23
Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux programmes de troisième (2012) 1)Anciens et nouveaux programmes: une nouvelle vision?

Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux programmes de troisième (2012)

1)Anciens et nouveaux programmes: une nouvelle vision?

Page 2: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Anciens programmes: 1914-1945: guerres, démocratie, totalitarisme, la Première guerre mondiale et ses conséquences 4 à 5 h

Nouveaux programmes: Guerres mondiales et régimes totalitaires (1914-1945), la Première guerre mondiale, vers une guerre totale 3 à 4 h

Situer chronologiquement les plus grandes phasesCaractère total (économie, société, culture)souffrances des soldatsdifficultés des populations

Bilan incluant 1917 et vague révolutionnaire

Documents:carte Europe et monde en 14, extraits du traité de Versailles, roman ou témoignage

Repères:Août 14; 1917, 11 novembre 1918

La première guerre mondiale bouleverse les états et les sociétés (Problématique)Présentation succinte des trois grandes phases de la guerreElle est caractérisée par une violence de masseDeux exemples: la guerre des tranchées (Verdun), le génocide des Arméniens

Avec la Révolution russe, elle engendre une vague de révolutions en EuropeElle se conclut par des traités qui dessinent une nouvelle carte de l'Europe, source de tensions Etude de la nouvelle carte de l'Europe (points de tensions importants)Appui: présentation de personnages et d'événements significatifs

Repères/capacités (du socle/DNB)

Connaître et utiliser les repères:-1914-1918, 1916, 11 novembre 1918; 1917-La carte de l'Europe au lendemain des traités

Décrire et expliquer la guerre des tranchées et le génocide arménien comme des manifestations de la violence de masse

Page 3: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Une double évolution:

a) Historiographique. Ont été examinés successivement:-Les enjeux militaires et diplomatiques: étude des relations internationales, surtout franco-allemandes (origines du conflit, responsabilités, analyse des traités)-La dimension économique et sociale: buts de guerre, soldats et civils, guerre totale, lien avec les révolutions-La dimension culturelle: expérience combattante, violence de masse, souffrance des familles, deuil...(nouveaux programmes)

b) Dans les programmes de l'école primaire au lycée:

CM2La violence du XXème siècle : - les deux conflits mondiaux ; - l’extermination des Juifs et des Tziganes par les nazis : un crime contre l’humanité. 1916 : bataille de Verdun ; Clemenceau ; 11 novembre 1918 : armistice de la Grande Guerre

Nouveaux programmes premièresGuerres mondiales et espoirs de paix, la Première Guerre mondiale: l'expérience combattante dans une guerre totale

Page 4: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Au collège1) Ce que les élèves doivent savoir (en rouge et en gras dans le tableau)

2) Les choix:

- Tenir le temps !

- Verdun comme entrée

- Préparer le nouveau brevet “socle” (Etude de document et rédaction d'une réponse construite)

3) Place dans la programmation:Deux possibilités- Premier cours d'histoire de l'année, ouverture du programme (Partie 1 reportée en fin d'année car permettant des révisions et de replacer des évolutions dans leurs contextes.) - Ou présentation au moment du 11 novembre (partie 1, géo ou/et éducation civique à faire avant)

4) Questions:Peut-on aborder 14-18 sans en indiquer aucune “cause”? Peut-on se passer de la carte du monde et de l'Europe en 14?Peut-on entrer dans le thème directement par la guerre des tranchées?Que faire du génocide arménien?

Page 5: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

2) Proposition de séquence

Page 6: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Document d'accroche

Identifier: nature, date

Sens: mobilisation générale (de qui? Armée de terre, armée de mer, troupes coloniales)

Expliquer: le service militaire (tous les hommes potentiellement mobilisables: 3,6 millions en France dès 1914)Vers la guerre totale dans laquelle tout le monde et tous les domaines de la société sont concernés

Planter le décor: durée des combats, quels adversaires....

