Upload
hoangnguyet
View
217
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Elve Directeur dHpital
Promotion : 2007 - 2009
Date du Jury : dcembre 2008
Enjeux et pilotage dune certification
qualit, scurit, environnement :
exemple de lunit de traitement des
DASRI du CHU de Limoges
Charlotte LHOMME
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
R e m e r c i e m e n t s
Je tiens remercier Joseph MOISAN, directeur de la filire DH, pour sa disponibilit et
son accompagnement au cours de la scolarit.
Je remercie Bruno LUCET, Directeur de la qualit lhpital Henri Mondor de Crteil,
pour les prcieux conseils quil ma donn en qualit dencadrant mmoire.
Je remercie Valrie ARSOUZE FADAT, Directrice des affaires conomiques au CHU de
Limoges et matre de stage, pour mavoir permise de raliser ce mmoire, en me confiant
le pilotage de la certification de lunit de traitement des dchets.
Je remercie Laurent BOULESTEIX, Ingnieur environnement et Thomas SCALABRE,
Responsable de lunit de traitement des DASRI pour leur implication dans la certification,
leur disponibilit et la qualit de leur travail.
Je remercie Genevive COL, Coordinatrice qualit, pour son nergie positive, son
implication dans le projet de certification, et pour ses conseils tant pour la certification que
pour la rdaction du mmoire.
Je remercie Elisabeth CAUSSON SEVIGNE et Christine QUELIER pour leur aide la
rdaction du mmoire.
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
S o m m a i r e
INTRODUCTION.................................................................................................... 3
1. LES ENJEUX DE LA CERTIFICATION QUALITE, SECURITE, ENVIRONNEMENT POUR LUNITE DE TRAITEMENT DES DASRI ................... 7
1.1. Les enjeux dune certification fonde sur des rfrentiels ISO ...................................................... 7 1.1.1. La dfinition du concept de certification ISO ................................................................... 7
1.1.1.1. La reconnaissance des normes de type ISO/ OHSAS au plan national ............................ 8 1.1.1.2. Un systme de management spcifique pour une meilleure matrise des processus........ 9 1.1.1.3. Un systme de management relativement souple ............................................................. 11
1.1.2. Les certifications ISO et HAS : entre complmentarit et singularit ................................ 13 1.1.2.1. La complmentarit des dmarches de certification ISO et HAS ................................... 13 1.1.2.2. La compatibilit des objectifs de la certification V2010 et de la dmarche Q.S.E......... 14 1.1.2.3. La singularit des dmarches ISO et HAS ........................................................................ 17
1.2. Les enjeux de la certification pour lunit de traitement des DASRI .......................................... 18 1.2.1. Un enjeu conomique : la rduction du cot de traitement des DASRI ............................. 18 1.2.2. Un enjeu marketing : la promotion du CHU auprs des clients et des autres hpitaux.... 21
1.2.2.1. Une certification pour fidliser les clients et conqurir de nouveaux marchs.............. 21 1.2.2.2. Une certification comme moyen de communication externe du CHU de Limoges........ 22
1.2.3. Un enjeu environnemental : la mise en place dune gestion durable des dchets .............. 23 1.2.4. Un enjeu managrial : la gestion durable des ressources humaines ................................... 25
1.3. Le choix spcifique des rfrentiels Qualit, scurit, environnement ........................................ 27 1.3.1. La norme ISO 9001 : la recherche de la satisfaction du client............................................. 28 1.3.2. La norme ISO 14001 : la recherche de la production sans pollution .................................. 29 1.3.3. La norme OHSAS 18001 : la recherche de conditions de travail scurises ...................... 30
2. LA CONDUITE DU PROJET DE CERTIFICATION QUALITE, SECURITE, ENVIRONNEMENT.............................................................................................. 32
2.1. Le choix dun systme de management intgr ............................................................................. 32 2.1.1. Systme intgr/ Systme spar : Dfinition des concepts.................................................. 33 2.1.2. Les analogies conceptuelles en faveur des systmes intgrs ............................................... 34 2.1.3. Les diffrents schmas dintgration ..................................................................................... 36
2.2. Le management du projet................................................................................................................ 38 2.2.1. Les acteurs de la certification ................................................................................................. 38
2.2.1.1. la mobilisation des ressources internes ..............................................................................38 2.2.1.2. la ncessit de recourir une aide extrieure ....................................................................41 2.2.1.3. le rle particulier de llve directeur, pilote de projet ....................................................43
2.2.2. La planification du projet........................................................................................................46 2.2.2.1. llaboration du rtroplanning ...........................................................................................46 2.2.2.2. la gestion du calendrier .......................................................................................................47
2.2.3. La matrise du budget de certification ...................................................................................50 2.2.3.1. Les cots de mise en place de la certification ....................................................................50 2.2.3.2. La matrise des investissements dcoulant de la certification ..........................................52
CONCLUSION ..................................................................................................... 53
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................. 54
LISTE DES ANNEXES............................................................................................ I
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
L i s t e d e s s i g l e s u t i l i s s
ADEME Agence de lEnvironnement et de la Matrise de lEnergie
CEI Commission Electrotechnique Internationale
CHSCT Comit dHygine et de Scurit des Conditions de Travail
CHU Centre Hospitalier Universitaire
ISO International Standard Organization
DASRI Dchets dActivits de Soins Risques Infectieux
EPI-EPC Equipement de Protection Individuelle- Equipement de Protection
Collective
GRV Grand rcipient pour vrac
HAS Haute Autorit de Sant
OHSAS Occupational Health and Safety Assessment Series
PDCA Plan, do, check, act
PEP Pratiques Exigibles Prioritaires
OIT Organisation Internationale du Travail
QSE Normes Qualit (ISO 9001), Scurit (OHSAS 18001),
Environnement (ISO 14001)
RMQSE Responsable Management Qualit, Scurit, Environnement
TGAP Taxe Gnrale sur les Activits Polluantes
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 3 -
Introduction
Il semblerait de bon ton aujourdhui dafficher quun tablissement de sant soit
certifi ISO1.
En effet, si ces dmarches ont t longtemps boudes par le secteur public hospitalier, la
tendance parat sinverser depuis quelques annes. Les certifications ISO ne sont plus
lapanage des seules entreprises prives ; elles sont de plus rpandues dans les
tablissements de sant qui nhsitent plus sengager dans des dmarches qualit
volontaires, voire mme collectionner les certificats de type ISO.
Mais comment expliquer cet engouement soudain pour des certifications non
obligatoires et complexes, alors mme que les hpitaux peinent dj satisfaire les
exigences de la Haute Autorit de Sant ? Sagit-il dun excs de zle ou de choix avant-
gardistes ?
Lexemple du CHU de Limoges, pionnier des certifications ISO 9001 dans le secteur hospitalier
Le CHU de Limoges fait figure de pionnier des certifications ISO dans le secteur
hospitalier avec 3 units certifies et renouveles, et 4 units en cours de certification
depuis 2000. Ces dmarches, inities lorigine dans les seules units logistiques avaient
t motives principalement par la volont de garantir la prennit de ces secteurs. En
effet, le CHU de Limoges, ple de rfrence sanitaire rgional (2000 lits) et plus grand
employeur du Limousin (7080 agents) prsente la particularit de navoir externalis
aucun secteur logistique. Or la survie de ces units est fortement lie la dmonstration
de leur performance et de leur capacit dadaptation aux volutions rglementaires. Le
CHU de Limoges a alors pens que la certification de ces units pourrait permettre
danticiper laccrditation par la matrise des interfaces et viter le recours la sous-
traitance.
Les directions successives ont alors dcid de certifier ISO 9001, deux types de
secteurs jugs prioritaires :
- les secteurs risque sanitaire ou alimentaire : la cuisine centrale (ISO 9001 en 2005 et ISO 22000 en 2008), la strilisation (en 2002), le dpartement
dhmatologie clinique et le laboratoire dhmatologie (rfrentiel JACIE en 2008),
le centre de procration mdicale assiste (rfrentiel JACIE), les essais cliniques
(prvu pour 2009), le dpartement de technique biomdicale (prvu pour 2010).
- les secteurs risque concurrentiel : la blanchisserie (en 2000)
1 ISO : Norme internationale de standardisation
En janvier 2008, le CHU de Limoges a dcid de certifier un nouveau secteur -
lunit de traitement des dchets dactivits de soins risques infectieux- qui prsente la
particularit dtre un secteur aussi bien risque sanitaire que concurrentiel. Le champ de
certification stend de la rception des dchets infectieux la mise disposition des
dchets banaliss et dchets cytotoxiques.
Focus sur un projet ambitieux: la certification de lunit de traitement des dchets dactivits de soins risques infectieux (DASRI)
On pourrait croire que la certification de lunit de traitement des DASRI nest
quune certification supplmentaire ajouter au palmars du CHU de Limoges, mais il
nen est rien. Bien au contraire, ce projet est particulirement original tant au regard du
type de certification choisi, quau regard de lunit concerne :
Une certification ambitieuse et unique dans le secteur hospitalier:
Le CHU de Limoges a opt pour une certification trs complexe savoir la mise
en place dun systme de management intgr Qualit/ Scurit/ Environnement
(QSE) fond sur trois rfrentiels :
- ISO 9001 : Systmes de management qualit : Exigences
- ISO 14001 : Systmes de management environnemental : Exigences et
lignes directrices pour son utilisation
- OHSAS 18001 : Systmes de management de la sant et de la scurit
au travail : Exigences
Ce type de certification est dautant plus ambitieux quil na jamais t expriment
dans aucun tablissement de sant. La clinique Champeau a certes dj mis en place un
systme de management environnemental, mais personne na encore engag ce jour
une triple certification.
