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Bulletin épidémiologique hebdomadaire 9 février 2010 / n o 5-6 Numéro thématique - TMS d’origine professionnelle : une préoccupation majeure Work-related MSDs: a major concern p.33 Éditorial / Editorial p.34 Sommaire détaillé / Table of contents Coordination scientifique du numéro / Scientific coordination of the issue : Catherine Ha, Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France et pour le comité de rédaction du BEH : Pierre-Yves Bello, Cellule interrégionale d’épidémiologie d’Île-de-France, Institut de veille sanitaire, Paris, France et Sandra Sinno-Tellier, Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France Éditorial / Editorial Ellen Imbernon, Directrice du Département santé travail, Institut de veille sanitaire En 2005 était publié un premier numéro thématique du BEH sur les troubles musculo-squelettiques (TMS) d’origine professionnelle [1]. Le Pr Jean-François Caillard, dans son éditorial, présentait cette autre épidémie qui n’épargnait ni la France ni aucun autre pays. Cinq ans après, quoi de nouveau ? L’épidémie est-elle enrayée ? Est-elle en voie de résolution ? Malgré quelques tentatives pour améliorer la situation dans certaines entreprises conscientes du coût humain, social, sociétal et économique du problème, plusieurs enquêtes et études permettent d’observer que les modes d’organisation du travail identifiés par les scientifiques comme délétères pour la santé des travailleurs ne semblent pas avoir été sensiblement modifiés ces dix dernières années : travail à flux tendu, exigence de polyvalence, recours de plus en plus fréquent à la sous-traitance et à l’intérim, autant d’éléments qui contribuent au développement des TMS en générant des rythmes de travail soutenus et une pression temporelle importante. L’augmentation continue de la fréquence des TMS en milieu de travail devrait être considérée comme un signal fort de dysfonctionnement et de pénibilité au travail dans les secteurs concernés. Le simple comptage des TMS des membres et du rachis réparés au titre des maladies professionnelles, bien que ne reflétant qu’une partie visible du phénomène, constitue néanmoins une alerte insuffisamment prise en compte. Ces affections, en constante évolution à la hausse depuis 10 ans, représentaient près de 40 000 maladies indemnisées en 2008 par le Régime général de sécurité sociale, engendrant un coût direct annuel de près de 800 000 000 [2]. Douleurs cervicales, douleurs lombaires, douleurs des articulations des membres, tendinites, syndromes canalaires, autant de symptômes très invalidants, plurifactoriels, dont l’importance des activités professionnelles dans leur survenue et leur aggravation n’est plus à démontrer. L’observation de ces troubles, dont l’identification et l’objectivation n’est pas toujours facile, impose la mise en place de programmes de veille sanitaire ciblés, mettant en œuvre des méthodes de surveillance épidémiologique robustes utilisant des outils ayant fait la preuve de leur qualité au niveau international. Ces conditions sont indispensables à la production d’indicateurs de santé-travail fiables et reproductibles, permettant de suivre l’évolution de l’épidémie, d’évaluer l’efficacité des mesures correctives et de procéder à des comparaisons internationales. C’est dans cette optique que l’Institut de veille sanitaire, conscient de l’importance du problème pour la santé publique, a conçu dès le début des années 2000, en étroite collaboration avec l’Université d’Angers, un programme spécifique qui contribue largement à la mise en visibilité du phénomène dans notre pays par la production d’une série d’indicateurs sanitaires inexistants jusqu’alors. Grâce à ce programme, il est désormais possible de quantifier le poids de l’activité professionnelle dans la survenue des TMS de la population active. Il est possible aussi de préciser les catégories de travailleurs particulièrement concernées : pour le syndrome du canal carpien, c’est le cas notamment des agricultrices, des vendeuses et employées de libre-service, des ouvrières de l’électronique, du montage mécanique, de l’industrie de la chaussure, mais aussi des jardiniers, des mécaniciens, maçons, cuisiniers, magasiniers, etc., autant de professions qui devraient bénéficier en priorité des programmes visant à diminuer les risques de TMS. L’effort devrait porter sur la surveillance de certains types d’emplois, comme le travail en intérim. En effet, même si les études actuelles ne montrent pas d’excès de pathologies chez les travailleurs intérimaires, population relativement jeune, elles montrent une surexposition aux facteurs de risque avec des rythmes de travail importants imposés par les machines, les normes de production ou les délais à respecter près de deux fois supérieurs aux autres catégories de travailleurs. Aujourd’hui, le programme de surveillance des TMS s’attache de plus à mieux comprendre les conséquences de ces atteintes à moyen et long terme, et à analyser les facteurs prédictifs d’une réinsertion professionnelle réussie. Pour cela, il est indispensable de disposer d’outils épidémiologiques permettant le suivi au long cours de populations de travailleurs. La surveillance épidémiologique de cette épidémie doit se poursuivre et ses résultats régulièrement restitués dans le champ public afin d’orienter les politiques de prévention. C’est l’objet de ce BEH. [1] Ha C (coordinateur). Numéro thématique. La surveillance épidémiologique des troubles musculo-squelettiques. Bull Epidémiol Hebd. 2005;44-45:217-28. [2] Assurance maladie. Risques professionnels. http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/media/TMS2008BILANFINANCIER.pdf BEH thématique 5-6 / 9 février 2010 33

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Bulletineacutepideacutemiologiquehebdomadaire

9 feacutevrier 2010 no 5-6

Numeacutero theacutematique - TMS drsquoorigine professionnelle une preacuteoccupation majeureWork-related MSDs a major concern

p33 Eacuteditorial Editorial

p34 Sommaire deacutetailleacute Table of contents

Coordination scientifique du numeacutero Scientific coordination of the issue Catherine Ha Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France et pour le comiteacute dereacutedaction du BEH Pierre-Yves Bello Cellule interreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie drsquoIcircle-de-France Institut de veille sanitaire Paris France et Sandra Sinno-TellierInstitut de veille sanitaire Saint-Maurice France

Eacuteditorial Editorial

Ellen Imbernon Directrice du Deacutepartement santeacute travail Institut de veille sanitaire

En 2005 eacutetait publieacute un premier numeacutero theacutematique du BEH sur les troubles musculo-squelettiques (TMS) drsquoorigine professionnelle [1]Le Pr Jean-Franccedilois Caillard dans son eacuteditorial preacutesentait cette autre eacutepideacutemie qui nrsquoeacutepargnait ni la France ni aucun autre pays Cinq ansapregraves quoi de nouveau Lrsquoeacutepideacutemie est-elle enrayeacutee Est-elle en voie de reacutesolution

Malgreacute quelques tentatives pour ameacuteliorer la situation dans certaines entreprises conscientes du coucirct humain social socieacutetal et eacuteconomiquedu problegraveme plusieurs enquecirctes et eacutetudes permettent drsquoobserver que les modes drsquoorganisation du travail identifieacutes par les scientifiques commedeacuteleacutetegraveres pour la santeacute des travailleurs ne semblent pas avoir eacuteteacute sensiblement modifieacutes ces dix derniegraveres anneacutees travail agrave flux tendu exigencede polyvalence recours de plus en plus freacutequent agrave la sous-traitance et agrave lrsquointeacuterim autant drsquoeacuteleacutements qui contribuent au deacuteveloppement desTMS en geacuteneacuterant des rythmes de travail soutenus et une pression temporelle importante Lrsquoaugmentation continue de la freacutequence des TMSen milieu de travail devrait ecirctre consideacutereacutee comme un signal fort de dysfonctionnement et de peacutenibiliteacute au travail dans les secteurs concerneacutesLe simple comptage des TMS des membres et du rachis reacutepareacutes au titre des maladies professionnelles bien que ne refleacutetant qursquoune partievisible du pheacutenomegravene constitue neacuteanmoins une alerte insuffisamment prise en compte Ces affections en constante eacutevolution agrave la haussedepuis 10 ans repreacutesentaient pregraves de 40 000 maladies indemniseacutees en 2008 par le Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale engendrant un coucirctdirect annuel de pregraves de 800 000 000 euro [2]

Douleurs cervicales douleurs lombaires douleurs des articulations des membres tendinites syndromes canalaires autant de symptocircmes tregravesinvalidants plurifactoriels dont lrsquoimportance des activiteacutes professionnelles dans leur survenue et leur aggravation nrsquoest plus agrave deacutemontrerLrsquoobservation de ces troubles dont lrsquoidentification et lrsquoobjectivation nrsquoest pas toujours facile impose la mise en place de programmes de veillesanitaire cibleacutes mettant en œuvre des meacutethodes de surveillance eacutepideacutemiologique robustes utilisant des outils ayant fait la preuve de leurqualiteacute au niveau international Ces conditions sont indispensables agrave la production drsquoindicateurs de santeacute-travail fiables et reproductiblespermettant de suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoeacutepideacutemie drsquoeacutevaluer lrsquoefficaciteacute des mesures correctives et de proceacuteder agrave des comparaisons internationalesCrsquoest dans cette optique que lrsquoInstitut de veille sanitaire conscient de lrsquoimportance du problegraveme pour la santeacute publique a conccedilu degraves le deacutebutdes anneacutees 2000 en eacutetroite collaboration avec lrsquoUniversiteacute drsquoAngers un programme speacutecifique qui contribue largement agrave la mise en visibiliteacutedu pheacutenomegravene dans notre pays par la production drsquoune seacuterie drsquoindicateurs sanitaires inexistants jusqursquoalors

Gracircce agrave ce programme il est deacutesormais possible de quantifier le poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans la survenue des TMS de la populationactive Il est possible aussi de preacuteciser les cateacutegories de travailleurs particuliegraverement concerneacutees pour le syndrome du canal carpien crsquoest lecas notamment des agricultrices des vendeuses et employeacutees de libre-service des ouvriegraveres de lrsquoeacutelectronique du montage meacutecanique delrsquoindustrie de la chaussure mais aussi des jardiniers des meacutecaniciens maccedilons cuisiniers magasiniers etc autant de professions qui devraientbeacuteneacuteficier en prioriteacute des programmes visant agrave diminuer les risques de TMS

Lrsquoeffort devrait porter sur la surveillance de certains types drsquoemplois comme le travail en inteacuterim En effet mecircme si les eacutetudes actuelles nemontrent pas drsquoexcegraves de pathologies chez les travailleurs inteacuterimaires population relativement jeune elles montrent une surexposition auxfacteurs de risque avec des rythmes de travail importants imposeacutes par les machines les normes de production ou les deacutelais agrave respecter pregravesde deux fois supeacuterieurs aux autres cateacutegories de travailleurs

Aujourdrsquohui le programme de surveillance des TMS srsquoattache de plus agrave mieux comprendre les conseacutequences de ces atteintes agrave moyen et longterme et agrave analyser les facteurs preacutedictifs drsquoune reacuteinsertion professionnelle reacuteussie Pour cela il est indispensable de disposer drsquooutilseacutepideacutemiologiques permettant le suivi au long cours de populations de travailleurs La surveillance eacutepideacutemiologique de cette eacutepideacutemie doit sepoursuivre et ses reacutesultats reacuteguliegraverement restitueacutes dans le champ public afin drsquoorienter les politiques de preacutevention Crsquoest lrsquoobjet de ce BEH

[1] Ha C (coordinateur) Numeacutero theacutematique La surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques Bull Epideacutemiol Hebd 200544-45217-28[2] Assurance maladie Risques professionnels httpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaTMS2008BILANFINANCIERpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 33

Sommaire deacutetailleacute Table of contents

TMS DrsquoORIGINE PROFESSIONNELLE UNE PREacuteOCCUPATION MAJEUREWORK-RELATED MSDS A MAJOR CONCERN

p35 Troubles musculo-squelettiques drsquoorigine professionnelle en France Ougrave en est-on aujourdrsquohui Work-related musculoskeletal disorders in France What is the situation today

p37 Syndrome du canal carpien estimations de lrsquoincidence de la preacutevalence et du poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans sasurvenue dans les Pays de la Loire France 2002-2004Carpal tunnel syndrome estimations of incidence and prevalence rates and population attributable fraction of risk from the French Pays dela Loire region 2002-2004

p41 Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

p41 Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves intervention chirurgicale pour un syndrome du canal carpiendans les Pays de la LoireStudy of factors associated to occupational outcome after surgery for carpal tunnel syndrome in the French Pays de la Loire region

p43 Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome de la coiffe des rotateursCOSALI preliminary results of the follow-up of salaried workers suffering from rotator cuff syndrome

p45 Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition au risque dans les entreprises des Pays de laLoire reacutesultats chez les ouvriers inteacuterimairesEpidemiological surveillance of upper-limb MSDs and risk exposure in the French Pays de la Loire companies results found in temporaryblue-collar workers

p48 Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnels dans les entreprises des Pays de la LoireLow-back pain and occupational risk factors surveillance in the working population of the French Pays de la Loire region

p51 Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

p52 Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel en 2007Box - Prevalence of musculoskeletal disorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

p54 Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

p55 Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiquesAssessment and perspectives of the epidemiological surveillance program of musculoskeletal disorders

p56 Encadreacute - PREMUS 2010 - 7egraveme Congregraves international sur la preacutevention des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

34 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Troubles musculo-squelettiques drsquoorigine professionnelle en FranceOugrave en est-on aujourdrsquohui Catherine Ha (chainvssantefr)1 Yves Roquelaure2

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France

Reacutesumeacute Abstract

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) repreacutesentent aujourdrsquohui lrsquounedes questions les plus preacuteoccupantes en santeacute au travail Ils constituentla premiegravere cause de morbiditeacute lieacutee au travail morbiditeacute de surcroicirct large-ment sous-estimeacutee par les statistiques de maladies professionnellesnotamment du fait de la sous-deacuteclaration Ce pheacutenomegravene nrsquoest pas propreagrave la France En 2005 le premier problegraveme de santeacute imputeacute au travail dontsouffrent les travailleurs de lrsquoUnion europeacuteenne sont les douleurs rachi-diennes des eacutepaules ou des membres et les TMS occupent la premiegravereplace des maladies professionnelles reconnues dans plusieurs paysdrsquoEurope Le programme de surveillance eacutepideacutemiologique des TMS mis enœuvre depuis 2002 dans les Pays de la Loire a permis de deacutecrire pluspreacuteciseacutement cette eacutepideacutemie agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoensemble de la populationactive drsquoestimer le poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans leur survenuemais aussi de mieux connaicirctre le devenir meacutedical et professionnel dessujets atteints de TMS Les donneacutees des Pays de la Loire seront bientocirctenrichies par celles des reacutegions Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur et Icircle-de-France La mobilisation autour de cette question srsquoest beaucoup deacuteve-loppeacutee ces derniegraveres anneacutees et devra se maintenir face agrave ce deacutefi de lasanteacute au travail que repreacutesentent les TMS

Work-related musculoskeletal disorders in FranceWhat is the situation today

Musculoskeletal disorders (MSDs) represent one of the most worrying issuesin occupational health today They are the leading cause of morbidity atwork morbidity widely underestimated by the statistics of workersrsquo compen-sation claims for occupational diseases It is not a French specific pheno-menon In 2005 the most often reported problem linked to work by EuropeanUnion workers are MSDs (backache and muscular pains) MSDs are alsothe first cause of compensated occupational diseases in several EuropeancountriesThe epidemiological surveillance program for work-related MSDs imple-mented in 2002 in Francersquos Pays de la Loire region has allowed a betterdescription of the current increased number of MSDs on a population scalean assessment of the proportion of cases attributable to work exposure anda better knowledge of the medical and professional evolution of patientssuffering from MSDs The data of Pays de la Loire region will be enhancedin the near future by those from Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur and Icircle-de-France regions Mobilisation around this question has been increasingconsiderably these last few years and should be maintained in order to facethis occupational health challenge

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail surveillance eacutepideacutemiologique maladies professionnelles Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance occupational diseases

Les TMS en France unepreacuteoccupation majeure de santeacuteau travailIl y a quatre ans un premier numeacutero theacutematiquedu BEH eacutetait consacreacute agrave la surveillance eacutepideacutemio-logique des troubles musculo-squelettiques (TMS)drsquoorigine professionnelle paraissant le jour-mecircme ougrave un symposium sur le sujet organiseacute parle Deacutepartement santeacute travail de lrsquoInstitut de veillesanitaire (InVS) se tenait au ministegravere chargeacute dela santeacute [1] Parlant drsquoune nouvelle eacutepideacutemielrsquoeacuteditorial du Pr Jean-Franccedilois Caillard soulignaitque les TMS repreacutesentaient lrsquoune des questionsles plus preacuteoccupantes en santeacute au travail Lespreacutemices de cette eacutepideacutemie se sont annonceacuteesen France au deacutebut des anneacutees 1990 avec lrsquoaug-mentation reacuteguliegravere et qui nrsquoa pas cesseacute depuisdes maladies professionnelles indemniseacutees duReacutegime geacuteneacuteral de la seacutecuriteacute sociale mais aussidu Reacutegime agricole Les TMS recouvrent un largeensemble drsquoaffections peacuteri-articulaires quitouchent les tissus mous (muscles tendons nerfsvaisseaux cartilages) Ils se traduisent principa-lement par des douleurs et une gecircne fonction-nelle souvent quotidiennes Parmi les plusfreacutequents on peut citer le syndrome du canalcarpien (SCC) au poignet les tendinopathies dela coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule et lrsquoeacutepicondylite

lateacuterale au coude lrsquohygroma au genou leslombalgies et les cervicalgies Lrsquointensiteacute de ladouleur et de la gecircne peuvent varier drsquounepersonne agrave lrsquoautre mais aussi au cours du tempspour une mecircme personne Leur graviteacute est lieacutee agraveleurs conseacutequences drsquoune part meacutedicales du faitdrsquoune chronicisation freacutequente et drsquoautre partprofessionnelles car source drsquoinaptitude au postede travail Bien que ces pathologies soient peuspectaculaires elles ont eacuteteacute reconnues commeproblegraveme majeur de santeacute publique au deacutebut desanneacutees 2000 [2] En 2006 les TMS des membreset les lombalgies repreacutesentaient 795 des mala-dies professionnelles (MP) reconnues par leReacutegime geacuteneacuteral avec 37 856 cas Le tableau 57(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures) repreacutesentait agrave lui-seul 73 des MP reconnues [3] Les TMS consti-tuent eacutegalement la premiegravere cause de journeacuteesde travail perdues du fait des arrecircts de travailavec la perte en 2006 de plus de sept millionsde journeacutees de travail

Ainsi les TMS constituent de loin la premiegraverecause de morbiditeacute lieacutee au travail morbiditeacute donton sait depuis longtemps qursquoelle est largementsous-estimeacutee par les statistiques des maladiesprofessionnelles notamment en raison de lasous-deacuteclaration fait confirmeacute par des eacutetudes

reacutecentes [45] La sous-deacuteclaration des maladiesprofessionnelles peut ecirctre lieacutee soit agrave un manquedrsquoinformation des victimes concernant la reacutegle-mentation et les proceacutedures agrave mettre en œuvreen vue de la reconnaissance soit agrave une meacutecon-naissance du caractegravere professionnel des mala-dies Elle peut aussi ecirctre le fait drsquoun refus dessalarieacutes drsquoeffectuer une deacuteclaration par craintedes conseacutequences neacutegatives tant sur leur emploi(changement de poste licenciement pour inapti-tude meacutedicale) que sur leur revenu (perte desalaire absence de promotion) drsquoautant plus queles meacutedecins traitants sont dans la majoriteacute descas insuffisamment formeacutes en matiegravere de mala-dies professionnelles et ainsi rarement en mesuredrsquoinformer et drsquoaccompagner la victime dans leprocessus de reconnaissance drsquoune maladieprofessionnelle

Jusqursquoagrave la mise en place par lrsquoInstitut de veillesanitaire (InVS) drsquoun programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des TMS les donneacuteesdrsquoenquecirctes eacutepideacutemiologiques disponibles enFrance portaient essentiellement sur des travail-leurs fortement exposeacutes Les donneacutees faisaientdeacutefaut pour deacutecrire plus preacuteciseacutement lrsquoeacutepideacutemiede TMS agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoensemble de la populationactive Le programme mis en œuvre agrave titre pilotedans les Pays de la Loire en 2002 avait pour

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 35

objectif de fournir une description des TMS et delrsquoexposition agrave leurs facteurs de risque Cettereacutegion a eacuteteacute choisie en raison de lrsquoexistence decompeacutetences et drsquoune expeacuterience longue deplusieurs anneacutees dans le champ de lrsquoeacutepideacutemio-logie des TMS Ce programme associait plusieursapproches compleacutementaires une surveillancedes pathologies dites traceuses en populationgeacuteneacuterale une surveillance des principaux TMSdes membres et des lombalgies en entreprise unesurveillance des maladies agrave caractegravere profes-sionnel deacuteclarables ou non en maladies profes-sionnelles Le volet de surveillance en entreprisea montreacute une preacutevalence eacuteleveacutee des TMS parmides salarieacutes au moins un des six principaux TMSdu membre supeacuterieur a eacuteteacute diagnostiqueacute chez15 des femmes et 11 des hommes drsquouneacutechantillon repreacutesentatif de 3 710 salarieacutes acircgeacutesde 20 agrave 59 ans avec une preacutevalence plus impor-tante des tendinopathies de la coiffe des rota-teurs que de celle du SCC [6] Dans ce mecircmeeacutechantillon 16 des hommes et 17 desfemmes ont deacuteclareacute des symptocircmes lombairesayant dureacute plus de 30 jours au cours de lrsquoanneacuteeeacutecouleacutee La freacutequence est comparable agrave celleretrouveacutee agrave partir drsquoenquecirctes nationales lapreacutevalence de lombalgie de plus de 30 jours eacutetantestimeacutee agrave 17 dans la population geacuteneacuterale de30 agrave 64 ans [7]

Trois grands types de facteurs jouent un rocircle dansla survenue des TMS les facteurs biomeacutecaniques(mouvements en force postures extrecircmes tellesque travail bras au-dessus des eacutepaules mouve-ments de torsion du poignet du tronc flexion etextension du coude reacutepeacutetitiviteacute des gesteseacuteleveacutee) les contraintes psychosociales (fortedemande psychologique faible soutien socialfaible latitude deacutecisionnelle) et les facteurs indi-viduels (acircge genre diabegravete hypothyroiumldie) Lasurveillance dans les entreprises des Pays de laLoire et lrsquoenquecircte nationale Sumer 2003 mettenten eacutevidence une exposition freacutequente des salarieacutesaux facteurs de risque biomeacutecaniques ainsiqursquoaux contraintes psychosociales [8] Ces deuxenquecirctes ont aussi montreacute que les inteacuterimaireseacutetaient particuliegraverement exposeacutes Sumer 2003reacutevegravele par exemple qursquoun inteacuterimaire de lrsquoindus-trie sur cinq et un inteacuterimaire de la constructionsur trois manipule des charges au moins 20heures par semaine [9] Crsquoest pourquoi nous leurconsacrons un article dans ce numeacutero (pp 45-47)

Une eacutepideacutemie qui nrsquoest paspropre agrave la FranceEn 2000 34 des travailleurs europeacuteens deacutecla-raient souffrir de problegravemes de dos 23 dedouleurs musculaires dans le cou et les eacutepauleset les TMS eacutetaient les pathologies les plus deacutecla-reacutees citeacutees en premiegravere position pour la peacuteriode1994 agrave 2000 dans six pays sur 10 [10] Les TMSoccupent eacutegalement la premiegravere place des mala-dies professionnelles reconnues dans plusieurspays (Belgique Espagne Finlande Luxembourget Suegravede) En revanche dans drsquoautres payscomme lrsquoAllemagne lrsquoAutriche la Gregravece et le

Portugal ils ne figurent pas parmi les cinq patho-logies professionnelles les plus reconnues Cecitient essentiellement aux diffeacuterences entre lessystegravemes de reacuteparation qui rendent difficiles lescomparaisons En 2005 le premier problegraveme desanteacute imputeacute au travail dont souffrent les travail-leurs de lrsquoUE-27 sont encore les douleurs rachi-diennes (25) et les douleurs musculaires auniveau du cou des eacutepaules ou des membres(23) [11] Au Canada lrsquoenquecircte queacutebeacutecoisesociale et de santeacute de 1998 portant sur un eacutechan-tillon de la population geacuteneacuterale de 11 735 sujetsmontrait qursquoun travailleur sur quatre rapportaitdes douleurs au bas du dos et pregraves drsquoun travail-leur sur cinq aux membres supeacuterieurs Plus de lamoitieacute de ces travailleurs reliaient leurs douleursau travail [12]La forte preacutevalence de lrsquoexposition profession-nelle aux facteurs de risque de TMS nrsquoest pas nonplus propre agrave la France La 4e enquecircte europeacuteennesur les conditions de travail montre qursquoen 2005presque un travailleur sur deux deacuteclare exercerson emploi dans des positions douloureuses etfatigantes et six travailleurs sur dix deacuteclarent ecirctresoumis agrave des gestes reacutepeacutetitifs de la main ou dubras au moins le quart du temps [11]

Une mobilisation essentielle detous les acteursLa mobilisation autour de cette question srsquoestbeaucoup deacuteveloppeacutee ces derniegraveres anneacutees Enteacutemoignent les campagnes aupregraves du grandpublic des chefs drsquoentreprise des salarieacutes et desprofessionnels de santeacute lanceacutees par le ministegraverechargeacute du Travail en avril 2008 Les TMSparlons-en pour les faire reculer et en mai2009 Les TMS la preacutevention on srsquoy met tousou la campagne europeacuteenne Alleacutegez la chargeconduite en 2007 sous lrsquoimpulsion de lrsquoAgenceeuropeacuteenne pour la seacutecuriteacute et la santeacute au travailEn teacutemoignent eacutegalement la Semaine de preacuteven-tion des TMS organiseacutee chaque anneacutee par laCaisse nationale drsquoassurance maladie des travail-leurs salarieacutes (Cnamts) ou encore la confeacuterenceLes troubles musculo-squelettiques dans lrsquoagro-alimentaire Parlons-en pour agir ensemblesous lrsquoeacutegide du ministegravere chargeacute de lrsquoAgricultureet du ministegravere chargeacute du TravailDans son projet de creacuteation et deacuteveloppementproposeacute en mars 1998 le Deacutepartement santeacutetravail de lrsquoInVS avait poseacute les grandes lignes desobjectifs et des meacutethodes pour la surveillance desrisques professionnels Celle-ci eacutetait naturelle-ment centreacutee prioritairement sur la productiondrsquoindicateurs laquo basiques raquo tels qursquoincidence etpreacutevalence par acircge sexe profession et secteurdrsquoactiviteacute Elle avait aussi pour objectif drsquoestimerle poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans lasurvenue des TMS par le calcul de fractions derisque attribuables Ce numeacutero preacutesente la varieacuteteacutedes connaissances qursquoun systegraveme de surveillanceen lrsquooccurrence celui des TMS peut geacuteneacuterer aufur et agrave mesure de sa mise en œuvre et des sujetsdrsquointeacuterecirct qui apparaissent au fil des anneacutees enfonction des reacutesultats et de lrsquoeacutevolution des preacuteoc-

cupations Crsquoest ainsi que le reacuteseau de surveil-lance des Pays de la Loire a permis de mieuxconnaicirctre le devenir meacutedical des sujets atteintsde TMS mais aussi les conseacutequences de lamaladie sur lrsquoemploi en termes drsquoarrecircts de travailde prise en charge par lrsquoAssurance maladie oudrsquoameacutenagement des conditions de travail eacutetudedu devenir des sujets atteints drsquoun SCC en popu-lation geacuteneacuterale ou de celui des sujets souffrantde tendinopathies de la coiffe des rotateurs agravelrsquoeacutepaule au pronostic plus deacutefavorable que lesautres TMS exploreacute gracircce agrave la cohorte des sala-rieacutes ligeacuteriens baptiseacutee CosaliLes donneacutees des Pays de la Loire reacutegion forte-ment industrialiseacutee seront utilement compleacuteteacuteespar lrsquoextension de ce programme en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur reacutegion ougrave preacutedo-mine le secteur tertiaire et pour laquelle les reacutesul-tats drsquoune surveillance du SCC opeacutereacute serontbientocirct disponibles Des donneacutees de surveillancefranciliennes sont en cours de recueil gracircce agrave unpartenariat entre lrsquoInVS et le Reacuteseau preacuteventionmain Icircle-de-France structure associative dontlrsquoobjectif est drsquoameacuteliorer la prise en chargeglobale des traumatismes de la main et dumembre supeacuterieur de favoriser les eacutechanges desavoir-faire et les coopeacuterations entre les diffeacute-rents professionnels impliqueacutes afin de preacutevenirautant que possible les seacutequelles fonctionnellespsychologiques et socioprofessionnellesGracircce agrave la participation de ces reacuteseaux (profes-sionnels de la santeacute au travail meacutedecins et chirur-giens libeacuteraux infirmiegraveres et travailleurssociaux) ce programme de surveillance eacutepideacute-miologique devrait aussi contribuer agrave articuler letravail de terrain et la production de connais-sances dans le domaine de la veille sanitaire etainsi agrave mieux orienter les actions de preacuteventiondurable et de maintien ou de retour en emploiface agrave ce deacutefi de la santeacute au travail que repreacute-sentent les TMS

Reacutefeacuterences

[1] Numeacutero theacutematique La surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques Bull Epideacutemiol Hebd200544-45217-28

[2] Hatzfeld N Lrsquoeacutemergence des troubles musculo-squelettiques (1982-1996) Sensibiliteacutes de terrain deacutefinitionsdrsquoexperts et deacutebats scientifiques Histoire amp Mesure200621(1)111-40

[3] Assurance maladie Risques professionnelshttpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

[4] Ha C Touranchet A Pubert M Roquelaure Y GoldbergM Imbernon E Un observatoire pilote des maladies agrave carac-tegravere professionnel Arch Mal Prof Env 200768223-32

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36 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

lrsquoenquecircte Sumer 2003 Documents pour le Meacutedecin duTravail nordm101 1er trimestre 2005

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Syndrome du canal carpien estimations de lrsquoincidence de la preacutevalence etdu poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans sa survenue dans les Pays de laLoire France 2002-2004Catherine Ha (chainvssantefr)1 Natacha Fouquet12 Yves Roquelaure2 Guy Raimbeau2 Annette Leclerc3 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail ndash Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le syndrome du canal carpien (SCC) repreacutesente lrsquoun des problegravemes desanteacute lieacutes au travail les plus freacutequents Il occupe le premier rang desmaladies professionnelles indemniseacutees du reacutegime geacuteneacuteral de la Seacutecuriteacutesociale Dans le cadre du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre en 2002 agrave titre pilotedans la reacutegion des Pays de la Loire le SCC a eacuteteacute retenu comme traceurdes TMS du membre supeacuterieur Ce programme associe plusieurs approchescompleacutementaires pour deacutecrire la situation eacutepideacutemiologique du SCC esti-mation de lrsquoincidence et de la part des cas attribuables agrave lrsquoactiviteacute profes-sionnelle en population geacuteneacuterale estimation de la preacutevalence en populationsalarieacutee Lrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee dans le Maine-et-Loiresrsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmes et 12 pour 1 000 hommes La preacutevalencedu SCC estimeacutee sur un eacutechantillon de salarieacutes de la reacutegion srsquoeacutelevait agrave40 chez les femmes et 24 chez les hommes se situant au 2e rangapregraves le syndrome de la coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule La part des casattribuables au travail est particuliegraverement eacuteleveacutee parmi les ouvriers etouvriegraveres et parmi les employeacutees Ces indicateurs ont eacuteteacute estimeacutes selonla profession et le secteur drsquoactiviteacute permettant drsquoidentifier ceux surlesquels les actions preacuteventives devront ecirctre mises en œuvre de faccedilonprioritaire

Carpal tunnel syndrome estimations of incidenceand prevalence rates and population attributablefraction of risk from the French Pays de la Loireregion 2002-2004

Carpal tunnel syndrome (CTS) represents one of the most frequent problemsoccurring in the working population In France CTS is the leading causeof workerrsquos compensation claims for occupational diseases CTS has beenchosen as the sentinel health event for upper limb musculoskeletal disorderswithin the work-related musculoskeletal disorders epidemiologic surveil-lance program implemented in 2002 in the French Pays de la Loire regionThis program combines several complementary components to describe theepidemiologic state of CTS incidence rates and the proportion of cases thatmight be attributable to work in the general population prevalence ratesamong the workers The average 12-month incidence of surgical CTS was27 in 1000 women and 12 in 1000 men in the Maine-et-Loire areaPrevalence rates of CTS estimated in a sample of workers from the wholeregion were 40 in women and 24 in men after shoulder cuff rotatorsyndrome The proportion of cases attributable to work was particularlyhigh among blue collar workers of both genders and among femaleemployees According to the occupational categories and economic sector ofactivity these estimations have allowed the identification of the ones forwhich intervention programs should be implemented as a priority

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail syndrome du canal carpien incidence preacutevalence Work-related musculoskeletal disorders carpal tunnelsyndrome incidence prevalence

IntroductionLe syndrome du canal carpien (SCC) traduit lacompression du nerf meacutedian lors de son passagesous le ligament annulaire anteacuterieur du carpe agravela base de la paume de la main Il se preacutesentetypiquement sous la forme drsquoacroparestheacutesiesdiurnes et nocturnes dans le territoire du nerfmeacutedian (face palmaire des trois premiers doigtset de la moitieacute interne du 4e doigt face dorsaledes mecircmes doigts au niveau des 2e et 3e

phalanges)Dans les statistiques de maladies professionnellesindemnisables (MPI) le SCC est le troublemusculo-squelettique TMS le plus freacutequent En2006 il constituait agrave lui seul 37 des MPI autitre du tableau 57 du reacutegime geacuteneacuteral de Seacutecuriteacutesociale devant les pathologies de lrsquoeacutepaule et ducoude et 28 de lrsquoensemble des MPI du mecircme

reacutegime [1] Les facteurs de risque professionnelsdu SCC sont bien eacutetablis mouvements reacutepeacutetitifsdu membre supeacuterieur travail en force mouve-ments de torsion du poignet utilisation de lapince pouce-index utilisation drsquoun outil vibrant[23] Crsquoest pour ces raisons que dans le cadredu programme de surveillance eacutepideacutemiologiquedes TMS mis en œuvre agrave titre pilote dans la reacutegiondes Pays de la Loire par lrsquoInstitut de veille sani-taire le SCC a eacuteteacute retenu comme pathologietraceuse pour les TMS du membre supeacuterieur [4]Ce programme vise agrave constituer un observatoiredes TMS drsquoorigine professionnelle Ses principauxobjectifs sont - de deacutecrire la freacutequence et lrsquoeacutevolution des prin-cipaux TMS et des conditions de travail qui leursont associeacutees et leur distribution par professionet secteur drsquoactiviteacute

- drsquoestimer la part des cas attribuables agrave lrsquoactiviteacuteprofessionnelle - drsquoexplorer lrsquoutilisation de donneacutees meacutedico-administratives agrave des fins de surveillance eacutepideacute-miologique - drsquoeacutevaluer la faisabiliteacute drsquoun tel systegraveme desurveillance avant drsquoenvisager son extension agravedrsquoautres reacutegions franccedilaisesLrsquoobjectif de cet article est de donner un brefaperccedilu des reacutesultats que le programme a permisde fournir pour deacutecrire la situation eacutepideacutemiolo-gique du SCC dans une reacutegion franccedilaise notam-ment en matiegravere drsquoidentification des professionset secteurs les plus toucheacutes

Population et meacutethodesLes Pays de la Loire sont constitueacutes de cinq deacutepar-tements avec au recensement Insee de 19993 222 061 habitants dont 1 105 943 travailleurs

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 37

salarieacutes Le programme pilote de surveillanceeacutepideacutemiologique mis en œuvre depuis 2002 danscette reacutegion associait trois principales approchescompleacutementaires

La premiegravere consistait en une estimation delrsquoincidence en population geacuteneacuterale de patholo-gies traceuses des TMS et de la contribution desfacteurs professionnels (profession secteurdrsquoactiviteacute) agrave la survenue de ces pathologies Lasurveillance du SCC mise en œuvre dans ledeacutepartement du Maine-et-Loire a reposeacute notam-ment sur lrsquoidentification reacutetrospective des casopeacutereacutes (libeacuteration du nerf meacutedian au canalcarpien en 2002 et 2003) agrave partir des donneacuteesdu programme de meacutedicalisation des systegravemesdrsquoinformation (PMSI) des deux principaux centresde chirurgie de la main du deacutepartement Lerecueil des donneacutees professionnelles a eacuteteacute reacutealiseacutepar auto-questionnaire adresseacute au domicile despatients et compleacuteteacute dans la mesure du possiblepour les non-reacutepondants par celles figurant dansles dossiers meacutedicauxLes taux drsquoincidence de SCC opeacutereacute ont eacuteteacute estimeacutesseacutepareacutement chez les femmes et chez les hommesen consideacuterant le sujet et non le poignet Ils onteacuteteacute calculeacutes en prenant au numeacuterateur les casopeacutereacutes reacutesidant dans le deacutepartement et au deacuteno-minateur les donneacutees du recensement les plusreacutecentes de la population du Maine-et-Loire(1999) La contribution des facteurs profession-nels agrave la survenue du SCC opeacutereacute a eacuteteacute quantifieacuteepar deux indicateurs - la fraction de risque de SCC opeacutereacute attribuableagrave une profession (ou un secteur drsquoactiviteacute) dansla population (Frap) repreacutesente la proportion descas observeacutes dans lrsquoensemble de la populationqui serait eacuteviteacutee si la profession (ou le secteur)ne preacutesentait pas un excegraves de risque Elle deacutependde la valeur du risque relatif (RR) de SCC opeacutereacuteassocieacute agrave la profession (ou au secteur) et de laproportion de sujets exerccedilant la profession (outravaillant dans le secteur) - la fraction de risque attribuable chez les exposeacutes(Frae) repreacutesente quant agrave elle la proportion decas de SCC opeacutereacute que lrsquoon peut attribuer speacuteci-fiquement au fait drsquoexercer une profession (ou detravailler dans un secteur drsquoactiviteacute) parmi les casqui surviennent dans cette profession (ou cesecteur) La Frae ne deacutepend que de la valeur duRR de SCC associeacute agrave la profession (ou au secteur)Le RR lieacute au fait de travailler dans une profession(ou un secteur) ajusteacute sur lrsquoacircge (par classe de10 ans) a eacuteteacute calculeacute par le rapport entre lrsquoinci-dence du SCC dans la profession consideacutereacutee (oule secteur) et lrsquoincidence du SCC dans le reste delrsquoeacutechantillon (actifs et inactifs inclus) chez leshommes et chez les femmes seacutepareacutement

La seconde approche a consisteacute en une estima-tion de la preacutevalence des principaux TMS dontle SCC et de lrsquoexposition aux facteurs de risqueen population salarieacutee Cette surveillance a eacuteteacutemise en œuvre dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 des meacutedecins du

travail de la reacutegion Entre 2002 et 2004 ils ontinclus 3 710 salarieacutes par tirage au sort durant lesvisites meacutedicales du travail Chacun des salarieacutestireacute au sort a rempli un auto-questionnairerecueillant drsquoune part des symptocircmes musculo-squelettiques des membres et du rachis nonspeacutecifiques deacuteriveacutes du questionnaire nordiqueet drsquoautre part des informations sur les activiteacutesprofessionnelles et les contraintes biomeacutecaniques(reacutepeacutetitiviteacute force postures extrecircmes) psychoso-ciales (demande psychologique soutien social autravail etc) et organisationnelles afin drsquoeacutevaluerleur exposition agrave des facteurs de risque de TMS[56] Les anteacuteceacutedents meacutedicaux facteurs derisque de TMS ont eacuteteacute recueillis par le mecircmeauto-questionnaire Au cours de la visite meacutedicaledu travail les sujets ont beacuteneacuteficieacute drsquoun examenclinique standardiseacute conforme agrave la deacutemarcheproposeacutee par le programme europeacuteen Saltsa pourla recherche en santeacute au travail [7]

Enfin les signalements des maladies agrave carac-tegravere professionnel (TMS et non TMS) ont eacuteteacutesysteacutematiquement enregistreacutes par un reacuteseau demeacutedecins du travail volontaires [8]

Quelle qursquoen soit lrsquoapproche les sujets concerneacutespar cette surveillance eacutetaient acircgeacutes de 20 agrave 59 ansSeuls les reacutesultats sur le SCC issus des deuxpremiegraveres approches sont preacutesenteacutes dans cetarticle

Reacutesultats

Incidence du SCC opeacutereacuteLrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee agravepartir des 1 500 cas (1 053 femmes et 447hommes) identifieacutes en 2002 et 2003 dans leMaine-et-Loire srsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmeset 12 pour 1 000 hommes Quelle que soit laclasse drsquoacircge lrsquoincidence eacutetait plus eacuteleveacutee chez lesfemmes la diffeacuterence eacutetant plus marqueacutee apregraves35 ans Lrsquoactiviteacute professionnelle des patients aumoment de lrsquoopeacuteration a eacuteteacute documenteacutee pour1 347 sujets Parmi eux 1 107 eacutetaient des actifsoccupeacutes (actifs ayant un emploi) au moment delrsquointervention chirurgicale

Professions preacutesentant une forteincidence et fractions de risqueattribuable selon la profession(tableau 1)Chez les femmes les incidences les plus eacuteleveacuteessrsquoobservaient pour les agricultrices les ouvriegraveresagricoles les ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel les ouvriegraveres qualifieacutees et non quali-fieacutees de type artisanal mais aussi pour desprofessions du secteur tertiaire comme lesemployeacutees civiles et agents de services lesemployeacutees de commerce et les personnels desservices directs aux particuliersChez les hommes des incidences eacuteleveacutees eacutetaientobserveacutees parmi les ouvriers qualifieacutes de typeartisanal les ouvriers qualifieacutes de la manutentionet du magasinage les ouvriers non qualifieacutes detype industriel les ouvriers agricoles les chauf-feurs les ouvriers qualifieacutes de type industriel

Chez les femmes la Frap estimeacutee pour lesouvriegraveres non qualifieacutees de lrsquoindustrie eacutetait de11 En drsquoautres termes 11 des cas de SCCopeacutereacute seraient eacuteviteacutes dans la population activefeacuteminine acircgeacutee de 20 agrave 59 ans si cette cateacutegorieprofessionnelle ne preacutesentait pas drsquoexcegraves derisque de SCC La Frap eacutetait infeacuterieure agrave 5 pourles autres cateacutegories professionnelles agrave risqueeacuteleveacute de SCC opeacutereacute ouvriegraveres agricoles (4)personnels des services directs aux particuliers(3) employeacutees du commerce (3) employeacuteesciviles et agents de service (3) La Frae variaiteacutegalement selon la profession ouvriegraveres agri-coles (74) ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel (69) et de type artisanal (50)employeacutees du commerce (46) personnels desservices directs aux particuliers (29) employeacuteesciviles et agents de service (23) En drsquoautrestermes 74 des cas de SCC opeacutereacute seraient eacuteviteacutesparmi les ouvriegraveres agricoles acircgeacutees de 20 agrave 59 anssi cette cateacutegorie professionnelle ne preacutesentaitpas drsquoexcegraves de risque de SCCChez les hommes la Frap estimeacutee eacutetait de 12pour les ouvriers qualifieacutes de type artisanal de10 pour les ouvriers non qualifieacutes de type indus-triel de 4 pour les ouvriers agricoles La Fraese situait autour de 60 pour ces trois cateacutegoriesprofessionnelles

Secteurs drsquoactiviteacute preacutesentantune forte incidence et fractionsde risque attribuable selon lesecteur drsquoactiviteacute (tableau 2)Les secteurs drsquoactiviteacute les plus toucheacutes eacutetaientlrsquoagriculture de nombreux secteurs industriels(agroalimentaire meacutetallurgie industrie automo-bile fabrication de mateacuteriel informatique indus-trie du meuble industrie du cuir et de lachaussure fabrication drsquoeacutequipements de radioteacuteleacutevision et communication) lrsquoassurance lespostes et teacuteleacutecommunications la santeacute et lrsquoactionsociale les transports terrestres des activiteacutes deservice (services personnels et domestiqueshocirctellerie et restauration) et le commerce dedeacutetailChez les femmes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient dans lrsquoensemble relativement basses (lesplus eacuteleveacutees autour de 3 eacutetaient observeacuteesdans lrsquoagriculture et le secteur de la santeacute) Lesvaleurs de Frae eacutetaient eacuteleveacutees dans lrsquoindustriede fabrication de mateacuteriel informatique (82)lrsquoassurance (71) lrsquoindustrie automobile (66)les services personnels (65) la fabrication demeubles (59) Elles se situaient autour de 50dans les industries alimentaires lrsquoindustrie ducuir et de la chaussure et lrsquoagricultureChez les hommes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient de lrsquoordre de 5 dans la construction LesFrae variaient entre 11 (administrationpublique) et 87 (meacutetallurgie) avec des valeursde lrsquoordre de 60 pour lrsquoindustrie du cuir lestransports terrestres le travail des meacutetaux

38 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction de la profession Pays de la Loire France 2002-2004Table 1 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by occupation Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agricultrices exploitantes 26 35 19 09 [06-14] - -Agricultrices sur moyenne exploitation (agricultrices et eacuteleveuses drsquoherbivoressur moyenne exploitation)

25 141 05 38 [25-56] 13 [07-21] 735 [606-821]

Employeacutees 354 30 305 12 [10-14] 55 [15-98] 161 [46-262]Employeacutees civiles et agents de service (agents de bureau agents de servicedes eacutetablissements drsquoenseignement et hospitaliers aides-soignantes)

137 33 106 13 [11-15] 30 [08-55] 226 [73-354]

Employeacutees du commerce (vendeuses en alimentation employeacutees de libreservice)

43 30 37 19 [14-25] 30 [13-53] 461 [268-603]

Personnels des services directs aux particuliers (serveuses coiffeusesassistantes maternelles employeacutees de maison de lrsquohocirctellerie)

122 42 75 14 [12-17] 30 [13-50] 291 [144-413]

Ouvriegraveres 259 54 124 24 [21-27] 146 [117-178] 580 [516-635]Ouvriegraveres qualifieacutees de type artisanal (cuisiniegraveres) 11 38 07 16 [09-29] 05 [00-14] 384 [00-660]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel (de lrsquoeacutelectriciteacute eacutelectronique demontage controcircle en meacutecanique de la chimie des industries agricoles dutravail du cuir et de la chaussure du tri de lrsquoemballage de lrsquoexpeacutedition manutentionnaires divers)

152 73 54 33 [27-39] 108 [86-134] 693 [636-742]

Ouvriegraveres non qualifieacutees de type artisanal (nettoyeuses) 26 45 15 20 [14-30] 15 [05-28] 500 [262-661]Ouvriegraveres agricoles (viticulture et arboriculture fruitiegravere maraicircchage ethorticulture)

50 80 16 38 [28-50] 43 [29-61] 736 [648-801]

Hommes

Ouvriers 235 17 359 25 [20-30] 343 [270-414] 593 [508-663]Ouvriers qualifieacutes de type industriel (ouvriers qualifieacutes travaillant parenlegravevement du meacutetal)

41 13 84 15 [11-20] 37 [04-78] 313 [50-504]

Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (jardiniers meacutecaniciens drsquoautomobilemenuisiers du bacirctiment maccedilons couvreurs bouchers cuisiniers)

78 24 83 27 [21-35] 124 [85-170] 630 [527-711]

Chauffeurs (conducteurs routiers et grands routiers livreurs coursiers) 21 15 35 16 [10-24] 19 [00-48] 360 [06-588]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport(magasiniers)

14 19 19 22 [13-37] 22 [05-49] 542 [221-731]

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel (montage controcircle en meacutecanique des industries agricoles du travail du cuir)

54 18 75 25 [19-33] 101 [61-150] 599 [464-701]

Ouvriers agricoles (drsquoeacutelevage) 19 16 30 25 [15-40] 43 [16-84] 600 [355-752]

La population de lrsquoeacutetude est de 1347 sujets Seuls les reacutesultats sur les cateacutegories professionnelles preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition agrave la profession dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute en utilisant lesbornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) chez les exposeacutes agrave cette profession

Preacutevalence du SCC cliniqueLrsquoeacutechantillon de 3 710 salarieacutes (58 drsquohommes)eacutetait repreacutesentatif pour lrsquoacircge la cateacutegorie socio-professionnelle et le secteur drsquoactiviteacute mais onobservait une sous-repreacutesentation des femmes(42 vs 47 pour la reacutegion)Le SCC occupait le 2e rang apregraves le syndrome dela coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule (85 chez lesfemmes et 66 chez les hommes) avec unepreacutevalence de 40 chez les femmes et 24chez les hommes Pour les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans la preacutevalence du SCC srsquoeacutelevait agrave 78chez les femmes et agrave 37 chez les hommesLes preacutevalences les plus eacuteleveacutees pour les femmeseacutetaient observeacutees parmi les ouvriegraveres agricoles etles ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel lesemployeacutees civiles agents de service et lesemployeacutees administratives drsquoentreprises et pourles hommes parmi les ouvriers qualifieacutes et nonqualifieacutes de type industriel et ouvriers qualifieacutesde la manutention du magasinage et du trans-port (tableau 3)

DiscussionCes diffeacuterentes approches en population geacuteneacute-rale et en entreprise ont montreacute leur inteacuterecirct etleur compleacutementariteacute pour deacutecrire la situationeacutepideacutemiologique du SCC en fonction de lrsquoacircge dusexe du secteur drsquoactiviteacute et de la professionLes professions identifieacutees par une incidenceeacuteleveacutee de SCC dans la population geacuteneacuterale figu-rent pour la majoriteacute drsquoentre elles parmi celles

preacutesentant une preacutevalence eacuteleveacutee parmi lessalarieacutesChez les femmes cette sur-incidence concernenon seulement des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute de SCC(ouvriegraveres agricoles et ouvriegraveres non qualifieacutees detype industriel) mais aussi des employeacutees decommerce et des employeacutees civiles et agents deservice Pour les hommes cette sur-incidenceconcerne surtout des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute (ouvriers agri-coles et ouvriers qualifieacutes de type artisanal detype industriel et de la manutention ouvriers nonqualifieacutes de type industriel)Les prioriteacutes drsquoaction pour la preacutevention du SCCdevront se concentrer sur les secteurs ou profes-sions ainsi identifieacutes La poursuite de cettesurveillance permettra drsquoaffiner la description dela distribution des cas en fonction des secteurset des professionsBien que ces estimations ne soient fondeacutees quesur les deux principaux centres de chirurgie de lamain du Maine-et-Loire (dans lesquels 70 deshabitants du deacutepartement sont opeacutereacutes pour SCC)et que les reacutesidents du Maine-et-Loire opeacutereacutesailleurs ne soient pas pris en compte ici les esti-mations de lrsquoincidence du SCC opeacutereacute agrave partir desdonneacutees de ces eacutetablissements de santeacute sont vrai-semblablement plus proches de la reacutealiteacute quecelles baseacutees sur le reacuteseau de meacutedecins neuro-physiologistes mis en œuvre parallegravelement dansle mecircme deacutepartement dans le cadre de cette

phase pilote du programme de surveillance desTMS et publieacutees ailleurs [910] Le reacuteseau deneurophysiologistes preacutesentait lrsquoavantage drsquounebonne valeur diagnostique de la deacutefinitionretenue pour le traceur SCC (association drsquoexplo-rations eacutelectromyographiques positives et desymptocircmes cliniques) mais les estimations obte-nues eacutetaient davantage sous-eacutevalueacutees qursquoicinotamment en raison drsquoune participation ineacutegaledes meacutedecins neurophysiologistes La meacutethodeutiliseacutee ici preacutesente lrsquoavantage drsquoune meilleureexhaustiviteacute tout en permettant un recueil satis-faisant de donneacutees professionnellesLa surveillance en entreprise a eacuteteacute lrsquooccasiondrsquoutiliser pour la premiegravere fois en France ladeacutemarche diagnostique standardiseacutee proposeacuteepar le programme europeacuteen Saltsa Elle a permisde produire des donneacutees preacutecises et nouvelles surla preacutevalence des principaux TMS du membresupeacuterieur drsquoen montrer lrsquoampleur et les varia-tions par secteur drsquoactiviteacute et profession [11]Avant toute extension de la surveillance du SCCil a eacuteteacute neacutecessaire drsquoeacutevaluer les avantages et lesinconveacutenients des diffeacuterentes approches et dereacutefleacutechir aux modaliteacutes de simplification desproceacutedures utiliseacutees Pour sa mise en œuvre dansle deacutepartement des Bouches du Rhocircne en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur le choix a eacuteteacute faitdrsquoidentifier de faccedilon prospective les sujets opeacutereacutesdrsquoun SCC dans les eacutetablissements de santeacute prati-quant ce type drsquointervention Des reacutesultats de

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Tableau 2 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction du secteur drsquoactiviteacute France 2002-2004 Table 2 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by sector of economic activity Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agriculture chasse services annexes 84 55 40 19 [15-24] 35 [21-53] 481 [351-585]Industries alimentaires 36 45 20 21 [15-30] 23 [11-39] 533 [349-665]Industrie du cuir et de la chaussure 46 47 25 19 [15-26] 23 [11-39] 487 [311-618]Fabrication de machines de bureau et de mateacuteriel informatique 5 53 02 54 [23-131] 11 [03-28] 816 [559-924]Fabrication drsquoeacutequipements de radio teacuteleacutevision etcommunication

13 39 09 18 [10-31] 07 [00-18] 444 [41-677]

Industrie automobile 6 49 03 30 [13-66] 06 [01-17] 663 [248-849]Fabrication de meubles industries diverses 12 51 06 24 [14-43] 09 [02-20] 589 [273-767]Commerce de deacutetail et reacuteparation drsquoarticles domestiques 58 27 54 13 [10-17] 18 [01-39] 249 [20-425]Hocirctels et restaurants 24 30 20 12 [08-18] 05 [00-17] 184 [00-455]Postes et teacuteleacutecommunications 15 42 09 16 [10-27] 06 [00-15] 381 [00-627]Assurance 9 49 05 34 [18-66] 11 [04-26] 709 [439-849]Santeacute et action sociale 174 33 135 13 [11-15] 34 [09-61] 206 [66-326]Services personnels 17 41 11 29 [18-47] 20 [08-37] 653 [439-786]Services domestiques 21 35 15 11 [07-17] 01 [00-10] 87 [00-408]

Hommes

Industries alimentaires 20 15 34 17 [11-27] 25 [04-56] 425 [96-634]Industrie du cuir et de la chaussure 12 20 15 27 [15-48] 25 [08-55] 629 [339-792]Meacutetallurgie 6 54 03 74 [33-165] 18 [07-43] 865 [697-940]Travail des meacutetaux 21 20 27 24 [15-37] 36 [14-68] 577 [343-727]Construction 55 17 82 16 [12-21] 47 [17-85] 378 [174-531]Transports terrestres 24 25 25 26 [17-40] 40 [18-70] 621 [426-750]Administration publique 28 13 56 11 [08-17] 07 [00-36] 112 [00-395]

La population de lrsquoeacutetude est de 1 347 sujets Seuls les reacutesultats sur les secteurs drsquoactiviteacute preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition au secteur drsquoactiviteacute dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute enutilisant les bornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) chez les exposeacutes agrave cesecteur drsquoactiviteacute

Tableau 3 Preacutevalence du SCC chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 selon la cateacutegorieprofessionnelle France 2002-2004 Table 3 Prevalence of CTS in employees from Pays de la Loire in2002-2004 by occupational category France 2002-2004

Effectifs SCC Preacutevalence SCC ()N n [IC 95]

Femmes

Employeacutees civiles et agents de service 212 13 61 [29-94]Employeacutees administratives drsquoentreprises 328 10 31 [12-49]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel 206 8 39 [12-65]Ouvriegraveres agricoles 21 7 333 [132-535]

Hommes

Ouvriers qualifieacutes de type industriel 347 11 32 [13-50]Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 273 11 40 [17-64]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport 129 5 39 [05-72]

[IC 95] Intervalle de confiance agrave 95

cette surveillance seront bientocirct disponibles(encadreacute p 41)Enfin une reacuteflexion est en cours pour construireagrave partir des donneacutees issues de ce programmedes indicateurs nationaux qui soient simplespertinents et reproductibles portant agrave la fois surla freacutequence du SCC et des expositions et sur lenombre de cas attribuables au travail agrave lrsquoeacutechellede la population franccedilaise permettant drsquoen suivrelrsquoeacutevolution et de mieux orienter et eacutevaluer lrsquoeffi-caciteacute des politiques de preacutevention en milieu detravail

Reacutefeacuterences

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40 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

Yvan Souaregraves (yvansouaressantegouvfr)12 Franck Sillam12 Catherine Ha1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France 2 Cellule interreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud Institut de veille sanitaire Marseille France

Depuis fin 2007 le Deacutepartement santeacute travailde lrsquoInstitut de veille sanitaire et la Celluleinterreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud ont mis enœuvre une eacutetude sur lrsquoincidence et les facteursde risque professionnels du syndrome du canalcarpien (SCC) opeacutereacute dans la population desBouches-du-Rhocircne Les objectifs de ce travailsont - estimer lrsquoincidence du SCC opeacutereacute dans lapopulation geacuteneacuterale de 20 agrave 64 ans - deacutecrire la distribution des SCC opeacutereacutes selonles caracteacuteristiques individuelles des patientset les facteurs drsquoexposition professionnelle etestimer la part de morbiditeacute lieacutee au travail - deacutecrire le devenir socioprofessionnel et fonc-tionnel agrave 6 mois des personnes opeacutereacutees drsquounSCC selon les caracteacuteristiques individuelles etdrsquoexposition professionnelle des patients et lareconnaissance ou non du caractegravere profes-sionnel de la pathologie (reconnaissance enmaladie professionnelle indemnisable)

Mateacuteriel et meacutethodesLrsquoeacutetude se deacuteroule en deux phases un recueilde donneacutees en peacuteri-opeacuteratoire pendant uneanneacutee centreacute sur les caracteacuteristiques indivi-duelles et les facteurs de risque professionnels(phase I) et 6 mois apregraves lrsquointervention chirur-gicale un recueil de donneacutees centreacute sur ledevenir socioprofessionnel des personnesopeacutereacutees (phase II) Le recrutement des patientssrsquoest fait agrave partir drsquoun reacuteseau deacutepartementalde chirurgiens de la main tous volontaires Leseacutequipes chirurgicales ont eacuteteacute preacutealablement

seacutelectionneacutees selon des critegraveres (a) drsquoactiviteacuteannuelle pour le SCC (b) de reacutepartition desbassins de population desservis dans lesBouches-du-Rhocircne et (c) des capaciteacutes agravecontribuer efficacement agrave la gestion du recueildes donneacutees (motivation administration exis-tence et disponibiliteacute drsquoun deacutepartementdrsquoinformation meacutedicale) Le protocole drsquoeacutetudea eacuteteacute mis agrave la disposition des chirurgiens etune version simplifieacutee a eacuteteacute reacutedigeacutee agrave lrsquointen-tion des eacutequipes parameacutedicales Les eacutequipesont preacutealablement eacuteteacute associeacutees au design dusystegraveme de monitorage des travaux puisformeacutees aux modaliteacutes pratiques de la collectede donneacutees Celle-ci a eacuteteacute organiseacutee autourdrsquoauto-questionnaires destineacutes aux patients(phases I et II) et de questionnaires preacute- etpost-opeacuteratoires compleacuteteacutes par les chirurgiens(phase I seulement) Les patients ont eacuteteacute inclusdans la phase I du 1er avril 2008 au 31 mars2009 La phase II a deacutebuteacute en octobre 2008et a pris fin en novembre 2009 en raison desrelances neacutecessaires aupregraves des patients pourle retour des questionnaires

Eacutetat drsquoavancementLe reacuteseau est constitueacute de 11 chirurgiensappartenant agrave trois structures (une publiqueet deux priveacutees) repreacutesentant six sites deconsultation et cinq sites opeacuteratoires Selonlrsquoanalyse du programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) pour la peacuteriode2003-2005 ces structures repreacutesentaient

environ 50 des interventions annuelles pourSCC dans les Bouches-du-RhocircnePhase IAu 1er juillet 2009 1 024 patients eacutetaientinclus en phase I Ce nombre est infeacuterieur aurecrutement attendu (gt 1 500) pour deuxraisons principales - le codage et lrsquoenregistrement des actesmeacutedicaux et des pathologies dans le PMSInous ont conduits agrave surestimer lrsquoincidenceattendue (deux enregistrements pour unmecircme patient opeacutereacute des deux poignets en unan) - la participation incomplegravete drsquoune des struc-tures pour des raisons de compliance delrsquoeacutequipe et de moyens inadapteacutes agrave lrsquoadminis-tration de lrsquoeacutetudePhase IIAu 1er aoucirct 2009 601621 patients avaientcompleacuteteacute et retourneacute le questionnaire de suiviagrave 6 mois soit un taux de reacuteponse de 968identique agrave celui obtenu dans le reacuteseau desPays de la Loire entre 2002 et 2004 [1]La saisie et lrsquoanalyse des donneacutees seront faitesseacutepareacutement pour chacune des deux phases delrsquoeacutetude Les reacutesultats sont attendus pour lepremier (phase I) et le deuxiegraveme (phase II)semestre 2010

Reacutefeacuterence

[1] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Nicolas GDescatha A Leclerc A et al Work increases the incidenceof carpal tunnel syndrome in the general populationMuscle amp Nerve 200837(4)477-82

Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves interventionchirurgicale pour un syndrome du canal carpien dans les Pays de la LoireElsa Parot-Schinkel (elsaschinkeluniv-angersfr)1 Yves Roquelaure1 Catherine Ha2 Annette Leclerc3 Jean-Franccedilois Chastang3 Alexis Descatha3 GuyRaimbeau4 Francis Chaise5

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Inserm U687 Villejuif France 4 Centre de la Main Angers France 5 Clinique Jeanne drsquoArc Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutetudier le pronostic professionnel apregraves intervention poursyndrome du canal carpienLes patients opeacutereacutes en 2002-2003 dans les Pays de la Loire ont rempli unautoquestionnaire1 248 questionnaires ont eacuteteacute retourneacutes (62) 253 hommes et 682 femmesdeacuteclaraient un emploi au moment de lrsquoopeacuteration Les facteurs de mauvaispronostic identifieacutes eacutetaient intervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique du membre supeacuterieur cateacutegorie socioprofessionnelleouvriers arrecirct de travail pour maladie professionnelle et imputabiliteacute parle patient agrave une cause professionnelleCette eacutetude souligne lrsquoimplication de multiples facteurs agrave prendre encompte pour le pronostic professionnel

Study of factors associated to occupational outcomeafter surgery for carpal tunnel syndrome in theFrench Pays de la Loire regionWe aimed to study the occupational outcome of carpal tunnel syndrome(CTS) after surgical release of the median nervePatients from the French Pays de la Loire region having undergone surgicalrelease of the median nerve in 2002-2003 filled out a mailed questionnaire1248 questionnaires were returned (62)A total of 253 men and 682 women declared being employed at the time ofthe surgery Factors associated with poor occupational outcome were theoccurrence of simultaneous intervention on another upper extremity muscu-loskeletal disorder belonging to the ldquoblue-collar workerrdquo occupational cate-gory to be on sick leave compensated by the occupational health insurancesystem and belief (of the patient) in an occupational causeThis study underlines the multifactorial nature of the occupational prog-nosis of CTS after surgeryMots cleacutes Key words

