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Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation Chapitre 3 : La mondialisation en fonctionnement 1 Etude de cas : le café, un produit mondialisé : Problématique : Par quels processus, selon quelles formes de flux le café est-il introduit dans les courants d’échanges mondialisés ? Un produit vital pour une partie de la planète Documents à utiliser : carte du marché mondial du café, tableau statistique des principaux pays producteurs de café (J. P. Charvet, L’agriculture mondialisée, 2006 p. 49), carte des pays producteurs de café, carte des pays importateurs de café, l’instabilité des prix du café. Document 1 : Le marché mondial du café : Source : Manuel Belin Document 2 : Les principaux exportateurs de café dans le monde Pays Milliers de sacs de 60 kg en 2001 Pourcentage de la production nationale exportée en 2005-2006 Evolution de la production entre 2006 et 2011 Brésil 43 484 56 % 2,3 % Vietnam 20 000 95 % 3,4 % Indonésie 8 250 70 % 10 % Colombie 7 800 90 % - 30 % Ethiopie 6 500 67 % 17 % Pérou 5 443 Inconnu 26 % Inde 5 333 70 % 17 % Honduras 4 500 95 % 30 % Mexique 4 300 62 % 2,3 % Guatemala 3 750 92 % - 6 % Ouganda 3 212 Inconnu 19 % Nicaragua 2 100 Inconnu Inconnu Monde 82 920 70 % Inconnu Source : J. P. Charvet, L’agriculture mondialisée, 2006 p. 49 et statistique de l’ICO (International Coffee Organisation). Document 3 : L’instabilité des prix du café : […] Depuis la rupture de l’accord international sur le café, les cours fluctuent au gré du marché. Les producteurs familiaux ne peuvent pas prévoir à quel prix ils pourront vendre à la fin de la récolte. Isolés au bout de la chaîne de commercialisation, ils vivent au jour le jour.

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Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation Chapitre 3 : La mondialisation en fonctionnement

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Etude de cas : le café, un produit mondialisé : Problématique : Par quels processus, selon quelles formes de flux le café est-il introduit dans les courants d’échanges mondialisés ? Un produit vital pour une partie de la planète Documents à utiliser : carte du marché mondial du café, tableau statistique des principaux pays producteurs de café (J. P. Charvet, L’agriculture mondialisée, 2006 p. 49), carte des pays producteurs de café, carte des pays importateurs de café, l’instabilité des prix du café. Document 1 : Le marché mondial du café :

Source : Manuel Belin

Document 2 : Les principaux exportateurs de café dans le monde

Pays Milliers de sacs de 60 kg en 2001

Pourcentage de la production nationale exportée

en 2005-2006

Evolution de la production entre

2006 et 2011 Brésil 43 484 56 % 2,3 % Vietnam 20 000 95 % 3,4 % Indonésie 8 250 70 % 10 % Colombie 7 800 90 % - 30 % Ethiopie 6 500 67 % 17 % Pérou 5 443 Inconnu 26 % Inde 5 333 70 % 17 % Honduras 4 500 95 % 30 % Mexique 4 300 62 % 2,3 % Guatemala 3 750 92 % - 6 % Ouganda 3 212 Inconnu 19 % Nicaragua 2 100 Inconnu Inconnu Monde 82 920 70 % Inconnu

Source : J. P. Charvet, L’agriculture mondialisée, 2006 p. 49 et statistique de l’ICO (International Coffee Organisation).

Document 3 : L’instabilité des prix du café : […] Depuis la rupture de l’accord international sur le café, les cours fluctuent au gré du marché. Les producteurs familiaux ne peuvent pas prévoir à quel prix ils pourront vendre à la fin de la récolte. Isolés au bout de la chaîne de commercialisation, ils vivent au jour le jour.

