HUET_TraitéOrigineRomans

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Huet, Treatise on the origin of the novel - original version

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  • Huet, Pierre-Daniel (1630-1721). Trait de l'origine des romans, par Huet,... suivi d'observations et de jugemens sur les romans franais, avec l'indication des meilleurs romans quiont paru surtout pendant le XVIIIe sicle jusqu' ce jour. 1798.

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    D E S R 0 M A N S~

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    PAR IItJJE'I

    ~V~QUE D'AVRAN(

    SuV d'observationset de jugemeassur lesRomans'Franaia, avec l'indication de&jmeilteursRomansqui ontparu, sur-tout,pendant le dix-huitieme siecle jusqu'*ce jour.

    A PARIS,ChezN.L.M.DBBMSA&'M,diteur,unp.-Hb.,meda33t~N~-Ffan$eis,

  • PRFACE

    D ]Ep=-Jt':D 1 T E U R.

    ~R.

    J. J. Ra&ss~a dit que les N~o~

    c

  • PREFACEdispensable de connatre leur ori-

    gine.Un descrivainsles plus clairsdu

    dix-septime siecle ( le clebre Huetvoque d'Avranches ) nous a laissun ouvrage prcieux sur cette ma-

    cre.Des censeurs atrabilaires osrent

    dans~ le tems blmer ce savant pr-lat, d'avoir mis au jour cet excellenttrait. Les hypocrites de toutes les

    classes devaient, en eHet savoirmauvais gr un vque de faire

    l'loge desromans,et sur-tout deprou-ver que les hommes les plus gravesde.

    l'antiquit/et mmeles pontifes ls

    plus austres de toutes les religions,

  • ~E Y~BITBUS:

    n'avaient pas ddaign de s'occuperde ce genre de littrature. Mais c'estenvain que la critique a voulu s'atta-cher la savante production de l'-

    vque d'Avranches son trait

  • l ar i& A c , ect~
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    I/ 0 R 1 G 1 N E

    E~ R 0 M A N S.*~c~~

    LVo~K~

  • a DE I.'ORICXNB

    livres j'ai prsentement la tte rem-~plie de toute~autre chose y et jeconnais combien cette recherche estembarrassante. Ce n'est, ni ~enPro-vence ni en Espagne, comme plu-sieurs le croyent qu'il faut esprerde, trouver les premiers commence-mns

  • BES H OMANS.souventencore ceux qui taient critsen vers. Le Giraldi et le Pigna, sondisciple dans leurs Traits A?-TM~M~,n'en reconnaissent presquepoint d'autres, et donnent leBoiardo,et l'Arioste pour modeles. Mais au-jourd'hui l'usage contraire a prvalu,et ce que l'on applle proprementRomans sont desfictions d'aventures t'amoureuses, crites en prose avecart, pour le plaisir et l'instructiondeslecteurs. Je dis des actions, pourles distinguer des histoires vritables.J'ajoute d'aventures amoureusesparce que l'amour doit tre le prin-cipal sujet du Roman. II faut qu'ellessoient crites en prose, pour treconformes l'usage de ce sicle: Ilfaut qu'elles soient critesavec art, etjsousde certaines rgles autrement

  • DB /ORIGI~Bv4ce sera un amas confus sans ordreet sans beaut. La fin principale desip~Romans, ou du moins celle qui doitt'tre et que se doivent proposerceux qui les composent, est l'instruc"tion des lecteurs qui il faut tou-jours faire voir la vertu couronne ,et le vice chti. Mais comme l'espritde l'homme est naturellement ennemi des enseignemens, et que son

    amour-propre le rvolte contre les ins-tructions il le faut tromper par l'ap-pas duj)laisir, et adoucir la svritdes prceptes, par l'agrment de$exemples et corriger ses dfauts enles condamnant dansun autre.Ainsi ledivertissementdu lecteur, que le Rc~mander habile semble se proposerpour but, n'est qu'unenn subordon-ne ta .principale qui e&tl'in&truc-1

  • DES ROMANS. 5

    tion de l'esprit, et la correction desmurs; et les Romans sont plus oumoins rguliers, selon qu'ils s'loi-gnent plus oumoinsde cettedfinitionet de cette fin. C'est seulement de 0;

    ceux-l que je prtends vousentrete- =nir et je croisaussi que c'est-l quese borne votre curiosit.Je ne parle donc point ici des Ro-

    mans en vers, et moins encore despomes piques, qui, outre qu'ilssont en vers ont encore des diff-ences essentiellesqui les distinguent'des Romans quoi qu'ils aient d'ailleurs un trs-grand rapport, et quesuivant la maximed'Aristote, qui en-/seigne que le pote est plus pote parles fictions qu'il invente, que parlesvers qu'il compose, on puisse mettre'les faiseursde Romansau nombre des

