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Province du Canada, 28-29 avril 2016
IDENTITÉ MARISTE
Échos de l’Assemblée provinciale
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Introduction
Contexte
La Province mariste du Canada n’en était pas à sa première Assemblée provinciale, mais c’était la
première fois que l’on vivait une Assemblée où la réflexion sur la pérennité du charisme mariste
chez nous, rassemblant frères et laïcs en tant que partenaires égaux, porteurs d’une responsabilité
commune. Une soixantaine de laïcs des différentes œuvres et de frères avaient été invités à cette
Assemblée : quarante-trois ont répondu présents mais tous les soixante se sont dits intéressés,
même si d’autres engagements empêchaient certains d’entre eux d’être de la rencontre.
La réflexion autour du « charisme mariste » n’est pas nouvelle : nombre de pistes ont été
explorées depuis l’invitation du frère Charles Howard dans sa circulaire d’octobre 1991 sur le
Mouvement Champagnat de la Famille Mariste. Depuis ce temps, la réflexion s’est approfondie,
les expériences se sont multipliées et l’on est passé du laïc collaborateur au laïc associé. Les
« Amicales » ont joué un rôle dans le contexte de leur époque. Avec le temps, les laïcs de tous
âges se sont sentis de plus en plus impliqués et responsables dans les œuvres animées par les
frères. Puis vint l’initiative du « Forum Mariste » qui visait à regrouper les différents intervenants :
de là est né le MMQ (Mouvement Mariste du Québec) où frères et laïcs se retrouvaient à la même
table de réflexion. Mais on sentait, tant de la part des laïcs que des frères, que l’avenir du
charisme mariste au Canada ne relevait pas des frères seulement, mais que les laïcs devaient
assumer un leadership où ils avaient de plus en plus de responsabilités. De là est né l’AMdL
(Association Mariste des Laïcs) ouverte à tous les laïcs, impliqués dans les différentes œuvres
maristes ou soucieux de soutenir le charisme de Champagnat.
C’est à partir d’un extrait du message du Pape François, à l’occasion de la Journée Mondiale des
Communication sociales, en 2014, que le frère Gérard Bachand a lancé l’invitation à cette
Assemblée :
« Dialoguer signifie que nous sommes convaincus que l’autre a quelque chose de bon à nous dire et
accueillir son point de vue, ses propositions. Dialoguer ne signifie pas renoncer à ses propres idées
et traditions, mais à la prétention de les considérer comme uniques et absolues ».
« Si vous êtes invités, c’est que nous savons que vous pouvez contribuer à cette réflexion sur
l’identité mariste » a-t-il ajouté dans sa missive d’invitation aux participants.
Déroulement de l’Assemblée
L’Assemblée s’est déroulée autour de cinq blocs (présentés ci-après); la méthodologie en fut une
de dialogue et d’échanges, par tables rondes de 5 ou 6 participants pour en arriver à un consensus
à chacune des étapes, consensus exprimé dans une phrase, un mot, une expression. Les deux
premiers blocs ont cherché à créer un dénominateur commun à partir de six présentations.
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BLOC 1 – À la rencontre de nos sources
Le cœur du message de Jésus (Alain Faubert) – Marie, première disciple (Bernard Beaudin » -
Intentions originales de Marcellin (Réal Cloutier). Puis échange par table.
BLOC 2 – États des lieux : où en sommes-nous aujourd’hui ?
Expérience des Frères des Écoles Chrétiennes (Frère Richard Dupont) – Expérience de la
communauté du Chemin Neuf (Isabelle Campeau) – Des laïcs témoins d’aujourd’hui (Jocelyne
Pellerin, Gabrielle Giard, Onil Matteau-Poirier et Pep Buetas). Puis échange par table.