Une unit de traitement des DASRI au positionnement stratgique
Le maintien dune activit de traitement des DASRI sur un site hospitalier est
suffisamment rare pour le noter et attirer notre attention. En, effet, la rigueur de la
rglementation applicable cette activit a incit nombre dtablissements de sant
externaliser cette prestation. Le CHU de Limoges a en revanche maintenu son unit de
traitement des DASRI, et ce pour des raisons sanitaires et conomiques.
En effet, lors de llaboration du plan rgion dlimination des DASRI en 1990, le
prfet a fait le choix de ne maintenir quune seule unit de traitement agre desdits
dchets en limousin, afin dliminer lensemble de la production rgionale. Or, il a t
- 4 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
dcid, pour des raisons de sant publique, que cette unit serait implante sur le site du
CHU de Limoges. Ainsi, la destruction des dchets au plus prs de la source de
production, permettait de rduire significativement les risques sanitaires inhrents la
manipulation et au transport de matires infectieuses, et ce dautant plus que le CHU est
le plus gros producteur de DASRI de la rgion (1 181 tonnes/an soit 46% de sa
production totale).
Le CHU de Limoges sest donc vu investir dune relle mission de service public
de traitement des DASRI qui la plac progressivement en situation de quasi-monopole
rgional, avec une cinquantaine de clients rpartis sur la Creuse, la Haute Vienne, le
Cantal, la Corrze, la Charente et la Dordogne2. Aujourdhui, lunit DASRI traite 2 555
tonnes de dchets par an, et fonctionne 7 jours sur 7, 24h/ 24, avec neuf agents en
production, un matre ouvrier, un technicien suprieur responsable et un ingnieur
environnement.
A noter que si lintrt du maintien de lunit tait initialement sanitaire, il est
dsormais conomique, puisque la production client constitue une part significative de
son activit, soit 54% de sa production totale (1 374 tonnes /an), ce qui reprsente une
recette de 637 674 pour lanne 2007.
Une unit de traitement des DASRI tourne vers le dveloppement durable
A lre du dveloppement durable, la problmatique du traitement des dchets est
au cur des proccupations citoyennes et politiques. Les tablissements de sant sont
donc invits amliorer la gestion de leurs dchets en privilgiant les procds de
traitement cologique au dtriment de lincinration3 et dvelopper le tri slectif4.
Le CHU de Limoges sest attach entrer dans cette dynamique ds 2005 en
remplaant tout dabord ces incinrateurs par quatre autoclaves ECODAS5, qui
neutralisent le risque infectieux par un processus de broyage des dchets, suivi dune
phase de strilisation la vapeur. Ce procd dit de prtraitement ou de
banalisation , la fois plus cologique et plus conomique, permet dvacuer ensuite
les dchets striliss par la voie classique de traitement des ordures mnagres.
Ensuite, le CHU a mis en place le tri slectif des dchets sur trois de ses sites
hospitaliers (Hpital griatrique de Chastaingt, Hpital de la mre et de lenfant, Hpital
2 C.f. Annexe 1 : Fiche rcapitulative de lactivit de lunit de traitement des DASRI 3 GRENELLE DE LENVIRONNEMENT. Relev de conclusions de la table ronde Dchets du 20 dcembre 2007. [visit le 10.05.2008], disponible sur internet : http://.legrenelle-environnement.gouv.fr 4 PREFECTURE DE LA REGION LIMOUSIN. Arrt du 14 janvier 1998 relatif au plan rgional dlimination des dchets industriels spciaux en Limousin (en cours de rengociation) 5 C.f. Annexe 12 : Prsentation du fonctionnement de lunit de traitement des DASRI
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 5 -
de moyen sjour, de soins de suite et de radaptation de Jean Rebeyrol) et envisage de
le dployer sur le site principal de Dupuytren. Il a par ailleurs mis en place des filires
dissocies dlimination des dchets industriels banals, des dchets industriels spciaux,
des D3E (pices informatiques et lectroniques) et du carton.
Enfin, le CHU de Limoges projette lavenir de crer une dchetterie afin de
mieux grer le tri de ses dchets mnagers.
Toutefois, si lunit de traitement des DASRI est particulirement sensibilise la
protection de lenvironnement, elle a tout de mme encore quelques progrs faire en
interne pour rduire la pollution lie son activit.
Un systme de management souvent mal connu : Les dmarches de certification ISO sont souvent dpeintes comme chronophages,
coteuses, psychorigides et formalistes outrance6, mais sait-on seulement ce quest
rellement une dmarche ISO?
Selon la dfinition officielle de lorganisation internationale de normalisation, les
certifications ISO sont des procdures par lesquelles une tierce partie donne une
assurance crite qu'un produit, un processus ou un service est conforme aux exigences
spcifies dans un rfrentiel7 , Certes ! Mais il serait bien trop rducteur de ne sen
tenir qu cette seule dfinition, qui ne laisse nullement transparatre les subtilits de ce
type de certification souvent mal connues.
Il mest donc apparu intressant danalyser ce que la certification Q.S.E pouvait
apporter lunit de traitement des DASRI dans un tel contexte et de dcrypter les enjeux
dun systme de management encore assez rare dans le milieu hospitalier.
Mon objectif est de faire dcouvrir les diffrentes facettes des dmarches ISO et
tenter de convaincre de lintrt de ces certifications, travers lexemple de la dmarche
qualit, scurit, environnement de lunit de traitement des DASRI.
Pour ce faire, je vais mattacher dans un premier temps analyser les enjeux de la
certification pour lunit de traitement des dchets et expliquer pourquoi le CHU de
Limoges a choisi spcifiquement les rfrentiels qualit, scurit, environnement (1),
avant dexposer dans un second temps la mthode que jai utilise pour amorcer cette
certification, en qualit dlve directeur, pilote du projet pendant 8 mois (2).
6 LASFARGUE Y., 29 juin 1994, Iso, sado, maso , Le Monde 7 Dfinition de lorganisation Internationale de Normalisation
- 6 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
1. Les enjeux de la certification qualit, scurit, environnement pour lunit de traitement des DASRI
Lorsque un organisme quel quil soit se lance dans une dmarche de certification
qualit, scurit, environnement, il est impratif que les enjeux aient t clairement
identifis en amont. Un projet aussi complexe ne pourra tre conduit avec succs que sil
a du sens pour les diffrents acteurs. Lidentification de ces enjeux est essentielle et sera
bien souvent le fil directeur et la source de motivation du groupe de travail dans les
moments de doute ou de dmobilisation des agents.
Il convient donc de se poser quelques questions prliminaires :
- Quel est lintrt dopter pour les normes de type ISO alors quil existe
dj une certification hospitalire spcifique ? (1.1)
- Pourquoi certifier une unit logistique telle que lunit de traitement des
DASRI ? (1.2)
- Pourquoi choisir spcifiquement les rfrentiels qualit, scurit,
environnement ? (1.3)
1.1. Les enjeux dune certification fonde sur des rfrentiels ISO
Les certifications ISO sont fondes sur des rfrentiels internationaux spcialiss
dans des domaines trs varis. Cependant, malgr la diversit des rfrentiels existants,
les normes de type ISO prsentent certaines particularits communes qui les
caractrisent, tant au regard de leur nature que de leur contenu (1.1.1). Cest justement la
singularit de ces systmes de management qui les diffrencie des rfrentiels de la
Haute Autorit de Sant (HAS) et qui explique leur succs. Pour autant, les certifications
ISO et HAS ne sont pas antagonistes, bien au contraire ; elles sont complmentaires
(1.1.2).
1.1.1. La dfinition du concept de certification ISO
Contrairement aux rfrentiels de la HAS, valables uniquement sur le territoire
franais, les normes de type ISO ont une dimension internationale, pour autant elles sont
tout fait applicables au plan national (1.1.1.1), Ce sont des systmes de management
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 7 -
qui ont pour particularit dtre trs rigoureux et de renforcer la matrise des processus
par les organismes8 (1.1.1.2). En dpit des ides reues, les normes de type ISO ne sont
pas aussi rigides quon pourrait le penser, elles offrent en effet une certaine souplesse de
gestion pour lorganisme (1.1.1.3).
1.1.1.1. La reconnaissance des normes de type ISO/ OHSAS au plan national
LISO, organisation internationale de normalisation, est une fdration mondiale
dorganismes nationaux de normalisation (comits membres de lISO), qui publie des
rfrentiels de certification dans des domaines tels que la qualit et lenvironnement.
Ces normes internationales sont en gnral labores par les comits techniques
de lISO, en lien avec les organisations internationales gouvernementales et non
gouvernementales concernes. Les projets de normes internationales sont rdigs par les
comits techniques, conformment aux rgles donnes dans les directives ISO/ CEI, puis
sont publis comme normes internationales aprs avoir t approuvs par les comits
membres votants. Ces rfrentiels sont ensuite intgrs progressivement la
normalisation europenne, avant dtre appliqus sur le territoire franais. Ainsi, les
normes ISO 9001 : 2000 (qualit) et 14001 : 2004 (environnement) ont le statut de norme
franaise.
Le rfrentiel OHSAS9 est galement rdig conformment aux rgles dictes
dans les directives ISO/ CEI10. En revanche, il nest pas publi par lISO mais par un autre
organisme de normalisation : le British Standards Institute (BSI), organisme britannique
de certification.
