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JOYEUX NOEL (2005) CRHISTIAN CARION & PHILIPPE ROMBI LA PREMIERE GUERRE MONDIALE (1914-1918) Problématique : Sous quelle forme la création artistique peut-elle se mettre au service de la mémoire ? 1) SYNOPSIS & FICHE TECHNIQUE

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JOYEUX NOEL (2005)

CRHISTIAN CARION & PHILIPPE ROMBI

LA PREMIERE GUERRE MONDIALE (1914-1918)

Problématique : Sous quelle forme la création artistique peut-elle se mettre au service de la mémoire ?

1) SYNOPSIS & FICHE TECHNIQUE

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2) CONTEXTE HISTORIQUE   : a) LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

Le vingtième siècle est né le 3 Août 1914 lorsque l'Europedes puissances impérialistes a décidé sans le savoir de se

suicider.L'Allemagne la France la Grande-Bretagne et la Russie

constituent les puissances majeures en ce début du 20èmesiècle.

Mais ces puissances ont de plus en plus de points de friction car des intérêts divergents.

La Grande-Bretagne tient sa puissance de la mer et elle nesupporte aucune contestation dans ce domaine.

Lorsque l'Allemagne se met à construire au début du 20èmesiècle

une véritable flotte marchande et militaire le Royaume Uni setourne alors vers la France qui depuis la guerre de 1871

attend sa revanche contre les Allemands...Dès lors la poudrière est en place. Il suffira d'une banale

étincelle(l'assassinat par un jeune extrémiste d'un archiduc autrichien

incapable de gouverner) pour que l'Europe puis le monde s'embrase.

Et pourtant cette guerre devait ne durer que quelques mois,tous les États Majors en étaient persuadés.

L'Allemagne mise sur la supériorité numérique et la vitesse pour

déstabiliser les armées françaises et britanniques.Le plan échoue de peu et les armées se résignent à laisser

leursfusils de côté pour prendre la pelle et creuser des tranchées.Une frontière qui ne dit pas son nom s'étire dès la fin du mois

deseptembre 1914 entre Ostende et Bâle.

À la fin de l'année 1914 les armées ont enregistré ce qui sera leurs

plus lourdes pertes durant toute la totalité de la guerre. Elles ne

savent pas que ce conflit va durer quatre ans sans que rien ne

change globalement sur la ligne de front.Et ce conflit va éclabousser plus de trente-cinq nations au

totalfaisant de la France le seul territoire au monde où sont

réunisautant de cimetières de nationalités différentes...

Le Noël de 1914 aura été un moment particulier dans cette guerre.

Il constitue une sorte de pause. C'est surtout la fin d'une première

partie celle où chacun pensait pouvoir rentrer chez lui passer les fêtes en famille.

Le conflit s'est enlisé et tous les États Majors se penchent alors sur des tactiques de guerre plus meurtrières.

Mais avant de basculer dans l'horreur les soldats se sont offert en

quelques endroits du front un Noël exceptionnel plein

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d'humanité de fraternité...Les années passent... Les cœurs et les corps se sont

endurcis... Et quandil y aura d'autres fraternisations en Russie notamment après

la chute dutsar en février 1917 cette fois ce ne sera pas seulement pour

appeler à lapaix mais bien à la Révolution.

b) OUI, DES FRATERNISATIONS ONT BIEN EU LIEU PENDANT LA GRANDE GUERRE !

On s'est battu pendant quatre ans de 1914 à 1918. De cette guerre on

débat depuis plus de quatre-vingts ans...D'abord pour affirmer que seul l'ennemi en était responsable puis

pourfaire retomber l'opprobre sur tous les dirigeants. À moins que

cette tuerieait été due aux chefs militaires incompétents et avides de gloire.

S'est ensuite imposée la tragédie vécue par les soldats ces victimes de

l'Histoire. La veille n'avaient-ils pas déclaré la guerre à la guerre ? Mais

cela ne les a pas empêchés d'être acteurs de tuer et beaucoup. Entre

enthousiasme consentement et contrainte comment choisir ?Et si on reprenait les événements dans l'ordre ?

En 1914 après plusieurs mois de marches et de contremarches les soldats

se sont brutalement trouvés immobilisés dans des tranchées improvisées.

Du coup l'ennemi prenait figure il avait un visage parfois un

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prénom vul'incroyable proximité de la tranchée adverse à six mètres à quatre

mètresquelquefois. Ces ennemis sont des hommes comme vous et moià la moindre pause ils chantent ils boivent ils rigolent... Pendant

cesinstants-là, on s'envoie du chocolat des cigarettes.

Oui, ces fraternisations à Noël 1914 ou à Pâques 1915 d'abord furent de

simples balbutiements. Une manière de jouir de l'arrêt des combats.

Un cri étouffé en faveur de la paix ? Peut-être...

German soldier approaching British lines with a small Christmas tree during the 'Christmas Truce' in WWI.

Joute de football disputée entre soldats ennemis

3) LE REALISATEUR   : CHRISTIAN CARION

Un cinéaste qui aime l'Histoire, avec un grand H.