Doit-on remonter aux origines de la guerre?Si oui, raconter à partir des cartes «classiques» de l'Europe et du monde en 14 et écrire une introduction succincte: l'Europe domine le monde mais est divisée. Exemple de l'Alsace Lorraine (rappels 4°), les alliances (qui permettent de montrer les différents adversaires); l'étincelle et l'engrenage des alliances.

Page 7: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

La première guerre mondiale: vers une guerre totale (1914-1918)

Pourquoi la Première guerre mondiale a-t-elle bouleversé les états et les sociétés?

(Une guerre = des combats et des batailles: comment se déroulent les combats?)

DNB/SOCLE: – Capacité de travailler sur un document en relation avec un thème du programme

d'histoire– aptitude du candidat à rédiger un développement construit, fondé sur les capacités à

décrire et expliquer

Les lettres de soldats de 14-18 (1ère heure)

Page 8: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Extraits de lettres de Gaston Biron, 21ème bataillon de chasseurs à pied, interprète, fils de commerçants parisiens, 29 ans en 1914, mort le 11 septembre 1916 des suites de ses blessures.

Extrait d'une lettre de Christian Bordeching, lieutenant dans l'armée allemande, fils d'agriculteurs, étudiant en architecture, mort à 24 ans sur le front le 20 avril 1917 ( Lettre à sa soeur Hanna).

Samedi 25 mars 1916 (après Verdun)

Ma chère mèrePar quel miracle suis-je sorti vivant de cet enfer, je me demande encore bien des fois s'il est vrai que je suis encore vivant; pense donc, nous sommes montés mille deux cents et nous sommes redescendus trois cents; pourquoi suis-je de ces trois cents qui ont eu la chance de s'en tirer, je n'en sais rien, pourtant, j'aurais dû être tué cent fois, et à chaque minute, pendant ces huit longs jours, j'ai cru ma dernière heure arrivée....Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert....A la souffrance morale de croire à chaque instant la mort nous surprendre viennent s'ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir: huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au milieu d'un charnier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille....Nous portons dans notre coeur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun du 5 au 12 mars.... Tu as raison de prier pour moi...et moi-même quand les obus tombaient autour de moi, je murmurais les prières que j'ai apprises quand j'étais tout petit....Ton fils qui te chérit et t'embrasse un million de fois.Gaston

Mardi 18 avrilNous sommes toujours à l'arrière dans le camp de Chalons où le bataillon se reforme et nous avons bien besoin de ce repos, car les quinze jours que nous avons passés à Verdun nous ont plus fatigués et démoralisés que 6 mois de guerre des tranchées....Tu le comprendras, ma chère mère, il est presque impossible dans cette guerre interminable de sortir indemne pour celui qui est continuellement exposé.... J'attends simplement mon tour sans peur et je ne demande à la providence qu'une chose, c'est de m'accorder cette dernière grâce: la mort plutôt qu'une horrible infirmité, conséquence de ces terribles blessures dont nous sommes témoins tous les jours....Mais que veux-tu, ma chère mère, la mort ne choisit pas, et quand on se trouve en pleine bataille, que le feu fait rage autour de soi, combien et combien qui tombent et qui comme moi, n'ont rien fait pour mériter la mort...Gaston

