Sous la direction de

Francine COUTUREFrance VANLAETHEM

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Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM

La pérennité de l’art contemporain et des arts médiatiques tout comme celle du patrimoine architectural moderne posent des problèmes semblables du fait de la fragilité de bien des œuvres, de l’indétermination formelle de certaines, voire de leur nature éphémère, ou de l’obsolescence des technologies. Les matériaux et les dispositifs nouveaux, souvent expérimentaux qui entrent dans leur fabrication, doivent être remplacés car ils sont trop fragiles ou encore, car ils ne sont plus produits. Par ailleurs, le destin passager de certaines a été programmé : pavillon d’exposition à démolir après l’événement, bâtiments transformables suivant le changement des usages, composants techniques remplaçables, dans le cas de l’architecture ; œuvres d’art contemporaines à réinstaller, sinon à fabriquer à chaque présentation publique.

Dans de telles conditions, comment définir l’authenticité, cette valeur cardinale de la pratique de la conservation en art comme en architecture ? Doit-on s’opposer à toute modification de l’œuvre afin de conserver les traces matérielles du contexte socioculturel de sa production ? Ou s’appuyer sur sa dimension conceptuelle qui nous renvoie à l’intention de l’artiste ? Ou encore, doit-on favoriser son actualisation en regard des divers usages dont elle est l’objet ?

Tel est le questionnement auquel la journée d’études organisée par la Faculté des arts et l’Institut du patrimoine de l’UQAM en 2007, à l’initiative des études supérieures en architecture moderne et patrimoine de l’École de design, a cherché à approfondir. Ce Cahier de l’Institut du patrimoine rend compte des réflexions préparées sur le sujet par des historiens d’art et de l’architecture, des architectes ainsi que des praticiens de la conservation et de la restauration, en marge des activités de l’équipe de recherche réunie autour du projet « Réexposition, réactualisation et pérennité de l’art contemporain » de l’Alliance de recherche DOCAM (Documentation et conservation du Patrimoine des arts médiatiques) et de l’organisme Docomomo (Documentation et conservation de l’architecture du mouvement moderne).

12Collection dirigée par LUC NOppEN

9 782895 441366

ISBN 978-2-89544-136-6

Conservation de l’art Contemporain et de

l’arChiteCture moderneL’authenticité

en question

Forum canadien de recherchepublique sur le patrimoine

Canadian Forum for PublicResearch on Heritage

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Collection dirigée par Luc Noppen

Dans le monde entier, le patrimoine, les constructions et les représentations patri mo niales occupent aujourd’hui une place de choix dans la recherche universitaire. Les Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM font écho, depuis Montréal, aux question nements et aux explorations que ce vaste domaine soulève, dans le but de mieux comprendre les méca nismes qui engendrent les ancrages identitaires et qui pavent la voie aux constructions mémorielles.

Études et analyses sur les objets, les traces, les usages, les savoir-faire, mais aussi sur les repré sentations et sur les mémoires concourent ici à une définition élargie de la notion de patrimoine qui échappe aux cloisonnements disciplinaires ; le patri moine apparaît ici comme outil sociétal de projection dans l’avenir plutôt que comme l’encen soir d’un passé glorifié.

L’Institut du patrimoine de l’UQAM offre cette collection aux recherches de la relève, autant celle qui évolue dans ses murs que celles qui, ailleurs dans le monde, se consacrent à cette réinven tion du patrimoine. Au fil des projets et des propositions, les titres des Cahiers balise-ront les travaux en cours et un réseau d’échanges et de collaborations, anciennes ou nouvelles.

Titres parus1. Paysages construits : mémoire, identité, idéologies, sous la direction de Anne-Marie

Broudehoux, 2006, 144 pages. 2. Patrimoine et patrimonialisation du Québec et d’ailleurs, sous la direction de

Martin Drouin, 2006, 256 pages.3. Le temps de l’espace public urbain : construction, transformation et utilisation,

sous la direction de Yona Jébrak et Barbara Julien, 2008, 216 pages.4. Patrimoine et guerre : reconstruire la place des Martyrs à Beyrouth, Guillaume

Éthier, 2008, 168 pages.5. Newfoundland Gothic, Peter Coffman, 2008, 224 pages. 6. Patrimoines : fabrique, usages et réemplois, sous la direction de Capucine Lemaître

et Sébastien Sabatier, 2008, 300 pages.

7. La recherche en éducation muséale : actions et perspectives – Research in Museum Education : Actions and Perspectives, sous la direction de Anik Landry et Anik Meunier, 2008, 492 pages.

8. Patrimoine et sacralisation, sous la direction de Étienne Berthold, Mathieu Dormaels et Josée Laplace, 2009, 312 pages.

