Bainville Histoire deux peuples.odt

8/12/2019 Bainville Histoire deux peuples.odt

1/131


2/131

Jacques Bainville

Histoire de deux peuples continue jusqu Hitler.

Paris: Arthme a!ard" #diteur" $%&'" ('' pp. Premire pu)lication" $%$' par *a+ocit ,ran-aise d#dition et de *i)rairie.


3/131

a)le des matires

Avant/propos de lauteur" avril $%$'/avril $%00

1hapitre 2. *a monarchie hrditaire des 1aptiens et l3anarchieallemande

1hapitre 22. *es traits de 4estphalie : l3anarchie allemandeor5anise et la scurit de la rance 5arantie1hapitre 222. *a rance entre la Prusse et l3Autriche1hapitre 26. *a 7volution et l38mpire prparent l3unit allemande1hapitre 6. 9 *a politique que le peuple la)orait depuis $$' ;

nous conduit +edan1hapitre 62. *a catastrophe1hapitre 622. *e rveil de la 4al


4/131

Histoire de deux peuples continue jusqu Hitler

Avant/propos

de lauteur, avril 1915-1933

7etour la ta)le des matires

1e livre est" en somme" une histoire 5rands traits de notre pa!s.

=uand on tudie les rapports de la rance avec le reste de l38urope"on s3aper-oit que la plus 5rande t>che du peuple ,ran-ais lui a timpose par le voisina5e de la race 5ermanique. Avec nos autresvoisins" An5lais" 8spa5nols" 2taliens" s3il ! a eu des con,lits" il ! a euaussi des tr?ves dura)les" de lon5ues priodes d3accord" de scurit etde con,iance. *a rance est le plus socia)le de tous les peuples. 2l le,aut )ien pour qu3 certains moments nous a!ons eu" et asse@lon5temps" l3Allema5ne elle/m?me dans notre alliance et dans notreamiti. 2l est vrai que c3tait aprs l3avoir vaincue. 2l est vrai que c3tait

aprs de lon5s e,,orts" de durs travaux qui nous avaient permis de luiretirer" avec la puissance politique" les mo!ens de nuire. 1ar le peupleallemand est le seul dont la rance ait toujours d s3occuper" le seulqu3elle ait toujours eu )esoin de tenir sous sa surveillance.

ne ide domine ce livre. Cous pouvons m?me dire qu3elle nous ao)sd tandis que nous crivions ces pa5es sous leur ,orme premire.

*e sol de la rance tait occup par l3ennemi qui se tenait" dans sestranches" quatre/vin5ts


5/131

Pourquoi 8tait/ce l3oeuvre du hasard ou )ien une ,atalit veut/elleque" tous les quarante/quatre ans" l3Allema5ne se rue sur la rance

*orsqu3on se pose ces questions" la curiosit historique est veille.*a r,lexion l3est aussi...

8n suivant la chaKne des temps" nous suivions la chaKne desresponsa)ilits et des causes. 1omme nous sommes lis les uns auxautres I 1omme il est vrai" selon le mot d3Au5uste 1omte" que lesvivants sont 5ouverns par les morts I our tour" les ran-ais ontrecueilli le ,ruit de la sa5esse de leurs devanciers et sou,,ert de leurserreurs. Cous n3chappons pas cette loi de dpendance. 1omprenonsdu moins comment elle a5it " c3est l3o)jet de cet ouvra5e.

Cous n3avons eu qu3 continuer l3histoire des deux peuples jusqu3la date oL nous sommes aujourd3hui pour qu3on vKt encore que toutesles ,autes se pa!ent et que les plus 5raves tiennent aux ides. +url3Allema5ne" on a commis mprise sur mprise. *e )ilan" pour le

pass" en est tra5ique. =uel sera celui de l3avenir

J. B.

Avril $%$'/avril $%00.


6/131


1hapitre 2

*a monarchie hrditaire

des 1aptiens et l3anarchieallemande


s que la persvrance de plusieurs 5nrations captiennes eutcommenc de donner la rance une ,i5ure" le pro)lme des,rontires de l38st se posa. *e ro!aume" a!ant 5randi" se heurtaitsoudain un monde hostile. *3Allema5ne montait la 5arde devant le7hin" et c3tait vers le 7hin qu3il ,allait tendre pour que l3oeuvre ,tacheve" classique" pour qu3elle satis,Kt la raison. *3instinct des che,s

poussait les dues de rance" hritiers de la tradition 5allo/romaine" re,aire la Eaule de 1sar. 8t dj il se rvlait que" vers la Eermanie"

la lutte serait di,,icile et lon5ue... +i lon5ue" si di,,icile" qu3au MMesicle" loin d3?tre acheve" elle aura repris dans les conditions les plusinhumaines" les plus terri)les qui se soient vues depuis les invasions

)ar)ares. +ur cinq cNts de l3hexa5one" les successeurs de Hu5ues1apet avaient donn la rance sa ,orme et ses limites. 2ls ont disparuavant d3avoir achev leur t>che. 8t l3oeuvre de tant d3annes a m?me


7/131

t entame" compromise" sur cette ,rontire du Cord/8st oL la nation,ran-aise avait port si lon5temps son e,,ort.

*a menace an5laise a exist plusieurs moments de notre histoire :elle n3est pas la plus 5rave pour la rance. *3An5lais a eu plus d3une,ois des intr?ts communs avec nous. 8ntre/t/il en con,lit" passe/t/ilson canal" on peut le jeter la mer" le 9 )outer hors du ro!aume ;" le

prier de rester dans son Kle. Dais l3Allemand 2l vit avec nous porte porte. 2l voisine" il communique avec nos valles et nos rivires.aites re,luer sur ce point la masse 5ermanique : avec sa plasticit"elle a,,luera sur un autre point. *a rance est en pril d3invasion tantqu3elle ne possde pas ces ,rontires que l3on a trs vite appeles des,rontires naturelles parce que ce sont nos ,rontires ncessaires. *a

rance n3est pas en sret tant que le voisina5e de l3Allema5ne psesur elle" tant que les armes allemandes se trouvent quelques joursde marche de Paris. *a rance" jusqu3en temps de paix" est menace

par ce peuple proli,ique et mi5rateur" toujours pr?t lo5er dans le niddes autres. Dais l3Allema5ne" de son cNt" se croit atteinte" se croit

)lesse" si elle est re,oule au del du 7hin" si elle a)andonne l3ascendant de la lan5ue et de la civilisation ,ran-aise les colonies5ermaniques ,ixes sur l3ancien domaine de la Eaule impriale. Ainsile ro!aume de *othaire a 5ard au cours des sicles son caractre de

territoire contest. outes les solutions essa!es" toutes lescom)inaisons politiques mises en oeuvre" n3ont pu rsoudre le vieuxcon,lit. Pa!s/Bas de $$'" 5rand/duch de *uxem)our5" terred38mpire : ces inventions qui succdaient aux anciennes villes siclairement nommes 9 de la )arrire ; et qui marquent aujourd3huinotre limite" ont t l3ori5ine de simples compromis. 1es sortesd38tats tampons ont pu devenir des nations dans toute la ,orce duterme" comme la Bel5ique vient de le prouver ma5ni,iquement.1ependant les marches de l38st et du Cord/8st restent des champs de

)ataille que jamais on n3a russi neutraliser d3une manire d,initive.

e Bouvines +edan et la Darne" vin5t ,ois le peuple ,ran-ais etle peuple allemand se sont a,,ronts. Dais les 5uerres" les com)atsn3ont t que les clats d3une rivalit permanente. urant lesarmistices" d3une tendue souvent considra)le" la politique et ladiplomatie poursuivaient l3e,,ort des armes au repos" tendaient" touten prenant des avanta5es" supprimer le risque de 5uerre" rduire le


8/131

rival l3impuissance. 2ci" de trs )onne heure" 5r>ce des conditionspolitiques particulires" ce ,ut la rance qui prit le pas sur l3ennemi.

8conomes du san5 ,ran-ais" les 5ardiens hrditaires de notrescurit devaient mettre pro,it toutes les circonstances quidsarmeraient le colosse 5ermanique" le diviseraient contre lui/m?me"dtourneraient son attention. 1es circonstances" on les provoquerait au

)esoin. *e ro!aume d3Allema5ne avait" l3ori5ine" une ,orte avancesur le ro!aume de rance. *3#tat 5ermanique tait m?me adulte avantqu3il exist>t un 8tat ,ran-ais. 2l ,allut t>ter tous les d,auts de la5i5antesque cuirasse" pratiquer d3opportunes interventions dans lestrou)les" querelles et em)arras de l3Allema5ne. 2l ,allut se m?leractivement la politique intrieure allemande. 13est ainsi que s3est

,orme l3histoire d3une lutte incessante" tendue sur la srie des sicles.mais oL" les 5uerres d3extermination ne se concevant pas entre

populations si nom)reuses" c3taient le calcul et l3intelli5ence quidevaient l3emporter. es deux nations" celle qui aurait le meilleurcerveau 5a5nerait la partie.

*e 5nie minemment raliste des 1aptiens" ha)ile se servir desvnements" apte s3instruire des expriences" ne s3tait pas trompsur la manire dont il convenait de traiter le pro)lme allemand. *a

preuve que les 1aptiens avaient vu juste" ce sont les rsultats atteints"rsultats prodi5ieux si l3on rapproche les points de dpart" si l3oncompare l3hum)le duch de rance au puissant ro!aume d3Allema5nequi tait comme le rsidu de l38mpire carolin5ien... =ue la monarchie,ran-aise" dans les applications" ait commis quelques ,autes" qu3ellen3ait pas t in,ailli)le" nul n3en sera surpris. 1e qui ,rappe" c3est que

jamais elle n3ait persvr dans l3erreur et surtout qu3elle n3ait ni varisur les principes" ni perdu de vue le )ut atteindre. *es coups de )arremaladroits ont t rpars temps" la marche redresse au premiersi5ne qu3on ,aisait ,ausse route. Cous trouverons deux moments" dans

l3histoire diplomatique de l3ancien r5ime" oL de lourdes erreurs ont,ailli tout 5>ter. 13est sous *ouis M222" la )ataille de la Donta5neBlanche" et sous *ouis M6" la premire 5uerre de +ept Ans. 8nd,initive rien n3a t compromis parce que le principe directeur" si onavait pu l3interprter mal" n3avait jamais t mconnu.

*


9/131

* *

13tait un )ien petit sei5neur que le roi de rance des premires

5nrations captiennes en ,ace du puissant 8mpereur romain denation 5ermanique" hritier de 1harlema5ne" successeur des 1sars"9 moiti de ieu ;" et qui prtendait la su@erainet dans tout lemonde chrtien. 2l ! eut un sicle oL cette prtention ,aillit devenirune ralit" oL l3on crut que le +aint/8mpire dominerait la chrtienttout entire. Jusqu3alors la couronne impriale tait reste lective.Bar)erousse et ses successeurs" qui reprsentaient l3ide allemandeaux M22e et M222e sicles comme les Hohen@ollern l3ont reprsente denos jours" avaient entrepris de ,onder l3unit de tous les pa!sallemands pour tendre ensuite leur domination l38urope. *e premier

point de ce pro5ramme consistait consolider le pouvoir imprial.Privs du )n,ice de l3hrdit" usu,ruitiers d3une couronne lectivequi" chaque chan5ement de r5ne" remettait toutes choses enquestion" les Hohenstau,en ne cro!aient pas l3accomplissement deleurs vastes projets. *a transmission directe et par hrita5e de lacouronne leur tait apparue comme la condition m?me de la puissance

politique.

1ependant la monarchie captienne" dont les modestes d)uts

n3avaient veill la jalousie ni l3attention de personne" tait djparvenue s3a,,ranchir de l3lection. s la cinquime 5nration" lessuccesseurs de Hu5ues 1apet avaient russi a prendre cet avanta5e.Aussi" se sentant )ien en selle" ils tournaient les !eux vers la landre"vers la *orraine" vers toutes ces terres d38mpire qu3ils considraientavec raison comme terres ,ran-aises. 8n m?me temps un instinct sravertissait les 1aptiens que" si les rois d3Allema5ne devenaient aussiindpendants qu3eux/m?mes" s3il arrivait que le Hohenstau,en entr>t en

possession de ce privil5e du droit hrditaire qui ,aisait leur propre,orce" la jeune rance serait menace d3un pril 5rave" l3avenir de la

d!nastie cre par Hu5ues se trouverait peut/?tre jamais compromis.

