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EFFET D’UNE COMMUNICATION MENAÇANTE SUR L’INTENTION DES
ENFANTS (DE 8 A 12 ANS) À ADOPTER UN COMPORTEMENT FAVORABLE EN
SANTÉ DENTAIRE: RÔLE DE L’IMPLICATION ENVERS LA CATÉGORIE DU
PRODUIT
Résumé : Cette recherche a pour objectif d’étudier l’influence des réactions affectives
négatives déclenchées par une communication menaçante en hygiène dentaire sur l’intention
comportementale des enfants âgés de 8 à 12 ans et ce en mettant en lumière le rôle modérateur
de l’implication de l’enfant envers la catégorie du produit. Une enquête qualitative a été
réalisée afin d’identifier les principaux dangers qui menacent la santé dentaire des enfants,
puis, une quasi-expérimentation a été réalisée auprès de 570 enfants. Les résultats montrent un
effet significatif des réactions affectives négatives sur l’attitude envers le produit, l’attitude
envers l’annonce et l’intention comportementale des enfants. L’effet modérateur de
l’implication envers le produit a été également confirmé.
Mots clés : marketing de l’enfant ; menaces ; réactions affectives négatives ; intention
comportementale ; implication
EFFECT OF THREATENING COMMUNICATION ON THE INTENTION OF
CHILDREN (8-12 YEARS OF AGE) TO ADOPT FAVOURABLE DENTAL HEALTH
BEHAVIOUR: ROLE OF INVOLVEMENT IN THE PRODUCT CATEGORY
Abstract : The objective of this research is to investigate the influence of negative emotional
reactions triggered by threatening dental hygiene communication on the behavioural intent of
children aged 8 to 12 years and this by highlighting the moderating role of the child's
involvement in the product category. A qualitative survey was conducted to identify the main
threats to children's dental health, and then the experimentation was conducted with 570
children. The results show a significant effect of negative emotional reactions on children's
attitudes towards the product, attitudes towards the advertisement and behavioural intentions.
The moderating effect of product involvement was also confirmed.
Keywords: kids marketing; threats; negative affective reactions; behavioral intention;
involvement.
1
EFFET D’UNE COMMUNICATION MENAÇANTE SUR L’INTENTION DES
ENFANTS (DE 8 A 12 ANS) À ADOPTER UN COMPORTEMENT FAVORABLE EN
SANTÉ DENTAIRE: RÔLE DE L’IMPLICATION ENVERS LA CATÉGORIE DU
PRODUIT
Introduction
L’évolution du rôle de l’enfant au sein de la famille de celui d’un consommateur à un
consommateur décideur et prescripteur (McNeal, 1992 ; Brée, 2007 ; Ezan et al., 2014) a
favorisé la multiplication des recherches sur les attitudes et les comportements de
consommation enfantine (John, 2001). En effet, les connaissances, les compétences et les
attitudes acquises dès l’enfance, façonneront les futures préférences ainsi que les futurs
comportements de consommation (Dotson et Hyatt, 2005). Dès lors, ce marché suscitait
davantage l’intérêt des chercheurs et des responsables de la communication. Une pléthore de
recherches ont étudié les mécanismes par lesquels les enfants réagissent à une communication
publicitaire (Phelps et Hoy, 1996 ; Derbaix et Brée, 1997 ; Derbaix, Blondeau et Pecheux,
1999 ; Moore-Shay et Lutz, 2000 ; Pecheux et Derbaix, 2002) et elles ont identifié les facteurs
clés de la persuasion des enfants (Brée, 1993 ; Derbaix et Brée, 1997). Sauf que, ces
recherches étudient, généralement, les réactions des enfants face à une communication
classique. Les communications basées sur les menaces sont rarement utilisées auprès de la
cible enfantine (Charry et Pecheux, 2011 ; Panic, Cauberghe et De Pelsmacker, 2014 ; Charry,
Pelsmacker et Pecheux, 2014). Alors que, des recherches antérieures en marketing social
confirment l’efficacité des communications menaçantes dans les campagnes de santé
préventives que ce soit auprès des adultes ou auprès des adolescents (De Hoog, Stroebe et De
Wit, 2005; Smith et Stutts, 2006 ; Dann, 2010 ; Luca et Suggs, 2013 ; Hornik et al., 2017 ;
Teng et al., 2019 ; Hayashi et al., 2019). Ceci, nous a amené à penser qu’un message
publicitaire exposant une menace peut convaincre les enfants à adopter un comportement
préventif en santé d’une manière générale et en santé dentaire d’une manière plus précise.