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Le café pousse dans 70 pays en zone tropicale. Les trois quarts des volumes sont produits par des exploitants familiaux. De 1997 à 2005, sa production a augmenté deux fois plus vite que la demande, provoquant une chute des cours. Un marché mondial à grande échelle Deuxième marché mondial boursier après le pétrole, le café fait vivre 125 millions de personnes, dont 20 à 25 millions de petits producteurs. Une grande partie est en-dessous du seuil de pauvreté. Dès 1962, un accord international a régulé la commercialisation du café. Depuis 1989, les quotas d’exportation qu’il fixe ne sont plus respectés. Cette même année, les cours ont chuté de moitié. La tentation de la coca Depuis, certains États ont donc entièrement libéralisé leur marché. Coté en bourse, le café est en proie aux spéculateurs. Dans certains pays d’Amérique latine, des paysans sont réduits à préférer la culture de la coca, plus rentable mais illégale. […]

Source : www.maxhavelaar.org Questions : 1. Identifiez les principaux pays producteurs et les principaux pays consommateurs de café ?

Que pouvez-vous en déduire ? 2. Montrez que le café est une ressource vitale pour une bonne partie des Suds ? 3. Comment le marché du café est-il régi mondialement ? 4. Quels sont les avantages et les inconvénients d’une telle organisation ? Un produit parfaitement bien intégré aux stratégies de la mondialisation Documents à utiliser : L’organisation de la filière du café (J. P. Charvet, Atlas de l’agriculture, 2010), les firmes transnationales et le commerce du café (Universalis, DVD, 2011), les bourses du café (CIRAD), le commerce du café entre libéralisation et émergence du commerce équitable (Universalis, DVD, 2011), le rôle de l’Organisation internationale du café (Site de l’IOC) Document 1 : L’organisation de la filière du café en 2010

Source : J.-P. Charvet, Atlas de l’agriculture, 2010.

Document 2 : Les compagnies transnationales et le commerce du café Les échanges sont de plus en plus dominés par un petit nombre de grandes firmes de torréfaction situées dans les pays importateurs ainsi que par les grandes chaînes de distribution alimentaire (moyennes et grandes surfaces) des pays riches pour lesquelles le café constitue souvent un produit d'appel. Le fait que l'on vende au consommateur final de la

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transformation, du conditionnement, des services et des symboles en même temps que le café lui-même explique que la valeur ajoutée réalisée dans les pays consommateurs soit passée de 55 p. 100 dans les années 1970 à près de 80 p. 100 au début des années 1990. Compte tenu des coûts de transport, de stockage et des taxes, le producteur de café ne touche plus guère aujourd'hui que 15 p. 100 du prix payé par le consommateur des pays riches. Dans le domaine de la torréfaction, quatre grandes firmes transnationales – trois américaines (Philip Morris, Sara Lee et Procter & Gamble) et une suisse (Nestlé) – traitent plus de la moitié des cafés commercialisés dans le monde. La firme Nestlé produit à elle seule plus de 50 p. 100 du café soluble mondial, de plus en plus à partir de cafés robusta vietnamiens. Ces firmes dépendent elles-mêmes de plus en plus des achats massifs effectués par les principales chaînes de plus en plus mondialisées de la grande distribution comme Carrefour, Wal Mart, Ahold, Tesco...

Source : Encyclopédie universalis, DVD, 2011. Document 3 : Les bourses du café Les cours du café s’établissent dans deux bourses d’échanges internationales, à New York et à Londres, selon les qualités. Ces bourses fonctionnent selon le principe des marché à termes et sont le lieu d’intervention privilégié des professionnels de la filière mais également des fonds d’investissements. Les prix réels du café payés aux planteurs s’évaluent en rapport avec ces cours, selon les qualités avec un différentiel en négatif ou en positif par rapport au cours de la qualité proposée. Le système du marché, comme tout système, présente des avantages et des inconvénients. L’avantage, c’est que tout planteur, quelle que soit sa situation et la qualité qu’il propose, peut avoir un accès au marché et voir sa production évaluée et achetée ; l’inconvénient est bien évidemment que les cours sont très fluctuants et soumis à d’éventuelles interventions d’intervenants non professionnels qui peuvent amplifier les mouvements à la hausse ou à la baisse. Compte tenu de ces considérations et au regard de l’importance stratégique et économique que revêt le café dans le commerce mondial, plusieurs tentatives de régulation du marché ont été organisées.