13tait un premier intr?t que lsait dans la personne des rois derance l3am)ition des Hohenstau,en. +ervis par une ,orce qui n3tait

plus n5li5ea)le" appu!s sur une nation qui tous les jours prenaitmieux conscience d3elle/m?me" les 1aptiens taient dj de taille opposer des di,,icults srieuses au dessein de leurs rivaux allemands.


10/131

Dais il ! avait ailleurs" en 8urope" une puissance qui" elle aussi" sesentait atteinte par l3am)ition des hritiers de 1harlema5ne. *e Papene pouvait admettre que l38mpereur" son associ dans le

5ouvernement du monde" s3a,,ranchKt du pacte commun. *a premire9 moiti de ieu ;redoutait vivement que la seconde pt la rduire enesclava5e" rompKt l3quili)re du spirituel et du temporel. *e pouvoirimprial tait soumis la dou)le servitude de l3lection et du sacre.*3#5lise pressentait qu3une ,ois a,,ranchi de la premire ,ormalit"l38mpereur chercherait luder la seconde. *3exprience lui avait5alement appris craindre pour sa propre indpendance que le +aint/8mpire romain 5ermanique ne devKnt trop ,ort. 8t elle comprenait quele )n,ice de l3hrdit apporterait l38mpereur un ,ormida)leaccroissement de puissance.

13est pourquoi le +aint/+i5e pensa" comme la jeune ro!aut,ran-aise" qu3il importait d3arr?ter net l3am)ition des Hohenstau,en. AParis et 7ome" on opta pour le statu quo O en Allema5ne" la prudencecommanda de s3opposer la 5rande trans,ormation politique r?ve parl38mpereur. ne rencontre devait naturellement se produire" unealliance" se nouer entre ces deux intr?ts identiques. Ainsi naissait unecommunaut de vues destine durer travers les sicles" mal5r lesaccidents" les passions" les malentendus" les circonstances aussi" qui

ont pu quelque,ois sparer 7ome de la rance" sans jamais )risercompltement un lien ,orm par la nature des choses et les ncessitsde la politique.

errire cet e,,ort des Hohenstau,en pour acqurir l3hrdit" il n3!avait rien d3autre" en somme" que le dessein d3achever le ro!aumed3Allema5ne. 13tait la question de l3unit allemande qui se posait l38urope du mo!en >5e" comme elle s3est pose l38urope de la7enaissance et l38urope contemporaine. 13tait le pril de la

puissance 5ermanique 5randie l3excs qui e,,ra!ait dj les esprits

politiques. Aussi les rsistances qui vinrent du dehors au projetimprial posrent/elles un principe en perptuant et en a55ravant ladivision et l3anarchie de l3Allema5ne. 1e ,ut" ds ce moment"l3intervention de l3tran5er" ce ,urent les com)inaisons de ladiplomatie qui maintinrent 9 les Allema5nes ; dans l3tat de

particularisme oL les avait introduites le morcellement ,odal" tatsin5ulirement a55rav par le r5ime de la monarchie lective" en


11/131

sorte que" ds le mo!en >5e" ds avant le 5rand 2nterr5ne"l3Allema5ne rpondait la d,inition qu3en donnait plus tard rdric22 : 9 ne no)le 7pu)lique de princes. ; 1ar si l3Allema5ne / de

m?me que l32talie / est reste si lon5temps miette" ce n3est pasqu3une m!strieuse ,atalit l3ait voulu. 2l n3est pas moins ,auxd3accuser la con,i5uration du sol" le caractre des peuples. 1es sortesde prdestinations sont purement ima5inaires. *3Allema5ne" l32talie"ont prouv depuis quarante ans que l3unit tait dans leur nature autantque le particularisme. *32talie a des limites aussi nettes que celles del3Allema5ne sont imprcises. 8t cependant l3une et l3autre ont

pareillement connu tour tour le r5ime d3un 5ouvernement unique etle r5ime des innom)ra)les souverainets. 13est D : 8rnest *avissequi en a ,ait la remarque : au Me sicle" de tous les pa!s qui avaient

,orm l3hrita5e de 1harlema5ne" l3Allema5ne sem)lait 9 le plusproche de l3unit ;. 1ette unit presque ,aite se d,it. 8lle taitmanque d,initivement un peu plus tard" et ses chances ne devaient

plus reparaKtre que dans les temps modernes. quoi a tenu cettedestine quoi a tenu cet chec 13est encore D. *avisse quil3o)serve : l3Allema5ne" aux temps de sa dcadence n3a pas trouv9 cette continuit dans l3action monarchique par laquelle d3autres pa!s,urent constitus en 8tats qui devinrent ensuite des nations ;.

andis qu3en rance la ,onction ro!ale arrivait la plnitude de sese,,ets" la monarchie allemande se heurtait toutes sortes de di,,icultset d3o)stacles. Cous avons entrevu les inimitis qui" de )onne heure"s3taient leves contre elle au/dehors. l3intrieur" les adversairesqu3elle rencontra ne ,urent pas moins redouta)les. *3hrdit avait pus3ta)lir sans peine dans la race de Hu5ues 1apet qui ne portait encoreom)ra5e personne" qui tait )eaucoup moins puissante que maintes,amilles de 5rands ,eudataires. Dais la maison de Hohenstau,en" aumoment oL elle voulut s3a,,ranchir des lecteurs et de leur contrNle" ne

pouvait se ,latter de l3avanta5e de passer inaper-ue. j elle tait

redouta)le. 8lle tait soup-onne en 8urope de viser l3empire dumonde" en Allema5ne de viser au pouvoir a)solu. +on clat ,it sa,ai)lesse. Ainsi arriva/t/il plus tard aux Ha)s)our5 avec 1harles/=uint et ses successeurs" tandis que les modestes marquis deBrande)our5 n3veillaient encore la m,iance que de quelques raresesprits lon5ue porte.


12/131

Qn comprend ds lors comment toute tentative de l38mpereur poura,,ranchir sa couronne de l3lection devait unir contre lui les diverslments qui crai5naient de voir s3lever en Allema5ne un pouvoir

,ort. l3intrieur" l3ide m?me de l38tat" reprsente par la monarchie"rencontrait" / aventure qui s3est rpte cent ,ois" en Allema5ne" enrance" partout" / la rsistance des intr?ts particuliers" attachs ladouce ha)itude de prosprer aux dpens de l3intr?t commun" ennemisdu )ien 5nral et de la condition du )ien 5nral qui estl3indpendance de l38tat. +ei5neurs de toute taille" princes" ducs"

)ur5raves" rhin5raves" toute cette poussire de d!nastes allemands dumo!en >5e" redoutait" haRssait la d!nastie unique qui et limit les

pouvoirs des petites souverainets. Pareillement" les princesecclsiastiques" les oli5archies marchandes" la Hanse" les villes li)res"

les dmocraties pa!sannes Sdont les cantons suisses sont les vesti5esT"les pices in,iniment diverses" en,in" de la mosaRque allemande"tenaient conserver une li)ert ,ructueuse. Qn se disait" par un calcul

)ien humain" qu3il ! a un pro,it tirer de chaque lection aussilon5temps que le pouvoir reste lecti,. *3lection" qu3elle ait lieu ausu,,ra5e universel ou au su,,ra5e le plus restreint qu3on puisseconcevoir" est une a,,aire" un march" un placement. 8lle a m?me uncaractre d3chan5e d3autant plus commercial que le nom)re desvotants est moins 5rand et que le vote a plus de poids. ra,iquant de

leur )ulletin sans ver5o5ne pour o)tenir chaque lection d38mpereurquelque avanta5e politique ou matriel" les 8lecteurs du +aint/8mpireretenaient de toute leur ner5ie l3instrument de leur in,luence et lamarque de leur di5nit. 1eux m?me d3entre les princes qui n3avaient

pas voix au chapitre oL tait proclam le 1sar conspiraient en ,aveurde l3lectorat" d3oL ils attendaient du moins le maintien de leur

privil5e et de leurs li)erts.

Ainsi l38mpereur allemand" 8mpereur lu" ne disposait que d3uneautorit peu prs nominale" rendue plus prcaire par les

marchanda5es et par les concessions" par les pour)oires pa!s chaque tour de scrutin. Plus les lections se renouvelaient" pluss3a,,ai)lissait l3autorit impriale. Bonne chance pour le roi de rancequi se sentit de )onne heure l3ami naturel de ces )arons" de cesrpu)liques )our5eoises" de ces prlats" 5alement opposs auxdesseins de l38mpereur et ,aciles distraire du ,aisceau des ,orces5ermaniques.


13/131

8t comment le roi de rance n3et/il pas encore t l3alli de cetteautre puissance qui" du dehors" joi5nait ses ,orces celles des

particularistes d3Allema5ne pour conserver l38mpire un caractrelecti, et rpu)licain *e Pape" entr de )onne heure en querelle avecl38mpereur" se trouvait par l en communaut d3intr?ts avec le roi derance. 1ette communaut d3intr?ts devint asse@ vite communautd3ides. 9 enir sous main les a,,aires d3Allema5ne en la plus 5randedi,,icult qu3on pourra ;" devait dire" trois sicles plus tard" unconseiller du roi Henri 2* 1ette maxime" Philippe Au5uste se l3taitdj ,ormule lui/m?me tandis qu3un ponti,e" dou du plus )rillant5nie diplomatique" composait" contre les menaces du pouvoirimprial" un plan de d,ense et d3attaque destin" en dpit d3une erreur

initiale" au succs.

*3alliance du roi de rance et d32nnocent 222 ne rsulta d3aucuneide prcon-ue. *es vnements la dterminrent. ans ces sicles oLl3on a pris l3ha)itude de voir le r5ne sans parta5e du m!sticisme et la

prdominance du sentiment" la politique avait plus de ,roideur" plus decalcul" moins de dsintressement qu3on ne pense. 1e ,ut seulement la suite de plusieurs tentatives en sens divers que se rejoi5nirent la

politique de Paris et la politique de 7ome. Philippe Au5uste" aprs

avoir son5 pour lui/m?me la couronne impriale" soutint d3a)ord uncandidat l38mpire qui n3tait pas celui du Pape. *3vnement prouvaque le roi de rance avait eu raison de repousser cet Qthon deBrunsUic< que le +aint/+i5e russit ,aire lire. 9 ,ie@/vous de cethomme" disait Philippe Au5uste au Pape. 6ous verre@ comme il vousrcompensera de ce que vous ,aites pour lui. ; *e 1aptien avait desrieux moti,s" en e,,et" de redouter qu3un neveu de Jean sans erre"un alli de ses 5rands ennemis les Planta5enets" ne r5n>t enAllema5ne. 2l put se rassurer quand il vit Qthon" ce qui ne tarda 5ure"rouvrir l3ternel con,lit du +acerdoce et de l38mpire" entrer en lutte

avec la papaut" et" peine couronn" envahir le patrimoine de +aint/Pierre. Alors 2nnocent 222 reconnut que Philippe Au5uste avait euraison" que le roi de rance avait t )on prophte" et il rclama sonassistance. *e 1aptien tait peu dispos d5arnir son arme : il secontenta d3assurer la curie romaine qu3il tait d3accord avec elle" et dslors les deux diplomaties s3appu!rent. 1ontre Qthon excommuni"7ome et Paris eurent le m?me candidat l38mpire : rdric" un


14/131

Hohenstau,en" il est vrai" mais ju5 ino,,ensi, cause de son jeune>5e. 8t c3est Bouvines que se joua la partie dcisive" Qthon a!antcompris qu3il importait d3a)attre Philippe Au5uste pour ruiner son

rival et pour atteindre 2nnocent 222. Au moment de livrer cette )ataillequi dcidait du sort de son ro!aume" le 1aptien" de son cNt" nen5li5eait pas la ,orce que lui apportait son alliance avec le +aint/+i5e. 2l s3en recommandait hautement auprs de ses vassaux" prenaitsoin de trou)ler l3adversaire en se proclamant champion de l385lise etde la ,oi. *a victoire ,it tom)er entre ses mains l3ai5le d3or et ledra5on" s!m)oles de l38mpire. 2l les envo!a rdric dont la d,aited3Qthon ,it un 8mpereur" mais l38mpereur le plus soumis 7ome" le

plus limit dans son pouvoir que l3on et encore vu. *a victoire deBouvines" ,ruit d3une ha)ile diplomatie" li)rait la rance. 8lle

marquait aussi l3entre de la monarchie ,ran-aise dans la 5randepolitique europenne.

