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Validation du DES tout au long de l’internat
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Année universitaire 2011 - 2012
Mémoire du Diplôme Inter - Universitaire de pédagogie médicale
Validation des DES : organisation tout au long de l'internat
Fleur Aubart-Cohen1, Laurence Fardet
2, Arnaud Hot
3, Aurélie Kas
4
1 : Service de de Médecine Interne (Pr Amoura), GH Pitié-Salpêtrière, Paris.
2 : Service de Médecine Interne (Pr Cabane), CHU Saint Antoine, Paris.
3 : Service de Médecine Interne (Pr Ninet), Hôpitaux de Lyon.
4: Service de de Médecine Nucléaire (Pr Aurengo), GH Pitié-Salpêtrière, Paris.
Validation du DES tout au long de l’internat
1
Sommaire
Introduction………………………………………………………………………. 2
Méthode………………………………………………………………………….. 4
Résultats………………………………………………………………………….. 4
État des lieux en Médecine Interne………………………………………. 5
Etat des lieux en Chirurgie Orthopédique………………………………… 8
Etat des lieux en Médecine Nucléaire……………………………………. 11
Discussion………………………………………………………………………… 15
Références…………………………………………………………………………. 20
Résumé et mots clés………………………………………………………………… 21
Validation du DES tout au long de l’internat
2
Introduction
La mission institutionnelle confiée par la société aux enseignants des Diplômes d’Etudes
Spécialisées (DES) et aux universités habilitées dans les inter-régions d’internat, est de former
des médecins et chirurgiens compétents à la prise en charge des problèmes de santé des
citoyens qui viendront les consulter. Cette mission met les enseignants face à un triple défi : i)
offrir à tous les internes les mêmes chances pour garantir le principe de qualité et d’équité des
soins sur le territoire national ; ii) centrer la formation sur l’apprentissage des compétences
plutôt que sur la transmission des connaissances, et cela en raison de la multiplication et de
l’évolution permanente des connaissances ; iii) proposer aux internes des apprentissages qui
correspondent au mieux aux situations courantes de leur future vie professionnelle, ce qui
impose de définir clairement leur rôle et de délimiter un champ de compétences stable.
Afin de remplir au mieux cette mission, les enseignants ont d’abord dû préciser la notion de
compétence et de niveau de compétence requis pour autoriser un médecin en formation a
exercer la spécialité qu’il ou elle aura choisie. S’il existe de nombreuses définitions de la
compétence, une définition communément utilisée est la suivante : "Caractéristique
individuelle ou collective attachée à la possibilité de mobiliser ou de mettre en œuvre de
manière efficace dans un contexte donné un ensemble de connaissances, de capacités et
d’attitudes comportementales". On retrouve dans cette définition toutes les caractéristiques de
la compétence médicale : 1) l’efficacité dans la réalisation d’acte(s) ou la résolution de
problème(s) ; 2) la contextualisation ; et 3) la mise en place des processus cognitifs mobilisés.
La compétence peut donc être résumée comme étant la mise en action de savoirs ou "savoir
agir". Au cours ou au terme de la formation de leurs étudiants, les enseignants des DES
devraient donc s’évertuer à valider non pas les connaissances acquises, mais la capacité des
internes à acquérir un processus hautement adaptable pour trouver face à chaque situation
clinique, la stratégie de résolution de problèmes la plus performante. La notion de niveau de
compétence devrait également être prise en compte. En effet, l’acquisition de compétences est
dynamique, variant en fonction de nombreux paramètres dont l’exposition à des situations, la
richesse du questionnement personnel, la qualité des recherches d’informations, l’expérience,
donc le temps. Ainsi les compétences d’un interne de première année de DES ne seront pas
identiques à celles d’un interne de troisième année, d’un point de vue quantitatif (leur volume)
et qualitatif (leur niveau). Il convient donc que le système pédagogique (apprentissages,
enseignements et évaluations) prenne en compte l’ensemble de ces éléments.
Validation du DES tout au long de l’internat
3
Or, si la transmission et l’apprentissage de compétences semblent être un processus complexe,
faisant intervenir des champs cognitifs différents (biomédical, psychoaffectif, social, éthique,
juridique), nécessitant de nombreuses connaissances, habiletés, procédures et comportements.
L’évaluation de l’acquisition de ces savoir-faire par les futurs médecins semble tout aussi
difficile, nécessitant la prise en compte de nombreux facteurs, réglementaires, institutionnels,
pédagogiques. C’est pourtant un enjeu fondamental et structurant du DES confirmant l’adage
de tout pédagogue "l’évaluation conduit le curriculum". Si la meilleure des évaluations
consiste probablement en l’évaluation du raisonnement clinique lors de la mise en situation
face à un problème clinique, celle-ci (pourtant quotidienne pour les médecins en formation)
n’est quasiment jamais évaluée de façon formalisée, se faisant au « fil de l’eau » lors des
stages cliniques et selon des modalités extrêmement subjectives. En France, l’évaluation des
compétences médicales acquises par les internes ne fait habituellement intervenir qu’une
évaluation de connaissances théoriques, à un moment ponctuel du processus de formation
(habituellement en fin de cursus) lors de la validation du DES.
Afin de faire un état des lieux des modalités d’évaluation des compétences des internes au
cours de leur cursus, nous avons choisi de nous intéresser à trois spécialités, une spécialité
chirurgicale (l’orthopédie) et deux spécialités médicales, l’une ancrée dans la clinique (la
médecine interne), la seconde centrée sur l’imagerie (la médecine nucléaire). En nous servant
de cet état des lieux, nous avons tenté de proposer des méthodes alternatives ou
complémentaires d’évaluation des compétences des médecins en formation, l’enjeu étant
double, d’une part assurer l’équité des soins pour tous et d’autre part permettre aux universités
de rester le garant de la formation et de l’évaluation des médecins.