C’est dans cette perspective que cette recherche s’interroge sur l’influence d’une
communication menaçante en hygiène dentaire sur l’intention des enfants à adopter un
comportement favorable à leur santé dentaire. L’objectif de cet article est, d’abord, d’analyser
le rôle joué par les émotions négatives déclenchées par une annonce menaçante sur l’attitude
envers l’annonce ainsi que l’attitude envers le produit à utiliser (le dentifrice dans ce cas).
Ensuite, comparer l’efficacité d’utilisation d’une communication circulant des menaces par
rapport à une communication classique (ne contenant pas de menace) du point de vue
intention des enfants à adopter un comportement préventif en santé dentaire. Enfin, identifier
le rôle modérateur que peut jouer l’implication envers la catégorie du produit sur la relation
entre les réactions affectives négatives et le processus de persuasion.
Revue de la littérature : Enfants, communication menaçante et persuasion publicitaire
Selon Hayashi, et al., (2019), les communications menaçantes se basent sur un message
persuasif qui cherche à éveiller la menace d’un danger ou d’un risque et qui influence le
récepteur à suivre les recommandations proposées dans ce message. Dans le contexte de la
communication relative à la santé préventive, l’utilisation des messages basés sur les menaces
a fait preuve d’une certaine efficacité pour avoir le comportement souhaité de la cible
(Tanner, Hunt et Eppright, 1991; Schoenbachler et Whittler, 1996; Pechmann, Zhao,
Goldberg et Reibling, 2003 ; De Hoog, Stroebe et De Wit, 2005; Smith et Stutts, 2006 ;
Hornik et al., 2017 ; Teng et al., 2018 ; Hayashi et al., 2019). En effet, plusieurs recherches
2
(Witte et Donohue, 2000 ; Pechmann, Zhao, Goldberg et Reibling, 2003 ; De Hoog et al.,
2005 ; Charry et Pecheux, 2011 ; Panic, Cauberghe et De Pelsmacker, 2014 ; Carey et Sarma,
2016 ; Hornik et al., 2017; Teng et al., 2019; Hayashi et al., 2019) confirment la capacité de
ces messages avertissant d’un danger potentiel (Dillard et Shen, 2018) à convaincre la cible,
soit en motivant l’adoption d’un comportement favorable à la santé ou en décourageant
l’adoption des comportements à risques (Emanuel, McCully, Gallagher et Updegraff, 2012).
D’une manière générale, les recherches ayant pour objet les communications menaçantes sont
réalisées auprès des adultes (Ngondo et Klyueva, 2019) et auprès des adolescents (Dickinson
et Holmes, 2011; Carey et Sarma, 2016). A notre connaissance, les recherches qui ont étudié
le pouvoir de persuasion de communication menaçante auprès des enfants sont rares (Charry
et Pecheux, 2011 ; Charry et Demlouin, 2012) et elles sont essentiellement réalisées dans le
contexte de l’obésité enfantine. La santé dentaire des enfants relève, également, d’une grande
importance dans la mesure où une mauvaise hygiène dentaire peut causer d’autres problèmes
de santé tels que le diabète, les maladies cardiovasculaires et les maladies respiratoires
(l’OMS, rapport 2016). Donc nous avons choisi de réaliser notre étude dans le contexte de la
santé dentaire.