BLOC 3 – Les voix du feu – « Capteurs de rêves » - À partir de l’Assemblée de Mission de Nairobi
(2014)
Un atelier de réflexion en équipe autour des 3 dimensions du charisme mariste :
Prophètes (Mission) – Mystiques (Spiritualité) – Communion (Vie partagée)
BLOC 4 – Où en suis-je ? Comment je me situe ?
Long moment de réflexion personnelle suivi d’un temps de partage : Quelle est mon intuition sur
l’essentiel de l’identité mariste ? Qu’est-ce qui m’identifie comme mariste (laïc ou frère) ?
En cours de soirée, l’équipe organisatrice a compilé les différents éléments retenus par les équipes
pour cerner ce qui nous définit, nous distingue et nous mobilise à partir des trois axes du Bloc 3 :
cette compilation servirait de base à la réflexion du cinquième bloc.
BLOC 5 – Faire consensus sur les chemins d’avenir
Après un moment d’échange, chacun était invité à ajouter des éléments qui auraient pu être
oubliés et à identifier ce qui, à son avis, devait être priorisé. Bientôt sont apparus les éléments
essentiels, colligés dans les tableaux qui se retrouvent dans ce texte, qui définiraient le charisme
que nous sommes appelés à vivre et à transmettre.
Puis, dans un temps de silence et de réflexion à la chapelle, chacun fut invité à écrire un
engagement qu’il est prêt à prendre dans l’immédiat pour actualiser, dans sa vie et son milieu, un
des éléments retenus au cours de cette réflexion.
Être mariste
Les discussions du Bloc 5 ont mis en évidence les différences de perception exprimées par certains
laïcs qui se voyaient pour quelques-uns, plutôt engagés dans la mission mariste sans
nécessairement s’engager ou se préoccuper du cheminement ou de l’ouverture du mariste vers
Dieu. Les échanges et discussions ultérieures ont toutefois montré que le mariste d’aujourd’hui a
une composante Mystique-Spiritualité, laquelle est le fondement religieux incluant la foi et la
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référence à Jésus, Marie et Champagnat comme fondement intérieur de l’esprit mariste. (Ce qui
soutient les maristes, leur spiritualité).
Ceci est le prolongement des conclusions du Concile Vatican II où beaucoup d’efforts ont été faits
pour clarifier l’identité des laïcs, hommes et femmes, ainsi que leur place et leur rôle dans l’Église.
Les documents conciliaires sont d’une grande clarté : l’appel à la sainteté est universel ; de par son
baptême, chacun de nous est responsable de la mission de l’Église qui est de proclamer le
Royaume de Dieu et sa venue.
On pourrait définir l’esprit mariste comme un cercle divisé en trois secteurs.
,
Chacun des secteurs comprendrait les éléments de Mission, Communion et Spiritualité tel que
démontré par les contenus émergeant des consensus établis lors de l’Assemblée provinciale.
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1- Mission : Action apostolique mariste incluant le soin de la jeunesse et les différents
moyens d’éducation et autres activités de service. Nouveauté, créativité et audace sont
nécessaires. C’est par ce secteur ou cette « porte » que les gens ont été rejoints en
majorité. (Ce que les maristes font)
2- Communion : La façon d’être et de vivre l’esprit de famille. Ouverture aux autres et
fraternité, simplicité et disponibilité, amour et respect. (Ce que les maristes sont)
3- Spiritualité : En partant d’une réalité proche des gens, l’ouverture vers les autres secteurs
de l’identité mariste permet d’ancrer le tout dans la dimension SPIRITUELLE, puisque
Champagnat y a trouvé la source et le but ultime de son engagement, soit faire connaître
et aimer Jésus Christ. Fondement religieux incluant la foi et la référence complète à Jésus,
Marie et Champagnat comme fondement intérieur de l’esprit mariste. (Ce qui soutient les
maristes, leur spiritualité).
Chaque secteur offre des portes d’entrée. Certains vont être attirés par un aspect ou un autre des
valeurs maristes et une fois entrées dans le cercle, les personnes découvrent les deux autres
secteurs qui composent l’ensemble de l’identité mariste.