Syndrome du canal carpien maladie professionnelle pronostic troubles musculo-squelettiques Carpal tunnel syndrome occupational disease prognosismusculoskeletal disorders

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 41

Figure Meacutethode de seacutelection des sujets inclus France Pays de la Loire 2002-2003 Figure Methods for selecting subjects France Pays de la Loire 2002-2003

1 2 3 et 4 Diffeacuterences statistiquement significatives (plt005)

Non actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (120)Sex-ratio FemmesHommes 911

- 108 femmes 48 plusmn 7 ans2

- dont 60 femmes au foyer- dont 17 invaliditeacutes

- 12 hommes 50 plusmn 10 ans3

- dont 2 retraiteacutes- dont 2 demandeurs diacuteemploi

Reacutepondants (1 248)308 hommes et 940 femmes - 47 plusmn 9 ans

Non reacutepondants (777)240 hommes et 537 femmes - 46 plusmn 9 ans

Questionnaires envoyeacutes (2 025)548 hommes et 1 477 femmes

Actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (1 128)- Sex-ratio FemmesHommes 2811

- 832 femmes 46 plusmn 8 ans2

- 296 hommes 46 plusmn 9 ans3

Non actifs au moment de lrsquointervention (193)- Sex-ratio FemmesHommes 351- 150 femmes 46 plusmn 9 ans- 43 hommes 50 plusmn 8 ans4

Actifs au moment de lrsquointervention (935)- Sex-ratio FemmesHommes 271- 682 femmes 46 plusmn 8 ans- 253 hommes 45 plusmn 9 ans4

IntroductionEntre 80 000 et 100 000 personnes acircgeacutees de 20agrave 59 ans sont opeacutereacutees chaque anneacutee en Francedrsquoun syndrome du canal carpien (SCC) Le devenirprofessionnel des patients traiteacutes pour un SCCest un critegravere important du reacutesultat puisque lamajoriteacute drsquoentre eux est encore en activiteacute profes-sionnelle Connaicirctre les facteurs preacutedictifs de lanon-reprise du travail est neacutecessaire pour mieuxprendre en charge ces patients Lrsquoobjectif delrsquoeacutetude preacutesenteacutee ici est de deacutecrire le devenirprofessionnel des personnes opeacutereacutees pour SCC etdrsquoeacutetudier les facteurs individuels et professionnelsassocieacutes agrave un pronostic deacutefavorable en termes dereprise du travail dans la population de deuxdeacutepartements des Pays de la Loire reacutegion de miseen œuvre depuis 2002 drsquoun reacuteseau pilote desurveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques

MeacutethodesAgrave partir du Programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) deux groupeshomogegravenes de malades (Libeacuteration du canalcarpien et Libeacuteration du canal carpien enambulatoire) permettent de recenser tous lesreacutesumeacutes standardiseacutes de sortie relatifs auxseacutejours hospitaliers publics et priveacutes pour trai-tement chirurgical du SCC agrave lrsquoexception des raresinterventions faites au cours drsquointerventions pluslourdes Crsquoest ainsi que les personnes acircgeacutees de20 agrave 59 ans opeacutereacutees pour un SCC dans les struc-tures de soins du Maine-et-Loire (pour les anneacutees2002 et 2003) et de la Loire-Atlantique (pourlrsquoanneacutee 2003) et domicilieacutees dans ces deacuteparte-ments ont eacuteteacute identifieacutees Seuls les seacutejours issusdes trois principaux centres de chirurgie de lamain de ces deacutepartements ont eacuteteacute eacutetudieacutes repreacute-sentant selon les donneacutees du PMSI de lrsquoanneacutee2002 trois quarts des seacutejours pour chirurgie duSCC chez les reacutesidents du mecircme acircge et de cesmecircmes deacutepartements Les donneacutees ont eacuteteacuterecueillies par questionnaire adresseacute par voiepostale en 2004 (soit en moyenne un an et demiapregraves lrsquointervention) aux patients eacuteligibles pourcette eacutetude soit 1 258 dans le Maine-et-Loire et766 en Loire-Atlantique (apregraves exclusion de 68patients sans adresse) Le questionnaire exploraitlrsquohistoire meacutedicale et professionnelle (sur les cinqanneacutees avant lrsquointervention) et les conditions deretour au travail Lrsquoanalyse des donneacutees a eacuteteacutereacutealiseacutee en consideacuterant les sujets et non lespoignets en cas drsquointervention sur les deuxpoignets le sujet nrsquoest donc compteacute qursquoune foisLes facteurs associeacutes au deacutelai de reprise du travailapregraves intervention ont eacuteteacute eacutetudieacutes par desanalyses de survie restreintes aux sujets deacuteclarantun emploi au moment de lrsquoopeacuteration (actifsoccupeacutes) seacutepareacutement chez les hommes et lesfemmes en univarieacute par la meacutethode de KaplanMeier et le test du Log Rank et en multivarieacutepar un modegravele de reacutegression semi-parameacutetriqueagrave risques proportionnels de Cox avec une esti-mation des Hazard Ratios ajusteacutes (HR) Le deacutepar-tement (Maine-et-Loire Loire-Atlantique) et lrsquoacircge

ont eacuteteacute forceacutes dans le modegravele afin drsquoajuster lesestimations des autres risques relatifs sur cesvariables le seuil de significativiteacute choisi pourinclure les autres variables dans lrsquoanalyse multi-varieacutee eacutetait de 020 Le critegravere de jugement estle deacutelai de reprise du travail apregraves lrsquointerventionLes personnes nrsquoayant pas repris le travail aumoment du remplissage du questionnaire ont eacuteteacutecensureacutees avec un deacutelai correspondant agrave celuientre la date de lrsquoopeacuteration et celle du remplis-sage du questionnaire

ReacutesultatsLe taux de reacuteponse a eacuteteacute de 62 (1 248 ques-tionnaires) 58 pour le Maine-et-Loire et 64pour la Loire-Atlantique Parmi les personnesactives professionnellement au cours des cinqderniegraveres anneacutees (figure) 253 hommes (82) et682 femmes (73) ont deacuteclareacute un emploi aumoment de leur intervention soit 935 actifsoccupeacutes parmi lesquels 90 des hommes et 92des femmes ont deacuteclareacute avoir repris leur activiteacuteprofessionnelle au moment de lrsquoenquecircte Le deacutelaimeacutedian de reprise du travail eacutetait de 60 joursquel que soit le sexe La reprise professionnellesrsquoeffectuait principalement au mecircme poste (83pour les hommes et 85 pour les femmes) aumecircme poste mais ameacutenageacute (respectivement 7et 8) ou agrave un autre poste (respectivement 8et 5) La reprise dans une autre entreprise eacutetaitrare (2) Pour 6 des hommes et 7 desfemmes la reprise se faisait par un travail agravemi-temps drsquoune dureacutee moyenne de quatre moischez les hommes et trois mois chez les femmes

La probabiliteacute de reprise du travail agrave trois moisest drsquoenviron 71 chez les hommes et 76 chezles femmes agrave un an de 88 chez les hommeset 91 chez les femmes Lrsquoanalyse multivarieacutee(tableau) montre que la preacutesence drsquoau moins uneintervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique (TMS) du membre supeacute-rieur est associeacutee agrave un plus mauvais pronostic enterme de reprise du travail (HR 21[13-34] chezles hommes et 14[10-19] chez les femmes)ainsi que pour les femmes seulement le fait debeacuteneacuteficier drsquoun arrecirct de travail pour maladieprofessionnelle apregraves lrsquointervention (18 [14-24])et lrsquoimputabiliteacute subjective du SCC agrave une causeprofessionnelle (22 [13-37]) Les cadres ont unmeilleur pronostic professionnel que les ouvriersquel que soit le sexe (01 [00-04] pour leshommes et 05 [03-09] pour les femmes)

DiscussionLes facteurs de mauvais pronostic les plusrobustes observeacutes dans notre eacutetude sont ainsi lapreacutesence drsquoau moins une intervention simultaneacuteesur un autre TMS du membre supeacuterieur le faitdrsquoecirctre en arrecirct de travail pour maladie profes-sionnelle et lrsquoappartenance agrave la cateacutegorie profes-sionnelle des ouvriers qui peut ecirctre consideacutereacuteecomme un indicateur indirect de contraintesprofessionnelles Ce reacutesultat souligne en accordavec drsquoautres eacutetudes [1-3] que le pronosticprofessionnel apregraves intervention pour un SCC estdeacutetermineacute par plusieurs facteurs lieacutes agrave la cateacute-gorie socioprofessionnelle et aux contraintesprofessionnelles Une eacutevaluation fine de ces

42 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

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Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 43

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

44 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

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Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

[5] Nomenclature des activiteacutes et des produits franccedilaiseNAF-CPF Paris Insee 2000

[6] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion Arthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

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[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

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La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 2: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Sommaire deacutetailleacute Table of contents

TMS DrsquoORIGINE PROFESSIONNELLE UNE PREacuteOCCUPATION MAJEUREWORK-RELATED MSDS A MAJOR CONCERN

p35 Troubles musculo-squelettiques drsquoorigine professionnelle en France Ougrave en est-on aujourdrsquohui Work-related musculoskeletal disorders in France What is the situation today

p37 Syndrome du canal carpien estimations de lrsquoincidence de la preacutevalence et du poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans sasurvenue dans les Pays de la Loire France 2002-2004Carpal tunnel syndrome estimations of incidence and prevalence rates and population attributable fraction of risk from the French Pays dela Loire region 2002-2004

p41 Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

p41 Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves intervention chirurgicale pour un syndrome du canal carpiendans les Pays de la LoireStudy of factors associated to occupational outcome after surgery for carpal tunnel syndrome in the French Pays de la Loire region

p43 Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome de la coiffe des rotateursCOSALI preliminary results of the follow-up of salaried workers suffering from rotator cuff syndrome

p45 Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition au risque dans les entreprises des Pays de laLoire reacutesultats chez les ouvriers inteacuterimairesEpidemiological surveillance of upper-limb MSDs and risk exposure in the French Pays de la Loire companies results found in temporaryblue-collar workers

p48 Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnels dans les entreprises des Pays de la LoireLow-back pain and occupational risk factors surveillance in the working population of the French Pays de la Loire region

p51 Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

p52 Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel en 2007Box - Prevalence of musculoskeletal disorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

p54 Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

p55 Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiquesAssessment and perspectives of the epidemiological surveillance program of musculoskeletal disorders

p56 Encadreacute - PREMUS 2010 - 7egraveme Congregraves international sur la preacutevention des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

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Troubles musculo-squelettiques drsquoorigine professionnelle en FranceOugrave en est-on aujourdrsquohui Catherine Ha (chainvssantefr)1 Yves Roquelaure2

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France

Reacutesumeacute Abstract

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) repreacutesentent aujourdrsquohui lrsquounedes questions les plus preacuteoccupantes en santeacute au travail Ils constituentla premiegravere cause de morbiditeacute lieacutee au travail morbiditeacute de surcroicirct large-ment sous-estimeacutee par les statistiques de maladies professionnellesnotamment du fait de la sous-deacuteclaration Ce pheacutenomegravene nrsquoest pas propreagrave la France En 2005 le premier problegraveme de santeacute imputeacute au travail dontsouffrent les travailleurs de lrsquoUnion europeacuteenne sont les douleurs rachi-diennes des eacutepaules ou des membres et les TMS occupent la premiegravereplace des maladies professionnelles reconnues dans plusieurs paysdrsquoEurope Le programme de surveillance eacutepideacutemiologique des TMS mis enœuvre depuis 2002 dans les Pays de la Loire a permis de deacutecrire pluspreacuteciseacutement cette eacutepideacutemie agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoensemble de la populationactive drsquoestimer le poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans leur survenuemais aussi de mieux connaicirctre le devenir meacutedical et professionnel dessujets atteints de TMS Les donneacutees des Pays de la Loire seront bientocirctenrichies par celles des reacutegions Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur et Icircle-de-France La mobilisation autour de cette question srsquoest beaucoup deacuteve-loppeacutee ces derniegraveres anneacutees et devra se maintenir face agrave ce deacutefi de lasanteacute au travail que repreacutesentent les TMS

Work-related musculoskeletal disorders in FranceWhat is the situation today

Musculoskeletal disorders (MSDs) represent one of the most worrying issuesin occupational health today They are the leading cause of morbidity atwork morbidity widely underestimated by the statistics of workersrsquo compen-sation claims for occupational diseases It is not a French specific pheno-menon In 2005 the most often reported problem linked to work by EuropeanUnion workers are MSDs (backache and muscular pains) MSDs are alsothe first cause of compensated occupational diseases in several EuropeancountriesThe epidemiological surveillance program for work-related MSDs imple-mented in 2002 in Francersquos Pays de la Loire region has allowed a betterdescription of the current increased number of MSDs on a population scalean assessment of the proportion of cases attributable to work exposure anda better knowledge of the medical and professional evolution of patientssuffering from MSDs The data of Pays de la Loire region will be enhancedin the near future by those from Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur and Icircle-de-France regions Mobilisation around this question has been increasingconsiderably these last few years and should be maintained in order to facethis occupational health challenge

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail surveillance eacutepideacutemiologique maladies professionnelles Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance occupational diseases

Les TMS en France unepreacuteoccupation majeure de santeacuteau travailIl y a quatre ans un premier numeacutero theacutematiquedu BEH eacutetait consacreacute agrave la surveillance eacutepideacutemio-logique des troubles musculo-squelettiques (TMS)drsquoorigine professionnelle paraissant le jour-mecircme ougrave un symposium sur le sujet organiseacute parle Deacutepartement santeacute travail de lrsquoInstitut de veillesanitaire (InVS) se tenait au ministegravere chargeacute dela santeacute [1] Parlant drsquoune nouvelle eacutepideacutemielrsquoeacuteditorial du Pr Jean-Franccedilois Caillard soulignaitque les TMS repreacutesentaient lrsquoune des questionsles plus preacuteoccupantes en santeacute au travail Lespreacutemices de cette eacutepideacutemie se sont annonceacuteesen France au deacutebut des anneacutees 1990 avec lrsquoaug-mentation reacuteguliegravere et qui nrsquoa pas cesseacute depuisdes maladies professionnelles indemniseacutees duReacutegime geacuteneacuteral de la seacutecuriteacute sociale mais aussidu Reacutegime agricole Les TMS recouvrent un largeensemble drsquoaffections peacuteri-articulaires quitouchent les tissus mous (muscles tendons nerfsvaisseaux cartilages) Ils se traduisent principa-lement par des douleurs et une gecircne fonction-nelle souvent quotidiennes Parmi les plusfreacutequents on peut citer le syndrome du canalcarpien (SCC) au poignet les tendinopathies dela coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule et lrsquoeacutepicondylite

lateacuterale au coude lrsquohygroma au genou leslombalgies et les cervicalgies Lrsquointensiteacute de ladouleur et de la gecircne peuvent varier drsquounepersonne agrave lrsquoautre mais aussi au cours du tempspour une mecircme personne Leur graviteacute est lieacutee agraveleurs conseacutequences drsquoune part meacutedicales du faitdrsquoune chronicisation freacutequente et drsquoautre partprofessionnelles car source drsquoinaptitude au postede travail Bien que ces pathologies soient peuspectaculaires elles ont eacuteteacute reconnues commeproblegraveme majeur de santeacute publique au deacutebut desanneacutees 2000 [2] En 2006 les TMS des membreset les lombalgies repreacutesentaient 795 des mala-dies professionnelles (MP) reconnues par leReacutegime geacuteneacuteral avec 37 856 cas Le tableau 57(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures) repreacutesentait agrave lui-seul 73 des MP reconnues [3] Les TMS consti-tuent eacutegalement la premiegravere cause de journeacuteesde travail perdues du fait des arrecircts de travailavec la perte en 2006 de plus de sept millionsde journeacutees de travail

Ainsi les TMS constituent de loin la premiegraverecause de morbiditeacute lieacutee au travail morbiditeacute donton sait depuis longtemps qursquoelle est largementsous-estimeacutee par les statistiques des maladiesprofessionnelles notamment en raison de lasous-deacuteclaration fait confirmeacute par des eacutetudes

reacutecentes [45] La sous-deacuteclaration des maladiesprofessionnelles peut ecirctre lieacutee soit agrave un manquedrsquoinformation des victimes concernant la reacutegle-mentation et les proceacutedures agrave mettre en œuvreen vue de la reconnaissance soit agrave une meacutecon-naissance du caractegravere professionnel des mala-dies Elle peut aussi ecirctre le fait drsquoun refus dessalarieacutes drsquoeffectuer une deacuteclaration par craintedes conseacutequences neacutegatives tant sur leur emploi(changement de poste licenciement pour inapti-tude meacutedicale) que sur leur revenu (perte desalaire absence de promotion) drsquoautant plus queles meacutedecins traitants sont dans la majoriteacute descas insuffisamment formeacutes en matiegravere de mala-dies professionnelles et ainsi rarement en mesuredrsquoinformer et drsquoaccompagner la victime dans leprocessus de reconnaissance drsquoune maladieprofessionnelle

Jusqursquoagrave la mise en place par lrsquoInstitut de veillesanitaire (InVS) drsquoun programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des TMS les donneacuteesdrsquoenquecirctes eacutepideacutemiologiques disponibles enFrance portaient essentiellement sur des travail-leurs fortement exposeacutes Les donneacutees faisaientdeacutefaut pour deacutecrire plus preacuteciseacutement lrsquoeacutepideacutemiede TMS agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoensemble de la populationactive Le programme mis en œuvre agrave titre pilotedans les Pays de la Loire en 2002 avait pour

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objectif de fournir une description des TMS et delrsquoexposition agrave leurs facteurs de risque Cettereacutegion a eacuteteacute choisie en raison de lrsquoexistence decompeacutetences et drsquoune expeacuterience longue deplusieurs anneacutees dans le champ de lrsquoeacutepideacutemio-logie des TMS Ce programme associait plusieursapproches compleacutementaires une surveillancedes pathologies dites traceuses en populationgeacuteneacuterale une surveillance des principaux TMSdes membres et des lombalgies en entreprise unesurveillance des maladies agrave caractegravere profes-sionnel deacuteclarables ou non en maladies profes-sionnelles Le volet de surveillance en entreprisea montreacute une preacutevalence eacuteleveacutee des TMS parmides salarieacutes au moins un des six principaux TMSdu membre supeacuterieur a eacuteteacute diagnostiqueacute chez15 des femmes et 11 des hommes drsquouneacutechantillon repreacutesentatif de 3 710 salarieacutes acircgeacutesde 20 agrave 59 ans avec une preacutevalence plus impor-tante des tendinopathies de la coiffe des rota-teurs que de celle du SCC [6] Dans ce mecircmeeacutechantillon 16 des hommes et 17 desfemmes ont deacuteclareacute des symptocircmes lombairesayant dureacute plus de 30 jours au cours de lrsquoanneacuteeeacutecouleacutee La freacutequence est comparable agrave celleretrouveacutee agrave partir drsquoenquecirctes nationales lapreacutevalence de lombalgie de plus de 30 jours eacutetantestimeacutee agrave 17 dans la population geacuteneacuterale de30 agrave 64 ans [7]

Trois grands types de facteurs jouent un rocircle dansla survenue des TMS les facteurs biomeacutecaniques(mouvements en force postures extrecircmes tellesque travail bras au-dessus des eacutepaules mouve-ments de torsion du poignet du tronc flexion etextension du coude reacutepeacutetitiviteacute des gesteseacuteleveacutee) les contraintes psychosociales (fortedemande psychologique faible soutien socialfaible latitude deacutecisionnelle) et les facteurs indi-viduels (acircge genre diabegravete hypothyroiumldie) Lasurveillance dans les entreprises des Pays de laLoire et lrsquoenquecircte nationale Sumer 2003 mettenten eacutevidence une exposition freacutequente des salarieacutesaux facteurs de risque biomeacutecaniques ainsiqursquoaux contraintes psychosociales [8] Ces deuxenquecirctes ont aussi montreacute que les inteacuterimaireseacutetaient particuliegraverement exposeacutes Sumer 2003reacutevegravele par exemple qursquoun inteacuterimaire de lrsquoindus-trie sur cinq et un inteacuterimaire de la constructionsur trois manipule des charges au moins 20heures par semaine [9] Crsquoest pourquoi nous leurconsacrons un article dans ce numeacutero (pp 45-47)

Une eacutepideacutemie qui nrsquoest paspropre agrave la FranceEn 2000 34 des travailleurs europeacuteens deacutecla-raient souffrir de problegravemes de dos 23 dedouleurs musculaires dans le cou et les eacutepauleset les TMS eacutetaient les pathologies les plus deacutecla-reacutees citeacutees en premiegravere position pour la peacuteriode1994 agrave 2000 dans six pays sur 10 [10] Les TMSoccupent eacutegalement la premiegravere place des mala-dies professionnelles reconnues dans plusieurspays (Belgique Espagne Finlande Luxembourget Suegravede) En revanche dans drsquoautres payscomme lrsquoAllemagne lrsquoAutriche la Gregravece et le

Portugal ils ne figurent pas parmi les cinq patho-logies professionnelles les plus reconnues Cecitient essentiellement aux diffeacuterences entre lessystegravemes de reacuteparation qui rendent difficiles lescomparaisons En 2005 le premier problegraveme desanteacute imputeacute au travail dont souffrent les travail-leurs de lrsquoUE-27 sont encore les douleurs rachi-diennes (25) et les douleurs musculaires auniveau du cou des eacutepaules ou des membres(23) [11] Au Canada lrsquoenquecircte queacutebeacutecoisesociale et de santeacute de 1998 portant sur un eacutechan-tillon de la population geacuteneacuterale de 11 735 sujetsmontrait qursquoun travailleur sur quatre rapportaitdes douleurs au bas du dos et pregraves drsquoun travail-leur sur cinq aux membres supeacuterieurs Plus de lamoitieacute de ces travailleurs reliaient leurs douleursau travail [12]La forte preacutevalence de lrsquoexposition profession-nelle aux facteurs de risque de TMS nrsquoest pas nonplus propre agrave la France La 4e enquecircte europeacuteennesur les conditions de travail montre qursquoen 2005presque un travailleur sur deux deacuteclare exercerson emploi dans des positions douloureuses etfatigantes et six travailleurs sur dix deacuteclarent ecirctresoumis agrave des gestes reacutepeacutetitifs de la main ou dubras au moins le quart du temps [11]

Une mobilisation essentielle detous les acteursLa mobilisation autour de cette question srsquoestbeaucoup deacuteveloppeacutee ces derniegraveres anneacutees Enteacutemoignent les campagnes aupregraves du grandpublic des chefs drsquoentreprise des salarieacutes et desprofessionnels de santeacute lanceacutees par le ministegraverechargeacute du Travail en avril 2008 Les TMSparlons-en pour les faire reculer et en mai2009 Les TMS la preacutevention on srsquoy met tousou la campagne europeacuteenne Alleacutegez la chargeconduite en 2007 sous lrsquoimpulsion de lrsquoAgenceeuropeacuteenne pour la seacutecuriteacute et la santeacute au travailEn teacutemoignent eacutegalement la Semaine de preacuteven-tion des TMS organiseacutee chaque anneacutee par laCaisse nationale drsquoassurance maladie des travail-leurs salarieacutes (Cnamts) ou encore la confeacuterenceLes troubles musculo-squelettiques dans lrsquoagro-alimentaire Parlons-en pour agir ensemblesous lrsquoeacutegide du ministegravere chargeacute de lrsquoAgricultureet du ministegravere chargeacute du TravailDans son projet de creacuteation et deacuteveloppementproposeacute en mars 1998 le Deacutepartement santeacutetravail de lrsquoInVS avait poseacute les grandes lignes desobjectifs et des meacutethodes pour la surveillance desrisques professionnels Celle-ci eacutetait naturelle-ment centreacutee prioritairement sur la productiondrsquoindicateurs laquo basiques raquo tels qursquoincidence etpreacutevalence par acircge sexe profession et secteurdrsquoactiviteacute Elle avait aussi pour objectif drsquoestimerle poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans lasurvenue des TMS par le calcul de fractions derisque attribuables Ce numeacutero preacutesente la varieacuteteacutedes connaissances qursquoun systegraveme de surveillanceen lrsquooccurrence celui des TMS peut geacuteneacuterer aufur et agrave mesure de sa mise en œuvre et des sujetsdrsquointeacuterecirct qui apparaissent au fil des anneacutees enfonction des reacutesultats et de lrsquoeacutevolution des preacuteoc-

cupations Crsquoest ainsi que le reacuteseau de surveil-lance des Pays de la Loire a permis de mieuxconnaicirctre le devenir meacutedical des sujets atteintsde TMS mais aussi les conseacutequences de lamaladie sur lrsquoemploi en termes drsquoarrecircts de travailde prise en charge par lrsquoAssurance maladie oudrsquoameacutenagement des conditions de travail eacutetudedu devenir des sujets atteints drsquoun SCC en popu-lation geacuteneacuterale ou de celui des sujets souffrantde tendinopathies de la coiffe des rotateurs agravelrsquoeacutepaule au pronostic plus deacutefavorable que lesautres TMS exploreacute gracircce agrave la cohorte des sala-rieacutes ligeacuteriens baptiseacutee CosaliLes donneacutees des Pays de la Loire reacutegion forte-ment industrialiseacutee seront utilement compleacuteteacuteespar lrsquoextension de ce programme en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur reacutegion ougrave preacutedo-mine le secteur tertiaire et pour laquelle les reacutesul-tats drsquoune surveillance du SCC opeacutereacute serontbientocirct disponibles Des donneacutees de surveillancefranciliennes sont en cours de recueil gracircce agrave unpartenariat entre lrsquoInVS et le Reacuteseau preacuteventionmain Icircle-de-France structure associative dontlrsquoobjectif est drsquoameacuteliorer la prise en chargeglobale des traumatismes de la main et dumembre supeacuterieur de favoriser les eacutechanges desavoir-faire et les coopeacuterations entre les diffeacute-rents professionnels impliqueacutes afin de preacutevenirautant que possible les seacutequelles fonctionnellespsychologiques et socioprofessionnellesGracircce agrave la participation de ces reacuteseaux (profes-sionnels de la santeacute au travail meacutedecins et chirur-giens libeacuteraux infirmiegraveres et travailleurssociaux) ce programme de surveillance eacutepideacute-miologique devrait aussi contribuer agrave articuler letravail de terrain et la production de connais-sances dans le domaine de la veille sanitaire etainsi agrave mieux orienter les actions de preacuteventiondurable et de maintien ou de retour en emploiface agrave ce deacutefi de la santeacute au travail que repreacute-sentent les TMS

Reacutefeacuterences

[1] Numeacutero theacutematique La surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques Bull Epideacutemiol Hebd200544-45217-28

[2] Hatzfeld N Lrsquoeacutemergence des troubles musculo-squelettiques (1982-1996) Sensibiliteacutes de terrain deacutefinitionsdrsquoexperts et deacutebats scientifiques Histoire amp Mesure200621(1)111-40

[3] Assurance maladie Risques professionnelshttpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

[4] Ha C Touranchet A Pubert M Roquelaure Y GoldbergM Imbernon E Un observatoire pilote des maladies agrave carac-tegravere professionnel Arch Mal Prof Env 200768223-32

[5] Verger P Viau A Arnaud S Cabut S Saliba ML Iarmar-covai G et al Barriers to physician reporting of workersrsquocompensation cases in France Int J Occup Environ Health200814198-205

[6] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire Network OccupEnviron Med 200966471-9

[7] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 200750633-9

[8] Arnaudo B Magaud-Camus I Sandret D Coutrot TFloury MC Guignon N et al Exposition aux risques et auxpeacutenibiliteacutes du travail de 1994 agrave 2003 Premiers reacutesultats de

36 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

lrsquoenquecircte Sumer 2003 Documents pour le Meacutedecin duTravail nordm101 1er trimestre 2005

[9] Dares La manutention manuelle de charges en 2003 la meacutecanisation nrsquoa pas tout reacutegleacute Premiegraveres synthegravesesMars 2006113

[10] Eurogip Les maladies professionnelles dans 15 payseuropeacuteens Paris Eurogip 2002 52 p

[11] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Fondation europeacuteenne pour lrsquoameacutelioration desconditions de vie et de travail Fourth Europan workingconditions survey Luxembourg Office for official publica-

tions of the European communities 2007 pp 29-34httpwwweurofoundeuropaeupubdocs200698en2ef0698enpdf

[12] Stock S La surveillance des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail au Queacutebec Bull Epideacutemiol Hebd200640-1319-22

Syndrome du canal carpien estimations de lrsquoincidence de la preacutevalence etdu poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans sa survenue dans les Pays de laLoire France 2002-2004Catherine Ha (chainvssantefr)1 Natacha Fouquet12 Yves Roquelaure2 Guy Raimbeau2 Annette Leclerc3 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail ndash Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le syndrome du canal carpien (SCC) repreacutesente lrsquoun des problegravemes desanteacute lieacutes au travail les plus freacutequents Il occupe le premier rang desmaladies professionnelles indemniseacutees du reacutegime geacuteneacuteral de la Seacutecuriteacutesociale Dans le cadre du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre en 2002 agrave titre pilotedans la reacutegion des Pays de la Loire le SCC a eacuteteacute retenu comme traceurdes TMS du membre supeacuterieur Ce programme associe plusieurs approchescompleacutementaires pour deacutecrire la situation eacutepideacutemiologique du SCC esti-mation de lrsquoincidence et de la part des cas attribuables agrave lrsquoactiviteacute profes-sionnelle en population geacuteneacuterale estimation de la preacutevalence en populationsalarieacutee Lrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee dans le Maine-et-Loiresrsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmes et 12 pour 1 000 hommes La preacutevalencedu SCC estimeacutee sur un eacutechantillon de salarieacutes de la reacutegion srsquoeacutelevait agrave40 chez les femmes et 24 chez les hommes se situant au 2e rangapregraves le syndrome de la coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule La part des casattribuables au travail est particuliegraverement eacuteleveacutee parmi les ouvriers etouvriegraveres et parmi les employeacutees Ces indicateurs ont eacuteteacute estimeacutes selonla profession et le secteur drsquoactiviteacute permettant drsquoidentifier ceux surlesquels les actions preacuteventives devront ecirctre mises en œuvre de faccedilonprioritaire

Carpal tunnel syndrome estimations of incidenceand prevalence rates and population attributablefraction of risk from the French Pays de la Loireregion 2002-2004

Carpal tunnel syndrome (CTS) represents one of the most frequent problemsoccurring in the working population In France CTS is the leading causeof workerrsquos compensation claims for occupational diseases CTS has beenchosen as the sentinel health event for upper limb musculoskeletal disorderswithin the work-related musculoskeletal disorders epidemiologic surveil-lance program implemented in 2002 in the French Pays de la Loire regionThis program combines several complementary components to describe theepidemiologic state of CTS incidence rates and the proportion of cases thatmight be attributable to work in the general population prevalence ratesamong the workers The average 12-month incidence of surgical CTS was27 in 1000 women and 12 in 1000 men in the Maine-et-Loire areaPrevalence rates of CTS estimated in a sample of workers from the wholeregion were 40 in women and 24 in men after shoulder cuff rotatorsyndrome The proportion of cases attributable to work was particularlyhigh among blue collar workers of both genders and among femaleemployees According to the occupational categories and economic sector ofactivity these estimations have allowed the identification of the ones forwhich intervention programs should be implemented as a priority

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail syndrome du canal carpien incidence preacutevalence Work-related musculoskeletal disorders carpal tunnelsyndrome incidence prevalence

IntroductionLe syndrome du canal carpien (SCC) traduit lacompression du nerf meacutedian lors de son passagesous le ligament annulaire anteacuterieur du carpe agravela base de la paume de la main Il se preacutesentetypiquement sous la forme drsquoacroparestheacutesiesdiurnes et nocturnes dans le territoire du nerfmeacutedian (face palmaire des trois premiers doigtset de la moitieacute interne du 4e doigt face dorsaledes mecircmes doigts au niveau des 2e et 3e

phalanges)Dans les statistiques de maladies professionnellesindemnisables (MPI) le SCC est le troublemusculo-squelettique TMS le plus freacutequent En2006 il constituait agrave lui seul 37 des MPI autitre du tableau 57 du reacutegime geacuteneacuteral de Seacutecuriteacutesociale devant les pathologies de lrsquoeacutepaule et ducoude et 28 de lrsquoensemble des MPI du mecircme

reacutegime [1] Les facteurs de risque professionnelsdu SCC sont bien eacutetablis mouvements reacutepeacutetitifsdu membre supeacuterieur travail en force mouve-ments de torsion du poignet utilisation de lapince pouce-index utilisation drsquoun outil vibrant[23] Crsquoest pour ces raisons que dans le cadredu programme de surveillance eacutepideacutemiologiquedes TMS mis en œuvre agrave titre pilote dans la reacutegiondes Pays de la Loire par lrsquoInstitut de veille sani-taire le SCC a eacuteteacute retenu comme pathologietraceuse pour les TMS du membre supeacuterieur [4]Ce programme vise agrave constituer un observatoiredes TMS drsquoorigine professionnelle Ses principauxobjectifs sont - de deacutecrire la freacutequence et lrsquoeacutevolution des prin-cipaux TMS et des conditions de travail qui leursont associeacutees et leur distribution par professionet secteur drsquoactiviteacute

- drsquoestimer la part des cas attribuables agrave lrsquoactiviteacuteprofessionnelle - drsquoexplorer lrsquoutilisation de donneacutees meacutedico-administratives agrave des fins de surveillance eacutepideacute-miologique - drsquoeacutevaluer la faisabiliteacute drsquoun tel systegraveme desurveillance avant drsquoenvisager son extension agravedrsquoautres reacutegions franccedilaisesLrsquoobjectif de cet article est de donner un brefaperccedilu des reacutesultats que le programme a permisde fournir pour deacutecrire la situation eacutepideacutemiolo-gique du SCC dans une reacutegion franccedilaise notam-ment en matiegravere drsquoidentification des professionset secteurs les plus toucheacutes

Population et meacutethodesLes Pays de la Loire sont constitueacutes de cinq deacutepar-tements avec au recensement Insee de 19993 222 061 habitants dont 1 105 943 travailleurs

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 37

salarieacutes Le programme pilote de surveillanceeacutepideacutemiologique mis en œuvre depuis 2002 danscette reacutegion associait trois principales approchescompleacutementaires

La premiegravere consistait en une estimation delrsquoincidence en population geacuteneacuterale de patholo-gies traceuses des TMS et de la contribution desfacteurs professionnels (profession secteurdrsquoactiviteacute) agrave la survenue de ces pathologies Lasurveillance du SCC mise en œuvre dans ledeacutepartement du Maine-et-Loire a reposeacute notam-ment sur lrsquoidentification reacutetrospective des casopeacutereacutes (libeacuteration du nerf meacutedian au canalcarpien en 2002 et 2003) agrave partir des donneacuteesdu programme de meacutedicalisation des systegravemesdrsquoinformation (PMSI) des deux principaux centresde chirurgie de la main du deacutepartement Lerecueil des donneacutees professionnelles a eacuteteacute reacutealiseacutepar auto-questionnaire adresseacute au domicile despatients et compleacuteteacute dans la mesure du possiblepour les non-reacutepondants par celles figurant dansles dossiers meacutedicauxLes taux drsquoincidence de SCC opeacutereacute ont eacuteteacute estimeacutesseacutepareacutement chez les femmes et chez les hommesen consideacuterant le sujet et non le poignet Ils onteacuteteacute calculeacutes en prenant au numeacuterateur les casopeacutereacutes reacutesidant dans le deacutepartement et au deacuteno-minateur les donneacutees du recensement les plusreacutecentes de la population du Maine-et-Loire(1999) La contribution des facteurs profession-nels agrave la survenue du SCC opeacutereacute a eacuteteacute quantifieacuteepar deux indicateurs - la fraction de risque de SCC opeacutereacute attribuableagrave une profession (ou un secteur drsquoactiviteacute) dansla population (Frap) repreacutesente la proportion descas observeacutes dans lrsquoensemble de la populationqui serait eacuteviteacutee si la profession (ou le secteur)ne preacutesentait pas un excegraves de risque Elle deacutependde la valeur du risque relatif (RR) de SCC opeacutereacuteassocieacute agrave la profession (ou au secteur) et de laproportion de sujets exerccedilant la profession (outravaillant dans le secteur) - la fraction de risque attribuable chez les exposeacutes(Frae) repreacutesente quant agrave elle la proportion decas de SCC opeacutereacute que lrsquoon peut attribuer speacuteci-fiquement au fait drsquoexercer une profession (ou detravailler dans un secteur drsquoactiviteacute) parmi les casqui surviennent dans cette profession (ou cesecteur) La Frae ne deacutepend que de la valeur duRR de SCC associeacute agrave la profession (ou au secteur)Le RR lieacute au fait de travailler dans une profession(ou un secteur) ajusteacute sur lrsquoacircge (par classe de10 ans) a eacuteteacute calculeacute par le rapport entre lrsquoinci-dence du SCC dans la profession consideacutereacutee (oule secteur) et lrsquoincidence du SCC dans le reste delrsquoeacutechantillon (actifs et inactifs inclus) chez leshommes et chez les femmes seacutepareacutement

La seconde approche a consisteacute en une estima-tion de la preacutevalence des principaux TMS dontle SCC et de lrsquoexposition aux facteurs de risqueen population salarieacutee Cette surveillance a eacuteteacutemise en œuvre dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 des meacutedecins du

travail de la reacutegion Entre 2002 et 2004 ils ontinclus 3 710 salarieacutes par tirage au sort durant lesvisites meacutedicales du travail Chacun des salarieacutestireacute au sort a rempli un auto-questionnairerecueillant drsquoune part des symptocircmes musculo-squelettiques des membres et du rachis nonspeacutecifiques deacuteriveacutes du questionnaire nordiqueet drsquoautre part des informations sur les activiteacutesprofessionnelles et les contraintes biomeacutecaniques(reacutepeacutetitiviteacute force postures extrecircmes) psychoso-ciales (demande psychologique soutien social autravail etc) et organisationnelles afin drsquoeacutevaluerleur exposition agrave des facteurs de risque de TMS[56] Les anteacuteceacutedents meacutedicaux facteurs derisque de TMS ont eacuteteacute recueillis par le mecircmeauto-questionnaire Au cours de la visite meacutedicaledu travail les sujets ont beacuteneacuteficieacute drsquoun examenclinique standardiseacute conforme agrave la deacutemarcheproposeacutee par le programme europeacuteen Saltsa pourla recherche en santeacute au travail [7]

Enfin les signalements des maladies agrave carac-tegravere professionnel (TMS et non TMS) ont eacuteteacutesysteacutematiquement enregistreacutes par un reacuteseau demeacutedecins du travail volontaires [8]

Quelle qursquoen soit lrsquoapproche les sujets concerneacutespar cette surveillance eacutetaient acircgeacutes de 20 agrave 59 ansSeuls les reacutesultats sur le SCC issus des deuxpremiegraveres approches sont preacutesenteacutes dans cetarticle

Reacutesultats

Incidence du SCC opeacutereacuteLrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee agravepartir des 1 500 cas (1 053 femmes et 447hommes) identifieacutes en 2002 et 2003 dans leMaine-et-Loire srsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmeset 12 pour 1 000 hommes Quelle que soit laclasse drsquoacircge lrsquoincidence eacutetait plus eacuteleveacutee chez lesfemmes la diffeacuterence eacutetant plus marqueacutee apregraves35 ans Lrsquoactiviteacute professionnelle des patients aumoment de lrsquoopeacuteration a eacuteteacute documenteacutee pour1 347 sujets Parmi eux 1 107 eacutetaient des actifsoccupeacutes (actifs ayant un emploi) au moment delrsquointervention chirurgicale

Professions preacutesentant une forteincidence et fractions de risqueattribuable selon la profession(tableau 1)Chez les femmes les incidences les plus eacuteleveacuteessrsquoobservaient pour les agricultrices les ouvriegraveresagricoles les ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel les ouvriegraveres qualifieacutees et non quali-fieacutees de type artisanal mais aussi pour desprofessions du secteur tertiaire comme lesemployeacutees civiles et agents de services lesemployeacutees de commerce et les personnels desservices directs aux particuliersChez les hommes des incidences eacuteleveacutees eacutetaientobserveacutees parmi les ouvriers qualifieacutes de typeartisanal les ouvriers qualifieacutes de la manutentionet du magasinage les ouvriers non qualifieacutes detype industriel les ouvriers agricoles les chauf-feurs les ouvriers qualifieacutes de type industriel

Chez les femmes la Frap estimeacutee pour lesouvriegraveres non qualifieacutees de lrsquoindustrie eacutetait de11 En drsquoautres termes 11 des cas de SCCopeacutereacute seraient eacuteviteacutes dans la population activefeacuteminine acircgeacutee de 20 agrave 59 ans si cette cateacutegorieprofessionnelle ne preacutesentait pas drsquoexcegraves derisque de SCC La Frap eacutetait infeacuterieure agrave 5 pourles autres cateacutegories professionnelles agrave risqueeacuteleveacute de SCC opeacutereacute ouvriegraveres agricoles (4)personnels des services directs aux particuliers(3) employeacutees du commerce (3) employeacuteesciviles et agents de service (3) La Frae variaiteacutegalement selon la profession ouvriegraveres agri-coles (74) ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel (69) et de type artisanal (50)employeacutees du commerce (46) personnels desservices directs aux particuliers (29) employeacuteesciviles et agents de service (23) En drsquoautrestermes 74 des cas de SCC opeacutereacute seraient eacuteviteacutesparmi les ouvriegraveres agricoles acircgeacutees de 20 agrave 59 anssi cette cateacutegorie professionnelle ne preacutesentaitpas drsquoexcegraves de risque de SCCChez les hommes la Frap estimeacutee eacutetait de 12pour les ouvriers qualifieacutes de type artisanal de10 pour les ouvriers non qualifieacutes de type indus-triel de 4 pour les ouvriers agricoles La Fraese situait autour de 60 pour ces trois cateacutegoriesprofessionnelles

Secteurs drsquoactiviteacute preacutesentantune forte incidence et fractionsde risque attribuable selon lesecteur drsquoactiviteacute (tableau 2)Les secteurs drsquoactiviteacute les plus toucheacutes eacutetaientlrsquoagriculture de nombreux secteurs industriels(agroalimentaire meacutetallurgie industrie automo-bile fabrication de mateacuteriel informatique indus-trie du meuble industrie du cuir et de lachaussure fabrication drsquoeacutequipements de radioteacuteleacutevision et communication) lrsquoassurance lespostes et teacuteleacutecommunications la santeacute et lrsquoactionsociale les transports terrestres des activiteacutes deservice (services personnels et domestiqueshocirctellerie et restauration) et le commerce dedeacutetailChez les femmes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient dans lrsquoensemble relativement basses (lesplus eacuteleveacutees autour de 3 eacutetaient observeacuteesdans lrsquoagriculture et le secteur de la santeacute) Lesvaleurs de Frae eacutetaient eacuteleveacutees dans lrsquoindustriede fabrication de mateacuteriel informatique (82)lrsquoassurance (71) lrsquoindustrie automobile (66)les services personnels (65) la fabrication demeubles (59) Elles se situaient autour de 50dans les industries alimentaires lrsquoindustrie ducuir et de la chaussure et lrsquoagricultureChez les hommes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient de lrsquoordre de 5 dans la construction LesFrae variaient entre 11 (administrationpublique) et 87 (meacutetallurgie) avec des valeursde lrsquoordre de 60 pour lrsquoindustrie du cuir lestransports terrestres le travail des meacutetaux

38 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction de la profession Pays de la Loire France 2002-2004Table 1 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by occupation Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agricultrices exploitantes 26 35 19 09 [06-14] - -Agricultrices sur moyenne exploitation (agricultrices et eacuteleveuses drsquoherbivoressur moyenne exploitation)

25 141 05 38 [25-56] 13 [07-21] 735 [606-821]

Employeacutees 354 30 305 12 [10-14] 55 [15-98] 161 [46-262]Employeacutees civiles et agents de service (agents de bureau agents de servicedes eacutetablissements drsquoenseignement et hospitaliers aides-soignantes)

137 33 106 13 [11-15] 30 [08-55] 226 [73-354]

Employeacutees du commerce (vendeuses en alimentation employeacutees de libreservice)

43 30 37 19 [14-25] 30 [13-53] 461 [268-603]

Personnels des services directs aux particuliers (serveuses coiffeusesassistantes maternelles employeacutees de maison de lrsquohocirctellerie)

122 42 75 14 [12-17] 30 [13-50] 291 [144-413]

Ouvriegraveres 259 54 124 24 [21-27] 146 [117-178] 580 [516-635]Ouvriegraveres qualifieacutees de type artisanal (cuisiniegraveres) 11 38 07 16 [09-29] 05 [00-14] 384 [00-660]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel (de lrsquoeacutelectriciteacute eacutelectronique demontage controcircle en meacutecanique de la chimie des industries agricoles dutravail du cuir et de la chaussure du tri de lrsquoemballage de lrsquoexpeacutedition manutentionnaires divers)

152 73 54 33 [27-39] 108 [86-134] 693 [636-742]

Ouvriegraveres non qualifieacutees de type artisanal (nettoyeuses) 26 45 15 20 [14-30] 15 [05-28] 500 [262-661]Ouvriegraveres agricoles (viticulture et arboriculture fruitiegravere maraicircchage ethorticulture)

50 80 16 38 [28-50] 43 [29-61] 736 [648-801]

Hommes

Ouvriers 235 17 359 25 [20-30] 343 [270-414] 593 [508-663]Ouvriers qualifieacutes de type industriel (ouvriers qualifieacutes travaillant parenlegravevement du meacutetal)

41 13 84 15 [11-20] 37 [04-78] 313 [50-504]

Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (jardiniers meacutecaniciens drsquoautomobilemenuisiers du bacirctiment maccedilons couvreurs bouchers cuisiniers)

78 24 83 27 [21-35] 124 [85-170] 630 [527-711]

Chauffeurs (conducteurs routiers et grands routiers livreurs coursiers) 21 15 35 16 [10-24] 19 [00-48] 360 [06-588]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport(magasiniers)

14 19 19 22 [13-37] 22 [05-49] 542 [221-731]

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel (montage controcircle en meacutecanique des industries agricoles du travail du cuir)

54 18 75 25 [19-33] 101 [61-150] 599 [464-701]

Ouvriers agricoles (drsquoeacutelevage) 19 16 30 25 [15-40] 43 [16-84] 600 [355-752]

La population de lrsquoeacutetude est de 1347 sujets Seuls les reacutesultats sur les cateacutegories professionnelles preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition agrave la profession dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute en utilisant lesbornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) chez les exposeacutes agrave cette profession

Preacutevalence du SCC cliniqueLrsquoeacutechantillon de 3 710 salarieacutes (58 drsquohommes)eacutetait repreacutesentatif pour lrsquoacircge la cateacutegorie socio-professionnelle et le secteur drsquoactiviteacute mais onobservait une sous-repreacutesentation des femmes(42 vs 47 pour la reacutegion)Le SCC occupait le 2e rang apregraves le syndrome dela coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule (85 chez lesfemmes et 66 chez les hommes) avec unepreacutevalence de 40 chez les femmes et 24chez les hommes Pour les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans la preacutevalence du SCC srsquoeacutelevait agrave 78chez les femmes et agrave 37 chez les hommesLes preacutevalences les plus eacuteleveacutees pour les femmeseacutetaient observeacutees parmi les ouvriegraveres agricoles etles ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel lesemployeacutees civiles agents de service et lesemployeacutees administratives drsquoentreprises et pourles hommes parmi les ouvriers qualifieacutes et nonqualifieacutes de type industriel et ouvriers qualifieacutesde la manutention du magasinage et du trans-port (tableau 3)

DiscussionCes diffeacuterentes approches en population geacuteneacute-rale et en entreprise ont montreacute leur inteacuterecirct etleur compleacutementariteacute pour deacutecrire la situationeacutepideacutemiologique du SCC en fonction de lrsquoacircge dusexe du secteur drsquoactiviteacute et de la professionLes professions identifieacutees par une incidenceeacuteleveacutee de SCC dans la population geacuteneacuterale figu-rent pour la majoriteacute drsquoentre elles parmi celles

preacutesentant une preacutevalence eacuteleveacutee parmi lessalarieacutesChez les femmes cette sur-incidence concernenon seulement des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute de SCC(ouvriegraveres agricoles et ouvriegraveres non qualifieacutees detype industriel) mais aussi des employeacutees decommerce et des employeacutees civiles et agents deservice Pour les hommes cette sur-incidenceconcerne surtout des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute (ouvriers agri-coles et ouvriers qualifieacutes de type artisanal detype industriel et de la manutention ouvriers nonqualifieacutes de type industriel)Les prioriteacutes drsquoaction pour la preacutevention du SCCdevront se concentrer sur les secteurs ou profes-sions ainsi identifieacutes La poursuite de cettesurveillance permettra drsquoaffiner la description dela distribution des cas en fonction des secteurset des professionsBien que ces estimations ne soient fondeacutees quesur les deux principaux centres de chirurgie de lamain du Maine-et-Loire (dans lesquels 70 deshabitants du deacutepartement sont opeacutereacutes pour SCC)et que les reacutesidents du Maine-et-Loire opeacutereacutesailleurs ne soient pas pris en compte ici les esti-mations de lrsquoincidence du SCC opeacutereacute agrave partir desdonneacutees de ces eacutetablissements de santeacute sont vrai-semblablement plus proches de la reacutealiteacute quecelles baseacutees sur le reacuteseau de meacutedecins neuro-physiologistes mis en œuvre parallegravelement dansle mecircme deacutepartement dans le cadre de cette

phase pilote du programme de surveillance desTMS et publieacutees ailleurs [910] Le reacuteseau deneurophysiologistes preacutesentait lrsquoavantage drsquounebonne valeur diagnostique de la deacutefinitionretenue pour le traceur SCC (association drsquoexplo-rations eacutelectromyographiques positives et desymptocircmes cliniques) mais les estimations obte-nues eacutetaient davantage sous-eacutevalueacutees qursquoicinotamment en raison drsquoune participation ineacutegaledes meacutedecins neurophysiologistes La meacutethodeutiliseacutee ici preacutesente lrsquoavantage drsquoune meilleureexhaustiviteacute tout en permettant un recueil satis-faisant de donneacutees professionnellesLa surveillance en entreprise a eacuteteacute lrsquooccasiondrsquoutiliser pour la premiegravere fois en France ladeacutemarche diagnostique standardiseacutee proposeacuteepar le programme europeacuteen Saltsa Elle a permisde produire des donneacutees preacutecises et nouvelles surla preacutevalence des principaux TMS du membresupeacuterieur drsquoen montrer lrsquoampleur et les varia-tions par secteur drsquoactiviteacute et profession [11]Avant toute extension de la surveillance du SCCil a eacuteteacute neacutecessaire drsquoeacutevaluer les avantages et lesinconveacutenients des diffeacuterentes approches et dereacutefleacutechir aux modaliteacutes de simplification desproceacutedures utiliseacutees Pour sa mise en œuvre dansle deacutepartement des Bouches du Rhocircne en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur le choix a eacuteteacute faitdrsquoidentifier de faccedilon prospective les sujets opeacutereacutesdrsquoun SCC dans les eacutetablissements de santeacute prati-quant ce type drsquointervention Des reacutesultats de

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 39

Tableau 2 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction du secteur drsquoactiviteacute France 2002-2004 Table 2 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by sector of economic activity Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agriculture chasse services annexes 84 55 40 19 [15-24] 35 [21-53] 481 [351-585]Industries alimentaires 36 45 20 21 [15-30] 23 [11-39] 533 [349-665]Industrie du cuir et de la chaussure 46 47 25 19 [15-26] 23 [11-39] 487 [311-618]Fabrication de machines de bureau et de mateacuteriel informatique 5 53 02 54 [23-131] 11 [03-28] 816 [559-924]Fabrication drsquoeacutequipements de radio teacuteleacutevision etcommunication

13 39 09 18 [10-31] 07 [00-18] 444 [41-677]

Industrie automobile 6 49 03 30 [13-66] 06 [01-17] 663 [248-849]Fabrication de meubles industries diverses 12 51 06 24 [14-43] 09 [02-20] 589 [273-767]Commerce de deacutetail et reacuteparation drsquoarticles domestiques 58 27 54 13 [10-17] 18 [01-39] 249 [20-425]Hocirctels et restaurants 24 30 20 12 [08-18] 05 [00-17] 184 [00-455]Postes et teacuteleacutecommunications 15 42 09 16 [10-27] 06 [00-15] 381 [00-627]Assurance 9 49 05 34 [18-66] 11 [04-26] 709 [439-849]Santeacute et action sociale 174 33 135 13 [11-15] 34 [09-61] 206 [66-326]Services personnels 17 41 11 29 [18-47] 20 [08-37] 653 [439-786]Services domestiques 21 35 15 11 [07-17] 01 [00-10] 87 [00-408]

Hommes

Industries alimentaires 20 15 34 17 [11-27] 25 [04-56] 425 [96-634]Industrie du cuir et de la chaussure 12 20 15 27 [15-48] 25 [08-55] 629 [339-792]Meacutetallurgie 6 54 03 74 [33-165] 18 [07-43] 865 [697-940]Travail des meacutetaux 21 20 27 24 [15-37] 36 [14-68] 577 [343-727]Construction 55 17 82 16 [12-21] 47 [17-85] 378 [174-531]Transports terrestres 24 25 25 26 [17-40] 40 [18-70] 621 [426-750]Administration publique 28 13 56 11 [08-17] 07 [00-36] 112 [00-395]

La population de lrsquoeacutetude est de 1 347 sujets Seuls les reacutesultats sur les secteurs drsquoactiviteacute preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition au secteur drsquoactiviteacute dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute enutilisant les bornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) chez les exposeacutes agrave cesecteur drsquoactiviteacute

Tableau 3 Preacutevalence du SCC chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 selon la cateacutegorieprofessionnelle France 2002-2004 Table 3 Prevalence of CTS in employees from Pays de la Loire in2002-2004 by occupational category France 2002-2004

Effectifs SCC Preacutevalence SCC ()N n [IC 95]

Femmes

Employeacutees civiles et agents de service 212 13 61 [29-94]Employeacutees administratives drsquoentreprises 328 10 31 [12-49]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel 206 8 39 [12-65]Ouvriegraveres agricoles 21 7 333 [132-535]

Hommes

Ouvriers qualifieacutes de type industriel 347 11 32 [13-50]Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 273 11 40 [17-64]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport 129 5 39 [05-72]

[IC 95] Intervalle de confiance agrave 95

cette surveillance seront bientocirct disponibles(encadreacute p 41)Enfin une reacuteflexion est en cours pour construireagrave partir des donneacutees issues de ce programmedes indicateurs nationaux qui soient simplespertinents et reproductibles portant agrave la fois surla freacutequence du SCC et des expositions et sur lenombre de cas attribuables au travail agrave lrsquoeacutechellede la population franccedilaise permettant drsquoen suivrelrsquoeacutevolution et de mieux orienter et eacutevaluer lrsquoeffi-caciteacute des politiques de preacutevention en milieu detravail

Reacutefeacuterences

[1] LrsquoAssurance maladie Risques professionnels Le site desaccidents du travail et des maladies professionnelleshttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrfrsynthesesynthese_stats-trim_1php

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[4] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Reacuteseau expeacuteri-mental de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance

en population geacuteneacuterale du syndrome du canal carpien dansle Maine-et-Loire en 2002 Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2004 60 p httpwwwinvssantefrpublications2004tms_131204indexhtml

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[9] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire Network OccupEnviron Med 200966471-9

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[11] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M Imbernon E Goldberg M Epidemiologicalsurveillance of upper extremity musculoskeletal disorders inthe working population the French Pays de la Loire studyArthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

40 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

Yvan Souaregraves (yvansouaressantegouvfr)12 Franck Sillam12 Catherine Ha1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France 2 Cellule interreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud Institut de veille sanitaire Marseille France

Depuis fin 2007 le Deacutepartement santeacute travailde lrsquoInstitut de veille sanitaire et la Celluleinterreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud ont mis enœuvre une eacutetude sur lrsquoincidence et les facteursde risque professionnels du syndrome du canalcarpien (SCC) opeacutereacute dans la population desBouches-du-Rhocircne Les objectifs de ce travailsont - estimer lrsquoincidence du SCC opeacutereacute dans lapopulation geacuteneacuterale de 20 agrave 64 ans - deacutecrire la distribution des SCC opeacutereacutes selonles caracteacuteristiques individuelles des patientset les facteurs drsquoexposition professionnelle etestimer la part de morbiditeacute lieacutee au travail - deacutecrire le devenir socioprofessionnel et fonc-tionnel agrave 6 mois des personnes opeacutereacutees drsquounSCC selon les caracteacuteristiques individuelles etdrsquoexposition professionnelle des patients et lareconnaissance ou non du caractegravere profes-sionnel de la pathologie (reconnaissance enmaladie professionnelle indemnisable)

Mateacuteriel et meacutethodesLrsquoeacutetude se deacuteroule en deux phases un recueilde donneacutees en peacuteri-opeacuteratoire pendant uneanneacutee centreacute sur les caracteacuteristiques indivi-duelles et les facteurs de risque professionnels(phase I) et 6 mois apregraves lrsquointervention chirur-gicale un recueil de donneacutees centreacute sur ledevenir socioprofessionnel des personnesopeacutereacutees (phase II) Le recrutement des patientssrsquoest fait agrave partir drsquoun reacuteseau deacutepartementalde chirurgiens de la main tous volontaires Leseacutequipes chirurgicales ont eacuteteacute preacutealablement

seacutelectionneacutees selon des critegraveres (a) drsquoactiviteacuteannuelle pour le SCC (b) de reacutepartition desbassins de population desservis dans lesBouches-du-Rhocircne et (c) des capaciteacutes agravecontribuer efficacement agrave la gestion du recueildes donneacutees (motivation administration exis-tence et disponibiliteacute drsquoun deacutepartementdrsquoinformation meacutedicale) Le protocole drsquoeacutetudea eacuteteacute mis agrave la disposition des chirurgiens etune version simplifieacutee a eacuteteacute reacutedigeacutee agrave lrsquointen-tion des eacutequipes parameacutedicales Les eacutequipesont preacutealablement eacuteteacute associeacutees au design dusystegraveme de monitorage des travaux puisformeacutees aux modaliteacutes pratiques de la collectede donneacutees Celle-ci a eacuteteacute organiseacutee autourdrsquoauto-questionnaires destineacutes aux patients(phases I et II) et de questionnaires preacute- etpost-opeacuteratoires compleacuteteacutes par les chirurgiens(phase I seulement) Les patients ont eacuteteacute inclusdans la phase I du 1er avril 2008 au 31 mars2009 La phase II a deacutebuteacute en octobre 2008et a pris fin en novembre 2009 en raison desrelances neacutecessaires aupregraves des patients pourle retour des questionnaires

Eacutetat drsquoavancementLe reacuteseau est constitueacute de 11 chirurgiensappartenant agrave trois structures (une publiqueet deux priveacutees) repreacutesentant six sites deconsultation et cinq sites opeacuteratoires Selonlrsquoanalyse du programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) pour la peacuteriode2003-2005 ces structures repreacutesentaient

environ 50 des interventions annuelles pourSCC dans les Bouches-du-RhocircnePhase IAu 1er juillet 2009 1 024 patients eacutetaientinclus en phase I Ce nombre est infeacuterieur aurecrutement attendu (gt 1 500) pour deuxraisons principales - le codage et lrsquoenregistrement des actesmeacutedicaux et des pathologies dans le PMSInous ont conduits agrave surestimer lrsquoincidenceattendue (deux enregistrements pour unmecircme patient opeacutereacute des deux poignets en unan) - la participation incomplegravete drsquoune des struc-tures pour des raisons de compliance delrsquoeacutequipe et de moyens inadapteacutes agrave lrsquoadminis-tration de lrsquoeacutetudePhase IIAu 1er aoucirct 2009 601621 patients avaientcompleacuteteacute et retourneacute le questionnaire de suiviagrave 6 mois soit un taux de reacuteponse de 968identique agrave celui obtenu dans le reacuteseau desPays de la Loire entre 2002 et 2004 [1]La saisie et lrsquoanalyse des donneacutees seront faitesseacutepareacutement pour chacune des deux phases delrsquoeacutetude Les reacutesultats sont attendus pour lepremier (phase I) et le deuxiegraveme (phase II)semestre 2010

Reacutefeacuterence

[1] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Nicolas GDescatha A Leclerc A et al Work increases the incidenceof carpal tunnel syndrome in the general populationMuscle amp Nerve 200837(4)477-82

Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves interventionchirurgicale pour un syndrome du canal carpien dans les Pays de la LoireElsa Parot-Schinkel (elsaschinkeluniv-angersfr)1 Yves Roquelaure1 Catherine Ha2 Annette Leclerc3 Jean-Franccedilois Chastang3 Alexis Descatha3 GuyRaimbeau4 Francis Chaise5

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Inserm U687 Villejuif France 4 Centre de la Main Angers France 5 Clinique Jeanne drsquoArc Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutetudier le pronostic professionnel apregraves intervention poursyndrome du canal carpienLes patients opeacutereacutes en 2002-2003 dans les Pays de la Loire ont rempli unautoquestionnaire1 248 questionnaires ont eacuteteacute retourneacutes (62) 253 hommes et 682 femmesdeacuteclaraient un emploi au moment de lrsquoopeacuteration Les facteurs de mauvaispronostic identifieacutes eacutetaient intervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique du membre supeacuterieur cateacutegorie socioprofessionnelleouvriers arrecirct de travail pour maladie professionnelle et imputabiliteacute parle patient agrave une cause professionnelleCette eacutetude souligne lrsquoimplication de multiples facteurs agrave prendre encompte pour le pronostic professionnel

Study of factors associated to occupational outcomeafter surgery for carpal tunnel syndrome in theFrench Pays de la Loire regionWe aimed to study the occupational outcome of carpal tunnel syndrome(CTS) after surgical release of the median nervePatients from the French Pays de la Loire region having undergone surgicalrelease of the median nerve in 2002-2003 filled out a mailed questionnaire1248 questionnaires were returned (62)A total of 253 men and 682 women declared being employed at the time ofthe surgery Factors associated with poor occupational outcome were theoccurrence of simultaneous intervention on another upper extremity muscu-loskeletal disorder belonging to the ldquoblue-collar workerrdquo occupational cate-gory to be on sick leave compensated by the occupational health insurancesystem and belief (of the patient) in an occupational causeThis study underlines the multifactorial nature of the occupational prog-nosis of CTS after surgeryMots cleacutes Key words

Syndrome du canal carpien maladie professionnelle pronostic troubles musculo-squelettiques Carpal tunnel syndrome occupational disease prognosismusculoskeletal disorders

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Figure Meacutethode de seacutelection des sujets inclus France Pays de la Loire 2002-2003 Figure Methods for selecting subjects France Pays de la Loire 2002-2003

1 2 3 et 4 Diffeacuterences statistiquement significatives (plt005)

Non actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (120)Sex-ratio FemmesHommes 911