9. Histoire, musée et éducation à la citoyenneté, sous la direction de Jean-François Cardin, Marc-André Éthier et Anik Meunier, 2010, 392 pages.

10. Histoire et idées du patrimoine, entre régionalisation et mondialisation, sous la direction de Karine Hébert et Julien Goyette, 2010, 328 pages.

11. Le Vieux-Montréal, un « quartier de l’histoire » ?, sous la direction de Joanne Burgess et Paul-André Linteau, 2010, 168 pages.

Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM

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Conservation de l’art Contemporain et de

l’arChiteCture moderneL’authenticité

en question

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Cette édition des Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’Université du Québec à Montréal a bénéficié de l’apport financier des programmes et des organismes suivants :

– le Programme des Chaires de recherche du Canada, grâce à la contribution de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain ESG-UQAM (Luc Noppen, titulaire 2008-2015) ;

– le Programme de Réseaux stratégiques de connaissances du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) qui subventionne le « Forum canadien de recherche publique sur le patrimoine/Canadian Forum for Public Research on Heritage (FCRPP/CFPRH) » (Luc Noppen et Lucie K. Morisset et France Vanlaethem, dir., 2008-2015) ;

– le Fonds de recherche en patrimoine moderne de l’École de design de l’UQAM dirigé par France Vanlaethem ;

– la Faculté des arts de l’UQAM ;

– le Conseil des recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) qui subventionne le projet de recherche Réexposition, réactualisation et pérennité de l’art contemporain (Francine Couture, Anne Bénichou et Véronique Rodriguez) ;

– l’Institut du patrimoine de l’UQAM.

Révision linguistique : Micheline Giroux-Aubin, TRADUCT’ART

Aide à la recherche iconographique : Soraya Basil

Couverture : Richard Buckminster Füller, Fuller & Sadao, Inc. (conception), Éric Gauthier, FABG (réhabilitation), ancien Pavillon des États-Unis, Expo 67, actuellement Biosphère, Musée de l’environnement, Montréal. Vue d’ensemble, 2007. Michel Brunelle.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vedette principale au titre :

Conservation de l’art contemporain et de l’architecture moderne : l’authenticité en question

(Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM ; 12)

Textes présentés lors d’un congrès tenu à l’Université du Québec à Montréal le 23 nov. 2007.

Comprend des réf. bibliogr.

Publ. en collab. avec : Institut du patrimoine, Université du Québec à Montréal.

ISBN 978-2-89544-136-6

1. Art – 20e siècle – Conservation et restauration – Congrès. 2. Architecture – 20e siècle – Conservation et restauration – Congrès. I. Couture, Francine, 1946- . II. Vanlaethem, France. III. Université du Québec à Montréal. Institut du patrimoine. IV. Collection : Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQÀM ; 10.

N8560.C66 2010 702.8’8 C2010-941457-8

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Sous la direction de

Francine COUTUREFrance VANLAETHEM

Conservation de l’art Contemporain et de

l’arChiteCture moderneL’authenticité

en questionactes de la journée d’étude

organisée par l’école de design le 23 novembre 2007 à l’uqaM

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DistRiBution en liBRAiRie Au CAnADA

PRoLoGUE INC.1650, boul. Lionel-Bertrand Boisbriand (Québec) J7H 1N7 CANADA

Téléphone : 450 434-0306 Tél. sans frais : 1 800 363-2864 Télécopie : 450 434-2627 Téléc. sans frais : 1 800 361-8088 prologue@prologue.ca http://www.prologue.ca

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© Éditions MultiMondes, 2010 ISBN 978-2-89544-136-6 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2010

ÉDitions MultiMonDes930, rue Pouliot Québec (Québec) G1V 3N9 CANADA

Téléphone : 418 651-3885 Téléphone sans frais depuis l’Amérique du Nord : 1 800 840-3029 Télécopie : 418 651-6822 Télécopie sans frais depuis l’Amérique du Nord : 1 888 303-5931 multimondes@multim.com http://www.multim.com

Les Éditions MultiMondes reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition. Elles remercient la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour son aide à l’édition et à la promotion. Elles remercient également le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à son programme de publication.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – gestion SODEC.

IMPRIMÉ AU CANADA/PRINTED IN CANADA

Imprimé avec des encres végétales sur du papier dépourvu d’acide et de chlore et contenant 50 % de matières recyclées dont 15 % de matières post-consommation.

