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Bios Environnement ; Rue Brindeau Mare-gaillard 97190 Le Gosier SARL (7622,45€), SIRET 403.318.256.00019,N°TVA Intercommunautaire : 403318256 1 Répartition spatio-temporelle des populations de sternes selon les balises de navigation du Petit Cul-de-sac marin et du Grand Cul-de-sac marin (Guadeloupe). Gilles Leblond Gilles Leblond novembre 2009

2009 repartition spatio-temporelle_populations_sternes

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Bios Environnement ; Rue Brindeau Mare-gaillard 971 90 Le Gosier

SARL (7622,45€), SIRET 403.318.256.00019,N°TVA Inte rcommunautaire : 403318256

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Répartition spatio-temporelle des populations de sternes selon les balises de navigation du Petit Cul-de-sac marin et du Grand

Cul-de-sac marin (Guadeloupe).

Gilles Leblond

Gilles Leblond novembre 2009

BIOS Environnement - 2 – novembre 2009

RÉSUMÉ

Titre développé : Guadeloupe, Sternes, Grand Cul-de-sac Marin, répartition, biodiversité Espaces concernés : Le Grand Cul-de-sac Marin et le Petit Cul-de-Sac Marin (principalement les bouées fréquentées par les sternes) Résumé : Le Petit Cul-de-Sac Marin et le Grand Cul-de-Sac Marin accueillent tout au long de l’année des populations de Laridés, sternes, mouettes et goélands. La sous famille des Sterninés est représentée par 4 espèces communes, la Sterne royale (Thalasseus maxima), la Sterne caugek (Thalasseus sandvicencis), la Sterne de Dougall (Sterna dougallii), la Sterne Pierregarin (Sterna hirundo) qui ont été systématiquement recensées d’avril 2005 à avril 2006 avec la collaboration des agents de la Réserve du Grand Cul-de-sac Marin au niveau des bouées de navigation du Petit et du Grand Cul-de-sac marin pendant un cycle annuel. Les résultats de ce suivi montrent que l’espèce dominante est la Sterne caugek, que la population de Sterne de Dougall est principalement nicheuse et que celle de la Sterne pierregarin est surtout migratrice. L’analyse de la répartition indique une ségrégation spatiale et temporelle des populations ainsi qu’une préférence des sternes pour les bouées situées au sud de l’îlet Fajou. Responsable Scientifique :

Gilles LEBLOND, Ornithologue

Partenariat : Collaborations scientifiques Equipe DYNECAR du Laboratoire de Biologie marine, Université des Antilles et de la Guyane :

Max LOUIS, Dominique MONTI, Amandine Vaslet, Charlotte SIROT, Collaborations techniques Le laboratoire de Biologie marine, Université des Antilles et de la Guyane

- Mise à disposition de laboratoire et de matériels pour l’étude. Max Louis, Dominique Monti

- Réalisation de pêches Amandine Vaslet Le Parc National de la Guadeloupe (gestionnaire de la Réserve du GCSM) :

- Soutien logistique : déplacement sur le terrain Simone Mège, Jocelyn Thrace, Xavier Delloue

- Cartographie Alain Ferchal Photographies

Gilles Leblond : figures 2, 3, 4, 6, 9, 11, 12, 17, 19, 21 R.Zambrano : figure 34

Corrections Guy Van Laere Dominique Monti

BIOS Environnement - 3 – novembre 2009

- Introduction _____________________________________________________________________ 4

- I-Méthodologie___________________________________________________________________ 4

- II- Résultats et discussion __________________________________________________________ 4 - IIA. Les espèces________________________________________________________________________ 4

La Sterne caugek (Thalasseus sandvicensis) : code STESAN______________________________________ 6 La Sterne royale (Thalasseus maxima) / : code STE MAX. _______________________________________ 9 La Sterne de Dougall (Sterna dougallii) : Code STEDOU. ______________________________________ 11 La Sterne pierregarin (Sterna hirundo) : Code STEHIR ________________________________________ 13

- IIB-Répartition spatiale des quatre espèces de sternes_______________________________________ 14

La répartition de la Sterne caugek_________________________________________________________ 18 La répartition de la Sterne royale_________________________________________________________ 18 La répartition de la Sterne de Dougall______________________________________________________ 19 La répartition de la Sterne pierregarin______________________________________________________ 20

- II-C. Discussion sur la répartition spatio-temporelle des sternes dans le Grand Cul-de-sac Marin___ 21

Propositions pour préserver les populations de sternes_________________________________________ 22 Le suivi des populations de sternes.________________________________________________________ 25

- Conclusion _____________________________________________________________________ 26

- Remerciement __________________________________________________________________ 26

- Bibliographie ___________________________________________________________________ 27 Rapports, livres et publications___________________________________________________________ 27 Documents Internet_____________________________________________________________________ 28

BIOS Environnement - 4 – novembre 2009

- Introduction Les sternes sont des oiseaux marins principalement piscivores, souvent dépendantes pour leur survie de l’état des peuplements de poissons et de la qualité de leur environnement. Si les espèces qui fréquentent régulièrement le Petit et le Grand Cul-de-sac Marin sont connues, la structure spatiale et temporelle de leurs populations ainsi que le rôle qu’elles jouent dans l’espace lagunaire n’est pas clairement défini. Ces oiseaux, à défaut d’îlots disponibles, utilisent les bouées de navigation comme reposoirs. Celles-ci ont été systématiquement prospectées lors de tournées bimensuelles avec les agents de la Réserve Naturelle du Grand-Cul-de-sac Marin sur un cycle annuel, au cours desquelles ont été relevé les espèces et les effectifs d’oiseaux marins. - I-Méthodologie Le dénombrement des sternes s’est réalisé sur une année, d’avril 2005 à avril 2006. Pendant cette période, les bouées du Petit Cul-de-sac Marin et du Grand Cul-de-sac Marin ont été observées le matin, deux fois par mois, généralement à un jour d’intervalle. Les oiseaux marins présents ont été identifiés et comptés. L’état du plumage (plumage nuptial, PN, et plumage internuptial, PIN) a été noté pour les sternes. Des incursions à l’îlet Caret et l’Îlet Blanc (Îlets Carénages) ont permis de compléter les données. Pour les observations, des jumelles KOWA 10x50 ont été utilisées. Les déplacements se sont effectués avec le bateau de la Réserve du Grand-Cul-de-sac Marin. - II- Résultats et discussion

