DEPARTEMENT DE LA VIENNE...Couture – Etat des lieux et Diagnostic – Version finale", EPTB Charente, non daté ; "SAGE Charente - EPTB Charente – Chambre d'agriculture de la Charente

DEPARTEMENT DE LA CHARENTE

ASSOCIATION SYNDICALE AUTORISEE DE L’AUME-COUTURE

AVIS SUR LA COMPATIBILITE DU PROJET

"RESERVES COLLECTIVES POUR LA SUBSTITUTION

DE PRELEVEMENTS EN EAU SUR LE BASSIN DE L’AUME COUTURE

DANS LE CADRE DU PROJET DE TERRITOIRE"

AVEC LA PROTECTION DU CAPTAGE D'EAU POTABLE DE LA SOURCE

DE MOULIN NEUF A SAINT FRAIGNE

Bruno JEUDI de GRISSAC

Hydrogéologue agréé en matière d'hygiène publique

pour le département de la Charente

Août 2019

ASA de l'Aume-Couture

Réserves collectives pour la substitution de prélèvements en eau sur le bassin de l'Aume Couture

Compatibilité du projet avec la protection du captage de la "Source de Moulin Neuf" à Saint Fraigne

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Par désignation, en date du 1er

avril 2019, de Monsieur le Directeur de l'Agence

régionale de santé Nouvelle Aquitaine, sur proposition de l’Hydrogéologue agréé

coordonnateur départemental, j’ai été chargé d’émettre un avis sur la compatibilité

d'un projet de retenues à usage agricole avec la protection du captage AEP "Source

de Moulin Neuf" à Saint Fraigne.

La lettre de désignation précise l'étendue de la mission confiée, à savoir :

"Vous donnerez un avis hydrogéologique sur l'influence que peut avoir le projet de création

de 9 réserves de substitution situées dans le sous bassin de l'Aume-Couture sur la source du

Moulin Neuf.

…

L'avis portera sur la compatibilité du projet avec la protection du captage d'eau potable, tant

du point de vue quantitatif que du point de vue qualitatif.

Pour juger de cette compatibilité, vous prendrez en compte les impacts sur la ressource

captée :

- non seulement de la création des réserves de substitution et de leur fonctionnement ;

- mais aussi des pratiques d'irrigation qui découleront de cette modification de la

disponibilité de la ressource, et ce en priorité pour les parcelles irriguées situées dans

le bassin d'alimentation de la source du Moulin Neuf, et notamment les plus proches

de la zone d'alimentation préférentielle.

L'avis abordera donc les points suivants :

- vulnérabilité de la nappe captée par la source du Moulin Neuf ;

- impact des prélèvements des remplissages des retenues et autres prélèvements

agricoles autorisés sur la source AEP ;

- impact du décapage de la couche de sol superficiel lors de la construction des

retenues ;

- impact des vidanges et notamment des vidanges de secours, impliquant de gros

volumes d'eau ;

- impact dû à l'irrigation des parcelles."




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L'avis qui suit a été élaboré après la consultation des documents suivants :

✓ "EPTB Charente – Etude sur la révision des seuils de gestion estivaux – Projet de

territoire Aume-Couture – Rapport de phase 1&2", Rapport SETEC-HYDRATEC

01644136, mai 2019 ;

✓ "EPTB Charente – Etude sur la révision des seuils de gestion estivaux – Projet de

territoire Aume-Couture – Présentation des phases 1&2", Diaporama SETEC-

HYDRATEC présenté au Comité de territoire lors de sa réunion du 20 mai 2019 ;

✓ "Association syndicale autorisée de l'Aume Couture - Réserves collectives pour la

substitution de prélèvements en eau sur le bassin de l’Aume Couture dans le cadre

du Projet de territoire – Etude d'impact sur l'environnement", rapport CACG / Hygéo /

Ouest Am', octobre 2018 ;