En comportement du consommateur, plusieurs chercheurs se sont intéressés à l’étude des
réactions des enfants face à une annonce publicitaire (Phelps et Hoy, 1996 ; Derbaix et Brée,
1997 ; Derbaix, Blondeau et Pecheux, 1999 ; Moore-Shay et Lutz, 2000 ; Pecheux et Derbaix,
2002). Derbaix (1982) a proposé une hiérarchie des effets, appelée également la hiérarchie
émotionnelle qui explique les réactions des enfants après leur exposition aux publicités
(Derbaix, Brée et Masson, 1994 ; Derbaix et Brée, 1997). En partant de cette théorie,
plusieurs modèles de persuasion ont été développés tels que le modèle de Phelps et Hoy
(1996), le modèle de Derbaix et Brée (1997), le modèle de Moore-Shay et Lutz (2000) et le
processus proposé par Guichard et Pecheux (2007). Alors, après exposition à une annonce
publicitaire, l’enfant développe une réaction principalement émotionnelle qui va générer par
la suite une attitude envers l’annonce (H1), suivie par une formation d’une attitude envers la
marque ou le produit (H2.a, H2.b). Ces attitudes lorsqu’elles sont favorables, elles génèrent
une intention de demande du produit ou un comportement (H3, H4) (Derbaix, Brée et
Masson, 1994 ; Derbaix et Breé, 1997 ; Moore-Shay et Lutz, 2000 ; Brée, 2007 ; Ezan et
Pantin-Sohier, 2010 ; Ezan et al., 2014). En effet, l’attitude envers l’annonce ainsi que
l’attitude envers le produit dépendent largement des réactions émotionnelles déclenchées
(Moore-Shay et Lutz, 2000 ; Pecheux et Derbaix, 2002), plus précisément, des réactions
émotionnelles positives. Le pouvoir de persuasion des réactions affectives négatives est
rarement étudié (Charry et al.,, 2011). Dans cette recherche, nous nous limiterons à l’étude de
l’influence des réactions affectives négatives générées suite à l’exposition des enfants à une
annonce menaçante promouvant l’adoption d’un comportement favorable à la santé dentaire.
Nous étudierons, également, le rôle modérateur de l’implication envers le produit (le
dentifrice dans notre cas) qui a été mainte fois confirmé dans des recherches antérieures
(Derbaix, 1995 ; Derbaix et Pecheux, 1997 ; Muratore, 2002 ; Mzoughi, 2017) (H5).
Méthodologie
Enquête qualitative : dans un premier temps, une étude exploratoire a été menée afin
d’identifier les différentes formes de menaces auxquelles sont exposés les enfants âgés de 8 à
12 ans dans le contexte de la santé dentaire. Au total, 17 entretiens semi-directifs étaient
réalisés auprès des médecins dentistes. En effet, l’analyse des verbatim issus de ces entretiens
a permis de dégager trois principaux dangers qui peuvent menacer les enfants : les douleurs au
niveau de la gencive, la possibilité d’enlever une dent chez un dentiste et le rejet par le groupe
d’amis. Ces menaces dégagées feront, par la suite, l’objet des autres études dans cette
3
recherche. Dans un deuxième temps, nous avons réalisé des mini-focus-groups auprès de 26
enfants âgés de 8 à 12 ans répartis en 6 groupes formés par 4 ou 5 enfants selon leurs affinités.