- IIA. Les espèces Quatorze espèces ont été répertoriées pendant la période de référence. A cette liste peuvent être rajoutés d’autres Laridés qui ont été déjà observés dans la zone d’étude soit régulièrement comme le Goéland à bec cerclé (Larus delawarensis), soit plus rarement comme le Goéland brun (Larus fuscus), le Goéland argenté (Larus argentatus) et la Sterne Hansel (Sterna nilotica).

ORDRE FAMILLE SOUS FAMILLE ESPECES NOM VERNACULAIRE CODEPELECANIFORME FREGATIDAE Fregata magnificens Frégate magnifique FREMAG

PELECANIDAE Pelecanus occidentalis Pélican brun PELLOCCHARADRIIFORME LARIDAE LARINAE Larus atricilla Mouette atricille LARATR

Larus ridibundus Mouette rieuse LARRIDLarus marinus Goéland marin LARMAR

STERNINAE Thalasseus maxima Sterne royale STEMAXThalasseus sandvicensis sandvicensis Sterne caugek STESANThalasseus sandvicensis eurygnatha Sterne de Cayenne STESANESterna dougallii Sterne de Dougall STEDOUSterna hirundo Sterne pierregarin STEHIRSternula antillarum Sterne des Antilles STEANTAnous stolidus Noddi brun ANOSTOOnychoprion fuscata Sterne fuligineuse STEFUSOnychoprion anaethetus Sterne bridée STEANA

Tableau I : Espèces répertoriées dans la zone d’étude d’avril 2005 à avril 2006.

Sept espèces se distinguent par leur fréquentation, figure 1 :

� Quatre sternes, la Sterne caugek, la Sterne royale, la Sterne de Dougall et la Sterne pierregarin.

� Une mouette, la Mouette atricille � Deux pélécaniformes, la Frégate magnifique et le Pélican brun.

BIOS Environnement - 5 – novembre 2009

Les autres espèces ont été observées de manière ponctuelle ne permettant pas de réflexions sur leur répartition. Dans ce rapport, seules les sternes seront abordées.

35,16

13,0811,64

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44,00

STESAN STEMAX FREMAG LARATR STEDOU PELOCC STEHIR STEANT LARMAR STEFUS ANOSTO STESANE LARRID STEANA

Figure 1 : Moyenne par sortie des observations des quatorze espèces d’oiseaux marins.

Figure 2 : Goéland marin premier hiver, Petit Cul-de-sac Marin, janvier 2006

BIOS Environnement - 6 – novembre 2009

Figure 3 : Frégate magnifique sub-adulte femelle, Grand Cul-de-sac Marin, mars 2006

Figure 4 : Pélican brun adulte, Grand Cul-de-sac Marin, avril 2006

La Sterne caugek (Thalasseus sandvicensis) : code STESAN La population de cet oiseau est en moyenne beaucoup plus abondante (figure1) que celles des autres espèces. La Sterne caugek est présente toute l’année avec d’importantes fluctuations (l’étendue de la distribution varie de 5 à 99) sur la période d’inventaire (figure 5). Les effectifs décroissent assez régulièrement d’avril (62 oiseaux) à août (16 individus) pour remonter jusqu’à un pic d’abondance situé en novembre 2006 (99 oiseaux) et ensuite redescendre. Ces variations se calquent assez bien sur la phénologie d’une population de Sterne Caugek migratrice hivernante. En comparant les cycles de reproduction et de migration, (Shealer, 1999), avec les données, il est constaté que les effectifs minimum de la population (juin à août) coïncident avec la période de reproduction et les maxima (novembre décembre) avec la fin de la période de migration.

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STESAN

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Figure 5 : Répartitions temporelles des populations de la Sterne caugek et de la Sterne royale

dans la zone d’étude. . Le résultat de l’analyse des différents stades de plumage observés va dans le sens de cette allégation. L’évolution de la calotte noire chez les sternes adultes est corrélée avec la période de reproduction (Olsen et al, 1995 ; Shealer, 1999) Elle est quasiment blanche en période internuptiale et totalement noire en début de période de reproduction (avril, mai). L’acquisition du plumage nuptial se fait sur les lieux d’hivernage au cours d’une mue partielle qui débute en février (Olsen et al, 1995), elle est plus ou moins rapide selon les individus et dès le mois de mars (figure 6) certains individus arborent la calotte noire.

Figure 6 : Population de Sterne caugek (mars 2006) : plumage nuptial et internuptial

Sur une population reproductrice, en avril mai, la majorité de la population a un plumage nuptial, (obs pers, Saint Barthélemy) seuls quelques individus présents en marge de la colonie,

BIOS Environnement - 8 – novembre 2009

généralement des immatures (1ère ou 2ème année), ont un plumage semblable au plumage internuptial.