Un réalisateur français qui s'impose. On lui doit notamment Une hirondelle a fait le printemps (2001),

l'étonnant Joyeux Noël (2005) et l'ambitieux L'affaire Farewell, sur nos écrans en 2009.

Né en 1963 à Cambrai (Nord), Christian Carion, après des études d’ingénieur, intègre le ministère de l’Agriculture tout en continuant de cultiver une passion pour le cinéma née pendant

l'adolescence. Sa rencontre avec le producteur Christophe Rossignon est déterminante. 

Il réalise son premier long-métrage en 2001, Une hirondelle a fait le printemps , qui réunit Michel Serrault et Mathilde Seigner et attire dans les salles 2,4 millions de spectateurs

français. 

En 2005, son second film Joyeux Noël, fresque historique consacrée aux fraternisations de l’hiver 1914 dans les

tranchées de la "Grande Guerre", cumulera plus de 2 millions de spectateurs français en salle et fut très largement acclamé

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lors de sa présentation en sélection officielle du Festival de Cannes 2005. 

Le film continue sa carrière à Hollywood en représentant le cinéma français à la cérémonie des Oscars en 2006 ainsi

qu’aux Golden Globe Awards. C’est en 2008 qu’il entreprend le tournage du film L’ affaire Farewell , sur nos écrans en 2009, avec Guillaume Canet et Emir Kusturica qui interprète pour la

première fois un grand rôle au cinéma.

Note d'intention du réalisateur Christian Carion

En 1993, mû par je ne sais quel hasard, j'ai découvert un livre : Batailles de Flandres et d'Artois 1914-1918 de Yves Buffetaut. Dans cet ouvrage, je suis tombé sur un passage intitulé «L'incroyable Noël de 1914», où l'auteur évoque les fraternisations entre ennemis, l'épisode du ténor allemand applaudi par les soldats français, le match de foot, les échanges de lettres, les sapins, les visites de tranchées mutuelles…Partir de ces faits réels pour écrire une histoire, c'est très intimidant. De ces événements, j'ai tiré des personnages qui ont existé ou qui m'ont été inspirés. Comme Ponchel, l'aide de camp Chtimi (comme moi), évocation d'un soldat français dont la maison se situait derrière les lignes allemandes et qui chaque soir les franchissait par une faille, pour aller dormir avec femme et enfants, avant de retourner au petit matin dans les tranchées françaises et faire la guerre ! Ou ce ténor allemand qui a vraiment chanté pour les soldats français un soir de Noël. Ce personnage était important pour moi notamment parce que 90% des cas de fraternisation ont eu lieu parce que des gens ont chanté, qu'ils se sont écoutés, répondus, applaudis. J'adore l'idée que la culture, le chant populaire, la musique aient fait taire les canons.

.

4) LE COMPOSITEUR   : PHILIPPE ROMBI

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C'est par la musique et la chanson que sont arrivées les fraternisations dans la plupart des cas, en 1914.Il était normal que le chant occupe une place de choix dans le film, au travers des voix de Nikolaus et Anna, mais aussi des soldats chantant leurs chansons populaires.La cornemuse mais aussi l'harmonica côtoient sur la bande son les instruments de l'orchestre symphoniquede Londres sous la houlette de Philippe Rombi, le compositeur.Dans ce film la musique a le plus beau rôle celui d’avoir par son langage universel rapproché les hommes le temps d’une inoubliable nuit de Noël.

NATALIE DESSAYElle est la soprano française au firmament de l'art lyrique international. Enfant

chérie de la France, elle est aussi adulée à Vienne, Londres, New York ou auJapon. Célèbre autant pour sa voix aérienne aux sur-aigus stupéfiants que

pour ses talents d'actrice exceptionnels, elle est l'incarnation même de l'artistequi a renouvelé l'art lyrique. Natalie Dessay enregistre en exclusivité pour Virgin Classics.

Ses grands rôles :La Reine de la Nuit (Mozart : La Flûte Enchantée) - Zerbinetta (Richard

Strauss : Ariane à Naxos) - Lakmé (Delibes) - Ophélie (Ambroise Thomas :Hamlet) Olympia (Offenbach : les Contes d'Hoffmann) - Lucia di

Lammermoor (Donizetti ) - La Sonnambula (Bellini)ROLANDO VILLAZON

Il est la star montante dans le monde de l'opéra. Partout où il passe, ce natifde Mexico au charisme irrésistible séduit tant par la beauté chaleureuse de

son timbre que par l'engagement bouleversant qu'il met dansl'interprétation de ses personnages. Paris, Londres, New York ,Vienne, Berlin

l'acclament dans les plus beaux rôles de ténor, sur la trace de son mentor,Placido Domingo. Rolando Villazon enregistre en exclusivité pour Virgin Classics.

