14
Université Mohamed Lamine Debaghine Sétif 2 Faculté des lettres et langues étrangères Département de langue et littérature françaises 1 ère année Licence Présenté par : Mr. HALLAL Karim Akram Maitre-assistant classe A Université Sétif 2 Spécialité sciences des textes littéraires Année universitaire 2020/2021 Introduction à la culture de la langue Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et sociale

Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

Université Mohamed Lamine Debaghine –Sétif 2

Faculté des lettres et langues étrangères

Département de langue et littérature françaises

1ère année Licence

Présenté par : Mr. HALLAL Karim Akram

Maitre-assistant classe A Université Sétif 2

Spécialité sciences des textes littéraires

Année universitaire 2020/2021

Introduction à la culture de la langue

Cours n°1

De la Gaule à la France : histoire politique et sociale

Page 2: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 2

Table des matières

I. La notion de culture ............................................................................................................................................ 3

1. Etymologie du mot culture .......................................................................................................................... 3

2. Questions épistémologiques ...................................................................................................................... 3

3. L’opposition culture/civilisation ................................................................................................................. 3

II. Repères historiques ............................................................................................................................................. 5

III. Le cadre temporel .............................................................................................................................................. 6

IV. Le cadre géographique ..................................................................................................................................... 6

V. Le Xe siècle : le « siècle de fer » ..................................................................................................................... 7

1. La vie sociale ................................................................................................................................................... 7

2. Le système politique ..................................................................................................................................... 8

2.1. L’aristocratie ........................................................................................................................................... 9

2.2. Valeurs chevaleresques ........................................................................................................................ 9

2.3. Le féodalisme (XIe-XIIIe siècle) ......................................................................................................... 10

2.3.1. L’émergence du féodalisme .......................................................................................................... 10

2.3.2. Le système féodo-vassalique ....................................................................................................... 12

2.3.3. La seigneurie ................................................................................................................................... 12

3. Le système religieux .................................................................................................................................... 13

4. Les traces culturelles .................................................................................................................................. 13

Page 3: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 3

I. La notion de culture

1. Etymologie du mot culture

Le mot culture vient du latin cultura 1 qui indique dans son sens exact le soin que l’on

porte à une terre afin de la rendre fertile et rentable. Ce terme dérive du verbe colere qui

signifie habiter ou cultiver. Dans son sens second, le terme désigne l’action de cultiver l’esprit

et l’enrichir par l’ensemble des connaissances acquises par un individu.

2. Questions épistémologiques

Pour définir le concept de culture deux problèmes épistémologiques se posent. Il s’agit

de savoir si toutes les activités et productions humaines peuvent être inclut dans ce concept

de culture, ou bien si la culture correspond à des faits très précis et dans ce cas laisser de

nombreux faits de côté. De cette problématique résulte deux conceptions différentes de la

culture :

• Une conception restrictive : l’ensemble des savoirs inoculé par des institutions et

intériorisé par un groupe particulier.

• Une conception extensive : l’ensemble des productions typiquement humaines.

3. L’opposition culture/civilisation

L’anthropologie2 considère la culture de façon paradoxal. Tantôt elle a une signification

particulière : la culture est le propre de l’Homme ce qui le différencie du reste des êtres

vivants. D’autre part, elle a une signification multiple : il existe une foule de cultures

hétérogènes composées d’éléments complexes correspondant aux différentes sociétés. Ce

double mouvement résulte d’une polémique idéologique franco-allemande qui s’est

déformée par l’opposition entre les valeurs universelles de la « Civilisation » française et celles,

plus particularistes, de la « Kultur » allemande. Les penseurs français favorisaient l’emploi de

la notion de civilisation qui véhiculait les valeurs de savoir vivre et d’humanisme de

1 Antoinette Novara, Cultura : Cicéron et l’origine de la métaphore latine, Bulletin de l’association Guillaume Budé, Mars 1986. 2 Sciences qui étudient l’homme.

Page 4: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 4

l’aristocratie européenne (politesse, bienséance, courtoisie) auxquelles on leur a ajouté les

valeurs de vertu, droit et liberté. Ainsi, la personne civilisée était cultivée, au sens

métaphorique de quelqu’un qui cultive les choses de l’esprit comme on cultive un jardin.