2nnocent 222 et Philippe Au5uste l3avaient emport en m?me temps.ne coalition ,ranco/romaine avait )ris la puissance impriale. Ainsinaissait de l3exprience un principe d3quili)re europen" tout l3avanta5e de la nation ,ran-aise et qui ne devait pas cesser" traversles sicles" de prouver sa )ien,aisance. 7ome et la rance taientrunies par un m?me intr?t contre une Allema5ne trop ,orte. 8t ce

qui tait vrai au M222e sicle l3est rest au M2Me. +edan ,ait la contre/partie de Bouvines. Qn a vu" quand le pouvoir ponti,ical ,ut tom)" leroi de rance tant loin du trNne" un 8mpire allemand hrditaire

proclam 6ersailles. elle est la chaKne d3airain oL s3attachent les5randes dates de notre histoire.

Prs de cent ans aprs Bouvines" le pro)lme allemand se posait denouveau et dans des termes presque identiques" la monarchie,ran-aise. Dais" durant le M222e sicle" la puissance captienne s3taitaccrue autant qu3avait encore )aiss la ,orce allemande. Philippe le

Bel" continuant la politique de Philippe Au5uste" n3avait plus" 5r>ce la victoire de $($&" le pril d3une invasion craindre. l3entreprisemthodique de division et d3a,,ai)lissement de l38mpire dj pratique

par son prdcesseur" il n3eut )esoin que d3appliquer les ressources dela diplomatie. 13est pourquoi" aux prtentions et l3ultimatumd3Adolphe de Cassau" Philippe le Bel se contenta de rpondre" d3unmot qui mriterait d3?tre plus cl)re : 9 rop allemand. ; *es


15/131

Chroniques de Saint-Denis rapportent cette anecdote" presqueinconnue et que tous les en,ants de rance devraient apprendre l3cole" en ces termes d3une spirituelle ironie : 9 =uand le ro! de

rance ot receues ces lettres" si manda son conseil par 5rantdeli)eracion et leur requist la response des dites lettres. antost leschevaliers se dpartirent de court et vindrent leur sei5neur SAdolphede C.T" lui )aillrent la lettre de response O il )risa le scel de la lettrequi moult estoit 5rant. 8t quand elle ,ut ouverte" il n3! trouva riensescript" ,ors : troup alement. 8t ceste rponse ,u donne par le conte7o)ert d3Artois avec le 5rant conseil du roi $. ;

3oL venait tant d3assurance et tant d3audace 1omment le1aptien pouvait/il se permettre de rpondre d3un ton si cavalier

l38mpereur 5ermanique 13est que le roi de rance avait tendu etper,ectionn ses alliances avec les sei5neurs et les villes du 7hin"alliances qui annon-aient la *i5ue cl)re par laquelle Da@arin devaitmettre plus tard les populations rhnanes au service et dans la sphred3in,luence de la rance. Philippe le Bel n3eut )esoin de mo)iliser unearme ni contre Adolphe de Cassau ni contre Al)ert d3Autriche. +esdiplomates su,,irent la t>che. 8t quand Al)ert mourut" le roi derance poursuivit sa politique en posant la candidature de son propre,rre 1harles de 6alois l3lection impriale. 1e ,ut Henri de

*uxem)our5 pourtant qui ,ut lu. Dais par l3ducation" par le lan5a5e"par les moeurs" Henri tait un prince de notre pa!s" et de son r5nedate la premire poque du ra!onnement de la rance" des moeurs"des ides et de la littrature ,ran-aises en Allema5ne.

*a mthode de l3intervention politique et diplomatique s3taitmontre e,,icace. *a ro!aut ,ran-aise n3en voulut plus d3autre dansses rapports avec l3Allema5ne" d3ailleurs tom)e en pleine anarchie.

Cos rois ne connurent que cette politique l35ard des chosesd3Allema5ne jusqu3 1harles/=uint" c3est//dire jusqu3au moment oL

$ 2l ne s3a5it pas d3une l5ende. Al,red *eroux (Recherches critiques sur lesrelations politiques de la France avec l'Allemagne de 122 ! 1"#$% a ta)lique cette mmora)le rponse de Philippe le Bel ,ut )ien envo!e et remise l38mpereur" comme les Chroniques de Saint-Denis le disent. *es Chroniquesde Flandre nous apprennent m?me que plusieurs sei5neurs ,ran-ais ju5rentque cette rponse tait inconvenante et de mauvais 5ot : l3esprit de critiquesvissait dj che@ les 5ens du monde.


16/131

se prsenta une situation nouvelle et oL apparut la ncessit de la lutte main arme contre la maison d3Autriche.

9 Pas plus que ses prdcesseurs" dit un historien du mo!en >5e"Philippe le Bel ne voulait d3une 5uerre ouverte avec l38mpire : lesvoies diplomatiques lui sem)laient pr,ra)les et ses successeurs

penseront de m?me jusqu3 ran-ois 2er. *es 5uerres entre la rance etl3Allema5ne avant le M62e sicle ne ,urent jamais que desescarmouches sans importance. ; 8t quand il ,allut recourir auxarmes" l3exprience acquise au cours des sicles ne ,ut pas n5li5e.13est prcisment dans ces circonstances que ,ut ,ix le s!stme de

protection des 9 li)erts 5ermaniques ;" s!stme de 5arantie del3anarchie allemande" en ralit" et sur lequel l3ancien r5ime ne devait

plus varier.

*3anarchie allemande des temps passs ,orme un contraste completavec cette or5anisation" cette discipline oL l3on a cru reconnaKtre" denos jours" la ,acult maKtresse des Allemands. Qn peut douter desconclusions de la 9 ps!cholo5ie des peuples ;lorsque l3on voit detelles mtamorphoses dans les caractres nationaux. 1esmtamorphoses ne s3expliquent que par l3in,luence des institutions.8lles sont dans la dpendance troite de la politique : jusqu3au succs

des Hohen@ollern" l3histoire de l3Allema5ne a t celle d3une lon5uelutte entre le principe d3autorit et l3individualisme" entre la monarchieet l3esprit rpu)licain.

Qn se ,ait d3tran5es illusions sur les hommes des sicles ancienslorsqu3on les reprsente comme mieux disposs que les hommesd3aujourd3hui recevoir des maKtres et se laisser commander.1ontrairement un prju5 en5endr par l3i5norance" la monarchiehrditaire est une ,orme de 5ouvernement peine moins rpandue denos jours qu3 la plupart des autres poques de l3histoire" 8lle

rencontre )eaucoup moins d3o)jections et de rsistance qu3elle n3enrencontrait autre,ois. ans l38urope du mo!en >5e" les monarchieslectives et m?me les 7pu)liques taient au moins 5ales en nom)reaux ro!auts proprement dites. +ait/on asse@ que le pass de la 7ussieest rpu)licain et que" sur la terre de l3autocratie" ,lorissaient" voilsept cents ans" les institutions li)res et le r5ime des partis *a plus5rossire des erreurs est de s3ima5iner que le 5enre humain ait attendu


17/131

$F% pour sentir le 5ot de l3a,,ranchissement et redouter la t!rannie.Presque partout en 8urope" jusqu3au M2Me sicle" oL pour la premire,ois des ro!auts se sont installes de )ut en )lanc en divers pa!s et

ont pris racine sans di,,icult" on a vu les peuples rpu5ner lamonarchie hrditaire" ou ne la laisser s3ta)lir qu3avec lenteur"quelque,ois par surprise" quelque,ois aussi" comme ce ,ut le cas pourla d!nastie captienne" en reconnaissance des services rendus.

*3histoire de la rance au Me sicle jusqu3 l3lection de Hu5ues1apet" prsente le raccourci de toute l3histoire d3Allema5ne jusqu3l3aurore de la priode contemporaine. *es carolin5iens s3taienta,,ai)lis )eaucoup plus vite" leur dcadence avait t )eaucoup plus

pro,onde en rance qu3en Allema5ne. 1he@ nous" les 5rands

,eudataires avaient entrepris aussitNt de pro,iter de cette circonstancepour nerver et ruiner d,initivement le pouvoir ro!al en portant autrNne tantNt un carolin5ien et tantNt un ro)ertinien" dans l3ided3emp?cher que le pouvoir ne se ,ix>t dans une m?me ,amille. =uandHu5ues 1apet eut pris le pouvoir" les m?mes lments se retrouvrent

pour )attre en )rche l3autorit de ses successeurs avec l3espoir de ladtruire comme ils avaient dtruit celle des carolin5iens. *e lo!alismen3est pas toujours la vertu des aristocraties ni des 5rands.

Hu5ues 1apet et ses descendants restaient des rois lus" en quelquesorte consuls vie" qui" pour tourner le principe de l3lection" ,aisaientsacrer leur ,ils aKn avant leur mort" de m?me que les 8mpereurs5ermaniques ,aisaient" de leur vivant" nommer leur ,ils 9 roi des7omains ;. Dais l3archev?que de 7eims n3avait/il pas d3a)ord re,us Hu5ues 1apet de sacrer 7o)ert le Pieux" 9 de peur" disait/il" que laro!aut ne s3acquKt dsormais par droit hrditaire ; Parolessi5ni,icatives dans la )ouche d3un haut di5nitaire ecclsiastique quivivait il ! aura )ientNt mille ans... Au M222e sicle seulement" *ouis6222" le pre de saint *ouis" est le premier captien qui ait eu

vrita)lement accs au trNne en vertu du principe hrditaire" qui aitt roi par droit de succession avant de l3?tre par le sacre et parl3acclamation populaire. ne centaine d3annes plus tard" la 9 loisalique ; ,ixera ce pro5rs et cette conqu?te de nos captiens. *amaxime : 9 *e 7oi est mort" vive le 7oi I ; prendra cours. +in5ulirerencontre de l3histoire : cette acquisition de l3hrdit par la ro!aut,ran-aise correspond presque exactement" pour l3Allema5ne" au 5rand


18/131

2nterr5ne" l3chec d,initi, de la puissante maison desHohenstau,en.

3oL vient cette di,,rence 3oL vient que les modestes captiensaient russi oL avaient chou ces )rillantes ,amilles othonienne"henricienne" ,rdricienne et" aprs elles" ces Ha)s)our5 quidisposaient de tant de ressources 8tait/ce donc une t>che plus lourdede ,aire l3unit de l3Allema5ne que de ,aire l3unit de la rance 8st/il

plus malais de 5ouverner et de commander les Allemands que lesran-ais ... tout compter" les di,,icults ont t les m?mes pour,ormer une nation ,ran-aise et une nation allemande" un 8tat ,ran-aiset un 8tat 5ermanique. *es peuples allemands ont sans doute leur

particularisme. Dais nous avons nos partis. +i la 9 querelle

d3Allemands ; s!m)olise leurs 5uerres civiles" nous avons nos,actions la 5auloise qui perptuent l3antique et ,uneste travers desdivisions. =u3on voque" dans l3histoire de notre pa!s" les minorits etles r5ences" / l3unique ,ai)lesse des monarchies hrditaires. 1esclipses de l3autorit ro!ale ont toujours t prilleuses" toujoursmarques par un retour o,,ensi, de l3anarchie. epuis la minorit desaint *ouis jusqu3 celle de *ouis M26" on a vu" dans notre pa!s" lessditions se renouveler chaque ,ois que les r?nes taient moins,ermement tenues. 13est une plaisante ide que de s3ima5iner que les

mouvements insurrectionnels et les rvolutions datent che@ nous de$F%. n auteur o)scur mais judicieux a crit" dans la premire moitidu sicle dernier" une ori5inale histoire de ce qu3il appelait 9 les sixrestaurations ;. 2l vo!ait *ouis 2M" Jean le Bon Saprs la conjurationd38tienne DarcelT" 1harles 622" Henri 26 et *ouis M26 Saprs larondeT roccupant le trNne dans les m?mes conditions que *ouisM6222. 2l ! a du vrai dans cette vue. 8t les ca)ochiens" la *i5ue dite duBien pu)lic" le sicle si a,,reusement trou)l des 5uerres de reli5ion :autant de souvenirs encore oL l3on reconnaKt que le naturel ,ran-ais n3a

pas rendu la t>che de nos rois plus ,acile que ne l3a t celle des

8mpereurs allemands. 2l est aussi en,antin de se reprsenter l3histoirede notre monarchie comme une id!lle qui a )rusquement pris ,in surl3cha,aud le ($ janvier $F%0" que de s3ima5iner" comme les historiensrvolutionnaires" un peuple ,ran-ais cour)" des sicles durant" dansl3o)issance" qui aurait en,in" voil cent vin5t/cinq ans" relev la t?teet" comme disait 1lemenceau" attendu ce moment pour 9 r5ler unterri)le compte avec le principe d3autorit ;.