Ses grands rôles : Roméo (Gounod : Roméo et Juliette) - Des Grieux (Massenet : Manon) -Hoffmann (Offenbach : Les Contes d'Hoffmann) - Don José (Bizet : Carmen)

- Alfredo (Verdi : La Traviata) - Nemorino (Donizetti : L'Elixir d'Amour) - Le Duc (Verdi: Rigoletto)

5) ANALYSE MUSICALE LA MUSIQUE   : UN ACTEUR A PART ENTIERE

a) LE PROCEDE DU LEITMOTIV Le leitmotiv est un motif, un thème, une « idée » musicale directement associé à un élément du film : personnage, lieu, sentiment, idée,… il peut être transformé, varié, en fonction des circonstances du récit, mais souvent facilement reconnaissable.Ce procédé a été largement utilisé dans les opéras de Wagner (compositeur allemand du 19e siècle) bien avant la naissance du cinéma.On distingue deux types de provenance sonore :

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Le son diégétique fait partie de l’action, il est entendu par les personnages du film (radio, télé, musicien visible à l’image, …).Le son extra-diégétique ne fait pas partie du récit, il est entendu seulement par le spectateur.

Le compositeur Philippe Rombi a composé deux thèmes principaux. Ils symbolisent les deux composantes majeures du film : la guerre et les fraternisations .

_ LEITMOTIV N°1   : THE WAR THEME Le «War thème» est une musique sombre, ample et implacable. On l'entend d'abord au début de JOYEUX NOËL, où elle annonce la guerre qui va s'abattre sur l'Europe. Son rythme lent et régulier, l'usage des instruments à cordes, des percussions et des cuivres, dans les graves, et la volonté du compositeur de créer une masse sonore très dense permettent de ressentir la tragédie qui se noue et la puissance de la machine guerrière.

WAR THEME 1 : générique WAR THEME 2 : l’assaut

Le «War thème» est une musique sombre, ample et implacable. On l'entend d'abord au début de

JOYEUX NOËL, où elle annonce la guerre qui va s'abattre sur l'Europe. Son rythme lent et régulier,

l'usage des instruments à cordes, des percussions et des cuivres, dans les graves, et la volonté du

compositeur de créer une masse sonore très dense permettent de ressentir la tragédie qui se noue et la

puissance de la machine guerrière.

L’action se déroule lors d’un combat sur le front et dans les tranchées. Musicalement, on remarque des

sons « in » : explosions, bruits d’armes, cris humains.En musique « off » : On entend un orchestre

symphonique (cordes frottées, vents, cuivres et sans les percussions puisqu’elles sont remplacées par les bruits

de guerre.)L’intensité générale va en crescendo (suivant l’action).

-LEITMOTIV N°2   : LE THEME DES FRATERNISES

«L'Hymne des fraternisés», qui symbolise le rapprochement entre les combattants ennemis est un thème délibérément simple et expressif, facilement mémorisable. Suggéré au début du film, il est joué par les Écossais dans la tranchée, puis à d'autres moments de l'histoire où il revient comme un leitmotiv. Différentes orchestrations (avec cornemuse, à l'harmonica seul, en grand orchestre) permettent de lui donner une «couleur» adaptée aux scènes.

HYMNE DES FRATERNISES 1

Le temps de l’innocence

HYMNE DES FRATERNISES 2

stille nacht Adestes Fideles

ave maria

HYMNE DES FRATERNISES 3

HYMNE DES FRATERNISES 4

HYMNE DES FRATERNISES 5(générique de fin)

Les photos, au tout début du film,sont des photo-chromes

qui ont été réalisées vers 1905-1906. Ces photos couleurs, d’une

grande beauté, sont là pour rappeler que le temps qui précède

la guerre n’estpas un temps du « noir et blanc ».C’est un moyen pour montrer que

le début du XXème siècle n’est pas un temps d’ancien Régime

mais un temps de vie.L'hymne des fraternisés :

mélodie simple est entonné au piano

durant ce prologue.

Afin de renforcer la thématique du film, Philippe

Rombi a retranscrit musicalement l’idéal de la

fraternité en utilisant quelques instruments

folkloriques et en arrangeant "Bis Du Bei Mir

et "Stille Nacht" (cette chanson de Noël est connue dans toutes les langues). Le thème qu’il a composé est, comme il le dit lui-même un « hymne », un refrain qui par la magie de l’écriture

semble déjà avoir des racines très anciennes.

Cette mélodie profonde, très inspirée, est comme une grande respiration, un

souffle magnifique qui unit les contraires et les fait

chanter d’une seule voix.

L’hymne des fraternisés est repris

dans un très bel arrangement pour

cordes et piano durant la scène du match de

foot allant même jusqu'à faire intervenir un

harmonica qui rejoint tardivement

l'orchestre, une idée sympathique puisque l'un des personnages

du film joue de l'harmonica dans les

tranchées.

