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Université Mohamed Lamine Debaghine –Sétif 2
Faculté des lettres et langues étrangères
Département de langue et littérature françaises
1ère année Licence
Présenté par : Mr. HALLAL Karim Akram
Maitre-assistant classe A Université Sétif 2
Spécialité sciences des textes littéraires
Année universitaire 2020/2021
Introduction à la culture de la langue
Cours n°1
De la Gaule à la France : histoire politique et sociale
1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL
Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 2
Table des matières
I. La notion de culture ............................................................................................................................................ 3
1. Etymologie du mot culture .......................................................................................................................... 3
2. Questions épistémologiques ...................................................................................................................... 3
3. L’opposition culture/civilisation ................................................................................................................. 3
II. Repères historiques ............................................................................................................................................. 5
III. Le cadre temporel .............................................................................................................................................. 6
IV. Le cadre géographique ..................................................................................................................................... 6
V. Le Xe siècle : le « siècle de fer » ..................................................................................................................... 7
1. La vie sociale ................................................................................................................................................... 7
2. Le système politique ..................................................................................................................................... 8
2.1. L’aristocratie ........................................................................................................................................... 9
2.2. Valeurs chevaleresques ........................................................................................................................ 9
2.3. Le féodalisme (XIe-XIIIe siècle) ......................................................................................................... 10
2.3.1. L’émergence du féodalisme .......................................................................................................... 10
2.3.2. Le système féodo-vassalique ....................................................................................................... 12
2.3.3. La seigneurie ................................................................................................................................... 12
3. Le système religieux .................................................................................................................................... 13
4. Les traces culturelles .................................................................................................................................. 13
1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL
Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 3
I. La notion de culture
1. Etymologie du mot culture
Le mot culture vient du latin cultura 1 qui indique dans son sens exact le soin que l’on
porte à une terre afin de la rendre fertile et rentable. Ce terme dérive du verbe colere qui
signifie habiter ou cultiver. Dans son sens second, le terme désigne l’action de cultiver l’esprit
et l’enrichir par l’ensemble des connaissances acquises par un individu.
2. Questions épistémologiques
Pour définir le concept de culture deux problèmes épistémologiques se posent. Il s’agit
de savoir si toutes les activités et productions humaines peuvent être inclut dans ce concept
de culture, ou bien si la culture correspond à des faits très précis et dans ce cas laisser de
nombreux faits de côté. De cette problématique résulte deux conceptions différentes de la
culture :
• Une conception restrictive : l’ensemble des savoirs inoculé par des institutions et
intériorisé par un groupe particulier.
• Une conception extensive : l’ensemble des productions typiquement humaines.
3. L’opposition culture/civilisation
L’anthropologie2 considère la culture de façon paradoxal. Tantôt elle a une signification
particulière : la culture est le propre de l’Homme ce qui le différencie du reste des êtres
vivants. D’autre part, elle a une signification multiple : il existe une foule de cultures
hétérogènes composées d’éléments complexes correspondant aux différentes sociétés. Ce
double mouvement résulte d’une polémique idéologique franco-allemande qui s’est
déformée par l’opposition entre les valeurs universelles de la « Civilisation » française et celles,
plus particularistes, de la « Kultur » allemande. Les penseurs français favorisaient l’emploi de
la notion de civilisation qui véhiculait les valeurs de savoir vivre et d’humanisme de
1 Antoinette Novara, Cultura : Cicéron et l’origine de la métaphore latine, Bulletin de l’association Guillaume Budé, Mars 1986. 2 Sciences qui étudient l’homme.
1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL
Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 4
l’aristocratie européenne (politesse, bienséance, courtoisie) auxquelles on leur a ajouté les
valeurs de vertu, droit et liberté. Ainsi, la personne civilisée était cultivée, au sens
métaphorique de quelqu’un qui cultive les choses de l’esprit comme on cultive un jardin.
La puissance et la diffusion économique des nations française et anglaise encourageait
la propagation de la « civilisation » aux autres peuples du monde dont les différences
disparaîtraient devant leur destin commun. La civilisation humanise ces nations et leur
propose des valeurs universelles. Du côté allemand, la notion de « Kultur » prenait un sens
limité à l’ethnie et aux valeurs du peuple allemand. Cette notion mettait l’accent sur la
tradition populaire et sa littérature romantique, elle exaltait l’amour de la nature et la
spontanéité de l’expression des émotions en opposition aux manières superficielles et
importées des nobles.