  • DE 3t/ 0 R1 C NBpotes. Ptrone dit que les pomesdoivent s'expliquer par de grands d"tours, par le ministredesDieux, pardes expressions libres et hardies, desorte qu'on les prenne plutt pour desoracles, qui partent d'un esprit pleinde fureur, que pour une narrationexacte et fidele les Romans sontplus simples moins levs moinsRgurs dans l'invention et dans l'ex--pression. Lespomes ont plus demer-veilleux, quoique toujours vraisem-blables lesRomansont plus du vrai-semblable, quoiqu'ils aient quelque-fois du merveilleux. Les pomes sontplus rgls, t plus chtis dans l'or-donnance, et reoiventmoins de ma-tiere d'vnemens, et d'Episodesles Romans en reoivent davantageparce qu'tant moins levs etmoina

  • DES S HO M AN S. 7figurs, ils ne tendent pas tant l'es-prit, et le laissent en tat de se char-ger d'un plus grand nombre de diff-rentes ides. Enfin, les pomes ontpour sujet une action militaire oupolitique, et ne traitent l'amour quepar occasion lesRomansau contraireont l'amour pour sujet principal, etne traitent la politique e~ la guerrejqu&parincident. Je parle desRomansrguliers, car la plupart desvieuxRo-mans franais .italiens, et espagnolssont bien moins amoureux qe niili-taires. C'est ce qui a fait croire Gi-raldique le nom de Roman vient d'unmot grec, qui signiRela force et lava-leur parce que ces livresne sontfaitsque pour vanter la force et la valeurdespaladins mais Giraldis'est abusen cela, comme vous verrea dans

  • s DB t/ORXt~S

    Jtasuite.Je ne comprendspoint ici nonplus ces histoires qui sont reconnuespour avoir beaucoup de faussets,telles que sont celle d'Hrodote, quipourtant en a bien moins que l'on necroit, la navigation d'Hannon, la vied'Apollonius crite par Philostrate~plusieurs semblables. Ces ouvragessont vritables dans le gros, et fau~seulement dans quelques parties.JLeaRomans au contraire sont vritable~dans quelques parties, faux dans I

  • OBS ~O~A~a. 9Dtail.Aristote enseigne que la trag-die dont l'argument est connu, etpris dans l'histoire, est la ph)s par,&ite parce qu'elle est plus vfaiaenvblable que celle dont rargtjunent es~Nouveau, et entierement controuve
  • Us I/ORYGI~B

    grands Romans dont les princes etles cpnqurans sont les acteurs~ etdont les aventures sont illustres etmmorables parce qu'il ne seraitpas vraisemblable que de grands v-nemens fussent demeurs cachs aumonder et ngligspar les historienset la vraisemblance,qui ne se trouvepas toujours dans l'histoire, est essen-tielle au Roman. J'exclus aussi ditnombre des Romans de certaines his-toires entierement controuves, etdans le tout et dans les parties, maisinventes seulement au dfaut de lavrit. Telles sont les origines imagi-naires de la plupart des nations, etmme des plus barbares. Telles sontencore ces histoires si grossirement8npposes'par le moine -A desupposes par le moine Annius de~terbe, qui on~mrHrindinaHoa.

  • tt B S ? 0 MA ? S. ~T.-bu le mpris de tous les savans. Je

    mets la mme diffrence entre lesRomans, et ces sortes d'ouvrages,qu'entre ceux qui par un artifice in-nocent se travestissent et se masquentpour se divertir en divertissant lesautres; et ces sclrats qui prennantle nom et l'habit de gens morts et n'ont pu tre.Aprs tre convenus des ouvrages

    qui mritent proprement le nom deRomans, je dis que l'invention en estdue aux Orientaux je veux dire aux

  • &B t'OtUG~S

    J~gyptiens, aux Arabes, aux Perseset aux Syriens. Vous l'avouerez, sansdoute, quand je vous aurai montrjquela plupart de grands Romancie~a~e l'antiquit sont sortis de ces peu-ples. Clarque, qui avait fait des jt-!M'@sd'amour, tait de Cilicie, pro-'j~Me voisine de Syrie. ImMique, quia crit les aventures de Rhodanes etide Sinonis, tait n de parens Sy-j~ens, et ~nittev Babylone. Hio")dpre, auteur du Roman deihgn~ o~tde Cha~cle, ~dt d'Emese, villejde P~nieie. Lucien, qui a crit~tamorphose de ~Leciusen ne,ritait de Samosate, capitale de~~oma.-gne, province de Syrie. Aehills Ta-~ins, qui nous a appris les amours deCitophon ~t de Leucippe, tait d'A-~ea~ndie d*jEgypte