Ceci en suivant les recommandations de Derbaix et Pecheux (2000) et Brée (2007 ; 2012)
pour la collecte de données auprès des enfants. Durant les focus-groups, les enfants étaient
exposés à deux montages audiovisuels. Ces montages ont été conçus en se basant sur la
littérature existante relative à la structure des messages menaçants en santé préventive (Panic
et al, 2014; Charry, 2009 ; Dickinson et Holmes, 2008; Gallopel-Morvan, 2006; Sturges et
Rogers, 1996; Schoenbachler et Whitler, 1996 ; Runge, Prentice-Dunn et Scogin, 1993,
Rogers, 1983). En se référant, également, aux résultats des entretiens précédemment réalisés
avec les médecins dentistes et aux experts en communication et en publicité. Le premier
montage présente les trois principaux dangers qui peuvent menacer la santé dentaire des
enfants à savoir les douleurs au niveau de la gencive, la possibilité d’enlever une dent chez un
dentiste et le rejet par le groupe d’amis. Ces menaces sont suivies par des recommandations
proposées pour éviter les dangers en question. Le deuxième montage audiovisuel, présente
une annonce classique ne contenant pas de menace et présentant, également, les même
recommandations. L’analyse des verbatim des enfants nous a permis, d’abord, de valider les
construits de notre modèle. Ensuite, de garantir une meilleure adaptation de notre cadre au
milieu réel des enfants. Enfin, d’enrichir le contenu des échelles de mesure retenues.
Étude quantitative : pour pouvoir tester nos hypothèses, nous avons réalisé une quasi-
expérimentation auprès d’un échantillon total de 570 enfants âgés de 8 à 12 ans. Le choix
d’une quasi-expérimentation s’explique par le fait que nous souhaitons réaliser notre étude
dans un milieu réel à savoir le milieu scolaire. Ce dernier nous permettra également, de limiter
les influences externes sur les réponses des enfants et plus précisément les influences des
parents. Deux situations expérimentales ont été mises en place pour tester, d’une part,
l’influence d’une communication menaçante en hygiène dentaire sur les réactions affectives
négatives déclenchées par l’annonce, l’attitude envers le produit (dentifrice), l’attitude envers
l’annonce et l’intention comportementale. Et d’autre part, pour comparer les effets d’une
annonce menaçante par rapport à une annonce classique en persuasion publicitaire auprès des
enfants. Les enfants sont exposés à l’un des montages. Puis, ils sont demandés de remplir un
questionnaire. En effet, les réactions affectives négatives déclenchées par l’annonce sont
mesurées à l’aide de l’échelle de Derbaix et Brée (1997). L’attitude envers le produit a été
mesurée à travers l’échelle de Pecheux et Derbaix (1999) composée par 7 items. C’est une
échelle bidimensionnelle (dimension hédonique et dimension utilitaire). L’attitude des enfants
envers l’annonce était mesurée par l’échelle proposée par Derbaix, Blondeau et Pecheux
(1999) composée par 6 items. L’implication envers la catégorie du produit a été mesurée par
l’échelle développée pour la population enfantine de Derbaix et Pecheux (1997). Les réponses
des enfants sont mesurées par une échelle de Likert à 4 points (NON, non, oui, OUI) (Derbaix
et Pecheux, 2000 ; Brée, 2007). Pour faciliter d’avantage la compréhension du questionnaire
aux enfants, les deux extrémités sont présentées par deux grands carrés et les deux points
intermédiaires sont présentés par deux petits carrés. La couleur verte est utilisée pour les
deux échelons positifs (OUI, oui), et la couleur rouge pour les deux échelons négatifs (NON,
non). Le traitement des données collectées est fondé sur des analyses factorielles exploratoires
(en utilisant SPSS 21) et confirmatoires au moyen de la modélisation par équations
structurelles (en utilisant AMOS 21).
