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1 n°1 C’est + Clair Ensemble lettre d'infos du CCE EDF SA décembre 2011 L a lettre d'info s décembre 2011 n° 1 Nous nous mettons en ordre de bataille L’ouverture du capital d’EDF a été à l’origine de la filialisation du réseau de distribution et le basculement de l’entreprise dans le droit commun. Elle a entraîné la création des Institutions représentatives du personnel (IRP). Ce qui n’a pas été sans conséquence pour les élus des comités d’établissements, comme pour ceux du comité central d’établissement, et plus largement, pour l’ensemble des salariés. À travers le fonctionnement et la structuration des nouveaux IRP, outils de défense et de représentation des salariés, les élus se retrouvent dans une situa- tion qui les éloigne du terrain. Il leur est donc plus difficile d’avoir une vision collective de l’ensemble des stratégies et décisions prises par l’entreprise. Cet éclatement est un obstacle à une action coordonnée et efficace des élus. Pour y répondre, pour que les CE et le CCE disposent à l’avenir des moyens et des capacités d’assurer pleinement leur action, il fallait mettre en place une organisation collective adaptée. Celle-ci doit permettre aux élus des CE et du CCE de travailler ensemble de manière efficace afin de déterminer les stratégies et actions à mettre collectivement en œuvre en fonction des décisions de la direction de l’entreprise. Pour conserver un cadre collectif de réflexion et d’action, une convention a été signée entre les CE et le CCE. Pour que la nouvelle organisation réponde aux besoins et demandes des élus et des salariés, dans une première étape, le cabinet César Consulting a mené une enquête de terrain. Une restitution des résultats de l’enquête a eu lieu le 17 mars dernier. Puis, une journée d’étude, le 3 mai, sur différents thèmes – finances, formation, communication… – a permis de dégager les sujets de préoccupation, voire d’inquiétude des élus et des salariés, et entre autres : la santé au travail, la filiali- sation, la sous-traitance… Un réseau d’élus au service des salariés Un dispositif de correspondants dans les dif- férents CE est mis en place. Ce réseau est destiné à faire émerger les préoccupations, les difficultés, les inquiétudes, les interrogations, des élus et du personnel. À travers expertises et réunions, comme celle des trésoriers, ou celle sur la formation organisée au Stade de France, le CCE entend assurer son rôle d’information, de diffusion de la connaissance et de coordination. Ce sera, par exemple, l’objet de l’outil de gestion mis à la disposition des CE au premier trimestre 2012. Ce pourrait aussi, être au 2 e tri- mestre, l’organisation d’une journée de présentation des différents métiers d’EDF, car si nous apparten- ons tous à la même entreprise, les métiers sont nombreux et divers. Que connait un agent de la Direction Commerce des métiers de la production et vice-versa ? Et comment partager collectivement sans se connaître ? La lettre du CCE, dont voici la première publica- tion, contribuera à cette mobilisation. Rencontre CE-CCE du 17 mars 2011. C’est + Clair Ensemble

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C’est + Clair Ensemble lettre d'infos du CCE EDF SA décembre 2011

La lettre d'infos

décembre 2011 n° 1

Nous nous mettons en ordre de batailleL’ouverture du capital d’EDF a été à l’origine de la

filialisation du réseau de distribution et le basculement de l’entreprise dans le droit commun. Elle a entraîné la création des Institutions représentatives du personnel (IRP). Ce qui n’a pas été sans conséquence pour les élus des comités d’établissements, comme pour ceux du comité central d’établissement, et plus largement, pour l’ensemble des salariés.

À travers le fonctionnement et la structuration des

nouveaux IRP, outils de défense et de représentation des salariés, les élus se retrouvent dans une situa-tion qui les éloigne du terrain. Il leur est donc plus difficile d’avoir une vision collective de l’ensemble des stratégies et décisions prises par l’entreprise. Cet éclatement est un obstacle à une action coordonnée et efficace des élus.

Pour y répondre, pour que les CE et le CCE disposent à l’avenir des moyens et des capacités d’assurer pleinement leur action, il fallait mettre en place une organisation collective adaptée. Celle-ci doit permettre aux élus des CE et du CCE de travailler ensemble de manière efficace afin de déterminer les stratégies et actions à mettre collectivement en œuvre en fonction des décisions de la direction de l’entreprise.