Validation du DES tout au long de l’internat
4
Méthode
Pour chacune des trois spécialités étudiées, nous avons commencer par décrire les maquettes
et les modalités « officielles » de validation en nous référant aux textes officiels ou en nous
adressant au Collèges Nationaux des Enseignants et aux sociétés savantes de ces disciplines
(Collège National des Enseignants de Biophysique et de Médecine Nucléaire, Collège
National Professionnel de Médecine Interne, Société Française de Chirurgie Orthopédique et
Traumatologique). Nous avons ensuite contacté par téléphone ou par e-mail les
coordonnateurs nationaux, régionaux et/ou inter-régionaux de ces disciplines (15
coordonnateurs pour la médecine interne, 8 pour l’orthopédie, 4 pour la médecine nucléaire)
pour faire un état des lieux sur le déroulement des maquettes et les modalités de validation des
DES suivies en pratique. Le questionnaire suivant a servi de guide pour les entretiens :
1. Un carnet de stage qui retrace le parcours des internes est-il
a) mis en place dans votre spécialité ?
a) si oui, rempli en pratique par tous les internes en formation ?
b) si oui, le principal outil d’aide à la validation ?
2. Le contrôle des connaissances comporte-t-il dans votre région :
a) un mémoire ?
b) des cas cliniques ?
c) un examen ?
Remarques libres :
Par ailleurs, ce contrôle des connaissances est-il mis en place tout au long du
cursus ou seulement en fin de formation ?
3. La participation à des congrès, cours et diplômes est-elle un point important dans la
validation ? Si oui, combien de points lui sont attribués et quelles en sont les
modalités ?
4. Le mémoire de fin d’année est-il obligatoirement différent de la thèse ? Un article
scientifique publié est il exigé pour l’obtention du DES ?
5. Quel est le pourcentage (approximatif) des internes reçus sur les 5 dernières années
6. Avez-vous des remarques particulières ou des suggestions sur les modalités de
validation de votre DES ?
7. Pensez-vous que ces modalités de validation évaluent de façon pertinente les
capacités cliniques, techniques et décisionnelles des internes de votre spécialité ?
Si non, quelles sont les principales limites ?
8. Pensez-vous qu’il puisse y avoir des améliorations à apporter ?
Validation du DES tout au long de l’internat
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Résultats
Etat des lieux en Médecine Interne
La médecine interne est une spécialité médicale extrêmement polyvalente dont le cœur de
métier est d’assurer la synthèse de problèmes complexes ou intriqués, intégrant notamment la
polypathologie. A l’instar des pédiatres pour les enfants, les internistes apparaissent comme
des spécialistes hospitaliers d’une médecine globale, recourant aux spécialistes d’organes
pour les problèmes relevant spécifiquement de leurs compétences. La formation des jeunes
internistes est à l’image des compétences requises pour valider le DES de médecine interne :
riche, variée et polyvalente. Pour valider la maquette de médecine interne (1), la formation
pratique des jeunes internistes doit en effet comporter :
- trois semestres au moins dans des services agréés pour le DES de médecine interne dont
deux au moins doivent être effectués dans des services hospitalo-universitaires. Cette
limitation à 3 semestres sur 10 en médecine interne vise à favoriser une formation
diversifiée (2).
- un semestre dans un service de gériatrie
- un semestre dans un service d’accueil des urgences, de réanimation ou de soins intensifs
- cinq semestres dans des services hospitaliers agréés pour un autre DES ou pour un DESC,
notamment de cancérologie, d’allergologie et immunologie clinique, de médecine
vasculaire, de nutrition, de pathologie infectieuse et tropicale.
- deux des dix semestres doivent être réalisés dans des services d’un centre hospitalier non
universitaire agréés pour le DES de Médecine Interne ou pour un autre DES.
La maquette prévoit par ailleurs la participation à 300 heures d’enseignement théorique,
enseignement aussi éclectique que « mastocytose », « économie de la santé » ou « troubles
endocriniens et métaboliques ».
On constate donc que le champ des compétences exigées pour valider le DES de médecine
interne est extrêmement varié et complexe. Le « référentiel métier » (3) publié par le Collège
National Professionnel des Internistes décrit par exemple les situations cliniques considérées
comme représentatives de l’exercice de la spécialité : polypathologies, pathologies
complexes, altération de l’état général, fièvre prolongée, syndrome inflammatoire inexpliqué,
lupus, vascularites, prise en charge des maladies rares et orphelines….Il stipule par ailleurs
qu’un certain nombre de compétences « extra-académiques » sont nécessaires à l’exercice du
métier d’interniste (ex : « gérer et communiquer un dossier médical », « gérer des équipes de
Validation du DES tout au long de l’internat
6
soins », « délégation de tâches, par exemple éducation thérapeutique », « participer
activement à la recherche clinique »….) et que ces capacités s’acquièrent « au cours et après
le troisième cycle » (3). Par ailleurs, dans son livre blanc (2), la société nationale française de
médecine interne souligne que les « multiples sources de formation offertes aux DES de
médecine interne français et la diversité des thématiques enseignées, illustrent
l’investissement des enseignants de médecine interne dans les actions de formation qui
constituent un des points forts historiques de la discipline », réaffirmant ainsi sa volonté de
mettre l’enseignement au cœur de la spécialité. Néanmoins, la variété et la complexité des
compétences exigées ainsi que le nombre d’internes inscrits dans la filière (près de 250)
rendent toute validation formelle du DES extrêmement difficile.
Afin de faire un état des lieux des modalités de validation du DES de médecine interne, nous
avons contacté 15 coordonnateurs régionaux et/ou inter-régionaux représentant les 7 régions
(Nord-Ouest, Ouest, Sud-Ouest, Sud, Rhône-Alpes Auvergne, Est, Ile de France). Les
données ont été obtenues pour 6 régions.
