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2010 with funding fromUniversity of Ottawa
http://www.archive.org/details/oeuvresanatomiqu01gale
OEUVRESlliAIOHIQDES,
mSIOLOGIDES
ET
MDICAIES
DE GALIEN
PRINCIPALES PUBLICATIONS DU DOCTEUR DAREMBERG:
uvres d'Oribase,nuscrits, traduit
texte grec, en grande partie indit, collalionn sur lesla
ma-
pour
notes, des
taltles
en franais, avec une inlroduction, des et des planches; par les docteurs Bussemaker et Dauemberg. premirefois1
Paris, 1851-1854.
lome
et 11, in-8
de 700
et
de 920 pages. Prix du vol.
12 fr.
Tomeparle
111
sous presse.texte, variantes, traduction et
uTres de Rafus d'phse,
commentaires,
docteur Ch. Daremberg. Sous presse.la Collection des
Ces deux ouvrages fout partie de
mdecins grecs
et latins.
Cilosnlse
quatuor mag^istrorum super chirurp^iam Rogeriiia
et
Ro-
laiidi, pui)lies pourNapies et Paris, 1854,
premire
fois,
d'aprs un manuscrit dele
la
bibliotlique
Mazarine et accompagnes d'une introduction, parin-8.
docteur Ch. Daremberg.
notices et extraits des manuscrits mdicaux grecs, latins et franais, des principales bibliolliiiues d'Europe. 1" partie, Bibliothque d'Angleterre. Paris, 1853, in-8
de 243 pages.
7
fr.
Plan de la Collection des mdecins grecs et latins, publie sous les auspices du ministre de l'Instruction publique. Paris, 1851, iu-8 de lix pages.Imprimerie impriale.Ce plan a t approuv par l'Acadmie des inscriptionsimpriale de mdecine.et belles-lettres et
par l'Acadmie
Ch. Lahure, imprimeur du Snat et de
la
Cour de Cassation9.
(ancienne maison Crapelel), rue de Vaugirard,
OEUVRESANATOMIQUES,PHSIOIOGIQCESET
MDICALES
DE GALIENTRADUITES SUR LES TEXTES IMPRIMS ET MANUSCRITS
ACCOMPAGNES DE SOMMAIRES, DE NOTES, DE PLANCHES ET
d'U.NE
TABLE DES MATIRES
PRCDES d'uNK INTRODUCTIONOUTl'DE BIOGRAPHIQUE, LITTRAIRE ET SCIENTIFIQUE SUR GALIEN
LE
D^
CH.
DAREMBERGmdecine,
Bibliothcaire de la bibUolhque MazarineBLbliolhcaire honoraire de l'Acadmie deetc.
TOiME PREMIER
A PARISCHEZLIBRAIREJ.
B.
BAILLIEREIMPRIALE
DE
l'aCADMIE
DE MDECINE
RUE HAUTEFEUILLE, N 19
LONDRES, CHEZ
H. BAILLIERE, 219,
-YORK, CHEZ H. BAILLIEE.
290,
REGENT-STREET BROAD-WAY,
A MADRID, CHEZ CH. BAILLY-BAILLIRE, LIBRAIRE, GALLE DEL PRINCIPE
il
1854:
A MESSIEURS
P.
FLOURENS,KR,V.\(;AISE,
SECRTAIRE PERPTIEL DE LACADMIE DES SCIENCES,
MEMBRE DE L'ACADMIE
PROFESSEL'R-ADUINISTRATEUR AC MISUM DBISTOIRE NATURELLE, ETC.
G.
ANDRAL,
MEMBRE DE LACADEMIE DES SCIENCES ET DE LACADMIE DE MDECINE, PROFESSEin A LA FACL'LT DE MDECINE DE PAUIS,MDECIN DE L'HPITAL DE LA CHARIT, ETC.
Galien netion
s'est
pas moins illustr par son admira,
pour Hippocrateles
qu'il appelle
son matre
,
queaux
par
progrs considrables qu'il a
fait faire
sciences mdicales.
ous aussi
,
Messieurs
,
avez enrichi l'anatomie
,
la
physiologie et la pathologie de
nombreux travaux juset
tement clbres dans
le
monde savant
devenus
clas-
siques; cependant vous n'avez pas ddaign d'interro-
ger les anciens livres et d'y rechercher curieusement,
mais avec
l'il
de
la critique
,
des ides et des
faits
trop longtemps laisss dans l'oubli.
Galien a toujours t l'objet de votre prdilection;
,
DDICACE.
VOUS avez luvoustanceles;
ses
ouvrages
,
mrite rare aujourd'hui
,
admirez, vous en apprciez toute l'imporsoit dans vos cours et soit dans vos crits,
vous cherchez en inspirer
le
got et
les
remettre
en honneur.
Une
traduction des
uvres de
Galien ne sauraitles
donc paratre sous de meilleurs auspices que sousvtres, etla fois
mon
travail
ne pouvait trouver des juges
plus comptents et plus indulgents.
En me
permettant de publier
les
OEuvres de Galien
sons votre illustre patronage, vous
me donnez unedont
preuve nouvelle de
l'intrt
que vous voulez bienla
prendre mes travaux
et
de
bienveillance
vous n'avez cess de m'honorer.
D^Paris,1
Cii.
Daremberg.
5 juiUet 1854.
PRFACE.Enlte
de ce volume devaient de Galien,
se trouver
une Notice sursur ses
la vie et les crits
et trois Dissertations
connaissances anatomiques, physiologiques et pathologi-
ques
;
mais cette Noticetel
et ces Dissertations
ont pris peu
peu un
dveloppement, que,
mon:
honorahle diteur asujet,
jug plus convenable
vu l'importance dule titre
d'en faire
un volume part, sousde Galien,
de
Introduction,
aux OEuvresdansest
ou tude biographiqueIl
littraire et scientifique,
sur Galien.le
en rsulte que
le
prsent volume quile
plan primitif de la publication, devait trele
premier
en ralit devenulestice
second. Aussi trouvera- 1- on, soit dansle texte,
notes
,
soit
dans
de frquents renvois l'explication d'unj'ai
la
Nodes
ou aux Dissertations^ pour
grand
nombre derecherches
passages obscurs sur lesquelsparticulireset
du
faire
tendues
;
jele
demande doncvolume queje
qu'on ne juge pas en dernier ressortpublie aujourd'hui et les suivantsduction gnrale ^et,
sans avoir lu \ Intro-
o
j'ai
cherch
faire l'histoire
de Galien
de
ses
uvres.
^
\J Appendice auquel je renvoie aussi et qui contient les extraits des
livres
que
je
ne publie pas en entier,
se trouvera la fin
du IIP volume.
IV
PRFACE.
On comprendra,clans
sans qu'il soit besoin que j'y insiste, que,
une anatomie
une physiologie
et
une pathologie qui
s'loignent en tant de points de l'lat actuel de la science
qu'en prsence de thories qui sont peu prs trangres la plupart des
mdecins
,
qu'avec une mthode d'exposi-
tionil
si
diffrente de celles qui sont aujourd'hui en usage
tait
indispensable de donner un apeiu complet des
connaissances
de Galien
et
de
discuter
soigneusement
tous les points litigieux. Si enfin on se rappelle que Galiena rgn en matre peu prs absolu jusqu'aucle,
*"
si-
on comprendra aussi
qu'il
importe de suivre sa
for-
lune, de l'tudier en lui-mme et dans ses traducteurs ou
commentateurs, de montrer quelle placel'ensemble des tudespire,,
il
occupe dans
aux diverses priodes du Bas Em-
du Moyen ge
et
del Renaissance, de rechercher,
quelles sries de transformations subit son autoritdirecte, et tantt mdiate,sible
tantt
de dcouvrir quelle influence nui-
ou
salutaire
il
a exerce, et de ne l'abandonner qu'a-
prs avoir nettement caractris la quadruple rvolution
anatomique, physiologique, mdicalelui
etles
chimique qui, enplus meurtriers
portant successivementle
les
coups
Ta relgu dans11
domaine de
l'histoire.
tait naturel
qu'un abandon peu prs complet;
suivt
un engouement universeldequ'on
on
est
presque toujours inn'est pas sur le
juste envers un ennemi vaincu. Cebataillecrit l'histoire;
champles
c'est
seulement quand,
conqutes ne sont plus contestes qu'on peutles
revenant sur
temps passs,
et s'affranchissanl des prjugs, je diraisla lutte,
presque des haines qu'a soulevstialit,
juger avec impar-
comj)arer avec pleine connaissance de cause, enfinet.
apprcier sainement ce qu'on a gagn
aussi ce qu'on a
PRFACE.perdu.
^le
Commesanslele
il
arrive,
souvent qu'on dpasseest
but,
mme
vouloir
il
bon de revenir en
arrire, et
de rparermesures.
mal qu'ont produit des attaques trop peu
Enfais
parlant de guerre, de combats, de conqutes, je ne point de mtaphore, le xvi^ et le xvii'' sicles ont tla
pour
mdecine,
comme pour beaucoup d'autres branchesengage de toutes parts;
des connaissances humaines, un vritabletaille;
la lutte taitle
champ de baentre le monde
l'entranement des passions, on ne craignit pas de presque tout dtruire, pour avoir le plaisir de tout renouveler, sans se soucier des ruines qu'on amoncelait , sans penser qu'on perdait, avecle travail
les querelles religieuses et politiques taient mles aux querelles scientifiques et littraires, et, dans l'ardeur du combat, dans
ancien et
monde nouveau
de plus de vingt
sicles, tout
contre-poids et toute
garantie contre de tmraires innovations.
La Renaissanceet progressif:
est
un mouvement
la fois ractionnaire
ractionnaire pour les lettres, car, sous prtexte de revenir aux sources pures de l'antiquit, la Renais-
sance efface presque partoutgressif
le
caractre national; pro-
pour
les sciences puisqu'elle
Arabes
et qu'elle le
aux rend aux Grecs, mais progressive sur-
arrache
le sceptre
tout par les tendances nouvelles qui se manifestent de tous cts et en tous sens; de telle sorte que les Grecs, remis
un moment en honneur, durent bientt, leur tour, cder l'empire aux modernes. Ainsi, littrateurs et savants partent du mme point, mais arrivent des rsultatsfort diff^
rents; ainsi encore, la prpondrance
que
l'antiquit sut
reprendre
et
garder dans
les lettres, elle n'a
pu
la
conserver
yi
PRFACE.la science.
dansvrai,
La rforme
scientifique, plus lente,
il
est
que
la
rforme
littraire, fut
donc tout
aussi radicale;,
du moins beaucoup mieux science n'est pas une simple production deelle tait
justifie
puisque
la
l'esprit
ou duarbi-
gnie, qu'elle ne repose pas sur des rgles factices
ou
traires, variables suivant les sicles et les nations, et
qu'auau-
contraire, elle se fonde essentiellement sur des
faits
tbentiques, sur des mthodes svres, sur des connais-
sances positives. Or, ds
le
milieu du xvi" sicle, des
faits
nouveaux avaientconnus avaient
t observs
ou des
faits
anciennement
t
mieux vus.