Résultats de la recherche
Afin de purifier l’ensemble des échelles de mesures des variables retenus dans notre modèle,
nous avons utilisé l’analyse factorielle (analyse en composante principale : ACP) ainsi que
l’analyse de la fiabilité (alpha de Cronbach). Les résultats de ces analyses sont présentés en
4
annexe 1 et annexe 2. Nous avons vérifié pour chaque échelle retenue, l’indice KMO, le test
de sphéricité de Bartlett, les valeurs propres et les composantes après rotation VARIMAX. En
fait, après avoir effectué des analyses en composantes principales et une rotation Varimax,
pour l’échelle des réactions affectives négatives l’item ‘je me suis senti (e) surpris(e)’ a été
éliminé, pour l’échelle attitude envers le produit, l’item « le dentifrice ça ne sert à rien » a été
également éliminé et pour l’échelle de l’attitude envers l’annonce les deux items « je trouve
cette annonce embêtante » et « cette annonce est bête » ont été éliminés. Le logiciel SPSS 21
nous affiche une valeur de KMO> 0.7 et le test de Bartlett est significatif au seuil de 5%. Ce
qui prouve que nous pouvons procéder à une factorisation des données. L’examen de l’alpha
de Cronbach montre que nos échelles de mesure ont une fiabilité satisfaisante (allant de 0.796
à 0.97). Pour examiner la fiabilité et la validité de notre modèle, nous avons fait recours à
deux indicateurs, à savoir le Rhô de Jöreskog et le Rhô de la validité convergente. Nos
résultats montrent que les valeurs de Rhô de Jöreskog de notre modèle sont satisfaisantes
puisqu’elles dépassent le seuil minimal de 0.7 (Fornell et Larcker, 1981 ; Nunnally et
Berntern, 1994). De même les valeurs de Rhô de la validité convergente de notre modèle de
mesure sont satisfaisantes, elles sont comprises entre 0.638 et 0.976 dépassent le seuil de 0.5.
Pour la validité discriminante, elle est vérifiée par le critère de Fornell Larcker (1981) et elle
est confirmée pour tous les construits (AVE> au carré de la corrélation entre une variable et le
reste des autres variables) (Annexe 2). Notre modèle présente de bonnes qualités
psychométriques, tous les indices d’ajustement sont acceptables (pour la première situation
expérimentale : χ2/ddl=1.751 ; RMR= 0.015 ; GFI= 0.912; AGFI=0.936 ; RMSEA= 0.045;
NFI= 0.966; CFI=0.981 ; TLI=0.974 ;) (Pour la deuxième situation expérimentale :
χ2/ddl=1.933 ; RMR=0.02 ; GFI=0.981 ; AGFI=0.913 ; RMSEA= 0.03; NFI=0.923 ;
CFI=0.916 ; TLI=0.923).
Tests des hypothèses et discussion
Première situation expérimentale (modèle 1) : Nous testons la significativité des
hypothèses de recherche du modèle structurel sous bootstrap. Les résultats indiquent que les
hypothèses H1, H2.a ; H2.b, H3, H4.a et H4.b sont validées. La relation entre les réactions
affectives négatives et l’attitude envers l’annonce est négative et significative (γ = -0.223 ;
CR= 10.52 ; p=0.00). L’hypothèse H1 est alors validée. Le lien structurel de la relation entre
les réactions affectives négatives déclenchées par l’annonce et la dimension hédonique de
l’attitude envers le produit est significatif (CR= 1.99 ; p=0.048) et le coefficient de régression
entre ces deux variables est égal à (-0.214). Donc l’hypothèse H2.a est validée. La relation
entre les réactions affectives négatives et la dimension utilitaire de l’attitude envers le produit
est significativement positive avec γ = (-) 0,31 et CR= 2.36 (p= 0,000 <0,05). D’où
l’hypothèse H2.b est validée. Les résultats de notre recherche ont montré que le lien entre
l’attitude envers l’annonce et l’intention comportementale est positif et significatif (γ = +
0.501 ; CR= 10.092 ; p=0.00). Nous concluons, donc, qu’une attitude favorable des enfants
envers l’annonce influence positivement leur intention à adopter le comportement souhaité.
D’où, H3 est validée. L’estimation de l’équation structurelle a montré une relation
significative entre la dimension hédonique de l’attitude envers le produit et l’intention
comportementale (CR= 4.421 ; p=0.025) avec un lien structurel positif égale à +0.63. D’où,
l’hypothèse H4.a est validée. La relation entre la dimension utilitaire de l’attitude envers le
produit et l’intention comportementale est significativement positive avec γ = (+) 0,784 et
CR=9.511 (p= 0,000 <0,05), autrement dit, H4.b est validée. Pour l’effet modérateur de
l’implication, nous avons identifié un effet modérateur sur la relation entre les réactions
affectives négatives et l’attitude envers le produit (R²=0.34 ; t=2.9417 : p=0.0035).
