l'une à l'autre..

Je connais bien et j'aime de tout cœur votre beau pays et je vous félicite des liens nouveaux que votre beau talent établit entre lui et nous... Quant aux pages que vous me demandez sur ces pays où j'ai passé les plus belles et les plus fécondes années de ma vie et que je considère un peu comme ma seconde patrie, spécialement de notre chère Indochine, il me faudrait plus de loisir que je n'en ai actuellement pour les rédiger. Je veux simplement vous dire ceci. Vous savez que je suis avant tout catholique. Rien ne m'a plus profondément touché que ces foules de frères et de sœurs indochi- nois qui remplissent les belles églises de Hanoï, de Hué, de Saïgon, de Haïphong, si ferventes et avec lesquelles j'aimais à me confondre. Je songeais à tous ces martyrs hé- roïques, hommes, femmes et enfants, qui ont mêlé leur sang et leur foi au sacrifice de nos missionnaires. Ceux-ci, devançant le tableau

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charmant que vous en faites dans votre petit livre, me dépeignaient la vie si patriarcale, si inconsciemment chrétienne, de vos familles campagnardes. Et quant au bord d'un de vos immenses fleuves, j'entendais les cloches des vêpres se mêler à quelque humble orchestre villageois, mon coeur se gonflait à la fois de sympathie, de piété et de nostalgie. Oui, j'es- père de tout mon cœur qu'un jour la haute destinée de votre pays sanctifié s'accomplira dans le Christ et que Dieu sur le chemin qui conduit à lui, lui permettra de prendre la tête de tous les pays d'Extrême-Orient. Ce jour- là, il faudra qu'un poète de là-bas, comme vous, mon cher Tran Van Tung, vienne visi- ter ma tombe, y allumer un cierge rouge, et y réciter quelques prières qui seront plus pour moi que bien des bols de nourriture.

Je crois fermement à la beauté et à la sain- teté du mariage qui s'est fait entre votre pays et le nôtre, entre votre âme et la nôtre. Ce que Dieu a uni, que les hommes ne le sépa- rent pas.

Je vous renvoie le recueil de vos beaux vers et vous félicite de la facilité et du talent avec lequel vous maniez notre langue fran- çaise.

De tout cœur,

PAUL CLAUDEL.

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VISION D'AN NAM

Annam ! Ce nom, comme un son de cloche magique, résonne à mon oreille...

A travers d'immenses volutes d'encens, je vois surgir devant moi des milliers de pagodes à toitures recourbées où de majestueux dragons escaladent le ciel. Drapés de leur ample tunique de soleil et de flamboyant, elles sont là, immuables et majestueuses, sur les pentes des collines, parmi les rochers séculaires... Des milliers d'âmes mystiques et généreuses y viennent réciter leurs prières de paix et de bonheur. J'entends la litanie des bonzes à travers les clairs tintements des cloches et des sons précipités des tocsins. J'entends la voix douce et harmonieuse des « Thiêu-Nu » qui chantent la gloire et Boudha... Je vois la verdure infinie des haies vives de bambous... Je vois des montagnes hautes comme des pensées, des forêts luxuriantes peuplées de nâgeas, de pithons, de panthères, de léopards... Je vois la « Rivière des Parfums » avec son eau limpide et ses rives ombragées... Je vois le Fleuve Rouge, avec son eau couleur de sang, des digues interminables et ses inondations dévas- tatrices... Entre ces fleuves et ces montagnes, s'étendent à perte de vue, l'or et l'émeraude des rizières... J'entends s'éle- ver de toutes parts le son nostalgique des pipeaux, les chants joyeux de nos paysans et paysannes...

Tout cela, en des accents nostalgiques, me parle de l'An- nam, de ma terre natale...

Les parfums de lotus, des jasmins, des chrysanthèmes mêlés aux arômes des ananas, des mangues et des papayes me parviennent comme un rêve d'automne...

Ma pensée, légère et ailée, s'envole vers nos héros et héroïnes du passé...

