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16 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461 Une étude clinique de phase 1-2, centrée sur le CHU Henri-Mondor, la Faculté de médecine et des ins- tituts spécialisés de Créteil, avec la collaboration en France du CEA, de l’INSERM et du CHU de Toulouse et en Grande-Bretagne d’équipes spécialisées d’Oxford (biotech Oxford Biomedics), de Cambridge et de Londres, dotés d’une haute compétence en neurologie, est parue on line sur le site du Lancet, créant un écho médiatique consi- dérable – puisque c’est le premier essai de thérapie génique de la maladie de Parkinson. Par le passé, des tentatives de traitement de la paralysie agitante (shaking palsy) ont cherché à intervenir sur le cerveau : greffes intracérébrales de tissu surrénalien (résultat mitigé), stimulation profonde par sonde intracérébrale (si traitement pharmacologique en échec). L’élément-clé de cette étude est un vec- teur lentiviral, ProSavin ® , destiné à délivrer 3 gènes (codant des enzymes nécessaires à la synthèse de dopamine) aux neurones du striatum, zone cérébrale touchée par le déficit sécrétoire en dopamine, neu- rotransmetteur de la motricité normale. Il existe des traitements oraux de ce défi- cit, représentés par la L-dopa (précurseur de la dopamine), mais les molécules de cette classe thérapeutique ont une activité fluctuante et perdent in fine leur activité. L’étude franco-britannique de 12 mois, dirigée par le Pr Stéphane Palfi (Neurologie, Neurochirurgie, CHU Henri- Mondor, Créteil), visait essentiellement à évaluer sécurité, acceptabilité et effi- cacité, en termes de vectorologie, de ProSavin. Soit sa capacité à reprogram- mer la sécrétion optimale de dopamine après injection bilatérale interstriatale transcrânienne chez 15 patients (français et britanniques) de 48 à 65 ans, affectés d’une maladie de Parkinson depuis au moins 5 ans, subissant des fluctuations motrices de leur traitement avec réponse thérapeutique d’au moins 50 %, traite- ment suspendu en vue de l’étude. Trois dosages du vecteur ont été tes- tés au cours de l’étude, son efficacité étant évaluée à partir de l’échelle Unified Parkinson’s disease rating scale (UPDRS) part III, à 6 et 12 mois. Selon les investiga- teurs, aucun effet adverse sérieux n’a été observé, et ils concluent : ProSavin ® est sûr et bien toléré chez les patients avec Parkinson avancée, l’amélioration motrice a été observée chez tous les patients, en accord avec l’échelle UPDRS. QQ J.-M. M. Source : Long-term safety and tolerability of ProSavin, a lentiviral vector-based gene the- rapy for Parkinson’s disease : a dose escala- tion, open-label, phase 1/2 trial, The Lancet on line 10/1/2014, doi :10.1016/ S0140-6736(13)61939-X Pr Stéphane Palfi, et coll., AP-HP, Groupe Henri-Mondor/Albert- Chenevier, Neurochirurgie, 94010 Créteil. Essai déclaré sur http://ClinicalTrials.gov : NCT00627588 et NCT01856439. Première en thérapie génique de la maladie de Parkinson © Sandor Kacso BRÈVES Diabète de type 2 juvénile pire que diabète de type 1 Deux équipes australiennes (Maria Constantino et coll., Royal Prince Alfred Hospital, Sydney) ont évalué l’évolution et la survie du diabète de type 2 juvénile (young-onset type 2 diabetes) comparé au type 1 juvénile, à partir du registre du Royal Prince Alfred Hospital, ouvert en 1986, corrélé à l’index national de mortalité, jusqu’en juin 2011. Évolution et mortalité chez 824 patients : 354 sujets de type 2 apparu entre 15 et 30 ans ont été comparées avec celles de 470 sujets de type 1 apparu aux mêmes âges. Sur un suivi moyen de 21,4 ans (type 2) et de 23,4 ans (type 1), 71 des 824 patients (8,6 %) sont décédés. Il y a excès de mortalité dans le groupe type 2 (11 % vs 6,8 %), survenant après une durée plus courte du diabète et à un âge plus pré- coce, avec plus de décès cardiovasculaires (50 % vs 30 %). Neuropathie et complications macrovasculaires sont également augmentées. Le diabète de type 2 juvénile apparaît plus sensible aux facteurs de risque de létalité. Source : Diabetes Care 2013;12:3863-9. doi : 10.2337/dc12-2455. Génétique de la mort subite Une équipe néerlandaise (Roos F. Marsman et coll., Université d’Amsterdam) rappelle que la mort subite cardiaque (MSC) par arythmie ventriculaire à tachycardie incontrôlée (tachya- rythmie) est une cause majeure de mortalité cardiovasculaire. L’identification de variants gé- nétiques de morbidité a déjà permis d’améliorer la prise en charge et la compréhension des pathologies mendéliennes associées au risque de MSC. Le séquençage de l’ADN de nouvelle génération pourrait être une clé de l’identification de gènes associés à la MSC, mais la masse d’informations attendue… pourrait être difficile à interpréter. L’âge moyen de la MSC est de 65 ans et touche des sujets à problèmes cardiaques acquis. Les facteurs héréditaires sont largement inconnus mais ont probablement un rôle déterminant dans le risque de MSC. Plusieurs loci ont été iden- tifiés responsables de perturbations de l’ECG, ils pourraient permettre d’identifier des voies et des biomolécules perturbant la fonction électrique du myocarde. Source : Nat Rev Cardiol 2014;11:96-111. doi :10.1038/nrcardio.2013.186. © ehrenberg-bilder © evgenyatamanenko -

Brève : Génétique de la mort subite

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16 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461

Une étude clinique de phase 1-2,

centrée sur le CHU Henri-Mondor,

la Faculté de médecine et des ins-

tituts spécialisés de Créteil, avec la

collaboration en France du CEA, de

l’INSERM et du CHU de Toulouse

et en Grande-Bretagne d’équipes

spécialisées d’Oxford (biotech

Oxford Biomedics), de Cambridge

et de Londres, dotés d’une haute

compétence en neurologie, est

parue on line sur le site du Lancet, créant un écho médiatique consi-

dérable – puisque c’est le premier

essai de thérapie génique de la

maladie de Parkinson.