- 108 femmes 48 plusmn 7 ans2

- dont 60 femmes au foyer- dont 17 invaliditeacutes

- 12 hommes 50 plusmn 10 ans3

- dont 2 retraiteacutes- dont 2 demandeurs diacuteemploi

Reacutepondants (1 248)308 hommes et 940 femmes - 47 plusmn 9 ans

Non reacutepondants (777)240 hommes et 537 femmes - 46 plusmn 9 ans

Questionnaires envoyeacutes (2 025)548 hommes et 1 477 femmes

Actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (1 128)- Sex-ratio FemmesHommes 2811

- 832 femmes 46 plusmn 8 ans2

- 296 hommes 46 plusmn 9 ans3

Non actifs au moment de lrsquointervention (193)- Sex-ratio FemmesHommes 351- 150 femmes 46 plusmn 9 ans- 43 hommes 50 plusmn 8 ans4

Actifs au moment de lrsquointervention (935)- Sex-ratio FemmesHommes 271- 682 femmes 46 plusmn 8 ans- 253 hommes 45 plusmn 9 ans4

IntroductionEntre 80 000 et 100 000 personnes acircgeacutees de 20agrave 59 ans sont opeacutereacutees chaque anneacutee en Francedrsquoun syndrome du canal carpien (SCC) Le devenirprofessionnel des patients traiteacutes pour un SCCest un critegravere important du reacutesultat puisque lamajoriteacute drsquoentre eux est encore en activiteacute profes-sionnelle Connaicirctre les facteurs preacutedictifs de lanon-reprise du travail est neacutecessaire pour mieuxprendre en charge ces patients Lrsquoobjectif delrsquoeacutetude preacutesenteacutee ici est de deacutecrire le devenirprofessionnel des personnes opeacutereacutees pour SCC etdrsquoeacutetudier les facteurs individuels et professionnelsassocieacutes agrave un pronostic deacutefavorable en termes dereprise du travail dans la population de deuxdeacutepartements des Pays de la Loire reacutegion de miseen œuvre depuis 2002 drsquoun reacuteseau pilote desurveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques

MeacutethodesAgrave partir du Programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) deux groupeshomogegravenes de malades (Libeacuteration du canalcarpien et Libeacuteration du canal carpien enambulatoire) permettent de recenser tous lesreacutesumeacutes standardiseacutes de sortie relatifs auxseacutejours hospitaliers publics et priveacutes pour trai-tement chirurgical du SCC agrave lrsquoexception des raresinterventions faites au cours drsquointerventions pluslourdes Crsquoest ainsi que les personnes acircgeacutees de20 agrave 59 ans opeacutereacutees pour un SCC dans les struc-tures de soins du Maine-et-Loire (pour les anneacutees2002 et 2003) et de la Loire-Atlantique (pourlrsquoanneacutee 2003) et domicilieacutees dans ces deacuteparte-ments ont eacuteteacute identifieacutees Seuls les seacutejours issusdes trois principaux centres de chirurgie de lamain de ces deacutepartements ont eacuteteacute eacutetudieacutes repreacute-sentant selon les donneacutees du PMSI de lrsquoanneacutee2002 trois quarts des seacutejours pour chirurgie duSCC chez les reacutesidents du mecircme acircge et de cesmecircmes deacutepartements Les donneacutees ont eacuteteacuterecueillies par questionnaire adresseacute par voiepostale en 2004 (soit en moyenne un an et demiapregraves lrsquointervention) aux patients eacuteligibles pourcette eacutetude soit 1 258 dans le Maine-et-Loire et766 en Loire-Atlantique (apregraves exclusion de 68patients sans adresse) Le questionnaire exploraitlrsquohistoire meacutedicale et professionnelle (sur les cinqanneacutees avant lrsquointervention) et les conditions deretour au travail Lrsquoanalyse des donneacutees a eacuteteacutereacutealiseacutee en consideacuterant les sujets et non lespoignets en cas drsquointervention sur les deuxpoignets le sujet nrsquoest donc compteacute qursquoune foisLes facteurs associeacutes au deacutelai de reprise du travailapregraves intervention ont eacuteteacute eacutetudieacutes par desanalyses de survie restreintes aux sujets deacuteclarantun emploi au moment de lrsquoopeacuteration (actifsoccupeacutes) seacutepareacutement chez les hommes et lesfemmes en univarieacute par la meacutethode de KaplanMeier et le test du Log Rank et en multivarieacutepar un modegravele de reacutegression semi-parameacutetriqueagrave risques proportionnels de Cox avec une esti-mation des Hazard Ratios ajusteacutes (HR) Le deacutepar-tement (Maine-et-Loire Loire-Atlantique) et lrsquoacircge

ont eacuteteacute forceacutes dans le modegravele afin drsquoajuster lesestimations des autres risques relatifs sur cesvariables le seuil de significativiteacute choisi pourinclure les autres variables dans lrsquoanalyse multi-varieacutee eacutetait de 020 Le critegravere de jugement estle deacutelai de reprise du travail apregraves lrsquointerventionLes personnes nrsquoayant pas repris le travail aumoment du remplissage du questionnaire ont eacuteteacutecensureacutees avec un deacutelai correspondant agrave celuientre la date de lrsquoopeacuteration et celle du remplis-sage du questionnaire

ReacutesultatsLe taux de reacuteponse a eacuteteacute de 62 (1 248 ques-tionnaires) 58 pour le Maine-et-Loire et 64pour la Loire-Atlantique Parmi les personnesactives professionnellement au cours des cinqderniegraveres anneacutees (figure) 253 hommes (82) et682 femmes (73) ont deacuteclareacute un emploi aumoment de leur intervention soit 935 actifsoccupeacutes parmi lesquels 90 des hommes et 92des femmes ont deacuteclareacute avoir repris leur activiteacuteprofessionnelle au moment de lrsquoenquecircte Le deacutelaimeacutedian de reprise du travail eacutetait de 60 joursquel que soit le sexe La reprise professionnellesrsquoeffectuait principalement au mecircme poste (83pour les hommes et 85 pour les femmes) aumecircme poste mais ameacutenageacute (respectivement 7et 8) ou agrave un autre poste (respectivement 8et 5) La reprise dans une autre entreprise eacutetaitrare (2) Pour 6 des hommes et 7 desfemmes la reprise se faisait par un travail agravemi-temps drsquoune dureacutee moyenne de quatre moischez les hommes et trois mois chez les femmes

La probabiliteacute de reprise du travail agrave trois moisest drsquoenviron 71 chez les hommes et 76 chezles femmes agrave un an de 88 chez les hommeset 91 chez les femmes Lrsquoanalyse multivarieacutee(tableau) montre que la preacutesence drsquoau moins uneintervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique (TMS) du membre supeacute-rieur est associeacutee agrave un plus mauvais pronostic enterme de reprise du travail (HR 21[13-34] chezles hommes et 14[10-19] chez les femmes)ainsi que pour les femmes seulement le fait debeacuteneacuteficier drsquoun arrecirct de travail pour maladieprofessionnelle apregraves lrsquointervention (18 [14-24])et lrsquoimputabiliteacute subjective du SCC agrave une causeprofessionnelle (22 [13-37]) Les cadres ont unmeilleur pronostic professionnel que les ouvriersquel que soit le sexe (01 [00-04] pour leshommes et 05 [03-09] pour les femmes)

DiscussionLes facteurs de mauvais pronostic les plusrobustes observeacutes dans notre eacutetude sont ainsi lapreacutesence drsquoau moins une intervention simultaneacuteesur un autre TMS du membre supeacuterieur le faitdrsquoecirctre en arrecirct de travail pour maladie profes-sionnelle et lrsquoappartenance agrave la cateacutegorie profes-sionnelle des ouvriers qui peut ecirctre consideacutereacuteecomme un indicateur indirect de contraintesprofessionnelles Ce reacutesultat souligne en accordavec drsquoautres eacutetudes [1-3] que le pronosticprofessionnel apregraves intervention pour un SCC estdeacutetermineacute par plusieurs facteurs lieacutes agrave la cateacute-gorie socioprofessionnelle et aux contraintesprofessionnelles Une eacutevaluation fine de ces

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Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

[1] Chaise F Bellemere P Friol JP Gaisne E Poirier PMenadi A Interruption professionnelle et chirurgie dessyndromes du canal carpien Reacutesultats drsquoune seacuterie prospec-tive de 233 patients Chir Main 200120117-21

[2] Katz JN Losina E Amick BC 3rd Fossel AH Bessette LKeller RB Predictors of outcomes of carpal tunnel releaseArthritis Rheum 2001441184-93

[3] Katz JN Amick BC 3rd Keller R Fossel AH Ossman JSoucie V Losina E Determinants of work absence followingsurgery for carpal tunnel syndrome Am J Ind Med200547120-30

Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 43

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

44 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

46 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

[5] Nomenclature des activiteacutes et des produits franccedilaiseNAF-CPF Paris Insee 2000

[6] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion Arthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

[7] Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveses Lescontraintes posturales et articulaires au travail Mars 2006nordm 112 httpwwwtravail-solidaritegouvfr

[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

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Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

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ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 3: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Troubles musculo-squelettiques drsquoorigine professionnelle en FranceOugrave en est-on aujourdrsquohui Catherine Ha (chainvssantefr)1 Yves Roquelaure2

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France

Reacutesumeacute Abstract

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) repreacutesentent aujourdrsquohui lrsquounedes questions les plus preacuteoccupantes en santeacute au travail Ils constituentla premiegravere cause de morbiditeacute lieacutee au travail morbiditeacute de surcroicirct large-ment sous-estimeacutee par les statistiques de maladies professionnellesnotamment du fait de la sous-deacuteclaration Ce pheacutenomegravene nrsquoest pas propreagrave la France En 2005 le premier problegraveme de santeacute imputeacute au travail dontsouffrent les travailleurs de lrsquoUnion europeacuteenne sont les douleurs rachi-diennes des eacutepaules ou des membres et les TMS occupent la premiegravereplace des maladies professionnelles reconnues dans plusieurs paysdrsquoEurope Le programme de surveillance eacutepideacutemiologique des TMS mis enœuvre depuis 2002 dans les Pays de la Loire a permis de deacutecrire pluspreacuteciseacutement cette eacutepideacutemie agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoensemble de la populationactive drsquoestimer le poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans leur survenuemais aussi de mieux connaicirctre le devenir meacutedical et professionnel dessujets atteints de TMS Les donneacutees des Pays de la Loire seront bientocirctenrichies par celles des reacutegions Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur et Icircle-de-France La mobilisation autour de cette question srsquoest beaucoup deacuteve-loppeacutee ces derniegraveres anneacutees et devra se maintenir face agrave ce deacutefi de lasanteacute au travail que repreacutesentent les TMS

Work-related musculoskeletal disorders in FranceWhat is the situation today

Musculoskeletal disorders (MSDs) represent one of the most worrying issuesin occupational health today They are the leading cause of morbidity atwork morbidity widely underestimated by the statistics of workersrsquo compen-sation claims for occupational diseases It is not a French specific pheno-menon In 2005 the most often reported problem linked to work by EuropeanUnion workers are MSDs (backache and muscular pains) MSDs are alsothe first cause of compensated occupational diseases in several EuropeancountriesThe epidemiological surveillance program for work-related MSDs imple-mented in 2002 in Francersquos Pays de la Loire region has allowed a betterdescription of the current increased number of MSDs on a population scalean assessment of the proportion of cases attributable to work exposure anda better knowledge of the medical and professional evolution of patientssuffering from MSDs The data of Pays de la Loire region will be enhancedin the near future by those from Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur and Icircle-de-France regions Mobilisation around this question has been increasingconsiderably these last few years and should be maintained in order to facethis occupational health challenge

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail surveillance eacutepideacutemiologique maladies professionnelles Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance occupational diseases

Les TMS en France unepreacuteoccupation majeure de santeacuteau travailIl y a quatre ans un premier numeacutero theacutematiquedu BEH eacutetait consacreacute agrave la surveillance eacutepideacutemio-logique des troubles musculo-squelettiques (TMS)drsquoorigine professionnelle paraissant le jour-mecircme ougrave un symposium sur le sujet organiseacute parle Deacutepartement santeacute travail de lrsquoInstitut de veillesanitaire (InVS) se tenait au ministegravere chargeacute dela santeacute [1] Parlant drsquoune nouvelle eacutepideacutemielrsquoeacuteditorial du Pr Jean-Franccedilois Caillard soulignaitque les TMS repreacutesentaient lrsquoune des questionsles plus preacuteoccupantes en santeacute au travail Lespreacutemices de cette eacutepideacutemie se sont annonceacuteesen France au deacutebut des anneacutees 1990 avec lrsquoaug-mentation reacuteguliegravere et qui nrsquoa pas cesseacute depuisdes maladies professionnelles indemniseacutees duReacutegime geacuteneacuteral de la seacutecuriteacute sociale mais aussidu Reacutegime agricole Les TMS recouvrent un largeensemble drsquoaffections peacuteri-articulaires quitouchent les tissus mous (muscles tendons nerfsvaisseaux cartilages) Ils se traduisent principa-lement par des douleurs et une gecircne fonction-nelle souvent quotidiennes Parmi les plusfreacutequents on peut citer le syndrome du canalcarpien (SCC) au poignet les tendinopathies dela coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule et lrsquoeacutepicondylite

lateacuterale au coude lrsquohygroma au genou leslombalgies et les cervicalgies Lrsquointensiteacute de ladouleur et de la gecircne peuvent varier drsquounepersonne agrave lrsquoautre mais aussi au cours du tempspour une mecircme personne Leur graviteacute est lieacutee agraveleurs conseacutequences drsquoune part meacutedicales du faitdrsquoune chronicisation freacutequente et drsquoautre partprofessionnelles car source drsquoinaptitude au postede travail Bien que ces pathologies soient peuspectaculaires elles ont eacuteteacute reconnues commeproblegraveme majeur de santeacute publique au deacutebut desanneacutees 2000 [2] En 2006 les TMS des membreset les lombalgies repreacutesentaient 795 des mala-dies professionnelles (MP) reconnues par leReacutegime geacuteneacuteral avec 37 856 cas Le tableau 57(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures) repreacutesentait agrave lui-seul 73 des MP reconnues [3] Les TMS consti-tuent eacutegalement la premiegravere cause de journeacuteesde travail perdues du fait des arrecircts de travailavec la perte en 2006 de plus de sept millionsde journeacutees de travail

Ainsi les TMS constituent de loin la premiegraverecause de morbiditeacute lieacutee au travail morbiditeacute donton sait depuis longtemps qursquoelle est largementsous-estimeacutee par les statistiques des maladiesprofessionnelles notamment en raison de lasous-deacuteclaration fait confirmeacute par des eacutetudes

reacutecentes [45] La sous-deacuteclaration des maladiesprofessionnelles peut ecirctre lieacutee soit agrave un manquedrsquoinformation des victimes concernant la reacutegle-mentation et les proceacutedures agrave mettre en œuvreen vue de la reconnaissance soit agrave une meacutecon-naissance du caractegravere professionnel des mala-dies Elle peut aussi ecirctre le fait drsquoun refus dessalarieacutes drsquoeffectuer une deacuteclaration par craintedes conseacutequences neacutegatives tant sur leur emploi(changement de poste licenciement pour inapti-tude meacutedicale) que sur leur revenu (perte desalaire absence de promotion) drsquoautant plus queles meacutedecins traitants sont dans la majoriteacute descas insuffisamment formeacutes en matiegravere de mala-dies professionnelles et ainsi rarement en mesuredrsquoinformer et drsquoaccompagner la victime dans leprocessus de reconnaissance drsquoune maladieprofessionnelle

Jusqursquoagrave la mise en place par lrsquoInstitut de veillesanitaire (InVS) drsquoun programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des TMS les donneacuteesdrsquoenquecirctes eacutepideacutemiologiques disponibles enFrance portaient essentiellement sur des travail-leurs fortement exposeacutes Les donneacutees faisaientdeacutefaut pour deacutecrire plus preacuteciseacutement lrsquoeacutepideacutemiede TMS agrave lrsquoeacutechelle de lrsquoensemble de la populationactive Le programme mis en œuvre agrave titre pilotedans les Pays de la Loire en 2002 avait pour

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objectif de fournir une description des TMS et delrsquoexposition agrave leurs facteurs de risque Cettereacutegion a eacuteteacute choisie en raison de lrsquoexistence decompeacutetences et drsquoune expeacuterience longue deplusieurs anneacutees dans le champ de lrsquoeacutepideacutemio-logie des TMS Ce programme associait plusieursapproches compleacutementaires une surveillancedes pathologies dites traceuses en populationgeacuteneacuterale une surveillance des principaux TMSdes membres et des lombalgies en entreprise unesurveillance des maladies agrave caractegravere profes-sionnel deacuteclarables ou non en maladies profes-sionnelles Le volet de surveillance en entreprisea montreacute une preacutevalence eacuteleveacutee des TMS parmides salarieacutes au moins un des six principaux TMSdu membre supeacuterieur a eacuteteacute diagnostiqueacute chez15 des femmes et 11 des hommes drsquouneacutechantillon repreacutesentatif de 3 710 salarieacutes acircgeacutesde 20 agrave 59 ans avec une preacutevalence plus impor-tante des tendinopathies de la coiffe des rota-teurs que de celle du SCC [6] Dans ce mecircmeeacutechantillon 16 des hommes et 17 desfemmes ont deacuteclareacute des symptocircmes lombairesayant dureacute plus de 30 jours au cours de lrsquoanneacuteeeacutecouleacutee La freacutequence est comparable agrave celleretrouveacutee agrave partir drsquoenquecirctes nationales lapreacutevalence de lombalgie de plus de 30 jours eacutetantestimeacutee agrave 17 dans la population geacuteneacuterale de30 agrave 64 ans [7]

Trois grands types de facteurs jouent un rocircle dansla survenue des TMS les facteurs biomeacutecaniques(mouvements en force postures extrecircmes tellesque travail bras au-dessus des eacutepaules mouve-ments de torsion du poignet du tronc flexion etextension du coude reacutepeacutetitiviteacute des gesteseacuteleveacutee) les contraintes psychosociales (fortedemande psychologique faible soutien socialfaible latitude deacutecisionnelle) et les facteurs indi-viduels (acircge genre diabegravete hypothyroiumldie) Lasurveillance dans les entreprises des Pays de laLoire et lrsquoenquecircte nationale Sumer 2003 mettenten eacutevidence une exposition freacutequente des salarieacutesaux facteurs de risque biomeacutecaniques ainsiqursquoaux contraintes psychosociales [8] Ces deuxenquecirctes ont aussi montreacute que les inteacuterimaireseacutetaient particuliegraverement exposeacutes Sumer 2003reacutevegravele par exemple qursquoun inteacuterimaire de lrsquoindus-trie sur cinq et un inteacuterimaire de la constructionsur trois manipule des charges au moins 20heures par semaine [9] Crsquoest pourquoi nous leurconsacrons un article dans ce numeacutero (pp 45-47)

Une eacutepideacutemie qui nrsquoest paspropre agrave la FranceEn 2000 34 des travailleurs europeacuteens deacutecla-raient souffrir de problegravemes de dos 23 dedouleurs musculaires dans le cou et les eacutepauleset les TMS eacutetaient les pathologies les plus deacutecla-reacutees citeacutees en premiegravere position pour la peacuteriode1994 agrave 2000 dans six pays sur 10 [10] Les TMSoccupent eacutegalement la premiegravere place des mala-dies professionnelles reconnues dans plusieurspays (Belgique Espagne Finlande Luxembourget Suegravede) En revanche dans drsquoautres payscomme lrsquoAllemagne lrsquoAutriche la Gregravece et le

Portugal ils ne figurent pas parmi les cinq patho-logies professionnelles les plus reconnues Cecitient essentiellement aux diffeacuterences entre lessystegravemes de reacuteparation qui rendent difficiles lescomparaisons En 2005 le premier problegraveme desanteacute imputeacute au travail dont souffrent les travail-leurs de lrsquoUE-27 sont encore les douleurs rachi-diennes (25) et les douleurs musculaires auniveau du cou des eacutepaules ou des membres(23) [11] Au Canada lrsquoenquecircte queacutebeacutecoisesociale et de santeacute de 1998 portant sur un eacutechan-tillon de la population geacuteneacuterale de 11 735 sujetsmontrait qursquoun travailleur sur quatre rapportaitdes douleurs au bas du dos et pregraves drsquoun travail-leur sur cinq aux membres supeacuterieurs Plus de lamoitieacute de ces travailleurs reliaient leurs douleursau travail [12]La forte preacutevalence de lrsquoexposition profession-nelle aux facteurs de risque de TMS nrsquoest pas nonplus propre agrave la France La 4e enquecircte europeacuteennesur les conditions de travail montre qursquoen 2005presque un travailleur sur deux deacuteclare exercerson emploi dans des positions douloureuses etfatigantes et six travailleurs sur dix deacuteclarent ecirctresoumis agrave des gestes reacutepeacutetitifs de la main ou dubras au moins le quart du temps [11]

Une mobilisation essentielle detous les acteursLa mobilisation autour de cette question srsquoestbeaucoup deacuteveloppeacutee ces derniegraveres anneacutees Enteacutemoignent les campagnes aupregraves du grandpublic des chefs drsquoentreprise des salarieacutes et desprofessionnels de santeacute lanceacutees par le ministegraverechargeacute du Travail en avril 2008 Les TMSparlons-en pour les faire reculer et en mai2009 Les TMS la preacutevention on srsquoy met tousou la campagne europeacuteenne Alleacutegez la chargeconduite en 2007 sous lrsquoimpulsion de lrsquoAgenceeuropeacuteenne pour la seacutecuriteacute et la santeacute au travailEn teacutemoignent eacutegalement la Semaine de preacuteven-tion des TMS organiseacutee chaque anneacutee par laCaisse nationale drsquoassurance maladie des travail-leurs salarieacutes (Cnamts) ou encore la confeacuterenceLes troubles musculo-squelettiques dans lrsquoagro-alimentaire Parlons-en pour agir ensemblesous lrsquoeacutegide du ministegravere chargeacute de lrsquoAgricultureet du ministegravere chargeacute du TravailDans son projet de creacuteation et deacuteveloppementproposeacute en mars 1998 le Deacutepartement santeacutetravail de lrsquoInVS avait poseacute les grandes lignes desobjectifs et des meacutethodes pour la surveillance desrisques professionnels Celle-ci eacutetait naturelle-ment centreacutee prioritairement sur la productiondrsquoindicateurs laquo basiques raquo tels qursquoincidence etpreacutevalence par acircge sexe profession et secteurdrsquoactiviteacute Elle avait aussi pour objectif drsquoestimerle poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans lasurvenue des TMS par le calcul de fractions derisque attribuables Ce numeacutero preacutesente la varieacuteteacutedes connaissances qursquoun systegraveme de surveillanceen lrsquooccurrence celui des TMS peut geacuteneacuterer aufur et agrave mesure de sa mise en œuvre et des sujetsdrsquointeacuterecirct qui apparaissent au fil des anneacutees enfonction des reacutesultats et de lrsquoeacutevolution des preacuteoc-

cupations Crsquoest ainsi que le reacuteseau de surveil-lance des Pays de la Loire a permis de mieuxconnaicirctre le devenir meacutedical des sujets atteintsde TMS mais aussi les conseacutequences de lamaladie sur lrsquoemploi en termes drsquoarrecircts de travailde prise en charge par lrsquoAssurance maladie oudrsquoameacutenagement des conditions de travail eacutetudedu devenir des sujets atteints drsquoun SCC en popu-lation geacuteneacuterale ou de celui des sujets souffrantde tendinopathies de la coiffe des rotateurs agravelrsquoeacutepaule au pronostic plus deacutefavorable que lesautres TMS exploreacute gracircce agrave la cohorte des sala-rieacutes ligeacuteriens baptiseacutee CosaliLes donneacutees des Pays de la Loire reacutegion forte-ment industrialiseacutee seront utilement compleacuteteacuteespar lrsquoextension de ce programme en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur reacutegion ougrave preacutedo-mine le secteur tertiaire et pour laquelle les reacutesul-tats drsquoune surveillance du SCC opeacutereacute serontbientocirct disponibles Des donneacutees de surveillancefranciliennes sont en cours de recueil gracircce agrave unpartenariat entre lrsquoInVS et le Reacuteseau preacuteventionmain Icircle-de-France structure associative dontlrsquoobjectif est drsquoameacuteliorer la prise en chargeglobale des traumatismes de la main et dumembre supeacuterieur de favoriser les eacutechanges desavoir-faire et les coopeacuterations entre les diffeacute-rents professionnels impliqueacutes afin de preacutevenirautant que possible les seacutequelles fonctionnellespsychologiques et socioprofessionnellesGracircce agrave la participation de ces reacuteseaux (profes-sionnels de la santeacute au travail meacutedecins et chirur-giens libeacuteraux infirmiegraveres et travailleurssociaux) ce programme de surveillance eacutepideacute-miologique devrait aussi contribuer agrave articuler letravail de terrain et la production de connais-sances dans le domaine de la veille sanitaire etainsi agrave mieux orienter les actions de preacuteventiondurable et de maintien ou de retour en emploiface agrave ce deacutefi de la santeacute au travail que repreacute-sentent les TMS

Reacutefeacuterences

[1] Numeacutero theacutematique La surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques Bull Epideacutemiol Hebd200544-45217-28

[2] Hatzfeld N Lrsquoeacutemergence des troubles musculo-squelettiques (1982-1996) Sensibiliteacutes de terrain deacutefinitionsdrsquoexperts et deacutebats scientifiques Histoire amp Mesure200621(1)111-40

[3] Assurance maladie Risques professionnelshttpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

[4] Ha C Touranchet A Pubert M Roquelaure Y GoldbergM Imbernon E Un observatoire pilote des maladies agrave carac-tegravere professionnel Arch Mal Prof Env 200768223-32

[5] Verger P Viau A Arnaud S Cabut S Saliba ML Iarmar-covai G et al Barriers to physician reporting of workersrsquocompensation cases in France Int J Occup Environ Health200814198-205

[6] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire Network OccupEnviron Med 200966471-9

[7] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 200750633-9

[8] Arnaudo B Magaud-Camus I Sandret D Coutrot TFloury MC Guignon N et al Exposition aux risques et auxpeacutenibiliteacutes du travail de 1994 agrave 2003 Premiers reacutesultats de

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lrsquoenquecircte Sumer 2003 Documents pour le Meacutedecin duTravail nordm101 1er trimestre 2005

[9] Dares La manutention manuelle de charges en 2003 la meacutecanisation nrsquoa pas tout reacutegleacute Premiegraveres synthegravesesMars 2006113

[10] Eurogip Les maladies professionnelles dans 15 payseuropeacuteens Paris Eurogip 2002 52 p

[11] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Fondation europeacuteenne pour lrsquoameacutelioration desconditions de vie et de travail Fourth Europan workingconditions survey Luxembourg Office for official publica-

tions of the European communities 2007 pp 29-34httpwwweurofoundeuropaeupubdocs200698en2ef0698enpdf

[12] Stock S La surveillance des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail au Queacutebec Bull Epideacutemiol Hebd200640-1319-22

Syndrome du canal carpien estimations de lrsquoincidence de la preacutevalence etdu poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans sa survenue dans les Pays de laLoire France 2002-2004Catherine Ha (chainvssantefr)1 Natacha Fouquet12 Yves Roquelaure2 Guy Raimbeau2 Annette Leclerc3 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail ndash Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le syndrome du canal carpien (SCC) repreacutesente lrsquoun des problegravemes desanteacute lieacutes au travail les plus freacutequents Il occupe le premier rang desmaladies professionnelles indemniseacutees du reacutegime geacuteneacuteral de la Seacutecuriteacutesociale Dans le cadre du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre en 2002 agrave titre pilotedans la reacutegion des Pays de la Loire le SCC a eacuteteacute retenu comme traceurdes TMS du membre supeacuterieur Ce programme associe plusieurs approchescompleacutementaires pour deacutecrire la situation eacutepideacutemiologique du SCC esti-mation de lrsquoincidence et de la part des cas attribuables agrave lrsquoactiviteacute profes-sionnelle en population geacuteneacuterale estimation de la preacutevalence en populationsalarieacutee Lrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee dans le Maine-et-Loiresrsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmes et 12 pour 1 000 hommes La preacutevalencedu SCC estimeacutee sur un eacutechantillon de salarieacutes de la reacutegion srsquoeacutelevait agrave40 chez les femmes et 24 chez les hommes se situant au 2e rangapregraves le syndrome de la coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule La part des casattribuables au travail est particuliegraverement eacuteleveacutee parmi les ouvriers etouvriegraveres et parmi les employeacutees Ces indicateurs ont eacuteteacute estimeacutes selonla profession et le secteur drsquoactiviteacute permettant drsquoidentifier ceux surlesquels les actions preacuteventives devront ecirctre mises en œuvre de faccedilonprioritaire

Carpal tunnel syndrome estimations of incidenceand prevalence rates and population attributablefraction of risk from the French Pays de la Loireregion 2002-2004

Carpal tunnel syndrome (CTS) represents one of the most frequent problemsoccurring in the working population In France CTS is the leading causeof workerrsquos compensation claims for occupational diseases CTS has beenchosen as the sentinel health event for upper limb musculoskeletal disorderswithin the work-related musculoskeletal disorders epidemiologic surveil-lance program implemented in 2002 in the French Pays de la Loire regionThis program combines several complementary components to describe theepidemiologic state of CTS incidence rates and the proportion of cases thatmight be attributable to work in the general population prevalence ratesamong the workers The average 12-month incidence of surgical CTS was27 in 1000 women and 12 in 1000 men in the Maine-et-Loire areaPrevalence rates of CTS estimated in a sample of workers from the wholeregion were 40 in women and 24 in men after shoulder cuff rotatorsyndrome The proportion of cases attributable to work was particularlyhigh among blue collar workers of both genders and among femaleemployees According to the occupational categories and economic sector ofactivity these estimations have allowed the identification of the ones forwhich intervention programs should be implemented as a priority

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail syndrome du canal carpien incidence preacutevalence Work-related musculoskeletal disorders carpal tunnelsyndrome incidence prevalence

IntroductionLe syndrome du canal carpien (SCC) traduit lacompression du nerf meacutedian lors de son passagesous le ligament annulaire anteacuterieur du carpe agravela base de la paume de la main Il se preacutesentetypiquement sous la forme drsquoacroparestheacutesiesdiurnes et nocturnes dans le territoire du nerfmeacutedian (face palmaire des trois premiers doigtset de la moitieacute interne du 4e doigt face dorsaledes mecircmes doigts au niveau des 2e et 3e

phalanges)Dans les statistiques de maladies professionnellesindemnisables (MPI) le SCC est le troublemusculo-squelettique TMS le plus freacutequent En2006 il constituait agrave lui seul 37 des MPI autitre du tableau 57 du reacutegime geacuteneacuteral de Seacutecuriteacutesociale devant les pathologies de lrsquoeacutepaule et ducoude et 28 de lrsquoensemble des MPI du mecircme

reacutegime [1] Les facteurs de risque professionnelsdu SCC sont bien eacutetablis mouvements reacutepeacutetitifsdu membre supeacuterieur travail en force mouve-ments de torsion du poignet utilisation de lapince pouce-index utilisation drsquoun outil vibrant[23] Crsquoest pour ces raisons que dans le cadredu programme de surveillance eacutepideacutemiologiquedes TMS mis en œuvre agrave titre pilote dans la reacutegiondes Pays de la Loire par lrsquoInstitut de veille sani-taire le SCC a eacuteteacute retenu comme pathologietraceuse pour les TMS du membre supeacuterieur [4]Ce programme vise agrave constituer un observatoiredes TMS drsquoorigine professionnelle Ses principauxobjectifs sont - de deacutecrire la freacutequence et lrsquoeacutevolution des prin-cipaux TMS et des conditions de travail qui leursont associeacutees et leur distribution par professionet secteur drsquoactiviteacute

- drsquoestimer la part des cas attribuables agrave lrsquoactiviteacuteprofessionnelle - drsquoexplorer lrsquoutilisation de donneacutees meacutedico-administratives agrave des fins de surveillance eacutepideacute-miologique - drsquoeacutevaluer la faisabiliteacute drsquoun tel systegraveme desurveillance avant drsquoenvisager son extension agravedrsquoautres reacutegions franccedilaisesLrsquoobjectif de cet article est de donner un brefaperccedilu des reacutesultats que le programme a permisde fournir pour deacutecrire la situation eacutepideacutemiolo-gique du SCC dans une reacutegion franccedilaise notam-ment en matiegravere drsquoidentification des professionset secteurs les plus toucheacutes

Population et meacutethodesLes Pays de la Loire sont constitueacutes de cinq deacutepar-tements avec au recensement Insee de 19993 222 061 habitants dont 1 105 943 travailleurs

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salarieacutes Le programme pilote de surveillanceeacutepideacutemiologique mis en œuvre depuis 2002 danscette reacutegion associait trois principales approchescompleacutementaires

La premiegravere consistait en une estimation delrsquoincidence en population geacuteneacuterale de patholo-gies traceuses des TMS et de la contribution desfacteurs professionnels (profession secteurdrsquoactiviteacute) agrave la survenue de ces pathologies Lasurveillance du SCC mise en œuvre dans ledeacutepartement du Maine-et-Loire a reposeacute notam-ment sur lrsquoidentification reacutetrospective des casopeacutereacutes (libeacuteration du nerf meacutedian au canalcarpien en 2002 et 2003) agrave partir des donneacuteesdu programme de meacutedicalisation des systegravemesdrsquoinformation (PMSI) des deux principaux centresde chirurgie de la main du deacutepartement Lerecueil des donneacutees professionnelles a eacuteteacute reacutealiseacutepar auto-questionnaire adresseacute au domicile despatients et compleacuteteacute dans la mesure du possiblepour les non-reacutepondants par celles figurant dansles dossiers meacutedicauxLes taux drsquoincidence de SCC opeacutereacute ont eacuteteacute estimeacutesseacutepareacutement chez les femmes et chez les hommesen consideacuterant le sujet et non le poignet Ils onteacuteteacute calculeacutes en prenant au numeacuterateur les casopeacutereacutes reacutesidant dans le deacutepartement et au deacuteno-minateur les donneacutees du recensement les plusreacutecentes de la population du Maine-et-Loire(1999) La contribution des facteurs profession-nels agrave la survenue du SCC opeacutereacute a eacuteteacute quantifieacuteepar deux indicateurs - la fraction de risque de SCC opeacutereacute attribuableagrave une profession (ou un secteur drsquoactiviteacute) dansla population (Frap) repreacutesente la proportion descas observeacutes dans lrsquoensemble de la populationqui serait eacuteviteacutee si la profession (ou le secteur)ne preacutesentait pas un excegraves de risque Elle deacutependde la valeur du risque relatif (RR) de SCC opeacutereacuteassocieacute agrave la profession (ou au secteur) et de laproportion de sujets exerccedilant la profession (outravaillant dans le secteur) - la fraction de risque attribuable chez les exposeacutes(Frae) repreacutesente quant agrave elle la proportion decas de SCC opeacutereacute que lrsquoon peut attribuer speacuteci-fiquement au fait drsquoexercer une profession (ou detravailler dans un secteur drsquoactiviteacute) parmi les casqui surviennent dans cette profession (ou cesecteur) La Frae ne deacutepend que de la valeur duRR de SCC associeacute agrave la profession (ou au secteur)Le RR lieacute au fait de travailler dans une profession(ou un secteur) ajusteacute sur lrsquoacircge (par classe de10 ans) a eacuteteacute calculeacute par le rapport entre lrsquoinci-dence du SCC dans la profession consideacutereacutee (oule secteur) et lrsquoincidence du SCC dans le reste delrsquoeacutechantillon (actifs et inactifs inclus) chez leshommes et chez les femmes seacutepareacutement

La seconde approche a consisteacute en une estima-tion de la preacutevalence des principaux TMS dontle SCC et de lrsquoexposition aux facteurs de risqueen population salarieacutee Cette surveillance a eacuteteacutemise en œuvre dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 des meacutedecins du

travail de la reacutegion Entre 2002 et 2004 ils ontinclus 3 710 salarieacutes par tirage au sort durant lesvisites meacutedicales du travail Chacun des salarieacutestireacute au sort a rempli un auto-questionnairerecueillant drsquoune part des symptocircmes musculo-squelettiques des membres et du rachis nonspeacutecifiques deacuteriveacutes du questionnaire nordiqueet drsquoautre part des informations sur les activiteacutesprofessionnelles et les contraintes biomeacutecaniques(reacutepeacutetitiviteacute force postures extrecircmes) psychoso-ciales (demande psychologique soutien social autravail etc) et organisationnelles afin drsquoeacutevaluerleur exposition agrave des facteurs de risque de TMS[56] Les anteacuteceacutedents meacutedicaux facteurs derisque de TMS ont eacuteteacute recueillis par le mecircmeauto-questionnaire Au cours de la visite meacutedicaledu travail les sujets ont beacuteneacuteficieacute drsquoun examenclinique standardiseacute conforme agrave la deacutemarcheproposeacutee par le programme europeacuteen Saltsa pourla recherche en santeacute au travail [7]

Enfin les signalements des maladies agrave carac-tegravere professionnel (TMS et non TMS) ont eacuteteacutesysteacutematiquement enregistreacutes par un reacuteseau demeacutedecins du travail volontaires [8]

Quelle qursquoen soit lrsquoapproche les sujets concerneacutespar cette surveillance eacutetaient acircgeacutes de 20 agrave 59 ansSeuls les reacutesultats sur le SCC issus des deuxpremiegraveres approches sont preacutesenteacutes dans cetarticle

Reacutesultats

Incidence du SCC opeacutereacuteLrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee agravepartir des 1 500 cas (1 053 femmes et 447hommes) identifieacutes en 2002 et 2003 dans leMaine-et-Loire srsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmeset 12 pour 1 000 hommes Quelle que soit laclasse drsquoacircge lrsquoincidence eacutetait plus eacuteleveacutee chez lesfemmes la diffeacuterence eacutetant plus marqueacutee apregraves35 ans Lrsquoactiviteacute professionnelle des patients aumoment de lrsquoopeacuteration a eacuteteacute documenteacutee pour1 347 sujets Parmi eux 1 107 eacutetaient des actifsoccupeacutes (actifs ayant un emploi) au moment delrsquointervention chirurgicale

Professions preacutesentant une forteincidence et fractions de risqueattribuable selon la profession(tableau 1)Chez les femmes les incidences les plus eacuteleveacuteessrsquoobservaient pour les agricultrices les ouvriegraveresagricoles les ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel les ouvriegraveres qualifieacutees et non quali-fieacutees de type artisanal mais aussi pour desprofessions du secteur tertiaire comme lesemployeacutees civiles et agents de services lesemployeacutees de commerce et les personnels desservices directs aux particuliersChez les hommes des incidences eacuteleveacutees eacutetaientobserveacutees parmi les ouvriers qualifieacutes de typeartisanal les ouvriers qualifieacutes de la manutentionet du magasinage les ouvriers non qualifieacutes detype industriel les ouvriers agricoles les chauf-feurs les ouvriers qualifieacutes de type industriel

Chez les femmes la Frap estimeacutee pour lesouvriegraveres non qualifieacutees de lrsquoindustrie eacutetait de11 En drsquoautres termes 11 des cas de SCCopeacutereacute seraient eacuteviteacutes dans la population activefeacuteminine acircgeacutee de 20 agrave 59 ans si cette cateacutegorieprofessionnelle ne preacutesentait pas drsquoexcegraves derisque de SCC La Frap eacutetait infeacuterieure agrave 5 pourles autres cateacutegories professionnelles agrave risqueeacuteleveacute de SCC opeacutereacute ouvriegraveres agricoles (4)personnels des services directs aux particuliers(3) employeacutees du commerce (3) employeacuteesciviles et agents de service (3) La Frae variaiteacutegalement selon la profession ouvriegraveres agri-coles (74) ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel (69) et de type artisanal (50)employeacutees du commerce (46) personnels desservices directs aux particuliers (29) employeacuteesciviles et agents de service (23) En drsquoautrestermes 74 des cas de SCC opeacutereacute seraient eacuteviteacutesparmi les ouvriegraveres agricoles acircgeacutees de 20 agrave 59 anssi cette cateacutegorie professionnelle ne preacutesentaitpas drsquoexcegraves de risque de SCCChez les hommes la Frap estimeacutee eacutetait de 12pour les ouvriers qualifieacutes de type artisanal de10 pour les ouvriers non qualifieacutes de type indus-triel de 4 pour les ouvriers agricoles La Fraese situait autour de 60 pour ces trois cateacutegoriesprofessionnelles

Secteurs drsquoactiviteacute preacutesentantune forte incidence et fractionsde risque attribuable selon lesecteur drsquoactiviteacute (tableau 2)Les secteurs drsquoactiviteacute les plus toucheacutes eacutetaientlrsquoagriculture de nombreux secteurs industriels(agroalimentaire meacutetallurgie industrie automo-bile fabrication de mateacuteriel informatique indus-trie du meuble industrie du cuir et de lachaussure fabrication drsquoeacutequipements de radioteacuteleacutevision et communication) lrsquoassurance lespostes et teacuteleacutecommunications la santeacute et lrsquoactionsociale les transports terrestres des activiteacutes deservice (services personnels et domestiqueshocirctellerie et restauration) et le commerce dedeacutetailChez les femmes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient dans lrsquoensemble relativement basses (lesplus eacuteleveacutees autour de 3 eacutetaient observeacuteesdans lrsquoagriculture et le secteur de la santeacute) Lesvaleurs de Frae eacutetaient eacuteleveacutees dans lrsquoindustriede fabrication de mateacuteriel informatique (82)lrsquoassurance (71) lrsquoindustrie automobile (66)les services personnels (65) la fabrication demeubles (59) Elles se situaient autour de 50dans les industries alimentaires lrsquoindustrie ducuir et de la chaussure et lrsquoagricultureChez les hommes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient de lrsquoordre de 5 dans la construction LesFrae variaient entre 11 (administrationpublique) et 87 (meacutetallurgie) avec des valeursde lrsquoordre de 60 pour lrsquoindustrie du cuir lestransports terrestres le travail des meacutetaux

38 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction de la profession Pays de la Loire France 2002-2004Table 1 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by occupation Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agricultrices exploitantes 26 35 19 09 [06-14] - -Agricultrices sur moyenne exploitation (agricultrices et eacuteleveuses drsquoherbivoressur moyenne exploitation)

25 141 05 38 [25-56] 13 [07-21] 735 [606-821]

Employeacutees 354 30 305 12 [10-14] 55 [15-98] 161 [46-262]Employeacutees civiles et agents de service (agents de bureau agents de servicedes eacutetablissements drsquoenseignement et hospitaliers aides-soignantes)

137 33 106 13 [11-15] 30 [08-55] 226 [73-354]

Employeacutees du commerce (vendeuses en alimentation employeacutees de libreservice)

43 30 37 19 [14-25] 30 [13-53] 461 [268-603]

Personnels des services directs aux particuliers (serveuses coiffeusesassistantes maternelles employeacutees de maison de lrsquohocirctellerie)

122 42 75 14 [12-17] 30 [13-50] 291 [144-413]

Ouvriegraveres 259 54 124 24 [21-27] 146 [117-178] 580 [516-635]Ouvriegraveres qualifieacutees de type artisanal (cuisiniegraveres) 11 38 07 16 [09-29] 05 [00-14] 384 [00-660]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel (de lrsquoeacutelectriciteacute eacutelectronique demontage controcircle en meacutecanique de la chimie des industries agricoles dutravail du cuir et de la chaussure du tri de lrsquoemballage de lrsquoexpeacutedition manutentionnaires divers)

152 73 54 33 [27-39] 108 [86-134] 693 [636-742]

Ouvriegraveres non qualifieacutees de type artisanal (nettoyeuses) 26 45 15 20 [14-30] 15 [05-28] 500 [262-661]Ouvriegraveres agricoles (viticulture et arboriculture fruitiegravere maraicircchage ethorticulture)

50 80 16 38 [28-50] 43 [29-61] 736 [648-801]

Hommes

Ouvriers 235 17 359 25 [20-30] 343 [270-414] 593 [508-663]Ouvriers qualifieacutes de type industriel (ouvriers qualifieacutes travaillant parenlegravevement du meacutetal)

41 13 84 15 [11-20] 37 [04-78] 313 [50-504]

Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (jardiniers meacutecaniciens drsquoautomobilemenuisiers du bacirctiment maccedilons couvreurs bouchers cuisiniers)

78 24 83 27 [21-35] 124 [85-170] 630 [527-711]

Chauffeurs (conducteurs routiers et grands routiers livreurs coursiers) 21 15 35 16 [10-24] 19 [00-48] 360 [06-588]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport(magasiniers)

14 19 19 22 [13-37] 22 [05-49] 542 [221-731]

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel (montage controcircle en meacutecanique des industries agricoles du travail du cuir)

54 18 75 25 [19-33] 101 [61-150] 599 [464-701]

Ouvriers agricoles (drsquoeacutelevage) 19 16 30 25 [15-40] 43 [16-84] 600 [355-752]

La population de lrsquoeacutetude est de 1347 sujets Seuls les reacutesultats sur les cateacutegories professionnelles preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition agrave la profession dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute en utilisant lesbornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) chez les exposeacutes agrave cette profession

Preacutevalence du SCC cliniqueLrsquoeacutechantillon de 3 710 salarieacutes (58 drsquohommes)eacutetait repreacutesentatif pour lrsquoacircge la cateacutegorie socio-professionnelle et le secteur drsquoactiviteacute mais onobservait une sous-repreacutesentation des femmes(42 vs 47 pour la reacutegion)Le SCC occupait le 2e rang apregraves le syndrome dela coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule (85 chez lesfemmes et 66 chez les hommes) avec unepreacutevalence de 40 chez les femmes et 24chez les hommes Pour les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans la preacutevalence du SCC srsquoeacutelevait agrave 78chez les femmes et agrave 37 chez les hommesLes preacutevalences les plus eacuteleveacutees pour les femmeseacutetaient observeacutees parmi les ouvriegraveres agricoles etles ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel lesemployeacutees civiles agents de service et lesemployeacutees administratives drsquoentreprises et pourles hommes parmi les ouvriers qualifieacutes et nonqualifieacutes de type industriel et ouvriers qualifieacutesde la manutention du magasinage et du trans-port (tableau 3)

DiscussionCes diffeacuterentes approches en population geacuteneacute-rale et en entreprise ont montreacute leur inteacuterecirct etleur compleacutementariteacute pour deacutecrire la situationeacutepideacutemiologique du SCC en fonction de lrsquoacircge dusexe du secteur drsquoactiviteacute et de la professionLes professions identifieacutees par une incidenceeacuteleveacutee de SCC dans la population geacuteneacuterale figu-rent pour la majoriteacute drsquoentre elles parmi celles

preacutesentant une preacutevalence eacuteleveacutee parmi lessalarieacutesChez les femmes cette sur-incidence concernenon seulement des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute de SCC(ouvriegraveres agricoles et ouvriegraveres non qualifieacutees detype industriel) mais aussi des employeacutees decommerce et des employeacutees civiles et agents deservice Pour les hommes cette sur-incidenceconcerne surtout des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute (ouvriers agri-coles et ouvriers qualifieacutes de type artisanal detype industriel et de la manutention ouvriers nonqualifieacutes de type industriel)Les prioriteacutes drsquoaction pour la preacutevention du SCCdevront se concentrer sur les secteurs ou profes-sions ainsi identifieacutes La poursuite de cettesurveillance permettra drsquoaffiner la description dela distribution des cas en fonction des secteurset des professionsBien que ces estimations ne soient fondeacutees quesur les deux principaux centres de chirurgie de lamain du Maine-et-Loire (dans lesquels 70 deshabitants du deacutepartement sont opeacutereacutes pour SCC)et que les reacutesidents du Maine-et-Loire opeacutereacutesailleurs ne soient pas pris en compte ici les esti-mations de lrsquoincidence du SCC opeacutereacute agrave partir desdonneacutees de ces eacutetablissements de santeacute sont vrai-semblablement plus proches de la reacutealiteacute quecelles baseacutees sur le reacuteseau de meacutedecins neuro-physiologistes mis en œuvre parallegravelement dansle mecircme deacutepartement dans le cadre de cette

phase pilote du programme de surveillance desTMS et publieacutees ailleurs [910] Le reacuteseau deneurophysiologistes preacutesentait lrsquoavantage drsquounebonne valeur diagnostique de la deacutefinitionretenue pour le traceur SCC (association drsquoexplo-rations eacutelectromyographiques positives et desymptocircmes cliniques) mais les estimations obte-nues eacutetaient davantage sous-eacutevalueacutees qursquoicinotamment en raison drsquoune participation ineacutegaledes meacutedecins neurophysiologistes La meacutethodeutiliseacutee ici preacutesente lrsquoavantage drsquoune meilleureexhaustiviteacute tout en permettant un recueil satis-faisant de donneacutees professionnellesLa surveillance en entreprise a eacuteteacute lrsquooccasiondrsquoutiliser pour la premiegravere fois en France ladeacutemarche diagnostique standardiseacutee proposeacuteepar le programme europeacuteen Saltsa Elle a permisde produire des donneacutees preacutecises et nouvelles surla preacutevalence des principaux TMS du membresupeacuterieur drsquoen montrer lrsquoampleur et les varia-tions par secteur drsquoactiviteacute et profession [11]Avant toute extension de la surveillance du SCCil a eacuteteacute neacutecessaire drsquoeacutevaluer les avantages et lesinconveacutenients des diffeacuterentes approches et dereacutefleacutechir aux modaliteacutes de simplification desproceacutedures utiliseacutees Pour sa mise en œuvre dansle deacutepartement des Bouches du Rhocircne en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur le choix a eacuteteacute faitdrsquoidentifier de faccedilon prospective les sujets opeacutereacutesdrsquoun SCC dans les eacutetablissements de santeacute prati-quant ce type drsquointervention Des reacutesultats de

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Tableau 2 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction du secteur drsquoactiviteacute France 2002-2004 Table 2 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by sector of economic activity Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agriculture chasse services annexes 84 55 40 19 [15-24] 35 [21-53] 481 [351-585]Industries alimentaires 36 45 20 21 [15-30] 23 [11-39] 533 [349-665]Industrie du cuir et de la chaussure 46 47 25 19 [15-26] 23 [11-39] 487 [311-618]Fabrication de machines de bureau et de mateacuteriel informatique 5 53 02 54 [23-131] 11 [03-28] 816 [559-924]Fabrication drsquoeacutequipements de radio teacuteleacutevision etcommunication

13 39 09 18 [10-31] 07 [00-18] 444 [41-677]

Industrie automobile 6 49 03 30 [13-66] 06 [01-17] 663 [248-849]Fabrication de meubles industries diverses 12 51 06 24 [14-43] 09 [02-20] 589 [273-767]Commerce de deacutetail et reacuteparation drsquoarticles domestiques 58 27 54 13 [10-17] 18 [01-39] 249 [20-425]Hocirctels et restaurants 24 30 20 12 [08-18] 05 [00-17] 184 [00-455]Postes et teacuteleacutecommunications 15 42 09 16 [10-27] 06 [00-15] 381 [00-627]Assurance 9 49 05 34 [18-66] 11 [04-26] 709 [439-849]Santeacute et action sociale 174 33 135 13 [11-15] 34 [09-61] 206 [66-326]Services personnels 17 41 11 29 [18-47] 20 [08-37] 653 [439-786]Services domestiques 21 35 15 11 [07-17] 01 [00-10] 87 [00-408]

Hommes

Industries alimentaires 20 15 34 17 [11-27] 25 [04-56] 425 [96-634]Industrie du cuir et de la chaussure 12 20 15 27 [15-48] 25 [08-55] 629 [339-792]Meacutetallurgie 6 54 03 74 [33-165] 18 [07-43] 865 [697-940]Travail des meacutetaux 21 20 27 24 [15-37] 36 [14-68] 577 [343-727]Construction 55 17 82 16 [12-21] 47 [17-85] 378 [174-531]Transports terrestres 24 25 25 26 [17-40] 40 [18-70] 621 [426-750]Administration publique 28 13 56 11 [08-17] 07 [00-36] 112 [00-395]

La population de lrsquoeacutetude est de 1 347 sujets Seuls les reacutesultats sur les secteurs drsquoactiviteacute preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition au secteur drsquoactiviteacute dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute enutilisant les bornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) chez les exposeacutes agrave cesecteur drsquoactiviteacute

Tableau 3 Preacutevalence du SCC chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 selon la cateacutegorieprofessionnelle France 2002-2004 Table 3 Prevalence of CTS in employees from Pays de la Loire in2002-2004 by occupational category France 2002-2004

Effectifs SCC Preacutevalence SCC ()N n [IC 95]

Femmes

Employeacutees civiles et agents de service 212 13 61 [29-94]Employeacutees administratives drsquoentreprises 328 10 31 [12-49]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel 206 8 39 [12-65]Ouvriegraveres agricoles 21 7 333 [132-535]

Hommes

Ouvriers qualifieacutes de type industriel 347 11 32 [13-50]Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 273 11 40 [17-64]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport 129 5 39 [05-72]

[IC 95] Intervalle de confiance agrave 95

cette surveillance seront bientocirct disponibles(encadreacute p 41)Enfin une reacuteflexion est en cours pour construireagrave partir des donneacutees issues de ce programmedes indicateurs nationaux qui soient simplespertinents et reproductibles portant agrave la fois surla freacutequence du SCC et des expositions et sur lenombre de cas attribuables au travail agrave lrsquoeacutechellede la population franccedilaise permettant drsquoen suivrelrsquoeacutevolution et de mieux orienter et eacutevaluer lrsquoeffi-caciteacute des politiques de preacutevention en milieu detravail

Reacutefeacuterences

[1] LrsquoAssurance maladie Risques professionnels Le site desaccidents du travail et des maladies professionnelleshttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrfrsynthesesynthese_stats-trim_1php

[2] Bernard BP Musculoskeletal disorders and workplacefactors A critical review of epidemiologic evidence for work-related musculoskeletal disorders of the neck upper-extremity and low back Cincinnati DHHS (NIOSH) publi-cation 1997

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[4] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Reacuteseau expeacuteri-mental de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance

en population geacuteneacuterale du syndrome du canal carpien dansle Maine-et-Loire en 2002 Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2004 60 p httpwwwinvssantefrpublications2004tms_131204indexhtml

[5] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

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[8] Ha C Touranchet A Pubert M Roquelaure Y GoldbergM Imbernon E Un observatoire pilote des maladies agrave carac-tegravere professionnel Arch Mal Prof Env 200768223-32

[9] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire Network OccupEnviron Med 200966471-9

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[11] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M Imbernon E Goldberg M Epidemiologicalsurveillance of upper extremity musculoskeletal disorders inthe working population the French Pays de la Loire studyArthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

40 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

Yvan Souaregraves (yvansouaressantegouvfr)12 Franck Sillam12 Catherine Ha1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France 2 Cellule interreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud Institut de veille sanitaire Marseille France

Depuis fin 2007 le Deacutepartement santeacute travailde lrsquoInstitut de veille sanitaire et la Celluleinterreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud ont mis enœuvre une eacutetude sur lrsquoincidence et les facteursde risque professionnels du syndrome du canalcarpien (SCC) opeacutereacute dans la population desBouches-du-Rhocircne Les objectifs de ce travailsont - estimer lrsquoincidence du SCC opeacutereacute dans lapopulation geacuteneacuterale de 20 agrave 64 ans - deacutecrire la distribution des SCC opeacutereacutes selonles caracteacuteristiques individuelles des patientset les facteurs drsquoexposition professionnelle etestimer la part de morbiditeacute lieacutee au travail - deacutecrire le devenir socioprofessionnel et fonc-tionnel agrave 6 mois des personnes opeacutereacutees drsquounSCC selon les caracteacuteristiques individuelles etdrsquoexposition professionnelle des patients et lareconnaissance ou non du caractegravere profes-sionnel de la pathologie (reconnaissance enmaladie professionnelle indemnisable)

Mateacuteriel et meacutethodesLrsquoeacutetude se deacuteroule en deux phases un recueilde donneacutees en peacuteri-opeacuteratoire pendant uneanneacutee centreacute sur les caracteacuteristiques indivi-duelles et les facteurs de risque professionnels(phase I) et 6 mois apregraves lrsquointervention chirur-gicale un recueil de donneacutees centreacute sur ledevenir socioprofessionnel des personnesopeacutereacutees (phase II) Le recrutement des patientssrsquoest fait agrave partir drsquoun reacuteseau deacutepartementalde chirurgiens de la main tous volontaires Leseacutequipes chirurgicales ont eacuteteacute preacutealablement

seacutelectionneacutees selon des critegraveres (a) drsquoactiviteacuteannuelle pour le SCC (b) de reacutepartition desbassins de population desservis dans lesBouches-du-Rhocircne et (c) des capaciteacutes agravecontribuer efficacement agrave la gestion du recueildes donneacutees (motivation administration exis-tence et disponibiliteacute drsquoun deacutepartementdrsquoinformation meacutedicale) Le protocole drsquoeacutetudea eacuteteacute mis agrave la disposition des chirurgiens etune version simplifieacutee a eacuteteacute reacutedigeacutee agrave lrsquointen-tion des eacutequipes parameacutedicales Les eacutequipesont preacutealablement eacuteteacute associeacutees au design dusystegraveme de monitorage des travaux puisformeacutees aux modaliteacutes pratiques de la collectede donneacutees Celle-ci a eacuteteacute organiseacutee autourdrsquoauto-questionnaires destineacutes aux patients(phases I et II) et de questionnaires preacute- etpost-opeacuteratoires compleacuteteacutes par les chirurgiens(phase I seulement) Les patients ont eacuteteacute inclusdans la phase I du 1er avril 2008 au 31 mars2009 La phase II a deacutebuteacute en octobre 2008et a pris fin en novembre 2009 en raison desrelances neacutecessaires aupregraves des patients pourle retour des questionnaires

Eacutetat drsquoavancementLe reacuteseau est constitueacute de 11 chirurgiensappartenant agrave trois structures (une publiqueet deux priveacutees) repreacutesentant six sites deconsultation et cinq sites opeacuteratoires Selonlrsquoanalyse du programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) pour la peacuteriode2003-2005 ces structures repreacutesentaient

environ 50 des interventions annuelles pourSCC dans les Bouches-du-RhocircnePhase IAu 1er juillet 2009 1 024 patients eacutetaientinclus en phase I Ce nombre est infeacuterieur aurecrutement attendu (gt 1 500) pour deuxraisons principales - le codage et lrsquoenregistrement des actesmeacutedicaux et des pathologies dans le PMSInous ont conduits agrave surestimer lrsquoincidenceattendue (deux enregistrements pour unmecircme patient opeacutereacute des deux poignets en unan) - la participation incomplegravete drsquoune des struc-tures pour des raisons de compliance delrsquoeacutequipe et de moyens inadapteacutes agrave lrsquoadminis-tration de lrsquoeacutetudePhase IIAu 1er aoucirct 2009 601621 patients avaientcompleacuteteacute et retourneacute le questionnaire de suiviagrave 6 mois soit un taux de reacuteponse de 968identique agrave celui obtenu dans le reacuteseau desPays de la Loire entre 2002 et 2004 [1]La saisie et lrsquoanalyse des donneacutees seront faitesseacutepareacutement pour chacune des deux phases delrsquoeacutetude Les reacutesultats sont attendus pour lepremier (phase I) et le deuxiegraveme (phase II)semestre 2010

Reacutefeacuterence

[1] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Nicolas GDescatha A Leclerc A et al Work increases the incidenceof carpal tunnel syndrome in the general populationMuscle amp Nerve 200837(4)477-82

Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves interventionchirurgicale pour un syndrome du canal carpien dans les Pays de la LoireElsa Parot-Schinkel (elsaschinkeluniv-angersfr)1 Yves Roquelaure1 Catherine Ha2 Annette Leclerc3 Jean-Franccedilois Chastang3 Alexis Descatha3 GuyRaimbeau4 Francis Chaise5

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Inserm U687 Villejuif France 4 Centre de la Main Angers France 5 Clinique Jeanne drsquoArc Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutetudier le pronostic professionnel apregraves intervention poursyndrome du canal carpienLes patients opeacutereacutes en 2002-2003 dans les Pays de la Loire ont rempli unautoquestionnaire1 248 questionnaires ont eacuteteacute retourneacutes (62) 253 hommes et 682 femmesdeacuteclaraient un emploi au moment de lrsquoopeacuteration Les facteurs de mauvaispronostic identifieacutes eacutetaient intervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique du membre supeacuterieur cateacutegorie socioprofessionnelleouvriers arrecirct de travail pour maladie professionnelle et imputabiliteacute parle patient agrave une cause professionnelleCette eacutetude souligne lrsquoimplication de multiples facteurs agrave prendre encompte pour le pronostic professionnel

Study of factors associated to occupational outcomeafter surgery for carpal tunnel syndrome in theFrench Pays de la Loire regionWe aimed to study the occupational outcome of carpal tunnel syndrome(CTS) after surgical release of the median nervePatients from the French Pays de la Loire region having undergone surgicalrelease of the median nerve in 2002-2003 filled out a mailed questionnaire1248 questionnaires were returned (62)A total of 253 men and 682 women declared being employed at the time ofthe surgery Factors associated with poor occupational outcome were theoccurrence of simultaneous intervention on another upper extremity muscu-loskeletal disorder belonging to the ldquoblue-collar workerrdquo occupational cate-gory to be on sick leave compensated by the occupational health insurancesystem and belief (of the patient) in an occupational causeThis study underlines the multifactorial nature of the occupational prog-nosis of CTS after surgeryMots cleacutes Key words

Syndrome du canal carpien maladie professionnelle pronostic troubles musculo-squelettiques Carpal tunnel syndrome occupational disease prognosismusculoskeletal disorders

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 41

Figure Meacutethode de seacutelection des sujets inclus France Pays de la Loire 2002-2003 Figure Methods for selecting subjects France Pays de la Loire 2002-2003

1 2 3 et 4 Diffeacuterences statistiquement significatives (plt005)

Non actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (120)Sex-ratio FemmesHommes 911

- 108 femmes 48 plusmn 7 ans2

- dont 60 femmes au foyer- dont 17 invaliditeacutes

- 12 hommes 50 plusmn 10 ans3

- dont 2 retraiteacutes- dont 2 demandeurs diacuteemploi

Reacutepondants (1 248)308 hommes et 940 femmes - 47 plusmn 9 ans

Non reacutepondants (777)240 hommes et 537 femmes - 46 plusmn 9 ans

Questionnaires envoyeacutes (2 025)548 hommes et 1 477 femmes

Actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (1 128)- Sex-ratio FemmesHommes 2811

- 832 femmes 46 plusmn 8 ans2

- 296 hommes 46 plusmn 9 ans3

Non actifs au moment de lrsquointervention (193)- Sex-ratio FemmesHommes 351- 150 femmes 46 plusmn 9 ans- 43 hommes 50 plusmn 8 ans4

Actifs au moment de lrsquointervention (935)- Sex-ratio FemmesHommes 271- 682 femmes 46 plusmn 8 ans- 253 hommes 45 plusmn 9 ans4