✓ "Association syndicale autorisée de l'Aume Couture - Réserves collectives pour la

substitution de prélèvements en eau sur le bassin de l’Aume Couture dans le cadre

du Projet de territoire – Demande d'autorisation environnementale", rapport CACG,

octobre 2018 ;

✓ "EPTB Charente – Chambre d'agriculture de la Charente - Projet de territoire Aume-

Couture – Stratégie et programme d'actions – Version finale", EPTB Charente, non

daté ;

✓ "EPTB Charente – Chambre d'agriculture de la Charente - Projet de territoire Aume-

Couture – Etat des lieux et Diagnostic – Version finale", EPTB Charente, non daté ;

✓ "SAGE Charente - EPTB Charente – Chambre d'agriculture de la Charente – Comité de

territoire Aume-Couture – Mercredi 12 avril 2017", diaporama présenté au Comité de

territoire lors de sa réunion du 12 avril 2017 ;

✓ "Projet de territoire Aume Couture – Etat des lieux", diaporama présenté au Comité de

territoire lors de sa réunion du 12 octobre 2016 ;

✓ "SIAEP de Saint Fraigne – Programme Re-Sources – Les mesures

agroenvironnementales et climatiques – Un soutien aux pratiques culturales

favorables à la qualité de l'eau – Un territoire, des mesures : l'aire d'alimentation du

Captage de Moulin Neuf", plaquette 4 pages SIAEP de Saint Fraigne, mars 2016 ;

✓ Note de présentation de l'aire d'alimentation du captage de Moulin Neuf, auteur

inconnu, 2014 (téléchargé sur le site www.negoce-centre-atlantique.com) ;

✓ "DRASS Poitou-Charentes – Observatoire régional de la Santé – Captages stratégiques

pilotes retenus par le département de la Charente dans le cadre de l'opération Re-

Sources – Etudes hydrogéologiques complémentaires en vue de définir leurs bassins

d'alimentation – Rapport définitif", rapport Hygéo HY16030042v2, janvier 2004 ;




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✓ "Proposition de délimitation de l'aire d'alimentation de la source de Moulin Neuf à

Saint Fraigne (16) – Etude réalisée dans le cadre des opérations de service public du

BRGM 02-EAU523", rapport BRGM RP-51614-FR, avril 2002 ;

✓ "Conseil général de la Charente – Impact du développement de retenues de

substitution sur le bassin-versant pilote de l'Aume-Couture (16) – Phase 1 – Inventaire

des données", rapport BRGM R40620, avril 1999 ;

✓ "Evolution des teneurs en nitrates dans le captage de Moulin Neuf – Commune de

Saint Fraigne – Etude au moyen du modèle global BICHE", rapport BRGMR31993 POC

4S 90, décembre 1990 ;

✓ "Arrêté déclarant d'utilité publique les travaux de protection du captage de la source

de Moulin Neuf situé sur le territoire de la commune de Saint Fraigne et de création

de périmètres de protection autour de ce captage réalisés par le syndicat

d'alimentation en eau potable de la région de Saint Fraigne", arrêté du 18 mai 1982

Préfet de la Charente ;

✓ "Syndicat intercommunal d'alimentation en eau potable de la région de Sainte Fraigne

(16) – Définition des périmètres de protection de la source captée de Moulin Neuf",

rapport de J. Bonin – Géologue agréé en matière d'eau et d'hygiène publique pour le

département de la Charente, rapport BRGM 80SGN344POC, mai 1980 ;

✓ "Syndicat intercommunal d'alimentation en eau potable de la région de Sainte Fraigne

(16) – Etude de l'environnement hydrogéologique du captage de la source de Moulin

Neuf", rapport BRGM 80SGN302POC, mai 1980 ;

✓ "Etablissement public régional Poitou-Charentes – Direction départementale de

l'Agriculture de la Charente - Bassin de l'Aume et de la Couture – Recherches et mise

en valeur des ressources aquifères des formations séquaniennes", rapport BRGM 77

SGN 270 AQI, mai 1977 ;

✓ banque nationale d’accès aux données sur les eaux souterraines – ADES

(www.ades.eaufrance.fr) ;

✓ banque de données du sous sol du BRGM (http://infoterre.brgm.fr) ;

✓ système d’information pour la gestion des eaux souterraines en Poitou-Charentes

(http://sigespoc.brgm.fr/) ;

✓ système d’information géographique grand public de l’IGN : GEOPORTAIL

(www.geoportail.fr).