Par le passé, des tentatives de traitement de la paralysie agitante (shaking palsy) ont cherché à intervenir sur le cerveau : greffes intracérébrales de tissu surrénalien (résultat mitigé), stimulation profonde par sonde intracérébrale (si traitement pharmacologique en échec).L’élément-clé de cette étude est un vec-teur lentiviral, ProSavin®, destiné à délivrer 3 gènes (codant des enzymes nécessaires à la synthèse de dopamine) aux neurones du striatum, zone cérébrale touchée par le déficit sécrétoire en dopamine, neu-rotransmetteur de la motricité normale. Il existe des traitements oraux de ce défi-cit, représentés par la L-dopa (précurseur de la dopamine), mais les molécules de cette classe thérapeutique ont une activité fluctuante et perdent in fine leur activité.L’étude franco-britannique de 12 mois,

dir igée par le Pr Stéphane Palf i (Neurologie, Neurochirurgie, CHU Henri-Mondor, Créteil), visait essentiellement à évaluer sécurité, acceptabilité et effi-cacité, en termes de vectorologie, de ProSavin. Soit sa capacité à reprogram-mer la sécrétion optimale de dopamine après injection bilatérale interstriatale transcrânienne chez 15 patients (français et britanniques) de 48 à 65 ans, affectés d’une maladie de Parkinson depuis au moins 5 ans, subissant des fluctuations motrices de leur traitement avec réponse thérapeutique d’au moins 50 %, traite-ment suspendu en vue de l’étude.Trois dosages du vecteur ont été tes-tés au cours de l’étude, son efficacité étant évaluée à partir de l’échelle Unified Parkinson’s disease rating scale (UPDRS) part III, à 6 et 12 mois. Selon les investiga-teurs, aucun effet adverse sérieux n’a été observé, et ils concluent : ProSavin® est sûr et bien toléré chez les patients avec Parkinson avancée, l’amélioration motrice a été observée chez tous les patients, en accord avec l’échelle UPDRS.

J.-M. M.

Source : Long-term safety and tolerability of ProSavin, a lentiviral vector-based gene the-rapy for Parkinson’s disease : a dose escala-tion, open-label, phase 1/2 trial, The Lancet on line 10/1/2014, doi :10.1016/S0140-6736(13)61939-X Pr Stéphane Palfi, et coll., AP-HP, Groupe Henri-Mondor/Albert-Chenevier, Neurochirurgie, 94010 Créteil. Essai déclaré sur http://ClinicalTrials.gov : NCT00627588 et NCT01856439.

Première en thérapie génique de la maladie de Parkinson

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BRÈVES

Diabète de type 2 juvénile

pire que diabète de type 1

Deux équipes australiennes (Maria Constantino et coll., Royal Prince Alfred Hospital, Sydney) ont évalué l’évolution et la survie du diabète de type 2 juvénile (young-onset type 2 diabetes) comparé au type 1 juvénile, à partir du registre du Royal Prince Alfred Hospital, ouvert en 1986, corrélé à l’index national de mortalité, jusqu’en juin 2011.

Évolution et mortalité chez 824 patients : 354 sujets de type 2 apparu entre 15 et 30 ans ont été comparées avec celles de 470 sujets de type 1 apparu aux mêmes âges. Sur un suivi moyen de 21,4 ans (type 2) et de 23,4 ans (type 1), 71 des 824 patients (8,6 %) sont décédés. Il y a excès de mortalité dans le groupe type 2 (11 % vs 6,8 %), survenant après une durée plus courte du diabète et à un âge plus pré-coce, avec plus de décès cardiovasculaires (50 % vs 30 %). Neuropathie et complications macrovasculaires sont également augmentées. Le diabète de type 2 juvénile apparaît plus sensible aux facteurs de risque de létalité.

Source : Diabetes Care 2013;12:3863-9. doi : 10.2337/dc12-2455.

Génétique de la mort subite

Une équipe néerlandaise (Roos F. Marsman et coll., Université d’Amsterdam) rappelle que la mort subite cardiaque (MSC) par arythmie ventriculaire à tachycardie incontrôlée (tachya-rythmie) est une cause majeure de mortalité cardiovasculaire. L’identification de variants gé-nétiques de morbidité a déjà

permis d’améliorer la prise en charge et la compréhension des pathologies mendéliennes associées au risque de MSC. Le séquençage de l’ADN de nouvelle génération pourrait être une clé de l’identification de gènes associés à la MSC, mais la masse d’informations attendue… pourrait être difficile à interpréter. L’âge moyen de la MSC est de 65 ans et touche des sujets à problèmes cardiaques acquis. Les facteurs héréditaires sont largement inconnus mais ont probablement un rôle déterminant dans le risque de MSC. Plusieurs loci ont été iden-tifiés responsables de perturbations de l’ECG, ils pourraient permettre d’identifier des voies et des biomolécules perturbant la fonction électrique du myocarde.

Source : Nat Rev Cardiol 2014;11:96-111. doi :10.1038/nrcardio.2013.186.

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