IntroductionEntre 80 000 et 100 000 personnes acircgeacutees de 20agrave 59 ans sont opeacutereacutees chaque anneacutee en Francedrsquoun syndrome du canal carpien (SCC) Le devenirprofessionnel des patients traiteacutes pour un SCCest un critegravere important du reacutesultat puisque lamajoriteacute drsquoentre eux est encore en activiteacute profes-sionnelle Connaicirctre les facteurs preacutedictifs de lanon-reprise du travail est neacutecessaire pour mieuxprendre en charge ces patients Lrsquoobjectif delrsquoeacutetude preacutesenteacutee ici est de deacutecrire le devenirprofessionnel des personnes opeacutereacutees pour SCC etdrsquoeacutetudier les facteurs individuels et professionnelsassocieacutes agrave un pronostic deacutefavorable en termes dereprise du travail dans la population de deuxdeacutepartements des Pays de la Loire reacutegion de miseen œuvre depuis 2002 drsquoun reacuteseau pilote desurveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques

MeacutethodesAgrave partir du Programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) deux groupeshomogegravenes de malades (Libeacuteration du canalcarpien et Libeacuteration du canal carpien enambulatoire) permettent de recenser tous lesreacutesumeacutes standardiseacutes de sortie relatifs auxseacutejours hospitaliers publics et priveacutes pour trai-tement chirurgical du SCC agrave lrsquoexception des raresinterventions faites au cours drsquointerventions pluslourdes Crsquoest ainsi que les personnes acircgeacutees de20 agrave 59 ans opeacutereacutees pour un SCC dans les struc-tures de soins du Maine-et-Loire (pour les anneacutees2002 et 2003) et de la Loire-Atlantique (pourlrsquoanneacutee 2003) et domicilieacutees dans ces deacuteparte-ments ont eacuteteacute identifieacutees Seuls les seacutejours issusdes trois principaux centres de chirurgie de lamain de ces deacutepartements ont eacuteteacute eacutetudieacutes repreacute-sentant selon les donneacutees du PMSI de lrsquoanneacutee2002 trois quarts des seacutejours pour chirurgie duSCC chez les reacutesidents du mecircme acircge et de cesmecircmes deacutepartements Les donneacutees ont eacuteteacuterecueillies par questionnaire adresseacute par voiepostale en 2004 (soit en moyenne un an et demiapregraves lrsquointervention) aux patients eacuteligibles pourcette eacutetude soit 1 258 dans le Maine-et-Loire et766 en Loire-Atlantique (apregraves exclusion de 68patients sans adresse) Le questionnaire exploraitlrsquohistoire meacutedicale et professionnelle (sur les cinqanneacutees avant lrsquointervention) et les conditions deretour au travail Lrsquoanalyse des donneacutees a eacuteteacutereacutealiseacutee en consideacuterant les sujets et non lespoignets en cas drsquointervention sur les deuxpoignets le sujet nrsquoest donc compteacute qursquoune foisLes facteurs associeacutes au deacutelai de reprise du travailapregraves intervention ont eacuteteacute eacutetudieacutes par desanalyses de survie restreintes aux sujets deacuteclarantun emploi au moment de lrsquoopeacuteration (actifsoccupeacutes) seacutepareacutement chez les hommes et lesfemmes en univarieacute par la meacutethode de KaplanMeier et le test du Log Rank et en multivarieacutepar un modegravele de reacutegression semi-parameacutetriqueagrave risques proportionnels de Cox avec une esti-mation des Hazard Ratios ajusteacutes (HR) Le deacutepar-tement (Maine-et-Loire Loire-Atlantique) et lrsquoacircge

ont eacuteteacute forceacutes dans le modegravele afin drsquoajuster lesestimations des autres risques relatifs sur cesvariables le seuil de significativiteacute choisi pourinclure les autres variables dans lrsquoanalyse multi-varieacutee eacutetait de 020 Le critegravere de jugement estle deacutelai de reprise du travail apregraves lrsquointerventionLes personnes nrsquoayant pas repris le travail aumoment du remplissage du questionnaire ont eacuteteacutecensureacutees avec un deacutelai correspondant agrave celuientre la date de lrsquoopeacuteration et celle du remplis-sage du questionnaire

ReacutesultatsLe taux de reacuteponse a eacuteteacute de 62 (1 248 ques-tionnaires) 58 pour le Maine-et-Loire et 64pour la Loire-Atlantique Parmi les personnesactives professionnellement au cours des cinqderniegraveres anneacutees (figure) 253 hommes (82) et682 femmes (73) ont deacuteclareacute un emploi aumoment de leur intervention soit 935 actifsoccupeacutes parmi lesquels 90 des hommes et 92des femmes ont deacuteclareacute avoir repris leur activiteacuteprofessionnelle au moment de lrsquoenquecircte Le deacutelaimeacutedian de reprise du travail eacutetait de 60 joursquel que soit le sexe La reprise professionnellesrsquoeffectuait principalement au mecircme poste (83pour les hommes et 85 pour les femmes) aumecircme poste mais ameacutenageacute (respectivement 7et 8) ou agrave un autre poste (respectivement 8et 5) La reprise dans une autre entreprise eacutetaitrare (2) Pour 6 des hommes et 7 desfemmes la reprise se faisait par un travail agravemi-temps drsquoune dureacutee moyenne de quatre moischez les hommes et trois mois chez les femmes

La probabiliteacute de reprise du travail agrave trois moisest drsquoenviron 71 chez les hommes et 76 chezles femmes agrave un an de 88 chez les hommeset 91 chez les femmes Lrsquoanalyse multivarieacutee(tableau) montre que la preacutesence drsquoau moins uneintervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique (TMS) du membre supeacute-rieur est associeacutee agrave un plus mauvais pronostic enterme de reprise du travail (HR 21[13-34] chezles hommes et 14[10-19] chez les femmes)ainsi que pour les femmes seulement le fait debeacuteneacuteficier drsquoun arrecirct de travail pour maladieprofessionnelle apregraves lrsquointervention (18 [14-24])et lrsquoimputabiliteacute subjective du SCC agrave une causeprofessionnelle (22 [13-37]) Les cadres ont unmeilleur pronostic professionnel que les ouvriersquel que soit le sexe (01 [00-04] pour leshommes et 05 [03-09] pour les femmes)

DiscussionLes facteurs de mauvais pronostic les plusrobustes observeacutes dans notre eacutetude sont ainsi lapreacutesence drsquoau moins une intervention simultaneacuteesur un autre TMS du membre supeacuterieur le faitdrsquoecirctre en arrecirct de travail pour maladie profes-sionnelle et lrsquoappartenance agrave la cateacutegorie profes-sionnelle des ouvriers qui peut ecirctre consideacutereacuteecomme un indicateur indirect de contraintesprofessionnelles Ce reacutesultat souligne en accordavec drsquoautres eacutetudes [1-3] que le pronosticprofessionnel apregraves intervention pour un SCC estdeacutetermineacute par plusieurs facteurs lieacutes agrave la cateacute-gorie socioprofessionnelle et aux contraintesprofessionnelles Une eacutevaluation fine de ces

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Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

[1] Chaise F Bellemere P Friol JP Gaisne E Poirier PMenadi A Interruption professionnelle et chirurgie dessyndromes du canal carpien Reacutesultats drsquoune seacuterie prospec-tive de 233 patients Chir Main 200120117-21

[2] Katz JN Losina E Amick BC 3rd Fossel AH Bessette LKeller RB Predictors of outcomes of carpal tunnel releaseArthritis Rheum 2001441184-93

[3] Katz JN Amick BC 3rd Keller R Fossel AH Ossman JSoucie V Losina E Determinants of work absence followingsurgery for carpal tunnel syndrome Am J Ind Med200547120-30

Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 43

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

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Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

46 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

[5] Nomenclature des activiteacutes et des produits franccedilaiseNAF-CPF Paris Insee 2000

[6] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion Arthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

[7] Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveses Lescontraintes posturales et articulaires au travail Mars 2006nordm 112 httpwwwtravail-solidaritegouvfr

[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

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10

15

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25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 4: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

objectif de fournir une description des TMS et delrsquoexposition agrave leurs facteurs de risque Cettereacutegion a eacuteteacute choisie en raison de lrsquoexistence decompeacutetences et drsquoune expeacuterience longue deplusieurs anneacutees dans le champ de lrsquoeacutepideacutemio-logie des TMS Ce programme associait plusieursapproches compleacutementaires une surveillancedes pathologies dites traceuses en populationgeacuteneacuterale une surveillance des principaux TMSdes membres et des lombalgies en entreprise unesurveillance des maladies agrave caractegravere profes-sionnel deacuteclarables ou non en maladies profes-sionnelles Le volet de surveillance en entreprisea montreacute une preacutevalence eacuteleveacutee des TMS parmides salarieacutes au moins un des six principaux TMSdu membre supeacuterieur a eacuteteacute diagnostiqueacute chez15 des femmes et 11 des hommes drsquouneacutechantillon repreacutesentatif de 3 710 salarieacutes acircgeacutesde 20 agrave 59 ans avec une preacutevalence plus impor-tante des tendinopathies de la coiffe des rota-teurs que de celle du SCC [6] Dans ce mecircmeeacutechantillon 16 des hommes et 17 desfemmes ont deacuteclareacute des symptocircmes lombairesayant dureacute plus de 30 jours au cours de lrsquoanneacuteeeacutecouleacutee La freacutequence est comparable agrave celleretrouveacutee agrave partir drsquoenquecirctes nationales lapreacutevalence de lombalgie de plus de 30 jours eacutetantestimeacutee agrave 17 dans la population geacuteneacuterale de30 agrave 64 ans [7]

Trois grands types de facteurs jouent un rocircle dansla survenue des TMS les facteurs biomeacutecaniques(mouvements en force postures extrecircmes tellesque travail bras au-dessus des eacutepaules mouve-ments de torsion du poignet du tronc flexion etextension du coude reacutepeacutetitiviteacute des gesteseacuteleveacutee) les contraintes psychosociales (fortedemande psychologique faible soutien socialfaible latitude deacutecisionnelle) et les facteurs indi-viduels (acircge genre diabegravete hypothyroiumldie) Lasurveillance dans les entreprises des Pays de laLoire et lrsquoenquecircte nationale Sumer 2003 mettenten eacutevidence une exposition freacutequente des salarieacutesaux facteurs de risque biomeacutecaniques ainsiqursquoaux contraintes psychosociales [8] Ces deuxenquecirctes ont aussi montreacute que les inteacuterimaireseacutetaient particuliegraverement exposeacutes Sumer 2003reacutevegravele par exemple qursquoun inteacuterimaire de lrsquoindus-trie sur cinq et un inteacuterimaire de la constructionsur trois manipule des charges au moins 20heures par semaine [9] Crsquoest pourquoi nous leurconsacrons un article dans ce numeacutero (pp 45-47)

Une eacutepideacutemie qui nrsquoest paspropre agrave la FranceEn 2000 34 des travailleurs europeacuteens deacutecla-raient souffrir de problegravemes de dos 23 dedouleurs musculaires dans le cou et les eacutepauleset les TMS eacutetaient les pathologies les plus deacutecla-reacutees citeacutees en premiegravere position pour la peacuteriode1994 agrave 2000 dans six pays sur 10 [10] Les TMSoccupent eacutegalement la premiegravere place des mala-dies professionnelles reconnues dans plusieurspays (Belgique Espagne Finlande Luxembourget Suegravede) En revanche dans drsquoautres payscomme lrsquoAllemagne lrsquoAutriche la Gregravece et le

Portugal ils ne figurent pas parmi les cinq patho-logies professionnelles les plus reconnues Cecitient essentiellement aux diffeacuterences entre lessystegravemes de reacuteparation qui rendent difficiles lescomparaisons En 2005 le premier problegraveme desanteacute imputeacute au travail dont souffrent les travail-leurs de lrsquoUE-27 sont encore les douleurs rachi-diennes (25) et les douleurs musculaires auniveau du cou des eacutepaules ou des membres(23) [11] Au Canada lrsquoenquecircte queacutebeacutecoisesociale et de santeacute de 1998 portant sur un eacutechan-tillon de la population geacuteneacuterale de 11 735 sujetsmontrait qursquoun travailleur sur quatre rapportaitdes douleurs au bas du dos et pregraves drsquoun travail-leur sur cinq aux membres supeacuterieurs Plus de lamoitieacute de ces travailleurs reliaient leurs douleursau travail [12]La forte preacutevalence de lrsquoexposition profession-nelle aux facteurs de risque de TMS nrsquoest pas nonplus propre agrave la France La 4e enquecircte europeacuteennesur les conditions de travail montre qursquoen 2005presque un travailleur sur deux deacuteclare exercerson emploi dans des positions douloureuses etfatigantes et six travailleurs sur dix deacuteclarent ecirctresoumis agrave des gestes reacutepeacutetitifs de la main ou dubras au moins le quart du temps [11]

Une mobilisation essentielle detous les acteursLa mobilisation autour de cette question srsquoestbeaucoup deacuteveloppeacutee ces derniegraveres anneacutees Enteacutemoignent les campagnes aupregraves du grandpublic des chefs drsquoentreprise des salarieacutes et desprofessionnels de santeacute lanceacutees par le ministegraverechargeacute du Travail en avril 2008 Les TMSparlons-en pour les faire reculer et en mai2009 Les TMS la preacutevention on srsquoy met tousou la campagne europeacuteenne Alleacutegez la chargeconduite en 2007 sous lrsquoimpulsion de lrsquoAgenceeuropeacuteenne pour la seacutecuriteacute et la santeacute au travailEn teacutemoignent eacutegalement la Semaine de preacuteven-tion des TMS organiseacutee chaque anneacutee par laCaisse nationale drsquoassurance maladie des travail-leurs salarieacutes (Cnamts) ou encore la confeacuterenceLes troubles musculo-squelettiques dans lrsquoagro-alimentaire Parlons-en pour agir ensemblesous lrsquoeacutegide du ministegravere chargeacute de lrsquoAgricultureet du ministegravere chargeacute du TravailDans son projet de creacuteation et deacuteveloppementproposeacute en mars 1998 le Deacutepartement santeacutetravail de lrsquoInVS avait poseacute les grandes lignes desobjectifs et des meacutethodes pour la surveillance desrisques professionnels Celle-ci eacutetait naturelle-ment centreacutee prioritairement sur la productiondrsquoindicateurs laquo basiques raquo tels qursquoincidence etpreacutevalence par acircge sexe profession et secteurdrsquoactiviteacute Elle avait aussi pour objectif drsquoestimerle poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans lasurvenue des TMS par le calcul de fractions derisque attribuables Ce numeacutero preacutesente la varieacuteteacutedes connaissances qursquoun systegraveme de surveillanceen lrsquooccurrence celui des TMS peut geacuteneacuterer aufur et agrave mesure de sa mise en œuvre et des sujetsdrsquointeacuterecirct qui apparaissent au fil des anneacutees enfonction des reacutesultats et de lrsquoeacutevolution des preacuteoc-

cupations Crsquoest ainsi que le reacuteseau de surveil-lance des Pays de la Loire a permis de mieuxconnaicirctre le devenir meacutedical des sujets atteintsde TMS mais aussi les conseacutequences de lamaladie sur lrsquoemploi en termes drsquoarrecircts de travailde prise en charge par lrsquoAssurance maladie oudrsquoameacutenagement des conditions de travail eacutetudedu devenir des sujets atteints drsquoun SCC en popu-lation geacuteneacuterale ou de celui des sujets souffrantde tendinopathies de la coiffe des rotateurs agravelrsquoeacutepaule au pronostic plus deacutefavorable que lesautres TMS exploreacute gracircce agrave la cohorte des sala-rieacutes ligeacuteriens baptiseacutee CosaliLes donneacutees des Pays de la Loire reacutegion forte-ment industrialiseacutee seront utilement compleacuteteacuteespar lrsquoextension de ce programme en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur reacutegion ougrave preacutedo-mine le secteur tertiaire et pour laquelle les reacutesul-tats drsquoune surveillance du SCC opeacutereacute serontbientocirct disponibles Des donneacutees de surveillancefranciliennes sont en cours de recueil gracircce agrave unpartenariat entre lrsquoInVS et le Reacuteseau preacuteventionmain Icircle-de-France structure associative dontlrsquoobjectif est drsquoameacuteliorer la prise en chargeglobale des traumatismes de la main et dumembre supeacuterieur de favoriser les eacutechanges desavoir-faire et les coopeacuterations entre les diffeacute-rents professionnels impliqueacutes afin de preacutevenirautant que possible les seacutequelles fonctionnellespsychologiques et socioprofessionnellesGracircce agrave la participation de ces reacuteseaux (profes-sionnels de la santeacute au travail meacutedecins et chirur-giens libeacuteraux infirmiegraveres et travailleurssociaux) ce programme de surveillance eacutepideacute-miologique devrait aussi contribuer agrave articuler letravail de terrain et la production de connais-sances dans le domaine de la veille sanitaire etainsi agrave mieux orienter les actions de preacuteventiondurable et de maintien ou de retour en emploiface agrave ce deacutefi de la santeacute au travail que repreacute-sentent les TMS

Reacutefeacuterences

[1] Numeacutero theacutematique La surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques Bull Epideacutemiol Hebd200544-45217-28

[2] Hatzfeld N Lrsquoeacutemergence des troubles musculo-squelettiques (1982-1996) Sensibiliteacutes de terrain deacutefinitionsdrsquoexperts et deacutebats scientifiques Histoire amp Mesure200621(1)111-40

[3] Assurance maladie Risques professionnelshttpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

[4] Ha C Touranchet A Pubert M Roquelaure Y GoldbergM Imbernon E Un observatoire pilote des maladies agrave carac-tegravere professionnel Arch Mal Prof Env 200768223-32

[5] Verger P Viau A Arnaud S Cabut S Saliba ML Iarmar-covai G et al Barriers to physician reporting of workersrsquocompensation cases in France Int J Occup Environ Health200814198-205

[6] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire Network OccupEnviron Med 200966471-9

[7] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 200750633-9

[8] Arnaudo B Magaud-Camus I Sandret D Coutrot TFloury MC Guignon N et al Exposition aux risques et auxpeacutenibiliteacutes du travail de 1994 agrave 2003 Premiers reacutesultats de

36 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

lrsquoenquecircte Sumer 2003 Documents pour le Meacutedecin duTravail nordm101 1er trimestre 2005

[9] Dares La manutention manuelle de charges en 2003 la meacutecanisation nrsquoa pas tout reacutegleacute Premiegraveres synthegravesesMars 2006113

[10] Eurogip Les maladies professionnelles dans 15 payseuropeacuteens Paris Eurogip 2002 52 p

[11] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Fondation europeacuteenne pour lrsquoameacutelioration desconditions de vie et de travail Fourth Europan workingconditions survey Luxembourg Office for official publica-

tions of the European communities 2007 pp 29-34httpwwweurofoundeuropaeupubdocs200698en2ef0698enpdf

[12] Stock S La surveillance des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail au Queacutebec Bull Epideacutemiol Hebd200640-1319-22

Syndrome du canal carpien estimations de lrsquoincidence de la preacutevalence etdu poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans sa survenue dans les Pays de laLoire France 2002-2004Catherine Ha (chainvssantefr)1 Natacha Fouquet12 Yves Roquelaure2 Guy Raimbeau2 Annette Leclerc3 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail ndash Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le syndrome du canal carpien (SCC) repreacutesente lrsquoun des problegravemes desanteacute lieacutes au travail les plus freacutequents Il occupe le premier rang desmaladies professionnelles indemniseacutees du reacutegime geacuteneacuteral de la Seacutecuriteacutesociale Dans le cadre du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre en 2002 agrave titre pilotedans la reacutegion des Pays de la Loire le SCC a eacuteteacute retenu comme traceurdes TMS du membre supeacuterieur Ce programme associe plusieurs approchescompleacutementaires pour deacutecrire la situation eacutepideacutemiologique du SCC esti-mation de lrsquoincidence et de la part des cas attribuables agrave lrsquoactiviteacute profes-sionnelle en population geacuteneacuterale estimation de la preacutevalence en populationsalarieacutee Lrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee dans le Maine-et-Loiresrsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmes et 12 pour 1 000 hommes La preacutevalencedu SCC estimeacutee sur un eacutechantillon de salarieacutes de la reacutegion srsquoeacutelevait agrave40 chez les femmes et 24 chez les hommes se situant au 2e rangapregraves le syndrome de la coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule La part des casattribuables au travail est particuliegraverement eacuteleveacutee parmi les ouvriers etouvriegraveres et parmi les employeacutees Ces indicateurs ont eacuteteacute estimeacutes selonla profession et le secteur drsquoactiviteacute permettant drsquoidentifier ceux surlesquels les actions preacuteventives devront ecirctre mises en œuvre de faccedilonprioritaire

Carpal tunnel syndrome estimations of incidenceand prevalence rates and population attributablefraction of risk from the French Pays de la Loireregion 2002-2004

Carpal tunnel syndrome (CTS) represents one of the most frequent problemsoccurring in the working population In France CTS is the leading causeof workerrsquos compensation claims for occupational diseases CTS has beenchosen as the sentinel health event for upper limb musculoskeletal disorderswithin the work-related musculoskeletal disorders epidemiologic surveil-lance program implemented in 2002 in the French Pays de la Loire regionThis program combines several complementary components to describe theepidemiologic state of CTS incidence rates and the proportion of cases thatmight be attributable to work in the general population prevalence ratesamong the workers The average 12-month incidence of surgical CTS was27 in 1000 women and 12 in 1000 men in the Maine-et-Loire areaPrevalence rates of CTS estimated in a sample of workers from the wholeregion were 40 in women and 24 in men after shoulder cuff rotatorsyndrome The proportion of cases attributable to work was particularlyhigh among blue collar workers of both genders and among femaleemployees According to the occupational categories and economic sector ofactivity these estimations have allowed the identification of the ones forwhich intervention programs should be implemented as a priority

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail syndrome du canal carpien incidence preacutevalence Work-related musculoskeletal disorders carpal tunnelsyndrome incidence prevalence

IntroductionLe syndrome du canal carpien (SCC) traduit lacompression du nerf meacutedian lors de son passagesous le ligament annulaire anteacuterieur du carpe agravela base de la paume de la main Il se preacutesentetypiquement sous la forme drsquoacroparestheacutesiesdiurnes et nocturnes dans le territoire du nerfmeacutedian (face palmaire des trois premiers doigtset de la moitieacute interne du 4e doigt face dorsaledes mecircmes doigts au niveau des 2e et 3e

phalanges)Dans les statistiques de maladies professionnellesindemnisables (MPI) le SCC est le troublemusculo-squelettique TMS le plus freacutequent En2006 il constituait agrave lui seul 37 des MPI autitre du tableau 57 du reacutegime geacuteneacuteral de Seacutecuriteacutesociale devant les pathologies de lrsquoeacutepaule et ducoude et 28 de lrsquoensemble des MPI du mecircme

reacutegime [1] Les facteurs de risque professionnelsdu SCC sont bien eacutetablis mouvements reacutepeacutetitifsdu membre supeacuterieur travail en force mouve-ments de torsion du poignet utilisation de lapince pouce-index utilisation drsquoun outil vibrant[23] Crsquoest pour ces raisons que dans le cadredu programme de surveillance eacutepideacutemiologiquedes TMS mis en œuvre agrave titre pilote dans la reacutegiondes Pays de la Loire par lrsquoInstitut de veille sani-taire le SCC a eacuteteacute retenu comme pathologietraceuse pour les TMS du membre supeacuterieur [4]Ce programme vise agrave constituer un observatoiredes TMS drsquoorigine professionnelle Ses principauxobjectifs sont - de deacutecrire la freacutequence et lrsquoeacutevolution des prin-cipaux TMS et des conditions de travail qui leursont associeacutees et leur distribution par professionet secteur drsquoactiviteacute

- drsquoestimer la part des cas attribuables agrave lrsquoactiviteacuteprofessionnelle - drsquoexplorer lrsquoutilisation de donneacutees meacutedico-administratives agrave des fins de surveillance eacutepideacute-miologique - drsquoeacutevaluer la faisabiliteacute drsquoun tel systegraveme desurveillance avant drsquoenvisager son extension agravedrsquoautres reacutegions franccedilaisesLrsquoobjectif de cet article est de donner un brefaperccedilu des reacutesultats que le programme a permisde fournir pour deacutecrire la situation eacutepideacutemiolo-gique du SCC dans une reacutegion franccedilaise notam-ment en matiegravere drsquoidentification des professionset secteurs les plus toucheacutes

Population et meacutethodesLes Pays de la Loire sont constitueacutes de cinq deacutepar-tements avec au recensement Insee de 19993 222 061 habitants dont 1 105 943 travailleurs

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 37

salarieacutes Le programme pilote de surveillanceeacutepideacutemiologique mis en œuvre depuis 2002 danscette reacutegion associait trois principales approchescompleacutementaires

La premiegravere consistait en une estimation delrsquoincidence en population geacuteneacuterale de patholo-gies traceuses des TMS et de la contribution desfacteurs professionnels (profession secteurdrsquoactiviteacute) agrave la survenue de ces pathologies Lasurveillance du SCC mise en œuvre dans ledeacutepartement du Maine-et-Loire a reposeacute notam-ment sur lrsquoidentification reacutetrospective des casopeacutereacutes (libeacuteration du nerf meacutedian au canalcarpien en 2002 et 2003) agrave partir des donneacuteesdu programme de meacutedicalisation des systegravemesdrsquoinformation (PMSI) des deux principaux centresde chirurgie de la main du deacutepartement Lerecueil des donneacutees professionnelles a eacuteteacute reacutealiseacutepar auto-questionnaire adresseacute au domicile despatients et compleacuteteacute dans la mesure du possiblepour les non-reacutepondants par celles figurant dansles dossiers meacutedicauxLes taux drsquoincidence de SCC opeacutereacute ont eacuteteacute estimeacutesseacutepareacutement chez les femmes et chez les hommesen consideacuterant le sujet et non le poignet Ils onteacuteteacute calculeacutes en prenant au numeacuterateur les casopeacutereacutes reacutesidant dans le deacutepartement et au deacuteno-minateur les donneacutees du recensement les plusreacutecentes de la population du Maine-et-Loire(1999) La contribution des facteurs profession-nels agrave la survenue du SCC opeacutereacute a eacuteteacute quantifieacuteepar deux indicateurs - la fraction de risque de SCC opeacutereacute attribuableagrave une profession (ou un secteur drsquoactiviteacute) dansla population (Frap) repreacutesente la proportion descas observeacutes dans lrsquoensemble de la populationqui serait eacuteviteacutee si la profession (ou le secteur)ne preacutesentait pas un excegraves de risque Elle deacutependde la valeur du risque relatif (RR) de SCC opeacutereacuteassocieacute agrave la profession (ou au secteur) et de laproportion de sujets exerccedilant la profession (outravaillant dans le secteur) - la fraction de risque attribuable chez les exposeacutes(Frae) repreacutesente quant agrave elle la proportion decas de SCC opeacutereacute que lrsquoon peut attribuer speacuteci-fiquement au fait drsquoexercer une profession (ou detravailler dans un secteur drsquoactiviteacute) parmi les casqui surviennent dans cette profession (ou cesecteur) La Frae ne deacutepend que de la valeur duRR de SCC associeacute agrave la profession (ou au secteur)Le RR lieacute au fait de travailler dans une profession(ou un secteur) ajusteacute sur lrsquoacircge (par classe de10 ans) a eacuteteacute calculeacute par le rapport entre lrsquoinci-dence du SCC dans la profession consideacutereacutee (oule secteur) et lrsquoincidence du SCC dans le reste delrsquoeacutechantillon (actifs et inactifs inclus) chez leshommes et chez les femmes seacutepareacutement

La seconde approche a consisteacute en une estima-tion de la preacutevalence des principaux TMS dontle SCC et de lrsquoexposition aux facteurs de risqueen population salarieacutee Cette surveillance a eacuteteacutemise en œuvre dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 des meacutedecins du

travail de la reacutegion Entre 2002 et 2004 ils ontinclus 3 710 salarieacutes par tirage au sort durant lesvisites meacutedicales du travail Chacun des salarieacutestireacute au sort a rempli un auto-questionnairerecueillant drsquoune part des symptocircmes musculo-squelettiques des membres et du rachis nonspeacutecifiques deacuteriveacutes du questionnaire nordiqueet drsquoautre part des informations sur les activiteacutesprofessionnelles et les contraintes biomeacutecaniques(reacutepeacutetitiviteacute force postures extrecircmes) psychoso-ciales (demande psychologique soutien social autravail etc) et organisationnelles afin drsquoeacutevaluerleur exposition agrave des facteurs de risque de TMS[56] Les anteacuteceacutedents meacutedicaux facteurs derisque de TMS ont eacuteteacute recueillis par le mecircmeauto-questionnaire Au cours de la visite meacutedicaledu travail les sujets ont beacuteneacuteficieacute drsquoun examenclinique standardiseacute conforme agrave la deacutemarcheproposeacutee par le programme europeacuteen Saltsa pourla recherche en santeacute au travail [7]

Enfin les signalements des maladies agrave carac-tegravere professionnel (TMS et non TMS) ont eacuteteacutesysteacutematiquement enregistreacutes par un reacuteseau demeacutedecins du travail volontaires [8]

Quelle qursquoen soit lrsquoapproche les sujets concerneacutespar cette surveillance eacutetaient acircgeacutes de 20 agrave 59 ansSeuls les reacutesultats sur le SCC issus des deuxpremiegraveres approches sont preacutesenteacutes dans cetarticle

Reacutesultats

Incidence du SCC opeacutereacuteLrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee agravepartir des 1 500 cas (1 053 femmes et 447hommes) identifieacutes en 2002 et 2003 dans leMaine-et-Loire srsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmeset 12 pour 1 000 hommes Quelle que soit laclasse drsquoacircge lrsquoincidence eacutetait plus eacuteleveacutee chez lesfemmes la diffeacuterence eacutetant plus marqueacutee apregraves35 ans Lrsquoactiviteacute professionnelle des patients aumoment de lrsquoopeacuteration a eacuteteacute documenteacutee pour1 347 sujets Parmi eux 1 107 eacutetaient des actifsoccupeacutes (actifs ayant un emploi) au moment delrsquointervention chirurgicale

Professions preacutesentant une forteincidence et fractions de risqueattribuable selon la profession(tableau 1)Chez les femmes les incidences les plus eacuteleveacuteessrsquoobservaient pour les agricultrices les ouvriegraveresagricoles les ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel les ouvriegraveres qualifieacutees et non quali-fieacutees de type artisanal mais aussi pour desprofessions du secteur tertiaire comme lesemployeacutees civiles et agents de services lesemployeacutees de commerce et les personnels desservices directs aux particuliersChez les hommes des incidences eacuteleveacutees eacutetaientobserveacutees parmi les ouvriers qualifieacutes de typeartisanal les ouvriers qualifieacutes de la manutentionet du magasinage les ouvriers non qualifieacutes detype industriel les ouvriers agricoles les chauf-feurs les ouvriers qualifieacutes de type industriel

Chez les femmes la Frap estimeacutee pour lesouvriegraveres non qualifieacutees de lrsquoindustrie eacutetait de11 En drsquoautres termes 11 des cas de SCCopeacutereacute seraient eacuteviteacutes dans la population activefeacuteminine acircgeacutee de 20 agrave 59 ans si cette cateacutegorieprofessionnelle ne preacutesentait pas drsquoexcegraves derisque de SCC La Frap eacutetait infeacuterieure agrave 5 pourles autres cateacutegories professionnelles agrave risqueeacuteleveacute de SCC opeacutereacute ouvriegraveres agricoles (4)personnels des services directs aux particuliers(3) employeacutees du commerce (3) employeacuteesciviles et agents de service (3) La Frae variaiteacutegalement selon la profession ouvriegraveres agri-coles (74) ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel (69) et de type artisanal (50)employeacutees du commerce (46) personnels desservices directs aux particuliers (29) employeacuteesciviles et agents de service (23) En drsquoautrestermes 74 des cas de SCC opeacutereacute seraient eacuteviteacutesparmi les ouvriegraveres agricoles acircgeacutees de 20 agrave 59 anssi cette cateacutegorie professionnelle ne preacutesentaitpas drsquoexcegraves de risque de SCCChez les hommes la Frap estimeacutee eacutetait de 12pour les ouvriers qualifieacutes de type artisanal de10 pour les ouvriers non qualifieacutes de type indus-triel de 4 pour les ouvriers agricoles La Fraese situait autour de 60 pour ces trois cateacutegoriesprofessionnelles

Secteurs drsquoactiviteacute preacutesentantune forte incidence et fractionsde risque attribuable selon lesecteur drsquoactiviteacute (tableau 2)Les secteurs drsquoactiviteacute les plus toucheacutes eacutetaientlrsquoagriculture de nombreux secteurs industriels(agroalimentaire meacutetallurgie industrie automo-bile fabrication de mateacuteriel informatique indus-trie du meuble industrie du cuir et de lachaussure fabrication drsquoeacutequipements de radioteacuteleacutevision et communication) lrsquoassurance lespostes et teacuteleacutecommunications la santeacute et lrsquoactionsociale les transports terrestres des activiteacutes deservice (services personnels et domestiqueshocirctellerie et restauration) et le commerce dedeacutetailChez les femmes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient dans lrsquoensemble relativement basses (lesplus eacuteleveacutees autour de 3 eacutetaient observeacuteesdans lrsquoagriculture et le secteur de la santeacute) Lesvaleurs de Frae eacutetaient eacuteleveacutees dans lrsquoindustriede fabrication de mateacuteriel informatique (82)lrsquoassurance (71) lrsquoindustrie automobile (66)les services personnels (65) la fabrication demeubles (59) Elles se situaient autour de 50dans les industries alimentaires lrsquoindustrie ducuir et de la chaussure et lrsquoagricultureChez les hommes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient de lrsquoordre de 5 dans la construction LesFrae variaient entre 11 (administrationpublique) et 87 (meacutetallurgie) avec des valeursde lrsquoordre de 60 pour lrsquoindustrie du cuir lestransports terrestres le travail des meacutetaux

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Tableau 1 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction de la profession Pays de la Loire France 2002-2004Table 1 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by occupation Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agricultrices exploitantes 26 35 19 09 [06-14] - -Agricultrices sur moyenne exploitation (agricultrices et eacuteleveuses drsquoherbivoressur moyenne exploitation)

25 141 05 38 [25-56] 13 [07-21] 735 [606-821]

Employeacutees 354 30 305 12 [10-14] 55 [15-98] 161 [46-262]Employeacutees civiles et agents de service (agents de bureau agents de servicedes eacutetablissements drsquoenseignement et hospitaliers aides-soignantes)

137 33 106 13 [11-15] 30 [08-55] 226 [73-354]

Employeacutees du commerce (vendeuses en alimentation employeacutees de libreservice)

43 30 37 19 [14-25] 30 [13-53] 461 [268-603]

Personnels des services directs aux particuliers (serveuses coiffeusesassistantes maternelles employeacutees de maison de lrsquohocirctellerie)

122 42 75 14 [12-17] 30 [13-50] 291 [144-413]

Ouvriegraveres 259 54 124 24 [21-27] 146 [117-178] 580 [516-635]Ouvriegraveres qualifieacutees de type artisanal (cuisiniegraveres) 11 38 07 16 [09-29] 05 [00-14] 384 [00-660]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel (de lrsquoeacutelectriciteacute eacutelectronique demontage controcircle en meacutecanique de la chimie des industries agricoles dutravail du cuir et de la chaussure du tri de lrsquoemballage de lrsquoexpeacutedition manutentionnaires divers)

152 73 54 33 [27-39] 108 [86-134] 693 [636-742]

Ouvriegraveres non qualifieacutees de type artisanal (nettoyeuses) 26 45 15 20 [14-30] 15 [05-28] 500 [262-661]Ouvriegraveres agricoles (viticulture et arboriculture fruitiegravere maraicircchage ethorticulture)

50 80 16 38 [28-50] 43 [29-61] 736 [648-801]

Hommes

Ouvriers 235 17 359 25 [20-30] 343 [270-414] 593 [508-663]Ouvriers qualifieacutes de type industriel (ouvriers qualifieacutes travaillant parenlegravevement du meacutetal)

41 13 84 15 [11-20] 37 [04-78] 313 [50-504]

Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (jardiniers meacutecaniciens drsquoautomobilemenuisiers du bacirctiment maccedilons couvreurs bouchers cuisiniers)

78 24 83 27 [21-35] 124 [85-170] 630 [527-711]

Chauffeurs (conducteurs routiers et grands routiers livreurs coursiers) 21 15 35 16 [10-24] 19 [00-48] 360 [06-588]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport(magasiniers)

14 19 19 22 [13-37] 22 [05-49] 542 [221-731]

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel (montage controcircle en meacutecanique des industries agricoles du travail du cuir)

54 18 75 25 [19-33] 101 [61-150] 599 [464-701]

Ouvriers agricoles (drsquoeacutelevage) 19 16 30 25 [15-40] 43 [16-84] 600 [355-752]

La population de lrsquoeacutetude est de 1347 sujets Seuls les reacutesultats sur les cateacutegories professionnelles preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition agrave la profession dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute en utilisant lesbornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) chez les exposeacutes agrave cette profession

Preacutevalence du SCC cliniqueLrsquoeacutechantillon de 3 710 salarieacutes (58 drsquohommes)eacutetait repreacutesentatif pour lrsquoacircge la cateacutegorie socio-professionnelle et le secteur drsquoactiviteacute mais onobservait une sous-repreacutesentation des femmes(42 vs 47 pour la reacutegion)Le SCC occupait le 2e rang apregraves le syndrome dela coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule (85 chez lesfemmes et 66 chez les hommes) avec unepreacutevalence de 40 chez les femmes et 24chez les hommes Pour les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans la preacutevalence du SCC srsquoeacutelevait agrave 78chez les femmes et agrave 37 chez les hommesLes preacutevalences les plus eacuteleveacutees pour les femmeseacutetaient observeacutees parmi les ouvriegraveres agricoles etles ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel lesemployeacutees civiles agents de service et lesemployeacutees administratives drsquoentreprises et pourles hommes parmi les ouvriers qualifieacutes et nonqualifieacutes de type industriel et ouvriers qualifieacutesde la manutention du magasinage et du trans-port (tableau 3)

DiscussionCes diffeacuterentes approches en population geacuteneacute-rale et en entreprise ont montreacute leur inteacuterecirct etleur compleacutementariteacute pour deacutecrire la situationeacutepideacutemiologique du SCC en fonction de lrsquoacircge dusexe du secteur drsquoactiviteacute et de la professionLes professions identifieacutees par une incidenceeacuteleveacutee de SCC dans la population geacuteneacuterale figu-rent pour la majoriteacute drsquoentre elles parmi celles

preacutesentant une preacutevalence eacuteleveacutee parmi lessalarieacutesChez les femmes cette sur-incidence concernenon seulement des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute de SCC(ouvriegraveres agricoles et ouvriegraveres non qualifieacutees detype industriel) mais aussi des employeacutees decommerce et des employeacutees civiles et agents deservice Pour les hommes cette sur-incidenceconcerne surtout des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute (ouvriers agri-coles et ouvriers qualifieacutes de type artisanal detype industriel et de la manutention ouvriers nonqualifieacutes de type industriel)Les prioriteacutes drsquoaction pour la preacutevention du SCCdevront se concentrer sur les secteurs ou profes-sions ainsi identifieacutes La poursuite de cettesurveillance permettra drsquoaffiner la description dela distribution des cas en fonction des secteurset des professionsBien que ces estimations ne soient fondeacutees quesur les deux principaux centres de chirurgie de lamain du Maine-et-Loire (dans lesquels 70 deshabitants du deacutepartement sont opeacutereacutes pour SCC)et que les reacutesidents du Maine-et-Loire opeacutereacutesailleurs ne soient pas pris en compte ici les esti-mations de lrsquoincidence du SCC opeacutereacute agrave partir desdonneacutees de ces eacutetablissements de santeacute sont vrai-semblablement plus proches de la reacutealiteacute quecelles baseacutees sur le reacuteseau de meacutedecins neuro-physiologistes mis en œuvre parallegravelement dansle mecircme deacutepartement dans le cadre de cette

phase pilote du programme de surveillance desTMS et publieacutees ailleurs [910] Le reacuteseau deneurophysiologistes preacutesentait lrsquoavantage drsquounebonne valeur diagnostique de la deacutefinitionretenue pour le traceur SCC (association drsquoexplo-rations eacutelectromyographiques positives et desymptocircmes cliniques) mais les estimations obte-nues eacutetaient davantage sous-eacutevalueacutees qursquoicinotamment en raison drsquoune participation ineacutegaledes meacutedecins neurophysiologistes La meacutethodeutiliseacutee ici preacutesente lrsquoavantage drsquoune meilleureexhaustiviteacute tout en permettant un recueil satis-faisant de donneacutees professionnellesLa surveillance en entreprise a eacuteteacute lrsquooccasiondrsquoutiliser pour la premiegravere fois en France ladeacutemarche diagnostique standardiseacutee proposeacuteepar le programme europeacuteen Saltsa Elle a permisde produire des donneacutees preacutecises et nouvelles surla preacutevalence des principaux TMS du membresupeacuterieur drsquoen montrer lrsquoampleur et les varia-tions par secteur drsquoactiviteacute et profession [11]Avant toute extension de la surveillance du SCCil a eacuteteacute neacutecessaire drsquoeacutevaluer les avantages et lesinconveacutenients des diffeacuterentes approches et dereacutefleacutechir aux modaliteacutes de simplification desproceacutedures utiliseacutees Pour sa mise en œuvre dansle deacutepartement des Bouches du Rhocircne en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur le choix a eacuteteacute faitdrsquoidentifier de faccedilon prospective les sujets opeacutereacutesdrsquoun SCC dans les eacutetablissements de santeacute prati-quant ce type drsquointervention Des reacutesultats de

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Tableau 2 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction du secteur drsquoactiviteacute France 2002-2004 Table 2 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by sector of economic activity Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agriculture chasse services annexes 84 55 40 19 [15-24] 35 [21-53] 481 [351-585]Industries alimentaires 36 45 20 21 [15-30] 23 [11-39] 533 [349-665]Industrie du cuir et de la chaussure 46 47 25 19 [15-26] 23 [11-39] 487 [311-618]Fabrication de machines de bureau et de mateacuteriel informatique 5 53 02 54 [23-131] 11 [03-28] 816 [559-924]Fabrication drsquoeacutequipements de radio teacuteleacutevision etcommunication

13 39 09 18 [10-31] 07 [00-18] 444 [41-677]

Industrie automobile 6 49 03 30 [13-66] 06 [01-17] 663 [248-849]Fabrication de meubles industries diverses 12 51 06 24 [14-43] 09 [02-20] 589 [273-767]Commerce de deacutetail et reacuteparation drsquoarticles domestiques 58 27 54 13 [10-17] 18 [01-39] 249 [20-425]Hocirctels et restaurants 24 30 20 12 [08-18] 05 [00-17] 184 [00-455]Postes et teacuteleacutecommunications 15 42 09 16 [10-27] 06 [00-15] 381 [00-627]Assurance 9 49 05 34 [18-66] 11 [04-26] 709 [439-849]Santeacute et action sociale 174 33 135 13 [11-15] 34 [09-61] 206 [66-326]Services personnels 17 41 11 29 [18-47] 20 [08-37] 653 [439-786]Services domestiques 21 35 15 11 [07-17] 01 [00-10] 87 [00-408]

Hommes

Industries alimentaires 20 15 34 17 [11-27] 25 [04-56] 425 [96-634]Industrie du cuir et de la chaussure 12 20 15 27 [15-48] 25 [08-55] 629 [339-792]Meacutetallurgie 6 54 03 74 [33-165] 18 [07-43] 865 [697-940]Travail des meacutetaux 21 20 27 24 [15-37] 36 [14-68] 577 [343-727]Construction 55 17 82 16 [12-21] 47 [17-85] 378 [174-531]Transports terrestres 24 25 25 26 [17-40] 40 [18-70] 621 [426-750]Administration publique 28 13 56 11 [08-17] 07 [00-36] 112 [00-395]

La population de lrsquoeacutetude est de 1 347 sujets Seuls les reacutesultats sur les secteurs drsquoactiviteacute preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition au secteur drsquoactiviteacute dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute enutilisant les bornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) chez les exposeacutes agrave cesecteur drsquoactiviteacute

Tableau 3 Preacutevalence du SCC chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 selon la cateacutegorieprofessionnelle France 2002-2004 Table 3 Prevalence of CTS in employees from Pays de la Loire in2002-2004 by occupational category France 2002-2004

Effectifs SCC Preacutevalence SCC ()N n [IC 95]

Femmes

Employeacutees civiles et agents de service 212 13 61 [29-94]Employeacutees administratives drsquoentreprises 328 10 31 [12-49]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel 206 8 39 [12-65]Ouvriegraveres agricoles 21 7 333 [132-535]

Hommes

Ouvriers qualifieacutes de type industriel 347 11 32 [13-50]Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 273 11 40 [17-64]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport 129 5 39 [05-72]

[IC 95] Intervalle de confiance agrave 95

cette surveillance seront bientocirct disponibles(encadreacute p 41)Enfin une reacuteflexion est en cours pour construireagrave partir des donneacutees issues de ce programmedes indicateurs nationaux qui soient simplespertinents et reproductibles portant agrave la fois surla freacutequence du SCC et des expositions et sur lenombre de cas attribuables au travail agrave lrsquoeacutechellede la population franccedilaise permettant drsquoen suivrelrsquoeacutevolution et de mieux orienter et eacutevaluer lrsquoeffi-caciteacute des politiques de preacutevention en milieu detravail

Reacutefeacuterences

[1] LrsquoAssurance maladie Risques professionnels Le site desaccidents du travail et des maladies professionnelleshttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrfrsynthesesynthese_stats-trim_1php

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[4] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Reacuteseau expeacuteri-mental de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance

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40 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

Yvan Souaregraves (yvansouaressantegouvfr)12 Franck Sillam12 Catherine Ha1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France 2 Cellule interreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud Institut de veille sanitaire Marseille France

Depuis fin 2007 le Deacutepartement santeacute travailde lrsquoInstitut de veille sanitaire et la Celluleinterreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud ont mis enœuvre une eacutetude sur lrsquoincidence et les facteursde risque professionnels du syndrome du canalcarpien (SCC) opeacutereacute dans la population desBouches-du-Rhocircne Les objectifs de ce travailsont - estimer lrsquoincidence du SCC opeacutereacute dans lapopulation geacuteneacuterale de 20 agrave 64 ans - deacutecrire la distribution des SCC opeacutereacutes selonles caracteacuteristiques individuelles des patientset les facteurs drsquoexposition professionnelle etestimer la part de morbiditeacute lieacutee au travail - deacutecrire le devenir socioprofessionnel et fonc-tionnel agrave 6 mois des personnes opeacutereacutees drsquounSCC selon les caracteacuteristiques individuelles etdrsquoexposition professionnelle des patients et lareconnaissance ou non du caractegravere profes-sionnel de la pathologie (reconnaissance enmaladie professionnelle indemnisable)

Mateacuteriel et meacutethodesLrsquoeacutetude se deacuteroule en deux phases un recueilde donneacutees en peacuteri-opeacuteratoire pendant uneanneacutee centreacute sur les caracteacuteristiques indivi-duelles et les facteurs de risque professionnels(phase I) et 6 mois apregraves lrsquointervention chirur-gicale un recueil de donneacutees centreacute sur ledevenir socioprofessionnel des personnesopeacutereacutees (phase II) Le recrutement des patientssrsquoest fait agrave partir drsquoun reacuteseau deacutepartementalde chirurgiens de la main tous volontaires Leseacutequipes chirurgicales ont eacuteteacute preacutealablement

seacutelectionneacutees selon des critegraveres (a) drsquoactiviteacuteannuelle pour le SCC (b) de reacutepartition desbassins de population desservis dans lesBouches-du-Rhocircne et (c) des capaciteacutes agravecontribuer efficacement agrave la gestion du recueildes donneacutees (motivation administration exis-tence et disponibiliteacute drsquoun deacutepartementdrsquoinformation meacutedicale) Le protocole drsquoeacutetudea eacuteteacute mis agrave la disposition des chirurgiens etune version simplifieacutee a eacuteteacute reacutedigeacutee agrave lrsquointen-tion des eacutequipes parameacutedicales Les eacutequipesont preacutealablement eacuteteacute associeacutees au design dusystegraveme de monitorage des travaux puisformeacutees aux modaliteacutes pratiques de la collectede donneacutees Celle-ci a eacuteteacute organiseacutee autourdrsquoauto-questionnaires destineacutes aux patients(phases I et II) et de questionnaires preacute- etpost-opeacuteratoires compleacuteteacutes par les chirurgiens(phase I seulement) Les patients ont eacuteteacute inclusdans la phase I du 1er avril 2008 au 31 mars2009 La phase II a deacutebuteacute en octobre 2008et a pris fin en novembre 2009 en raison desrelances neacutecessaires aupregraves des patients pourle retour des questionnaires

Eacutetat drsquoavancementLe reacuteseau est constitueacute de 11 chirurgiensappartenant agrave trois structures (une publiqueet deux priveacutees) repreacutesentant six sites deconsultation et cinq sites opeacuteratoires Selonlrsquoanalyse du programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) pour la peacuteriode2003-2005 ces structures repreacutesentaient

environ 50 des interventions annuelles pourSCC dans les Bouches-du-RhocircnePhase IAu 1er juillet 2009 1 024 patients eacutetaientinclus en phase I Ce nombre est infeacuterieur aurecrutement attendu (gt 1 500) pour deuxraisons principales - le codage et lrsquoenregistrement des actesmeacutedicaux et des pathologies dans le PMSInous ont conduits agrave surestimer lrsquoincidenceattendue (deux enregistrements pour unmecircme patient opeacutereacute des deux poignets en unan) - la participation incomplegravete drsquoune des struc-tures pour des raisons de compliance delrsquoeacutequipe et de moyens inadapteacutes agrave lrsquoadminis-tration de lrsquoeacutetudePhase IIAu 1er aoucirct 2009 601621 patients avaientcompleacuteteacute et retourneacute le questionnaire de suiviagrave 6 mois soit un taux de reacuteponse de 968identique agrave celui obtenu dans le reacuteseau desPays de la Loire entre 2002 et 2004 [1]La saisie et lrsquoanalyse des donneacutees seront faitesseacutepareacutement pour chacune des deux phases delrsquoeacutetude Les reacutesultats sont attendus pour lepremier (phase I) et le deuxiegraveme (phase II)semestre 2010

Reacutefeacuterence

[1] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Nicolas GDescatha A Leclerc A et al Work increases the incidenceof carpal tunnel syndrome in the general populationMuscle amp Nerve 200837(4)477-82

Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves interventionchirurgicale pour un syndrome du canal carpien dans les Pays de la LoireElsa Parot-Schinkel (elsaschinkeluniv-angersfr)1 Yves Roquelaure1 Catherine Ha2 Annette Leclerc3 Jean-Franccedilois Chastang3 Alexis Descatha3 GuyRaimbeau4 Francis Chaise5

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Inserm U687 Villejuif France 4 Centre de la Main Angers France 5 Clinique Jeanne drsquoArc Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutetudier le pronostic professionnel apregraves intervention poursyndrome du canal carpienLes patients opeacutereacutes en 2002-2003 dans les Pays de la Loire ont rempli unautoquestionnaire1 248 questionnaires ont eacuteteacute retourneacutes (62) 253 hommes et 682 femmesdeacuteclaraient un emploi au moment de lrsquoopeacuteration Les facteurs de mauvaispronostic identifieacutes eacutetaient intervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique du membre supeacuterieur cateacutegorie socioprofessionnelleouvriers arrecirct de travail pour maladie professionnelle et imputabiliteacute parle patient agrave une cause professionnelleCette eacutetude souligne lrsquoimplication de multiples facteurs agrave prendre encompte pour le pronostic professionnel

Study of factors associated to occupational outcomeafter surgery for carpal tunnel syndrome in theFrench Pays de la Loire regionWe aimed to study the occupational outcome of carpal tunnel syndrome(CTS) after surgical release of the median nervePatients from the French Pays de la Loire region having undergone surgicalrelease of the median nerve in 2002-2003 filled out a mailed questionnaire1248 questionnaires were returned (62)A total of 253 men and 682 women declared being employed at the time ofthe surgery Factors associated with poor occupational outcome were theoccurrence of simultaneous intervention on another upper extremity muscu-loskeletal disorder belonging to the ldquoblue-collar workerrdquo occupational cate-gory to be on sick leave compensated by the occupational health insurancesystem and belief (of the patient) in an occupational causeThis study underlines the multifactorial nature of the occupational prog-nosis of CTS after surgeryMots cleacutes Key words

Syndrome du canal carpien maladie professionnelle pronostic troubles musculo-squelettiques Carpal tunnel syndrome occupational disease prognosismusculoskeletal disorders

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 41

Figure Meacutethode de seacutelection des sujets inclus France Pays de la Loire 2002-2003 Figure Methods for selecting subjects France Pays de la Loire 2002-2003

1 2 3 et 4 Diffeacuterences statistiquement significatives (plt005)

Non actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (120)Sex-ratio FemmesHommes 911

- 108 femmes 48 plusmn 7 ans2

- dont 60 femmes au foyer- dont 17 invaliditeacutes

- 12 hommes 50 plusmn 10 ans3

- dont 2 retraiteacutes- dont 2 demandeurs diacuteemploi

Reacutepondants (1 248)308 hommes et 940 femmes - 47 plusmn 9 ans

Non reacutepondants (777)240 hommes et 537 femmes - 46 plusmn 9 ans

Questionnaires envoyeacutes (2 025)548 hommes et 1 477 femmes

Actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (1 128)- Sex-ratio FemmesHommes 2811

- 832 femmes 46 plusmn 8 ans2

- 296 hommes 46 plusmn 9 ans3

Non actifs au moment de lrsquointervention (193)- Sex-ratio FemmesHommes 351- 150 femmes 46 plusmn 9 ans- 43 hommes 50 plusmn 8 ans4

Actifs au moment de lrsquointervention (935)- Sex-ratio FemmesHommes 271- 682 femmes 46 plusmn 8 ans- 253 hommes 45 plusmn 9 ans4

IntroductionEntre 80 000 et 100 000 personnes acircgeacutees de 20agrave 59 ans sont opeacutereacutees chaque anneacutee en Francedrsquoun syndrome du canal carpien (SCC) Le devenirprofessionnel des patients traiteacutes pour un SCCest un critegravere important du reacutesultat puisque lamajoriteacute drsquoentre eux est encore en activiteacute profes-sionnelle Connaicirctre les facteurs preacutedictifs de lanon-reprise du travail est neacutecessaire pour mieuxprendre en charge ces patients Lrsquoobjectif delrsquoeacutetude preacutesenteacutee ici est de deacutecrire le devenirprofessionnel des personnes opeacutereacutees pour SCC etdrsquoeacutetudier les facteurs individuels et professionnelsassocieacutes agrave un pronostic deacutefavorable en termes dereprise du travail dans la population de deuxdeacutepartements des Pays de la Loire reacutegion de miseen œuvre depuis 2002 drsquoun reacuteseau pilote desurveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques

MeacutethodesAgrave partir du Programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) deux groupeshomogegravenes de malades (Libeacuteration du canalcarpien et Libeacuteration du canal carpien enambulatoire) permettent de recenser tous lesreacutesumeacutes standardiseacutes de sortie relatifs auxseacutejours hospitaliers publics et priveacutes pour trai-tement chirurgical du SCC agrave lrsquoexception des raresinterventions faites au cours drsquointerventions pluslourdes Crsquoest ainsi que les personnes acircgeacutees de20 agrave 59 ans opeacutereacutees pour un SCC dans les struc-tures de soins du Maine-et-Loire (pour les anneacutees2002 et 2003) et de la Loire-Atlantique (pourlrsquoanneacutee 2003) et domicilieacutees dans ces deacuteparte-ments ont eacuteteacute identifieacutees Seuls les seacutejours issusdes trois principaux centres de chirurgie de lamain de ces deacutepartements ont eacuteteacute eacutetudieacutes repreacute-sentant selon les donneacutees du PMSI de lrsquoanneacutee2002 trois quarts des seacutejours pour chirurgie duSCC chez les reacutesidents du mecircme acircge et de cesmecircmes deacutepartements Les donneacutees ont eacuteteacuterecueillies par questionnaire adresseacute par voiepostale en 2004 (soit en moyenne un an et demiapregraves lrsquointervention) aux patients eacuteligibles pourcette eacutetude soit 1 258 dans le Maine-et-Loire et766 en Loire-Atlantique (apregraves exclusion de 68patients sans adresse) Le questionnaire exploraitlrsquohistoire meacutedicale et professionnelle (sur les cinqanneacutees avant lrsquointervention) et les conditions deretour au travail Lrsquoanalyse des donneacutees a eacuteteacutereacutealiseacutee en consideacuterant les sujets et non lespoignets en cas drsquointervention sur les deuxpoignets le sujet nrsquoest donc compteacute qursquoune foisLes facteurs associeacutes au deacutelai de reprise du travailapregraves intervention ont eacuteteacute eacutetudieacutes par desanalyses de survie restreintes aux sujets deacuteclarantun emploi au moment de lrsquoopeacuteration (actifsoccupeacutes) seacutepareacutement chez les hommes et lesfemmes en univarieacute par la meacutethode de KaplanMeier et le test du Log Rank et en multivarieacutepar un modegravele de reacutegression semi-parameacutetriqueagrave risques proportionnels de Cox avec une esti-mation des Hazard Ratios ajusteacutes (HR) Le deacutepar-tement (Maine-et-Loire Loire-Atlantique) et lrsquoacircge

ont eacuteteacute forceacutes dans le modegravele afin drsquoajuster lesestimations des autres risques relatifs sur cesvariables le seuil de significativiteacute choisi pourinclure les autres variables dans lrsquoanalyse multi-varieacutee eacutetait de 020 Le critegravere de jugement estle deacutelai de reprise du travail apregraves lrsquointerventionLes personnes nrsquoayant pas repris le travail aumoment du remplissage du questionnaire ont eacuteteacutecensureacutees avec un deacutelai correspondant agrave celuientre la date de lrsquoopeacuteration et celle du remplis-sage du questionnaire

ReacutesultatsLe taux de reacuteponse a eacuteteacute de 62 (1 248 ques-tionnaires) 58 pour le Maine-et-Loire et 64pour la Loire-Atlantique Parmi les personnesactives professionnellement au cours des cinqderniegraveres anneacutees (figure) 253 hommes (82) et682 femmes (73) ont deacuteclareacute un emploi aumoment de leur intervention soit 935 actifsoccupeacutes parmi lesquels 90 des hommes et 92des femmes ont deacuteclareacute avoir repris leur activiteacuteprofessionnelle au moment de lrsquoenquecircte Le deacutelaimeacutedian de reprise du travail eacutetait de 60 joursquel que soit le sexe La reprise professionnellesrsquoeffectuait principalement au mecircme poste (83pour les hommes et 85 pour les femmes) aumecircme poste mais ameacutenageacute (respectivement 7et 8) ou agrave un autre poste (respectivement 8et 5) La reprise dans une autre entreprise eacutetaitrare (2) Pour 6 des hommes et 7 desfemmes la reprise se faisait par un travail agravemi-temps drsquoune dureacutee moyenne de quatre moischez les hommes et trois mois chez les femmes

La probabiliteacute de reprise du travail agrave trois moisest drsquoenviron 71 chez les hommes et 76 chezles femmes agrave un an de 88 chez les hommeset 91 chez les femmes Lrsquoanalyse multivarieacutee(tableau) montre que la preacutesence drsquoau moins uneintervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique (TMS) du membre supeacute-rieur est associeacutee agrave un plus mauvais pronostic enterme de reprise du travail (HR 21[13-34] chezles hommes et 14[10-19] chez les femmes)ainsi que pour les femmes seulement le fait debeacuteneacuteficier drsquoun arrecirct de travail pour maladieprofessionnelle apregraves lrsquointervention (18 [14-24])et lrsquoimputabiliteacute subjective du SCC agrave une causeprofessionnelle (22 [13-37]) Les cadres ont unmeilleur pronostic professionnel que les ouvriersquel que soit le sexe (01 [00-04] pour leshommes et 05 [03-09] pour les femmes)

DiscussionLes facteurs de mauvais pronostic les plusrobustes observeacutes dans notre eacutetude sont ainsi lapreacutesence drsquoau moins une intervention simultaneacuteesur un autre TMS du membre supeacuterieur le faitdrsquoecirctre en arrecirct de travail pour maladie profes-sionnelle et lrsquoappartenance agrave la cateacutegorie profes-sionnelle des ouvriers qui peut ecirctre consideacutereacuteecomme un indicateur indirect de contraintesprofessionnelles Ce reacutesultat souligne en accordavec drsquoautres eacutetudes [1-3] que le pronosticprofessionnel apregraves intervention pour un SCC estdeacutetermineacute par plusieurs facteurs lieacutes agrave la cateacute-gorie socioprofessionnelle et aux contraintesprofessionnelles Une eacutevaluation fine de ces

42 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

[1] Chaise F Bellemere P Friol JP Gaisne E Poirier PMenadi A Interruption professionnelle et chirurgie dessyndromes du canal carpien Reacutesultats drsquoune seacuterie prospec-tive de 233 patients Chir Main 200120117-21

[2] Katz JN Losina E Amick BC 3rd Fossel AH Bessette LKeller RB Predictors of outcomes of carpal tunnel releaseArthritis Rheum 2001441184-93

[3] Katz JN Amick BC 3rd Keller R Fossel AH Ossman JSoucie V Losina E Determinants of work absence followingsurgery for carpal tunnel syndrome Am J Ind Med200547120-30

Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 43

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

44 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

46 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

[5] Nomenclature des activiteacutes et des produits franccedilaiseNAF-CPF Paris Insee 2000

[6] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion Arthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

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[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

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Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

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ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 5: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

lrsquoenquecircte Sumer 2003 Documents pour le Meacutedecin duTravail nordm101 1er trimestre 2005

[9] Dares La manutention manuelle de charges en 2003 la meacutecanisation nrsquoa pas tout reacutegleacute Premiegraveres synthegravesesMars 2006113

[10] Eurogip Les maladies professionnelles dans 15 payseuropeacuteens Paris Eurogip 2002 52 p

[11] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Fondation europeacuteenne pour lrsquoameacutelioration desconditions de vie et de travail Fourth Europan workingconditions survey Luxembourg Office for official publica-

tions of the European communities 2007 pp 29-34httpwwweurofoundeuropaeupubdocs200698en2ef0698enpdf

[12] Stock S La surveillance des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail au Queacutebec Bull Epideacutemiol Hebd200640-1319-22