Au XIXème siècle, en Angleterre, l’anthropologue Edward Burnett Tylor emprunte le
terme « Kultur » aux Allemands. Tylor livra cette définition de la culture qui fera référence par
la suite : « La culture ou la civilisation, entendue dans son sens ethnographique étendu, est
cet ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l’art, le droit, la
morale, les coutumes, et toutes les autres aptitudes et habitudes qu’acquiert l’homme en
tant que membre d’une société »3.
Cette définition correspond plus à la description du fait culturel, à sa manifestation
qu’à la culture en soi a le mérite d’introduire l’idée nouvelle que la culture ne s’amalgamait
plus avec une élite, elle peut caractériser la culture de tous les peuples du monde. En mettant
l’accent sur l’apprentissage, elle souligne donc que la culture est acquise et non pas innée.
Mais elle demeure insuffisante car elle demeure fondée sur des préjugés ethnocentriques (la
race, la langue et la culture).
3 Edward Burnett Taylor, La civilisation primitive, Tome premier, Traduit de l’Anglais sur la deuxième édition (1873) par Pauline Burnett, Ancienne Librairie Schleicher, Alfred Costes, 1920. p.384.
1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL
Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 5
II. Repères historiques
On peut faire remonter l’histoire de France aux années 58 à 51 avant Jésus-Christ,
quand les Romains imposent leur domination au peuples gaulois d’origine celte, le nom de
France ne s’imposera que plus tard, à cette époque on parle des Gaules. Lors du siège d’Alésia
une brève union des peuples Gaulois autour du chef Vercingétorix échoue face aux légions de
Jules César. Les gaulois deviennent alors les Gallo-romains pour une période de 500 ans.
Les Romains ont imposé leur modèle de civilisation (ville avec des thermes, stades et
routes, institutions et hiérarchie sociale à laquelle on ne peut s’intégrer que si l’on adopte leur
langue unificatrice : le latin, une langue structurée et surtout écrite, contrairement aux
langues gauloises, purement orales qui vont progressivement se diluer dans le latin pour
former ensuite le roman.
Au début du Ve siècle des hordes de barbares (Les Huns) attaquent violement l’Empire,
celui-ci organise la riposte en s’appuyant sur les peuples germaniques venus du Nord de
l’Europe. Après la chute de l’empire romain d’Occident en 476 après J.-C (date qui met un
terme à l’Antiquité et ouvre le moyen-Age) ces peuples germaniques deviennent alors les
nouveaux maitres de l’Europe.
Au moment de la disparition de L’Empire romain, les Francs autre peuple germanique
venu de la rive droite du Rhin s’imposent et rétablissent l’ordre avec l’aide de l’église. Deux
personnalités favorisent ce rétablissement de l’ordre : le roi des Francs Clovis et l’archevêque
de Reims, saint Rémi. Clovis se convertit au christianisme vers 496 et fonde la dynastie
mérovingienne (du nom de son grand-père Mérovée), elle va durer deux siècles et demi.
En 754 Pépin le Bref écarte autoritairement le roi mérovingien en place et se fait sacrer
roi par le pape (première fois qu’un roi reçoit cette légitimation) la dynastie des Carolingiens
est née. Charlemagne fils de Pépin le Bref règne de 768 à 814. Il est sacré empereur d’Occident
en 800 après avoir pris la couronne des Lombards (Italie du Nord). À Aix-la-Chapelle il
s’entoure d’intellectuelles venus de toute l’Europe et fonde une école en latin, chargée de
former les élites de l’Empire. De là est né son mythe d’inventeur de l’école. À la mort du fils
de Charlemagne, Louis le pieux, l’Empire est morcelé et divisé entre les trois petits fils de
Charlemagne par le traité de Verdun en 843. Charles le Chauve dispose de la partie occidentale
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Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 6
(à peu près la France actuelle). Au IXe siècle l’empire s’assombrit avec la décadence de
l’autorité carolingienne à cause des invasions.
III. Le cadre temporel
L’histoire de la civilisation et de la culture française ne commencent pas à un moment
précis, cependant plusieurs raisons engagent à prendre le départ à la fin du Xe siècle :
• La fin de l’ère des invasions (les pillards et conquérant venus du Danemark, du Maghreb
et des iles méditerranéennes que les gens de ce temps appelaient les « Sarrasins »).