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1. Localisation, exposé des motifs, description du projet

L'Association syndicale autorisée (ASA) de l'Aume-Couture porte un projet de

création de 9 réserves de substitution destinées à l'irrigation dans le bassin de

l'Aume-Couture (7 sur le bassin de l’Aume et 2 sur le bassin de la Couture), pour un

potentiel utile de stockage de l'ordre de 1,66 millions de m3

.

Ces 9 réserves constituent la deuxième tranche d'un projet qui en compte 13, les 4

premiers ouvrages ayant été autorisés en 2008 et réalisés entre 2008 et 2012.

Il existe par ailleurs 10 réserves appartenant à différents propriétaires sur le bassin.

Si ce projet est mené à son terme, le volume total stocké sur le bassin pour se

substituer à des prélèvements estivaux dans le milieu naturel atteindra 4,71 millions

de m3

dont 3,08 sous maîtrise d’ouvrage de l’ASA.

Par réserve de substitution, il faut entendre un stockage d'eau alimenté par un

prélèvement hivernal dans le milieu naturel, l'eau stockée permettant de supprimer

des prélèvements directs dans le milieu naturel durant la période d'irrigation.

Le projet doit ainsi se traduire par la suppression totale de 13 prélèvements dans la

nappe du Jurassique supérieur et à transférer sur la période hivernale 14 autres

prélèvements estivaux (13 dans la nappe et 1 dans la rivière sur l’Aume).

Le projet diminue le volume prélevable dans le milieu en été de 2 330 000 m3

(en

tenant compte de la nouvelle valeur du volume prélevable printemps-été abaissée de

700 000 m3

sur proposition des irrigants) et il augmente le volume prélevable en

hiver de 1 660 250 m3

. Ce volume représente 1,4% du volume transitant

annuellement sur l’Aume en aval de la confluence avec la Couture.




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Ce projet est inscrit dans le projet de territoire élaboré pour le bassin de l'Aume

Couture. Un des axes de ce projet a pour objectif la réduction de la pression de

prélèvements sur les ressources superficielles en période estivale. Il se décline en

différentes actions dont trois sont susceptibles d'avoir une incidence sur la

ressource qui alimente le captage de Moulin Neuf :

• création de réserves de substitution, objet du présent avis, avec pour

objectifs :

✓ diminuer les prélèvements en période estivale ;

✓ atteindre le bon état quantitatif des eaux ;

✓ sécuriser l’approvisionnement en eau ;

✓ maintenir une activité agricole économiquement viable ;

✓ substituer un volume de 1,65 Mm3

;

• définition de modalités de gestion de l’irrigation avec la définition d'un

volume de gestion (prélevé en période estivale dans le milieu naturel) de 2,27

millions de m3

, inférieur au volume prélevable de 2,57 millions de m3

;

• proposition d’harmonisation des règles de remplissage des réserves de

substitution existantes et en projet : les conditions à remplir pour que le

remplissage des retenues soit autorisé ne sont pas homogènes (indicateurs et

valeurs seuils sur les indicateurs différents).




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2. Captage "Source de Moulin Neuf"

Référencé 06608X0034 en banque du sous-sol (nouvel indice BSS001RQQM), la

source est située sur le territoire de la commune de Saint Fraigne, à environ 1,5 km

au sud du centre bourg, sur la parcelle référencée section K n°108, à proximité du

point de coordonnées (Lambert 2 étendu) :

X= 418 360 Y= 2 107 104 Z=+71 EPD.