Que l’on soit attiré par une de ces trois dimensions, il faut réaliser que le secteur dans lequel on se
trouve est juxtaposé aux deux autres secteurs et qu’il faut non seulement les respecter mais aussi
les considérer comme étant des parties essentielles de l’esprit mariste; il faut donc rester ouvert à
cet ensemble et l’accueillir dans le respect.
Une personne d’une autre religion peut très bien vouloir participer à l’apostolat mariste et vivre la
fraternité tout en ayant une spiritualité différente, c’est possible et très bien. Ceci ne doit
cependant pas en arriver à exclure la spiritualité spécifique des valeurs maristes. Même un athée
peut être attiré par l’esprit mariste et vouloir s’impliquer dans l’action des maristes. Il ne faudrait
pas pour autant vouloir réduire l’esprit mariste à un ou deux secteurs de l’ensemble et retirer
toute référence au domaine religieux.
Éléments du charisme que nous sommes appelés à vivre et à transmettre
S’inspirant des éléments ajoutés par les participants à l’Assemblée provinciale, nous avons élargi la
réflexion en s’inspirant des discussions lors de l’Assemblée et de différents documents maristes
tels « L’eau du Rocher », « À la même table » et « Les rêves captés ».
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MISSION
COMMENT PRÉSENTER LA MISSION À TOUS LES ÉDUCATEURS QUI SE JOIGNENT AUX MARISTES :
o Marcellin Champagnat : modèle d’action
La grande famille mariste a traversé deux siècles grâce à de solides piliers, du don de soi, d’amour
et de simplicité au service des autres. La mission mariste se réalise maintenant d’une manière très
différente d’il y a deux siècles. L’héritage mariste
s’actualise et se reformule pour mieux répondre aux
défis et aux exigences du monde actuel.
Les disciples de Champagnat avaient sous les yeux un
maître-éducateur qui enseignait en paroles, bien sûr,
mais surtout par son exemple. Marcellin demeure
toujours, même de nos jours, un guide sûr et un modèle
en ce qui concerne les relations interpersonnelles, qu’il
s’agisse des proches, des confrères, des élèves et des
personnes rencontrées dans la vie quotidienne. Grâce à
son entregent et à son caractère franc et ouvert,
Marcellin s’est révélé tout le long de sa vie « un cœur
sans frontières » selon une formule que ses biographes
modernes lui appliquent souvent et à juste titre.
Marcellin, c’est aussi l’ami des petits et des pauvres. Les
anecdotes ne manquent pas où on le voit tenir tête à ses
Frères trop pressés de se débarrasser d’un élève
indiscipliné.. En éducateur accueillant et patient, il prend la défense de ce jeune. Son principe
éducatif est très simple : « Pour bien éduquer les enfants, il faut les aimer, les aimer tous
également et vivre longtemps avec eux. » Son projet d’évangélisation se résume en une courte
phrase : « Faire connaître et aimer Jésus Christ. » Il estimait que le message essentiel à
communiquer à ceux et celles qu’il rencontrait était le suivant : « Tu es aimé de Dieu. »
o Comme Champagnat, tendre à devenir des éducateurs
(Champagnat) ressent le besoin d’éduquer à la foi par la culture: « Si nous ne prétendions que leur
donner l’instruction religieuse, nous nous limiterions à n’être que de simples catéchistes, en les
réunissant une heure par jour pour leur faire réciter leur catéchisme. Mais notre but est bien
supérieur: nous voulons les éduquer c’est à dire, leur montrer leurs devoirs, leur indiquer
comment les accomplir, les remplir de l’esprit, de sentiments et d'habitudes religieuses, et leur
faire acquérir les vertus d’un bon chrétien. Nous ne pouvons pas y arriver si nous ne sommes pas
de bons pédagogues, si nous ne vivons pas avec les enfants, sans qu’eux soient longtemps avec
nous” (Biographie de Marcellin Champagnat, frère Jean-Baptiste, XXIII, 374).