Syndrome du canal carpien estimations de lrsquoincidence de la preacutevalence etdu poids de lrsquoactiviteacute professionnelle dans sa survenue dans les Pays de laLoire France 2002-2004Catherine Ha (chainvssantefr)1 Natacha Fouquet12 Yves Roquelaure2 Guy Raimbeau2 Annette Leclerc3 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail ndash Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le syndrome du canal carpien (SCC) repreacutesente lrsquoun des problegravemes desanteacute lieacutes au travail les plus freacutequents Il occupe le premier rang desmaladies professionnelles indemniseacutees du reacutegime geacuteneacuteral de la Seacutecuriteacutesociale Dans le cadre du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre en 2002 agrave titre pilotedans la reacutegion des Pays de la Loire le SCC a eacuteteacute retenu comme traceurdes TMS du membre supeacuterieur Ce programme associe plusieurs approchescompleacutementaires pour deacutecrire la situation eacutepideacutemiologique du SCC esti-mation de lrsquoincidence et de la part des cas attribuables agrave lrsquoactiviteacute profes-sionnelle en population geacuteneacuterale estimation de la preacutevalence en populationsalarieacutee Lrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee dans le Maine-et-Loiresrsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmes et 12 pour 1 000 hommes La preacutevalencedu SCC estimeacutee sur un eacutechantillon de salarieacutes de la reacutegion srsquoeacutelevait agrave40 chez les femmes et 24 chez les hommes se situant au 2e rangapregraves le syndrome de la coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule La part des casattribuables au travail est particuliegraverement eacuteleveacutee parmi les ouvriers etouvriegraveres et parmi les employeacutees Ces indicateurs ont eacuteteacute estimeacutes selonla profession et le secteur drsquoactiviteacute permettant drsquoidentifier ceux surlesquels les actions preacuteventives devront ecirctre mises en œuvre de faccedilonprioritaire

Carpal tunnel syndrome estimations of incidenceand prevalence rates and population attributablefraction of risk from the French Pays de la Loireregion 2002-2004

Carpal tunnel syndrome (CTS) represents one of the most frequent problemsoccurring in the working population In France CTS is the leading causeof workerrsquos compensation claims for occupational diseases CTS has beenchosen as the sentinel health event for upper limb musculoskeletal disorderswithin the work-related musculoskeletal disorders epidemiologic surveil-lance program implemented in 2002 in the French Pays de la Loire regionThis program combines several complementary components to describe theepidemiologic state of CTS incidence rates and the proportion of cases thatmight be attributable to work in the general population prevalence ratesamong the workers The average 12-month incidence of surgical CTS was27 in 1000 women and 12 in 1000 men in the Maine-et-Loire areaPrevalence rates of CTS estimated in a sample of workers from the wholeregion were 40 in women and 24 in men after shoulder cuff rotatorsyndrome The proportion of cases attributable to work was particularlyhigh among blue collar workers of both genders and among femaleemployees According to the occupational categories and economic sector ofactivity these estimations have allowed the identification of the ones forwhich intervention programs should be implemented as a priority

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail syndrome du canal carpien incidence preacutevalence Work-related musculoskeletal disorders carpal tunnelsyndrome incidence prevalence

IntroductionLe syndrome du canal carpien (SCC) traduit lacompression du nerf meacutedian lors de son passagesous le ligament annulaire anteacuterieur du carpe agravela base de la paume de la main Il se preacutesentetypiquement sous la forme drsquoacroparestheacutesiesdiurnes et nocturnes dans le territoire du nerfmeacutedian (face palmaire des trois premiers doigtset de la moitieacute interne du 4e doigt face dorsaledes mecircmes doigts au niveau des 2e et 3e

phalanges)Dans les statistiques de maladies professionnellesindemnisables (MPI) le SCC est le troublemusculo-squelettique TMS le plus freacutequent En2006 il constituait agrave lui seul 37 des MPI autitre du tableau 57 du reacutegime geacuteneacuteral de Seacutecuriteacutesociale devant les pathologies de lrsquoeacutepaule et ducoude et 28 de lrsquoensemble des MPI du mecircme

reacutegime [1] Les facteurs de risque professionnelsdu SCC sont bien eacutetablis mouvements reacutepeacutetitifsdu membre supeacuterieur travail en force mouve-ments de torsion du poignet utilisation de lapince pouce-index utilisation drsquoun outil vibrant[23] Crsquoest pour ces raisons que dans le cadredu programme de surveillance eacutepideacutemiologiquedes TMS mis en œuvre agrave titre pilote dans la reacutegiondes Pays de la Loire par lrsquoInstitut de veille sani-taire le SCC a eacuteteacute retenu comme pathologietraceuse pour les TMS du membre supeacuterieur [4]Ce programme vise agrave constituer un observatoiredes TMS drsquoorigine professionnelle Ses principauxobjectifs sont - de deacutecrire la freacutequence et lrsquoeacutevolution des prin-cipaux TMS et des conditions de travail qui leursont associeacutees et leur distribution par professionet secteur drsquoactiviteacute

- drsquoestimer la part des cas attribuables agrave lrsquoactiviteacuteprofessionnelle - drsquoexplorer lrsquoutilisation de donneacutees meacutedico-administratives agrave des fins de surveillance eacutepideacute-miologique - drsquoeacutevaluer la faisabiliteacute drsquoun tel systegraveme desurveillance avant drsquoenvisager son extension agravedrsquoautres reacutegions franccedilaisesLrsquoobjectif de cet article est de donner un brefaperccedilu des reacutesultats que le programme a permisde fournir pour deacutecrire la situation eacutepideacutemiolo-gique du SCC dans une reacutegion franccedilaise notam-ment en matiegravere drsquoidentification des professionset secteurs les plus toucheacutes

Population et meacutethodesLes Pays de la Loire sont constitueacutes de cinq deacutepar-tements avec au recensement Insee de 19993 222 061 habitants dont 1 105 943 travailleurs

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salarieacutes Le programme pilote de surveillanceeacutepideacutemiologique mis en œuvre depuis 2002 danscette reacutegion associait trois principales approchescompleacutementaires

La premiegravere consistait en une estimation delrsquoincidence en population geacuteneacuterale de patholo-gies traceuses des TMS et de la contribution desfacteurs professionnels (profession secteurdrsquoactiviteacute) agrave la survenue de ces pathologies Lasurveillance du SCC mise en œuvre dans ledeacutepartement du Maine-et-Loire a reposeacute notam-ment sur lrsquoidentification reacutetrospective des casopeacutereacutes (libeacuteration du nerf meacutedian au canalcarpien en 2002 et 2003) agrave partir des donneacuteesdu programme de meacutedicalisation des systegravemesdrsquoinformation (PMSI) des deux principaux centresde chirurgie de la main du deacutepartement Lerecueil des donneacutees professionnelles a eacuteteacute reacutealiseacutepar auto-questionnaire adresseacute au domicile despatients et compleacuteteacute dans la mesure du possiblepour les non-reacutepondants par celles figurant dansles dossiers meacutedicauxLes taux drsquoincidence de SCC opeacutereacute ont eacuteteacute estimeacutesseacutepareacutement chez les femmes et chez les hommesen consideacuterant le sujet et non le poignet Ils onteacuteteacute calculeacutes en prenant au numeacuterateur les casopeacutereacutes reacutesidant dans le deacutepartement et au deacuteno-minateur les donneacutees du recensement les plusreacutecentes de la population du Maine-et-Loire(1999) La contribution des facteurs profession-nels agrave la survenue du SCC opeacutereacute a eacuteteacute quantifieacuteepar deux indicateurs - la fraction de risque de SCC opeacutereacute attribuableagrave une profession (ou un secteur drsquoactiviteacute) dansla population (Frap) repreacutesente la proportion descas observeacutes dans lrsquoensemble de la populationqui serait eacuteviteacutee si la profession (ou le secteur)ne preacutesentait pas un excegraves de risque Elle deacutependde la valeur du risque relatif (RR) de SCC opeacutereacuteassocieacute agrave la profession (ou au secteur) et de laproportion de sujets exerccedilant la profession (outravaillant dans le secteur) - la fraction de risque attribuable chez les exposeacutes(Frae) repreacutesente quant agrave elle la proportion decas de SCC opeacutereacute que lrsquoon peut attribuer speacuteci-fiquement au fait drsquoexercer une profession (ou detravailler dans un secteur drsquoactiviteacute) parmi les casqui surviennent dans cette profession (ou cesecteur) La Frae ne deacutepend que de la valeur duRR de SCC associeacute agrave la profession (ou au secteur)Le RR lieacute au fait de travailler dans une profession(ou un secteur) ajusteacute sur lrsquoacircge (par classe de10 ans) a eacuteteacute calculeacute par le rapport entre lrsquoinci-dence du SCC dans la profession consideacutereacutee (oule secteur) et lrsquoincidence du SCC dans le reste delrsquoeacutechantillon (actifs et inactifs inclus) chez leshommes et chez les femmes seacutepareacutement

La seconde approche a consisteacute en une estima-tion de la preacutevalence des principaux TMS dontle SCC et de lrsquoexposition aux facteurs de risqueen population salarieacutee Cette surveillance a eacuteteacutemise en œuvre dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 des meacutedecins du

travail de la reacutegion Entre 2002 et 2004 ils ontinclus 3 710 salarieacutes par tirage au sort durant lesvisites meacutedicales du travail Chacun des salarieacutestireacute au sort a rempli un auto-questionnairerecueillant drsquoune part des symptocircmes musculo-squelettiques des membres et du rachis nonspeacutecifiques deacuteriveacutes du questionnaire nordiqueet drsquoautre part des informations sur les activiteacutesprofessionnelles et les contraintes biomeacutecaniques(reacutepeacutetitiviteacute force postures extrecircmes) psychoso-ciales (demande psychologique soutien social autravail etc) et organisationnelles afin drsquoeacutevaluerleur exposition agrave des facteurs de risque de TMS[56] Les anteacuteceacutedents meacutedicaux facteurs derisque de TMS ont eacuteteacute recueillis par le mecircmeauto-questionnaire Au cours de la visite meacutedicaledu travail les sujets ont beacuteneacuteficieacute drsquoun examenclinique standardiseacute conforme agrave la deacutemarcheproposeacutee par le programme europeacuteen Saltsa pourla recherche en santeacute au travail [7]

Enfin les signalements des maladies agrave carac-tegravere professionnel (TMS et non TMS) ont eacuteteacutesysteacutematiquement enregistreacutes par un reacuteseau demeacutedecins du travail volontaires [8]

Quelle qursquoen soit lrsquoapproche les sujets concerneacutespar cette surveillance eacutetaient acircgeacutes de 20 agrave 59 ansSeuls les reacutesultats sur le SCC issus des deuxpremiegraveres approches sont preacutesenteacutes dans cetarticle

Reacutesultats

Incidence du SCC opeacutereacuteLrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee agravepartir des 1 500 cas (1 053 femmes et 447hommes) identifieacutes en 2002 et 2003 dans leMaine-et-Loire srsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmeset 12 pour 1 000 hommes Quelle que soit laclasse drsquoacircge lrsquoincidence eacutetait plus eacuteleveacutee chez lesfemmes la diffeacuterence eacutetant plus marqueacutee apregraves35 ans Lrsquoactiviteacute professionnelle des patients aumoment de lrsquoopeacuteration a eacuteteacute documenteacutee pour1 347 sujets Parmi eux 1 107 eacutetaient des actifsoccupeacutes (actifs ayant un emploi) au moment delrsquointervention chirurgicale

Professions preacutesentant une forteincidence et fractions de risqueattribuable selon la profession(tableau 1)Chez les femmes les incidences les plus eacuteleveacuteessrsquoobservaient pour les agricultrices les ouvriegraveresagricoles les ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel les ouvriegraveres qualifieacutees et non quali-fieacutees de type artisanal mais aussi pour desprofessions du secteur tertiaire comme lesemployeacutees civiles et agents de services lesemployeacutees de commerce et les personnels desservices directs aux particuliersChez les hommes des incidences eacuteleveacutees eacutetaientobserveacutees parmi les ouvriers qualifieacutes de typeartisanal les ouvriers qualifieacutes de la manutentionet du magasinage les ouvriers non qualifieacutes detype industriel les ouvriers agricoles les chauf-feurs les ouvriers qualifieacutes de type industriel

Chez les femmes la Frap estimeacutee pour lesouvriegraveres non qualifieacutees de lrsquoindustrie eacutetait de11 En drsquoautres termes 11 des cas de SCCopeacutereacute seraient eacuteviteacutes dans la population activefeacuteminine acircgeacutee de 20 agrave 59 ans si cette cateacutegorieprofessionnelle ne preacutesentait pas drsquoexcegraves derisque de SCC La Frap eacutetait infeacuterieure agrave 5 pourles autres cateacutegories professionnelles agrave risqueeacuteleveacute de SCC opeacutereacute ouvriegraveres agricoles (4)personnels des services directs aux particuliers(3) employeacutees du commerce (3) employeacuteesciviles et agents de service (3) La Frae variaiteacutegalement selon la profession ouvriegraveres agri-coles (74) ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel (69) et de type artisanal (50)employeacutees du commerce (46) personnels desservices directs aux particuliers (29) employeacuteesciviles et agents de service (23) En drsquoautrestermes 74 des cas de SCC opeacutereacute seraient eacuteviteacutesparmi les ouvriegraveres agricoles acircgeacutees de 20 agrave 59 anssi cette cateacutegorie professionnelle ne preacutesentaitpas drsquoexcegraves de risque de SCCChez les hommes la Frap estimeacutee eacutetait de 12pour les ouvriers qualifieacutes de type artisanal de10 pour les ouvriers non qualifieacutes de type indus-triel de 4 pour les ouvriers agricoles La Fraese situait autour de 60 pour ces trois cateacutegoriesprofessionnelles

Secteurs drsquoactiviteacute preacutesentantune forte incidence et fractionsde risque attribuable selon lesecteur drsquoactiviteacute (tableau 2)Les secteurs drsquoactiviteacute les plus toucheacutes eacutetaientlrsquoagriculture de nombreux secteurs industriels(agroalimentaire meacutetallurgie industrie automo-bile fabrication de mateacuteriel informatique indus-trie du meuble industrie du cuir et de lachaussure fabrication drsquoeacutequipements de radioteacuteleacutevision et communication) lrsquoassurance lespostes et teacuteleacutecommunications la santeacute et lrsquoactionsociale les transports terrestres des activiteacutes deservice (services personnels et domestiqueshocirctellerie et restauration) et le commerce dedeacutetailChez les femmes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient dans lrsquoensemble relativement basses (lesplus eacuteleveacutees autour de 3 eacutetaient observeacuteesdans lrsquoagriculture et le secteur de la santeacute) Lesvaleurs de Frae eacutetaient eacuteleveacutees dans lrsquoindustriede fabrication de mateacuteriel informatique (82)lrsquoassurance (71) lrsquoindustrie automobile (66)les services personnels (65) la fabrication demeubles (59) Elles se situaient autour de 50dans les industries alimentaires lrsquoindustrie ducuir et de la chaussure et lrsquoagricultureChez les hommes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient de lrsquoordre de 5 dans la construction LesFrae variaient entre 11 (administrationpublique) et 87 (meacutetallurgie) avec des valeursde lrsquoordre de 60 pour lrsquoindustrie du cuir lestransports terrestres le travail des meacutetaux

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Tableau 1 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction de la profession Pays de la Loire France 2002-2004Table 1 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by occupation Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agricultrices exploitantes 26 35 19 09 [06-14] - -Agricultrices sur moyenne exploitation (agricultrices et eacuteleveuses drsquoherbivoressur moyenne exploitation)

25 141 05 38 [25-56] 13 [07-21] 735 [606-821]

Employeacutees 354 30 305 12 [10-14] 55 [15-98] 161 [46-262]Employeacutees civiles et agents de service (agents de bureau agents de servicedes eacutetablissements drsquoenseignement et hospitaliers aides-soignantes)

137 33 106 13 [11-15] 30 [08-55] 226 [73-354]

Employeacutees du commerce (vendeuses en alimentation employeacutees de libreservice)

43 30 37 19 [14-25] 30 [13-53] 461 [268-603]

Personnels des services directs aux particuliers (serveuses coiffeusesassistantes maternelles employeacutees de maison de lrsquohocirctellerie)

122 42 75 14 [12-17] 30 [13-50] 291 [144-413]

Ouvriegraveres 259 54 124 24 [21-27] 146 [117-178] 580 [516-635]Ouvriegraveres qualifieacutees de type artisanal (cuisiniegraveres) 11 38 07 16 [09-29] 05 [00-14] 384 [00-660]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel (de lrsquoeacutelectriciteacute eacutelectronique demontage controcircle en meacutecanique de la chimie des industries agricoles dutravail du cuir et de la chaussure du tri de lrsquoemballage de lrsquoexpeacutedition manutentionnaires divers)

152 73 54 33 [27-39] 108 [86-134] 693 [636-742]

Ouvriegraveres non qualifieacutees de type artisanal (nettoyeuses) 26 45 15 20 [14-30] 15 [05-28] 500 [262-661]Ouvriegraveres agricoles (viticulture et arboriculture fruitiegravere maraicircchage ethorticulture)

50 80 16 38 [28-50] 43 [29-61] 736 [648-801]

Hommes

Ouvriers 235 17 359 25 [20-30] 343 [270-414] 593 [508-663]Ouvriers qualifieacutes de type industriel (ouvriers qualifieacutes travaillant parenlegravevement du meacutetal)

41 13 84 15 [11-20] 37 [04-78] 313 [50-504]

Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (jardiniers meacutecaniciens drsquoautomobilemenuisiers du bacirctiment maccedilons couvreurs bouchers cuisiniers)

78 24 83 27 [21-35] 124 [85-170] 630 [527-711]

Chauffeurs (conducteurs routiers et grands routiers livreurs coursiers) 21 15 35 16 [10-24] 19 [00-48] 360 [06-588]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport(magasiniers)

14 19 19 22 [13-37] 22 [05-49] 542 [221-731]

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel (montage controcircle en meacutecanique des industries agricoles du travail du cuir)

54 18 75 25 [19-33] 101 [61-150] 599 [464-701]

Ouvriers agricoles (drsquoeacutelevage) 19 16 30 25 [15-40] 43 [16-84] 600 [355-752]

La population de lrsquoeacutetude est de 1347 sujets Seuls les reacutesultats sur les cateacutegories professionnelles preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition agrave la profession dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute en utilisant lesbornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) chez les exposeacutes agrave cette profession

Preacutevalence du SCC cliniqueLrsquoeacutechantillon de 3 710 salarieacutes (58 drsquohommes)eacutetait repreacutesentatif pour lrsquoacircge la cateacutegorie socio-professionnelle et le secteur drsquoactiviteacute mais onobservait une sous-repreacutesentation des femmes(42 vs 47 pour la reacutegion)Le SCC occupait le 2e rang apregraves le syndrome dela coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule (85 chez lesfemmes et 66 chez les hommes) avec unepreacutevalence de 40 chez les femmes et 24chez les hommes Pour les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans la preacutevalence du SCC srsquoeacutelevait agrave 78chez les femmes et agrave 37 chez les hommesLes preacutevalences les plus eacuteleveacutees pour les femmeseacutetaient observeacutees parmi les ouvriegraveres agricoles etles ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel lesemployeacutees civiles agents de service et lesemployeacutees administratives drsquoentreprises et pourles hommes parmi les ouvriers qualifieacutes et nonqualifieacutes de type industriel et ouvriers qualifieacutesde la manutention du magasinage et du trans-port (tableau 3)

DiscussionCes diffeacuterentes approches en population geacuteneacute-rale et en entreprise ont montreacute leur inteacuterecirct etleur compleacutementariteacute pour deacutecrire la situationeacutepideacutemiologique du SCC en fonction de lrsquoacircge dusexe du secteur drsquoactiviteacute et de la professionLes professions identifieacutees par une incidenceeacuteleveacutee de SCC dans la population geacuteneacuterale figu-rent pour la majoriteacute drsquoentre elles parmi celles

preacutesentant une preacutevalence eacuteleveacutee parmi lessalarieacutesChez les femmes cette sur-incidence concernenon seulement des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute de SCC(ouvriegraveres agricoles et ouvriegraveres non qualifieacutees detype industriel) mais aussi des employeacutees decommerce et des employeacutees civiles et agents deservice Pour les hommes cette sur-incidenceconcerne surtout des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute (ouvriers agri-coles et ouvriers qualifieacutes de type artisanal detype industriel et de la manutention ouvriers nonqualifieacutes de type industriel)Les prioriteacutes drsquoaction pour la preacutevention du SCCdevront se concentrer sur les secteurs ou profes-sions ainsi identifieacutes La poursuite de cettesurveillance permettra drsquoaffiner la description dela distribution des cas en fonction des secteurset des professionsBien que ces estimations ne soient fondeacutees quesur les deux principaux centres de chirurgie de lamain du Maine-et-Loire (dans lesquels 70 deshabitants du deacutepartement sont opeacutereacutes pour SCC)et que les reacutesidents du Maine-et-Loire opeacutereacutesailleurs ne soient pas pris en compte ici les esti-mations de lrsquoincidence du SCC opeacutereacute agrave partir desdonneacutees de ces eacutetablissements de santeacute sont vrai-semblablement plus proches de la reacutealiteacute quecelles baseacutees sur le reacuteseau de meacutedecins neuro-physiologistes mis en œuvre parallegravelement dansle mecircme deacutepartement dans le cadre de cette

phase pilote du programme de surveillance desTMS et publieacutees ailleurs [910] Le reacuteseau deneurophysiologistes preacutesentait lrsquoavantage drsquounebonne valeur diagnostique de la deacutefinitionretenue pour le traceur SCC (association drsquoexplo-rations eacutelectromyographiques positives et desymptocircmes cliniques) mais les estimations obte-nues eacutetaient davantage sous-eacutevalueacutees qursquoicinotamment en raison drsquoune participation ineacutegaledes meacutedecins neurophysiologistes La meacutethodeutiliseacutee ici preacutesente lrsquoavantage drsquoune meilleureexhaustiviteacute tout en permettant un recueil satis-faisant de donneacutees professionnellesLa surveillance en entreprise a eacuteteacute lrsquooccasiondrsquoutiliser pour la premiegravere fois en France ladeacutemarche diagnostique standardiseacutee proposeacuteepar le programme europeacuteen Saltsa Elle a permisde produire des donneacutees preacutecises et nouvelles surla preacutevalence des principaux TMS du membresupeacuterieur drsquoen montrer lrsquoampleur et les varia-tions par secteur drsquoactiviteacute et profession [11]Avant toute extension de la surveillance du SCCil a eacuteteacute neacutecessaire drsquoeacutevaluer les avantages et lesinconveacutenients des diffeacuterentes approches et dereacutefleacutechir aux modaliteacutes de simplification desproceacutedures utiliseacutees Pour sa mise en œuvre dansle deacutepartement des Bouches du Rhocircne en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur le choix a eacuteteacute faitdrsquoidentifier de faccedilon prospective les sujets opeacutereacutesdrsquoun SCC dans les eacutetablissements de santeacute prati-quant ce type drsquointervention Des reacutesultats de

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Tableau 2 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction du secteur drsquoactiviteacute France 2002-2004 Table 2 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by sector of economic activity Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agriculture chasse services annexes 84 55 40 19 [15-24] 35 [21-53] 481 [351-585]Industries alimentaires 36 45 20 21 [15-30] 23 [11-39] 533 [349-665]Industrie du cuir et de la chaussure 46 47 25 19 [15-26] 23 [11-39] 487 [311-618]Fabrication de machines de bureau et de mateacuteriel informatique 5 53 02 54 [23-131] 11 [03-28] 816 [559-924]Fabrication drsquoeacutequipements de radio teacuteleacutevision etcommunication

13 39 09 18 [10-31] 07 [00-18] 444 [41-677]

Industrie automobile 6 49 03 30 [13-66] 06 [01-17] 663 [248-849]Fabrication de meubles industries diverses 12 51 06 24 [14-43] 09 [02-20] 589 [273-767]Commerce de deacutetail et reacuteparation drsquoarticles domestiques 58 27 54 13 [10-17] 18 [01-39] 249 [20-425]Hocirctels et restaurants 24 30 20 12 [08-18] 05 [00-17] 184 [00-455]Postes et teacuteleacutecommunications 15 42 09 16 [10-27] 06 [00-15] 381 [00-627]Assurance 9 49 05 34 [18-66] 11 [04-26] 709 [439-849]Santeacute et action sociale 174 33 135 13 [11-15] 34 [09-61] 206 [66-326]Services personnels 17 41 11 29 [18-47] 20 [08-37] 653 [439-786]Services domestiques 21 35 15 11 [07-17] 01 [00-10] 87 [00-408]

Hommes

Industries alimentaires 20 15 34 17 [11-27] 25 [04-56] 425 [96-634]Industrie du cuir et de la chaussure 12 20 15 27 [15-48] 25 [08-55] 629 [339-792]Meacutetallurgie 6 54 03 74 [33-165] 18 [07-43] 865 [697-940]Travail des meacutetaux 21 20 27 24 [15-37] 36 [14-68] 577 [343-727]Construction 55 17 82 16 [12-21] 47 [17-85] 378 [174-531]Transports terrestres 24 25 25 26 [17-40] 40 [18-70] 621 [426-750]Administration publique 28 13 56 11 [08-17] 07 [00-36] 112 [00-395]

La population de lrsquoeacutetude est de 1 347 sujets Seuls les reacutesultats sur les secteurs drsquoactiviteacute preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition au secteur drsquoactiviteacute dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute enutilisant les bornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) chez les exposeacutes agrave cesecteur drsquoactiviteacute

Tableau 3 Preacutevalence du SCC chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 selon la cateacutegorieprofessionnelle France 2002-2004 Table 3 Prevalence of CTS in employees from Pays de la Loire in2002-2004 by occupational category France 2002-2004

Effectifs SCC Preacutevalence SCC ()N n [IC 95]

Femmes

Employeacutees civiles et agents de service 212 13 61 [29-94]Employeacutees administratives drsquoentreprises 328 10 31 [12-49]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel 206 8 39 [12-65]Ouvriegraveres agricoles 21 7 333 [132-535]

Hommes

Ouvriers qualifieacutes de type industriel 347 11 32 [13-50]Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 273 11 40 [17-64]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport 129 5 39 [05-72]

[IC 95] Intervalle de confiance agrave 95

cette surveillance seront bientocirct disponibles(encadreacute p 41)Enfin une reacuteflexion est en cours pour construireagrave partir des donneacutees issues de ce programmedes indicateurs nationaux qui soient simplespertinents et reproductibles portant agrave la fois surla freacutequence du SCC et des expositions et sur lenombre de cas attribuables au travail agrave lrsquoeacutechellede la population franccedilaise permettant drsquoen suivrelrsquoeacutevolution et de mieux orienter et eacutevaluer lrsquoeffi-caciteacute des politiques de preacutevention en milieu detravail

Reacutefeacuterences

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[8] Ha C Touranchet A Pubert M Roquelaure Y GoldbergM Imbernon E Un observatoire pilote des maladies agrave carac-tegravere professionnel Arch Mal Prof Env 200768223-32

[9] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire Network OccupEnviron Med 200966471-9

[10] Roquelaure Y Ha C Fouquet N Descatha A Leclerc AGoldberg M Imbernon E Attributable risk of carpal tunnelsyndrome in the general population implications for inter-vention programs in the workplace Scand J Work EnvironHealth 200935(5)342-8

[11] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M Imbernon E Goldberg M Epidemiologicalsurveillance of upper extremity musculoskeletal disorders inthe working population the French Pays de la Loire studyArthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

40 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

Yvan Souaregraves (yvansouaressantegouvfr)12 Franck Sillam12 Catherine Ha1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France 2 Cellule interreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud Institut de veille sanitaire Marseille France

Depuis fin 2007 le Deacutepartement santeacute travailde lrsquoInstitut de veille sanitaire et la Celluleinterreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud ont mis enœuvre une eacutetude sur lrsquoincidence et les facteursde risque professionnels du syndrome du canalcarpien (SCC) opeacutereacute dans la population desBouches-du-Rhocircne Les objectifs de ce travailsont - estimer lrsquoincidence du SCC opeacutereacute dans lapopulation geacuteneacuterale de 20 agrave 64 ans - deacutecrire la distribution des SCC opeacutereacutes selonles caracteacuteristiques individuelles des patientset les facteurs drsquoexposition professionnelle etestimer la part de morbiditeacute lieacutee au travail - deacutecrire le devenir socioprofessionnel et fonc-tionnel agrave 6 mois des personnes opeacutereacutees drsquounSCC selon les caracteacuteristiques individuelles etdrsquoexposition professionnelle des patients et lareconnaissance ou non du caractegravere profes-sionnel de la pathologie (reconnaissance enmaladie professionnelle indemnisable)

Mateacuteriel et meacutethodesLrsquoeacutetude se deacuteroule en deux phases un recueilde donneacutees en peacuteri-opeacuteratoire pendant uneanneacutee centreacute sur les caracteacuteristiques indivi-duelles et les facteurs de risque professionnels(phase I) et 6 mois apregraves lrsquointervention chirur-gicale un recueil de donneacutees centreacute sur ledevenir socioprofessionnel des personnesopeacutereacutees (phase II) Le recrutement des patientssrsquoest fait agrave partir drsquoun reacuteseau deacutepartementalde chirurgiens de la main tous volontaires Leseacutequipes chirurgicales ont eacuteteacute preacutealablement

seacutelectionneacutees selon des critegraveres (a) drsquoactiviteacuteannuelle pour le SCC (b) de reacutepartition desbassins de population desservis dans lesBouches-du-Rhocircne et (c) des capaciteacutes agravecontribuer efficacement agrave la gestion du recueildes donneacutees (motivation administration exis-tence et disponibiliteacute drsquoun deacutepartementdrsquoinformation meacutedicale) Le protocole drsquoeacutetudea eacuteteacute mis agrave la disposition des chirurgiens etune version simplifieacutee a eacuteteacute reacutedigeacutee agrave lrsquointen-tion des eacutequipes parameacutedicales Les eacutequipesont preacutealablement eacuteteacute associeacutees au design dusystegraveme de monitorage des travaux puisformeacutees aux modaliteacutes pratiques de la collectede donneacutees Celle-ci a eacuteteacute organiseacutee autourdrsquoauto-questionnaires destineacutes aux patients(phases I et II) et de questionnaires preacute- etpost-opeacuteratoires compleacuteteacutes par les chirurgiens(phase I seulement) Les patients ont eacuteteacute inclusdans la phase I du 1er avril 2008 au 31 mars2009 La phase II a deacutebuteacute en octobre 2008et a pris fin en novembre 2009 en raison desrelances neacutecessaires aupregraves des patients pourle retour des questionnaires

Eacutetat drsquoavancementLe reacuteseau est constitueacute de 11 chirurgiensappartenant agrave trois structures (une publiqueet deux priveacutees) repreacutesentant six sites deconsultation et cinq sites opeacuteratoires Selonlrsquoanalyse du programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) pour la peacuteriode2003-2005 ces structures repreacutesentaient

environ 50 des interventions annuelles pourSCC dans les Bouches-du-RhocircnePhase IAu 1er juillet 2009 1 024 patients eacutetaientinclus en phase I Ce nombre est infeacuterieur aurecrutement attendu (gt 1 500) pour deuxraisons principales - le codage et lrsquoenregistrement des actesmeacutedicaux et des pathologies dans le PMSInous ont conduits agrave surestimer lrsquoincidenceattendue (deux enregistrements pour unmecircme patient opeacutereacute des deux poignets en unan) - la participation incomplegravete drsquoune des struc-tures pour des raisons de compliance delrsquoeacutequipe et de moyens inadapteacutes agrave lrsquoadminis-tration de lrsquoeacutetudePhase IIAu 1er aoucirct 2009 601621 patients avaientcompleacuteteacute et retourneacute le questionnaire de suiviagrave 6 mois soit un taux de reacuteponse de 968identique agrave celui obtenu dans le reacuteseau desPays de la Loire entre 2002 et 2004 [1]La saisie et lrsquoanalyse des donneacutees seront faitesseacutepareacutement pour chacune des deux phases delrsquoeacutetude Les reacutesultats sont attendus pour lepremier (phase I) et le deuxiegraveme (phase II)semestre 2010

Reacutefeacuterence

[1] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Nicolas GDescatha A Leclerc A et al Work increases the incidenceof carpal tunnel syndrome in the general populationMuscle amp Nerve 200837(4)477-82

Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves interventionchirurgicale pour un syndrome du canal carpien dans les Pays de la LoireElsa Parot-Schinkel (elsaschinkeluniv-angersfr)1 Yves Roquelaure1 Catherine Ha2 Annette Leclerc3 Jean-Franccedilois Chastang3 Alexis Descatha3 GuyRaimbeau4 Francis Chaise5

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Inserm U687 Villejuif France 4 Centre de la Main Angers France 5 Clinique Jeanne drsquoArc Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutetudier le pronostic professionnel apregraves intervention poursyndrome du canal carpienLes patients opeacutereacutes en 2002-2003 dans les Pays de la Loire ont rempli unautoquestionnaire1 248 questionnaires ont eacuteteacute retourneacutes (62) 253 hommes et 682 femmesdeacuteclaraient un emploi au moment de lrsquoopeacuteration Les facteurs de mauvaispronostic identifieacutes eacutetaient intervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique du membre supeacuterieur cateacutegorie socioprofessionnelleouvriers arrecirct de travail pour maladie professionnelle et imputabiliteacute parle patient agrave une cause professionnelleCette eacutetude souligne lrsquoimplication de multiples facteurs agrave prendre encompte pour le pronostic professionnel

Study of factors associated to occupational outcomeafter surgery for carpal tunnel syndrome in theFrench Pays de la Loire regionWe aimed to study the occupational outcome of carpal tunnel syndrome(CTS) after surgical release of the median nervePatients from the French Pays de la Loire region having undergone surgicalrelease of the median nerve in 2002-2003 filled out a mailed questionnaire1248 questionnaires were returned (62)A total of 253 men and 682 women declared being employed at the time ofthe surgery Factors associated with poor occupational outcome were theoccurrence of simultaneous intervention on another upper extremity muscu-loskeletal disorder belonging to the ldquoblue-collar workerrdquo occupational cate-gory to be on sick leave compensated by the occupational health insurancesystem and belief (of the patient) in an occupational causeThis study underlines the multifactorial nature of the occupational prog-nosis of CTS after surgeryMots cleacutes Key words

Syndrome du canal carpien maladie professionnelle pronostic troubles musculo-squelettiques Carpal tunnel syndrome occupational disease prognosismusculoskeletal disorders

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 41

Figure Meacutethode de seacutelection des sujets inclus France Pays de la Loire 2002-2003 Figure Methods for selecting subjects France Pays de la Loire 2002-2003

1 2 3 et 4 Diffeacuterences statistiquement significatives (plt005)

Non actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (120)Sex-ratio FemmesHommes 911

- 108 femmes 48 plusmn 7 ans2

- dont 60 femmes au foyer- dont 17 invaliditeacutes

- 12 hommes 50 plusmn 10 ans3

- dont 2 retraiteacutes- dont 2 demandeurs diacuteemploi

Reacutepondants (1 248)308 hommes et 940 femmes - 47 plusmn 9 ans

Non reacutepondants (777)240 hommes et 537 femmes - 46 plusmn 9 ans

Questionnaires envoyeacutes (2 025)548 hommes et 1 477 femmes

Actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (1 128)- Sex-ratio FemmesHommes 2811

- 832 femmes 46 plusmn 8 ans2

- 296 hommes 46 plusmn 9 ans3

Non actifs au moment de lrsquointervention (193)- Sex-ratio FemmesHommes 351- 150 femmes 46 plusmn 9 ans- 43 hommes 50 plusmn 8 ans4

Actifs au moment de lrsquointervention (935)- Sex-ratio FemmesHommes 271- 682 femmes 46 plusmn 8 ans- 253 hommes 45 plusmn 9 ans4

IntroductionEntre 80 000 et 100 000 personnes acircgeacutees de 20agrave 59 ans sont opeacutereacutees chaque anneacutee en Francedrsquoun syndrome du canal carpien (SCC) Le devenirprofessionnel des patients traiteacutes pour un SCCest un critegravere important du reacutesultat puisque lamajoriteacute drsquoentre eux est encore en activiteacute profes-sionnelle Connaicirctre les facteurs preacutedictifs de lanon-reprise du travail est neacutecessaire pour mieuxprendre en charge ces patients Lrsquoobjectif delrsquoeacutetude preacutesenteacutee ici est de deacutecrire le devenirprofessionnel des personnes opeacutereacutees pour SCC etdrsquoeacutetudier les facteurs individuels et professionnelsassocieacutes agrave un pronostic deacutefavorable en termes dereprise du travail dans la population de deuxdeacutepartements des Pays de la Loire reacutegion de miseen œuvre depuis 2002 drsquoun reacuteseau pilote desurveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques

MeacutethodesAgrave partir du Programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) deux groupeshomogegravenes de malades (Libeacuteration du canalcarpien et Libeacuteration du canal carpien enambulatoire) permettent de recenser tous lesreacutesumeacutes standardiseacutes de sortie relatifs auxseacutejours hospitaliers publics et priveacutes pour trai-tement chirurgical du SCC agrave lrsquoexception des raresinterventions faites au cours drsquointerventions pluslourdes Crsquoest ainsi que les personnes acircgeacutees de20 agrave 59 ans opeacutereacutees pour un SCC dans les struc-tures de soins du Maine-et-Loire (pour les anneacutees2002 et 2003) et de la Loire-Atlantique (pourlrsquoanneacutee 2003) et domicilieacutees dans ces deacuteparte-ments ont eacuteteacute identifieacutees Seuls les seacutejours issusdes trois principaux centres de chirurgie de lamain de ces deacutepartements ont eacuteteacute eacutetudieacutes repreacute-sentant selon les donneacutees du PMSI de lrsquoanneacutee2002 trois quarts des seacutejours pour chirurgie duSCC chez les reacutesidents du mecircme acircge et de cesmecircmes deacutepartements Les donneacutees ont eacuteteacuterecueillies par questionnaire adresseacute par voiepostale en 2004 (soit en moyenne un an et demiapregraves lrsquointervention) aux patients eacuteligibles pourcette eacutetude soit 1 258 dans le Maine-et-Loire et766 en Loire-Atlantique (apregraves exclusion de 68patients sans adresse) Le questionnaire exploraitlrsquohistoire meacutedicale et professionnelle (sur les cinqanneacutees avant lrsquointervention) et les conditions deretour au travail Lrsquoanalyse des donneacutees a eacuteteacutereacutealiseacutee en consideacuterant les sujets et non lespoignets en cas drsquointervention sur les deuxpoignets le sujet nrsquoest donc compteacute qursquoune foisLes facteurs associeacutes au deacutelai de reprise du travailapregraves intervention ont eacuteteacute eacutetudieacutes par desanalyses de survie restreintes aux sujets deacuteclarantun emploi au moment de lrsquoopeacuteration (actifsoccupeacutes) seacutepareacutement chez les hommes et lesfemmes en univarieacute par la meacutethode de KaplanMeier et le test du Log Rank et en multivarieacutepar un modegravele de reacutegression semi-parameacutetriqueagrave risques proportionnels de Cox avec une esti-mation des Hazard Ratios ajusteacutes (HR) Le deacutepar-tement (Maine-et-Loire Loire-Atlantique) et lrsquoacircge

ont eacuteteacute forceacutes dans le modegravele afin drsquoajuster lesestimations des autres risques relatifs sur cesvariables le seuil de significativiteacute choisi pourinclure les autres variables dans lrsquoanalyse multi-varieacutee eacutetait de 020 Le critegravere de jugement estle deacutelai de reprise du travail apregraves lrsquointerventionLes personnes nrsquoayant pas repris le travail aumoment du remplissage du questionnaire ont eacuteteacutecensureacutees avec un deacutelai correspondant agrave celuientre la date de lrsquoopeacuteration et celle du remplis-sage du questionnaire

ReacutesultatsLe taux de reacuteponse a eacuteteacute de 62 (1 248 ques-tionnaires) 58 pour le Maine-et-Loire et 64pour la Loire-Atlantique Parmi les personnesactives professionnellement au cours des cinqderniegraveres anneacutees (figure) 253 hommes (82) et682 femmes (73) ont deacuteclareacute un emploi aumoment de leur intervention soit 935 actifsoccupeacutes parmi lesquels 90 des hommes et 92des femmes ont deacuteclareacute avoir repris leur activiteacuteprofessionnelle au moment de lrsquoenquecircte Le deacutelaimeacutedian de reprise du travail eacutetait de 60 joursquel que soit le sexe La reprise professionnellesrsquoeffectuait principalement au mecircme poste (83pour les hommes et 85 pour les femmes) aumecircme poste mais ameacutenageacute (respectivement 7et 8) ou agrave un autre poste (respectivement 8et 5) La reprise dans une autre entreprise eacutetaitrare (2) Pour 6 des hommes et 7 desfemmes la reprise se faisait par un travail agravemi-temps drsquoune dureacutee moyenne de quatre moischez les hommes et trois mois chez les femmes

La probabiliteacute de reprise du travail agrave trois moisest drsquoenviron 71 chez les hommes et 76 chezles femmes agrave un an de 88 chez les hommeset 91 chez les femmes Lrsquoanalyse multivarieacutee(tableau) montre que la preacutesence drsquoau moins uneintervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique (TMS) du membre supeacute-rieur est associeacutee agrave un plus mauvais pronostic enterme de reprise du travail (HR 21[13-34] chezles hommes et 14[10-19] chez les femmes)ainsi que pour les femmes seulement le fait debeacuteneacuteficier drsquoun arrecirct de travail pour maladieprofessionnelle apregraves lrsquointervention (18 [14-24])et lrsquoimputabiliteacute subjective du SCC agrave une causeprofessionnelle (22 [13-37]) Les cadres ont unmeilleur pronostic professionnel que les ouvriersquel que soit le sexe (01 [00-04] pour leshommes et 05 [03-09] pour les femmes)

DiscussionLes facteurs de mauvais pronostic les plusrobustes observeacutes dans notre eacutetude sont ainsi lapreacutesence drsquoau moins une intervention simultaneacuteesur un autre TMS du membre supeacuterieur le faitdrsquoecirctre en arrecirct de travail pour maladie profes-sionnelle et lrsquoappartenance agrave la cateacutegorie profes-sionnelle des ouvriers qui peut ecirctre consideacutereacuteecomme un indicateur indirect de contraintesprofessionnelles Ce reacutesultat souligne en accordavec drsquoautres eacutetudes [1-3] que le pronosticprofessionnel apregraves intervention pour un SCC estdeacutetermineacute par plusieurs facteurs lieacutes agrave la cateacute-gorie socioprofessionnelle et aux contraintesprofessionnelles Une eacutevaluation fine de ces

42 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

[1] Chaise F Bellemere P Friol JP Gaisne E Poirier PMenadi A Interruption professionnelle et chirurgie dessyndromes du canal carpien Reacutesultats drsquoune seacuterie prospec-tive de 233 patients Chir Main 200120117-21

[2] Katz JN Losina E Amick BC 3rd Fossel AH Bessette LKeller RB Predictors of outcomes of carpal tunnel releaseArthritis Rheum 2001441184-93

[3] Katz JN Amick BC 3rd Keller R Fossel AH Ossman JSoucie V Losina E Determinants of work absence followingsurgery for carpal tunnel syndrome Am J Ind Med200547120-30

Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 43

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

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44 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

46 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

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[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

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BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

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httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 6: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

salarieacutes Le programme pilote de surveillanceeacutepideacutemiologique mis en œuvre depuis 2002 danscette reacutegion associait trois principales approchescompleacutementaires

La premiegravere consistait en une estimation delrsquoincidence en population geacuteneacuterale de patholo-gies traceuses des TMS et de la contribution desfacteurs professionnels (profession secteurdrsquoactiviteacute) agrave la survenue de ces pathologies Lasurveillance du SCC mise en œuvre dans ledeacutepartement du Maine-et-Loire a reposeacute notam-ment sur lrsquoidentification reacutetrospective des casopeacutereacutes (libeacuteration du nerf meacutedian au canalcarpien en 2002 et 2003) agrave partir des donneacuteesdu programme de meacutedicalisation des systegravemesdrsquoinformation (PMSI) des deux principaux centresde chirurgie de la main du deacutepartement Lerecueil des donneacutees professionnelles a eacuteteacute reacutealiseacutepar auto-questionnaire adresseacute au domicile despatients et compleacuteteacute dans la mesure du possiblepour les non-reacutepondants par celles figurant dansles dossiers meacutedicauxLes taux drsquoincidence de SCC opeacutereacute ont eacuteteacute estimeacutesseacutepareacutement chez les femmes et chez les hommesen consideacuterant le sujet et non le poignet Ils onteacuteteacute calculeacutes en prenant au numeacuterateur les casopeacutereacutes reacutesidant dans le deacutepartement et au deacuteno-minateur les donneacutees du recensement les plusreacutecentes de la population du Maine-et-Loire(1999) La contribution des facteurs profession-nels agrave la survenue du SCC opeacutereacute a eacuteteacute quantifieacuteepar deux indicateurs - la fraction de risque de SCC opeacutereacute attribuableagrave une profession (ou un secteur drsquoactiviteacute) dansla population (Frap) repreacutesente la proportion descas observeacutes dans lrsquoensemble de la populationqui serait eacuteviteacutee si la profession (ou le secteur)ne preacutesentait pas un excegraves de risque Elle deacutependde la valeur du risque relatif (RR) de SCC opeacutereacuteassocieacute agrave la profession (ou au secteur) et de laproportion de sujets exerccedilant la profession (outravaillant dans le secteur) - la fraction de risque attribuable chez les exposeacutes(Frae) repreacutesente quant agrave elle la proportion decas de SCC opeacutereacute que lrsquoon peut attribuer speacuteci-fiquement au fait drsquoexercer une profession (ou detravailler dans un secteur drsquoactiviteacute) parmi les casqui surviennent dans cette profession (ou cesecteur) La Frae ne deacutepend que de la valeur duRR de SCC associeacute agrave la profession (ou au secteur)Le RR lieacute au fait de travailler dans une profession(ou un secteur) ajusteacute sur lrsquoacircge (par classe de10 ans) a eacuteteacute calculeacute par le rapport entre lrsquoinci-dence du SCC dans la profession consideacutereacutee (oule secteur) et lrsquoincidence du SCC dans le reste delrsquoeacutechantillon (actifs et inactifs inclus) chez leshommes et chez les femmes seacutepareacutement

La seconde approche a consisteacute en une estima-tion de la preacutevalence des principaux TMS dontle SCC et de lrsquoexposition aux facteurs de risqueen population salarieacutee Cette surveillance a eacuteteacutemise en œuvre dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 des meacutedecins du

travail de la reacutegion Entre 2002 et 2004 ils ontinclus 3 710 salarieacutes par tirage au sort durant lesvisites meacutedicales du travail Chacun des salarieacutestireacute au sort a rempli un auto-questionnairerecueillant drsquoune part des symptocircmes musculo-squelettiques des membres et du rachis nonspeacutecifiques deacuteriveacutes du questionnaire nordiqueet drsquoautre part des informations sur les activiteacutesprofessionnelles et les contraintes biomeacutecaniques(reacutepeacutetitiviteacute force postures extrecircmes) psychoso-ciales (demande psychologique soutien social autravail etc) et organisationnelles afin drsquoeacutevaluerleur exposition agrave des facteurs de risque de TMS[56] Les anteacuteceacutedents meacutedicaux facteurs derisque de TMS ont eacuteteacute recueillis par le mecircmeauto-questionnaire Au cours de la visite meacutedicaledu travail les sujets ont beacuteneacuteficieacute drsquoun examenclinique standardiseacute conforme agrave la deacutemarcheproposeacutee par le programme europeacuteen Saltsa pourla recherche en santeacute au travail [7]

Enfin les signalements des maladies agrave carac-tegravere professionnel (TMS et non TMS) ont eacuteteacutesysteacutematiquement enregistreacutes par un reacuteseau demeacutedecins du travail volontaires [8]

Quelle qursquoen soit lrsquoapproche les sujets concerneacutespar cette surveillance eacutetaient acircgeacutes de 20 agrave 59 ansSeuls les reacutesultats sur le SCC issus des deuxpremiegraveres approches sont preacutesenteacutes dans cetarticle

Reacutesultats

Incidence du SCC opeacutereacuteLrsquoincidence annuelle du SCC opeacutereacute estimeacutee agravepartir des 1 500 cas (1 053 femmes et 447hommes) identifieacutes en 2002 et 2003 dans leMaine-et-Loire srsquoeacutelevait agrave 27 pour 1 000 femmeset 12 pour 1 000 hommes Quelle que soit laclasse drsquoacircge lrsquoincidence eacutetait plus eacuteleveacutee chez lesfemmes la diffeacuterence eacutetant plus marqueacutee apregraves35 ans Lrsquoactiviteacute professionnelle des patients aumoment de lrsquoopeacuteration a eacuteteacute documenteacutee pour1 347 sujets Parmi eux 1 107 eacutetaient des actifsoccupeacutes (actifs ayant un emploi) au moment delrsquointervention chirurgicale

Professions preacutesentant une forteincidence et fractions de risqueattribuable selon la profession(tableau 1)Chez les femmes les incidences les plus eacuteleveacuteessrsquoobservaient pour les agricultrices les ouvriegraveresagricoles les ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel les ouvriegraveres qualifieacutees et non quali-fieacutees de type artisanal mais aussi pour desprofessions du secteur tertiaire comme lesemployeacutees civiles et agents de services lesemployeacutees de commerce et les personnels desservices directs aux particuliersChez les hommes des incidences eacuteleveacutees eacutetaientobserveacutees parmi les ouvriers qualifieacutes de typeartisanal les ouvriers qualifieacutes de la manutentionet du magasinage les ouvriers non qualifieacutes detype industriel les ouvriers agricoles les chauf-feurs les ouvriers qualifieacutes de type industriel

Chez les femmes la Frap estimeacutee pour lesouvriegraveres non qualifieacutees de lrsquoindustrie eacutetait de11 En drsquoautres termes 11 des cas de SCCopeacutereacute seraient eacuteviteacutes dans la population activefeacuteminine acircgeacutee de 20 agrave 59 ans si cette cateacutegorieprofessionnelle ne preacutesentait pas drsquoexcegraves derisque de SCC La Frap eacutetait infeacuterieure agrave 5 pourles autres cateacutegories professionnelles agrave risqueeacuteleveacute de SCC opeacutereacute ouvriegraveres agricoles (4)personnels des services directs aux particuliers(3) employeacutees du commerce (3) employeacuteesciviles et agents de service (3) La Frae variaiteacutegalement selon la profession ouvriegraveres agri-coles (74) ouvriegraveres non qualifieacutees de typeindustriel (69) et de type artisanal (50)employeacutees du commerce (46) personnels desservices directs aux particuliers (29) employeacuteesciviles et agents de service (23) En drsquoautrestermes 74 des cas de SCC opeacutereacute seraient eacuteviteacutesparmi les ouvriegraveres agricoles acircgeacutees de 20 agrave 59 anssi cette cateacutegorie professionnelle ne preacutesentaitpas drsquoexcegraves de risque de SCCChez les hommes la Frap estimeacutee eacutetait de 12pour les ouvriers qualifieacutes de type artisanal de10 pour les ouvriers non qualifieacutes de type indus-triel de 4 pour les ouvriers agricoles La Fraese situait autour de 60 pour ces trois cateacutegoriesprofessionnelles

Secteurs drsquoactiviteacute preacutesentantune forte incidence et fractionsde risque attribuable selon lesecteur drsquoactiviteacute (tableau 2)Les secteurs drsquoactiviteacute les plus toucheacutes eacutetaientlrsquoagriculture de nombreux secteurs industriels(agroalimentaire meacutetallurgie industrie automo-bile fabrication de mateacuteriel informatique indus-trie du meuble industrie du cuir et de lachaussure fabrication drsquoeacutequipements de radioteacuteleacutevision et communication) lrsquoassurance lespostes et teacuteleacutecommunications la santeacute et lrsquoactionsociale les transports terrestres des activiteacutes deservice (services personnels et domestiqueshocirctellerie et restauration) et le commerce dedeacutetailChez les femmes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient dans lrsquoensemble relativement basses (lesplus eacuteleveacutees autour de 3 eacutetaient observeacuteesdans lrsquoagriculture et le secteur de la santeacute) Lesvaleurs de Frae eacutetaient eacuteleveacutees dans lrsquoindustriede fabrication de mateacuteriel informatique (82)lrsquoassurance (71) lrsquoindustrie automobile (66)les services personnels (65) la fabrication demeubles (59) Elles se situaient autour de 50dans les industries alimentaires lrsquoindustrie ducuir et de la chaussure et lrsquoagricultureChez les hommes les valeurs estimeacutees de Frapeacutetaient de lrsquoordre de 5 dans la construction LesFrae variaient entre 11 (administrationpublique) et 87 (meacutetallurgie) avec des valeursde lrsquoordre de 60 pour lrsquoindustrie du cuir lestransports terrestres le travail des meacutetaux

38 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction de la profession Pays de la Loire France 2002-2004Table 1 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by occupation Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agricultrices exploitantes 26 35 19 09 [06-14] - -Agricultrices sur moyenne exploitation (agricultrices et eacuteleveuses drsquoherbivoressur moyenne exploitation)

25 141 05 38 [25-56] 13 [07-21] 735 [606-821]

Employeacutees 354 30 305 12 [10-14] 55 [15-98] 161 [46-262]Employeacutees civiles et agents de service (agents de bureau agents de servicedes eacutetablissements drsquoenseignement et hospitaliers aides-soignantes)

137 33 106 13 [11-15] 30 [08-55] 226 [73-354]

Employeacutees du commerce (vendeuses en alimentation employeacutees de libreservice)

43 30 37 19 [14-25] 30 [13-53] 461 [268-603]

Personnels des services directs aux particuliers (serveuses coiffeusesassistantes maternelles employeacutees de maison de lrsquohocirctellerie)

122 42 75 14 [12-17] 30 [13-50] 291 [144-413]

Ouvriegraveres 259 54 124 24 [21-27] 146 [117-178] 580 [516-635]Ouvriegraveres qualifieacutees de type artisanal (cuisiniegraveres) 11 38 07 16 [09-29] 05 [00-14] 384 [00-660]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel (de lrsquoeacutelectriciteacute eacutelectronique demontage controcircle en meacutecanique de la chimie des industries agricoles dutravail du cuir et de la chaussure du tri de lrsquoemballage de lrsquoexpeacutedition manutentionnaires divers)

152 73 54 33 [27-39] 108 [86-134] 693 [636-742]

Ouvriegraveres non qualifieacutees de type artisanal (nettoyeuses) 26 45 15 20 [14-30] 15 [05-28] 500 [262-661]Ouvriegraveres agricoles (viticulture et arboriculture fruitiegravere maraicircchage ethorticulture)

50 80 16 38 [28-50] 43 [29-61] 736 [648-801]

Hommes

Ouvriers 235 17 359 25 [20-30] 343 [270-414] 593 [508-663]Ouvriers qualifieacutes de type industriel (ouvriers qualifieacutes travaillant parenlegravevement du meacutetal)

41 13 84 15 [11-20] 37 [04-78] 313 [50-504]

Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (jardiniers meacutecaniciens drsquoautomobilemenuisiers du bacirctiment maccedilons couvreurs bouchers cuisiniers)

78 24 83 27 [21-35] 124 [85-170] 630 [527-711]

Chauffeurs (conducteurs routiers et grands routiers livreurs coursiers) 21 15 35 16 [10-24] 19 [00-48] 360 [06-588]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport(magasiniers)

14 19 19 22 [13-37] 22 [05-49] 542 [221-731]

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel (montage controcircle en meacutecanique des industries agricoles du travail du cuir)

54 18 75 25 [19-33] 101 [61-150] 599 [464-701]

Ouvriers agricoles (drsquoeacutelevage) 19 16 30 25 [15-40] 43 [16-84] 600 [355-752]

La population de lrsquoeacutetude est de 1347 sujets Seuls les reacutesultats sur les cateacutegories professionnelles preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition agrave la profession dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute en utilisant lesbornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) chez les exposeacutes agrave cette profession

Preacutevalence du SCC cliniqueLrsquoeacutechantillon de 3 710 salarieacutes (58 drsquohommes)eacutetait repreacutesentatif pour lrsquoacircge la cateacutegorie socio-professionnelle et le secteur drsquoactiviteacute mais onobservait une sous-repreacutesentation des femmes(42 vs 47 pour la reacutegion)Le SCC occupait le 2e rang apregraves le syndrome dela coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule (85 chez lesfemmes et 66 chez les hommes) avec unepreacutevalence de 40 chez les femmes et 24chez les hommes Pour les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans la preacutevalence du SCC srsquoeacutelevait agrave 78chez les femmes et agrave 37 chez les hommesLes preacutevalences les plus eacuteleveacutees pour les femmeseacutetaient observeacutees parmi les ouvriegraveres agricoles etles ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel lesemployeacutees civiles agents de service et lesemployeacutees administratives drsquoentreprises et pourles hommes parmi les ouvriers qualifieacutes et nonqualifieacutes de type industriel et ouvriers qualifieacutesde la manutention du magasinage et du trans-port (tableau 3)

DiscussionCes diffeacuterentes approches en population geacuteneacute-rale et en entreprise ont montreacute leur inteacuterecirct etleur compleacutementariteacute pour deacutecrire la situationeacutepideacutemiologique du SCC en fonction de lrsquoacircge dusexe du secteur drsquoactiviteacute et de la professionLes professions identifieacutees par une incidenceeacuteleveacutee de SCC dans la population geacuteneacuterale figu-rent pour la majoriteacute drsquoentre elles parmi celles

preacutesentant une preacutevalence eacuteleveacutee parmi lessalarieacutesChez les femmes cette sur-incidence concernenon seulement des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute de SCC(ouvriegraveres agricoles et ouvriegraveres non qualifieacutees detype industriel) mais aussi des employeacutees decommerce et des employeacutees civiles et agents deservice Pour les hommes cette sur-incidenceconcerne surtout des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute (ouvriers agri-coles et ouvriers qualifieacutes de type artisanal detype industriel et de la manutention ouvriers nonqualifieacutes de type industriel)Les prioriteacutes drsquoaction pour la preacutevention du SCCdevront se concentrer sur les secteurs ou profes-sions ainsi identifieacutes La poursuite de cettesurveillance permettra drsquoaffiner la description dela distribution des cas en fonction des secteurset des professionsBien que ces estimations ne soient fondeacutees quesur les deux principaux centres de chirurgie de lamain du Maine-et-Loire (dans lesquels 70 deshabitants du deacutepartement sont opeacutereacutes pour SCC)et que les reacutesidents du Maine-et-Loire opeacutereacutesailleurs ne soient pas pris en compte ici les esti-mations de lrsquoincidence du SCC opeacutereacute agrave partir desdonneacutees de ces eacutetablissements de santeacute sont vrai-semblablement plus proches de la reacutealiteacute quecelles baseacutees sur le reacuteseau de meacutedecins neuro-physiologistes mis en œuvre parallegravelement dansle mecircme deacutepartement dans le cadre de cette

phase pilote du programme de surveillance desTMS et publieacutees ailleurs [910] Le reacuteseau deneurophysiologistes preacutesentait lrsquoavantage drsquounebonne valeur diagnostique de la deacutefinitionretenue pour le traceur SCC (association drsquoexplo-rations eacutelectromyographiques positives et desymptocircmes cliniques) mais les estimations obte-nues eacutetaient davantage sous-eacutevalueacutees qursquoicinotamment en raison drsquoune participation ineacutegaledes meacutedecins neurophysiologistes La meacutethodeutiliseacutee ici preacutesente lrsquoavantage drsquoune meilleureexhaustiviteacute tout en permettant un recueil satis-faisant de donneacutees professionnellesLa surveillance en entreprise a eacuteteacute lrsquooccasiondrsquoutiliser pour la premiegravere fois en France ladeacutemarche diagnostique standardiseacutee proposeacuteepar le programme europeacuteen Saltsa Elle a permisde produire des donneacutees preacutecises et nouvelles surla preacutevalence des principaux TMS du membresupeacuterieur drsquoen montrer lrsquoampleur et les varia-tions par secteur drsquoactiviteacute et profession [11]Avant toute extension de la surveillance du SCCil a eacuteteacute neacutecessaire drsquoeacutevaluer les avantages et lesinconveacutenients des diffeacuterentes approches et dereacutefleacutechir aux modaliteacutes de simplification desproceacutedures utiliseacutees Pour sa mise en œuvre dansle deacutepartement des Bouches du Rhocircne en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur le choix a eacuteteacute faitdrsquoidentifier de faccedilon prospective les sujets opeacutereacutesdrsquoun SCC dans les eacutetablissements de santeacute prati-quant ce type drsquointervention Des reacutesultats de

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 39

Tableau 2 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction du secteur drsquoactiviteacute France 2002-2004 Table 2 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by sector of economic activity Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agriculture chasse services annexes 84 55 40 19 [15-24] 35 [21-53] 481 [351-585]Industries alimentaires 36 45 20 21 [15-30] 23 [11-39] 533 [349-665]Industrie du cuir et de la chaussure 46 47 25 19 [15-26] 23 [11-39] 487 [311-618]Fabrication de machines de bureau et de mateacuteriel informatique 5 53 02 54 [23-131] 11 [03-28] 816 [559-924]Fabrication drsquoeacutequipements de radio teacuteleacutevision etcommunication

13 39 09 18 [10-31] 07 [00-18] 444 [41-677]

Industrie automobile 6 49 03 30 [13-66] 06 [01-17] 663 [248-849]Fabrication de meubles industries diverses 12 51 06 24 [14-43] 09 [02-20] 589 [273-767]Commerce de deacutetail et reacuteparation drsquoarticles domestiques 58 27 54 13 [10-17] 18 [01-39] 249 [20-425]Hocirctels et restaurants 24 30 20 12 [08-18] 05 [00-17] 184 [00-455]Postes et teacuteleacutecommunications 15 42 09 16 [10-27] 06 [00-15] 381 [00-627]Assurance 9 49 05 34 [18-66] 11 [04-26] 709 [439-849]Santeacute et action sociale 174 33 135 13 [11-15] 34 [09-61] 206 [66-326]Services personnels 17 41 11 29 [18-47] 20 [08-37] 653 [439-786]Services domestiques 21 35 15 11 [07-17] 01 [00-10] 87 [00-408]

Hommes

Industries alimentaires 20 15 34 17 [11-27] 25 [04-56] 425 [96-634]Industrie du cuir et de la chaussure 12 20 15 27 [15-48] 25 [08-55] 629 [339-792]Meacutetallurgie 6 54 03 74 [33-165] 18 [07-43] 865 [697-940]Travail des meacutetaux 21 20 27 24 [15-37] 36 [14-68] 577 [343-727]Construction 55 17 82 16 [12-21] 47 [17-85] 378 [174-531]Transports terrestres 24 25 25 26 [17-40] 40 [18-70] 621 [426-750]Administration publique 28 13 56 11 [08-17] 07 [00-36] 112 [00-395]

La population de lrsquoeacutetude est de 1 347 sujets Seuls les reacutesultats sur les secteurs drsquoactiviteacute preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition au secteur drsquoactiviteacute dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute enutilisant les bornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) chez les exposeacutes agrave cesecteur drsquoactiviteacute

Tableau 3 Preacutevalence du SCC chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 selon la cateacutegorieprofessionnelle France 2002-2004 Table 3 Prevalence of CTS in employees from Pays de la Loire in2002-2004 by occupational category France 2002-2004

Effectifs SCC Preacutevalence SCC ()N n [IC 95]

Femmes

Employeacutees civiles et agents de service 212 13 61 [29-94]Employeacutees administratives drsquoentreprises 328 10 31 [12-49]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel 206 8 39 [12-65]Ouvriegraveres agricoles 21 7 333 [132-535]

Hommes

Ouvriers qualifieacutes de type industriel 347 11 32 [13-50]Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 273 11 40 [17-64]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport 129 5 39 [05-72]