5
Deuxième situation expérimentale (modèle2) : Nous avons testé la significativité des
hypothèses de recherche du modèle structurel sous bootstrap. Les résultats indiquent que les
hypothèses H2.a ; H2.b, H3, H4.a et H4.b sont validées. Cependant, les hypothèses H1 et H5
ne sont pas validées. Le lien structurel entre les réactions affectives négatives et l’attitude
envers l’annonce est positif et significatif (γ = +0.413 ; CR= 5.362 ; p=0.00). L’hypothèse H1
est alors non validée. Pour la relation entre les réactions affectives négatives déclenchées par
l’annonce et la dimension hédonique de l’attitude envers le produit, le lien structurel est
significatif (CR= -5.905 ; p=0.00) et le coefficient de régression entre les deux variables est
de -0.283. Il en sort de ces résultats que l’hypothèse H2.a est validée. La relation entre les
réactions affectives négatives et la dimension utilitaire de l’attitude envers le produit est
significative avec γ = (-) 0.304 et CR= -2.076 (p= 0,038 <0,05). D’où l’hypothèse H2.b est
validée. Les résultats de notre recherche ont montré que le lien entre l’attitude envers
l’annonce et l’intention comportementale est positif et significatif (γ = + 0.530 ; CR= 5.22 ;
p=0.00). Donc, H3 est validée. Concernant la relation entre la dimension hédonique de
l’attitude envers le produit et l’intention comportementale, le lien structurel est de +0.531. De
plus, le lien entre ces deux variables est significatif (CR= 3.165 ; p=0.023). L’hypothèse H4.a
est alors validée. La relation entre la dimension utilitaire de l’attitude envers le produit et
l’intention comportementale est significativement positive avec γ = (+) 0,622 et CR = 3.852
(p= 0,000 <0,05), autrement dit, H4.b est validée. Pour l’effet modérateur de l’implication,
aucun effet n’a été validé pour la deuxième situation expérimentale. D’où H5 n’est pas
validée (les résultats et le modèle de mesure sont présentés en annexe 3, annexe 4 et annexe
5). Parmi les objectifs de cette recherche, c’est de comparer l’efficacité d’une communication
menaçante par rapport à une communication classique. Alors, en procédant à une
comparaison de moyennes, nous avons identifié que l’intention des enfants à adopter un
comportement préventif en hygiène dentaire est plus élevée lorsqu’ils sont exposés à une
annonce menaçante que lorsqu’ils sont exposés à une annonce classique (annexe 6).
Conclusion
L’objectif de cette recherche est d’étudier l’influence des réactions affectives négatives
déclenchées par une communication menaçante en hygiène dentaire sur l’intention
comportementale des enfants âgés de 8 à 12 ans. A travers ce travail de recherche, nous
cherchons également à identifier le rôle modérateur que peut jouer l’implication sur cette
relation. Nos résultats confirment, d’abord, le pouvoir de persuasion des réactions affectives
négatives déclenchées par une annonce menaçante. Ces résultats convergent avec les travaux
de Charry (2009). Ensuite, nous avons identifié que l’implication envers le produit modère
significativement la relation entre les réactions affectives négatives et l’attitude des enfants
envers ce produit (Mzoughi, 2017). Enfin, nous avons confirmé la supériorité d’une annonce
menaçante par rapport à une annonce classique au niveau des intentions des enfants à adopter
le comportement souhaité. Ces résultats vont dans le même sens que les travaux de Charry et
al., 2011 et Panic et al., (2014). Sur le plan théorique, cette recherche contribue à une
meilleure compréhension du processus de persuasion publicitaire chez les enfants basé sur les
annonces menaçantes. Sur le plan managérial, notre recherche offre des recommandations
pertinentes pour les chercheurs, les praticiens et les responsables de la communication qui
œuvrent dans le domaine de la santé préventive auprès des enfants. Ceci, en leur permettant
d’approfondir leur compréhension des éléments de persuasion spécifiques aux enfants. Notre
recherche offre des résultats spécifiques au contexte de la santé dentaire. Des recherches
futures pourraient s’intéresser à tester ce modèle dans d’autres contextes de santé tels que la
sécurité routière et la consommation du tabac chez les enfants.