Une mthode plus rigoules thories
reuse d'observation s'tait produite au grand jour; des
dcouvertes capitales venaient battre en brcheles
plus en rputation et triomphaient peu peu de la
routine.
Devant de
telles
lumires
les obscurits
de
l'ge
ancien
devaient forcment se dissiper; mais, en,
mme
tempsce
ces lumires devaient clairer et mettre en relief
qu'ille
dansles
y avait de vraiment utile, de vraiment beau travail de nos pres; il n'en a pas t ainsi:
anciens furent attaqus avecsi
si
peu de
critiquequ'ils
,
et d-
fendus par de
misrables arguments,
finirent
par succomber,
et
que
le
rgne de l'examen se substitua
de toutes parts au rgne de l'autorit. Cette substitution, excellente en elle-mme^ mais souvent hiintelligenle outrop prcipite, a
condamn
les gnrations
modernes
reconstruire presque tout l'difice de la science.
Toutefois, les premires tentatives de rforme mdicale,celles firent
du moins qui eurent d'abordencore aules
le
plus de succs
,
se
nom des
anciens je veux dire au,
nom
des
Grecs contre
part dans les
Arabes; l'rudition avait alors une large discussions; il en rsulta ce singulier ph-
PRFACE.
VII
nomne que, malgrbies le
les dfaites successives qu'avait su,
systme de Galien
son auteur conserva pendantl prci-
longtemps une sorte d'autorit nominale. C'est
sment un des ctstoire
de
la
moiti
du
;;
les plus
curieux tudier dans Thissicle etet
mdecine au xvn^
dans
la
premire
mais enfin, Arabes
GVecs furent dci-
dment vaincusillusoire,et
on
finit
par se lasser d'une dominationse
en
mme
temps on,
persuada volontiers,
moiti par paresse d'esprit
moiti par entranement de
novateurs, qu'il n'y avait rien de bon prendre dansl'antiquit; d'Hippocrate,
de Galien,,
et
de Paul d'gine,
commeMaisles
d'Averros, de Msu
et
d'Avicenne
il
ne reste
plus qu'un vague souvenir.le
plus beau privilge de l'bistoire, c'est de rparer
injures
du temps
et les injustices
des
bommes, de
dis-
cerner au milieu des dbris de l'antiquit ce qu'il y a de bon de ce qu'il y a de mauvais, de rendre justice chacun selon
son mrite, de rechercherles
les
causes des rvolutions socia-
ou
intellectuelles,
,
d'en suivre les consquences, d'end'en faire connatre les hros ou les
caractriser l'esprit
victimes
,
et surtout
de
faire profiter les sicles prsents et
les sicles venir de l'exprience
des temps passs. Notre poet critique,j'allais
que, minemment historiquedire indiffrentetifiqiie, et,
presque
mais d'une indiffrence raisonne, scien-
qui provient de l'absence de tout systme pr,
dominant
a repris avec
une ardeur soutenue l'tude deelle
l'antiquit et
du moyen ge;les
recherche curieusement,,
en l'absence de systmes nouveaux
les traces
des svstmes
oubhsveaux,
;
ou bien
systmes qu'on vanteles origines
comme noudes temps
elle
en retrouve
dans
la srie
historiques.
VIII
PRFACE.sem}3lele
11
donc que
le
momentque
soit
venu de rendre
la
mdecine
mme
service
tant d'crivains distingus
ont rendu aux autres sciences, la littrature, et l'histoirepolitique.
Dj M. Littr a
fait
revivre Hippocrate;
marchant deje
loin sur ses traces et le prenant toujours
pour guide,
veux
faire revivre
Galien
,
le
plus illustre mdecin de l'an-
tiquit aprs Hippocrate.
Galien
tait
un grand anatomiste,
il
suffit,
pour;
s'en con-
vaincre, de suivre ses descriptions sur la nature
c'tait
un habileles
physiologiste
,
ses ingnieuses expriences sur
systmes nerveux et sanguin en sont un irrcusable
tmoignage;trait
c'tait
un pathologiste minent, son beauaucun doute cet gard;
Des
lieux affectes ne laisse
dessi
c'tait
un philosopheje n'en
distingu,et de
on
le voit;
par son
trait
Dogmes
( Hippocrate,
Platon
c'tait enfin
un
esprit puissant
veux pour preuve que son systme
bien
li
dans toutes ses parties.prcisment l'espce d'enivrement pour ce sysfit
Ce
fut
tme qui
tomber Galien dans de dplorables erreurssouventlui
et qui troppliait la
mit un voile devant
les
yeux
;
il
nature son systme, bien loin de rformer sonla nature. Physiologie,s'il
systme sur l'observation delogie,
pathofut ja-
anatomie
mme,
cette science positiveles
en
mais
,
durent cder devant
conceptions
//
priori. Aussi,
tout ce que Galien voit travers la thorie des
humeurs
ou desnant;l'garrle
qualits lmentaires,
est
peu prs frapp depousse l'extrme,le
la doctrine des causes finales,
trop souvent; les opinions traditionnelles surfoie et
du
l'arrtent
du cur, opinions qu'il dfend outrance au moment peut-tre o il allait dcouvrir- la
,
PRFACE.circulationest;
IX
mais tout ce qu'il observe sans parti pris,
parfaitement observ
toutes ses expriences qui cliap-
pent forcment fcondes.
l'esprit
de systme sont concluantes
et
Cependant, ou a trop oubli Galien observateur, pour nesonger qu' Galien systmatique; je veux montrer en
mmes'-
temps quelles aberrations peut entranerides prconues,
la
domination des
et
jusqu' quelle hauteur de vue, peut
lever malgr ces ides,
un
esprit minent, curieux
de toutes
choses, dvou l'tude, familier avec les crits des anciens
comme
avec ceux de ses contemporains
,
vers dans
la dialectique
comme,
dans
la
mdecine, habitu observer
et mditer, enfin
ce qui ne nuit pas,
non plus, appr-
ciateurnelle.
,
un peu
partial peut-tre
de sa valeur person-
Le dessein que j'avais de donner une ide exacte
et
com-
plte de Galien, et aussi le mrite intrinsque et la rputation classique
de certains de ses ouvrages, m'ont dtermin
dans
le
choix des traits que je publie. Quelques-uns ont
t dj traduits,
mais ces traductions, toutes
fort ancien-
nes, sont ou difficiles lire, et
comme non,
avenues, ou
excutes de
telle
faon qu'elles font disparatre presquetexteet
entirement
la
physionomie du
que
le
sens n'y est
pas toujours fidlement conserv.
Lerat
trait
de Y Utilit des parties du corps, dont on ne pa-
pas avoir compris le vrai caractre, se rsume dans cette
sentence d'Aristote[jA-t,-)
-
:
).
Que
la nature ne fait rien
en ain{jj:n^h
Aussi Galien, loin d'v traiter les ques-
tions de physiologie
proprement
dite
,
ne
s'v
occupe qu'
dcouvrir
et
dmontrer que
les parties
ne pouvaient pas
PRFACE.tre
mieux disposes
qu'elles
ue
le
sont
,
et qu'elles sont
parfaitement adaptes aux fonctions qu'elles ont remplir.
Ce
trait
suppose donc connues,
et ces fonctions
mmes
et
les dispositions
anatomiques; l'anatomie, on
la
trouve par-
ticulirement dans le Manueldes dissections^
et la physiologieles titres,
dans d'autres traits dont je vais bientt rappeler
Une conception hardie,dela parfaite
et
jusqu'
un
certain point nouvelle,
du corps, une thorie complte des causes finales des ides leves sur Dieu et la nature des diatribes quelquefois loquentesles diverses parties, ,
harmonie entre
et pleines
d'une fine ironie contre les uvres prtendues dudes atomes, des descriptions animes, des pointsles utilits et les actions
hasard
et
de vue souvent trs-justes sur
des
organes, des ides gnrales tendues, des principes fconds
sur certaines questions d'histoireles qualits
naturelle
,
telles
sont
qui distinguent excellemment l'ouvrage dont
nous parlons. Mais une volont arrte de tout expliquer, de faire concorder toutes les explications, de ne trouver jamais ni lui-mme, ni la nature
en dfaut,
une
ignorance absolue de l'anatomie humaine, une connaissance imparfaite
de
l'anatomie
compare
et,
de
l'em-
bryognietilits,
,
une
prolixittels
quelquefois excessive
des sub-
des paradoxes,
sont les dfauts qui empchent
trop souvent Galien de voir juste et d'exposer mthodi-
quement.
Dans
les
longs extraits
du Manuel
des dissections,' ei sur-
tout dans les derniers livres jusqu'ici indits ',
on verra Galien
^
La
fin
du IX*;
livre et les sept derniers.
Le
texte grec n'a pas t
encore retrouv
heureusement
il
en existe une version arabe signale
PREFACE.dployer toute son habiletanatomiste etet
XI
toute son exactitude cr)mmetrait,il
commenature
exprimentateur. Dans ce
semble quebli ses
la
le
domine compltement,
,
qu'il a ou-
ides systmatiques
et qu'il n'a
d'autre but et
d'autre dsir,
que de bien observer.lieux affects^ Galien a devanc l'colela
Dans le Trait des,
modernecombien
en dmontrant parimporte d'abord la
thorie et par
les faits
il
connaissance des maladies,le sige
puis la thrapeutique de connatre exactement
duCet
mal, en d'autres termes, d'arriver au diagnosticadmirable ouvrage, l'un des plus beauxGalien,
local.
titres,
de gloire de
n'a jamais t traduit en franais
je le fais figurer
tout entier dans le troisime volume.
Les
traits^
Des facults naturellesla
^
Du mouvementles
des
musclesle
De
semence^ Des lments^les
ouvrages Surles opi-
pouls Sur la respiration,^
Commentaires sur,
nions
d Hippocrate et de Platonla;
nous prsentent une ide
peu prs complte dej'ai
phvsiologie thorique et expri-
mentale de Galien
traduit les
deux premiers ouvrages
en entier,et
et
des autres je donne des fragments
nombreuxla
tendus ou tout au moins une analyse.