En effet, la suite dun dbat passionn sur le plan national et international, lISO
sest prononce contre la normalisation internationale du rfrentiel OHSAS de
management de la sant et de la scurit au travail11 pour les motifs suivants : dune part,
le management de la sant et de la scurit au travail relve du dialogue tripartite
(employeurs, employs, gouvernements), dautre part, lOrganisation Internationale du
Travail (OIT) semble plus comptente que lISO pour traiter du problme. Le
gouvernement franais sest galement oppos cette normalisation en arguant du fait
que la France disposait dj dune rglementation du travail suffisamment fournie.
8 Organisme: Terme gnrique employ dans les normes ISO pour designer toute entit publique ou prive, possdant sa propre structure fonctionnelle et administrative, qui sengage respecter les rfrentiels ISO. 9 Occupational Health and Safety Assessment Series 10 Commission lectrotechnique internationale
- 8 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
Cette position trs tranche na pas pour autant dcourag les industriels franais
qui sont de plus en plus nombreux sappuyer sur le rfrentiel OHSAS 18001 pour la
certification des systmes de management de la scurit et les systmes de management
intgrs. En effet, quand bien mme la prsente norme naurait-t-elle pas le statut de
norme franaise, rien ninterdit les organismes de sy rfrer. Cette norme rpond un
rel besoin des organismes, cest pourquoi ce rfrentiel est appliqu par les entreprises
franaises.
1.1.1.2. Un systme de management spcifique pour une meilleure matrise des processus
Les certifications ISO sont avant tout des systmes de management , c'est--
dire des outils au service des managers, pour les aider garantir la fiabilit de leur
processus de production.
Ces certifications se prsentent en effet comme des dmarches de progrs
structurantes, offrant des bnfices tangibles et rels constats par les organismes qui en
ont fait lexprience.
Dans le secteur de la sant, les quipes ayant mis en place la certification ISO
9001 mettent en avant un certain nombre dapports12 qui sont dailleurs communs aux
dmarches ISO/ OHSAS en gnral :
Linstauration dune culture damlioration continue: La certification incite les agents entrer dans une dynamique damlioration
perptuelle de leurs pratiques, en instaurant une culture dvaluation annuelle, lors des
audits internes13 et des audits de suivi externes. Les fiches dactions prventives et
correctives les obligent en effet interroger rgulirement leurs pratiques, pour remdier
aux dysfonctionnements identifis ; et les enqutes de satisfaction les contraignent
prendre en compte les attentes des clients.
Cette mthode de travail laquelle les agents sont peu habitus, va les aider aborder
les problmes autrement en les incitant analyser eux-mmes les causes pour viter que
lincident ne se reproduise. Les agents sont alors contraints de sadapter en permanence
aux volutions dorganisation qui en dcoulent.
11 Symposium ISO, conclusions, 5 et 6 septembre 1996, Genve. 12 KERTESZ C., 2006, La certification dans les tablissements de sant : Principes, procdures, bnfices et diffrences avec laccrditation , Techniques Hospitalires, n695, pp. 11-15 13 Laudit interne est un audit cibl sur les processus. Laudit blanc est un pr audit dessai avant laudit de certification. Laudit de certification est celui lissue duquel est dlivr le certificat par lorganisme extrieur. Les audits de suivi permettent le maintien du certificat.
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 9 -
La fdration des quipes autour dun objectif commun dfini dans une politique qualit :
La dmarche ISO motive et fdre les quipes autours dobjectifs communs. Cest
une aventure collective qui ne peut aboutir que si lensemble des personnels concerns
respecte lorganisation tablie en fonction des exigences dictes par la norme et accepte
dintgrer les changements son mode de fonctionnement. La standardisation des
procds de fabrication et la soumission aux mmes exigences rfrentielles cultivent un
sentiment dappartenance fort qui renforce la solidarit entre les agents.
Le renforcement de la transversalit entre les services: Lapproche processus favorise la naissance dune relation clients/ fournisseurs
entre les services. En effet, les units certifies sont contraintes de communiquer avec les
autres services pour dfinir prcisment lengagement de chacun au sein de
lorganisation et viter ainsi les dysfonctionnements aux interfaces.
Le succs du systme de certification ISO sexplique notamment par lengagement de
tous tous les niveaux de lorganisme, et plus particulirement du niveau le plus lev,
c'est--dire la direction, qui va valuer lefficacit du systme lors des revues de direction.
La scurisation et la prennisation de lorganisation : Par linstauration dune veille juridique rigoureuse, la certification contribue
renforcer la matrise des risques de tous types (techniques, humains, juridiques). La
rglementation tant de plus en plus fournie, lorganisation dune veille juridique
structure permet en effet de limiter les risques doubli.
Les dispositifs de contrle et daudit permettent par ailleurs de maintenir la
dynamique instaure et de garantir la prennit de lorganisation, en dressant
priodiquement linventaire des exigences respectes ou occultes par lorganisme.
Il convient de prciser en outre que si les normes ISO nexemptent aucunement
les organismes de leur responsabilit vis--vis des obligations lgales qui leur incombent,
il est toutefois indniable que la mise en place dune traabilit efficace leur permettra
plus facilement de prouver quils se sont acquitts de leurs obligations lgales et
rglementaires, si jamais leur responsabilit est mise en cause. La certification est en ce
sens un outil de gestion des risques intressant.
La garantie dune organisation rigoureuse et dune matrise optimale des processus:
Les fiches de progrs prvoyant des actions correctives sur les
dysfonctionnements constats, les enqutes de satisfaction auprs des clients pour
intgrer les nouvelles attentes, la traabilit des actions engages, la gestion du systme
- 10 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
documentaire () sont des outils favorisant une gestion des processus rigoureuse et
constante. La contractualisation entre les services et lorganisation daudits internes vont
permettre de matriser les points sensibles, souvent identifis aux interfaces. La mise en
place dindicateurs de suivi permet galement au directeur de mesurer objectivement les
progrs de lunit certifie.
Au CHU de Limoges, la coordinatrice qualit a par ailleurs observ dans les
services certifis un certain nombre de bnfices supplmentaires, tels quune meilleure
coordination dans lorganisation du travail par la structuration des agents. En effet, les
formulaires aident les agents mieux comprendre lorganisation de leur service et
clarifier leur fonctionnement. Les cartographies leur permettent en outre de se situer dans
linstitution et de comprendre comment ils interagissent avec leur environnement.
Finalement, on saperoit au bout de quelque temps que le formalisme qui tait un
handicap pour lagent devient ensuite un outil dont certains ne peuvent plus se passer. La
certification offre aux agents des repres et surtout une mthode de travail trs apprcie.
1.1.1.3. Un systme de management relativement souple
Les normes ISO/ OHSAS sont rputes rigides en raison de limportant formalisme
quelles impliquent et pourtant, lorganisme reste relativement libre de grer la mise en
place du systme dans le respect du cadre normatif.
Des normes caractre universel : Les normes ISO et OHSAS sont des rfrentiels contenant des spcifications
pouvant tre utilises par tout type dorganisme public ou priv, quel que soit sa taille et
son implantation dans le monde. Elles sadaptent diverses conditions gographiques,
culturelles et sociales. Rien ne fait donc obstacle ce que ces rfrentiels soient
employs dans le secteur hospitalier public ou priv.
Des normes tolrant la diversit : Ces normes internationales ne visent ni luniformit des structures des systmes
de management, ni celle de la documentation. Ltendue de la documentation du systme
de management de la qualit est dailleurs trs variable dun organisme lautre en
fonction de sa taille, des interactions de processus et de la comptence du personnel.
Une libert dans le choix des moyens et le niveau dexigence atteindre:
Les normes nimposent pas de moyens quant la satisfaction de leurs exigences.
Elles demandent simplement la mise en place de procdures sans dcrire pour autant
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 11 -
celle quil convient dadopter. Lorganisme est donc libre dutiliser la procdure qui lui
correspond le mieux. Les normes fixent galement un certain nombre dorientations et de
rgles, sans jamais prciser le niveau dexigence que chaque organisme doit
imprativement atteindre.
En effet, lISO 14001 ntablit pas dexigences absolues en matire de
performance environnementale, au-del de lengagement dans la politique
environnementale de se conformer aux exigences lgales applicables et aux autres
exigences auxquelles lorganisme a souscrit, la prvention des pollutions ainsi quau
principe damlioration continue. Ainsi, deux organismes effectuant des oprations
similaires mais ayant des performances environnementales diffrentes peuvent tre tous
deux conformes aux exigences de la prsente norme.
Il en est de mme pour la norme OHSAS 18001 qui contient des exigences
objectivement vrifiables, mais ntablit pas dexigences de performances sant et
scurit au travail au-del de celles lgalement applicables, des engagements contenus
dans la politique de lorganisme et des autres dispositions auxquelles se conforme
lorganisme en matire de prvention des lsions corporelles et atteintes la sant et
damlioration continue. Par consquent, l encore, deux organismes effectuant des
activits similaires peuvent rpondre aux exigences, tout en ayant des niveaux de
performance sant et scurit au travail diffrents.
Plus un guide mthodologique quune norme : Au-del des contraintes rglementaires, lorganisme dispose alors de quelques
marges de manuvre pour dfinir le niveau dexcellence quil souhaite atteindre. Les
normes internationales ne sont donc pas des normes au sens rglementaire du terme,
mais plutt un guide mthodologique, caractris par trois actions principales : Analyser/
Prouver/ Amliorer.