Source : CIRAD (Centre international de recherche sur l’agriculture et le développement) Document 4 : Le commerce du café, entre libéralisation et émergence du commerce équitable Un accord international concernant le café a fonctionné de 1962 à 1989. Il a même souvent été cité comme exemple pour les « accords produits » que souhaitait développer la C.N.U.C.E.D. (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement) afin de lutter contre les fortes fluctuations des cours des denrées agricoles de base ainsi que contre la dégradation des termes de l'échange qui affectent ces produits et qui pénalisent les pays qui les exportent. Aujourd'hui, cet accord a vécu : depuis le cycle de négociations commerciales de l'Uruguay Round mené dans le cadre du G.A.T.T., suivi par la mise en place de l'O.M.C. (Organisation mondiale du commerce), une approche libérale, voire ultralibérale, des marchés s'impose à l'échelle internationale. Cela n'empêche pas l'émergence, encore bien timide il est vrai, de filières de commerce « équitable », qui permettent de mieux rémunérer les petits producteurs qu'elles ont intégrés, tout en favorisant parfois dans le même temps une agriculture biologique. Elles se développent assez rapidement, mais ne contrôlent que de 1 à 2 p. 100 des échanges mondiaux. En 2001, les cafés importés dans le cadre de filières de commerce équitable représentaient un peu plus de 3 p. 100 des importations de café des Pays-Bas et de l'Allemagne, 1,3 p. 100 de celles des États-Unis et de la Suisse, et moins de 1 p. 100 de celles de la France et du

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Danemark. Parallèlement, des cafés haut de gamme, liés à des terroirs caféiers reconnus, tel celui du café « Blue Mountain » de Jamaïque, autorisent une meilleure rémunération des producteurs concernés, mais ils pèsent très peu dans la production mondiale.

Source : J.-P. Charvet, Universalis 2011, DVD Document 5 : Le rôle de l’OIC dans le commerce du café L’Organisation internationale du Café (OIC) est la principale organisation intergouvernementale qui traite des questions relatives au café ; elle rassemble des pays exportateurs et des pays importateurs. Ses gouvernements Membres représentent 97% de la production et plus de 80% de la consommation mondiales de café. La mission de l'OIC est de renforcer le secteur mondial du café et d'encourager son développement durable dans le cadre d’une économie de marché pour le bien-être de tous les participants du secteur. Elle apporte une contribution concrète au développement d'un secteur mondial du café durable et à la réduction de la pauvreté dans les pays en développement en : - permettant aux gouvernements et au secteur privé d'échanger des vues sur les questions

ayant trait au café, les conditions et tendances du marché, et de coordonner les politiques […]

- mobilisant et recherchant le financement de projets qui bénéficient à l'économie mondiale du café

- faisant la promotion de la qualité du café grâce à un programme d'amélioration de la qualité du café

- favorisant la transparence du marché grâce à un large éventail de statistiques sur le secteur mondial du café

- développant la consommation et les marchés du café au moyen d'activités novatrices de développement des marchés

- encourageant l'élaboration de stratégies visant à renforcer la capacité des communautés locales et des petits exploitants

- encourageant les programmes de promotion et d'information pour faciliter le transfert de technologies appropriées pour le café

- facilitant l'information sur les outils et services financiers pouvant aider les producteurs - fournissant des informations économiques, techniques et scientifiques objectives et

complètes sur le secteur mondial du café, L’OIC a été créée à Londres en 1963 sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies en raison de la grande importance économique du café. Elle administre l’Accord international du Café, important instrument du développement de la coopération. Le dernier Accord, l’Accord de 2007, est rentré en vigueur le 2 février 2011. L’importance du café Le café est un produit dont le commerce est l’un des plus importants, il est produit dans plus de 60 pays. Un grand nombre de pays producteurs sont étroitement tributaires du café qui peut représenter plus de 50% du total de leurs recettes d’exportation. Il assure la subsistance de plus de 125 millions de personnes dans le monde et est particulièrement important pour les petits exploitants qui produisent la plupart du café dans le monde. Parmi les consommateurs, le café est une boisson universellement populaire, avec plus de 600 milliards de tasses consommées chaque année.