Pour la description du captage réalisé au droit de la source naturelle de Moulin Neuf,

est reproduit ce dessous un extrait du rapport BRGM RP-51614-FR :

"Géomorphologie du site :

A l'état naturel, avant les travaux de captage réalisés fin 1956/début 1957, la

source se présentait sous la forme d'un gouffre noyé de 20 à 25 m de diamètre

(gouffre de "Gorgusson), développé dans les niveaux calcaires, avec une dépression

en cratère au centre de 3 m de diamètre et de 7 à 8 m de profondeur.

Au fond de ce gouffre se manifestaient des venues d'eau en plusieurs points, comme

on a pu le constater lors des travaux, après l'enlèvement des vases.

Modalité de réalisation du captage :

Celle-ci a été effectuée comme suit :

✓ de la profondeur de - 8 à - 4 m, le gouffre a été remblayé avec, de bas en haut,

des pierres de blocage (28 m3

), des pierres cassées de 6 cm de granulométrie

(310 m3

) et des graviers 10/25mm (136 m3

),

✓ de la profondeur de - 4 m au niveau du sol, 2 cuvelages métalliques

concentriques de 2,5 et 3 m de diamètre, posés sur ce remblai, avec cimentation

de l'espace annulaire, et remblaiement à l'extrados par du sable (1800 m3

)

recouvert d'un radier en béton de 0,25 m d'épaisseur,

✓ de plus, à - 1,15 m ont été mis en place deux tuyaux de trop-plein en direction

d'un canal puis vers la rivière Aume, via un petit étang.

Après réalisation des travaux, le 28 novembre 1979, le fond du puits a été mesuré à

4,20 m de profondeur, par rapport à la margelle (à + 0, 2m du radier)."

Du point de vue géologique, l'ouvrage recouperait, d'après les informations figurant

en Banque du sous-sol :

✓ de 0 à 7 m : des alluvions et tourbes datées du Quaternaire,

✓ de 7 à 8 m : des calcaires datés du Séquanien (Kimméridgien inférieur).




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3. Contexte hydrogéologique

Le bassin de la source de Moulin Neuf a pour substratum géologique des formations

calcaréo-marneuses du Jurassique supérieur qui affleurent sur 80 % du bassin

versant de l’Aume-Couture dans lequel se trouve la source.

Ces formations, dont la puissance peut atteindre plusieurs centaines de mètres,

sont peu perméables, voire imperméables de nature.

Les formations carbonatées présentes à l'affleurement présentent néanmoins des

caractéristiques aquifères en lien avec la décompression des couches à proximité de

la surface (sur une trentaine de mètres au maximum), leur fissuration et leur

altération.

Alimenté par infiltration des précipitations, cet aquifère est le siège d'une nappe

libre sur une grande partie de sa surface mais qui peut se mettre en charge pour

devenir semi captive, voire captive, sous l'imperméable relatif que constituent les

formations alluviales déposées dans les fonds de vallée.

Les interactions entre la nappe et les cours d'eau sont étroites même si des

déconnexions sont possibles dans certaines conditions d'étiage de la nappe.

La nappe est donc drainée par les cours d'eau et sa piézométrie reproduit le profil

topographie du bassin avec des axes de drainage bien marqués au droit des vallées.

La source de Moulin Neuf se trouve à la limite entre les affleurements de calcaire à

grain fin et calcaire sub-lithographique du Kimméridgien inférieur et le

recouvrement de tourbe de la vallée de l'Aume.

Ce recouvrement étant imperméable, la nappe qui donne naissance à la source n'a

pas de relation hydraulique directe avec la rivière.

L'émergence de la source de Moulin Neuf qui se trouve en rive droite de l'Aume est

ascendante ; la nappe étant en pression sous la tourbe.

En rive gauche, se trouve la Fontaine de Aussegrains, autre émergence ascendante

de cette même nappe au contact des calcaires avec le recouvrement de tourbe

imperméable.