19/131

*es causes pour lesquelles la monarchie hrditaire n3avait pu"jusqu3 nos jours" s3ta)lir en Allema5ne" sont videntes et simples. *e

5rand 2nterr5ne allemand a dur" selon une juste remarque" de $('G $FG. 13est qu3une 5rande monarchie 5ermanique ,aisait peur" et avecraison" )eaucoup de monde. 13est que des ,orces nom)reuses taienttoujours pr?tes se coaliser avec succs pour emp?cher qu3il n3! etune Allema5ne unie et puissante sous un seul sceptre. 9 Pas de roid3Allema5ne ;" disaient les princes allemands. 8t c3tait aussi la

pense des rois de rance : 9 Pas de roi d3Allema5ne. ; *3intr?t de larance ne voulait pas qu3il ! et un che, hrditaire pour rassem)lerles masses 5ermaniques. 1ette ide tait tout ,ait claire che@ noscrivains politiques de l3ancien temps. Pierre u)ois Sun de ces

9 l5istes ; qui tenaient" en somme" l3emploi des 5rands journalistes etdes 5rands orateurs d3aujourd3hui" qui taient des conseillers du

pouvoir et des 5uides de l3opinionT" Pierre u)ois tait extr?mementprcis cet 5ard. 1et lve de saint homas d3Aquin" cecontemporain de ante" tenait Scela peut se dire sans rien ,orcerT" lem?me lan5a5e que hiers en $VF. Dais il l3a tenu utilement. 2lcrai5nait pour la rance l3unit de l3Allema5ne et cette unit luiapparaissait comme tant en rapport direct avec l3ta)lissement dansles pa!s 5ermaniques d3une puissante ro!aut construite sur le modle

captien. 9 Ce laissons pas ,aire cela" ou nous sommes perdus ;" taitsa conclusion. Pierre u)ois est juste titre admir de 7enan qui a vuen lui 9 vraiment une politique ;" la premier qui ait exprim nettement9 les maximes qui" sous tous les 5rands r5nes" ont 5uid la couronnede rance ;.

1ette conspiration des ennemis d3un pouvoir sta)le et ,ort enAllema5ne" ennemis de l3intrieur" ennemis de l3extrieur" eut poure,,et de cristalliser l38mpire" pour de lon5ues sries d3annes" dans uneanarchie de pompeuse apparence. *e +aint 8mpire romain de nation

5ermanique a t d,ini une 9 rpu)lique ,drative sous la prsidenceimpriale ;. 1es 8mpereurs" qui se rclamaient des 1sars et de1harlema5ne" n3taient que les prsidents lus de cette 7pu)lique etleur ,onction eut une tendance croissante ne plus ?tre que dcorative.

Dal5r tous leurs e,,orts" mal5r leurs violences ou leurssu)ter,u5es" les 8mpereurs ne parvinrent jamais s3a,,ranchir de


20/131

l3lection. 2ls russirent quelque,ois en ,aire une simple ,ormalit.Jamais ils ne purent l3a)olir. 9 *e point culminant du droit del38mpire" disaient les autorits de la science juridique allemande" est

rput consister en ceci que les rois ne sont pas crs par la parent dusan5 mais par le vote des princes. ;*3lection des 8mpereurs avait)eau n3appartenir qu3 un trs petit nom)re de votants" le principelecti, n3en portait pas moins ses ,ruits. 2l n3! avait que sept lecteurs"le coll5e lectoral le plus troit qu3on ait jamais vu. Pourtant" lese,,ets de ce su,,ra5e si svrement restreint ,urent les m?mes que ceuxdont on accuse le su,,ra5e universel dans les dmocraties. 13est unexemple qui prouve jusqu3 l3vidence que l3lection est pernicieuse enelle/m?me et non par ses modalits.

Darchanda5e lectoral" )ri5ue" corruption" tra,ic des )ulletins devote" non seulement ces menues tares se retrouvent dans les moeurs

politiques du +aint/8mpire O on ! voit encore ce qui a t si souventreproch en rance au 9 scrutin d3arrondissement ;" c3est//dire lasu)ordination de l3intr?t pu)lic aux intr?ts particuliers" et lasurenchre. 1haque lection tait un assaut de convoitises. 1he@ leslecteurs" comme che@ l3lu" les calculs personnels dominaient. *es8lecteurs avaient )eau s3appeler les sept ,lam)eaux m!stiques du+aint/8mpire" se comparer aux sept lampes de l3Apocal!pse : ils se

servaient de leur droit de su,,ra5e pour imposer leurs conditions auxcandidats" o)tenir des avanta5es matriels" lorsqu3ils ne monna!aientpas leur )ulletin de vote. =uant l3lu" o)li5 de se comporter commeun candidat vul5aire avant l3lection" c3est//dire o)li5 de promettreet de donner" il ne son5eait" une ,ois le mandat o)tenu" qu3 seddomma5er de ses sacri,ices et rentrer dans ses ,rais. *38mpereur"cette demi/divinit" a5issait exactement comme un de nos dputs desous/pr,ecture. *3historien an5lais James Br!ce" qui a tudi de prsles institutions et les moeurs politiques du +aint/8mpire" a dcrit entermes ner5iques les consquences du s!stme de l3lection appliqu

la majestueuse souverainet de ceux qui se prtendaient lessu@erains de l38urope chrtienne : 9 *es lecteurs" dit Br!ce"o)li5eaient le nouvel lu prendre l3en5a5ement de respecter toutesles immunits dont ils jouissaient" ! compris celles qu3ils venaient l3instant m?me de lui extorquer pour prix de leur vote O ils le mettaientdans l3impossi)ilit a)solue de recouvrer des terres ou des droits

perdus O ils s3enhardirent en,in jusqu3 dposer leur che, consacr"


21/131

4enceslas de Boh?me. Ainsi 5arrott" l38mpereur ne cherchait qu3tirer le plus 5rand pro,it possi)le de son court passa5e au pouvoir"usant de sa situation pour a5randir sa ,amille et s3enrichir par la vente

des terres et des privil5es de la couronne. ; =uel ju5ement plussvre porter sur un s!stme politique ans une de ces scnestou,,ues" au premier a)ord si o)scures" de son second aust" et quisont de )re,s ta)leaux all5oriques de l3histoire des hommes" EWthe areprsent avec ironie l38mpereur et les 5rands" sous le couvert d3unno)le lan5a5e" calculant" chacun pour son compte et de son cNt" ceque leur rapportera l3opration du vote. James Br!ce montre autrechose encore : c3est que la monarchie lective" 9 com)inaison qui asduit et qui sduira toujours une certaine cat5orie de thoriciens

politiques ;" n3avait pas m?me apport l3Allema5ne les )ien,aits que

l3on croit devoir attendre de la dsi5nation du che, la majorit desvoix. 1elui qui tait choisi n3tait ni le plus capa)le ni le plus di5ne :en ,ait" la couronne impriale ,ut dtenue par un petit nom)re de,amilles qui s3e,,or-aient de ne pas la laisser chapper. *3ha)ilet"l3intri5ue" les com)inaisons" la 9 politique ;" dans le sens le plusdcri du mot" se su)stituaient au mrite" qui n3tait pris enconsidration d3aucune manire. 13est ainsi qu3aprs quelques succssuivis d3checs" la maison de Ha)s)our5" partir de $&0" et sau, unecourte interruption de cinq ans au M6222e sicle" parvint 5arder le

mandat imprial" com)iner l3hrdit avec l3lection. Cous avons vude la m?me manire" dans notre dmocratie rpu)licaine" des si5esde dputs se transmettre de pre en ,ils. Dais les convoitises" lescalculs" les intr?ts de l3lu taient trop apparents" ses concessions l3lecteur trop nom)reuses et trop criantes. 2l en rsulta que le mandatimprial sou,,rit du m?me discrdit qui" de nos jours" en rance" a ,ini

par atteindre le mandat l5islati,. *38mpereur" cette 9 moiti deieu ;" ,ut ,rapp d3une diminution de m?me nature que celle laquelle nos parlementaires n3ont pas chapp. *a ,ai)lesse etl3anarchie sans cesse a55raves dans lesquelles tom)ait l38mpire

n3taient d3ailleurs pas ,aites pour valoir aux 8mpereurs la 5ratitude nil3admiration des peuples.

*a monarchie lective" la prsidence vie" qui a ruin tour tour laBoh?me" la Hon5rie" la Polo5ne" n3a pas produit de meilleur e,,et surl3Allema5ne. 8lle l3a terri)lement a,,ai)lie" sans lui apporter cetquili)re entre l3autorit et la li)ert qui a ,ait recommander


22/131

quelque,ois ce s!stme et lui a valu des partisans. 9 *3in,luence de lacouronne" dit encore James Br!ce" ne ,ut pas tempre mais dtruite.1haque candidat ,ut ,orc son tour d3acheter son titre par le sacri,ice

de droits que possdaient ses prdcesseurs et dut recourir encore" unpeu plus tard dans son r5ne" cette politique i5nominieuse pourassurer l3lection de son ,ils. +entant" en m?me temps" que sa ,amillene pouvait s3asseoir solidement sur le trNne" il en usait comme un

propritaire via5er ,ait de ses terres" cherchant uniquement en tirer leplus lar5e pro,it actuel. *es lecteurs" a!ant conscience de la ,orce deleur position" s3en prvalurent et en a)usrent... ; A)us tout naturel :l3homme a peu de tendance respecter l3autorit qu3il a nomme etqu3il a ,aite. 13est pourquoi A8nXas +!lvius pouvait dire avec ironieaux Allemands : 9 6ous ave@ )eau appeler l38mpereur votre roi et

votre maKtre" il ne r5ne qu3 titre prcaire. 2l n3a aucune autorit. 6ousne lui o)isse@ qu3autant que vous le voule@ )ien" et vous le voule@extr?mement peu. ;

*e plus 5rand mal datait du jour oL un 8mpereur anim de loua)lesintentions avait cru tirer l3Allema5ne du dsordre en lui apportant une1onstitution. 1ar l3esprit constitutionnel" lui non plus" ne date pas duM2Me sicle. 1harles 26" en $0'V" s3ima5ina de )onne ,oi qu3endonnant l38mpire une 1harte" un papier )ien en r5le" il lui assurait

la tranquillit et la puissance. 2l avait voulu mettre ,in de vieillescontestations en stipulant une ,ois pour toutes le nom)re et lespouvoirs des lecteurs" le lieu et le crmonial de l3lection. 8n ralit"il ,ixait l38mpire dans le dsordre" il rendait impossi)le l3institutiond3une monarchie indpendante et ,orte. Daximilien qui" centcinquante ans plus tard" essa!a de ra5ir" de tirer l3Allema5ne du5>chis" de lui rendre l3unit et la puissance" devait chouer sur la Bulled3Qr. 9 Jamais" disait/il" peste plus pestilentielle que ce 1harles 26 n3asvi sur la Eermanie. ; 8t" de nos jours" un historien an5lais" etcomme tel ,ort attach aux principes constitutionnels" a pu crire de

1harles 26 : 9 2l l5alisa l3anarchie et appela cela ,aire une1onstitution (. ;

( 9 *es sept princes lecteurs acquirent" avec l3extension de leurs privil5es"une prdominance marque et dan5ereuse en Allema5ne... 2ls taient autoriss exercer des droits r5aliens a)solus dans leurs 8tats O leur consentement taitindispensa)le tout acte pu)lic de quelque importance... 2ls eurent )ientNt leurlar5e part de cette vnration populaire qui entourait l38mpereur aussi )ien


23/131


24/131

,ois de ces intuitions de l3histoire" a ,ait du roi d38spa5ne le t!pe ducandidat ternel lorsqu3il a mis dans sa )ouche les vers ,ameux : 9 8tre8mpereur" N ra5e" ne pas l3?tre... ; ou )ien : 9 2l me manque trois voix"

7icardo" tout me manque ;" qui s3appliquent toujours avec le m?mesuccs aux am)itieux en mal d3lection.