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Figure 7 : Evolution mensuelle du plumage de la population de la Sterne caugek

Légende : PIN = Plumage internuptial, PN = Plumage nuptial. L’évolution mensuelle du plumage (figure 7) de la population de Sterne caugek qui fréquente le Grand et le Petit Cul-de-sac Marin indique la présence d’une majorité d’individus non reproducteurs en début de période de reproduction (61 à 86%).

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Total

PN (%)

Figure 8 : Evolution mensuelle des effectifs de Sterne caugek et du pourcentage d’oiseaux en plumage nuptial au

mois de mars, avril, mai et juin. Légende : PN = Plumage nuptial.

BIOS Environnement - 9 – novembre 2009

L’analyse des effectifs totaux et du pourcentage d’oiseaux en plumage nuptial, figure 8, des mois de mars, avril et mai, permet de formuler l’hypothèse suivante : de mars à avril les oiseaux acquièrent leur plumage nuptial (augmentation du pourcentage de plumage nuptial) et ils migrent vers les lieux de reproduction (diminution des effectifs). En mai il reste une population d’oiseaux non nicheurs et quelques individus en plumage nuptial. Ces derniers seraient soit quelques couples reproducteurs et dans ce cas là ils nicheraient dans un rayon de 25 à 26km (Shealer, 1999), soit sont de jeunes adultes (3 ans) qui pour des raisons non connues n’auraient pas rejoint leurs colonies : selon Shealer 1999, l’âge de première nidification serait de 3 ou 4 ans.

Figure 9 : Sterne de Cayenne (juillet 2005) en compagnie d’une Mouette atricille et

d’une Sterne de Dougall Il faut noter la présence simultanée de quelques individus de la sous espèce T.s.eurygnatha, la Sterne de Cayenne. La Sterne royale (Thalasseus maxima) / : code STE MAX.

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PIN

PN

Figure 10 : Evolution mensuelle du plumage de la population de la Sterne royale

Légende : PIN = Plumage internuptial et immature, PN = Plumage nuptial. La Sterne royale est présente toute l’année, figure 5 et 10, en nombre nettement moins important que la Sterne caugek, figure 1. L’étendue de la distribution varie de 1 à 33 avec un pic d’abondance

BIOS Environnement - 10 – novembre 2009

en février de 33 oiseaux) et une quasi-absence (1 individu) en août. Cette variation d’abondance correspond à la description de la migration des populations nord américaines décrites par Buckley et Buckley, 2002, une augmentation des effectifs des populations sur les lieux d’hivernage jusqu’en janvier, puis une migration à partir de la fin février.

Figure 11 : Sterne royale (mars 2005), plumage internuptial

Figure 12 : Sterne royale, plumage nuptial

Le plumage nuptial de la Sterne royale est caractérisé par une calotte noire (figure 12), la mue nuptiale commençant en janvier-février (Olsen et al, 1995) pour finir en mars-avril. Au sein de la population étudiée, les premiers adultes possédant la calotte noire sont répertoriés en mars ce qui corrobore ces dires. Au même moment les effectifs décroissent, les oiseaux rejoignant les sites de reproduction. La période de reproduction s’étend d’avril à août (Raffaele et al, 1998 ; Leblond 2003) mais dès le mois de mai, (Olsen et al, 1995) la calotte nuptiale évolue vers un plumage internuptial avec l’apparition de plumes blanches et au mois de juillet, la majorité des oiseaux auront la calotte blanche.

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PN (%)

Figure 13 : Evolution mensuelle des effectifs de Sterne royale et du pourcentage d’oiseaux en plumage nuptial au

mois de mars, avril, mai et juin. Légende : PN = Plumage nuptial.

Le reliquat d’individus présents (de 1 à 9 oiseaux) pendant la période de reproduction, pourrait correspondre aux immatures de 1ère ou 2ème année ou bien, lorsqu’ils ont un plumage nuptial, aux jeunes adultes de 3 ou 4 ans qui ne se reproduisent pas encore. D’après les données de baguage de différents sites, l’âge de la première nidification de la Sterne royale varierait de 2 à 6 ans (Buckel et Buckel, 2002) et les oiseaux qui ne se reproduisent pas continueraient à fréquenter les lieux d’hivernage pendant la période de reproduction. Une autre hypothèse pour expliquer la présence des quelques oiseaux en plumage nuptial au mois de mai et juin serait l’existence d’une colonie dans un rayon de 65 à 120 km (Buckley et al, 2002), cela n’est pas improbable, quelques couples seraient présents à Montserrat (Bradley et al, 2009). La Sterne de Dougall (Sterna dougallii) : Code STEDOU. Elle n’a été présente dans la zone d’étude que durant les mois d’avril à août, figure 14, ce qui correspond à sa période de reproduction (Gochfeld et al, 1998 ; Leblond 2000 et 2001). Pour cette espèce la calotte est noire dès le mois d’avril. Le bec noir en avril, devient à moitié rouge selon l’avancée de la période de reproduction (Cormons, 1976 ; Gochfeld et al, 1998, obs pers), ce dernier caractère n’a pas été relevé systématiquement. Au mois de mai, 100% des oiseaux avaient la calotte noire (figure 15 et 16), cette proportion a diminué dès le mois de juin pour atteindre 38% en août ce qui coïncide avec la phénologie de la mue décrite par Olsen et Larsson (1995). Ils indiquent que le début de la mue pour la tête et les plumes de corps commencerait en juin-juillet. Parallèlement, les effectifs ont été relativement stables jusqu’au mois de juillet (35 à 40 oiseaux répertoriés), en août, ils ont diminué, en septembre aucun oiseau n’a été aperçu pendant les inventaires.

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STEDOU

STEHIR

Figure 14 : Répartition temporelle des populations de la Sterne de Dougall et de la Sterne pierregarin

dans la zone d’étude.