Source : site de l’organisation internationale du café Questions : 1. Quels sont les acteurs impliqués dans le commerce du café ? (Vous détaillerez le rôle de

chacun). 2. Montrez que la filière du café est dominée par les FTN (Firmes transnationales) et que

cela crée une dépendance de certains Etats par rapport à ces FTN.

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3. Quelles sont les alternatives proposées à une telle organisation du marché mondial ? Le café, un produit au cœur des réseaux mondiaux d’échange Documents à utiliser : carte du marché mondial du café (document 1 de la première partie de l’étude de cas), Stratégies commerciales de la firme Starbuck (Manuel hachette), Compétition mondiale du café (Manuel hachette), les circuits de l’exportation (Manuel hachette) Document 1 : voir document de la première partie de l’étude de cas Document 2 : Stratégies commerciales de la firme Starbuck

Source : Manuel hachette

Document 3 : La compétition mondiale du café

Source : Manuel hachette

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Document 4 : Les circuits de l’exportation

Source : Manuel hachette

Questions : 1. Peut-on dire que le marché mondial du café répond à une logique de réseau ? 2. Montrez que le marché mondial du café est entre les mains des FTN ?

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Conclusion de l’étude de cas : croquis de la production mondiale de café Introduction : A l’aide de l’étude de cas précédente, définissez la mondialisation. Problématiques : Comment s’organisent les chaînes d’acteurs, les marchés et les systèmes territoriaux qui forment le cadre au sein duquel se conçoivent, se produisent et se consomment les biens et les services à l’échelle mondiale ? Quel rôle jouent les mobilités, les flux, les systèmes de communication matériels et les réseaux numériques dans le fonctionnement de la mondialisation ? I. Une mondialisation génératrice de spécialisation productive et d’inégalités

A. Libéralisation et transformation spatiale des modes de production, génératrice d’inégalités

Documents à utiliser : carte de l’étude de cas sur le marché mondial du café, carte 1 p. 94, carte 1 p. 108, photo du port de Singapour. Document 1 : Le port de Singapour

Source : Singapour port authority, 2011

Questions (Pensez également à utiliser les informations tirées de l’étude de cas) : 1. Après avoir défini la Division Internationale du Travail (DIT), vous montrerez qu’elle a

entraîné une spécialisation des espaces en fonction de leur intégration dans la DIT. 2. Identifiez les transformations qui, depuis 30 ans, ont permis la mise en œuvre et

l’accélération de la DIT.

Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation Chapitre 3 : La mondialisation en fonctionnement

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3. Identifiez les espaces clé permettant la mise en œuvre de la DIT et la libéralisation des échanges.

4. A l’aide des documents 3 et 4 p. 109, montrez que cette augmentation des échanges et la spécialisation des espaces dans le cadre de la DIT sont liées à l’importance de l’intégration des espaces aux flux de capitaux.

B. Les stratégies multiples des acteurs pour s’intégrer dans la mondialisation 1) Les firmes transnationales, des empires commerciaux jouant de la spécialisation des

espaces Documents à utiliser : carte 1 p. 94, carte 6 p. 96, document les stratégies commerciales de la firme starbuck (document de l’étude de cas), Samsung contre Apple (Apple et Samsung au tribunal pour un procès crucial, Les Echos, 29 juillet 2012), document p. 122. Document 1 : Samsung contre Apple : L'enjeu est colossal pour les deux géants de la haute technologie: Samsung pourrait se voir interdire de commercialiser sa gamme de smartphones Galaxy et ses tablettes informatiques aux Etats-Unis tandis qu'Apple mettra à l'épreuve sa stratégie mondiale de brevets. Les deux camps se réclament mutuellement des dommages et intérêts. Apple et Samsung représentent à eux deux plus de la moitié des ventes mondiales de smartphones mais si le groupe américain a été pionnier de ce segment, le sud-coréen en est aujourd'hui le numéro un. Apple a porté plainte l'an dernier contre Samsung au tribunal de San Jose, en accusant son concurrent d'avoir copié son iPhone et son iPad pour développer ses téléphones et ses tablettes. Sa cible a contre-attaqué sur le terrain judiciaire et depuis, les deux campas ont porté le dossier devant la justice d'une dizaine d'autres pays. […] Ce conflit juridique est suivi de près par d'autres grands noms du secteur: des entreprises comme Microsoft, IBM, Nokia et Research In Motion, le concepteur du Blackberry, ont engagé des procédures dans le but d'empêcher que soit dévoilé lors du procès le contenu de certains de leurs propres accords de licence de propriété intellectuelle. Une défaite de Samsung pourrait aboutir à une interdiction permanente de vente de certains de ses produits, y compris son modèle phare actuel, le Galaxy S III, explique Nick Rodelli, avocat et conseil d'investisseurs institutionnels pour CFRA Research.