2l est ais de comprendre qu3avec la 7,orme" les rivalitsreli5ieuses" la division de l3Allema5ne en deux camps Sle luthrien etle catholiqueT" le coup de 5r>ce ait t port l3unit et la puissancede l3Allema5ne. +uivant son principe )ien ta)li S9 tenir sous main lesa,,aires d3Allema5ne en la plus 5rande di,,icult qu3on pourra ;" disaitalors Darillac" le n5ociateur de con,iance du roi Henri 22T" lamonarchie ,ran-aise s3empressa de pro,iter de cette heureuse

conjoncture. 8lle tait au plus >pre de sa lutte contre l38mpereurlorsqu3elle trouva des allis dans la personne des princes protestants.3eux/m?mes" ceux/ci s3taient tourns vers le roi de rance" avaientsollicit son appui contre l38mpereur" qui voulait" disaient/ils" / car teltait leur lan5a5e rpu)licain" / 9 asservir jamais la nationallemande ;. ne si )elle occasion ne ,ut pas perdue. *e trait de1ham)ord ,ut conclu sur/le/champ avec la li5ue luthrienne. 1e trait

portait pour titre" et ce titre tait tout un pro5ramme" pro germani)patri) li*ertate recuperanda" pour la restauration de la li)ert

5ermanique" li)ert dont le roi de rance devint ds lors le protecteuro,,iciel. es 5rands comme Daurice de +axe" des villes li)res comme+tras)our5 et Curem)er5 taient partie au trait. *e roi de rances3en5a5eait soutenir les con,drs contre l38mpereur" leur ,ournirdes su)sides. 8ux" en chan5e" lui a)andonnaient Det@" oul et6erdun. *e trait si5n" ,orte de cette alliance" la li5ue luthrienneimposait quelques mois plus tard l38mpereur la transaction dePassau par laquelle 1harles/=uint s3en5a5eait ne pas reconstituer de9 ro!aume d3Allema5ne ;.

13est le modle des oprations conomiques et risques limits parlesquelles la monarchie ,ran-aise parvint conjurer le pril allemand"tout en poursuivant son oeuvre d3extension du territoire national. 2l esttrs peu pro)a)le que" sans cette alliance avec les luthriensallemands" la rance et triomph de la maison d3Autriche. *38mpire"a,,ai)li et trou)l l3intrieur" vo!ait en m?me temps ses domainesron5s. *a rance se ,aisait" s3achevait proportion que se d,aisait et


25/131

que se dissolvait l3Allema5ne ou" comme on disait alors" 9 lesAllema5nes ;. ixer et or5aniser l3anarchie allemande" ce devait ?trele che,/d3oeuvre politique du M622e sicle ,ran-ais qui couronnait les

peines et les la)eurs de plusieurs 5nrations et marquait l3apo5e dela rance" ds lors sans crainte en ,ace de son dan5ereux voisin"impuissant et dsarm.


26/131


1hapitre 22

*es traits de 4estphalie :l3anarchie allemande or5anise et

la scurit de la rance 5arantie


Qn serait tent quelque,ois de croire que l3histoire de notre pa!s n3apas t crite par la m?me sorte d3hommes que ceux qui l3ont ,aite.Cos rois" nos ministres" nos 5rands diplomates" seraient )ien surpriss3ils pouvaient voir ce que leur oeuvre et leurs intentions sontdevenues dans l3esprit de la plupart de nos historiens" mieux dous

pour composer des romans" des posies l!riques ou soutenir despolmiques de parti que pour autre chose. 1e n3est pas que l3anciennepolitique ,ran-aise ait manqu de lar5es vues d3ensem)le ni m?med3ima5ination" quoique certains crivains l3aient ju5e trop

9 terrienne ;. *a d,ense du sol" la protection et l3extensionpro5ressive du territoire national ,ormaient e,,ectivement le premierpoint du pro5ramme de la monarchie. 2l a ,allu de cruelles expriencespour que notre pa!s apprci>t mieux une politique dont l3o)jet tait dele mettre l3a)ri de ces invasions que nous venons" depuis la7volution" de su)ir pour la cinquime ,ois.


27/131

13est ce rsultat que tendait la lutte contre la maison d3Autriche"lutte qui a rempli deux sicles de notre histoire et qui devait s3achever

par un triomphe complet. 8ssentiellement" il s3a5issait d3emp?cher que

les Ha)s)our5 n3o)tinssent ce que les Hohen@ollern ont acquis auM2Me sicle" c3est//dire la domination de l3Allema5ne. 2l s3a5issaitd3emp?cher que l3Allema5ne ne ,Kt son unit comme la rance avait,ait la sienne. 13tait une oeuvre raliste" inspire par le )on sens"domine par la notion de l3intr?t national. 8n m?me temps"l3humanit et la civilisation devaient ! trouver leur compte : l3issuede la 5uerre de rente Ans" lorsque la ,orce allemande lut )rise pourde lon5ues annes" l38urope connut une de ses plus )elles priodes.Aprs les preuves que le 5ermanisme en li)ert vient de ,aire su)irau monde europen" on admirera la clairvo!ance d3une politique qui

consistait dsarmer la )ar)arie 5ermanique" ro5ner les 5ri,,es de la)?te.

cette politique" le peuple ,ran-ais s3est associ le plus souvent detoute son >me. =uelque,ois" pourtant" il l3a entrave ou retarde. Plustard" il en a compromis les rsultats et il en a presque compltement

perdu l3intelli5ence.

13est ainsi qu3on a travesti d3une ,a-on )ien extraordinaire les

projets que nourrissait Henri 26" et dont l3excution tait djcommence lorsque le couteau d3un ,anatique le mit mort. Qn aprtendu de nos jours que Henri 26 prludait la politique de la7volution et des Capolons" qu3il voulait distri)uer l38urope selon le

principe des nationalits. Heureux quand on n3a pas soutenu qu3il selan-ait dans cette 5rande entreprise" mrie avec son ministre +ull!"depuis huit ans" pour satis,aire une passion amoureuse. *a vrit estque le Bour)on relevait le plan des 6alois" a)andonn pendant la

priode de 5uerre civile et d3anarchie laquelle son arrive au pouvoiravait mis ,in. Henri 26 se proposait ce que 7ichelieu devait raliser

plus tard : l3a)aissement de la maison d3Autriche. Dais sa disparition"la minorit de son ,ils" la ,in de sa )ien,aisante dictature introduisaientla rance dans une nouvelle phase rpu)licaine. 8ncore une ,ois lesdivisions" les intr?ts particuliers reprenaient le dessus. 2l ,audraattendre que *ouis M222 soit un homme" qu3il soutienne un 5randministre de son autorit" pour que les ,actieux soient ch>tis" les partisrduits au silence et que l3ascendant soit rendu l3intr?t national.


28/131


29/131

m?me temps que les protestants envo!aient leurs dl5us la cour derance" il ! dp?cha un am)assadeur" rieden)our5" char5 de plaiderque la cause du roi et la cause de l3empereur taient la m?me. *es

ar5uments que dveloppait rieden)our5 taient d3une modernitsin5ulire. *e porte/parole de erdinand 2l reprsentait *ouis M222 et *u!nes qu3avec la rvolte de l38lecteur Palatin il s3a5issait d3uneconjuration rpu)licaine" que" de toutes les rpu)liques" villes li)res"aristocraties et dmocraties protestantes" naissait un mouvement quimena-ait au m?me titre toutes les monarchies. e +uisse" deHollande" des cits hansatiques" il montrait la rvolution 5a5nant de

proche en proche" ralliant m?me celles des villes catholiquesd3Allema5ne oL r5nait 9 le 5ouvernement de plusieurs ;. 8t" trsadroitement" rieden)our5 invitait le roi de rance ,aire un retour

sur ses propres protestants" en tat ou en vellit d3insurrectionperptuelle" la ,ois rpu)licains et sparatistes" si dan5ereux pourl3autorit du monarque et l3unit du ro!aume. 9 =ue prtendent/ilsdonc" eux aussi s3criait l3ha)ile diplomate. C3ont/ils pasensem)lement conspir" ,ait des assem)les secrtes et collectes dedeniers a,in d3)ranler s3ils pouvaient le ro!aume de rance et rendrela puissance des rois nerve ; +i *ouis M222 intervenait en ,aveurdes protestants d3Allema5ne" il encoura5erait ses hu5uenots" il ne

pourrait plus en venir )out. 9 =ui d,end les re)elles" il apprend

ses propres sujets se rvolter. =ui pr?te l3oreille aux tran5ers quicalomnient leur ma5istrat Sleur 5ouvernementT" il ouvre la porte auxsditions intestines" et si vous porte@ secours aux re)elles contre leurroi" quand ils auront vaincu leur naturel sei5neur" ils tourneront lesvNtres contre vous. ; rieden)our5 soutenait avec loquence la thsede la solidarit des trNnes" qui n3est pas moins dcevante que celle dela solidarit des puissances li)rales et des dmocraties. Dais" en unsens" ses ar5uments portaient juste. *e pril protestant" au moment oLil parlait" tait 5rave pour la rance. l3alimenter en soutenant lacause des r,orms d3Allema5ne" on et couru de 5rands risques.

7ichelieu lui/m?me" une ,ois devenu le maKtre" commencera par )riserle protestantisme comme puissance politique avant de passer l3actionextrieure et de reprendre la politique ,ran-aise en Allema5ne suivantles principes prouvs. *3oeuvre europenne de 7ichelieu a d ?tre

prcde d3une priode de dictature" d3assainissement" derta)lissement de l3ordre l3intrieur.


30/131

+ans chercher les rapprochements historiques" ils s3imposent sanscesse nous" et par la ,orce des choses. *a rance n3a pas cessd3occuper la m?me situation 5o5raphique" d3?tre entoure des m?mes

voisins" de se trouver dans la m?me position par rapport auxpro)lmes europens. Qr" dans les m?mes cas" les m?mes manoeuvresdterminent ncessairement les m?mes consquences. +i *ouis M222ne s3tait pas rsolu" par le )rillant plaido!er de rieden)our5" pr?ter l38mpereur le concours de ses armes" il avait o)serv la neutralit"comme Capolon 222 en $VV. 1omme alors aussi le rveil ,ut pni)le.Qn a souvent parl du coup de tonnerre de +adoUa : cette ima5es3applique exactement la )ataille de la Donta5ne/Blanche. *orsquele roi de Boh?me eut t cras par les armes de erdinand" oncomprit que l3empereur venait de recevoir un surcroKt de puissance

redouta)le" que le pril de la maison d3Autriche renaissait. *esam)assadeurs et ministres du roi en Allema5ne envo!rent Paris desavis pressants. 2ls reprsentaient qu3on avait ,ait ,ausse route en restantneutre" en n3appu!ant pas la Boh?me et la li5ue protestante contrel38mpereur. Au nom de la 9 raison d3#tat ;" au nom de l3intr?t de larance" ils demandaient un chan5ement de politique. 2ls expliquaientqu3il importait de ne pas se laisser donner le chan5e par le plan decontre/r,ormation qu3a,,ichait l3empereur et que" sous prtexte derestaurer l3unit reli5ieuse en Allema5ne" erdinand 22 voulait ! ta)lir

l3unit politique. 1e mani,este des am)assadeurs tait un courscomplet de haute diplomatie : ce ne sont pas les )ons conseillers" lesesprits clairvo!ants qui ont jamais manqu notre pa!s. 1e qui amanqu quelque,ois" ce sont les 5ouvernements capa)les decomprendre leurs propres erreurs et de reprendre la route droite. 8n$VV" Capolon 222 eut aussi son service un )on diplomate qui tentade rparer les ,autes de son maKtre. rou!n de *hu!s ne ,ut pas coutet le che, lu de la dmocratie impriale s3applaudit m?me d3avoir5ard la neutralit. 8n $V(G" l3erreur" commise dans des conditionssem)la)les" si ce n3est qu3au lieu de partir de principes ,aux" elle

venait de l3intr?t mal entendu" ,ut rpare" sans retard. 1ette aptitude pro,iter des le-ons" s3adapter aux vnements" caractrise l3oeuvre5nrale de la monarchie captienne" qui a t la cration de la rance"le maintien et le dveloppement des rsultats acquis au cours de ce5rand vo!a5e" ,cond en surprises toujours renouveles" que ,ormel3histoire d3un peuple tel que le nNtre.