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D'après les diagraphies réalisées sur le captage voisin, forage profond de 500 m qui

capte l'infra-Toarcien, les niveaux calcaires plus ou moins karstifiés dans lesquels se

font les circulations d'eaux souterraines se situent entre 8 et 15 m. de profondeur.

Cette karstification apparaît s'être développée à proximité de l'axe des vallées qui

correspondent aux axes de fracturation majeure.

L'écoulement des eaux souterraines étant empêché latéralement à la rencontre des

niveaux de calcaires argileux et marnes du Kimméridgien inférieur et verticalement

par le recouvrement imperméable de tourbe, la vidange de la nappe correspondante

se fait à la faveur d'émergences ascendantes au contact des calcaires perméables

avec la tourbe.

Coupe hydrogéologique schématique à la source de Moulin Neuf (BRGM)

Plusieurs campagnes de mesures des niveaux de la nappe ont été réalisées dans le

bassin et ont donné lieu à l'établissement de cartes piézométriques. Celles-ci

permettent de délimiter le bassin d'alimentation du captage dont l'emprise est

comprise entre 125 et 130 km².

Par ailleurs, deux traçages avec restitution du traceur ont été réalisés en 2003 dans

le cadre d'une étude en vue de la délimitation du bassin d'alimentation. Il en ressort

des vitesses d'écoulement calculées à parti de ces traçages de 0,4, 7 et 11m/h.




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4. Zonages associés au captage de Moulin Neuf et aménagements projetés

Différents zonages sont à prendre en considération pour examiner la question de la

compatibilité du projet de l'ASA avec la protection du captage de Moulin Neuf avec,

du plus petit au plus étendu :

• le périmètre de protection rapprochée de la source (1,7 km²) :

• le périmètre de protection éloignée de la source (7,8 km²) ;

• la zone d'alimentation préférentielle de la source délimitée par Hygéo en

2004 (20,7 km²) ;

• l'aire d'alimentation de la source délimitée par le BRGM en 2002 (23,4 km²) ;

• le bassin d'alimentation du captage délimité par Hygéo en 2004 (127 km²).

Aucune des réserves et aucun des forages concernés par l'aménagement (forages de

remplissage ou forage supprimés) ne sont situés dans les périmètres de protection

de la source ou dans l'aire d'alimentation délimitée par le BRGM.

Seules 4 retenues sur les 9 que compte le projet sont situées dans l'emprise du

bassin d'alimentation du captage, la plus proche étant située à 6 km au nord du

captage.

Une des réserves et l'un des forages associés, destinés à être abandonné, sont

situés dans la zone d'alimentation préférentielle délimitée par Hygéo.

Quant aux forages rattachés à ces 4 retenues, ils sont au nombre de 15, le plus

proche distant de plus de 5 km de la source (soit 19 jours de temps de transfert

pour la vitesse la plus élevée déduite des traçages).

Seules les retenues S07, S08, S09 et S10 situés dans le bassin d'alimentation de la

source, et les forages qui leurs sont associés, sont susceptibles d'avoir une

incidence sur le captage de la source de Moulin Neuf. Situés hors bassin, les autres

retenues et forages ne sont donc pas pris en considération dans les pages qui

suivent.




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Localisation des retenues, des forages associés

Bassin d'alimentation et de la zone d'alimentation préférentielle de la source de Moulin Neuf




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5. Vulnérabilité de la nappe captée par la source du Moulin Neuf

Compte tenu :

• de la faible épaisseur des sols développés sur les calcaires jurassique ;

• de la nature fissurale de l’aquifère, voire éventuellement karstique localement

sous recouvrement en fond de vallée ;

• du caractère intermittent de l’écoulement superficiel ;

• des relations démontrées entre les eaux superficielles et la nappe souterraine

(traçages et transferts de pression) ;

• de la réaction rapide de la nappe aux précipitations, au moins en hautes

eaux ;

la ressource captée par la source de Moulin Neuf présente une vulnérabilité

intrinsèque :

• modérée dans les vallées sous recouvrement alluvial,

• élevée à très élevée en dehors des vallées c'est-à-dire dans un contexte où le

réservoir n'est plus surmonté par le recouvrement alluvial.