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o Le charisme de Champagnat qui inspire et qui attire
Il s’agit de s’inspirer de Marcellin Champagnat pour l’ensemble de son approche éducative basée
principalement sur la présence, le respect, l’attention aux plus défavorisés, le bon exemple et
l’amour des enfants et des jeunes qui nous sont confiés.
Du temps de Champagnat, voici deux attitudes qu’il a développées à la suite de deux expériences
personnelles :
Une attitude de respect et d’amour de l’élève qui exclut le recours à des méthodes
brutales et à des châtiments corporels.
Une pédagogie de simplicité et de présence qui encourage en accompagnant.
o Être des passionnés de l’éducation intégrale de la personne
Son projet de fondation n’a jamais été partisan: “Se consacrant religieusement à leur spécialité, les
Petits Frères de Marie se sont maintenus, avant et après 1830, en dehors de tous partis politiques.
Ils ont constitué un nouveau et excellent instrument pour la propagation d’une éducation
première complète: morale, religieuse, ni plus ni moins” (Jean–Jacques Baude, député de la Loire,
membre du Conseil d’État, le 5 novembre 1838.) « Assurer une éducation complète… », voilà une
piste d’avenir pour notre Institut aujourd’hui.
Au cœur de notre mission, savoir référer à la personne humaine qui ne demande qu’à croître dans
toutes les dimensions fondamentales de son être. S’assurer que nous dispensons et stimulons une
très bonne formation intellectuelle sans délaisser la dimension au plan physique et corporel, la
dimension affective et relationnelle et en y incluant la dimension spirituelle de la personne dans le
respect des différentes religions des jeunes à qui nous nous adressons.
o Ouverture aux jeunes
Nous devons tendre à élaborer une mission inclusive ouverte à tous les jeunes qui nous sont
confiés avec une attention spéciale auprès de ceux et celles qui sont plus démunis et aux
périphéries.
o Humaniser vs Évangéliser
Disciples de Marcellin, nous faisons nôtre sa mission. Tout d’abord nous aidons les jeunes quels
que soient leur croyance et leur niveau de recherches spirituelles, à devenir des personnes
intègres, habitées par l’espérance et conscientes de leur responsabilité pour la transformation du
monde. Aider à grandir en humanité fait partie intégrante de la démarche d’évangélisation.
Éducateurs et formateurs maristes, en contribuant à travers nos projets à promouvoir les valeurs
évangéliques, nous participons à la construction du Royaume de Dieu. En rendant l’humain
fondamentalement plus humain, nous faisons œuvre d’évangélisation. Stimulés par les paroles de
Marcellin, nous présentons Jésus comme une personne qu’ils peuvent connaître, aimer et suivre.
Pourquoi ne pas privilégier des milieux et des moments de qualité pour approfondir « l’être » qui
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donne sens au « faire ». Accompagner les jeunes et nous impliquer dans les démarches qui font
croître l’intériorité, la spiritualité et la prière, un défi qu’il ne faut pas oublier ou dénigrer. En
humanisant, nous évangélisons puisque les grandes valeurs humaines sont incluses dans notre
héritage chrétien.
o Oser des nouveaux chemins
Champagnat a pris certains risques lors de la fondation de l’Institut en permettant de former des
petites communautés de deux frères seulement afin de rendre accessible l’éducation à un plus
grand nombre de petites municipalités rurales.
Les Constitutions actuelles reprennent ce sens du risque et de l’affrontement: “Nous allons à la
rencontre des jeunes là où ils sont. Nous sommes audacieux pour entrer dans des lieux inexplorés,
où l’attente du Christ se manifeste dans la pauvreté matérielle et spirituelle. Par nos contacts avec
les jeunes, nous leur donnons les signes d’une attention imprégnée d’humilité, de simplicité et de
désintéressement” (Constitutions 83).