31/131

13est l3impression laisse che@ *ouis M222 par le 9 coup detonnerre ; de la Donta5ne/Blanche que 7ichelieu dut son in,luencesur le roi. 2l re-ut l3autorit qui lui tait ncessaire pour mener )ien

sa vaste entreprise de politique europenne. ne ,ois l3ordre rta)li enrance" et par des mo!ens ri5oureux" dont l3cha,aud ne ,ut pas exclu"une ,ois l38tat hu5uenot )ris" 7ichelieu se tourna vers les a,,airesd3Allema5ne. *a 7ochelle" cette capitale de la 7pu)lique protestante"tant prise" le cardinal put contracter alliance contre la maisond3Autriche avec Eustave/Adolphe qui venait d3apparaKtre sur la terre5ermanique comme le champion de la 7,orme.

*a politique de 7ichelieu reproduit avec une exactitude ,rappanteles 5rands traits de la politique captienne des sicles prcdents. *e

cardinal" lui aussi" ,it en sorte de ne recourir aux armes qu3aprs avoirpuis les ressources de la diplomatie. 2l laissa les anois d3a)ord"

puis les +udois se )attre et ,ati5uer l38mpereur avant de ,aire coulerle san5 ,ran-ais. 8nsuite il prpara par la diplomatie le succs del3intervention arme. la ite de 7atis)onne" oL le travail de sesa5ents ,it chec l38mpereur" son plan ,ut con,orme la devise,ormule sous Henri 22" mais pratique )ien avant le r5ne de ce

prince : 9 enir sous main les a,,aires d3Allema5ne en aussi 5randedi,,icult qu3il se pourra. ;

cette politique r5le sur celle du sicle prcdent" 7ichelieuajoutait un lment destin lui donner une ampleur nouvelle.*3attitude que l3entreprise rvolutionnaire et sparatiste des hu5uenotsde rance l3avait o)li5 de prendre l35ard du protestantismeimposait des tempraments notre alliance avec les protestantsd3Allema5ne. *e pro)lme rsoudre tait complexe. *3intr?t de larance tait de s3unir la li5ue van5lique allemande et Eustave/Adolphe" hros de la 7,orme" contre l38mpereur. Dais il taitimpossi)le" en raison de la position prise par les r,orms en rance"

de se livrer sans contre/partie au protestantisme europen. 13est lapense que le con,ident et l3auxiliaire du cardinal" le cl)re PreJoseph" exprimait avec ,orce lorsque" parlant de l3alliance avec les

protestants allemands" il disait qu3il ,allait 9 se servir de ces chosescomme d3un remde dont le peu sert de contre/poison et dont le troptue ;. Ce d3une dou)le ncessit" cre par l3o)li5ation d3accorder lesintr?ts du dedans avec ceux du dehors" la politique de 7ichelieu" loin


32/131

d3?tre opprime par la di,,icult" en re-ut un surcroKt de vi5ueur. outen secourant la li5ue protestante en Allema5ne" le cardinal con-utl3ide de dissocier la cause de l38mpereur et la cause catholique.

+3tant rendu compte que les princes catholiques tenaient leurindpendance en ,ace de l38mpire ni plus ni moins que les princes etles 8tats protestants" il mit tout son e,,ort leur reprsenter que la1ontre/7,ormation" dont se rclamait erdinand 222" n3tait qu3un

prtexte qui recouvrait une entreprise d3asservissement de l3Allema5neaux Ha)s)our5. 7ichelieu" en sa qualit de prince de l385lise" et sonmeilleur a5ent" le P. Joseph" en sa qualit de capucin" pouvaientutilement tenir ce lan5a5e. 2ls se servirent de la politique m?me deerdinand 222" de l3exploitation de l3ide et du sentiment catholiques enAllema5ne par l38mpereur" pour trans,ormer et pour tendre le rNle du

roi de rance en tant que 9 protecteur des li)erts 5ermaniques ;. *eHa)s)our5 jouant sa chance sur une seule carte" 7ichelieu ,it en sorteque la rance appart au contraire comme la paci,icatricedsintresse et le recours quita)le de tout ce qui avait sujet de se

plaindre. 8n un mot" le Bour)on se prsenta comme ar)itre oL leHa)s)our5 tait partie.

*3historien le plus pntrant de cette priode" D. Eustave a5nie@"dans son livre ma5istral sur le P. Joseph" a mis en vidence le sens du

relati, qui anime cette part de la diplomatie de 7ichelieu. Ci l3hommed38tat ne voulut travailler aveu5lment pour la cause duprotestantisme" ni l3homme d385lise ne voulut ?tre dupe des )eauxsem)lants de la 1ontre/7,ormation. / 9 8n ralit" a dit D. Eustavea5nie@" il n3! eut entre la rance et le parti van5lique que le lienqui rsulte d3actions parallles contre un ennemi commun. Dal5r la,orce relle que nos su)sides et l3espoir de notre participation auxhostilits ont apporte la coalition protestante" 7ichelieu s3est moinsappliqu 5rouper et encoura5er les mem)res de cette coalition qu3rompre le ,aisceau des 8tats catholiques qui" en Allema5ne et en

2talie" s3unissaient autour de la maison d3Autriche" et les attirer sousle patrona5e et la protection de la rance. *a prdilection" las!mpathie" ce ,ut dans ses relations avec le parti catholique5ermanique et avec son che, SDaximilien de BavireT qu3il la mit"c3est l qu3il ,aut chercher le ressort principal de sa politique. ;7ichelieu avait re,us de servir les intr?ts reli5ieux du

protestantisme" repouss toutes les propositions de s3associer la


33/131

*i5ue protestante de *a Ha!e. 8n un mot" il avait maintenu son accordavec les protestants allemands dans les limites traces par l3intr?t dela rance" e m?me" il ,ut in,lexi)le quand on tenta de l3entraKner dans

une li5ue catholique" de lui ,aire a)andonner les alliances particuliresde la rance avec tel ou tel 8tat r,orm. 2l n3entra jamais dans l3ideque le con,lit europen pt 9 se rduire la lutte de deux reli5ions ;.+on choix allait un 9 tiers parti ; qui 5arderait l3indpendance del38urope centrale et constituerait" pour l3ta)lissement d3une 5randemonarchie allemande" un o)stacle in,ranchissa)le. Au lieu desHa)s)our5 catholiques" il se ,t a5i" en ce sicle" des Hohen@ollern

protestants" que la politique de 7ichelieu se ,t applique de la m?memanire et qu3elle et coRncid sur tous les points.

1ette politique triompha lorsque le plus important des princescatholiques allemands" l3lecteur de Bavire Daximilien" ,ut entrdans les vues du cardinal. s lors il n3! avait plus craindre que nil3Allema5ne ni le catholicisme europen ,ussent asservis la maisond3Autriche. *e +aint/+i5e lui/m?me adhrait au tiers parti. *a,ormule de l3quili)re europen" c3est//dire de l3indpendance des8tats de l38urope par rapport l38mpire 5ermanique" tait trouve. ecette indpendance des peuples" laquelle elle avait si e,,icacementtravaill" la rance se trouvait naturellement devenir la 5arante. Dais

on voit quel point le rNle du roi de rance comme 9 protecteur desli)erts 5ermaniques ; avait 5randi. 3alli" de complice des sditieux"il devenait le 5endarme impartial" l3ami et le protecteur du ,ai)le.1atholiques ou protestants" sa justice s3tendait tous. Dais surtoutles populations catholiques" les plus voisines de notre pa!s" les pluslatinises aussi" les plus assimila)les par consquent" passaient dansnotre amiti" on peut m?me dire sous notre protectorat : ces )onnesrelations devaient durer jusqu3 $FG. *a *i5ue du 7hin" que lecardinal de Da@arin noua un peu plus tard" ,aisait de l3Allema5nerhnane et de l3Allema5ne du sud une sorte de marche du ro!aume.

13taient des allis destins ,ormer un rempart contre la ruetoujours possi)le des tri)us 5ermaniques plus lointaines et plus

)ar)ares" et qui" en m?me temps" se laisseraient paci,iquementpntrer par nos ides et par nos moeurs. s lors" l3extension de notre,rontire jusqu3au 7hin pouvait s3accomplir sans heurts et sans risques.out tait )n,ice dans l3opration...


34/131


35/131

Sprincipauts" rpu)liques" v?chs" mar5raviats ou simplescommanderiesT" parmi lesquelles plus de deux cents ,ormaient des8tats souverains disposant" des droits r5aliens et capa)les" surtout" de

contracter des alliances leur 5r. *3Allema5ne tait hache en menusmorceaux" disloque" dcompose. 8lle ne prsentait plus que l3ima5ed3une 9 mosaRque disjointe ;" comme devait dire de nos jours un deschanceliers de l38mpire uni" le prince de BYloU. cNt de quelquesrares lectorats d3asse@ )onne taille" c3tait une poussire de

principauts et de villes li)res" c3tait Donaco" *iechtenstein" +aint/Darin et la 7pu)lique d3Andorre multiplis des centainesd3exemplaires. *3Allema5ne" ce point de division et de dispersion",ut appele la 9 croix des 5o5raphes ;. *es carto5raphes eux/m?mess3! perdaient et n3avaient pas asse@ de couleurs leurs cra!ons pour

distin5uer tous ces territoires enchev?trs les uns dans les autres.

+i l3on se penche sur cette carte complexe" on dcouvre d3ailleursque ce dsordre" oL rien n3avait t a)andonn au hasard" tait un e,,etde la prvo!ance et de l3art politiques... 8n ,ace des domaineshrditaires de la maison d3Autriche" trois lectorats de ,orcemo!enne" Bavire" +axe et Brande)our5" montent la 5arde. u cNt dela rance" au contraire" la route est li)re. +ur le 7hin" pas un seul 8tatvi5oureux ni tendu. 8n outre" on a ,ait en sorte qu3aucune des

nom)reuses petites d!nasties allemandes n3ait plus d3in,luence que lavoisine : il ,audra des circonstances extraordinaires pour que la Prusserompe les mailles de ce ,ilet. ans chaque li5ne princire" le traitentretient les rivalits et alimente les jalousies. 2l ! a desHohen@ollern" des 4ittels)ach" des 4ettin" des Euel,es" etc... quir5nent et qui se surveillent de tous les cNts. *e calcul tait si )onque deux )ranches de BrunsUic


36/131

li)res de s3allier avec toute puissance de leur choix. Cous avons vu"dans la 5uerre de $%$&" la principaut de *iechtenstein dclarer saneutralit et re,user d3envo!er l3Autriche son contin5ent militaire.

eux cents *iechtenstein de toutes les dimensions jouissaient de lam?me li)ert dans l3Allema5ne hache par les auteurs des traites de4estphalie. +ur le particularisme allemand" sur l3intr?t personnel" lesrivalits" l3amour/propre des princes et des tri)us 5ermaniques" ilsavaient ,ond un s!stme inextrica)le. *3Allema5ne comme nation en

parut tou,,e pour toujours.