La puissance et la diffusion économique des nations française et anglaise encourageait

la propagation de la « civilisation » aux autres peuples du monde dont les différences

disparaîtraient devant leur destin commun. La civilisation humanise ces nations et leur

propose des valeurs universelles. Du côté allemand, la notion de « Kultur » prenait un sens

limité à l’ethnie et aux valeurs du peuple allemand. Cette notion mettait l’accent sur la

tradition populaire et sa littérature romantique, elle exaltait l’amour de la nature et la

spontanéité de l’expression des émotions en opposition aux manières superficielles et

importées des nobles.

Au XIXème siècle, en Angleterre, l’anthropologue Edward Burnett Tylor emprunte le

terme « Kultur » aux Allemands. Tylor livra cette définition de la culture qui fera référence par

la suite : « La culture ou la civilisation, entendue dans son sens ethnographique étendu, est

cet ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l’art, le droit, la

morale, les coutumes, et toutes les autres aptitudes et habitudes qu’acquiert l’homme en

tant que membre d’une société »3.

Cette définition correspond plus à la description du fait culturel, à sa manifestation

qu’à la culture en soi a le mérite d’introduire l’idée nouvelle que la culture ne s’amalgamait

plus avec une élite, elle peut caractériser la culture de tous les peuples du monde. En mettant

l’accent sur l’apprentissage, elle souligne donc que la culture est acquise et non pas innée.

Mais elle demeure insuffisante car elle demeure fondée sur des préjugés ethnocentriques (la

race, la langue et la culture).

3 Edward Burnett Taylor, La civilisation primitive, Tome premier, Traduit de l’Anglais sur la deuxième édition (1873) par Pauline Burnett, Ancienne Librairie Schleicher, Alfred Costes, 1920. p.384.

Page 5: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 5

II. Repères historiques

On peut faire remonter l’histoire de France aux années 58 à 51 avant Jésus-Christ,

quand les Romains imposent leur domination au peuples gaulois d’origine celte, le nom de

France ne s’imposera que plus tard, à cette époque on parle des Gaules. Lors du siège d’Alésia

une brève union des peuples Gaulois autour du chef Vercingétorix échoue face aux légions de

Jules César. Les gaulois deviennent alors les Gallo-romains pour une période de 500 ans.

Les Romains ont imposé leur modèle de civilisation (ville avec des thermes, stades et

routes, institutions et hiérarchie sociale à laquelle on ne peut s’intégrer que si l’on adopte leur

langue unificatrice : le latin, une langue structurée et surtout écrite, contrairement aux

langues gauloises, purement orales qui vont progressivement se diluer dans le latin pour

former ensuite le roman.

Au début du Ve siècle des hordes de barbares (Les Huns) attaquent violement l’Empire,

celui-ci organise la riposte en s’appuyant sur les peuples germaniques venus du Nord de

l’Europe. Après la chute de l’empire romain d’Occident en 476 après J.-C (date qui met un

terme à l’Antiquité et ouvre le moyen-Age) ces peuples germaniques deviennent alors les

nouveaux maitres de l’Europe.

Au moment de la disparition de L’Empire romain, les Francs autre peuple germanique

venu de la rive droite du Rhin s’imposent et rétablissent l’ordre avec l’aide de l’église. Deux

personnalités favorisent ce rétablissement de l’ordre : le roi des Francs Clovis et l’archevêque

de Reims, saint Rémi. Clovis se convertit au christianisme vers 496 et fonde la dynastie

mérovingienne (du nom de son grand-père Mérovée), elle va durer deux siècles et demi.

En 754 Pépin le Bref écarte autoritairement le roi mérovingien en place et se fait sacrer

roi par le pape (première fois qu’un roi reçoit cette légitimation) la dynastie des Carolingiens

est née. Charlemagne fils de Pépin le Bref règne de 768 à 814. Il est sacré empereur d’Occident

en 800 après avoir pris la couronne des Lombards (Italie du Nord). À Aix-la-Chapelle il

s’entoure d’intellectuelles venus de toute l’Europe et fonde une école en latin, chargée de

former les élites de l’Empire. De là est né son mythe d’inventeur de l’école. À la mort du fils

de Charlemagne, Louis le pieux, l’Empire est morcelé et divisé entre les trois petits fils de

Charlemagne par le traité de Verdun en 843. Charles le Chauve dispose de la partie occidentale

Page 6: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 6

(à peu près la France actuelle). Au IXe siècle l’empire s’assombrit avec la décadence de

l’autorité carolingienne à cause des invasions.