50%

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Table des matières

Présentation ........................................................................................................................ 1

Francine Couture et France Vanlaethem

AuthentiCitÉ et PÉRennitÉ De l’ARt ConteMPoRAin

introduction. la mutation de la valeur d’authenticité de l’œuvre d’art .............................. 7

Francine Couture, professeure, Département d’histoire de l’art, UQAM

la synthèse de l’œuvre. Acquérir une installation de Vera Frenkel, quelque vingt ans plus tard .................................................................................................11

Anne Bénichou, École des arts visuels, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Variantes et configurations diachroniques d’une œuvre de Jean Dupuy ............................33

Amélie Giguère, doctorante, Doctorat international en muséologie, médiation et patrimoine Université du Québec à Montréal (UQAM)/Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse (UAPV)

la pérennité des arts médiatiques : enjeux théoriques et éthiques, défis et embûches .......47

Sylvie Lacerte, Alliance de recherche DOCAM (Documentation et conservation du patrimoine des arts médiatiques), Fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie (2005-2007), commissaire indépendante

l’authenticité fluctuante des équipements technologiques et des dispositifs des installations à composantes médiatiques .....................................................................55

Richard Gagnier, directeur, Service de la restauration, Musée des beaux-arts de Montréal

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Conservation de l’art contemporain et de l’architecture moderne. L’authenticité en question

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AuthentiCitÉ et PÉRennitÉ De l’ARChiteCtuRe MoDeRne

introduction. la conservation de l’architecture moderne, un défi à l’authenticité ............67

France Vanlaethem, professeure, directrice du DESS en architecture moderne et patrimoine (2003-2010), École de design, UQAM

limite des conceptions exclusives de l’authenticité ............................................................75

Céline Poisson, directrice du DESS en design d’événements, École de design, UQAM et France Vanlaethem, professeure, directrice du DESS en architecture moderne et patrimoine, École de design, UQAM

l’authenticité du matériau comme substrat du projet de sauvegarde de l’architecture moderne et contemporaine. Quelques considérations ........................................................89

Franz Graf, architecte et professeur, Accademia di architettura de Mendrisio et École polytechnique fédérale de Lausanne

le caractère précurseur d’habitat 67 dans son processus de patrimonialisation .............101

Julie Boivin, architecte, Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine, Ville de Montréal

Cinq projets ......................................................................................................................121

Éric Gauthier, architecte, Montréal

suite De lA JouRnÉe D’ÉtuDes

la patrimonialisation de l’architecture moderne et la production de signes « authentiques » ........................................................................137

France Vanlaethem, École de design, UQAM, Docomomo Québec, en collaboration avec Céline Poisson, École de design, UQAM

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Présentation

Le 23 novembre 2007, la Faculté des arts de l’UQAM, en collaboration avec l’Institut du patrimoine, tenait une journée d’étude intitulée Art contemporain, arts médiatiques et architecture moderne. Les enjeux de la conservation des œuvres fragiles, éphémères et virtuelles. Comment penser leur authenticité matérielle et conceptuelle. Le projet de cette rencontre est issu d’une similitude d’intérêts qui s’est manifestée lors du premier entretien de l’Institut du patrimoine de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) qui réunissait ses membres en février 2006. Respectivement professeures en histoire de l’art et en design, nous avons alors découvert une préoccupation commune pour la conservation des œuvres récentes qui, du fait de leur fragilité et de leur nature parfois éphémère, posent des défis nouveaux. Nous abordons cette problématique dans nos activités de recherche et d’enseignement.

La sauvegarde de l’architecture moderne est au centre des préoccupations de France Vanlaethem qui préside l’association en patrimoine Docomomo Québec. La question de l’authenticité est ainsi abordée dans le cadre du programme d’études supérieures en architecture moderne et patrimoine de l’École de design, dont elle est la directrice, et qui est à l’origine de la rencontre. Chaque année le diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en architecture moderne et patrimoine propose au moins un événement public ; cette journée d’étude sur l’authenticité fait suite à celle portant sur la restauration du pavillon du Lac-aux-Castors, dans le parc du Mont-Royal, organisée en 2006. France Vanlaethem partage cette préoccupation avec quelques-uns de ses collègues de l’École de design de l’UQAM. En 2005, l’École organisait un colloque sur le thème de la modernité et de la pérennité abordées selon une perspective environnementale. La question de la conservation y fut traitée dans la session consacrée à « l’attention aux choses » qu’elle présidait, un titre qui voulait souligner le soin qui doit être apporté aux objets, aux édifices et au territoire, autant au moment de leur conception que dans leur usage. Il faut rappeler que l’École de design a toujours témoigné un grand intérêt à l’architecture du mouvement moderne, même quand, dans les années 1980, elle était dénigrée et rejetée autant par la majorité des architectes que par les défenseurs du patrimoine. Au Québec,