Dans le contexte des sociétés sécularisées occidentales, comment développer la dimension
spirituelle des jeunes par le biais de la nature, l’écologie, l’intériorité, le sens ultime de la vie et
éventuellement par la présentation du message évangélique? Voilà à la fois un défi à relever et de
nouveaux parcours à proposer aux jeunes adultes d’aujourd’hui dont certains regrettent leur
manque de formation et de connaissance dans le domaine religieux.
COMMUNION
o L’esprit de famille
Marcellin Champagnat a transmis aux
premiers frères une manière d’entrer
en relation basée sur l’exemple de
Marie. Ils vivaient dans une ambiance
de famille, de foyer, de proximité.
Partout où ils allaient, ils apportaient
avec eux ce sentiment de fraternité qui
marquait leur style éducatif dans les
écoles. Cette manière de vivre
constitue l’esprit de famille et elle est
pour les maristes un élément
fondamental de l’héritage légué par Marcellin. C’est la caractéristique du charisme mariste qui,
dès l’abord, attire davantage les personnes, et qui nous distingue.
L’esprit de famille est une manière d’exister qui nous guérit et nous transforme en tant que
personnes. Il nous rend confiant en l’autre, nous fait accepter nos limites personnelles et nous
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pousse à mettre en valeur les dons reçus de Dieu. Quand on n’a pas à faire semblant, seule reste la
joie de la rencontre avec l’autre.
L’esprit de communion que nous voyons reflété dans les proverbes africains : « Si tu veux aller
rapidement, marche seul ; si tu veux aller loin, marche accompagné » et « Je suis, parce que nous
sommes » (Ubuntu) montre bien ce qu’est la fraternité mariste.
o L’unité dans la diversité
Dieu a créé chaque personne avec des dons et des talents orientés vers des buts et un style de vie
spécifiques. Dans les Églises orthodoxes et catholiques en particulier, l’idée de la vocation est
associée à un appel divin pour le service de l’Église et de l’humanité par des engagements
particuliers dans la vie. Ces engagements se retrouvent dans tous les états de vie : mariage,
consécration dans la vie religieuse, ordination au ministère sacerdotal dans l’Église et même dans
une vie sainte en tant que laïc. Au sens plus large, la vocation chrétienne inclut l’utilisation de ces
dons dans la profession, la vie de famille, les engagements en Église et les engagements civiques
pour le service du bien commun.
o Révolution dans les relations
La force de l’esprit de famille rassemble ceux qui vivent le charisme mariste en une nouvelle
famille de disciples du Christ à la manière de Marie. La table de La Valla est un symbole de la
relation qui nous unit. La communion entre laïcs et frères rend complémentaires et enrichit nos
vocations spécifiques et nos différents états de vie. Non seulement il y a une place à table pour
chacun, mais nous avons besoin des autres à nos côtés. Un tel partage exige des moments passés
en commun.
Autour de la table se réunissent des personnes pour parler, rire, être ensemble. Il faut prévoir ces
temps et ces lieux de communication en profondeur, rencontres de qualité qui nous unissent dans
l’essentiel. Il sera ainsi plus facile de comprendre les différentes manières de penser et d’agir,
d’accepter nos limites et celles des autres, dans un climat de fraternité.
Une nouvelle relation se développe entre frères et laïcs qui fait grandir un esprit de communion
basé sur le dialogue, le respect, le soutien et l’apprentissage mutuels. L’exploration de nouvelles
formes d’organisation nous permet de voir avec transparence le défi et la recherche d’une
expérience mystique et prophétique, à vivre et annoncer en communion. Les réponses que nous
pouvons faire ensemble donnent vitalité à notre charisme, qui prend sa valeur et sa force dans la
passion pour la vie mariste et l’engagement de frères et laïcs.