La libert de se certifier ou de ne pas le faire:
Les normes de type ISO naboutissent pas ncessairement la certification dun
systme. Elles peuvent tre tout simplement utilises en interne ou des fins
contractuelles, comme assistance gnrique un organisme pour la mise en place dun
systme de management quel quil soit. Nanmoins lutilisation de la norme comme appui
mthodologique peut savrer insuffisante pour fournir un organisme lassurance que sa
performance, non seulement satisfait, mais continuera satisfaire aux exigences lgales
et celles de sa politique. Cest pourquoi, Il est recommand de certifier les processus
pour garantir lefficacit du systme et son insertion dans lorganisme.
- 12 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
On saperoit donc que les certifications de type ISO prsentent un certain nombre
davantages, toutefois on peut sinterroger sur lintrt dune telle dmarche dans des
tablissements dj certifis par la Haute Autorit de Sant. Les certifications ISO et HAS
ne font-elles pas double emploi ?
1.1.2. Les certifications ISO et HAS : entre complmentarit et singularit
Les certifications ISO et HAS ne sont pas des dmarches antagonistes. Bien au
contraire, elles sont complmentaires (1.2.2.1). La nouvelle version de la certification HAS
fixe notamment des objectifs qualit, scurit et environnement compatibles avec la
certification QSE (1.2.2.2). Toutefois, malgr leurs similitudes, ces dmarches prsentent
des diffrences qui justifient leur coexistence (1.2.2.3).
1.1.2.1. La complmentarit des dmarches de certification ISO et HAS
La certification de type ISO dveloppe dans les tablissements de sant et
laccrditation, nouvellement appele certification, ne sont pas des dmarches exclusives
lune de lautre mais des dmarches complmentaires visant des objectifs communs : la
garantie de la qualit et de la scurit des soins, et la promotion de lamlioration continue
de la qualit au sein des tablissements.
La HAS a dailleurs sign en 2004 des accords avec des organismes certificateurs
(AFAQ, BVQI et SGS) pour favoriser la reconnaissance de la certification dans la
procdure d accrditation . Ces accords prvoient notamment la prise en compte des
apports des certifications ISO dans la procdure de certification de la HAS pour les
tablissements de sant concerns14. Ainsi, mme si les tablissements de sant sont
toujours tenus dinclure les units certifies dans le rapport dautovaluation, les experts
HAS tiennent compte de lexistence de ces certificats lors de la visite.
Dans le cadre de la certification V2010, la HAS envisage de supprimer les visites
dans les secteurs ayant obtenu une certification ISO ou une garantie de qualit dlivre
par un organisme extrieur15. Il sagit de considrer ici que lobtention dun certificat de
type ISO est un gage de qualit suffisant et quun second regard nest pas alors justifi, ni
14 KERTESZ.C, 2004, Les nouveaux modles de fonctionnement des services techniques : le guide de management de la qualit appliqu aux activits de la fonction technique des tablissements de sant , Techniques Hospitalires, n685, pp. 44-47. 15 MOUNIC V., LENOIR-SALFATI M, Amlioration de la qualit et de la scurit des soins. Haute Autorit de Sant , in PARC DES EXPOSITIONS, salon Hpital Expo, 27 mai 2008, Paris.
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 13 -
ncessaire, dautant plus que les exigences des normes internationales sont beaucoup
plus leves que celles fixes par la HAS.
La prise en compte des certificats ISO dans les procdures de la HAS prsente
alors un double intrt : dune part la HAS va accrotre son efficacit en vitant les
redondances et en dveloppant les complmentarits de la certification avec les
inspections et dispositifs dvaluation externe16, dautre part, les tablissements pourront
tre librs des formalits exiges par la HAS sur les secteurs certifis.
1.1.2.2. La compatibilit des objectifs de la certification V2010 et de la dmarche Q.S.E
La V2010 propose dans son manuel pilote une nouvelle gradation des exigences
qui se prsente de la manire suivante : N1 : Rponse minimale ou formalisation incomplte des pratiques ou de lorganisation
N2 : Organisation en place ou formalisation de lorganisation et des pratiques
N3: Fonctionnement matris avec implication des professionnels et communication
organise
N4 : Dmarche value ou amlioration continue.
Dans la version V2010, plusieurs critres sont susceptibles de faire cho aux normes IS0
14001, 9001 et OHSAS 18001 que ce soit en termes de dveloppement durable, de
qualit de la prestation ou de scurit au travail, ce qui peut prsenter un intrt non
ngligeable pour les tablissements qui se lancent dans une dmarche ISO :
Critre 1.e : Engagement dans le dveloppement durable17 : N1 : Les enjeux lis au dveloppement durable sont identifis.
N2 : Un diagnostic dveloppement durable a t tabli par ltablissement.
Ltablissement associe les acteurs du milieu conomique, social, associatif et
environnemental la dfinition de ses actions et programmes de dveloppement durable.
N3 : Un programme pluriannuel dfinissant des objectifs prioritaires est dclin moyen
et long terme en tenant compte des impacts environnementaux, conomiques et sociaux.
16 HAS. Manuel de certification des tablissements de sant : V2010 en version pilote, p. 16, 5 sur les dveloppements en cours [visit le 03.06.2008], disponible sur internet : http://has.fr 17 HAS. Manuel de certification des tablissements de sant : V2010 en version pilote. Chapitre 1. Management de ltablissement/ partie 1 management stratgique/rfrence 1. Stratgie de ltablissement/ critre 1 e. engagement dans le dveloppement durable
- 14 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
http://has.fr/
N4 : Ltablissement a dfini une politique de dveloppement durable intgre aux
orientations stratgiques de ltablissement.
Lintgration de ce nouveau critre dans la V2010 tmoigne de la volont de la HAS de
faire entrer le dveloppement durable lhpital. A ce titre, la dfinition dune politique
qualit/ scurit/ environnement dans le cadre de la mise en place dun systme de
management intgr, correspond tout fait au niveau dexigence N4 fix pour ce critre.
Critre 1.h : Dveloppement dune culture qualit et scurit (Pratique exigible prioritaire)18 :
N1 : La politique damlioration de la qualit et de la scurit est diffuse et accessible
dans ltablissement.
N2 : Le personnel reoit rgulirement des informations crites sur la mise en uvre et
lvolution de la politique damlioration de la qualit et de la scurit.
N3 : Ltablissement organise rgulirement des activits au cours desquelles les thmes
qualit et scurit sont systmatiquement abords (runions, forum, sminaires, journes
ddies).
N4 : La direction suit rgulirement lvolution de la culture scurit de ltablissement
(sondage, remonte dinformations, implication des personnels dans les groupes de
rflexion et de travail sur la qualit et la scurit).
La norme ISO 9001 notamment, qui place la satisfaction au cur de ses proccupations,
dveloppe chez les agents une forte culture qualit. En ce sens, la norme ISO 9001 peut
aider considrablement les tablissements atteindre le niveau 4.
Critre 3.d : Sant et scurit au travail19 : N1 : Les risques professionnels sont valus priodicit dfinie. Le document unique
est tabli.
N2 : Des actions de prvention des risques sont mises en uvre en collaboration avec le
CHSCT et la mdecine du travail.
N3 : Une valuation de lefficacit des actions entreprises est ralise sur la base du bilan
de la mdecine du travail, du CHSCT, des dclarations daccidents du travail et
dvnements indsirables.
18 HAS. Manuel de certification des tablissements de sant : V2010 en version pilote. Chapitre 1. Management de ltablissement/ partie 1 management stratgique/rfrence 1. Stratgie de ltablissement/ critre 1 h. dveloppement dune culture qualit et scurit.
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 15 -
N4 : Le programme de prvention des risques est rajust annuellement sur la base de
ces valuations .
La norme OHSAS 18001, spcifiquement axe sur la sant et la scurit au travail, est
dans cette perspective, particulirement exemplaire. En effet, cette norme met laccent
sur lidentification des risques professionnels pour mieux les prvenir. Elle envisage
galement la mise en place dactions correctives et des dispositifs dvaluation
priodique. A ce titre, cette norme va bien au-del des exigences fixes par la HAS.
En dehors des critres qualit, scurit, environnement, la HAS a par ailleurs
prvu un critre plus spcifique lactivit de lunit de traitement des DASRI : le critre 7.e. gestion des dchets 20 qui prsente la particularit de correspondre en tous points aux bnfices attendus dune dmarche Q.S.E applique une unit de traitement
des dchets hospitaliers :
N1 : La collecte et llimination des dchets sont organises. Des mesures de protection
du personnel sont mises en application pour la collecte et llimination des dchets.
N2 : Les professionnels sont forms aux procdures de collecte et dlimination des
dchets.
N3 : Les dysfonctionnements en matire de collecte et dlimination des dchets sont
identifis et analyss.
N4 : Des actions damlioration intgrant lobjectif de rduction de la production de
dchets sont engages suite aux analyses des dysfonctionnements. Une charte de
partenariat environnemental est signe avec les principaux fournisseurs et prestataires de
ltablissement.
On saperoit effectivement que les objectifs fixs par la HAS concernant la gestion des
dchets sont la fois dordre scuritaires, sanitaires et environnementaux. En ce sens, la
mise en place dun systme de management intgr garantit la gestion optimale des
dchets telle que dfinie par la HAS.
Les certifications ISO et HAS sont donc tout fait compatibles, mme si elles se
diffrencient par des divergences mthodologiques.