Voici « Triêu-Au », la Reine aux « longues mamelles », qui, assise sur le dos de son éléphant blanc, lève vers le ciel d'Annam l'étendard de la Victoire !

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Voici « Trung-Trac et Trung-Nhi », « Jeanne d'Arc anna- mite », vivants flambeaux de notre Gloire Eternelle !

Voici le Génie « Giong », les généralissimes Tran-Hung- Dao, Ly-Thuong-Kiêt, dont l'épée victorieuse a fait trembler la vieille Chine...

Toutes ces figures, comme des aurores, s'allument dans notre Histoire nationale, plusieurs fois millénaire.

Ma pensée, pieuse et reconnaissante, s'en va également vers nos grands poètes et penseurs...

Je pense à Nguyên-Du, ce vieillard fou de poèmes, qui en une seule nuit, composa les 3.000 vers de son immortel « Kim-Van-Kieu »... Je pense à Hô-Xuan-Huong, à On-Nhu- Hâu, à Ba-Huyen-Thanh, à Nguyên-Trai... dont les vers chantent sus toutes les lèvres annamites.

O Annam ! J'aime tes montagnes et tes collines, tes fleuves et tes rizières...

J'aime tes pagodes et tes temples... J'aime tes fleurs, tes fruits et tes femmes... J'aime tes mœurs et tes coutumes... J'aime ton histoire et ta littérature...

O Annam ! 0 ma terre natale ! Le monde te regarde ! Le monde t'observe ! Le monde t'interroge ! Le monde t'écoute...

Mets ton turban de velours, ta robe de mandarin et Raconte au monde l'histoire de ton glorieux passé !

Et vous, vous, ô voyageurs, qui passez devant nos pagodes et nos temples, descendez de vos chevaux et saluez nos génies tutélaires, car l'Annam est un grand et beau pays qui mérite le respect !

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REGARD SUR LE PASSÉ

L'histoire d'Annam dont les origines remontent à l'année 2879 avant J.-C. commence par un drame d'amour :

« Le Roi Hung-Vuong, de la Dynastie des Hong-Bang, avait une fille d'une beauté remarquable, que le Roi Thuc- Vuong, amoureux, voulait demander en mariage. Hung- Vuong rejeta la demande. Le petit-fils du Roi Thuc vengea son grand-père offensé en envahissant le Royaume de Hung-Vuong. Vaincu, ce dernier se suicida... »

Cette légende suivie de bien d'autres, entoure notre his- toire nationale d'une auréole de poésie et de rêves. Tissée de légendes, cette histoire est aussi basée sur des faits histo- riques d'une importance capitale. En effet , de l'an III avant J.-C. à 938 après J.-C. (c'est-à-dire pendant une époque de dix siècles), l'Annam a été dominé par la Chine. Les Annamites, animés d'un profond patriotisme, n'acceptèrent jamais de bon gré le joug des Chinois. Ainsi, les Chinois, à plusieurs reprises, furent chassés hors du Royaume d'Annam. La plus belle et la plus glorieuse des révoltes contre les Chinois fut celle dirigée par les sœurs Trung-Trac et Trung-Nhi (40 après J.-C.), qui réussirent à chasser les oppresseurs hors du Royaume et à se proclamer Reines. Mais la victoire du géné- ral Ma-Yuan (43 après J.-C.), ramena de nouveau la domina- tion chinoise sur l'Annam. La chute de T'ang en Chine à la fin du X siècle détermina la fin de cette longue et dure domi- nation. Cette époque annonça l'avènement des premières dynasties nationales. Après les dynasties des Dinh (968-980) et des Lê antérieurs (980-1009), l'Annam commença une politique d'expansion et de conquête vis-à-vis de ses voisins. Les dynasties des Lê postérieurs (1009-1225) et des Tran (1225-1240) furent marquées par d'éclatantes victoires rem- portées sur les Chinois et sur les Chams.

L'Annam subit pour une dernière fois sous la dynastie des Hô (1400-1407) une nouvelle domination chinoise de vingt