21 mai 1916

10 jours sur la colline 304 (du 11 au 21 mai)A gauche se dessine "l'homme mort" et à droite la "colline 304".... La position de batteries allemandes se situe avant l'étang de Forges, où commence, derrière, l'enfer de 304. Je ne dis pas enfer à tort car c'est ici que commence le royaume des tirs de barrage. Des odeurs de cadavres qui n'ont pas encore pu être enterrés s'élèvent des anciennes tranchées françaises. Du matériel de grande valeur a été laissé à l'abandon sur tout le chemin, des armes, des munitions, de la nourriture, des masques à gaz, du barbelé, des grenades et autres machines de guerre. Les dernières étendues d'herbe sont déjà bien loin derrière nous, on ne voit plus qu'un désert entièrement et violemment labouré par les grenades. Les cratères les uns contre les autres témoignent de l'horreur des tirs d'artillerie allemands qui nous ont précédé et des actuels tirs de barrage français. Si l'on a passé la zone la plus dangereuse de la colline au pas de course, on peut traverser sans être vu le flanc nord un peu moins bombardé, jusqu'à notre position. Le sommet lui-même est pour l'instant un terrain neutre, c'est un plateau de cent mètres de long. Si tout va bien, quelques-uns de nos pionniers se sont faufilés et ont creusé des tranchées et installé des barbelés.... Pour ce qui est de dormir ou de manger, ce n'est même pas la peine d'y penser. Il faut suppoprter les privations. La colline elle-même était à l'origine en partie boisée et n'en laisse plus que paraître quelques troncs noirs, il n'y a plus aucune feuille verte ni brin d'herbe....Il y a une trève, un événement rare qui nous permet d'admirer la belle vue bien au delà de la multitude des tombes, des villages détruits de Malencourt et Béthoncourt, et nous regardons les avions qui se battent au dessus de nos têtes, ce qui arrive rarement....Quand vient le vent du nord avec son épouvantable odeur de putréfaction ou avec la puanteur des grenades de soufre et de phosphore et quand le feu de batterie reprend, nos nerfs sont mis à rude épreuve ce qui nous déclenche des états de désespoir. Les moments les plus tendus sont à la tombée de la nuit, où l'on redoute le plus une attaque. Le 18 août, tôt le matin, les français ont attaqué le régiment voisin mais n'ont pas été vainqueurs. Le régiment 24 voisin est venu à la rescousse de ses camarades qui en furent plus que reconnaissants. Au soir nous avons attaqué nos adversaires pour améliorer notre position. Ce ne fut pas une réussite totale mais nous n'avons pas eu non plus de grandes pertes. Nos adversiares étaient arrivés depuis peu, des soldats algériens qui se sont défendus coriacement....

Page 9: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

(possibilité de faire souligner de couleurs différentes les questions 3, 4, 5)

1) Identifier le document: nature, dates, auteurs, lieux évoqués2) Qui sont les adversaires? Où sont-ils positionnés (un mot dans les deux textes)?

Décrire:3) Montre l'importance du nombre des VICTIMES lors de cette bataille en relevant des chiffres, des mots, des expressions.

4) Montre l'importance des DESTRUCTIONS.

Expliquer:5) Explique pourquoi ce nombre de victimes et ces destructions sont si importants en relevant les ARMES utilisées et les manières de combattre.

6) De quoi les auteurs semblent-ils avoir le plus peur? Tous deux qualifient ce qu'ils vivent par le même terme: lequel?

1916 VERDUN

Français, Allemands, Algériens TRANCHEES

CADAVRES, CHARNIER, 900 morts en 7 jours pour un bataillon, Combien et combien qui tombent, odeur de putréfaction

DESERT, Plus aucune feuille verte ni brin d'herbes, troncs calcinés, villages détruit, violemment labouré par les grenades,CRATERES.

OBUS, masques à GAZ, grenades, TIRS D'ARTILLERIE, bombardé, avions, feu de batterie, tirs de barrage, attaques.

Bombardements et blessuresL'ENFER

Page 10: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Lettres de Gaston Biron, 21ème bataillon de chasseurs à pied, interprète, fils de commerçants parisiens, 29 ans en 1914, mort le 11 septembre 1916 des suites de ses blessures.

Lettre de Christian Bordeching, lieutenant dans l'armée allemande, fils d'agriculteurs, étudiant en architecture, mort à 24 ans sur le front le 20 avril 1917 ( Lettre à sa soeur Hanna).