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PIN

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Figure 15 : Evolution mensuelle du plumage de la population de la Sterne de Dougall

Légende : PIN = Plumage internuptial, PN = Plumage nuptial.

La configuration (figure 16) obtenue en juxtaposant les effectifs et le pourcentage d’oiseaux possédant une calotte noire, peut être considérée comme un modèle identifiant une colonie migratrice nicheuse. Des relevés sur plusieurs années permettront d’affiner ce modèle en prenant en compte la couleur du bec et en vérifiant que celle-ci évolue bien en fonction du déroulement de la reproduction (Cormons, 1976 ; Gochfeld et al, 1998). Ainsi en 2005, 41 couples de Sterne de Dougall ont tenté de nicher sur l’îlet blanc avant d’être interrompus par une houle cyclonique (Mège, com pers).

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Total

PN (%)

Figure 16 : Evolution mensuelle des effectifs de Sterne de Dougall et du pourcentage d’oiseaux en plumage

nuptial au mois de mai, juin, juillet et août. Légende : PN = Plumage nuptial.

Figure 17 : Sterne de Dougall (avril 2006), plumage nuptial et bec noir.

La Sterne pierregarin (Sterna hirundo) : Code STEHIR Une population de Sterne pierregarin a fréquenté la zone d’étude de septembre à novembre 2005, figure 14. Cette présence semble correspondre à une étape migratoire de populations descendant plus au sud (Nisbet et al, 2002). En octobre 2007, la reprise d’un individu, bagué en juillet sur l’île de Nantucket (Massachussetts), va dans le sens de cette allégation. En septembre, 40% des individus contactés avaient encore une calotte noire. Cette situation concorde avec le cycle de mue de l’espèce décrite par Olsen et Larsson (1995), bien que les populations nord-américaines soient moins renseignées à ce sujet. Ainsi, selon ces auteurs, l’évolution de la mue dépendrait des ressources alimentaires rencontrées sur les étapes migratoires et pourrait s’étendre sur une assez longue période.

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Figure 18 : Evolution mensuelle du plumage de la population de la Sterne pierregarin

Légende : PIN = Plumage internuptial, PN = Plumage nuptial.

Figure 19 : Groupe de Sterne pierregarin en plumage internuptial, janvier 2006.

- IIB-Répartition spatiale des quatre espèces de sternes

Les bouées concernées par l’étude sont localisées dans six secteurs (figure 20 et tableau II) répartis dans trois régions, le Petit Cul-de-sac Marin (PCSM), la Rivière Salée et le Grand Cul-de-sac Marin, GCSM.

� Dans le Petit Cul-de-sac Marin sont comprises les bouées situées entre la Marina de Bas-du-Fort et la Rivière Salée, les bouées du Port Autonome ainsi que les flotteurs (boudins) du bateau de la sablière et le coffre d’amarrage.

� Dans la Rivière salée sont concernées uniquement les bouées de la Rivière Salée. � Dans le Grand Cul-de-sac Marin, les balises retenues sont situées dans 3 zones, le nord de

l’îlet Fajou (les bouées les plus au large), les environs proches de l’îlet Fajou et le sud de l’îlet Fajou.

BIOS Environnement - 15 – novembre 2009

Figure 20 : Les principales bouées (triangles jaunes) concernées par l’étude (A.Ferchal, PNG)

Les bouées sur lesquelles ont été observé des oiseaux sont indiquées dans le tableau II et sont de formes et de couleur variables, figure 21.

Bouées LocalisationRN3RN4RN5C1C2C3C4C5C6C7C8C9RS1 Sortie Rivière SaléeBV LauricisqueBoudinsCoffreJS4JS6JS7JS8BV12BV6BV DarboussierBF4PJ1PJ2PA2

Nord de l'îlet Fajou

Marina-Rivière salée

Port Autonome

Fajou

Sud de Fajou

Tableau II : Bouées accueillant des oiseaux marins

BIOS Environnement - 16 – novembre 2009

Figure 21: différents types de bouées Les oiseaux marins fréquentent d’une manière très inégale tant au niveau qualitatif (richesse spécifique) que quantitatif, les bouées des différents secteurs, figures 22, 23 et 24.

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Figure 22 : Répartition de la richesse spécifique des oiseaux marins selon les bouées. Les couleurs se rapportent

aux différentes zones du tableau II.

BIOS Environnement - 17 – novembre 2009

Ainsi dans la rivière salée, aucun oiseau n’a été observé sur les bouées, à part sur celle située à l’entrée nord du chenal, RS1. Dans le PCSM, les bouées les plus fréquentées sont situées entre la gare maritime et la Marina de Bas-du-Fort et dans le GCSM, ce sont celles situées au sud de l’îlet Fajou, C8 et C9 Pour chaque bouée, le nombre total d’espèces a été relevé, c’est la richesse spécifique illustrée par la figure 22. La balise C8 se démarque des autres par une richesse de 9 espèces. Néanmoins, cette distinction est toute relative. En effet, mise à part les quatre sternes étudiées, la Frégate magnifique et le Pélican brun dont les effectifs sont conséquents et pour lesquels pourrait être décelé un certain tropisme, les autres espèces ne sont représentées que par un ou quelques individus réduisant ainsi la probabilité d’être aperçus. De surcroit, la proximité des sites à vol d’oiseaux, les observations effectuées en marge du protocole ainsi que les relevés antérieurs (obs pers) d’espèces relativement courantes (Goéland à bec cerclé, Sterne Hansel et Petite sterne.), laissent supposer une plus grande diversité de la richesse spécifique tout du moins sur les balises les plus fréquentées. Par contre, en ne prenant en compte que les quatre sternes les plus abondantes, la Sterne caugek, la Sterne royale, la Sterne de Dougall et la Sterne pierregarin, il apparaît une localisation de la richesse spécifique maximale (les 4 espèces) sur les bouées C7, C8 et C9, figure 23. A l’inverse, la bouée RN3, située plus au large n’a accueilli qu’une espèce, la Sterne caugek.