• Le matériel d’informations devient plus abondant pourtant il s’agit seulement de l’histoire
des riches, des savants, l’histoire de l’exceptionnel.
• Les traits culturels prennent des formes particulières, car avant la fin du Xe siècle les pays
français constituaient des provinces mal différenciées, ce qu’on appelait le royaume des
Francs, la Gaule ou l’Empire.
IV. Le cadre géographique
La notion de frontière, au sens moderne, est à
peu près inconnue au Moyen Âge. Les limites les plus
stables sont finalement celles des diocèses, héritées
des « cités » gallo-romaines. La France au Xe siècle
c’était un petit pays compris entre la Marne et l’Oise,
entre Paris et Senlis, l’ensemble des provinces flanqué
par la Normandie, la Bourgogne, la Lorraine, mais
aucune de ces zones ne correspond à l’aire d’extension
de la culture française car celle-ci, s’est formé autour de
multiples centres puis s’est propagée. Il sera ici
question dans ce cours de toutes les régions qui
forment la France métropolitaine d’aujourd’hui.
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Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 7
V. Le Xe siècle : le « siècle de fer »
1. La vie sociale
Suite aux invasions, les riches ont abandonné leur demeure urbaine pour se retirer à
la compagne. La culture est toute paysanne, les villes sont presque entièrement vides, seuls
quelques dizaines d’éleveurs, de vignerons sont rassemblés autour d’édifice religieux ou de
ruine antique devenue forteresse ou abri à bestiaux. La vie est rudimentaire, les gens vivent
en plein air, leurs rythmes de vie épousent celui des saisons. Ils souffrent de famine et
maladies car l’outillage qui permet de tirer du sol la nourriture est très rudimentaire. La
plupart des outils sont en bois, le fer est rare et réservé aux armes des riches tout comme les
moulins à grains construit par les seigneurs. Les plus pauvres laissent une part de leurs farines
au meunier seigneurial. Les paysans à cette époque se divisent en deux catégories sociales :
les laboureurs ceux qui travaillent leurs terres avec un attelage et les manœuvriers ceux qui
y travaille à main.
L’un des traits essentiels de la civilisation en ce temps est le cloisonnement, les liaisons
sont difficiles fautes d’animaux. On circule alors en barque sur les rivières ou à pieds. Un autre
aspect est la répartition inégale de la richesse foncière. En effet une forte aristocratie foncière
possède une bonne part des aires cultivés, l’esclavagisme est y admet, les « serfs » sont
achetés et vendus comme du bétail, ils ne peuvent ni se marier sans autorisation ni même
entrer à l’Église sans être affranchi. C’est une société extrêmement hiérarchisée malgré
l’universel repliement sur la terre, dans chaque clairière forestière émerge une famille noble
entretenue par le travail de tous.
Dans cet univers rural, à peu près sans routes et sans ville le commerce n’est pas
complètement arrêté, il existe ici et là des lieux autorisés par le Roi réservé aux rencontres
marchandes. La monnaie est frappée mais trop peu abondante, les métaux précieux sont
réservés aux bijoux, on l’utilise seulement quand le tronc n’est pas possible. Epices, étoffes
(les tuniques d’appart sont un marqueur social) avec le vin sont les principales marchandises
légères et donc faciles à transporter.
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2. Le système politique
Le Moyen Âge est associé aux idées de barbarie, d’obscurantisme et d’intolérance, de
régression économique et de désorganisation politique. On peut ici retenir une classique
division tripartite, ouverte par le haut Moyen Âge (Ve – Xe siècle), suivi du Moyen Âge central,
époque d’une réorganisation décisive et d’un dynamisme maximal (XIe -XIIIe siècle), tandis
que les XIVe-XVe siècles peuvent être qualifiés de bas Moyen Âge.