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Annexes
Annexe 1.
Tableau 1. Purification des échelles de mesure Modèle 1
Réactions
affectives
négatives
déclenchées
par l’annonce
Attitude
envers le
produit
Attitude
envers
l’annonce
Intention
comportem-
entale
Implication
envers la
catégorie du
produit
Nombre de
dimensions 1
2 1 1 2
Nombre d’items 8 7 6 3 5
10
items/dimensions - 4 3 - - 3 2
Item(s) éliminé(s) 1 1 2 0 0
Alpha De Cronbach 0.826 0.849 0.86 0.796 0.842 0.970 0.963
K.M.O 0.795 0.838 0.772 0.676 0.799
Test de Bartlett (sign) 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00
% variance 51.538% 82.791% 66.078 78.762% 85.63%
Annexe 2.
Tableau 2. Purification des échelles de mesure Modèle 2
Réactions
affectives
négatives
déclenchées
par
l’annonce
Attitude
envers le
produit
Attitude
envers
l’annonce
Intention
comportem-
entale
Implication
envers la
catégorie du
produit
Nombre de
dimensions 1
2 1 1 2
Nombre d’items 8 7 6 3 5
items/dimensions - 4 3 - -
Item(s) éliminé(s) 2 1 2 0 0
Alpha De Cronbach 0.71 0.848 0.784 0.712 0.709 0.91 0.963
K.M.O 0.714 0.895 0.719 0.607 0.812
Test de Bartlett
(sign) 0.00
0.00 0.00 0.00 0.00
% variance 51.448% 87.392% 62.81% 64.66% 84.298%
Annexe 3.
Tableau 3. La significativité des liens de causalité du modèle 1 relationnel (cas d’une annonce
menaçante)
Lien structurels Estimate
Standardized
CR P Validation
hypothèse
H1 ATT_ANN← RAN -0.223 10.52 0.00 Acceptée
H2.a ATT_PDT1← RAN -0.214 1.999 0.048 Acceptée
11
H2.b ATT_PDT2← RAN -0.31 2.36 0.00 Acceptée
H3 INTENTION←ATTI_ANN +0.501 10.092 0.00 Acceptée
H4.a INTENTION←ATT_PDT1 +0.63 4.421 0.025 Acceptée
H4.b INTENTION←ATT_PDT2 +0.784 9.511 0.00 Acceptée
Annexe 4.
Tableau 4. La significativité des liens de causalité du modèle 2 relationnel (cas d’une
annonce classique)
Lien structurels Estimate
Standardized
CR P Validation
hypothèse
H1 ATT_ANN← RAN +0.413 5.362 0.00 Non
acceptée
H2.a ATT_PDT1← RAN -0.283 -5.906 0.00 Acceptée
H2.b ATT_PDT2← RAN -0.304 -2.076 0.038 Acceptée
H3 INTENTION←ATTI_ANN +0.530 5.220 0.00 Acceptée
H4.a INTENTION←ATT_PDT1 +0.531 3.165 0.023 Acceptée
H4.b INTENTION←ATT_PDT2 +0.622 3.852 0.00 Acceptée
Annexe 5.
Figure 1. Le modèle de mesure global
Annexe 6.
Tableau 5. Le test T relatif à la comparaison de moyenne entre annonce menaçante et annonce
classique au niveau de l'intention coportementale
Echantillon N Moyenne Test de Levene Test T
12
F Sig t ddl Sig
INTENTION Pas de menace 252 3.12 271.00 0.00 12.78 784 0.00
Menace 318 3.78 9.65 334.280 0.00