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Figure 23 : Répartition des effectifs des 4 sternes selon les bouées.

Cette disparité de la biodiversité annonce une répartition spatiale distincte pour chaque population de sternes. La répartition des effectifs moyens (nombre d’oiseaux par sortie et par balise) permet de mieux appréhender la distribution biogéographique pour chaque espèce à l’échelle du secteur étudié.

BIOS Environnement - 18 – novembre 2009

La répartition de la Sterne caugek Cette espèce hivernante et présente pratiquement toute l’année, a été observée plutôt dans le Grand Cul-de-sac marin. Deux pôles de concentration apparaissent nettement, les bouées C7 et C8 (m=5.60 et 10.96) et la bouée RN3 (m=6.36) qu’elle est la seule (des 4 espèces de sternes étudiées) à avoir fréquentée. La région du Petit Cul-de-sac semble délaissée.

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Figure 24 : Moyenne des effectifs par bouée de la Sterne caugek

La répartition de la Sterne royale Hivernante comme l’espèce précédente, elle s’en distingue par des effectifs bien moindre et une tendance de répartition diamétralement opposée, plus au sud (figure 25) comme le soulignent les bouées BV12 (m=1.38) et BV Darboussier (m=1.32). Néanmoins les deux espèces partagent le même pôle d’abondance, la bouée C8 (m=2,67). La répartition spatiale relativement distincte entre la Sterne caugek et la Sterne royale pourrait refléter une compétition de type ségrégation active (Blondel, 1995), pour les aires de poses par exemple avec une zone de sympatrie située entre C9 et C6. Cela pourrait être du aussi à des exigences écologiques différentes dont les paramètres n’ont pas encore été identifiés (alimentation, état du milieu, proximité des activités humaine, etc.).

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Figure 25 : Moyenne des effectifs par bouée de la Sterne royale.

La répartition de la Sterne de Dougall

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Figure 26 : Moyenne des effectifs par bouée de la Sterne de Dougall.

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La Sterne de Dougall a fréquenté la zone d’étude pendant sa période de nidification (figure 14) durant laquelle elle est restée localisée au Grand-cul-de-sac-marin, dans le lagon, mis à part quelques individus répertoriés dans le Petit cul-de-sac marin. Cette répartition est conforme au comportement de l’espèce qui généralement s’alimente à proximité du site de nidification (Perennou et al, 1996 ; Gochfeld et al, 1998), ici l’îlet blanc Carénage. Les sternes ont utilisé principalement la bouée C9, située pas très loin de la rivière salée. La répartition de la Sterne pierregarin Une population de Sterne pierregarin a été présente, selon la figure 14, de septembre à novembre 2005 ainsi que quelques individus de janvier à mars, ce qui constitue des étapes migratoires pour l’espèce. Durant ces séjours les sternes ont été localisées principalement au niveau des bouées C8 et C9 (m=1.5 et m=1.45) mais aussi d’une façon moindre, sur la bouée RN3 (m=0.17), située au nord-ouest de l’îlet Fajou et sur la bouée BV Darboussier (m=0.5) traduisant ainsi une répartition assez large.

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Figure 27 : Moyenne des effectifs par bouée de la Sterne pierregarin.

Toutes espèces d’oiseaux marins confondues, les bouées du GCSM sont les plus riches, en termes de biodiversité (figure 22 et 23) et d’abondance (figures 24 à 27) principalement les bouées C7, C8 et C9, situées entre la Rivière Salée et l’îlet Fajou. Elles cumulent à peu près 60% des observations de sternes. De surcroit, l’analyse de la moyenne des effectifs pour chaque bouée, identifie les pics d’abondance de chaque espèce au niveau de C8 ou C9. Il est probable que le choix des sternes pour ces balises réponde à plusieurs facteurs, l’espace disponible pour la pose, la proximité de l’alimentation, la protection contre le vent et la houle, la présence d’autres sternes, etc. Les schémas de répartition spatiale (en fonction de l’abondance de chaque population au niveau des bouées) diffèrent selon les espèces. Les deux populations hivernantes, la Sterne caugek et Sterne royale se répartissent plutôt au nord pour la première et plutôt au sud pour la seconde avec une zone de sympatrie, les bouées C6 à C9. La population nicheuse, la Sterne de Dougall est localisée dans le

BIOS Environnement - 21 – novembre 2009

lagon, alors que la Sterne pierregarin, migratrice a une aire de répartition beaucoup plus large qui englobe l’ensemble des zones.