19 HAS. Manuel de certification des tablissements de sant : V2010 en version pilote, Chapitre 1. Management de ltablissement/ partie 2 management des ressources /rfrence 3. la gestion des ressources humaines/ critre 3 d. sant et scurit au travail.
- 16 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
1.1.2.3. La singularit des dmarches ISO et HAS
Si les termes utiliss aujourdhui sont les mmes, il existe cependant des
diffrences notables entre les deux dmarches21.
Les caractristiques de la certification ISO ou OHSAS, par rapport la dmarche de la
HAS sont les suivantes :
une dmarche volontaire : Si la certification ISO est une dmarche facultative, la certification HAS est en revanche
obligatoire pour les tablissements de sant.
un guide mthodologique :
LISO fournit une mthodologie pour matriser et amliorer la qualit des services et
lefficacit de lorganisation en vue de satisfaire les clients, tandis que la certification HAS
sappuie sur un manuel de certification comportant des rfrences formules en objectifs
atteindre.
une certification tantt sectorielle tantt globale : LISO peut sappliquer lensemble de ltablissement ou un champ dactivits bien dfini.
La HAS concerne ltablissement dans sa globalit. Dans les deux cas cependant, cest
lapproche processus qui prvaut.
un audit ralis par une tierce personne : Laudit ISO est ralis sur site, sans auto-valuation pralable, par un auditeur spcialis
dans le secteur, qui rend un rapport daudit sur la base duquel le comit de certification
prend sa dcision. Dans le cadre de la HAS en revanche, ltablissement fait son auto-
valuation. Il est ensuite valu par des pairs qui mettent un rapport examin par une
commission de certification.
la dlivrance dun certificat de conformit : Dans le cadre de la certification ISO, un rapport daudit comportant les carts, les points
forts et axes de progrs est remis lorganisme, qui se voit dlivrer ensuite le certificat si
les carts sont levs. La HAS, en revanche, remet un rapport de certification comportant
20 HAS. Manuel de certification des tablissements de sant : V2010 en version pilote, Chapitre 1. Management de ltablissement/ partie 2 management des ressources/ rfrence 7. la qualit et la scurit de lenvironnement/ critre 7 e. gestion des dchets 21 KERTESZ C., 2006, La certification dans les tablissements de sant : Principes, procdures, bnfices et diffrences avec laccrditation , Techniques Hospitalires, n695, pp. 11-15
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 17 -
une chelle gradue de conformit et un compte rendu de certification accessible au
public.
le renouvellement annuel du certificat :
Si la certification HAS intervient tous les quatre ans, le certificat ISO est par contre
renouvel tous les trois ans, avec deux audits de suivi intermdiaires. Le suivi est donc
beaucoup plus exigeant.
un cot de certification, fonction des activits certifier et de
leffectif impliqu pour lISO : Le cot de la certification HAS est en revanche pris en charge par lassurance maladie.
Les dmarches ISO sont donc certes complmentaires des certifications HAS,
mais surtout beaucoup plus exigeantes, en terme de traabilit et de scurisation de
lorganisation, cest notamment la raison pour laquelle le CHU de Limoges a dcid de
certifier lunit de traitement des DASRI.
1.2. Les enjeux de la certification pour lunit de traitement des DASRI
Le contexte particulier dans lequel sinscrit lunit de traitement des DASRI
explique pourquoi la direction a dcid de mettre en place une certification de type ISO, et
plus particulirement une dmarche Q.S.E.
Les enjeux de la certification pour cette unit sont principalement de quatre
ordres : conomique (1.1.1), marketing (1.1.2), environnemental (1.1.3) et managrial
(1.1.4).
1.2.1. Un enjeu conomique : la rduction du cot de traitement des DASRI
Avec une cinquantaine de clients rpartis sur la rgion22, lunit de traitement des
DASRI du CHU se positionne en situation de quasi-monopole. Mais quasi-monopole ne
signifie pas concurrence zero.
En effet, le CHU de Limoges subit de plus en plus de pressions de la part de son
concurrent bordelais, qui est une filiale du groupe VEOLIA.
22 Annexe 1 : Fiche rcapitulative dactivit de lunit de traitement des DASRI
- 18 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
Cette dernire a investi il y a prs de 2 ans dans de nouveaux quipements lui permettant
daccrotre sa capacit de traitement de 12 000 18 000 tonnes, esprant ainsi
dvelopper son activit. Or, cette entreprise peine aujourdhui a conqurir de nouveaux
marchs et les bnfices escompts en terme de tonnages supplmentaires ne sont
toujours pas aux rendez vous. Afin de rentabiliser ses investissements, le concurrent
bordelais tente alors par tous moyens dtendre sa clientle y compris, au dtriment de
celle du CHU de Limoges. Elle a notamment essay de dmarcher des clients situs en
Charente, Poitou Charente et Limousin.
Or, le CHU de Limoges ne peut se permettre de subir une telle perte, dans la
mesure o la survie de lunit de traitement des DASRI est largement fonction du
tonnage.
Lingnieur environnement a calcul le seuil en de duquel le traitement en interne ne
serait plus rentable, savoir 1 400 tonnes par an, ce qui reprsente un cot de traitement
denviron 800 la tonne. Or la seule production interne de dchets infectieux ne suffit pas
atteindre ce seuil ; le CHU ne produisant que 1 175 tonnes de DASRI par an. Par
ailleurs, la perspective de dploiement du tri slectif sur lhpital de Dupuytren risque
dacclrer considrablement la chute du tonnage.
Pour linstant, les tarifs proposs par le CHU de Limoges (467 la tonne) restent
tout fait comptitifs par rapport ceux de son concurrent (430 la tonne)23, dans la
mesure o le primtre des prestations est quelque peu diffrent. Cependant, le cot de
traitement du CHU de Limoges risque daugmenter considrablement lavenir, du fait de
sa soumission la TVA. Lexemption de cette taxe sexpliquait par le fait que lunit du
CHU tait jusqu ce jour en situation de monopole, or lmergence dun march
concurrent menace de remettre en cause cette faveur et daugmenter le cot de
traitement de 90 la tonne.
Il est donc impratif que le CHU de Limoges anticipe ces volutions et trouve une
parade la hausse des cots.
Certaines mesures ont dj t prises et ont permis de raliser des conomies
significatives :
- remise en concurrence des fournisseurs de pices dtaches et rengociation des cots de maintenance : 42 000 dconomie entre 2006 et 2007
23 Annexe 1 : Fiche rcapitulative dactivit de lunit de traitement des DASRI / Annexe 2 : Tableau rcapitulatif des dpenses de lunit de traitement des DASRI en 2007
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 19 -
- baisse du cot dincinration des ordures mnagres par la commune : 30 000 dconomie par rapport 2007
Dautres nont pas encore t mises en uvre mais ont t envisages :
- internalisation de la prestation de transport des dchets banaliss vers la centrale dincinration communale : 35 000 dconomies
- constitution dun groupement dintrt public avec les clients pour continuer bnficier de lexonration de TVA et prserver la clientle
- suppression du travail de nuit : La rorganisation du travail en 2 x 8 heures au lieu de 3 x 8 heures permettrait de nexploiter que trois machines sur quatre et de
faire lconomie de deux agents soit 70 000 . Ces derniers seraient raffects
la gestion du tri slectif et la nouvelle dchetterie.
Toutefois ces actions ne seront mises en place qu moyen terme ; la Direction
des affaires conomiques souhaitant en premier lieu privilgier une autre piste, celle des
conomies dnergies. En effet, si les banaliseurs ECODAS ont pour principale qualit dtre cologiques, ils ont paralllement pour dfaut dtre nergivores . La
consommation deau, de vapeur et dlectricit sest leve prs de 55 650 en 200724.
Une action cible sur les nergies pourrait alors constituer une source dconomie non
ngligeable.
Pour ce faire, la Direction des affaires conomiques a pens que la mise en place dune
certification ISO et plus particulirement dun systme de management environnemental
pourrait aider lunit de traitement des DASRI amliorer ses performances.
Une tude publie rcemment par lAFNOR tmoigne effectivement de relles conomies
enregistres par les entreprises certifies ISO 14 00125 :
- 10 15% dconomies sur les consommations deau et dnergie,
- rduction de 5 25% de lutilisation des matires premires,
- amlioration de 20 30% du recyclage et de la valorisation des dchets,
- rduction de 20 80% des missions de gaz effet de serre.
La certification ISO peut donc constituer une piste intressante et aider lunit de
traitement des DASRI matriser plus efficacement ses cots.
24 Annexe 2 : Tableau rcapitulatif des dpenses de lunit de traitement des DASRI en 2007 25 AFNOR. Comprendre la relation entre certification ISO 14001 et performance des entreprises. [Visit le 26.08.2008], disponible sur Internet : http://portailgroupe.afnor.fr/v3/legrenelleenvironnement/index.htm
- 20 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
1.2.2. Un enjeu marketing : la promotion du CHU auprs des clients et des autres hpitaux
Lenjeu marketing est double puisquil vise dune part faire la publicit de lunit
de traitement des DASRI auprs des clients (1.1.2.1) et dautre part promouvoir limage
de marque du CHU de Limoges dans le milieu hospitalier (1.1.2.2).
1.2.2.1. Une certification pour fidliser les clients et conqurir de nouveaux marchs
Etant donn lenvironnement concurrentiel dans lequel lunit de traitement des
DASRI du CHU volue, il devient de plus en plus ncessaire dlaborer une stratgie de
fidlisation de la clientle, voire de conqurir de nouveaux marchs.