Les données recueillies nous ont permis d’observer que :
- la spécialité n’a pas mis en place de carnet de stage traçant le parcours de l’interne
- le contrôle des connaissances se fait principalement de façon informelle, « au fil de l’eau »,
lors des stages cliniques. Aucune inter-région ne propose de validation des acquis
théoriques sous forme d’examen ou d’évaluation de cas cliniques, que ce soit en cours ou
en fin de cursus.
- toutes les inter-régions exigent néanmoins une soutenance de mémoire de DES en fin de
cursus. Dans une inter-région il est exigé que le sujet de mémoire soit différent du sujet de
thèse sans tolérance possible. Dans trois inter-régions, il est recommandé que le sujet de
mémoire soit différent du sujet de thèse avec néanmoins quelques tolérances. Dans deux
inter-régions, le sujet de mémoire peut être identique au sujet de thèse.
- la présence obligatoire à des séminaires locaux de formation est requise au sein de toutes
les inter-régions. Néanmoins, le volume horaire de formation jugé nécessaire est variable et
s’échelonne de 1 à 10 journées annuelles.
- la présence à des séminaires nationaux de formation n’est requise qu’au sein de 2 inter-
régions. Pour les 4 autres inter-régions, la présence au cours du cursus à des formations
nationales n’est pas jugée nécessaire pour l’obtention du DES.
Validation du DES tout au long de l’internat
7
- la rédaction d’un article scientifique soumis ou publié au moment de la soutenance du
mémoire n’est un préalable à l’obtention du DES que dans quatre inter-régions, avec une
tolérance fréquente.
- une inter-région incite fortement ses internes à valider au moins un DU (avec liste des DU
« validants » proposée aux internes) pour l’obtention du DES, avec néanmoins une
tolérance possible.
- dans une inter-région, la présence à un séminaire de « début de cursus » (séminaire
d’accueil + formation aux outils informatiques et internet) est prise en compte pour la
validation finale du candidat.
- la compétence clinique, technique ou relationnelle n’était jamais évaluée de façon
formelle. Exclusion faite de l’évaluation « au fil de l’eau » de ces compétences lors des
stages d’internat, il n’y avait jamais de mise en situation clinique formalisée pour la
validation des compétences au cours ou en fin de cursus.
- Au cours des 5 dernières années, le DES a été validé pour tous les internes qui se sont
présentés.
- Il faut par ailleurs noter que, sans surprise, la validation par l’interne de la maquette
publiée au journal officiel est un pré-requis dans toutes les inter-régions. Néanmoins, cette
validation était soit examinée en fin de cursus, au moment de la validation du DES (avec
donc une possibilité limitée en ce qui concerne d’éventuels recours) soit en cours de cursus
avec entretiens formalisés ou utilisation d’un outil informatique local et crée à cet effet. Par
ailleurs, une inter-région proposait une maquette locale, adaptée mais différente de la
maquette nationale.
Les coordonnateurs nous faisaient par ailleurs part de quelques regrets :
- regard limité sur la compétence clinique des internes et trop peu de mise en situation
clinique pour tester les connaissances
- absence d’entretien personnalisé entre formateurs et formés
- perte du compagnonnage
- difficultés d’établir une liste de compétences en médecine interne
Huit coordonnateurs interrogés jugeaient insatisfaisante la méthode de validation des acquis
proposée aux jeunes internistes mais peu de solutions émergeaient. L’utilisation d’un carnet
de stage était proposée mais les limites d’un tel outil étaient discutées.
En conclusion, la validation des DES de médecine interne est peu formalisée et relativement
hétérogène, que cela soit au niveau des connaissances ou au niveau des compétences.
Validation du DES tout au long de l’internat
8
L’homogénéisation de la formation théorique nécessaire entre inter-régions semble difficile
notamment en raison de l’éloignement géographique des différentes régions et du nombre
d’internes très variables en fonction des inter-régions, ces points rendant difficile
l’organisation plus fréquente de séminaires locaux et/ou la participation plus régulière aux
séminaires nationaux. Les 300 heures obligatoires de formation théorique préconisées par les
textes officiels ne sont habituellement pas validées au sein des inter-régions si on exclue la
formation théorique reçue par les internes au sein même de leur stage d’internat (volume
horaire difficile à estimer et éminemment variable en fonction des stages). Seule la
soutenance d’un mémoire de fin de cursus et ses modalités de validation (document écrit et
présentation orale, 1 à 2 sessions annuelles avec présence de tous les coordonnateurs
régionaux) font l’objet d’un consensus, consensus néanmoins récent (2008). En ce qui
concerne la validation de la formation pratique (savoir-faire clinique et/ou technique, savoir-
être), si elle était jugée insatisfaisante en l’état, aucune proposition d’amélioration n’était
avancée.
Etat des lieux en Chirurgie Orthopédique
Le DESC d’orthopédie et de traumatologie valide la formation des internes en orthopédie. Il
s’obtient après 5 années d’internat et un an de post-internat minimum. La maquette comporte
2 ans de culture générale en chirurgie durant les deux premières années de l’internat,
comprenant 1 semestre libre, 2 semestres de chirurgie orthopédique et traumatologique dont 1
au moins dans un service CHU reconnu formateur et 1 semestre de chirurgie « molle ». Au
cours de ces deux années, les internes reçoivent un enseignement théorique de culture
générale en chirurgie. L’inscription au DES de chirurgie orthopédique et traumatologique se
fait à partir du 5ème
semestre. La formation comporte au total 10 semestres dont, en sus de la
formation initiale, au moins 3 semestres de chirurgie orthopédique adulte, 1 semestre de
chirurgie orthopédique pédiatrique, 2 semestres libres dont au moins un dans une spécialité
complémentaire. Deux semestres maximum peuvent être effectués dans des hôpitaux non-
CHU.