Le geste du kronprinz qui écrase rageusement

l’harmonica alors qu’il vient en personne sermonner les soldats en partance pour le front de l’est montre bien

qu’il a compris le rôle essentiel joué par la

musique dans le rapprochement des

hommes. A ce moment d’ailleurs la musique

acquiert une dimension supplémentaire puisque les soldats allemands en guise

de protestation se mettent à fredonner l’air de la

chanson entonnée par les écossais lors de la soirée du réveillon. Le thème est ici repris en murmures avec

quelques vocalises. Les voix se veulent ici le symbole

musical du message humaniste du film.

le film se clôt par des dessins contemporains, imitant les dessins des carnets de guerre et reconstituant les moments forts du film.Le réalisateur a demandé cela pour montrerque le dessin était très important,notamment pour les soldats qui n’avaientpas accès à l’écrit. Ce qu’il a souhaité faire, c’est finalement montrer le souvenir que pouvait avoir de ce conflit un soldat.Les dessins, d’après lui, ce sont les souvenirs qu’aurait pu garder un personnage de son film, le lieutenant français, interprété par Guillaume Canet. Il s’agit ici d’une variation chantée de ce thème 'I'm dreaming of home' où la mélodie est chantée par un splendide choeur d'enfants anglais à l'ambiance très 'soirée de noël' sur des paroles évoquant l'espoir et la nostalgie du chez-soi(nostalgie que ressentent les personnagestout au long du film)

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_ Deux autres leitmotive

1) Un leitmotiv sonore   : le tocsin

William sonne le tocsin Le tocsin   : signal fédérateur

L’une des premières scènes du film montre. William le jeune écossais en train de sonner le

tocsin pour avertir la population que la guerre est déclarée et appeler à la mobilisation. .La cloche est utilisée pour transmettre une information et

donner l’alerte à toute la communauté villageoise entre les membres de laquelle elle établit un lien.

Ce même rôle fédérateur on le retrouve plus tard dans le film lors de la fraternisation lorsqu’un son de cloche parvient jusqu’aux tranchées provoquant un grand mouvement de rassemblement sur le no man’s land.

2) Un leitmotiv visuel   : les bougies La mise en évidence d’un motif récurrent dans le film : celui de la bougie traduit une intention particulière.

Flammes de mauvaise-augure Les flammes de l’Opéra de Berlin

Sprink << armé >> d’un sapin illuminé

La flamme du souvenir

Une présence de bougies dès les tout premiers moments du film après le

prologue préfigure le malheur qui va bientôt s’abattre.

Dans une petite capelle de campagne Jonathan un jeune écossais est occupé

à peindre des statues religieuses en bois pendant que le pasteur allume les bougies d’un chandelier. Lorsque son

frère vient annoncer que la guerreest déclarée et qu’ils quittent tous les

deux précipitamment les lieux en claquant la porte le courant d’air ainsi

provoquééteint brutalement les flammes des

deux bougies fixées au murà l’entrée de la chapelle.

Juste après un gros plan montre les bougies allumées par le pasteur

en train de s’éteindre également un peu comme si l’innocence enfantine

venait de se perdre de prendre fin avec l’annonce de cette guerre. Ces

bougies encore fumantes sont comme le signe avant-coureur de la mort à

venir en l’occurrence celle de William qui interviendra dès les tout premiers

moments de combats.

La scène qui se déroule à l’Opéra de Berlin est

introduite par un fondu enchainé qui rapproche

deux plans semblables et contrastés : le gros plan de

la rangée de bougies fumantes avec en avant plan

le visage ému du pasteur fait place à un gros plan du visage d’Anna en train de

chanter. Ce visage est vivement éclairé par la lueur toute proche que

dégagent les flammes d’une rangée de bougies alignées

devant elle. Les flammes droites et vigoureuses sont

utilisées pour magnifier l’expression d’un visage en pleine représentation : on

peut voir dans cette transfiguration la

métaphore d’une Allemagne forte puissante et

profondément exaltée.

C’est armé d’un sapin illuminé que Sprink prend le risque au mépris des ordres de son lieutenant de sortir de la tranchée

allemande pour s’avancer au beau milieu du no man’s land. Ce sapin de noël éclairé lui permet bien sûr d’être vu mais il ouvre aussi la voie à la trêve en revêtant un peu

ma même valeur symbolique que le drapeau blanc qui en temps de guerre

signifie à l’ennemi que l’on veut parlementer (ou se rendre) ce qui n’est

évidemment pas le cas ici. Par ailleurs la lumière chaude tremblante intime et

éphémère dégagée par les bougies qui se consument peut évoquer la vie humaine

dans ce qu’elle a de fragile de précaire et de vulnérable surtout dans un contexte de guerre et donc de proximité avec la mort.

Sur un tout autre registre on distinguera la

<< flamme du souvenir >>celle que l’on entretient pour ne pas

oublier. La bougie que l’on allume pour préserver la mémoire d’un disparu comme celle que le lieutenant Audebert allume à

côté du réveil de son aide de camp Ponchel tué sur le no man’s land quelques instants plus tôt. La bougie allumée à côté du réveil symbole du temps qui passe par excellence est là pour rappeler encore une

fois encore la fragilité de l’existence humaine en même temps qu’elle vient la prolonger dans la mémoire de ceux pour

qui elle a compté.

b) AUTRES COMPOSITIONS DE PHILIPPE ROMBI POUR LE FILM   :

THEME DE L’ABSENCE THEME DE L’ABSENCE

Au travers du thème de l’absence Philippe Rombi évoque le manque, l’éloignement d’un être cher que ce soit une femme une mère un

frère

L'approche de la musique dans le film a été savamment réfléchie de telle sorte à ce qu'elle soit à son tour un acteur à part entière du film. Le compositeur l'utilise sous les trois angles connus :