Le CHU se doit notamment de garantir la qualit et la scurit de la prestation aux
clients et dtre lcoute de leurs attentes. Les exigences des clients sont dautant plus
fortes quils restent responsables des dchets quils produisent jusqu leur limination,
traitement ou mise en dcharge. La responsabilit de ltablissement de sant producteur
ne cesse pas du fait de la sous-traitance du traitement. Elle reste engage conjointement
celles des tiers qui assurent l'limination. Les clients sont donc trs attentifs aux
conditions de traitement des DASRI, car ils doivent sassurer que leur destruction est
conforme la rglementation26.
Le traitement des dchets infectieux est en effet une activit trs risque et
rglemente qui require une grande rigueur organisationnelle, eu gard :
- au dlai respecter entre la production du dchet et son limination (maximum 72
heures),
- aux risques environnementaux lors de lentreposage, le transport et le traitement
du dchet,
- aux risques dexposition des agents aux produits toxiques.
Les tablissements de sant clients seront dautant plus vigilants et exigeants vis-
-vis du prestataire de service que le Grenelle de lenvironnement envisage la mise en
26 Dcret n97-1048 du 6 novembre 1997 relatif llimination des DASRI et assimils et des pices anatomiques
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 21 -
place dune responsabilit largie du producteur (REP)27. Ds lors les sous-traitants sont
fortement incits scuriser leur processus de traitement par divers moyens.
Le CHU de Limoges a pour sa part opt pour des dmarches de type ISO qui
sappuient sur des normes internationalement reconnues. Lobtention dun triple certificat
qualit, scurit, environnement garantit en effet la scurisation du processus tous les
niveaux, ce qui peut tre particulirement rassurant pour le client. Les cliniques,
notamment, sont trs demandeuses de ces certificats.
En outre, les clients sont de plus en plus proccups par le respect de
lenvironnement. Cette certification serait alors tmoin de lengagement du CHU en faveur
de la protection de lenvironnement.
Enfin, ces certificats tant de plus en plus rpandus dans les entreprises prives
de traitement des dchets, il paraissait naturel que le CHU de Limoges lobtienne pour
tre en mesure de rivaliser avec ces dernires. Le CHU pourra ainsi faire valoir cet
argument marketing auprs de ses clients, vis--vis de son principal concurrent bordelais
qui nest pas encore certifi qualit, scurit, environnement.
1.2.2.2. Une certification comme moyen de communication externe du CHU de Limoges
Le CHU de Limoges est longtemps rest repli sur lui-mme de par son enclave
gographique. De fait, il ntait quun CHU parmi dautres, dont on entendait parler que
trs rarement.
Cet tablissement dont la gestion est exemplaire depuis plusieurs annes mritait
cependant une toute autre rputation. Le Directeur Gnral a donc lanc une vaste
campagne de communication pour faire parler du CHU de Limoges , en mettant en
valeur les projets et succs de lhpital.
Cette politique de communication a concern aussi bien les activits mdicales
que les secteurs logistiques. La direction gnrale a notamment mdiatis la certification
27 INTERGROUPE DECHET. Le Grenelle de lenvironnement. Synthse. [Visit le 10.05.2008], disponible sur Internet : http://.legrenelle-environnement.gouv.fr
- 22 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
de la cuisine centrale et de la blanchisserie hospitalire, par le biais de la presse locale et
des revues professionnelles28.
Lingnieur environnement a lui-mme beaucoup communiqu sur lunit de
traitement des DASRI29 et lacquisition de nouveaux procds de traitement cologique.
Cette campagne de communication sera lavenir dautant plus intressante quil
nexiste dune part quasiment plus dunit hospitalire in situ de traitement des DASRI, et
que dautre part aucune des units restantes nest certifie qualit, scurit,
environnement. Lacquisition dune telle certification par le CHU de Limoges serait donc
une premire dans le secteur hospitalier.
Le bnfice en terme dimage serait important vis--vis des autres tablissements
de sant et du secteur priv. La mise en place avec succs de ces trois rfrentiels serait
loccasion de mettre en valeur les comptences du service public et de montrer que les
tablissements publics sont capables de rpondre aussi bien que le secteur priv aux
exigences de ces trois normes. Cette certification ne doit pas rester lapanage des
tablissements privs. Elle doit stendre galement aux hpitaux publics.
Il semble particulirement important une poque o lefficacit du service public
est conteste, de souligner que les fonctionnaires hospitaliers puissent tre aussi
performants que les salaris du secteur priv dans un domaine aussi sensible que celui
du traitement des DASRI.
1.2.3. Un enjeu environnemental : la mise en place dune gestion durable des dchets
Avec une production annuelle de 700 000 tonnes, les hpitaux publics et privs
reprsentent eux seuls prs de 3,5%30 de la production nationale de dchets de toutes
sortes. Les difficults lies la gestion de 1 050kg de dchets par lit et place chaque
anne sur le territoire (contre une moyenne nationale de 360kg par an et par habitant)
sexpriment autant en terme de volumtrie que de problmatiques sanitaires propres
lactivit hospitalire.
En effet, outre les dchets dits domestiques ne ncessitant pas de traitement
particulier, lhpital produit :
28 COL G., GROULIER V., 2006, CHU de Limoges. Management qualit en blanchisserie : Un systme qui fait ses preuves , Techniques Hospitalires, n695, pp. 38-45. 29 BOULESTEIX L., 2008, Elimination des dchets dactivits de soins risques infectieux au CHU de Limoges , Techniques Hospitalires, n708, pp. 63-66. 30 MEAH. Optimiser le circuit des dchets : contexte et enjeux. [visit le 03.07.2008], disponible sur internet : http://meah.sante.gouv.fr
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 23 -
http://meah.sante.gouv.fr/
- des dchets dactivits de soins risques infectieux (DASRI) : Ce sont les flacons
de culture, seringues, matriels coupants piquants et usage unique, contenant
des traces de germes susceptibles de contaminer lhomme.
- Des dchets assimilables aux dchets industriels spciaux (DIS) : Ce sont par
exemple les soluts de laboratoires, le matriel informatique et tous les produits
dont la dangerosit ou la toxicit require quils soient neutraliss ou recycls.
- Des dchets radioactifs et cytotoxiques, dont le traitement est extrmement
rglement.
Lhpital, producteur de soins et, par la mme, consommateur dnergie, de
ressources, et gnrateur de dchets, constitue une source importante de pollution quil
convient de matriser. En effet, on peut difficilement admettre quun tablissement, dont
lessence mme est de sauver des vies, nuise plus long terme quil ne prserve. Il
revient donc aux tablissements de sant de relever ce dfi qui est celui de lexemplarit,
en anticipant et en agissant dans un cadre de sant renouvel31 .
Lhpital doit tre en mesure de matriser limpact sanitaire et environnemental de
son activit pour entrer ainsi dans une dmarche de dveloppement durable, au sens de
la dfinition admise par lAssemble gnrale des Nations Unies en 1987, savoir :
Un dveloppement qui permette aux gnrations prsentes de satisfaire leurs besoins
sans remettre en cause la capacit des gnrations futures satisfaire les leurs .
Cependant, il ne suffit pas de rdiger des chartes environnementales pour faire du
dveloppement durable. Lhpital doit tre en mesure dassumer financirement la
traduction concrte de ses engagements sur le terrain. Or, lheure de la T2A, la
tentation est grande de privilgier les enjeux financiers de court terme, au dtriment de la
recherche dexternalits positives et qualitatives long terme, aux bnfices plus diffus de
la socit.
Dans les faits, on saperoit que la plupart des actions menes en faveur du
dveloppement durable dans les hpitaux ont souvent t guides par la contrainte
(ncessit de mise en conformit avec les volutions rglementaires) ou par des
incitations financires avantageuses (exonrations de taxes ou subventions diverses
notamment dans le cadre du plan hpital 201232).
31 FRANCOIS L., MOUREAUX-PHILIBERT S., SANCHEZ N., LEROUX V., mai 2008, Dcider de se mettre au dveloppement durable Et aprs ? , Gestions hospitalires, n476, pp. 321-323 32 MINISTERE DE LA SANTE, DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS. Circulaire n248 du 15 juin 2007 relative la mise en uvre du plan hpital 2012
- 24 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
Lapproche du CHU de Limoges a t quelque peu diffrente, dans la mesure o
lunit est dj aux normes et que le directeur na sollicit aucune aide financire ce
jour. La dcision de mettre en place une certification Q.S.E tait donc totalement
volontaire, la directrice des affaires conomiques ayant souhait sortir dune position
attentiste et anticiper les volutions futures, sen attendre de devoir agir sous la
contrainte. La certification Q.S.E devient alors un outil au service du dveloppement
durable, qui va aider lunit de traitement des dchets rduire son impact sur
lenvironnement.
1.2.4. Un enjeu managrial : la gestion durable des ressources humaines
Lorsque lon parle de dveloppement durable, on pense dabord
lenvironnement. Cependant, on oublie souvent laspect gestion durable des ressources
humaines. Or la loi constitutionnelle du 1er mars 2005 a proclam que :
Les politiques publiques doivent promouvoir le dveloppement durable (), le
dveloppement conomique et le progrs social .
Ce progrs social passe notamment par le dveloppement dun management
durable des ressources humaines, c'est--dire une gestion responsable et citoyenne de la
principale ressource de lhpital : son capital humain.