III. Le cadre temporel

L’histoire de la civilisation et de la culture française ne commencent pas à un moment

précis, cependant plusieurs raisons engagent à prendre le départ à la fin du Xe siècle :

• La fin de l’ère des invasions (les pillards et conquérant venus du Danemark, du Maghreb

et des iles méditerranéennes que les gens de ce temps appelaient les « Sarrasins »).

• Le matériel d’informations devient plus abondant pourtant il s’agit seulement de l’histoire

des riches, des savants, l’histoire de l’exceptionnel.

• Les traits culturels prennent des formes particulières, car avant la fin du Xe siècle les pays

français constituaient des provinces mal différenciées, ce qu’on appelait le royaume des

Francs, la Gaule ou l’Empire.

IV. Le cadre géographique

La notion de frontière, au sens moderne, est à

peu près inconnue au Moyen Âge. Les limites les plus

stables sont finalement celles des diocèses, héritées

des « cités » gallo-romaines. La France au Xe siècle

c’était un petit pays compris entre la Marne et l’Oise,

entre Paris et Senlis, l’ensemble des provinces flanqué

par la Normandie, la Bourgogne, la Lorraine, mais

aucune de ces zones ne correspond à l’aire d’extension

de la culture française car celle-ci, s’est formé autour de

multiples centres puis s’est propagée. Il sera ici

question dans ce cours de toutes les régions qui

forment la France métropolitaine d’aujourd’hui.

Page 7: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 7

V. Le Xe siècle : le « siècle de fer »

1. La vie sociale

Suite aux invasions, les riches ont abandonné leur demeure urbaine pour se retirer à

la compagne. La culture est toute paysanne, les villes sont presque entièrement vides, seuls

quelques dizaines d’éleveurs, de vignerons sont rassemblés autour d’édifice religieux ou de

ruine antique devenue forteresse ou abri à bestiaux. La vie est rudimentaire, les gens vivent

en plein air, leurs rythmes de vie épousent celui des saisons. Ils souffrent de famine et

maladies car l’outillage qui permet de tirer du sol la nourriture est très rudimentaire. La

plupart des outils sont en bois, le fer est rare et réservé aux armes des riches tout comme les

moulins à grains construit par les seigneurs. Les plus pauvres laissent une part de leurs farines

au meunier seigneurial. Les paysans à cette époque se divisent en deux catégories sociales :

les laboureurs ceux qui travaillent leurs terres avec un attelage et les manœuvriers ceux qui

y travaille à main.

L’un des traits essentiels de la civilisation en ce temps est le cloisonnement, les liaisons

sont difficiles fautes d’animaux. On circule alors en barque sur les rivières ou à pieds. Un autre

aspect est la répartition inégale de la richesse foncière. En effet une forte aristocratie foncière

possède une bonne part des aires cultivés, l’esclavagisme est y admet, les « serfs » sont

achetés et vendus comme du bétail, ils ne peuvent ni se marier sans autorisation ni même

entrer à l’Église sans être affranchi. C’est une société extrêmement hiérarchisée malgré

l’universel repliement sur la terre, dans chaque clairière forestière émerge une famille noble

entretenue par le travail de tous.

Dans cet univers rural, à peu près sans routes et sans ville le commerce n’est pas

complètement arrêté, il existe ici et là des lieux autorisés par le Roi réservé aux rencontres

marchandes. La monnaie est frappée mais trop peu abondante, les métaux précieux sont

réservés aux bijoux, on l’utilise seulement quand le tronc n’est pas possible. Epices, étoffes

(les tuniques d’appart sont un marqueur social) avec le vin sont les principales marchandises

légères et donc faciles à transporter.

Page 8: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 8

2. Le système politique

Le Moyen Âge est associé aux idées de barbarie, d’obscurantisme et d’intolérance, de

régression économique et de désorganisation politique. On peut ici retenir une classique

division tripartite, ouverte par le haut Moyen Âge (Ve – Xe siècle), suivi du Moyen Âge central,

époque d’une réorganisation décisive et d’un dynamisme maximal (XIe -XIIIe siècle), tandis

que les XIVe-XVe siècles peuvent être qualifiés de bas Moyen Âge.