Source : Apple et Samsung au tribunal pour un procès crucial, Les Echos, 29 juillet 2012.

Questions : 1. Montrez l’évolution des firmes transnationales et les concurrences qui s’exercent entre

elles depuis ces dernières années. 2. Identifiez les différentes stratégies d’implantation spatiale des FTN en fonction de leur

secteur d’activité. Peuvent-elles se passer d’une base nationale ? 2) L’importance des coopérations internationales

Les règles du jeu international se modifient (voir chapitre 1 sur la vision géopolitique du monde), dessinant des relations complexes entre rôle conservé des gouvernements, de l’international et esquisses d’une gouvernance mondiale dont les contours sont flous et dont on peut douter qu’elle se substitue rapidement aux Etats (voir cours d’histoire sur l’émergence de la gouvernance mondiale depuis 1944). Les organisations internationales, au cadre multilatéral, prennent de plus en plus de place. L’ONU, le FMI, l’OMC ou la Banque mondiale ont un rôle renforcé (faire une fiche pour chacun d’entre eux). Avec la multiplication des Etats membres, de nouvelles majorités se constituent en application de la règle « un Etat, une voix », de nouveaux enjeux se déploient.

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Les grandes puissances gardent des prérogatives spécifiques – droit de veto au conseil de sécurité, droit de tirage particulier au FMI – qui sont désormais contestées par les puissances émergentes réclamant des pouvoirs en accord avec leur nouvelle puissance. Mais la coopération internationale est aussi régionale (voir chapitre 1). Autour des grands pôles de puissance, s’esquissent des aitres régionales plus ou moins soudées, englobant des pays à tous les stades de développement. De plus, partout se développent des organisations régionales. Toutes naissent de rapprochements économiques – accords douaniers, marchés communs, accords de libre-échange – qui peuvent servir de prélude à des accords politiques et diplomatiques. Elles se dotent d’un contenu et d’organes politiques. Ces ensembles sont très inégalement constitués : - L’Amérique du Nord avec l’ALENA a une véritable réalité, faite de disparités à toutes

échelles et aussi de tension, en particulier autour de la frontière Etats-Unis/Mexique - Les différentes versions du « Projet des Amériques », témoignent de la volonté de

construire une zone américaine privilégiée, mais autour du Brésil, en pleine croissance, se dessine un ensemble sud avec le MERCOSUR. A moindre échelle, une coopération « pacifique » peut-être envisagée.

- L’Asie est multipolaire, avec la Chine, la Corée du Sud, le Japon et l’Inde. Les pays de l’Asie du Sud-Est cherchent à se donner une visibilité avec l’ASEAN, qui entretient des relations avec le Chine, le Japon ou l’Australie.

- L’Europe constitue à la fois un ensemble très visible et incertain. Intégration européenne et mondialisation sont deux processus contemporains, et pour beaucoup liés. L’extension de l’UE provoque de nouvelles incertitudes, sur la cohérence de l’ensemble, sur ses limites. Il en va de même de la crise de la dette.

- L’Afrique, le nouveau réservoir de croissance économique mondiale potentielle, attire désormais les puissances majeures, Chine et Etats-Unis. Il y a des « Afriques » entre un Maghreb en pleine recomposition, une Afrique australe qui s’organise autour de nouvelles puissance émergentes comme la République sud africaine, et d’autres sous-ensembles, encore calqués sur les héritages coloniaux.

3) Le maintien d’un rôle actif des Etats.