Le dernier des paysans sait qu’il existe un roi, sacré comme un évêque et investi par
Dieu d’une délégation de sa propre puissance et chargé de maintenir sur tout le royaume la
paix et la justice. Mais ce prestige dans la réalité n’a pas d’application pratique, car dans un
milieu cloisonner où la circulation des hommes est difficile, il est impossible de commander
de loin. Depuis que, par l’élection de 987, la
dignité souveraine a été conféré à Hugues
Capet (à la mort de Louis V, le dernier des
Carolingiens, il profite de la vacance du
pouvoir pour s’emparer de la couronne : la
dynastie Capétienne est née). Le roi n’est
vraiment chef que dans ses domaines
patrimoniaux. Dans la vie quotidienne l’autorité royale est exercée par un chef local, le comte.
Ce dernier tient par héritage sa fonction, il peut être placé sous la tutelle d’un duc ou un comte
plus puissant quand certaines provinces se sont regroupées. Sa mission s’exerce sur
l’aristocratie foncière du comté (présider les assemblées de justices, amener les hommes en
guerre et exécuter les sentences) la direction des hommes libre de moindre fortune est
délaissée aux subalternes (viguiers et centeniers et les gardes armés des forteresses).
L’exercice politique est donc limité à un groupe social et à quelques actes exceptionnels, la
puissance publique ne peut pas lever des impôts directs, ou contrôler la vie familiale, les
affaires privées se règlent en cercle restreint.
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2.1. L’aristocratie
On peut, caractériser l’aristocratie, classe dominante dans l’Occident médiéval, par la
conjonction du commandement sur les hommes, du pouvoir sur la terre et de l’activité
guerrière. On considère communément que l’aristocratie, est le résultat de la convergence de
deux groupes sociaux distincts. Il s’agirait d’une part des grandes familles qui ont reçu pour
gage de leur fidélité l’honneur de gouverner les comtés ou autres principautés territoriales
issues de l’Empire. Elle se définit par le prestige de ses origines, royales ou princières, comtales
ou ducales. Les milites, au départ simples guerriers au service des châtelains et vivant dans
leur entourage. Dans un premier temps, il n’y a pas d’équivalence entre noblesse et
chevalerie. Mais, peu à peu, s’opère une fusion entre ces groupes d’origines différentes.
L’aristocratie féodale se définit d’abord par la naissance : on est noble parce que
d’origine noble. Il s’agit d’une appartenance héritée. Mais à mesure que la chevalerie prend
de l’importance et s’identifie à la noblesse, il s’agit en même temps d’une appartenance
acquise, qui suppose l’assimilation des valeurs du groupe et des compétences physiques
permettant d’être adoubé4.
L’activité principale de l’aristocratie, et la plus digne à ses yeux, est assurément la
guerre. La guerre répond à une logique propre, celle de la faide. Son fondement est le code
de l’honneur, qui impose un devoir de vengeance, non seulement des crimes de sang mais
aussi des atteintes aux biens. Les tournois sont une autre manière d’exhiber le statut
dominant de l’aristocratie et de réguler les rapports en son sein. Démonstrations de force
destinées à impressionner, ce sont des batailles ritualisées, qui réunissent plusieurs équipes,
provenant de régions différentes et qui, souvent, s’opposent de manière à reproduire les
tensions entre les factions aristocratiques.
2.2. Valeurs chevaleresques
À mesure que s’approfondit l’unification du groupe chevaleresque, se consolide aussi
son code de valeurs. Les premières de ces valeurs sont la prouesse, c’est-à-dire la force
physique, le courage et l’habileté au combat, et, de manière plus spécifique à la société
féodale, l’honneur et la fidélité. Son éthique repose aussi sur la largesse. À l’opposé de la
4 Cérémonie au cours de laquelle un homme était armé chevalier.
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Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 10
morale bourgeoise de l’accumulation, un noble se distingue par sa capacité à dépenser et à
distribuer. Elle se distingue de la charité, vertu chrétienne par excellence qui doit plutôt
s’accomplir dans l’humilité d’un lien fraternel. Pour l’aristocrate, il s’agit de distribuer et de
consommer avec excès, pour mieux affirmer sa supériorité et son pouvoir.
L’Église joue un rôle important dans la structuration de la chevalerie et son unification
autour d’un même idéal. L’Église tente d’obtenir des guerriers qu’ils n’attaquent pas ceux qui,
clercs ou simples laïcs, ne peuvent se défendre, et qu’ils respectent certaines règles, telles que
le droit d’asile dans les églises et la suspension des combats durant les dimanches et les fêtes
principales. L’Église insiste aussi sur les inconvénients des guerres entre chrétiens et s’efforce
de détourner l’ardeur combative de l’aristocratie vers les infidèles musulmans. C’est ce à quoi
elle parvient avec succès avec la Reconquête et plus encore avec les croisades. En 1095, sous
l’impulsion du pape français Urban 2 la première croisade est organisée pour délivrer
Jérusalem prise par les Turcs musulmans.