Le dernier des paysans sait qu’il existe un roi, sacré comme un évêque et investi par

Dieu d’une délégation de sa propre puissance et chargé de maintenir sur tout le royaume la

paix et la justice. Mais ce prestige dans la réalité n’a pas d’application pratique, car dans un

milieu cloisonner où la circulation des hommes est difficile, il est impossible de commander

de loin. Depuis que, par l’élection de 987, la

dignité souveraine a été conféré à Hugues

Capet (à la mort de Louis V, le dernier des

Carolingiens, il profite de la vacance du

pouvoir pour s’emparer de la couronne : la

dynastie Capétienne est née). Le roi n’est

vraiment chef que dans ses domaines

patrimoniaux. Dans la vie quotidienne l’autorité royale est exercée par un chef local, le comte.

Ce dernier tient par héritage sa fonction, il peut être placé sous la tutelle d’un duc ou un comte

plus puissant quand certaines provinces se sont regroupées. Sa mission s’exerce sur

l’aristocratie foncière du comté (présider les assemblées de justices, amener les hommes en

guerre et exécuter les sentences) la direction des hommes libre de moindre fortune est

délaissée aux subalternes (viguiers et centeniers et les gardes armés des forteresses).

L’exercice politique est donc limité à un groupe social et à quelques actes exceptionnels, la

puissance publique ne peut pas lever des impôts directs, ou contrôler la vie familiale, les

affaires privées se règlent en cercle restreint.

Page 9: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 9

2.1. L’aristocratie

On peut, caractériser l’aristocratie, classe dominante dans l’Occident médiéval, par la

conjonction du commandement sur les hommes, du pouvoir sur la terre et de l’activité

guerrière. On considère communément que l’aristocratie, est le résultat de la convergence de

deux groupes sociaux distincts. Il s’agirait d’une part des grandes familles qui ont reçu pour

gage de leur fidélité l’honneur de gouverner les comtés ou autres principautés territoriales

issues de l’Empire. Elle se définit par le prestige de ses origines, royales ou princières, comtales

ou ducales. Les milites, au départ simples guerriers au service des châtelains et vivant dans

leur entourage. Dans un premier temps, il n’y a pas d’équivalence entre noblesse et

chevalerie. Mais, peu à peu, s’opère une fusion entre ces groupes d’origines différentes.

L’aristocratie féodale se définit d’abord par la naissance : on est noble parce que

d’origine noble. Il s’agit d’une appartenance héritée. Mais à mesure que la chevalerie prend

de l’importance et s’identifie à la noblesse, il s’agit en même temps d’une appartenance

acquise, qui suppose l’assimilation des valeurs du groupe et des compétences physiques

permettant d’être adoubé4.

L’activité principale de l’aristocratie, et la plus digne à ses yeux, est assurément la

guerre. La guerre répond à une logique propre, celle de la faide. Son fondement est le code

de l’honneur, qui impose un devoir de vengeance, non seulement des crimes de sang mais

aussi des atteintes aux biens. Les tournois sont une autre manière d’exhiber le statut

dominant de l’aristocratie et de réguler les rapports en son sein. Démonstrations de force

destinées à impressionner, ce sont des batailles ritualisées, qui réunissent plusieurs équipes,

provenant de régions différentes et qui, souvent, s’opposent de manière à reproduire les

tensions entre les factions aristocratiques.

2.2. Valeurs chevaleresques

À mesure que s’approfondit l’unification du groupe chevaleresque, se consolide aussi

son code de valeurs. Les premières de ces valeurs sont la prouesse, c’est-à-dire la force

physique, le courage et l’habileté au combat, et, de manière plus spécifique à la société

féodale, l’honneur et la fidélité. Son éthique repose aussi sur la largesse. À l’opposé de la

4 Cérémonie au cours de laquelle un homme était armé chevalier.

Page 10: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 10

morale bourgeoise de l’accumulation, un noble se distingue par sa capacité à dépenser et à

distribuer. Elle se distingue de la charité, vertu chrétienne par excellence qui doit plutôt

s’accomplir dans l’humilité d’un lien fraternel. Pour l’aristocrate, il s’agit de distribuer et de

consommer avec excès, pour mieux affirmer sa supériorité et son pouvoir.