Dans la perspective dune diminution significative du nombre dactifs, les
directeurs dhpital se doivent en effet dtre de plus en plus conomes dans la gestion
des ressources humaines afin de prserver les forces de travail. Il sagit alors de rflchir
une organisation du travail qui rende lhpital attractif et donne envie aux agents de
sengager durablement dans la fonction publique.
Cette fidlisation du personnel est dautant plus importante pour lunit de
traitement des DASRI que le travail y est ingrat, peu valorisant et les perspectives de
carrire restreintes. Il fallait donc trouver une solution pour fidliser ces agents qui
disposent par ailleurs de comptences rares et trs spcifiques, en agissant plusieurs
niveaux :
En scurisant les conditions de travail : Ce nest pas parce quil ny a jamais daccident de travail lunit de traitement
des DASRI, quil faut pour autant sen contenter. Le CHU nest pas labri dun accident
du travail ou dune maladie professionnelle susceptible de se dclarer dans le futur.
Il ne faut pas oublier en effet que les agents sont au contact quotidien de dchets
infectieux qui les exposent de fait un risque potentiel de contamination. Par ailleurs, les
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 25 -
machines utilises pour le traitement des DASRI sont des procds industriels dangereux
qui ncessitent dtre manipuls avec prcaution. La moindre ngligence peut entraner
des dgts humains irrversibles.
Afin de rassurer les agents sur leurs conditions de travail, la direction des affaires
conomiques a alors dcid de mettre en place une certification de type ISO permettant
didentifier les risques pour mieux les prvenir.
En amliorant lergonomie des postes : La gestion durable des ressources humaines suppose galement damliorer
lergonomie des postes. Or lemplacement actuel des machines et la configuration de
lunit ne participe pas dune conomie des forces de travail. Le technicien et le matre
ouvrier de lunit qui rparent les machines sont contraints dextraire les moteurs par leurs
propres moyens avec un matriel peu adapt, ce qui les oblige manipuler des charges
trs lourdes. Lobjectif de la certification est galement damliorer lergonomie des postes
pour viter les accidents de travail. Il sagit ici de faire une analyse bnfices/ risques et
de rpondre la question suivante : Est-ce que les conomies induites par
linternalisation de la maintenance ne sont pas compenses par une hausse du cot
humain du fait des risques professionnels encourus ?
En valorisant les comptences des agents : Lunit de traitement des dchets a connu de nombreuses transformations en
quelques annes, notamment le remplacement de lincinrateur par un procd de
dsinfection. Pendant cette phase de transition dlicate, les agents ont fait preuve de
grandes capacits dadaptation, en acceptant de remettre en cause leur mode de
fonctionnement.
Pour autant, lacquisition de nouvelles comptences ne leur a pas permis de
gagner le respect des services de soins qui les dnigrent. En effet, comme dans la plupart
des hpitaux, lactivit de lunit de traitement des dchets est considre comme une
activit de seconde zone, au service exclusif des soins. De fait, les units de soins ne se
sentent pas lies par une obligation de rciprocit vis--vis de lunit de traitement des
DASRI. Elles se dsintressent alors totalement de la gestion des dchets et des
rpercussions de leurs ngligences sur les conditions de travail des agents. Cependant
une telle indiffrence nest plus acceptable en 2008. Les agents attendent une
reconnaissance de leurs comptences leur juste valeur.
En ce sens, la direction espre que lobtention dune certification aussi complexe
que la dmarche Q.S.E va permettre de changer le regard des services de soins sur la
gestion des dchets et amliorer les relations quils entretiennent avec lunit de
traitement des DASRI.
- 26 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
Ce sera galement loccasion pour la direction de fliciter les agents et de leur
tmoigner une reconnaissance institutionnelle collective, quils attendent depuis
longtemps.
En donnant du sens leur action : Le traitement des dchets est certes un service support des activits de soins et
mdico-techniques, mais aussi une activit indispensable et de plus en plus importante
dans une perspective de dveloppement durable lhpital. Or, la plupart des agents ont
une vision restrictive de leur travail. Lingnieur environnement a souhait mettre en
perspective leur rle dans linstitution pour donner un sens leur action.
La certification leur offre notamment cette possibilit en mettant en relief leurs
interactions avec les autres services (notamment par la ralisation de lcoute client33 )
et lenvironnement. Elle permet galement de redonner confiance en leurs comptences,
en leur permettant de se comparer un rfrentiel de normes prdfinies garantissant la
matrise du processus de production. Avoir lassurance de produire conformment un
protocole valid et reconnu peut tre particulirement rassurant et valorisant pour des
agents en manque de repre.
En somme, on saperoit que la dcision de certifier lunit de traitement des
DASRI na pas t anodine et quelle a t guide par la ncessit dapporter une
rponse adapte aux enjeux identifis. Cependant, le choix du ou des rfrentiels
correspondant nest pas toujours vident et ncessite une analyse pralable des
diffrentes normes.
1.3. Le choix spcifique des rfrentiels Qualit, scurit, environnement
Une certification de type ISO, certes ! Mais laquelle ? Le choix du rfrentiel est
extrmement important. Lorganisme doit sassurer quil corresponde ses attentes. Or,
on saperoit souvent que les organismes se lancent dans ces dmarches sans prendre le
temps danalyser srieusement la porte de la norme choisie. Cette ngligence est
souvent lorigine des divers problmes et retards de calendrier rencontrs en cours de
procdure.
33 C.f. annexe 10: questionnaire coute client
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 27 -
Il est donc indispensable de prsenter les trois normes choisies et de cerner leurs
objectifs respectifs : La norme ISO 9001 sarticule autour de la satisfaction du client
(1.3.1). La norme ISO 14001 sinscrit davantage dans une dmarche de protection de
lenvironnement (1.3.2). La norme OHSAS 18001 vise scuriser les conditions de travail
des agents (1.3.3).
1.3.1. La norme ISO 9001 : la recherche de la satisfaction du client
LISO 9001 : 2000 remplace et annule la seconde dition qui datait de 1994. Dans
cette nouvelle version, le titre a t modifi : on parle de systme de management de la
qualit et non plus dassurance qualit . Certes, lISO 9001 : 2000 vise encore
garantir la qualit du produit, mais elle cherche galement accrotre la satisfaction des
clients. En ce sens, ladoption dun systme de management par la qualit sinscrit dans
la vision stratgique de lorganisme.
LISO 9001 :2000 encourage ainsi ladoption dune approche processus lors du
dveloppement, de la mise en uvre et de lamlioration continue de lefficacit dun
systme de management de la qualit, afin daccrotre la satisfaction des clients par le
respect de leurs exigences et lapplication des rfrentiels. Il convient de prciser que
lapproche processus, qui est spcifique lISO 9001, est transfrable aux autres normes.
Lapproche processus englobe lapplication dun systme de processus au sein
dun organisme, lidentification, les interactions et le management de ces processus.
Le processus retrace les ressources ncessaires lactivit de lorganisme et la
transformation des lments dentre en lment de sortie ; parmi lesquels le client joue
un rle dcisif. En effet, lISO 9001 porte une attention particulire aux exigences
spcifies par les clients (lments dentre) et lvaluation rgulire de leur satisfaction
(lments de sortie), ce qui suppose que lorganisme ait mis en place un dispositif
efficace de communication avec les clients concernant les informations relatives aux
produits et le traitement des consultations, des commandes et rclamations.
Limportance du client est par ailleurs souligne dans larticle 1er de la norme sur
les gnralits, qui nonce que la prsente norme internationale sadresse tout
organisme qui souhaite :
dmontrer son aptitude fournir rgulirement un produit conforme
aux exigences des clients et aux exigences rglementaires
applicables.
- 28 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
Accrotre la satisfaction de ses clients par lapplication efficace du
systme 34.
La mise en place de la norme ISO 9001 prsente un intrt certain pour lunit de
traitement des DASRI, eu gard au nombre important de clients quelle dtient et
lenvironnement concurrentiel qui entoure son activit. La garantie de la qualit de la
prestation et de la satisfaction du client devient un atout indispensable la fidlisation de
la clientle du CHU de Limoges.
Lunit de traitement des DASRI ne peut dautant moins se passer de cette certification
que son concurrent principal est dj certifi ISO 9001.
Par ailleurs, lapplication de cette norme aux dchets hospitaliers sinscrit dans la
politique institutionnelle de certification ISO 9001 de lensemble des services logistiques
qui prvaut depuis quelques annes. Il apparat donc normal que lunit de traitement des
DASRI soit certifie ISO 9001 son tour.
1.3.2. La norme ISO 14001 : la recherche de la production sans pollution
La prise de conscience de lenjeu que reprsente la protection de lenvironnement
a abouti llaboration dun rfrentiel qui puisse permettre aux acteurs socio-
conomiques dvaluer leurs activits vis--vis de lenvironnement, de mettre en uvre et
de dmontrer leur engagement en faveur de sa protection.
La norme ISO 14001 : 2004 spcifie les exigences dun tel systme de management
environnemental, permettant un organisme de dvelopper et de mettre en uvre une
politique et des objectifs qui prennent en compte les exigences lgales et les informations
relatives aux aspects environnementaux significatifs.