Pour conserver un cadre collectif de réflexion et d’action, une convention a été signée entre les CE et le CCE. Pour que la nouvelle organisation réponde aux besoins et demandes des élus et des salariés, dans une première étape, le cabinet César Consulting a mené une enquête de terrain. Une restitution des résultats de l’enquête a eu lieu le 17 mars dernier. Puis, une journée d’étude, le 3 mai, sur différents thèmes – finances, formation, communication… – a permis de dégager les sujets de préoccupation, voire d’inquiétude des élus et des salariés, et entre autres : la santé au travail, la filiali-sation, la sous-traitance…

Un réseau d’élus au service des salariés

Un dispositif de correspondants dans les dif-férents CE est mis en place. Ce réseau est destiné à faire émerger les préoccupations, les difficultés, les inquiétudes, les interrogations, des élus et du personnel.

À travers expertises et réunions, comme celle des trésoriers, ou celle sur la formation organisée au Stade de France, le CCE entend assurer son rôle d’information, de diffusion de la connaissance et de coordination. Ce sera, par exemple, l’objet de l’outil de gestion mis à la disposition des CE au premier trimestre 2012. Ce pourrait aussi, être au 2e tri-mestre, l’organisation d’une journée de présentation des différents métiers d’EDF, car si nous apparten-ons tous à la même entreprise, les métiers sont nombreux et divers. Que connait un agent de la Direction Commerce des métiers de la production et vice-versa ? Et comment partager collectivement sans se connaître ?

La lettre du CCE, dont voici la première publica-tion, contribuera à cette mobilisation.

Rencontre CE-CCE du 17 mars 2011.

C’est + Clair Ensemble

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C’est + Clair Ensemble lettre d'infos du CCE EDF SA décembre 2011

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Quelles sont les attentes des élus et des sala-riés par rapport au CCE ? Quelles sont les grandes questions, les problèmes, les interrogations qu’ils se posent par rapport à la politique menée par l’entreprise ? Sur quels sujets souhaitent-ils que l’information et l’action soient mises en avant ? C’est pour répondre à ces interrogations que César Consulting, mandaté par le CCE a réalisé au début du mois de novembre un premier cycle de consultations auprès des élus représentatifs de 80 % des CE.

Fort logiquement, cette enquête relève que les élus sont principalement centrés sur leurs actions locales au service des salariés. Cependant, la vo lonté d’échanges et de collaboration au sein de la filière CE/CCE mise en avant par le CCE est appréciée par les élus. Ils y voient une source d’information et un gage d’actions coordonnées et d’efficacité. Toutefois, l’enquête met en évidence un point important : le besoin de mieux connaître le rôle et l’action du CCE au sein de l’entreprise.

Sujets pour une mobilisation

L’enquête met en évidence les points noirs de l’entreprise sur lesquels élus et salariés sont par-ticulièrement sensibles. Les uns et les autres atten-dent que le CCE et les CE apportent des réponses en termes d’information et de mobilisation.

La santé au travail est une préoccupation impor-tante. Les CE constatent une augmentation des risques psychosociaux sur les sites. Certains élus soulignent « que c’est un vrai débat, car on a beau-coup de réclamations des collègues par rapport à des problèmes de stress au travail, de mal-être, de harcèlement… ». La réunion des secrétaires de CHSCT prévue les 2 et 3 février 2012 est attendue par les élus qui expriment « le besoin de communica-tion et de transversalité ».

Le recours mas-sif à la sous-trai-tance qui entraîne des mutations profondes dans l’entreprise est une autre préoccupa-tion sensible pour les salariés. Une dépendance opéra-tionnelle vis-à-vis des sous-traitants, une sous-traitance en cascade, des

conditions de travail précaires avec des risques de sûreté/sécurité sensibles... sont, entre autres, des facteurs de déstabilisation, notent les élus interrogés.

Bien d’autres problèmes ont été pointés à travers cette enquête.

Transverse : la politique énergétique de la France, le problème de sous-effectif récurrent et la charge de travail, une politique de recrutement à court-terme qui pénalise le transfert de compétences et génère du mal-vivre parmi les nouveaux embauchés, la problématique du temps de travail…

Technique : le renouvellement des concessions hydrauliques et le projet Renouveau, les dossiers comme le SDIN, le projet VISEO, le nucléaire…

En donnant au CCE une meilleure vision des inter-rogations et des demandes des élus et des salariés, cette enquête indique les axes de communication, d’information et d’action à mettre en œuvre pour les mois à venir.