L’esprit de famille amène à trouver des lieux et des temps pour partager la foi et la vie: il engendre
la communauté. À l’exemple de Jésus, Marie et Marcellin, nous nous réunissons avec d’autres
pour cheminer ensemble, dans le partage et l’entraide, afin de grandir dans la foi et la mission.
Nous vivons des réalités très différentes ; c’est pourquoi, les formes concrètes de chaque
communauté sont également diverses. Le modèle de la communauté où tous vivent sous le même
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toit et où tout est commun, est une possibilité qui se présente à nous, mais qui ne représente pas
l’unique idéal mariste. Dans le monde mariste, il existe aujourd’hui diverses formes d’expression
de cette vie en commun : Le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste, les communautés de
vie de frères et de laïcs, et d’autres groupes maristes.
SPIRITUALITÉ
La vocation laïcale mariste, comme toute vocation, naît et se développe en lisant sa vie à la
lumière de l’Esprit. Ce discernement comporte différentes étapes ; c’est pourquoi, il faut
accompagner et respecter le rythme de chaque personne qui se sent attirée par le charisme
mariste, peu importe le secteur où cet appel se concrétise.
Le mariste possède une spiritualité particulière, qui est apostolique et mariale, et il l’exprime
aujourd’hui en tant que mystiques et prophètes en communion. Il s’ouvre à Dieu par la
contemplation. La contemplation est un type de prière ou de méditation dans laquelle toute
pensée et structure sont remplacées par la seule concentration sur la présence de Dieu. Dans le
christianisme, elle est liée au mysticisme, et mise en évidence par les travaux de grands auteurs
mystiques comme Thérèse d’Avila. C’est un processus de sérénité et de réceptivité relative, plutôt
qu’une activité. C’est un regard de foi fixé sur Jésus, une attention à la Parole de Dieu, un amour
silencieux. Plus fondamentalement, c’est une manière d’être, qui va plus loin que des formules.
COMMENT PRÉSENTER LA SPIRITUALITÉ À TOUS LES ÉDUCATEURS QUI SE JOIGNENT AUX MARISTES :
Présenter une spiritualité d’amour et d’unité.
o Apprendre à aimer et
à être aimé
Marcellin est notre guide pour suivre
Jésus. En lui nous trouvons un modèle
de vie chrétienne qui nous touche,
nous séduit, nous pousse chaque jour à
nous dépasser à la suite de l’unique
Maître. Notre désir est que le fruit de
cette Assemblée contribue à fortifier et
à étendre le charisme mariste vers de
nouveaux horizons. Le Mariste apprend
à aimer jusqu’au don de lui-même. Et
pour aimer véritablement, il apprend à
se laisser aimer. Voilà les deux facettes
du même besoin fondamental de tout
être humain.
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o Reconnaître que Dieu est amour
Champagnat a connu des difficultés dans ses études en vue du sacerdoce. Il a vécu toute sa vie
dans des villages, se dépensant jusqu’à l’extrême limite de ses forces pour que les enfants et les
jeunes connaissent l’amour de Dieu. Il reste aujourd’hui un exemple pour tous.
Champagnat répétait souvent l’importance d’aimer les enfants par l’accueil, la qualité d’écoute et
une présence simple et fraternelle. Le lieu du mariste d’aujourd’hui est d’être parmi les enfants,
au foyer, dans sa communauté, au travail. Les personnes et le quotidien sont le livre de Dieu où
nous apprenons à y lire la vie. C’est une spiritualité contagieuse, facile à donner et à recevoir, qui
nous relie aux espoirs de nos enfants et de nos jeunes. Si les jeunes font cette expérience, ils
pourront expérimenter qu’ils sont aimés de Dieu. Ils découvriront que la mission de Jésus est celle
de nous révéler que Dieu est amour.
o Prendre Marie comme modèle de cheminement
Marie est le modèle de ceux qui cheminent dans la foi. Elle nous ouvre le chemin vers Jésus et vers
Dieu et le mariste se retrouve dans les incertitudes et les doutes de Marie. En regardant la vie de
Marie dans l’Évangile nous la voyons parfois ne pas comprendre ce que Jésus veut dire. Mais
toujours, Marie garde confiance ! Elle est le premier disciple de son Fils, et quand elle nous
dit : « Faites tout ce qu’il vous dira », elle est la première à le faire. Marie ne reste pas en
superficialité, elle descend au plus profond d’elle-même dans une démarche d’abandon confiant.