[IC 95] Intervalle de confiance agrave 95

cette surveillance seront bientocirct disponibles(encadreacute p 41)Enfin une reacuteflexion est en cours pour construireagrave partir des donneacutees issues de ce programmedes indicateurs nationaux qui soient simplespertinents et reproductibles portant agrave la fois surla freacutequence du SCC et des expositions et sur lenombre de cas attribuables au travail agrave lrsquoeacutechellede la population franccedilaise permettant drsquoen suivrelrsquoeacutevolution et de mieux orienter et eacutevaluer lrsquoeffi-caciteacute des politiques de preacutevention en milieu detravail

Reacutefeacuterences

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40 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

Yvan Souaregraves (yvansouaressantegouvfr)12 Franck Sillam12 Catherine Ha1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France 2 Cellule interreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud Institut de veille sanitaire Marseille France

Depuis fin 2007 le Deacutepartement santeacute travailde lrsquoInstitut de veille sanitaire et la Celluleinterreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud ont mis enœuvre une eacutetude sur lrsquoincidence et les facteursde risque professionnels du syndrome du canalcarpien (SCC) opeacutereacute dans la population desBouches-du-Rhocircne Les objectifs de ce travailsont - estimer lrsquoincidence du SCC opeacutereacute dans lapopulation geacuteneacuterale de 20 agrave 64 ans - deacutecrire la distribution des SCC opeacutereacutes selonles caracteacuteristiques individuelles des patientset les facteurs drsquoexposition professionnelle etestimer la part de morbiditeacute lieacutee au travail - deacutecrire le devenir socioprofessionnel et fonc-tionnel agrave 6 mois des personnes opeacutereacutees drsquounSCC selon les caracteacuteristiques individuelles etdrsquoexposition professionnelle des patients et lareconnaissance ou non du caractegravere profes-sionnel de la pathologie (reconnaissance enmaladie professionnelle indemnisable)

Mateacuteriel et meacutethodesLrsquoeacutetude se deacuteroule en deux phases un recueilde donneacutees en peacuteri-opeacuteratoire pendant uneanneacutee centreacute sur les caracteacuteristiques indivi-duelles et les facteurs de risque professionnels(phase I) et 6 mois apregraves lrsquointervention chirur-gicale un recueil de donneacutees centreacute sur ledevenir socioprofessionnel des personnesopeacutereacutees (phase II) Le recrutement des patientssrsquoest fait agrave partir drsquoun reacuteseau deacutepartementalde chirurgiens de la main tous volontaires Leseacutequipes chirurgicales ont eacuteteacute preacutealablement

seacutelectionneacutees selon des critegraveres (a) drsquoactiviteacuteannuelle pour le SCC (b) de reacutepartition desbassins de population desservis dans lesBouches-du-Rhocircne et (c) des capaciteacutes agravecontribuer efficacement agrave la gestion du recueildes donneacutees (motivation administration exis-tence et disponibiliteacute drsquoun deacutepartementdrsquoinformation meacutedicale) Le protocole drsquoeacutetudea eacuteteacute mis agrave la disposition des chirurgiens etune version simplifieacutee a eacuteteacute reacutedigeacutee agrave lrsquointen-tion des eacutequipes parameacutedicales Les eacutequipesont preacutealablement eacuteteacute associeacutees au design dusystegraveme de monitorage des travaux puisformeacutees aux modaliteacutes pratiques de la collectede donneacutees Celle-ci a eacuteteacute organiseacutee autourdrsquoauto-questionnaires destineacutes aux patients(phases I et II) et de questionnaires preacute- etpost-opeacuteratoires compleacuteteacutes par les chirurgiens(phase I seulement) Les patients ont eacuteteacute inclusdans la phase I du 1er avril 2008 au 31 mars2009 La phase II a deacutebuteacute en octobre 2008et a pris fin en novembre 2009 en raison desrelances neacutecessaires aupregraves des patients pourle retour des questionnaires

Eacutetat drsquoavancementLe reacuteseau est constitueacute de 11 chirurgiensappartenant agrave trois structures (une publiqueet deux priveacutees) repreacutesentant six sites deconsultation et cinq sites opeacuteratoires Selonlrsquoanalyse du programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) pour la peacuteriode2003-2005 ces structures repreacutesentaient

environ 50 des interventions annuelles pourSCC dans les Bouches-du-RhocircnePhase IAu 1er juillet 2009 1 024 patients eacutetaientinclus en phase I Ce nombre est infeacuterieur aurecrutement attendu (gt 1 500) pour deuxraisons principales - le codage et lrsquoenregistrement des actesmeacutedicaux et des pathologies dans le PMSInous ont conduits agrave surestimer lrsquoincidenceattendue (deux enregistrements pour unmecircme patient opeacutereacute des deux poignets en unan) - la participation incomplegravete drsquoune des struc-tures pour des raisons de compliance delrsquoeacutequipe et de moyens inadapteacutes agrave lrsquoadminis-tration de lrsquoeacutetudePhase IIAu 1er aoucirct 2009 601621 patients avaientcompleacuteteacute et retourneacute le questionnaire de suiviagrave 6 mois soit un taux de reacuteponse de 968identique agrave celui obtenu dans le reacuteseau desPays de la Loire entre 2002 et 2004 [1]La saisie et lrsquoanalyse des donneacutees seront faitesseacutepareacutement pour chacune des deux phases delrsquoeacutetude Les reacutesultats sont attendus pour lepremier (phase I) et le deuxiegraveme (phase II)semestre 2010

Reacutefeacuterence

[1] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Nicolas GDescatha A Leclerc A et al Work increases the incidenceof carpal tunnel syndrome in the general populationMuscle amp Nerve 200837(4)477-82

Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves interventionchirurgicale pour un syndrome du canal carpien dans les Pays de la LoireElsa Parot-Schinkel (elsaschinkeluniv-angersfr)1 Yves Roquelaure1 Catherine Ha2 Annette Leclerc3 Jean-Franccedilois Chastang3 Alexis Descatha3 GuyRaimbeau4 Francis Chaise5

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Inserm U687 Villejuif France 4 Centre de la Main Angers France 5 Clinique Jeanne drsquoArc Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutetudier le pronostic professionnel apregraves intervention poursyndrome du canal carpienLes patients opeacutereacutes en 2002-2003 dans les Pays de la Loire ont rempli unautoquestionnaire1 248 questionnaires ont eacuteteacute retourneacutes (62) 253 hommes et 682 femmesdeacuteclaraient un emploi au moment de lrsquoopeacuteration Les facteurs de mauvaispronostic identifieacutes eacutetaient intervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique du membre supeacuterieur cateacutegorie socioprofessionnelleouvriers arrecirct de travail pour maladie professionnelle et imputabiliteacute parle patient agrave une cause professionnelleCette eacutetude souligne lrsquoimplication de multiples facteurs agrave prendre encompte pour le pronostic professionnel

Study of factors associated to occupational outcomeafter surgery for carpal tunnel syndrome in theFrench Pays de la Loire regionWe aimed to study the occupational outcome of carpal tunnel syndrome(CTS) after surgical release of the median nervePatients from the French Pays de la Loire region having undergone surgicalrelease of the median nerve in 2002-2003 filled out a mailed questionnaire1248 questionnaires were returned (62)A total of 253 men and 682 women declared being employed at the time ofthe surgery Factors associated with poor occupational outcome were theoccurrence of simultaneous intervention on another upper extremity muscu-loskeletal disorder belonging to the ldquoblue-collar workerrdquo occupational cate-gory to be on sick leave compensated by the occupational health insurancesystem and belief (of the patient) in an occupational causeThis study underlines the multifactorial nature of the occupational prog-nosis of CTS after surgeryMots cleacutes Key words

Syndrome du canal carpien maladie professionnelle pronostic troubles musculo-squelettiques Carpal tunnel syndrome occupational disease prognosismusculoskeletal disorders

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 41

Figure Meacutethode de seacutelection des sujets inclus France Pays de la Loire 2002-2003 Figure Methods for selecting subjects France Pays de la Loire 2002-2003

1 2 3 et 4 Diffeacuterences statistiquement significatives (plt005)

Non actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (120)Sex-ratio FemmesHommes 911

- 108 femmes 48 plusmn 7 ans2

- dont 60 femmes au foyer- dont 17 invaliditeacutes

- 12 hommes 50 plusmn 10 ans3

- dont 2 retraiteacutes- dont 2 demandeurs diacuteemploi

Reacutepondants (1 248)308 hommes et 940 femmes - 47 plusmn 9 ans

Non reacutepondants (777)240 hommes et 537 femmes - 46 plusmn 9 ans

Questionnaires envoyeacutes (2 025)548 hommes et 1 477 femmes

Actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (1 128)- Sex-ratio FemmesHommes 2811

- 832 femmes 46 plusmn 8 ans2

- 296 hommes 46 plusmn 9 ans3

Non actifs au moment de lrsquointervention (193)- Sex-ratio FemmesHommes 351- 150 femmes 46 plusmn 9 ans- 43 hommes 50 plusmn 8 ans4

Actifs au moment de lrsquointervention (935)- Sex-ratio FemmesHommes 271- 682 femmes 46 plusmn 8 ans- 253 hommes 45 plusmn 9 ans4

IntroductionEntre 80 000 et 100 000 personnes acircgeacutees de 20agrave 59 ans sont opeacutereacutees chaque anneacutee en Francedrsquoun syndrome du canal carpien (SCC) Le devenirprofessionnel des patients traiteacutes pour un SCCest un critegravere important du reacutesultat puisque lamajoriteacute drsquoentre eux est encore en activiteacute profes-sionnelle Connaicirctre les facteurs preacutedictifs de lanon-reprise du travail est neacutecessaire pour mieuxprendre en charge ces patients Lrsquoobjectif delrsquoeacutetude preacutesenteacutee ici est de deacutecrire le devenirprofessionnel des personnes opeacutereacutees pour SCC etdrsquoeacutetudier les facteurs individuels et professionnelsassocieacutes agrave un pronostic deacutefavorable en termes dereprise du travail dans la population de deuxdeacutepartements des Pays de la Loire reacutegion de miseen œuvre depuis 2002 drsquoun reacuteseau pilote desurveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques

MeacutethodesAgrave partir du Programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) deux groupeshomogegravenes de malades (Libeacuteration du canalcarpien et Libeacuteration du canal carpien enambulatoire) permettent de recenser tous lesreacutesumeacutes standardiseacutes de sortie relatifs auxseacutejours hospitaliers publics et priveacutes pour trai-tement chirurgical du SCC agrave lrsquoexception des raresinterventions faites au cours drsquointerventions pluslourdes Crsquoest ainsi que les personnes acircgeacutees de20 agrave 59 ans opeacutereacutees pour un SCC dans les struc-tures de soins du Maine-et-Loire (pour les anneacutees2002 et 2003) et de la Loire-Atlantique (pourlrsquoanneacutee 2003) et domicilieacutees dans ces deacuteparte-ments ont eacuteteacute identifieacutees Seuls les seacutejours issusdes trois principaux centres de chirurgie de lamain de ces deacutepartements ont eacuteteacute eacutetudieacutes repreacute-sentant selon les donneacutees du PMSI de lrsquoanneacutee2002 trois quarts des seacutejours pour chirurgie duSCC chez les reacutesidents du mecircme acircge et de cesmecircmes deacutepartements Les donneacutees ont eacuteteacuterecueillies par questionnaire adresseacute par voiepostale en 2004 (soit en moyenne un an et demiapregraves lrsquointervention) aux patients eacuteligibles pourcette eacutetude soit 1 258 dans le Maine-et-Loire et766 en Loire-Atlantique (apregraves exclusion de 68patients sans adresse) Le questionnaire exploraitlrsquohistoire meacutedicale et professionnelle (sur les cinqanneacutees avant lrsquointervention) et les conditions deretour au travail Lrsquoanalyse des donneacutees a eacuteteacutereacutealiseacutee en consideacuterant les sujets et non lespoignets en cas drsquointervention sur les deuxpoignets le sujet nrsquoest donc compteacute qursquoune foisLes facteurs associeacutes au deacutelai de reprise du travailapregraves intervention ont eacuteteacute eacutetudieacutes par desanalyses de survie restreintes aux sujets deacuteclarantun emploi au moment de lrsquoopeacuteration (actifsoccupeacutes) seacutepareacutement chez les hommes et lesfemmes en univarieacute par la meacutethode de KaplanMeier et le test du Log Rank et en multivarieacutepar un modegravele de reacutegression semi-parameacutetriqueagrave risques proportionnels de Cox avec une esti-mation des Hazard Ratios ajusteacutes (HR) Le deacutepar-tement (Maine-et-Loire Loire-Atlantique) et lrsquoacircge

ont eacuteteacute forceacutes dans le modegravele afin drsquoajuster lesestimations des autres risques relatifs sur cesvariables le seuil de significativiteacute choisi pourinclure les autres variables dans lrsquoanalyse multi-varieacutee eacutetait de 020 Le critegravere de jugement estle deacutelai de reprise du travail apregraves lrsquointerventionLes personnes nrsquoayant pas repris le travail aumoment du remplissage du questionnaire ont eacuteteacutecensureacutees avec un deacutelai correspondant agrave celuientre la date de lrsquoopeacuteration et celle du remplis-sage du questionnaire

ReacutesultatsLe taux de reacuteponse a eacuteteacute de 62 (1 248 ques-tionnaires) 58 pour le Maine-et-Loire et 64pour la Loire-Atlantique Parmi les personnesactives professionnellement au cours des cinqderniegraveres anneacutees (figure) 253 hommes (82) et682 femmes (73) ont deacuteclareacute un emploi aumoment de leur intervention soit 935 actifsoccupeacutes parmi lesquels 90 des hommes et 92des femmes ont deacuteclareacute avoir repris leur activiteacuteprofessionnelle au moment de lrsquoenquecircte Le deacutelaimeacutedian de reprise du travail eacutetait de 60 joursquel que soit le sexe La reprise professionnellesrsquoeffectuait principalement au mecircme poste (83pour les hommes et 85 pour les femmes) aumecircme poste mais ameacutenageacute (respectivement 7et 8) ou agrave un autre poste (respectivement 8et 5) La reprise dans une autre entreprise eacutetaitrare (2) Pour 6 des hommes et 7 desfemmes la reprise se faisait par un travail agravemi-temps drsquoune dureacutee moyenne de quatre moischez les hommes et trois mois chez les femmes

La probabiliteacute de reprise du travail agrave trois moisest drsquoenviron 71 chez les hommes et 76 chezles femmes agrave un an de 88 chez les hommeset 91 chez les femmes Lrsquoanalyse multivarieacutee(tableau) montre que la preacutesence drsquoau moins uneintervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique (TMS) du membre supeacute-rieur est associeacutee agrave un plus mauvais pronostic enterme de reprise du travail (HR 21[13-34] chezles hommes et 14[10-19] chez les femmes)ainsi que pour les femmes seulement le fait debeacuteneacuteficier drsquoun arrecirct de travail pour maladieprofessionnelle apregraves lrsquointervention (18 [14-24])et lrsquoimputabiliteacute subjective du SCC agrave une causeprofessionnelle (22 [13-37]) Les cadres ont unmeilleur pronostic professionnel que les ouvriersquel que soit le sexe (01 [00-04] pour leshommes et 05 [03-09] pour les femmes)

DiscussionLes facteurs de mauvais pronostic les plusrobustes observeacutes dans notre eacutetude sont ainsi lapreacutesence drsquoau moins une intervention simultaneacuteesur un autre TMS du membre supeacuterieur le faitdrsquoecirctre en arrecirct de travail pour maladie profes-sionnelle et lrsquoappartenance agrave la cateacutegorie profes-sionnelle des ouvriers qui peut ecirctre consideacutereacuteecomme un indicateur indirect de contraintesprofessionnelles Ce reacutesultat souligne en accordavec drsquoautres eacutetudes [1-3] que le pronosticprofessionnel apregraves intervention pour un SCC estdeacutetermineacute par plusieurs facteurs lieacutes agrave la cateacute-gorie socioprofessionnelle et aux contraintesprofessionnelles Une eacutevaluation fine de ces

42 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

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[3] Katz JN Amick BC 3rd Keller R Fossel AH Ossman JSoucie V Losina E Determinants of work absence followingsurgery for carpal tunnel syndrome Am J Ind Med200547120-30

Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 43

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

44 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

46 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

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[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 7: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Tableau 1 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction de la profession Pays de la Loire France 2002-2004Table 1 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by occupation Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agricultrices exploitantes 26 35 19 09 [06-14] - -Agricultrices sur moyenne exploitation (agricultrices et eacuteleveuses drsquoherbivoressur moyenne exploitation)

25 141 05 38 [25-56] 13 [07-21] 735 [606-821]

Employeacutees 354 30 305 12 [10-14] 55 [15-98] 161 [46-262]Employeacutees civiles et agents de service (agents de bureau agents de servicedes eacutetablissements drsquoenseignement et hospitaliers aides-soignantes)

137 33 106 13 [11-15] 30 [08-55] 226 [73-354]

Employeacutees du commerce (vendeuses en alimentation employeacutees de libreservice)

43 30 37 19 [14-25] 30 [13-53] 461 [268-603]

Personnels des services directs aux particuliers (serveuses coiffeusesassistantes maternelles employeacutees de maison de lrsquohocirctellerie)

122 42 75 14 [12-17] 30 [13-50] 291 [144-413]

Ouvriegraveres 259 54 124 24 [21-27] 146 [117-178] 580 [516-635]Ouvriegraveres qualifieacutees de type artisanal (cuisiniegraveres) 11 38 07 16 [09-29] 05 [00-14] 384 [00-660]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel (de lrsquoeacutelectriciteacute eacutelectronique demontage controcircle en meacutecanique de la chimie des industries agricoles dutravail du cuir et de la chaussure du tri de lrsquoemballage de lrsquoexpeacutedition manutentionnaires divers)

152 73 54 33 [27-39] 108 [86-134] 693 [636-742]

Ouvriegraveres non qualifieacutees de type artisanal (nettoyeuses) 26 45 15 20 [14-30] 15 [05-28] 500 [262-661]Ouvriegraveres agricoles (viticulture et arboriculture fruitiegravere maraicircchage ethorticulture)

50 80 16 38 [28-50] 43 [29-61] 736 [648-801]

Hommes

Ouvriers 235 17 359 25 [20-30] 343 [270-414] 593 [508-663]Ouvriers qualifieacutes de type industriel (ouvriers qualifieacutes travaillant parenlegravevement du meacutetal)

41 13 84 15 [11-20] 37 [04-78] 313 [50-504]

Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (jardiniers meacutecaniciens drsquoautomobilemenuisiers du bacirctiment maccedilons couvreurs bouchers cuisiniers)

78 24 83 27 [21-35] 124 [85-170] 630 [527-711]

Chauffeurs (conducteurs routiers et grands routiers livreurs coursiers) 21 15 35 16 [10-24] 19 [00-48] 360 [06-588]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport(magasiniers)

14 19 19 22 [13-37] 22 [05-49] 542 [221-731]

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel (montage controcircle en meacutecanique des industries agricoles du travail du cuir)

54 18 75 25 [19-33] 101 [61-150] 599 [464-701]

Ouvriers agricoles (drsquoeacutelevage) 19 16 30 25 [15-40] 43 [16-84] 600 [355-752]

La population de lrsquoeacutetude est de 1347 sujets Seuls les reacutesultats sur les cateacutegories professionnelles preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition agrave la profession dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute en utilisant lesbornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave une profession) chez les exposeacutes agrave cette profession

Preacutevalence du SCC cliniqueLrsquoeacutechantillon de 3 710 salarieacutes (58 drsquohommes)eacutetait repreacutesentatif pour lrsquoacircge la cateacutegorie socio-professionnelle et le secteur drsquoactiviteacute mais onobservait une sous-repreacutesentation des femmes(42 vs 47 pour la reacutegion)Le SCC occupait le 2e rang apregraves le syndrome dela coiffe des rotateurs agrave lrsquoeacutepaule (85 chez lesfemmes et 66 chez les hommes) avec unepreacutevalence de 40 chez les femmes et 24chez les hommes Pour les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans la preacutevalence du SCC srsquoeacutelevait agrave 78chez les femmes et agrave 37 chez les hommesLes preacutevalences les plus eacuteleveacutees pour les femmeseacutetaient observeacutees parmi les ouvriegraveres agricoles etles ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel lesemployeacutees civiles agents de service et lesemployeacutees administratives drsquoentreprises et pourles hommes parmi les ouvriers qualifieacutes et nonqualifieacutes de type industriel et ouvriers qualifieacutesde la manutention du magasinage et du trans-port (tableau 3)

DiscussionCes diffeacuterentes approches en population geacuteneacute-rale et en entreprise ont montreacute leur inteacuterecirct etleur compleacutementariteacute pour deacutecrire la situationeacutepideacutemiologique du SCC en fonction de lrsquoacircge dusexe du secteur drsquoactiviteacute et de la professionLes professions identifieacutees par une incidenceeacuteleveacutee de SCC dans la population geacuteneacuterale figu-rent pour la majoriteacute drsquoentre elles parmi celles

preacutesentant une preacutevalence eacuteleveacutee parmi lessalarieacutesChez les femmes cette sur-incidence concernenon seulement des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute de SCC(ouvriegraveres agricoles et ouvriegraveres non qualifieacutees detype industriel) mais aussi des employeacutees decommerce et des employeacutees civiles et agents deservice Pour les hommes cette sur-incidenceconcerne surtout des professions classiquementconsideacutereacutees comme agrave risque eacuteleveacute (ouvriers agri-coles et ouvriers qualifieacutes de type artisanal detype industriel et de la manutention ouvriers nonqualifieacutes de type industriel)Les prioriteacutes drsquoaction pour la preacutevention du SCCdevront se concentrer sur les secteurs ou profes-sions ainsi identifieacutes La poursuite de cettesurveillance permettra drsquoaffiner la description dela distribution des cas en fonction des secteurset des professionsBien que ces estimations ne soient fondeacutees quesur les deux principaux centres de chirurgie de lamain du Maine-et-Loire (dans lesquels 70 deshabitants du deacutepartement sont opeacutereacutes pour SCC)et que les reacutesidents du Maine-et-Loire opeacutereacutesailleurs ne soient pas pris en compte ici les esti-mations de lrsquoincidence du SCC opeacutereacute agrave partir desdonneacutees de ces eacutetablissements de santeacute sont vrai-semblablement plus proches de la reacutealiteacute quecelles baseacutees sur le reacuteseau de meacutedecins neuro-physiologistes mis en œuvre parallegravelement dansle mecircme deacutepartement dans le cadre de cette

phase pilote du programme de surveillance desTMS et publieacutees ailleurs [910] Le reacuteseau deneurophysiologistes preacutesentait lrsquoavantage drsquounebonne valeur diagnostique de la deacutefinitionretenue pour le traceur SCC (association drsquoexplo-rations eacutelectromyographiques positives et desymptocircmes cliniques) mais les estimations obte-nues eacutetaient davantage sous-eacutevalueacutees qursquoicinotamment en raison drsquoune participation ineacutegaledes meacutedecins neurophysiologistes La meacutethodeutiliseacutee ici preacutesente lrsquoavantage drsquoune meilleureexhaustiviteacute tout en permettant un recueil satis-faisant de donneacutees professionnellesLa surveillance en entreprise a eacuteteacute lrsquooccasiondrsquoutiliser pour la premiegravere fois en France ladeacutemarche diagnostique standardiseacutee proposeacuteepar le programme europeacuteen Saltsa Elle a permisde produire des donneacutees preacutecises et nouvelles surla preacutevalence des principaux TMS du membresupeacuterieur drsquoen montrer lrsquoampleur et les varia-tions par secteur drsquoactiviteacute et profession [11]Avant toute extension de la surveillance du SCCil a eacuteteacute neacutecessaire drsquoeacutevaluer les avantages et lesinconveacutenients des diffeacuterentes approches et dereacutefleacutechir aux modaliteacutes de simplification desproceacutedures utiliseacutees Pour sa mise en œuvre dansle deacutepartement des Bouches du Rhocircne en reacutegionProvence-Alpes-Cocircte drsquoAzur le choix a eacuteteacute faitdrsquoidentifier de faccedilon prospective les sujets opeacutereacutesdrsquoun SCC dans les eacutetablissements de santeacute prati-quant ce type drsquointervention Des reacutesultats de

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 39

Tableau 2 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction du secteur drsquoactiviteacute France 2002-2004 Table 2 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by sector of economic activity Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agriculture chasse services annexes 84 55 40 19 [15-24] 35 [21-53] 481 [351-585]Industries alimentaires 36 45 20 21 [15-30] 23 [11-39] 533 [349-665]Industrie du cuir et de la chaussure 46 47 25 19 [15-26] 23 [11-39] 487 [311-618]Fabrication de machines de bureau et de mateacuteriel informatique 5 53 02 54 [23-131] 11 [03-28] 816 [559-924]Fabrication drsquoeacutequipements de radio teacuteleacutevision etcommunication

13 39 09 18 [10-31] 07 [00-18] 444 [41-677]

Industrie automobile 6 49 03 30 [13-66] 06 [01-17] 663 [248-849]Fabrication de meubles industries diverses 12 51 06 24 [14-43] 09 [02-20] 589 [273-767]Commerce de deacutetail et reacuteparation drsquoarticles domestiques 58 27 54 13 [10-17] 18 [01-39] 249 [20-425]Hocirctels et restaurants 24 30 20 12 [08-18] 05 [00-17] 184 [00-455]Postes et teacuteleacutecommunications 15 42 09 16 [10-27] 06 [00-15] 381 [00-627]Assurance 9 49 05 34 [18-66] 11 [04-26] 709 [439-849]Santeacute et action sociale 174 33 135 13 [11-15] 34 [09-61] 206 [66-326]Services personnels 17 41 11 29 [18-47] 20 [08-37] 653 [439-786]Services domestiques 21 35 15 11 [07-17] 01 [00-10] 87 [00-408]

Hommes

Industries alimentaires 20 15 34 17 [11-27] 25 [04-56] 425 [96-634]Industrie du cuir et de la chaussure 12 20 15 27 [15-48] 25 [08-55] 629 [339-792]Meacutetallurgie 6 54 03 74 [33-165] 18 [07-43] 865 [697-940]Travail des meacutetaux 21 20 27 24 [15-37] 36 [14-68] 577 [343-727]Construction 55 17 82 16 [12-21] 47 [17-85] 378 [174-531]Transports terrestres 24 25 25 26 [17-40] 40 [18-70] 621 [426-750]Administration publique 28 13 56 11 [08-17] 07 [00-36] 112 [00-395]

La population de lrsquoeacutetude est de 1 347 sujets Seuls les reacutesultats sur les secteurs drsquoactiviteacute preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition au secteur drsquoactiviteacute dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute enutilisant les bornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) chez les exposeacutes agrave cesecteur drsquoactiviteacute

Tableau 3 Preacutevalence du SCC chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 selon la cateacutegorieprofessionnelle France 2002-2004 Table 3 Prevalence of CTS in employees from Pays de la Loire in2002-2004 by occupational category France 2002-2004

Effectifs SCC Preacutevalence SCC ()N n [IC 95]

Femmes

Employeacutees civiles et agents de service 212 13 61 [29-94]Employeacutees administratives drsquoentreprises 328 10 31 [12-49]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel 206 8 39 [12-65]Ouvriegraveres agricoles 21 7 333 [132-535]

Hommes

Ouvriers qualifieacutes de type industriel 347 11 32 [13-50]Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 273 11 40 [17-64]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport 129 5 39 [05-72]

[IC 95] Intervalle de confiance agrave 95

cette surveillance seront bientocirct disponibles(encadreacute p 41)Enfin une reacuteflexion est en cours pour construireagrave partir des donneacutees issues de ce programmedes indicateurs nationaux qui soient simplespertinents et reproductibles portant agrave la fois surla freacutequence du SCC et des expositions et sur lenombre de cas attribuables au travail agrave lrsquoeacutechellede la population franccedilaise permettant drsquoen suivrelrsquoeacutevolution et de mieux orienter et eacutevaluer lrsquoeffi-caciteacute des politiques de preacutevention en milieu detravail

Reacutefeacuterences

[1] LrsquoAssurance maladie Risques professionnels Le site desaccidents du travail et des maladies professionnelleshttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrfrsynthesesynthese_stats-trim_1php

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[4] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Reacuteseau expeacuteri-mental de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance

en population geacuteneacuterale du syndrome du canal carpien dansle Maine-et-Loire en 2002 Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2004 60 p httpwwwinvssantefrpublications2004tms_131204indexhtml

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[9] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire Network OccupEnviron Med 200966471-9

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40 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

Yvan Souaregraves (yvansouaressantegouvfr)12 Franck Sillam12 Catherine Ha1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France 2 Cellule interreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud Institut de veille sanitaire Marseille France

Depuis fin 2007 le Deacutepartement santeacute travailde lrsquoInstitut de veille sanitaire et la Celluleinterreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud ont mis enœuvre une eacutetude sur lrsquoincidence et les facteursde risque professionnels du syndrome du canalcarpien (SCC) opeacutereacute dans la population desBouches-du-Rhocircne Les objectifs de ce travailsont - estimer lrsquoincidence du SCC opeacutereacute dans lapopulation geacuteneacuterale de 20 agrave 64 ans - deacutecrire la distribution des SCC opeacutereacutes selonles caracteacuteristiques individuelles des patientset les facteurs drsquoexposition professionnelle etestimer la part de morbiditeacute lieacutee au travail - deacutecrire le devenir socioprofessionnel et fonc-tionnel agrave 6 mois des personnes opeacutereacutees drsquounSCC selon les caracteacuteristiques individuelles etdrsquoexposition professionnelle des patients et lareconnaissance ou non du caractegravere profes-sionnel de la pathologie (reconnaissance enmaladie professionnelle indemnisable)

Mateacuteriel et meacutethodesLrsquoeacutetude se deacuteroule en deux phases un recueilde donneacutees en peacuteri-opeacuteratoire pendant uneanneacutee centreacute sur les caracteacuteristiques indivi-duelles et les facteurs de risque professionnels(phase I) et 6 mois apregraves lrsquointervention chirur-gicale un recueil de donneacutees centreacute sur ledevenir socioprofessionnel des personnesopeacutereacutees (phase II) Le recrutement des patientssrsquoest fait agrave partir drsquoun reacuteseau deacutepartementalde chirurgiens de la main tous volontaires Leseacutequipes chirurgicales ont eacuteteacute preacutealablement

seacutelectionneacutees selon des critegraveres (a) drsquoactiviteacuteannuelle pour le SCC (b) de reacutepartition desbassins de population desservis dans lesBouches-du-Rhocircne et (c) des capaciteacutes agravecontribuer efficacement agrave la gestion du recueildes donneacutees (motivation administration exis-tence et disponibiliteacute drsquoun deacutepartementdrsquoinformation meacutedicale) Le protocole drsquoeacutetudea eacuteteacute mis agrave la disposition des chirurgiens etune version simplifieacutee a eacuteteacute reacutedigeacutee agrave lrsquointen-tion des eacutequipes parameacutedicales Les eacutequipesont preacutealablement eacuteteacute associeacutees au design dusystegraveme de monitorage des travaux puisformeacutees aux modaliteacutes pratiques de la collectede donneacutees Celle-ci a eacuteteacute organiseacutee autourdrsquoauto-questionnaires destineacutes aux patients(phases I et II) et de questionnaires preacute- etpost-opeacuteratoires compleacuteteacutes par les chirurgiens(phase I seulement) Les patients ont eacuteteacute inclusdans la phase I du 1er avril 2008 au 31 mars2009 La phase II a deacutebuteacute en octobre 2008et a pris fin en novembre 2009 en raison desrelances neacutecessaires aupregraves des patients pourle retour des questionnaires

Eacutetat drsquoavancementLe reacuteseau est constitueacute de 11 chirurgiensappartenant agrave trois structures (une publiqueet deux priveacutees) repreacutesentant six sites deconsultation et cinq sites opeacuteratoires Selonlrsquoanalyse du programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) pour la peacuteriode2003-2005 ces structures repreacutesentaient

environ 50 des interventions annuelles pourSCC dans les Bouches-du-RhocircnePhase IAu 1er juillet 2009 1 024 patients eacutetaientinclus en phase I Ce nombre est infeacuterieur aurecrutement attendu (gt 1 500) pour deuxraisons principales - le codage et lrsquoenregistrement des actesmeacutedicaux et des pathologies dans le PMSInous ont conduits agrave surestimer lrsquoincidenceattendue (deux enregistrements pour unmecircme patient opeacutereacute des deux poignets en unan) - la participation incomplegravete drsquoune des struc-tures pour des raisons de compliance delrsquoeacutequipe et de moyens inadapteacutes agrave lrsquoadminis-tration de lrsquoeacutetudePhase IIAu 1er aoucirct 2009 601621 patients avaientcompleacuteteacute et retourneacute le questionnaire de suiviagrave 6 mois soit un taux de reacuteponse de 968identique agrave celui obtenu dans le reacuteseau desPays de la Loire entre 2002 et 2004 [1]La saisie et lrsquoanalyse des donneacutees seront faitesseacutepareacutement pour chacune des deux phases delrsquoeacutetude Les reacutesultats sont attendus pour lepremier (phase I) et le deuxiegraveme (phase II)semestre 2010

Reacutefeacuterence

[1] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Nicolas GDescatha A Leclerc A et al Work increases the incidenceof carpal tunnel syndrome in the general populationMuscle amp Nerve 200837(4)477-82

Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves interventionchirurgicale pour un syndrome du canal carpien dans les Pays de la LoireElsa Parot-Schinkel (elsaschinkeluniv-angersfr)1 Yves Roquelaure1 Catherine Ha2 Annette Leclerc3 Jean-Franccedilois Chastang3 Alexis Descatha3 GuyRaimbeau4 Francis Chaise5

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Inserm U687 Villejuif France 4 Centre de la Main Angers France 5 Clinique Jeanne drsquoArc Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutetudier le pronostic professionnel apregraves intervention poursyndrome du canal carpienLes patients opeacutereacutes en 2002-2003 dans les Pays de la Loire ont rempli unautoquestionnaire1 248 questionnaires ont eacuteteacute retourneacutes (62) 253 hommes et 682 femmesdeacuteclaraient un emploi au moment de lrsquoopeacuteration Les facteurs de mauvaispronostic identifieacutes eacutetaient intervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique du membre supeacuterieur cateacutegorie socioprofessionnelleouvriers arrecirct de travail pour maladie professionnelle et imputabiliteacute parle patient agrave une cause professionnelleCette eacutetude souligne lrsquoimplication de multiples facteurs agrave prendre encompte pour le pronostic professionnel

Study of factors associated to occupational outcomeafter surgery for carpal tunnel syndrome in theFrench Pays de la Loire regionWe aimed to study the occupational outcome of carpal tunnel syndrome(CTS) after surgical release of the median nervePatients from the French Pays de la Loire region having undergone surgicalrelease of the median nerve in 2002-2003 filled out a mailed questionnaire1248 questionnaires were returned (62)A total of 253 men and 682 women declared being employed at the time ofthe surgery Factors associated with poor occupational outcome were theoccurrence of simultaneous intervention on another upper extremity muscu-loskeletal disorder belonging to the ldquoblue-collar workerrdquo occupational cate-gory to be on sick leave compensated by the occupational health insurancesystem and belief (of the patient) in an occupational causeThis study underlines the multifactorial nature of the occupational prog-nosis of CTS after surgeryMots cleacutes Key words

Syndrome du canal carpien maladie professionnelle pronostic troubles musculo-squelettiques Carpal tunnel syndrome occupational disease prognosismusculoskeletal disorders

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 41

Figure Meacutethode de seacutelection des sujets inclus France Pays de la Loire 2002-2003 Figure Methods for selecting subjects France Pays de la Loire 2002-2003

1 2 3 et 4 Diffeacuterences statistiquement significatives (plt005)

Non actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (120)Sex-ratio FemmesHommes 911

- 108 femmes 48 plusmn 7 ans2

- dont 60 femmes au foyer- dont 17 invaliditeacutes

- 12 hommes 50 plusmn 10 ans3

- dont 2 retraiteacutes- dont 2 demandeurs diacuteemploi

Reacutepondants (1 248)308 hommes et 940 femmes - 47 plusmn 9 ans

Non reacutepondants (777)240 hommes et 537 femmes - 46 plusmn 9 ans

Questionnaires envoyeacutes (2 025)548 hommes et 1 477 femmes

Actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (1 128)- Sex-ratio FemmesHommes 2811

- 832 femmes 46 plusmn 8 ans2

- 296 hommes 46 plusmn 9 ans3

Non actifs au moment de lrsquointervention (193)- Sex-ratio FemmesHommes 351- 150 femmes 46 plusmn 9 ans- 43 hommes 50 plusmn 8 ans4

Actifs au moment de lrsquointervention (935)- Sex-ratio FemmesHommes 271- 682 femmes 46 plusmn 8 ans- 253 hommes 45 plusmn 9 ans4

IntroductionEntre 80 000 et 100 000 personnes acircgeacutees de 20agrave 59 ans sont opeacutereacutees chaque anneacutee en Francedrsquoun syndrome du canal carpien (SCC) Le devenirprofessionnel des patients traiteacutes pour un SCCest un critegravere important du reacutesultat puisque lamajoriteacute drsquoentre eux est encore en activiteacute profes-sionnelle Connaicirctre les facteurs preacutedictifs de lanon-reprise du travail est neacutecessaire pour mieuxprendre en charge ces patients Lrsquoobjectif delrsquoeacutetude preacutesenteacutee ici est de deacutecrire le devenirprofessionnel des personnes opeacutereacutees pour SCC etdrsquoeacutetudier les facteurs individuels et professionnelsassocieacutes agrave un pronostic deacutefavorable en termes dereprise du travail dans la population de deuxdeacutepartements des Pays de la Loire reacutegion de miseen œuvre depuis 2002 drsquoun reacuteseau pilote desurveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques

MeacutethodesAgrave partir du Programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) deux groupeshomogegravenes de malades (Libeacuteration du canalcarpien et Libeacuteration du canal carpien enambulatoire) permettent de recenser tous lesreacutesumeacutes standardiseacutes de sortie relatifs auxseacutejours hospitaliers publics et priveacutes pour trai-tement chirurgical du SCC agrave lrsquoexception des raresinterventions faites au cours drsquointerventions pluslourdes Crsquoest ainsi que les personnes acircgeacutees de20 agrave 59 ans opeacutereacutees pour un SCC dans les struc-tures de soins du Maine-et-Loire (pour les anneacutees2002 et 2003) et de la Loire-Atlantique (pourlrsquoanneacutee 2003) et domicilieacutees dans ces deacuteparte-ments ont eacuteteacute identifieacutees Seuls les seacutejours issusdes trois principaux centres de chirurgie de lamain de ces deacutepartements ont eacuteteacute eacutetudieacutes repreacute-sentant selon les donneacutees du PMSI de lrsquoanneacutee2002 trois quarts des seacutejours pour chirurgie duSCC chez les reacutesidents du mecircme acircge et de cesmecircmes deacutepartements Les donneacutees ont eacuteteacuterecueillies par questionnaire adresseacute par voiepostale en 2004 (soit en moyenne un an et demiapregraves lrsquointervention) aux patients eacuteligibles pourcette eacutetude soit 1 258 dans le Maine-et-Loire et766 en Loire-Atlantique (apregraves exclusion de 68patients sans adresse) Le questionnaire exploraitlrsquohistoire meacutedicale et professionnelle (sur les cinqanneacutees avant lrsquointervention) et les conditions deretour au travail Lrsquoanalyse des donneacutees a eacuteteacutereacutealiseacutee en consideacuterant les sujets et non lespoignets en cas drsquointervention sur les deuxpoignets le sujet nrsquoest donc compteacute qursquoune foisLes facteurs associeacutes au deacutelai de reprise du travailapregraves intervention ont eacuteteacute eacutetudieacutes par desanalyses de survie restreintes aux sujets deacuteclarantun emploi au moment de lrsquoopeacuteration (actifsoccupeacutes) seacutepareacutement chez les hommes et lesfemmes en univarieacute par la meacutethode de KaplanMeier et le test du Log Rank et en multivarieacutepar un modegravele de reacutegression semi-parameacutetriqueagrave risques proportionnels de Cox avec une esti-mation des Hazard Ratios ajusteacutes (HR) Le deacutepar-tement (Maine-et-Loire Loire-Atlantique) et lrsquoacircge

ont eacuteteacute forceacutes dans le modegravele afin drsquoajuster lesestimations des autres risques relatifs sur cesvariables le seuil de significativiteacute choisi pourinclure les autres variables dans lrsquoanalyse multi-varieacutee eacutetait de 020 Le critegravere de jugement estle deacutelai de reprise du travail apregraves lrsquointerventionLes personnes nrsquoayant pas repris le travail aumoment du remplissage du questionnaire ont eacuteteacutecensureacutees avec un deacutelai correspondant agrave celuientre la date de lrsquoopeacuteration et celle du remplis-sage du questionnaire

ReacutesultatsLe taux de reacuteponse a eacuteteacute de 62 (1 248 ques-tionnaires) 58 pour le Maine-et-Loire et 64pour la Loire-Atlantique Parmi les personnesactives professionnellement au cours des cinqderniegraveres anneacutees (figure) 253 hommes (82) et682 femmes (73) ont deacuteclareacute un emploi aumoment de leur intervention soit 935 actifsoccupeacutes parmi lesquels 90 des hommes et 92des femmes ont deacuteclareacute avoir repris leur activiteacuteprofessionnelle au moment de lrsquoenquecircte Le deacutelaimeacutedian de reprise du travail eacutetait de 60 joursquel que soit le sexe La reprise professionnellesrsquoeffectuait principalement au mecircme poste (83pour les hommes et 85 pour les femmes) aumecircme poste mais ameacutenageacute (respectivement 7et 8) ou agrave un autre poste (respectivement 8et 5) La reprise dans une autre entreprise eacutetaitrare (2) Pour 6 des hommes et 7 desfemmes la reprise se faisait par un travail agravemi-temps drsquoune dureacutee moyenne de quatre moischez les hommes et trois mois chez les femmes

La probabiliteacute de reprise du travail agrave trois moisest drsquoenviron 71 chez les hommes et 76 chezles femmes agrave un an de 88 chez les hommeset 91 chez les femmes Lrsquoanalyse multivarieacutee(tableau) montre que la preacutesence drsquoau moins uneintervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique (TMS) du membre supeacute-rieur est associeacutee agrave un plus mauvais pronostic enterme de reprise du travail (HR 21[13-34] chezles hommes et 14[10-19] chez les femmes)ainsi que pour les femmes seulement le fait debeacuteneacuteficier drsquoun arrecirct de travail pour maladieprofessionnelle apregraves lrsquointervention (18 [14-24])et lrsquoimputabiliteacute subjective du SCC agrave une causeprofessionnelle (22 [13-37]) Les cadres ont unmeilleur pronostic professionnel que les ouvriersquel que soit le sexe (01 [00-04] pour leshommes et 05 [03-09] pour les femmes)

DiscussionLes facteurs de mauvais pronostic les plusrobustes observeacutes dans notre eacutetude sont ainsi lapreacutesence drsquoau moins une intervention simultaneacuteesur un autre TMS du membre supeacuterieur le faitdrsquoecirctre en arrecirct de travail pour maladie profes-sionnelle et lrsquoappartenance agrave la cateacutegorie profes-sionnelle des ouvriers qui peut ecirctre consideacutereacuteecomme un indicateur indirect de contraintesprofessionnelles Ce reacutesultat souligne en accordavec drsquoautres eacutetudes [1-3] que le pronosticprofessionnel apregraves intervention pour un SCC estdeacutetermineacute par plusieurs facteurs lieacutes agrave la cateacute-gorie socioprofessionnelle et aux contraintesprofessionnelles Une eacutevaluation fine de ces

42 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

[1] Chaise F Bellemere P Friol JP Gaisne E Poirier PMenadi A Interruption professionnelle et chirurgie dessyndromes du canal carpien Reacutesultats drsquoune seacuterie prospec-tive de 233 patients Chir Main 200120117-21

[2] Katz JN Losina E Amick BC 3rd Fossel AH Bessette LKeller RB Predictors of outcomes of carpal tunnel releaseArthritis Rheum 2001441184-93

[3] Katz JN Amick BC 3rd Keller R Fossel AH Ossman JSoucie V Losina E Determinants of work absence followingsurgery for carpal tunnel syndrome Am J Ind Med200547120-30

Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 43

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

44 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

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Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

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Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

[5] Nomenclature des activiteacutes et des produits franccedilaiseNAF-CPF Paris Insee 2000

[6] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion Arthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

[7] Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveses Lescontraintes posturales et articulaires au travail Mars 2006nordm 112 httpwwwtravail-solidaritegouvfr

[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 8: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Tableau 2 Risque relatif et fractions de risque de SCC attribuable agrave lrsquoactiviteacute professionnelle en fonction du secteur drsquoactiviteacute France 2002-2004 Table 2 Relative risk and risk fractions of CTS attributable to work by sector of economic activity Pays de la Loire France 2002-2004

SCC Incidence Pe RRa Frap () Frae ()n () () [IC 95] [IF] [IF]

Femmes

Agriculture chasse services annexes 84 55 40 19 [15-24] 35 [21-53] 481 [351-585]Industries alimentaires 36 45 20 21 [15-30] 23 [11-39] 533 [349-665]Industrie du cuir et de la chaussure 46 47 25 19 [15-26] 23 [11-39] 487 [311-618]Fabrication de machines de bureau et de mateacuteriel informatique 5 53 02 54 [23-131] 11 [03-28] 816 [559-924]Fabrication drsquoeacutequipements de radio teacuteleacutevision etcommunication

13 39 09 18 [10-31] 07 [00-18] 444 [41-677]

Industrie automobile 6 49 03 30 [13-66] 06 [01-17] 663 [248-849]Fabrication de meubles industries diverses 12 51 06 24 [14-43] 09 [02-20] 589 [273-767]Commerce de deacutetail et reacuteparation drsquoarticles domestiques 58 27 54 13 [10-17] 18 [01-39] 249 [20-425]Hocirctels et restaurants 24 30 20 12 [08-18] 05 [00-17] 184 [00-455]Postes et teacuteleacutecommunications 15 42 09 16 [10-27] 06 [00-15] 381 [00-627]Assurance 9 49 05 34 [18-66] 11 [04-26] 709 [439-849]Santeacute et action sociale 174 33 135 13 [11-15] 34 [09-61] 206 [66-326]Services personnels 17 41 11 29 [18-47] 20 [08-37] 653 [439-786]Services domestiques 21 35 15 11 [07-17] 01 [00-10] 87 [00-408]

Hommes

Industries alimentaires 20 15 34 17 [11-27] 25 [04-56] 425 [96-634]Industrie du cuir et de la chaussure 12 20 15 27 [15-48] 25 [08-55] 629 [339-792]Meacutetallurgie 6 54 03 74 [33-165] 18 [07-43] 865 [697-940]Travail des meacutetaux 21 20 27 24 [15-37] 36 [14-68] 577 [343-727]Construction 55 17 82 16 [12-21] 47 [17-85] 378 [174-531]Transports terrestres 24 25 25 26 [17-40] 40 [18-70] 621 [426-750]Administration publique 28 13 56 11 [08-17] 07 [00-36] 112 [00-395]

La population de lrsquoeacutetude est de 1 347 sujets Seuls les reacutesultats sur les secteurs drsquoactiviteacute preacutesentant des taux drsquoincidence supeacuterieurs agrave lrsquoincidence annuelle moyenne sont preacutesenteacutes dans ce tableau Pe () Preacutevalencedrsquoexposition au secteur drsquoactiviteacute dans la population reacutegionale des 20 agrave 59 ans RRa risque relatif ajusteacute sur lrsquoacircge [IC 95] Intervalle de confiance agrave 95 [IF] incertitude sur la fraction Cet intervalle a eacuteteacute calculeacute enutilisant les bornes infeacuterieures et supeacuterieures du RR agrave 95 Frap fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) dans la population Frae fraction de risque attribuable (ici agrave un secteur drsquoactiviteacute) chez les exposeacutes agrave cesecteur drsquoactiviteacute

Tableau 3 Preacutevalence du SCC chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 selon la cateacutegorieprofessionnelle France 2002-2004 Table 3 Prevalence of CTS in employees from Pays de la Loire in2002-2004 by occupational category France 2002-2004

Effectifs SCC Preacutevalence SCC ()N n [IC 95]

Femmes

Employeacutees civiles et agents de service 212 13 61 [29-94]Employeacutees administratives drsquoentreprises 328 10 31 [12-49]Ouvriegraveres non qualifieacutees de type industriel 206 8 39 [12-65]Ouvriegraveres agricoles 21 7 333 [132-535]

Hommes

Ouvriers qualifieacutes de type industriel 347 11 32 [13-50]Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 273 11 40 [17-64]Ouvriers qualifieacutes de la manutention du magasinage et du transport 129 5 39 [05-72]

[IC 95] Intervalle de confiance agrave 95

cette surveillance seront bientocirct disponibles(encadreacute p 41)Enfin une reacuteflexion est en cours pour construireagrave partir des donneacutees issues de ce programmedes indicateurs nationaux qui soient simplespertinents et reproductibles portant agrave la fois surla freacutequence du SCC et des expositions et sur lenombre de cas attribuables au travail agrave lrsquoeacutechellede la population franccedilaise permettant drsquoen suivrelrsquoeacutevolution et de mieux orienter et eacutevaluer lrsquoeffi-caciteacute des politiques de preacutevention en milieu detravail

Reacutefeacuterences

[1] LrsquoAssurance maladie Risques professionnels Le site desaccidents du travail et des maladies professionnelleshttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrfrsynthesesynthese_stats-trim_1php

[2] Bernard BP Musculoskeletal disorders and workplacefactors A critical review of epidemiologic evidence for work-related musculoskeletal disorders of the neck upper-extremity and low back Cincinnati DHHS (NIOSH) publi-cation 1997

[3] Viikari-Juntura E Silverstein B Role of physical loadfactors in carpal tunnel syndrome Scand J Work EnvironHealth 1999 25163-85

[4] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Reacuteseau expeacuteri-mental de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance

en population geacuteneacuterale du syndrome du canal carpien dansle Maine-et-Loire en 2002 Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2004 60 p httpwwwinvssantefrpublications2004tms_131204indexhtml

[5] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[6] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 198718(3)233-7

[7] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluation of the work-relatedness of upper extre-mity musculoskeletal disorders Scand J Work EnvironHealth 200127 suppl 11-102

[8] Ha C Touranchet A Pubert M Roquelaure Y GoldbergM Imbernon E Un observatoire pilote des maladies agrave carac-tegravere professionnel Arch Mal Prof Env 200768223-32

[9] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire Network OccupEnviron Med 200966471-9

[10] Roquelaure Y Ha C Fouquet N Descatha A Leclerc AGoldberg M Imbernon E Attributable risk of carpal tunnelsyndrome in the general population implications for inter-vention programs in the workplace Scand J Work EnvironHealth 200935(5)342-8

[11] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M Imbernon E Goldberg M Epidemiologicalsurveillance of upper extremity musculoskeletal disorders inthe working population the French Pays de la Loire studyArthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

40 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

Yvan Souaregraves (yvansouaressantegouvfr)12 Franck Sillam12 Catherine Ha1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France 2 Cellule interreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud Institut de veille sanitaire Marseille France

Depuis fin 2007 le Deacutepartement santeacute travailde lrsquoInstitut de veille sanitaire et la Celluleinterreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud ont mis enœuvre une eacutetude sur lrsquoincidence et les facteursde risque professionnels du syndrome du canalcarpien (SCC) opeacutereacute dans la population desBouches-du-Rhocircne Les objectifs de ce travailsont - estimer lrsquoincidence du SCC opeacutereacute dans lapopulation geacuteneacuterale de 20 agrave 64 ans - deacutecrire la distribution des SCC opeacutereacutes selonles caracteacuteristiques individuelles des patientset les facteurs drsquoexposition professionnelle etestimer la part de morbiditeacute lieacutee au travail - deacutecrire le devenir socioprofessionnel et fonc-tionnel agrave 6 mois des personnes opeacutereacutees drsquounSCC selon les caracteacuteristiques individuelles etdrsquoexposition professionnelle des patients et lareconnaissance ou non du caractegravere profes-sionnel de la pathologie (reconnaissance enmaladie professionnelle indemnisable)

Mateacuteriel et meacutethodesLrsquoeacutetude se deacuteroule en deux phases un recueilde donneacutees en peacuteri-opeacuteratoire pendant uneanneacutee centreacute sur les caracteacuteristiques indivi-duelles et les facteurs de risque professionnels(phase I) et 6 mois apregraves lrsquointervention chirur-gicale un recueil de donneacutees centreacute sur ledevenir socioprofessionnel des personnesopeacutereacutees (phase II) Le recrutement des patientssrsquoest fait agrave partir drsquoun reacuteseau deacutepartementalde chirurgiens de la main tous volontaires Leseacutequipes chirurgicales ont eacuteteacute preacutealablement

seacutelectionneacutees selon des critegraveres (a) drsquoactiviteacuteannuelle pour le SCC (b) de reacutepartition desbassins de population desservis dans lesBouches-du-Rhocircne et (c) des capaciteacutes agravecontribuer efficacement agrave la gestion du recueildes donneacutees (motivation administration exis-tence et disponibiliteacute drsquoun deacutepartementdrsquoinformation meacutedicale) Le protocole drsquoeacutetudea eacuteteacute mis agrave la disposition des chirurgiens etune version simplifieacutee a eacuteteacute reacutedigeacutee agrave lrsquointen-tion des eacutequipes parameacutedicales Les eacutequipesont preacutealablement eacuteteacute associeacutees au design dusystegraveme de monitorage des travaux puisformeacutees aux modaliteacutes pratiques de la collectede donneacutees Celle-ci a eacuteteacute organiseacutee autourdrsquoauto-questionnaires destineacutes aux patients(phases I et II) et de questionnaires preacute- etpost-opeacuteratoires compleacuteteacutes par les chirurgiens(phase I seulement) Les patients ont eacuteteacute inclusdans la phase I du 1er avril 2008 au 31 mars2009 La phase II a deacutebuteacute en octobre 2008et a pris fin en novembre 2009 en raison desrelances neacutecessaires aupregraves des patients pourle retour des questionnaires

Eacutetat drsquoavancementLe reacuteseau est constitueacute de 11 chirurgiensappartenant agrave trois structures (une publiqueet deux priveacutees) repreacutesentant six sites deconsultation et cinq sites opeacuteratoires Selonlrsquoanalyse du programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) pour la peacuteriode2003-2005 ces structures repreacutesentaient

environ 50 des interventions annuelles pourSCC dans les Bouches-du-RhocircnePhase IAu 1er juillet 2009 1 024 patients eacutetaientinclus en phase I Ce nombre est infeacuterieur aurecrutement attendu (gt 1 500) pour deuxraisons principales - le codage et lrsquoenregistrement des actesmeacutedicaux et des pathologies dans le PMSInous ont conduits agrave surestimer lrsquoincidenceattendue (deux enregistrements pour unmecircme patient opeacutereacute des deux poignets en unan) - la participation incomplegravete drsquoune des struc-tures pour des raisons de compliance delrsquoeacutequipe et de moyens inadapteacutes agrave lrsquoadminis-tration de lrsquoeacutetudePhase IIAu 1er aoucirct 2009 601621 patients avaientcompleacuteteacute et retourneacute le questionnaire de suiviagrave 6 mois soit un taux de reacuteponse de 968identique agrave celui obtenu dans le reacuteseau desPays de la Loire entre 2002 et 2004 [1]La saisie et lrsquoanalyse des donneacutees seront faitesseacutepareacutement pour chacune des deux phases delrsquoeacutetude Les reacutesultats sont attendus pour lepremier (phase I) et le deuxiegraveme (phase II)semestre 2010

Reacutefeacuterence

[1] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Nicolas GDescatha A Leclerc A et al Work increases the incidenceof carpal tunnel syndrome in the general populationMuscle amp Nerve 200837(4)477-82

Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves interventionchirurgicale pour un syndrome du canal carpien dans les Pays de la LoireElsa Parot-Schinkel (elsaschinkeluniv-angersfr)1 Yves Roquelaure1 Catherine Ha2 Annette Leclerc3 Jean-Franccedilois Chastang3 Alexis Descatha3 GuyRaimbeau4 Francis Chaise5

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Inserm U687 Villejuif France 4 Centre de la Main Angers France 5 Clinique Jeanne drsquoArc Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutetudier le pronostic professionnel apregraves intervention poursyndrome du canal carpienLes patients opeacutereacutes en 2002-2003 dans les Pays de la Loire ont rempli unautoquestionnaire1 248 questionnaires ont eacuteteacute retourneacutes (62) 253 hommes et 682 femmesdeacuteclaraient un emploi au moment de lrsquoopeacuteration Les facteurs de mauvaispronostic identifieacutes eacutetaient intervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique du membre supeacuterieur cateacutegorie socioprofessionnelleouvriers arrecirct de travail pour maladie professionnelle et imputabiliteacute parle patient agrave une cause professionnelleCette eacutetude souligne lrsquoimplication de multiples facteurs agrave prendre encompte pour le pronostic professionnel

Study of factors associated to occupational outcomeafter surgery for carpal tunnel syndrome in theFrench Pays de la Loire regionWe aimed to study the occupational outcome of carpal tunnel syndrome(CTS) after surgical release of the median nervePatients from the French Pays de la Loire region having undergone surgicalrelease of the median nerve in 2002-2003 filled out a mailed questionnaire1248 questionnaires were returned (62)A total of 253 men and 682 women declared being employed at the time ofthe surgery Factors associated with poor occupational outcome were theoccurrence of simultaneous intervention on another upper extremity muscu-loskeletal disorder belonging to the ldquoblue-collar workerrdquo occupational cate-gory to be on sick leave compensated by the occupational health insurancesystem and belief (of the patient) in an occupational causeThis study underlines the multifactorial nature of the occupational prog-nosis of CTS after surgeryMots cleacutes Key words

Syndrome du canal carpien maladie professionnelle pronostic troubles musculo-squelettiques Carpal tunnel syndrome occupational disease prognosismusculoskeletal disorders

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 41

Figure Meacutethode de seacutelection des sujets inclus France Pays de la Loire 2002-2003 Figure Methods for selecting subjects France Pays de la Loire 2002-2003

1 2 3 et 4 Diffeacuterences statistiquement significatives (plt005)

Non actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (120)Sex-ratio FemmesHommes 911

- 108 femmes 48 plusmn 7 ans2

- dont 60 femmes au foyer- dont 17 invaliditeacutes

- 12 hommes 50 plusmn 10 ans3

- dont 2 retraiteacutes- dont 2 demandeurs diacuteemploi

Reacutepondants (1 248)308 hommes et 940 femmes - 47 plusmn 9 ans

Non reacutepondants (777)240 hommes et 537 femmes - 46 plusmn 9 ans

Questionnaires envoyeacutes (2 025)548 hommes et 1 477 femmes

Actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (1 128)- Sex-ratio FemmesHommes 2811

- 832 femmes 46 plusmn 8 ans2

- 296 hommes 46 plusmn 9 ans3

Non actifs au moment de lrsquointervention (193)- Sex-ratio FemmesHommes 351- 150 femmes 46 plusmn 9 ans- 43 hommes 50 plusmn 8 ans4

Actifs au moment de lrsquointervention (935)- Sex-ratio FemmesHommes 271- 682 femmes 46 plusmn 8 ans- 253 hommes 45 plusmn 9 ans4

IntroductionEntre 80 000 et 100 000 personnes acircgeacutees de 20agrave 59 ans sont opeacutereacutees chaque anneacutee en Francedrsquoun syndrome du canal carpien (SCC) Le devenirprofessionnel des patients traiteacutes pour un SCCest un critegravere important du reacutesultat puisque lamajoriteacute drsquoentre eux est encore en activiteacute profes-sionnelle Connaicirctre les facteurs preacutedictifs de lanon-reprise du travail est neacutecessaire pour mieuxprendre en charge ces patients Lrsquoobjectif delrsquoeacutetude preacutesenteacutee ici est de deacutecrire le devenirprofessionnel des personnes opeacutereacutees pour SCC etdrsquoeacutetudier les facteurs individuels et professionnelsassocieacutes agrave un pronostic deacutefavorable en termes dereprise du travail dans la population de deuxdeacutepartements des Pays de la Loire reacutegion de miseen œuvre depuis 2002 drsquoun reacuteseau pilote desurveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques

MeacutethodesAgrave partir du Programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) deux groupeshomogegravenes de malades (Libeacuteration du canalcarpien et Libeacuteration du canal carpien enambulatoire) permettent de recenser tous lesreacutesumeacutes standardiseacutes de sortie relatifs auxseacutejours hospitaliers publics et priveacutes pour trai-tement chirurgical du SCC agrave lrsquoexception des raresinterventions faites au cours drsquointerventions pluslourdes Crsquoest ainsi que les personnes acircgeacutees de20 agrave 59 ans opeacutereacutees pour un SCC dans les struc-tures de soins du Maine-et-Loire (pour les anneacutees2002 et 2003) et de la Loire-Atlantique (pourlrsquoanneacutee 2003) et domicilieacutees dans ces deacuteparte-ments ont eacuteteacute identifieacutees Seuls les seacutejours issusdes trois principaux centres de chirurgie de lamain de ces deacutepartements ont eacuteteacute eacutetudieacutes repreacute-sentant selon les donneacutees du PMSI de lrsquoanneacutee2002 trois quarts des seacutejours pour chirurgie duSCC chez les reacutesidents du mecircme acircge et de cesmecircmes deacutepartements Les donneacutees ont eacuteteacuterecueillies par questionnaire adresseacute par voiepostale en 2004 (soit en moyenne un an et demiapregraves lrsquointervention) aux patients eacuteligibles pourcette eacutetude soit 1 258 dans le Maine-et-Loire et766 en Loire-Atlantique (apregraves exclusion de 68patients sans adresse) Le questionnaire exploraitlrsquohistoire meacutedicale et professionnelle (sur les cinqanneacutees avant lrsquointervention) et les conditions deretour au travail Lrsquoanalyse des donneacutees a eacuteteacutereacutealiseacutee en consideacuterant les sujets et non lespoignets en cas drsquointervention sur les deuxpoignets le sujet nrsquoest donc compteacute qursquoune foisLes facteurs associeacutes au deacutelai de reprise du travailapregraves intervention ont eacuteteacute eacutetudieacutes par desanalyses de survie restreintes aux sujets deacuteclarantun emploi au moment de lrsquoopeacuteration (actifsoccupeacutes) seacutepareacutement chez les hommes et lesfemmes en univarieacute par la meacutethode de KaplanMeier et le test du Log Rank et en multivarieacutepar un modegravele de reacutegression semi-parameacutetriqueagrave risques proportionnels de Cox avec une esti-mation des Hazard Ratios ajusteacutes (HR) Le deacutepar-tement (Maine-et-Loire Loire-Atlantique) et lrsquoacircge

ont eacuteteacute forceacutes dans le modegravele afin drsquoajuster lesestimations des autres risques relatifs sur cesvariables le seuil de significativiteacute choisi pourinclure les autres variables dans lrsquoanalyse multi-varieacutee eacutetait de 020 Le critegravere de jugement estle deacutelai de reprise du travail apregraves lrsquointerventionLes personnes nrsquoayant pas repris le travail aumoment du remplissage du questionnaire ont eacuteteacutecensureacutees avec un deacutelai correspondant agrave celuientre la date de lrsquoopeacuteration et celle du remplis-sage du questionnaire