Samedi 25 mars 1916 (après Verdun)

Ma chère mèrePar quel miracle suis-je sorti vivant de cet enfer, je me demande encore bien des fois s'il est vrai que je suis encore vivant; pense donc, nous sommes montés mille deux cents et nous sommes redescendus trois cents; pourquoi suis-je de ces trois cents qui ont eu la chance de s'en tirer, je n'en sais rien, pourtant, j'aurais dû être tué cent fois, et à chaque minute, pendant ces huit longs jours, j'ai cru ma dernière heure arrivée....Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert....A la souffrance morale de croire à chaque instant la mort nous surprendre viennent s'ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir: huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au milieu d'un charnier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille....Nous portons dans notre coeur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun du 5 au 12 mars.... Tu as raison de prier pour moi...et moi-même quand les obus tombaient autour de moi, je murmurais les prières que j'ai apprises quand j'étais tout petit....Ton fils qui te chérit et t'embrasse un million de fois.Gaston

Mardi 18 avrilNous sommes toujours à l'arrière dans le camp de Chalons où le bataillon se reforme et nous avons bien besoin de ce repos, car les quinze jours que nous avons passés à Verdun nous ont plus fatigués et démoralisés que 6 mois de guerre des tranchées....Tu le comprendras, ma chère mère, il est presque impossible dans cette guerre interminable de sortir indemne pour celui qui est continuellement exposé.... J'attends simplement mon tour sans peur et je ne demande à la providence qu'une chose, c'est de m'accorder cette dernière grâce: la mort plutôt qu'une horrible infirmité, conséquence de ces terribles blessures dont nous sommes témoins tous les jours....Mais que veux-tu, ma chère mère, la mort ne choisit pas, et quand on se trouve en pleine bataille, que le feu fait rage autour de soi, combien et combien qui tombent et qui comme moi, n'ont rien fait pour mériter la mort...Gaston

21 mai 1916

10 jours sur la colline 304 (du 11 au 21 mai)A gauche se dessine "l'homme mort" et à droite la "colline 304".... La position de batteries allemandes se situe avant l'étang de Forges, où commence, derrière, l'enfer de 304. Je ne dis pas enfer à tort car c'est ici que commence le royaume des tirs de barrage. Des odeurs de cadavres qui n'ont pas encore pu être enterrés s'élèvent des anciennes tranchées françaises. Du matériel de grande valeur a été laissé à l'abandon sur tout le chemin, des armes, des munitions, de la nourriture, des masques à gaz, du barbelé, des grenades et autres machines de guerre. Les dernières étendues d'herbe sont déjà bien loin derrière nous, on ne voit plus qu'un désert entièrement et violemment labouré par les grenades. Les cratères les uns contre les autres témoignent de l'horreur des tirs d'artillerie allemands qui nous ont précédé et des actuels tirs de barrage français. Si l'on a passé la zone la plus dangereuse de la colline au pas de course, on peut traverser sans être vu le flanc nord un peu moins bombardé, jusqu'à notre position. Le sommet lui-même est pour l'instant un terrain neutre, c'est un plateau de cent mètres de long. Si tout va bien, quelques-uns de nos pionniers se sont faufilés et ont creusé des tranchées et installé des barbelés.... Pour ce qui est de dormir ou de manger, ce n'est même pas la peine d'y penser. Il faut suppoprte les privations. La colline elle-même était àl'origine en partie boisée et n'en laisse plus que paraître quelques troncs noirs, il n'y a plus aucune feuille verte ni brin d'herbe....Il y a une trève, un événement rare qui nous permet d'admirer la belle vue bien au delà de la multitude des tombes, des villages détruits de Malencourt et Béthoncourt, et nous regardons les avions qui se battent au dessus de nos têtes, ce qui arrive rarement....Quand vient le vent du nord avec son épouvantable odeur de putréfaction ou avec la puanteur des grenades de soufre et de phosphre et quand le feu de batterie reprend, nos nerfs sont mis à rude épreuve ce qui nous déclenche des états de désespoir. Les moments les plus tendus sont à la tombée de la nuit, où l'on redoute le plus une attaque. Le 18 août, tôt le matin, les français ont attaqué le régiment voisin mais n'ont pas été vainqueurs. Le régiment 24 voisin est venu à la rescousse de ses camarades qui en furent plus que reconnaissants. Au soir nous avons attaqué nos adversaires pour améliorer notre position. Ce ne fut pas une réussite totale mais nous n'avons pas eu non plus de grandes pertes. Nos adversiares étaient arrivés depuis peu, des soldats algériens qui se sont défendus coriacement....

