CONSTRUCTION DES SOLOS

Points dʼintensité élevée dans les solos ou «Peak Points»

Un solo improvisé commence souvent à un faible niveau dʼintensité (faible volume, activité restreinte, beaucoup dʼespace etc...) pour se diriger plus ou moins progressivement vers des niveaux dʼintensité plus élevés. Bien que dʼautres approches soient souvent possibles pour commencer un solo, cette façon de procéder a beaucoup de succès car elle permet au soliste de contrôler et de développer la construction de son solo depuis le début dans des conditions plus «relax» et moins exigeantes.

Lorsque le solo gagne en intensité, il se dirige vers lʼun des points les plus élevés de cette intensité que nous nommerons Peak Point. Alors que lʼintensité sʼaccroit, le soliste et les accompagnateurs tirent de lʼénergie à partir de lʼexcitation créée. Idéalement, cette énergie est utilisée pour établir un état dʼesprit cool et relax, comme un mouvement naturel qui suit «lʼhistoire du solo». La musique doit se placer idéalement sous un contrôle intuitif constant : on suit le mouvement sans effort, en étant simplement attentif et réactif.

Les Peak Points, dans un solo, peuvent varier en quantité (de un à plusieurs) ainsi quʼen degré dʼintensité (de moyenne à forte voire très forte).Lorsquʼun Peak Point est atteint, il peut se maintenir pendant une durée variable (une partie de mesure, plusieurs mesures, une grille entière ou tout le reste du solo). Maintenir des Peak Points intenses durant une longue période requiert une maitrise instrumentale considérable de la part du soliste et de la part des accompagnateurs pour offrir un support approprié.

Durant les périodes de Peak intense, les accompagnateurs doivent veiller à entretenir lʼintensité de la musique afin quʼelle ne chute pas, tout particulièrement quand les soliste fait une courte pose pour créer de lʼespace dans la ligne mélodique. Créer de lʼespace est important lorsquʼon cherche à atteindre puis à entretenir un Peak Point pour de nombreuses raisons. Cʼest même un point crucial pour les cuivre pour qui la question de lʼendurance entre en jeu.

La responsabilité du soliste est de préparer et de signaler aux accompagnateur son désir de maintenir un Peak Point. Cela se fait souvent par un accroissement de lʼintensité sonore de son jeu que les accompagnateurs peuvent repérer mais pas forcément en jouant plus de notes et en continu.

Pour signaler la fin dʼune période de Peak le soliste diminuera lʼintensité de son jeu et peut être aussi sa densité pour les maintenir ensuite à un niveau moins élevé. De façon générale, les accompagnateurs vont suivre le soliste. Ils ne doivent en aucun cas être à lʼorigine du changement dʼintensité ou bien lʼanticiper. Cela à moins bien que le soliste soit en soit incapable, ce qui peut arriver aux musiciens peu expérimentés. La règle dʼor pour les accompagnateurs est de conserver et entretenir le niveau dʼintensité jusquʼau signal du soliste.

Les périodes de Peak plus courte sont souvent faites par le seul soliste. Toutefois, des accompagnateurs expérimentés peuvent y réagir selon la durée du Peak ou si sa construction est évidente.

Voici quelques propositions dʼexercices qui peuvent être pratiqués en groupe ou par le soliste seul accompagné par un métronome ou un accompagnement pré-enregistré.

1- Commencer un solo à un niveau dʼintensité faible et ganer progressivement en intensité durant à peu près une minute. Maintenir ensuite le Peak durant deux minutes tout en créant des espaces dans la ligne mélodique afin de permettre aux accompagnateurs de travailler sur leur capacité à maintenir le niveau dʼintensité sans lʼaide du soliste.

2 - Commencer un solo à un niveau dʼintensité faible. Gagner en intensité durant 20 à 30 secondes puis maintenir un Peak durant une période de 10 à 2à secondes (plus courte que la montée. Ensuite, réduire progressivement lʼintensité jusquʼà atteindre le niveau de départ et recommencer le processus plusieurs foi durant le solo pour finir à un bas niveau dʼintensité.

3 - Débuter le sol à un haut niveau dʼintensité et maintenir ce niveau durant tout le solo en jouant à un niveau élevé et en créant des espaces dans la ligne mélodique. Finir le solo à un haut niveau dʼintensité.

4 - Commencer le solo à un haut niveau dʼintensité et maintenir ce niveau durant une à deux minutes en jouant à un niveau élevé et en créant des espaces. Ensuite, diminuer progressivement lʼintensité durant une période de deux minutes pour finir à un bas niveau dʼintensité.

Longueur des Solos

Dʼun point de vue «macroscopique», un solo improvisé doit représenter un événement musical complètement achevé et autonome. Ce qui signifie quʼil doit avoir un début, un milieu et une fin. La durée dʼun solo va de façon évidente influencer la façon dont lʼ «histoire musicale» racontée et donc ce début, ce milieu et cette fin vont être gérés.

Dans le cas dʼun solo court (généralement moins dʼune minute) le challenge pour le soliste est de compléter une histoire cohérente en relativement peu de temps. Cela sʼapparente au défi représenté par lʼécriture dʼune nouvelle pour un écrivain : le début, qui fixe le contexte et la fin qui dénoue lʼintriguent doivent être clairs et évidents. Cʼest la même chose pour un court solo: les idées musicales développées doivent être peu nombreuses et très claires.

Les solos plus longs font appel à une autre façon de gérer les idées et, pour poursuivre lʼanalogie avec lʼécriture, sʼapparentent plus au roman. Le challenge est de donner un sentiment dʼachèvement tout en abordant plusieurs idées, en développant plusieurs paragraphes sʼinscrivants dans la continuité dʼune histoire. Pour le soliste, il va sʼagir de lʼhistoire générale du solo (qui sʼinscrit par ailleurs dans lʼhistoire générale du morceau).Comme pour un solo court le début et la fin doivent être très clairs. Les idées et directions abordées doivent sʼinscrire dans une continuité même si elles présentent un aspect contrasté.

Voici quelques propositions concernant les différentes directions qui peuvent être suivies durant un solo, quʼil soit court ou long :- Jeu plus ou moins fort- Jeu espacé ou dense- Développement de motif ou pas de développement de motifs- Phrases longues ou phrases courtes- Définition rythmique forte ou jeu «flottant».- Utilisation de grands ou de petits intervalles.- Combien de Peak Points et où?- Etc....

Chaque solo, long ou court peut être travaillé en prédéterminant le temps quʼil va durer (en minutes ou en nombre de grilles). Les paramètres évoqués plus haut peuvent être également prédéterminés afin de servir le développement du solo. Il sʼagit en fait pour le soliste de préparer une sorte de scénario qui va servir de trame à lʼimprovisation.

Voici deux exemples de scénarios