2.3. Le féodalisme (XIe-XIIIe siècle)
Après une époque ambiguë, qui paraît d’abord sombrer dans les crises et les reculs sur
tous les plans. L’an mil peut servir à marquer une inflexion majeure, un retournement de
tendance.
Il va de soi que l’année mil ne saurait constituer le moment précis de ce changement
de tendance. Un phénomène d’une telle importance ne peut que s’inscrire dans la durée. En
effet, la dynamique d’affirmation du féodalisme s’étend sur de longs siècles, depuis l’époque
carolingienne jusqu’au XIIIe siècle.
2.3.1. L’émergence du féodalisme
On a longtemps privilégié des facteurs externes, tel que le surgissement du monde
musulman, auquel n avait attribué un rôle en négatif, comme par réaction, tandis que d’autres
inversait la perspective pour évoquer l’appel de l’Orient qui, stimulant les échanges, aurait
déclenché le mouvement de croissance occidentale. Cependant plusieurs facteurs internes
expliquent en partie cette mutation :
1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL
Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 11
Explosion démographique
Entre le XIe et le début du XIVe siècle, la population de l’Angleterre serait passée de
1,5 à 3,7 millions d’habitants ; le domaine germanique de 4 à 10,5 millions ; l’Italie de 5 à 10
millions ; la France de 6 à 15 millions (confirmant le poids déjà dominant de la Gaule à la fin
de l’Antiquité). Cela s’explique par
❖ L’amélioration de la fécondité.
❖ Les grandes famines se produisent encore mais leur fréquence a nettement diminué.
❖ Amélioration de l’espérance de vie : elle ne dépassait pas vingt ans au IIe siècle, apogée
de la Rome antique, elle se hisse jusqu’à trente-cinq ans vers 1300.
Résultat, les « villages » étendent progressivement leur domaine cultivé, on constate
aussi une hausse des rendements des cultures céréalières en associant des céréales
différentes. Mais l’essentiel est assurément le progrès des techniques de labour, avec le
passage à la charrue. Les bœufs, traditionnellement employés, cèdent progressivement la
place aux chevaux. En effet, en dehors de l’époque des labours, le cheval rend de grands
services pour le transport des personnes et des marchandises, favorisant notamment la venue
des paysans en ville et la commercialisation de leurs produits.
Les progrès techniques
Il n’y a guère de véritable invention technique au Moyen Âge, et pourtant s’opère alors
une diffusion de techniques connues antérieurement, mais demeurées le plus souvent sans
usage pratique. Les techniques connues dans l’Antiquité étaient alors peu utilisées, c’est en
partie parce que l’esclavage permettait de disposer d’une abondante source d’énergie
humaine, peu coûteuse et facilement utilisable.
Le climat
L’histoire du climat, qui a acquis une grande importance au cours du dernier demi-
siècle, a pu démontrer l’existence de variations climatiques significatives au cours du Moyen
Âge. Après une phase froide qui prend fin à l’époque carolingienne, un réchauffement
s’amorce.
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2.3.2. Le système féodo-vassalique
Au début du Moyen Âge, ce sont les liens de fidélité au souverain qui structurent et
organisent le royaume. Ces liens sont particulièrement importants avec les comtes et les ducs
dont le roi s’assure la soumission en leur distribuant d’abord les terres conquises, à l’époque
de Charlemagne, puis en leur accordant d’autres territoires du royaume. Il leur donne ainsi les
moyens d’assurer leur rang de combattant de haut lignage, mais en même temps, les terres
se raréfiant, cela génère des conflits entre seigneurs et la mise en place d’un système dans
lequel le pouvoir royal risque d’être sérieusement affaibli.
La hiérarchie féodo-vassalique s’appuie sur des liens d’homme à homme entre un
suzerain (un chef) et ses vassaux, qui peuvent être eux-mêmes suzerains de vassaux de
moindre importance. Dans cette pyramide, chacun a des droits et des devoirs : le suzerain doit
donner une terre ou des biens
(argent, abbaye, château…) et
protéger son vassal et sa famille.