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quelques professeurs de l’École de design furent ainsi les premiers à réclamer la protection de l’architecture novatrice du vingtième siècle, à tenter de l’imposer non plus seulement comme une « tradition vivante », mais comme un patrimoine. À Montréal, en 1988, ils ont été à l’origine du premier « combat » mené en faveur du patrimoine architectural moderne dont l’enjeu était la protection d’une œuvre de l’architecte Mies van der Rohe. Avec quelques jeunes architectes, ils ont dénoncé la rénovation du Westmount Square qu’avait engagée son nouveau propriétaire, une intervention qui coïncidait avec le vingtième anniversaire du complexe (bâti entre 1964 et 1969). outre le fait qu’ils aient réussi à arrêter le chantier et à imposer la révision du projet, leur action a débouché à court terme sur la fondation d’une association dédiée à la connaissance et à la sauvegarde de l’archi tecture moderne : Montréal moderne. Celle-ci a été renommée Docomomo Québec quand elle s’est jointe au réseau de Docomomo International, organisation non gouvernementale fondée aux Pays-Bas en 1988 dans le but de favoriser la documentation et la conservation de l’architecture du mouvement moderne. Au Québec, le secrétariat de Docomomo est accueilli par l’École de design où il partage un local avec le Laboratoire de recherche sur le design, l’architecture et le patrimoine modernes, qui a réalisé plusieurs études patrimoniales pour la Ville de Montréal et la Direction du patrimoine du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine. À plus long terme, l’action en faveur de la protection du Westmount Square a conduit à la création d’un DESS en architecture moderne et patrimoine au sein de l’École de design. Ce programme recevait en 2006-2007 sa septième cohorte d’étudiants qui allaient participer à la journée d’étude à l’intérieur des activités des cours de méthodologie et de stratégies de sauvegarde.

La question de la pérennité de l’art contemporain est également abordée par Francine Couture, professeure au Département d’histoire de l’art de l’UQAM, qui, depuis quelques années, dirige les travaux d’une équipe de recherche intéressée par cette thématique. Cette étude, qui est intégrée au chantier de l’exposition et la réexposition de l’Institut du patrimoine de l’UQAM, regroupe Anne Bénichou de l’École des arts visuels de l’UQAM et Véronique Rodriguez, professeure au collège Ahuntsic, ainsi que les collaborateurs issus des milieux muséal et de la documentation, Richard Gagnier, chef du laboratoire de restauration du Musée des beaux-arts de Montréal, Alain Depocas, du Centre de documentation de la Fondation Langlois pour l’art, la science et la technologie, et Nathalie Leleu qui était chargée de mission sur la documentation numérique au Centre Georges Pompidou. Ensemble, ils analysent les modalités de réexposition d’œuvres d’art contemporain qui n’ont plus la forme traditionnelle d’objets monolithiques, mais qui sont constituées d’éléments devant être disposés, reconfigurés ou refabriqués à chaque présentation publique. En documentant les diverses occurrences de ces œuvres, ils ont constaté que leurs auteurs proposent de nouvelles

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Présentation

conditions de maintien de leur pérennité et mettent ainsi en question l’articulation des valeurs d’originalité et d’intégrité matérielle qui est au fondement de la conception moderne de l’authenticité de l’œuvre d’art et de sa définition muséologique.

Cette problématique présente des aspects communs avec les études réalisées par l’Alliance de recherche DoCAM (Documentation et conservation du patrimoine des arts médiatiques), sous la responsabilité de la Fondation Daniel Langlois et représentée à l’UQAM par Louise Poissant, doyenne de la Faculté des arts. Les grands objectifs de ce regroupement visent en effet à résoudre les problèmes de la préservation et de la documentation des œuvres des arts technologiques et médiatiques conservées dans les collections des musées. La session de la journée d’étude intitulée Authenticité et pérennité de l’art contemporain a réuni des membres de ces équipes de recherche.

organisée à la suite d’un constat commun au regard des problèmes particuliers posés par la conservation des œuvres récentes, mais abordée à partir de perspectives acadé miques différentes, cette journée d’étude conjuguait deux postures, l’une réflexive, analytique, l’autre pratique, normative. La perspective de l’analyse institutionnelle de pratiques muséales à l’égard d’œuvres contemporaines vise plus à mettre au jour l’action de ces œuvres sur l’institution qu’à proposer un code normatif devant régler ces pratiques. Elle étudie les modalités d’usage de la valeur d’authenticité par les acteurs du monde de l’art, ou comment ceux-ci mettent en place de nouvelles articulations entre les valeurs traditionnellement attribuées à l’œuvre d’art par le musée.