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'in' (on voit la source de la musique à l'écran) : les joueurs de cornemuse écossais dans les tranchées, le soldat qui joue de l'harmonica, la soprano et le ténor qui chantent en duo devant les soldats la nuit de noël, etc…

out' et 'hors-champ' (on entend la musique mais sa source n'est pas visible à l'écran) le plus souvent utilisée en 'musique de scène'

6) PROLONGEMENT   : ŒUVRES PERIPERIQUES a) SILENT NIGHT de Kevin puts   : une version Opéra du film Joyeux Noël de Christian

Carion

Le compositeur et professeur au Peabody Institute de New York Kevin Puts a reçu le prix Pulitzer de musique. Il a été récompensé pour son premier opéra, Silent Night dont la première a eu lieu en novembre 2012 au Minnesota Opera. Son œuvre est basée sur le film français Joyeux Noël de 2005 qui avait été en lice aux Oscars.

Le livret est basé sur le scénario multilingue de Christian Carion pour le film de 2005 Joyeux Noël qui raconte une histoire au cours de laquelle on assiste à une trêve entre les combattants ennemis de la Première Guerre mondiale le 24 décembre 1914 . Selon les personnages et les situations le livret est surtout chanté en anglais français et allemand mais aussi un peu en'italien et en latin.

L'opéra a été commandé par Minnesota Opera en co-production avec l'Opéra de Philadelphie . Il s’agit du premier Opéra de Kevin Puts sur un livret de Mark Campbell

Prologue Acte 1 Acte 2

Eté 1914: Lors d'une représentation à l’'opéra Berlin la performance

est perturbée par l'annonce de la guerre.

La vie et la carrière des chanteurs Anna Sørensen et Nikolaus Sprink

vont être bouleversées puisque Nikolaus doit aller à la guerre.

En Ecosse Williams invite son jeune frère Jonathan à s'enrôler.

A Paris, Madeleine enceinte est en colère car son mari Audebert

part pour la guerre.

23 décembre 1914: Une attaque des soldats français et écossais sur la ligne allemande échoue. Nikolaus poignarde un homme et cette violence le révulse de plus en plus. Williams est abattu et meurt. Plus tard dans le bunker les soldats sont choqués par le

massacre.24 décembre 1914: Le matin, les petits arbres de Noël sont livrés aux soldats allemands, un cadeau du Kronprinz qui campe dans un chalet à proximité. Nikolaus reçoit l’ordre de chanter pour lui et se

réjouit de retrouver Anna à cette occasion. Les soldats français reçoivent du vin des saucisses et des chocolats. Les soldats écossais obtiennent des caisses de whisky. Plus tard dans la soirée après le récital pour le Kronprinz. Nikolaus doit revenir à l'avant, et Anna le suit. La nuit, un soldat français sort avec quelques grenades pour

infiltrer les lignes allemandes. Certains soldats écossais commencent à chanter. Nikolaus répond avec une chanson de Noël, bientôt le joueur de cornemuse écossais commence à accompagner,

et Nikolaus dépose un arbre de Noël sur le bunker. Comme les lieutenants s'engagent à cesser les combats jusqu'au matin : la

trêve de Noël commence. Les soldats sortent se mêlent, se parlent et échangent. Anna apparaît et Père Palmer s’apprête à dire une

messe. Jonathan, cependant, trouve le corps de son frère et jure de se venger.

25 décembre 1914: Dans la matinée,Jonathan enterre son frère. Une décision est prise de prolonger la trêve pour permettre l'enfouissementdes corps des autres soldats.. Pendant la journée,les nouvelles de la trêve parviennent aux quartiers généraux britannique, français et allemand.Cette trêve est très mal perçue et engendrede la colère et une détermination à punir les soldats. Dans la soirée Horstmayer veut arrêterNikolaus pour insubordination mais Annalui prend la main et l'emmène à traversle no man’s land du côté français.L'ordre de Horstmayer de lui tirer dessus est ignorée. Nikolaus et Anna demandent asile aux Français.26 décembre 1914: Le Major britanniquepunit les soldats écossais en les transférantvers les lignes de front.Sur son ordre, Jonathan tue un soldat allemand traversant le champ de bataille.Le général français Audebert ordonne de dissoudre l’unité française. Le Kronprinz transfère les soldats allemands vers le front de l’est.Le no man’s land est désert à la fin.

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a) Œuvres cinématographiques qui traitent de la Grande Guerre

LES SENTIERS DE LA GLOIRE (1957) de

Stanley Kubrick

POUR L’EXEMPLE (1964) de Joseph

Losey

LE PANTALON (1997) de Yves Boisset

LE CHEVAL DE GUERRE (2011) de Steven Speilberg

A L’OUEST RIEN DE NOUVEAU (1930) de

Lewis Milestone

De 1914 à 1918, près de 600 soldats français ont été fusillés. Parmi

eux, 50 seront réhabilités de 1915 à

1934, l'armée reconnaissant avoir procédé à tort à leur

exécution. De ces histoires d'innocents

mis à mort par erreur, le romancier américain Humphrey Cobb a tiré un livre, Les sentiers

de la gloire, adapté en 1957 par Stanley

Kubrick. Dans une France où la mémoire nationaliste du conflit est encore dominante,

ce film crée un formidable scandale.