Le
trait
De la
thrapeutique Glaucon; des extraits de
Mthode thrapeutique^
des Commentaires sur les livres,
chirurgicaux d'Hippocratela
du
trait
De
Fart de conserver
sant
y
etc.,
achveront l'esquisse de Galien
comme
pa-
thologiste; enfin, plusieiu^s opuscules, ceux qui figurent dj
par Golius
,
mais peu prs oublie depuis.,
savant ami, M.
le
docteur Greenhili
l'a
,
pour
ainsi
dire
,
dcouverte de nouveau
Oxford
;
j'ai
pu avoir une copie du manuscrit,les
et j'en ai fait la traduction
avec l'aide de M. G. Dugat, dontparles orientalistes.
travaux sont justement apprcis
XII
PRFACE.,
dans ce volume
les
deux
trails
Sur
les sectes
,
et d'autres
encore qui seront publis par fragments ou en entier, nous
montreront Galienliste;
comme
philosophe et
comme morala
ces opuscules donneront aussiil
une ide de
mala
nire dont
concevait et exposait les gnralits sur
mdecine.Je ne publie aucun des traitsAe. pathologie
gnrale que
Galien a rdigs sous
les titres
de Causes des symptmes,
Causes des maladies^ Diffrence des maladies
etc.
Ces ou-
vrages sont fort importanls sans doute; mais on ne peut
gure traduire l'un sans traduire tous
les
auties
;
d'ailleurs,
comme
ils
sont trs-prolixes, et qu'ils abondent en dtailsfait inutiles,
ou tout
,
ou en dsaccord avec
les
connais-
sances actuellessoit
je
me
contenterai de les faire connatre
par des extraits soit par une analyse.
La publication des OEuvres deencore aux mdecins qu'auxpas l'espoir depltesfaire
Galien s'adresse;
plus
rudils
mais je ne perdsses
figurer
un jour
uvres comlatins.
dans
ma
Collection des
mdecins grecs et
Mieux que personne,
les rudits
savent tout ce que Galien
a fourni la science de l'antiquit, archologie, philologie, histoiretails
des systmes mdicaux ou philosophiques d,
de murs, usages publics ou domestiques, histoire;
littraire
il
n'est pas
une page de
ses
uvres ou l'on ne
trouve quelque prcieuse notion recueillir.Toutefois,si j'ai
surtout voulu faire une uvre mdicale,
je n'ai pas oubli les droits
de
la critique philologique. J'ai
une longue exprience, combien les textes imprims de Galien sont fautifs et combien on trouve de resappris, par
sources dans les manuscrits pour
le
corriger presque cha-
^
PRFACK.
xmje l'ai
que page. Aussi, toutesle texte
les fois
que
pu,
j'ai
contrl
des ('dilionspar celui des manuscrits. Pour plusieursj'ai
passages,
indiqu
les variantes;
mais
le |)lus
souvent je,
me
suis,,
sur l'autorit de ces manuscrits, cart
sans en
avertir
duil
texte vulgaire.
Quandlivre
s'agit
d'un livre de science,
et surtout
d'un
venu de
l'antiquit,;
traduire n'est que la premire,
partie de la tchediiicile,
la
seconde
et
sans contredit
la
plus
consiste
seet
rendre un compte exact du fondconfronter perptuellementles
mme
des choses,
des-
criptions et les faits anciens avec les faits et les descriptions
qu'on trouve dans
les
ouvrages modernes. Cette confron,
tation devient d'autant plus embarrassante
que
les
mtho-
des d'observation diffrent, et que plusieurs points qui ontattir l'attention
des anciens,
,
ne sont pas
pris;
en considles
ration par les
modernes
ou rciproquement
mmes
noms ne dsignent plus les mmes choses; souvent aussi les noms manquent compltement; et la description des mmes parties ou des mmes maladies ne se correspondant pas toujours directement,
l'esprit,
flotte
au milieu,
dinextricables difficults. Ces perplexitsje les ai retrouves presqu'
ces hsitations
chaque page
,
pour l'anatomiepatholofaire
comme pourgie,
la
pathologie, bien qu'il semble au premierlaisse
abord que l'anatomie aux incertitudes,
moins de place que;
la
et
aux doutes
aussi ai je
d
de
constants efforts pour les pargner au lecteur.
On
croit g-
nralement que tous
les
points obscurs des descriptions dela
Galien ont t lucids par les anatomistes desance;
Renaisfasti-
malheureusementstrile
il
n'en est rien,
un
long,
dieux et
dbat
s'est
engag au xvi*
sicle sur la
XIV
PRFACE.si
question de savoir
Galien avait dcrit des animaux ou
des
hommes;fait
certains anatomistes ont essay de prouver,
mais sansjamais
faire valoir
d'arguments
dcisifs,
qu'il n'avait
d'analomie humaine; d'autres^ pkis jaloux deet
la gloire
du mdecin de Pergame, ont soutenu, envers,
contre tousinfaillihle,
qu'il avait
dissqu des
hommes,
,
qu'il tait
et
que
si
ses descriptions
ne concordaient pasc'est
avec celles des anatomistes modernesavait
que
la
nature
chang depuis
lui
!
Aberration d'esprit d'autant plus
trange, que Galien rpte sans cesse qu'il dcrit particu-
lirement
le singe
comme,
tant l'animal le plus voisin dec'est d'avoir
l'homme
;
son seul tort
presque toujours
conclu du singe l'homme.
Le meilleursoudrele
,
ou pour mieuxtait,
dire
,
le seul
moyen de
r-
problmevrifier
mais de
non de raisonner sur les textes scrupuleusement sur l'homme et sur lesde Galien. Mais, au xvf sicle,si
animaux,
les descriptions
l'empire de l'autorit tait encore
grand
,
la critique sisi
peu avanceuniverselle,
,
la crainte
de trouver
le
matre en dfautet
qu'on perdait son temps
qu'on usait ses
forces dans des discussions oiseuses qui perptuaient le d-
bat
et entravaient la
marche de
la science.
Les histo-
riens
modernes de
la
mdecine ne sont pas
mme d'accord
sur ce point, et nul n'a tentcette intressante
un examen ex professa deet
question. Cuvier
de Blainville sont,
d'avis
que Galien a dissqu des singesle
et
plus spciale-
ment
magot*; mais
ils
ne paraissent pas
s'tre
prononcs
^
Cuvier avait
teste
mme rdig un Mmoire sur ce sujet ainsi que l'atM. Laurillard; mais ce Mmoire n'a pas t retrouv dans les,
PRFACE.avec connaissance de cause suraussila
XV
question de savoir
s'il
a
ou non dissqu des hommes.
Je
me
suis
donc mis courageusement l'uvre,
,
j'ai r-
pt toutes les dissections de Galiensultat
et j'ai
consign
le r-
de ces recherches dans X Introduction gnrale ;
j'y
indique en
mme
temps,
les
procds, souvent trs-longs etil
toujours diiTiciles
auxquels
m'a
fallu la,
recouriret,
pour
mettre
le texte
de Galien d'accord avec,
nature,
pour
juger en dernier ressorttant agit l'cole.Il
si
je
ne m'abuse
ce procs qui a
n'est pas
une des sances, passes aulafoisfortifi
Jardin des Plantesviction
,
qui n'ait
ma con,
que Galien n'a jamais dissqu que des animaux et augment mon admiration pour son exactitude et sa sagacit
comme
anatomiste.
M. de
Blainville
d'abord
,
qui je
veux
ici
payer un juste
tribut de regrets; puis
MM. Duvernoy,queje prie
Serres et Isidore
Geoffroy Saint-Hilairesion publique de
,
de recevoir l'expres-
ma,
profonde gratitude, non contents deles collections et les laboratoires
m'ouvrir libralementJardin des Plantes
du
m'ont constamment soutenu par leursaussi l'empresse-
encouragements.
Je dois beaucoup,
ment de MM. Emm. RousseauM.le
Gratiolet et Jacquart.la Facult,
docteur Rouget, aide d'anatomie la
a bien
voulu m'aider danssi
dtermination de parties dcrites,
obscurment par Galien
que
les
dissections
n'avaient
pu
lever tous
mes doutes.
Enfin
mmesac-
,
pour
quitter toutes
mes
dettes de reconnaissance, je
m'em-
papiers de son illustre auteur; c'est une perte considrable pourtoire
l'his-
de l'anatomie.
XVI
PREFACE.
presse d'offrir
mes remercmeiits
particuliers
mon amile
M. Ch. Meaux Saint-Marc, savant modeste, dontcours m'a t fortutile.
con-
Dans ce doubledes OEuvresj'tais
essai
de traductionj'ai
et d'interprtationle
de Galien,je
apport tout
soin dontles,
capable;
sources qui taient
me suis entour ma disposition,
de touteset
resla t-
,
cependant
che
tait
si
laborieuse
que
je n'oserais pasJ'ai
mela
flatter
de
l'avoir
compltement remplie.
du moins
conscience
de n'avoir rien nglig pour rendre
mon
travail utile et
pour enqu'il
faire disparatre la trace
des pnibles reclierclies
m'a cot.
Paris, 15 juillet 1854.
OEUVRESMDICALES ET PHILOSOPHIQUES
DE GALIEN.I.
QUE LE BON MDECIN EST PHILOSOPHE.SOMMAIRE.Semblables aux athltes qui aspirent triompher dans les jeux olympiques, mais qui ne font rien pour mriter la couronne, les mdecins louent sans cesse Hippocrate, et prennent tche, non-seulement de ne pas agir selon ses prceptes, mais de blmer ceux qui s'y conforment. Une pareille conduite vient ou de ce que les mdecins manquent de capacit, ou, surtout, de ce qu'ils veulent savoir sans rien apprendre, et qu'ils prfrent les richesses et le plaisir
de l'art. Hippocrate est le modle des mdecins, mais il n'en aucun qui marche sur ses traces, et qui suive les beaux exemples qu'il a Pour pratiquer avec succs l'art de gurir, il faut tre vers dans laisss. les sciences que cultivent les philosophes, et pratiquer les vertus dont ils nous donnent l'exemple d'o il rsulte que le vrai mdecin est en mme temps C'est par l'tude et par la pratique qu'on devient la fois mphilosophe.la dignitest
,
decin et philosophe.
Lefaire
sort rserv la plupart des athltes qui
,
tout en aspirant
remporter la victoire dans les jeux olympiques, ne veulent rien
pour l'obtenir, attend galement la majorit des mdecins ces en effet, louent Hippocrate, le regardent comme le premier dans l'art de gurir, mais ils font tout, except ce qu'il faudrait faire, pour lui ressembler*. Ainsi, Hippocrate^ dclare que;
derniers,
.*
*
Des Eaux, des Airs
(I,
het
-/.(), vulg. et ms. 2164; Coray proposele texte ordinairet.
.
(comparables lui); maisdes Lieux, % 2,;
me
parat suffisant.