L’autre posture motivée par les exigences d’un enseignement spécialisé part d’expériences issues de la pratique professionnelle pour les mettre à l’épreuve de la théorie et de la doctrine de la conservation, dont une des préoccupations centrales est la question de la préser-va tion de l’authenticité des édifices patrimoniaux, avec l’intention de pouvoir établir des principes d’intervention précis. Espoir somme toute déçu : la pratique enseigne que la recherche de l’authenticité doit être modulée en fonction de la valeur culturelle et de la valeur fonctionnelle (liée autant à leur état physique qu’à leur disposition) des bâtiments considérés, qu’elle relève plus d’un jugement que des qualités propres aux objets, une conclusion qu’a par ailleurs permis d’atteindre une analyse menée à la lumière de la sémiologie de Pierce.

Par ailleurs, les participants à cette journée d’étude ont partagé les réf lexions communes suivantes.

– La préservation de l’intégrité matérielle originale des œuvres : un leurre

L’analyse des conditions de réexposition d’œuvres d’art contemporain qui révèle la transformation de leur état matériel de même que l’examen des enjeux auxquels font face les professionnels impliqués dans la conservation de l’architecture novatrice du

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vingtième siècle rejoignent les réflexions critiques de la philosophe et historienne Françoise Choay, faisant valoir que ne peut subsister à travers le temps l’intégrité matérielle originale, car l’état physique des artefacts se dégrade inexorablement1.

– La préservation de l’intégrité conceptuelle originelle

Le maintien du rapport à l’origine de l’œuvre par la préservation de l’idée ou du concept originel est toutefois un principe qui guide le plus souvent les professionnels des musées et de l’architecture qui considèrent alors que son authenticité repose plus sur la préservation de son intégrité conceptuelle que matérielle. Cependant, ils doivent parfois composer avec des œuvres dont l’intention originelle est difficile, sinon impossible à cerner, autant que leur état matériel à stabiliser.

– La collaboration entre l’artiste ou l’architecte concepteur et les professionnels

La conservation des œuvres récentes offre l’occasion d’établir un dialogue avec l’artiste ou l’architecte concepteur, situation inédite dans le cas du patrimoine bâti dont l’ancienneté n’est plus un critère discriminant, depuis peu seulement. Dans le domaine de l’art contemporain, la nécessité d’une étroite collaboration entre les professionnels du musée et l’artiste, qui s’établit non seulement au moment de l’acquisition ou de l’exposition de ces œuvres, mais également dans la procédure de leur documentation, s’est imposée comme une étape incontournable visant à l’établissement des conditions de leur authenticité et de leur pérennité. La question de l’intérêt d’un tel échange pour la sauvegarde de l’architecture novatrice du vingtième siècle n’a pas été considérée dans le cadre de la journée d’étude, même si elle est une pomme de discorde entre les propriétaires des bâtiments d’une part et ceux qui œuvrent à leur préservation d’autre part, qu’ils agissent au sein d’associations, d’agences professionnelles ou d’administrations publiques.

Certaines des considérations avancées ont été développées en vue de la Xe conférence internationale de Docomomo International tenue à Rotterdam en 2008. Aussi la publi-cation des actes de la journée d’études est complétée par celle de la version intégrale du texte préparée à cette occasion.

Francine Couture et France Vanlaethem Janvier 2010.

1. Choay,Françoise,2006,«Leconceptd’authenticitéenquestion»,dansPour une anthropologie de l’espace,Paris,Seuil,p.255-285.

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Partie I

Authenticité et pérennité

de l’art contemporain

Vera Frenkel, The Secret Life of Cornelia Lumsden: A Remarkable Story; Part I: Her Room in Paris, détail de l’installation, 1979, matériaux divers et nouveaux medias. Exposition au Agnes Etherington Art Centre, Kingston, Ontario, 2006. Collection du Agnes Etherington Art Centre, achat, Chancellor Richardson Memorial Fund, 2003.Photo : Agnes Etherington Art Centre

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Introduction

La mutation de la valeur d’authenticité de l’œuvre d’artFrancineCoutureProfesseure,Départementd’histoiredel’art,UniversitéduQuébecàMontréal

La notion d’authenticité : une notion historique

En 1964 l’historien d’art et de l’architecture Jacques Guillerme publiait un ouvrage, L’atelier du temps, Essai sur l’altération des peintures1, dans lequel il démontre avec de nombreux exemples à l’appui que la notion d’authenticité de l’œuvre d’art est une notion historique qui ne s’est imposée dans le discours sur l’art qu’au cours du dix-neuvième siècle. Son ouvrage fait état de mutilations réalisées sur des tableaux au cours des siècles précédents, le plus souvent à la demande de collectionneurs qui ne semblaient pas préoccupés d’en préserver l’intégrité matérielle. Il relève que certains d’entre eux ont demandé à des artistes de modifier une œuvre historique afin de « l’améliorer », ou de réduire ou de rehausser les proportions de tableaux afin qu’ils puissent prendre place dans un nouvel encadrement ou dans un autre lieu que celui pour lequel ils avaient été conçus. Des modifications ont aussi été apportées à des œuvres pour des raisons morales, les cas de voilage de figures nues sont nombreux dans l’histoire de l’art des dix-septième et dix-huitième siècles.