Si aujourd’hui, la mondialisation semble réinterpréter l’organisation des espaces dans le champ de l’international et du transnational, si les réseaux se surimposent aux pavages des Etats et de leurs frontières, il serait très imprudent de négliger les Etats sous prétexte de mondialisation. La mondialisation est née, dans des cadres étatiques, dans les pays les plus développés et d’abord les Etats-Unis, comme en témoigne la naissance des TIC. De même, comme nous avons pu le voir, les FTN ont une patrie d’origine qui joue un rôle central dans leurs stratégies (voir I. A.). Les Etats trouvent dans la mondialisation un rôle nouveau. Leur politique influe sur la compétitivité de leur territoire, sur ses avantages comparatifs. Cela va des zones franches à la législation économique, sociale ou environnementale, sans compter les outils plus classiques, les aides aux entreprises, les marchés d’Etat dans les domaines militaires ou énergétique (Gazprom en Russie), jusqu’aux paradis fiscaux, mariage consommé entre Etats et logique de la mondialisation financière poussée à l’extrême. La crise économique qui a début en 2008 rappelle que les Etats restent des acteurs clés, y compris du jeu économique. La crise pose la question de la régulation de la mondialisation ou d’un certain encadrement de ses excès. Si l’on se tourne vers les organisations internationales (voir 2), on compte d’abord sur les Etats qui en constituent l’armature. Les grandes organisations régionales impliquent que les Etats abandonnent certains éléments de leur souveraineté. De même l’Etat est important comme le montre l’importance des frontières et

Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation Chapitre 3 : La mondialisation en fonctionnement

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l’émergence des nationalismes dans certains pays, face à une mondialisation perçue comme une perte d’identité (voir également II. B) II. Mobilités, flux et réseaux, les clés de la mondialisation

A. L’intégration aux réseaux mondiaux, une nécessité dans la mondialisation A l’aide de l’ensemble des informations vues dans le chapitre 1 de l’année, dans l’étude de cas et dans le I du cours, réalisez un croquis répondant à la question suivante : la croissance de l’intégration dans la mondialisation repose sur la multiplication des flux et l’intégration des réseaux

B. Les migrations du travail, le corollaire de l’intégration dans la mondialisation Documents à utiliser : carte des migrations internationales (G. Simon, La Planète migratoire, 2008), document 1 p. 106, document 4 p. 107, texte réseaux migratoires et migrations dans le monde (Migrations et territoires, cahiers d’outre-mer, 2006), texte facteurs de la migration et champs migratoires circulatoires (Migrations et territoires, cahiers d’outre-mer, 2006). Document 1 : Carte des migrations internationales

Source : G. Simon, La planète migratoire, 2008.

Document 2 : Réseaux migratoires et migrations dans le monde L’existence de facteurs endogènes (= propre à un phénomène ou un lieu) […] met en lumière la complexité du fait migratoire. La migration est un acte individuel, mais elle s’inscrit dans un contexte général […]. Le départ a ses raisons, qui sont le plus souvent économiques, mais

Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation Chapitre 3 : La mondialisation en fonctionnement

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qui sont aussi politiques et le lieu d’arrivée aussi : les courants majeurs partent des PED (= pays en développement) qui cumulent les handicaps vers les PID (= pays industrialisés et développés) qui apparaissent comme des refuges […]. Mais plus finement on constate que les migrants de telle région tendent à rejoindre leurs prédécesseurs venus des mêmes villages : le réseau migratoire, parfois organisé par des passeurs professionnels, parfois informel, est ici à l’œuvre. Car les liens demeurent entre la région d’origine et les migrants […]. Le maintien d’un tel lien ne pose pas de réel problème de principe dans les pays qui ont opté comme les États-Unis ou le Royaume-Uni pour le communautarisme, ce que les Américains nomment « salad bowl » et qui s’est substitué au « melting pot » des débuts du pays, mais en pose par contre à un pays comme la France qui a vécu sur une tradition et un principe d’intégration. Le problème posé par l’existence des réseaux migratoires n’est pas seulement de principe et politique, il est aussi économique. Les migrants s’adaptent à une économie mondialisée […]. Pour une part ces échanges s’inscrivent dans le champ de l’économie officielle, formelle : ce sont les envois d’argent [les remises] au pays par exemple. Mais les flux sont de plus en plus souvent clandestins, ceux-ci étant liés aux législations contraignantes des pays récepteurs comme des pays émetteurs, mais aussi aux situations des migrants de plus en plus contraints à la semi-clandestinité et au travail au noir sinon aux trafics en tous genres, donc ne pouvant pas passer par les canaux officiels. Or les espaces relationnels, les champs migratoires sont des structures souples mais efficaces qui permettent aux « fourmis » de pratiquer « la mondialisation par le bas » pour reprendre le titre de l’ouvrage de A. Tarrius […].