II, p. 14
pas de mdiocres services la mdecine
elle lui est
L'astronomie ne rend au contraire d'un trs-grand:
1
2
QUE LE BON MDECIN EST PHILOSOPHE.,
l'astronomie et que
par consquent,
,
la
gomtrie
,
qui en est
une prparation ncessaire rendent de grands services la mdecine eli bien les mdecins non-seulement ne font usage ni de l'une ni de l'autre science , mais ils blment mme ceux qui; , ,
s'en servent. Hippocrate pense qu'il faut connatre avec exacti-
tude la nature du corps*;
sonnement en mdecinetude destructure,
;
que c'est le principe de tout raiceux-ci , au contraire se livrent cetteil
dit
,
telle
faon qu'ils ne connaissent ni la substance
,
ni la
ni le
mode de formation
,
ni la grandeur de chacune
des parties, ni leurs connexions les unes avec les autres, ni mme leur position. Quand on ne sait pas diviser les maladies en espceset
en genres,
il
en
rsulte qu'on se
trompe dans
les indications
thrapeutiques; c'est Hippocrate qui l'enseigne lorsqu'il nous in-
mthode rationnelle mais bien loin de prendre mthode pour guide les mdecins actuels dnoncent ceux qui s'y conforment, comme s'occupant d'inutilits. Suivant Hippocrate , il faut aussi acqurir une grande habilet dans le pronostic pour deviner, chez lui malade les phnomnes morbides dj passs, pour pntrer l'tat prsent, et pour prvoir les acciNos mdecins cultivent de telle faon cette dents venir ^ branche de l'art, que si quelqu'un prdit une hmorrhagie ou ime sueur, ils le traitent de devin ou d'homme qui dit des choses paravite suivre la;
cette
,
,
.
doxales
;
peine supporteraient-ils qu'on
fit
d'autres prdictions
';
Je prviens une fois pour toutes que, pour les traits dj publis par M. Littr j'ai adopt les div-isions par paragraphes telles qu'il les a tablies dans son dition. J'ai soin d'indiquer toutes les fois que je reproduis sa traducLes citations de Galien sont toujours faites d'aprs l'dition de Khn pour tion. les traits que renferme cette dition. Des lieux dans rhomme 2 , t. VI, p. 278 La nature du corps est le point Du rgime, I, 2, t. VI, p. 468 de dpart du raisonnement en mdecine. ft Je dis que celui qui veut faire un bon trait sur le rgime doit avant tout consecours. ,
:
,
:
natre et reconnatre toute la naturele trait*
humaine,
trad. Littr.
Voy.
aussi
dans
DePronostic,
mdecine 1,
le1
commencement du 10:
20,
t. I,
p. 620 suiv.
Du
t.
II
,
p.
Connaissant d'avance et indiquant prs
des malades les phnomnes morbides passs , prsents et venir, numrant toutes les circonstances qui leur chappent, le mdecin leur persuadera qu'ij connat
mieux qu'un autre tout ce qui
les
regarde
,
en sorte
qu'ils
ne craindront pas
de
se confier lui. ^
Voy. dans V Appendice
les extraits
du
trait
De prcecognitione ad Posthumum.
QUE LE BON ^lDECIN EST PHILOSOPHE.l'poque
3
peine aussi se resoudraient-lls rgler le rgime en calculant
du summum de
la
maladie; cependant Hippocrate* or-"
donne d'agir ainsi, par rapport au rgime. Que leur reste-t-il donc en quoi ils imitent ce giand homme ? Ce n'est certes pas par la perfection du langage" Hippocrate excelle sous ce rapport mais, pour nos mdecins c'est tout le contraire on en voit beaucoup font deux fautes en un seul mot, ce qui n'est cependant pas; ; , ;
facile
comprendre. C'est pourquoilisent point ses crits,ils
j'ai,
cru devoir reclierclier laqu'ils
cause pour laquelle tous les mdecins
pocrate, nesi
par hasardles
les lisent
,
admirent Hipcomprennent point, ou encore s'ils ont la bonne forbien
ou ne
les
comprendre , ne font pas suivre la thorie de la pratique, en s'efforant de fortifier en eux ces principes, et de s'en crer une habitude. Or, je constate^ que rien ne russit aux hommes, si ce n'est par la volont et par la puissance intellectuelle; et s'ils sont dpourvus' de Tune ou de Fautie detune deces quaUts,il
leui
est
ncessairement impossible d'atteindre
ce but.Je reviens aux atliltes:
nous
les
voyons ne pas atteindre
leur but, soit cause d'une incapacit physicjue naturelle, soit cause du manque de pratique ; mais celui* dont le corps est or-
ganis pour la victoire, et qui s'exerce convenablement,
cjni
peut
l'empcher de recevoir souA'entla fortune
la
coirronne triomphale? Les
mdecins de notre poque sont-ils donc ce point malti-aits par que toute espce de capacit et de volont leur ,
jiphorsmes I, 3 41 et particul. Jph.^ 8, 9 et 10.les
rgime dans'
^
maladies aigus, 4 6.et la suite
formment au contexte'
0(7. , vulg.
. /.
Voy.:
aussi le trait
Du
'.,
vulg. et ms, 2164.
Coray
lit
con-
du raisonnement
ms. 2164.
/.^lit,
oj,
,...
Coray;
parat
beaucoup plus en rapport avec
le contexte.
Le
texte ordinaire
une phrase fort embarrasse. J/v'.,.vulg. et ms. 2164. Coray propose avec raison^S^t
7.
'/.
Coray introduit ici une correction ingnieuse et phrase grecque beaucoup plus rgulire. vulg. et ms. 2164. Coray propose on lire 7:).:.
),
)
. . , vulg. et ms. 2164. , ... ce qui rend la,
/
cette leon
me
donne
peut-tre aussi pourrait;
4
QUE LE BON MDECIN EST PHILOSOPHE.l'exercice
manque pources qualits,
de
l'art ?
ou bien
s'ils
possdent une desaurait raisonna-
l'autre leur fait-elle dfaut ?
On ne
blement admettre qu'il ne se trouve de nos jours aucun homme possdant une capacit suffisante pour apprendre la mdecine, cet art si ami de l'homme car enfin le monde est aujourd'hui tel qu'il tait autrefois; il n'y a de drangement ni dans l'ordre des saisons, ni dans l'orbite que parcourt le soleil; les astres errants ou fixes n'ont subi aucun changement. Il est donc rationnel de penser que c'est cause du mauvais rgime dont on use main;
tenant, et cause de la prfrence que l'on accorde la richesse,
sur la vertu, que nous ne voyons plus notre poque de Phidias dans la sculpture, d'Apelles dans la peinture, et d'Hippoci'ate
dans la mdecine. Cependant, venir aprs les anciens, hriter des arts auxquels ils avaient fait faire tant de progrs, n'taient pas pour nous un mdiocre avantage. Il tait facile aprs avoir rapidement appris ce quHippocrate a mis un long espace de temps dcouvrir, de consacrer le reste de sa vie la poursuite de ce qu'il nous a laiss,
trouver encore. Celui qui estimeet qui
la richesse plus que la vertu, pour amasser de l'argent et non pour le bien de l'humanit, celui-l ne saurait tendre vers* le but que se propose la mdecine car il est des mdecins qui s'enrichisssent avant que nous-mmes nous ayons atteint le but vers lequel tend cet art. Il n'est certes pas possible, en effet, de convoiter la ri-
apprend son
art
,
chesse^ et, encet artsi
mmesi
temps, de cultiver dignements'attache avec ardeur l'une,
la
mdecine,
noble;
on
on ngligera
certainement
*
effet prfrable;
,
l'autre..
vulg. et ms. 2164.
Coray
lit
[atteindre)^ ce qui paratl'ai
mais
le texte
ordinaire tant la rigueur suffisant, je
en con-
serv dans*
ma
traduction.si
Ne
recherchez pas vos honorairesje
ce n'est dans le dsir de faciliter
les
moyens d'tudes;
mais considrez le gratuitement, prfrant un souvenir reconnaissant
vous exhorte ne pas montrer trop d'inhumanit; superflu et la vraie richesse ; soignez quelquefois les malades
un avantage
direct;
s'il
se
prsente une occasion de faire des largesses, donnez surtout l'tranger et au pauvre. Trait hippocratique, intitul: Prceptes,-^. 26, 1. 53, d. Fes.Salluste iCat, i) a dit:
Dh'itiarum
et
clara cvternaque habetur.
Voy.
form
glor'ia flitxa atqite
fragUis est; virtustrait
aussi dans
V Jppendice
le
chap. ix du
De
dignoscendis curandisque animi morbis
QUE LE BON MDECIN EST PHILOSOPHE. Pounions-nous, notre poque, citer un homme si,
f
dtach de
l'argent qu'il se contente de celui que rclament les hesoins indispensal^les du corps? Trouverait-on un homme qui pourrait non-seulement enseigner par ses discours mais dmontrer par la,
pratique, que la limite naturelle de la richesse est de n'avoir ni
faim, ni soif, ni froid?
S'il
se trouve
un
tel;
^lera les faveurs d'Artaxerce et de Perdiccas* jamaisdevantle
mdecin, il ddaiil ne paratra
quant au second il le traitera s'il souffre de quelque maladie qui rclame Fart dHippocrate mais il ne se croira pas ohhg de rester toujours auprs de lui, et se rendra Cranon, Thasos et dans d'autres bourgades, pour y soigner les pauvres. Il laissera Cos, auprs de ses concitoyens son gendrepremier;
,
;
,
PolybeGrce,
et ses auti-es disciples
;
quant
lui
,
il
parcourra toute la
car
il
lui faut crire sur la
nature des lieux. Afin donc
de
vrifieril
appris,
midi
,
soit
par sa propre exprience ce que le raisonnement lui a de^Ta ncessairement visiter les villes exposes soit au au nord , soit au levant , soit au couchant ; celles qui,
sont situes au fond d'une valle
et celles qui sont places sur
il parcourra aussi celles o l'on use soit d'eaux qui viennent de loin^, soit d'eaux de fontaines, soit d'eaux de pluie soit enfin d'eaux de marais ou de fleuves ; il ne ngligera
une hauteur;
,
pas de s'informer
si
l'on boit des,
chaudes , ou des eaux nitreusesd'auti^s espces analogues;il
eaux trs-froides ou des eaux ou ou des eaux alumineuses',
visitera les villes situes prs
d'un
grand fleuve, d'un marais, d'une montagne, de la mer; enfin, il tudiera toutes les autres circonstances dont Hippocrate nous a
Par une sorte de figure de rhtorique qui n'est pas sans lgance , Galien en lui proposant pour modle trace au mdecin la conduite qu'il doit suivre les principales actions qu'on attribue Hippocrate. Ce tableau n'a , on le sait^ aucune ralit historique, mais le point de vue moral est si lev qu'il serait de mauvais got de disputer ici Galien le moindre trait du rcit lgendaire. a/.Tarc, Ble, iray-xT';, Chart., -/.-.^ ms. 2l6i, Coray et Kuhn',
,
'*
-"
conformment au passage d'Hippocrate (Des
\
07.070.