Jacques Guillerme considère que l’exigence scientifique de la vérité historique et l’exaltation romantique du génie individuel ont été alors à l’origine de l’attribution de la valeur d’authenticité à l’œuvre d’art.

Ainsi, les archéologues ont recueilli de l’information sur les matériaux et les procédés de fabrication originels des artefacts afin de valider leur caractère historique ou de démontrer leur authenticité matérielle. Le musée s’est donné comme mission de préserver cet état matériel originel de l’œuvre parce qu’il le considérait comme un témoin d’un contexte sociohistorique. Cette institution s’est associée aux travaux d’historiens d’art

1. Guillerme,Jacques,1964,L’atelier du temps, Essai sur l’altération des peintures,Paris,Hermann.

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Conservation de l’art contemporain et de l’architecture moderne. L’authenticité en question

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qui, en mettant en place des méthodologies d’attribution des œuvres afin d’identifier la singularité de leurs éléments stylistiques, reconnaissaient aussi que leur authenticité s’appuyait sur leurs traits constitutifs ou sur leur matérialité.

Par ailleurs, l’histoire de l’art ainsi que d’autres discours modernes sur l’art (discours d’artistes, de critiques d’art, de philosophes) ont davantage relié cette valeur au processus de création de l’œuvre et ont conçu que l’authenticité d’une œuvre est à l’image de celle de l’expérience singulière de l’artiste. Pour reprendre une formulation romantique qui est au fondement de cette conception moderne de l’art, l’œuvre d’art est comprise comme « l’expression de l’âme de l’artiste » qui, rappelons-le, à cette époque se percevait où était perçu comme un être singulier ou hors du commun2. La reconnaissance de l’authenticité de l’œuvre, de sa singularité et de son originalité, comme le souligne le philosophe Jean-Marie Schaeffer3, s’est donc appuyée principalement sur ce fait qu’elle résulte d’une expé rience inimitable. C’est sur ce principe par exemple que s’est établi le classement hiérar chique distinguant l’œuvre originale de la copie. Ainsi, l’historien d’art Freidlander, représentant du connaisseurship, affirme qu’« un coup de pinceau traduit les vibrations de l’âme de l’artiste4 » et que le « maître qui crée engage la totalité de ses forces intellectuelles et spirituelles », alors que le copiste « engage uniquement sa mémoire, son œil et sa main5 ».

Art contemporain : une nouvelle articulation des valeurs d’authenticité, d’originalité et d’intégrité

Depuis les années soixante, plusieurs œuvres contemporaines ont incité les profes-sionnels des institutions muséales à repenser cette articulation des valeurs d’authenticité, d’originalité et d’intégrité produite par le discours moderne pour caractériser l’œuvre d’art. Cette remise en question a été principalement réalisée par des œuvres contemporaines qui se rapprochent ou qui relèvent du régime des arts allographiques6 et qui sont composées d’une diversité d’éléments qui doivent êtres réinstallés à chaque présentation publique. Pour cette raison, elles se manifestent souvent sous deux modes : celui du document qui décrit leurs éléments constitutifs et qui transmet des consignes de leur installation et celui des multiples itérations ou expositions.

2. Heinich,Nathalie,2005,L’élite artiste, Excellence et singularité en régime démocratique,Paris,Gallimard. 3. Schaeffer,Jean-Marie,2004,«Originalitéetexpressiondesoi:élémentspourunegénéalogiedelafiguremodernede

l’artiste»,dansNathalieHeinichetJean-MarieSchaeffer(dir.),Art, création, fiction entre sociologie et philosophie,Paris,JacquelineChambon,p.71-98.

4. Freidlander,Max,1969,De l’art du connaisseur,Paris,LivredePoche,p.262. 5. Id.,p.268. 6. Goodman,Nelson,1990[trad.J.Morizot],Langage de l’art. Une approche des théories et des symboles,Nîmes,

JacquelineChambon;etGenette,Gérard,1994,L’œuvre de l’art, Immanence et transcendance,Paris,Seuil.