C’est en descendant dans son cœur qu’elle rencontre son Seigneur et ainsi qu’elle peut lui confier
ce qu’elle vit, ce qu’elle porte, ce qu’elle est. En découvrant le visage humain de Marie, elle
devient davantage accessible. Marie nous montre la route à suivre.
Ainsi que l’écrit Jean-Paul II : « Son pèlerinage de foi exceptionnel représente une référence
constante pour l’Eglise, pour chacun individuellement et pour la communauté, pour les peuples et
pour les nations et, en un sens, pour l’humanité entière …» (Redemptoris Mater, n° 6). Chacun,
nous sommes appelés à vivre un pèlerinage de foi. En contemplant la Vierge Marie, alors nous
verrons comment vivre en authentique disciple du Christ et en mariste convaincu. Comme
Champagnat a su si bien le faire, notre chemin mariste est de prendre Marie chez nous et nous y
référer en toute confiance. Comme Marie, nous évangélisons et nous éduquons par la présence.
Dans nos familles, dans nos lieux de travail, dans nos rencontres avec les amis et les voisins, nous
rendons visible le visage maternel de l’Église.
o Proposer une spiritualité ouverte à Marcellin, à Marie, à Jésus, à Dieu
Le parcours qui peut nous conduire à Dieu peut varier beaucoup d’un individu à l’autre. Celui que
l’on rencontre le plus souvent dans nos milieux de vie et de mission suit le cheminement suivant :
On découvre d’abord Marcellin Champagnat, son histoire, son style de vie et son charisme. On
approfondit simultanément ou plus tard, la place et le rôle de Marie dans la vie de Champagnat à
qui il référait comme à sa Ressource de tous les jours. On approfondit ensuite comment Marie
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dans la spiritualité chrétienne nous conduit à Jésus. Qui est-il? Quelle est sa mission? Finalement,
on fait la découverte d’un Dieu, non imaginé par les humains, mais révélé par Jésus lui-même.
La découverte de Champagnat et de sa spiritualité nous conduit à mettre toute notre espérance
dans le Seigneur au point d’affirmer « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent les
ouvriers. » Psaume 126. Habités par le même Esprit, nous nous retrouvons autour de valeurs qui
fondent notre vision et notre pratique éducative: le respect de la dignité de chaque personne,
l’honnêteté, la justice, la solidarité, la paix et le sens de la transcendance. Ensemble nous donnons
le meilleur de nous-mêmes pour procurer aux jeunes qui nous sont confiés les moyens d'épanouir
pleinement leurs potentialités, ainsi que leur foi et leur capacité d’engagement dans la société.
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Conclusion
ÊTRE MARISTE
QU’EST-CE QUE « ÊTRE MARISTE » (FRÈRES ET LAÏCS/LAÏQUES) DANS LE QUÉBEC DU XXIE SIÈCLE ?
o C’est « se mettre à la suite du Christ, à la manière de Marie, dans l’esprit de
Champagnat ».
On ne naît pas « mariste » : on le devient, et le (la) mariste est appelé(e) à le devenir de plus en
plus dans l’état de vie où il (elle) est engagé(e).
La vie et l’action du mariste s’appuie sur un trépied : la spiritualité, la mission, la communion.