Mieux connaître le CCE et son action vers les salariés

Les réunions comme celle des trésoriers, les séminaires, comme celui de la formation qui a réuni 150 personnes, ou encore les journées juridiques entrent tout à fait dans cet état d’esprit.

Elles jouent tout à la fois un rôle d’information, d’enrichissement des connaissances, d’approche commune des problèmes. Cela permet rencontres, échanges entre élus pour faciliter les mises en commun et les actions collectives et coordonnées.

Le site internet du CCE en cours d’amélioration y jouera tout son rôle.

Santé, stress, sous-traitance, précarité, politique énergétiqueLes points noirs de la politique de la direction

Anne Salmon : le résultat de 5 ans de travail en commun.

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Le projet Viséo inquiète au plus au point les agents de la Direction de l’immobilier (la DIG). Une étape vient d’être franchie lors du dernier CCE. Les élus se sont prononcés contre le projet, qui mène tout droit à une généralisation de la filialisa-tion de l’entreprise, contre laquelle se sont tou-jours élevés les syndicats.

C’est en 2005 que le processus Viséo se met en marche. à l’origine, l’ensemble des questions immobilières à EDF dépendait des unités locales de l’entreprise.

Dans une première étape, la direction procède à un regroupement national de l’ensemble des agents travaillant dans ce secteur. Cela concerne les femmes de ménage aussi bien que les agents qui construisent des bâtiments en passant par ceux des services d’entretien, de chauffage ou de gardien-nage. La DIG compte alors 1900 agents.

Viséo : vers une externalisation totale ?

Parallèlement à cette restructuration, une nou-velle politique est mise en place. On passe du « faire » au « faire-faire ». Désormais, ce ne sont plus les agents EDF qui seront sur le terrain. Ils deviennent les surveillants des ouvriers des entreprises sous-traitantes. Les marchés avec les sous-traitants sont passés en fonction des métiers : pour le chauffage, le ménage …

Avec l’arrivée de Viséo, le projet de filialisation change d’échelle. Il s’agit de passer du « faire-faire » au « faire-faire-faire », c’est-à-dire à l’externalisation totale des activités. Avec Viséo, ce sont « des ensembliers » qui assureront la totalité de la gestion immobilière.

Cette nouvelle structuration a des conséquences. Premièrement, elle éloigne de plus en plus les activi-tés de la maison mère, et donc les agents employés par les filiales. Le personnel EDF transféré dans les filiales pourra garder son statut, grâce à l’action en référé du CCE mais les nouveaux embauchés le seront aux conditions de la filiale. Deuxièmement, cette filialisation conduira à la suppression de 400 emplois au statut EDF.

Référé : la direction mise en demeure d’évoluer

C’est cette situation que les élus ont à affronter. En février 2011, le CCE, suite à une présentation du projet par la direction, demandait un supplément d’informations économiques et sociales. Il a alors mandaté le cabinet Cidecos.

Le CCE de juillet n’a pas été en capacité de donner un avis sur le projet, estimant « qu’il ne disposait pas de suffisamment de données sociales ». La direction passe outre, et met en route le projet. Le CCE se tourne alors vers la justice. Celle-ci s’est prononcée par référé le 14 novembre dernier, donnant raison aux représentants des salariés.

La séance du CCE du jeudi 1er décembre a forte-ment été marquée par les conséquences de ce référé. Fallait-il que le CCE donne un avis ? À partir du moment où la direction fournissait les informa-tions requises sur le volet social, cet avis s’imposait. Il a été unanimement négatif. Il remet le personnel via les organisations syndicales et le CE de la DIG dans le jeu de la négociation.

Pour faciliter la négociation et obtenir l’avis en CCE, la direction a enfin accordé, durant la séance du CCE, plusieurs mesures qu’elle avait refusé pen-dant de nombreux mois :

• prise en compte (pour favoriser leur emploi) des situations particulières des agents de nettoyage et du courrier récemment embauchés au statut ;

• pour les salariés hors statut, éligibilité aux primes existantes pour les fermetures de site en cas de transfert d’activité vers un ensemblier ;

• 75 congés de fin de carrière (le principe était acquis mais pas le nombre) avec une atténuation de la perte de revenus ;

• rétroactivité des mesures pour les agents ouvrant droit et ayant déjà quitté la DIG depuis juillet ;

• engagement de la direction de réaliser un rex (retour d’expérience) du projet VISEO auprès du CCE dans environ un an.