En 1917, sur le front belge, le soldat Hamp

(Tom Courtenay), irréprochable depuis

trois ans quitte subitement le champ

de bataille.Se rendant coupable

de désertion, son destin est entre les mains d'un tribunal

militaire.

"Savons-nous encore pourquoi

nous combattons? Ne sommes-nous pas entrés dans

cette guerre précisément pour

préserver les notions de dignité

et de justice?"  Capitaine Haagreeves

(Dirk Bogarde)

Yves Boisset dénonce l’absurdité de la guerre de

14 etla terrible attitude des

membres de l’état-major français.

C’est l’histoire d’un soldat, Lucien Bersot, fantassin sur le front de l’Aisne en février

1915.Ce soldat fut affublé, en

plein hiver, d’un pantalon de toile blanche. En toutelogique, martyrisé par le

froid, il réclama un pantalon de laine rouge garancecomme en portaient ses

camarades à cette époque.Un jour, devant son

insistance, le sergent Fourrier lui en tendit un en

loques,maculé de sang, celui d’un

mort. Il lui intima l’ordre de le revêtir tout de suite. Il s’y

refusa.Alors commence l’une des

histoires les plus affligeantes et incroyables de la « Grande Guerre ».

La première guerre mondiale est vue au travers du voyage effectué par un cheval – une odyssée de joie et de peine, d’amitié passionnée et d’aventure.« En 1914, Joey, un magnifique cheval bai avec une croix distinctive sur le nez, est vendu à l’armé et jeté dans la tourmente de la guerre sur le front de l’Ouest. Avec son officier, il charge les lignes ennemies, témoin des horreurs des combats en France. Mais même dans la désolation des tranchées, le courage de Joey touche les soldats autour de lui et il peut puiser chez eux chaleur et espoir. Mais plus que tout il se languit d’Albert, le fils du fermier qu'il a laissé derrière lui. Reverra-t-il jamais son vrai maître ?»

Adapté du roman

pacifiste allemand d’Erich Maria

Remarque

Paul Bäumer est un jeune Allemand de 19 ans. Après avoir été

soumis à un « bourrage de crâne » patriotique, tous ses

camarades de classe et lui-même s’engagent volontairement dans

l’armée allemande. Ils partent en guerre

presque heureux et fiers de servir leur

pays. Mais après dix semaines

d’entraînement, les jeunes soldats

découvrent la brutalité de la vie au front et les horreurs de la guerre.

Les jeunes hommes perdent leur idéal patriotique et ne

croient plus dans le nationalisme prôné par

leur maître d’école.

UN LONG DIMANCHE DE FIANCAILLES (2004) de Jean-

LA GRANDE ILLUSION (1937)de Jean Renoir

L’ADIEU AUX ARMES (1957)

LA GRANDE PARADE(1925) de King Vidor

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Pierre Jeunet de Charles Vidor

 En 1919, Mathilde a 19 ans.Deux ans plus tôt, son fiancé

Manech est partisur le front de la Somme.

Comme des millions d’autres,il est « mort au champ d’honneur ». C’est écrit noir sur blanc sur l’avis

officiel.Pourtant, Mathilde refuse

d’admettre cette évidence.Si Manech était mort, elle le saurait.

Elle se raccroche à son intuitioncomme au dernier fil ténu

qui la relierait encore à son amant.Un ancien sergent a beau lui raconterque Manech est mort sur le no man’s

land d’une tranchée nommée Bingo Crépuscule, en compagnie de quatre

autres condamnés à mort pour mutilation volontaire,

rien n’y fait.Le chemin est plein d’embûches,

ça n’effraie pas Mathilde. Tout paraît surmontable à qui veut défier la

fatalité.

1916, durant la Première Guerre mondiale. Alors qu'il effectuait une mission de reconnaissance, l'avion du lieutenant Maréchal transportant le capitaine Boieldieu de l'état-major a été abattu. Les deux hommes sont faits prisonniers par le capitaine Von Rauffenstein, qui les traite avec grand respect. Maréchal et Boieldieu sont internés dans un camp de prisonniers en Allemagne où ils rejoignent d'autres compatriotes. Rapidement des relations de camaraderie se nouent, notamment avec le juif Rosenthal, alors qu'une tentative d'évasion est organisée. Mais les trois prisonniers vont hélas se trouver transférés dans la forteresse Wintersborn que dirige dorénavant Von Rauffenstein suite à des blessures de guerre. C'est alors que Boieldieu et Von Rauffenstein, deux aristocrates, se lient d'amitié. Se rapprochant également de leur côté, Maréchal et Rosenthal envisagent de s'évader. Un plan se met en place, dans lequel Boieldieu jouera un rôle central et dangereux.En parlant de son scénariste Charles Spaak, Renoir déclare : « Aux liens de notre amitié s’ajouta celle de notre foi commune dans l’égalité et la fraternité des hommes ».