Page 11: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Documents pour le récit du professeur pendant la correction:(Sur La guerre d'usure)“Derrière le secteur français du front de l’ouest se trouvent des objectifs pour lesquels l’état-major français sera contraint de jeter dans la bataille tous les hommes disponibles. […] Les armées françaises seront saignées à blanc – que nous atteignons ou pas notre but. S’il ne le fait pas et que nous atteignons nos objectifs, l’effet moral sur la France sera énorme”.

Extraits du Mémorandum de Noël du général allemand Falkenhayn, décembre 1915

Archives du musée de la guerre de Meaux. Soldats allemands dans une tranchée pendant la bataille de Verdun, 1916 Collection NBL Kharbine-Tapabor

Chiffres de la mort de masse:2 millions d'obus tirés le premier jour, 21 février 1916, par plus de 1.200 canons allemands.30 millions d'obus tirés au total sur le champ de bataille.378.000 pertes françaises (environ 62.000 morts, 215.000 blessés et 101.000 disparus: insister sur ce terme). 337.000 pertes allemandes. Plus de 300.000 morts, près de 400.000 blessés, ce qui représente environ 1000 morts par jour.

Page 12: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

1) Pourquoi La bataille de Verdun est-elle devenue un symbole de la Première guerre mondiale? (2ème heure)

DNB/SOCLE: aptitude du candidat à rédiger un développement construit, fondé sur les capacités à décrire et expliquer

DECRIRE VERDUN 1916, l'enfer de la guerre des tranchées, la mort de masse, les destructions, dix mois d'une grande brutalité pour les soldats des deux camps

EXPLIQUER par la mobilisation générale des moyens humains et matériels (vers la guerre totale), l'emploi d'armes de plus en plus meurtrières (artillerie, mitraillettes, armes chimiques...). Guerre de position ou d'usure.

CONCLURE sur la notion de violence de masse. Sentiment d'impuissance (attente sous les bombardements qui tuent au hasard, la mort devient anonyme): violents combats sans que le front ne bouge de plus de 5 km.

“Les civilisations sont mortelles” (P. Valéry)

Présenter ici le bilan humain global de 14-18 (+ photographies ossuaire de Douaumont et monuments aux morts pour montrer l'importance du deuil dans des sociétés traumatisées): “mise en perspective”

Page 13: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Comment en est-on arrivé là?

Présentation succincte des trois grandes phases à partir de la carte de l'offensive allemande de 1914: la Guerre à l'ouest

Page 14: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

La brutalité et la durée de la guerre des tranchées n'avaient pas été prévues. Les principaux adversaires (à rappeler) croyaient en une guerre courte. En fait, la Guerre se déroule en trois étapes.

Première phase: de la guerre offensive ou de mouvement (1914) à l'équilibre des forcesLes Allemands attaquent et sont stoppés sur la Marne (grâce aux «taxis de la Marne»). Le Nord-Est de la France est occupé par les Allemands.

Deuxième phase: la guerre de position ou guerre d’usure (1915-1917. C’est la guerre des tranchées. Le front ne bouge presque pas malgré de violents combats. Exemples: batailles de Verdun en 1916.