Le suivi du cursus dès le premier semestre est assuré par un « carnet de stage » qui relève les
actes de chirurgie effectués, les responsabilités, l’enseignement reçu, les inscriptions (DIU,
DU, M2 recherche), la participation à des publications. Ce carnet de stage doit être rempli et
consulté par le responsable du service durant tout le semestre « afin qu’il puisse moduler et
orienter l’activité du candidat en fonction des objectifs d’enseignement pratique et théorique
Validation du DES tout au long de l’internat
9
du cursus en termes d’activités scientifiques ». La validation de ces 10 semestres se fait sur le
cursus et le contrôle des connaissances obtenu avec un mémoire (différent de la thèse) et
présentations de cas cliniques. Ce contrôle des connaissances à la fin de la 5ème
année
autorisera le candidat à prendre les responsabilités de chef de clinique ou d’attaché temps
plein. Le DESC sera validé après au moins 1 an de post-internat (CCA ou attaché temps plein
11 vacations) dans un service reconnu formateur.
Le contrôle des connaissances proposé sous l’égide de la Société Française de Chirurgie
Orthopédique et Traumatologique (SOFCOT) comporte un dossier administratif (CV,
attestation pour tous les stages dans le carnet de stage, attestations de l’enseignement de
chirurgie orthopédique, compte rendus d’activité, liste des congrès et cours fréquentés avec
certificats de présence) et un mémoire sur un sujet d’orthopédie différent de la thèse et défini
au moins un an avant la fin du cursus, en accord avec un enseignant PU-PH ou MCU-PH qui
coordonne le travail. Il est souhaité que ce travail soit présenté sous la forme d’un article ou
pré-article rédigé suivant les recommandations aux auteurs des revues françaises à comité de
lecture et indexées.
Le contrôle des connaissances porte sur le mémoire présenté et analysé devant le jury ainsi
qu’un entretien et des questions sur des problèmes concrets et des dossiers médicaux. Ce
contrôle des connaissances doit être effectué avant la fin du 10ème
semestre à une date fixée
par le coordonnateur régional en fonction des nominations de chef de clinique qui peuvent
avoir lieu en novembre ou en Mai.
Afin de faire l’état des lieux des modalités de validation des DES de chirurgie orthopédique,
les 7 coordonnateurs inter-régionaux ont été contacté et 6 ont accepté de répondre au
questionnaire. Les résultats obtenus ont été discutés avec le coordonnateur d’Ile de France.
Les résultats sont rapportés dans le tableau ci-dessous.
Validation du DES tout au long de l’internat
10
OUI NON
Le carnet de stage est il rempli en pratique ? 17 % 83 %
Constitue-t-il la principale aide à la validation ? 0 100 %
La validation comporte-t-elle un mémoire ? 33 % 67 %
La validation comporte-t-elle des cas cliniques ? 67 % 33%
La participation aux congrès/cours/diplômes est elle
intégrée dans la validation ?
83 % 17 %
Le mémoire est il obligatoirement différent de la thèse ? 50 % 50 %
Les modalités de validation actuelles évaluent-elles de façon
pertinente les capacités techniques et décisionnelles des
orthopédistes ?
17 % 83 %
Au cours des 5 dernières années, plus de 91% des candidats ont été validés.
Dans l’une des inter-régions, il n’y a pas d’examen en fin de 5ème
année mais un examen
annuel avec trois cas cliniques à l’écrit et un examen inter-régional en fin de 3ème
année des
DESC (donc en post-internat) avec un cas clinique oral, un mémoire écrit et présenté type
communication orale.
Le carnet de stage considéré par la SOFCOT comme le principal outil d’aide à la validation
n’est en pratique pas rempli. Les coordonnateurs se basent sur les validations de stage, les
échanges entre coordonnateurs au sein de chaque inter-région. Cependant, certains souhaitent
redémarrer un système de carnet des interventions réalisées et aidées avec des objectifs
spécifiés aux internes.
Le mémoire n’est pas constamment demandé, cependant dans certaines inter-régions le
candidat n’est pas autorisé à se présenter s’il n’a pas un mémoire (présenté sous forme
d’article) publié ou accepté pour publication, dans les deux premiers auteurs. En pratique, ce
mémoire/article n’est pas forcément différent de la thèse comme recommandé.
De même la présentation de cas cliniques n’est pas constante, mais l’une des inter-régions a
mis en place un système de 5 questions explorant toutes les parties de l’orthopédie (membre
supérieur, membre inférieur, pédiatrie, rachis et fondamental) en ajoutant autant de questions
que nécessaire pour vraiment sonder les connaissances de l’interne. D’autres considèrent au
contraire que l’orthopédie étant une spécialité très large, chacun peut avoir un domaine de
spécialité et donc être interrogé principalement dans ce domaine.
La participation aux cours/congrès/diplômes est importante pour la validation. Les cours sont
organisés sur 3 ans avec un système de contrôle des présences (liste d’émargement), et des
Validation du DES tout au long de l’internat
11
systèmes de barème de points extrêmement variables d’une inter-région à l’autre. Certains
s’en servent pour autoriser à passer le contrôle des connaissances, pour d’autres les points
sont intégrés dans la note finale.
En conclusion, le système actuel de validation du DESC d’orthopédie est hétérogène avec des
pratiques très différentes d’une inter-région à l’autre. Une grande partie des coordonnateurs
pense que ce système n’évalue pas de façon pertinente les capacités techniques et
décisionnelles des orthopédistes. Les perspectives sont essentiellement centrées sur : a) une
harmonisation nationale ; b) un système de validation en post-internat (après au moins une
année de post-internat) ; c) un système de contrôle intermédiaire, pas uniquement à la fin des
5 années d’internat et/ou un système de contrôle continu. Des réflexions sont en cours pour
une validation pratique (propre à la spécialité chirurgicale), par niveau d’acquisition. Enfin,
l’évaluation des capacités chirurgicales et humaines est laissée sous le contrôle des
responsables de service, sans critères formels. En ce sens, l’agrément des services pour la
formation en orthopédie est un élément fondamental dans la formation et la validation.