....^
pourrait bien tre une trs-ancienne glose d'i-a/T07i. tait, non du salptre, mais de la soude brute. Voy. sur Quant aux eaux dites alumineuce point Harless dans Janus, t. I, p. 454 suiv.
Le
ntre des
/
-'. -/-,anciens
Airs, des
Eaux
et des
[/.
[
/,
/. ,
Lieux
9
}
:
ses,
il
faut les regarder
comme
tant des eaux ferrugineuses ainsi
que
je le
mon-
tre ailleurs (voy. la 2 dit. des
OEm'res choisies d'Hippocrate).
6galementseulement
QUE LE BON MDECIN EST PHILOSOPHE.instruits*.
De
faon qu'un
tel
mdecin mprisera nonle travail,
les richesses,
mais encore aimera
avec arclem\qui se gorgele dire
Comment
aimerait-il le travail celui qui s'enivre
d'aliments et se livre aux plaisirs de
Vnus
,
qui
,
pour
en
de ses penchants lubriques^. un mot, est l'esclave de son mdecin est ami de la temIl demeure donc tabli que le vrai prance et qu'il est en mme temps le disciple de la vrit il s'attache suivre la mthode rationnelle pour apprendre distinguer en combien de genres et d'espces se divisent les maladies,ventre et, ;
et saisir
cette
la
pour chaque cas les indications thrapeutiques. C'est mthode qui nous rvle la nature mme du corps, rsultant fois des lments premiers combins iiitgi-alement entre^
eux, des lments secondaires sensibles Jiomoiomres^ et des parties organiques. Quel est pour l'animal l'usage de chacune des choses que je viens d'numrer et quel est leur mode d'action? Comme ce sont des problmes qu'il ne faut pas tudier lgrement, mais qui rclament une dmonstration , on doit en demander la solution la mthode rationnelle. Que manque-t-il donc encore,
pour tre philosophe au mdecin qui cultive dignement l'art dHippocrate ' ? Pour connatre la nature du corps, les diffrences,
des maladies, les indications thrapeutiques, il doit tre exerc dans la science logique pour s'appliquer avec ardeur ces re;
cherches,
il
doit mpriser l'argent et pratiquer la temprance;les parties,
il
de la philosophie , la logique la n'est pas craindre, en effet, cpi'un physique et rthique. Il homme mprisant les richesses et pratiquant la temprance commette une action honteuse, car toutes les iniquits dont lespossde donc toutes
*
Galien rsume
ici
en quelques mots
les
prceptes donns par Hippocrate au
commencement de son immortel trait Des Airs, des Eaux et des Lieux. 2 Vov. dans V Appendice l'extrait du chapitre vi du trait De dignose: curandisque animi inorbis.'
Dans
la suite
de ce volume
j'aurai l'occasion
de revenir sur
le
sens
du
mot*
homoiomre.
L'auteur hippocratique du trait De:
lien
Il faut rallier la philosophie la
car
le
mdecin philosophe
est
avait dit bien avant Gala biensance mdecine et la mdecine la philosophie, gal un Dieu. L'union des deux sciences est trs,
importante pour l'une
et:
pour
l'autre
,
et
tout ce qui convient la philosopliie
s'applique la mdecine
dsintressement, modestie, etc.
,
QUE LE BON MDEaN EST PHILOSOPHE.hommesse
7
l'anH-nt, qui les sduit,
rendent coupables sont engendres par la passion de ou par la volupt, qui les captive. Ainsi len'est pas possible d'en possder
plillosopbe possde ncessairement les autres vertus, car toutes se
tiennent, et
il
une quelconque sans
que les autres suivent, comme si elles conunun. S'il est vrai que la philosophie soit ncessaire au mdecin et quand il commence Ttude de son art, et quand il se livre mdecin est philo la pratique, n'est-il pas vident que le je pense, d'tablir par une dsophe? Car il n'est pas besoin,
taient enchanes par un lien
ai
monstration
pour exercer honorablement la mdecine lorsqu'on voit que tant de gens cupides sont plutt des vendeurs de drogues que de vritables mdecins, etqu'il faut,
de la
pliilosopliie
pratiquent dans
un but
tout oppos celui vers lequel l'art doit
tendie naturellement.
Maintenant disputerez-vous sur les mots, draisonnerez-vous au point de dire, qu'tre matre de soi-mme, temprant et contcmptem- des richesses, constitue un mdecin honorable mais non pas
un pliilosophe que connatre;
la nature,
du corps,
les fonctions
des,
organes
,
les usages des parties
les diffrences
des maladies
les
indications thrapeutiques, ne s'acquiert pas par la pratique de la science logique? Ne rougissez-vous pas d'tre d'accord sur les choses et d'tre en dissension sur les noms? 11 vaut mieux mainte-
nant, quoiqu'un peu tard, vous montrer sage, ne plus disputer sur les mots comme un geai ou un corbeau, mais vous enqurir de lavrit des choses. Certes
vous n'oseriez pas dire qu'un tisserandouinrier sans apprentissage et,
ou un cordonnier peut devenir bonsans s'tre exerc,
mais qu'on peut tre tout coup sage juste habile dans la dialectic|ue et dans la connaissance de la nature sans matre et sans pratique. Si un pareil langage est impudent, et si l'autre appartient un homme qui dispute sur les mots et non surles choses
nous devons philosopher si nous sommes vraiment les et si nous agissons ainsi, rien ne nous empchera, non-seulement de lui ressembler, mais mme de lui,
disciples d'Hippocrate;
tre suprieiffset
,
en apprenant cequ'il n'avait
qu'il a
si
parfaitement enseign
en dcouvrant ce
pas encore trouv.
ILEXHORTATION A L'TUDE DES ARTSQue l'homme l'emporte sur les animaux par son aptitude Chapitre premier. Il cultive tous les arts qu'exercent in apprendre et exercer les arts. stinctivement les animaux, et, de plus, il est familier avec les arts divins.
Les animaux qu'on nomme sans raison n'ont-ils en partage aucune espce de raison? Cela n'est pas prouv; car s'ils ne jouissent pas de celle qui se traduit par la voix et qu'on appelle uerbale ,,
peut-tre participent-ils tous, les uns plus, les autres moins, la rai-
son psychique
et
qu'on
nomme
intime^
.
Toutefois
,
il
est vident
l'ont-ils
de ce trait n'est point correct dans les manuscrits, aussi les diteurs chang un peu arbitrairement. Les premiers textes, ceux qui drivent plus immdiatement des manuscrits (Aide et Froben suivis par Chartier) ont Morel a im*
Le
titre
prim
:
.
tion de Goulston, qui a retranch d'un ct et ajout d'un autre,
.(p.,
. . .on
.
Danslit:
l'di-
"
\ /.
.le
-
Willet, aprs avoir adopt
vulgaire, propose dans ses
Addenda
\
^.
14!)
de
le
changer en
.
titre
Quant
moi
,
je suis port croire
que que
la
mention de Mnodote dans le titre n'existait pas dans le texte primitif et c'est une addition des copistes, ainsi que j'ai cherch Ptahlir dans ma
prface.
Stociens
.... (
.,
Ces expressions drivent de la doctrine des ainsi que le dit Porphyre , De esii carninm),
proprement e verbe intrieur et le verbe extrieur, la raison ou lapa et le . ou la parole parle. C'est le que Musonius [An mulieribus quocpie philosophandum sit, d. Peerlkamp, Haarl., 1822, 8", p. 249), a dfini lorsqu'il a dit Les femmes coiiime les hommes ont reu des Dieux et le verbe extrieur dont nous nous servons dans nos rapports les uns avec les autres et le verbe intrieur l'aide duquel nous jugeonselles signifient
rle pense, la raison
:
de chaque chose
[Cum
rieur (conu en nous,
au dehorsIv ti
) ,si elle
est
bonne ou mauvaise,ii,
belle Il
Princip. philosoph. esse,
p. 777,
c) dit
:
ou honteuse. Plutarque y a deux verbes, l'un int;
c'est
un don du matre Mercureet sele
l'autre mis(o
,
il
remplit
" )...., :
le rle
de messager
manifeste l'aide des organes
du premier pour soi-mmet.
but de ces deux verbes, amiamiti du second pour un autre . Philon [Vit.L'amiti estf",
Mojs.^
III
,
p. 672 c, d. de 1640,il
p. 154)il
,
a trs-bien dvelopp cette
dfinition
quand
a dit
Dans l'homme
y a
le
verbe intrieur
et le
verbe
EXHORTATION A L'TUDE DES ARTS.quel'intelligence
,
9
de Ihonime
le
place beaucoup au-dessus des
autres animaux; cela est dmontr par le grand nombre d'arts qu'il cultive, et par son aptitude apprendre tous ceux qu'il veut,lui seul tant
capable de science.
En
effet, les
ques exceptions prs, n'exercent aucun
art;
animaux, quelencore, ceux qui le
font avec succs obissent-ils plutt un instinct naturel qu'
une dtermination rflchie*. Mais Ihomme n'est tranger aucun des arts propres aux animaux^ il imite la trame de;
extrieur le premier est comme une source; le second, qui est sonore en dcoule. Le sige du premier est la partie dirigeante de l'me celui du second est la langue, la bouche et tout l'appareil instrumental de la voix. Voy. aussi Porphyre De esu carnum , III ii o l'on trouve un passage qui a la plus grande analogie avec celui de Galien. On sait que ce philosophe concde aux animaux une espce de raison et une espce de langage. encore Wyttenbach, aa:;
(),
,
,
,
.
44 A et Galien, De usupart. I, 3. et trouvent leur quivalent en latin dans les m.ol&, ratio et oratio. Il est peu de problmes qui aient plus occup les espiits levs que celui de l'intelligence des animaux; mais l'tude exprimentale de ce problme date de nos jours; c'est le lsultat de cette tude que M. Flourens a fait connatre dans un petit volume [De Tinst. et de intelligence des animaux), qui est un modle de prcision, de bon got littraire et de bon sens philosophique. Ce travail est tout fait propre, si je ne me trompe, mettre fin la grande question sur Y me des btes. Seulement j'aurais souhait que M. Flourens en remontant aux origines mmes du dbat, et marqu la diffrence et les points de contact des systmes qui ont divis les philosophes et les naturalistes, et qu'il et rapproch ces systmes des thories physiologiques et psychologiques eu vigueur aux diverses poques de l'histoire. * Hippocrate a dit dans le mme sens [De alim., p. 382, 1. 35, d. Fos), phrase qui a t rapporte aux animaux par Galien dans plusieurs passages de ses livres. (Voy. les notes de Fos, p. 436, 1. 41.) On lit aussi dans Aristote [Natur. auscult., II, vm, 7) Les animaux ne font rien ni par art, ni en cherchant ni en tenant conseil; aussi quelques-uns demandentils, si c'est par l'intelligence , ou d'une autre manire que travaillent les araignes, les fourmis et les autres animaux semblables. ^ Il y a beaucoup de merveilles mais il n'y a rien de plus merveilleux quePlut.,
-'.