Troisième phase: reprise de l’offensive par les Allemands. Echec sur la Marne! Défaite allemande qui aboutit à l' armistice du 11 NOVEMBRE 1918

Page 15: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Carte à compléter au fur et à mesure de la leçon : (3ème heure)1914-1918: Des états et des sociétés bouleversées

1) La violence de masse

Page 16: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux
Page 17: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

2) Le génocide arménien (récit du professeur à partir de la carte à compléter)

Au cours de la Première guerre mondiale, la violence de masse touche également les civils. Les Turcs de l'Empire ottoman (alliés aux Allemands) accusent leur minorité arménienne de trahison au profit de leur adversaire russe (allié aux Français). Ils organisent des massacres de masse de la population arménienne (hommes, femmes, enfants) et la déportation des Arméniens dans des déserts invivables. Cette volonté de faire disparaître un peuple entier se nomme génocide. Environ 700 000 personnes sur 1, 5 millions d'Arméniens meurent au cours du génocide des Arméniens.

La guerre des tranchées et le génocide des Arméniens sont des manifestations d'une violence de masse qui marque la première moitié du 20ème siècle.

Page 18: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

3) Quelles sont les conséquences sociales de la Grande Guerre?Lier la révolution russe à la Guerre: étude de documents à compléter par la lecture des biographies de Lénine, et de Rosa Luxembourg (pour la “vague révolutionnaire”).

Page 19: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

LA REVOLUTION RUSSE

Depuis plusieurs jours, par suite de la crise des transports, le charbon n'arrive pas en quantité suffisante. Des usines travaillant pour la défense nationale ont dû ralentir leur production ou fermer. Des milliers d'ouvriers sont sur le pavé.La farine manque aussi. Au petit jour, dans l'aube glacée, ma cuisinière a attendu quatre heures pour avoir deux petits pains. Ces derniers jours, les queues sont interminables à la porte des boulangeries. On entend des cris, des protestations monter de la foule dont la patience est partout admirable. Les femmes tremblent de froid, des enfants s'évanouissent. Le thermomètre est encore à – 15° après deux mois de l'hiver le plus rude, où le mercure a varié entre – 45° et – 40°.

D'après C. Anet, correspondant de presse à Petrograd le 23 février 1917.

Le comité militaire révolutionnaire engagea les opérations vers deux heures du matin... Il n'y eut pas de résistance. Vers deux heures du matin, de petits détachements occupèrent l'un après l'autre les gares, les ponts, les centrales électriques, l'agence télégraphique, sans rencontrer d'opposition. Les opérations militaires ressemblaient plutôt à des relèves de garde.Les opérations engagées se déroulèrent sans effusion de sang. Il n'y eut pas une seule victime. La ville était parfaitement calme, le centre comme les faubourgs dormaient profondément.. Quand les ponts importants de la capitale furent occupés sans résistance, le comité militaire révolutionnaire fit sonner les cloches. Les membres du gouvernement provisoire se rendirent un par un pour éviter une effusion de sang.

D'après Sukhanov, la Revolution russe (octobre), 1965.1) Nature, date du document et lieu de l'action.2) De quoi souffre la population?3) Explique pourquoi, d'après le texte, et d'après l'année.4) Que fait alors la population?

1) Qui organise les opérations?2) Que fait la population?3) Qui perd le pouvoir?4) En quoi la révolution d'octobre est-elle différente de celle de février?

QUAND? Février 1917 Octobre 1917

QUI? La population Comité militaire révolutionnaire

POURQUOI? Pénurie due à la guerre totale (tout est mobilisé pour le front)

Le gouvernement provisoire continue la guerre

COMMENT? Révolte de la population Coup d'état

QUI PREND LE POUVOIR? Gouvernement provisoireLe comité militaire révolutionnaire =Lénine et les Bolcheviks (avec une biographie)

Page 20: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

En 1917, en Russie, la pénurie (manque de produits alimentaires) et les défaites entraînent des révolutions qui obligent le Tsar Nicolas II à abdiquer et portent Lénine au pouvoir. Lénine établit un régime communiste et veut une révolution mondiale.

Après la révolution russe de 1917 et la guerre, l’Europe connaît une «vague révolutionnaire» et de grandes grèves. Les partis communistes, qui veulent une révolution comme en Russie, sont créés.