- II-C. Discussion sur la répartition spatio-temporelle des sternes dans le Grand Cul-de-sac Marin

Il y a quatre populations principales de sternes présentes dans le GCSM, celle de la Sterne caugek est de loin la plus abondante et celle de la Sterne de Dougall, la plus sensible du fait qu’elle correspond à une colonie reproductrice menacée en Guadeloupe (Leblond, 2003). Les bouées privilégiées par les sternes se situent au sud de l’îlet Fajou et répondent probablement à des critères stratégiques (accès aux différentes zones de pêches, préservation des prédateurs) et environnementaux (courantologie, régime éolien, houle, etc.). La différence de répartition spatiale des deux espèces hivernantes (Sterne caugek et Sterne royale) ressemble à un phénomène de compétition qui se traduirait par une ségrégation spatiale dont les règles n’ont pas pu être déterminées. Cette hypothèse, pour être validée, demanderait une extension de l’échantillonnage sur quelques années et sur un territoire plus important. Les deux autres populations de sternes s’échelonnent temporellement sur la zone d’étude. La Sterne de Dougall était présente pendant sa période de reproduction et localisée au lagon du Grand Cul-de-sac marin. La Sterne pierregarin, moins exigeante, a fréquenté l’ensemble de la zone d’étude au cours d’une halte migratoire lors de la migration automnale. Des observations annexes que nous avons effectuées sur les îlets pendant la période d’étude, tendent à montrer leur utilisation privilégiée par les populations de sternes le soir et une partie de la journée lorsqu’ils sont déserts (absence d’activités anthropiques), les bouées servant plus de lieux de repli lorsque les îlots sont occupés. Aussi, pour les sternes, les enjeux sont les suivants : disposer d’aires de pose (le soir et durant la journée) et, pendant la période de reproduction, de zones de nidification tranquilles, ce qui est loin d’être le cas à l’heure actuelle ; les bancs de sable non protégés sont occupés régulièrement par des estivants et celui de l’îlet blanc Carénage pourtant préservé officiellement de tout débarquement de mai à septembre n’est pas exempt de perturbations humaines pendant cette période lorsqu’il n’est pas désagrégé par les courants. Deux espèces de sternes peuvent nicher sur les bancs de sable, la Sterne de Dougall et la Petite sterne (Sternula antillarum), non recensée au niveau des bouées, auxquels peut se rajouter occasionnellement la Sterne pierregarin (Mège, 1998).

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Figure 28 : Evolution de la population de Sterna dougallii de 1998 à 2009

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Sur l’îlet blanc Carénage de Sainte Rose il y a eu en1991, 88 couples de sternes, toutes espèces confondues, (Ferreti, 1996), mais depuis 1998, malgré diverses tentatives, aucune reproduction n’a été menée à terme.

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Figure 29 : Evolution de la population de Sternula antillarum de 1998 à 2009

Cette absence de résultat de reproduction est préoccupante et la situation peut être considérée comme critique : en Guadeloupe, les populations nicheuses de sternes blanches sont menacées en raison du peu de sites disponibles et de l’absence de protection effective ou efficace. Par exemple, la proximité de la côte de l’îlet blanc de Sainte Rose permet des débarquements à toute heure. Le développement de la végétation n’a pas été favorable à l’installation des sternes mais permet au contraire la présence de prédateurs comme le Bihoreau violacé (Nycticorax violacea) et le rat noir (Rattus rattus). L’étude diligentée en 1999 et 2000 sur la Sterne de Dougall (Leblond, 2000) avait montré que cette population utilisait aussi l’îlet Tillet (appelé encore Tête à l’Anglais) ce qui expliquait la présence de jeunes volants sur l’îlet blanc alors que le stade poussin n’avait pas été observé. L’utilisation d’au moins deux sites de reproduction est une pratique courante chez les colonies de Sterne de Dougall en raison de leur sensibilité à tout dérangement (Perennou et al, 1996). Pour remédier à cette situation défavorable aux populations de sternes, plusieurs actions peuvent être envisagées, elles sont évoquées dans le chapitre suivant. Propositions pour préserver les populations de sternes Les Petit et Grand Cul-de-sac marin font l’objet d’une fréquentation importante surtout les fins de semaine laissant peu d’espace terrestre aux sternes blanches. Aussi, il est inéluctable qu’il faille gérer l’espace entre les activités humaines et les populations animales, notamment en préservant et en créant des aires de repos et de reproduction pour les oiseaux.

� Le maintien et le renforcement de la protection de l’îlet blanc Carénage ainsi qu’un aménagement plus favorable aux sternes.

L’évolution de la végétation de l’îlet blanc (plantations d’origine anthropique) est défavorable aux sternes nicheuses, dont la Sterne de Dougall, et favorise l’occupation humaine de l’îlet. Les nombreux débarquements et les reliefs de repas ont entrainé l’apparition de rats et peut être de souris. Pour retrouver des conditions compatibles avec la nidification, un déboisement total semble

BIOS Environnement - 23 – novembre 2009

nécessaire. La végétation herbacée pourra aussi être limitée (diminution des crabes) sauf peut être en bordure pour limiter l’érosion. Des dispositifs favorables aux couvées pourront être envisagés. Actuellement il est reconnu, par les gestionnaires de sites accueillant des colonies d’oiseaux marins, qu’un périmètre de protection (activité nautiques interdites) de 100m autour des îlots de nidification est nécessaire pour préserver la tranquillité des oiseaux et donc favorable au succès de reproduction. Cette aire peut être matérialisée par un chapelet de bouées. La vitesse excessive des bateaux à moteurs a proximité des colonies d’oiseaux marins est aussi un facteur négatif ; elle pourra être limitée à 5 nœuds dans le petit chenal qui jouxte l’îlet. La surveillance quasi-continue pendant la période d’installation et la couvaison doit être envisagée pour éviter tout dérangement. L’application, voire un renforcement, de la réglementation concernant les conditions de fréquentation de l’îlet hors période de reproduction (heures de débarquement, dépôt de déchets, etc.) doit être effectué pour préserver une certaine quiétude et une qualité environnementale optimale.