Avec une nappe captive sous un recouvrement alluvial imperméable, le captage est

implanté dans un contexte ou la vulnérabilité intrinsèque de la ressource peut être

considérée comme modérée sous réserve que le caractère captif de la nappe soit

préservé.

La qualité des eaux ne peut donc être affectée que par transfert horizontal au sein

du réservoir, le risque étant d'autant plus faible que la distance à la source de

pollution accidentelle est élevée et la vitesse de transfert faible.




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6. Impact des prélèvements des remplissages des retenues et autres

prélèvements agricoles autorisés sur la source AEP

Sur les 15 forages rattachés aux 4 retenues situées dans le bassin d'alimentation du

captage, le projet prévoit d'en abandonner 7 et d'en conserver 8 pour le remplissage

hivernal des retenues.

Le cumul des autorisations de prélèvements pour 2017 pour ces 15 forages

représentait un volume supérieur à 1 Mm3

.

En comparaison, le volume des retenues projetées, donc le volume à prélever

chaque année pour les remplir, est légèrement supérieur à 827 000 m3

.

En première analyse, la réalisation du projet de retenues se traduira par une

diminution des autorisations de prélèvements de 18% avec un transfert des

prélèvements encore autorisés de la période estivale à l'hiver.

Dans la pratique, ce transfert de pompages de l'été vers l'hiver se traduira en fait par

une augmentation des prélèvements réels. En effet, l'examen des volumes

effectivement prélevés en cumul sur ces 15 forages sur la période 2000-2016 révèle

un minimum de l'ordre de 310 000 m3

(2007), un maximum de l'ordre de 589 000

m3

pour 412 600 m3

en moyenne.

La réalisation du projet se traduira, si les conditions hydrologiques permettent le

remplissage complet des retenues, par une augmentation de plus de 40% du volume

effectivement prélevé entre 2000 et 2016.

La question de la compatibilité du projet avec la protection du captage revient donc

à préciser si cette augmentation du volume prélevé dans le bassin, conjugué à un

transfert inter-saisonnier des prélèvements de l'été vers l'hiver, est susceptible

d'affecter la disponibilité quantitative de la ressource au captage.

Les impacts piézométriques liés aux prélèvements dans les forages ont été estimés

à l'aide d'un modèle hydrodynamique monocouche simplifié.




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Les rabattements calculés avec des hypothèses simplificatrices sont les suivantes :

• élévation estivale du plan d'eau à la source du fait de la suppression des

prélèvements dans les forages rattachés aux retenues et en l'absence de

recharge : 7 cm au maximum après 110 jours environ ;

• abaissement hivernal du plan d'eau à la source du fait des prélèvements de

remplissage des retenues avec une recharge faible sur 90 jours : 17 cm au

maximum au-delà de 65 jours.

On peut toutefois noter que, sur la base des résultats de simulations dans le modèle

hydrodynamique monocouche simplifié :

• le rabattement du fait du remplissage, soit au maximum 17 cm, est du même

ordre de grandeur que le rabattement estival actuel, à savoir 20 cm, ce

dernier cumulé au rabattement généré par les autres forages n'entrainant pas

de désordres dans l'exploitation du captage,

• ce rabattement maximal de 17 cm vient se superposer à une remontée

piézométrique calculée de l'ordre du mètre du fait de l'alimentation de la

nappe (pour une recharge fixée à 0,50 mm/jour en décembre, 0,02 mm/jour

en janvier, 0,55 mm/jour en février, nulle au-delà (ce qui correspond aux

conditions d'alimentation lors d'un hiver décennal sec).

A l'examen de l'évolution du niveau d'eau à la source et de son débit de

débordement, et compte tenu de l'état hydrologique du milieu conditionnant les

pompages de remplissage, il semble que les pompages de remplissage ne seront

pas en mesure d'affecter la production d'eau potable.