La norme ISO 14001 nimpose pas en soi de critres spcifiques de performance
environnementale. Elle sapplique aux aspects environnementaux que lorganisme a
identifis comme tant ceux quil a les moyens de matriser et ceux sur lesquels il a les
moyens davoir une influence. A partir de ce recensement gnrique, lorganisme doit tre
en mesure didentifier les aspects environnementaux significatifs c'est--dire ceux
susceptibles davoir un impact significatif sur lenvironnement, et qui devront tre pris en
compte de faon prioritaire. Au-del des contraintes rglementaires, il appartient donc
lorganisme de dterminer lui-mme le niveau de performance quil souhaite atteindre.
34 AFNOR., dcembre 2000, Systmes de management de la qualit, NF EN ISO 9001, 1er tirage, page 1, article 1.1
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 29 -
Par ailleurs, la prsente norme se veut conciliante. Elle vise concilier la
prvention de la pollution avec les besoins socio-conomiques.
Pour ce faire le systme de management environnemental laisse aux organismes la
possibilit de choisir les techniques disponibles les meilleures et les plus appropries aux
objectifs viss et surtout de favoriser les techniques conomiquement viables.
La mise en place dun systme de management environnemental ne doit pas conduire
lorganisme engager des dpenses insurmontables eu gard aux objectifs viss.
La norme ISO 14001 prvoit galement une mise en place chelonne dans le
temps, pour permettre aux organismes dtaler les cots, lorsque la certification implique
des mises aux normes denvergure. Il est possible daborder simultanment plusieurs de
ces exigences ou y revenir nimporte quel moment. La chambre de commerce et
dindustrie propose notamment une mise en place exprimentale en trois tapes et aide
les organismes dterminer le niveau qui leur convient35 :
- niveau 1 : tat des lieux et identification des actions prioritaires
- niveau 2 : laboration du programme daction environnemental
- niveau 3 : formalisation du systme de management environnemental
Lorganisme dispose alors dune certaine souplesse de gestion, y compris financire.
La mise en place de la norme ISO 14001 est donc indispensable pour aider lunit
de traitement des dchets du CHU sinscrire totalement dans une dmarche de
dveloppement durable. Elle va notamment contribuer rduire son impact
environnemental et sanitaire en agissant sur le procd de traitement utilis. Lobjectif
vis est de limiter lmission et la dispersion dans les milieux (air, eau, sols et sdiments)
des polluants connus pour leur caractre nocif pour la sant, afin de maintenir
durablement la qualit de leau potable, prserver la qualit de lair et limiter la pollution
des sols.
La dmarche ISO 14001 rpond parfaitement aux objectifs fixs par le Grenelle de
lenvironnement qui encourage le recours aux procds cologiques de traitement des
dchets.
1.3.3. La norme OHSAS 18001 : la recherche de conditions de travail scurises
Les organismes de toutes sortes se proccupent de plus en plus dobtenir et de
prouver lexistence dexcellents rsultats en termes de sant et de scurit au travail,
- 30 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
dans un contexte lgislatif de plus en plus rigoureux, dvolution des politiques
conomiques et de mesures encourageant les bonnes pratiques de sant et scurit au
travail.
La norme OHSAS 18001 :2007 permet justement un organisme dlaborer une
politique en matire de sant et scurit au travail, dtablir des objectifs et des processus
pour atteindre les engagements fixs par sa politique et amliorer sa performance. Elle
sadresse aux organismes qui souhaitent liminer ou pour le moins rduire au minimum
les risques encourus par leur personnel sur leur lieu de travail.
La prsente norme accorde autant dimportance la sant qu la scurit au travail,
contrairement la version prcdente davantage oriente vers la scurit au travail.
La sant et la scurit au travail sont entendues au sens strict, c'est--dire que la norme
OHSAS 18001 :2007 ne vise ni les programmes de soutien et bien-tre aux agents, ni la
scurit des produits, ni les dommages matriels ou impacts sur lenvironnement.
Si les normes ISO 14001 et ISO 9001 placent respectivement lenvironnement et
le client au cur du systme de management, la norme OHSAS 18001 met quant elle
le focus sur les ressources humaines de lorganisme.
Il sagit de scuriser lenvironnement de travail des agents, tout en les associant
lamlioration de leurs conditions de travail. La norme OHSAS 18001 se caractrise en
effet par un important volet communication, participation et consultation des travailleurs,
qui a un impact direct sur la qualit de la prestation et du processus de ralisation.
En ce sens, la norme OHSAS 18001 rpond tout fait aux objectifs viss par le CHU de
Limoges :
- La mise en place de dispositifs de prvention des risques va permettre damliorer
les conditions de travail des agents.
- La participation des agents lidentification des dangers et lvaluation des risques
va contribuer responsabiliser les agents et les rendre plus attentifs leur
scurit.
- La campagne de communication de grande ampleur mene aussi bien lintrieur
de ltablissement qu lextrieur va favoriser la reconnaissance des agents et
amliorer limage de lunit de traitement des dchets.
- Le respect de la norme OHSAS 18001 va constituer une rponse plus que
satisfaisante au projet social dtablissement.
35 Site internet : http://123environnement.fr
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 31 -
On saperoit que les certifications ISO quelles quelles soient sont des outils de
gestion trs utiles, susceptibles de sinscrire dans une vision stratgique des
tablissements de sant, condition que ce dernier en ait identifi pralablement les
enjeux. Car ce sont prcisment ces enjeux qui vont constituer le fil directeur de la
conduite de projet.
2. La conduite du projet de certification qualit, scurit, environnement
La conduite dun projet de certification fonde sur trois rfrentiels est relativement
complexe, cest pourquoi il est impratif de mettre en place une organisation rigoureuse
en amont et de dfinir une mthode. Il convient donc de se poser les questions
suivantes :
Faut-il mettre en place les trois rfrentiels simultanment ou
sparment ? (2.1)
Quelles personnes ressources faut-il mobiliser et comment organiser
le droulement du projet ? (2.2)
2.1. Le choix dun systme de management intgr36
Pour construire une certification qualit, scurit, environnement, deux approches
sont possibles : soit chacune des normes est traite une une, soit les trois rfrentiels
sont abords de faon intgre. Mais quentend-on par systme intgr ?
Les organismes sont tout fait libres dopter pour un systme intgr ou spar ;
chacun de ces concepts prsentant des avantages et des inconvnients (2.1.1).
Lintgration est rendue possible par le biais des analogies conceptuelles et
mthodologiques existantes entre les trois rfrentiels (2.1.2). Reste choisir le schma
dintgration appropri (2.1.3).
36 FROMAN B., GEY J-M., BONNIFET F., Qualit-scurit-environnement : Construire un systme de management intgr, 2e ed, Paris : AFNOR, 327p.
- 32 - Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008
2.1.1. Systme intgr/ Systme spar : Dfinition des concepts
Systme intgr ne signifie pas systme centralis , ni systme unique , avec un seul manuel, un seul jeu de procdures et dinstructions. Cest plutt un
systme susceptible de prsenter des parties communes et des parties spcifiques, et qui
peut comporter des lments simplement imbriqus, c'est--dire absolument identiques,
mais que lon retrouve dans lun et lautre des sous-ensembles.
Dans tous les cas, quelque soit sa dnomination, ce systme doit imprativement tre
coordonn et faire partie dun ensemble plus large comprenant la fois la scurit, la
qualit et lenvironnement.
Les systmes spars en revanche peuvent renvoyer soit un systme de management indpendant lun de lautre, soit un systme dans lequel on ne souhaite
approcher les problmes que sous langle technique et lgal.
Dans cette dernire hypothse, on considre que chacun des domaines met en jeu des
techniques diffrentes, et donc des indicateurs diffrents, avec des problmes distincts. Il
est alors assez naturel de laisser les spcialistes de chaque domaine dvelopper leurs
techniques propres.
Ils peuvent aussi tre considrs comme une premire tape, avant dvoluer
ultrieurement vers une dmarche managriale dintgration. Les organismes peuvent
alors dcider de mettre en place successivement les trois normes.
Le recours aux systmes de management spars peut prsenter lavantage de
clarifier et simplifier la rencontre avec lauditeur en lui proposant des documents distincts
pour chaque norme. Il est alors plus facile de sassurer que lorganisme sest conform
la norme, en reprenant les normes une une au lieu de les aborder de faon
concomitante.
La gestion spare permet galement aux organismes dj certifis ISO 9001
notamment, dacqurir les certificats ISO 14001 et OHSAS 18001 sans remettre en cause
les procdures existantes.
Cette approche prsente donc un certain nombre davantages, tels que la
simplicit de mise en place, qui semblent trs sduisants de prime abord. Toutefois, les
organismes qui choisissent cette mthode sexposent par la suite un risque
dincohrence entre les procdures, voire de redondances qui rend le systme inoprant.
Cest pourquoi, il est fortement recommand de prfrer les systmes de management
intgrs.
Charlotte LHOMME - Mmoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sant Publique - 2008 - 33 -
2.1.2. Les analogies conceptuelles en faveur des systmes intgrs
Les analogies entre les trois normes sont bien plus nombreuses que les
diffrences, et conduisent des principes de management semblables. Il en rsulte pour
la scurit, la qualit et lenvironnement que les rfrentiels correspondants sont
compatibles et complmentaires, et peuvent tre aisment appliqus au management
intgr.
Tout dabord, les normes OHSAS 18001, ISO 9001 et ISO 14001 sappuient sur
une politique et des objectifs communs :
- ncessit de dclaration et dengagement de la direction au plus haut niveau
- communication lensemble du personnel et motivation des agents
- mise en place dune politique de prvention des dysfonctionnements
o ISO 9001 : prvention des non co