� La protection de l’îlet Tillet. L’autre site de nidification de sternes blanches connu en Guadeloupe est l’îlet Tillet (ou îlet Tête à l’Anglais) situé à l’ouest du Grand Cul-de-sac Marin. Il abrite en temps normal une petite population de sterne de Dougall et surtout d’autres espèces de sternes (Sterne bridée, Sterne fuligineuse et Noddi brun). Ne représentant pas encore d’intérêt touristique, il pourra aisément faire l’objet d’une législation adaptée à la protection des colonies d’oiseaux marins comme l’interdiction de débarquer et l’établissement d’un périmètre non navigable de 100m.

� La gestion horaire des débarquements sur l’îlet Caret et, hors période de reproduction, sur l’îlet blanc Carénage.

Il a été constaté qu’en l’absence de fréquentation humaine les sternes occupent de préférence les bancs de sable comme celui de l’îlet Caret. Une répartition horaire de l’occupation des îlets peut être envisagée associée à une interdiction de bivouaquer pour permettre aux sternes de se reposer. L’accès aux îlets par les estivants pourrait se faire par exemple de 9h00 du matin à 17h00, pour permettre aux oiseaux de se reposer la nuit et en début de matinée.

� La création d’aires de reproduction artificielles, radeau, plateformes ou bancs de sable. Dans de nombreuses régions, l’anthropisation des milieux naturels incite, pour préserver les oiseaux qui nidifient en milieux aquatiques, à créer des aires de reproduction artificielle fixes ou flottantes (Perennou et al, Lampman et al, Lecornu (LPO), Techlow et al, LPO Alsace, Beaud, Shealer et al.). Ces aménagements peuvent être envisagés au sud de l’îlet Fajou, en dehors du trafic nautique et à l’ouest du Petit Cul-de-Sac Marin. Les radeaux ou plateformes flottantes sont utilisés pour des espèces comme la Sterne pierregarin, la Sterne de Foster (Sterna fosteri), la Sterne Caspienne (Hydroprogne caspia), la Sterne noire (Chlidonias niger), etc.

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Figure 30 : Schéma d’un radeau de nidification pour sternes (Waterways & Wetlands, Agate et al, 2003)

Figure 31 : Mise en place de radeaux de reproduction de sternes (The Wildlife trusts, 2007)

Figure 32 : Plateforme de reproduction fixe. (Le Cof, 2006)

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Figure 33 : Colonie de Sterne Pierregarin sur une plateforme flottante (Cliché de R. Zambrano)

Dans la bibliographie, plusieurs types de plateformes flottantes ou fixes (dimensions, nature des flotteurs, etc.) sont décrites, elles sont souvent situées sur des plans d’eau calmes : lacs, estuaires. Le substrat est généralement constitué de gravier ou de sable, il peut être végétalisé selon les espèces ciblées. Des abris pour les adultes ou les poussins peuvent être placés. Ces installations légères pourront concerner la Petite sterne, la Sterne pierregarin et éventuellement la Sterne de Dougall, bien que nous n’ayons pas trouvé encore d’information sur la reproduction de cette espèce sur plateforme. Elles peuvent être aussi utilisées dans une phase de recherche ou pilote (recherche de sites favorables) en attente d’une solution plus pérenne. Une autre option serait de réaliser un îlot artificiel flottant en mouillant une barge de type de celles utilisées pour le transport de sable (sur une barge à moitié coulée prés du Port Autonome, quelques Petite sternes s’étaient installées en 2003, obs pers) ce qui permettrait d’avoir une surface suffisante et une meilleure stabilité pour accueillir une colonie de Sterne de Dougall.

� Des îlots artificiels Dans le Petit Cul-de-sac Marin, des îlots artificiels (Îlet Chasse, Îlet Boissard) sont occupés par des habitations et, quelques bancs de sable qui lorsqu’ils son émergés, servent de reposoirs pour des laridés. Une population de Petite sterne après s’être installée au niveau de la sablière, s’y était réfugiée (obs pers). L’idée est de créer ou de renforcer dans cette zone un banc de sable pour la reproduction des sternes en utilisant entre autre les matériaux issu du dragage du port. Ce projet pourrait s’intégrer dans l’aménagement du port. Le suivi des populations de sternes. Toute l’année, le Petit et le Grand Cul-de-sac Marin sont fréquentés par des populations de sternes nicheuses ou hivernantes, traduisant un rôle important de ces deux zones géographiques dans l’alimentation de ces oiseaux ainsi qu’une responsabilité de la part de leurs gestionnaires de garantir une qualité environnementale optimale. Pour appréhender d’éventuelles fluctuations de richesse spécifique et d’effectifs et les comparer inter-annuellement, des suivis sont indispensables. Actuellement des relevés réguliers procédés lors de déplacements dans le Grand Cul-de-sac Marin par le Parc National de Guadeloupe, transférés dans la base de données Atlas des oiseaux, sont effectués et permettent d’avoir une information minimale notamment sur la présence et l’absence des espèces. L’estimation des effectifs est difficile car toutes les bouées ne sont pas prises en compte simultanément. Aussi des protocoles un peu plus étoffés, adaptés à la phénologie de chaque espèce, permettront de mieux cerner les abondances. Ces affinements ne sont valables que s’il y a des analyses régulières

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� Le suivi régulier. Tel qu’il est pratiqué, il permet d’avoir des informations sur les espèces présentes. Il permettra aussi de déclencher (observations de beaucoup d’oiseaux, arrivée des sternes de Dougall) la phase plus élaborée du suivi des bouées et des îlets.