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La mutation de la valeur d’authenticité de l’œuvre d’art

Afin d’en assurer la pérennité, plusieurs institutions collectionneuses ont mis en place des protocoles de documentation auxquels elles ont associé étroitement l’artiste afin de valider autant l’authenticité des données recueillies sur les œuvres que leurs éventuelles mises en vue. or, malgré l’établissement de ces protocoles, leur réexposition entraîne souvent des variations ou des modifications qui peuvent résulter du remplacement de leurs composantes, devenues fragiles ou obsolètes, de leur adaptation à de nouveaux espaces d’exposition, ou encore découler d’une nouvelle intention de l’auteur. Les pratiques d’exposition et de conservation de ces œuvres contemporaines témoignent donc que la validation de leur authenticité n’est pas nécessairement fondée sur leur intégrité matérielle originelle. Au contraire, elles conduisent souvent les professionnels du musée à remettre en question cette valeur-témoin de la matérialité de l’œuvre d’art et à réaliser, en collaboration avec l’artiste, un lot d’accommodements matériels et techniques pour les adapter aux contraintes imposées par leurs conditions de présentation.

Ces pratiques ont été objet de discussions dans de nombreux colloques initiés par les regroupements professionnels de l’institution muséale. Ces débats auxquels ont également participé des artistes et des théoriciens de l’art ont été animés par les interrogations suivantes qui font état d’un changement de paradigme esthétique concernant les valeurs attribuées à l’œuvre d’art. L’institution muséale doit-elle s’opposer à toute modification des œuvres afin de conserver les traces matérielles du contexte socioculturel d’où elles sont issues, ou doit-elle appuyer davantage leur conservation sur la fidélité à leur identité conceptuelle qui nous renvoie à l’intention de l’artiste ? ou encore, doit-elle être favorable à l’actualisation de l’œuvre d’art par les divers usages dont elle est l’objet, ce qui la conduit à considérer que la valeur-témoin de l’œuvre acquise ne nous réfère pas uniquement au contexte duquel elle a été extraite, mais aussi à ses expositions successives ? Des parti ci pants à ces débats ont pris conscience que les réexpositions successives d’œuvres contemporaines peuvent être aussi considérées comme autant de situations de leur production qui entraînent une remise en question de la frontière instaurée par le musée moderne entre le moment de la production de l’œuvre et celui de sa diffusion. Une telle vision introduit une nouvelle conception de la conservation des œuvres qui n’est pas guidée par la seule fixation de préserver leurs composantes originelles, mais davantage comprise comme un processus social qui intègre leurs divers usages ou apparitions publiques.

Par ailleurs, ces nouvelles pratiques d’exposition ont aussi introduit de nouvelles relations de collaboration entre l’artiste et les responsables de la présentation des œuvres qui ont été à l’origine de réflexions sur l’application du droit d’auteur ou plus globalement sur le rôle de l’artiste et la responsabilité culturelle des institutions dans le processus de la constitution de la mémoire artistique.

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Conservation de l’art contemporain et de l’architecture moderne. L’authenticité en question

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Cette session Authenticité et pérennité de l’art contemporain se situe dans le contexte des réflexions sur les nouvelles conditions de pérennité de l’art contemporain. Anne Bénichou présente le cas d’acquisition d’une installation de Vera Frankel intitulée Her Room in Paris réalisée en 1979 et acquise en 2003 par l’Agnes Etherington Art Centre ; elle démontre que cette acquisition pose un défi muséologique important à l’institution, car l’artiste a développé de multiples stratégies pour assurer la pérennité de l’œuvre qui ne requiert pas la préservation matérielle d’une de ses formes originales. Amélie Giguère étudie les actualisations successives de l’œuvre de Jean Dupuy intitulée Ear et s’interroge sur les conditions du respect de son authenticité conceptuelle. Sylvie Lacerte porte un regard critique sur les enjeux éthiques et théoriques soulevés par la documentation, la conser vation et la restauration d’œuvres technologiques dont les dispositifs sont voués à l’obsolescence. Enfin, Richard Gagnier, en s’intéressant aux conditions de conservation et d’exposition d’installations filmiques, pose particulièrement la question de l’effet de l’obsolescence de dispositifs technologiques sur la valeur d’historicité et d’originalité de l’œuvre d’art.

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La synthèse de l’œuvre.