Etat des lieux en Médecine Nucléaire
La médecine nucléaire est une spécialité médicale qui consiste à administrer chez l’homme, à
des fins diagnostiques et/ou thérapeutiques, des radio-éléments obtenus par des sources
radioactives non scellées. Historiquement, le développement de cette spécialité est intimement
lié à celui de la physique nucléaire en France et s’inscrit dans un cadre réglementaire lié à
l’utilisation de produits radioactifs. La préparation du DES de Médecine Nucléaire est placée,
dans chaque inter-région, sous la responsabilité d’un enseignant chargé de coordonner
l’ensemble de la formation théorique et pratique de médecine nucléaire. Cette formation doit
répondre à plusieurs objectifs : acquérir les connaissances et compétences pour exercer le
métier de médecin nucléaire dans les établissements hospitaliers et libéraux; connaitre
l'instrumentation présente dans les services de médecine nucléaire ; analyser les images
obtenues, repérer les pièges techniques associés à chaque type d'examen et des méthodes pour
les prévenir ou les corriger ; connaitre les principes de radioprotection et la réglementation
relative à la protection des travailleurs et des patients contre l'exposition aux rayonnements
ionisants. La formation théorique des internes de médecine nucléaire s’inscrit donc dans un
cadre réglementaire lié à l’utilisation de sources radioactives non scellées.
Validation du DES tout au long de l’internat
12
Maquette du DES de médecine nucléaire
La maquette se déroule sur quatre ans (4,5). Elle comporte huit semestres de stages. Quatre
semestres doivent être effectués dans des services agréés pour le DES de médecine nucléaire,
dont au moins deux services ou départements différents. Le choix des autres stages est libre.
La maquette comporte également une formation théorique obligatoire de 360 heures. Celle-ci
est organisée, et c’est une particularité de cette spécialité, par un établissement public
d’enseignement supérieur, l’Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires (INSTN,
Saclay) en collaboration avec les universités habilitées dans les inter-régions d’internat.
L’INSTN est rattaché au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) et placé sous la tutelle
conjointe du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et du ministère de
l’Économie et des Finances. Cet établissement a été créé dans les années 60 au moment où la
France décidait de mettre en place un programme nucléaire, pour former les ingénieurs,
chercheurs et médecins dans des disciplines scientifiques et technologiques nucléaires
jusqu’alors non dispensées par les universités et les écoles d’ingénieurs.
Les entretiens réalisés auprès les coordonnateurs régionaux ou inter-régionaux ont révélé que
la formation théorique dispensée était la même pour tous les internes. Cette formation est en
effet nationale, centralisée (à l’INSTN) et obligatoire (avec feuille d’émargement et
attestation de présence). Elle comporte:
- un enseignement de 6 semaines sur des bases fondamentales de physique, de
technologie (instrumentation et méthodologie), de dosimétrie, radiobiologie et
radioprotection (UV 1 à 3). Les étudiants s’inscrivent à cette formation au début de
leur internat (en général vers le 3ième
semestre).
- Un enseignement de 4 semaines sur les applications cliniques de la médecine nucléaire
(UV 4 à 7).
- Un enseignement supplémentaire (UV8) permettant d’approfondir ses connaissances
dans cinq thématiques parmi dix proposées (neurologie nucléaire, imagerie
fonctionnelle et métabolique par RMN, …). Ces enseignements sont effectués dans
certains CHU par des enseignants agréés par le Conseil des Coordonnateurs Inter-
régionaux de Médecine Nucléaire. Le coordonnateur inter-régional peut considérer
qu'un Mastère M2 est équivalent à un de ces enseignements.
La qualité des enseignements est évaluée par les internes au moyen de grilles d’évaluation
anonymes. Des adaptions sont effectuées l’année suivante si nécessaire.
Validation du DES tout au long de l’internat
13
Cette formation théorique s’inscrit dans un cadre réglementaire puisque, en plus du DES, elle
valide la formation à la Radioprotection des patients exposés aux rayonnements ionisants,
reconnue par la Direction Générale de la Sureté Nucléaire et de la Radioprotection (DGSNR).
Cette formation est obligatoire depuis 2004 pour tous les professionnels pratiquant des actes
de radiodiagnostic, de radiothérapie ou de médecine nucléaire à des fins de diagnostic, de
traitement ou de recherche biomédicale exposant les personnes à des rayonnements ionisants
(article L. 1333-11 du code de santé publique, arrêtés du 18 mai 2004 et du 22 septembre
2006). Une attestation validant cette formation à la Radioprotection et engageant le
coordonnateur national du DES de médecine nucléaire et le directeur de l’INSTN est remise
aux étudiants.
Contrôle des connaissances et des acquis au cours de l’internat
Chaque interne se voit attribué en début d’internat un carnet de stage dans lequel doivent être
consignés le type et le nombre d’examens réalisés par l’étudiant. Ce carnet est rempli, validé
et signé par le coordonnateur local à la fin de chaque stage de médecine nucléaire. Notre
travail révèle que ce carnet est le plus souvent rempli. Ces carnets sont examinés durant la
soutenance du DES. En pratique, ils semblent avoir une valeur « indicative » et servent à
vérifier que la formation de l’interne est polyvalente.
Les connaissances acquises durant la formation théorique sont évaluées (à l’exception de
l’UV8). Le contrôle des connaissances des bases fondamentales (UV1-3) est effectué au
moyen d’un examen écrit, anonyme, national, comportant deux sessions annuelles. L'échec à
cet examen écrit n'interdit pas l'inscription à l'enseignement des UV suivantes, mais le succès
à cet examen est nécessaire pour obtenir la validation complète du DES. Un contrôle des
connaissances acquises durant les enseignements cliniques spécialisés (UV4 à 7), non
sanctionnant, est réalisé au terme des cours théoriques des UV cliniques et des stages
pratiques. Les résultats de cet examen sont transmis aux membres du jury inter-régional de
l’étudiant, en prévision de la soutenance du mémoire de fin d’étude.