Page 21: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

4) Quelles sont les transformations de l'Europe après la guerre? (Carte) 1914-1918: des états et des sociétés bouleversés (4ème heure)

Légende

1) la violence de masse (engagement humain et matériel massif, brutalité des affrontements, hécatombes de victimes) 1916 Verdun La guerre des tranchées Les autres fronts européens Le génocide des Arméniens: massacres déportation dans le désert camps de concentration

2) Révolution et vague révolutionnaire 1917: révolution russe Troubles révolutionnaires ou sociaux (grèves importantes)

3) Une nouvelle carte de l'Europe

Principaux vainqueurs; principaux vaincus; nouveaux états; tensions frontalières (en évoquant en particulier l'humiliation ressentie par les Allemands: le diktat)

Page 22: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux
Page 23: Enseigner la Première guerre mondiale avec les nouveaux

Evaluation sur document (lien brevet-socle)Capacité de travailler sur un document: un extrait de lettre de poilu.Identifier: nature, auteur, date , contexte (repères chronologiques inscrits au programme).Informations explicites: assaut, attaque, armes, mort, peur...Informations implicites: guerre des tranchées, autres armes, tirs d'artillerieQuestion sur la violence de masse (développement construit, décrire et expliquer une notion du programme))

«Ce matin, on a donné double ration d'eau de vie. Imagine ce que peut être un assaut à l'arme blanche, ces aciers fins et blancs au bout des fusils tenus par nos mains crispées. Ce combat est ce que l'on peut demander de pire à nos corps faibles, tremblants. On respire un grand coup avant de plonger dans l'inconnu. J'ai peur de l'inconnu, peur de sortir, peur de me battre. Avec une sorte d'inquiétude animale, serrés les uns contre les autres, tous se taisent. Nous sommes cinquante empilés dans ce réduit si serrés que nous ne pouvons faire un mouvement. Nos pieds enfoncés dans la terre se gèlent avec elle. Debout, j'ouvre les yeux et la terrible réalité m'apparaît, nous allons partir à la mort. Nous finissons par marcher dans un demi sommeil, inconsciemment, sans ordres, sans voix et sans pensées, comme des bêtes. Dans cette atmosphère où l'on sent la mort insaisissable, on entend des cris, des ordres venus d'on ne sait où. Le signal du départ vient d'être donné. Les coups de fusils commencent à claquer, et bientôt, un barrage acéré tombe sur nos unités, ce sont des cris et des hurlements d'horreur. Des hommes tombent, cassés en deux dans leurs élans, il faut franchir la plaine balayée par les balles, les cadavres aux membres disloqués, la figure noire, horrible. Nous arrivons tout près des Boches et un terrible corps à corps s'engage. Les fusils ne peuvent plus nous servir et c'est à l'aide de nos pelles que nous frappons. On voit un tourbillon d'hommes qu'on ne reconnaît pas, qu'on entend plus. Je saigne du nez et des oreilles, je suis fou, je ne vois même plus le danger, je n'ai plus songé à rien, mon rôle est fini. Je me vois les reins brisés, étouffant, creusant la terre de mes mains, et là, tout près de moi s'élève, monotone, une plainte d'enfant "j'ai mal, maman, mon dieu je vais mourir". Que sont-ils devenus mes camarades ? sont-ils partis ? Sont-ils morts ? Suis-je le seul vivant dans mon trou ? Devant moi défile la famille que j'ai laissée au foyer et que peut-être, je ne reverrai plus. Je revois les miens, mon village endormi, mes enfants, et je me dis que tous les rêves que nous avons faits ensemble ne se réaliseront jamais, que je ne les reverrai plus. Et l'angoisse m'étreint profondément.»

Lettre de Louis Corti, 29 août 1916, d’après Jean-Pierre Guéno, Paroles de Verdun, Perrin, Paris, 2006.