Acquérir une installation de Vera Frenkel, quelque vingt ans plus tardAnneBénichou1

Écoledesartsvisuels,UniversitéduQuébecàMontréal(UQAM)

En 2003, le musée d’art de la Queen’s University à Kingston, l’Agnes Etherington Art Centre, acquiert une installation intitulée Her Room in Paris que Vera Frenkel avait réalisée en 1979, dans le cadre de la série The Secret Life of Cornelia Lumsden. A Remarkable Story, et qu’elle avait alors exposée à trois reprises, à Toronto, à Peterborough et à Kingston, selon des configurations différentes2. Cette acquisition pose un défi muséologique important, pour deux raisons. La première concerne le sujet même de l’œuvre. Dans cette installation, Vera Frenkel développe une réflexion critique sur la mémoire archivistique, cette mémoire indirecte, caractéristique de la modernité, qui construit des représentations du passé en s’appuyant sur des traces, des vestiges, qui prétend à la vérité et que les philosophes de l’histoire opposent aux formes mémorielles prémodernes, directes, transmises oralement. Par le biais de sa fiction, l’artiste questionne le « devenir-archive » de sa propre œuvre, autrement dit les modalités de sa pérennisation et de son insertion dans les récits et les institutions de l’histoire de l’art. Il en ressort une certaine résistance à la préservation matérielle de son œuvre et à la fixation de sa forme et de son sens.

1. L’auteureremerciechaleureusementJanAllen,conservatricedel’artcontemporainàl’AgnesEtheringtonArtCentre,quiabienvoulurépondreàsesnombreusesquestionsetquiamisàsadispositionunedocumentationricheetindispensable.ElleestégalementtrèsreconnaissanteenverssescollèguesduGroupederechercheRéexposition,réactualisationetpérennitédesœuvrescontemporaines,FrancineCouture,AlainDepocas,RichardGagnieretVéroniqueRodriguez,quiontcontribuéànourrirsesréflexionssurlesmodalitésdevariationdesœuvresd’art.

2. L’installationHer Room in Parisfutprésentéepourlapremièrefoisdu10févrierau4mars1979àlagalerieFineArtsonMarkham,àToronto,danslecadred’uneexpositionindividuelledel’artiste.Ellefutensuiteexposéedu10décembre1979au10janvier1980aucentred’artistesArtspace,àPeterborough,toujoursdansuneexpositionindividuelle.Enfin,du4marsau1eravril1982,VeraFrenkelréactualiseHer Room in Parisàl’AgnesEtheringtonArtCentreàKingston,dansl’expositionLikely Stories. Text/Image/Sound Works for Video and Installation. Works by Vera Frenkel.

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Sous la direction de

Francine COUTUREFrance VANLAETHEM

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Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM

La pérennité de l’art contemporain et des arts médiatiques tout comme celle du patrimoine architectural moderne posent des problèmes semblables du fait de la fragilité de bien des œuvres, de l’indétermination formelle de certaines, voire de leur nature éphémère, ou de l’obsolescence des technologies. Les matériaux et les dispositifs nouveaux, souvent expérimentaux qui entrent dans leur fabrication, doivent être remplacés car ils sont trop fragiles ou encore, car ils ne sont plus produits. Par ailleurs, le destin passager de certaines a été programmé : pavillon d’exposition à démolir après l’événement, bâtiments transformables suivant le changement des usages, composants techniques remplaçables, dans le cas de l’architecture ; œuvres d’art contemporaines à réinstaller, sinon à fabriquer à chaque présentation publique.

Dans de telles conditions, comment définir l’authenticité, cette valeur cardinale de la pratique de la conservation en art comme en architecture ? Doit-on s’opposer à toute modification de l’œuvre afin de conserver les traces matérielles du contexte socioculturel de sa production ? Ou s’appuyer sur sa dimension conceptuelle qui nous renvoie à l’intention de l’artiste ? Ou encore, doit-on favoriser son actualisation en regard des divers usages dont elle est l’objet ?

Tel est le questionnement auquel la journée d’études organisée par la Faculté des arts et l’Institut du patrimoine de l’UQAM en 2007, à l’initiative des études supérieures en architecture moderne et patrimoine de l’École de design, a cherché à approfondir. Ce Cahier de l’Institut du patrimoine rend compte des réflexions préparées sur le sujet par des historiens d’art et de l’architecture, des architectes ainsi que des praticiens de la conservation et de la restauration, en marge des activités de l’équipe de recherche réunie autour du projet « Réexposition, réactualisation et pérennité de l’art contemporain » de l’Alliance de recherche DOCAM (Documentation et conservation du Patrimoine des arts médiatiques) et de l’organisme Docomomo (Documentation et conservation de l’architecture du mouvement moderne).

12Collection dirigée par LUC NOppEN

9 782895 441366

ISBN 978-2-89544-136-6

Conservation de l’art Contemporain et de

l’arChiteCture moderneL’authenticité

en question

Forum canadien de recherchepublique sur le patrimoine

Canadian Forum for PublicResearch on Heritage

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