� Le suivi des bouées et des îlets. Au regard des résultats de ce rapport, plusieurs périodes sont à considérer, d’octobre à décembre pour la Sterne caugek et la Sterne pierregarin, de janvier à mars pour la Sterne royale et deux périodes pour la Sterne de Dougall (et pour la Petite sterne), de mars à juin pour la population de reproducteurs et d’août à septembre pour les juvéniles. Deux sorties par période peuvent être envisagées. Le trajet devra comporter les bouées du Petit et du Grand Cul-de-sac marin, l’îlet Caret et l’îlet blanc Carénage en une seule traite pour éviter de compter deux fois les mêmes oiseaux. La phénologie du plumage devra être prise en compte (plumage nuptial et plumage internuptial) ainsi que pour les sternes de Dougall l’évolution de la couleur du bec.

� Le suivi des colonies Si il y a reproduction (Sterne de Dougall, Petite sterne et Sterne pierregarin) les colonies peuvent être suivies selon les modalités actuelles : pas d’observation de 5 jours et relevés du nombre d’oiseaux qui couvent, des poussins et des juvéniles, le tout sans débarquement sur l’îlet. Ces suivis doivent faire l’objet d’analyses annuelles et pluriannuelles pour être efficaces. - Conclusion Le Petit et le Grand Cul-de-sac Marin sont fréquentés régulièrement tout au long de l’année par cinq populations de sternes, Sterne caugek, Sterne royale, Sterne pierregarin, Sterne de Dougall et Petite sterne. Si les trois premières sont, dans le cadre de l’étude, des groupes hivernants ou non reproducteurs (immatures), les deux autres espèces correspondent à des colonies reproductrices qui utilisent les bancs de sable. Ceux-ci font l’objet d’une pression anthropique défavorable à la nidification des sternes. Ce constat laisse présager une disparition des colonies reproductrices de sternes blanches dans le Grand Cul-de-sac marin. Pour contrer cette tendance, l’aménagement de l’îlet blanc Carénage, la création de plateforme ou d’îlot de nidification pourraient constituer des solutions adéquates. Ces aménagements seront aussi favorables aux populations hivernantes comme celles de la Sterne caugek, abondante et souvent restreinte à utiliser les bouées. L’utilisation alimentaire des lagons par les sternes ne fait aucun doute, et ces oiseaux intègrent la chaîne alimentaire marine, les résultats des analyses des pelotes de rejection récoltées pendant la durée de l’étude permettront peut être de mieux cerner leurs rôles. - Remerciement A Claudine Bignan, qui nous a quittés, Hervé Magnin et Guy Van Laere du service biodiversité du PNG pour leur ténacité et leur patience. A Simone Mège, Jocelyn Thrace, Xavier Delloue de la Réserve naturelle du Grand Cul-de-sac Marin qui m’ont amené sur les bouées et les îlets. A Max Louis, Dominique Monti, Amandine Vaslet, Charlotte SIROT, Yolande et Claude Bouchon de l’UAG pour leur aide et la mise à disposition de leurs locaux. A Alain Ferchal du département informatique du PNG pour son efficacité, sa gentillesse et sa disponibilité. A Ricardo Zambrano de la Florida Fish and Wildlife Conservation Commission A tous ceux qui ont de près ou de loin participé à cette étude.

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- Bibliographie Rapports, livres et publications Agate, E., Brooks, A., 2003. Islands and rafts in Waterways & Wetlands. BTCV. Beaud, M. 2001. Quelques expériences dans le domaine de la protection de la Sterne pierregarin, Sterna hirundo, en période de nidification. Cercle ornithologique de Fribourg. Nos oiseaux, supp5 : 73-80. Blondel, J. 1995. Biogéographie. Approche écologique et évolutive. Ed Masson. 297p. Bradley, P.E., Norton, R.L. 2009. An inventory of breeding seabirds of the Caribbean. University Press of Florida. 339p. Buckley, P.A., Buckley, F.G. 2002. Royal tern (Sterna maxima). The Birds of North America Online (A. Poole, Ed.). Vol 700. Cormons, D.G. 1976. Roseate tern bill color change in relation to nesting status and food supply. Wilson Ornithological Society. Vol 88, N°3 : 377-389. Ferreti, S. 1996. La Petite sterne et la Sterne Pierregarin : un enjeu de la biodiversité de la Réserve Naturelle du Grand Cul-de-sac Marin. Rapport de stage de maitrise de biologie des écosystèmes et des populations. Université des Antilles et de la Guyane. 16p. Gochfeld, M., Burger, J., Nisbet, L.C. 1998. Roseate tern (Sterna dougallii). The Birds of North America Online (A. Poole, Ed.). Vol 370. Jarvie, S.W., Blokpoel, H. 1996. Reefrafts for common terns and fish : guideline for design construction and operation. Minister of Publics Works and Governments Service Canada. Catalogue n° EN40-513/1996E.12p. Lanpman, K.P., Taylor, M.E., Blokpoel, H. 1996. Caspian Terns (Sterna caspia) breed successfully on a nesting raft. Colonial Waterbirds, vol 19, n°1: p 135-138. Leblond, G., 2003c. Les oiseaux marins nicheurs de Guadeloupe, de St Martin et de St Barthélemy. Deuxième partie : Les sites. Rapport BIOS/DIREN. 45 p. Leblond, G., 2003b. Les oiseaux marins nicheurs de Guadeloupe, de St Martin et de St Barthélemy. Première partie : Généralités et espèces. Rapport BIOS/DIREN. 100 p. Leblond, G., 2001f. Suivi des populations de Sterna dougallii et Sterna antillarum de l’îlet carénage (année 2000) pendant la période de reproduction (mai à septembre). Rapport Leblond/PNG. Leblond, G., 2000a. Suivi des populations de Sterna dougallii et Sterna antillarum de l’îlet carénage (1998 et 1999) pendant la période de reproduction (mai à septembre). Rapport Leblond/PNG. LPO Alsace. 2006. La Sterne Pierregarin : fiche N°3. 4p.

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