Validation du DES
La validation d’ensemble du DES en Médecine nucléaire est prononcée par l’inter-région au
cours de la dernière année de l’internat. Les modalités sont les mêmes pour toutes les inter-
régions. La compétence acquise par cette formation spécifique est sanctionnée par :
Validation du DES tout au long de l’internat
14
- le contrôle des connaissances des UV1-3. L’étudiant doit avoir la moyenne à chacune
de ces UV lors de l’examen écrit, national et anonyme ; tous les internes, sans
exception, passent l’examen ;
- la validation des stages d’interne par le coordonnateur inter-régional ;
- la présentation d'un mémoire. Le sujet du mémoire peut être celui de la thèse
d’exercice ou différent. Ce mémoire doit être rédigé sous la forme d'un article et
soumis (ou en cours de soumission) en premier auteur à la revue de Médecine
Nucléaire ou une revue internationale. Dans les faits, cette condition n’est pas encore
appliquée de façon constante par toutes les inter-régions. De façon constante, le
mémoire est soutenu oralement devant un jury inter-régional qui interroge le candidat
sur l'ensemble de la spécialité (effectuant ainsi un contrôle des connaissances des
UV4-7), en particulier mais non exclusivement, sur les domaines cliniques dans
lesquels les évaluations sur les cours cliniques auraient pu être faibles ou insuffisantes.
En pratique, les étudiants sont interrogés sur des cas cliniques avec interprétation des
images scintigraphiques.
- l’interne doit également avoir validé cinq des enseignements complémentaires figurant
dans la liste représentant l’UV8.
En conclusion, il ressort que la validation des DES de médecine nucléraire est formalisée et
uniforme. La formation théorique est obligatoire, centralisée, évaluée et dispensée de façon
homogène à l’ensemble des internes. Elle apparait adaptée aux objectifs énoncés. Le contexte
réglementaire l’avalise. Les modalités d’évaluation des compétences cliniques et pratiques
sont en revanche beaucoup plus floues.
Validation du DES tout au long de l’internat
15
DISCUSSION
Notre enquête effectuée dans trois disciplines différentes met en évidence d’une part une
grande hétérogénéité de la validation du DES entre les spécialités mais aussi une grande
hétérogénéité géographique des pratiques au sein d’une même spécialité. Par ailleurs, elle met
en exergue les difficultés rencontrées par les enseignants pour proposer une validation des
compétences reposant sur un processus dynamique, formalisé et de qualité.
La situation de la médecine nucléaire est intéressante pour deux raisons : la compétence des
internes a une incidence directe sur l’environnement et l’exercice de la spécialité s’inscrit aux
frontières de la biophysique et de l’imagerie médicale. L’utilisation de radioéléments a en
effet justifié la création d’une « école » dépendant du centre d’étude atomique (CEA)
délivrant une formation à la fois théorique et pratique sur les aspects physiques,
environnementaux et médicaux. Il en résulte une évaluation stricte des connaissances, mais
l’évaluation des compétences reste plus floue. La situation de la médecine interne et celle de
l’orthopédie sont encore plus insatisfaisantes : l’évaluation des connaissances est limitée et
celle des savoir-faire et savoir-être est la plupart du temps subjective, dévolue aux
responsables des stages cliniques, sans processus de validation formalisé et objectif.
D’ailleurs, nombreux sont les coordonnateurs qui regrettent l’absence de validation des
compétences cliniques, et l’absence d’évaluation face à des problèmes cliniques en situation
réelle. Le plus notable reste une insatisfaction des coordonnateurs des DES concernant la
qualité de leur évaluation. Ainsi de nombreux coordonnateurs des DES d’orthopédie et de
médecine interne ont exprimé leur insatisfaction vis-à-vis du système actuel et nombreux sont
ceux qui s’interrogent sur les outils d’évaluation des internes. Néanmoins, peu de solutions
concrètes ont émergé des entretiens.
Ces observations soulèvent d’emblée plusieurs questions : Comment améliorer l’évaluation
des internes ? Doit on privilégier contrôle des connaissances ou évaluation des compétences ?
Doit-on proposer une évaluation tout au long du cursus ou établir un contrat initial avec
l’étudiant avec validation à la fin du processus de formation ? Qui doit être responsable de la
certification initiale des internes, l’université, le conseil de l’ordre, des structures
professionnelles ?
Quelle évaluation ?
La finalité de l’évaluation est double, l’une destinée aux apprenants et aux enseignants
(formative), l’autre destinée aux institutions (certification). En ce qui concerne la formation
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médicale, l’évaluation des connaissances (actuellement prédominante) ne peut se substituer à
l’évaluation des compétences médicales, techniques et relationnelles, néanmoins plus
difficiles à mettre en place que ce soit au niveau local ou au niveau national. Nous pensons
que pour être "authentique", l’évaluation des compétences ne peut être faite qu’en situation
professionnelle, ce qui est rarement le cas en France. Choisir d’évaluer la compétence des
internes suggère deux remarques : d’une part de clarifier le concept de compétence; d’autre
part de clarifier le concept de référentiel de compétences. Si l’on souhaite évaluer les
compétences, il est indispensable de se rapprocher de l’évaluation authentique. Ses
caractéristiques ont été définies par Wiggins (6), et se résument de la manière suivante : les
tâches et exigences connues avant la situation d’évaluation, la collaboration avec les pairs,
l’évaluation de tâches contextualisées, la prise en considération des stratégies cognitives et
métacognitives à partir de problèmes complexes, et l’auto-évaluation faisant partie de
l’évaluation.