Hiver 1917. Frederick Henry, un ambulancier américain, est blessé au front en Italie. Transporté dans un hôpital de Milan, il est soigné par une jeune infirmière anglaise aussi douce que belle, Catherine Barkley, dont il tombe follement amoureux. Mais le jour même où Catherine lui apprend qu’elle est enceinte, Frederick est rappelé au front et doit quitter sa bien-aimée.

Un jeune Américain(issu d’une famille riche)s’engage dans l’armée en 1917dans une ambiance de joieet d’insouciance.Il part combattre en Europe.Il devient l’ami de deux autres soldats.Il rencontre en chemin une jeunePaysanne dont il tombe amoureux.Mais la réalité de la guerre l’arrache à elle(combats, horreurs, etc.). Il finit par êtreblessé. Hospitalisé, il fuit de sa chambrepour rejoindre sa bien-aimée.Il ne la retrouve pas.Amputé d’une jambe,il rentre en Amériqueoù il est accueilli en héros.Mais l’homme revient marquépar les horreurs de la guerreIl n’est plus l’enfant gâté du début du film.Il retournera en Francerejoindre celle qui ne l’a pas oublié.

b) La Première Guerre Mondiale en peinture Tableaux inspirés par la Grande Guerre en fonction de trois critères   :

a) L’origine nationale des artistes : Un allemand / un britannique / un françaisb) Leur participation à la guerrec) Un style différent

OTTO DIX

AUTOPRTRAIT EN SOLDAT (1914)

En 1914 Otto Dix est âgé de 24 ans il prend part à la première guerre mondialecomme simple soldat dans les rangs de l’armée allemande. Son œuvre expressionnistetémoignera très vite de son profond dégoût de la guerre. Il s’attachera à dépeindre sa révolteet à défendre tant par ses peintures que par ses gravures des idées anti militaristesqu’il exprime dans un style souvent très violent.On retrouve dans son œuvre le thème de la destruction de la mutilation de la mort.Loin d’exalter l’héroïsme des soldats il n’aura de cesse de dénoncer la sauvagerie des combatset les effets désastreux de la guerre sur l’homme.

C.R.W. NEVINSON

PATHS OF GLORY (1917)Cette peinture à l’huile a été composée par Nevinson après son retour des

France et de Belgique où il avait été envoyé par le gouvernement britannique en tant qu’artiste officiel de guerre en juillet 1917. Nevinson avait une vision très

réaliste de ce qu’était vraiment la guerre ayant été au contact direct des combats et des champs de batailles jonchés de blessés et de morts. Paths Of

Glory qui montre les cadavres de deux soldats britanniques étendus tout près des barbelés a été interdite d’exposition à Londres en 1918 le gouvernement et les autorités militaires estimant que cette toile ne manquerait pas de saper le moral de population. Au lieu de décrocher le tableau le peintre avait alors pris l’initiative de la recouvrir d’un papier brun sur lequel il avait écrit << censuré

>>. Il s’agit d’une toile très réaliste presque photographique. Le titre de la toile est un extrait de l’un des plus célèbre poèmes de l’époque écrit par Thomas Gray et intitulé Elegy Written in a Country Churchyard qui contient le vers : << The paths of glory lead but to the grave >> (Les sentiers de gloire ne mènent qu’à

l’ombre). En 1957 le cinéaste Stanley Kubrick reprendra ce titre lorsqu’il réalisera un film dénonçant violemment l’absurdité de la Grande Guerre portant

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notamment sur les mutineries de 1917 et leur répression ; pour cette raison le film est d’ailleurs resté longtemps invisible en France.

MARCEL GROMAIRE

LA GUERRE (1925)

Marcel Gromaire a derrière lui une expérience d’ancien combattant qui lui permet d’aborder le thème de la guerre avec un regard personnel et averti. Il développe un style propre quoique apparenté au cubisme dans ses principes

généraux (formes architecturées schématisées)Avec La Guerre (1925) il symbolise la lutte par des hommes déshumanisés

représentés comme des robots. L’équipement des soldats (cuirasse et casque) leur donne l’apparence de guerriers du Moyen Age

c) La Première Guerre Mondiale et la photographie

La photographie et le cinéma étaient présents pendant la Première Guerre mondiale et les documents réalisés alors constituent des témoignages importants parfois essentiels sur ce qui s’est passé. La photographie est une voie d’accès à la réalité de cette guerre.

d) La Grande Guerre à travers la musique

Certains compositeurs engagés dans la guerre, en ont porté les blessures traduites dans quelques-unesde leurs oeuvres. Compositeurs allemands et français, au‐delà des tranchées et des conflits donnent ainsi à entendre un message universel, celui de la musique et de la paix. Au‐delà de

l’horreur des combats, c’est un autre portrait de cette période douloureuse, sensible et artistique,qu’il est donné à voir et à entendre dans ces œuvres musicales.