L’Église joue un rôle important dans la structuration de la chevalerie et son unification

autour d’un même idéal. L’Église tente d’obtenir des guerriers qu’ils n’attaquent pas ceux qui,

clercs ou simples laïcs, ne peuvent se défendre, et qu’ils respectent certaines règles, telles que

le droit d’asile dans les églises et la suspension des combats durant les dimanches et les fêtes

principales. L’Église insiste aussi sur les inconvénients des guerres entre chrétiens et s’efforce

de détourner l’ardeur combative de l’aristocratie vers les infidèles musulmans. C’est ce à quoi

elle parvient avec succès avec la Reconquête et plus encore avec les croisades. En 1095, sous

l’impulsion du pape français Urban 2 la première croisade est organisée pour délivrer

Jérusalem prise par les Turcs musulmans.

2.3. Le féodalisme (XIe-XIIIe siècle)

Après une époque ambiguë, qui paraît d’abord sombrer dans les crises et les reculs sur

tous les plans. L’an mil peut servir à marquer une inflexion majeure, un retournement de

tendance.

Il va de soi que l’année mil ne saurait constituer le moment précis de ce changement

de tendance. Un phénomène d’une telle importance ne peut que s’inscrire dans la durée. En

effet, la dynamique d’affirmation du féodalisme s’étend sur de longs siècles, depuis l’époque

carolingienne jusqu’au XIIIe siècle.

2.3.1. L’émergence du féodalisme

On a longtemps privilégié des facteurs externes, tel que le surgissement du monde

musulman, auquel n avait attribué un rôle en négatif, comme par réaction, tandis que d’autres

inversait la perspective pour évoquer l’appel de l’Orient qui, stimulant les échanges, aurait

déclenché le mouvement de croissance occidentale. Cependant plusieurs facteurs internes

expliquent en partie cette mutation :

Page 11: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 11

Explosion démographique

Entre le XIe et le début du XIVe siècle, la population de l’Angleterre serait passée de

1,5 à 3,7 millions d’habitants ; le domaine germanique de 4 à 10,5 millions ; l’Italie de 5 à 10

millions ; la France de 6 à 15 millions (confirmant le poids déjà dominant de la Gaule à la fin

de l’Antiquité). Cela s’explique par

❖ L’amélioration de la fécondité.

❖ Les grandes famines se produisent encore mais leur fréquence a nettement diminué.

❖ Amélioration de l’espérance de vie : elle ne dépassait pas vingt ans au IIe siècle, apogée

de la Rome antique, elle se hisse jusqu’à trente-cinq ans vers 1300.

Résultat, les « villages » étendent progressivement leur domaine cultivé, on constate

aussi une hausse des rendements des cultures céréalières en associant des céréales

différentes. Mais l’essentiel est assurément le progrès des techniques de labour, avec le

passage à la charrue. Les bœufs, traditionnellement employés, cèdent progressivement la

place aux chevaux. En effet, en dehors de l’époque des labours, le cheval rend de grands

services pour le transport des personnes et des marchandises, favorisant notamment la venue

des paysans en ville et la commercialisation de leurs produits.

Les progrès techniques

Il n’y a guère de véritable invention technique au Moyen Âge, et pourtant s’opère alors

une diffusion de techniques connues antérieurement, mais demeurées le plus souvent sans

usage pratique. Les techniques connues dans l’Antiquité étaient alors peu utilisées, c’est en

partie parce que l’esclavage permettait de disposer d’une abondante source d’énergie

humaine, peu coûteuse et facilement utilisable.

Le climat

L’histoire du climat, qui a acquis une grande importance au cours du dernier demi-

siècle, a pu démontrer l’existence de variations climatiques significatives au cours du Moyen

Âge. Après une phase froide qui prend fin à l’époque carolingienne, un réchauffement

s’amorce.

Page 12: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 12

2.3.2. Le système féodo-vassalique

Au début du Moyen Âge, ce sont les liens de fidélité au souverain qui structurent et

organisent le royaume. Ces liens sont particulièrement importants avec les comtes et les ducs

dont le roi s’assure la soumission en leur distribuant d’abord les terres conquises, à l’époque

de Charlemagne, puis en leur accordant d’autres territoires du royaume. Il leur donne ainsi les

moyens d’assurer leur rang de combattant de haut lignage, mais en même temps, les terres

se raréfiant, cela génère des conflits entre seigneurs et la mise en place d’un système dans

lequel le pouvoir royal risque d’être sérieusement affaibli.

La hiérarchie féodo-vassalique s’appuie sur des liens d’homme à homme entre un

suzerain (un chef) et ses vassaux, qui peuvent être eux-mêmes suzerains de vassaux de

moindre importance. Dans cette pyramide, chacun a des droits et des devoirs : le suzerain doit

donner une terre ou des biens

(argent, abbaye, château…) et

protéger son vassal et sa famille.