De
recta audiendi ratione, p,
;
'.=
,
',:
- '.;
,
,
1
homme
:
il
franchit la
mer
blanchissante pouss par les vents orageux de l'hi-
ver, et
au miUeu desla
flots
qui frmissent autour de son navireles
labourant aveclail
charrue promene en tous sens parles
chaque anne en chevaux il soulve;
Terre
,
suprieure tous
Dieux
,
ternelle et infatigable
industrieux
enlace et prend dans ses fdets tresss avec des cordes la race des oiseaux lgers, des btes fauves, et dans la mer celle des poissons ; par son adresse il triomphe
des animaux froces qui paissent sur
les
montagnes
,
il
contraint le cheval au
dOl'araigne;,
EXHORTATION A LTUDE DES ARTS.il
modle comme les abeilles; il peut s'exercer bien qu'il soit fait pour la marche * mais , de plus la nage l'homme n'est point impropre aux arts divins ; mule d'Esculape ^ il se livre la mdecine ; rival d'Apollon , il pratique en; , ,
cou charg d'une crinire , et le taureau indompt des montagnes recevoir le joug; il a t instruit dans la parole, dans la pense rapide comme le vent, et dans les sentiments qui dictent les lois tutelle des cits , il connat l'art de se protger contre les traits de la pluie et contre les rigueurs des frimas , incommodes pour ceux qui y sont exposs fertile en expdients il n'est au dpourvu pour rien de ce qui doit arriver Pluton est le seul qu'il ne sache pas viter, mais il a imagin des moyens d'chapper aux maladies difficiles gurir. Tel;
,
;
est le
magnifique tableau que Sophocle, dans son Antigone
du*
gnie et de la puissance de l'homme.
Dans son
trait
De
Soleii'ia
sage tablir que
Ihomme(,
n'est souvent
';
(v.
332 etsuiv.),
fait
,
Plutarque cherche en plus d'un pas-
qu'un imitateur des animaux
;
il
cite:
mme
en ces termes 20 p. 974 n) l'opinion de Dmocrite sur cette question Nous sommes vraiment ridicules de dire que les animaux apprennent quelque chose de nous; Dmocrite est d'avis, au contraire, que nous sommes leurs lves
nous imitons l'araigne en tissant et en dans nos chants, les oiseaux harmonieux comme le cygne et le rossignol. (Voy. Mullach, Democr. fragm. p. 413.) Plutarque ajoute encore quelques exemples tirs de la mdecine, et entre autres cette fameuse imitation de l'ibis pour les lavements ; mais dans toutes ces spculations il y a plus de fantaisie que de critique. D'abord les procds employs par les animaux sont souvent fort diffrents de ceux que l'homme met en pratique ; en second lieu il y a des arts, comme le chant par exemjjle , qui ne peuvent tre primitivement qu'un don naturel et non une imitation en troisime lieu c'est une vue historique trs-fausse et mme une sorte de purilit que d'assigner un temps dtermin telle ou telle pratique qui est sans doute aussi ancienne que le monde et dont l'homme n'a jamais t priv. Enfin se refuser admettre que l'homme a d recevoir, en puissance, du Crateur presque toutes les facults artistiques et que pour un grand nombre de points son ducation n'est pas faite sous l'influence des cironstances trangres sa propre nature c'est la fois rabaisser et mconnatre la condition humaine. ^ Auprs des anciens, Esculape passait pour avoir apport aux hommes la mdecine invente par son pre Apollon. On lit dans V Introduction ou le Mdeles
dans
travaux
les
plus importants
ravaudant; l'hirondelle en btissant,
et,
,
;
,
,
cin
(t.
XIV, chap.
I,
p. 674-5.:
Voy.
aussi Celse, Prom.), ouvrage qui figui-e
Esculape apprit d'abord la mdecine de son pre Apollon, et il l'enseigna ensuite aux hommes; c'est pourquoi on l'en regarde comme l'inventeur. Avant Esculape il n'y avait en effet sur la terre aucun art
parmi ceux de Galien
mdical
,
les
anciens avaient seulement une certaine exprience des mdicaments
et des plantes.
Dans Homre
{//.,
IV, 194
et
XI, bl7), Esculape
est
reprsent
eulement
comme un
mdecin Irrprochable , et dans
VBymne XVI ,
c'est le
mde-
EXHORTATION A L'TUDE DES ARTS.
11
mme temps que la mdecine,prside:
tous les autres arts auxquels ce dieutirer
c'est--dire celuiil
de
de Tare la musique et la divi,
nation*;
cultiveil
encore ceux auxquels prside chacune des
Muses ^
,
car,
n'est tranger ni l'astronomie ni la gomtrie.le dit
De
plus
comme
Pindare
,
son regard pntre dans la proles cieux'.
fondeur de
la terre, et s'lance
par del
cin des maladies quileurs.
charme puissamment
les
humains ,
et qui
calme
les cruelles
dou-
Esculape
est
un hros
participant de la nature des dieux et desla
hommes,
uneses
sorte d'incarnation d'Apollon, mais ce n'est pas l'inventeur defils
mdecine;
mdecins ou plutt les chirurgiens de l'arme des Grecs L'apothose d'Esculape date d'une poque heaucoup plus rcente; Pindare [Pyth., ]II, v. 6, d. Bergk) le nomme encore un hros ; mais dans le Serment d'Hippocrate il est plac ct des autres Dieux de l'Olympe.Podalire etsontles
Machaon
Dans
nulle part, dans ces pomes, la mdecine n'est reprsente,
pomes homriques notre art n'apparat pas comme trs-avanc, mais comme une invention rcente et , vrai dire , toutes les origines prcises donnes par les anciens ou par les modernes sont du domaine de la fable. Les premiers rudiments ou les germes des sciences et des arts se perdent dans la nuit des temps, et nous n'apercevons gure les uns ou les autres qu' leur tat d'closion ou d'efflorescence. L'historien au lieu de perdre son temps et son rudition rechercher quels sont les inventeurs de la mdecine doit se contenter de marquer la vritable place de ces prtendus inventeurs dans l'histoire et dans la mythologie et de mettre en lumire les plus anciens tmoignages positifs sur notre science ; U ne doit pas surtout s'arrter ces questions futiles de la prminence ou de la prexistence de l'une ou de l'autre des diverses branches de l'art de gurir. * Platon [Crat., p. 403 a) , outre qu'il reprsente Apollon comme inventeur de la musique , de la divination de la mdecine et de l'art de lancer les traits (voy. aussi Conviv., p. 197 a), fait une espce a''anagramme sur le mot Apollon, qu'il dcompose de faon y trouver les lments des mots qui signifient musique, mdecine, divination, art de lancer les fiches. C'est l un spcimen delles,,
science tymologique des anciens.
des Muses aux diverses poques, Heyne, Opusc. 309 sq. Miiller, Jrchol. d. Kunst, % 393, p. S32 et Vinet , notes du VII^ livre de V Histoire des religions, parCreuzer, trad. de M. Guignant, t. III, IP part., sect., p. 931 suiv. " C'est dans Platon {T/iet.,-p. 173 e) que nous trouvons ce fragment de Pindare, plusieurs foicit dans la suite, mais de diverses manires (voy. Bergk, dans Pindari fragm. incerta ; Poet lyrici grci, p. 294), pour montrer la supriorit de l'homme sur les animaux. Voyez aussi Cicron, De nat. Deor., II, 56. Dans^
Voy. surt.
les attributions;
acad.,
II, p.
*
le
Cratyle (p. 399 B-c), Platon trouve l'tymologie du mot homme , dans la facult de regarder, qui le distingue particulirement des animaux. Ce qu'ils nom Viomme signifie que les autres animaux n'examinent pas ce
&-,
()
42Enfin, par son
A L'TUDE DES ARTS.amour pour Ftude,.
il
s'est
acquis le plus grand
des biens clestes, la philosophie'^et
Aussi, pour tous ces motifs,
malgr
la participation des autres,
seul
().Chapitre
entre tous
est
animaux la raison, l'homme, donc appel par excellence raisonnable
ii.
tune.
Qu'il honteux Portrait deest
de ngliger
les arts
pour
s'attacher la For-
cette divinit inconstante et aveugle.
donc pas honteux de ngliger prcisment ce que nous commun avec les dieux ^, pour nous proccuper de toute autre chose et de mpiiser la culture des arts, pour nous attacher la Fortune ? Afin de dvoiler la perversit de ce gnie les anciens non contents de le reprsenter, soit en peinture soit en sculpture, sous les traits d'une femme (et cela tait dj un symbole assez significatif de draison* ), ont mis un gouvernailN'est-il
avons de
,
,
voient, ne raisonnent pas sur les objets qui frappent leurs yeux, ne les regardent
pas
( ).(v.oii
sur ce qu'il voit; c'est donc avec justice que V homme seul, parmi les autres ani-
maux, a t appel bon Pour former ce mot, il n'alabe
Van Lennep, Etymol. ling. g\-c , Lobeck, Paralip. ling. grc, p. 118; Soranus, De morbis muL, dit. Dietz, p. 90 (notez en passant que ce chapitre n'est certaiBien que la formation nement pas de Soranus, mais d'un auteur chrtien). d''vOp-o soit explique de diverses faons la signification radicale de ce motmologies d'vOp-o, Etymol. mag., i09, 16;dition E. Scheidius,siih
, ,5 ^ ).Mais l'homme, endroit
mme temps
qu'il voit,
regarde
et
raisonne
c'est--dire
qui regarde ce
qu'il voit.
;
fallu qu'ter
un
et reculer l'accent
de
la dernire syl-
Voyez, du reste, sur les diffrentes ty-
voce;
,
est'
nanmoins presque toujours ramene
celle
que Platon veut y trouver.
dans son beau langage , a t pour nous la source des plus grands avantages. C'est elle qui nous a donn le dsir de rechercher la natuie de l'univers, d'o est ne pour nous la philosophie, le plus
La vue,
mon
avis, dit Platon,
grand bien quelibralit des
la
race mortelle ait jamais reu
,
et
doive jamais recevoir de lale
Dieux. Je ne pouvais taire cet avantage de la vue,,
plus grand
ceux qu'elle nous procure. ( Tim., p. 47 a-b trad. de M. H, Martin.) Cicron a repris et paraphras cette pense de Platon dans plus d'un passage de ses uvres. (Voy. entre autres Tusc. qust., 1 ; Acad.^ 1, 2.) - Salluste [Cat., i) a dit : Nostra omnis vis in animo et corpore sita est;
de
animi imperio, corporis servitio magis utimur; alterum nobis
cum
Diis, alte-
rum cum'"
belluis
commune,
est.