Considérant ces ordres de grandeur, et sous réserve que le modèle développé soit

valide et que les pompages pour remplissage des réserves n'interviennent

effectivement qu'une fois la recharge de la nappe déjà avancée, le remplissage

hivernal des retenues apparaît compatible avec la protection de la source de Moulin

Neuf.




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7. Impact du décapage de la couche de sol superficiel lors de la construction

des retenues

Les travaux de création des retenues nécessitent un décapage superficiel du sol qui

se traduit, au moins momentanément, par une forte augmentation de la

vulnérabilité directe de la ressource en eau souterraines. Dans la mesure où la zone

décapée se retrouve ensuite recouverte soit par le remblai des digues, soit par une

zone imperméabilisée, cette augmentation est limitée à la durée des travaux et ne

devrait pas avoir d'incidence sur les eaux du captage, du fait notamment de la

distance séparant les retenues du captage, soit 6 km ou plus.

Si la suppression du sol pourra se traduire par une augmentation de la turbidité des

eaux souterraines à proximité de travaux lors des épisodes pluvieux, la distance des

sites aux captages combinée avec les vitesses de transfert mesurées lors de

traçages ne fait pas craindre de détérioration de la qualité des eaux au captage pour

ce paramètre.

Il n'y pas non plus à craindre de transfert par les eaux superficielles, les échanges

eaux souterraines cours d'eau se faisant du milieu souterrain vers les eaux

superficielles et non pas l'inverse, même en basses eaux.

Hormis de décapage, la question se pose de l'impact du rabattement de nappe en

phase travaux ou du drainage permanent pour préserver l'intégrité de la membrane

d'étanchéité qui pourraient être nécessaires sur certains site du fait d'un niveau de

nappe situé au-dessus du fond de la réserve. Là aussi, si un impact local notable ne

peut pas être exclu, la distance séparant les retenues du captage ne fait pas

craindre d'incidence notable sur les eaux captées.




16/19

8. Impact des vidanges et notamment des vidanges de secours, impliquant de

gros volumes d'eau

Les vidanges sont des opérations obligatoires qui interviennent à intervalle régulier

ou qui peuvent être rendues nécessaires ponctuellement pour des raisons de

sécurité (instabilité d'une digue).

L'impact sur le milieu n'est abordé que sommairement sans l'étude d'impact. Il est

noté que les vidanges programmées se feront dans le respect de la législation en

vigueur et que le déversement de la canalisation de vidange se fait toujours dans un

exutoire naturel existant (cours d'eau ou fossé).

En l'absence de précision sur ce sujet, on peut s'interroger sur la capacité de

l'exutoire à évacuer le débit de vidange sans risque de débordement.

Pour ce qui concerne l'impact éventuel d'une vidange sur la source de Moulin neuf, il

apparaît limité compte tenu :

• de la distance séparant les retenues du captage, soit 6 km ou plus en ligne

droite,

• des relations nappes rivière avec une nappe susceptible d'alimenter la rivière

en hautes eaux par débordement sur les flancs des vallées en limite du

recouvrement alluvial, et une rivière généralement déconnectée de la nappe

en basses eaux du fait de la nature imperméable de ce recouvrement, la

nappe étant captive sous ce recouvrement dans les environs de la source

comme sur une partie du bassin.




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9. Impact dû à l'irrigation des parcelles desservies par le projet

Les documents consultés relatifs au projet, et notamment l'étude d'impact, n'aborde

pas ce sujet. On peut néanmoins tenter d'aborder la question par le raisonnement

qui suit, au moins pour ce qui concerne les pollutions azotées diffuses d'origine

agricole.

Considérant la situation sur le bassin de l'Aume Couture, où la disponibilité de la

ressource est a priori le principal facteur limitant à la production sur les parcelles

irriguées qui nous intéressent (les restrictions qui s'imposent de manière récurrente

en cours de campagne d'irrigation affectent la production), un accès sécurisé à la

ressource se traduira, toutes choses étant égales par ailleurs, par une productivité

augmentée et un reliquat d'intrants azotés plus faible en fin de campagne.