ReacutesultatsLe taux de reacuteponse a eacuteteacute de 62 (1 248 ques-tionnaires) 58 pour le Maine-et-Loire et 64pour la Loire-Atlantique Parmi les personnesactives professionnellement au cours des cinqderniegraveres anneacutees (figure) 253 hommes (82) et682 femmes (73) ont deacuteclareacute un emploi aumoment de leur intervention soit 935 actifsoccupeacutes parmi lesquels 90 des hommes et 92des femmes ont deacuteclareacute avoir repris leur activiteacuteprofessionnelle au moment de lrsquoenquecircte Le deacutelaimeacutedian de reprise du travail eacutetait de 60 joursquel que soit le sexe La reprise professionnellesrsquoeffectuait principalement au mecircme poste (83pour les hommes et 85 pour les femmes) aumecircme poste mais ameacutenageacute (respectivement 7et 8) ou agrave un autre poste (respectivement 8et 5) La reprise dans une autre entreprise eacutetaitrare (2) Pour 6 des hommes et 7 desfemmes la reprise se faisait par un travail agravemi-temps drsquoune dureacutee moyenne de quatre moischez les hommes et trois mois chez les femmes

La probabiliteacute de reprise du travail agrave trois moisest drsquoenviron 71 chez les hommes et 76 chezles femmes agrave un an de 88 chez les hommeset 91 chez les femmes Lrsquoanalyse multivarieacutee(tableau) montre que la preacutesence drsquoau moins uneintervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique (TMS) du membre supeacute-rieur est associeacutee agrave un plus mauvais pronostic enterme de reprise du travail (HR 21[13-34] chezles hommes et 14[10-19] chez les femmes)ainsi que pour les femmes seulement le fait debeacuteneacuteficier drsquoun arrecirct de travail pour maladieprofessionnelle apregraves lrsquointervention (18 [14-24])et lrsquoimputabiliteacute subjective du SCC agrave une causeprofessionnelle (22 [13-37]) Les cadres ont unmeilleur pronostic professionnel que les ouvriersquel que soit le sexe (01 [00-04] pour leshommes et 05 [03-09] pour les femmes)

DiscussionLes facteurs de mauvais pronostic les plusrobustes observeacutes dans notre eacutetude sont ainsi lapreacutesence drsquoau moins une intervention simultaneacuteesur un autre TMS du membre supeacuterieur le faitdrsquoecirctre en arrecirct de travail pour maladie profes-sionnelle et lrsquoappartenance agrave la cateacutegorie profes-sionnelle des ouvriers qui peut ecirctre consideacutereacuteecomme un indicateur indirect de contraintesprofessionnelles Ce reacutesultat souligne en accordavec drsquoautres eacutetudes [1-3] que le pronosticprofessionnel apregraves intervention pour un SCC estdeacutetermineacute par plusieurs facteurs lieacutes agrave la cateacute-gorie socioprofessionnelle et aux contraintesprofessionnelles Une eacutevaluation fine de ces

42 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

[1] Chaise F Bellemere P Friol JP Gaisne E Poirier PMenadi A Interruption professionnelle et chirurgie dessyndromes du canal carpien Reacutesultats drsquoune seacuterie prospec-tive de 233 patients Chir Main 200120117-21

[2] Katz JN Losina E Amick BC 3rd Fossel AH Bessette LKeller RB Predictors of outcomes of carpal tunnel releaseArthritis Rheum 2001441184-93

[3] Katz JN Amick BC 3rd Keller R Fossel AH Ossman JSoucie V Losina E Determinants of work absence followingsurgery for carpal tunnel syndrome Am J Ind Med200547120-30

Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 43

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

44 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

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Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

[5] Nomenclature des activiteacutes et des produits franccedilaiseNAF-CPF Paris Insee 2000

[6] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion Arthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

[7] Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveses Lescontraintes posturales et articulaires au travail Mars 2006nordm 112 httpwwwtravail-solidaritegouvfr

[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

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15

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25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

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25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 9: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Encadreacute - Eacutetude sur le syndrome du canal carpien opeacutereacute dans les Bouches-du-RhocircneBox - Study on the carpal tunnel syndrome conducted in the French Bouches-du-Rhocircne district

Yvan Souaregraves (yvansouaressantegouvfr)12 Franck Sillam12 Catherine Ha1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France 2 Cellule interreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud Institut de veille sanitaire Marseille France

Depuis fin 2007 le Deacutepartement santeacute travailde lrsquoInstitut de veille sanitaire et la Celluleinterreacutegionale drsquoeacutepideacutemiologie Sud ont mis enœuvre une eacutetude sur lrsquoincidence et les facteursde risque professionnels du syndrome du canalcarpien (SCC) opeacutereacute dans la population desBouches-du-Rhocircne Les objectifs de ce travailsont - estimer lrsquoincidence du SCC opeacutereacute dans lapopulation geacuteneacuterale de 20 agrave 64 ans - deacutecrire la distribution des SCC opeacutereacutes selonles caracteacuteristiques individuelles des patientset les facteurs drsquoexposition professionnelle etestimer la part de morbiditeacute lieacutee au travail - deacutecrire le devenir socioprofessionnel et fonc-tionnel agrave 6 mois des personnes opeacutereacutees drsquounSCC selon les caracteacuteristiques individuelles etdrsquoexposition professionnelle des patients et lareconnaissance ou non du caractegravere profes-sionnel de la pathologie (reconnaissance enmaladie professionnelle indemnisable)

Mateacuteriel et meacutethodesLrsquoeacutetude se deacuteroule en deux phases un recueilde donneacutees en peacuteri-opeacuteratoire pendant uneanneacutee centreacute sur les caracteacuteristiques indivi-duelles et les facteurs de risque professionnels(phase I) et 6 mois apregraves lrsquointervention chirur-gicale un recueil de donneacutees centreacute sur ledevenir socioprofessionnel des personnesopeacutereacutees (phase II) Le recrutement des patientssrsquoest fait agrave partir drsquoun reacuteseau deacutepartementalde chirurgiens de la main tous volontaires Leseacutequipes chirurgicales ont eacuteteacute preacutealablement

seacutelectionneacutees selon des critegraveres (a) drsquoactiviteacuteannuelle pour le SCC (b) de reacutepartition desbassins de population desservis dans lesBouches-du-Rhocircne et (c) des capaciteacutes agravecontribuer efficacement agrave la gestion du recueildes donneacutees (motivation administration exis-tence et disponibiliteacute drsquoun deacutepartementdrsquoinformation meacutedicale) Le protocole drsquoeacutetudea eacuteteacute mis agrave la disposition des chirurgiens etune version simplifieacutee a eacuteteacute reacutedigeacutee agrave lrsquointen-tion des eacutequipes parameacutedicales Les eacutequipesont preacutealablement eacuteteacute associeacutees au design dusystegraveme de monitorage des travaux puisformeacutees aux modaliteacutes pratiques de la collectede donneacutees Celle-ci a eacuteteacute organiseacutee autourdrsquoauto-questionnaires destineacutes aux patients(phases I et II) et de questionnaires preacute- etpost-opeacuteratoires compleacuteteacutes par les chirurgiens(phase I seulement) Les patients ont eacuteteacute inclusdans la phase I du 1er avril 2008 au 31 mars2009 La phase II a deacutebuteacute en octobre 2008et a pris fin en novembre 2009 en raison desrelances neacutecessaires aupregraves des patients pourle retour des questionnaires

Eacutetat drsquoavancementLe reacuteseau est constitueacute de 11 chirurgiensappartenant agrave trois structures (une publiqueet deux priveacutees) repreacutesentant six sites deconsultation et cinq sites opeacuteratoires Selonlrsquoanalyse du programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) pour la peacuteriode2003-2005 ces structures repreacutesentaient

environ 50 des interventions annuelles pourSCC dans les Bouches-du-RhocircnePhase IAu 1er juillet 2009 1 024 patients eacutetaientinclus en phase I Ce nombre est infeacuterieur aurecrutement attendu (gt 1 500) pour deuxraisons principales - le codage et lrsquoenregistrement des actesmeacutedicaux et des pathologies dans le PMSInous ont conduits agrave surestimer lrsquoincidenceattendue (deux enregistrements pour unmecircme patient opeacutereacute des deux poignets en unan) - la participation incomplegravete drsquoune des struc-tures pour des raisons de compliance delrsquoeacutequipe et de moyens inadapteacutes agrave lrsquoadminis-tration de lrsquoeacutetudePhase IIAu 1er aoucirct 2009 601621 patients avaientcompleacuteteacute et retourneacute le questionnaire de suiviagrave 6 mois soit un taux de reacuteponse de 968identique agrave celui obtenu dans le reacuteseau desPays de la Loire entre 2002 et 2004 [1]La saisie et lrsquoanalyse des donneacutees seront faitesseacutepareacutement pour chacune des deux phases delrsquoeacutetude Les reacutesultats sont attendus pour lepremier (phase I) et le deuxiegraveme (phase II)semestre 2010

Reacutefeacuterence

[1] Roquelaure Y Ha C Peacutelier-Cady MC Nicolas GDescatha A Leclerc A et al Work increases the incidenceof carpal tunnel syndrome in the general populationMuscle amp Nerve 200837(4)477-82

Eacutetude des facteurs associeacutes au devenir professionnel apregraves interventionchirurgicale pour un syndrome du canal carpien dans les Pays de la LoireElsa Parot-Schinkel (elsaschinkeluniv-angersfr)1 Yves Roquelaure1 Catherine Ha2 Annette Leclerc3 Jean-Franccedilois Chastang3 Alexis Descatha3 GuyRaimbeau4 Francis Chaise5

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Inserm U687 Villejuif France 4 Centre de la Main Angers France 5 Clinique Jeanne drsquoArc Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutetudier le pronostic professionnel apregraves intervention poursyndrome du canal carpienLes patients opeacutereacutes en 2002-2003 dans les Pays de la Loire ont rempli unautoquestionnaire1 248 questionnaires ont eacuteteacute retourneacutes (62) 253 hommes et 682 femmesdeacuteclaraient un emploi au moment de lrsquoopeacuteration Les facteurs de mauvaispronostic identifieacutes eacutetaient intervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique du membre supeacuterieur cateacutegorie socioprofessionnelleouvriers arrecirct de travail pour maladie professionnelle et imputabiliteacute parle patient agrave une cause professionnelleCette eacutetude souligne lrsquoimplication de multiples facteurs agrave prendre encompte pour le pronostic professionnel

Study of factors associated to occupational outcomeafter surgery for carpal tunnel syndrome in theFrench Pays de la Loire regionWe aimed to study the occupational outcome of carpal tunnel syndrome(CTS) after surgical release of the median nervePatients from the French Pays de la Loire region having undergone surgicalrelease of the median nerve in 2002-2003 filled out a mailed questionnaire1248 questionnaires were returned (62)A total of 253 men and 682 women declared being employed at the time ofthe surgery Factors associated with poor occupational outcome were theoccurrence of simultaneous intervention on another upper extremity muscu-loskeletal disorder belonging to the ldquoblue-collar workerrdquo occupational cate-gory to be on sick leave compensated by the occupational health insurancesystem and belief (of the patient) in an occupational causeThis study underlines the multifactorial nature of the occupational prog-nosis of CTS after surgeryMots cleacutes Key words

Syndrome du canal carpien maladie professionnelle pronostic troubles musculo-squelettiques Carpal tunnel syndrome occupational disease prognosismusculoskeletal disorders

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 41

Figure Meacutethode de seacutelection des sujets inclus France Pays de la Loire 2002-2003 Figure Methods for selecting subjects France Pays de la Loire 2002-2003

1 2 3 et 4 Diffeacuterences statistiquement significatives (plt005)

Non actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (120)Sex-ratio FemmesHommes 911

- 108 femmes 48 plusmn 7 ans2

- dont 60 femmes au foyer- dont 17 invaliditeacutes

- 12 hommes 50 plusmn 10 ans3

- dont 2 retraiteacutes- dont 2 demandeurs diacuteemploi

Reacutepondants (1 248)308 hommes et 940 femmes - 47 plusmn 9 ans

Non reacutepondants (777)240 hommes et 537 femmes - 46 plusmn 9 ans

Questionnaires envoyeacutes (2 025)548 hommes et 1 477 femmes

Actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (1 128)- Sex-ratio FemmesHommes 2811

- 832 femmes 46 plusmn 8 ans2

- 296 hommes 46 plusmn 9 ans3

Non actifs au moment de lrsquointervention (193)- Sex-ratio FemmesHommes 351- 150 femmes 46 plusmn 9 ans- 43 hommes 50 plusmn 8 ans4

Actifs au moment de lrsquointervention (935)- Sex-ratio FemmesHommes 271- 682 femmes 46 plusmn 8 ans- 253 hommes 45 plusmn 9 ans4

IntroductionEntre 80 000 et 100 000 personnes acircgeacutees de 20agrave 59 ans sont opeacutereacutees chaque anneacutee en Francedrsquoun syndrome du canal carpien (SCC) Le devenirprofessionnel des patients traiteacutes pour un SCCest un critegravere important du reacutesultat puisque lamajoriteacute drsquoentre eux est encore en activiteacute profes-sionnelle Connaicirctre les facteurs preacutedictifs de lanon-reprise du travail est neacutecessaire pour mieuxprendre en charge ces patients Lrsquoobjectif delrsquoeacutetude preacutesenteacutee ici est de deacutecrire le devenirprofessionnel des personnes opeacutereacutees pour SCC etdrsquoeacutetudier les facteurs individuels et professionnelsassocieacutes agrave un pronostic deacutefavorable en termes dereprise du travail dans la population de deuxdeacutepartements des Pays de la Loire reacutegion de miseen œuvre depuis 2002 drsquoun reacuteseau pilote desurveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques

MeacutethodesAgrave partir du Programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) deux groupeshomogegravenes de malades (Libeacuteration du canalcarpien et Libeacuteration du canal carpien enambulatoire) permettent de recenser tous lesreacutesumeacutes standardiseacutes de sortie relatifs auxseacutejours hospitaliers publics et priveacutes pour trai-tement chirurgical du SCC agrave lrsquoexception des raresinterventions faites au cours drsquointerventions pluslourdes Crsquoest ainsi que les personnes acircgeacutees de20 agrave 59 ans opeacutereacutees pour un SCC dans les struc-tures de soins du Maine-et-Loire (pour les anneacutees2002 et 2003) et de la Loire-Atlantique (pourlrsquoanneacutee 2003) et domicilieacutees dans ces deacuteparte-ments ont eacuteteacute identifieacutees Seuls les seacutejours issusdes trois principaux centres de chirurgie de lamain de ces deacutepartements ont eacuteteacute eacutetudieacutes repreacute-sentant selon les donneacutees du PMSI de lrsquoanneacutee2002 trois quarts des seacutejours pour chirurgie duSCC chez les reacutesidents du mecircme acircge et de cesmecircmes deacutepartements Les donneacutees ont eacuteteacuterecueillies par questionnaire adresseacute par voiepostale en 2004 (soit en moyenne un an et demiapregraves lrsquointervention) aux patients eacuteligibles pourcette eacutetude soit 1 258 dans le Maine-et-Loire et766 en Loire-Atlantique (apregraves exclusion de 68patients sans adresse) Le questionnaire exploraitlrsquohistoire meacutedicale et professionnelle (sur les cinqanneacutees avant lrsquointervention) et les conditions deretour au travail Lrsquoanalyse des donneacutees a eacuteteacutereacutealiseacutee en consideacuterant les sujets et non lespoignets en cas drsquointervention sur les deuxpoignets le sujet nrsquoest donc compteacute qursquoune foisLes facteurs associeacutes au deacutelai de reprise du travailapregraves intervention ont eacuteteacute eacutetudieacutes par desanalyses de survie restreintes aux sujets deacuteclarantun emploi au moment de lrsquoopeacuteration (actifsoccupeacutes) seacutepareacutement chez les hommes et lesfemmes en univarieacute par la meacutethode de KaplanMeier et le test du Log Rank et en multivarieacutepar un modegravele de reacutegression semi-parameacutetriqueagrave risques proportionnels de Cox avec une esti-mation des Hazard Ratios ajusteacutes (HR) Le deacutepar-tement (Maine-et-Loire Loire-Atlantique) et lrsquoacircge

ont eacuteteacute forceacutes dans le modegravele afin drsquoajuster lesestimations des autres risques relatifs sur cesvariables le seuil de significativiteacute choisi pourinclure les autres variables dans lrsquoanalyse multi-varieacutee eacutetait de 020 Le critegravere de jugement estle deacutelai de reprise du travail apregraves lrsquointerventionLes personnes nrsquoayant pas repris le travail aumoment du remplissage du questionnaire ont eacuteteacutecensureacutees avec un deacutelai correspondant agrave celuientre la date de lrsquoopeacuteration et celle du remplis-sage du questionnaire

ReacutesultatsLe taux de reacuteponse a eacuteteacute de 62 (1 248 ques-tionnaires) 58 pour le Maine-et-Loire et 64pour la Loire-Atlantique Parmi les personnesactives professionnellement au cours des cinqderniegraveres anneacutees (figure) 253 hommes (82) et682 femmes (73) ont deacuteclareacute un emploi aumoment de leur intervention soit 935 actifsoccupeacutes parmi lesquels 90 des hommes et 92des femmes ont deacuteclareacute avoir repris leur activiteacuteprofessionnelle au moment de lrsquoenquecircte Le deacutelaimeacutedian de reprise du travail eacutetait de 60 joursquel que soit le sexe La reprise professionnellesrsquoeffectuait principalement au mecircme poste (83pour les hommes et 85 pour les femmes) aumecircme poste mais ameacutenageacute (respectivement 7et 8) ou agrave un autre poste (respectivement 8et 5) La reprise dans une autre entreprise eacutetaitrare (2) Pour 6 des hommes et 7 desfemmes la reprise se faisait par un travail agravemi-temps drsquoune dureacutee moyenne de quatre moischez les hommes et trois mois chez les femmes

La probabiliteacute de reprise du travail agrave trois moisest drsquoenviron 71 chez les hommes et 76 chezles femmes agrave un an de 88 chez les hommeset 91 chez les femmes Lrsquoanalyse multivarieacutee(tableau) montre que la preacutesence drsquoau moins uneintervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique (TMS) du membre supeacute-rieur est associeacutee agrave un plus mauvais pronostic enterme de reprise du travail (HR 21[13-34] chezles hommes et 14[10-19] chez les femmes)ainsi que pour les femmes seulement le fait debeacuteneacuteficier drsquoun arrecirct de travail pour maladieprofessionnelle apregraves lrsquointervention (18 [14-24])et lrsquoimputabiliteacute subjective du SCC agrave une causeprofessionnelle (22 [13-37]) Les cadres ont unmeilleur pronostic professionnel que les ouvriersquel que soit le sexe (01 [00-04] pour leshommes et 05 [03-09] pour les femmes)

DiscussionLes facteurs de mauvais pronostic les plusrobustes observeacutes dans notre eacutetude sont ainsi lapreacutesence drsquoau moins une intervention simultaneacuteesur un autre TMS du membre supeacuterieur le faitdrsquoecirctre en arrecirct de travail pour maladie profes-sionnelle et lrsquoappartenance agrave la cateacutegorie profes-sionnelle des ouvriers qui peut ecirctre consideacutereacuteecomme un indicateur indirect de contraintesprofessionnelles Ce reacutesultat souligne en accordavec drsquoautres eacutetudes [1-3] que le pronosticprofessionnel apregraves intervention pour un SCC estdeacutetermineacute par plusieurs facteurs lieacutes agrave la cateacute-gorie socioprofessionnelle et aux contraintesprofessionnelles Une eacutevaluation fine de ces

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Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

[1] Chaise F Bellemere P Friol JP Gaisne E Poirier PMenadi A Interruption professionnelle et chirurgie dessyndromes du canal carpien Reacutesultats drsquoune seacuterie prospec-tive de 233 patients Chir Main 200120117-21

[2] Katz JN Losina E Amick BC 3rd Fossel AH Bessette LKeller RB Predictors of outcomes of carpal tunnel releaseArthritis Rheum 2001441184-93

[3] Katz JN Amick BC 3rd Keller R Fossel AH Ossman JSoucie V Losina E Determinants of work absence followingsurgery for carpal tunnel syndrome Am J Ind Med200547120-30

Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

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Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

44 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

46 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

[5] Nomenclature des activiteacutes et des produits franccedilaiseNAF-CPF Paris Insee 2000

[6] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion Arthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

[7] Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveses Lescontraintes posturales et articulaires au travail Mars 2006nordm 112 httpwwwtravail-solidaritegouvfr

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[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

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Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

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Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 10: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Figure Meacutethode de seacutelection des sujets inclus France Pays de la Loire 2002-2003 Figure Methods for selecting subjects France Pays de la Loire 2002-2003

1 2 3 et 4 Diffeacuterences statistiquement significatives (plt005)

Non actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (120)Sex-ratio FemmesHommes 911

- 108 femmes 48 plusmn 7 ans2

- dont 60 femmes au foyer- dont 17 invaliditeacutes

- 12 hommes 50 plusmn 10 ans3

- dont 2 retraiteacutes- dont 2 demandeurs diacuteemploi

Reacutepondants (1 248)308 hommes et 940 femmes - 47 plusmn 9 ans

Non reacutepondants (777)240 hommes et 537 femmes - 46 plusmn 9 ans

Questionnaires envoyeacutes (2 025)548 hommes et 1 477 femmes

Actifs au cours des 5 derniegraveres anneacutees (1 128)- Sex-ratio FemmesHommes 2811

- 832 femmes 46 plusmn 8 ans2

- 296 hommes 46 plusmn 9 ans3

Non actifs au moment de lrsquointervention (193)- Sex-ratio FemmesHommes 351- 150 femmes 46 plusmn 9 ans- 43 hommes 50 plusmn 8 ans4

Actifs au moment de lrsquointervention (935)- Sex-ratio FemmesHommes 271- 682 femmes 46 plusmn 8 ans- 253 hommes 45 plusmn 9 ans4

IntroductionEntre 80 000 et 100 000 personnes acircgeacutees de 20agrave 59 ans sont opeacutereacutees chaque anneacutee en Francedrsquoun syndrome du canal carpien (SCC) Le devenirprofessionnel des patients traiteacutes pour un SCCest un critegravere important du reacutesultat puisque lamajoriteacute drsquoentre eux est encore en activiteacute profes-sionnelle Connaicirctre les facteurs preacutedictifs de lanon-reprise du travail est neacutecessaire pour mieuxprendre en charge ces patients Lrsquoobjectif delrsquoeacutetude preacutesenteacutee ici est de deacutecrire le devenirprofessionnel des personnes opeacutereacutees pour SCC etdrsquoeacutetudier les facteurs individuels et professionnelsassocieacutes agrave un pronostic deacutefavorable en termes dereprise du travail dans la population de deuxdeacutepartements des Pays de la Loire reacutegion de miseen œuvre depuis 2002 drsquoun reacuteseau pilote desurveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques

MeacutethodesAgrave partir du Programme de meacutedicalisation dessystegravemes drsquoinformation (PMSI) deux groupeshomogegravenes de malades (Libeacuteration du canalcarpien et Libeacuteration du canal carpien enambulatoire) permettent de recenser tous lesreacutesumeacutes standardiseacutes de sortie relatifs auxseacutejours hospitaliers publics et priveacutes pour trai-tement chirurgical du SCC agrave lrsquoexception des raresinterventions faites au cours drsquointerventions pluslourdes Crsquoest ainsi que les personnes acircgeacutees de20 agrave 59 ans opeacutereacutees pour un SCC dans les struc-tures de soins du Maine-et-Loire (pour les anneacutees2002 et 2003) et de la Loire-Atlantique (pourlrsquoanneacutee 2003) et domicilieacutees dans ces deacuteparte-ments ont eacuteteacute identifieacutees Seuls les seacutejours issusdes trois principaux centres de chirurgie de lamain de ces deacutepartements ont eacuteteacute eacutetudieacutes repreacute-sentant selon les donneacutees du PMSI de lrsquoanneacutee2002 trois quarts des seacutejours pour chirurgie duSCC chez les reacutesidents du mecircme acircge et de cesmecircmes deacutepartements Les donneacutees ont eacuteteacuterecueillies par questionnaire adresseacute par voiepostale en 2004 (soit en moyenne un an et demiapregraves lrsquointervention) aux patients eacuteligibles pourcette eacutetude soit 1 258 dans le Maine-et-Loire et766 en Loire-Atlantique (apregraves exclusion de 68patients sans adresse) Le questionnaire exploraitlrsquohistoire meacutedicale et professionnelle (sur les cinqanneacutees avant lrsquointervention) et les conditions deretour au travail Lrsquoanalyse des donneacutees a eacuteteacutereacutealiseacutee en consideacuterant les sujets et non lespoignets en cas drsquointervention sur les deuxpoignets le sujet nrsquoest donc compteacute qursquoune foisLes facteurs associeacutes au deacutelai de reprise du travailapregraves intervention ont eacuteteacute eacutetudieacutes par desanalyses de survie restreintes aux sujets deacuteclarantun emploi au moment de lrsquoopeacuteration (actifsoccupeacutes) seacutepareacutement chez les hommes et lesfemmes en univarieacute par la meacutethode de KaplanMeier et le test du Log Rank et en multivarieacutepar un modegravele de reacutegression semi-parameacutetriqueagrave risques proportionnels de Cox avec une esti-mation des Hazard Ratios ajusteacutes (HR) Le deacutepar-tement (Maine-et-Loire Loire-Atlantique) et lrsquoacircge

ont eacuteteacute forceacutes dans le modegravele afin drsquoajuster lesestimations des autres risques relatifs sur cesvariables le seuil de significativiteacute choisi pourinclure les autres variables dans lrsquoanalyse multi-varieacutee eacutetait de 020 Le critegravere de jugement estle deacutelai de reprise du travail apregraves lrsquointerventionLes personnes nrsquoayant pas repris le travail aumoment du remplissage du questionnaire ont eacuteteacutecensureacutees avec un deacutelai correspondant agrave celuientre la date de lrsquoopeacuteration et celle du remplis-sage du questionnaire

ReacutesultatsLe taux de reacuteponse a eacuteteacute de 62 (1 248 ques-tionnaires) 58 pour le Maine-et-Loire et 64pour la Loire-Atlantique Parmi les personnesactives professionnellement au cours des cinqderniegraveres anneacutees (figure) 253 hommes (82) et682 femmes (73) ont deacuteclareacute un emploi aumoment de leur intervention soit 935 actifsoccupeacutes parmi lesquels 90 des hommes et 92des femmes ont deacuteclareacute avoir repris leur activiteacuteprofessionnelle au moment de lrsquoenquecircte Le deacutelaimeacutedian de reprise du travail eacutetait de 60 joursquel que soit le sexe La reprise professionnellesrsquoeffectuait principalement au mecircme poste (83pour les hommes et 85 pour les femmes) aumecircme poste mais ameacutenageacute (respectivement 7et 8) ou agrave un autre poste (respectivement 8et 5) La reprise dans une autre entreprise eacutetaitrare (2) Pour 6 des hommes et 7 desfemmes la reprise se faisait par un travail agravemi-temps drsquoune dureacutee moyenne de quatre moischez les hommes et trois mois chez les femmes

La probabiliteacute de reprise du travail agrave trois moisest drsquoenviron 71 chez les hommes et 76 chezles femmes agrave un an de 88 chez les hommeset 91 chez les femmes Lrsquoanalyse multivarieacutee(tableau) montre que la preacutesence drsquoau moins uneintervention simultaneacutee sur un autre troublemusculo-squelettique (TMS) du membre supeacute-rieur est associeacutee agrave un plus mauvais pronostic enterme de reprise du travail (HR 21[13-34] chezles hommes et 14[10-19] chez les femmes)ainsi que pour les femmes seulement le fait debeacuteneacuteficier drsquoun arrecirct de travail pour maladieprofessionnelle apregraves lrsquointervention (18 [14-24])et lrsquoimputabiliteacute subjective du SCC agrave une causeprofessionnelle (22 [13-37]) Les cadres ont unmeilleur pronostic professionnel que les ouvriersquel que soit le sexe (01 [00-04] pour leshommes et 05 [03-09] pour les femmes)

DiscussionLes facteurs de mauvais pronostic les plusrobustes observeacutes dans notre eacutetude sont ainsi lapreacutesence drsquoau moins une intervention simultaneacuteesur un autre TMS du membre supeacuterieur le faitdrsquoecirctre en arrecirct de travail pour maladie profes-sionnelle et lrsquoappartenance agrave la cateacutegorie profes-sionnelle des ouvriers qui peut ecirctre consideacutereacuteecomme un indicateur indirect de contraintesprofessionnelles Ce reacutesultat souligne en accordavec drsquoautres eacutetudes [1-3] que le pronosticprofessionnel apregraves intervention pour un SCC estdeacutetermineacute par plusieurs facteurs lieacutes agrave la cateacute-gorie socioprofessionnelle et aux contraintesprofessionnelles Une eacutevaluation fine de ces

42 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

[1] Chaise F Bellemere P Friol JP Gaisne E Poirier PMenadi A Interruption professionnelle et chirurgie dessyndromes du canal carpien Reacutesultats drsquoune seacuterie prospec-tive de 233 patients Chir Main 200120117-21

[2] Katz JN Losina E Amick BC 3rd Fossel AH Bessette LKeller RB Predictors of outcomes of carpal tunnel releaseArthritis Rheum 2001441184-93

[3] Katz JN Amick BC 3rd Keller R Fossel AH Ossman JSoucie V Losina E Determinants of work absence followingsurgery for carpal tunnel syndrome Am J Ind Med200547120-30

Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 43

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

44 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

46 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

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[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

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BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

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[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 11: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Tableau Facteurs associeacutes agrave la reprise du travail apregraves intervention pour SCC analyses univarieacutees et modegraveles multivarieacutes pour les hommes et les femmesFrance Pays de la Loire 2002-2003 Table Factors associated with return to work after surgery for carpal tunnel syndrome France Pays de la Loire 2002-2003

Hommes Femmes

Univarieacute Multivarieacutea N=150 Univarieacute Multivarieacutea N=373

HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95] HRb [IC 95]

Obeacutesiteacute 14$$ [10-19] 12 [07-18] 13 [10-16] 14$ [10-19]Anteacuteceacutedent de TMS du MS 15 [12-20] 14$$ [09-20] 13 [11-15] 11 [09-14]Torsion du poignet au domicile 08$ [06-11] 10 [07-15]Charges lourdes au domicile 07 [05-09] 08 [05-11]Agriculteurs 02 [01-05] 05 [02-14] 04 [03-07] 05 [02-13]Artisans 04 [02-07] 07 [03-18] 02 [01-04] 04$ [01-10]Cadres 01 [01-02] 01 [00-04] 03 [02-04] 05 [03-09]Professions intermeacutediaires 06 [04-10] 07$ [04-12] 06 [04-07] 07$ [05-10]Employeacutes 08 [05-13] 08 [04-16] 07 [06-09] 08$ [06-10]Ancienneteacute de lrsquoemploi gt 15 ans 13$ [10-17] 12 [08-19]SCC en cours de grossesse 07 [05-09] 08 [05-12]Traitement douleur preacute-opeacuteratoire 15 [11-19] 12 [08-17] 13 [10-15] 11 [09-14]Opeacuteration bilateacuterale 17 [11-26] 15 [08-27] 14 [10-19] 13 [08-19]Intervention(s) associeacutee(s) du coude 16 [12-22] 21 [13-34] 15 [12-19] 14 [10-19]Cause professionnelle 25 [15-40] 13 [06-25] 29 [20-34] 22 [13-37]Cause extra-professionnelle 07 [05-09] 09 [06-13] 08 [07-09] 09 [07-11]Cause meacutedicale 07$$ [05-10] 09 [05-14] 08 [07-08] 09 [07-11]Arrecirct de travail en MP 19 [14-25] 14$ [09-21] 21 [18-26] 18 [14-24]Appreacuteciation neacutegative de lrsquoopeacuteration 15 [10-23] 12 [07-22] 15 [11-18] 11 [07-17]Interaction appreacuteciation-deacutepartement 03$ [01-11] 17$ [09-31]

a Modegraveles ajusteacutes sur le deacutepartement et lrsquoacircge (gt50 ans) b HR gt 1 ~ facteur pronostique de non reprise du travail ou de reprise tardive Cateacutegorie de reacutefeacuterence Ouvriers Intervention(s) associeacutee(s) du(des) nerf(s) cubitaletou radial au coude Neacutegative eacutetat ameacutelioreacute mais pas precirct agrave recommencer et eacutetat identique ou pire TMS troubles musculo-squelettiques MS Membre supeacuterieur MP Maladie professionnelle IC 95 Intervalle de confiance agrave 95 du HR $p lt 020 $$p lt 010 p lt 005 p lt 0001

facteurs meacutedicaux et socioprofessionnels estneacutecessaire en peacuteri-opeacuteratoire pour ameacuteliorer laprise en charge des patients qui cumulent lesfacteurs de mauvais pronostic et diminuer chezeux le risque de deacutesinsertion professionnelle

Reacutefeacuterences

[1] Chaise F Bellemere P Friol JP Gaisne E Poirier PMenadi A Interruption professionnelle et chirurgie dessyndromes du canal carpien Reacutesultats drsquoune seacuterie prospec-tive de 233 patients Chir Main 200120117-21

[2] Katz JN Losina E Amick BC 3rd Fossel AH Bessette LKeller RB Predictors of outcomes of carpal tunnel releaseArthritis Rheum 2001441184-93

[3] Katz JN Amick BC 3rd Keller R Fossel AH Ossman JSoucie V Losina E Determinants of work absence followingsurgery for carpal tunnel syndrome Am J Ind Med200547120-30

Cosali premiers reacutesultats du suivi des salarieacutes atteints drsquoun syndrome dela coiffe des rotateursCeacuteline Seacuterazin (celineserazinuniv-angersfr)1 Julie Bodin1 Elise Chiron1 Catherine Ha2 Patrick Bidron3 Franccediloise Meritet3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3Franccedilois Leroux3 Annick Mazoyer3 Annie Touranchet4 Yves Roquelaure1 et 78 meacutedecins du travail des Pays de la Loire3

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inspection meacutedicale du travail des Pays de la Loire Nantes France

Reacutesumeacute Abstract

Reacutesumeacute AbstractLa preacutevalence observeacutee du syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) dansun eacutechantillon de 3 710 salarieacutes tireacutes au sort dans la reacutegion des Pays dela Loire entre 2002 et 2004 eacutetait de 7 Lrsquoobjectif de cet article est dedeacutecrire lrsquoeacutevolution en 2007 de 207 salarieacutes chez lesquels un SCR avait eacuteteacutediagnostiqueacute par leur meacutedecin du travail Les symptocircmes agrave lrsquoeacutepaule sontresteacutes identiques ou se sont aggraveacutes pour deux tiers drsquoentre eux Lrsquoexpo-sition professionnelle aux contraintes biomeacutecaniques restait importantechez les actifs et lrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoa concerneacuteqursquoune minoriteacute La qualiteacute de vie et la capaciteacute fonctionnelle de lrsquoeacutepauleeacutetaient moindres chez ceux qui nrsquoeacutetaient plus en activiteacute professionnelleCette eacutetude montre que chez les salarieacutes vieillissants notamment chezceux souffrant drsquoun SCR la diminution des expositions et le maintien oule retour agrave lrsquoemploi restent des thegravemes drsquoaction prioritaires

COSALI preliminary results of the follow-up ofsalaried workers suffering from rotator cuffsyndrome

The observed prevalence of the rotator cuff syndrome (RCS) in a sample of3710 salaried workers selected at random in the French Pays de la Loireregion rose at 7 in 2002-2004 The aim of this article is to describe theevolution in 2007 of 207 workers suffering from a RCS and diagnosed bytheir occupational physician The shoulder symptoms stood unchanged orgot worse for two third of them The occupational exposure to biomechanicalconstraints remained important for those being still at work and flexibleworking conditions were introduced for only a few of them The quality oflife and shoulder abilities were lower for people who had quit the laborforce than for people still at work This study shows up that for ageingworkers particularly the ones suffering from a RCS reducing occupationalexposures and keeping people at work remain priority actions themes

Mots cleacutes Key words

Surveillance eacutepideacutemiologique troubles musculo-squelettiques syndrome de la coiffe des rotateurs exposition professionnelle Epidemiological surveil-lance musculoskeletal disorders rotator cuff syndrome occupational exposure

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 43

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

44 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

46 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

[5] Nomenclature des activiteacutes et des produits franccedilaiseNAF-CPF Paris Insee 2000

[6] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion Arthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

[7] Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveses Lescontraintes posturales et articulaires au travail Mars 2006nordm 112 httpwwwtravail-solidaritegouvfr

[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

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Page 12: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Tableau Exposition () aux contraintes biomeacutecaniques chez les actifs de la cohorte Cosali en 2007(effectif total N=167) France Table Exposure () to biomechanical constraints in the active populationof the COSALI cohort in 2007 (total number N = 167) France

Effort physique intense (eacutechelle de Borg 13) (N=161) 63Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee (gt 2 hjour) (N=158) 59Travail bras eacutecarteacutes du corps (gt 2 hjour) (N=159) 26Travail bras en lrsquoair (gt 2 hjour) (N=162) 26

IntroductionDepuis 2002 lrsquoInstitut de veille sanitaire (InVS) amis en œuvre un programme de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la reacutegion des Pays dela Loire Gracircce agrave la participation volontaire de 83meacutedecins du travail un eacutechantillon de 3 710 sala-rieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans (58 hommes) a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004Cette phase transversale a permis drsquoestimer lapreacutevalence des TMS et des contraintes profes-sionnelles dans une population salarieacutee [1] Pregravesde 13 des salarieacutes preacutesentaient le jour de lavisite meacutedicale du travail au moins un des sixprincipaux TMS du membre supeacuterieur syndromede la coiffe des rotateurs (SCR) eacutepicondylite lateacute-rale tendinite des fleacutechisseursextenseurs desdoigts teacutenosynovite de De Quervain syndromedu tunnel cubital syndrome du canal carpien Lapreacutevalence du SCR eacutetait la plus eacuteleveacutee (7)Pour disposer de donneacutees longitudinales sur ceteacutechantillon de salarieacutes un suivi au sein drsquounecohorte baptiseacutee Cosali (Cohorte des salarieacutes ligeacute-riens) a eacuteteacute proposeacute en 2006 aux 3 710 salarieacutesinclus lors de la phase transversale Lrsquoobjectif decet article est de deacutecrire le devenir meacutedical etprofessionnel des salarieacutes pour lesquels un SCRavait eacuteteacute diagnostiqueacute par le meacutedecin du travail

MeacutethodeEn 2007 un questionnaire postal a eacuteteacute adresseacuteaux salarieacutes Il portait comme lors de la phaseinitiale sur lrsquoeacutevaluation des symptocircmes musculo-squelettiques (questionnaire de type nordique[2]) mais eacutegalement sur la qualiteacute de vie (eacutechelleMOS SF36) et pour les actifs lrsquoeacutevolution profes-sionnelle depuis la phase transversale et lesconditions de travail actuelles Un questionnaireplus complet a eacuteteacute envoyeacute aux 274 salarieacutes souf-frant drsquoun SCR entre 2002 et 2004 renseignantsur la prise en charge meacutedico-chirurgicale decette pathologie et sur le degreacute drsquoincapaciteacute fonc-tionnelle des membres supeacuterieurs (questionnaireDash [3]) informations qui nrsquoavaient pas eacuteteacuterecueillies lors de la phase initialeUn nouvel examen clinique a eacuteteacute reacutealiseacute par lemeacutedecin du travail entre 2007 et 2009 (donneacuteesnon preacutesenteacutees ici)

ReacutesultatsLes analyses portent sur les 207 questionnairesreccedilus (taux de reacuteponse 76) dont 55drsquohommes acircge moyen de 50 plusmn 7 ans 57 desreacutepondants eacutetaient acircgeacutes de 50 ans ou plus Lesperdus de vue (salarieacutes avec adresse inconnue etnon-reacutepondants) eacutetaient plus souvent desfemmes (58) et plus souvent acircgeacutes de moins de50 ans (58)

Activiteacute professionnelle en 2007En 2007 81 des salarieacutes exerccedilaient toujoursune activiteacute professionnelle Ils eacutetaient alors acircgeacutes

en moyenne de 48 plusmn 7 ans Parmi eux 69eacutetaient au mecircme poste de travail 22 avaientchangeacute de poste et 9 avaient changeacute drsquoentre-prise 10 ont eu au moins un arrecirct de travailau cours des 12 derniers mois agrave cause de douleursagrave lrsquoeacutepaule drsquoune dureacutee moyenne de 34 jours(plusmn 25 jours) et 10 ont beacuteneacuteficieacute drsquoun ameacutena-gement de leurs conditions de travail en raisonde leur problegraveme drsquoeacutepaule Parmi les salarieacutes dela phase transversale agrave ne plus ecirctre en activiteacuteprofessionnelle en 2007 (19) 57 eacutetaient agrave laretraite 18 au chocircmage 10 en arrecirct maladie8 en invaliditeacute et 7 nrsquoexerccedilaient plus leuremploi pour drsquoautres raisons (arrecirct volontairedrsquoactiviteacute congeacute individuel de formation)

Caracteacuteristiques des symptocircmes agravelrsquoeacutepauleDepuis la phase transversale les symptocircmes agravelrsquoeacutepaule sont resteacutes identiques ou se sontaggraveacutes pour 65 des salarieacutes Ils ont reacutegresseacutepour 36 des salarieacutes actifs contre 31 des inac-tifs 78 des actifs ont rapporteacute des douleursou gecircnes au cours des 12 derniers mois et 50au cours des 7 derniers jours Lrsquointensiteacute moyennedes douleurs sur une eacutechelle visuelle analogiquede 0 agrave 10 eacutetait au moment du remplissage duquestionnaire eacutevalueacutee agrave 5 (plusmn 2)

Recours aux soins pour le SCRAu cours des 12 derniers mois 46 des salarieacutesont consulteacute un meacutedecin (3 fois en moyenne) et29 un kineacutesitheacuterapeute (12 seacuteances enmoyenne)

Exposition professionnelleDes contraintes biomeacutecaniques importantesconcernent toujours une proportion eacuteleveacutee desalarieacutes (tableau)

Qualiteacute de vieLe score agreacutegeacute physique moyen de qualiteacute devie qui srsquoeacutetend de 0 (mauvaise) agrave 100 (bonne)eacutetait infeacuterieur chez les inactifs (42 plusmn 9 vs 47 plusmn 8chez les actifs) traduisant une meilleure qualiteacutede vie chez les personnes toujours en activiteacute Enrevanche le score agreacutegeacute psychique moyen nevariait pas significativement entre les deuxgroupes (45 plusmn 10)

Incapaciteacute fonctionnelleLrsquoincapaciteacute fonctionnelle est eacutevalueacutee par lesscores du laquo Dash raquo de 0 (aucune gecircne fonction-nelle) agrave 100 (forte incapaciteacute) Lrsquoincapaciteacute fonc-tionnelle dans la vie quotidienne eacutevalueacutee agrave lrsquoaide

de 30 items eacutetait plus importante chez les inac-tifs (28 plusmn 20) que chez les actifs (19 plusmn 16)Lrsquoincapaciteacute fonctionnelle au travail est eacutevalueacuteepar 4 items mesurant le niveau de difficulteacutes agravetravailler en utilisant la technique habituelle agravetravailler comme drsquohabitude agrave travailler aussibien que le salarieacute le souhaitait agrave passer le tempshabituellement consacreacute au travail Chez lesactifs le score moyen drsquoincapaciteacute fonctionnelleau travail ne diffeacuterait pas du score drsquoincapaciteacutefonctionnelle dans la vie quotidienne

DiscussionCes reacutesultats preacuteliminaires montrent la persis-tance de la symptomatologie douloureuse chezles actifs un recours aux soins important et uneexposition agrave des contraintes professionnelles quireste eacuteleveacutee Le fait que les salarieacutes actifs deacutecla-rent ecirctre moins gecircneacutes que les inactifs par leurproblegraveme agrave lrsquoeacutepaule peut refleacuteter un pheacutenomegravenedrsquoexclusion du travail des cas les plus gravesLrsquoameacutenagement des conditions de travail nrsquoaconcerneacute qursquoune minoriteacute des salarieacutesLa phase transversale de lrsquoeacutetude en 2002-2004avait deacutejagrave montreacute que les salarieacutes acircgeacutes de plusde 50 ans qursquoils soient ou non atteints drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule nrsquoeacutetaient pas moins exposeacutes que lessalarieacutes plus jeunes malgreacute une reacuteduction de leurscapaciteacutes fonctionnelles apregraves cet acircge [4] Lemaintien en emploi des salarieacutes vieillissants restedonc un thegraveme drsquoaction prioritaire pour les meacutede-cins du travail et les entreprises particuliegraverementchez les salarieacutes souffrant drsquoun SCRCes connaissances sur lrsquoeacutevolution meacutedicale etprofessionnelle des salarieacutes atteints drsquoun TMSdevraient contribuer agrave mieux orienter les actionsde preacutevention pour le maintien ou le retour agravelrsquoemploi

Reacutefeacuterences

[1] Roquelaure Y Ha C Sauteron M Reacuteseau expeacuterimentalde surveillance eacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dans les Pays de la Loire Surveillance en entre-prises en 2002 Saint-Maurice Institut de veille sanitaire2005httpwwwinvssantefrpublications2005rapport_tmsindexhtml

[2] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[3] Dubert T Voche P Dumontier C Dinh A Le questionnaireDASH Adaptation franccedilaise drsquoun outil drsquoeacutevaluation interna-tional Chir Main 200120294-302

[4] Chiron E Roquelaure Y Ha C Touranchet A Chotard ABidron P et al Les TMS et le maintien en emploi des salarieacutesde 50 ans et plus un deacutefi pour la santeacute au travail et lasanteacute publique Santeacute Publique 200820(3)S19-S28

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Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

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Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

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[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

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25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

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10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

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La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 13: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Surveillance des principaux TMS du membre supeacuterieur et de lrsquoexposition aurisque dans les entreprises des Pays de la Loire reacutesultats chez les ouvriersinteacuterimairesYves Roquelaure1 (yvroquelaurechu-angersfr) Catherine Ha2 Julie Bodin1 Annie Touranchet3 Anne Chotard4 Patrick Bidron4 Beacuteneacutedicte Ledenvic4Franccedilois Leroux4 Annick Mazoyer4 Ellen Imbernon2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Pays de la Loire Nantes France 4 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des symptocircmes et des TMS ainsi que de lrsquoexpositionagrave leurs facteurs de risque ont pu ecirctre estimeacutees chez les travailleursinteacuterimairesMeacutethodes - La participation de 83 meacutedecins du travail volontaires apermis drsquoinclure par tirage au sort un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes lorsde la visite meacutedicale peacuteriodique entre 2002 et 2004 Des donneacutees meacutedicaleset drsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireLe diagnostic des principaux TMS des membres supeacuterieurs a eacuteteacute porteacute parles meacutedecins du travail selon une deacutemarche clinique standardiseacuteeReacutesultats - Dans cet eacutechantillon 194 eacutetaient inteacuterimaires des ouvriersen grande majoriteacute (88) Les reacutesultats preacutesenteacutes ici concernent lescomparaisons des 171 ouvriers inteacuterimaires aux 1 412 ouvriers non inteacute-rimaires Les preacutevalences des symptocircmes musculo-squelettiques et desTMS nrsquoeacutetaient pas significativement plus eacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuteri-maires excepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain (35 vs 14) Enrevanche les inteacuterimaires eacutetaient significativement plus exposeacutes auxfacteurs de risque professionnels de TMSConclusion - Malgreacute une surexposition des ouvriers inteacuterimaires auxfacteurs de risque de TMS la preacutevalence des symptocircmes et des TMS bienqursquoeacuteleveacutee nrsquoest dans lrsquoensemble pas supeacuterieure agrave celle observeacutee chez lesautres ouvriers Ce reacutesultat peut srsquoexpliquer partiellement par lrsquoacircge enmoyenne moins eacuteleveacute des inteacuterimaires

Epidemiological surveillance of upper-limb MSDsand risk exposure in the French Pays de la Loirecompanies results found in temporary blue-collarworkers

Introduction - Using an epidemiological surveillance system for work-related MSDs implemented in Francersquos Pays de la Loire region the preva-lence of musculoskeletal (MS) symptoms musculoskeletal disorders (MSDs)and their risk factors in the workplace was assessed in temporary workersMethods - The surveillance was based on a network of 83 occupationalphysicians They randomly included 3710 workers during the annual healthexamination between 2002 and 2004 Medical and work exposures datawere collected by a self-administered questionnaire Occupational physiciansdiagnosed MSDs using a standardized physical examinationResults - In this sample 194 were temporary workers with a large majorityof blue-collar workers (88) The 171 temporary blue-collar workers werecompared to the 1412 other blue-collar workers Prevalence rates of MSsymptoms and MSDs were not significantly higher among the temporaryblue-collar workers except for De Quervainrsquos disease 35 vs 14However temporary workers were significantly more exposed to occupa-tional risk factorsConclusion - Temporary blue-collar workers were strongly exposed toseveral risk factors However MS symptoms and MSDs were not moreprevalent This result can be partially explained by their younger age

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques travail temporaire inteacuterimaire exposition professionnelle eacutepideacutemiologie Musculoskeletal disorders temporary workersoccupational exposure epidemiology

IntroductionLe travail inteacuterimaire est deacutefini par lrsquoemploi drsquounsalarieacute par une agence speacutecialiseacutee dans lrsquointeacuterimLes entreprises demandeuses de main drsquoœuvretemporaire contractualisent avec lrsquoagence quileur affecte ses salarieacutes pour une laquo mission raquopreacutecise dont la dureacutee peut ecirctre deacutetermineacutee ouindeacutetermineacutee Le salarieacute inteacuterimaire a donc deuxinterlocuteurs dont il peut recevoir des consi-gnes lrsquoentreprise de travail temporaire qui estlrsquoemployeur et lrsquoentreprise utilisatrice pourlaquelle il effectue sa mission En France environ33 des salarieacutes sont inteacuterimaires (donneacutees2008) [1] La dureacutee moyenne drsquoune mission estde deux semaines et pregraves de la moitieacute des inteacute-rimaires sont en mission moins drsquoun mois et demidans lrsquoanneacutee Scheacutematiquement lrsquoemploi inteacuteri-maire concerne majoritairement des hommes etdes jeunes de moins de 30 ans (respectivement71 et 50 eacutequivalents-emplois agrave temps plein)et des ouvriers (78) Lrsquoindustrie repreacutesente 44

du volume total le secteur tertiaire 35 et laconstruction 21 Les conditions de travail dessalarieacutes inteacuterimaires sont reacuteputeacutees plus difficilesque pour les autres salarieacutes avec notamment unrisque drsquoaccident du travail plus eacuteleveacute [2]Gracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enœuvre depuis 2002 par lrsquoInstitut de veille sani-taire dans les entreprises des Pays de la Loireles preacutevalences de TMS et leurs facteurs de risquechez les travailleurs inteacuterimaires ont pu ecirctre esti-meacutees

MeacutethodesCette surveillance a eacuteteacute mise en œuvre entre2002 et 2004 dans les cinq deacutepartements de lareacutegion gracircce agrave la participation de 83 meacutedecinsdu travail repreacutesentant 18 de ces meacutedecins dela reacutegion Les salarieacutes inclus par tirage au sortont rempli un auto-questionnaire recueillantdrsquoune part des symptocircmes musculo-

squelettiques (MS) des membres et du rachis nonspeacutecifiques et drsquoautre part des informations surles activiteacutes professionnelles et les contraintesbiomeacutecaniques (reacutepeacutetitiviteacute force posturesextrecircmes) psychosociales et organisationnellesafin drsquoeacutevaluer leur exposition agrave des facteurs derisque de TMS [3] Les anteacuteceacutedents meacutedicauxfacteurs de risque de TMS ont eacutegalement eacuteteacuterecueillis par auto-questionnaire Les sujets ontbeacuteneacuteficieacute au cours des visites meacutedicales dutravail drsquoun examen clinique standardiseacuteconforme agrave la deacutemarche proposeacutee par leprogramme europeacuteen Saltsa pour la recherche ensanteacute au travail [4] Les six principaux TMS desmembres supeacuterieurs ont ainsi pu ecirctre diagnosti-queacutes syndrome de la coiffe des rotateurseacutepicondylite lateacuterale tendinites des extenseursfleacutechisseurs des doigts et du poignet teacutenosyno-vite de De Quervain syndrome du canal carpiensyndrome du tunnel cubital (ulnaire) au coude

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 45

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

46 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

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[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 14: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Figure 1 Symptocircmes musculo-squelettiques des membres supeacuterieurs au cours des 7 derniers jours chez les ouvriers inteacuterimaires et chez les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 1 Upper extremity musculoskeletal disorders during the last 7 days in temporary blue-collar workers and in other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

00

100

200

300

400

500

20 - 29 30 - 39 40 - 49 50 - 59

Classes dacircge (ans)

Ouvriers inteacuterimaires

Autres ouvriers

Tableau 1 Preacutevalence des TMS des membres supeacuterieurs diagnostiqueacutes lors de lrsquoexamen clinique chezles ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalenceof upper extremity MSDs diagnosed during the clinical examination in temporary blue-collar workersand other blue-collar workers Pays de la Loire France 2002-2004

TMS diagnostiqueacutes Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Syndrome de la coiffe des rotateurs 8 47 137 97 064Eacutepicondylite lateacuterale 3 18 46 33 098Syndrome du tunnel cubital 0 00 13 09 097Syndrome du canal carpien 4 23 53 38 094Tendinites des extenseurs fleacutechisseurs des doigts et dupoignet

1 06 14 10 094

Teacutenosynovite de De Quervain 6 35 19 14 002Au moins un des 6 principaux TMS 17 99 225 159 094

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe

Les estimations des preacutevalences se rapportentaux salarieacutes que leur TMS soit unilateacuteral ou bila-teacuteral Des scores drsquoexposition au risque de TMSont eacuteteacute calculeacutes selon les recommandations duprogramme Saltsa par sommation du nombre defacteurs de risque Lrsquoexposition professionnelleest classeacutee faible ou en zone verte modeacutereacuteeou en zone jaune eacuteleveacutee ou en zone rougeselon que le salarieacute est respectivement exposeacute agraveaucun un ou au moins deux facteurs de risqueLe secteur drsquoactiviteacute des inteacuterimaires est identifieacutepar le code travail temporaire de la nomencla-ture drsquoactiviteacutes franccedilaise sans qursquoil soit possiblede connaicirctre le secteur preacutecis dans lequel ils onteacuteteacute affecteacutes [5]Les preacutevalences selon le genre lrsquoacircge le type decontrat et la cateacutegorie socio-professionnelle onteacuteteacute compareacutees entre inteacuterimaires et non inteacuteri-maires agrave lrsquoaide de tests de Khi2 de WaldLes preacutevalences des symptocircmes MS des TMSdiagnostiqueacutes lors de la visite meacutedicale du travailet de lrsquoexposition aux facteurs de risque ont eacuteteacutecompareacutees entre ouvriers inteacuterimaires et ouvriersnon inteacuterimaires en ajustant sur lrsquoacircge (par classede 10 ans) et le sexe agrave lrsquoaide de reacutegressionslogistiques (logiciel SAS v 92)

ReacutesultatsEntre 2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave59 ans (2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen 387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus Les cateacute-gories socioprofessionnelles et les secteurs drsquoacti-viteacute de la reacutegion eacutetaient correctement repreacutesenteacutesdans lrsquoeacutechantillon [6] Trois quarts des salarieacuteseacutetaient en contrat agrave dureacutee indeacutetermineacutee 138eacutetaient fonctionnaires 44 en contrat agrave dureacuteedeacutetermineacutee ou saisonniers 53 inteacuterimaires Lesinteacuterimaires au nombre de 194 eacutetaient plussouvent des hommes (70 vs 58 pour lesautres salarieacutes plt001) plus souvent jeunes(60 avaient moins de 30 ans contre 21 pourles autres salarieacutes 14 seulement avaient plusde 40 ans contre 50 plt001) et ouvriers (88vs 40 plt001) Ils eacutetaient plus rarementemployeacutes (8 vs 28 plt001) ou professionsintermeacutediaires (3 vs 24 plt001)La grande majoriteacute des inteacuterimaires de notreeacutechantillon eacutetant constitueacutee drsquoouvriers (n=171) nous les avons compareacutes aux ouvriers non inteacute-rimaires (n=1 412)

Preacutevalence des symptocircmesmusculo-squelettiques auxmembres supeacuterieursLes preacutevalences des symptocircmes des membressupeacuterieurs de lrsquoeacutepaule et des mains rapporteacuteespour les 12 derniers mois srsquoeacutelevaient respective-ment agrave 57 35 et 32 chez les ouvriers inteacute-rimaires contre 60 42 et 29 chez les autresouvriers (diffeacuterences non significatives apregraves ajus-tement sur lrsquoacircge et le sexe) Pour les inteacuterimairesayant rapporteacute des symptocircmes au cours delrsquoanneacutee eacutecouleacutee ceux-ci ont dureacute plus de 30 jourspour un tiers drsquoentre eux eacutetaient quotidiens pour18 sans diffeacuterence significative avec les autresouvriers La preacutevalence globale des symptocircmes

aux membres supeacuterieurs au cours des septderniers jours eacutetait identique qursquoils soient inteacute-rimaires ou non (35) mais elle eacutetait plus eacuteleveacuteechez les ouvriers inteacuterimaires de moins de 40 ans(34 vs 27 plt005 figure 1)La preacutevalence des lombalgies deacuteclareacutees srsquoeacutelevaitagrave 58 pour les 12 derniers mois et agrave 29 pourles sept derniers jours valeurs comparables agravecelles observeacutees chez les autres ouvriers (respec-tivement 59 et 30)

Preacutevalence des six principauxTMS des membres supeacuterieursLe jour de la visite meacutedicale du travail au moinslrsquoun des six principaux TMS eacutetudieacutes eacutetait diagnos-tiqueacute chez 10 des inteacuterimaires vs 16 desautres ouvriers diffeacuterence non significative apregravesajustement sur lrsquoacircge et le sexe Seule la teacutenosy-novite de De Quervain eacutetait significativement pluspreacutevalente chez les inteacuterimaires (35 vs 14)(tableau 1) Le syndrome de la coiffe des rotateurseacutetait le plus freacutequent dans les deux groupes suivide la teacutenosynovite de De Quervain chez les inteacute-rimaires et du syndrome du canal carpien chezles autres ouvriers

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque de TMSLa preacutevalence drsquoexposition aux facteurs de risqueprofessionnels de TMS du membre supeacuterieurqursquoils soient organisationnels biomeacutecaniques oupsychosociaux eacutetait dans lrsquoensemble plus eacuteleveacuteechez les inteacuterimaires que chez les autres ouvriers(tableau 2) La majoriteacute des ouvriers inteacuterimairestravaillaient avec des collegravegues ayant eacutegalementun contrat preacutecaire (81 vs 34 plt0001) Ilseacutetaient significativement plus souvent que lesautres ouvriers confronteacutes agrave des contraintestemporelles de type industriel telles qursquounrythme imposeacute par le deacuteplacement automatiquedrsquoun produit ou drsquoune piegravece la cadence automa-tique drsquoune machine drsquoautres contraintes tech-niques la deacutependance immeacutediate vis-agrave-vis dutravail des collegravegues ou encore des controcircles ouune surveillance permanents Ils eacutetaient plussouvent exposeacutes agrave une reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee desgestes plus de 4 heures par jour (53 vs 36)agrave des postures articulaires contraignantes (travailles bras en lrsquoair torsion des poignets ou desmains utilisation drsquooutils vibrants) La grande

46 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

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Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

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[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

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25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 15: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquoexposition aux principaux facteurs de risque de TMS des membres supeacuterieurschez les ouvriers inteacuterimaires et les autres ouvriers Pays de la Loire France Table 2 Prevalence ofexposure to the main upper extremity MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collarworkers Pays de la Loire France

Facteurs drsquoexposition Ouvriers inteacuterimaires(N=171)

Autres ouvriers(N=1 412) p-value

n n

Facteurs organisationnels

Rythme de travail imposeacute par le deacuteplacementautomatique drsquoun produit ou drsquoune piegravece

53 314 242 177 lt0001

Rythme de travail imposeacute par la cadence automatiquedrsquoune machine

63 373 285 208 lt0001

Rythme de travail imposeacute par une demande exteacuterieure(public client)

50 298 405 294 030

Rythme de travail imposeacute par des normes deproduction ou des deacutelais agrave respecter

122 726 839 607 009

Rythme de travail imposeacute par la deacutependance immeacutediatevis-agrave-vis du travail drsquoun ou plusieurs collegravegues

84 500 446 327 lt0001

Rythme de travail imposeacute par des controcircles ou unesurveillance permanents

77 458 408 298 lt0001

Rythme de travail imposeacute par drsquoautres contraintestechniques

71 423 334 244 lt0001

Occuper diffeacuterents postes au moins un jour par semaine 78 479 583 425 041Travailler plus que lrsquohoraire officiellement preacutevu 69 423 697 504 lt001Travailler avec des collegravegues qui se trouvent ensituation preacutecaire (CDD inteacuterimaires)

138 812 481 341 lt0001

Ne jamais pouvoir quitter son travail des yeux 143 836 1 059 753 lt001

Facteurs biomeacutecaniques

Reacutepeacutetitiviteacute eacuteleveacutee des gestes (plus de 4 heures parjour)

91 532 510 363 lt0001

Intensiteacute de lrsquoeffort physique 13 (RPE Borg-scale) 111 649 1 017 721 028Travailler avec les bras au-delagrave de lrsquohorizontale (plus de2 heures par jour)

45 263 276 196 005

Fleacutechir les coudes (plus de 2 heures par jour) 88 518 657 469 013Tourner la main comme pour visser (plus de 2 heurespar jour)

56 329 338 241 004

Tordre le poignet (plus de 2 heures par jour) 109 645 695 500 lt001Utiliser des outils tenus en main (plus de 2 heures parjour)

105 614 916 652 013

Presser utiliser la pince pouce-index (plus de 4 heurespar jour)

23 135 168 119 049

Utiliser des outils vibrants (plus de 2 heures par jour) 60 351 321 228 lt001

Facteurs psychosociaux du travail

Faible latitude deacutecisionnelle (score 72) 141 834 1 023 734 lt001Forte demande psychologique (score 24) 47 277 296 212 009Faible soutien social (score 22) 51 313 400 291 045

p-value ajusteacutee sur lrsquoacircge (classes de 10 ans) et le sexe Eacutechelle psychophysique de Borg gradueacutee de 0 agrave 20

Figure 2 Exposition au risque de TMS des ouvriers inteacuterimaires et des autres ouvriers agrave 0 1 2 ou plus facteurs de risque Pays de la Loire France 2002-2004 Figure 2 Exposure to the risk of MSDs in temporary blue-collar workers and other blue-collar workers who present 0 1 2 or more risk factors Pays de la Loire France 2002-2004