  • BES S ROMAND. 13

    leuse deBarlaam et de Josaphat a tcompose par Saint-Jean de Damacapitale de Syrie. Damascius, quiavait fait quatre livres de Retiens,$non-seulement incroyables commeles avait intitules, maismme gros-sieres et loignes de toutes vraisem-blance, comme l'assure Photius, taitaussi de Damas. Des trois Xnopno~romanciers dont parle Suidas, l'untait d'Antioche de Syrie, et l'autrede Chypre ile voisine de la mmecontre. De sorte que tout ce payamrite bien mieux d'tre appel le~

    pays des fables que la Grce, oelles n'ontt quetransplantes, maiso elles ont trouv le terroir si bonqu'elles y on~ a,cuniraHement bien

    pris racine.~.ussi peine e&t-ilcroyable co~-

  • t~1DB J~OR~S

    bien tous ces peuples ont l'esprit po-tique, inventif, et amateur des fic-tions tous leurs discours sont figu-rs, ils ne s'expliquent que par all-gories leur thologie, leur philo-sophie, et principalement leur poli-tique et leur morale sont toutesenveloppes sous des fables et des

    paraboles.Les Hyroglyphes des Egyptiens

    font voir quel point cette nationtait mystrieuse. Tout s'exprimaitchez eux par images tout y taitdguis leur religion tait totttevoile on ne la faisait connaitreaux profanes que sous le masquedes fables, et on ne levait ce masqueque pour ceux qu'ils jugeaient dignesd'tre initis dans leurs mystres.Hrodote dit que les greca avaient

  • ~B8 ROMANS. 5

    pris d'eux leur thologis mytholo-gique, et il rapporte des contes qu'ilavait appris des prtres d'Egypte etque tout crdule et fabuleux qu'il estlui-mme il rapporte comme dessornettes. Cessornettes ne laissaientpas d'tre agrables, et de toucherfortl'esprit curieux des grecs, commeHliodore le tmoigne, gens dsi-reux d'apprendre et amateurs desnouveauts..Et ce fat sans doute deces prtres que Pythagore et Platon,aux voyages qu'ils Rrent~n Egypte,apprirent travestir leur philosophie,et la cacher dans l'ombre des mys-;teres.et ds dguisemens.Pour les Arabes si vous consults

    leurs ouvrages vous n'y trouyerezque mtaphores tires par les che-

    yeux, que similitudes et que fictions;A

  • t6 De L'ORGINBT~t < ~
  • DSS HO M A NS. '7

    a

    Cette inclination ne leur est pas nou-velle elle les possdaitmme devantMahomet, et ils ont des pomes dece tems-l. Erphius assure que toutle reste du.monde ensemble n'a pointeu tant de potes que la seule Arabie,Ils en content soixante, qui sontentr'eux comm& les princes de laposie et qui ont de grandes troupesde potes sous eux. Lesplus habilesont trait l'amour en des glogues,et quelques-uns de leurs livres surcette matire, ont pass en occident.Plusieurs de leurs califes n'ont pastenu la posie indigne de leur ap-plication. Ab~alla, l'un d'enfr'eux,s'y signala, et Rt un livre de simi-litudes comme rapporte Elmacin.C'est des Arabes, mon avis, quejnous tenons fart de rimer, et je

  • a8 DE .' 0 & JfB

    vois assez d'apparence que les versLonins ont t faits l'exemple desleurs car il ne parat point que lesrimes eussent cours dans l'Europeavant l'entre de Tarie et de Muaen Espagne, et l'on en vit quantitdans les siecles suivans quoiqu'ilme ft ais de 'vous faire voir d'ail*leurs, que les vers lims ne furentlpas tout--fait inconnus aux anciensRomains.o.Les Perses n'ont point cd aux

    Arabes en l'art de mentir agrable"ment car encore que l mensongeleur fut autrefois fort odieux dansl'usage de la vie, et qu'ils ne d~fen~dissent rien leurs enfans avec tantde svrit nanmoins il leur plaisaitmnnfment dans les livres et dans leCommercedes lettres, si toutefois les

  • DBS &OMA NS. ~9notions se doivent ppeUer men-songe. Pour en tomber d'accord, ilne faut que lire les aventures fa-buleuses de leur lgislateur Zo-roastre. Strabon dit que les matresparmi eux donnaient leurs disciplesdes prceptes de morale enveloppsde fictions. Il dit en un autre endroitque l'on n'ajoute pas beaucoup de foiaux anciennes histoires des Perses,des Medes et des Syriens, causede l'inclination que leurs crivainsavaient conter des fables carvoyant que ceux ~ai en crivaient deprofession taient en estime ils cru-rent qu'on prendrait plaisir lire desrelations fausses et controuves, sielles taient crites en forme d'his-toires. Les fables d'Esope ont t siJpMrtleur got, qu'ils se sput appro~

  • ao BB /ORCtfBA

    pri 1 auteur.C'est cemme Locmandel'Alcoran.dontje vous ai parl,qui est si renomm parmi tous lespeuples du levant ils ont vouludrober la Phrygie l'honneur de sanaissance, et se l'attribuer car le&Arabes disent qu'il tait de la race desHbreux, et les Perses disent qu'iltait Arabe noir, et qu'il passa sa viedans la ville de Caswin, qui taitl'Arsacle ds anciens.' D'autres autcontraire', voyant que sa vie crites

    par Mirkond a beaucoup de rapportavec celle d'Esope, que MaximuaPlanudes nous a laisse, et ayantremarqu que comme lesAnges don-nent la sagesse Locman dans Mir