Dans ce contexte, et sous réserve que les pratiques agricoles ne soient pas

modifiées, la sécurisation de la disponibilité de la ressource sur les parcelles

desservies pourrait avoir une influence positive en matière de pollution azotée des

eaux souterraines.




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10. Avis général

Après examen des documents dont la liste figure en début de document, compte

tenu des éléments repris ci avant, et considérant notamment :

• les conditions de gisement et la dynamique de la ressource captée à la source

de Moulin Neuf avec notamment :

✓ une nappe captive sous le recouvrement alluvial imperméable ;

✓ les relations nappes rivière avec un nappe susceptible d'alimenter la

rivière en hautes eaux par débordement sur les flancs des vallées en limite

du recouvrement alluvial, et une rivière généralement déconnectée de la

nappe en basses eaux du fait de la nature imperméable de ce

recouvrement ;

• la localisation des retenues et des forages concernés en dehors des

périmètres de protection de la source ;

• la localisation de 4 des 9 retenues et de 15 forages associés à ces 4 retenues

dans l'emprise du bassin d'alimentation du captage ;

• la localisation d'une des réserves et d'un des forages associés, destinés à être

abandonné, dans la zone d'alimentation préférentielle de la source ;

• la distance minimale séparant, en ligne droite, ces infrastructures du captage

à savoir 6 km ou plus pour les retenues et 5 km ou plus pour les forages ;

• les seuils conditionnant le remplissage des retenues ;

• les rabattements sur la source générés par les pompages hivernaux ou

estivaux estimés par modélisation ;

malgré l'augmentation des prélèvements réels en volume annuel que permettra ce

transfert des pompages de l'été vers l'hiver (+40% ou plus en conditions favorables

en regard des volumes effectivement prélevés sur les 15 forages sur la période

2000-2016) ;




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et en l'absence d'éléments explicites sur l'impact des vidanges et notamment des

vidanges de secours, impliquant de gros volumes d'eau ou sur l'impact dû à

l'irrigation des parcelles desservies par le projet ;

dans la mesure où le projet n'apparaît pas susceptible de remettre en cause la

disponibilité quantitative de la ressource au captage ou la qualité des eaux captées,

le projet de "Réserves collectives pour la substitution de prélèvements en eau sur le

bassin de l'Aume Couture" porté par l'ASA de l'Aume-Couture peut être jugé

compatible avec la protection du captage de la "Source de Moulin Neuf" à Saint

Fraigne.

Dans la mesure où un travail est engagé sur les seuils de gestion du bassin de

l'Aume Couture, il est recommandé qu'une réflexion soit menée en vue de

l'établissement d'un seuil sur la source elle-même ou à défaut sur le piézomètre de

Saint Fraigne. En vue de garantir la continuité de la production d'eau potable, les

prélèvements estivaux et hivernaux pourraient être conditionnés au niveau de la

nappe à la source (ou au débit d'émergence hors pompage qui est directement

propositionnel à ce niveau). Compte tenu des difficultés que peuvt poser la mesure

du niveau ou du débit à la source, un report de cette condition sur le piézomètre de

Saint Fraigne est envisageable sous réserve qu'une corrélation entre les niveaux à la

source et au piézomètre soit démontrée et que le coefficient de dépendance linéaire

soit élevé. La position prioritaire de l'alimentation en eau potable dans la hiérarchie

des usages de l'eau justifie en effet de conditionner l'utilisation des forages

agricoles au respect d'un seuil sur la source de Moulin Neuf.

Fait à Mérignac, le 5 août 2019

Bruno JEUDI de GRISSAC

Hydrogéologue agréé en matière d'hygiène publique

pour le département de la Charente

Documents

DEPARTEMENT DE LA VIENNE...Couture – Etat des lieux et Diagnostic – Version finale", EPTB Charente, non daté ; "SAGE Charente - EPTB Charente – Chambre d'agriculture de la Charente