0 20 40 60 80 100

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Autre ouvrier

Ouvrier inteacuterimaire

Mem

bre

supeacute

rieur

Poig

net

Mai

nCo

ude

Eacutepau

le

0

1

2 ou plus

majoriteacute drsquoentre eux ne disposait pas drsquoune lati-

tude deacutecisionnelle suffisante pour faire face aux

contraintes et aleacuteas de la situation de travail

(83 vs 73 plt0001) Moins eacuteleveacutees les

preacutevalences de lrsquoexposition agrave une forte demande

psychologique et agrave un faible soutien social sont

comparables agrave celles des autres ouvriers

Lorsque lrsquoon considegravere lrsquoexposition selon la loca-

lisation anatomique on observe que pour toutes

les localisations les ouvriers inteacuterimaires sont

plus freacutequemment exposeacutes agrave deux facteurs derisque ou plus que les autres ouvriers (figure 2)

DiscussionLa surveillance des TMS dans les entreprises desPays de la Loire montre lrsquoampleur de la surexpo-sition des inteacuterimaires aux facteurs de risque deTMS qursquoils soient biomeacutecaniques organisation-nels ou psychosociaux corroborant les reacutesultatsde lrsquoenquecircte Sumer 2003 [7] ainsi qursquoune fortepreacutevalence des symptocircmes MS au niveau deseacutepaules et des mainspoignets En revancheexcepteacute pour la teacutenosynovite de De Quervain quiaffecte les tendons du pouce et peut teacutemoignerde la forte exposition observeacutee au niveau desmainspoignets les preacutevalences des TMS dumembre supeacuterieur diagnostiqueacutes au cours de lavisite meacutedicale du travail nrsquoeacutetaient pas pluseacuteleveacutees chez les ouvriers inteacuterimaires Ce reacutesultatest agrave interpreacuteter avec prudence compte tenu dufaible nombre drsquointeacuterimaires Il peut srsquoexpliquerpar un acircge moyen moins eacuteleveacute et une dureacuteemoindre de lrsquoexposition au risque de TMSlrsquoimpact des processus tissulaires peacuteri-articulairesdeacutegeacuteneacuteratifs lieacutes agrave lrsquoacircge et au cumul des exposi-tions ne srsquoobservant pas encore [8] Il est cepen-dant agrave craindre un pheacutenomegravene agrave retardementlorsque cette population avancera en acircge Celaconfirme la speacutecificiteacute de la relation de travail etdes conditions de travail du salarieacute inteacuterimairereacutecemment reconnue par les partenaires sociauxet la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise utilisatrice de leurappliquer les mecircmes regravegles de santeacute et de seacutecu-riteacute au travail qursquoaux salarieacutes sous contrat detravail agrave dureacutee indeacutetermineacutee [9]

Reacutefeacuterences

[1] Dares Premiegraveres synthegraveses Lrsquointeacuterim en 2008 Juin2009 nordm 274 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

[2] INRS Dossier web laquo Travail temporaire raquohttpwwwinrsfrinrs-pubinrs01nsfIntranetObject-accesParReferenceDossier20Interim$FileVisuhtml

[3] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 p httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[4] Sluiter JK Rest KM Frings-Dresen MHW Criteria docu-ment for evaluating the work-relatedness of upper extremitymusculoskeletal disorders Scand J Work Environ Health200127 suppl 11-102

[5] Nomenclature des activiteacutes et des produits franccedilaiseNAF-CPF Paris Insee 2000

[6] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion Arthritis amp Rheumatism (Arthritis Care amp Research)200655765-78

[7] Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveses Lescontraintes posturales et articulaires au travail Mars 2006nordm 112 httpwwwtravail-solidaritegouvfr

[8] Derriennic F Touranchet A Volkoff S (Eds) Acircge travailsanteacute Enquecircte ESTEV 1990 Paris Eacuteditions Inserm 1996

[9] Assurance maladie risques professionnels Accueil etsanteacute au travail dans lrsquointeacuterimhttpwwwrisquesprofessionnelsamelifrmediaACCUEIL20ET20SANTE20INTERIMpdf

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 47

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 16: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnelsdans les entreprises des Pays de la LoireNatacha Fouquet (natachafouquetuniv-angersfr)12 Catherine Ha1 Julie Bodin2 Anne Chotard3 Patrick Bidron3 Beacuteneacutedicte Ledenvic3 Franccedilois Leroux3Annick Mazoyer3 Annette Leclerc4 Ellen Imbernon1 Yves Roquelaure2 et 78 meacutedecins du travail de la reacutegion des Pays de la Loire

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Services de santeacute au travail des Pays de la Loire France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Introduction - Gracircce au programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiques (TMS) mis en œuvre dans les Pays de laLoire les preacutevalences des lombalgies et de lrsquoexposition agrave leurs facteurs derisque ont pu ecirctre estimeacutees en population salarieacuteeMeacutethode - Un eacutechantillon de 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans a eacuteteacuteconstitueacute par tirage au sort entre 2002 et 2004 Les donneacutees meacutedicales etdrsquoexposition professionnelle ont eacuteteacute recueillies par auto-questionnaireReacutesultats - La preacutevalence des lombalgies au cours des 12 derniers moiseacutetait eacuteleveacutee davantage chez les hommes (59) que chez les femmes(54) Une preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennes est pour leshommes observeacutee principalement parmi les employeacutes et agents de servicede la fonction publique et les ouvriers et pour les femmes parmi lesouvriegraveres Les ouvriers et les employeacutes civils et agents de service de lafonction publique eacutetaient les professions les plus exposeacutees aux facteursde risque lombalgiqueConclusion - Cette surveillance des TMS confirme la forte preacutevalencedes lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salarieacutee etpermet drsquoidentifier les professions sur lesquelles la preacutevention devrait ecirctreprioritaire

Low-back pain and occupational risk factorssurveillance in the working population of theFrench Pays de la Loire region

Introduction - An epidemiological surveillance program of musculoske-letal disorders (MSDs) was implemented in the Pays de la Loire region toassess the prevalence of low-back pain (LBP) and its risk factors in theworking populationMethod - A random sample of 3710 workers from 20 to 59 years old wasconstituted between 2002 and 2004 Medical and occupational exposuredata were gathered by self-administered questionnaireResults - The prevalence of the LBP during the last 12 months was highWe observed a higher prevalence in men (59) than in women (54) Highprevalence of daily LBP was mainly observed for the employees of govern-ment and public services and blue-collar workers in men We observed highprevalence for women in blue-collar workers The jobs most exposed to therisk factors for LBP were the blue-collar workers and employees of govern-ment and public servicesConclusion - The surveillance of MSDs confirms the high prevalence ofLBP and its risk factors and allows identifying the jobs requiring preventionefforts

Mots cleacutes Key words

Lombalgie troubles musculo-squelettiques activiteacute professionnelle preacutevalence Low-back pain musculoskeletal disorders occupation prevalence

IntroductionLa lombalgie est deacutefinie comme une douleursrsquoeacutetendant de la charniegravere dorso-lombaire agrave lacharniegravere lombo-sacreacutee Il srsquoagit dans la tregravesgrande majoriteacute des cas de lombalgiescommunes par opposition aux lombalgiessecondaires agrave une cause organique particuliegravere(tumeur infection fracture maladie rhumatis-male etc) [1]Pregraves de 25 des salarieacutes europeacuteens deacuteclarentsouffrir de douleurs rachidiennes en lien avec letravail [2] Indeacutependamment des facteurs derisque personnels (acircge sexe taille poids) etdes contraintes psychosociales lieacutees au travail(demande psychologique latitude deacutecisionnellesoutien social) les lombalgies sont fortementlieacutees aux expositions agrave des contraintes physiquesau travail surtout la manutention manuelle decharges certaines contraintes posturales (sepencher en avant torsion du tronc) et les vibra-tions du corps entier dues agrave la conduite de veacutehi-cules [13]Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiolo-gique des troubles musculo-squelettiques (TMS)mis en place en 2002 dans les entreprises de lareacutegion des Pays de la Loire a permis de fournirdes estimations de preacutevalence des lombalgies et

de leurs facteurs de risque dans la populationactive salarieacutee

MeacutethodeCette surveillance eacutepideacutemiologique est fondeacutee surun reacuteseau de 83 meacutedecins du travail volontairesrepreacutesentant 18 des meacutedecins du travail desPays de la Loire et preacutesentant des caracteacuteristiquesdrsquoexercice professionnel similaires agrave celles desmeacutedecins non-participants de la reacutegion Entre2002 et 2004 3 710 salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans(2 162 hommes et 1 548 femmes acircgemoyen=387 plusmn 103 ans) ont eacuteteacute inclus par tirageau sort au cours des visites meacutedicales du travailLes cateacutegories socioprofessionnelles et lessecteurs drsquoactiviteacute de la reacutegion sont correctementrepreacutesenteacutes dans lrsquoeacutechantillon [4]Lrsquoexistence de symptocircmes de type douleurs cour-batures gecircne ou engourdissement du rachislombaire au cours des 12 derniers mois et des 7derniers jours a eacuteteacute eacutevalueacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire directement inspireacute du question-naire dit nordique Lrsquoexposition professionnelleaux contraintes biomeacutecaniques (charge physiquede travail manutention de charges lourdespostures du tronc vibrations corps entier) orga-nisationnelles et psychosociales a eacuteteacute docu-menteacutee agrave lrsquoaide drsquoun auto-questionnaire [56] Les

comparaisons selon le sexe sont ajusteacutees surlrsquoacircge (par classes de 10 ans)

Reacutesultats

Preacutevalence des lombalgiesLa preacutevalence des lombalgies au cours des 12derniers mois est eacuteleveacutee davantage chez leshommes (59 IC95 [57-61]) que chez lesfemmes (54 [52-56]) (p=0001) tandis quecelle des 7 derniers jours est comparable entreles deux sexes (28 vs 27) (tableau 1) Leslombalgies ayant dureacute au moins 30 jours au coursde lrsquoanneacutee eacutecouleacutee srsquoobservent chez 28 [26-31]des hommes et 33 [29-36] des femmes(p=003) les douleurs quotidiennes chez 13[11-15] des salarieacutes quel que soit le sexe Chezles moins de 30 ans tant chez les hommes quechez les femmes un salarieacute sur cinq rapporte deslombalgies au moins 30 jours et un sur 12 deslombalgies quotidiennes proportions quiaugmentent significativement avec lrsquoacircgeLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans tous les secteursdrsquoactiviteacute eacuteconomique Les secteurs les plustoucheacutes sont chez les hommes lrsquoeacutenergie laconstruction lrsquoadministration et lrsquoindustrie auto-mobile (tableau 2) Crsquoest dans cette derniegravere que

48 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

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Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 17: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Tableau 1 Preacutevalence des lombalgies en fonction du sexe et de lrsquoacircge des salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Prevalence of low back pain by gender and age of employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursPendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Moins de 30 ans 286 583 54 192 24 85 124 253 206 592 40 200 16 80 98 282De 30 agrave 39 ans 379 582 89 241 43 116 163 251 226 521 68 308 26 118 106 245De 40 agrave 49 ans 370 596 126 352 50 140 191 308 242 511 86 368 37 158 121 25650 ans et plus 245 617 83 356 43 185 135 341 162 557 70 458 27 177 84 291Total 1 280 592ns 352 283 160 129 613 284 836 540ns 264 327 106 131 409 265ns

ns Relation non significative avec lrsquoacircge p lt 005 p lt 001 p lt 0001

Tableau 2 Preacutevalence des lombalgies en fonction des secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of low back pain according to sectors of economic activity among employees in the Pays de la Loire region France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursSecteur drsquoactiviteacute eacuteconomique(NES 16)

Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Agriculture sylviculture pecircche 19 613 3 177 2 118 10 323 12 480 3 250 1 83 5 200Industries agricoles et alimentaires 101 555 29 293 14 141 49 269 59 522 18 333 6 111 26 230Industrie des biens de consommation 59 573 17 288 10 170 38 369 66 574 23 354 14 215 32 278Industrie automobile 40 635 17 425 13 325 23 371 Industrie des biens drsquoeacutequipement 95 556 27 287 11 117 47 275 34 523 10 303 7 212 20 313Industrie des biens intermeacutediaires 189 606 56 303 21 114 85 272 58 569 22 393 13 232 35 343Eacutenergie 17 773 6 353 3 177 10 455 Construction 122 646 37 314 17 144 48 254 15 600 2 133 2 133 5 200Commerce 140 583 33 246 16 119 67 279 121 508 37 314 15 127 57 240Transports 42 545 12 293 5 122 16 208 12 480 6 500 3 250 5 200Activiteacutes financiegraveres 45 608 11 250 6 136 18 243 41 540 21 525 6 150 18 237Activiteacutes immobiliegraveres Services aux entreprises 198 571 53 282 23 122 97 280 116 513 36 324 9 81 54 240Services aux particuliers 30 500 5 167 3 100 17 288 51 580 11 216 6 118 27 303Eacuteducation santeacute action sociale 55 632 15 278 5 93 26 299 144 565 43 309 15 108 67 262Administration 118 638 28 250 9 80 57 308 93 554 27 303 7 79 49 297Total 1 274 593 351 284 159 129 612 285 833 54 262 325 105 13 406 264

Non calculeacute n lt 10

lrsquoon trouve la plus forte proportion de salarieacutesayant deacuteclareacute des lombalgies au moins 30jours (43) et des lombalgies quotidiennes(33)Chez les femmes les preacutevalences de lombalgies12 derniers mois sont les plus eacuteleveacutees dans lesindustries manufacturiegraveres (biens de consomma-tion et biens intermeacutediaires) lrsquoadministration lesservices aux particuliers lrsquoeacuteducationsanteacuteactionsociale et la construction Ce dernier secteurdans lequel les effectifs observeacutes sont faiblespreacutesente une preacutevalence eacuteleveacutee de lombalgies12 derniers mois mais des valeurs plus modeacute-reacutees sur les autres indicateursConcernant les douleurs au moins 30 jours enplus des industries manufacturiegraveres preacuteciteacutees letransport et les activiteacutes financiegraveres sont associeacutesagrave des preacutevalences eacuteleveacuteesLes lombalgies 12 derniers mois concernent aumoins un salarieacute sur deux dans presque toutesles cateacutegories professionnelles (tableau 3) Ellesconcernent plus particuliegraverement les hommesemployeacutes civils et agents de service de la fonctionpublique (7 hommes sur 10) les ouvriers qualifieacutesde type industriel de type artisanal et agricoleset les employeacutes de commerce (plus de 6 hommessur 10) les chauffeurs et les professions intermeacute-diaires (6 sur 10) Concernant les femmes ellestouchent plus particuliegraverement les ouvriegraveres

qualifieacutees de type industriel agricoles et nonqualifieacutees de type industriel et artisanal lesemployeacutees de commerce et employeacutees civiles etagents de service et les professions intermeacute-diaires (environ 6 sur 10)Les lombalgies au moins 30 jours concernent1 homme sur 4 parmi les employeacutes civils et agentsde service et les policiers et militaires et 1 ouvriersur 3 Elles concernent plus drsquoune femme sur 3parmi les ouvriegraveres les employeacutees de commerceet les cadresUne preacutevalence eacuteleveacutee de douleurs quotidiennesest pour les hommes observeacutee principalementchez les employeacutes et agents de service de lafonction publique et les ouvriers et pour lesfemmes chez les ouvriegraveresLes lombalgies 7 derniers jours concernent plusdrsquoun salarieacute sur 4 tant chez les hommes (plusparticuliegraverement les employeacutes et agents deservice de la fonction publique les ouvriers lespoliciers et militaires) que chez les femmes(surtout les ouvriegraveres et les personnels de servicesdirects aux particuliers)

Preacutevalence de lrsquoexposition auxfacteurs de risque professionnelsSeules des expositions importantes (plus de 4heures par jour) agrave des facteurs de risque biomeacute-canique de lombalgies pris en consideacuteration par

le consensus europeacuteen Saltsa [3] sont eacutetudieacuteesici Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour au portde charges lourdes concerne 16 des hommesprincipalement des chauffeurs des ouvriers quali-fieacutes de type artisanal (notamment des ouvriersdu bacirctiment) ou de la manutention du magasi-nage et du transport (tableau 4) Elle concerne06 des femmes principalement des employeacuteesciviles et agents de service de la fonctionpublique (notamment des aides soignantes)Lrsquoexposition plus de 4 heures par jour agrave despostures peacutenibles du tronc (inclinaison ou torsion)concerne 57 des hommes et 85 des femmesplus particuliegraverement les ouvriers et ouvriegraveresmais aussi les employeacutes civils et agents de servicede la fonction publique Elle concerne eacutegalementpour les femmes seulement les personnels deservices directs aux particuliers et dans unemoindre mesure les employeacutees de commerceLrsquoexposition plus de 4 heures par jour aux vibra-tions du corps entier lors de la conduite (drsquoenginsou sur la voie publique bien que lrsquoexcegraves de risqueconcerne plus particuliegraverement les engins dechantier) srsquoobserve chez 15 des hommes et 3des femmes et concerne principalement leschauffeurs les ouvriers qualifieacutes de la manuten-tion du magasinage et du transport ainsi que lespoliciers et militaires

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 49

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

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25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 18: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Tableau 3 Preacutevalence des lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Pays de la Loire France 2002-2004Table 3 Prevalence of back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regio France 2002-2004

Hommes Femmes

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers jours

Douleurs aucours des 12

derniers mois

dont Douleurs aucours des 7

derniers joursCateacutegorie

socioprofessionnelle (PCS)Pendant au

moins 30 jours Quotidiennes Pendant aumoins 30 jours Quotidiennes

n n n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

113 538 21 191 6 55 44 210 39 500 13 351 4 108 20 256

Professions intermeacutediaires 325 602 86 271 34 107 152 282 157 543 47 307 19 124 75 260Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

37 726 14 389 8 222 15 294 118 562 32 283 11 97 53 252

Policiers et militaires 17 586 7 412 2 117 9 310 Employeacutes administratifs drsquoentreprise 21 438 4 200 2 100 12 250 167 509 53 323 22 134 78 239Employeacutes de commerce 24 632 4 167 1 42 9 237 83 565 31 388 10 125 39 265Personnels de services directs aux particuliers 53 510 12 235 5 98 28 272Ouvriers qualifieacutes de type industriel 218 628 65 304 31 145 99 286 37 607 13 361 7 194 16 262Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 166 654 55 342 21 130 89 350 11 647 3 273 1 91 7 412Chauffeurs 62 608 15 259 6 103 24 235 Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

71 550 23 338 12 177 41 318

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 149 546 41 281 25 171 81 298 117 568 42 378 20 180 67 327Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 40 563 11 324 9 265 17 239 19 487 6 333 3 167 8 205Ouvriers agricoles 22 667 5 227 3 136 12 363 12 571 4 333 2 167 7 333Total 1 280 593 352 283 160 129 614 284 836 541 264 327 106 131 409 266

Non calculeacute n lt 10

Tableau 4 Preacutevalence des principaux facteurs de risque de lombalgies en fonction des cateacutegories socioprofessionnelles chez les salarieacutes de la reacutegion des Paysde la Loire France 2002-2004 Table 4 Prevalence of major risk factors for low back pain in occupational categories of workers in the Pays de la Loire regionFrance 2002-2004

Hommes Femmes

Cateacutegorie socioprofessionnelle (PCS)Porter des charges

de plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

Porter des chargesde plus de 25 kgplus de 4hjour

Inclinaison etoutorsion du troncplus de 4hjour

Conduite plus de4hjour

n n n n n n

Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures

0 00 4 19 17 81 0 00 2 26 2 26

Professions intermeacutediaires 5 11 9 17 51 95 0 00 10 35 11 39Employeacutes civils et agents de service de lafonction publique

1 24 3 60 9 180 6 32 20 94 7 34

Policiers et militaires 0 00 0 00 11 379 0 00 0 00 2 250Employeacutes administratifs drsquoentreprise 0 00 0 00 1 21 0 00 13 40 1 03Employeacutes de commerce 1 29 0 00 1 26 1 08 14 95 3 20Personnels de services directs aux particuliers 0 00 0 00 1 46 0 00 15 144 1 10Ouvriers qualifieacutes de type industriel 2 07 25 72 33 95 0 00 12 197 1 17Ouvriers qualifieacutes de type artisanal 6 26 22 87 10 40 0 00 2 118 1 63Chauffeurs 5 58 3 29 91 901 0 00 1 59 9 563Ouvriers qualifieacutes de la manutention dumagasinage et du transport

3 28 10 78 63 488 0 00 2 125 1 63

Ouvriers non qualifieacutes de type industriel 5 22 36 132 16 59 0 00 28 136 3 15Ouvriers non qualifieacutes de type artisanal 1 15 8 113 8 113 0 00 7 180 2 54Ouvriers agricoles 0 00 3 91 4 121 0 00 4 191 0 00Total 29 16 123 57 317 148 7 06 131 85 45 29

Conduite drsquoengins (engins de chantier tracteurs chariots automoteurs) ou sur voie publique (automobile camion autobus autocar) trajet domicile-travail inclusNote Les PCS pour lesquelles moins de 3 sujets sont exposeacutes ne sont pas consideacutereacutees dans lrsquoanalyse des reacutesultats

DiscussionSrsquoil est admis que la preacutevalence des lombalgiesest eacuteleveacutee dans la population active les estima-tions deacutependent des meacutethodes utiliseacutees Lrsquoutilisa-tion du questionnaire nordique publieacute en 1987et depuis largement utiliseacute dans de nombreuxpays permet des comparaisons entre populationset entre peacuteriodes Les estimations de la preacuteva-lence des lombalgies sont semblables agrave cellesretrouveacutees chez les travailleurs drsquoEDF-GDF [7] oudans de larges populations salarieacutees [1] Lespreacutevalences de douleurs au cours des 12 derniersmois sont proches de celles estimeacutees parlrsquoenquecircte deacutecennale de santeacute (EDS) 2002-2003dans la population geacuteneacuterale franccedilaise de 30 agrave64 ans alors que les estimations pour les lombal-gies drsquoau moins 30 jours sont plus eacuteleveacutees dansnotre eacutetude [8] LrsquoEDS porte sur la population

geacuteneacuterale active et non active ce qui peut expli-quer en partie cette diffeacuterence de plus lespersonnes y sont interrogeacutees sur de nombreuxaspects de leur santeacute et peuvent faire passer leslombalgies en arriegravere plan apregraves des problegravemesde santeacute jugeacutes plus importants Mais contraire-ment agrave lrsquoEDS les freacutequences des lombalgiesdeacuteclareacutees sont ici plus eacuteleveacutees chez les hommesque chez les femmes Les preacutevalences observeacuteesdans notre eacutetude sont supeacuterieures agrave celles rappor-teacutees dans lrsquoUnion europeacuteenne par les enquecirctesquinquennales de la Fondation europeacuteenne pourlrsquoameacutelioration des conditions de vie et de travailqui ne considegraverent quant agrave elles que les lombal-gies imputeacutees par les enquecircteacutes agrave leur activiteacuteprofessionnelle [2]La forte preacutevalence des lombalgies 12 derniersmois observeacutee chez les femmes du secteur de

la construction (principalement des secreacutetaires)est agrave rapprocher des reacutesultats relatifs aux femmestravaillant dans lrsquoadministrationCette enquecircte confirme en accord avec lesdonneacutees de lrsquoenquecircte Sumer 2003 et drsquoeacutetudesinternationales lrsquoimportance du risque lombal-gique dans la population salarieacutee notammentdes ouvriers et ouvriegraveres mais eacutegalement desfemmes employeacutees dans le commerce ou lesservices [19]Ainsi la surveillance des TMS dans les entreprisesdes Pays de la Loire montre lrsquoimportance de lapreacutevalence des lombalgies et de leurs facteurs derisque parmi les salarieacutes et permet drsquoidentifier lessecteurs et cateacutegories professionnelles les plus agraverisque sur lesquels la preacutevention devrait se porterde faccedilon prioritaire

50 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

10

15

20

25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

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Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 19: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Tableau 1 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon lrsquoacircge et le sexe Pays de la Loire France 2002-2004 Table 1 Knee disorder prevalence by age and sex Pays de la Loire France 2002-2004

Hommes Femmes Ensemble

Classe drsquoacircge Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

Nombre desujets

Preacutevalence()

[IC95] [IC95] [IC95]

20-29 ans (N=840) 4 08 [02 - 21] 1 03 [00 - 16] 5 06 [02 - 14]30-39 ans (N=1 085) 4 06 [02 - 16] 0 0 4 04 [01 - 09]40-49 ans (N=1 095) 2 03 [00 - 12] 0 0 2 02 [00 - 07]50-59 ans (N=689) 2 05 [00 - 18] 2 07 [01 - 25] 4 06 [02 - 15]Ensemble (N=3 709) 12 06 [03 - 10] 3 02 [00 - 06] 15 04 [02 - 07]

Remerciements

Aux meacutedecins du travail les Docteurs Abonnat BanonBardet Benetti Becquemie Bertin Bertrand Bidron BitonBizouarne Boisse Bonamy Bonneau Bouguer Bouguer-Diquelou Bourut-Lacouture Breton Caillon CesbronChisacof Chotard Compain Coquin-Georgeac CordesCouet Coutand Danielou Darcy Davenas De Lescure DeLansalut Dopsent Dupas Evano Fache Fontaine Frampas-Chotard Guillier Guillimin Harinte Harrigan Hervio Hiri-goyen Jahan Joliveau Jube Kalfon Laine-Colin LaventureLe Dizet Lechevalier Le Clerc Ledenvic Leroux Leroy-Maguer Levrard Levy Logeay Lucas Mallet MartinMazoyer Meritet Michel Migne-Cousseau Moisan PagePatillot Pinaud Pineau Pizzala Plessis Plouhinec RaffrayRobin Roussel Russu Saboureault Schlindwein SoulardThomson Treillard Tripodi

Reacutefeacuterences

[1] Inserm Lombalgies en milieu professionnel quelsfacteurs de risque et quelle preacutevention Paris EacuteditionsInserm 2000

[2] Parent-Thirion A Fernandez Macias E Hurley JVermeylen G Quatriegraveme enquecircte europeacuteenne sur les condi-tions de travail Luxembourg Office des publications delrsquoUnion europeacuteenne 2007

[3] Kuiper J Burdof A Frings-Dresen MHW Kuijer PFMLoumltters F Spreeeuwers D et al Criteria for determining thework-relatedness of nonspecific low-back pain Amsterdam Coronel Institute of Occupational Health 2004

[4] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Melchior M et al Epidemiologic surveillance of upper-extremity musculoskeletal disorders in the working popula-tion the French Pays de la Loire Study Arthritis Rheum2006 55(5) 765-78

[5] Kuorinka I Jonsson B Kilbom A Vinterberg H Biering-Sorensen F Andersson G et al Standardised Nordic ques-tionnaire for the analysis of musculoskeletal symptomsApplied Ergonomics 1987 18(3) 233-7

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans les

entreprises (2002-2004) Institut de veille sanitaire Saint-Maurice 2007

httpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Pietri-Taleb F Bugel I Pathologie lombaire en relationavec le milieu de travail Eacutetude des facteurs de risque delombalgies dans divers groupes professionnels au sein de lacohorte Gazel In Goldberg M Leclerc A Bugel I ChastangJF Dang Tran P Kaniewski N et al Cohorte GAZEL 20 000volontaires drsquoEDF-GDF pour la recherche meacutedicale Bilan1989-1993 Paris Eacuteditions Inserm 1993

[8] Gourmelen J Chastang JF Ozguler A Lanoeuml JL RavaudJF Leclerc A Freacutequence des lombalgies dans la populationfranccedilaise de 30 agrave 64 ans Reacutesultats issus de deux enquecirctesnationales Ann Readapt Med Phys 2007 50(8) 633-9

[9] Dares Premiegraveres synthegraveses La manutention manuellede charges en 2003 Mars 2006 nordm113 httpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

Encadreacute - Lrsquohygroma du genou chez les salarieacutes des Pays de la Loire en 2002-2004 Box - Work-related knee disorders in workers of the French Pays de la Loire region in 2002-2004

Yves Roquelaure (yvroquelaurechu-angersfr)1 Catherine Ha2 Sarah Messari1 Aline Meunier1 Natacha Fouquet12 Ellen Imbernon2

1 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France 2 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France

Lrsquohygroma du genou traduit une inflammation dela bourse seacutereuse preacute-patellaire agrave la face anteacute-rieure du genou drsquoeacutetiologie geacuteneacuteralement micro-traumatique En milieu de travail il survient lorsdrsquoaccroupissements ou drsquoagenouillementsprolongeacutes et reacutepeacuteteacutes sur des surfaces duressurtout en cas de charge importante de travailphysique Les carreleurs les charpentiers etcouvreurs les poseurs de revecirctements de solsles peintres en bacirctiment les plombiers et lesouvriers-fondeurs sont les plus concerneacutes [1-3]Lrsquohygroma du genou est indemniseacute en maladieprofessionnelle au titre du tableau 57 du Reacutegimegeacuteneacuteral et de son eacutequivalent (tableau 39) pourle reacutegime agricole Il repreacutesente entre 85 et90 des affections peacuteri-articulaires indemniseacuteesdes membres infeacuterieurs (700 agrave 800 cas sontindemniseacutes annuellement par le Reacutegime geacuteneacuteral[4]) principalement dans le secteur de laconstructionGracircce au reacuteseau de surveillance eacutepideacutemiologiquedes troubles musculo-squelettiques (TMS) mis enplace en 2002 par lrsquoInstitut de veille sanitaire lapreacutevalence des TMS et de leurs facteurs de risquedans la population salarieacutee des Pays de la Loirea pu ecirctre estimeacutee Lrsquoobjet de cet encadreacute est depreacutesenter les reacutesultats sur lrsquohygroma du genou

MeacutethodeEntre 2002 et 2004 gracircce agrave la participationvolontaire de 83 meacutedecins du travail repreacutesentant18 des meacutedecins du travail de la reacutegion 3 710salarieacutes acircgeacutes de 20 agrave 59 ans ont eacuteteacute inclus partirage au sort (2 162 hommes et 1 548 femmesacircge moyen = 387plusmn103 ans) Lrsquoeacutechantillon estglobalement repreacutesentatif des salarieacutes des entre-prises priveacutees ou publiques de la reacutegion avec uneleacutegegravere sous-repreacutesentation des femmes (42 vs46 dans la reacutegion)Lrsquohygroma du genou a eacuteteacute diagnostiqueacute selon unedeacutemarche clinique inspireacutee des critegraveres eacutetablis par

le programme europeacuteen Saltsa pour la surveil-lance des TMS du membre supeacuterieur [3] Lapreacutesence au cours des 12 derniers mois de symp-tocircmes au genou eacutetait rechercheacutee systeacutematique-ment agrave lrsquointerrogatoire En lrsquoabsence de symp-tocircmes le meacutedecin ne proceacutedait pas agrave lrsquoexamenclinique du genou Dans le cas contraire unhygroma eacutetait rechercheacute Le diagnostic eacutetait poseacutesi une douleur agrave la face anteacuterieure du genou aveceacutepaississement cutaneacute eacutetait preacutesente au momentde la consultation ou au moins pendant quatrejours au cours des sept derniers jours et si elleeacutetait associeacutee agrave une inflammation ou une douleuragrave la palpation de la bourse seacutereuse preacute-patellairePour tous les salarieacutes lrsquoexposition professionnelleet les anteacuteceacutedents meacutedicaux eacutetaient recueillis agravelrsquoaide drsquoun auto-questionnaire compleacuteteacute avant lavisite de meacutedecine du travail

ReacutesultatsAvec 21 cas diagnostiqueacutes chez 15 salarieacutes lapreacutevalence de lrsquohygroma du genou uni- (60)ou bilateacuteral est de 04 (IC95 [02-07]) pluseacuteleveacutee chez les hommes maximale chez ceux de20-29 ans (08 [02-21]) (tableau 1) La propor-tion drsquohygromas parmi lrsquoensemble des cas de TMSdes membres diagnostiqueacutes par les meacutedecins dutravail dans notre eacutetude srsquoeacutelegraveve ainsi agrave 33

Les secteurs les plus concerneacutes sont la construc-tion et lrsquoindustrie agro-alimentaire la preacutevalencede lrsquohygroma est la plus importante chez lesouvriers (08 [04-13] vs 02 [00-07] chez lesemployeacutes) notamment chez les ouvriers qualifieacutesde type artisanal (22) et les chauffeurs (17)(tableau 2)La preacutevalence est plus eacuteleveacutee lorsque la chargephysique de travail deacuteclareacutee eacutevalueacutee par lrsquoeacutechellede Borg est importante (13) (07 vs 01)Elle augmente avec la freacutequence de lrsquoagenouille-ment 01 03 07 et 36 chez respec-tivement les travailleurs jamais agenouilleacutesagenouilleacutes moins de 2 heures par jouragenouilleacutes de 2 agrave 4 heures par jour etagenouilleacutes au moins 4 heures au cours drsquounejourneacutee typique de travail

DiscussionDu fait des critegraveres diagnostiques retenus pourun trouble qui nrsquoest pas toujours douloureux etde la population couverte par lrsquoeacutetude (unique-ment les salarieacutes suivis par la meacutedecine du travailexcluant artisans et exploitants agricoles forte-ment exposeacutes au risque notamment les maraicirc-chers) la preacutevalence de lrsquohygroma du genou chezles actifs est tregraves vraisemblablement sous-estimeacutee par notre eacutetude La preacutevalence relative-

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 51

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

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Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

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FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

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Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

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Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

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ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 20: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Tableau 2 Preacutevalence de lrsquohygroma du genou selon les secteurs drsquoactiviteacute et les cateacutegories sociopro-fessionnelles Pays de la Loire France 2002-2004 Table 2 Prevalence of knee disorder by sectors andoccupational categories Pays de la Loire France 2002-2004

Nombre de sujets Preacutevalence () [IC 95]

Secteur drsquoactiviteacute NES 16EB - Agro-alimentaire (N=295) 4 14 [04 - 34]EE - Industrie des biens drsquoeacutequipement (N=236) 1 04 [00 - 23]EF - Industrie des biens intermeacutediaires (N=414) 1 02 [00 - 13]EH - Construction (N=214) 5 23 [08 - 53]EJ - Commerce (N=478) 1 02 [00 - 12]EN - Services aux entreprises (N=573) 2 03 [00 - 12]Cateacutegories socioprofessionnelles (PCS)3 - Cadres et professions intellectuellessupeacuterieures (N=288)

0 00

4 - Professions intermeacutediaires (N=829) 1 01 [00-07]5 - Employeacutes (N=986) 2 02 [00-07]6 - Ouvriers (N=1 586) 12 08 [04-13]63 - Ouvriers qualifieacutes de type artisanal (N=271) 6 22 [08-48]64 - Chauffeurs (N=119) 2 17 [02-59]

ment eacuteleveacutee estimeacutee dans notre eacutetude agrave partir dedeux cas seulement chez les chauffeurs nrsquoa paseacuteteacute retrouveacutee dans la litteacuterature scientifiqueBien que la preacutevalence observeacutee soit faible lapoursuite des efforts de preacutevention combinantdes mesures drsquoorganisation du travail et desprotections individuelles reste impeacuterative dans lessecteurs et professions du bacirctiment

Reacutefeacuterences

[1] Jensen LK Eenberg W Occupation as a risk factor forknee disorders Scand J Work Environ Health 199622165-75

[2] Jensen LK Mikkelsen S Loft IP Eenberg W Work-relatedknee disorders in floor layers and carpenters J OccupEnviron Med 2000 42835-42

[3] Coggon D Croft P Kellingray S Barrett D McLaren MCooper C Occupational physical activities and osteoarthritisof the knee Arthritis Rheum 2000 431443-9

[4] httpwwwrisquesprofessionnelsamelifratmp_media2009-MALADIES_PROFESSIONNELLES_DECLAREES_ET_RECONNUES_2004-2007pdf

Encadreacute - Les preacutevalences des troubles musculo-squelettiques issues du programme de surveil-lance des maladies agrave caractegravere professionnel en 2007 Box - Prevalence of musculoskeletaldisorders through the surveillance program for work-related diseases in 2007

Madeleine Valenty (mvalentyinvssantefr)1 Maeumllaiumlg Mevel1 Julie Homegravere1 Ceacuteline Le Naour1 Frank Riviegravere1 Annie Touranchet2 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire Saint-Maurice France

2 Inspection meacutedicale du travail Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle des Pays de la Loire (DRTEFP) Nantes France

Introduction

Le programme de surveillance des maladies agravecaractegravere professionnel (MCP) srsquoappuie sur unreacuteseau sentinelle de meacutedecins du travail quisrsquoengagent agrave signaler toutes les maladies impu-tables au travail rencontreacutees lors des visites meacutedi-cales durant des peacuteriodes de deux semaines [1]Ces peacuteriodes sont reacutepeacuteteacutees chaque semestre Lesdonneacutees recueillies baseacutees sur lrsquoexpertise enclinique meacutedicale du travail permettentdrsquoobtenir des preacutevalences de pathologies impu-tables au travail et notamment les preacutevalencesdes troubles musculo-squelettiques (TMS) [2]

Meacutethode

Les signalements anonymes comportent desinformations concernant les pathologies lesagents drsquoexposition professionnelle mis en causelrsquoacircge le sexe la profession et le secteur drsquoactiviteacutede lrsquoentreprise Sont eacutegalement recueillis leseffectifs et les caracteacuteristiques de lrsquoensemble dessalarieacutes vus lors des quinzaines par les meacutedecinsparticipants permettant drsquoobtenir le deacutenomina-teur neacutecessaire au calcul des preacutevalences Septreacutegions ont participeacute en 2007 Pays de la LoirePoitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-

Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute etAquitaine

Reacutesultats

Durant les quinzaines 2007 869 meacutedecins dutravail (taux de participation 32) ont vu enconsultation pregraves de 110 000 salarieacutes reacutepartis surlrsquoensemble des secteurs drsquoactiviteacute

Les TMS repreacutesentent la pathologie agrave caractegravereprofessionnel la plus souvent signaleacutee (preacuteva-lence de 35 chez les femmes et 29 chez leshommes) suivie par la souffrance psychique(preacutevalence de 23 chez les femmes et 11chez les hommes) La preacutevalence augmente aveclrsquoacircge Chez les femmes cette preacutevalence passede 11 pour les moins de 25 ans agrave 67 pourles 45-54 ans et chez les hommes de 07 agrave45

Les secteurs drsquoactiviteacute les plus concerneacutes sontchez les femmes les secteurs industriels (59)la santeacute-action sociale (39) et chez leshommes les secteurs de la construction (51)et des industries (38)

Les ouvriegraveres (preacutevalence 73) ont un risque10 fois plus eacuteleveacute de souffrir drsquoun TMS que lesfemmes cadres (07) il est 8 fois plus eacuteleveacute

chez les ouvriers (40) par rapport aux hommescadres (05)

Les localisations anatomiques les plus freacutequentessont le rachis lombaire et lrsquoeacutepaule pour les deuxsexes en troisiegraveme position viennent lessyndromes canalaires du membre supeacuterieur chezles femmes et les tendinites du coude chez leshommes (figure 1)

Dans la construction les hommes ont drsquoune part4 fois plus de risque de souffrir drsquoun TMS durachis lombaire que dans les services aux parti-culiers (figure 2) et drsquoautre part 37 fois plus derisque de souffrir drsquoun TMS de lrsquoeacutepaule que dansles services aux entreprises (figure 3)

Pour les femmes le risque de souffrir drsquoun TMSde lrsquoeacutepaule est 3 fois plus eacuteleveacute dans lrsquoindustrieque dans les services aux entreprises (figure 3)et 23 fois plus eacuteleveacute que dans les services auxparticuliers pour le syndrome canalaire (figure 4)

Discussion

Ce programme de surveillance geacuteneacuteraliste fournitdes preacutevalences des MCP par secteur drsquoactiviteacuteet par cateacutegorie socioprofessionnelle chez lessalarieacutes Contrairement aux statistiques drsquoindem-nisation des maladies professionnelles ougrave lesyndrome du canal carpien est la pathologie la

52 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

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Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 21: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Figure 1 Preacutevalence des troubles musculo-squelettiques selon le sexe et la localisation dans sept reacutegions franccedilaises 2007 Figure 1 Prevalence of musculoskeletal disorders by gender and location in seven French regions 2007

00

05

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25

Rachis lombaire Epaule Coude Syndrome canalaire

Localisation

Preacutev

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ce

FemmesHommes

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

FemmesHommes

Figure 2 Troubles musculo-squelettiques du rachis lombaire selon les principaux secteurs diacuteactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 2 Musculoskeletal disorders of the lumbar spine by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

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15

20

25

Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Education santeacute

action socialeSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 3 Troubles musculo-squelettiques de lrsquoeacutepaule selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 3 Musculoskeletal disorders of the shoulder by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action sociale

Services aux entreprises

et activiteacutes immobiliegraveresSecteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

FemmesHommes

Figure 4 Syndrome canalaire selon les principaux secteurs drsquoactiviteacute et le sexe dans sept reacutegions franccedilaises en 2007 Figure 4 Entrapment syndrome by main activity sectors and gender in seven French regions 2007

Pays de la Loire Poitou-Charentes Midi-Pyreacuteneacutees Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur Alsace Franche-Comteacute et Aquitaine

00

05

10

15

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Industries Construction Commerce Services aux particuliers

Eacuteducation santeacute action

sociale

Secteurs dactiviteacute

Preacutev

alen

ce

plus freacutequemment reconnue ce programmemontre que les TMS du rachis lombaire suivispar ceux de lrsquoeacutepaule sont les plus notifieacutes lessyndromes canalaires eacutetant la troisiegraveme localisa-tion chez les femmes et la quatriegraveme chez leshommes Les secteurs les plus concerneacutes sontpour les deux sexes les secteurs industriels etla construction chez les hommes et la santeacute chezles femmes Srsquoappuyant sur lrsquoexpertise meacutedicaledu travail ce programme srsquoinsegravere logiquement

dans la pratique quotidienne de la meacutedecine du

travail Il permet une surveillance des pathologies

imputables au travail les plus freacutequemment

rencontreacutees neacuteanmoins ses reacutesultats doivent ecirctre

reacuteguliegraverement confronteacutes agrave ceux de la surveil-

lance ad hoc des TMS permettant drsquoobtenir des

informations plus preacutecises et deacutetailleacutees et qui

reste le gold standard de la surveillance de ces

pathologies [3]

Reacutefeacuterences

[1] Valenty M Chevalier A Homegravere J Le Naour C MevelM Touranchet A et al Surveillance des maladies agrave caractegravereprofessionnel par un reacuteseau de meacutedecins du travail enFrance Bull Eacutepideacutemiol Hebd 200832281-4

[2] Huez D Riquet O Savoir-faire clinique et action en meacutede-cine du travail Arch Mal Prof Env 200869(2)373-9

[3] Roquelaure Y Ha C Leclerc A Touranchet A SauteronM Imbernon E et al Surveillance des principaux troublesmusculo-squelettiques et de lrsquoexposition au risque dans lesentreprises en 2002 et 2003 Bull Eacutepideacutemiol Hebd200544-45224-6

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 53

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 22: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Encadreacute - Sumer une enquecircte nationale sur les expositions professionnelles chez les salarieacutesBox - SUMER a French national survey on occupational exposures in employees

Bernard Arnaudo (bernardarnaudotravailgouvfr)1 Nicole Guignon2 Marine Cavet2

1 Direction reacutegionale du travail de la main drsquoœuvre et de la formation professionnelle Centre Orleacuteans France 2 Ministegravere du travail (Dares) Paris France

Lrsquoenquecircte Sumer geacutereacutee conjointement par la

Direction geacuteneacuterale du travail (Inspection meacutedi-

cale du travail) et la Direction de lrsquoanimation

de la recherche des eacutetudes et des statistiques

(Dares) du ministegravere chargeacute du travail dresse

un eacutetat des lieux des expositions des salarieacutes

aux principaux risques professionnels en

France

La force de cette enquecircte repose drsquoune part

sur lrsquoexpertise des meacutedecins du travail qui

administrent un questionnaire deacutetailleacute et

drsquoautre part sur le grand nombre de salarieacutes

enquecircteacutes ce qui permet de quantifier des

expositions relativement rares En 2003 plus

de 20 des meacutedecins du travail en exercice

soit 1 792 meacutedecins du travail volontaires ont

tireacute au sort 56 314 salarieacutes parmi les salarieacutes

qursquoils voyaient en visite peacuteriodique 49 984

drsquoentre eux ont reacutepondu

Lrsquoenquecircte Sumer couvrait en 1994 lrsquoensemble

des salarieacutes surveilleacutes par la meacutedecine du

travail du reacutegime geacuteneacuteral et du reacutegime agri-

cole En 2003 son champ a eacuteteacute eacutetendu aux

hocircpitaux publics agrave EDF-GDF La Poste la SNCF

et Air France

Parmi les 217 millions de salarieacutes 175

millions soit 80 sont repreacutesenteacutes par

lrsquoenquecircte 2003

Les expositions agrave des produits chimiques agrave

des agents biologiques ou agrave des contraintes

physiques sont recenseacutees sur la derniegravere

semaine travailleacutee afin de cerner au plus pregraves

la reacutealiteacute du travail des salarieacutes enquecircteacutes Pour

chacune de ces expositions la dureacutee hebdo-

madaire est preacuteciseacutee

Les expositions aux contraintesphysiques eacutevolution de 1994 agrave2003La progression la plus forte en termes depreacutevalence entre 1994 et 2003 concerne letravail sur eacutecran qui pour 20 heures parsemaine ou plus concerne 22 des salarieacutescontre 12 suivi du deacuteplacement agrave pied (42contre 36) et de la manutention manuellede charges (40 contre 38) Pregraves de 75millions de salarieacutes doivent ainsi en 2003(champ complet) soulever ou deacuteplacer descharges lourdes au sens de la deacutefinition euro-peacuteenne (deacutecret nordm92-958 du 3 septembre1992) La manutention manuelle de charge aumoins deux heures par semaine affecte 3 sala-rieacutes sur 10 les ouvriers y sont particuliegravere-ment exposeacutes (la moitieacute des ouvriers et le tiersdes ouvriegraveres) surtout ceux de la construction(un salarieacute de la construction sur quatre yconsacre plus de 10 heures) et les secteurs dutertiaire ne sont pas eacutepargneacutes notamment lecommerce de deacutetail et la santeacute Cette manu-tention manuelle de charge srsquoaccompagnesouvent de fortes contraintes posturales et derythmes de travail soutenus

En 2003 comme en 1994 un peu plus duquart des salarieacutes restent debout 20 heures ouplus par semaine et plus de la moitieacute dessalarieacutes des services personnels et domesti-ques ou des hocirctels et restaurants est toucheacutee

Toutes dureacutees confondues 16 des salarieacutesreacutepegravetent un mecircme geste ou une seacuterie de gestes(contre 20 en 1994) et pregraves de 10 dessalarieacutes le font 10 heures par semaine ou plusCes gestes reacutepeacutetitifs concernent autant lesfemmes que les hommes surtout des ouvrierset ouvriegraveres non qualifieacutes Les gestes reacutepeacutetitifsaffectent particuliegraverement les ouvriegraveres non

qualifieacutees de lrsquoindustrie Ils sont tregraves freacutequentsdans lrsquohabillement et le cuir (presque unsalarieacute sur deux) et agrave un moindre degreacute dansles services personnels et domestiques lesindustries des eacutequipements du foyer delrsquoagroalimentaire et lrsquoagriculture

Les contraintes cervicales (maintien drsquouneposition fixe de la tecircte et du cou 20 heuresou plus par semaine) affectent 10 des sala-rieacutes surtout les femmes employeacutees adminis-tratives et les cadres

En 2003 36 des hommes et 14 desfemmes conduisent un veacutehicule sur route dansle cadre de leur profession La conduite sedeacuteveloppe davantage pour les femmes

Les vibrations transmises aux membres supeacute-rieurs par des outils concernent en 2003 11des salarieacutes (contre 9 en 1994)

Au total les expositions aux contraintes physi-ques sont encore tregraves largement reacutepandues etcertaines drsquoentre elles se deacuteveloppent Danslrsquoensemble la preacutevalence des contraintes adavantage augmenteacute pour les cateacutegories deacutejagraveles plus exposeacutees crsquoest-agrave-dire pour les ouvrierset les employeacutes ainsi que dans lrsquoagriculture etla construction Les jeunes de moins de 25 anssont en geacuteneacuteral davantage exposeacutes auxcontraintes physiques un deacutesavantage quisrsquoest accentueacute en 10 ans

Pour en savoir plus

Dares Premiegraveres informations - Premiegraveres synthegraveseshttpwwwtravail-solidaritegouvfretudes-recherche-statistiques-daresetudes-recherchepublications-dares

- Lrsquoexposition aux risques et aux peacutenibiliteacutes du travail de1994 agrave 2003 Deacutecembre 2004 nordm 521

- La manutention manuelle de charges en 2003 Mars2006 nordm 113

- Contraintes posturales et articulaires au travail Mars2006 nordm 112

54 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

Page 23: Bulletin épidémiologique hebdomadairetravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/beh_TMS-05_06_2010.pdf · Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on

Bilan et perspectives du programme de surveillance eacutepideacutemiologique destroubles musculo-squelettiquesCatherine Ha1 (chainvssantefr) Yves Roquelaure2 Annie Touranchet3 Annette Leclerc4 Marcel Goldberg1 Ellen Imbernon1

1 Institut de veille sanitaire (InVS) Saint-Maurice France 2 Laboratoire drsquoergonomie et drsquoeacutepideacutemiologie en santeacute au travail - Uniteacute associeacutee InVS Universiteacute drsquoAngers France3 Direction reacutegionale du travail de lrsquoemploi et de la formation professionnelle Nantes France 4 Inserm Uniteacute 687 Villejuif France

Reacutesumeacute Abstract

Le programme pilote de surveillance eacutepideacutemiologique des troublesmusculo-squelettiques (TMS) deacuteveloppeacute dans la reacutegion des Pays de la Loirefecirctera bientocirct ses 10 ans Ce programme a largement contribueacute agrave la mesurede ce problegraveme majeur de santeacute au travail mesure jusqursquoalors essentiel-lement baseacutee sur les statistiques de reconnaissance en maladie profes-sionnelle de mecircme il a contribueacute agrave la mise en visibiliteacute dans le deacutebatsocial du poids des facteurs professionnels dans leur survenue Des pistesrestent agrave explorer pour rendre cette surveillance plus efficiente et plusreacuteguliegravere agrave lrsquoeacutechelon national Par ailleurs une reacuteflexion est engageacutee surla maniegravere dont on peut traduire pour les pouvoirs publics les entrepriseset le public les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie de faccedilon qursquoils puissentse les approprier agrave des fins de preacutevention Car preacutevenir de faccedilon durableles TMS et prendre en compte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS est un impeacuteratif de santeacute au travail et de santeacute publiquesur lequel doivent se mobiliser tous les acteurs de la preacutevention des risquesprofessionnels dans le cadre drsquoune politique structureacutee et coordonneacutee

Assessment and perspectives of the epidemiologicalsurveillance program of musculoskeletal disorders

The epidemiological surveillance pilot program for work-related musculos-keletal disorders (MSDs) implemented in Francersquos Pays de la Loire regionwill soon celebrate its 10th birthday This program has widely contributedto a better description of this leading cause of morbidity at work whichwas until recently mainly based on statistics of workers compensation dataIt has also contributed to make the burden of occupational factors morevisible in the social debate Other methods are currently explored to makethis surveillance even more efficient and regular on a national scale Inaddition a reflection is being conducted on the way of translating theepidemiological results in order to facilitate their use for prevention by theauthorities the companies and the public Preventing MSDs sustainably andtaking in charge the handicap of workers suffering from them is a must inoccupational and public health and all the actors of occupational risksprevention must be mobilised to conduct a coordinated and structuredpolicy

Mots cleacutes Key words

Troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail programme de surveillance eacutepideacutemiologique preacutevention Work-related musculoskeletal disorders epide-miological surveillance program prevention

Le programme de surveillancedes TMS bientocirct 10 ansLes troubles musculo-squelettiques (TMS) recou-vrent un grand nombre de pathologies speacutecifi-ques et non speacutecifiques drsquoorigine plurifactorielleet agrave forte composante professionnelle ce qui aneacutecessiteacute de mettre en œuvre un programmeassociant plusieurs approches compleacutementairesde surveillance eacutepideacutemiologique [12] Leprogramme pilote deacuteveloppeacute dans la reacutegion desPays de la Loire fecirctera bientocirct ses 10 ans etAngers accueillera en 2010 Premus la 7e confeacute-rence internationale sur les troubles musculo-squelettiques (encadreacute p 56) Gracircce agrave ceprogramme pilote des systegravemes de surveillanceont eacuteteacute deacuteveloppeacutes notamment celui des mala-dies agrave caractegravere professionnel devenu unprogramme agrave part entiegravere couvrant actuellement10 reacutegionsLe programme TMS a largement contribueacute agrave lamesure de ce problegraveme de santeacute en lien avec letravail mesure jusqursquoalors fondeacutee essentielle-ment sur les statistiques de reconnaissance enmaladie professionnelle Il a eacutegalement permisde mieux rendre visible le poids des facteursprofessionnels dans leur survenue et contribueacuteau deacutebat social Crsquoest ainsi que ses reacutesultats onteacuteteacute utiliseacutes par la commission institueacutee parlrsquoarticle L176-2 du Code de la Seacutecuriteacute socialepreacutesideacutee par un conseiller de la Cour des compteset chargeacutee drsquoestimer le coucirct de la sous-reacuteparation

des maladies professionnelles par la brancheaccidents du travail et maladies professionnellesde la Seacutecuriteacute sociale [3] Les reacutesultats de ceprogramme sont aussi drsquoun grand inteacuterecirct pournourrir les deacutebats en cours sur la reacutevision dutableau 57 des maladies professionnelles indem-nisables du Reacutegime geacuteneacuteral de seacutecuriteacute sociale(Affections peacuteri-articulaires provoqueacutees parcertains gestes et postures de travail)Ce programme a produit nombre de publicationset communications diffusant ainsi largement sesreacutesultats aussi bien aupregraves de la communauteacutescientifique internationale et de la communauteacutemeacutedicale qursquoaupregraves drsquoun public beaucoup pluslarge gracircce notamment aux reprises que lesmeacutedias en ont faites Par ailleurs il nrsquoa pasmanqueacute de deacutevelopper des collaborations avecdes eacutequipes de recherche Cette compleacutementariteacuteentre surveillance et recherche a permis parexemple de seacutelectionner dans le questionnairedestineacute aux salarieacutes les variables reacutesumant aumieux les contraintes physiques de leur travailafin de disposer drsquoun outil plus efficient desurveillance ou encore de participer agrave unereacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des interventions depreacutevention en milieu de travail [45] Les coopeacute-rations techniques doivent eacutegalement se pour-suivre Une illustration de ces coopeacuterations estcelle eacutetablie avec lrsquoInstitut national de rechercheet de seacutecuriteacute (INRS) pour mettre au point unvideacuteogramme de formation des meacutedecins du

travail au repeacuterage clinique preacutecoce des TMS dumembre supeacuterieur dans des populations detravailleurs Cet outil issu du consensus eacutetablidans le cadre du programme europeacuteen Saltsa etutiliseacute pour la premiegravere fois en France par leprogramme pilote des Pays de la Loire [6] seradisponible dans les prochains mois

Quelles pistes agrave venir pour mieuxreacutepondre aux enjeux de lapreacutevention Le programme TMS srsquoest eacutetendu en 2008 agrave lareacutegion Provence-Alpes-Cocircte drsquoAzur gracircce agravelrsquoengagement de la Cellule interreacutegionale drsquoeacutepi-deacutemiologie (Cire) dans le champ santeacute et travailDes pistes restent agrave explorer pour rendre cettesurveillance plus efficiente et plus reacuteguliegravere agravelrsquoeacutechelon national Crsquoest pourquoi lrsquoeffort seraeacutegalement porteacute sur lrsquoexploration de bases dedonneacutees existantes notamment celles des caissesdrsquoassurance vieillesse qui comportent desdonneacutees professionnelles ou sur lrsquoutilisation debases de donneacutees futures comme celle duprogramme Coset (cohorte santeacute travail) mis enœuvre par lrsquoInVS et constitueacute de donneacutees recueil-lies aupregraves drsquoactifs affilieacutes aux principaux reacutegimesde seacutecuriteacute sociale [7]Par ailleurs des travaux sont engageacutes pourconstruire agrave partir des donneacutees produites desindicateurs simples fiables et reproductiblesportant agrave la fois sur la freacutequence des TMS et des

BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010 55

expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

Retrouvez ce numeacutero ainsi que les archives du Bulletin eacutepideacutemiologique hebdomadaire sur httpwwwinvssantefrBEH

Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne

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expositions et sur le nombre de cas attribuablesau travail agrave lrsquoeacutechelle de la population franccedilaiseCes indicateurs se placent au cœur drsquounereacuteflexion plus large non speacutecifique agrave ceprogramme sur la maniegravere dont on peut traduirepour les pouvoirs publics les entreprises et lepublic les reacutesultats issus de lrsquoeacutepideacutemiologie drsquounefaccedilon qui leur soit compreacutehensible pour qursquoilspuissent se les approprier agrave des fins de preacuteven-tion Soulignons que gracircce agrave ce programme desindicateurs TMS ont eacuteteacute inclus dans le projet dereacuteforme de la loi de Santeacute publiqueReacuteduire lrsquoexposition au risque et prendre encompte les situations de handicap des salarieacutessouffrant de TMS sont des impeacuteratifs non seule-ment de santeacute au travail mais aussi de santeacutepublique Les TMS participent aux fortes ineacutega-liteacutes sociales de santeacute en France en raison de lasurexposition des ouvriers et des employeacutes ettoutes les conditions sont reacuteunies pour que les

difficulteacutes de maintien en emploi des salarieacutes lesplus fragiliseacutes et les plus exposeacutes deacutebordent ledispositif actuel de santeacute au travail et rendentcaducs les objectifs drsquoaccroissement du tauxdrsquoactiviteacute des seniors en France Reacutepondre agrave cesimpeacuteratifs repose sur une forte mobilisation delrsquoensemble des acteurs de la preacutevention desrisques professionnels (entreprises meacutedecins dutravail partenaires sociaux pouvoirs publics) etsur la mise en œuvre drsquoune politique structureacuteeet coordonneacutee de preacutevention durable des TMSLes donneacutees de surveillance sont essentielles agrave laconstruction de cette politique

Reacutefeacuterences

[1] Ha C Roquelaure Y Leclerc A Touranchet A GoldbergM Imbernon E The French Musculoskeletal DisordersSurveillance Program Pays de la Loire sNetwork OccupEnviron Med 200966471-9

[2] Ha C Roquelaure Y Touranchet A Leclerc A ImbernonE Goldberg M Le reacuteseau pilote de surveillance eacutepideacutemio-logique des TMS dans les Pays de la Loire objectifs et

meacutethodologie geacuteneacuterale Bull Epidemiol Hebd 200544-45219-21

[3] Rapport de la commission institueacutee par lrsquoarticle L 176-2du Code de la seacutecuriteacute sociale Juillet 2008httpwwwsecurite-socialefrcommunicationsrapportsdiricq08_diricqpdf

[4] Descatha A Roquelaure Y Evanoff B Niedhammer IChastang JF Mariot C et al Selected questions on biome-chanical exposures for surveillance of upper-limb work-related musculoskeletal disorders Int Arch Occup EnvironHealth 200781(1)1-8

[5] Coutarel F Veacutezina N Berthelette D Aublet-Cuvelier ADescatha A Chassaing K et al Orientations pour lrsquoeacutevalua-tion des interventions visant la preacutevention des troublesmusculo-squelettiques lieacutes au travail Pistes 200911(2)httpwwwpistesuqamcav11n2articlesv11n2a1htm

[6] Ha C Roquelaure Y Reacuteseau expeacuterimental de surveillanceeacutepideacutemiologique des troubles musculo-squelettiques dansles Pays de la Loire Protocole de la surveillance dans lesentreprises (2002-2004) Saint-Maurice Institut de veillesanitaire 2007 84 phttpwwwinvssantefrpublications2007protocole_tms_loireindexhtml

[7] Dossier theacutematique Cosethttpwwwinvssantefrsurveillancecoset

PREMUS 20107egraveme Congregraves international sur la preacutevention

des troubles musculo-squelettiques lieacutes au travail

29 aoucirct - 2 septembre 2010 Angers (France) wwwpremus2010org

Le congregraves PREMUS est organiseacute tous les 3 anssous lrsquoeacutegide du comiteacute scientifique ldquoMusculos-keletal disordersrdquo de la Commission interna-tionale de la santeacute au travail (ICOH-CIST)Apregraves Zurich en 2004 Boston en 2007 il setiendra en 2010 agrave AngersIl constitue le principal congregraves scientifiqueinternational consacreacute aux troubles musculo-

squelettiques des membres et du rachis lieacutes au

travail Ce congregraves pluridisciplinaire regroupe

des chercheurs speacutecialiseacutes sur la preacutevention

des TMS des membres et des lombalgies

(eacutepideacutemiologie biomeacutecanique ergonomie

sociologie) et des meacutedecins et praticiens

confronteacutes agrave leur preacutevention Il regroupe habi-

tuellement 400 agrave 450 chercheurs et praticiens

du monde entier

Le congregraves sera organiseacute sur le campus de

lrsquouniversiteacute drsquoAngers en centre ville La langue

officielle du congregraves sera lrsquoanglais mais une

traduction en franccedilais des principales sessions

scientifiques sera assureacutee

56 BEH theacutematique 5-6 9 feacutevrier 2010

La publication drsquoun article dans le BEH nrsquoempecircche pas sa publication ailleurs Les articles sont publieacutes sous la seule responsabiliteacute de leur(s) auteur(s) et peuvent ecirctre reproduits sans copyright avec citation exacte de la source

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Directrice de la publication Dr Franccediloise Weber directrice geacuteneacuterale de lrsquoInVSReacutedactrice en chef Judith Benrekassa InVS redactionBEHinvssantefrReacutedactrice en chef adjointe Valeacuterie Henry InVS redactionBEHinvssantefrSecreacutetaires de reacutedaction Jacqueline Fertun Farida MihoubComiteacute de reacutedaction Dr Sabine Abitbol meacutedecin geacuteneacuteraliste Dr Thierry Ancelle Faculteacute de meacutedecineParis V Dr Pierre-Yves Bello inVS Catherine Buisson InVS Dr Christine Chan-Chee InVSDr Sandrine Danet Drees Dr Anne Gallay InVS Dr Isabelle Gremy ORS Ile-de-France Philippe Guilbert Inpes Dr Rachel Haus-Cheymol Service de santeacute des Armeacutees Eacuteric Jougla Inserm CeacutepiDcDr Nathalie Jourdan-Da Silva inVS Dr Bruno Morel InVS Dr Sandra Sinno-Tellier InVS Heacutelegravene Therre InVSNordm CPP 0211 B 08107 - Nordm INPI 00 300 1836 - ISSN 0245-7466

Diffusion Abonnements Alternatives Eacuteconomiques12 rue du Cap Vert - 21800 QueacutetignyTeacutel 03 80 48 95 36Fax 03 80 48 10 34Courriel ddoreyalternatives-economiquesfrTarif 2009 France et international 62 euro TTCInstitut de veille sanitaire - Site Internet httpwwwinvssantefrImprimerie Europ Offset39 bis 41 avenue de Bonneuil - 94210 La Varenne