L’évaluation de compétences " génériques " pourrait servir de socle commun pour l’ensemble
des spécialités ou entre spécialités. Ces compétences génériques devant être acquises par des
médecins en formation pourraient par exemple répondre aux définitions suivantes :
- résoudre un problème de santé dans un contexte de soins primaires ou secondaires
- prendre une décision adaptée au contexte d’urgence et/ou en situation d’incertitude
- exécuter avec sécurité les gestes techniques de la spécialité
- intégrer son action dans une démarche de santé publique
- communiquer de façon appropriée avec le patient et son entourage
- éduquer le patient à la promotion et à la gestion de sa maladie
- savoir travailler en équipe ou au sein d’un réseau
- assurer le suivi et la continuité des soins
- appliquer les dispositions réglementaires dans les dispositions éthiques
- participer ou assurer la gestion d’une entreprise médicale
- réfléchir à ses actions professionnelles, évaluer sa pratique, organiser et maintenir sa
formation professionnelle.
Contrairement à ce que nous avons pu observer, l’approche éducative qui domine
actuellement au niveau international repose bien sur l’évaluation des compétences des
internes plus que sur l’évaluation de leurs connaissances. Comme le rappelait Norman dans
un éditorial récent (7), il est désormais nécessaire de s’interroger sur la pertinence, les
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finalités et les limites opérationnelles de l’approche évaluative sur les compétences,
notamment lorsque certains référentiels professionnels proposent d’en codifier la mise en
œuvre à un échelon national ; c’est le cas des cadres de compétences ACGME aux Etats-Unis,
"The Scottish Doctor" and "Tomorrow’s Doctor" au Royaume-Uni et, tout particulièrement,
CanMEDS au Canada. Ainsi chaque état ou chaque nation propose des référentiels nationaux
pour la certification initiale des médecins, l’exemple des boards aux Etats-Unis est ainsi
caricatural. Cependant ce système n’est pas la panacée puisque de nombreux auteurs
remettent en question ces processus de certification initiale. Dans le contexte français, nous
avons voulu répondre aux questions suivantes :
Dans quelles situations l’interne peut-il être évalué ?
Quelque soit la spécialité, chaque interne doit accomplir ses stages dans le cadre d’une
maquette. Comme nous l’avons montré, celles ci sont variables et les méthodes de validation
du diplôme très hétérogènes, que cela soit entre les spécialités ou au sein d’une même
spécialité. Il est important de proposer aux internes des outils évaluant leur capacité à
contextualiser des connaissances (c'est-à-dire de savoir les utiliser dans un contexte donné).
Cela suggère une théorisation de la compétence par un enseignant qui lui donne sa dimension
transversale afin que les médecins en formation soient capables aussi bien de "contextualiser"
leurs connaissances dans plusieurs contextes différents, passant ainsi d’un état de
connaissances brut à une réelle compétence médicale.
Quels outils pour évaluer les internes :
Il est désormais admis qu’évaluer la capacité de rédiger un mémoire de fin d’internat ne peut
suffire pour certifier les compétences d’un interne. De nouveaux outils doivent être utilisés.
Les outils suivants, à défaut d’être parfaits, pourraient servir d’alternative aux traditionnelles
réunions de validation des internes.
1) l’analyse de cas cliniques, qui a pour défaut l’absence de mise en situation, et
l’absence d’évaluation de l’habileté relationnelle mais pour avantage d’évaluer
conjointement connaissances théoriques et mise en pratique de ces connaissances.
2) l’utilisation des tests de concordance de script qui ont schématiquement les mêmes
avantages et inconvénients que l’analyse de cas clinique en favorisant néanmoins une
certaine « hiérarchisation » dans la prise de décision.
3) l’observation directe de l’étudiant en situation professionnelle face à des situations
cliniques non standardisée mais en utilisant des grilles d’évaluation standardisées.
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4) l’évaluation au cours d’un exercice, qu’il s’agisse d’un exercice, d’un geste technique
puis présentation du cas et analyse de sa démarche.
5) l’application de l’Objective Strutured Long Examination Record (OSLER) : l’interne
est observé par 2 examinateurs pendant qu’il interroge et examine un patient, ou qu’il
réalise un geste opératoire ou interprète un examen puis il argumente sa prise en charge.
Les examinateurs évaluent 10 items : 4 concernant l’interrogatoire, 3 l’examen physique,
1 la démarche d’investigation, 1 la gestion et le jugement clinique. Chaque item fait
l’objet d’une cotation en 3 grades et d’une note en 9 paliers de 35 à 80, étayée par des
critères précis. Les problèmes sont classés en 3 niveaux de difficultés. L’avantage est
l’observation directe de situations authentiques, avec une validité des contenus et une
évaluation possible du savoir-être de l’interne. Cette méthode d’évaluation a pour
contrainte évidente une certaine lourdeur et des difficultés d’organisation évidentes.
Il existe par ailleurs des outils qui vont aider à valider l’apprentissage, tout au long de la
formation pratique de l’interne : les carnets de stage (ou porto-folio) et les audits de dossiers,
ces méthodes n’évaluant néanmoins peu ou pas l’habileté des internes en terme de relation
médecin patient.
Vouloir évaluer les compétences doit par ailleurs être un processus dynamique qui prend en
compte l’acquisition de l’expérience et de la maturité. En effet, la compétence ne peut que
croître avec le temps.
Quand évaluer les internes et quel responsable de cette évaluation ?
Cela rejoint la question plus large du tutorat et des validations des stages. En effet, la majorité
des stages d’interne sont validés (souvent par le responsable du stage et pas par un médecin
sénior responsable de l’interne) et certains le sont alors que les compétences des internes sont
jugées insatisfaisantes ou inadaptées face à certaines situations. Il nous semble donc
indispensable qu’un tuteur ou "enseignant responsable" participe de façon active et régulière à
la tenue d’un carnet de stage car ce sont eux qui sont les seuls capables de décrire précisément
les savoir-faire et savoir-être des internes et de relater l’acquisition dynamique des
compétences. La responsabilisation d’un médecin sénior, connaissant l’interne et ses
compétences pratiques permettrait d’éviter que la validation du savoir-faire et du savoir-être
de l’interne soit laissée à la seule décision (souvent en grande partie subjective) d’un jury. Le
travail du jury de validation des DES pourrait ne consister qu’en une analyse détaillée des
carnets de stage (avec éventuellement audition du ou des tuteurs) et en une évaluation des
connaissances théoriques. Par ailleurs, il nous semble qu’un effort pédagogique devrait être
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mis en place afin d’expliquer plus clairement aux internes les compétences requises et les
modalités d’évaluation de ces compétences dès le début du processus de formation afin que
ces médecins en formation puissent s’organiser au mieux durant leur cursus afin de répondre
aux objectifs de formation et d’évaluation.