1) La chanson de Craonne

Quand au bout d’huit jours le r’pos terminéOn va reprendre les tranchées,Notre place est si utileQue sans nous on prend la pileMais c’est bien fini, on en a assezPersonne ne veut plus marcherEt le cœur bien gros, comm’ dans un sanglotOn dit adieu aux civ’lotsMême sans tambours, même sans trompettesOn s’en va là-haut en baissant la têteRefrain   :

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Adieu la vie, adieu l’amour,Adieu toutes les femmesC’est bien fini, c’est pour toujoursDe cette guerre infâmeC’est à Craonne sur le plateauQu’on doit laisser sa peauCar nous sommes tous condamnésC’est nous les sacrifiésHuit jours de tranchée, huit jours de souffrancePourtant on a l’espéranceQue ce soir viendra la r’lèveQue nous attendons sans trêveSoudain dans la nuit et le silenceOn voit quelqu’un qui s’avanceC’est un officier de chasseurs à piedQui vient pour nous remplacerDoucement dans l’ombre sous la pluie qui tombeLes petits chasseurs vont chercher leurs tombesRefrain   : C’est malheureux d’voir sur les grands boulevardsTous ces gros qui font la foireSi pour eux la vie est rosePour nous c’est pas la même choseAu lieu d’se cacher tous ces embusquésFeraient mieux d’monter aux tranchéesPour défendre leur bien, car nous n’avons rienNous autres les pauv’ purotinsTous les camarades sont enterrés làPour défendr’ les biens de ces messieurs làRefrain   : Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendrontCar c’est pour eux qu’on crèveMais c’est fini, car les trouffionsVont tous se mettre en grèveCe s’ra votre tour messieurs les grosDe monter sur l’plateauCar si vous voulez faire la guerre

Payez-la de votre peau

A première vue on peut souligner le décalage entre le film d’archives montrant la cruauté de la guerre et la mélodie entraînante, dansante de la chanson type « valse ». Mais finalement les paroles et les ’images concordent pour dépeindre cruauté souffrance et peur.C’est un chant de 1917, né après les mutineries qui éclatent en cette troisième et terrible année de guerre. Sans auteur connu, les paroles ont été recueillies au front par un intellectuel français communiste : Paul Vaillant-Couturier. Elle est chantée sur l’air de « Bonsoir M’amour », chanson de Charles Sablon.Q1. Quelles sont les difficiles conditions de vie au front   ? l’injustice, la barbarie, le sentiment des soldats d’être « sacrifiés »-la tranchée : souffrance, pluie, boue, froid, mort des camarades, manque de sommeil, privations-la tranchée est comparée à une tombe

Q2. Malgré leurs souffrances, qu’on vient de lister, qu’est-ce qui fait tenir les soldats   ?

-C’est la mise en place d’une solidarité entre soldats, un sentiment très fort de camaraderie

Q3. Quelle vision les soldats ont-ils de l’arrière   ? -un sentiment de supériorité par rapport au « civelots », puis de « rancoeur »Cela montre le décalage profond entre le front et l’arrière (où une propagande active, dont on reparle dans la leçon III, tente de laisser les civils de l’arrière dans l’ignorance de ce qui se passe au front)un sentiment de résignation : ils ont conscience de leur importance et du devoir qui leur incombe pour sauver la patrie.cela amène à une certaine lassitude face à l’hécatombe à laquelle les généraux les envoient. Les soldats refusent progressivement de monter en première ligne. Ces mutineries qui éclatent sont réprimées avec des condamnations pour l’exemple.Cette chanson fut donc interdite. En effet, à l’époque, la censure, le contrôle permanent de l’opinion publique, ainsi que la désinformation sont au coeur de la politique.

2) WAR REQUIEM de BENJAMIN BRITTEN (1962)

“My subject is War, and the pity of War.

The Poetry is in the pity …All a poet can do today is

warn.”— Wilfred Owen

En 1989 le réalisateur Derek Jarman a adapté le War Requiem dans un film sans

dialogue utilisant l'enregistrement de 1963 et avec Nathaniel Parker jouant

Wilfred Owen et Lord Laurence Olivier jouant un vieux soldat

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Le War Requiem fut créé le 30 mai 1962 pour la reconsécration de la cathédrale de Coventry, détruite pendant la guerre (1939-

1945) par des bombardements. La cathédrale avait été reconstruite sur un plan de Basil Spence et l'œuvre de Britten lui a été commandée pour la cérémonie d'inauguration de celle-ci.Il ne s'agissait pas pour Britten de réaliser une œuvre exaltant

l'armée britannique victorieuse. Bien plutôt, il y vit une occasion de manifester son rejet de la guerre et de ses atrocités. C'est ainsi qu'il eut l'idée brillante d'associer le cérémonial du Requiem romain à la poésie de Wilfred

Owen. Ce dernier, poète bien plus connu en Angleterre qu'en Europe continentale, était un des mieux à même de

témoigner de l'horreur de la guerre dans la mesure où, engagé volontaire lors de la Première Guerre mondiale, il

avait eu à payer le plus lourd tribut à celle-ci. C'est dans les tranchées des Flandres qu'il écrira un texte d'une

amertume cuisante sur ce qu'il vivait en tant que soldat de l'armée britannique, avant de mourir le 4 novembre 1918,

une semaine avant l'armistice.