Migrations et territoires, cahiers d’outre-mer, 2006. Document 3 : Facteurs de la migration et champs migratoires circulatoires « Les migrations signent l’état du monde ». La cartographie des flux migratoires à l’échelle de la planète confirme et illustre cette formule de Gildas Simon. Les flux majeurs se dirigent des Suds vers les Nords, des PED vers les PID, projetant une lumière crue sur le problème structurel de notre monde, les énormes écarts de développement et de niveaux de vie entre populations et pays qui globalement perdurent même si des nuances sont à prendre en compte. De toute évidence, le facteur socioéconomique est premier dans cette géographie. D’autres facteurs peuvent à titre secondaire intervenir comme les différentiels de pression démographique ou la structure par âge, mais à des échelles moindres (régionales le plus souvent). Outre ces aspects structurels, la carte met aussi en lumière l’existence de facteurs conjoncturels. En tout premier lieu sont les « crises », politiques principalement, mais aussi environnementales, toutes porteuses de leur cortège de désastres humains et génératrices de flux de réfugiés. Cependant ces migrations « contraintes » s’effectuent essentiellement à échelle régionale […]. Seule une minorité de ces migrants intègre les grands flux mondialisés. A contrario, mais toujours à échelle régionale, les différentiels de croissance économique génèrent de puissants mouvements centripètes vers les régions et les villes en expansion : la Chine littorale en est actuellement une bonne illustration. Sur une telle carte les champs migratoires traditionnels maintiennent leur primauté. Il en va ainsi des flux de l’Amérique centrale et du Mexique vers les États-Unis ou du Maghreb vers l’Europe occidentale et plus précisément la France : routes anciennes de migration liées à l’histoire des deux derniers siècles. Cependant une analyse plus fine permet de constater que ces champs migratoires classiques sont en train de se modifier en fonction des développements techniques (avion, Internet…), économiques (différentiels de croissance entre pays) et politiques (accueil ou rejet des migrants). […]

Migrations et territoires, cahiers d’outre-mer, 2006 Document 4 : Brain drain et migration des étudiants

Thème 2Chapitre 3

Document 5 :

Questions (Pensez à mobiliser l’ensemble des 1. Identifiez les raisons des mouvements migratoires dans le monde.2. Identifiez les différents types de champ migratoire dans lesquels la mobilité internationale

s’effectue. 3. Identifiez les lieux clés des migrations.4. Expliquez l’importance des réseaux migratoires et des diasporas dans les mobilités

internationales. 5. Montrez que les migrations peuvent à la fois être bénéfiques et négatives pour les pays de

départ.

Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation Chapitre 3 : La mondialisation en fonctionnement

Source : Atlas des migrations, 2012, p. 20

Source : L’enjeu migratoire dans le monde sous la direction de A. Jaffrelot

Pensez à mobiliser l’ensemble des connaissances du chapitre 1)Identifiez les raisons des mouvements migratoires dans le monde. Identifiez les différents types de champ migratoire dans lesquels la mobilité internationale

Identifiez les lieux clés des migrations. mportance des réseaux migratoires et des diasporas dans les mobilités

Montrez que les migrations peuvent à la fois être bénéfiques et négatives pour les pays de

12

: Atlas des migrations, 2012, p. 20-21

sous la direction de A. Jaffrelot ):

Identifiez les différents types de champ migratoire dans lesquels la mobilité internationale

mportance des réseaux migratoires et des diasporas dans les mobilités

Montrez que les migrations peuvent à la fois être bénéfiques et négatives pour les pays de