Le vassal doit aider son suzerain
dans les quatre cas et
l’accompagner à la guerre.
Quatre cas : ils concernent le
mariage de la fille du seigneur,
l’adoubement de son fils, le
départ pour la croisade, le paiement de la rançon quand le seigneur est prisonnier.
2.3.3. La seigneurie
La vassalité, restreinte aux groupes dominants, ne concerne qu’une infime proportion
des hommes (et moins encore de femmes), elle ne saurait constituer la relation sociale
principale au sein du système féodal. La base fondamentale de relation sociale est d’ordre
spatial : elle désigne tous les habitants d’une seigneurie, les vilains (villani, c’est-à-dire les
habitants du lieu, originairement la villa) qui subissent la domination du maître des lieux. Mais
l’essentiel est sans doute le regroupement des hommes et la fixation de l’habitat rural, de plus
en plus souvent en pierre. Le résultat est « la naissance du village en Occident ».
1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL
Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 13
3. Le système religieux
L’Église est partout solidement implantée, les seuls ilots de mécréances sont
minuscules (il s’agit de petites communautés juives). À une époque où l’évêque de Rome, qui
jouit d’un prestige spirituel incontesté, il n’exerce pourtant pas de tutelle disciplinaire sur
l’Église des Gaules, les organes principaux sont les évêques. L’évêque possède une immense
autorité morale, il est le chef respecté de tous les clercs. On lui dote même des pouvoirs
surnaturels comme celui de guérir, d’attirer sur les méchants la colère du ciel mais surtout il
a le pouvoir d’excommunication.
Les paroisses sont constituées d’une équipe de clercs. Elles prélèvent un taux sur les
récoltes des paysans qu’on appelle à l’époque la « dime » mais elles sont aussi un lieu d’aide
aux miséreux.
Les moines contrairement aux clercs sont retirés du monde, ils vivent d’aumônes et
sous le régime de la chasteté. Ils sont placés sous l’autorité de l’abbé.
L’église dans son ensemble est exploitée par les plus riches, elle est à leur service. Elle
cultive les mêmes coutumes, mêmes mœurs et le même mode de vie de la population. Elle
cultive aussi une religion non point basée sur la joie et l’amour fraternelle mais bien sur la
culpabilité et la crainte du châtiment divin. La culture « française » de ce siècle est donc
pénétrée par les conceptions ecclésiastiques.
4. Les traces culturelles
La tradition antique (romaine et grecque) s’est dégradée à cause des invasions
germaniques qui ont introduit des arts nomades non figuratifs seule l’architecture romaine
subsista.
On ne sait rien de l’éduction que recevait les fils de riches qui n’était pas destinés à
l’église. Par contre l’enseignement à l’église suivait deux cycles :
➢ Le Trivium il comportait trois volets, celui de l’éducation à l’expression (étude
de la grammaire du latin), la Rhétorique (art de la composition littéraire) enfin
la Dialectique, l’art du raisonnement logique (la Boèce, Aristote, Platon)
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Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 14
➢ Le Quadrivium : des connaissances encyclopédiques du monde
(mathématiques, géométrie et astronomie etc.)
Au Xe siècle on retrouve quelques poésies chantées, car non encore confirmé à
l’écriture. Exemple le récit de la Passion, des chants en l’honneur de Saint Léger et paraliturgie
que chantent les fidèles ainsi que des œuvres à la gloire de dieu. L’art est donc essentiellement
religieux. Malgré le cloisonnement de la société, les cadres de pensée et la de création
artistique sont partout restés semblables, il s’agit d’une homogénéité de la culture mais aussi
d’une stérilité par rapport aux autres régions de la chrétienté en raison du peu d’échanges
culturelles avec l’extérieur (La Lombardie en Italie est en relation avec Byzance tandis que
l’Espagne est en relation avec les musulmans).
En termes linguistiques, la France était divisée en trois domaines :
• Domaine germanique : à l’Est de la Meuse et des Vosges.
• Domaine celtique : la Bretagne.
• Domaine Basque : Sud de Bordeaux.
Dans le reste du Royaume sont parlé des dialectes romains (langue d’oc et d’oïl).