1e n3tait pas l38mpereur qui et t capa)le de rveiller lesentiment national. +on presti5e sortait des con5rs de Dunster etd3Qsna)ruc< plus atteint que jamais. *a maison d3Autriche n3avait pas

dompt les protestants" elle avait perdu son in,luence sur lescatholiques" elle restait soumise l3lection avec des lecteurs 5randis.8t si elle parvint 5arder le titre imprial jusqu3 la chute du +aint/8mpire" ce ,ut au prix de concessions et d3a)andons de pouvoirtoujours plus 5raves chaque scrutin. *3lection de *opold 2er" la

premire qui eut lieu aprs la conclusion des traits" ,ut un vrita)lescandale. *a rance ! intervint au 5rand jour et les envo!s du roi ranc,ort" Erammont et Hu5ues de *ionne" au vu et au su de tousachetrent les lecteurs qui" d3ailleurs" ne se ,irent pas ,aute de mettre

leur voix l3enchre O nous dirions dans le lan5a5e d3aujourd3hui qu3ilsse comportrent en 9 chquards ; sans ver5o5ne et insatia)les.Da@arin se plai5nait douloureusement de leurs exi5ences : 9 8ncorequ3il soit avanta5eux" disait/il" de laisser croire au monde qu3il ! atoujours 5rande a)ondance d3ar5ent en rance" parce que cettecro!ance est ce qui peut le plus porter les esprits dsirer l3amiti de+a Dajest dans un sicle intress" nanmoins il ! a d3asse@ )onnesraisons pour persuader un chacun" sans discrditer +a Dajest" der5ler et modrer ses prtentions dans la conjoncture prsente. ;" Parces mo!ens" le roi de rance tait plus puissant dans l38mpire que

l38mpereur lui/m?me. Erammont et *ionne o)tinrent ainsi de *opold2er une capitulation par laquelle il s3en5a5eait" entre autres choses" sedsintresser des Pa!s/Bas et de la ranche/1omt" se sparer del38spa5ne" etc... *3lection permettait la politique ,ran-aise demanoeuvrer l38mpire dans le sens de nos intr?ts.


37/131

#lus ranc,ort" rsidant 6ienne" les malheureux 8mpereursavaient encore a,,aire un Parlement qui si5eait 7atis)onne etavec lequel ils parta5eaient les restes d3une autorit dla)re et

prcaire. *3institution de la ite d38mpire" dont descend en droiteli5ne le 7eichsta5 actuel" n3tait pas nouvelle. *a ite remontait auxori5ines de la Eermanie : un article du trait d3Qsna)rYc< n3eut qu3 entendre les attri)utions. +upposons qu3aprs la 5uerre de $%$& lesallis vainqueurs eussent stipul" par exemple" que le 7eichsta5 auraitle droit de renverser les ministres et que chacun des 8tats reprsentsau 1onseil ,dral voterait par t?te au lieu que la majorit des voixappartienne la Prusse : voil comment" au M622e sicle" la rance sem?la de donner l3Allema5ne une constitution li)rale" destine entretenir l3anarchie.

2l est tonnant que l3on ait pu ,aire dater du M622e sicle le r5imeparlementaire lorsque /l3on voit la dextrit" expression d3uneconnaissance directe de la vie des assem)les" avec laquelle notrediplomatie disposa les roua5es de la ite en vue de rendre tout5ouvernement srieux impossi)le en Allema5ne. *a composition decette 1ham)re ,ut savamment complique. 8lecteurs" princes et villes,ormant chacun un 1oll5e" on comptait" et avec raison" sur lesintr?ts et les sentiments de ces trois 5roupes" 5nralement unis

contre l3autorit impriale" mais diver5eant sur le reste pour les ,airedisputer entre eux. *a ite reproduisait toutes les divisionsterritoriales" politiques" reli5ieuses de l3Allema5ne et les chau,,ait envase clos. *es villes surtout devaient ! reprsenter l3lmentdmocratique" et Da@arin o)servait avec satis,action : 9 Ham)our5entre autres a dclar qu3elle respirait encore l3air de l3ancienne li)ertd3Allema5ne. ; n )eau r5lement" trs minutieux" sur l3ordre desdiscussions et la manire de procder au vote" rendait. sous prtextede prot5er les droits de chacun" la marche des a,,aires d3une lenteurin,inie" par,ois toute dcision impossi)le. 8n outre" le pro5ramme des

attri)utions de la ite lui proposait la solution des pro)lmes les plusdi,,iciles" les plus irritants" dont chacun devait provoquer des con,litset des disputes" particulirement en matire de ,inances et d3impNts.+elon le calcul de ses inspirateurs ,ran-ais" la ite 5ermanique ,ut leconservatoire de l3anarchie allemande. 9 =u3! ,ait/on" sinon contredireet chicaner la ,a-on des maKtres d3cole ; s3criait *ei)nit@. 8t unautre crivain politique allemand de la m?me poque disait" avec


38/131

ironie" du parlement de 7atis)onne : 9 2l serait curieux de savoir cequ3un si 5rand nom)re de dputs a ,ait depuis tant d3annes laite" et quoi ont servi tant de 5rands repas et tant de vin d38spa5ne

qu3on )oit le matin" et tant de vin du 7hin qu3on )oit le soir. *a vritest qu3ils travaillent une matire inextrica)le" et qu3aprs s3?trelon5temps vertus pour rien" ils peuvent jurer qu3ils n3ont pas t sansrien ,aire. ; 3autres Allemands" / ils taient trs rares" / che@ quisurvivait une ,lamme de patriotisme" une certaine notion de l3intr?tnational" dploraient ce ,uneste r5ime parlementaire qui" selon le motde l3un d3eux" plon5eait l3Allema5ne dans 9 une nuit ternelle ;. 8ne,,et" comme un historien l3a crit" l3tran5er s3empressa tout de suite9 d3exploiter" avec la connivence des intresss" les vices del3institution ;.

*e roi de rance s3tait rserv le droit" / exor)itant )ien !penser" / d3?tre reprsent la ite d38mpire par un plnipotentiairedont la vraie mission tait de surveiller les travaux de l3Assem)le" d3!nouer des intelli5ences" d3en ,aire tourner les discussions au pro,it del38tat ,ran-ais. *e recueil des instructions diplomatiques donnes sousl3ancien r5ime nos ministres auprs de la ite 5ermanique estd3une 5rande clart sur ce point : il s3a5it d3emplo!er le r5ime

parlementaire allemand dans l3intr?t de la rance. 13est un s!stme

sur lequel notre diplomatie n3a eu ni un scrupule ni un doute. 8n $V%"par exemple" on apprhende Paris que la ite n3accorde unaccroissement de ,orces militaires l38mpereur. D. 7ousseau de1hamo!" partant pour 7atis)onne" re-oit ces instructions :

*es dli)rations de la dite de 7atis)onne sur les a,,aires les plusimportantes sont ordinairement traverses par tant d3incidents de peu deconsquence qu3il sera de l3ha)ilet du sieur de 1hamo! de pro,iter de cesdi,,rents incidents pour loi5ner autant qu3il sera possi)le lesdli)rations sur le point de l3armement" sans qu3il paraisse qu3il en crai5nela rsolution. 2l doit viter dans cette m?me vue d3en parler le premier O

mais lorsque l3occasion se prsentera d3a5iter naturellement avec lesdputs des princes de l38mpire ce qui peut convenir leurs maKtres aprsla paix" il pourra" sous prtexte d3examiner pour leur propre )ien l3utilitou les inconvnients de cet armement" leur ,aire voir qu3ils n3ontprsentement rien craindre de la part de +a Dajest...

Dais il doit se servir de ces raisons sans a,,ectation O et comme +aDajest ne doute pas qu3il n3o)serve avec )eaucoup d3attention les


39/131

di,,rents mouvements de la ite" il trouvera des conjonctures heureusespour loi5ner" par le seul em)arras des a,,aires qui naKtront" toutes lespropositions qui pourraient ?tre contraires au maintien de la paix.

Cos arrire/neveux connaKtront peut/?tre des instructions ,ortsem)la)les donnes par Euillaume 22 ses am)assadeurs Paris pour,aire rejeter par notre Parlement des crdits militaires. +3acqurir des

partisans la ite de 7atis)onne devint tout de suite l3ha)itude de ladiplomatie ,ran-aise" une tradition ,idlement transmise par les9 acadmiciens du ca)inet ;. 8n $F(V" 1havi5n! emportait cesrecommandations spirituellement discrtes en se rendant 7atis)onne :

2l entrera par,aitement dans les vues de +a Dajest" s3il sait acqurir detelle sorte la con,iance de quelques/uns des principaux ministres de cetteAssem)le" qu3il puisse ?tre instruit par eux de tout ce qui s3! passera etpro,iter des ouvertures et des mo!ens qu3il trouvera d3avancer" retarder ouemp?cher par des reprsentations qu3il saura ,aire propos les di,,rentesrsolutions suivant qu3elles pourront ?tre con,ormes ou contraires auxintentions de +a Dajest. Bien entendu qu3il vitera de paraKtre jamaisl3auteur de ces sortes de mouvements O car il su,,irait que l3ori5ine en ,tconnue pour que les e,,ets contraires eussent lieu.

2l ne ,aut pas que le plnipotentiaire du roi de rance puisse ?treaccus de ne s3occuper" 7atis)onne" 9 qu3 ,omenter la division quise ,ait dj remarquer dans l38mpire ;. 8n ralit" il ne se rend pas son poste pour autre chose. 2l va exploiter l3anarchie 5ermanique etveiller ce que le s!stme ta)li par la paix de 4estphalie ne soit pasaltr. Par une supr?me prcaution qui couronne l3di,ice" le roi derance s3est rserv" cet e,,et" la 5arantie des traits de $V&. 1ette1harte de l3Allema5ne" qui est en m?me temps la 1harte de l38urope"est dclare par lui inviola)le. =uiconque ! touche aura a,,aire sa

justice. Parta5e d3a)ord avec la +ude Squi a jou au M622e sicle lerNle d39 alli de revers ; dvolu plus tard la 7ussieT" la 5arantie destraits de 4estphalie ne tarda pas appartenir la rance seule. +urce point" la monarchie n3eut pas une heure de rel>chement. A!antrussi diviser et dsarmer l3Allema5ne" elle n3entendait pas laisserrenaKtre l3ancien tat de choses" ni que le rsultat des e,,orts accomplis


40/131

par la nation ,ran-aise ,t remis en question. 8n $F" la veille de la7volution" en prsence des envahissements de la Prusse enAllema5ne" le 5ouvernement de *ouis M62 se rclamait encore des

droits et des devoirs de la rance" 5arante de la li)ert 5ermanique.*e che,/d3oeuvre de la paix de 4estphalie" ce ,ut peut/?tre que les

Allemands s3en montrrent les premiers satis,aits" tant elle rpondait leurs 5ots et leur nature. 8n vain l3empereur erdinand 222" par la

plume de ses crivains" qui jouaient alors le rNle des journalisteso,,icieux de nos jours" avertissait/il ses peuples que le roi de rance"sous prtexte de travailler pour leurs droits" avait travaill pour lui/m?me" que le Bour)on se proposait de prendre en tutelle lesAllema5nes divises et rduites l3impuissance. 8st/ce que

l38mpereur se m?lait des a,,aires de rance" encoura5eait les rondesou prot5eait les Parlements 8t il montrait que" sous prtexte deli)ert 5ermanique" les rois de rance arrachaient l3un aprs l3autre des

pans du +aint/8mpire" les v?chs hier" l3Alsace aujourd3hui" la*orraine ou autre chose demain... *es Allemands ,urent insensi)les ce lan5a5e. 2ls se plurent dans leur anarchie. Bien mieux" ils entirrent vanit. 1ette 1onstitution que l3tran5er leur avait donne" quela politique ,ran-aise avait mrie" ils lui dcouvrirent un caractre9 national ;. *eurs juristes en ,irent de lon5s commentaires et ils ne

manqurent pas d3en trouver les ori5ines dans le droit des vieuxEermains. 2ls s3puisaient en doctes d,initions" au )out desquelles illeur arrivait" comme Pu,endor, au M622e sicle" de conclure ainsi :9 2l ne reste plus autre chose dire" si ce n3est que l3Allema5ne est uncorps irr5ulier" et qui a l3air d3un monstre (monstro simile% au re5ardde la science politique... 3un ro!aume r5ulier" elle a d5nr enune ,orme de 5ouvernement si mal com)ine" qu3elle n3est plusdsormais une monarchie" m?me limite" )ien que les si5nesextrieurs en o,,rent l3apparence" ni prcisment un corps ou s!stmede plusieurs 8tats con,drs" mais plutNt quelque chose de ,lottant

entre ces deux r5imes. ; 13est ce que 6oltaire" avec sa vivacit"rsume en deux li5nes : 9 *e nom de +aint/8mpire su)sistait toujours.2l tait di,,icile de d,inir ce que c3tait que l3Allema5ne et ce quec3tait que cet 8mpire. ; *a d,inition" pourtant" avait t donne dsle premier jour" quand Qxenstiern avait parl d3une con+usio divinitusconservata" d3une anarchie" pourrait/on traduire" conserve de main demaKtre. 8t cette main tait celle de l3tran5er. 1hose admira)le : les


41/131

Allemands ne s3en sont pas aper-us au moment m?me" ils n3ont pas vupourquoi la rance montrait tant de sollicitude pour leur li)ert" et ilsn3ont compris la vrit que de nos jours.