Willet, par respect pour les femmes, tche dans ses notes (p. 6o) d'attnuer
la
duret
du mot
employ par Galien
:
'vo'.a,
dit-il
,
si
vera
sit lectio
,
EXHORTATION A L'ETUDE DES ARTS.dansses
13
ont plac un pidestal sphrique sous ses pieds , et ont recouvert ses yeux d un bandeau, voulant, par tous ces attri-
mains
,
nous montrer son instabilit*. De mme qu'au milieu d'une tempte, sur le point d'tre envelopps et engloutis par les Ilots, on commettrait une grande faute en confiant lebuts,-iolente
au sein des naufrages qui dans le cours de la vie, assaillent tant de familles, naufi^ages plus terribles encore que ceux des vaisseaux, en pleine mer, on se tromperait trangement ce me semble si dans les embarras extrmes dont on est alors environn on attendait son salut dunegouvernail ;
un aveugle
de
mme
,
,
,
,
divinit aveugle et instable.
La Fortune
est
si
stupide et
si
drai-
congruat
(doute plus galant que critique!) mitiori sensu accipiendum est, ut magis cum Virgiliano Varium et mutabile seniper ie, IV, 570):
(.
mina.
i\Iais la
on
sait
dans quel
tat d'abaissement social et
mestique,
femme
tait rduite
dans
l'antiquit.
de servitude doLes Flores sententiarum et,
bien d'autres
livres, sont
remplis d'pigrammes violentes contre la femme.
La
rhabilitation de cette plus belle partie
du genre humain par
le
christianisme
ne
l'a'
pas encore mise l'abri des plus injustes attaques.1851), est trac avec de
Sillg,
portrait de la Fortune et de ses adorateurs, par Pline (II, y, 7, texte de si vives couleurs, que je cde au plaisir de le mettre sous les yeux des lecteurs : Toto mundo et omnibus locis omnibusque
Le
horis
omnium
vocibus Fortuna sola iuvocatur ac nominatur, una accusaturcogitatur, sola laudatur, sola arguitur et
una agitur rea , una>
Car
distinction
du rang
quelque chose
,
ce doit tre
nels de la fomille
seulement nous rendre jaloux de suivre les exemples traditionquand nous dgnrons beaucoup de la vertu de nos anctres, ils doivent en prouver un grand dplaisir, s'il;
reste quelque sentiment
aux morts ^ et pour nous-mmes le dshonneur est d'autant plus grand que nous sommes d'une plus noble race*. Les hommes ignorants, mais d'une extraction tout fait obscure, ont au moins cet avantage que la multitude ne les;,
connat pas tels qu'ils sontdistinction de l'origine
;
lorsqu'au contraire l'illustration et lase tenir cachs,
ne permettent pas decette condition,
que doit-on esprer de honneur ?
si
ce n'est l'clat du ds-
Ceux qui se montrent indignes de leurs anctres ont droit moins d'indulgence que les autiTs si donc un homme pervers se vante de sa naissance, il rend par cela mme ses mfaits d'autant plus impardonnables. En effet pour juger les gens du commun nous n'avons ni les mmes preuves ni la mme pierre de touche que pour les personnes d'une illustre ligne.; ,,
* Hriter de la renomme de ses pres est un beau et trs-prcieux trsor mais dpenser ce trsor de richesses et de gloire , faute de l'avoir augment par;
ses
propres ressources,
descendants
Platon, Mener., p. 247 b. Plus haut, dans le mme Dialogue (p. 247 a), Platon dit encore Que vos premiers , que vos derniers efforts , que toute votre ardeur tendent donc tou-
c'est
et par sa propre illustration honteux et indigne d'un homme.
,
ne pas
le
transmettre ses
jours et de toute manire*
( - -^ 7: -;)et
:
lever votre
gloire au-dessus de la ntre et de celle de vos anctres.
Mnexne de Platon (p. 248 b-c) une phrase presque toute semaux morts quelques sentiments pour les vivants , nous prouverons surtout un grand dplaisir de savoir que nos parents se tourmentent et gmissent de leur sort; nous nous rjouirons au contraire de les voir suplit
On
dans
le
blable
:
S'il reste
porter leur malheur avec rsignation
modration.
,
Majorum
gloria posteris
esse patitur. (Salluste,
neque bona Jugurtha, lxxxv.)est,
lumen
neque
iiiala in occultis
22
EXHORTATION A L'TUDE DES ARTS.
Si les premiers sont des
hommes mdiocres
,
nous
le leur
par-
donnons volontiersleur origine;
trouvant une excuse dans la bassesse de , mais nous ne faisons aucun cas des nobles , s'ils ne
se rendent pas dignes de leurs anctres, lors
mme
qu'ils se dis-
tingueraient beaucoup du vulgaire. Il faut donc qu'un homme sens apprenne un art*; s'il est de bonne famille, cet art ne lefera pas droger; etil
s'il
n'apporte pas le privilge del naissance,,
commencera
sa race
imitant en cela le vieux:
Thmistocle.,
Commedit-il
on Uii reprochait sa naissance Je commence rponune race pour ceux qui me suivront ; la mienne commen, on ne cera avec moi; la vtre finira avec vous^. Mais voyez Anacharsis ni l'admiration, ni le nom de sage ^ refuse au Scythe:
bien
qu'il soit
barbare d'origine.
Comme un:
jour on lui faisait
affiOut de sa qualit de Scythe et de barbarepondit-il, estta patrie*,
Ma
patrie
,
r-
une honte pour moi, mais
toi tu es
une honte pour
rduisant ainsi compltement au silence
un homme
qui ne mritait aucune considration, et qui ne pouvait se recommander que de son pays. Quand on examine les choses avecattention,
on reconnat que ce ne sont pas,
les villes qui font la les citoyens
gloire des citoyens
mais au contraire que ce sontarts qui font l'illustration
verss dans la culture destrie.
de leur pasi
D'o vient, en
effet, la
renomne de
Stagire,
ce n'est
'
C'est
peu prs
la thse
Galien s'arrte aux arts proprement
soutenue par Rousseau dans son Emile. Seulement dits, et Rousseau descend jusqu'aux mtiers.
(,{
2
On
ne sait d'o Galien a tir ce trait de Thmistocle ; toutefois Hrodote cxxv), Platon (De RepuM.^ I, p. 429 e), et d'autres auteurs racontent:
quelque chose d'analogue
Comme un,
certain
Timodme d'Aphidn,
disait
Thmistocle
qu'il avait t:
sa qualit d'Athnienle
vrai rpondit celui-ci , si j'tais de Belbinte ne recevrais pas de tels honneurs des Spartiates Stobce mais, toi, tu n'en recevrais pas lors mme que tu serais Athnien. (Floril.. tit. Lxxxvi, n 15, p. 493) et Plutarque [Jpophth., p. 187 b) prtent Iphicrate tout ou partie de la rponse qui est mise par Galien dans la bouche deIl est
)
honor
Lacdmone non pour lui-mme mais en,
du
golfe Salonique
je
Thmistocle.la
Du
reste Cornlius
Npos
et
Plutarque ne sont pas d'accord sur,
noblesse de la famille de ce grand capitaine
et
on n'a aucun moyen detit.
savoir lequel des deux a raison.5
p. 493,
Dans \oy. Diog. Laert., I, vm, 5. le mot est d'un tour moins heureux non de murs, aurait rpondu Anacharsis.
Stoh., F/oril.,:
lxxxvi, n" 16,
Je suis Scylhe de nation, mais
EXHORTATION A L'TUDE DES ARTS.d'Aristote; et celle de Soli,si
23
ce n'est d'Aratus et de Clnysippe*?si
Pourquoi
le
nom
d'Athnes s'tend-il
loin,
?
Ce
n'est certes point
de son territoiie car le sol y est maigre ; mais cela tient au grand nombre d'hommes suprieurs que cette yille a vus natre, et qui ont partag avec elle l'clat de leur refertilit
cause de la
nomme. Voussi
apprcierez toute la justesse de cette rflexion,la qualit
vous vous rappelez que
d'Athniens n'a servi Hyper-
bole et Clon^ qu' rendre leur perversit plus vidente.
Autrefois
on
appelait les Botiens poiwceaiix^ ,
Dithjr. fragm.^ 52, d. Bergk.dit
Pindare
;
et ailleurs
:
[Ene, excite tes compagnons
]
montrer que nous ne m',
ritons plus le
renom de pourceau
botieu
Olymp.^ VI, 90, d. Bergk.pensant avoir, par son talent potique , effac en quelque sorte reproche d'ignorance attach toute une nation.le
Aratus
est
l'astronome fameux dont
il
nous
reste quelques ouvrages, et
Clirysippe est le philosophe stocien disciple de Zenon et successeur de Clanthe.*
chass de la ville,qu'il
Thucydide (VIII, lxxiu) dit de cet Hyperbole que c'tait un mauvais citoyen non parce qu'on le redoutait, mais cause du dshonneur
y
causait par sa perversit. Aristophane le
nomme(III,
souvent avec mpris
et
tout le
monde
tait
anim du
mme
sentiment contre cet
homme;
dprav. Leet xxii)
dmagogue Clon est galement fltri par Thucydide etpar Aristophane; Plutarque [De curios.) l'appelle de ridicule).
xxxvi
IV, xxi
[bafou^ couvert
Onde
sait
que
la grossiret, l'ignorance et la voracit des Botiens sont res-
tes proverbiales.traits satiriques
Les auteurs de l'antiquitcontreles
,
potes ou prosateiu-s, sont remplis
habitants de cette partie de la Grce peu favorise,
du reste, par la nature. Horace [Epist. II, i, v, 244) ne croit pas mieux pouvoir peindre un jeune homme stupide que par ce trait:
Bceotum crasso jurares are natum.
Voy.
aussi
Gataker [Adv. mise, posth.,
col.
S49
suiv.).
Pour mieux iaire comprendre le sens de la citation de Pindare, j'ai ajout entre crochets une partie du membre de phrase qui prcde cette citation. Ene est , suivant le scoUaste , un matre de chur attach Pindare.
24
EXHORTATION A L'TUDE DES ARTS.
Sentiment des potes et des lgislateurs sur les nvantages Chapitre viii. Trait de Diogne qui confirme ce sentiment. purement corporels.