Comme l’indiquait J Jouquan dans un article récent de pédagogie médicale, "il faut considérer
qu’une solide cohérence existe entre le paradigme d’apprentissage, la perspective
constructiviste de l’apprentissage et le courant de l’évaluation authentique"(8). Cela suggère
un contrat de formation initiale entre enseignants et internes incluant des objectifs clairs de
formation, et d’évaluation. Afin de valider une certification adaptée, les objectifs suivants
pourraient être adaptables à tous les DES (8) :
- délimiter ce qui doit être évalué en raison de sa pertinence et de son importance par
rapport aux compétences visées plutôt qu’en raison de sa facilité à être mesuré
- développer un dispositif d’évaluation en ayant à l’esprit les conséquences prévisibles
de ces procédures sur les apprentissages des étudiants
- sélectionner des modalités qui renseignent valablement sur le niveau réellement
attendu des étudiants
- exposer les étudiants à un nombre et à une variété suffisants de situations d’évaluation
- développer des dispositifs d’évaluation utilisant des méthodes et des instruments que
l’on maîtrise, dont on connaît les forces et les limites, compatibles avec les allocations
en ressources du programme de formation (coûts humains et financiers) et acceptés
par les acteurs concernés (les étudiants et les enseignants)
- rendre explicite aux étudiants, dès le début de la séquence d’enseignement et
d’apprentissage, la nature des tâches d’évaluation et les critères qui seront pris en
compte pour la correction et/ou pour la détermination de la réussite.
Le respect de ces objectifs permettrait d’établir avec les internes un véritable contrat et
d’obtenir ainsi une véritable certification d’aptitude à exercer la médecine et la spécialité
choisie. Les auteurs anglo-saxons ont ouvert la voie et des réflexions doivent être menées en
France pour améliorer le processus de certification initiale de compétences des médecins (9).
Comme le rappelait Lurie dans un article récent, l’apprentissage basé sur l’évaluation des
compétences est un long parcours semé d’obstacles (10). Des efforts restent à faire si
l’université souhaite rester garante de la certification initiale des professionnels de santé.
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Références
(1) Décret du 16 janvier 2004 relatif à l’organisation du troisième cycle des études médicales
(JO 18 janvier 2004).
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000781658&date
Texte=&categorieLien=id. Dernier accès 25 septembre 2012
(2) Livre blanc de la médecine interne - collège national professionnel des internistes.
http://www.snfmi.org/02_la_medinterne_et_vous/livre_blanc.pdf.
(3) Protocole référentiel métier-collège national professionnel des internistes.
http://www.snfmi.org/data/upload/pdf/ReferencielMetierMEDECINEINTERNE.pdf.
(4) Décret n° 2004-508 du 8 juin 2004 relatif à l'autorisation ministérielle d'exercice de la
médecine nucléaire
http://www.cnebmn.org/college/textesofficiels/decretpourlapratiquemedecinenucleaire.pd
f
(5) Livre blanc de la médecine nucléaire
http://www.cnebmn.org/college/livreblanc/livreblancchapitre3.htm
(6) Wiggins, G. (1998). Educative assessment. Designing assessments to inform and improve
student performance. San Francisco: Jossey-Bass.
(7) Norman, G. (2011). CanMEDS and other outcomes. Advances in Health Sciences
Education. 16:547–551.
(8) Jouquan, J. (2007). From objective-based to competency-based approach. Should we
have to throw out the baby with the bathwater ? Pédagogie Médicale. 8:197–198
(9) Holmboe ES, Hawkins RE (1998). Methods for evaluating clinical competence of
residents in internal medicine:a review. Ann Intern Med;129:42-8.
(10) Lurie, S. L. (2012). History and practice of competency-based assessment. Medical
Education.46:49: 49–57.
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RESUME:
Objectifs: La certification initiale des médecins, quelque soit la spécialité reste un enjeu majeur.
La délivrance du diplôme d’étude spécialisée (DES) en est souvent synonyme. Se basant sur les
résultats d’une enquête menée auprès des coordonnateurs de différents DES, nous avons voulu
faire un état des lieux et proposer un cadre pour la validation des DES en France.
Méthodes : un questionnaire a été soumis aux coordonnateurs de médecine interne, médecine
nucléaire et chirurgie orthopédique afin de décrire les modalités de validation de leur DES au
sein de leur inter-région.
Résultats : la validation du DES de médecine interne et de chirurgie orthopédique est hétérogène
en fonction des inter-régions. Les connaissances sont parfois évaluées, les compétences le sont
beaucoup plus rarement de manière formalisée. La validation reste une préoccupation majeure
pour les coordonnateurs de DES et ils ont conscience que les outils d’évaluation restent
actuellement insuffisants ou lorsqu’ils existent sont sous-employés. L’évaluation des
compétences des internes est souvent jugée décevante, ne permettant pas de valider les
compétences cliniques, qui restent au centre de la profession de médecin. En médecine nucléaire,
la situation est différente, l’évaluation étant plus réglementée.
Conclusion : Des efforts sont à faire dans le domaine de l’évaluation des compétences. De
nouveaux outils peuvent être proposés et mis en place pour valider la compétence des internes,
en se basant sur un socle de compétences génériques, et des compétences spécifiques à chaque
spécialité. L’objectif étant de développer une évaluation authentique.
Mots clés :
Compétences
Evaluation
Certification initiale