*

* *

Bien,aisant pour la rance" de qui il sem)lait carter jamais lepril 5ermanique et qu3il a" en ,ait" jusqu3 $F%(" mise l3a)ri desinvasions" le trait de 4estphalie ne se rduisait pas la conceptionde l3intr?t immdiat" et" si l3on peut dire" de l3intr?t )rut de notre

pa!s. 1e qui rendait particulirement solide cette audacieuseconstruction politique" c3est qu3elle partait d3un principe 5nral auquel

l38urope ,ut ds lors intresse. =u3il est tran5e d3entendreaujourd3hui les hritiers spirituels des rvolutionnaires qui ont dtruitl3oeuvre diplomatique de la monarchie se plaindre des am)itions dunouvel 8mpire 5ermanique et rclamer un r5ime international oLl3indpendance des mo!ens et petits 8tats soit respecte I ans leurimpatience de rta)lir ce que la 7volution a dtruit" il ! a l3aveu d3unlon5 sicle d3erreurs.

outes les mesures que l3ima5ination de nos pu)licistes" par les

mo!ens souvent les plus chimriques ou les plus ine,,icaces" r?va deprendre pour prot5er le monde contre le ,lau allemand" elles avaientt o)tenues par le trait de 4estphalie. Pluralit des 8tats : c3est le

principe de l3quili)re qui exclut la monarchie universelle.2ndpendance des 8tats : point d3a)us de la ,orce possi)les contre les,ai)les. roit d3intervention contre les mal,aiteurs pu)lics qui violentou se disposent violer les r5les du droit pu)lic europen : la rance"arme de ce droit" pouvait remplir l3o,,ice de 5endarme prventi," pourla scurit 5nrale. 8t elle le pouvait sans peine et sans dan5er" carelle tait la premire intresse au maintien d3un tat de choses oL elle

tait aussi la premire en richesse et en puissance. Ainsi la politique,ran-aise avait russi" au milieu du M622e sicle" rendre l38urope

peu prs ha)ita)le" la soustraire au Faustrecht au )ar)are droit dupoin5" la conception apporte mille ans plus tNt par les invasions5ermaniques. epuis la paix romaine" depuis l3chec de la 7pu)liquechrtienne" le monde civilis pouvait pour la premire ,ois respirer etvivre tranquille. Er>ce au s!stme europen ,ond par le trait de


42/131

4estphalie sur l3impuissance de l3Allema5ne" l3ancien monde a connucent cinquante ans de repos. 7epos relati, sans doute" mais quiapparaKt comme un >5e d3or quand on le compare la priode qui a

suivi et qui a t celle de la 5uerre des nations et des 5rands massacresde peuples. ous les dsirs" que la 5uerre de $%$&/$%$ a rendus plusardents" de voir l38urope prot5e contre l3Allema5ne" quivalent unre5ret du trait de 4estphalie" que la monarchie ,ran-aise dclarait9 inviola)le ; et dont Proudhon a pu dire" par un raccourci d3uneadmira)le puissance" qu3il 9 existe jamais ;pour la sociteuropenne" parce qu3il donne satis,action ses )esoins essentiels" dem?me que les lois existent jamais pour toutes les socits humainesqui ne sauraient vivre sans le respect des contrats et la protection des,ai)les contre le droit du plus ,ort.

Proudhon qui" travers ses nua5es" a eu souvent une si viveintelli5ence des ralits" a )ien montr Sdans sa )rochure +i les trait,sde 1$1 ont cess, d'eister% le caractre des traits de $V&" lemeilleur arran5ement qu3on ait jamais su trouver pour l38urope" le plussur correcti, aux a)us de la ,orce. A)straction ,aite d3une certainemtaph!sique dont son esprit n3a jamais pu se d,aire" le ju5ement deProudhon est d3un 5rand prix l3heure oL il s3a5it toujours de trouver

pour les peuples" avec le mo!en de 5arantir leurs li)erts et leur

existence" le principe r5ulateur de leurs relations.

*e trait de 4estphalie" crit Proudhon" a reconnu" contrairement auxides qui" depuis un temps immmorial" avaient cours dans le monde" nonpas que le droit de la 5uerre jusqu3alors o)serv ,t une chimre" unprju5 de la )ar)arie : personne n3! et ajout ,oi. 2l a dclar seulementceci que l3h!pothse d3une monarchie universelle" consquence extr?me dudroit de la 5uerre" admise par les anciens peuples... tait chimrique Oqu3ainsi" quelles que ,ussent les 5uerres qui pourraient l3avenir dsolerles nations chrtiennes" ces 5uerres ne pourraient aller jusqu3 les a)sor)er

toutes en une seule et renouveler de la sorte l3exprience d3un 8tatunique O que" sau, la dlimitation ,aire des territoires" la pluralit despuissances tait" l3avenir" re-ue en principe" et" autant que possi)le"maintenue par leur 5alit ou quili)re.

epuis cette poque" le principe d3quili)re a t re-u dans le roit des5ens : en sorte qu3on peut dire" en toute lo5ique et vrit" que" si le droit dela victoire ou la raison de la ,orce est le premier article du roit des 5ens"


43/131

la pluralit des puissances" et" par suite" la raison d3quili)re en est lesecond.

... ant qu3il ! aura pluralit de puissances plus ou moins quili)res"

le trait de 4estphalie existera : il n3! aurait qu3un mo!en de l3e,,acer dudroit pu)lic de l38urope" ce serait de ,aire que l38urope redevKnt... unempire unique... 1harles/=uint et Capolon ! ont chou : il est permis dedire" d3aprs ce dou)le insuccs" que l3unit et la concentration politique"leves ce de5r" sont contraires la destine des nations O le trait de4estphalie" expression suprieure de la justice identi,ie avec la ,orce deschoses" existe jamais.

e l3a)solu oL il se place" Proudhon n3ou)lie que deux choses qui

lui ,ussent devenues plus sensi)les s3il avait pu voir les 5uerres de$FG et de $%$& et le 5ermanisme dchaKn : c3est d3a)ord que cettejustice tait ,onde sur l3a)aissement de l3Allema5ne. 13est ensuite quecette justice se rencontrait avec le )ien de la rance.

l39 ordre europen ;" tel qu3il tait sorti des traits de 4estphalie"la rance se trouvait la premire attache. out ce qui tait de nature trou)ler cet ordre tait de nature atteindre en m?me temps la rance.

Cotre politique europenne devait donc ?tre l3avenir une politiqueconservatrice. +ans doute" on ne pouvait se ,latter d3avoir cristallis

l38urope dans les ,ormes qu3elle avait re-ues en $V&. eschan5ements taient invita)les avec le cours des >5es. es pro)lmesnouveaux devaient se poser. u moins serait/il toujours possi)le deles rsoudre dans l3esprit de notre diplomatie classique et selon les

principes la)ors par la monarchie et les 5rands conseillers de lacouronne. 7ejeter l3exprience acquise et les rsultats o)tenus" pour,onder l38urope sur d3autres )ases et lui donner une nouvelleor5anisation" ne pouvait que pro,iter autrui" retirer la rance son

privil5e d3antriorit" et remettre en question" avec l3quili)re et le

droit commun de l3ancien monde" l3existence de notre pa!s. 1etteerreur est justement celle qu3a commise la 7volution.

Cous allons voir comment le peuple ,ran-ais" aprs avoir russi"avec ses 5uides hrditaires et ses 5rands politiques" assurer sonrepos et sa 5randeur" a travaill de ses propres mains dtruire ce qu3il


44/131

avait ,ait" et comment il a ramen dans le monde l3>5e de ,er et la)ar)arie en cro!ant r5nrer le 5enre humain.


45/131


1hapitre 222

*a rance entre la Prusseet l3Autriche


9 *ouis M26" a dit +ainte/Beuve" n3avait que du )on sens" mais il

en avait )eaucoup. ; *ouis M26 ,aisait preuve de ce )on sens lorsqu3ils3emportait contre *ouvois et lui reprochait comme une ,aute 5raved3avoir ordonn le rava5e du Palatinat. 7ien n3tait" en e,,et" pluscontraire que la violence la politique que le roi entendait suivre dansles pa!s allemands. Qn d,inirait avec justesse cette politique endisant qu3elle correspondait exactement ce qu3on a nomm de nos

jours la 9 pntration paci,ique ;.

=uelle di,,rence entre les Allemands tels qu3on les a vus depuis lemilieu du M622e sicle jusqu3 la ,in du M6222e et tels que nous lesvo!ons aujourd3hui I Aussi souples" aussi empresss se ,ormer notre cole" imiter nos moeurs et parler notre lan5ue que nous lestrouvons or5ueilleux" insocia)les" in,atus de leur 9 culture ;"convaincus de la supriorit de leur race. *es Allema5nes" partir de$V'G" ,urent comme une sorte de 9 province ; oL le peuple parlaitencore un patois 5rossier" mais oL les 5ens comme il ,aut ne se


46/131

servaient que de notre lan5a5e. *es arts" les sciences" tout ! taitdevenu ,ran-ais. *e nationalisme 5ermanique du M2Me sicle s3estscandalis de ce reniement de l3Allema5ne par elle/m?me. +es

historiens rappellent comme un honteux souvenir le lon5 r5ne del3in,luence et de la civilisation ,ran-aises au del du 7hin. 9 *epatriote allemand" dit Biedermann" ne peut qu3en rou5issant reporterson re5ard sur l3poque oL" tandis que *ouis M26 annexait des terresd38mpire avec une am)ition altire" la ,leur de la no)lesse allemandelui rendait homma5e et se sentait trs honore lorsque le dernier de sescourtisans dai5nait approuver tant d3e,,orts pour sin5er la cour derance. ; *a princesse palatine trouva Paris sept princes" quatrecomtes" dix 5entilshommes de son pa!s. Par la suite le nom)re de cescourtisans s3accrut...

=ui croirait aujourd3hui que les Allemands de ces temps/lre5ardaient 9 comme un honneur de servir dans l3arme ,ran-aise ; Slemot est d3un contemporain du 5rand rdric" 1harles/erdinand deBrunsUic


47/131

d3un prsent ,ort au/dessus de sa perte. ; 13tait un s!stme quicontinuait dans les dtails celui dont le trait de 4estphalie ,ormaitles 5randes li5nes d3ensem)le.

Biedermann qui" en Allemand patriote de l3re nouvelle" a tudi"la honte au coeur" la priode de cent cinquante annes environ oLl3Allema5ne a t sous la dpendance de la rance" ,init par conclureque l3avance prise par les ran-ais dans le domaine politique rendcompte du ra!onnement de leur civilisation et de leur 5nie. *38tat si,ortement constitu" si complet" de *ouis M26" possdait ce qu3il,allait pour dominer dans tous les domaines" matriels et spirituels"une Allema5ne oL l38tat n3avait que des or5anes rudimentaires etv5tait pauvrement. *ei)nit@ avait )eau reprocher aux Allemands

leur en5ouement pour les modes tran5res" lui/m?me ne manquaitpas d3crire en ,ran-ais. 2l ,ut attir par *ouis M26 : 9 1ar ce prince"dit Biedermann" tandis qu3il crasait l3Allema5ne" accordait sessavants toute sorte de distinction" 5r>ce l3or5anisation de ses 5randsinstituts scien

Documents

Bainville Histoire deux peuples.odt