Le vassal doit aider son suzerain

dans les quatre cas et

l’accompagner à la guerre.

Quatre cas : ils concernent le

mariage de la fille du seigneur,

l’adoubement de son fils, le

départ pour la croisade, le paiement de la rançon quand le seigneur est prisonnier.

2.3.3. La seigneurie

La vassalité, restreinte aux groupes dominants, ne concerne qu’une infime proportion

des hommes (et moins encore de femmes), elle ne saurait constituer la relation sociale

principale au sein du système féodal. La base fondamentale de relation sociale est d’ordre

spatial : elle désigne tous les habitants d’une seigneurie, les vilains (villani, c’est-à-dire les

habitants du lieu, originairement la villa) qui subissent la domination du maître des lieux. Mais

l’essentiel est sans doute le regroupement des hommes et la fixation de l’habitat rural, de plus

en plus souvent en pierre. Le résultat est « la naissance du village en Occident ».

Page 13: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 13

3. Le système religieux

L’Église est partout solidement implantée, les seuls ilots de mécréances sont

minuscules (il s’agit de petites communautés juives). À une époque où l’évêque de Rome, qui

jouit d’un prestige spirituel incontesté, il n’exerce pourtant pas de tutelle disciplinaire sur

l’Église des Gaules, les organes principaux sont les évêques. L’évêque possède une immense

autorité morale, il est le chef respecté de tous les clercs. On lui dote même des pouvoirs

surnaturels comme celui de guérir, d’attirer sur les méchants la colère du ciel mais surtout il

a le pouvoir d’excommunication.

Les paroisses sont constituées d’une équipe de clercs. Elles prélèvent un taux sur les

récoltes des paysans qu’on appelle à l’époque la « dime » mais elles sont aussi un lieu d’aide

aux miséreux.

Les moines contrairement aux clercs sont retirés du monde, ils vivent d’aumônes et

sous le régime de la chasteté. Ils sont placés sous l’autorité de l’abbé.

L’église dans son ensemble est exploitée par les plus riches, elle est à leur service. Elle

cultive les mêmes coutumes, mêmes mœurs et le même mode de vie de la population. Elle

cultive aussi une religion non point basée sur la joie et l’amour fraternelle mais bien sur la

culpabilité et la crainte du châtiment divin. La culture « française » de ce siècle est donc

pénétrée par les conceptions ecclésiastiques.

4. Les traces culturelles

La tradition antique (romaine et grecque) s’est dégradée à cause des invasions

germaniques qui ont introduit des arts nomades non figuratifs seule l’architecture romaine

subsista.

On ne sait rien de l’éduction que recevait les fils de riches qui n’était pas destinés à

l’église. Par contre l’enseignement à l’église suivait deux cycles :

➢ Le Trivium il comportait trois volets, celui de l’éducation à l’expression (étude

de la grammaire du latin), la Rhétorique (art de la composition littéraire) enfin

la Dialectique, l’art du raisonnement logique (la Boèce, Aristote, Platon)

Page 14: Cours n°1 De la Gaule à la France : histoire politique et

1ère année universitaire Cours N°1 Mr. HALLAL

Langue et littérature françaises Introduction à la culture de la langue 14

➢ Le Quadrivium : des connaissances encyclopédiques du monde

(mathématiques, géométrie et astronomie etc.)

Au Xe siècle on retrouve quelques poésies chantées, car non encore confirmé à

l’écriture. Exemple le récit de la Passion, des chants en l’honneur de Saint Léger et paraliturgie

que chantent les fidèles ainsi que des œuvres à la gloire de dieu. L’art est donc essentiellement

religieux. Malgré le cloisonnement de la société, les cadres de pensée et la de création

artistique sont partout restés semblables, il s’agit d’une homogénéité de la culture mais aussi

d’une stérilité par rapport aux autres régions de la chrétienté en raison du peu d’échanges

culturelles avec l’extérieur (La Lombardie en Italie est en relation avec Byzance tandis que

l’Espagne est en relation avec les musulmans).

En termes linguistiques, la France était divisée en trois domaines :

• Domaine germanique : à l’Est de la Meuse et des Vosges.

• Domaine celtique : la Bretagne.

• Domaine Basque : Sud de Bordeaux.

Dans le reste du Royaume sont parlé des dialectes romains (langue d’oc et d’oïl).