Immobilier - “Service aux occupants”CE et CCE prennent la main

VISEO: n’y avait-il

pas plus urgent !

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[email protected]él. : 01 82 24 85 25/27

En Corse, depuis juillet, la Direction refuse toute discussion. Alors qu’elle devrait embaucher pour faire face à des surcharges de travail, elle préfère recourir à des intérimaires de plus en plus nom-breux. Le conflit est donc, depuis cette date, ouvert entre une orga-nisation syndicale et la Direction. Et, on s’achemine vers une grève.

Une organisation syndicale a déposé un préavis pour ce 14 décembre, pour une grève qui pourrait être reconductible. « Le risque est fort, selon Christian Vincensini, le secrétaire du CE, que nous entrions dans une bataille de longue durée ».

C’est que la question est d’importance. Elle prend racine dans la politique de réorganisation

mise en place par la direction depuis deux ans.

À chaque CE, une restruc-turation est annoncée qui jette le trouble dans les équipes, entraîne surcharge d’activités et dégrada-tion des conditions de travail, mais aussi du service rendu au public.

Pour faire face à cette situa-tion, la direction fait appel à des intérimaires prétextant du fait que l’accord signé début 2010 par les six syndicats représentés en Corse, fige les effectifs à 792 jusque fin 2012. Les élus du CE considèrent que l’accord ne peut pas être bloquant. Les intérimaires sont aujourd’hui 30 sur l’unité dont 20 à temps plein. D’où la reven-dication de faire évoluer l’objectif de l’accord pour atteindre 812

agents à fin 2012 pour faire face à la charge de travail actuelle et pour prévoir le remplacement des col-lègues qui vont partir en inactivité.

D’ores et déjà la bataille menée sur l’emploi oblige la direction à détendre sa position en proposant cinq embauches en 2012 et cinq en 2013. C’est une avancée, mais elle est déconnectée de la problé-matique de la charge et des con-ditions de travail. La mobilisation reste d’actualité.

Conditions de travail, précarité : vers un conflit de grande intensité

En direct des CE

Le site du Havre est composé de trois tranches charbon, deux sont anciennes et non dépolluées. La direction a annoncé que la tranche 1 serait arrêtée en juin 2013, la tranche 2, fin 2014. La tranche 4, déjà équipée de sys-tèmes de dépollution performants, verra son activité prolongée

au-delà de 2025. Des travaux de rénovation sont prévus en 2015.

« En France, les installations qui ne sont pas pourvues de système de dépollution fort, avec désul-furisation et dénitrification, sont condamnées à fermer d’ici 2015. Au-delà, des pénalités financières seront imposées » explique Alain Poret, secrétaire du CE.

Sur le site du Havre travail-lent 348 salariés statutaires et 130 salariés sous-traitants per-manents. Avec les mesures envi-sagées par la direction, ce sont près de 220 emplois statutaires qui seront supprimés et plus de 400 emplois prestataires menacés dans un bassin d’emploi déjà très fortement sinistré par le chômage.

Le CE reconnaît que les tranches 1 et 2 sont à bout. Mais, les représentants du personnel contestent la politique de la direc-tion et avancent des propositions pour faire barrage à l’hémorragie de perte d’emplois.

Le 10 juin, le CE a demandé une expertise portant sur trois axes :• prolongation de la production des tranches 1 et 2 jusqu’en 2015 ;• création d’un nouveau moyen de pro duction au charbon doté d’équi pements de dépollution performants ;• nombre d’emplois nécessaires pour l’exploitation d’une tranche seule. La direction veut imposer seulement 130 agents.

ce le havreFermetures programmées : alerte sur l’emploi.Des luttes en perspective !

ce corse

Comme dans tous les paradis

à touristes, la situation

des salariés rime souvent

avec précarité.

Les CPT ne sont pas une image du passé (ici la Maxe).

C’est + Clair Ensemble Lettre d’infos du CCE EDF SADirectrice de publication Marie-Christine Nadeau, secrétaire du CCE d’EDF SARédaction ARIA-Nord

Maquette et mise en page à la margePhotos A. Stadnicki - V. Goncalves - R. Hannarddécembre 2011