Le,
lgislateur d'Athnes
,
Solon
,
est peut-tre
digne d'loges
pour avoir affranchi le fils, auquel son pre n'aurait appris aucun * Comme ^ les arts art du soin de le nourrir dans sa vieillesse s'exercent surtout l'poque o le corps est dans son clat, il arrive beaucoup de jeunes gens dous d'une beaut remarquable, de et d tre obligs plus tard mais no-li3-er la culture de leur me. , ,
quand
cela
ne leur
sert plus rien,
de rpter avec
le
pote!
:
Puisse la
beaut qui m'a perdu prir misrablement*
Ils se
rappellent alors la pense de Solon qui recommandait deils
considrer surtout la fin dans la vie*;
jettent la vieillesse
une
maldiction qu'ils mritentvers d'EuripideII:
,
et
ils
reconnaissent la vrit de ces
n'est pas sr
de possder une beaut qui dpasse
la
beauj
ordinaire.
Fragm. incert.^ 983, 156, d. Dind., Oxon., 1851. comparant la beaut des jeunes gens aux fleurs du printemps, savoir que ses charmes ont peu de dure % et reconnatre la justesse de ces vers de la LesbienneIl
faut
,
:
aussi qu' Sparte
Voy. Plutarque, Vit. Solon, xxn p. 197 (t. I, p. 360, d. R.), il parat Lycurgue avait priv des droits de citoyens les pres qui ngli,
geaient l'ducation de leurs enfants.*
Tout
ce
membre de
phrase, ole
il
est fait
une
allusion dtourne
un
vice
infme, se lie assez mal avec
le rattacher; ce n'est point,
commencement du en effet, quand la
chapitre auquel Willet a voulufaute vient des enfants, mais
quandici
elle
vient des parents, que la loi de Solon, trs-contestable
du
reste
dans
son principe, doit recevoir son application. quelque altration ou mutilation,le
On
doit admettre que le texte a subi
et sparer lele
membre de phrase en
litige
de
ce quices^
prcde pour:
le
runir par
raisonnement celui qui commence par
mots
Ils se
rappellent alors....et
Wyltenbach
Willet regardent ces versles vois
comme
appartenant une tragdie
indtermine d'Euripide, mais je nelection des fragments de ce poten'est pas,
point fgur< r dans la dernire colil
donne
Oxford en ISol par G. Dindorf;
du
tout certain qu'ils doivent lui tre rapports.,
que nous savons de ce prcepte de Solon. Bergk dans son a nglig de relever ce passage. Des omissions analogues se remarquent pour Pindai'e et pour d'autres potes. * Thocrite, dans ses Idylles (XXIII, 28), a exprim cette ide avec sa grce* C'est tout ce
dition des potes lyriques
,
,
EXHORTATION A L'TUDE DES ARTS.
25
Celui qui est beau, ne
1
est
qu autant qu'on
le
regarde. Celui
qui est bon, sera toujours beau.
Sappho, fragm. 102, d. Bergk.
On
doit aussi en croire Solon qui exprime le
mme
sentiment.
Pour recevoir la vieillesse qui nous dresse des embches comme une funeste tempte il ne faut pas seulement prparer une chaussme et des vtements mais une maison commode et mille autres, ,
objets
,
imitant en cela le nautonier expriment qui se prcau*.
tionne de loin contre Torage
Car ce mot
est dsolant
:
L'insens connat le mal
quand
il
est
amv.
Enfin, dites quoi peut servir chez
un jeune
homme
la
beaut
qui n'est accompagne d'aucun talent. Est-ce pour la guerre?"
Mais on
lui
opposera avec raison ces paroles
:
Livrez-vous aux dlicieuses occupations du mariage.Iliade,
V, 249.aux travaux
Demeurez dans votre maison, pour vous y
livrer
qui vous conviennent.
Iliade, VI, 490.les
Nire
le
plus beau des Grecs qui vinrent sousil
mursle
d'Ilion....;
mais
n'tait pas brave.
Iliade, II, 180-2.
Homre ne parle qu'une seule fois de nombrement des vaisseaux, pour montrer,lit
ce Nirece
,
dans
d-
me
semble, Tinuti,
des
hommes
qui sont dous d'une trs-grande beaut
lors-
ordinaire
:
La
rose est belle, mais le temps laelle vieillit vite; le lis est
fltrit; la violetteil
est belleil
printemps, maisla
blanc, maiselle
se fltrit
quand
au tombe;
beaut des jeunes gens
est belle,
mais
dure peu.
vertu parfaite et une conduite parfaite sont ncessaires, dit Aristote [Ethic. N'ichom., 1, (ix), g 10 et H), car il arrive dans la vie beaucoup de
Une
changementsjeunesse,
et d'infortunes , et il est possible que l'homme heureux dans sa prouve de grandes adversits dans sa vieillesse, comme on le raconte de Priam dans les vers hroques. ^ A quoi te serviront dit Hector Paris, et la h-re et les dons de Vnus,,
,
,
et ta chevelure
,
et ta belle
apparence
combats?
Iliade,
IH, 54.
Voy.
,
quand
tu rouleras dans la poussire des
aussi Ovid., Hruid.,
XVII, 25!
:
Quod bene
te jautas et fortia facta recenses
Averbis facis dissidet ista tuis. Apta magis Veneri, quam sunt tua coqjora Marti.Bella grant fortes; tu, Pari, semper
ama.
26qu'il leur
EXHORTATION A L'TUDE DES ARTS.manquetout ce qui sert la pratique de la vie*.
La
beaut n'est pasquelqueset siu-
mme un moyen
de
s'enricliir,
quoi qu'en disent
hommes pervers; car on retire un gain honnte, glorieux de l'exercice d'une profession ; mais celui que rapporte le trafic de son corps et de sa beaut est infme et tout fait rprhensible. Le jeune homme doit donc se conformer cet an,
cien prcepte
^
:
Qu'il se regarde au miroir, et
beau visage,bite dans
qu'il s'efforcequ'il
son corps, persuadforme,qu'il
s'il est dou d'un de mettre son me en harmonie avec est absurde qu'une me dshounte ha-
s'il trouve, au contraire, son corps difcherche avec d'autant plus de soin orner son me, afin de pouvoir dire aA^ec Homre:
un beau corps;
peut tre infrieur en beaut, mais un Dieu orne sa laideur par les dons de l'loquence on se tourne vers lui , on le regarde avec attention ; il parle avec assurance et avec une;
Un homme
aimable modestieparcourt ladivinit.
;
il
brillele
ville
,
on
au miUeu de l'assemble et quand il contemple avec admiration comme une Odysse, VIII, 169-173.,
De tout ce qui vient d'tre dit, il rsulte videmment pour ceux qui n'ont pas perdu tout fait la raison qu'il ne faut se prvaloir ni de la naissance ni de la richesse ni de la beaut pour nghger la culture des arts. Ce qui prcde suffirait mais je trouve mieux d'y ajouter une, , ,;
*
La beaut,
et la force
du corps, quandfait
lche et vicieuse
sont tout les
vidence celui quip. 2i6 E.
possde
et
sont le partage d'une me ne font que mettre plus eu signaler davantage sa lchet. Platon, Menex.,elles
dplaces
;
elles
porte en ces termes
de Socrate. Plutarque (Prcept. conjug., p. 141 d) le rapSocrate ordonne aux jeunes gens de se regarder au miroir, afin de s'embellir par la vertu s'ils sont laids et s'ils sont beaux de ne pas souiller leur beaut par les vices. Voy. aussi Diog. de Laert., II, v, 16. Phdre (III, 7) a mis cette pense en apologue. Le prcepte de Socrate tait^
Ce prcepte
est
:
et
si
connu dans
l'antiquit
que Galien
Vc'ov,
par ces motset
Prcepto monitus. Snqae, dans ses Questions naturel/es, I, xrx, a galement paraphras l'apophthegme de Socrate sans nommer ce philosophe,:
.,
,
,
dit
,
sans nommer l'auteur De mme, Phdre commence:
sa fable
il
ajoute que les miroirs ont t invents pour que
rhomme
se
connt mieux.
,
A L'TUDE DES ARTS.excellente et dernire confirmation,
27
en racontant
le trait suivant
de Diogne
*
:
Mangeant un jour
cliez
un homme dont Tameublement
tait
parfaitement dispos, mais qui n'avait pris aucun soin de lui-
mme,
il
toussalui,
autom de
il
comme pour cracher, et, promenant ses yeux ne cracha sur aucun des objets avoisinants mais,
sur son hte lui-mme
;
commeet lui
celui-ci lui reprochait avec indi:
gnation sa grossiret
,
rien vu, dit-il, dans cettela:
Je n'ai en demandait la cause chambre, d'aussi sale que le matre de;
maison les murs sont orns de belles peintures le pav est form d'une mosaque de grande valeur, qui reprsente les images des Dieux; tous les ustensiles sont brillants et propres; les tapis et le lit sont merveilleusement travaills; je n'ai vu de sale que le matre de toutes ces choses or, la coutume gnrale est de cra;
cher
siu"
ce qu'il y a de plus abject.
Jeunedessus!
homme
,
gardez-vous donc de mriter qu'on vous crache
vitez cette
marque d'infamie
,
quand
mme
tout votre
entourage serait magnifique. Il est rare, sans doute, qu'un mme homme runisse tous les avantages : naissance, fortune et beaut ;
mais
si cela vous arrivait, ne serait-il pas dplorable que vous seul, au milieu de tant de splendeur, soyez digne de recevoir un crachat?
Chapitre ix. duire par les.
ne Exhortation aux jeunes gens pour ou mprisables. L'auteur cherclie aussiqu'ils
se laissent pas s-
arts inutiles
les pr-
munir contre la faveur publique qui s'attache la profession d'athltes. Que l'homme tient la fois des Dieux et des brutes, et qu'il doit s'efforcer de se On ne mrite pas les honneurs divins rapprocher surtout des premiers. pour avoir gagn le prix de l'adresse ou de la force, mais par la science.
Courage jeunes gens qui vous disposez apprendre un, ,
,
aprs avoir entenduart!
mes
paroles
Mais prenez garde de vous laisser sduire par un imposteur ou un charlatan qui vous enseignerait une profession inutile ou mprisable. Sachez, en effet ,^ quetoute occupation qui n'a pas
un but
utile
dans
la vie, n'est pas
un
' Diogne de Laerte coup moins de dtails.
(
"VI, n, 6,
32
)
,
raconte aussi ceil
trait
,
Ailleurs (II, viii, 4, 75)
attribue Aristippe
mais avec beauune con-
duite semblable.
28art*.
EXHORTATION A L'TUDE DES ARTS.Quant auxautres occupations, vous savez par,
vous-mmes,,
j'en suis
persuad
qu'il
ne faut point par exemple,
appeler
un
art, ni ce talent
qui consi