C’est habituellement par l’une des bases du trépied que le mariste entend « l’appel » (vocation) :
cet « appel » doit, peu, à peu, l’amener à une ouverture et à un approfondissement des deux
autres aspects du trépied.
Cette démarche ne peut se faire seule : le mariste (qu’il soit frère ou laïc) sent le besoin de
s’appuyer sur d’autres et s’efforce, par son ouverture, d’être un appui pour les autres.
La formation (adaptée) devient un outil nécessaire à cette démarche.
Cette ouverture devient ferment d’unité dans la diversité.
o Communion / Fraternité
Il n’y a pas de communion possible sans un accueil inconditionnel de l’autre.
Un accueil inconditionnel suppose :
l’ouverture (élargir la tente) à toute personne dans le respect de son être, de son
cheminement, de son vécu; ce respect se doit d’être réciproque;
une présence de qualité faite de disponibilité;
le respect du cheminement et le soutien dans la démarche.
L’accueil est plus que la non-discrimination :
c’est accepter la diversité des idées;
c’est bâtir l’unité dans la diversité;
c’est l’ouverture d’esprit et de cœur.
L’accueil et l’ouverture offrent une flexibilité dans la démarche spirituelle et créativité dans la
mission. L’accueil et l’ouverture rejoignent l’internationalité :
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pour tirer profit de la réflexion et de l’action des maristes d’ailleurs;
pour collaborer avec d’autres maristes venus d’ailleurs;
pour être ouvert(e)s à une implication personnelle dans d’autres milieux.
o Un nouveau commencement
Le mariste est marial, simple, familial, serviable, aimant, visionnaire, attentif aux besoins de tous
avec une prédilection pour les plus marginalisés. En somme sans porter le titre
d’ÉVANGÉLISATEUR, le mariste en est un qui s’abreuve à l’eau du rocher et qui alimente sa vie
fraternelle autour de la même table en adoptant certaines attitudes qu’on peut résumer par le
charisme mariste.
À vous qui avez une longue expérience avec les Maristes comme frères ou comme laïcs engagés,
nous souhaitons que vous retrouviez dans ce texte l’esprit qui vous a toujours animé. Que vous
puissiez y trouver les jalons d’UN NOUVEAU COMMENCEMENT à l’occasion de notre bicentenaire.
Déjà, nous voyons poindre à l’horizon une NOUVELLE AURORE. Que Marie vous aide à être dociles
et attentifs aux appels de l’Esprit, afin d’affronter et de dépasser les craintes qui nous empêchent
de sortir de notre zone de confort pour aller vers des terres nouvelles et soutenir ceux prennent la
relève.
À vous, les plus jeunes, qui avez découverts récemment les Maristes et l’esprit qui les anime ou
qui êtes déjà très engagés dans l’une des missions maristes, nous sommes extrêmement heureux
de vous compter parmi les Maristes. Que ce texte vous fasse découvrir les diverses facettes de
l’identité mariste vers lesquels vous êtes appelés à croître. Qu’ils vous rendent davantage
conscients que le Mariste cherche un développement harmonieux, autant au plan de la mission et
de la communion qu’au plan spirituel. Votre présence nombreuse et engagée nous fait sentir
qu’un NOUVEAU COMMENCEMENT est à l’horizon.
Qui que nous soyons, jeunes ou moins jeunes, le temps presse. Devenons des Champagnat du XXIe
siècle, sachant répondre aux nouveaux « Montagne » de notre milieu de vie. Sachons créer du
neuf comme Champagnat a su le faire en son temps. Soyons des témoins vrais et crédibles de la
fraternité et du « Voyez comme ils s’aiment ». Qu’en termes plus spirituels, sachons tendre à
devenir des MYSTIQUES, des PROPHÈTES et des êtres de COMMUNION pour le monde.
Le présent document a été élaboré par : Jocelyne Pellerin, Gilles Hogue, fms et Réal Cloutier, fms.
Nous les en remercions chaleureusement.